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Le soldat et l'Amazone

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Ven 3 Avr - 12:31

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J
e regardai Darren partir sans lui dire un mot pour le retenir. Ou même l’insulter. Lorsqu’il disparut de mon champs de vision, une petite part de moi, bien cachée, regretta mon geste. Mais je n’étais que colère et fureur, je savais que j’avais bien fait. Je voulais être seule, je refusais d’être en présence d’un mâle quel qui soit. Après le départ du soldat, je refis les cent pas pour essayer d’évacuer cette haine, mais en vain. Je décidai de partir marcher dans la ruelle, avançant sans véritable but. Juste histoire de me vider la tête, même si je n’y parvins pas. La douleur dans ma main se fit un peu plus sentir, mais la colère était toujours présente en moi, alors je m’en fichais. Après quelques temps à errer dans le village, lançant de regards mauvais aux quelques personnes qui croisaient mon chemin, et qui évitaient donc de m’approcher, je retournai vers l’apothicaire. Darren et Abelle devaient encore y être, la jeune femme avait besoin de soins et de repos.

Une fois revenue, j’étais toujours envahie par la haine, mais je bouillais moins que lorsque j’avais découvert cette terrible nouvelle. J’avais toujours cette envie de meurtre et de terrasser tous les mâles que je croiserais. Surtout ceux qui étaient responsables de toute cette mésaventure. J’ouvris la porte et rentrai à l’intérieur du bâtiment. La vieille femme allait à ses occupations, tandis que Darren veillait sur Abelle. Celle ci avait fini par s’endormir, probablement grâce à un calmant de l’apothicaire. Ses blessures avaient été soignées, mais si le physique allait mieux, je savais que psychologiquement, Abelle serait marquée à vie. Je déglutis avec difficulté en la regardant ainsi, cette haine et cet écoeurement ne demandaient qu’à sortir. Mais pour l’instant, je n’avais pas de cible. Je n’avais pas de victime. Mais j’en ferais, je me le promettais à moi même. Pour Abelle.

Sans un mot pour Darren, ni même un regard, je vins m’asseoir aux côtés de la jeune femme. La souffrance pouvait se lire sur mon visage, et je pris la main d’Abelle dans la mienne. Le soldat pourrait sans doute remarquer que c’était ma main gauche que j’utilisais, et non celle avec laquelle j’avais frappé le pilier en bois. Celle ci était recroquevillée contre moi. Elle n’était pas gonflée, mais on pouvait facilement deviner qu’elle me faisait mal à cause du violent coup de poing. Je ne m’en préoccupais pas, je continuais d’observer Abelle dormir. Le silence était pesant dans la pièce pendant de longues minutes. Puis, je finis par le rompre, toujours sans regarder Darren.

"Je les tuerais tous !" furent les seuls mots que je prononçai, presque dans un murmure glacial.

Darren ne répondit pas à mon voeu de vengeance. Il profita de mon arrivée pour me laisser prendre le relais. Il ne se montrait pas rancunier même si, intérieurement, il était touché par un grand mélange d’émotions négative. Il se rattrapa aux priorités et quitta l’apothicaire pour organiser le transfert d’Abelle. C’était aussi une façon de mettre de la distance entre nous. La réaction lui semblait puérile mais il ne pouvait pas ignorer ce besoin de s’isoler un peu et se recentrer. Il avait besoin de n’avoir que ses propres problèmes à régler pour quelques minutes. Je ne réagis même pas quand Darren quitta la pièce. Je ne pouvais pas l’empêcher de partir. Je ne le voulais pas. Il valait mieux qu’il continue de me fuir. Pendant son absence, je restai sans bouger au chevet d’Abelle, veillant sur son sommeil apaisé par la médecine de l’apothicaire. Cette dernière finit par s’approcher de moi, et prit ma main droite dans la sienne pour l’examiner. Je voulus l’en empêcher, mais la vieille femme refusa de me lâcher.

"Ce n’est rien, je vais bien" lui lançai je sur un ton froid.

Je tentai de me donner une contenance, mais maintenant que ma main était au repos, je commençai à avoir mal. L’apothicaire s’en aperçut bien sûr, et elle continua d’examiner doucement ma main, la retournant dans tous les sens, appuyant par endroit. Je recroquevillai mes doigts avec difficulté, et un hématome commençait à apparaître à l’endroit où j’avais frappé le bois. La vieille femme en déduisit qu’elle n’était heureusement pas cassée, mais j’allais avoir besoin de soin. Elle appliqua sur la peau un onguent, avant de bander ma main délicatement. Puis, elle me tendit le reste de l’onguent, me faisant comprendre que je devrais l’appliquer plusieurs fois par jour jusqu’à ce que la douleur cesse. Je n’avais pas le coeur à ça, mais je la remerciai, même si je ne lui avais rien demandé. Alors qu’elle s’éloignait, je reportai mon attention sur Abelle, plongeant à nouveau dans le silence tandis que l’onguent commençait à agir sur ma main.

Tout en restant prudent, Darren revint voir l’aubergiste une fois la pression redescendue. Ce dernier poursuivait sa longue tâche de récupération de sa salle de restauration. Il n’accueillit pas le soldat d’un mauvais regard mais Darren s'aperçut qu’il payait lourdement l’aide apportée à Abelle. Avenant et diplomate, il lui fit cesser son travail et partagea un verre d'alcool fort avec lui. Pour lui faire passer la perte de ses biens comme Darren faisait passer son amertume. Il lui posa plusieurs questions, apprit qu’Abelle s’était enfermée à double tour dans cette arrière cuisine, et que l’homme avait refusé d’ouvrir. L’aubergiste lui expliqua qu’il savait reconnaître un innocent lorsqu’il en voyait un. Malgré la peur que lui inspirait les brutes, il avait dissimulé le double des clés pour les empêcher de la capturer.

Darren demeurait méfiant. Il ne savait pas si l’aubergiste enjolivait l’histoire à sa sauce. Mais il était certain qu’Abelle n’aurait pas été là s’il les avait aidé. Le soldat lui proposa donc de lui rembourser l’ensemble des dégâts, la somme relativement élevé qu’il disposait permettant ce genre d’affaire. Mais en échange, il devait cacher Abelle et veiller à ce que l’apothicaire vienne régulièrement appliquer ses soins. L’aubergiste accepta, le coeur léger. Il était parti du principe que Darren et moi l’aurions ignoré (surtout moi) en laissant l’ingratitude de la situation l’engloutir. Le militaire était plus souple et bienveillant. Une solide poignée de main conclut le marché. Darren lui versa la moitié de la somme en guise d'acompte et lui promit le reste à la fin de sa mission.

L’aubergiste trouvait le capital de départ suffisant pour relancer son affaire et se montra satisfait. Il récupéra un brancard, qui servait initialement à évacuer les poivrots sans trop de brutalité, et vint avec Darren pour procéder au rapatriement.

Sans me demander mon avis ni me regarder, faisant fort probablement la gueule, le soldat attira l’attention de l’apothicaire. Il la paya en la laissant piocher le nécessaire dans la bourse encore pleine de pièces précieuses.

« Vous irez chaque jour procurer des soins à cette jeune femme. Elle ne doit manquer de rien, nous sommes d’accord ? »

La vieille dame plongea ses doigts dans la bourse pour retirer trois pièces supplémentaires. Elle semblait ravie de la somme qu’elle venait de s’octroyer et acquiesça en maintes reprises.

« Ok, emmenons-là. »

Pendant la transaction, depuis le retour de Darren, moi non plus je n’eus aucun regard pour lui. Seulement pour Abelle. Je restai silencieuse, ruminant cette haine intérieure qui me dévorait. Je laissai le soldat et l’aubergiste s’occuper du transport de la jeune femme, mais je continuai de veiller sur elle, étant donné que deux mâles l’approchaient. Même si au fond de moi, je savais que Darren ne lui ferait aucun mal, et probablement cet aubergiste non plus, je ne pus m’empêcher d’avoir cette crainte après ce qui s’était passé. Une fois Abelle allongée sur le brancard, et les directives données à l’apothicaire, nous partîmes tous les trois jusqu’à l’auberge où la jeune femme fut allongée dans une des chambres, afin qu’elle continue de se reposer.

Une heure plus tard, nous étions attablés dans l’auberge demeurée vide. On nous avait servi ce que les brutes n’avaient pas pillé en démolissant le bar. Darren faisait l’air de rien, déjeunant tranquillement, mais la discussion était bien moins animée qu’habituellement. Il attendait que ma colère passe et que je sois de meilleure humeur probablement. De mon côté, je n’eus pas le coeur de manger, je n’avais pas d’appétit. Je ne faisais que jouer avec le couteau posé sur la table en guise d’argenterie, les yeux baissés, m’étant muré dans un silence de mort. Darren non plus n’était pas bavard, il avait du mal prendre le fait que je l’ai rejeté un peu plus tôt. C’était pour son bien, sinon j’allais m’en prendre physiquement à lui.

Lorsqu’Abelle redescendit de l’étage, là où se trouvait sa chambre, elle nous rejoignit en portant une tenue différente. Elle semblait vouloir reprendre du service et elle arborait son costume de servante tirée à quatre épingles. Malgré le cocard qui jurait sur l’apparence générale, elle refusait de rester dans sa chambre et de s’appitoyer sur son sort. Elle regrettait énormément d’avoir été percé à jour et mon regard continuait de l’importer. Elle déglutit en marquant un moment d’arrêt puis reprit son approche.

« Dame ! » fit-elle en terminant de s’approcher.

Elle retint sa souffrance intérieure pour poser un genou à terre, les mains à plat sur celui qui était replié.

« Je regrette ma réaction. Je vous suis très reconnaissante pour vos soins. Je demande à retourner à votre service ! »

Je regardai Abelle mettre un genou à terre, et je vis une légère grimace de douleur sur son visage, bien qu’elle tentait de le dissimuler. Je me levai aussitôt de ma chaise, et l’aidait à se lever.

"Relève toi, Abelle. Tu n’as pas à t’agenouiller pour moi. Et tu souffres par ce geste, je le vois".

Je tirai une chaise jusqu’à notre table.

"Assieds toi, tu dois manger quelque chose".

Je m’installai à nouveau, et ramenai vers elle une assiette vide, ainsi que ce qu’il y avait à manger sur la table. Abelle voulait revenir à mon service. Je soupirai à cette demande, une tristesse mêlée à de la colère dans les yeux lorsque je la regardai.

"Tu veux revenir à mon service ? Après ce qui s’est passé ? Je ne peux accepter, Abelle. Tu es en danger si tu te remets à mon service. Nos ennemis vont peut être encore ..."

Je ne terminai pas ma phrase, à nouveau submergée par la haine. Je serrai ma main valide comme si je tentais de me contrôler.

"Je les empêcherais de te faire à nouveau du mal. Mais être avec moi, c’est trop dangereux. Tu comprends ?"

« Alors je devrais tout simplement oublier ? Ne pas aller jusqu’à la fin du chemin ? »

Abelle me regarda, n’ayant aucun intérêt pour son assiette.

« L’accepteriez-vous, à ma place ? »

Je me mordis la lèvre, ne sachant pas quoi répondre devant cette femme qui se montrait aussi têtue que Darren. Elle ne comprenait pas qu’elle risquait gros à continuer à être à mon service, qu’elle risquait même sa vie. Je me refusai à la voir subir à nouveau les actes barbares et répugnants des mâles.

"Tu n’oublieras jamais" lui dis je en détournant les yeux, mentionnant ce qu’elle venait de traverser.

"Je sais que tu veux m’aider, mais ..."

« Si je cesse, si je me cache, tout aura été vain ! »

Darren suivait cette discussion à l’écart, terminant son plat en le sauçant avec un pain local. il refusait d’intervenir au risque d’être perçu comme un intrus dans une conversation personnelle. Mais lorsque je rencontrais son regard, avec des yeux implorants, ayant besoin de son aide pour empêcher Abelle de se lancer dans un sacrifice irrationnel, il acquiesça silencieusement. Il était d’accord avec moi. La servante ne devait pas nous suivre. Nous-même avions failli mourir plusieurs fois.

« Virgil est mort. » annonça-t-il de but en blanc.

La jeune femme avait détourné son regard défiant pour fixer le militaire, n’en croyant pas un mot. Puis elle chercha une confirmation auprès de moi. C’était bien le cas, j’acquiesçai d’un léger hochement de tête … et elle manqua de pleurer une nouvelle fois. Le but de Darren n’était pas de la blesser malgré ce qu’il venait de dire. Il détailla ensuite :

« Quand nous récupérerons Heimda, elle aura besoin de toi. D’être encadrée, soutenue. Quelqu’un devra veiller sur elle et répondre à ses besoins. Nous... »

Darren me regarda enfin dans les yeux sans son air maussade.

« Nous serons encore au combat, pour poursuivre Macon. On aura pas le temps de s’occuper d’elle. »

« Je...je peux m’en charger. » fit-elle en baissant la tête.

Darren continua de formuler cette demande, feignant d’en avoir longuement discuté avec moi.

« On te donnera une somme d’argent. Et nous voulons que tu prépares dès maintenant une chambre complète pour ta dirigeante. Avec de quoi reprendre ses fonctions. Que tout soit prêt lorsqu’on te l’amènera.»

Je baissai les yeux en écoutant les paroles de Darren. Il avait raison, et il avait réussi à obtenir le fait que Abelle ne se mette plus à mon service pour son bien. Mais à celui d’Heimda lorsque nous la retrouverions. La jeune femme accepta, et j’en fus soulagée. Je lançai malgré moi un regard empli de gratitude au soldat pour m’avoir aidé, avant de détourner rapidement les yeux. Je poussai à nouveau l’assiette devant Abelle, qu’elle avait délaissé.

"Maintenant, mange un peu. Tu dois reprendre des forces pour t’occuper d’Heimda".

« Merci. Vous ne regretterez pas votre décision. » répondit-elle d’une petite voix.

« Nous n’avons jamais regretté tes services. Tu es douée Abelle. »

Il attendit un instant avant d’entrer dans le vif du sujet.

« Tu penses pouvoir nous parler de tes découvertes ? »

« Bien sûr ! »

Elle s’efforça de faire passer la trop grande cuillerée de purée qu’elle venait d’engloutir. La servante désormais en sécurité et à l’abri, elle se jetait sur le plat en révélant le fait qu’elle était affamée. Elle mâcha un morceau de pain puis amorça son monologue tout en continuant de se nourrir entre deux.

« J’ai enquêté dans la bibliothèque de la Manécanterie. L’ordre des Veilleurs portait bien ces médaillons alors qu’ils oeuvraient à la paix du peuple. En fait, tous les regards allaient vers le ciel. La peur du Wraith. »

Elle but son verre.

« Alors les Veilleurs se sont formés pour surveiller l’intérieur du peuple, veiller à interdire les menaces qui s’y trouvent. Leur outil, pour ça, c’était de lever le secret de la confession au sein de leur ordre. Ainsi ils détenaient des sources d’informations de tous les milieux ! »

Partager ses découvertes semblait lui faire oublier sa peine et ses doutes. Abelle dévorait littéralement son plat. Elle n’avait rien dû avaler depuis qu’elle avait quitté mon service, c’était évident. L’enquête lui avait demandé beaucoup d’efforts et de temps.

« Ils étaient au service du roi disait-on. Mais je n’ai rien vu de tel sur les documents que j’ai pu lire. Leur abbaye a été détruite lors de la dernière sélection. Et comme les soeurs de l’ordre n’avaient pas suivi la mère d’Heimda lors du Grand Sacrifice, le peuple les a dépeint en lâche. Sans soutien, ils ont périclité et ont disparu... »

Abelle lorgna le plat au centre de la table. Darren, qui s’en était aperçu, découpa le poulet récemment rôti et déposa une bonne portion dans son assiette. Et l’air de rien, il sectionna une cuisse qu’il présenta dans la mienne, me faisant comprendre de ne pas rester le ventre vide. Je remarquai le geste du soldat lorsqu’il posa le morceau de viande dans mon assiette, et je lui jetai un regard comme pour savoir ce qu’il était entrain de faire. A ses yeux, je compris qu’il voulait que je mange moi aussi. Je ne voulais pas, je n’avais pas faim. Mais il avait raison. Je finis par soupirer discrètement, et picorai quelques morceaux tout en continuant d’écouter le récit d’Abelle.

« J’ai cru perdre la piste, revenir vous voir avec rien de plus que cette histoire à vous raconter. Mais l’un des plus vieux prêtres m’a dit que le médaillon était très rare, qu’il n’en avait pas vu d’aussi bien conservé depuis la chute. Le métal est très faible, fragile, il faut l’entretenir régulièrement. Et seul un frère forgeron détient le secret de son entretien. »

« Donc...Virgil connaissait ce forgeron et faisait entretenir son médaillon ? »

« Précisément. Mais, “pourquoi tant d’efforts” me suis-je demandée. J’ai traversé prestement les bourgs pour me rendre au cercle des forgerons d’Hésthevic, le centre de leur savoir. Et j’ai fais beaucoup de lecture, de recherches, pour découvrir des plans. »

« Tu t’es donnée beaucoup de mal. »

« Je...ne voulais pas vous décevoir. »

Elle demeura silencieuse un instant, ayant entièrement désossé son morceau de poulet, et elle s’essuyait les doigts avec la serviette. La jeune femme cessa de parler lorsque l’aubergiste vint changer le plat. Le massacre du poulet disparu et un beau gâteau le remplaça. L’aubergiste ajouta également quelques fruits et de la confiture.

« C’est une clé, Dame. Le médaillon était entretenu par Lord Virgil parce que c’était une clé. Je me suis rendue ici, pour m’approcher des ruines de leur ancienne Abbaye. Il y a des rumeurs qui courent, qui repoussent les superstitieux. On dit que, parfois, les âmes des lâches n’ont pu atteindre le paradis et demeurent enfermés dans ces ruines, à la recherche de victimes à tourmenter. Mais... »

Abelle secoua négativement la tête.

« la vérité était dans l’un des ouvrages de la Manécanterie. Si les Soeurs n’ont pas participé au Grand Sacrifice. C’est parce que la mère d’Heimda le leur avait ordonné. Elle avait donné l’ordre d’amener sa fille à l’abri et de veiller sur elle. »

La servante marqua une pause. Elle ajouta avec un double sens :

« Et dans les registres...j’ai aussi découvert que la mère d’Heimda avait fait son apprentissage religieux chez les Veilleurs. Elle en avait même gravi les échelons. »

« Peut-être suffisamment pour en avoir la responsabilité. Après tout...c’était la femme de Virgil non ? »

Je fronçai les sourcils en écoutant les paroles d’Abelle, abasourdie par ce que je venais d’apprendre. Tout cela dépassait ce que j’avais pu imaginer. Heimda était donc quelqu’un de très importante pour son peuple, bien plus que ce que je croyais. Il fallait absolument la retrouver et la protéger. Les sbires de Macon ne devaient pas mettre la main sur elle. Mais où la chercher ? Abelle avait spécifié que le médaillon était une clé qui devait probablement permettre d’accéder à ces fameuses ruines. Si les Soeurs s’étaient établies dans ce lieu à l’époque pour protéger Heimda lorsqu’elle était enfant, alors se pourrait il qu’elle y soit aujourd’hui ? Je regardai alors Darren.

"Il faut aller voir ces ruines. Heimda y est peut être, on doit la trouver ! Avant eux !"

Puis, je reportai mon attention sur Abelle.

"Tu as encore le médaillon avec toi ?"

Abelle blêmit brusquement. Son appétit disparut.

« J’étais venu ici pour localiser l’accès. L’endroit où il faudrait utiliser la fameuse clé. Lorsque je suis revenue en ville, j’ai été attaqué sur le chemin du retour. Je me suis défendue ! Je vous jure que je me suis défendue...mais...il y a eut cet homme qui... »

Elle s’arrêta de parler. Abelle fermait les yeux, sa respiration s’emballait. En la voyant réagir ainsi, je laissai tomber mon assiette, trop heureuse de le faire, et posai doucement ma main sur l’épaule de la jeune femme pour la rassurer.

"Abelle, tu n’as plus rien à craindre, je ne le permettrais pas. Calme toi, respire? Ca va aller".

Je me mordis la lèvre, avant de continuer, voulant terminer les paroles d’Abelle pour qu’elle n’ait pas à le faire.

"Ce mâle t’a volé le médaillon ?"

« Il vous connaissait, Lyanna. Quand il a terminé, il m’a dit de vous dire que....que...que c’était pour payer sa blessure à l’épaule. »

A ces mots, je me figeai sur place en me raidissant. Cette nouvelle me tomba lourdement dessus. L’homme qui avait violé Abelle était le meurtrier de Virgil, celui que j’avais blessé en lui tirant dessus, avant qu’il ne s’échappe. Abelle avait subi cette épreuve traumatisante à cause de moi. Ce fut à mon tour de pâlir et de ne pas me sentir bien. Je lâchai mon emprise sur l’épaule de la jeune femme, et je tentai de reprendre possession de moi même, mais en vain. On pouvait clairement voir que quelque chose n’allait pas. En plus de la rage qui m’habitait, il y avait un autre sentiment. La culpabilité. Je n’osai plus regarder Abelle pour ce que je lui avais fait subir.

"Je … je le retrouverais … je lui ferais payer … et je récupèrerais le médaillon, je te le promets".

Abelle avait livré son message. Mais le prix du souvenir était beaucoup trop élevé pour conserver les apparences. La servante se moquait complètement de ma réaction, pas par mépris, mais parce qu’elle ne pouvait pas comprendre ce qui venait de se passer. Elle ne savait pas que cet homme avait échappé de peu à ma lame et qu’il avait réussi à s’enfuir. Que si j’étais parvenu à l’atteindre, à le retrouver et le tuer, il n’aurait pas agressé Abelle en représailles. La jeune femme baissait les yeux, rongée par la honte et je m’en sentais responsable.

« Je...je vais vous laisser... » dit-elle faiblement.

La jeune femme se redressa et me fit un signe poli pour se retirer. Mais nous savions bien qu’il s’agissait d’une fuite pour ne plus avoir à supporter le sujet, qu’elle irait s’enfermer dans sa chambre pour pleurer toutes les larmes de son corps. Je comprenais sa réaction, j’avais moi même envie de faire la même chose. Dans des moments comme ça, l’isolement était une bonne chose pour libérer sa colère et sa peine.

Darren me regardait, compatissant. Il avait fait le lien lui aussi. Et il savait que cet ordure d’Atlante m’avait visé directement. Il se foutait bien d’Abelle. Il avait voulu me blesser autrement qu’au combat, puisque j’étais plus forte. Il avait réussi.

« Tu tiens le coup ? » me demanda Darren après que ma servante soit remontée dans sa chambre.

Je commençai par acquiesçai d’un hochement de tête pour répondre par l’affirmative. Mais rapidement, je finis par secouer la tête. Je n’allais pas bien du tout, j’avais la nausée, j’avais une telle rage qui ne demandait qu’à être évacuée sur le responsable de ce malheur. Et j’étais submergée par cette énorme culpabilité. J’étais entièrement responsable, et j’avais failli à mon rôle de protectrice.

"Non !"

Je me sentais fébrile, ce qui n’était pas dans mes habitudes. J’avais besoin de crier, de frapper, mais pas ici, pas à la taverne alors que l’aubergiste se trouvait non loin de là. Les larmes me montèrent aux yeux, et je m’efforçais de ne pas pleurer. Soudain, ne pouvant plus tenir, je finis par me lever précipitamment de la chaise.

"Ca ne va pas … je … j’ai besoin de ..."

Je ne terminai pas ma phrase, je partis presque en courant dans la même direction qu’Abelle, grimpant rapidement les marches pour aller m’isoler dans la chambre qui nous était attribuée à Darren et moi. Un feu de cheminée éclairait la pièce, et une fois que la porte fut refermée, je me rapprochai d’un mur, et donnai des coups de poing dessus, moins forts que sur le pauvre pilier. Je n’en avais pas moins mal à ma main endolorie quand même, mais je m’en fichais. Je déversai cette haine et cette culpabilité comme je le pouvais.

« Ca suffit maintenant ! Arrête de faire l’enfant ! » s’écria Darren dans mon dos.

Il m’avait suivi. Le militaire se planta devant moi.

« Nos ennemis sont prêt à tout pour te faire craquer. Tu les surpasses physiquement, au combat, alors ils attaquent tes faiblesses. »

Le soldat secoua la tête.

« Réveille toi Lyanna ! Et arrête de gaspiller tes forces sur les murs et les poutres ! »

Décidément, Darren savait pas quand il devait me laisser tranquille. Et voilà que maintenant, il haussait le ton en me parlant. C’était bien la première fois. Avoir été rejeté toute à l’heure devait y être pour quelque chose. Je me tournai vers lui, laissant le pauvre mur, faisant face au mâle. Je serrai les poings et je secouai la tête.

"Tu ne comprends pas ? C’est ma faute si elle a subi ça ! Parce que je n’ai pas su la protéger alors que c’est mon devoir. Si je l’avais tué, Abelle n’aurait jamais été ..."

Je ne terminai pas ma phrase, ne voulant pas dire ce mot à voix haute. J’étais déjà assez mal comme ça. Mes yeux noirs de colère brillaient de plus en plus sous la peine et le chagrin ressentis.

"Je suis responsable de tout ça, de toute cette merde !"

« Tu n’es plus sur ta planète, Lyanna. Tu ne peux plus protéger, à toi seule, toutes les femmes des horreurs ! »

Darren était lui aussi sous le coup de l’émotion.

« Macon, Lyanna ! MA-CON ! C’est ce fils de pute qui est responsable de tout ça ! Et tant qu’on ne se rendra pas, il continuera de menacer et détruire tout ce qui nous importe. »

Le soldat me pointa du doigt.

« Il t’a atteint en plein coeur parce que tu es un danger. Qu’on est sur le point de le faire échouer. Il n’y a rien de pire qu’un prédateur bloqué au pied du mur. Alors il va te faire perdre tes moyens, comme tu le fais, là ! Il veut que tu aies la haine quand tu te rapprocheras de ses hommes, que tu finisses par faire une putain d’erreur ! »

Clive pesta et décida de se taire. Il posa ses mains sur ses hanches, retenant dans sa gorge ce qu’il ne tenait pas à ajouter. Mais il renonça. D’une voix plus douce, il ajouta :

« Et quand il t’aura eu. J’en serais tellement affecté qu’il m'achèvera facilement. C’est comme ça qu’il gagnera... »

Les paroles de Darren étaient dures mais non dénuée de bon sens. Je le savais intérieurement, mais je me refusais à le croire. Le soldat avait raison, tout ceci n’était qu’un jeu de Macon et de ses sbires destiné à nous affaiblir et à nous pousser à la faute, pour mieux nous avoir. Mais je ne voulais pas l’écouter. Je secouai la tête en me détournant de lui. Je revins faire face au mur, Darren étant maintenant derrière moi. Je pouvais reprendre le massacre que j’avais commencé avec mes poings si le voulais, mais je le fis pas. A la place, ce fut la peine qui prit le dessus. Et j’éclatai alors en sanglots, un signe de faiblesse pour moi, mais je parvins pas à m’en empêcher. Je dus m’appuyer contre le mur pour ne pas tomber, sentant mes jambes faiblirent sous mon poids tandis que je pleurais encore et encore un flot de larmes trop longtemps contenues.

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Ven 3 Avr - 14:24

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Darren avait le coeur qui battait fort.
Il sentait même qu’il respirait plus vite. De la chaleur irradiait de son visage sous l’émotion. Il eut l'irrépressible envie de couvrir la distance de quelques pas pour la serrer tendrement dans ses bras. Mais depuis qu’elle l’avait rejeté la première fois en l’interdisant de la toucher, il y avait comme un champ de force invisible qui s’était dressé entre eux. L’Amazone avait tenté d’évacuer sa colère sur un pilier sans y parvenir. Elle utilisait maintenant le même stratagème.
Pour Darren, si le contact ne l’avait pas aidé la première fois, il ne l’aiderait pas maintenant.

Mais il comprenait son état. Il comprenait à quel point elle pouvait être affectée par le coup bas de Macon. La petite ordure connaissait son dossier, il savait que la guerrière venait d’une planète où chacun des genres se faisaient la guerre. Pour enfanter, ça se faisait à la force brute. Les femmes en “chevauchant” sans saveur des partenaires sélectionnés pour leur qualités physique. Les hommes agressant les femmes comme des morceaux de viandes vulgaire. Des trophées.

Dans tout ça, Lyanna avait grandi entourée de cette perpétuelle violence. Elle avait vu et vécu des horreurs qui tournaient sans cesse dans cet océan de violence sexuelle. Elle ne savait même pas ce qu’était le sentiment et le goût du contact jusqu’à ce que Darren ne lui montre. Intérieurement, il lui semblait entendre Teyla lui rappeler qu’elle avait eu un rôle important parmi les soeurs de sa tribue. Un leader militaire qui tenait la soif de violence des hommes à l’écart.

Et tout ça, il le savait cet enfoiré.
Lyanna avait résisté à de nombreux assauts. Avec sa petite armure courte et ses deux lames que l’on aurait qualifié de ridicule, elle avait repoussé les brutes et les assassins. Elle avait mis les plans de Macon en danger. Si le physique ne pouvait être surpassé, il fallait changer de cible : le moral.
Les types comme lui ne reculaient devant rien pour parvenir à briser quelqu’un. Il montait le plan avec intelligence, subtilité, en usant de toute sa cruauté et son ignominie pour parvenir au but. Comme un stratège rusé et patient qui cherche les occasions de frapper très durement. Ca faisait d’autant plus mal que Lyanna ne se serait pas doutée qu’il aille jusqu’à violer une servante pour l’atteindre elle. Ca supposait qu’elle avait été surveillé et qu’ils connaissaient l’entente que l’Amazone partageait avec Abelle.

Macon se défendait.
Et il se défendait sacrément bien.
Le soldat s’attendait à une violente contre-attaque et il avait redouté qu’elle soit intelligemment ciblée. C’était le cas maintenant. Blessée comme l’était Lyanna, avec son passé qui lui remontait à la figure et un sentiment d’échec vis-à-vis de ses convictions profondes : il n’y avait rien de pire pour lui faire commettre l’erreur de trop.
Même si la jeune femme se servait de sa haine et qu’elle était très forte, vraiment forte il fallait le reconnaître : la colère est un très mauvais moteur. Elle pousse à prendre des risques, à oublier les règles de self-contrôle et de sécurité au combat. On s’expose, en pensant que toute cette haine offre une énergie qui surpassera l’ennemi, et on finit moins rapide, moins fluide. C’est là que l’adversaire, resté calme et concentré, vous donne le coup de grâce.

Aussi forte que soit Lyanna, elle finirait par être dépassée. En voulant à tout prix paraître pour une guerrière forte et indéfectible, elle n’avait pas conscience que les histoires de viols feraient ressurgir ses anciens démons. Sa peur chevrotante d’alors, lorsqu’elle était petite fille, faible et sans défense. Qu’elle le vivrait de nouveau. Ou le verrait chez celles dont elle s’était attachée, en demeurant impuissante.
Comme Abelle...

Clive était touché de voir son amie dans cet état là.
S’attaquer de cette façon détournée, sans qu’elle n’ait d’ennemis à abattre de ses lames. C’était lâche, honteux, ignoble. La servante était un message, un crachat qu’on lui envoyait à la face. Ca la torturait atrocement. La culpabilité, la colère, et la peur. Lyanna centralisait toutes ces émotions sans se rendre compte que Darren les nourrissaient aussi. Mais lui restait lucide. L’ennemi redoublait de coups pour leur briser le moral.
Ce serait en vain…
L’amazone apprendrait à surmonter ces coups bas. Et elle décrocherait la victoire avec Darren à ses côtés.
« Lyanna...s’il te plait ! » fît Darren en s’approchant d’elle.
Il posa une main sur l’épaule de l’Amazone pour l’attirer vers lui. Mais elle résistait, enfoncée contre son mur, parce qu’elle ne pourrait pas lui résister. Le soldat sentait son corps trembler par les sanglots et les spasmes nerveux. Lyanna se montrait toujours forte, n’affichait jamais aucune faiblesse ni aucun doute, pour ne pas paraître faible au yeux des mâles, ne pas devenir une cible. Les vieilles habitudes avaient la vie dure.
Mais depuis qu’elle avait posé le pied sur cette planète, son amie avait encaissé les coups sans arrêt. Entre l’épuisement physique, les émotions, la crainte de s’être cru mort, il fallait que le barrage cède à un moment donné.

Darren refusait qu’elle soit seule et isolée.
Il enveloppa ses épaules avec une infinie douceur et se colla contre son dos. Puisqu’elle refusait de lui faire face, alors il l’enlaçait telle qu’elle était.
« Allez, ça va aller... » lui murmura-t-il. « Je suis là. »

Lyanna s’était raidie en sentant la main de Darren sur son épaule, puis lorsque son corps s’était pressé contre le sien. Elle tentait de lui résister, mais elle était incapable de le repousser en cet instant, comme elle l’avait fait devant la bâtisse de l’apothicaire. Elle continuait de sangloter, tandis que le militaire lui affirmait être là, avec elle. Après ce qui s’était passé, après l’avoir rejeté, le soldat voulait encore être à ses côtés. La jeune femme voulut refuser et s’éloigner, mais elle n’y parvint pas. Puis, contre toute attente, elle se tourna sur elle même et vint se blottir dans les bras de Darren, cherchant sa chaleur et son réconfort. Elle pleurait encore et encore, le barrage avait cédé, et il ne semblait pas se tarir.

« Évacue...laisse aller » lui conseilla-t-il en la gardant dans ses bras.
Le jeune homme chercha vainement quoi dire de plus. Mais à part être présent pour elle et lui laisser découvrir que ce n’était pas un mal de pleurer - d’évacuer toute la frustration et la colère autrement qu’en se brisant les phalanges - il n’avait plus grand chose d’autre à dire.
Si ce n’est, peut-être, c’est trois mots qui le taraudait depuis qu’il la voyait aussi mal. Prématuré, trop prématuré peut-être. Mais il ne pouvait pas rester sans le dire.
« Je t’aime » lui glissa-t-il dans un murmure, tandis qu’il frictionnait légèrement son dos.

Sur les conseils de Darren, je continuai de pleurer longuement, évacuant toute cette peine et cette rage que j’avais emmagasiné en moi depuis un moment. Les larmes coulaient sur mes joues, je poussai des plaintes déchirantes, toujours blottie contre le militaire qui serrait ses bras autour de moi, en caressant doucement mon dos pour essayer de me rassurer. Après quelques instants, les pleurs se firent moins nombreux, les larmes commencèrent enfin à sécher même si mes yeux et mes joues gardaient encore des traces d’humidité. Ma profonde tristesse, cette blessure qui ne se refermait pas, était toujours là, mais les sanglots cessèrent lentement.

Quand soudain, j’ouvris les yeux en entendant le murmure de Darren. Quelques mots. De simples mots qui étaient parvenus à mes oreilles, et que je ne pensais pas entendre un jour de la bouche d’un mâle. Ces trois petits mots me surprirent et me prirent au dépourvu, je pensais même que j’avais mal entendu. Je ne savais pas ce qu’était l’amour, ni les sentiments affectifs entre deux êtres. C’était le militaire qui m’apprenait tout ça depuis le début de notre mission, d’où cette attirance qui avait émergé entre nous. Mais je savais que lorsque deux personnes s'appréciaient, elles se disaient cela. Même entre amis, bien que ces mots n’avaient pas le même sens. Alors, que Darren les lui dise à elle, Lyanna eut du mal à croire ce qu’elle avait entendu. Surtout après le moment de souffrance et de haine qu’elle venait de vivre. Elle leva la tête et plongea son regard encore envahis de larmes silencieuses dans les yeux de Darren.

"Tu … tu m’aimes ?"
« Je t’aime, guerrière » affirma-t-il en ne détournant pas le regard.
Darren décrocha l’une de ses mains qu’il glissa sur sa joue.
« Je t’aime... »

Lyanna avait bien entendu, Darren le lui confirmait par deux fois ces quelques mots. Des mots qui lui réchauffèrent son coeur meurtri. Elle ouvrit la bouche pour lui répondre quelque chose, mais aucun son ne sortit. Que voulait elle lui répondre, d’ailleurs ? Elle ne savait même pas ce qu’elle ressentait vraiment, si ce n’était un attachement naissant pour lui. Mais de là à l’aimer ? Pouvait elle se permettre d’aimer un mâle ? Est ce qu’elle ressentait ce sentiment inconnu ? Voilà pourquoi elle ne réussit pas à dire quoi que ce soit. La seule chose qu’elle parvint à faire, ce fut d’avancer son visage en se soulevant sur la pointe des pieds, vu sa petite taille, et d’embrasser doucement Darren. Il le savait bien d’ailleurs.

Après ce baiser et quelques secondes où il l’apprécia, le soldat se mit à rire doucement.
« Je sais...j’aurai pu trouver mieux. » lâcha-t-il avec humour.
Il chassa de sa main le reste des larmes qui avaient coulé sur ses joues.
« Mais tu as fini de pleurer, ça va mieux ? »

Lyanna frissonna lorsque Darren essuya le reste de ses larmes, et elle baissa les yeux.

"Oui … pour l’instant. Mais … je suis toujours submergée par la haine et la culpabilité. Je ne sais pas si ces sentiments vont s’effacer" dit elle d’une voix triste, malgré les précédents aveux de Darren. Elle revint se blottir contre lui, comme pour chercher à se rassurer.
Le soldat ressera ses bras autour de ses épaules et la frictionna.
« Ca va rester un moment. Tu te sentiras mieux quand on aura réglé le compte de Macon. »
Naturellement, il enfonça sa tête dans la chevelure de la guerrière et déposa un baison dans son cou.
« Maintenant repose toi, la route a été longue. Reprends des forces et retrouve-moi devant la maison de l’Apothicaire, quand il fera nuit. D’accord ? »

Lyanna fronça les sourcils à la demande de Darren, ne comprenant pas où il voulait en venir.

"D’accord, mais … pourquoi devrais je te rejoindre en pleine nuit devant l’apothicaire ?"
« Pour contre-attaquer. » assura Darren. « Le “Pendu” voulait Abelle. On va lui amener la mort. »
Son regard refléta son sous-entendu. La mort...c’était Lyanna. Elle se ferait passer pour la servante capturée...

Aux paroles de Darren, une envie de meurtre envahit le corps de Lyanna. Le soldat voulait s’en prendre à celui qui avait voulu s’emparer d’Abelle. Lui qui n’avait jamais voulu donné la mort à un ennemi, sauf en cas de légitime défense, voilà que maintenant, il lui donnait son accord. Et la jeune femme était on ne peut plus d’accord avec ce plan, qui n’était que le début. Elle leva la tête et le regarda, une lueur de détermination dans les yeux. Si sa culpabilité ne partirait sans doute jamais, elle pouvait au moins se racheter par la vengeance. Ces monstres allaient tous payer de sa main, elle s’en faisait la promesse.

"Et on le fera souffrir avant de le tuer ! Comme les autres ! Ce mâle a déjà été pendu une fois. Je recommencerai et je ferais en sorte que la corde l’achève cette fois ci, en le regardant mourir lentement !"

La voix de Lyanna avait changé, elle n’était plus tremblotante comme toute à l’heure. Elle était froide et dure. La jeune femme venait de redevenir l’impitoyable tueuse qu’elle était, et Darren avait réussi à trouver de quoi calmer ses sentiments d’échec et cette rage qui bouillait en elle. Il lui tardait de se retrouver face au violeur d’Abelle, le mâle qui s’était enfui après avoir tué Virgil. Celui là, elle savait déjà comment s’occuper de lui lorsqu’elle le retrouverait. Mais le militaire avait raison sur un point : elle devait se reposer si elle voulait livrer bataille. Tout ce qu’elle venait de traverser l’avait épuisé mentalement.

« La barbarie pourrait nous faire perdre notre droit de vivre sur Atlantis. » Dit-il finalement. « Essaie d’y songer. Si tu tiens à le tuer : fais le vite. Ou alors...ne raconte jamais ce que tu auras fait. Pas même à Teyla. »
Darren lui caressa la joue.
« Je peux te comprendre. Mais les autres ne seront pas indulgents, crois-moi. »

Lyanna écouta les paroles de Darren concernant sa mise en garde au sujet de la barbarie et du meurtre. Elle savait que les Atlantes avaient une certaine éthique sur ces sujets, une façon de penser bien différente de la plupart des peuples de Pégases. Et en y réfléchissant bien, même sur Terre, il y avait cette différence d’éthique entre les pays, généralement lorsque certains étaient plus évolués et civilisés que d’autres. La jeune femme ne comprenait pas du tout ce principe du “tu ne tueras point”. Pour elle, quelqu’un de dangereux qui faisait du mal ne méritait que la mort. Mais le militaire savait qu’en parlant de ses exploits sur la cité, elle aurait certainement des problèmes. Et elle ne voulait pas en créer à Darren. Dépitée, elle secoua la tête, résignée à garder ça pour elle.

"D’accord, je n’en parlerais pas. A personne".

Darren la guida ensuite vers le lit, et ils s’allongèrent dessus, sous les couvertures. Le soldat resta un peu avec elle, la gardant dans ses bras pour continuer de la réconforter. Sa chaleur apaisait la jeune femme qui finit par s’endormir, fatiguée.


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Ven 3 Avr - 16:31

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J
e finis par me réveiller, ouvrant les yeux quelques temps après m’être endormie. Une heure s’était écoulée, peut être une heure et demi. A l’extérieur, le soleil s’était couché il y a peu, les étoiles commençaient à apparaître dans un ciel de plus en plus obscur. C’était l’heure, je le savais. Darren n’était plus dans la chambre. Il devait être parti à notre rendez vous mortel. Je me redressai pour m’asseoir sur le bord du lit, et regardai ma main blessée. Elle me faisait moins souffrir, mais je retirai le bandage pour y appliquer encore un peu d’onguent, avant de la bander à nouveau. Cela serait suffisant, je pourrais me battre ainsi, et même donner des coups quitte à souffrir. Je me refusais à laisser tomber à cause d’une douleur quelconque. Je me levai et vérifiai mes armes, avant de quitter la chambre. Je ne pus m’empêcher de m’approcher de la porte de celle d’Abelle, l’ouvrant silencieusement pour m’assurer que la jeune femme était là, en sécurité. Elle dormait dans son lit, c’était tout ce qui m’importait. Puis, je descendis les escaliers et quittai l’auberge.

Je marchai en direction de la bâtisse de l’apothicaire. L’obscurité régnait en partie, les seules sources de lumière, hormis celle de la lune, venaient des quelques réverbères où une flamme brûlait. Cela me permit de ne pas trébucher sur un obstacle. Il n’y avait aucun bruit si ce n’était celui des animaux nocturnes qui allaient à leurs occupations. Une fois devant le bâtiment, je regardai autour de moi, cherchant Darren. Il devait être là, alors je patientai. En l’attendant, je ne pus m’empêcher de jeter un regard en direction de l’auberge.

Darren apparut finalement. Je compris à son allure et à sa fatigue qu’il ne s’était pas levé récemment, au contraire. Il avait attendu que je m’endorme avant de quitter nos draps juste après. Il m’avait gardé dans ses bras en sachant pertinemment que j’avais besoin de son contact pour me détendre et cesser toutes ces pensées de me harceler. La peine et la colère avait eu l’effet de me vider entièrement de mes forces mais c’était temporaire. Il le savait. Donc, comme un stratège, il avait patiemment attendu que je sois bien endormie pour se séparer de moi. Il avait ramené les couvertures sur moi puis il était parti de son côté.

Il ne me dirait pas tout ce qu’il avait fait durant ce temps. Darren savait que je n’aurai pas apprécié d’apprendre qu’il avait quitté l’auberge et qu’il s’était enfoncé dans les bas-fond du bourg seul. Mais c’était dans sa personnalité et il était doué pour s’adapter à son milieu. Il avait rapidement enquêté sur les noms des influenceurs, trouvés des contacts, graissés des pattes, le tout pour pouvoir rassembler des informations avant notre rendez-vous.

C’était quelque chose qu’il ne pouvait pas faire en m’ayant à ses côtés. En voyant toute cette bassesse et ce manque d’honneur - d’autant plus qu’il s’agissait de mâle - j’aurai taillé dans les chairs et réduit ses efforts à néant. Darren avait profité de mon sommeil pour accomplir cette mission dans mon dos. Et maintenant que nous étions réunis, il savait où on se dirigerait pour se venger.

Malgré tout, mon incertitude pouvait se lire sur mon visage malgré la faible lumière émanant des réverbères à proximité.

"Tu crois qu’elle est en sécurité là bas ?" demandai je en désignant l’auberge. "Peut on faire confiance à ce mâle pour veiller sur elle ?"

Après ce qui était arrivé à Abelle, il était normal que je m’inquiète à son sujet, à l’idée de la laisser à nouveau seule. Mais nous avions une mission, et si nous y mettions un terme, la jeune servante n’aurait plus rien à craindre. Tout comme Heimda.

« Il s'appelle Bevel. Et il m’a confié qu’Abelle lui faisait penser à sa fille. »

Le soldat voulu me rassurer.

« Quel que soit sa motivation, il aurait donné la clé de la cachette de notre amie s’il avait voulu qu’elle souffre. Il a prit le risque de se faire dévaster son auberge et de finir à la rue, dans le caniveau, pour la protéger. Le temps qu’on arrive. »

Il acquiesça.

« Il n’a aucun intérêt à la livrer maintenant. Elle est en sécurité avec lui. »

Je soupirai, puis je me concentrai sur Darren. J’étais un peu plus rassurée de savoir que l’aubergiste ne voulait visiblement pas de mal à Abelle. Cela me permettrait au moins de mener ma mission à bien sans avoir l’esprit préoccupé par ce détail. Il était maintenant temps d’agir.

"Alors ? Par où commence-t-on pour débusquer ce mâle ?"

« Par une mise en garde. » lâcha mystérieusement Darren. « Les types comme lui comprennent un langage très clair. Celui de la monnaie. Tu te souviens de ce que je t’ai dis ? »

Le soldat attendit ma confirmation avant de répondre à ma mine perplexe.

« Le pendu est le chef des criminels dans ce bourg. On va lui faire perdre l’un de ses biens pour avoir mis la tête d’Abelle à prix. Ensuite, on ira le voir pour obtenir sa coopération. Enfin... »

Darren sourit.

« Moi...j’irai le voir. Et s’il décide de jouer des poings, tu lui déglingueras tous les mâles dans sa boutique de merde. Pour lui faire comprendre qu’on ne rigole pas. Tu vois ce que je faire comme pression pour l’obliger à nous obéir ? »

Je fronçai les sourcils en réfléchissant, analysant chaque parole de Darren pour le plan d’action, et ainsi le mémoriser.

"D’accord … donc, on s’en prend à quelque chose qui appartient au Pendu. Puis, tu vas le voir. Tu discutes avec lui. Si ça se passe mal, j’interviens et je frappe tout le monde. Il nous obéit. Mais ..."

Je regardai le soldat, comme perdue dans l’incompréhension de l’équation.

"A quel moment est ce qu’on le tue, dans ton plan ?" demandai je avec une grande innocence, caractéristique de ma personnalité de tueuse.

Darren ne savait pas s’il devait rire ou pleurer.

« Pas dans l’immédiat. Il va nous dire où se trouve le médaillon et celui qui a violé Abelle. Toutes les infos passent par lui dans ce bourg. Notre adversaire à l’épaule trouée est dans le coin et il sait forcément où il dort. »

Il me regarda longuement.

« Est-ce que tu préfères le laisser vivre et tenir le type qui a agressé ta servante. Ou le tuer et risquer de perdre sa piste ? Les deux...c’est pas possible. Tu as un appétit trop grand miss ! »

Une lueur de déception passa dans mon regard, Darren put facilement le remarquer, alors qu’il me disait que je devais laisser le Pendu en vie si je voulais retrouver le violeur d’Abelle, ainsi que le médaillon. Je me mordis la lèvre, avant de tenter une autre approche.

"Et on ne peut pas le faire avouer tout ça … et le tuer ensuite ?"

« On peut. Comme ça, s’il nous a menti la première fois, on ira interroger son cadavre. » s’amusa-t-il en souriant.

Je levai les yeux au ciel, maudissant cette situation.

"Grrrr ça m’énerve ..." dis je, réagissant de la même façon que lorsque Darren m’exaspérait.

Je respirai profondément, avant de trouver encore une idée. Cela démontrait vraiment ma soif de sang que rien ne semblait pouvoir étancher.

"Alors, on l’interroge .... on l’enferme quelque part … on s’occupe des autres et du médaillon … et on revient le tuer après ?"

« On ne s’égare pas, Lyanna. » me répondit Darren en m’emmenant avec lui. « On retrouve le médaillon et le violeur. On sauve Heimda et on vérifie que Teyla ne risque plus rien. Ensuite... »

Il me sourit.

« S’il te reste encore un peu de place dans ton grand estomac, on retrouvera ce type pour lui faire sa fête. Mais tu verras qu’il y a des façons beaucoup plus sympas de détruire les pourris qu’avec tes lames... »

Le soldat pointa son doigt vers une destination mystérieuse.

« Par exemple, ce brave monsieur à une maison de passe. Ca signifie qu’il apprend à des filles perdues et sans but à vendre leurs corps. Les mâles viennent les chevaucher et se vider en elle contre de la monnaie.»

Il rencontra mon regard, qui s’était salement assombri, et ajouta :

« Ces mâles ne sont pas les coupables. C’est le pendu qui organise cette misère. Alors on y va, on va libérer les filles...et foutre le feu à sa baraque ! Les mâles qui gardent l’endroit, tu peux m’en faire du petit bois. Les autres qui seront en train de chevaucher les filles, on leur laisse une chance d’échapper aux flammes. »

Darren insistait du regard. Malgré ma révolte à l’idée de laisser ces hommes en vie, avoir une chance de sauver leur peau après avoir posé leurs sales pattes sur des femmes. Mais il insistait.

« C’est le plan ! »

Je commençai à avoir la nausée à mesure que Darren m’expliquait comment faire du mal au Pendu, en s’attaquant à l’un de ses gagne pains. Je venais d’apprendre une nouvelle définition : celle d’un bordel. Mais quelle horreur. J’eus alors une furieuse envie de tout massacrer sur mon passage. Cependant, le soldat m’exposa son plan qui ne plut pas. Quoi ? Comment ça, laisser des mâles en vie ? Après ce qu’ils osaient faire à ces femmes sans défense ? Hors de question. Déjà qu’apprendre que les mâles sur cette planète se donnaient à cette activité sans une once d’écoeurement et qu’ils en profitaient, voilà que maintenant je devais les épargner. J’étais bien sûr contre le plan de Darren, et je ne m’en privais pas pour le montrer. Mon regard se durcit un peu plus sous la colère.

"Les laisser en vie ? Tu es entrain de me dire que des mâles viennent chevaucher ces femmes qui ne sont probablement pas d’accord, et qui n’ont pas d’autre choix, et que ces mâles en profitent sans vergogne. Et tu voudrais que je les laisse en vie ?"

Une lueur de haine et d’incompréhension passa dans mon regard.

"Pas question, ils sont aussi coupables d’abuser de ces pauvres femmes que ceux qui les ont placées là. Je les tuerais tous, jusqu’au dernier ! Je les regarderais brûler !" dis je en forçant le pas, déterminée, alors que je ne savais même pas dans quelle direction aller.

« Bon sang, Lyanna !!! »

Darren me fixa, totalement en désaccord.

« Bien sûr que c’est ignoble. Mais on est pas là pour rendre la justice divine ! On vient pour lui bousiller sa boutique. Quelle différence ça fait s’ils n’ont plus d’endroit pour faire ces conneries ? »

"S’ils sont en vie, ils trouveront un autre endroit pour faire ces … choses écoeurantes et humiliantes. Alors que si on les tue, ils ne pourront plus recommencer !" dis je en affrontant Darren du regard.

« Et bien parfait ! » lâcha-t-il, énervé. « Je te laisse aller sur ton beau cheval blanc et vider cette planète jusqu’au dernier pervers. Je suis certain que toutes les familles des victimes chanteront ta gloire et t’aduleront pour ça. En attendant... »

Il ne mâchait pas ses mots. Il n’avait pas baissé les yeux.

« Moi je vais sauver Heimda et Teyla. Amuse-toi bien de ton coté ! »

Darren s’apprêtait à me tourner le dos. Je levai les yeux au ciel, moi même aussi énervée que lui.

"Tu es exaspérant, tu le sais ça ? Avec toi, on ne doit tuer personne parce que ces monstres sont gentils et innocents ! On doit les laisser faire ce qu’ils veulent !"

« Je t’arrête tout de suite ! Je suis comme toi, moi aussi j’ai tous envie de les buter ! »

Il secoua négativement la tête.

« Mais nous sommes Atlantes ! Et on a des obligations ! Ces règles existent pas sans raison. Nous ne sommes pas des justiciers, nous sommes des explorateurs. »

Le soldat ouvrit ses bras.

« Lyanna, franchement ! Je comprends que tu fasses une fixette sur le confort de la femme sur chaque monde où tu poses le pied. Mais tu penses vraiment que tu vas aller loin si tu démontes le premier pervers venu ?!? »

"Mais je ne suis pas Atlante !!!"

C’était sorti tout seul, sans que je réfléchisse. A ces mots, je me détournai de Darren, les poings serrés par la colère. Je venais de faire une erreur, je le savais. Ne pas me considérer comme une Atlante, cela voulait dire que je n’avais pas ma place sur la cité. Teyla ne m’avait elle pas dit que cette mission était un test pour moi ? Bien avant qu’on ne découvre le vrai but de cette expédition, bien sûr ? Je m’en voulais énormément, j’avais beaucoup de mal à décrocher de mon passé et à me considérer comme appartenant à un autre peuple que le mien. Un peuple qui agissait différemment, qui avait des lois différentes, et qui faisait payer l’injustice d’une autre manière, avec un autre point de vue. Etais je devenue une Atlante ? Cette conversation démontrait bien que non. J’en étais loin. Je ne savais plus où j’en étais. L’envie de meurtre qui m’habitait était trop forte, je voulais protéger tout le monde sans être capable d’y parvenir. Et encore moins avec ces nouvelles lois. Darren avait raison, je ne pouvais pas faire justice moi même, pas de cette manière. Je serrai mes bras contre ma poitrine, perdue, ne sachant plus quoi faire, ni comment réagir. Devais je suivre mon instinct qui faisait de moi ce que j’étais ? Ou devais-je écouter Darren pour avancer et intégrer une nouvelle famille qui était bien différente de la mienne ? Je me murai dans le silence, le dos tourné au soldat, incapable de prendre une décision.

Clive était resté silencieux un long moment. Il ne prenait pas les choses personnellement mais il refusait de se laisser mener par mes convictions. Je l’entendis s’approcher et il posa tendrement une main sur mon épaule, malgré le fait que je lui tournais le dos.

« Rentre à l’auberge...ou va tuer des hommes au gré de ton envie. Fais ce que tu veux. » me dit-il d’une voix plus sombre. « Mais si tu me suis, tu es une Atlante. Et tu agis en professionnelle ! »

Il avait bien insisté sur le dernier mot. Sur le fait que ça ne devait pas être une affaire personnelle. Du moins, pas à cent pour cent. L’instant d’après, sa main glissait sur mon dos et il partait dans la nuit. Me laissant seule avec un choix à faire.

Je frissonnais lorsque Darren retira sa main de mon épaule, cette rupture de contact était déplaisante. Le soldat me laissait le choix entre le suivre et faire ce que je voulais. J’entendis ses pas qui s’éloignaient, et je tournai la tête pour le voir disparaître de mon champs de vision, là où il n’y avait plus de réverbère pour éclairer la ruelle. Me voilà seule avec une décision à prendre. Malgré tout ce que j’avais traversé sur cette planète, et la perte de Darren, c’était bien la première fois que je me sentais totalement seule depuis la destruction de mon village. Je ne savais pas quoi faire, et je resserrais davantage l’étreinte de mes bras autour de moi, écoutant le silence pesant qui venait de tomber. Darren était parti.

Je réfléchis longuement à ses paroles. Que devais je faire ? Rester isolée dans mon passé en agissant comme je l’avais toujours fait ? Ou avancer avec Darren, et devenir une Atlante à part entière, même si ce chemin était très difficile à suivre ? Les secondes passèrent, puis je pris enfin ma décision, même si j’ignorais si je parviendrais à la respecter. Je pris la direction suivie par le militaire, forçant le pas pour essayer de le rattraper.

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Dim 5 Avr - 23:50

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Le soldat n’avait pas tenté de la distancer.
Il continuait son chemin, ravalant sa frustration et sa contrariété. Il ne savait pas si Lyanna allait le suivre ou non. Le dilemme moral ne pouvait pas être tout blanc ou tout noir, son amie était dans le vrai. Et lui aussi.
Il n’y avait rien de pire que d’être coupé de la chaîne de commandement et d’oeuvrer en électron libre. Clive savait déjà qu’un bon paquet de sanction leur pendait au nez. Mais s’ils se mettaient à jouer les justiciers : ils étaient tout simplement foutu. C’était un devoir personnel de tempérer l’Amazone. Teyla n’était plus là pour le faire, il prenait naturellement le relais.

Darren ne perçut pas l’approche de son amie. Il ne sût pas si elle avait fait exprès d’approcher à pas de loup ou s’il était trop concentré sur son amertume pour l’entendre arriver. Toujours est-il qu’en prenant conscience de sa présence, là à côté de lui, comme s’ils ne s’étaient jamais quitté : Clive fit un bond de deux mètres et posa la main sur la crosse de son neuf millimètres. Un grand sourire d’enfant garnit son visage en découvrant qu’il s’était fait avoir comme un bleu. Elle l’avait surpris.
Leurs regards se croisèrent, tout était dit. Elle venait avec lui.

Rassuré de voir qu’il n’y avait pas de cassure nette dans leur entente. Et donc pas de brèche sur leur relation naissante, Darren s’approcha d’elle et lui donna un petit coup d’épaule taquin. Un signe de complicité qui la remerciait silencieusement de son choix et lui certifiait qu’elle avait bien fait.
Dix minutes plus tard, ils jouaient les traînards au croisement attenant à la maison de passe.

Il y avait du monde devant, quelques hommes qui faisaient la queue et à qui on distribuait des tickets numérotés en carton. Ceux qui sortaient remplaçaient à peine leur froc qu’un autre suivait. La bâtisse n’était qu’à deux étages. Une chaumière assez large avec un toit en paille et un balcon. Là, les filles aguichaient les hommes en contrebas par des oeillades obscènes. L’un d’elle présenta même son sein qu’elle malaxa et lécha de façon gourmande. Elle déclencha un petit mouvement de foule devant la ligne de gros bras qui les repoussèrent et contraignaient à respecter l’ordre de passage.

« Les deux sbires qui sont dehors doivent rester conscient. Ils iront pleurer dans les jupons du Pendu quand tout sera en train de flamber. »
Il parlait tout en se montrant discret. Darren étreignait la taille de Lyanna pour donner le change, comme un couple se baladant à la belle étoile et qui ne se montrait pas intéressé par le bordel qu’il approchait d’un pas léger.
« Ne les fixe pas, regarde devant toi. » conseilla Clive en l’accompagnant. Ils croiseraient bientôt ce beau monde.
« Je vais passer par la grande porte. Toi tu grimpes sur le toit. Tu te creuses un trou et tu accèdes à la charpente. Tu te sens prête ? »

Lyanna marcha tranquillement à côté de Darren, ou du moins, elle essayait de rester tranquille. Voir cette scène suffisait à faire monter la colère en elle, mais le soldat lui avait bien dit de se contenir, même si c’était très difficile pour elle. La jeune femme bouillait intérieurement. En écoutant le plan du militaire, elle jeta un regard discret au toit, cherchant un moyen d’y accéder. Peut être dans la ruelle qui se trouvait un peu plus loin. Elle aurait bien voulu foncer dans le tas, mais Darren voulait miser sur la discrétion pour ne pas alerter trop tôt les sbires du Pendu. Et il fallait laisser les deux à l’extérieur vivants. Quelle déception. Un seul était suffisant, pour délivrer un messager, non ? Lyanna retint un soupir, avant d’acquiescer d’un léger hochement de tête, prenant sur elle pour exécuter ce plan.

"Oui … enfin, j’espère" dit elle, attendant le signal de Darren pour partir vers la ruelle et trouver un chemin vers les toits.
« Ok. Maintenant...tu vas me gifler. »

"Quoi ???" demanda Lyanna, stupéfaite de la demande de Darren.

Pourquoi le soldat voulait il que la guerrière le gifle ? C’était insensé. Mais Darren ne lui répondit pas. Il pencha sa tête sur son épaule. Sa main qui cernait sa taille remonta au niveau de sa poitrine, comme s’il était sur le point de la peloter. Ils étaient au niveau de l’attroupement.
« Traite moi de pervers, fait pas semblant. Et tu y vas... »

Lyanna était toujours dans l’incrédulité de ce que Darren voulait qu’elle fasse. Mais avant qu’elle n’ait pu en demander davantage, elle sentit la main du militaire venir se poser sur son sein, à travers son haut. Il n’en fallut pas beaucoup plus pour que la jeune femme réagisse aussitôt. Darren voulait qu’elle y aille à fond ? Il n’allait pas être déçu, Lyanna réagissait davantage par instinct que par comédie. Elle devint furieuse que le soldat cherche à la caresser comme ça, devant tout le monde, et sans lui demander son accord.

"Non mais, qu’est ce que tu fais ???" lança-t-elle à voix haute, attirant le regard des curieux.

Lyanna gifla violemment Darren, peut être un peu trop convaincant d’ailleurs. Certes, ce n’était pas un coup de poing, mais le geste avait été réalisé de bon coeur. Le bruit avait résonné parfaitement bien, comme un coup de fouet cinglant qui avait totalement surpris le soldat. La jeune femme le fusilla des yeux.

"Ne me touche pas, sale porc, tu as compris ? Dégage, je ne veux plus te voir ! Ne m’approche plus !"

En colère, Lyanna tourna les talons, et partit en direction de la ruelle qu’elle avait remarqué. Nul n’aurait su dire si elle venait de jouer parfaitement la comédie, ou s’il y avait de la sincérité dans ses gestes et ses paroles à l’égard de Darren. Pas même lui qui avait été stupéfait par le coup qu’il venait de se manger. Il hésita un instant, craignant que son amie se soit véritablement barrée pour retourner à l’auberge. Mais l’un comme l’autre, il devait jouer son rôle.

« Ooohhh….mais bibiche, allez ! Juste un p’ti coup vite fait ! » lâcha-t-il.

Il n’en menait pourtant pas large.
Si elle ne revenait pas pour le savater, il restait ignorant de la vérité. Est-ce que Lyanna l’avait vraiment mal pris ? Serait-il seul à s’infiltrer à l’intérieur ?
Pas le choix…

Mais il avait attiré l’attention et dans le bon sens du terme.
Les gros le regardait non pas comme un intrus mais un potentiel client qui n’avait pas pu être honoré par sa dernière conquête. Il s’approcha de la troupe en sortant une pièce de grande valeur d’une main. Mais de l’autre, il se massait la joue devenue douloureuse et terriblement chaude.
« Aahhh...vache... » murmura-t-il véritablement.
Elle cognait l’Amazone ! Il ne lui avait pas demandé tant d’entrain. A croire qu’elle s’était vengée pour toutes les fois où il lui avait refusé de mettre à mort des hommes.

« Bon ben... » fit le soldat en faisant danser la pièce dans sa main. « Y’a un accés direct si on paie bien ? »

Avec la valeur qu’il avait dans la main, les deux brutes s’applatirent immédiatement. Elles creusèrent dans le troupeau de mécontents, vociférant contre la fortune de Darren et son accès privilégié. Et dès que les sbires eurent empoché la pièce, Darren disparut à l’intérieur, encore en train de se masser.


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Lun 6 Avr - 1:49

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
A
près avoir giflé Darren, j’avais pris la direction de la ruelle, entendant ses paroles prononcées dans mon dos. Je disparus de son champs de vision, et me retrouvai seule dans la ruelle, où je m’arrêtai quelques secondes. Y avais je été trop fort ? Tout ça faisait parti du plan du militaire, je le savais. Mais il m’avait complètement prise au dépourvu, si bien que mes instincts défensifs s’étaient réveillés tous seuls, et avaient pris le dessus sans que je le veuille. Je l’avais peut être giflé trop fort. Au moins, ma réaction avait du être convaincante pour les autres, non ? Darren m’en voulait il ? Je n’en savais rien. Les questions se bousculaient dans ma tête, mais je n’avais pas le temps de penser à ça. Il fallait s’en tenir au plan, et rapidement. Mon rôle à moi était d’infiltrer le bâtiment en passant par le toit. Et la première chose à faire était de trouver comment accéder au toit.

Je regardai autour de moi, puis en hauteur. Le toit n’était pas très haut, mais impossible de sauter pour l’atteindre. Il me fallait trouver un moyen de monter. Mes yeux se posèrent sur des caisses de grosses tailles. Parfait. Je commençai à empiler les caisses, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas être entendue. De temps à autre, je me dissimulai derrière lorsqu’une silhouette passait devant la ruelle. Si quelqu’un me voyait, s’en était fini du plan. Une fois que les caisses furent empilées, je grimpai prudemment dessus, vérifiant qu’elles supportaient mon poids. Ce qui était heureusement le cas. Je grimpai jusqu’au toit, et m’y glissai avec lenteur, me retrouvant ainsi sur la paille. Vu ma dernière mésaventure avec les toits, j’avançai doucement, m’assurant de là où je posais les pieds pour ne pas passer à travers. Je cherchai un endroit où creuser la paille, m’éloignant ainsi de l’entrée principale.

Par moment, je retirai quelques morceaux de paille, histoire de voir ce qui se trouvait en dessous. Mais à chaque fois, je tombais sur une pièce où se trouvait des gens. Je devais trouver un autre endroit. Finalement, je réussi à obtenir ce que je cherchai. Une pièce vide, personne, pas un bruit. Parfait. Je retirai la paille, faisant un trou suffisamment grand pour que j’y passe. Je m’y engouffrai et me laissai tomber à travers. Je retombai sur quelque chose de mou qui me fit perdre l’équilibre, étouffant le bruit de ma chute. Un lit. Une fois à nouveau sur mes jambes, je remarquai alors que je me trouvai dans une chambre. Allait elle rester vide longtemps ? Je ne devais pas rester là, quelqu’un pouvait venir à tout moment. En silence, mon couteau à la main, j’entrouvris la porte afin de vérifier que personne ne se trouvait dans le couloir. Des bruits de pas et de voix me venaient jusqu’aux oreilles, mais sans que je puisse voir d’où.

Soudain, une jeune femme nue se dessina dans mon champ de vision. Elle entraînait un mâle à sa suite, en le tenant par un pan de veste, en ondulant exagérément du bassin.

« Ne soit pas mou cette fois ! »

Le mâle réagit aussitôt comme s’il avait été provoqué en combat singulier. Il s’empara du bras de la jeune femme et la lança brutalement contre la porte que j’avais entrouverte. Le coup manqua de m’emporter dans l’élan mais j’avais eu suffisamment de réflexe pour me glisser derrière. La femme avait poussé une plainte mêlant la surprise à la douleur et elle tomba à la renverse sur le parquet.

« Tu as fâché papa, vilaine ! »

« Ouh vilaine... » se moqua-t-elle en se mettant à ramper à quatre pattes jusqu’au lit.

Il franchi la porte à son tour, sans se rendre compte que j’étais planquée derrière, et il alla agripper la tignasse de son amante avec beaucoup de violence. Il lui arracha un nouveau cri tandis qu’il piégeait sa figure de son autre main. En entendant la jeune femme pousser un cri, la voyant, ou plutôt la pensant en danger, je serrai mon couteau dans ma main en fixant le mâle de là où je me trouvais. Mon envie de lui sauter dessus était forte, et le voir violenter sa victime ne m’aida pas à me calmer.

« Ca mérite une punition ça...une sale punition ! »

« Oh non, pitié... » gémit faussement la fille.

Elle fut envoyée sur le lit comme un sac à patate. Le mâle lui sauta dessus en riant grassement et il l’écrasa de tout son poids. Il commençait son affaire, laissant la porte de la chambre grande ouverte. Dans le couloir, il y avait encore des bruits, des murmures et soupirs. Beaucoup de bruit d’ambiance mais rien à proximité imminente.

Je réprimai une nausée en voyant ce spectacle, cela me rappelait de mauvais souvenirs. La rage grondait en moi. Le mâle ne savait pas que j’étais là, je pouvais agir très vite sans qu’il ne s’en rende compte. Dommage, une mort rapide était une trop belle peine pour lui, mais il valait mieux que j’agisse dans la discrétion. Je sortis de ma cachette, me trouvant hors du champs de vision de ce porc qui était entrain de monter la pauvre jeune femme, victime une fois de plus des envies perverses des mâles. J’avançai à pas de loup dans sa direction, mon couteau levé. J’étais si près de lui, à seulement quelques pas, invisible pour lui. Le mâle ne verrait même pas la mort arriver. Je levai la main, prête à abattre mon arme dans la nuque de ce porc, lorsqu’une voix intérieure arrêta mon geste. Celle de Darren qui me rappelait mes devoirs si je l’accompagnais. J’avais une furieuse envie d’abattre ce mâle pour ce qui osait faire, mais cela dévoilerait ma présence. Et si la jeune femme hurlait en se croyant attaquée ? Les sbires du Pendu me tomberait dessus à coup sûr, et le plan de Darren tomberait à l’eau. Et il m’en voudrait pour ça. Quitte à laisser une pauvre femme subir les violences que je voyais sous mes yeux.

Je fus donc partagée sur ma décision à prendre. Il me suffisait simplement de frapper avec rapidité avant que le mâle ne se rende compte de ma présence. Mais cette voix se fit plus forte, et je sus au fond de moi qu’elle avait raison, même si cela me dégoutait. Serrant les dents, me maudissant d’écouter les instructions du militaire, je reculai en silence, sans faire le moindre bruit jusqu’à me retrouver dans le couloir. Je m’en voulais de laisser la jeune femme avec ce monstre, et j’eus du mal à contenir cette rage. Mais je m’éloignai de cette horrible chambre.

Une fois dans le couloir, je comprenais qu’il n’y avait pas de réelles séparations. Ces chambres étaient réservées pour les clients les plus fortunés. Mais pour les autres, en bas de la caste, ils se partageaient des tentes de toiles attachées à la poutre de l’architecture. Les éclairages en bougie diffusaient des ombres chinoises révélant des scènes intimes. Il y en avait des dizaines.

Parfois même des mélanges entre plusieurs partenaires qui ne cherchaient pas à se dissimuler. Sur des meubles, des chaises, à même la poussière du sol. Ici et là, il y avait des gros bras tout en muscles, l’air peu avenant, qui surveillaient les clients. Et aussi les filles. L’un d’eux, d’ailleurs, avait ramené sans aucune douceur une femme dans sa couche, lui reprochant de prendre trop de temps à se laver dans la bassine. Il y en avait plusieurs disposés sur des points de vues stratégique. Et personne ne me regardait pour l’instant.

Soudain, mon regard capta Darren. Il était juste là, en contrebas, en discussion avec ce qui semblait être le tenancier de l’endroit. Je pouvais entendre ses propos. L’air enthousiaste, il présentait ses pièces en énonçant ses critères.

« J’vous ai dis que j’aime les brunes ? » lui répéta le soldat en refermant sa bourse. « A la musculature bien fine et à la poitrine honorable. Juste ce qu’il faut. Ah...et si elle sait se servir d’une lame, c’est d’autant mieux. En robe et petit haut tout cuir...c’est tellement craquant. Vous avez ça dans le coin ? »

Il était en train de réciter ses goûts et … de me décrire ? Je baissai les yeux pour regarder ma tenue, comme si je voulais vérifier de qui Darren pouvait bien parler. Mais oui, il me décrivait bien moi, une brune vêtue d’une tenue en cuir et portant des lames. Il aurait pu donner la description de n’importe quelle femme, mais non, c’était moi qu’il avait dépeint. Cela me décrocha un petit sourire malgré moi, flattée que le militaire pense à moi, malgré la gifle monumentale que je lui avais donné toute à l’heure.

Le tenancier fît non de la tête et Darren parut soudainement déçu. Le type l’amena dans son sillage, probablement pour lui présenter l’une de ses filles, et le soldat suivit sans broncher. Seulement, pile au moment où il disparut de mon champ de vision, le tenancier émergea de nouveau en tendant des bras paniqués vers le garde le plus proche. Darren lui avait fait une clé commando au niveau de la gorge, l’empêchant d’hurler, ne le laissant que supplier un garde qui ne le voyait pas. Il ne restait maintenant plus que ses pieds qui remuaient mollement. Puis Darren le fit disparaître dans un coin sombre du bordel.

En-dessous de moi, un surveillant s’avança et se pencha par-dessus la rambarde. Il avait froncé les sourcils et pointait le visage en avant, regardant en direction de Darren. Comme moi, il avait dû percevoir une partie de la scène. Et il semblait hésiter sur le fait de donner l’alerte.

Je ne devais pas laisser l’occasion à ce mâle de donner l’alerte, et je commençai à descendre silencieusement l’escalier. Arrivée à une hauteur raisonnable, j’enjambai habilement la rambarde et tombai lourdement derrière le garde qui ne m’avait pas entendu venir. Il se retourna, mais la seule chose qu’il vit, ce fut la lame d’un couteau tenu par une femme qui lui tranchait la gorge. Le corps s’écroula sur le sol, il s’étouffa dans son propre sang, incapable d’appeler à l’aide. Il m'agrippa la cheville dans une tentative déplorable mais s’éteignit bien rapidement. Je dégageai aussitôt mon pied comme si c’était une abomination qui venait de m’attraper, et je le regardai mourir avec dégoût.

Darren réapparut. Il bombait le torse, fier comme un paon, saluant les filles qui passaient à côté de lui et gloussaient. Quelques unes l’appelaient même à venir le rejoindre. Mais il continuait son chemin. Arrivé près d’un autre garde, il lui présenta une cigarette qu’il fit passer pour un puissant excitant. Histoire de lui montrer, il alluma la clope puis lui proposa d’essayer. Intrigué, le gros bras s’en empara, tira dessus et toussa. C’est à ce moment là que Darren, ayant pris son neuf millimètres, lui colla plusieurs coups en pleine trogne. Son effondrement sur Darren attira quelques regards mais il feignait alors de faire un câlin réconfortant au gros barbu qu’il avait dans les bras. Il l’attira ensuite dans un coin discret puis revint frais comme un gardon. Le militaire se pencha pour récupérer la cigarette encore allumée et il se déplaça avec, comme si de rien était. De mon côté, un de ces types m’avait croisé. Au début, il me reluquait avec un oeil vicelard. Mais son regard s’écarquilla lorsqu’il aperçut le sang que j’avais sur les mains et le fait que je portais une arme.

« Eh dis donc toi, là ! Qu’est-ce... »

Darren n’était plus dans mon champs de vision, il avait disparu au rez de chaussée. Je décidai donc de continuer mon chemin à l’étage, jusqu’à ce que je tombe sur un autre mâle, un sbire du Pendu qui passait par là. A sa réaction, alors que je continuai d’avancer vers lui comme si de rien n’était, je baissai les yeux pour voir le sang sur mes mains. Voilà ce qui l’intriguait. A ses paroles, je me trouvai à sa hauteur, faisant comme si je ne me préoccupais pas de lui. Puis je plantai ma lame dans son cou, sectionnant la carotide pour l’empêcher de parler davantage. J’aidai ensuite le corps à tomber le plus silencieusement possible, puis je le tirai pour le mettre à l’écart, en laissant une traînée de sang sur le sol. J’en profitai pour nettoyer ma lame et mes mains avec ses vêtements, il fallait bien que ce mâle serve à quelque chose.

Soudain, des pas, dans mon dos !!!

« HEEEE !!!! »

Une grosse main griffue me harponna par la chevelure, me tirant en arrière. Ce qui m’arracha un cri sous la douleur, tandis que le mâle me souleva et me tourna pour que je sois face à lui. Il était costaud, il avait de la force même si je me doutais qu’il était plus en graisse qu’en muscles. Une jeune femme était à ses côtés, visiblement apeurée. Mais elle avait peur à cause de lui ? Ou par ce qu’elle voyait ?

Sans donner le temps au mâle de réagir alors qu’il ne me lâchait pas, je levai rapidement le genou pour lui donner un coup dans les parties intimes. Le mâle poussa un cri de douleur et relâcha son étreinte, me libérant. Enragée, je lui donnai plusieurs coups de poing au visage afin de le sonner davantage, mais autant frapper un mur. Il encaissait bien les coups. Je finis donc le travail avant qu’il ne reprenne ses esprits, et le frappai à plusieurs reprises au ventre avec mon couteau. Le dernier coup fut porté au niveau de son corps, et le gros lard s’écroula sur le sol, agonisant.

Un impressionnant cri aigu monta aussitôt. La femme de joie pressait ses mains sur ses joues en réalisant ce record de vocalise. Elle se jeta aussitôt aux pieds du gros en me bousculant presque, amenant sa tête sur ses joues alors qu’elle pleurait à chaudes larmes.

« Jyde !!!!! JYDE !!!!!!!!!!! »

Elle leva son visage trempé de larmes vers moi.

« SALOPE ! ORDURE !!! » hurla-t-elle à pleins poumons d’une voix déformée.

Sur le coup, je ne comprenais pas la réaction de cette jeune femme. Pourquoi semblait elle attristée par la perte de son bourreau ? Elle devrait plutôt me remercier, non ? Mais je n’eus pas le temps d’en observer davantage. L’arme de Darren déclencha deux coups de tonnerre successif, atteignant un arbalétrier que je n’avais pas remarqué à cause de cette scène. Le carreau me passa juste devant les yeux en me fouettant brusquement le visage d’un air morbide. Le type râla en se tenant le flanc et il s’effondra sur le sol.

Clive se détourna, mêlé dans l’énorme mouvement de foule d’une panique générale. Les clients comme les prostituées s’enfuyaient, cul nu, en tentant de franchir la seule entrée de la bâtisse. Un énorme méli-mélo venait de se former. Incapable de tirer sans toucher un innocent, deux gros bras lui sautèrent tout de suite dessus et un duel très risqué s’engagea. Darren para un coup de machette. Lui si peu dextre avait eu un coup de chance ou un éclair d’auto préservation. Car il avait intercepté la lame avec son propre pistolet sans y laisser ses phalanges. L’instant d’après il plaçait une balle dans le bassin de son opposant qui ne recula que d’un pas.

Darren fût aussitôt submergé et mit en difficulté. Il tentait de retenir l’assaut combiné de deux personnes à la fois. A chaque parade réussie, il recevait un coup. Le blessé tenait debout et sa lame se planta dans la veste de Darren au niveau du bras. Il venait d’être touché ! En le voyant en si mauvaise posture, je me devais d’aller l’aider. Problème...la fille de joie sortit brusquement un couteau. Il devait très certainement appartenir à son homme et son coup alla droit vers moi. Je sentis ma robe craquer sous l’incision soudaine de la lame. Mais, par chance, la lame s’était perdue dans le vide sans toucher ma peau. Heureusement que j’avais enfilé la tenue achetée sur le marché. Une déchirure dans cette jupe, ce n’était pas grave du tout. La fille continuait de m’insulter et elle leva une nouvelle fois son arme, cette fois-ci visant directement mon estomac d’un geste en pic à glace.

Par chance pour moi, elle était loin d’être une combattante, et je n’eus aucun mal à esquiver son attaque. Lorsqu’elle porta le coup, je me déplaçai sur le côté, et attrapai son poignet pour le tordre, et ainsi lui arracher l’arme des mains. Puis je la poussai contre le mur avec force. C’était peut être une femme, mais elle tentait de me tuer, je n’allais pas y aller avec des pincettes. Maintenant que j’étais armée de deux couteaux, et elle aucune, je la dévisageai, la menaçant du regard.

"Je ne te veux pas de mal, mais tu n’as aucune chance face à moi. Déguerpis tout de suite !"

« ASSASSIN ! MEURTRIÈRE !!! » se mit-elle à crier en me pointant du doigt.

Brusquement, je fus envoyée contre le mur d’un coup sec. Il n’y avait pourtant personne derrière moi mais mon dos me fit atrocement mal. Je poussai un cri de douleur, et serrai les dents pour me contenir un peu. Par chance, je parvins à rester sur mes jambes, mais la violence de l’impact m’avait fait perdre mes couteaux. Je sentais un corps étranger planté dans mes muscles, pas assez profondément pour anéantir ma mobilité cela dit. Mais en regardant l’origine du tir, je me rendais compte qu’un des gros bras qui n’occupait pas Darren était venu récupérer l’arbalète. Il me fixait avec un regard horrifié, s’empressant de tirer sur le corde pour recharger son trait. La haine pouvait se lire sur mon visage alors que je dévisageai le mâle. Mon envie de l’étriper était très forte, et par chance, recharger une arbalète prenait du temps. Je pouvais sans problème m’occuper de lui, malgré la douleur que je ressentais à cause du carreau planté dans le milieu du dos. Mais encouragée par la blessure que je venais de subir, la femme de joie fondit sur mes jambes. Sans organisation, sans manoeuvre martiale d’aucune sorte, elle se contenta simplement de faire un câlin à ma cuisse avant d’y planter rageusement ses dents.

Mais qu’est ce que cette femme essayait de faire en se jetant contre mes jambes ? Voulait elle me faire tomber ? Si c’était le cas, elle s’y prenait très mal. Elle n’avait aucune force. Ah non, elle avait une toute autre idée lorsque je ressentis une douleur dans ma cuisse. Cette folle venait de me mordre. Mais elle était tombée sur la tête, celle là ? Je serrai les dents, et vu que maintenant, je pouvais la considérer comme une ennemie, je n’eus aucune pitié pour elle.

"GARCE ! LACHE MOI !!"

Je frappai aussitôt la jeune femme pour la faire lâcher prise, lui donnant un coup de poing magistral au visage. Mais elle tenait férocement sa prise et elle serra les dents d’autant plus, enfouissant son visage dans mes jupons comme une teigne. Elle allait m’arracher un morceau de chair cette folle !! Je n’eus pas d’autre choix que de lui faire encore plus mal. Je me baissai alors, ramassai le couteau qu’elle avait sorti toute à l’heure, et la plantai dans sa propre cuisse. Le sang éclaboussa soudainement le sol. La femme poussa un long hurlement et elle s’effondra aux côtés de son mâle, étreignant son muscle sectionné. Elle se mit à m’insulter de tous les noms.

Pas le temps pour ça, j’entendis un nouveau déclic. Le trait vola jusqu’à moi mais, mal dosé, il chuta vers mon bassin et rencontra la rambarde du garde-fou en se plantant dans un “chtokkk” sonore. Le tireur était médusé. Il secoua la tête et tira de nouveau sa corde avec des gestes paniqués. La peur le rendait bien imprécis…

Maintenant que la garce était à terre, je pus m’occuper du mâle qui venait de tirer un autre carreau d’arbalète que j’évitais par miracle, tant il ne savait pas viser. Il n’était pas très loin de moi. J’avais toujours le couteau ensanglanté dans la main, je l’avais gardé lorsque la jeune femme s’était effondrée, ce qui expliquait qu’elle saignait abondamment. Sans attendre, je profitai du fait que le mâle avait les yeux baissés pour recharger son arbalète, et je lançai le couteau dans sa direction. La lame vint se planter au milieu de son front. Bon, j’avais visé le coeur, mais quelle importance ? J’avais atteint mon but, c’était le principal, non ? Une fois débarrassée de mes deux assaillants, je ramassai mon propre couteau et courai vers l’endroit où se trouvait Darren, en boitant légèrement à cause de la morsure. Le carreau me faisait souffrir, mais le militaire avait besoin d’aide.

Le soldat résistait comme un diable. Il était pleinement concentré dans sa défense. Et bien qu’il présentait de gros signe d’épuisement, il parait les coups les plus dangereux et encaissait les autres. Sa veste arborait déjà deux grandes traces de coupe, dont celle à l’épaule, mais Darren n’avait toujours pas laché son flingue. Il vit mon arrivée comme celle de la providence. Ca le regonfla d’une nouvelle énergie, semble-t-il, puisqu’il baissa sa défense. Il se mangea un belle droite mais gagna suffisamment d’allonge pour un monumental coup de tête en représaille. Il donna ensuite un puissant coup de botte pour repousser le type droit sur moi, me l’envoyant directement à l’abbatoire avant de se concentrer sur l’ennemi à la machette.

Le mien tituba en se tenant le visage. Le mouvement de foule s’était tari et il ne restait plus que nous contre les gardes. Lorsqu’il remarqua ma présence, il se jeta sur la table encore debout. Il s’arma d’une chaise qu’il m’envoya droit sur la figure, fit de même avec la bouteille en verre. Sa frénésie du lancé visait à me ralentir le temps qu’il se trouve une arme. Mais heureusement pour moi, j’étais agile et assez éloignée de lui. J’esquivai sans mal les objets lancés, et je continuai d’avancer, tandis que le mâle semblait chercher quelque chose. Il se fendit d’un AHA victorieux en brandissant...un tire bouchon. Son visage se décomposa en découvrant la nature de son arme mais il n’en perdit pas espoir pour autant. Il avait une bonne allonge, plus fin et agile, peut-être plus que moi. De mon côté, alors que je m’attendais à voir une arme digne de ce nom, comme une épée, un couteau, ou même un tisonnier, je haussai les sourcils en voyant sa trouvaille. Il pensait vraiment me vaincre avec ce truc là ? Ce petit objet ? J’en aurais presque ris si je n’étais si furieuse. Visiblement, le mâle semblait aimer son arme, car il passa à l’attaque. Il donna plusieurs coups en tentant de me poignarder au flanc. Je reculai sous ses assauts, cherchant comment l’approcher. Certes, il avait une meilleur allonge que celle de mon couteau. Je devais donc changer de tactique et l’intimider davantage pour lui faire perdre ses moyens, et le pousser à la faute. Je rangeai mon couteau, et sortis mes épées qui elles avaient une bien meilleure allonge que le pauvre tire bouchon. Effectuant des moulinets avec, je fixai le mâle comme un prédateur face à sa proie, un sourire carnassier sur les lèvres.

Le type leva ses deux poings, dont l’un muni de l’arme de fortune, comme un bagarreur de pilier de bar. Mais il avait tout de même l’air de savoir ce qu’il faisait. Il me rendit mon sourire avant de me faire signe d’approcher d’une main. J’allais vite me rendre compte qu’il était légèrement plus malin que ses camarades. Il ne restait jamais devant moi. Toujours sur un côté, me contraignant à ne pouvoir utiliser que l’une de mes lames. Le mâle refusait le contact direct et il cherchait à m’aborder par le flanc. Les quelques enchaînements dont j’avais le secret manquèrent de le toucher à maintes reprises mais mon adversaire bondissait comme un cabri au dernier moment.

Soudain, alors que j’attaquais, il me prit de vitesse. Il fit quelque chose dont je ne pouvais pas prévoir le mouvement. Il avait jeté son tire bouchon en l’air, se détournant pour faire une rotation lorsqu’il revenait sur mon flanc puis il récupéra son arme...de la mauvaise main. Je vis la pointe me venir droit dans les yeux et mes réflexes naturels me sauvèrent la vie. Le pic m’érafla le coin de la joue et remonta jusqu’à mon arrête nasale. Il aurait pu m’éborgner.
Et mon visage ! Il avait abimé mon visage !!! Il se remit sur sa position initiale, les poings en l’air, me demandant d’approcher avec son sourire narquois.

Je réprimai un gémissement lorsque le tire bouchon entailla légèrement ma chair. Par chance, j’avais bougé mon visage à temps pour ne pas devenir aveugle. Mais son coup avait quand même porté, et le mâle devait en être fier. Je me remis en garde, encore plus énervée qu’avant, sans quitter mon adversaire des yeux. Il souhaitait que j’approche, ce que je ne voulais pas faire bien entendu. Mais le combat risquait de durer un moment comme ça. Je tournai autour de lui, comme lui le faisait autour de moi. D’abord d’un côté, puis de l’autre, chacun évaluant les gestes de son ennemi. Ma respiration était rapide, la douleur dans mon dos était épuisante, mais je tenais bon. Je n’allais pas plier devant ce mâle. Je brandissai mes épées devant moi, l’une destinée à me protéger, l’autre à attaquer. Je cherchai une ouverture pour passer à l’assaut.

Mais en tournant, je perçus Darren dans mon champ de vision et je me rendais compte qu’il passait un sale quart d’heure. Replié, les bras en couverture devant son visage, il encaissait une série de coups qu’il ne pouvait plus juguler. Son adversaire le défit d’un coup dans le genou et il enchaina plusieurs droites bien sentie. Clive abaissa ses bras, complètement sonné, la tête dodelinant à droite et à gauche. Un coup de pied en plein visage le chassa avec une terrible brutalité et il se tourna ensuite vers moi.

Il s’approcha pour participer à la fête, posant sa machette sur l’épaule tout en m’observant. Pourtant, le type au tire bouchon fit un signe de la main lui demandant de ne pas intervenir. Il voulait ce combat à la loyale et sans intervention extérieure. L’homme à la machette secoua simplement la tête, de façon approbative, et il revint vers Darren. Le militaire avait posé son bras sur le rebord d’un meuble pour se redresser mais il ne l’avait pas fait assez vite. Un nouveau coup de poing le cueillit à l’arrivée. Il n’allait pas tenir longtemps...seulement : j’avais déjà affaire à forte partie. Je devais penser à gagner avant de penser à l’assister. L’ennemi que j’avais en face de moi n’était pas mauvais, loin de là, et il me fit un signe de la tête pour me demander si j’étais prête.
C’était, semble-t-il, le combat de sa vie.

Je ne pouvais pas m’occuper de Darren, je me concentrai donc sur mon adversaire. Je recommençai à lui tourner autour, cherchant une faille dans sa défense. Puis, je passai à l’attaque. Le mâle esquiva mes coups d’épée sans mal, mais je fis de même avec son arme, sautant en arrière ou sur le côté. A un moment, il parvint à s’avancer contre moi pour supprimer ma dextérité. Il para mon bras droit et me colla un crochet avant de se retirer. Quand je parai son pic, il n’était pas rare qu’il parvienne à glisser un coup de poing à l’endroit le plus découvert. Il exploitait une faille que je connaissais dans mon art et il l’avait prit pour argent comptant, comme si je n’étais pas capable d’adapter mon style. Je le laissai donc cogner une nouvelle fois et m’exposer comme si je n’avais toujours pas compris la leçon. Dès qu’il répéta son astuce trop exploitée, je lançais ma représaille.

Je finis par faire une roulade pour me retrouver derrière lui, et en me redressant, je tranchai son talon d’un geste rapide, avant de reprendre mes distances et ma position défensive. Mon ennemi recula vivement en titubant, fixant d’un air éberlué son pied sanguinolent. Il allait être contraint de porter son poids sur l’autre pied maintenant. Et quand on n’a plus qu’un appui, ça devient bien plus compliqué de fuir l’axe central. Je le tenais...et il le savait. Dans un cri de rage, il s’élança contre moi dans un plongeon. Il remonta juste avant mon esquive pour lancer son pic qui accrocha mon haut et le fit un peu craquer. Mais j’étais trop reculée pour qu’il n’entame ma peau. Ca y est, il était exposé cette fois ci.

Un sourire fugace passa sur mon visage, et je décidai de le frapper au visage avec la poignée de mon arme, pour le déstabiliser. Le mâle s’écroula par terre, sur le dos, et je plongeai ma lame dans son ventre, tournant l’épée à l’intérieur pour lui procurer moulte souffrance. Pourtant, au lieu de hurler comme faisaient généralement mes proies, il retint dans sa gorge toute forme de douleur pour me fixer dans les yeux. Il se savait foutu, il entourai la garde de ma lame sans pouvoir la retirer. Bizarrement, il défit son emprise pour lever les deux mains en l’air.

« Je suis...vaincu... » balbutia-t-il entre deux hoquets de douleur. « Accorde-moi une...mort honorable...une mort de...guerrier. »

Je fixai le mâle agonisant en fronçant les sourcils. Ce dernier me demandait une mort honorable. Une mort rapide. Dans mon monde, cette mort n’était donnée qu’à mes Soeurs que rien ne pouvait sauver. Une lame plongée dans le coeur pour éviter les souffrances. Mais les mâles n’avaient pas cet honneur. Pourquoi celui là en aurait le droit ? Après tout, c’était un monstre, comme les autres. Je lui lançai un regard noir, et continuai de tourner la lame pour entailler la chair et ouvrir davantage la blessure. Puis, je retirai l’épée, et me penchai en avant pour parler au mâle.

"Toi qui participe à la souffrance de ces femmes en les livrant aux mâles pour qu’ils les montent, pourquoi devrais je t’accorder une mort rapide ? Je vais me délecter de te voir mourir lentement !"

Je me redressai alors, et m’éloignai de lui, faisant ainsi face à mon dernier ennemi.

« Je me suis battu avec...honneur et respect...de guerrier à guerrier. » insista-t-il dans mon dos. « Je demande une...mort...d’honneur et respect...de guerrier à guerrier ! »

Je stoppai mon avancée en entendant le mâle demander à nouveau à mourir, et je soupirai en levant les yeux au ciel. Voilà qu’il me parlait d’honneur et de respect. Deux valeurs importantes pour moi et mon peuple. Mais c’était un mâle, je n’avais pas à accéder à sa requête. Je serrai mon épée dans la main droite, et contre toute attente, je me retournai et plongeai la lame dans le coeur de mon adversaire. Il allait mettre plusieurs minutes à mourir sans mon geste. Je n’avais pas envie d’entendre ses jérémiades pendant ce temps. Une fois mort, je retirai l’épée, et me tournai vers mon second adversaire qui était occupé à frapper Darren. Le carreau dans mon dos me faisait toujours souffrir, mais je réprimai cette douleur. Je fixai le deuxième mâle, celui ci me tournait le dos, et ne se préoccupait pas de moi. Je m’inquiétai pour le militaire, il encaissait les coups depuis un moment. Je m’avançai vers le sbire du Pendu précipitamment, me retrouvant ainsi derrière lui sans qu’il n’ait remarqué ma présence. Puis, je plantai mon épée en travers de sa nuque, la lame ressortant par la gorge. Le corps du mâle tomba, et j’en fis de même, me laissant glisser contre la table à cause de la fatigue et la douleur dans mon dos et à la cuisse. J’étais obligée de me tenir de trois quart.

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Lun 6 Avr - 21:24

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Le soldat avait pris la raclée de sa vie.
Il ne lui restait plus que l’espoir de temporiser en amenant ses bras en couverture de son visage. Il recevait une pluie de coup, son ennemi cherchait le KO d’un pain dans la gueule. Mais Darren ne se laissait pas faire, il refusait. A force de ténèbres et de voir des étoiles, il perdait le sens spatial. Si bien qu’il se rendait parfois compte, par la douleur, que ses bras s’étaient abaissés lorsqu’il croyait se défendre encore. Son moral s’étiolait et il pensait que Lyanna ne viendrait pas. Qu’elle avait dû être abattue. Ou pire...Qu’elle tendait les mains dans sa direction en l’appelant à l’aide.
Intérieurement, il commençait déjà à regretter son plan. Leurs assauts ne se déroulaient pas sans douleur et sans risque de se faire rouler dessus. Mais bientôt, les coups cessèrent. Darren se mit à tousser, la bouche grande ouverte, et il voulut crier sa douleur. Sauf que son corps refusait.

C’est le mental qui faisait la différence à ce moment là.
Il était bien, allongé sur le sol, en essayant de reprendre ses esprits. Mais il ne savait pas où était passé son ennemi. Le militaire se retourna et prit appui sur le sol. Sauf qu’il toucha du tissu et de la chair par dessus lequel il passa la tête. A force d’effort, il ouvrit les yeux pour percevoir les jambes de son amie. C’est là-dessus qu’il s’appuyait.
Son subsconscient fit le reste du calcul. Lyanna était morte de fatigue, lui aussi, et il se trainait sur ses jambes. Clive fit l’effort de se redresser pour s’adosser contre la table cassée, son épaule toucha la sienne, alors qu’il tentait de calmer son rythme cardiaque, tout comme elle. Il la fixa un petit instant, comprenant la rudesse de sa bataille, comme lui. Alors il prit sa main dans la sienne, y conservant une douce étreinte.

« Hé...hé... »
Parler lui déclencher une vive douleur. Il posa sa main sur sa mâchoire, craignant d’avoir perdu des dents. Il se reprit juste après, toujours haletant.
« J’tai...je t’ai...déjà dit que j’aimais...les brunes ? » fit-il avec humour et douleur, rappelant sa question au tenancier sur ses goûts en matière de femmes.

Lyanna un petit sourire aux paroles de Darren.

"Avec une musculature et une poitrine honorable, qui porte une jupe et un petit haut en cuir, sachant manier une épée ?" lui dit elle en terminant sa phrase.

"Je t’ai entendu quand tu parlais à ce mâle qui tient cette bâtisse".
« Oooh chérie... » lui répondit-il d’une voix exagérément aimante. « Tu es tellement sexy quand tu butes un mec ! »
La jeune femme voyait que Darren souffrait, il avait pris pas mal de coups, et en portait les stigmates.

"Tu es blessé ?"
« Oh non, je suis en pleine forme ! » lâcha-t-il en battant mollement d’une main en l’air. « J’ai juste les yeux qui sont partis au fond de mes orbites, avalé mes dents, et prit la foutue tannée du siècle. Mais demain...je serai endiablé ! Et toi ? »

"Tu fais vraiment peine à regarder !"

Lyanna sourit de sa propre réplique, puis elle crispa les dents. La douleur la rappelait à l’ordre.

"Une folle m’a mordu à la cuisse, j’ai cru qu’elle allait arracher un morceau de chair. Et … j’ai mal dans le dos".

Elle voulut se redresser, mais n’y parvenant pas, elle abandonna l’idée.

"Un mâle m’a tiré dessus avec une arbalète. Je crois que c’est encore planté dans la chair. Ca me gêne et c’est douloureux".
« Nan...NAN, LYANNA ! » supplia-t-il en se contorsionnant. « Me fait pas rire... »
Il ne put s’empêcher, ce qui lui déclencha des douleurs supplémentaire.
« Un putain carreau d’arbalète...et ça te gratouille les aisselles ! »

Darren se moquait de Lyanna, et il en payait le prix à cause de la souffrance que les coups reçus lui procurait. Ce qui fit sourire la jeune femme.

"C’est bien fait pour toi, tu n’avais qu’à pas te moquer de moi. Ca fait mal, je te signale !"
« Laisse-moi regarder... »
Darren gémit en se déplaçant. Il rampa à quatre pattes en contournant son amie et vint jusqu’à son dos pour examiner la blessure. Il ria beaucoup moins soudainement.
« La vache, t’a...t’a vraiment un carreau d'arbalète dans le dos ! »
"Et je me suis battue avec ce truc là".

Le soldat secoua la tête pour essayer d’éclaircir sa vision, il ne réussit qu’à accentuer son horrible mal de crâne.
« Laisse moi faire... »
Darren approcha ses mains pour se saisir de la base du trait. Généralement il fallait casser la tige pour que ce soit moins gênant, le temps de retirer efficacement la pointe. Les services de la vieille Apothicaire ne seraient pas de trop ce soir. Par contre, lorsqu’il voulu exercer la pression, le trait d’arbalète s’échappa de ses mains comme dans du beurre. A croire qu’il tenait à peine dans les chairs pourtant sanguinolente de son amie. Lyanna étouffa un gémissement de douleur lorsque le soldat retirait le carreau de sa peau, même si elle pensait qu’elle aurait souffert beaucoup plus. Clive fronça les sourcils en examinant sa blessure. Bonne nouvelle...elle n’était pas profonde. Une sale gueule, certes, et ça mériterait de la suture. Mais la blessure n’était pas handicapante.
« Ben ça alors... » s’étonna-t-il en revenant s’assoir lourdement à ses côtés.
Il leva le trait ensanglanté à hauteur de leurs regards et il observa la pointe qui avait vraiment une tête bizarre. Il posa son index dessus puis appuya. Une fois, deux fois, trois fois...la pointe tournait sur son attache comme des éperons de bottes de cowboy.
Darren leva ce qu’il restait de ses deux sourcils et passa le trait à son amie pour lui laisser comprendre ce qu’il s’était passé. La jeune femme observa l’objet, le tournant entre ses doigts pour l’examiner en détail. La pointe n’était pas en face quand elle l’avait touché. Ca c’était enfoncé mais par le tranchant, causant une force de pénétration beaucoup moins sévère.
« Trahi par le matériel, tu as vu ça ? »

"On dirait que j’ai eu de la chance. Ce carreau aurait pu atteindre mon poumon ou mon coeur s’il s’était enfoncé plus que ça".
« Je ne pensais pas qu’ils se baladaient avec des arbalètes dans un bordel. Je serai plus concentré la prochaine fois que j’envisage un assaut. »

Le silence retomba.
Ils respiraient un peu mieux maintenant mais l’épuisement les harcelaient. La foule était sans nulle doute tout autour du bâtiment et il leur restait à incendier le tout. Mais chaque chose en son temps. L’oeil du soldat était attiré par la robe de son amie, là où il découvrait deux ou trois trous. Certains avaient la forme et la dimension d’une mâchoire humaine. Le soldat approcha sa main et y glissa le doigt légèrement. Il y retira son index taché de sang.
« Tu attires les gourmands, je vais être jaloux. Je peux y regarder ? »

Lyanna avait fermé les yeux, et elle sursauta légèrement en sentant une pression au niveau de sa cuisse, sur la morsure. Elle vit alors Darren qui retirait son doigt ensanglanté. Doucement, elle écarta sa jupe pour dévoiler sa cuisse. Et surtout cette trace de morsure.

"C’est une folle qui m’a mordu. Elle était complètement dérangée. Elle a voulu me tuer avec un couteau".
« T’as surement buté son mec. » supposa-t-il sans se méfier d’avoir toucher au but.
Il grimaça en examinant la blessure. Hormi la déformation de ses chairs dessinant l’empreinte de la mâchoire, une incision plus profonde suintait du sang en continu. Un très mince filet mais il suffisait d’un micro mouvement musculaire pour produire une trainée. Lyanna saignait…
« Il faut que je t’arrange ça. Et qu’on te trouve des antibiotiques. »

Darren se redressa et choppa un foulard qui traînait là. Petit coup de chance d’avoir un morceau de tissu directement à portée de main. Le soldat entoura la blessure le plus doucement possible et ne serra pas excessivement. Lyanna laissa le militaire s’occuper de sa blessure, et se demanda ce qu’était des antibiotiques. Darren semblait lire dans ses pensées, ou sûrement en voyant ses sourcils se froncer légèrement.

« Des médicaments qui évitent les infections. » lui expliqua-t-il en devinant son interrogation.
Parce qu’il était en face d’elle, le militaire rabattit sa robe maintenant qu’il avait pansé la plaie et il se pencha. Ses lèvres se posèrent délicatement sur les siennes. Mais lorsqu’il se retira, une expression douloureuse subsistait chez lui.
« Ca pique... »
"Tu vois que tu es blessé !"
« Ah oui...j’oubliais que le romantisme post-baston te bottait pas trop... »

Darren ne semblait pas se plaindre de la douleur. Il se montrait déçu et frustré de ne plus pouvoir apprécier pleinement une bonne embrassade. Après la bataille, avec les nerfs qui se relâchaient et laissaient un flot d’adrénaline dans le sillage, un baiser restait terriblement bon même avec la douleur.

« Faut pas qu’on traîne...promis...on fera grasse matinée. Comme hier matin... » lui annonça-t-il en se relevant.
Clive avait pourtant fait doucement. Mais son cerveau n’avait pas suivi le mouvement. Un peu sonné, il se posa une main sur la tête et tituba, cherchant à stabiliser son équilibre.
« Toi et moi, dormir pendant des heures et des heures... » sussura-t-il d’un air rêveur.
"J’avoue que je suis fatiguée. J’ai envie de m’endormir dans tes bras, bien au chaud. Ca me fera du bien. Et … j’aime bien ça" dit elle en rougissant légèrement.
« Vendu !... » répliqua-t-il d’un air rêveur.

Lyanna se releva également avec difficulté, mais elle était quand même moins amochée que Darren. En le voyant prêt à s’écrouler, elle posa une main sur son dos, comme cherchant un contact avec lui pour la rassurer sur son état. Elle s’inquiétait pour le soldat après la raclée qu’il avait pris.

"Je m’occupe de l’incendie, si tu veux. Je pense que tout le monde a évacué".
« Ok mais...là-bas, c’est le bureau du patron. Tu m’aideras à transporter le coffre dehors. »
"Un coffre ?"

Darren sourit, malicieux. Il resta volontairement énigmatique.
« Tu voulais que le calvaire des filles ne se reproduise pas, c’est ça ? J’ai une idée que tu vas adorer ! »

Lyanna regardait Darren avec incompréhension, elle ne voyait pas où le soldat voulait en venir. Comment pouvaient ils empêcher que ces jeunes femmes connaissent à nouveau ce qu’elles venaient de vivre ? Hésitante, elle acquiesça.

"Heu … d’accord".
« Super ! » lâcha-t-il enthousiaste. « Tu vas adorer. J’serai ton héros ! »
Le soldat avait déclaré ça en repartant, se parlant manifestement à lui-même.
« Un héros tout décrépi et branlant, aussi fragile qu’un vieux sénile...ahh. »

Lyanna mit le feu au bâtiment.
Pas difficile quand les bougies cotoyaient les nombreuses tentes en tissus.
Ensemble, ils sortirent difficilement un coffre à double poignée par la fenêtre. Le gens qui avait évacué le bordel, mis à part les clients, étaient restés tout autour. Des prostituées notamment et quelques derniers hommes de main. Lorsqu’ils remarquèrent Darren et Lyanna avec le coffre, ils conclurent tous à un vol.
Les deux brutes de l’entrée s’approchèrent en sortant leurs machettes. Mais épuisé comme l’était Darren et sa partenaire, il leva son flingue et dégomma l’un d’eux au pif sans le moindre scrupule. Surpris par le coup de tonnerre, les occupants fixèrent le corps d’un air pantois. Toute idée de résistance s’envola illico.
« Je sais... » avoua Darren en sentant le regard de son amie sur son dos. « On aurait sûrement dû commencer par ça. »

Il pointa son arme sur la dernière brute. Elle jeta instinctivement sa lame, tremblant de tout son corps.
« Va voir le Pendu, dis lui qu’on veut un entretien avec lui et qu’il a intérêt à nous recevoir gentiment s’il veut pas paumer sa blanchisserie. Il comprendra le message. »
Le type prit ses jambes à son cou.
Le soldat soupira, abattu par la fatigue, mais refusa de capituler.
« Mesdames, fille de joie et autres escortes. J’vous présente votre sauveuse ! » annonça-t-il d’une voix forte en désignant Lyanna.
Il ouvrit le coffre, révélant un amas incroyable de monnaie. Toute la richesse amoncelée par les courtisanes sur un mois. Les pièces enflammèrent les regards, notamment des jeunes femmes tenues par une rente trop maigre.
« Essaie de faire des parts égales. Et de leur donner ton message. Tu voulais les sauver alors...c’est ton moment. »
Clive lui offrit un clin d’oeil.
Il se décala un peu, son pistolet bien en main, près à assassiner le moindre renfort dérangeant ou celle qui aurait l’idée de plonger la main dans le coffre sans permission. Au début, les jeunes femmes quasiment à poil se regardèrent. Mais puisque l’interlocutrice était une femme, une guerrière au visage tuméfié par une lutte qui les concernaient, il y eut des actes de foi. Et elles s’approchèrent de Lyanna avec un tout nouvel espoir gonflant leurs coeurs.

Lyanna s’occupa de séparer comme elle le pouvait les pièces. Elle ignorait de quel montant cela pouvait être, mais il suffisait de répartir par taille pour que les parts soient égales. Elle fit des petits paquets qu’elle donna à chaque jeune femme, en leur expliquant qu’elles devaient refaire leur vie avec cet argent, et qu’elles ne devaient pas retomber dans ce piège. Les minutes passèrent, et la guerrière se sentit bien mieux, même si elle avait encore mal partout. S’occuper de ces femmes, après voir vu leur détresse, l’aidait à apaiser sa conscience de n’avoir rien pu faire pour Abelle. Le dernier tas de pièces fut donné à la dernière fille de joie, qui le prit en me remerciant. Elle partit avec un sourire, comme les autres. Le bâtiment fut envahi par les flammes, et déjà des habitants sortaient et s’organisaient pour éteindre le feu. Lyanna se redressa une fois sa tâche accomplie, et s’approcha de Darren, venant se blottir dans ses bras.
« Tu leur a offert une chance de se racheter... » lui murmura-t-il à l’oreille. « Si elles y tiennent, elles pourront refaire leur vie. Tu es devenue leur héroïne. »
Il glissa son pouce sur le pli que faisait son demi-sourire.
« Et ça soulage quand on fait le bien, n’est-ce pas ? »

Lyanna leva les yeux pour regarder Darren, et acquiesça d’un hochement de tête.

"Oui … ça soulage … pour Abelle".

Lyanna embrassa doucement le soldat, avant de revenir contre lui.

"Merci pour ce que tu as fait pour elles".
« Je crois bien... »
Il se détacha pour la prendre par la main et l’emmener avec lui, laissant l’incendie mourir dans leur dos en prenant le chemin de l’Apothicaire.
« ...que je l’ai fais pour toi... » admit-il.

Lyanna serra la main de Darren dans la sienne, et observa le soldat après ses paroles.

"Tu l’as fait pour moi ?"
« Pour te soulager de ce qui te faisait mal...et faire vibrer ton coeur. Pas très pro de ma part... »

Lyanna se contenta de sourire aux paroles du militaire, touchée par ses aveux. Le reste du chemin se passa en silence, jusqu’à leur arrivée devant la boutique de l’apothicaire. Il fallut frapper à plusieurs reprises pour que la vieille dame vienne enfin leur ouvrir. Darren pensait qu’elle aurait mis du temps à s’habiller au levé du lit en pleine nuit. Ou bien qu’elle était sourde. Mais l’Apothicaire semblait étrangement très alerte pour une heure aussi tardive. Lorsqu’elle vit la tronche de Darren et de Lyanna, elle fit de grand geste de bras les invitant à entrer.

Mais là encore, étrangement, elle commença par tirer ses rideaux pour dissimuler leurs présence. Darren s'aperçut que ce qu’il prenait pour des traits de fatigue était...du ravissement ? De la satisfaction ?
La dame leur prit la main, l’un après l’autre, et y déposa un baiser. Elle s’inclinait en formant des remerciements très profonds. Face à l’incompréhension générale, elle se déplaça vers une porte qu’elle ouvrit et elle invita quelqu’un à entrer à grand signe de main. L’une des prostituées...était la fille de l’Apothicaire. Elle était maintenant vêtue d’une tenue décente et elle baissait les yeux, très intimidée de revoir les sauveurs du moment.
Darren comprit qu’ils avaient libéré la fille de son esclavagisme et que la mère était aux anges. Lyanna sourit en voyant l’une des femmes qu’elle avait aidé. Elle acquiesça d’un simple hochement de tête dans sa direction, par respect pour elle. Maintenant aidé par son enfant qui lui apportait les produits, l’Apothicaire débuta les soins. Darren refusa catégoriquement de passer en premier, prétextant que les blessures de Lyanna étaient ouvertes.

Ce médecin de campagne lui appliqua diverses huiles et remèdes pour soulager ses muscles endoloris par les mauvais traitements. Et elle ne coupa malheureusement pas à deux points de sutures dans son dos et qu’elle devrait garder, selon l'Apothicaire, quelques jours seulement. Lyanna serra les dents lorsque la vieille femme s’occupa des points de suture, mais elle encaissa plus facilement que lorsque Darren y avait eu le droit. Cependant, ces points étaient réalisés par une experte, normal qu’ils soient moins douloureux. Pour sa cuisse, elle s’en tira avec une pâte cicatrisante qui avait enfin jugulé le saignement.

Darren eut moins de chance.
La vieille dame lui annonça qu’il avait une accumulation de sang sur le pourtour du globe occulaire, ce qui le rendait aveugle d’un oeil. Elle s’arma d’une lame fine et très aiguisée pour percer une évacuation à cet épanchement. Darren s’en trouva soulagé. Elle lui fit boire ensuite un liquide qui le rendit complètement stone, endormant tant ses blessures que son attention. En échange, elle refusa tout paiement, présentant sa fille comme source de reconnaissance éternelle.

Lorsqu’il en ressortit pour rejoindre l’auberge, Lyanna était obligée de le tenir par le bras, comme si elle ramenait un conjoint complètement alcoolisé au lit conjugal.
« ‘Vec moi, ma mie...Sing...in the raiiiiiin….sing... »
"Je ne sais pas ce qu’elle met dans son élixir, mais c’est très efficace".
« J’sens plus rien... »
Une petite lumière demeurait à l’entrée. L’aubergiste ouvrit les portes, armé d’une masse d’arme et d’un calot, prêt à en découdre avec un quelconque envahisseur. Il se rassura à l’idée de les revoir.
« Votre amie dort paisiblement. Tout va bien ! » leur assura-t-il.
L’aubergiste n’en demeurait pas moins inquiet. Il sonda Darren et trouva la force de lui demander ce qui lui était arrivé.
"On s’est battu contre les serviteurs du mâle qui en a après Abelle. L’un d’eux s’est bien défoulé sur lui".
« J’ai...ssayé...embrasser Lyanna sans permission...ENCORE !!! »
Il lui tapota l’épaule, hilare. Le produit l’ayant complètement drogué.
« C’est ma chérie à moaaaa...y’a qu’elle qu’à l’droit….d’me battre. Pas touche, aubergiste. Pas touche ! »
« Je….ne risque pas ! » assura-t-il, blanc comme un linge.
« Sing...in the raiiiiiin….sing... »
"L’apothicaire lui a donné une potion pour calmer la douleur de ses blessures. Ca lui fait beaucoup d’effet".

L’aubergiste comprit alors pour quelle raison Darren était dans cet état, lui qui donnait l’impression d’être un simple ivrogne ayant beaucoup trop bu. Il s’écarta pour laisser le couple entrer, avant de fermer la porte. Il s’était assuré que personne ne les observait.


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Lun 6 Avr - 22:31

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J'
eus du mal à emmener Darren jusqu’à notre chambre, l'ascension des escaliers fut un véritable calvaire autant pour lui que pour moi. L’aubergiste nous aida, avant de nous laisser une fois arrivés sur le pas de la porte. Une fois à l’intérieur, je constatai que le feu de cheminée était ravivé. La chaleur régnait dans la pièce. Une douce lumière éclairait les lieux. Je conduisis Darren jusqu’au lit où il s’affala mollement. J’étais fatiguée, j’avais une furieuse envie de dormir. Laissant le militaire se préparer, je contournai le lit et m’assis au bord. Je m’occupai de ma main, y appliquant à nouveau de l’onguent, avant de la bander. Cette bagarre avait ravivé la douleur, mais celle ci n’était pas aussi forte que celle de ma cuisse ou de mon dos. Heureusement, les herbes médicinales de l’apothicaire étaient efficaces contre la douleur.

Je finis par me lever, et je retirai mes vêtements déchirés, me retrouvant ainsi entièrement nue dans la lueur du feu. Je me glissai sous les couvertures, puis je retournai me blottir dans les bras de Darren une fois que celui ci fut également allongé. Me retrouver contre son corps, pressant le mien contre le sien pour profiter de sa chaleur, c’était si agréable. Et avec ce sommeil pesant qui m’envahissait, ce moment était terriblement délicieux.

"C’est si bon de me retrouver là, avec toi. Ca me fait du bien".

« Si bon de plus être seul... » marmonna-t-il, luttant contre le sommeil.

Darren aussi dégustait cette juste récompense.

« Teyla a intérêt...de tenir le coup. Heimda aussi. Qu’on fasse pas tout ça pour... »

Un léger ronflement ponctua la fin de sa phrase. Il s’était littéralement effondré.

J’écoutai les paroles de Darren, les yeux fermés, bercé par le son des battements de son coeur et de sa respiration. Soudain, plus aucun bruit. Le militaire venait de s’endormir, ce qui me fit rouvrir les yeux pour le regarder. Ce dernier s’était assoupi en plein milieu d’une phrase, il devait être vraiment fatigué. Je restai un instant à l’observer à la lueur du feu qui crépitait dans la cheminée. Et sans savoir pourquoi, je posai ma main sur son visage, avant de caresser doucement sa joue. C’était la première fois que j’avais cette attention pour lui. Un geste que Darren avait réalisé plusieurs fois sur moi, et que je reproduisai maintenant. Je continuai de le caresser et de le contempler, en silence, avant de m'effondrer à mon tour contre lui.

Au cours de la nuit, les gestes de Darren me réveillèrent. Parce qu’ils n’étaient pas comme la dernière fois et qu’il avait l’air soudainement mal. Les mécanismes de guérison naturelle du corps s’était mis en route et je savais que lorsqu’on revenait à ce point blessé, de la fièvre venait imposer un léger délire. L’agitation somnambule de Darren semblait justement collé à ça. Il gémissait dans son sommeil, articulant parfois quelques mots incompréhensible, cherchant à fuir la douleur résiduelle qui s’éveillait par moment. Je posai ma main sur le front du militaire et je remarquai qu’il était brûlant. Alors je me levai et pris un tissu que je trempai dans de l’eau froide, avant de venir m’asseoir près de lui. Avec douceur, je passai le linge humide sur le visage de Darren. Il réagissait à ma douceur, toujours inconscient, avec une sorte de soulagement innocent. Ca lui faisait beaucoup de bien, adoucissait sa convalescence. Après un long moment, le soldat semblait aller mieux, je revins donc m’allonger contre lui.

Mon contact semblait le rassurer, le calmer lorsqu’il s’agitait un peu trop. Puis il finit petit à petit par se calmer. Sa fièvre avait baissé, son corps semblait moins brûlant. Je restais longuement à veiller sur lui, et après m’être assurée qu’il allait mieux, je m’autorisai à m’endormir à mon tour.

Alors que l’après midi commençait, quelque chose me fit émerger de mon sommeil. Et cette fois ci, ce n’était pas Darren. Il y avait du bruit au rez de chaussée, comme des meubles qui étaient déplacés. Je me redressai dans le lit, essayant de comprendre ce qui se passait, mais je n’eus aucune réponse à cette interrogation. Je devais aller voir ça. Le soldat dormait paisiblement, c’était bon signe, la fièvre semblait être passée. Je décidai de le laisser dormir, et quittai le lit. Après avoir enfilée ma tenue et pris mes armes, je quittai la chambre sans réveiller Darren.

L’aubergiste se tenait en bas des escaliers et il me tournait le dos, visiblement en train d’observer la source de bruit. Les raclements de meubles se faisaient plutôt nombreux et je perçus la voix entrainante d’Abelle.

« C’est ici messieurs, contre le mur. Avec les parchemins et les plumes. Attention aux encriers dans ce carton... »

Une fois atteint la dernière marche, je découvris finalement un véritable emménagement. Des ouvriers amenaient différents meubles en les portant à plusieurs. Depuis ce matin, ils avaient livré nombre de tables et de chaises. La petite fortune qu’avait laissé Darren à l’aubergiste pour rebondir dans ses affaires avait été bien employé. Le mobilier se montrait bien plus esthétique et solide que les frêles table en contreplaqué de la veille. D’ailleurs, je remarquai quelques civils déjà attablés qui finissaient de déjeuner. L’activité des ouvriers ne semblait pas les déranger.

Un peu plus au fond après le bar entièrement refait, la porte qui avait sauvé la vie d’Abelle avait été retirée pour un panneau beaucoup plus luxueux. On l’avait laissé ouvert et, puisque l’entrée était plus grande qu’une ouverture classique, je voyais distinctement Abelle en train d’agencer l’intérieur en commandant aux ouvriers. C’était un magnifique bureau administratif qu’elle était en train de mettre en place. L’élément central, le secrétaire à double panneau, se tenait un peu en retrait contre le mur. Une bibliothèque y avait été fixé et elle encadrait un tableau censé représenter Hestevic vu depuis les montagnes. Pour l’espace central, un agencement de canapé et une table basse pour les réceptions et les réunions moins protocolaire. Un maçon et un charpentier terminait la création de trois fenêtres, source d’un précieux éclairage naturel.

« Cette enfant est un don du ciel ! » me dit l’aubergiste, les bras croisés, en ayant remarqué ma venue. « Et je loue sa générosité. Elle m’a aidé à refaire une très belle salle commune. Voyez... »

Il pointa du menton les gens qui dinaient. Une étrange impression de libération flottait dans l’air, comme si la réouverture de l’auberge venait de soulager une bonne part du village qui appréciait cet endroit. C’est vrai que, contrairement à la veille, même avec du mobilier cassé, cette disposition témoignait d’une plus grand intelligence en terme de gestion. Abelle en était l’orfèvre.

« Excusez-moi, dame. » fît-il poliment en voyant qu’un client l’appelait.

Je regardai autour de moi, voyant bien la différence d’ambiance entre la veille et cet après midi. L’aubergiste avait bien dépensé ce que Darren avait offert à l’aubergiste en guise de remerciement pour avoir aidé Abelle. Une fois seule, je m’approchai de la nouvelle pièce qui venait d'apparaître et aménagée par Abelle. Celle ci donnait des ordres pour l’agencement des meubles. Je regardai en détail ce qui se trouvait dans la salle, avant de regarder la jeune femme.

"Qu’est ce que tu fais ?"

« Bonjour Lyanna. »

Elle fronça les sourcils.

« Eh bien...je prépare un bureau pour son altesse Heimda. Comme vous me l’avez demandé. »

La servante se mit à douter.

« Vous avez...changé d’avis ? »

"Non non … c’est juste que ..."

Je jetai à nouveau un oeil sur le mobilier, bien plus chic que le reste de la taverne.

"Tu es sûre qu’elle aura besoin de tout ça ? Ca ne fait pas … trop ?" demandai je, les notions d’élégance et de richesse m’étant inconnues pour le rang de quelqu’un d’important.

« Elle peut-être pas...vous avez raison, son altesse n’a pas pour renommée de prendre du plaisir dans tout ça. » répondit la servante en désignant les tentures et tableaux. « Mais je la sais forte en diplomatie et si elle veut bien recevoir. Il lui faut un lieu digne de ce nom. »

Elle haussa les épaules.

« Comme pour des Atlantes par exemple. »

Je réfléchis aux paroles d’Abelle. Il était vrai que la salle où j’avais rencontré le conseil n’était pas sobre, il y avait quand même un peu de richesse dans le mobilier. Sans doute pour en mettre plein la vue chez les diplomates d’autres mondes qu’ils recevaient. Cela devait être comme cela sur d’autres planètes. Je regardai les tableaux, avant de pousser un léger soupir.

"C’est dommage que la toile de sa mère n’est pas ici. Je pense qu’Heimda aurait aimé voir ce tableau ici, dans cette salle".

Je finis par me retourner vers Abelle, lui lançant un sourire chaleureux. Puis, je posai ma main sur son épaule.

"Tu as fait du bon travail, Abelle".

La jeune femme blêmit. Elle était partageait entre mon compliment et sa blessure profonde.

« Je...m’occupe l’esprit... » avoua-t-elle d’une petite voix.

Elle marqua un temps de silence.

« Bevel, l’aubergiste...m’a dit ce que vous aviez fait hier. C’était...d’un très grand courage. Attendez-vous à rencontrer beaucoup de familles reconnaissantes. Le Pendu est très craint ici-lieu et il martyrise ouvertement le peuple depuis...

"Et on n’a pas fini de s’occuper de lui. On va lui faire payer. Lui et tous les autres. Et je te promets que je m’occuperais de celui qui t’a fait du mal."

La jeune femme pinça des lèvres.

« Dois-je le dire maintenant... » se murmura-t-elle.

Je fronçais les sourcils aux paroles d’Abelle, et j’acquiesçai d’un hochement de tête.

« Un crieur public est venu ce matin. Le conseil a destitué notre reine pour négligence et abandon de la couronne. Hestevic vient de passer sous contrôle du conseil. Ils se sont divisés les bourgs entre eux trois... »

Je soupirai en apprenant la nouvelle. Ce n’était pas bon du tout. Ces mâles en avaient profité. Il fallait remédier à ça.

"Ils font partis de ce complot. Darren et moi, on aidera Heimda à revenir au pouvoir. Ces mâles sont sur ma liste des personnes à tuer" lui dis je, sans me soucier des mots que le militaire avait eu à ce sujet, sur le fait de les laisser en vie pour subir un procès.

« Je comprends. Mais...soyez prudent Lyanna. Le temps passe. Et je vous vois de plus en plus affaiblie. J’ai crainte pour vous ! »

Je lui lançai un sourire bienveillant.

"Ne t’inquiète pas, j’ai encore des ressources. Ma colère me donne de la force. J’ai promis de vous venir en aide, à Heimda et à toi, alors j’irais jusqu’au bout".

« Merci. »

Elle me rendit mon sourire.

« Et pour le tableau, je peux le faire récupérer, vous savez ? Si vous me dites où il se trouve... »

"La toile est à Hestevic, dans la chambre qu’occupait Heimda avant sa disparition. Il faudra un nouveau cadre".

« Eh bien. Avec un bon coursier, je nous le récupère. »

Elle pointa le charpentier du doigt.

« Et cet artisan sera plus que ravi de me trouver un très beau cadre. Il me faudrait simplement votre aide. »

Abelle s’approcha du bureau. Du papier, une plume et de l’encre s’y trouvait déjà.

« Le maître de l’auberge ne permettra pas qu’on emporte la peinture sans votre accord donc...il faut lui écrire une lettre. »

Je regardai la table où se trouvait le matériel, alors que Abelle me disait avoir besoin de mon aide. Ecrire une lettre ? Moi ? Je pris la plume dans mes mains, n’en ayant jamais vu auparavant. Sur Atlantis, il n’y avait pas cet objet pour écrire.

"Une lettre ? Heu … je … je ne sais pas écrire".

« Oh ! » fit-elle très étonnée.

Abelle craignait que cela puisse me vexer. Elle s’installa rapidement au bureau, disposa le papier et commença un début de rédaction.

« Voilà, je me présente comme secrétaire de Dame Lyanna, Atlante combattant au nom de son altesse Heimda. Et ensuite, j’ouvre vos propos. »

Elle marqua deux points, ouvrit les guillemets, puis laissa sa plume en suspension.

« Bien. Récitez moi ce que vous voulez dire au maître de l’auberge, comme si l’homme était en face de vous. Et je poserai fidèlement vos paroles sur cette lettre. »

Je commençai alors à faire les cent pas dans la pièce, cherchant quels mots choisir pour la lettre que Abelle écrivait à ma place. Plusieurs fois, je prononçai à voix haute différentes formulations, n’étant pas douée pour ça. Pendant ce temps, la jeune femme couchait sur le papier les mots que je choisissais, m’aidant également à utiliser les bons termes. Elle était bien meilleure que moi à ce jeu. Il était vrai que ma première idée était du genre “donnez la toile à ce mâle, sinon je viendrais vous découper en morceau”. J’étais une guerrière qui ne savait ni lire, ni écrire, je ne connaissais que la violence. Pas étonnant que ça soit cette idée qui me venait à l’esprit. Ce n’était pas très diplomatique, et Abelle, d’abord outrée, avait cherché de biens meilleurs façon de déguiser mes instructions. Grâce à elle, la lettre fut remplie.

Par moment, la servante s’interrompait pour donner quelques instructions aux ouvriers ou pour payer le patron venu percevoir son salaire. A chaque fois, elle revenait en se confondant avec des excuses polies. Abelle me lut ensuite la lettre à haute voix, son regard se levant régulièrement pour vérifier que j’étais bien d’accord, puis elle fit une copie qu’elle écrivit au propre.

« Maintenant vous devez la signer, c’est important. »

Elle plaça la lettre devant moi et me tendit la plume. En remarquant mon hésitation, elle me montra un exemple en signant elle-même un bout de papier.

« Une signature c’est un symbole, il doit être unique à chacun et il définit votre engagement sur l’honneur. Ca prouve à celui qui lit que vous avez bien écrit votre volonté. Sans ce symbole, la lettre n’a aucune valeur. »

Abelle me regarda avec amitié.

« C’est le moment d’apprendre votre symbole personnel. Vous pouvez l’inventer mais, alors, il faudra toujours apposer le même sur tous les documents qui demandent votre engagement. C’est...comme votre arme je dirai. Vous ne vous en déparez jamais plus... »

Je m’assis sur une chaise, face à du papier, et pris la plume avec beaucoup d’hésitation. Je devais m'entraîner, je ne savais pas écrire. Alors faire une signature. Abelle m’expliqua de quoi il s’agissait, et me montra quelques exemples. Je ne comprenais rien à son charabia, et encore moins à ce qu’elle venait de coucher sur le papier. Mais je fis quelques essais d’une main tremblante.

« C’est bien. » m’encourageait-elle.

La servante me montra sa propre signature, fluide et belle par l’habitude du geste. J’observai sa façon de faire, sûre d’elle, et je tentai de faire la même chose. Abelle me montra même comment faire un “L”, la première lettre de mon prénom. Une base pour la signature. Au moins, cette lettre, je savais maintenant l’écrire. Mais pour le reste, c’était plus difficile. Me basant sur la propre signature de la jeune femme, j’apposai un “L”, et fis quelque chose de très simple, dont je pourrais me souvenir. Le résultat n’était pas une oeuvre d’art, mais c’était suffisant pour une signature. Je m'entraînai encore un peu pour que le trait soit sûr et net, et lorsque je fus plus à l’aise, je posai donc ma griffe en bas de la lettre qu’Abelle avait recopié. Cela me fit sourire d’avoir réussi cet exploit.

« Vous avez fait une belle signature. » me félicita la jeune femme.

Elle secoua un peu le papier pour qu’il sèche puis le mit sous forme d’un pli très bien formé. Abelle le ficela ensuite et apposa de la cire de bougie pour le sceller. Elle avait désormais la même forme que la lettre que j’avais reçu lorsque j’étais au bourg des résistants avec Darren. La servante m'annonça que ma lettre allait partir rapidement avec le coursier et que celui reviendrait avec la peinture. Néanmoins, il ne pourrait remettre l’objet qu’à moi et moi seule. Il me ferait signer un papier pour comparer les signatures et donner ce qu’il transportait. C’était, d’après Abelle, une façon de se prémunir des arnaques. Pour un coursier, son métier était directement lié à sa capacité à amener le produit au bon client.

Soudain, il y eu un bruit inhabituel dans la salle commune et quelques cris de stupeur. Quatre hommes venaient d’entrer avec brutalité, poussant nonchalamment un client pour venir s’installer devant le bar. L’aubergiste avait le regard beaucoup plus sombre. Il ne voulait pas les servir. L’un d’eux prit donc un verre entre deux doigts qu’il suspendit en hauteur au-dessus du sol puis il le lâcha pour le faire éclater.

« Sortez de mon auberge ! » ordonna-t-il en prenant sa masse d’arme.

« Pose ton jouet avant de te faire mal. Ou de regretter ton idée. » fit le second.

Pour matérialiser sa menace, il donna un coup de menton vers l’un de ses complices qui s’était installé à la table de deux jeunes femmes. C’était à coup sûr d’anciennes prostituées bien habillées qui fêtaient leur retour à la vie normale devant un verre. Vu leur regards paniqués, l’aubergiste comprit qu’ils allaient s’en prendre à ses clientes s’il n’obtempérait pas. Il baissa les épaules, dégouté, puis posa une bouteille sur le bar, ainsi que quelques verres. Mais le gêneur prit directement la bouteille pour arracher le bouchon de ses dents. Il cracha celui-ci au visage de l’aubergiste et avala de grandes gorgées à même le culot.

Tout ce tapage attira mon attention, et je restai dans l’encadrement de la porte en observant la scène. Si au départ, voir deux mâles au comptoir qui discutaient, ou plutôt menaçaient l’aubergiste ne me faisait ni chaud ni froid, voir un des autres mâles s’installant près de deux jeunes femmes ne me plaisait pas du tout. Le quatrième restait non loin de son chef. Je leur lançai un regard noir, avant de me tourner vers Abelle.

"Reste ici".

Je m’avançai à travers la salle, sans regarder aucun des mâles qui venaient d’entrer. Ni les menacer de quelque manière. Je sentis leur regard sur moi, mais ils ne semblaient pas se préoccuper plus de moi que de raison. Je fis un détour, avant de me diriger vers la table où se trouvait les deux femmes et du mâle. Je me plaçai derrière lui, et avec rapidité, je tirai ses cheveux en arrière tout en posant mon couteau sur sa gorge. Je jetai un oeil vers celui qui semblait être le chef de ce groupe.

"Oh cas où vous n’auriez pas compris la première fois : dégagez d’ici tout de suite !"

« Toi t’es forcément l’Atlante, la tueuse d’homme ! » me répondit-il en se tournant pour me faire face, la bouteille en main.

Paniquée, les deux jeunes femmes payèrent leurs consommation avant de s’enfuir du bar. L’aubergiste était peiné de la réaction mais demeura où il était. Les deux autres vinrent m’entourer de chaque côté, menaçant.

« Alors ? »

"Visiblement, ça rend sourd de s’en prendre aux plus faibles".

Je vis deux mâles s’avancer pour m’encercler, pendant que le chef restait assis. J’appuyais donc fortement sur la gorge de mon prisonnier pour les inciter à cesser leur avancée. Un mince filet de sang coulait déjà sur la peau du mâle.

"Je vois que tu as entendu parler de moi. Donc si tu ne dégages pas d’ici, je tue d’abord ton pote. Puis, les deux autres abrutis. Et enfin, je m’occupe de toi. Ca te va comme plan ?"

« Ce n’est pas utile. J’ai un message...Du pendu. » dit-il simplement avant de faire un signe à ses confrères.

A part celui que je tenais en mon pouvoir, les autres sortirent tranquillement de la taverne. Le chef, lui, s’envoya une nouvelle rasade d’alcool en attendant de voir si j’allais relâcher ou tuer ma proie. Elle s’agitait mollement, essayant de ne rien faire de stupide qui pourrait lui faire ouvrir la gorge. Je sentais sa terreur par l’odeur de ses petits pets stressés. Immonde. C’était vraiment infect, rien que pour ça j’avais envie de le tuer. Histoire d’abréger ses souffrances, ce n’était pas humain de laisser quelqu’un sentir aussi mauvais. Je regardai les deux mâles quitter l’auberge, avant de reporter mon attention sur le chef. Je le dévisageai quelques instants, ayant une furieuse envie de tuer son sbire. Mais je me retins. Je lâchai ma prise et retirai mon couteau. Le mâle n’attendit pas une seconde de plus, il prit la fuite la queue entre les jambes, me laissant seule avec son pote. Sans lâcher mon couteau, je contournai la table, et restai à bonne distance de lui.

"Alors ? C’est quoi le message ?"

« Le Pendu vous attends. Il veut être remboursé, ou bien il mettra votre tête à prix. Il lancera tous les criminels de la ville à vos trousses. »

Il but une nouvelle gorgée après m’avoir offert un sourire moqueur.

« Ca va être sympa de savoir qui va finir par te buter. Le centième ? Le deux centième ? On est légion ici. On va finir par te rouler dessus si vous rendez pas ! »

Je serrai mon couteau dans ma main, lançant un regard noir à ce mâle.

"Et on le trouve où, ton Maître ?"

« Dans son antre des jeux. A l’étage. Faudra se présenter aux gardes et entrer. »

Il se mit à pointer ma lame.

« Et sans les armes, bien sûr ! »

J’eus un sourire mauvais à son égard.

"Je vais en parler avec mon partenaire. Maintenant, tu dégages".

Le bandit se redressa mollement en gardant la bouteille dans la main. Il allait l’embarquer sans payer, forcément. Sans se presser, il passa à côté de moi et me glissa avec un air certain :

« Dans deux jours, j’piserrai sur ta tombe. »

Et il me tourna le dos pour sortir comme s’il ne craignait aucune représaille.

"Tu ne pourras pas, tu seras déjà six pieds sous terre. J’y veillerais !"

J’eus envie de lui lancer mon couteau dans le dos, mais à quoi bon. S’il m’affrontait à nouveau, je le tuerais à ce moment là. Inutile de faire rappliquer ses sbires en représailles, là où se trouvait Abelle. Je le regardai sortir, puis je rangeai mon couteau dans son fourreau.

L’Aubergiste me remercia poliment de ne pas avoir versé le sang dans sa salle commune toute neuve. Il rangea la table des jeunes femmes, regrettant néanmoins leur départ, puis Abelle vint à ma rencontre, pétrie d’angoisse.

« Dame. Vous...vous êtes en danger ! Je peux peut-être vous trouver des mercenaires pour votre protection. Ou bien...ou bien... »

Elle tentait de trouver des idées, n’importe quoi, pour essayer de me protéger de l’attention du Pendu et de ses hommes. Je lui souris pour la rassurer, en posant une main sur son épaule.

"Ne t’en fais pas, je n’ai pas besoin de tout ça. Ils seront morts avant de me mettre la main dessus".

Je jetai un dernier regard vers l’entrée, comme pour m’assurer que les mâles ne repasseraient pas la porte, avant de reporter mon attention sur Abelle.

"Je vais aller voir Darren, je dois discuter avec lui. Tu peux retourner à ta tâche".

« Avec votre permission... » dit-elle en contrant ma demande. « Je vais faire venir un coursier de confiance pour lui transmettre votre lettre. »

"Parfait. Tu te débrouilles très bien, Abelle".

Après une dernière attention pour la jeune femme, je pris la direction des escaliers, puis de la chambre, en me demandant si Darren dormait encore ou non.

code by Silver Lungs

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Lun 6 Avr - 22:56

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Lorsque le soldat avait ouvert les yeux, il avait eut l’impression qu’un assassin en planque avait attendu son heure pour lui enfoncer un tison à vif dans les orbites. La lumière du jour pourtant vive lui déclencha une soudaine migraine qui, heureusement, se réduisit peu à peu avec un exercice de respiration. Darren eut un automatisme qu’il pensait avoir perdu depuis longtemps en posant une main sur l’emplacement vide que Lyanna avait occupé. Son sens du toucher le renseigna sur la légère voûte du matelas et les plis causés par la longue présence de ce corps.
Le soldat se rappela la sensation, plus que le souvenir imagé, de cette peau collée contre la sienne. Les chatouillis et l'électricité chaleureuse qui se remettait à circuler entre eux. Le moral faisait beaucoup dans l’affaire mais l’étreinte de deux amoureux apportait un cocktail sacrément énergétique.

« Lyanna ? »

Pas de réponse. Il comprima ses abdominaux pour se redresser mais poussa une plainte en sentant son corps lui refuser l’effort. Avec l’éveil, il avait l’impression d’être passé dans un broyeur. Cette machine qui transformait les branches en de fins morceaux de copeaux. Un diable y avait jeté Darren la tête la première et, ce matin, il n’était guère mieux qu’un simple tas de bois brisé. Mais une petite inquiétude le gagna en se disant que son amie avait peut-être eu des problèmes. Il constata que sa tenue habituelle et son armement n’était plus là. Elle s’était donc rhabillée.

Clive s’allongea de nouveau et il passa sa main sur son visage en n’osant pas appuyer. Il sentit sous ses doigts toutes les bosses et boursouflures de sa face martyrisée. Le type d’hier lui revint en mémoire. Puis Lyanna...l’Apothicaire...et le contact de Lyanna nue contre lui. C’était...la plus douce des récompenses.
Ses souvenirs n’étaient plus très nets. Mais cette douce et agréable étreinte, il ne pouvait pas l’oublier. Le soldat resta allongé dans le lit en y repensant longuement, un air satisfait sur le visage.
Il se disait que, même si le danger et la menace de mort les rapprochaient toujours autant, ils partageaient cette même complicité une fois de retour sur la cité. Ses petits coups d’épaule taquin, ces petites disputes sans qu’elle n’en soit violente avec lui, les blagues dont elle faisait mine d’être royalement indifférente.
Oui, sa petite déclaration la veille était sacrément prématurée mais le problème n’était pas nouveau chez le militaire. Il était un romantique irrécupérable et il adorait le lien passionnel qui pouvait se tisser chez deux êtres. Surtout lorsqu’ils étaient différents.

Darren se reposa longuement en se laissant aller à ces souvenirs agréables, retraçant doucement dans sa mémoire la lente - et paradoxalement rapide - séduction qui s’était opéré entre eux depuis le début de mission. Lent au cours de leur échange. Et rapide quand on voyait qu’ils s’étaient amourachés en même pas quarante huit heures.

Il y avait de l’activité en-dessous.
L’inquiétude de Darren fût balayée par la certitude que Lyanna s’occupait de sa servante. Et que si ce n’était pas le cas, Abelle serait venue le réveiller pour l’avertir. Donc, le soldat comprenait que son amie l’avait laissé dormir pour qu’il puisse se reposer. Il avait suffisamment pris de temps, la pression exercée sur le Pendu ne devait pas s’évanouir.

Clive s’efforça à se lever.
Malgré le fait que sa tête tournait, il fût satisfait de se voir encore maître de son corps et d’avoir récupéré son équilibre. Il s’approcha du miroir et de la bassine d’eau pour observer son état. Quand Lyanna disait qu’il n’était pas beau à voir, elle ne mentait pas. Certaines de ses plaies avait pris une teinte violacée et il avait un magnifique cocard sur l’oeil. Avec plusieurs fentes comblées par la pâte cicatrisante de l’Apothicaire. Heureusement, il n’avait pas perdu son nez, c’était la seule petite satisfaction tirée de cette raclée.

Darren se sentait épuisé, sale comme jamais. Il se sépara de son sous-vêtement réglementaire qu’il jeta sur le lit. Il s’était débarrassé du reste de ses fringues la veille. Il s’enquit simplement de son arme de poing qu’il posa à côté de la bassine puis le soldat débuta une toilette complète de son corps, observant chacune de ses blessures pour faire le compte. S’il tenait à poursuivre sa mission, il avait intérêt à prendre soin de lui. Car Lyanna ne serait pas toujours là pour lui sauver la mise.
Il ne pouvait pas s’attendre à ce qu’elle débarque à son sauvetage. Pour deux raisons.

La première, la plus légitime, était qu’elle serait elle-aussi en difficulté à force d’attirer l’attention sur ses capacités à résister aux agressions.
La seconde, par fierté personnelle, consistait à être celui qui sauvait la princesse en détresse. Et pas l’inverse !

Il se nettoya entièrement de la tête au pied et entendit, quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrir. Darren regarda dans le miroir pour discerner l’identité de la personne qui entrait sans frapper. Mais il reconnut la silhouette de son amie et son air profondément gêné. Il lui tournait le dos, et il était à poil. Eclairé par les fenêtres, il donnait une vue parfaite sur sa tenue d’adam. Lyanna se tenait sur le pas de la porte, son regard posé sur la silhouette du corps nu de Darren. Enfin, elle avait seulement une vue sur son fessier, mais c’était la première fois qu’elle le voyait ainsi. Même l’autre jour, dans le bain, elle n’avait pas eu le temps d’en voir beaucoup. Sur le coup, elle se figea sur place, ne s’étant pas attendue à cette vision. Certes, elle avait déjà vu des mâles nus, et bien plus qu’une simple paire de fesses. Mais là, il s’agissait de Darren. La jeune femme sentit ses joues s’empourprer légèrement. Le soldat pinça des lèvres, se disant qu’il aurait du fermer la porte à clé avant de commencer sa toilette. Mais en même temps, il ne voyait pas en quoi il serait honteux de se montrer.

« Salut Rose ! » la taquina-t-il pour la retirer de ce sentiment de malaise. Prononcer ce surnom fit toujours réagir Lyanna au quart de tour, même quand Darren cherchait simplement à la taquiner.
"Grrrrr arrête avec ce nom ! Tu es exaspérant !"
« Les points de sutures sur ma hanche ne se sont pas ouvert. Première bonne nouvelle ! »
"Oh, c’est … heu … c’est bien" dit Lyanna, un peu décontenancée par ce qu’elle voyait.

Il continua sa toilette, jetant parfois des oeillades dans le miroir. Il ajouta, plein d’humour, histoire de la forcer à entrer ou faire l’inverse :
« Tu peux fermer la porte, s’il te plait ? Je voudrai pas effrayer Abelle si elle passe dans le couloir. »

Réagissant enfin, Lyanna entra dans la chambre et ferma la porte. Puis, elle se dirigea vers le lit, non sans observer le corps de Darren. Que voulez vous, elle était curieuse. Et elle dut avouer que cette vision lui plaisait bien. Notamment le fessier du soldat. Dans son village, les mâles esclaves étaient plutôt musclés à cause des tâches qu’ils effectuaient, mais ils étaient maigres, même au niveau de leurs fesses. Les os étaient saillants, c’était plutôt horrible à voir. Là, c’était … très agréable à regarder. Un fessier musclé, ferme … intéressant. Lyanna se mordit la lèvre, les joues toujours aussi rouges.

"Pas mal" dit elle à voix basse, pour elle même.

Constatant que ses pensées s’étaient transformées en paroles à haute voix, même si elle ignorait si Darren l’avait entendu ou non, Lyanna secoua la tête en détournant le regard, comme si elle avait fait une bêtise.

Darren la regardait avec un grand sourire par reflet du miroir, s’étant un peu penché pour la suivre sur son trajet.
« Qu’est-ce qui est pas mal ? » demanda-t-il, très amusé.
"Je veux dire … heu … comment vont tes blessures ? Tu avais de la fièvre cette nuit, tu étais brûlant".
« Je me sens mieux. Je te dois beaucoup, Lyanna. » reconnut Darren. « Merci d’être venue m’aider. Je crois que j’ai voulu faire comme toi quand tu démontes deux mecs à la fois. Cette erreur... »
"Normal, tu n’es pas entraîné pour ça, contrairement à moi. Et tu n’étais pas armé" lui lança-t-elle pour le taquiner à son tour.

Lyanna s’assit sur le bord du lit, faisant face à Darren qui continuait de lui tourner le dos. Elle pouvait voir son visage dans le reflet du miroir. Très amoché, ses blessures étaient encore plus visibles que la veille. Son regard se reporta aussitôt sur le corps du militaire qu’elle détailla, étant un peu moins gênée au fur et à mesure que le temps passait. Darren n’était pas gêné, bien au contraire. Il avait déjà vu Lyanna lorsqu’elle s’était déshabillée et c’était, quelque part, à son tour d’être observé. C’était plaisant d’ailleurs de sentir son regard le parcourir, même s’il présentait de nombreux hématomes par ci par là, depuis le début de leurs mésaventures. Mais un détail fit froncer les sourcils de la guerrière. Elle plissa les yeux, et remarqua quelque chose sur la fesse gauche du soldat. Oui oui, c’était bien là qu’elle regardait. Une petite marque était visible, et elle doutait fort que la cause venait des nombreux coups qu’il avait reçu depuis leur arrivée sur cette planète. D’ailleurs, elle se demandait comment une telle marque avait pu arriver à cet endroit.

"Qu’est ce que tu as, là ?" dit elle en pointant son fessier du doigt. "On dirait … une brûlure".

Clive se retourna légèrement et leva un bras pour essayer de regarder. Mais en comprenant qu’elle parlait de son derrière, il se repositionna devant la glace et poursuivit sa toilette en riant.
« C’est un accident de chasse ! »
Il savait qu’il allait provoquer encore plus de perplexité. Il raconta tranquillement son histoire.
« Avec mon équipe du D4, on a fêté l’anniversaire de Max. Un de mes amis. Tu sais, celui qui est sur la photo ? »
Darren vit qu’elle se fichait bien de savoir qui c’était alors il continua.
« On a fêté son anniversaire de façon un peu turbulente et on avait des bâtons à feu d’artifice. C’est un tube que tu allumes par un bout et, de l’autre, il y a des braises qui en sortent. Ca fait des paillettes de couleurs, c’est joli et amusant. Mais c’est pas prévu pour ce qu’on en a fait ! »
Le soldat sourit, gêné.
« Donc j’en ai mis un dans mon pantalon, pour le tenir avec les fesses et j’ai essayé de viser le ciel pour faire une belle pluie de paillettes. Hop là ! Sans les mains, sans les pieds ! Sauf que...je l'avais mis à l’envers. Et vu qu’il était déjà allumé... »
D’une main, le soldat dessina le ricochet de la fameuse braise qui alla d’un côté à l’autre en le brûlant.
« Crac ! »
Darren savait qu’elle ne comprendrait pas le délire. Elle avait déjà du mal avec les blagues donc le côté casse cou à la Jackass…

"Mais … c’est complètement stupide d’avoir fait ça ?! Tu aurais pu être gravement blessé !"
Il fût touché par cette sollicitude.
« Bien sûr ! C’est l’idée ! Délirer, faire les idiots. Ca nous fait rire quand on fait le clown. Imagine la tête de l’infirmière quand je suis venu la voir et que je lui ai dis que la douleur ne passait pas, que je ne pouvais plus m’assoir. Il a fallu qu’elle regarde pour voir que je m’étais salement brûlé. Et forcément...j’ai du lui raconter comment j’avais fais ça... »

Lyanna essayait de se représenter la scène mentalement, ce qui devait être drôle à entendre Darren. Mais elle ne comprenait pas du tout. Le concept d’amusement lui était étranger, surtout ce genre d’amusement complètement stupide juste pour délirer. Elle baissa les yeux quelques secondes, réfléchissant. Puis, elle releva la tête. Quelque chose l’avait intrigué.

"C’est quoi, un anniversaire ?"

Le mouvement de gant du soldat cessa. Il fixa son amie dans le miroir pour voir si elle ne lui faisait pas une blague puis il reprit.
« Tu as quel âge ? »

Lyanna réfléchit quelques secondes, comme si elle comptait. Les Atlantes avaient un calendrier différent de la plupart des peuples de Pégase.

"Heu … je … je suis née il y a … 28 printemps. Chez nous, on a quatre saisons, et au bout de la quatrième saison, on recommence le cycle terrestre. Je crois avoir entendu une Atlante dire que nos cycles terrestres étaient quasiment similaires à ceux de ta planète. Qu’il y avait également quatre saisons, et qu’il fallait une année entière, regroupant vos quatre saisons, pour que votre planète fasse le tour de votre soleil … ou je ne sais plus quoi. Du coup, sur ma planète, ça serait la même chose que sur ton monde".

Darren était un peu surpris qu’elle connaisse cette mesure de temps, la voyant réciter dans une part de sa description une leçon qui lui avait été donné. Lyanna avait une excellente faculté pour intégrer les nouveautés, même si ça devait être très dur pour elle par moment. Le soldat prit une serviette et il s’épongea le visage. La fraîcheur de cette toilette lui faisait oublier la douleur. Et la douceur de la voix de Lyanna se chargeait du reste.

« Tu apprends très vite ! » lui dit-il, la félicitant.

"J’ai une bonne mémoire. Je me rappelle de ce qu’on m’a dit. Mais j’avoue que je n’ai pas vraiment compris. C’est difficile à comprendre. Elle m’a dit plein de choses, mais c’est du charabia pour moi. Des termes que tes savants utilisent souvent, et je ne sais pas ce que ça voulait dire".
« Oui, des fois ils ne se rendent pas compte qu’on a pas le même esprit. Mais je trouve que c’est très bien que tu t’intéresses. »
"Je ne sais pas si c’est un sujet intéressant, même si c’est incompréhensible. Mais j’étais curieuse. L’Atlante m’avait dit que ma planète était ronde, et non plate. Je ne voulais pas la croire, alors elle m’a montré plein de choses qui m’ont beaucoup surpris".

Clive la regarda. Il aurait eu envie d’être celui qui lui montrerait tout ça. Peut-être était-ce dans un sentiment un peu égoïste d’être celui qui lui apprenait tout le temps. Mais cette information lui prouvait l’indépendance de son amie et il trouvait ça très bien.
Quant à lui montrer...il y avait bien d’autres sujets. Comme son anniversaire par exemple.
« Du coup, quand tu effectues un cycle à partir du jour de ta natalité, tous les gens qui t’aiment se réunissent pour faire la fête. C’est pour te montrer leur attachement. Des parents, des amis, ton amant. Ils célébrent ton année révolue et te souhaitent que la prochaine soit meilleure. Chaque année...on fête ce moment. C’est ça qu’on appelle : anniversaire. »
Lyanna essayait de comprendre l’explication donnée par Darren sur les anniversaires. Elle ne voyait pas vraiment pourquoi fêter ce jour particulier. Chez elle, les priorités étaient bien différentes. Quant à espérer que l’année suivante serait meilleure, la seule chose que ses Soeurs et elle auraient pu souhaiter, c’était de ne pas mourir. La guerrière ne voyait pas l’intérêt à célébrer le jour de la natalité d’une personne à chaque cycle terrestre. Le soldat pencha la tête d’un côté.
« Dois-je croire que ma tendre n’a jamais fêté d’anniversaire de sa vie ? »

Lyanna secoua la tête à la question de Darren.

"Non, je … je n’ai jamais eu ce que tu décris. Je suis née pendant le printemps, c’est tout. Après après ça, je n’ai jamais repensé au jour de ma naissance".
« C’est triste ! »
Il enroula la serviette autour de son bassin et vint s’assoir à coté d’elle, le tenant par un coin.
« Tu n’as jamais célébrer quelque chose sur ta planète ? »

Lyanna regarda Darren venir s’asseoir à ses côtés, un peu déçue de ne plus avoir une vue intéressante sur l’anatomie du militaire. Elle se rapprocha de lui lorsqu’il l’enlaça, et réfléchit à ses paroles. Une célébration sur sa planète ?

"Et bien … nous faisions un rituel à la naissance des petites filles. Et pour nos Soeurs mortes, il y avait une cérémonie afin qu’elles puissent passer dans l’au delà. Mais à part ça … non, pas de célébration. Nous étions souvent en guerre, les célébrations n’étaient pas dans nos habitudes".
« C’est décidément triste chez toi ! »

Lyanna eut un petit rire moqueur. Darren n’était pas le premier Atlante à dire ce genre de propos au sujet de son monde.

"D’autres membres de ton peuple ont déjà dit ça. Il y en a même un qui a dit que c’était l’enfer sur terre de vivre sur ma planète".
« C’est qu’il ne savait pas voir les plus belles choses qui s’y trouvait ! » murmura le soldat en la regardant fixement.

L’éraflure qui courait de sa joue à son arête nasale était encore bien visible, ça lui donnait un air de vétérante assez mignon. Il y dessina l’estafilade de ses doigts et s’approcha pour y déposer un baiser comique, entre l’oeil et le nez, comme s’il voulait faire disparaître le bobo. Un geste que Lyanna ne comprenait pas, bien entendu. Pourquoi l’embrasser à cet endroit, après avoir caressé sa blessure avec douceur ?

"Qu’est ce que tu fais ?"
« Rien de logique ! C’est de la tendresse. »
Il répéta le même baiser puis redescendit sur ses lèvres jalouses. Ce qui fit sourire la jeune femme à la fin du baiser.

"De la tendresse ? J’aime bien".
« Tu en as aussi pour moi. Et j’aime bien. On fêtera ton vingt-huitième anniversaire ! » déclara-t-il en se reculant.

La jeune femme regarda Darren, comme pour voir s’il était sérieux ou s’il plaisantait.

"Tu veux célébrer le fait que j’ai 28 printemps … enfin … 28 ans, comme les Atlantes disent ? C’est inutile, tu sais. Je n’en vois pas l’utilité".
« Comme tu ne voyais pas l’utilité d’un bon câlin entre mes bras ? » lui demanda-t-il avec une perplexité exagérée, comme un enfant innocent.

Lyanna se mordit la lèvre, elle était curieuse. Il était vrai que venir se blottir dans les bras d’un mâle avait toujours été inutile. Voir même un acte odieux et écoeurant. Et depuis qu’elle venait se lover contre Darren, elle y avait pris goût, elle aimait beaucoup ce geste et cette sensation. Le militaire était un bon professeur pour lui faire découvrir beaucoup de choses qu’elle ne connaissait pas. Alors, pourquoi pas ce fameux anniversaire. Elle acquiesça d’un petit hochement de tête en souriant, avant de s’avancer pour déposer un doux baiser sur les lèvres du soldat. Et lorsqu’elle se recula, elle examina en détail ses blessures au visage, en grimaçant. Elle avait mal pour lui.

"Ca ne te fait pas trop mal ? Tu es vraiment bien amoché" lança-t-elle avec sa franchise qui la caractérisait.
« Un bon soldat ne répond pas à cette question. » déclara-t-il avec le sourire.
En étant aussi proche de Lyanna, dans sa petite tenue en cuir, et cet échange de baisers. Sachant qu’il était nu comme un ver sous sa serviette et qu’il était à son contact, une réaction bien naturelle pour un homme commençait à s’enclencher.
« En tout cas, il y en a un qui commence à avoir bon moral. » avoua-t-il en vérifiant que sa serviette n’allait pas s’échapper, notamment de ce coté là.
« Je vais me rhabiller avait de rendre ce moment dérangeant. »

Alors que Darren la regardait avec une étrange insistance, Lyanna fronça les sourcils à ses paroles. Elle ne le comprenait pas, ils étaient seuls dans la pièce. Qui d’autre pouvait avoir un bon moral si ce n’était elle ou le soldat ?

"Qui commence à avoir un bon moral ? On est que tous les deux ici". demanda-t-elle en toute innocence.
Le soldat ouvrit la bouche puis la referma. Il ne savait pas comment lui faire comprendre sans qu’elle ne s’offusque. D’autant plus que s’il restait là, comme ça, sans pouvoir s’habiller en planquant cette tension naissante. C’est parce qu’elle s’était assise sur son caleçon sans s’en rendre compte.
« Non. Je veux dire...tu as un effet positif sur moi. Ca...enfin le...le cinquième doigt. Tu te rappelles ? »

Lyanna mit un petit moment avant de comprendre, en entendant la référence au cinquième doigt. Et à cette conversation qu’ils avaient eu quelques jours plus tôt dans une taverne. Elle comprit enfin de quoi parlait Darren, et baissa les yeux en rougissant.

"Oooohhh … je vois".

Etrangement, Lyanna ne parut pas offusquée d’apprendre qu’elle faisait autant d’effet à Darren. Cela voulait simplement dire qu’elle plaisait au soldat, et que le corps de ce dernier le trahissait. La jeune femme était plutôt flattée d’avoir cet effet là sur Darren. Cependant, elle savait où cela pouvait les entraîner. Et elle n’était pas encore prête pour ça, comme pendant le bain la dernière fois.

"Et bien … oui … tu devrais t’habiller".

Darren sourit à son tour.
Son amie avait des réactions étonnantes. Elle n’avait pas peur de parler crument, en toute innocence, dans une auberge bondée. Lui poser des questions sur la taille de sa virilité. Mais en même temps, elle était touchée de timidité quand il en parlait.
Il demeura ainsi à la regarder, dans un petit malaise bon enfant grandissant, et il fut obligé d’insister un peu.

« Lyanna...pour me rhabiller...j’ai besoin que tu libères mon caleçon ! »

"Ton caleçon ?"

Un petit regard de la part de Darren vers le bas fit baisser les yeux de Lyanna. Et elle constata qu’elle était assise sous le sous vêtement du militaire. Effectivement, il ne pouvait pas s’habiller.

"Oh … pardon" lança Lyanna en se levant, avant de s’éloigner de quelques pas pour laisser Darren se rhabiller. Elle lui tourna même le dos, comme si elle était gênée et qu’elle ne voulait pas le voir nu. Mais c’était davantage du respect pour lui et son intimité. Elle l’avait déjà suffisamment observé.

Le soldat ne cessait de sourire.
Il ne chercha pas à la rassurer ou l’inviter à le regarder comme un bon gros pervers prétentieux. La petite distraction prenait fin et il reprit son uniforme malgré le fait qu’il était cradingue. Une fois le pantalon enfilé, il fit signe à son amie qu’elle pouvait se retourner et changea de sujet pour donner le change.
« Abelle va bien ? »
Il était certain qu’elle était allée la voir.

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mar 7 Avr - 11:58

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J'
attendis patiemment que Darren s’habille, et lorsqu’il me donna le signal, je me retournai. Bon, le militaire était torse nu, et la vue était toujours plaisante malgré les blessures et les hématomes. Mais la tension qu’il y avait juste avant s’était apaisée. Je m’approchai de Darren et m’assis à nouveau sur le lit, alors qu’il m’interrogeait sur Abelle.

"Elle va bien. Enfin, assez bien vu les circonstances. Elle a trouvé une occupation pour … penser à autre chose. Elle prépare l’arrivée d’Heimda, et elle a aménagé une sorte d’étude au rez de chaussée, avec l’argent qu’on lui a donné. Quand à l’aubergiste … ce mâle a obtenu de nouveaux meubles. Sa taverne a un autre visage, et davantage de clients".

« C’est une bonne nouvelle. »

Je m’interrompis quelques instants, avant de continuer. Je devais parler de la visite indésirable à Darren. Lui était en train d’enfiler son t-shirt. Il prit sa veste achetée chez les locaux et la présenta devant la fenêtre. La lumière passait au travers des nombreuses coupures qu’il avait reçu la veille par l’homme à la machette. Darren s’examina le corps, au même endroit, découvrant que son t-shirt n’en portait aucun séquelle. Sa veste était suffisamment solide et avait absorbé les coups de taille. Une chance. Je continuai :

"Enfin, des clients … il y en a que j’aurais mieux aimé ne pas voir ce matin".

Devant l’interrogation de Darren, je continuai de m’expliquer.

"Quatre mâles sont venus, et visiblement, ils n’étaient pas les bienvenus dans l’auberge. Ils cherchaient la bagarre. Et forcément, j’étais là. Ca a failli dégénérer, j’aurais pu en égorger un, avant de m’attaquer aux deux autres. Et j’aurais terminé par celui qui leur donnait des ordres. Ah ça m’aurait fait plaisir de l’embrocher de ma lame, celui là" dis je sur un air songeur à la fin de ma réplique.

« J’imagine. Tu es heureuse quand le sang d’un homme goutte encore de tes doigts. » me taquina-t-il.

En sentant que je m’écartais du sujet alors que j’imaginai donner une mort atroce à ce mâle avec une grande satisfaction, je me raclai la gorge pour me concentrer sur ce qui s’était passé.

"Malheureusement pour moi, il n’y a pas eu de combat. Ils sont repartis tous les quatre, non sans nous menacer bien sûr. Ils étaient envoyés ici par le Pendu. Le chef m’a délivré un message, un rendez vous. Il m’a dit qu’on avait intérêt à coopérer, sinon nos têtes seraient mises à prix, et que tous les criminels se jetteraient à notre poursuite pour nous tuer".

Je soupirai avant de continuer.

"On doit aller voir le Pendu et lui rembourser son … sa bâtisse ignoble. Le mâle m’a parlé d’un lieu … heu … je crois qu’il a dit antre de jeux. Oui, c’est ça, mais je ne sais pas où c’est. Il faut se présenter aux gardes à l’entrée du bâtiment. Et sans arme".

Je n’aimais pas ça. Aller dans un endroit pareil sans être armé était suicidaire. Il nous fallait un plan.

"Comment va-t-on faire ?"

Darren ria. Il refermait sa veste en s’approchant de moi. Il m’embrassa dans un geste très naturel et la mèche raccourcie d’un côté, que le monstre m’avait sectionné, capta une nouvelle fois son intérêt.

« Vu que ce cher monsieur n’a pas compris la leçon, on va lui donner un nouvel avertissement. »

Il lissa ma petite mèche d’un air distrait, tenta de la faire glisser derrière mon oreille. Mais elle revint se mettre en place comme si elle se rebellait.

« On va lui faire sauter un autre bâtiment. Et on verra ce que dit son prochain messager. Tu es partante ? »

Encore une mission, encore du risque et du combat. Ça devenait dur de ne faire que ça. Mais c’était leur guerre et leur quotidien. Un soldat et une Amazone lié par une bataille qui n’avait pas l’air de finir. Leur nature profonde à chacun d’eux. Sauf qu’il y avait cette chose en plus. Leurs sentiments réciproques. Sa main restait contre ma joue. Et comme il en prenait l’habitude, son pouce montait et descendait en une douce caresse. Ce qui me fit frissonner. J’aimais ses caresses. Je posai ma main sur la sienne, la laissant toucher ma joue, pendant que je plongeai mon regard dans le sien.

"Tu veux rire ? Tu me parles d’aller frapper et tuer des mâles. Et tu penses que je ne serais pas partante ?" dis-je en souriant.

Je le contaminai de la même expression. Ce fut à mon tour d’embrasser Darren.

"Mais, on peut trouver un autre plan pour détruire le bâtiment ? Le dernier a bien failli nous avoir, surtout toi. Et je ne veux pas te perdre".

Mes dernières paroles avaient été dites avec sincérité. Mes joues rosies trahissaient cet état de fait. Maintenant que je m’étais attachée à Darren, je ne voulais pas le perdre. Pas une seconde fois. Je serrai doucement sa main dans la mienne. Darren comprenait ce que je lui disais. Il resta dans cette position, m’adressant toute cette tendresse, et il finit par hocher la tête.

« Tu sais que c’est réciproque. Je ne veux pas te perdre non plus. Mais si on se met à réfléchir sur ce qui pourrait arriver, on avancera plus... »

Il ajouta avec une certaine profondeur.

« Nous sommes tous les deux des combattants. On sait ce que ça implique... »

Je déglutis avec difficulté aux paroles de Darren. Oh oui, je savais ce que ça impliquait. Mes Soeurs et moi avions eu la même vision des choses en temps que guerrières. Ce n’était pas facile pour autant. Je hochai doucement la tête, avant de venir l’embrasser à nouveau. Comme si ça me manquait, et que je ne pourrais plus en profiter.

Darren répliqua à son tour. Avec le temps, je me rendais compte que je m’habituais inconsciemment aux mouvements langoureux du soldat. Mes baisers étaient devenus moins incertains, plus marqués et passionnés. Ca envoûtait mon partenaire qui y répondait d’autant mieux. Dans l’élan, une petite perte de déséquilibre nous fit chuter sur le lit et cela le fit rire. Il se tenait alors sur le flanc, me souriant tendrement malgré sa face ravagée. Un bras replié pour se tenir un peu en hauteur, l’autre posé sur mon ventre plat, il m’observait d’un regard aimant avant de reprendre une longue embrassade.

Le désir commençait à naître et ce fut très difficile d’y résister, de devoir réfréner son envie pour se remettre au travail. Darren trouva cette force de volonté en me me glissant un intime petit « Ce soir... » sur le ton de la promesse. Pour me taquiner, il fit mine de s’approcher pour m’embrasser et posa ses lèvres sur le bout de mon nez. Il m’aida ensuite à me relever.

L’auberge était toujours active. En milieu d’après-midi, les clients venaient goûter quelques parts de tartes. Ils se faisaient offrir des petites coupelles de fruit et des coupes d’une liqueur très odorante. La vie reprenait ses droits dans ce milieu et c’était grâce à nous. Le gérant nous vit descendre avec l’oeil étincelant de reconnaissance. Sans en dire plus, il fît un signe de bras pour nous inviter à le suivre et il nous installa sur une table dans un coin plutôt bien décoré, à l’écart. Abelle était là, non loin, triant des tableaux qu’un artiste peintre lui proposait pour décorer la salle commune.

Son regard rencontra le mien et elle m’adressa un sourire bienveillant avant de retourner à son travail.

« Je vois que les affaires reprennent. » déclara Darren.

« Grâce à vous deux. Quoi qu’il arrive, cette table sera toujours libre pour vous dans mon établissement. »

« C’est gentil, merci. »

« C’est un plaisir de pouvoir reprendre le travail, ça fait du bien. Voulez-vous un repas complet ou un encas ? »

« Ma mie ? » s’amusa Darren en me fixant. « On mange lourd ou léger ? »

Je réfléchis, tout en étant surprise par le surnom que venait de dire Darren. Ma mie ? Qu’est ce que c’était ? Mais revenons en au plat. Si nous prévoyons d’attaquer un bien du Pendu, il ne fallait pas être trop lourd. Et puis, je n’avais pas l’habitude de manger un repas copieux.

"Léger. C’est mieux pour ce qu’on prévoit de faire, tu ne penses pas ?"

Une fois que l’aubergiste fut parti, je me penchai vers Darren.

"Pourquoi tu m’as appelé “Ma mie” ? Sur Atlantis, quelqu’un m’a dit que c’était un surnom pour une vieille dame, une grand mère. Je suis vieille pour toi ?"

« Vieille ? Tu plaisantes ? Tu es une séduisante jeune fille très bien faite ! » rétorqua immédiatement Darren.

Bien faite ? Ce n’était pas vraiment un terme élogieux dans une conversation romantique. Je souris devant les compliments maladroits de Darren, amusée, avant d’écouter la suite de ses paroles.

« Je crois que tu confonds. Ma mie c’est un nom affectif d’une ancienne langue. C’est “ma”, à moi. “Mie”. Une muse, une incarnation enchantée qui inspire positivement un homme. »

Il me sourit.

« Pour une vieille, ce serait “une mamie”. Ma mamie. Tu vois ?»

Je tentai de comprendre la différence entre les deux termes, Darren m’expliqua que l’un d’eux était en un seul mot, tout simplement. J’étais perdue. Voilà que maintenant, deux termes qui se prononçaient de la même façon voulaient dire deux choses différentes parce que ça ne s’écrivait pas pareil. J’ouvris de grands yeux surpris, comprenant quand même que Darren avait utilisé un terme flatteur à mon sujet. Ce qui me fit plaisir. Bien plus que s’il m’avait insulté de vieille, je devais l’avouer.

"Je crois, oui. Ta langue est vraiment très difficile à apprendre".

« J’ai des expressions vieillotte aussi. Je t’égare.»

Le tavernier revint avec un plateau bien chargé. Pour un repas qui devait être léger, il avait multiplié les propositions de dessert. Des parts de tartes aux assortiments de fromages locaux avec du pain. Deux alcools, un jus de fruit et de l’eau fraîche. Il n’y avait plus qu’à piocher pour faire son repas.

Je regardai le plateau, ne sachant que choisir. Je prie plusieurs morceaux de gâteaux qui avaient l’air appétissant. Puis, regardant les alcools, je m’en servi une coupe. Je n’avais pas vraiment l’habitude de boire. Les quelques verres d’alcool que j’avais bu, sur ma planète, étaient de l’alcool artisanal, léger. Il fallait avoir les idées claires en cas d’attaque. Aussi, lorsque je portai la coupe à mes lèvres, et bus une gorgée, je faillis m’étrangler. Je toussai fortement, cherchant à respirer correctement. La boisson était forte, elle brûlait ma bouche et ma gorge. C’était imbuvable pour moi. Ma réaction amusa beaucoup Darren qui se pencha pour me taper le dos. Il prit ma coupelle qu’il renifla un peu. Et en échangeant une oeillade complice, il termina mon verre jusqu’à la dernière goutte sans réagir à la brûlure. Dès que je repris mon souffle, je tentai de parler. Mais les sons avaient encore du mal à passer à cause de l’alcool brûlant.

"C’est … hor … rible" parvins je à dire en toussant encore un peu.

Darren ricanait, le regard étincelant. Ca l’amusait de me voir faire des efforts pour récupérer ma gorge.

« Certains en font un jeu sur Atlantis. Ils prennent un alcool brûlant qu’ils alignent en petits verres tout au long de la table. Généralement aux quatre coins. Les participants se placent devant le premier verre et ils les avalent successivement. Le but du jeu : arriver au bout de la ligne de verres avant les autres. »

Un long petit silence se plaça entre ma déduction et son air complice. Je toussai encore un peu, mais je finis par reprendre presque entièrement possession de la parole.

"Tu as joué … à ce jeu ?"

Et un sourire naquit sur son visage.

« Oui, j’ai gagné. Deux fois !»

"C’est vraiment un jeu stupide. Donc … tu es stupide" lui lançai je en souriant, sans une once de moquerie ou de méchanceté dans la voix, pendant que je prenais un verre d’eau pour faire disparaître entièrement l’alcool.

Il éclata de rire.

« Je suis stupide, oui. Mais je ne peux pas avoir que des qualités. »

Darren et moi commencions à manger tranquillement sans parler de ce qui nous attendait. Il voulait profiter du moment encore un peu et il se mit à plaisanter sur la transformation de l’auberge. A un moment, une étincelle de folie se déclara dans son esprit et il me détailla un avenir pour s’amuser.

« Toi, moi, une auberge sur ta planète. Tes soeurs viendront se restaurer et il n’y aura que des femmes dans ta clientèle. Et quand elles te demanderont comme tu peux supporter la présence d’un homme, tu pourras leur apprendre que, pour chaque femme, il en existe un qu’il n’est pas nécessaire de tuer !»

Il me sourit, ayant probablement oublié que j’étais la seule survivante de mon clan.

« Ce serait pas marrant, ça ?»

Mon sourire s’effaça aussitôt aux paroles de Darren. Certes, celui ci ne les avait pas dit par méchanceté ou pour me faire du mal. Mais sans le savoir, il venait de me blesser. La tristesse passa dans mon regard, et je baissa les yeux, hésitant à continuer de manger. Mon passé douloureux me revint en mémoire, avec tout ce que j’avais perdu.

"Je ne sais pas … mes Soeurs ne sont plus là" lui répondis je simplement, ma voix tremblante de chagrin.

En découvrant sa bêtise, le soldat ferma les yeux. Son visage se contracta rapidement, l’espace d’un instant, puis il s’approcha de moi.

« Excuse moi Lyanna. Je ne pensais pas à mal.»

Ses doigts glissèrent doucement sous mon menton et il exerça une légère pression pour me forcer à le regarder. Constater l’humidité voilant mon regard le navra d’autant plus. Il s’en voulait pour cette gaffe.

« Je suis désolé, sincèrement, je n’ai pas réfléchi. »

Je regardai Darren, celui ci était vraiment navré pour ces paroles très maladroites. Je voyais bien qu’il s’en voulait de m’avoir dit de telles choses, mais qu’il ne pensait pas à mal. Je le croyais. Quand quelqu’un voulait me blesser par des mots, je le savais tout de suite. Pour le militaire, c’était simplement de la maladresse. Il ne savait plus vraiment où se mettre. J’eus un petit sourire forcé et triste, comme pour tenter de le rassurer lui. Je pris sa main dans la mienne, et la serrai doucement.

« Je ne referai pas l’erreur.. »

"Je sais … ce n’est rien … je ne t’en veux pas".

Malgré mes paroles, on pouvait entendre de la tristesse dans ma voix. Je respirai profondément, puis je repris le cours de mon repas en essayant de penser à autre chose qu’à ma famille disparue pour toujours.

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Mar 7 Avr - 19:54

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Il était allongé dans l’herbe, sur le ventre, à côté de l’Amazone.
Le soleil était encore là, même s’il déclinait un peu et assombrissait l’endroit. Ses rayons les réchauffaient quand même de manière réconfortante. Le vent soufflait agréablement, passant du côté de la jeune femme pour lui amener l’odeur de cette dernière. Le parfum naturel de son être, celui que l’on apprécie chez celui qui partage votre vie. Darren adorait bien ça et il s’amusait à faire coordonner sa respiration avec la brise, par moments, pour capter cette identité olfactive qu’il aimait. De temps en temps, Lyanna tournait la tête pour observer Darren. Elle lui jetait des regards complices en attendant le moment venu. Dans d’autres circonstances, elle serait bien restée ici, allongée sur l’herbe, sous le soleil qui déclinait, aux côtés du mâle qu’elle appréciait plus que de raison. Puis, elle reportait son attention sur un lieu précis : un lavoir.

Après avoir trouvé son indic, lui achetant de nouvelles informations, Darren appris que le Pendu avait déplacé pas mal de ses richesses et de ses infrastructures pour les empêcher de frapper ailleurs. Il espérait que Lyanna et lui, en s’essayant aux représailles, tomberaient sur des bâtiments vides. Le truand avait également échoué à rassembler plusieurs hommes d’armes compétents. Libérer les prostituées avait apporté un excellent moral civil et ils jouissaient d’une très bonne réputation de libérateurs. Le Pendu, du coup, se trouvait en difficulté dans son exercice de pression anxiogène sur les villageois du bourg. La crainte qu’il leur inspirait s’étiolait, il était aux abois.

Déplacer les richesses était une erreur monumentale. Une prise de décision sur un coup de tête dont la réflexion n’avait pas été poussée assez loin. Car en formant plusieurs convois qu’il avait voulu dissimuler, le Pendu avait divisé ses forces. Et s’était donc exposé à des assauts imprévisible. Darren avait recherché le transport contenant le plus de richesses et découvert qu’un coffre au moins deux fois plus gros que celui du bordel était en déplacement.
A l’intérieur se trouvait plus d’un quart des liquidités provenant des arnaques et trafic du bonhomme.

En faisant fonctionner sa tête, le soldat retraça le chemin que le convoi emprunterait et il découvrit un lavoir non loin. Donc forcément, il monta une embuscade tout en s’appuyant sur le sens tactique de Lyanna. Lui pour détourner le convoi de sa route initiale, elle pour désigner le point le plus favorable à un assaut rapide et précis.

Avant d’agir, Darren s’acheta une tenue différente, il contraignit Lyanna a faire pareil pour échapper à la dernière description que les témoins avaient fait d’eux. Les quelques gardes de ce convoi étaient forcément au courant qu’il fallait retenir une brune endiablée en jupe, avec deux lames, et un type en veste trouée. Le soldat avait donc affublé son amie d’un horrible chapeau de paille et lui d’un béret. Ils étaient déguisés en paysans, en bouseux de la campagne, et ils avaient échappé aux regards avec une efficacité ahurissante.

Les remerciements des familles qui risquaient de les faire découvrir à tous moments avaient cessé dès que la jeune femme s’était retrouvée dans la peau d’une paysanne avec un chignon affligeant. Clive s’était beaucoup amusé à la transformer, tentant de la rassurer et de la convaincre en lui répétant : « Imagine leur surprise, leurs tronches, quand ils comprendront que c’est toi ?!? »

Malgré les paroles rassurantes de Darren, Lyanna continuait de faire la tête en se voyant affublée d’une tenue. Elle n’aimait pas ça du tout, et elle voyait bien que le militaire s’amusait comme un petit fou.

"Certes, ça va les surprendre … mais je n’aime pas ces vêtements. Et ce chapeau est vraiment hideux. J’ai honte de porter ça".

Ils étaient donc côte à côte sur le surplomb d’un relief boisé. Le bourg s’interrompait étrangement sur deux champs que le proprio n’avait jamais voulu vendre, puis la civilisation reprenait. Un trou de verdure à la lisière de cette surface de pierre et de vie, qu’un chemin de terre déviait vers un lavoir peu entretenu.
Darren avait payé des gamins et leur avait offert de vieilles tomates jetées par un marchand. Ils avaient ordre d’arroser copieusement le chariot qui passerait là, leur donnant des détails précis qu’il avait acheté à son indic. Lyanna avait trouvé un endroit où attaquer le convoi, elle avait donné des instructions à Darren concernant la position du chariot, celui des gardes, et les leurs. Afin de créer un élément de surprise, il valait mieux que les deux partenaires soient séparés.

Le plan était donc d’une relative simplicité.
Dégueulasse de la tête aux pieds, ils allaient faire un crochet sur le lavoir en restant méfiant. Il ne trouverait qu’une paysanne en train de nettoyer son linge dans le bassin. Pas de Darren dans le coin dans l’immédiat. Lui passerait sur les arrières pour descendre le cocher et éviter qu’il ne se sauve avec son attelage. Le rôle le plus dangereux revenait à Lyanna qui devait tenir la ligne de front, le temps que Darren les nettoie par l’arrière. Mais elle s’en sentait capable. La jeune femme faisait preuve de beaucoup de force, et surtout de vélocité pour prendre le dessus et tenir plusieurs ennemis en respect, le temps que Darren la rejoigne.
Plusieurs fois, le soldat lui avait proposé d’échanger. Mais l’infiltration n’était pas le fort de l’Amazone qui trouvait en son rôle un objectif parfait pour son art martial. D’autant plus que l’indic avait assuré que ses épées avaient commencé à inspirer la crainte dans les rangs ennemis. Plusieurs petites frappes avaient déserté le service du Pendu.
Un nom commençait doucement à frayer un chemin sur les lèvres de ces hommes : La Juge. Ce qui avait fait sourire Lyanna. Ce surnom terrifiant, qui faisait peur aux mâles, elle l’aimait bien.

C’était quelque chose particulier d’observer une Amazone en tenue de gentille petite fille de la ferme, sourire d’un air de requin en apprenant le surnom né de la peur des hommes. Un contraste étrange qui rappelait secrètement que Darren était le seul à pouvoir la côtoyer comme ça. Intérieurement, le soldat s’en félicitait. Il était heureux d’avoir su briser les défenses et conquérir son coeur. La fierté masculine de la réussite. Il était à côté d’une prédatrice déguisée en agneau et elle ne voulait pas son arrêt cardiaque.

En attendant l’arrivée de l’attelage, le relief sur lequel ils étaient planqués donnait sur le village. Darren avait l’impression de se tenir en manoeuvre militaire avec une soeur d’arme, gardant le silence un long moment en examinant le secteur. Si le cocher était plus intelligent qu’il ne l’avait pensé, il ne fallait pas louper le passage de la charrette au loin. Sinon ils risquaient de garder la planque longtemps, comme des cons, sans savoir que ça ne marcherai pas.

Son regard tomba sur une fleur sauvage.
Clive se mit à sourire, il la cueillit pour la tendre à l’Amazone. Un petit clin d’oeil à la toute première fois où il lui avait expliqué la séduction, par ce geste galant. La jeune femme prit la fleur que lui tendait le soldat, en souriant. Elle aussi se souvenait de ce moment là. Lorsque la guerrière au coeur de glace, après avoir plusieurs fois menacé d’éventrer ou de briser le militaire, s’était laissée approcher grâce à sa curiosité que Darren avait réussi à exploiter pour apprivoiser l’animal sauvage qu’elle était. Qu’elle continuait d’être encore aujourd’hui, sauf avec lui. Lyanna observait la fleur en la tournant dans ses mains. Elle avait envie de la garder, mais elle n’avait pas de poche où la placer. Elle se contenta alors de la garder le plus longtemps possible, se remémorant tout ce que Darren et elle avait vécu, et qui les avait rapproché contre toute attente.
Isolés d’Atlantis, ils ne pouvaient compter que l’un sur l’autre. Ils nourrissaient le même but, le même désir de justice même si Lyanna avait une soif insatiable de sang mâle. Teyla était menacée. Heimda aussi. Et ils étaient là, à leur neuvième jour d’une mission imprévue, en ayant la sensation d’y être depuis trois mois.
Darren la fixait tourner cette petite fleur entre ses mains, un léger sourire sur le visage. Il se disait “vivement ce soir” pour lui témoigner toute son affection et ses sentiments.

Enfin, alors qu’il n’y croyait plus, un chariot avec six gardes tourna en direction du lavoir. Ils étaient couvert de la tête au pied, maculé d’une boue malodorante à base de tomates. Le plan fonctionnait...mais ils étaient plus nombreux que prévu.
Darren sortit son pistolet et vérifia qu’il était bien approvisionné. Il avait enclenché un chargeur neuf, angoissé en découvrant qu’il ne lui restait plus que ça et quatre cartouches dans l’autre.
« On peut trouver un autre attelage. » lui proposa-t-il, ne voulant pas la mettre en danger.
C’était ironique. Lyanna lui avouait ne pas vouloir le perdre. Et maintenant que c’était elle qui était exposée, il réagissait exactement de la même façon. Il espérait intimement que la jeune femme se refroidisse à l’idée de faire face à six hommes. Elle allait devoir descendre au lavoir avant l’arrivée du chariot, faire mine de nettoyer des vêtements et se laisser aborder par l’un de ces types. Sauf qu’il s’agissait de mâles et de cibles à abattre. L’excitation brûlait dans son regard et Darren secoua négativement la tête, désabusé.
« C’est toi qui choisit... » lui dit-il dans un dernier espoir.

Lyanna réfléchit au plan à adopter. L’ennemi était plus nombreux que prévu, et Darren proposa de patienter jusqu’à l’arrivée d’un autre convoi. Si un autre convoi passait par là, bien entendu. Six gardes. Six mâles lui tomberaient dessus. Du moins cinq, car la jeune femme avait l’effet de surprise pour en abattre un si elle jouait bien ses cartes. Ses adversaires seraient en grand nombre, même si elle avait de l’espace pour évoluer dans une danse mortelle et rapide avec ses épées. Darren craignait pour sa vie, ça se lisait sur son visage, ça s’entendait dans sa voix. Mais pouvaient-ils laisser passer cette occasion ? Lyanna garda le silence quelques secondes, avant de secouer la tête.

"Non, pas d’autres attelages. On attaque celui là. Je m’occuperais d’eux jusqu’à ce que tu arrives".
« Lyanna... » l’avait-il appelé au moment où elle partait.
« Ca fait très cliché de film mais...prends soin de toi. J’arriverai vite ! »

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mer 8 Avr - 14:00

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J
e m’arrêtai dans mes gestes lorsque Darren m'interpella, et je me retournai pour le regarder. Le militaire s’inquiétait pour moi, ce qui me plut beaucoup. Cela me faisait chaud au coeur. Je rebroussai alors chemin, me mis à genoux et embrassai Darren avec plus de passion qu’avant. C’était la première fois que je l’embrassai ainsi de moi même, d’habitude c’était lui qui m'entraînait vers cette passion. Après un bref instant, je finis par me séparer de ses lèvres, sinon nous aurions du retard sur le plan. Je me contentai de plonger mon regard dans le sien.

"Toi aussi, fais attention".

Puis, je ramassai mon paquet de linge, et je pris le chemin du lavoir pendant que le chariot se rapprochait. En bonne paysanne que je jouais, je posai le paquet de linge près du muret, mes épées se trouvant à l’intérieur, à portée de main, dissimulées. Sans fourreau. Je trempai un linge dans l’eau, et je fis semblant de le laver, guettant l’arrivée de l’attelage. De cette manière, je pouvais aisément analyser la situation, et surtout la position des gardes qui viendront se laver.

L’attelage faisait un raffut en progressant vers moi sur la route de terre. Le vent m’apporta une odeur de moisi très agressive, provenant forcément des gardes souillés. Leurs râleries me parvenaient jusqu’aux oreilles. Toute une longue listes d’injures avaient pour but de définir les gamins qui les avaient assailli. Mais puisqu’ils manquaient de qualificatifs haineux et de jurons, ils promettaient maintenant des sévices physique. L’éventration pour les plus poli, l’intrusion de corps étranger...ou non...dans leurs fondements, pour les autres.

Quelques rires gras s’étaient élevés lorsque l’un des gardes, assis sur un grand coffre qu’une bâche peinait à dissimuler, se mit en position pour faire admirer la flagrance de ses coups de boutoirs dans le vide.

Le cocher arrêta son chariot à distance et leva une main pour alerter ses camarades. Ils cessèrent de rire et me regardèrent, perplexe. Mais il n’y avait pas de peur dans leurs regards. Ils n’avaient pas encore compris qui j’étais, simplement une paysanne gênante dans un endroit qu’ils voulaient vide. Les hommes descendirent de part et d’autre du chariot en regardant tout autour d’eux. Le conducteur croqua nonchalamment dans une pomme en s’éclaboussant de jus et de chair fruité tandis qu’il regardait l’un de ses amis s’approcher de moi.

« TOI LA RIBAUDE ! DÉGAGE OU J’TE FENDS LE CUL ! »

D’ici, je pouvais examiner l’effectif ennemi. Le cocher ne descendait pas, prêt à s’enfuir en cas de problèmes. Mais il serait obligé de faire tourner son attelage, laissant à Darren tout le temps d’agir. Par contre, il y avait trois hommes sur la gauche, trois sur la droite. Deux épéistes, deux hallebardiers. Les deux derniers, je ne voyais pas quel était leur armement. De toute évidence, pas d’arbalètes ou d’arc dans leurs mains.

« T’ES SOURDE ? RAMASSE TES DÉFROQUES, FOUT LE CAMP ! »

Après avoir analysé la situation, je vis du coin de l’oeil l’un des gardes s’approcher lentement de moi. Il portait une épée à la ceinture, mais il ne l’avait pas dégainée. Je gardai les yeux baissés, et je m’empressai de prendre mon linge à peine nettoyé. Je m’emparai ensuite du paquet posé à mes pieds, attrapant la poignée d’une épée toujours cachée dans le linge. Le garde s’impatientait.

"Oui … tout de suite … je vous en prie … ne me faites pas de mal !"

Prononcer ces paroles d’une voix suppliante était un scandale pour moi, et donc très difficile à réaliser, alors que j’avais une envie de sauter sur ce mâle pour l’éventrer. Mais si je ne respectais pas le plan à la lettre, j’allais avoir des ennuis. Me débarrasser d’un ennemi sur les six était primordial pour ma survie. Je marchai donc d’un pas précipité, prenant une posture apeurée, le dos courbée vers l’avant alors que je m’avançai vers le garde pour le contourner. Je m’obligeai à baisser les yeux afin qu’il ne voit pas cette lueur de colère dans mon regard.

Le garde souriait, bien content de malmener une innocente aux mains vides. Il me laissa partir avec mes fringues et se porta sur le côté. Il arma son pied et me botta le cul par pure provocation, déclenchant les rires de ses camarades. Son geste fut une sorte de signal pour moi, déjà animée par la haine. Je sentis qu’après m’avoir donné un coup de pied, le garde, se sentant supérieur, s’était désintéressée de moi et donc, plus sur ses gardes. C’était le moment. Je fis volte face brusquement, et lâchai le paquet de linge tout en tirant une épée. Je levai les yeux pour voir l’expression sur le visage du mâle, avant de m’empresser de planter ma lame dans ses entrailles.

Son sourire stupide demeura sur ses lèvres au moment de l’impact. Il me regardait toujours, les mains étaient restés en place sur son ceinturon et la garde de son épée. Ma lame était passée dans ses entrailles comme dans du beurre et il n’avait lâché qu’un simple petit hoquet ayant coupé sa respiration. L’expression de son regard restait égale, malpolie, malsaine, mais une toute petite incompréhension s’y dessina. Il baissa légèrement le menton pour s'apercevoir de l’épée qui lui était entrée dans les chairs jusqu’à la garde et il y amena faiblement ses mains autour, croyant halluciner. Une paysanne, équipée de ce genre d’arme, qui avait placé un coup aussi direct. Si fluide et puissant. Parfaitement bien dosé.

Ce n’était pas une paysanne !

Le garde écarquilla les yeux en détaillant la modestie de la garde et découvrant qu’il n’existait rien de semblable dans son monde. Là il fit le terrible constat qui lui coûtait la vie. Il poussa un très léger “oh” de surprise, si spontané qu’il en paraissait presque innocent. Gentil. Et en restant dans cette posture où il entourait l’arme sans oser la toucher, il se mit à hoqueter en secouant négativement la tête. Il était terrifié, ahuri, et il me demandait pitié. “Non, non” de la tête répétait-il. Il ne voulait pas faire face à la mort. Il voulait vivre, il voulait trouver la rédemption et se racheter. N’importe quoi, tant qu’il ne mourrait pas comme ça, d’un coup qu’il n’avait même pas vu arriver.

Non loin, le reste de son groupe avait cessé de rire dès qu’il s’était raidi. Ils le fixaient, ne comprenant pas pourquoi il restait comme ça. Les sourires se défaisaient lentement, comme un éboulement invisible dans leurs conscience. Le subconscient qui hurle au danger face au conscient qui rationalise, qui trouve toutes les excuses pour rendre ma présence impossible.

Il y en eut bien un pour s'apercevoir du reste de la lame émergeant depuis son dos. Mais l’effroi le gagna lui-aussi. L’alarme ne fût réellement donnée qu’au moment où ma victime finissait par recouvrer la voix. Son expiration émettant une terrible plainte d’angoisse et d’agonie. Ses jambes faillirent et il glissa lentement jusqu’au sol, finissant à genoux en se tenant le ventre sans pouvoir y retenir ses viscères. Son visage était très proche de ma jambe, on l’aurait cru en train de prier ma clémence, de la supplier. Le visage tordu, il monta vers moi son regard stupéfait qui semblait me demander pourquoi. Et là, en face, les types eurent tous un mouvement de recul en découvrant enfin mon visage...et l’expression de mon regard. Le cocher et ses montures auraient même fait ce pas en arrière s’ils l’avaient pu.

Et soudain, l’un d’eux cria :

« GRAND DIEU ! La Juge !! La Juge !! Aux armes !!! »

J’eus un grand sourire carnassier et satisfait en entendant les mâles, pris de terreur, m’appeler par mon surnom. Je me débarrassai alors du chapeau pour qu’ils voient bien mon visage, puis je regardai celui qui était à genoux devant moi, semblant m’implorer. Je pouvais l’achever, mais les autres gardes attirèrent mon attention. Je devais m’occuper d’eux rapidement, je n’avais donc pas de temps à perdre avec celui qui était déjà agonisant. Autant le laisser mourir lentement. Je le poussai d’un simple coup de pied, et tandis qu’il tombait en arrière, je m’emparai de ma seconde épée avant de prendre une position défensive pour analyser la situation et la position de mes ennemis.

Visiblement, cette unité ennemie avait appris sa copie en cas de rencontre malheureuse. Les deux hallebardiers pointèrent leur lances dans ma direction pour empêcher mon approche et me retenir. Le dernier épéiste se trouvait entre eux deux, près à les protéger si je parvenais à franchir leur allonge. Un très bon dispositif pour tenir mes lames bien loin de leurs gorges. Quant aux deux autres qui n’avaient pas d’armes, je les voyais gesticuler autour d’une sacoche en cuir qu’ils avaient posé sur le sol. J’ignorais ce qu’ils faisaient, cela m’intrigua et je n’aimais pas ça. Mais je ne pouvais pas les atteindre, les trois autres mâles les protégeaient.

Soudain, il y eut deux coups de feu, ce qui détourna mon regard, comme celui de mes adversaires. Mais ce n’est pas le cocher qui tomba. Darren s’était rendu compte de la position difficile que provoquait les hallebardiers. Il en avait descendu un puis visait le second. Il tira deux fois de plus, s’approchant dans sa position de combat, ses deux mains tenant bien fermement son pistolet. Le dernier hallebardier se retourna en criant. Puis deux autres balles le firent taire pour de bon.

Le cocher avait déjà fouetté ses bestioles. La charrette s’éloigna très rapidement et Darren couru à toute vitesse. Il parvint à s’accrocher au flanc du chariot qui reprenait la route vers le village, me laissant désormais seule contre un épéiste et le tout premier hallebardier. Il n’avait été visiblement touché qu’au bras et il enchassa l’allonge de son arme pour reprendre le combat. Le voir entrainé par le chariot m’inquiéta, mais je ne pouvais pas me préoccuper du soldat en cet instant. Mes ennemis se remettait en position défensive, mon attention devait être uniquement portée sur eux.

L’intervention de Darren, néanmoins, venait de rendre un parfait équilibre entre nous. C’était à mon tour de rire ! Effectuant des moulinets avec mes lames, je m’avançai lentement vers les deux mâles qui me barraient le passage. L’un était armé d’une épée. L’autre, blessé, avait sa hallebarde. Quant aux deux autres mâles, je ne parvenais pas à voir ce qu’il faisait. Je devais donc faire vite. Analysant les gestes de mes adversaires, je m’amusai avec eux, avançant rapidement de quelques pas avant de reculer brusquement, pour obliger l'hallebardier à essayer de parer une potentielle attaque. Je parvins à connaître sa façon de bouger, et lorsqu’il avança à nouveau son arme pour me contrer, je fis un pas de côté et donnait un violent coup dans la hallebarde pour l’écarter. Le mâle était maintenant à découvert, et je me précipitai vers lui, enfonçant mon arme dans son torse.

L’adversaire à l’épée, surpris de voir son pote mourir, tenta de me donner un coup d’épée, que je parais habillement avec ma deuxième lame. Seul face à moi, dotée de deux épées contre une, il n’avait pas l’avantage. Mais je restai cependant sur mes gardes. Je patientai en lui tournant autour, modérant mon souffle et mes forces pour la suite du combat. Ma nouvelle renommée s’opérait en lui. Il hésitait à m’attaquer, choisissant un axe de frappe qu’il retenait dès lors, se disant que c’était trop simple. Il était perdu, comme désarmé par le terrible fossé de pratique entre nous deux. Lorsqu’il attaqua, son geste était maladroit. La main couverte de sueur et le bras pétri de terreur, même un enfant l’aurait vu venir. J’attendis patiemment qu’il choisisse une frappe du haut vers le bas, ce qu’il fit rapidement. Mon épée droite bloqua son coup, tandis que mon épée gauche balaya devant moi, atteignant le mâle au niveau de la gorge. Celui ci s’écroula au sol, se tenant le cou avec ses deux mains, étouffant dans son propre sang. Deux ennemis en moins, plus que les deux derniers.

Je me retournai alors pour les chercher du regard. Mais ce que je vis alors, c’était une sacoche en cuir qui me tombait droit dessus. Elle explosa étrangement juste avant de m’atteindre et un énorme amas de poudre blanche m’arrosa tout le corps. On aurait cru de la farine collante. Mais juste après le contact, au moment où j’inspirais, une terrible piqûre se déclencha dans mon nez, puis dans ma gorge et dans mes poumons. Je poussai un gémissement douloureux, toussant à plusieurs reprises. Je tentai même d’essuyer mes yeux, mais rien ne changea. Ca venait de s’infiltrer en moi, dès la première respiration, puis les voix des deux ennemis se cassèrent. Elles devinrent grave et aiguë à la fois. Roulant et s’étirant comme dans un rêve que je ne pouvais pas contrôler.

Très vite, je m’aperçus que le sol dansait. Non...non, il se déformait sous mes pieds. Il faisait des vagues par endroits, des creux à l’autre, et ça bougeait. Comme si une rivière avait pris la teinte de l’herbe pour se mouvoir aussi étrangement. Mon regard se posa sur mon épée. Et c’est ainsi que je compris que mes sens étaient tous perturbés, en voyant cette lame d’habitude si droite se mettre à onduler et se torsader. La lumière, les détails, le son, tout défaillait. Même le toucher ! Je ne sentais plus mon arme sur la main gauche. De la sorcellerie !

« Vas-y attaque ! » cria quelqu’un.

« Pas question ! Même comme ça, elle va nous buter ! On fait à distance, comme on avait dit !!! »

« Idiot ! Nos arbalètes sont restées dans le chariot ! »

« Barrons-nous !!! »

« Attends ! Attends... »

L’un des truands passa à côté de moi. Il semblait si près, j’étais sûre de pouvoir le toucher. Mais ma lame trancha dans le vif, comme si j’avais tenté de décapiter un fantôme. Ma vision était entièrement déformée, je n’avais plus de perception des distances. Je le vis s’approcher avec son compère du lavoir mouvant. Il prit un morceau de pavé descellé et le lança sur moi. Son compère trouva l’idée très bonne et, en restant à distance, ils me lancèrent des pierres de toutes leurs forces.

« Allez...et dès qu’elle est faible, on la pend avec la corde ! Clin d’oeil au patron ! »

« Ouais, ouais ! Elle est à nous ! Le pendu va nous couvrir d’or !!! »

Sachant que j’étais en difficulté, et même si je n’aimais pas abdiquer, je cherchai à m’éloigner des deux mâles, essayant de trouver un lieu pour m’abriter en attendant que cette horrible sensation passe. J’entendis un bruit sourd quelque part autour de moi, mais je ne parvins pas à savoir d’où cela venait. Un pavé venait de tomber non loin, puis un autre suivi. Déstabilisée, maudissant ces deux fourbes, je changeai de direction comme si c’était plus simple de fuir par là. Mais rapidement, l’un des pavés me heurta au niveau de l’épaule, me faisant pousser un cri de douleur. Sous le choc, je chutai sur le sol qui ondulait toujours, lâchant mon arme. J’essayai de me relever, battant l’air avec mon autre arme en pensant que les mâles se trouvaient juste devant moi, alors que ce n’était pas le cas. Encouragés par leur réussite, ils accentuèrent le rythme de leurs lancers, n’hésitant pas à aller chercher les pavés les plus éloignés pour continuer leur agression. Ils me tournaient autour, essayant de chercher le meilleur angle de lancer pour m’atteindre, faire de moi une femme sans défense !

Je les distinguai autour de moi, et je tentai encore de donner des coups d’épée. En vain. Ils étaient en réalité trop loin. Je ne parvins pas à récupérer mon autre lame, et avant que je puisse me redresser, un autre pavé m’atteignit à la cuisse, celle qui avait été mordue par la folle. La douleur me vrilla la jambe, me faisant à nouveau chuter en serrant les dents pour étouffer un gémissement de douleur. Je lâchai ma seconde arme, étant à nouveau à terre.

La silhouette qui me semblait la plus éloignée vint sur moi à une vitesse ahurissante. Comme un coup de tonnerre ou à la vitesse de la flèche de ma soeur archère la plus forte. C’était venu si vite, tellement vite. Il m’avait soudainement plaqué au sol, m’enfonçant douloureusement le visage dans l’herbe. Le second arriva en renfort et m’empêcha de me retourner. Ils m’écrasaient de tout leur poids, surexcité par cette victoire. Ils me tenaient, ils tenaient la Juge en leur pouvoir. Je tentai de me débattre en poussant des cris de rage, mais rien n’y faisait. Les deux mâles me tenaient fermement contre le sol, m’entravant suffisamment pour que je ne puisse pas reprendre l’avantage.

« Aha !!! J’savais qu’elle aimait être dessous ! » s’esclaffa l’un d’eux.

« La corde ! Passe lui la corde autour du cou ! Vite ! »

Ils étaient sans honneur, me retenant contre le sol, mes bras et mes jambes battant dans le vide. J’étais privée d’appui, je ne trouvais pas d’arme pour me défendre. Même l’un de ces foutus pavés qui devaient pourtant se trouver non loin. Mes mains tapotaient le sol à la recherche du moindre objet, de n’importe quoi que j’aurais pu utiliser comme arme. Comme si les deux brutes avaient éloigné mes épées pour que je ne m’en saisisse pas. Me voilà sans défense face à ces mâles, à leur merci, incapable de leur résister.

Soudain, une corde me glissa autour de la gorge. La pression fût immédiate et brutale. Je poussai un gémissement douloureux et étouffé, alors que je saisissai la corde autour de mon cou pour essayer de la desserrer par réflexe. En vain. Mes adversaires se dégagèrent de moi, reprenant de la distance en profitant de la tension que le noeud coulant exerçait sur ma respiration. Ils me laissèrent me débattre jusqu’à ce que je faiblisse, comme ils le faisaient avec un prédateur naturel, que je présente un signe de détresse. Et ils jetèrent ensuite la corde à la branche d’un arbre avant de se mettre à tirer.

Je ne pouvais que me cramponner contre cette force, malgré le fait qu’elle m’étouffait. J’essayais de résister, de lutter en tirant dans le sens opposé à cette traction, mais la corde me serrait encore plus le cou, me privant d’air un peu plus. Si jamais je perdais l’équilibre, si j’atteignais cette arbre, j’étais foutue. Mais ils profitaient de la perte de mes sens, ils tiraient comme des brutes, attendaient la faiblesse pour m’attirer inexorablement vers la pendaison. Je finis par trébucher, et étant allongée sur le sol, les mâles n’eurent aucun soucis pour me traîner plus facilement. Au moment où ils comptaient me soulever, l’un d’eux réagit, un sursaut salutaire qui me laissa une brève inspiration.

Une main barbare me tira violemment la tête en arrière, manquant de m’arracher les cheveux, m’arrachant un gémissement face à cette brutalité. Je sentis une langue à la bave poisseuse et ignoble glisser derrière mon oreille et la voix me dire ensuite :

« J’t’avais dit que je pisserai sur ta tombe. »

C’était lui, le mâle que j’aurais dû abattre dans l’auberge. La rage m’envahit, mais je parvins à faire aucun geste pour m’en prendre à lui. Je me contentai de pousser un cri de rage, ayant envie de l’étriper sur le champs. Ils me soulevèrent immédiatement par la corde, me pendant à quelques centimètres au-dessus du sol. Ils se mirent alors à rire, à rire de mes jambes qui battaient et de mes efforts pour essayer d’échapper à l’étreinte. Les mains autour de ma gorge, je tentai à nouveau de desserrer la corde, mais c’était une peine perdue cette fois ci. La corde exerçait une forte pression autour de mon cou, me privant d’air. Je ne parvenais plus à respirer. Un voile s’était posé sur mon visage, j’étais menacée par les ténèbres. Si bien que malgré cette drogue, je sentais le sang bouillir dans mon cerveau.

La corde serrait à tel point que ça m’ouvrait la bouche, ça me faisait sortir la langue. Je devenais bleue. J’étais entrain de mourir d'asphyxie, alors que la corde me broyait la gorge. Lentement, mon corps se détendit. Mes muscles se relâchèrent. Et je cessai peu à peu de me débattre. Mes bras et mes jambes finirent par retomber mollement le long de mon corps.

La dernière image que je vis avant de fermer les yeux, fut celle de la route de terre qui venait vers nous. La charrette était en train de revenir et Darren conduisait l’attelage. Ils martyrisaient les bêtes en claquant des rennes, le visage décomposé par la terreur. Je ne l’entendais pas, l’image était déformée, mais il donnait l’air horrifié. Puis, ma vision se troubla et je fermai les yeux. A cause de ça, j’entendis son cri seulement après un choc brutal. Sans que je le sache, Darren avait foncé sur les hommes qui me pendaient et il leur avait littéralement roulé dessus avec l’attelage. Les deux types s’étaient fait trainer sur facilement dix mètres tandis que je retombais lourdement sur le sol. La chute fut brutale, mais je restai allongée sur le sol, sans bouger, les yeux toujours clos. Comme si j’étais morte.

Darren hurla en me sautant dessus.

« LYANNA !!! »

Il m’attira sans ménagement dos contre lui. Sa main chercha à ouvrir un peu mon armure pour m’offrir plus d’air. Il me prenait dans ses bras, tremblant d’angoisse, en me secouant légèrement. Les yeux fermés, j’étais presque inconsciente, je respirais à peine, je m’enfonçais lentement vers la mort. Je ne me rendais pas compte de ce qui se passait autour de moi.

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Ven 10 Avr - 22:48

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Le soldat avait eu du mal à monter sur le chariot, se débarrasser du cocher, et surtout revenir. Les bêtes n’étaient pas disciplinées. Le jeune homme avait songé à laisser l’attelage sur place et foncer vers son amie. Mais si le public au regard ahuri le récupérait pour le rendre au Pendu, ce serait un échec.

Il avait eu du mal à revenir. Mais lorsqu’il avait eu la vue sur le lavoir, c’était pour découvrir les deux hommes qui trainait son Amazone comme si c’était une vulgaire bête. Sa défense acharnée lui donnait l’air d’un de ces chevaux sauvages qui refusaient la corde du maître et qui sautaient dans tous les sens.
Lyanna, en tant qu’humaine et combattante, luttait contre une lente et terrible strangulation. Les deux lâches se préparaient à la pendre.

« Oh non ! Non ! » s’était écrié le soldat en croyant avoir commis l’erreur de sa vie.

Si Lyanna mourrait parce qu’il s’était accroché à garder le chariot, il s’en voudrait à vie. Il ne pouvait pas concevoir la perte de cette belle femme, de sa partenaire et compagne. Il ne pouvait pas la voir mourir en restant impuissant.
Pas un détail ne lui échappait. Comme les rires de ces brutes qui exerçaient la traction mortelle. Au lieu d’attacher la corde à une branche et de la faire tomber, la regarder mourir sans se salir les mains : ils tiraient longuement tout en l’observant agoniser.
C’était pire pour Darren, pire !

Ca le fit paniquer. Il perdit son sang froid et se mit à frapper les bêtes pour qu’elles aillent plus vite. Qu’elle se mette à s’envoler vers le lieu du drame. Qu’importe s’il les marquait à vie. Il s’en foutait, il se foutait de tout. Plus rien n’avait d’importance à ces yeux si ce n’était Lyanna.

La voir lui sourire, s’énerver, faire l’indifférente. La voir froncer des sourcils, avec sa façon bien à elle. Putain, la voir vivre !!!

« LYANNA !!! » avait-il gueulé comme un fou au moment où l’attelage percutait les deux hommes.
Il ne tira même pas sur les rennes pour ralentir la course. Il se jeta simplement de la charrette pour l’atteindre, s’écroulant comme une larve sur le sol. Rien à cirer de l’apparence, du geste, il voulait l’atteindre, il voulait qu’elle vive.
La récupérer dans ses bras était un premier soulagement. Mais il se rendit vite compte de son état.

Le soldat avait le coeur qui battait à tout rompre. Son souffle était irrégulier, haletant. Il peina à trouver le pouls de l’Amazone.

« Respire bon sang ! Respire !!! »

Les idées de Lyanna n’étaient pas claires du tout. La jeune femme s’était vue plongée dans les ténèbres sans retour en arrière. Aussi, quand l’air revint dans ses poumons, alors qu’elle gardait les yeux fermés, elle ne réagit pas de suite. Puis, elle se mit à tousser encore et encore, ayant très mal à la gorge. Les souvenirs lui revinrent alors en mémoire, ses derniers instants à la merci de mâles prêts à la tuer. Et inconsciemment, elle pensait être encore avec eux. Elle ouvrit brutalement les yeux, sa vision était trouble. Et elle commença à se débattre avec les dernières forces qui lui restaient. Autant dire, pas grand chose.

« Lyanna...hey... »
Il chassa ses mains et la serra tendrement contre lui. Elle était vivante, elle respirait...enfin !
« C’est moi, mon amour. C’est moi...Darren. Remets-toi... »
L’émotion était forte en lui, vraiment forte.
Perdre un équipier avait toujours été un moment très difficile. Perdre celle pour qui il avait un profond attachement lui était inacceptable. Lyanna entendit la voix lointaine de Darren qui lui parvenait, et elle se calma peu à peu. Sa vue revint peu à peu à la normal, suffisamment pour voir le visage du soldat. C’était lui qui la prenait dans ses bras. Lui qui venait de lui sauver la vie. Elle cessa de se débattre, et referma les yeux en toussant.

Un mouvement se déclara à côté. Darren remarqua l’un des types essayant de s’enfuir. Il avait survécu et boitait, se traînant comme il pouvait en direction de la ville. Une terrible bouffée de haine l’envahit à ce moment précis. Une telle colère qu’il ne pensait pas pouvoir vivre un jour.
Clive reposa son amie au sol et se redressa. Il tira son arme tout en allongeant quelques pas dans sa direction. Le type s’en rendit compte et il hurla. Il cria sa détresse vers les quelques témoins qui s’étaient réunis en spectateur.
Et sans scrupule, sans honte, sans la moindre pensée, il voulut presser la détente. Son geste s’interrompit avant le déclic fatidique. Sa main se mettait à trembler et il voulait le tuer. Il savait qu’il le pouvait. Son subconscient lui certifiait qu’il l’aurait sans le moindre problème.
Mais ces dernières balles lui étaient précieuses. Et même s’il n’était pas en mesure de réfléchir, Darren sentait qu’il ferait un parfait message pour le Pendu.

Pendant ce temps, Lyanna continuait de tousser pour reprendre son souffle. Son cou avait été débarrassé de la corde, ce qui n’empêchait plus l’air d’entrer dans ses poumons endoloris par l’agonie. Elle était faible, mais sa respiration revenait lentement à la normale.

Le soldat revint auprès de l’Amazone, commençant à reprendre un peu contrôle de ses émotions à mesure que Lyanna se remettait de sa détresse respiratoire.
« Reviens moi... » lui murmura-t-il en massant doucement le pourtour de son cou, sans exercer de pression. « Ne me laisse pas seul sur cette planète de merde... »

Lyanna se laissa faire, elle n’avait plus aucune force pour opposer une quelconque résistance. Ses yeux se posèrent sur Darren, et elle tenta de prononcer son nom. Mais aucun son ne sortit tout de suite de sa gorge en feu. Elle essaya plusieurs fois, entre deux quintes de toux.

Da .. en" dit elle dans un murmure à peine audible, avant de tousser une nouvelle fois.

Tout ça avait fini par attirer l’attention.
Darren s’en moquait. Il serra tendrement sa belle dans ses bras, craignant d’y mettre trop de force et de la priver d’oxygène. Il regarda autour de lui les différents corps puis se décida à bouger. Il mobilisa ses forces et porta la jeune femme dans ses bras, l’amenant à l’arrière du chariot pour l’y déposer tant bien que mal. Il pensa à récupérer ses épées. C’était aussi important que la santé de Lyanna.

En partant, il ignora les différents badauds qui le fixaient d’un air intrigué avant de le reconnaître finalement. Il prit le chemin de l’auberge en toute hâte puis s’arrêta devant. Aucune discrétion, il appela l’aubergiste qui sortit en trombe avec sa fameuse masse d’arme. Abelle accourut juste derrière.
En apercevant l’état de Lyanna, elle se couvrit la bouche de sa main, le regard humide. Même si elle était consciente, elle ne pouvait pas détacher son regard de l’importante marque qui cernait son cou.
« Rangez moi ce putain de chariot... » ordonna le militaire en prenant Lyanna dans ses bras.

L’aubergiste ne s’offusqua pas.
Il acquiesça brièvement tandis qu’Abelle courait taper à la porte de l’Apothicaire.
« Je t’emmène en sécurité. On y presque... » lui murmurait Darren.

Le soldat galéra à grimper les escaliers tout en la maintenant contre lui. Il veilla à assurer ses pas sur les marches, l’un après l’autre, puis il vint dans leur chambre pour la déposer dans le lit.
« Un étrange dieu se moque de nous, guerrière. » lui dit-il tendrement en assurant sa position sur le lit. « C’est chacun notre tour, tu as vu ça ? »
Oui … très … drôle" dit elle faiblement en toussant un peu.

L’Apothicaire vint peu de temps après.
Aidée par sa fille, elle s’occupa longuement de ses blessures et lui fit boire un décoction fortifiante. Lyanna se laissa faire, ingurgitant la potion que lui donnait la vieille femme. Ce n’était pas le même filtre que celui que Darren avait prit, au moins elle aurait les idées claires, mais c’était répugnant à boire. Et puis, le liquide avait du mal à passer, sa gorge la faisait souffrir. Elle toussa à nouveau, serrant la main de Darren dans la sienne. Ce dernier restait là, à ses côtés. Les rôles s’étaient échangés. Il s’en voulait terriblement et se jurait de ne plus se séparer pour les prochaines opérations.
Abelle était dans un coin de la pièce, vrillant et tordant un morceau de sa veste en guettant impatiemment des signes d’amélioration. Peu à peu, Lyanna se calmait. Sa respiration, bien qu’encore sifflante, devint plus régulière. Ses poumons et sa gorge étaient toujours en feu, mais cette désagréable sensation finirait par passer.

L’aubergiste entra dans la chambre quelques minutes plus tard, très géné. Il fit signe à Darren.
« J’ai d’autres priorité, désolé. » lui dit-il en gardant la main de Lyanna dans la sienne.
« C’est que...le Pendu est là... »
« Quoi ? »
« Il est à l’entrée, seul. Il dit qu’il veut négocier. »

Le soldat secoua la tête.
Il avait envie de s’approcher et de lui braquer son flingue entre les deux yeux avant de faire feu. S’il ne comprenait pas Lyanna dans son désir de démonter le premier “mâle” venu, le principe commençait subtilement à se frayer un chemin dans sa morale.
« Propose lui quelque chose à boire, je descends bientôt. »
« D’accord... »
« Bevel ! Dis lui aussi que s’il y a la moindre entourloupe, je m’arrange pour qu’il fasse le trottoir à vie ! Je ne joue plus, dis-lui bien !»
« Heu...bien. »

Lyanna avait écouté la conversation entre l’aubergiste et Darren. Ainsi donc, le Pendu était là, en bas, à les attendre. La colère la gagna peu à peu, malgré la douleur qu’elle ressentait. Et têtue comme elle était, dans son état affaibli, la jeune femme tentait déjà de se redresser pour aller à la rencontre du mâle avec Darren.

Automatiquement, tout le monde, y compris Abelle et la vieille dame, posèrent leurs mains sur l’Amazone pour l’empêcher de se redresser. Si elle ne parvenait pas à articuler clairement sa pensée, la haine qui brûlait dans son regard le faisait très bien pour elle. La jeune femme avait beau vouloir se débattre pour empêcher les autres de la maintenir allongée, elle n’avait plus assez de forces pour leur résister. Elle fut donc contrainte d’abdiquer même si elle n’en avait pas envie. Le duel qui s’organisait entre la volonté de Lyanna et celles plus commune du groupe arracha un rire moqueur de la part de Darren.
« On est déjà reposé, guerrière ? » lui avait-il demandé en la maintenant couchée. « On va y aller ensemble. Mais j’ai besoin de toi calme et maîtresse de ton corps. »
Il insista de son regard pour qu’elle accepte de laisser l’Apothicaire finir son travail.

Je vais … bien … je me sens … en pleine forme" lança-t-elle dans un mensonge, alors qu’elle toussait encore et que sa respiration était toujours sifflante.
« Lyanna... » fit-il d’une voix plus douce. « Tu n’as pas besoin de me mentir, voyons...pas à moi. »

Lyanna regarda Darren dans les yeux, avant de détourner son visage. Ils étaient suffisamment proches pour savoir quand l’un racontait des mensonges à l’autre. Rien qu’à la regarder, le militaire devait savoir quand elle n’allait pas bien, et la guerrière le savait. Elle se mordit la lèvre, et prit sa main dans la sienne. Elle savait que comme Darren ne la croyait pas, il ne la laisserait pas se lever pour l’accompagner jusqu’au rez de chaussée, et affronter le monstre qui se trouvait en bas.

"Darren … je ne veux pas te laisser … y aller tout seul".
« D’accord. D’accord. » il lui déposa un baiser sur la main. « Je reste avec toi. On descendra le voir ensemble. Mais pour ça...il faut vraiment que tu te calmes. Et que tu te reposes... »

Le militaire n’avait pas l’intention de courir dans les bras du Pendu dans l’immédiat. Ca ne lui ferait pas de mal d’attendre un peu pour comprendre qui était le maître dans cette affaire. Il ne craignait pas de représailles pour le tavernier. Il suffisait que l’on touche à un de ses cheveux, comme ceux d’Abelle ou de l’Apothicaire, pour déclencher une nouvelle perte de liquidité. Le truand avait compris la leçon.

Lyanna soupira et resta allongée, consciente qu’elle ne pourrait pas encore se lever dans l’immédiat, et que Darren l’attendait pour affronter ensemble le Pendu. Elle ferma les yeux, laissant l’apothicaire s’occuper de ses blessures et lui administrer ses mixtures. Près de trois heures s’étaient écoulées, la guerrière avait fini par s’endormir. Elle avait besoin de repos pour récupérer des forces. Grâce à la médecine de l’apothicaire, sa respiration devint moins sifflante et irrégulière. Elle semblait plus apaisée. Et elle finit par se réveiller, se sentant un peu mieux. Elle avait toujours les traces de strangulation sur son cou, il fallait attendre plus longtemps pour qu’elles disparaissent totalement. Mais sa gorge et ses poumons la faisaient moins souffrir à chaque fois qu’elle respirait. La colère reprenait le dessus, et lui donna de nouvelles forces.

Le soldat attendit que son amie se remettre suffisamment pour se redresser sur ses jambes. Elle était très affaiblie et la compression sanguine lors de la strangulation lui avait fait sauter des vaisseaux oculaires. Les tâches de sang entourant ses pupilles lui donnait l’air encore plus folle et démoniaque. Lyanna ignorait qu’en cet instant, elle faisait encore plus peur qu’avant, surtout lorsqu’elle jetait son regard colérique. Assise au bord du lit, elle respira profondément. Elle ne toussait presque plus, c’était une bonne chose. La guerrière dut rester de longues minutes sans bouger, avant d’essayer de se lever. Sur le coup, elle manqua de basculer en arrière, et Darren la retint de justesse. Il lui fallait un peu de temps pour recouvrer suffisamment de force pour supporter son poids. Puis, quand elle se sentit prête, elle prit ses armes, et elle se dirigea vers la porte avec le militaire.

Le jeune homme lui prêta son bras pour assurer la descente des escaliers et la laissa récupérer une image de guerrière inébranlable lorsqu’elle le décida.
« N’oublie pas...on ne le tue pas ! » répétait Darren. « Mais je t’autorise à jouer en lui plantant ta dague entre ses phalanges. »
Il rigolait bien sûr. Mais pas Lyanna. Elle prenait la réplique de Darren très au sérieux, pensant qu’il était sincère. Planter son couteau dans la main du Pendu serait une grande satisfaction pour elle. Arrivée au milieu des escaliers, la guerrière lâcha le bras de Darren, et rassembla ses quelques forces retrouvées pour reprendre une image de femme fatale, sûre d’elle. Elle ne voulait pas que le Pendu croit que ses sbires avaient réussi à la briser ou à la blesser. Animée par la haine, cela lui permit de reprendre une contenance, et elle suivit Darren.

Le pendu était dans le fond de la salle, à la table que Darren et Lyanna occupait ordinairement. C’était un chauve plutôt massif, le visage grevé de diverses cicatrices accumulées à la longue par les échelons qu’il avait escaladé dans le monde de la pègre. De vieilles entailles mal guéries, des brûlures et des difformités cicatricielle. S’il était vêtu d’une tenue plutôt gindée comme celles que portait ordinairement Heimda, il avait fait d’une vieille corde en noeud coulant sa cravate. Elle tombait depuis son cou, vieillie par l’âge, comme si elle avait cédé lors de sa pendaison et qu’il ne l’avait jamais retiré depuis.

Il capta la présence du binôme d’un regard sombre et chargé de haine. Mais il avait perdu l’initiative, il n’était plus en position de force.
De sa grosse main calleuse, il s’empara du tout petit verre d’alcool fort et l’avala cul sec avant de grimacer. Il tourna son regard vers l’aubergiste et fît un signe de tête l’appelant à un nouveau service.

« Bonjour ! » fit Darren avec une extrême politesse.
Le Pendu le regarda en se demandant s’il ne se foutait pas de sa gueule.
« Ouais ! Bonjour. J’ai reçu vot’message. »
« Ah, content de l’entendre. Nous n’avons pas besoin de nous présenter je suppose. »
« Vous me devez un coffre d’argent ! »

Darren avait tiré la chaise de Lyanna par galanterie et attendait qu’elle s’y installe. En tenant le mobilier, il adressa un regard espiègle au Pendu tout en lui répondant.
« On entre déjà dans le vif du sujet ? Cet argent, vous l’avez perdu ! »
« J’crois pas non. »

Assise sur la chaise, Lyanna lança un regard noir au Pendu. Si elle écoutait ses pulsions, elle se jetterait sur lui sur le champs pour le mettre en pièces. Mais Darren ne voulait pas qu’il meurt. Elle se souvenait de leur conversation, le Pendu devait leur donner des informations. Il fallait le capturer vivant. Mort, il serait inutile. Et malgré ce qui s’était passé, et la haine qu’elle éprouvait pour lui, la jeune femme le retint de lui planter son couteau dans la gorge. Elle continuait de le dévisager, l’affrontant du regard, lorsque le mâle exigea de récupérer son argent. Un léger sourire en coin apparut sur ses lèvres.

"T’es pas en position de demander quoi que ce que soit, mâle !"

Une lueur bestiale brilla dans le regard du Pendu. Il était prêt à prendre le risque et partir en guerre, en rompant toute approche diplomatique.
« Comme vous le voyez, mon amie est assez “enthousiaste” à l’idée de faire le ménage. Vous avez commis l’erreur de placer un contrat sur une jeune femme sous sa protection. C’est ce qui vous a couté votre bordel. »
« Je vois. » Croassa-t-il d’une voix sombre en gardant son regard rivé dans celui de Lyanna.
« Et alors qu’on vous tendait la main pour les pourparlers, vous avez envoyé un messager des plus subtil et poli nous menacer. Ce qui vous a maintenant coûté... »
Il fit mine de chercher. Son regard complice vint à la rencontre de son amie.
« Combien mon amour ? Le quart ? Le tier de ses richesses ? Ca fait un sacré paquet non. Imagine s’il perdait un deuxième coffre….ça ferait tellement vilain ! Et puis les pertes en hommes d’armes, olalala...tu en as flingué combien depuis le début ?»

Lyanna non plus n’avait pas détourner son regard colérique du Pendu, comme s’ils procédaient tous les deux à un duel en se demandant lequel baisserait les yeux en premier. Même lorsque Darren lui parla, son attention resta fixée sur le mâle.

"Aucune idée … je ne sais pas compter. Mais je dirais beaucoup trop pour les remplacer. Et je ne compte pas m’arrêter là. J’adore tuer les mâles, c’est mon passe temps favori !"
« Rendez-vous compte ! » ricana Darren. « Vous ne lui faites pas peur en envoyant vos hommes à la mort. Vous la divertissez... »

Le Pendu était mauvais.
Il se sentait piégé parce que ses affaires ne tournaient plus. Entre l’élan de liberté et de patriotisme, la peur dans ses rangs causé par “La Juge” et les clients qui n’osaient plus s’approcher, son affaire se cassait la gueule. Apprendre que la bagarre la satisfaisait, faire face à une combattante que le témoin avait décrit comme “pendu en son nom” lui assurer avec force et détermination le trépas, il était pressé à faire un choix.
C’est lui qui baissa les yeux.
« Si nous pouvions nous arranger comme des êtres civilisés pour une fois. » proposa Darren. « Il y a toujours moyen de récupérer votre coffre... »
Le Pendu releva le regard, intrigué. Il acquiesça silencieusement avant de demander d’un ton sec :
« Qu’est-ce que vous voulez ? »

Lyanna avait gagné le duel de regard, pour son plus grand plaisir. Ce qui la fit sourire. Mais ce dernier disparut sous les paroles de Darren. Elle tourna la tête pour observer le militaire, sans comprendre. Laisser le mâle récupérer son coffre ? Sérieux ? La jeune femme voulait le faire prisonnier et le torturer pour avoir ces informations. Et non marchander avec lui. Darren pourrait sentir son regard à la fois incompris et réprobateur, mais elle ne prononça pas un seul mot. Pour l’instant.

« L’homme à l’épaule blessé. Celui qui a violenté notre amie avant de lui voler son médaillon. Je veux tout savoir, ce qu’il fait, où nous pouvons le trouver. Vous faites ça et vous retrouverez votre coffre. »
« Vous ne savez pas ce que vous demandez. Cet homme est bien placé. »
« Et il n’a pas pu agir dans ce bourg dans votre dos. Livrez-le moi. »
Le Pendu fixa Lyanna puis Darren, étonné que la demande porte sur cet homme.
Il finit par accepter.
« Il se fait appeler le contremaître. Et je ne sais pas où il est. »
« Mauvaise réponse... »
« C’est pourtant la vérité. Il est la main armée du conseil. Ils le font régulièrement changer de planque pour ses activités. »
« Quel est votre rôle là-dedans ? »
« Lui fournir toute l’aide dont il aurait besoin. Un messager me transmet un pli, je me dois d’obéir. »
« Que c’est attentionné ! »

Darren soupira.
« Et décevant ! Pas d’infos, pas de coffre. »
« Je ne sais pas où il est. Mais je sais où il sera...dans trois jours. »
« Vraiment ?»
« Un échange va avoir lieu dans le plus grand secret. Du matériel venant de l’Anneau. Les bruits courent qu’il s’apprête à recevoir une grande puissance qui le rendra inarrêtable. »
Son regard mauvais se détacha pour se poser sur Lyanna.
« Même pour “vous”. »

Lyanna eut un ricanement moqueur en regardant le Pendu.

"Ca devrait me faire peur ?"

Elle regarda ensuite Darren.

"Je peux le torturer ? Je sens qu’il nous cache des informations. Il n’en dit pas assez !"
« Je ne cache PAS d’informations. Je suis tenu à l’écart des activités du contremaître ! » rétorqua le Pendu. Il posa un doigt sur la table comme pour souligner cette déclaration. « Mais il aura besoin de mes convois dans trois jours et je vous livrerai tout. Le lieu, le moment, je ferai retirer mes hommes. Il sera tout à vous. »

Voilà que maintenant, le Pendu leur proposait de l’aide afin qu’ils puissent tomber sur l’homme qu’ils recherchaient. Tout ça pour récupérer son coffre et retrouver son pouvoir. Et reprendre l’ensemble de ses activités criminelles. Son comportement avait l’air de raviver la colère que la guerrière ressentait. Fixant le Pendu de son regard noir de haine, Lyanna se leva de sa chaise, et se pencha sur la table en posant ses mains dessus, menaçante.

"Si tu commets l’erreur de nous trahir, je te promets que rien ni personne ne pourra te protéger de moi. Je me ferais un plaisir de te traquer, et de te torturer avant de t’éviscérer !"

Le truand recula dans son siège, angoissé.
Il se tourna légèrement vers Darren.
« Vous aviez dit que nous traitions en êtres civilisés. »
« Mais elle est très civilisée, là ! Vous tenez à la voir sous son jour habituel ? Vos hommes - que Dieu les accueille généreusement - en ont été les premiers témoins.»
Sa mâchoire trembla un peu.
« Il n’y aura pas de trahison. » promit-il directement à Lyanna, toujours allongé sur son siège dans l’espoir de creuser de la distance. « Tenez-vous loin de mes hommes et de mes établissements. Et le contremaître est à vous. Chaque jour... »
Il s’humecta les lèvres, le regard fuyant. Il cherchait désespérément un terrain d’entente avec Lyanna, craignant qu’elle lui saute au visage. Darren ne faisait strictement rien pour la calmer.
« Chaque jour, une messagère bien traitée viendra vous rendre compte. J’en fais...le serment ! »

Lyanna resta un moment sans bouger, fixant le Pendu comme un prédateur prêt à se jeter sur sa proie. L’homme promettait de ne pas les duper, il serait mal avisé pour lui de le faire s’il tenait à la vie. Et il semblait l’avoir compris. La guerrière finit par se rasseoir tranquillement sur sa chaise, sans se départir de son regard noir.
« Eh bien...j’ai l’impression qu’on vient de trouver un accord. » ponctua Darren avec un sourire moqueur. « Vous avez tout à gagner. Votre coffre et ne pas voir mon amie s’approcher de vos bourses. »
« Nous avons un accord. » assura-t-il.
Le militaire tourna son regard satisfait vers Lyanna, voir si elle validait à son tour. La jeune femme ne lâchait pas le Pendu des yeux pendant quelques secondes, avant de tourner la tête vers Darren en sentant son regard sur elle. Celui ci semblait attendre son accord. Elle finit par acquiescer d’un simple hochement de tête, sans prononcer un seul mot.
« On attends impatiemment votre messagère demain. Le retard ou la trahison vous coutera un bâtiment au hasard. »
« Nous sommes d’accord. » grommela le Pendu.

Il se leva en jetant la serviette sur la table et se dirigea vers la sortie sans les saluer. L’aubergiste cogna brusquement sur son comptoir d’une main, comme s’il toquait à une porte, et attira l’attention du truand. Il regarda le barman, dévia vers le binôme, puis soupira de honte en cherchant de quoi le payer dans sa poche.
Il disparut peu de temps après.

Le silence revint lentement.
Darren se mordait les lèvres, se retenant de rire. Il posa un regard amusé sur Lyanna et s’approcha d’elle pour chercher son contact.
« ...de te traquer, de te torturer, avant de t’éviscérer ? » lui demanda-t-il, hilare.

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
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√ Messages : 179

Sam 11 Avr - 1:23

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J'
observai le mâle partir presque la queue entre les jambes, ce qui me fit plaisir. Maintenant que je n’avais plus de contenance à garder, je me laissai aller sur la chaise. La fatigue et la douleur reprenaient le dessus, tandis que Darren se rapprochait de moi, amusé. A sa remarque, malgré l’épuisement, je le regardai dans les yeux en souriant.

"Quoi ? C’est vrai ! J’aurais bien voulu lui sauter dessus maintenant, j’en avais terriblement envie !"

« Ohhhh ma petite barbare... » ponctua Darren d’un air aimant. « Je t’ai piqué ton jouet ? »

Bien qu’étant en réalité amusée, je pris un air faussement contrarié.

"Oui ! Je voulais m’amuser !"

« Mais peut-être que le vilain Darren a piqué ton jouet pour, justement, avoir toute ton attention...rien qu’à lui ! » murmura-t-il avant de m’embrasser.

Le soldat se recula lorsqu’il entendit l’aubergiste s’approcher. Il nous proposa de dîner. Et même si ma gorge ne semblait pas d’accord avec cette idée, mon estomac ne le contredisait pas. L’homme promit de demander à sa femme, une excellente cuisinière, de me faire une délicieuse purée. Il n’en disait que du bien et m’assurait que je serai satisfaite de m’y être risqué. Pendant qu’il prenait commande, Darren choisissant visiblement de commander tout le stock, je vis Abelle s’installer à l’écart. Il était clair, vu ses petits coups d’oeil, qu’elle avait envie de nous rejoindre. Darren me prit de vitesse. Il s’était emparé d’une chaise à l’une des tables voisines et la disposa juste à côté de moi, me laissant le loisir d'inviter ma servante à dîner à nos côtés. Elle en fût touchée. Je lui souris, et je repris le cours de mon repas.

Darren ne tint pas parole cette nuit là. Nous étions trop épuisés et blessés pour penser à autre chose qu’un sommeil réparateur. Et malgré les douleurs de nos corps respectifs, nous ne voulions pas nous endormir autrement qu’enlassés l’un à l’autre. La nuit se ponctua de quelques moments agités. Je revivais parfois la scène de ma pendaison. J’étais déjà sujette aux cauchemars depuis que j’avais quitté mon monde, après avoir vu mon peuple se faire massacrer. Cette fois, c’était la vision de ma propre mort qui me tourmentait l’esprit et me réveillait la nuit. Ou bien je sursautais brusquement lorsque je confondais une longue expiration avec une apnée de sommeil. A chaque fois, je me réveillai paniquée, me demandant où j’étais, si je n’étais pas en danger. Mais à chaque fois...Darren était là.

A l’image de notre lutte ensemble, de toute cette expérience qui nous avait rapproché et lié, il s’éveillait dès que j’étais arrachée de force au sommeil. Même d’une voix brisée, le visage déformé par la difficulté à émerger, il commençait toutes ses phrases par : « Ce n’est rien, je suis là... » Ses paroles et sa présence eurent le don de calmer mes craintes, et je réussissais à me rendormir dans ses bras.

Nous avions trois jours de répit pour nous reposer et nous préparer à la prochaine bataille. Je sentais que Darren s’en voulait encore beaucoup de ne pas avoir été là au moment où j’avais perdu pied. Mais peut-être par humilité ou respect, il gardait ses doutes pour lui, ne changeant rien à ses attentions quotidiennes. Il ne tenait pas à m’envahir et devenir un pot de colle dans le piège trop évident de la surenchère. Il ne fallait pas compenser. Il se montrait simplement présent, comme toujours.

Le lendemain, il me laissa à mes exercices habituels, et l’on partagea le bain ensemble. Abelle s’était approchée pour remplir son devoir de servante. Mais mon partenaire avait poliment refusé, prétextant que pour les trois jours qui venaient, nous serions les servants de l’un et l’autre. Cette journée se déroula dans un enchaînement de siestes, de repas, et de discussions anodines. Une journée des plus classiques qui échappait à la violence. Nous en avions tous les deux besoin. Ce qui rendait le moment pénible et ennuyant pour une personne extérieure à notre aventure ne l’était vraiment pas pour nous. Nous étions...en paix, temporairement.

Le Pendu m’envoya sa première messagère. C’était une jeune femme en bonne santé, bien habillée, à l’élocution claire. Elle n’avait pas cherché Darren, seulement moi, pour m’expliquer que son patron ne connaissait pas encore le lieu attendu dans trois jours. Mais comme preuve de sa volonté de ne pas venir les mains vides, il avait fait faire un portrait du contremaître à main levée, sur une feuille, pour avoir confirmation que nous parlions bien de la même personne. Le tueur de Virgil. L’homme qui avait réussi à filer. En voyant son visage, la rage m’envahit à nouveau. Il me tardait de lui tomber dessus et de lui faire payer ses actes. Et aussi, de récupérer le médaillon, bien sûr.

La messagère promit de revenir le lendemain. En attendant, l’auberge prenait une activité intense. Le bruit circulait que les “libérateurs” dormaient ici. Les villageois allaient régulièrement dîner dans l’espoir de nous croiser et nous faire part de leurs remerciements. L’attention des mères de familles, de soeurs et de grands-mères me touchaient. Mais j’étais également accostée par des mâles qui me “demandait ma main”. Voir le premier homme m’approcher en voulant me tenir la main et en m’adressant la parole me prit au dépourvu. Et avant que je ne puisse soit le frapper, soit le faire déguerpir d’un coup de pied, il était déjà partit. Mais voilà qu’un second mâle fit la même chose. Puis un troisième. Au quatrième, je lui hurlai dessus, et il s’empressa de fuir. Je ne comprenais pas ce qu’ils m’avaient voulu, mais ces mâles m’avaient mise en colère. Je me tournai alors vers Darren qui était resté étrangement silencieux depuis la venue du premier homme.

"Mais, qu’est ce qu’ils ont, ces mâles ? Ils sont suicidaires ? J’ai failli tuer le dernier. Pourquoi me demandaient ils ma main ? Pour danser ? Je ne sais pas danser !"

« Y’a un peu de ça, ouais, suicidaires ! » maugréa-t-il d’un air sombre que je ne lui connaissais pas.

Il enfonça ses mains dans les poches, bougon, puis ajouta :

« Mais quel bande de tocards ! Ils viennent après la bataille les mecs... »

D’ailleurs, à ce sujet, un type émergea de la foule avec une tenue tirée à quatre épingles. Ils tenaient un bouquet composé d’une main et un paquet de l’autre. Lorsqu’il croisa mon regard, il m’adressa un très beau sourire. Darren, lui, le fusilla d’un regard mauvais. Le voir utiliser un bouquet de fleur garni le mis hors de lui.

« Tiens ! T’en voilà un autre... » grogna-t-il en le regardant. « Mmmffff ! Il va te dire ce que c’est de vouloir ta main... »

L’attitude de Darren me surprit beaucoup. Je ne l’avais jamais vu aussi bougon, comme si quelque chose le dérangeait. Et c’était bien la première fois qu’il ne répondit pas à une question que je me posais par curiosité. Avant que je ne puisse lui demander ce qui se passait, un autre mâle arriva vers moi, celui qui était désigné par le soldat. Effectivement, un paquet dans une main, des fleurs dans l’autre, et le prétendant était tout sourire. Comme avec les autres, j’en perdais mes moyens tellement j’étais perdue par leur comportement. Ces mâles n’étaient donc pas au courant que j’adorais tuer les hommes pour le plaisir ? Le mâle mit même un genou à terre, et me tendit ses présents, tout en me demandant lui aussi ma main. Comme Darren ne m’avait pas répondu, je dus me faire violence et m’adressai à celui qui était toujours à genou devant moi. On pouvait lire une certaine irritabilité dans ma voix et ma posture.

"Qu’est ce que vous avez tous, à me demander ma main ? Ca veut dire quoi ? Je n’apprécie pas de toucher un mâle, alors qu’est ce qui vous fait croire que je vais vous donner ma main ?"

« Lyanna la Juge ! Beauté sans pareille ! Je vous demande en épousailles ! Je me ferai le plus beau, le plus tendre et le plus aimant de tous les maris d’Hestevic ! »

Darren éclata d’un rire mesquin. Il se tût aussitôt que mon regard rencontra le sien.

« Voilà, tu as un nouvel amoureux, “beauté sans pareille”. » me dit-il, un brin d’acidité dans la voix.

Autant dire que la réponse du prétendant me scotcha sur place. J’en perdis même la parole, incapable de savoir si je devais le tuer sur le champs ou l’épargner. Il voulait être mon époux ? Il était sérieux ? Les autres mâles avaient donc voulu la même chose ? Darren éclata alors de rire avant de me parler. Quelque chose n’allait pas du tout chez lui, mais je ne savais pas quoi. Il se comportait vraiment de manière étrange depuis toute à l’heure. Je lui lançai un regard d’incompréhension, avant de secouer la tête pour reporter mon attention sur le mâle.

"Heu … je vais essayer d’oublier tes paroles avant que mon épée ne s’abatte sur ta tête … et … tu devrais en faire autant, si tu tiens à ta vie" lui dis je d’une voix un peu tremblante, ce mâle avait réussi à me déstabiliser.

Mon prétendant avala difficilement sa salive. Ses yeux partirent dans tous les sens, son esprit cherchant frénétiquement une nouvelle phrase d’accroche pour récupérer le coup. Il me tendit son bouquet de fleurs. Je secouai la tête pour le chasser, en espérant qu’aucun autre mâle ne m’approche avec cette idée en tête.

"Allez, déguerpis tout de suite. Et va dire aux autres que j’ai quelqu’un dans mon coeur, et que si je devais devenir l’épouse d’un mâle, ça serait lui qui aurait le droit de … demander ma main" lui lançai je courroucée, en utilisant les mêmes termes que je venais d’apprendre.

« Il ne vous mérite pas...mais soit ! »

Il était vraiment prétentieux, celui là. Après que le prétendant soit parti, je me retournai vers Darren, un peu échauffée par cet entretien vraiment étrange.

"Tu as entendu ça ? Ils sont cinglés sur ce monde. Moi, devenir l’épouse d’un mâle ? Dis moi que je suis entrain de faire un cauchemar !"

« Ca va, ça va ! N’en rajoute pas ! » maugréa Darren.

La réaction du soldat me fit froncer les sourcils. Je ne comprenais pas ce qui avait pu le froisser dans mes paroles. Darren récupéra le bouquet de fleurs que mon prétendant avait posé sur la table en partant, espérant que je le récupère et pense probablement à lui. Comme s’il laissait une marque de son passage pour me faire douter de mon choix. Je vis le militaire s’approcher de la grande porte par laquelle il était sorti et jeter le bouquet dehors avec négligence, sans se méfier si quelqu’un allait le recevoir dans la figure. Ce qui me surprit beaucoup. Pourquoi jeter ces fleurs ? Ce n’était qu’un bouquet. Le comportement de Darren était de plus en plus étrange.

Pourtant, il avait bien entendu ce que j’avais dis, concernant la personne qui occupait mon coeur et mes pensées. Je voyais qu’il l’avait intégré mais une lueur colérique demeurait tout de même dans son regard. Il revint devant la table où il était, récupérant sa coupe pour prendre une gorgée d’un alcool doux. Pourtant, en sentant mon regard insistant, mon incompréhension, il la reposa aussitôt parce qu’il n’avait pas soif.

« Excuse moi, Lyanna. Je suis désagréable avec toi et tu n’as rien fait pour le mériter. C’est juste que... »

Il fit la grimace, regardant en direction de la porte, comme s’il craignait qu’un nouveau mâle y apparaisse.

« Je suis juste...jaloux. »

J’eus enfin une explication, même si je ne savais pas ce qu’était la jalousie. N’ayant jamais eu à posséder quelque chose, ou avoir droit à quelque chose, cette notion m’était étrangère. Je venais d’un peuple solidaire qui partageait tout.

"Jaloux ? C’est quoi ?"

Darren chercha visiblement à trouver un moyen de m’expliquer sans me perdre. Il avait visiblement du mal jusqu’à ce qu’une petite étincelle brille dans son esprit. Le militaire me tendit la main, agitant ses doigts pour réclamer la mienne. Je m’assis à côté de lui, et lui donnais ma main. A ce moment là, il posa son index et son majeur sur mon avant-bras, matérialisant un bonhomme qui marchait sur ma peau. Je l’observai faire, tout en me demandant pourquoi il posai ses doigts de cette manière sur mon avant bras.

« Un petit Darren découvre une belle Amazone très colérique qui veut le tuer. Mais Petit Darren pense qu’elle a un très joli coeur derrière cette montagne de haine. Alors...il fait des efforts pour gravir la montagne. »

J’eus un petit sourire en écoutant les explications du soldat, comme une enfant à qui on racontait une histoire. Bien que je ne voyais pas le rapport avec la jalousie, je continuai de l’écouter, amusée, et le regardai bouger ses doigts comme s’il faisait avancer un petit personnage. Son bonhomme commençait effectivement à gravir mon bras, il mimait la difficulté, tombait mais revenait aussitôt à la charge. Comme un enfant, Darren mimait des “hops” d’efforts et des “poufffffs” essouflés pour matérialiser toute l’énergie que son bonhomme fictif déployait pour grimper.

« Et puis, lorsque Petit Darren parvient enfin au sommet, il montre à sa belle Amazone tout le bonheur qu’elle mérite ! Dont elle a le droit de vivre auprès d’un mâle. Lui ! »

Le bonhomme était désormais assis sur mon épaule, battant de ses fausses jambes dans le vide d’un air enfantin, visiblement content d’avoir atteint le sommeil de la “montagne”. Mais son autre main vint dessiner un autre bonhomme qui provenait de l’autre épaule, avançant au même niveau sans avoir gravi la pente.

« Et là, GROS PIGNOUF vient avec sa belle petite gueule, un bel habit, et un bouquet de fleurs que SEUL Petit Darren en faisait sa signature - parce que c’était son idée, hein, quand même ! - se radine après tous les efforts. Profitant que la Belle Amazone découvre ce nouveau monde de sentiment, il vient proposer les siens, en faisant croire qu’il est meilleur ! »

L’intrus donna une pichenette au Petit Darren qui lui avait escaladé l’épaule. Le bonhomme tomba dans le vide en secouant affreusement les jambes, le militaire mimant son cri de détresse devenant de moins en moins audible à mesure qu’il s’enfonçait dans le vide. un bref silence puis un écho d’un terrible fracas. L’intrus, quant à lui, se posa sur mon épaule exactement de la même façon que Petit Darren en battant de ses fausses jambes. Il lui avait pris sa place.

« Parce qu’il existe toujours un risque qu’un nouveau prétendant vienne voler le coeur de la Belle Amazone. La détourner de Petit Darren, parce qu’elle serait charmée à l’idée de découvrir une autre façon, une autre personnalité qui l’aime. Comme GROS PIGNOUF par exemple.»

Il me sourit avec un air carnassier.

« Et ça, ça me fout en rogne !!! Alors que je ne devrais pas, que je ne veux que ton bonheur. C’est ça, la jalousie, Lyanna. S’énerver, par peur de perdre celle que l’on aime, quand un prétendant plus beau, plus jeune, plus doué, ose se proposer. »

A la fin des explications de Darren, le sourire amusé que j’avais eu depuis le début de son histoire s’effaça complètement, alors que je compris la signification du mot “jalousie”. Par son récit imagé, le militaire m’annonçait qu’il était jaloux d’avoir vu ces mâles me faire la cour pour me séduire et me demander en épousailles. Il craignait me perdre. Je fus touchée par son attention, et par ce nouveau sentiment qui démontrait qu’il tenait à moi. Alors, j’attrapai sa main qui était toujours perchée sur mon épaule, représentant le fameux Gros Pignouf, et le retirait de là, imaginant le fait que je retirais ce personnage de ma vie. Je plongeai mon regard dans le sien. Un regard doux. Un regard attentionné.

Je comprends mieux pourquoi tu as réagi comme ça".

Je me mordis la lèvre, tout en serrant doucement la main de Darren dans la mienne.

"Mais tu n’as rien à craindre. Je n’ai pas envie d’être avec un autre mâle. Même s’il m’offre des fleurs ou des présents. Tu sais bien que je hais les mâles. Toi … tu es différent. J’aime être avec toi. J’aime les moments qu’on passe ensemble. J’aime quand tu me fais découvrir ce que je ne connais pas. Je ne veux pas être avec un autre".

J’embrassai tendrement Darren, avant de plonger à nouveau mon regard dans le sien, laissant mon visage tout près de celui du soldat.

"Je veux être avec toi" lui murmurai je.

« Lyanna.» fit-il d’une voix pleine d’émotions. « T’es en train de dire que tu m’aimes, là. Tu sais ?»

A ces paroles, j’eus un léger recul en réfléchissant aux paroles de Darren. C’était donc ça, l’amour ? Non, impossible. J’étais seulement attachée à lui, rien que ça. Il n’y avait pas plus. Il ne pouvait pas y avoir davantage. Le soldat m’avait déjà avoué qu’il m’aimait, mais moi, je ne m’en sentais pas capable. Mes déclarations traduisaient elles forcément un sentiment d’amour ? J’étais perdue dans mes sentiments, et je secouai la tête comme si je venais de commettre une faute. Je devais absolument rétablir les choses sur le fait que je n’étais pas amoureuse de Darren. Mais ne l’étais je pas au fond de moi ?

"Moi ? T’aimer ? Toi ?" commençai je à dire en m'emmêlant les pinceaux. Je rougissais malgré moi.

"Non non … ce que je veux dire … c’est que … enfin … je … c’est juste que … je suis juste attachée à toi, c’est tout … heu … je ne t’aime pas … enfin si, je t’aime bien … mais non, je ne t’aime pas comme ça … je veux dire ..." dis je en m’enfonçant de plus en plus dans mes explications de mauvaise foi, pas du tout convaincantes.

Darren ria doucement en m’observant. Il finit par me faire taire en me posant un doigt sur les lèvres, m’interdisant par ce geste doux d’ajouter quoi que ce soit. Puis il m’embrassa longuement pour conclure cette discussion.

Quelqu’un se racla la gorge pour nous interrompre sans la moindre gêne. Un vieux monsieur barbu, avec un paquet...et un bouquet de fleurs… En le voyant, j’ouvris de grands yeux surpris, pendant que de son côté, Darren éclata de rire. Voilà que maintenant, c’était un vieillard qui me demandait en épousailles. J’avais raison, les mâles de cette planète étaient complètement cinglés. Je lui lançai un regard noir, menaçant. Celui ci aurait presque pu donner une crise cardiaque au vieux prétendant. Malgré mon précédent malaise avec Darren en parlant d’amour, je décidai d’en jouer pour faire fuir le vieux.

"Va-t-en tout de suite, mâle, tu me déranges avec mon époux !" lui lançai je sur un ton mauvais pour me moquer de lui. Fière de ma plaisanterie, un sourire aux lèvres, je le regardai s’enfuir avant de s’en prendre une.

Darren le regarda fuir avec un sourire satisfait, il donnait l’air d’un gamin à qui on avait offert une douceur.

« Merci…”mon épouse”. »

L’aubergiste était aux anges d’avoir autant de clients. Mais en remarquant que je subissais pratiquement un harcèlement, que c’était la soirée des demandes en mariage, je me sentais de moins en moins à l’aise avec les hommes qui dinaient là. L’aubergiste me proposa d’occuper le futur bureau d’Heimda et de m’y restaurer. Je conservais ainsi ma tranquillité et ne voyais que Darren et Abelle pendant mon repos. Ce qui me fit beaucoup de bien, j’en avais assez d’être entourée d’autant de mâles. Surtout ceux qui me regardaient ou venaient me parler. Mes instincts reprenaient peu à peu le dessus, cet isolement fut donc bénéfique pour moi.

Cette première journée s'était conclue étrangement. Parce que Darren avait tardé à monter se coucher et qu’il s’était montré étrangement distant. Il répondit à mes rares questions de façon détournée, me cachant clairement quelque chose. Mais il souriait, blaguait, comme s’il n’y avait rien de grave. Je m’inquiétais, mais Darren ne fit rien ou ne prononça aucune parole qui me rassurait. Je me contentai seulement de le regarder en fronçant les sourcils, en silence. Parfois, lorsque j’insistais, il me demandait d’être patiente.
Notre sommeil fut bien plus agréable et réparateur cette fois.

Le lendemain, Darren était encore plus étrange. Il me proposa un bain ensemble, mais il ne se fit pas aventureux. Ca faisait au moins deux jours qu’il n’essayait plus de me tenter. Non pas que je me sentais prête à passer à l’acte, loin de là. Mais ses caresses et ses baisers me manquaient. Tout comme cette agréable sensation qui m’avait envahi la dernière fois, alors que je découvrais ces nouveaux plaisirs en laissant le soldat explorer mon corps. J’ignorais pour quelle raison mon partenaire ne venait plus me toucher comme ça, et hésitante comme je l’étais, je n’osai pas faire le premier pas. Darren ne cessait de regarder sa montre en me disant que j’avais un “rendez-vous”. Qu’il avait une surprise pour moi. Avant, il comptait m’entrainer au marché pour que je me choisisse un nouveau vêtement qui me plairait. Il tenta de me faire comprendre que ce n’était pas pour se battre, que je devais le choisir juste pour me sentir “bien”. Et que l’on rentrerait à l’auberge pour la surprise. J’ignorais de quoi Darren voulait parler avec cette histoire de surprise, je ne savais pas à quoi m’attendre avec lui. Il savait se montrer très mystérieux. Et comme il me demandait de choisir une tenue qui n’était clairement pas destinée à me battre, je me rabattis sur un simple haut en tissu, avec une jupe douce au touché. Ce n’était pas le même tissu que d’habitude, celui ci était plus léger.

Nous retournâmes à l’auberge, puis dans la chambre pour que je puisse me préparer. Je m’habillai avec la nouvelle tenue, tout en me regardant dans le miroir. Les hématomes étaient toujours visible par ci par là, mais mon éraflure sur mon visage disparaissait lentement. L’arcade sourcilière était refermée, il n’y avait quasiment plus aucune trace. Quant aux marques de strangulation, elles étaient encore présentes, d’une couleur violette foncée. Mais c’était moins prononcé qu’au début. Elles aussi, commençaient à s’effacer. Au moment venu, une fois prête, Darren me prit la main et m’entraina vers la salle commune de l’auberge.

« Tu es ravissante ! » me dit-il en me tenant la main.

Je souris à ses paroles, en rougissant légèrement.

"Merci. Je voulais prendre une robe, mais aucune n’allait avec mes bottes. Et toi ? Tu n’as pas pris de nouveaux vêtements ? Ta veste est déchirée".

« C’est vrai, j’aurai dû. Tu me choisis une tenue demain ? »

Il sourit en rectifiant :

« Et attention : un pantalon, pas une jupe ! »

Je secouai la tête, hésitante.

"Je n’ai jamais choisi de vêtement pour un mâle. Je pense que tu serais très déçu par ce que je déciderai. Il vaut mieux s’en abstenir. Fais le toi même".

« J’aurai toujours le reste de mon uniforme si tu fais les mauvais choix. » me dit-il en m’étreignant les épaules. « Tu ne vas quand même pas passer à côté de l’occasion d’habiller un mâle à ton goût ! Qu’il soit bon ou mauvais, ce sera amusant ! »

Je réfléchis aux paroles de Darren, mais je ne me voyais pas du tout habiller un mâle, même s’il s’agissait du soldat. D’humeur taquine, je lui souris et le provoquai.

"Attention. Si tu veux vraiment que je m’occupe de t’habiller, je vais finir par choisir la solution la plus simple : te laisser sans un seul vêtement !"

« Il faudra venir me les enlever...dans un moment intime. » rétorqua-t-il dans un murmure badin. « Mais dans ce cas, je m’attaquerai aussi aux tiens. Qui finira nu avant l’autre ? »

"Tu ne devrais pas me défier. Tu vas perdre" lui lançai je en souriant.

« Tu ne devrais pas me sous-estimer. J’ai de meilleurs armes que mes poings. Tu vas “adorer” perdre ! »

La porte était fermée, interdisant l’arrivée du public. C’était la première fois que je voyais le bâtiment clos, mais cela n'inquiétait pas Darren. Au contraire, il était excité, impatient.

« Voilà, nous y sommes enfin... » me dit-il avec un sourire adorable. « C’est derrière cette porte, tu vas entrer. Je te demande un service...tu seras soudainement surprise par du bruit. Je te promets qu’il n’y a aucune menace alors...laisse tes épées où elles sont. D’accord ? »

Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas du tout ce que cherchait à faire Darren. Il m’inquiétait de plus en plus, malgré son sourire qui se voulait rassurant. Mais avec le comportement récent et étrange du soldat, j’avais de quoi me poser des questions. Me dire qu’il n’y avait aucune menace de l’autre côté de cette porte ? Mais pourquoi devrait-il y avait une quelconque menace ?

"Attends, de quoi parles tu ?" lui demandai je au moment où je poussai la porte.

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Ven 24 Avr - 23:22

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Le Soldat ∞ L'Amazone
LLe soldat avait eu un mal fou à tout organiser en secret.
Pour le peu de repos qu’ils avaient, il avait été contraint de caser ce moment en plaçant l’aubergiste et Abelle dans la confidence. En étant aussi proche de l’Amazone, c’était devenu dur de lui faire des cachotteries sans qu’elle n’ait la puce à l’oreille. Malheureusement, elle ne pouvait pas se dire que le secret cachait quelque chose de sain, ce qui la rendait encore plus motivée à creuser la question.

Clive s’était senti mal à l’aise lorsqu’il avait fallu lui mentir, enrober la vérité, pour préserver le secret. Il aurait fini par lâcher le morceau et se confondre dans de très longues explications si la servante n’avait pas été là pour le soutenir. C’était un trésor, une personne volontaire douée d’une belle âme. En apprenant son projet, elle avait fait des pieds et des mains pour le seconder. Jusqu’à ce moment T où Lyanna poussa cette porte.

Un fracas soudain d’un ensemble de voix tonna vers elle. Un « SURPRISE !!!!!!!! » assourdissant provenant d’un ensemble de femmes réunies au fond de la salle commune. Cela surpris effectivement Lyanna qui eut alors un mouvement de recul. Et si son envie première avait été de se saisir de son couteau, elle se retint au dernier moment, se souvenant des pariles de Darren. Elle pénétra dans la salle en regardant partout autour d’elle. C’était la première fois qu’elle voyait tout ça.
L’endroit avait été décoré pour ce moment précis, avec des fleurs et des ornements de papiers colorés. En hauteur, une grande banderole avait été accrochée, un message inscrit en peinture noire qu’elle ne pourrait pas décrypter.

Abelle était à la tête d’une trentaine de jeunes femmes, tout sourire et bien vêtues, qui l’applaudissait chaleureusement. L’aubergiste avait disposé sur son bar divers fût d’alcool et de jus de fruit tandis que sa femme disposait encore des mets appétissant sur les différentes tables. Et dans un coin discret formant une légère estrade, le dernier projet d’Abelle visant à intégrer un mini-théâtre pour animer le dîner des clients, quelques musiciens, malheureusement hommes, lancèrent une mélodie douce. Un air agréable en fond sonore.

Darren était derrière elle, tandis que Lyanna observait la banderole sur laquelle était écrit quelque chose qu’elle ne comprenait pas.
Le militaire s’avança un peu pour poser son menton sur la surface de son épaule, puis il glissa dans son oreille :
« Il y a écrit dessus : Joyeux Anniversaire ! »
"Joyeux anniversaire ?" répéta-t-elle dans un murmure, comme si elle ne le croyait pas.
Darren avait eu cette idée au beau milieu de la nuit précédente, peu de temps avant de faire toutes ces cachotteries, pour rassembler dans cette pièce toutes les femmes que Lyanna avait sauvé. Les prostituées notamment. Celles qui avaient changé de vie et se montraient dans leurs nouvelles tenues, leur nouvelle existence, lui prouver qu’elles avaient su saisir leur chance.

Il y avait même la vieille Apothicaire qui remuait doucement les mains pour l’applaudir malgré ses doigts crochus. Darren avait supposé - et Abelle avait validé - que l’Amazone pourrait être très gênée avait d’être curieuse. Alors tout le monde avait reçu la consigne de ne pas aller vers elle et d’attendre son approche. L’assemblée se divisa naturellement par petits groupes et commença à discuter gaiement tout en sirotant les verres que remplissaient consciencieusement l’Aubergiste. Lyanna ignorait pour quelle raison Darren avait eu cette idée. Elle dévisageait quelques personnes, avant de regarder le soldat. Voir autant de monde si soudainement la mettait un peu mal à l’aise.

"Mais … pourquoi ? Pourquoi tout ça ?"
« On fête tes vingt-huit ans. C’est ton anniversaire “surprise”. »
Ce qui l’avait définitivement convaincu tenait en l’idée qu’il voulait que son amie vive ça. Le principe pourrait être mal pris quand on se disait que Teyla était probablement en prison pendant ce temps, interrogée pour des méfaits qu’elle n’avait pas commis. Et qu’Heimda était toujours enfermée dans son ordre secret.
Mais avec tous les risques qu’ils couraient. La probabilité bien légitime de perdre la vie lorsqu’ils repartiraient au combat le surlendemain. Lyanna méritait de connaître un anniversaire. Abelle avait été de son avis dès qu’elle avait appris que cette notion lui était étrangère.

Ils étaient tous là pour elle.

Son vingt huitième anniversaire ? Lyanna pensait que Darren avait plaisanté en parlant de ça. Ou bien que ça se passerait sur Atlantis. S’ils y retournaient un jour, bien sûr. Alors, pourquoi maintenant ?

"Pourquoi maintenant ?"
« Parce qu’on en a l’occasion. Et qu’on tiendra probablement pas debout après notre prochaine bataille alors... » répondit-il avec malice.
Son sourire s'agrandit.
« Mais on peut tout arrêter, hein ! Je leur ai donné un code pour ça, il suffit de crier “foutez-le camp !!!”. »

"C’est tentant" dit elle à voix basse, encore submergée par cette surprise qui la mettait mal à l’aise.

Avec Darren à ses côtés, Lyanna s’avança, ne sachant pas vraiment quoi faire dans ce genre de … fête. Intimidée, elle, la guerrière impitoyable, elle resta près du soldat, ne voulant pas s’éloigner de lui le temps de prendre ses marques.

Le malaise initial était inévitable.
Les deux parties s’observaient dans le blanc des yeux, la gêne renforcée par le fait que personne ne se connaissait, ce qui retirait la part amicale de la fête. D’ailleurs, la mélodie du groupe de musique finissait par donner un air d'ascenseur avec trois individus se lorgnant, accusateurs, après l’accident d’un pet foireux. Darren aurait pu songer à faire son anniversaire en comité réduit mais il s’approchait d’un dîner en tête à tête qu’il conservait jalousement de côté, lorsqu’ils seraient tous les deux sur Atlantis, loin de cette galère.

Le militaire affichait un air certain et pleinement convaincu en l’attirant avec lui. Mais il craignait intimement avoir grillé les étapes et cherché trop loin l’expérience de son amie. Avec les libertés qu’il avait gagné auprès d’elle, il oubliait parfois tout le chemin qu’elle avait fait en presque deux semaines. Et il s’emballait, ça avait toujours été un de ses gros défauts.

Le salut provient de l’une des filles qui brisa la règle en venant directement à sa rencontre. Elle commença par se présenter poliment et lui demander si “La Juge” était véritablement un nom de famille comme on commençait à l’entendre supposer. Ou s’il s’agissait d’un surnom.
Et puisque Lyanna ne l’éborgna pas dans une terrible effusion de sang, deux autres filles vinrent l’entourer, lui proposant de prendre un verre avec elles, et de leur raconter comment elle était devenue une guerrière si douée. Si au début, Lyanna avait paru surprise, en se crispant de voir autant de personnes autour d’elle, le fait de se retrouver à discuter avec des femmes la calma lentement. Elle répondit aux questions que les invitées lui posaient, comme le fait que “la Juge” n’était pas son nom, mais un surnom que les mâles qu’elle combattait sur ce monde lui avait donné parce qu’ils étaient terrifiés par elle.

Darren avait glissé de ne pas creuser son passé. Tout le monde avait respecté la consigne et cette question n’était pas orientée. Lyanna se retrouva donc plongée dans une conversation de femmes à femmes, ce qui fit reculer Darren de son champs de vision.

« Vos armes sont belles ! Vous les avez acheté à un forgeron ? Ou pris en trophée d’une conquête peut-être ?!? »

Lyanna fixa la personne qui venait de lui poser une question. Elle ne la reconnut pas, mais il s’agissait sans doute d’une des prostituées qu’elle avait aidé.

"Elles m’appartiennent. Je les ai forgée moi même, sur mon monde".

L’une des jeunes femmes lui passa une coupe contenant un breuvage, probablement de l’alcool. Mais, il était doux, et en le goûtant, Lyanna constata qu’elle l’aimait bien.

La conversation devint de plus en plus animée. Lyanna fût abordée par petits groupes et elle apprit à connaître les jeunes femmes. On lui raconta que certaines n’avaient pas vu d’un bon oeil la fermeture du bordel et avaient refusé de venir. Mais c’était une minorité sur une cinquantaine de filles très reconnaissantes. Lyanna fût sûrement surprise d’apprendre, au cours de ses échanges, qu’elle rencontrait une chanteuse. Une étudiante en médecine. Une administrative. Dans le lot, une était jeune maman de jumeaux. L’autre s’occupait de ses vieux parents dépendant à ses soins.

Forcément, la curiosité qui emporta Lyanna la poussa à comprendre ce qu’il s’était passé. Après le petit malaise que sa question suscita, on lui expliqua que le Pendu proposait une bonne somme d’argent en guise de prêt aux familles pauvres. Et une fois qu’ils l’avaient utilisé, dans l’incapacité de le rembourser, il contraignait la plus belle femme du logis à vendre son corps. La valeur du remboursement n’était jamais communiquée et il semblait ne jamais pouvoir être atteint.

« Les hommes du Pendu me chassaient. Ils voulaient me récupérer. Mais je ne sais pas pourquoi, d’un coup, comme ça, il n’y avait plus personne à mes trousses. Magda et Doriss m’ont dit qu’il leur était arrivé la même chose. C’est un cadeau du Seigneur ! »
« Ou bien ça a un lien avec la charmante discussion que Lyanna a eu avec ce gentil Pendu. » ironisa Darren en passant à côté du groupe.
Le militaire s’était éloigné, voulant lui laisser tout le plaisir d’apprécier ces échanges et la reconnaissance de l’assemblée.

Le temps s’écoula. Quelques unes des filles tentèrent d’amuser leur héroïne, elles lui racontèrent leurs histoires, ou le vécu de cette nuit de l’assaut. Une fille se tapotant le coeur lui expliqua qu’elle avait eu peur qu’un démon soit sorti des entrailles du bâtiment pour les tuer. Que le coup de tonnerre était le tambour des enfers.
Et petit à petit, la salle commune se clairsema. On disait au revoir à Lyanna par des gestes de la main et des remerciements sincères. Bientôt, il ne restait plus qu’Abelle et le tavernier.

La soirée était bien engagée. Le gérant refusa d’ouvrir son échoppe, ce qui permettait à l’Amazone de profiter entièrement de l’endroit sans qu’aucun client ne soit là. Abelle, Lyanna et Darren dinèrent ensemble. On leur avait servi un véritable festin et lorsque le dessert arriva, il était surmonté de vingt-huit bougies. La servante avait eu toutes les peines du monde à les tailler au couteau et trouver une place sur le gâteau sans le faire disparaître. Les fines petites bougies de la Terre n’existant pas ici.

Le militaire en profitait pour lui expliquer que c’était comme ça que l’on fêtait son année révolue. Et que l’on soufflait fort sur les flammes pour les éteindre. Il chantonna lui-même, seul, joyeux anniversaire. Même si cela tendait à le rendre un peu stupide. Mais il y tenait. Lyanna dévisagea Darren comme s’il était possédé par le diable, devenu fou, à chanter comme ça tout seul, un air que ni Abelle ni elle ne connaissait. La guerrière ne savait pas si elle devait être amusée ou apeurée.

"Tu sais que tu chantes faux ? Je te l’ai déjà dit !"
« Tout à fait ! Je te casse les oreilles : Joyaaaaeuzzzaaaaaaa... »
Il s’arrêta rapidement lorsqu’elle commençait à se boucher les oreilles avec un air douloureux.
« Prête ? Trois, deux, un... »

C’était maintenant l’heure de souffler les bougies. Lyanna ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle prit une grande aspiration et essaya d’éteindre toutes les bougies. Bien sûr, elle n’y arriva pas en une seule fois.
Très taquin, Darren la fit marcher en lui assurant qu’il fallait absolument éteindre les bougies en une seule fois. Il les fit rallumer par le tavernier et, au troisième essai, Darren riait tellement qu’elle finit par comprendre.
"Tu fais exprès de rallumer les bougies pour m’obliger à toutes les éteindre !?" lui lança-t-elle, mais pas sur un ton colérique, mais plutôt amusée de sa bêtise.
« Oui ! Plus les années passent, plus c’est dur de les avoir du premier coup ! »
Prise dans le jeu, Abelle voulut essayer. Elle prit une grande inspiration et failli cracher sur le gâteau tant elle s’était foiré.
« Aux abris !!!! » avait gueulé Darren en se planquant derrière l’assiette qui plaçait en bouclier.

Lyanna était entrain de boire une gorgée dans sa coupe au moment où Darren avait crié. Elle faillit s’étrangler, toussant plusieurs fois pour reprendre son souffle. L’alcool aidant, même si elle était très loin d’être ivre, la jeune femme se détendait, un sourire aux lèvres. le soldat apprécia beaucoup de la voir en joie.

Ils rigolèrent un bon moment.
Le tavernier, qui était resté en retrait, fermait ses volets et se préparait à s’en aller. Abelle, elle aussi, baillait à s’en décrocher la mâchoire. L’oeil humide, elle s’excusa poliment et demanda l’autorisation de pouvoir disposer. Elle souhaita une nouvelle fois aimablement un joyeux anniversaire et monta les escaliers en les laissant seul.

Le gâteau avait pris une énorme claque.
Maintenant, ils se tenaient devant l’âtre de la cheminée, assis côte à côte sur un siège prévu pour une personne. Hilare, Darren lui avait dit qu’il ne prenait pas de place et il s’était glissé sur un coin, contorsionné comme il pouvait, pour l’avoir dans ses bras. Lyanna était dans l’autre coin du siège, ainsi bien blottie contre le soldat. Mais ce n’était pas très confortable.
« Encore une nouvelle expérience pour toi. Un peu perturbante. »
Il pencha sa tête pour atteindre la sienne d’un contact. Lyanna se retira pas, elle laissa également sa tête reposer contre celle du militaire, tout en l’écoutant.
« Ce serait à refaire, miss ? »

A sa question, la guerrière eut un petit sourire. Elle se sentait bien, détendue, apaisée. L’alcool circulait encore dans son sang, elle était légèrement pompette, mais cohérente. Elle se mordit la lèvre en acquiesçant d’un hochement de tête.

"Je veux bien recommencer. C’était amusant, même si j’étais mal à l’aise au début. Ca m’a beaucoup surpris, je n’ai pas l’habitude de ça".

Lyanna sourit.

"C’est donc ça, une fête ?"
« Oui. Mais ça aurait été mieux sur Atlantis avec des personnes que tu connais bien. Comme Teyla par exemple. Tu te serais mieux amusée. »
Il se contorsionna pour récupérer un paquet qu’il avait posé au pied du siège un peu avant. Une cordelette verrouillait le tout.
« Mais il manque une dernière chose. Tu vois, généralement, l’anniversaire se conclut par une offrande. On fait...comme ça... »
Darren lui plaça le paquet entre les mains.
« Joyeux anniversaire, Lyanna. »

Lyanna fronça les sourcils en regardant le paquet. Il était emballé pour qu’on ne voit pas ce qu’il y avait dedans.

"Qu’est ce que c’est ?"
« A toi de le découvrir... » répondit-il mystérieusement.

Lyanna défaisait, non sans mal, la cordelette du paquet. Puis, elle s’attaqua à l’étoffe qui l’entourait. Il avait eu du mal à l’obtenir. Il fallait que ce soit assorti à son équipement et que ça ne soit pas lourd du tout, robuste même. Darren attendit de la voir découvrir son cadeau. C’était une petite sacoche en cuir que l’on pouvait enchâsser à la ceinture. A l’intérieur se trouvait une bande de tissu, une pierre à aiguiser et une huile de nettoyage pour les lames. De quoi entretenir son armement, ses épées bien aimées.
Le militaire avait essayé de trouver quelque chose qui lui plairait à coup sûr. Il se disait que si son amie n’avait pas envie de le porter comme une pièce d’équipement permanente, elle pourrait toujours le garder dans ses quartiers pour les fois où elle aurait besoin du matériel. Ce n’était pas obligatoire de se balader avec.

C’est avec un léger sourire qu’il se fixait sur l’expression de son visage, attendant silencieusement de connaître sa réaction. Et lorsque Lyanna ouvrit le paquet, puis la petite sacoche qui se trouvait à l’intérieur, un sourire illumina son visage en découvrant ce que Darren venait de lui offrir. Un nécessaire pour entretenir ses armes. Depuis leur arrivée sur cette planète, elle avait du aller chez le forgeron pour s’en occuper. Et maintenant, grâce au soldat, elle pourrait s’en occuper où elle voulait, et quand elle voulait. La jeune femme était très touchée par ce cadeau, et elle serra l’objet contre elle, avant de regarder Darren, sans se départir de son sourire.

"Tu as pensé à ça ? C’est super ! Merci."

Lyanna embrassa tendrement Darren en passant ses bras autour de son cou pour se rapprocher encore plus près de lui, un geste qu’elle n’avait pas encore eu jusqu’à maintenant.

Le soldat apprécia longuement cette étreinte, fier du plaisir qu’il lui avait procuré.
Ca n’avait pas été évident mais cet anniversaire surprise était une réussite. Il l’embrassa, se laissa embrasser, se recula un peu en appréciant tous les détails de son visage.

« Regarde-moi ça, comme tu es belle. » murmura-t-il en passant son pouce sur ses lèvres. « Le sourire te va si bien... »

Le sourire de Lyanna s’agrandit un peu plus, ses joues rougirent légèrement. Darren se mit à la cajoler, conservant cette étreinte et lui partagea tout un tas de petites attentions. Le tavernier était déjà parti, il ne restait plus qu’eux devant la cheminée. Au bout d’un moment, alors qu’il faisait le pitre en la suppliant de le laisser chanter, il l’embrassa dans le creux de son cou. Ses mains s’étaient faites un peu plus baladeuse et le soldat se sentait d’humeur joueuse.

Au cours de sa taquinerie physique, il glissa le long de son dos en veillant à la faire frissonner, la tenter, jusqu’à s’aventurer subtilement à la limite de la décence. Il traçait alors une frontière sur le bas de ses reins d’un petit mouvement circulaire innocent. Darren avait vu juste dans ses gestes, Lyanna frissonnait sous ses agréables caresses. La position était très inconfortable et Darren décida de se lever. Par surprise, il emporta la jeune femme a sa suite et la colla le long de son corps, cernant sa hanche et se dandinant d’un pas sur l’autre. La guerrière eut un petit gémissement de surprise lorsqu’elle se retrouva debout, blottie contre le corps du militaire. Elle fut intriguée de le sentir se dandiner, ignorant ce qu’il faisait ni où il voulait en venir. De son côté, elle resta immobile, les mains posées sur le torse de Darren, ne sachant pas quoi faire ou comment réagir.
Le soldat se mit à fredonner une petite musique, cette fois sérieusement, en évitant de formuler des paroles qui pourraient rompre ce moment sensuel. Il l'entraîna doucement sur ce mouvement de balancier, devant le feu de la cheminée qui les éclairait, seuls dans ce salon.

« Une petite voix m’a dit qu’une belle brune ne savait pas danser... » lui murmura-t-il à l’oreille.

Il se remit à fredonner cet air lent et langoureux en l’attirant dans son mouvement. Ainsi donc, Darren voulait lui apprendre à danser. Les seules danses qu’elle connaissait, c’était les danses rituelles, qui n’avaient rien à voir avec celle là. Ici, c’était plus calme, tranquille. Petit à petit, Lyanna se laissa aller, essayant de faire comme le militaire. Elle dut baisser les yeux pour voir le mouvement de ses pieds, et savoir comment faire. Hésitante, elle n’osa pas trop suivre son rythme, craignant de mal faire. Mais elle avait oublié qu’elle avait un bon professeur.

« Hm-hm-hm...un pied après l’autre. Gauche, droite...gauche, droite...un, deux...tes bras autour de mes épaules... »

Suivant les instructions de Darren, Lyanna passa ses bras autour de son cou, ce qui la fit se blottir davantage contre lui. Ce simple contact l’électrisa, la faisant frissonner. Elle aimait ce simple contact, et elle ferma les yeux en se laissant bercer par le rythme de la danse. La jeune femme devint plus sûre d’elle, et réussit à suivre les mêmes pas que le soldat, sans jamais quitter ses bras, prisonnière contre lui.
Sa robe était fine, très douce.
En comprimant doucement ce délicieux petit corps de femme contre le sien, il sentait toute l’étendue de son être. La chaleur montait, il n’aurait su dire si c’était le feu ou le désir. Darren bougeait doucement ses mains le long de son dos, n’allant pas trop bas, en appliquant une très douce pression. Juste de quoi la piéger contre lui. Les yeux toujours clos, Lyanna se laissa guider, frissonnant encore sous les caresses de Darren. Sa respiration devint plus rapide. Son coeur se mit à battre plus vite. Elle se sentait bien là, sans les bras du soldat. Sur le moment, elle n’avait pas envie que cet instant cesse. Sans s’en rendre compte, poussée par un instinct qu’elle découvrait peu à peu dans ces instants d’intimité, elle caressa la nuque de Darren du bout des doigts avec beaucoup de douceur.

« Un, deux...hmm, la voix s’est trompée, cette beauté danse un slow avec moi... » lui dit-il avec sentiment, ce qui fit sourire la jeune femme qui leva alors la tête pour le regarder, en rouvrant les yeux.

Il attendit qu’elle lève sa tête vers lui pour l’embrasser. tendrement. Il ne voulait plus la lâcher, il ne voulait pas qu’elle se recule. Lyanna restait contre lui, incapable de s’enfuir si elle l’aurait voulu. Mais elle ne le souhaitait pas. Elle continua de répondre aux baisers de son partenaire. D’abord avec douceur et tendresse. Puis, avec un peu plus de passion. Elle se hissa alors sur la pointe des pieds pendant quelques secondes pour se coller un peu plus contre le corps du militaire. Ce dernier adorait sentir ses formes contre son torse, contre son bassin, un contact électrisant que seul ce vêtement de velour faisait odieusement barrage. Ca en devenait frustrant. Mais le soldat était patient. De quelques doigts, il accrocha le laçage au centre de sa poitrine et tira dessus pour le défaire du premier noeud.
« Oups... » fit-il d’un air faussement navré.

En sentant que le doigt de Darren s’aventurait vers le cordage qui serrait le haut de son chemisier, Lyanna baissa les yeux pour regarder sa poitrine, là où le soldat avait fait son office en s’excusant sans le penser. Ce simple geste aurait pu l’offenser, voir même la mettre sur la défensive. Mais la jeune femme se laissa étrangement faire. Elle sentit la chaleur l’envahir, en plus des frissons que Darren lui procurait par le biais de ses caresses. Oh non, elle n’avait pas envie de partir. Le souffle court, le coeur battant la chamade, elle ne s’opposa pas à lui lorsqu’elle le vit se pencher en avant.

Doucement, il se plongea dans cette direction, là où il avait causé une brèche sur le haut de sa poitrine. Il pouvait distinguer une partie de son sternum, et les lignes épurées de ses belles formes de femme. Il s’y approcha doucement et ne s’arrêta qu’à un quelques rares centimètres. Darren prit une inspiration puis il souffla très lentement, à un rythme régulier, pour que la caresse chaleureuse se glisse par la faille sournoise qu’il commençait à exploiter. Qu’elle parcourt la surface de sa peau en restant piégé par le vêtement.
La protection devenait le piège… Ce qui fit aussitôt réagir la guerrière qui se mordit la lèvre en frémissant. Sentir le souffle chaud de Darren sur sa peau lui procurait une délicieuse sensation, et cela ne fit qu’accélérer sa respiration. Le soldat put le constater d’ailleurs, en voyant le rythme rapide que faisait le soulèvement de sa poitrine à chaque respiration.

Lyanna n’avait qu’à se cambrer un tout petit peu, ou à appuyer sur sa tête, et le contact ne se ferait plus par le souffle.
Mais Darren, pris de désir, déposa un doux baiser sur le flanc de l’un de ses seins. Puis il s’attaqua au deuxième noeud.
« Quel maladroit ce Darren... » fit-il en ayant accentué l’ouverture. Ce qui fit sourire la jeune femme, amusée.

Pendant ce temps, l’une de ses mains s’étaient perdue sur le flanc de sa cuisse, profitant honteusement de la fente de la robe pour s’y glisser en un doux frôlement répétitif. Ses phalanges vinrent conquérir l’arrière de sa jambe et la relever lentement contre lui. Exerçant ce piège progressif. Lyanna poussa un autre soupir de surprise lorsque Darren souleva sa jambe. Elle s’accrocha un peu plus à lui pour ne pas perdre l’équilibre, même si le soldat la maintenait fermement de son autre main. Sentir son propre bassin collé contre le sien avait de quoi lui donner encore plus chaud.
Le visage de Darren redescendit vers la faille de sa poitrine. Lyanna ne repoussa pas le soldat, elle le laissa faire ce qu’il voulait, comme si elle était envoûtée en cet instant. Autant de proximité et de contact avec lui firent naître des sensations très agréables chez elle.

Darren commençait sérieusement à chauffer de son côté. Il avait été plus entreprenant, plus audacieux dans le contact qu’il imposait maintenant à sa partenaire. Par moment, il se mettait à perdre un peu les pédales, ivre de désir, et se faisait violence en se rappelant de la nécessité d’y aller doucement. Mais il avait tant envie de lui montrer l’étendue de ses sentiments, de tout lui montrer, jusqu’au bout. De lui arracher ce cri ultime et lui montrer que c’était tout à fait normal, qu’elle le rechercherait de nouveau à l’avenir. Et que c’était ça, la concrétisation d’une union sentimentale.

Mais ce n’était pas possible, pas maintenant, ça serait trop tôt. Très pénalisant. Même s’il parvenait à l’ensorceler et l'honorer pour conclure cette magnifique soirée, Lyanna ne le vivrait probablement pas bien quand la température redescenderait. Clive, toutefois, poursuivait un autre but en la tourmentant gentiment. Aller jusqu’au bout de l’échange par les simples caresses. Il l’embrassa langoureusement, la tête nichée dans sa poitrine, le bruit de son coeur actif et de sa respiration le renseignant efficacement.
Joueur, il agressa le dernier cordage de ses dents et trouva l’extrémité de la corde qu’il pinça entre ses lèvres. Puis, avec un regard taquin, il tira progressivement jusqu’à ce que ce dernier noeud cède et n’ouvre davantage sa tenue. Lyanna ressentit un petit frisson de froid lorsque l’air s’engouffra sous son chemisier, et en baissant les yeux, elle constata que le militaire était entrain d’agrandir l’ouverture qui lui donnerait davantage d’accès à sa poitrine. Là encore, de plus en plus envahie par le désir, elle ne l’arrêta pas dans ses gestes.

Darren continua de la garder prisonnière, l’une de ses jambes relevée, usant de son autre bras pour doser la pression et la garder contre lui. Il y eut bien un petit moment où il crut perdre l’équilibre et s’effondrer sur elle lamentablement. Mais le corps de sa partenaire semblait réagir à ce début de déséquilibre en le contrant de tressaillements. Les lanières sur ses épaules demeuraient les dernières attaches du haut de sa robe. Ultime résistance du tissu de velour qui refusait de découvrir la poitrine de sa partenaire, le vétement semblait narguer Darren qui y répondit par défiance. Il longea les formes de l’Amazone par de courts baisers jusqu’à atteindre cette bretelle droite qu’il chassa d’un coup de nez, la faisant pendre légèrement sur le côté. Puis il partit à l’opposé pour faire la même chose. Les pans du chemisier de Lyanna s’écartèrent, n’étant plus retenus par grand chose, dévoilant une partie du haut de son corps.

L’équilibre du vêtement vacilla, devint précaire, et les extrémités de Lyanna se transformèrent en derniers appuis à contrecoeur. Clive s’était légèrement retiré, réduisant l’étreinte pour creuser un écart entre eux malgré le fait qu’il lui soulevait toujours la jambe. Ce qui fit pousser la guerrière à gémir malgré elle de voir ce contact se rompre. Lyanna voulait retourner dans ses bras, contre lui, mais Darren avait autre chose en tête. Il savait bien que cette position allait finir par devenir inconfortable pour elle mais il voulait jouer encore un tout petit moment. Le soldat fixa l’Amazone d’un regard aimant, empli de désir, et il semblait attendre un refus de sa part, un signe de crainte ou de rejet. Mais en la voyant si réceptive, un brin joueuse tout comme lui, les doigts qui maintenait le dos de son amante se crispèrent progressivement pour tordre le sale velour. Il n’en fallu pas plus pour que ce vêtement chute entièrement comme un rideau mal accroché. Quand elle comprit ce que son partenaire faisait, et agissant sous l’impulsion du désir, Lyanna l’aida à retirer ce bout de tissu devenu trop encombrant. Elle se retrouvait maintenant à demi nue devant le soldat. La poitrine de la belle femme se révéla à la lueur du feu et Darren le parcourut du regard avec une certaine gourmandise.

Il avait déjà vu Lyanna dans ce bel atout, il l’avait senti dormir contre lui sans aucun sous vêtement. Et pourtant il ne se lasserait jamais de cette vue, l’expression d’une part de sa féminité qu’il goûtait avec délice.
« Magnifique... » lui souffla-t-il d’un air rêveur avant de resserrer Lyanna complètement contre lui.

La guerrière ne se fit pas prier, et retourna se lover contre Darren, l’embrassant à nouveau. Mais bien vite, le soldat délaissa ses lèvres pour migrer vers le bas de son visage. Il s’attaqua ensuite au creux du cou puis, contre toute attente, la relâcha entièrement. C’était pour mieux se saisir de ses callipyges, à deux mains, afin de la soulever à califourchon contre lui. Cette initiative surprit beaucoup Lyanna qui commença à revenir sur la défensive, elle ne comprenait pas pour quelle raison le soldat venait de décider de la porter. Elle s’accrocha à son cou en passant ses bras autour, et serra ses cuisses autour du bassin de Darren pour ne pas tomber, bien que celui ci la tenait fermement.

"Qu’est ce que tu fais ?"

Darren mobilisa ses forces, bien que c’était peu agréable, pour la porter jusqu’au meuble. Il s’amusait à la transporter ainsi et lui trouver un nouveau support beaucoup plus stable. Il l’amenait, par la même occasion, à cerner son bassin de ses jambes pour ne pas tomber. Un geste naturel, une étreinte encore plus intime et charnelle. Lyanna fut rassurée de voir qu’elle était maintenant assise sur un meuble, étant ainsi dans une position plus stable que toute à l’heure. Elle ne menaçait plus de tomber, et garda ses jambes enlacer le bassin du militaire. Ainsi assise, elle ne se rendit pas compte qu’elle collait davantage son bas ventre contre celui de Darren. Cette simple pression l’électrisa à nouveau. Devenue plus grande que lui, le soldat se retrouva la tête enfoncée dans sa poitrine, ce qui le fit rire un peu plus. Il souffla dedans pour la chatouiller puis la déposa sur le meuble qui se trouvait à bonne hauteur. Prise par le désir, la jeune femme se laissa faire, et se retrouva allongée sur le meuble, posa ses mains de part et d’autre de sa tête.

Malheureusement, en étant aveuglé par ce magnifique haut d’Amazone, il n’avait pas remarqué le vase. Celui-ci dodelina dangereusement avant de s’écouler au sol, dans un claquement très sec, qui les coupa net dans leur frénésie sensuelle. A cause du bruit, Lyanna se redressa un peu sur les coudes, cherchant d’où provenait ce son qui pouvait attirer du monde. Elle tenta de se contorsionner, commençant à être apeurée à l’idée que quelqu’un arrive à ce moment là, mais c’était sans compter sur Darren qui l’empêchait de se mouvoir davantage. Elle était totalement sous son emprise. En piégeant toujours Lyanna de son étreinte - parce qu’il était hors de question qu’un simple vase les refroidisse - le soldat fit silence et cessa même de respirer. Sa poitrine témoignait néanmoins de la même passion qui avait atteinte Lyanna mais il faisait une courte pause pour écouter le silence, vérifier que la casse de ce vase n’avait éveillé personne.
Il ne semblait pas. La crainte de Lyanna s’effaçait lentement, personne ne viendrait les surprendre. Elle se laissa aller sur la table, les yeux fermés, en reprenant son souffle. Cela aurait été dommage que quelqu’un les interrompe, alors que le désir brûlait la guerrière jusqu’au plus profond de son être. Et elle n’avait pas envie que ça s’arrête. Elle rouvrit les yeux pour observer le soldat.

Darren cessa de regarder le couloir puis revint se concentrer sur les prunelles démoniaque de son Amazone. L’une de ses mains était restée ancrée sur son derrière rebondi tandis que l’autre lui entourait les épaules. Il se mit à rire un peu, par ce petit moment d’angoisse ponctuel, puis il taquina de nouveau sa poitrine de ses baisers. Lyanna se laissa à nouveau aller en frémissant, et se mordit la lèvre de manière sensuelle.
« J’ai déjà un vêtement d’avance sur toi, amour. Prépare-toi à perdre... » la provoqua-t-il. Et pour s’assurer qu’elle ne veuille pas renverser la vapeur pour lui retirer sa veste, par simple fierté de ne pas être une perdante, il l’amena à se cambrer. Lui faire gonfler sa poitrine, pour assaillir ses extrémités.
Une torture qu’elle connaissait déjà.
Perdre sensuellement, c’était parfois tellement bon !

Aux mots de Darren, Lyanna eut un instant de lucidité parmi ce flot de sentiments qui l’envahissait, et elle se souvint de leur petit jeu. Elle était entrain de perdre, c’était tout ce qu’elle comprenait. La jeune femme tenta alors de se relever.

"Quoi ? Non … je ne veux pas perdre … fourbe !"
« Oh que si...tu vas perdre... » lui assura-t-il d’un ton érotique parfaitement cruel.

Mais alors que Lyanna commençait se redresser pour s’en prendre à la veste de Darren, ce dernier l’en empêcha. Sous ses assauts sur ses seins, la jeune femme dut se cambrer en poussant malgré elle un gémissement de plaisir. Aussitôt, en réaction involontaire, elle resserra l’étreinte de ses cuisses sur le bassin du militaire. Elle était vraiment mal partie pour gagner leur jeu.

Le soldat répéta exactement la torture qu’il avait opéré autrefois, lorsqu’ils avaient partagé leur premier bain. Il se servait de la première expérience, des assauts qui avaient le plus plu à sa partenaire, par ses gémissements et soupirs. Il déploya ses armes les plus efficaces, connaissant à présent leurs effets sur sa tendre partenaire, et il l’explora de ses mains en caresses. Et Lyanna se souvenait très bien de cette agréable torture. Elle ferma les yeux pour profiter au mieux des caresses que lui prodiguait Darren, continuant de soupirer d'aise et de frissonner. Sa peau se couvrit de chair de poule, un signe clair quant à l’excitation qu’elle ressentait.

Cette fois, le soldat était un peu moins concentré sur la phase de test, et davantage sur une agression progressive et minutieuse de son corps. Une nouvelle invasion s’opérait et le soldat s’efforçait de rythmer ses assauts aux soupirs de Lyanna. A chaque fois qu’elle commençait à retomber, il flattait sa poitrine ou le reste de son corps. Il cherchait à lui arracher des gémissements. Darren n’eut pas trop de mal à réussir son coup. Il parvint à faire gémir doucement la jeune femme, pendant qu’elle cambrait un peu plus son corps en se laissant aller.
A vrai dire, Darren adorait ça.
Sentir la jeune femme se plier dans un mélange d’appel et de refus face à sa défaite imminente.

Comme ce moment où il se plia, un peu maladroitement il est vrai, pour avoir un accès à son ventre. Parce qu’il voulait l’empêcher de se redresser sur les coudes, il avait posé ses mains sur ses avants-bras, l’entravant comme si des menottes l’avaient cloué à cette table. Il vérifia un instant qu’il ne lui faisait pas mal en lui écrasant les mains, les tapotant comme pour la convaincre de rester allongée sur la table, dominée, pour apprécier pleinement la nouvelle expérience. Sur le coup, se sentant entravée, Lyanna rouvrit les yeux et essaya de se redresser, à nouveau sur la défensive. Ainsi possédée sans pouvoir faire preuve de résistance, une once d’inquiétude lui traversa l’esprit. Mais Darren exerça une douce pression sur ses mains comme pour la rassurer en lui montrant que ce n’était qu’un jeu. La guerrière reposa sa tête sur la table, et elle respira profondément pour chasser ces idées noires et revenir à l’instant présent. Darren était plutôt doué pour ça, la mettre en confiance afin qu’elle s’abandonne à lui d’une quelconque manière. Puis le soldat goûta avec un réel plaisir aux lignes qui dansaient sous la respiration émotive de son Amazone, dont le coeur se mit à battre plus rapidement, tout comme sa respiration qui s’accélérait. Il dévora son épiderme nu au gré de sa passion, mené par le désir. Il ressentait un vif plaisir à explorer celle qui se refusait à tous les hommes...sauf lui. L’idée lui venait parfois en la parcourant, se disant qu’il était une forme d’élu. Ca offrait un ressenti de puissance extrêmement flatteur.
Et rien que pour ça, il voulait la rendre folle de désir. Sous les assauts des lèvres du militaire, Lyanna poussa un autre gémissement en se mordant la lèvre. Sa peur d’être contrainte et entravée avait disparu, remplacée rapidement par le désir qui continuait de la consumer de l’intérieur.

Ces traits dansaient sur son ventre plat, dessinant parfois des sillons que Darren cherchait à dessiner de sa langue. Il joua avec son nombril, sans aller plus bas. Cette zone sensible fut comme un électrochoc pour Lyanna, qui se contracta en tentant de se redresser instinctivement, empêchée par les entraves du soldat. Elle gémit à nouveau, une vague délicieusement plaisante envahit son corps à mesure que Darren agressait sa peau de ses lèvres et de sa langue habile. Et lorsque ce dernier sentit la frustration de la belle brune franchir un stade, il relâcha enfin ses mains et en profita pour descendre les siennes le long de ses hanches. Maintenant libre de ses mouvements, Lyanna ne fit cependant aucun geste pour s’échapper ou lui résister. Elle resta là, les mains toujours posées sur la table, entièrement à la merci du militaire. Darren contoura par le toucher son agréable derrière et, tout en étant penché sur elle pour l’occuper de baisers amoureux, ses pouces accrochèrent enfin les bordures de sa robe. Il tira dessus, d’abord doucement, puis plus fermement à mesure que sa partenaire essayait de résister. La guerrière voyait un nouveau pas franchi vers son échec au jeu, et bien qu’elle tentait d’empêcher le soldat de la priver de ce morceau de tissu, elle n’y parvint pas. Elle devait bien admettre avoir perdu cette manche, même s’il ne lui restait que son sous vêtement pour perdre la bataille face à Darren. Lyanna fût bien obligée de détacher ses jambes, ce qui lui fit bien sentir le tissu glissant jusqu’à ses chevilles, et la perte de son second vêtement.
Et avant qu’elle ne puisse reprendre ses esprits, les lèvres de Darren s’enfoncèrent ardemment sur le flanc intérieur d’une de ses cuisses, esquivant volontairement sa féminité pour ne pas la faire contreréagir comme la dernière fois. Intriguée, la jeune femme se redressa sur ses coudes, voulant voir ce que le soldat faisait, et quelle douce torture il avait prévu de lui faire subir.

Lyanna présentait un mignon shorty parfaitement taillé pour le mouvement et le combat. Il était simple, de couleur sombre, en couvrant toutes les parties intimes de son anatomie. Lui laissant également une dextérité complète. Le brave petit soldat fixa un instant sa belle, le regard bourré d’une fourberie pleinement assumée. Il sélectionna une arme dans son éventail, comme s’il avait l’embarras du choix et tout le temps pour prendre sa décision. Puis il se remit à souffler le long de ses cuisses, se servant de la fine protection du Shorty pour lui faire subir l’empreinte chaleureuse de son souffle.
Un seul et unique passage.
Ce qui obligea Lyanna à se laisser tomber en arrière, frissonnant sous ce nouvel assaut. C’était si bon, sentir ce souffle chaud s’infiltrer sous le morceau de tissu pour caresser son intimité. Elle poussa un autre gémissement, un peu plus fort que les précédents. Mais pas suffisamment encore pour en rougir, ou risquer de réveiller les autres occupants de l’auberge.

Darren revint alors contre elle, entièrement, reprenant l’étreinte enivrante de leur corps. Lyanna l’accueillit en passant ses bras autour de son cou, capturant ses lèvres avec passion pendant qu’elle enlaçait à nouveau le bassin du militaire entre ses cuisses. La jeune femme femme frémissait, elle avait de plus en plus chaud à cause de ce désir qui la brûlait. La voilà presque entièrement nue dans les bras de Darren, mais cela ne la dérangea pas plus que ça.
Le shorty, ce tout dernier vêtement qui dissimulait son intimité. La plus petite barrière qui ne permettait plus de faire la moindre différence au contact. Si elle avait cherché à estimer la taille de la virilité de son partenaire au beau milieu d’une auberge bondée, elle en avait maintenant la nette sensation dans leur moment intime. Son bas ventre appuyant contre le sien, la guerrière put effectivement sentir la dureté de sa virilité contre elle. Elle ne la voyait pas, mais elle devenait clairement que le militaire avait plutôt été gâté par la nature.

Un excès de fierté masculine poussa Darren à s’écrier dans son esprit.
***Alors, on la ramène moins sur mon engin !!***

Le contact plus persistant de leurs bassins s’exerçaient dans des mouvements naturels pendant qu’il l’embrassait. Darren joua avec ses cheveux, la tiraillant pour agresser ses oreilles et une partie de sa nuque, la faisant gémir de surprise sans qu’elle ne s’y oppose. Et l’air de rien, puisqu’il commençait à la dominer de plus en plus sur ce meuble, le soldat profita de ses cuisses nouvellement resserrées pour engager un premier mouvement. Il comptait sur son pantalon d’uniforme bien trop comprimé pour lisser la pression et la rendre moins intrusive. En vainqueur, Clive produisait de très courts mouvements qui avaient pour but de répondre à cet horrible appel brûlant. Mais, c’était sa priorité, sans lui faire peur. Il était vital que ça reste de l’ordre de la caresse. Lyanna fut surprise en sentant les coups de rein de Darren contre son intimité encore dissimulée. Des souvenirs lui revinrent alors en mémoire sur la seule fois où elle avait chevauché un mâle. Mais ces mouvements de bassin là étaient différents de ceux qu’elle avait pratiqué elle-même. Ils étaient plus sensuels, plus doux, et celui qui les donnait aimait ça, il le faisait avec passion et tendresse. Voilà pourquoi Lyanna s’abandonna à Darren, elle y ressentit du plaisir à subir les doux assauts du soldat. Elle resserra même l’étreinte de ses cuisses sur lui.

Tout en s’occupant d’elle, le soldat révéla enfin sa véritable intention.
Sa main droite s’était doucement glissée entre eux deux et, en respectant l’ultime barrière du Shorty, il débuta un tendre massage de sa féminité. Ce simple geste changea la donne, et mit Lyanna sur la défensive, elle qui y voyait une intrusion. Darren la sentit se contracter, commencer à se fermer, mais il poursuivit ce mouvement plus lentement sans appuyer. Ne pas lui faire subir une contrainte. Plutôt une sensation libératrice.
Ses phalanges demeuraient à l’écart de son antre, se contentant des contours et de la petite proéminence. Un doux roulement de va et vient, changeant parfois d’orientation.

Et puisqu’il était un fourbe tentateur, il murmura dans son oreille d’un air envoûtant :

« Détends toi, profite... »

Alors qu’elle songeait à arrêter le jeu, ne se sentant pas prête à aller si loin, Darren murmura ces quelques mots à l’oreille de Lyanna. La jeune femme ferma les yeux, et tenta de respirer profondément. C’était dur pour elle de se détendre, mais les douces caresses que le militaire prodiguait le long de son intimité étaient un bon remède. Peu à peu, le plaisir commença à effacer la peur, et la guerrière se détendit lentement. Elle en profita pour embrasser à nouveau le soldat, et profita de cet instant pour se laisser aller. Après quelques instants, les caresses intrusives de Darren firent leur office. Lyanna était totalement détendue, envahie de multiples sensations agréables. Ses gémissements montèrent d’un cran, et lorsque le doigt du militaire effleura le centre de son intimité un peu trop près, la guerrière poussa même un petit cri qu’elle ne parvint pas à contrôler. Aussitôt, elle se raidit, l’oreille tendue, de peur d’avoir réveillé quelqu’un malgré l’heure tardive.

Un mouvement de suspension, comme une balance hésitant à s’incliner d’un coté ou de l’autre. Darren resta concentré à ce moment là. Ca lui demanda beaucoup d’efforts, d’autant plus que les réponses de Lyanna avaient tendance à le rendre fou. Mais le jeune homme ne montrait rien, conscient que cette expérience était très importante pour ses ébats futurs. Lorsqu’il se rendit compte qu’elle avait cessé de se crisper autrement que pour apprécier son lent et intense massage, Darren sentit un souffle victorieux le gagner soudainement. Il avait réussi, sa partenaire abandonnait enfin sa partie la plus intime à son attention. Elle ne s’était pas refermée d’un coup, perturbée par son passée et le rejetant comme la dernière fois. Là, elle se laissait gagner par l’étape suivante de leur petit jeu charnel.

Lorsqu’elle poussa un cri un peu plus fort que les autres, le militaire se moqua éperdument de savoir s’il avait été entendu ou pas. Lyanna ne pouvait pas s’en rendre compte mais, quelque part, qui n’avait pas connu un jour ces moments qui vous arrachent des cris incontrôlés ? Qui oserait descendre ces escaliers en entendant des gémissements attribuable logiquement à une tueuse d’hommes ?
Personne ne viendrait. Et Darren se vengea à partir de ce moment là. Aucun autre bruit exceptés ses propres soupirs se faisaient entendre. Lyanna avait eu peur d’être surprise, mais visiblement, pas le soldat. Car ce dernier continua son agréable et intense torture.

Installé un peu de flanc à présent, la main libre de Darren supportait l’arrière de la tête de la guerrière, ses phalanges noyées dans ses doux cheveux bruns. Et pendant ce temps, il la flattait de plus en plus audacieusement. Submergée par le plaisir, Lyanna ne s’était pas rendue compte de leur position, le militaire était presque couché sur elle, la dominant. En temps normal, elle l’aurait repoussé rien que pour ça. Mais là, elle n’y fit même pas attention. La jeune femme se contenta seulement d’attirer davantage Darren contre elle pour l’embrasser, tandis que l’une de ses mains se posait sur la hanche du soldat qu’elle agrippa doucement. Le militaire continua à s’occuper d’elle, la faisant gémir et frissonner de plaisir.

Entre baisers fougueux et des passages sur sa poitrine, Darren cherchait sa réaction et la multiplication de ses cris. Ne pas être répétitifs, changer régulièrement la séquence, le jeu de ses doigts. Le militaire lui souriait en lui faisant subir sans la moindre pitié ce frottement au travers de son vêtement. Il dessina par pression le moindre relief de son anatomie profonde, passant parfois dans la ravine d’un geste fugitif, en servant de la texture du tissu pour accroître sa sensation.
Il comptait la rendre folle, la torturer délicatement et progressivement.

« Tu vois, ça ne fait pas mal... » la rassura-t-il tout en poursuivant son travail. « Ca fait du bien, hein ? »

Lyanna secoua la tête, peu à peu folle de désir. Cela se voyait dans ses yeux quand elle regardait Darren.

"Non … ça ne fait ... pas … mal" parvint elle à prononcer entre deux soupirs d’aise.
Le soldat ria doucement.
La guerrière devait bien l’avouer. Ce que Darren lui faisait était bien plus plaisant que ce que les mâles faisaient habituellement. Si avec les autres, elle ne s’adonnerait jamais à un tel acte, avec lui c’était bien différent. Elle lui faisait confiance pour beaucoup de choses. Et là encore, le soldat avait raison. Il avait dit ne jamais vouloir lui faire de mal. Comme en cet instant.

La caresse permanente sembla s’arrêter un instant.
Ses phalanges prirent une autre forme pour permettre à la tranche de son index d’explorer les bordures de son antre tandis que son pouce allait chercher son centre. Il opéra avec une infinie précaution et beaucoup de délicatesse. Puis, en voyant comment la jeune femme réagissait, il accentua la pression et le mouvement de va-et-vient.
Et toujours en surface de ce dernier rempart.

« Encore ? » lui demanda-t-il, très joueur, comme s’il la menaçait d’arrêter son geste au pire moment. « Oui ? »

Cette fois ci, Darren se montra plus entreprenant dans ses caresses, Lyanna le sentit. La position de ses doigts avait changé. Et le plaisir ressenti redoubla. Comme en témoignait l’intensité croissante des gémissements de la jeune femme. Le soldat en jouait, il lui demanda si elle voulait qu’il continue. Ou qu’il s’arrête. Mais Lyanna était trop submergée par ces agréables instants, elle ne voulait pas qu’il cesse ses caresses. Elle en voulait encore. Sans s’en rendre compte, elle remonta l’une des ses jambes contre la cuisse du militaire, jusqu’à sa taille, en se cambrant. Elle plongea ses yeux fous de désir dans ceux du militaire.

"Oui … continue … s’il te plait ..." le supplia-t-elle entre deux gémissements de plaisir.

Darren souriait tellement qu’il avait l’impression de se déchirer un muscle du visage.
Il adorait faire subir cette nouvelle expérience. La fameuse Juge, tueuse d’homme, qui le suppliait de ne pas s’arrêter. Il s’en trouvait sur un petit nuage. Mais malgré tout, il commençait salement à déguster parce que les délicates attentions de sa partenaire en retour le rendaient vraiment dingue. C’était à sens unique, il ne pouvait pas lui dire d’un air gras et peu romantique “Allez ! C’est ton tour !”.

Clive embrassa tendrement son amante.
Sa main avait fini par se décaler à force de mouvements des corps et, par un heureux hasard, il tomba jusqu’à son fessier qu’il agrippa fermement. Bloquée en tenaille, le jeune homme s’occupa d’elle, de plus en plus. Il se plaça progressivement hors de sa portée pour les embrassades, hors d’appui pour ses jambes. Au grand damn de Lyanna qui n’avait plus personne à embrasser ou à agripper. Elle se contenta alors de rester allongée sur la table, les yeux fermés, suivant mentalement le tracé que faisait les lèvres de Darren. La jeune femme était ivre et complètement soumise, elle ne pouvait plus résister au soldat. Donc, pour le grand final, le militaire aventura son visage entre ses jambes puis troqua ses doigts par sa bouche. Ce qui électrisa une nouvelle fois Lyanna qui se cambra à nouveau, écartant un peu plus les jambes par pur instinct.

Darren s’attaqua à elle sans retenue. Il perdit pieds et cessa de surveiller l’état de sa partenaire, supposant qu’elle ne pouvait plus se refermer défensivement. Elle était trop emportée pour s’arrêter maintenant. Et Clive, de son côté, n’arrivait plus à se contrôler. Il s’abandonna à son tour dans son intimité, jouant d’appel d’air et d’une danse complète de la langue au travers du tissu. Ses mains caressait continuellement ses cuisses, par l’intérieur, la privant de la possibilité de les refermer sur lui.
Plus possible de se retirer, plus possible de fuir. Il lui imposa cette délicieuse surenchère progressive pour la faire venir. Les sensations se bousculaient dans l’esprit et le corps de la guerrière, ses gémissements redoublèrent encore d'intensité.

Pendant ce temps, ses mains se baladaient sans arrêt, venant même parfois monter pour capter chacun de ses seins fièrement dressés qu’il massait généreusement.
Bientôt, elle exploserait, il le sentait.
Darren ne comptait pas s’arrêter, comme elle le lui avait supplié.

Alors il poursuivit une frénétique exploration de sa féminité. Son sous-vêtement imprégné de fluide lui collait à la peau et rendait chacun de ses gestes d’une extrême sensibilité. Il ne fit rien pour l’empêcher de crier.

Au contraire.
Il fit tout pour la faire crier.

Lyanna gémit encore et encore, cambrant son corps jusqu’à parfois décoller légèrement ses fesses du meuble. Elle serra les poings comme si elle agrippait quelque chose pour se retenir. Le plaisir bouillait en elle, prêt à exploser comme jamais elle n’avait ressenti auparavant. Les yeux toujours clos, la jeune femme se laissait aller comme si Darren et elle étaient seuls au monde.

"Darren ..." gémit-elle un peu plus fortement qu’avant.

Puis, après un moment à subir cette délicieuse et agréable torture, les gémissements se muèrent en cri, Lyanna dut se mordre la lèvre pour les étouffer. Quand enfin, une explosion de sensations se produisit en elle, alors qu’elle se cambrait en poussant un long cri de pur plaisir. Elle avait même agrippé le bord du meuble avec ses mains, ses cuisses s’étant contractées autour de Darren qui poursuivait son oeuvre jusqu’au bout.

Le jeune homme continua encore un peu.
Ses assauts réduirent en intensité progressivement, jusqu’à ce que ses baisers ne soient plus que de tendres remerciements pour ce moment inoubliable. Lyanna commençait à se calmer, elle était défaite, le regard hagard, en explorant cette partie tout à fait nouvelle de la vie, du jardin secret d’un couple. Sa respiration était encore rapide, son coeur battait la chamade, et elle avait un sourire aux lèvres. La jeune femme se sentait bien. Terriblement bien. Elle n’avait jamais connu ça de sa vie. Darren quitta ses jambes et s’approcha d’elle pour l’embrasser tendrement. Un baiser auquel Lyanna répondit avec tendresse. Puis, alors qu’il la récupérait dans ses bras sans chercher à l’habiller, il l’emmena doucement dans leur chambre. La guerrière se contenta de passer ses bras autour de son cou. Elle commençait à ressentir de la fatigue, maintenant que ce flot d’émotions intenses s’estompait.

Une fois arrivé, Darren la déposa sur les draps et l’embrassa une nouvelle fois.
« Ca s’appelle un orgasme, chérie... » lui déclara-t-il en ramenant les couvertures sur elle. « Joyeux anniversaire. »

Lyanna eut un petit sourire pour Darren, et vint se blottir contre lui. Elle le regarda avec douceur.

"C’était … wow … merci".
« Merci à toi. Tu es une magnifique partenaire. »

Les paroles de Darren firent sourire Lyanna, qui ne le lâcha pas des yeux. Le soldat resta une petite minute à la cajoler, la laissant apprécier l’onde de bienfait qu’apportait la plénitude. Mais il ne pouvait pas donner davantage de son temps. Il s’écarta poliment en lui disant qu’il n’en avait pas pour longtemps, prenant la direction des sanitaires de la taverne.
Lyanna s’était très bien défendue, à tel point qu’il lui était vital de soulager cette horrible pression dans son entrejambe. Il resta appuyé de flanc contre la porte du sanitaire, encore un peu tremblant, le visage garni d’un sourire pleinement triomphant.

Il passa par le salon pour récupérer les vêtements de Lyanna, délaissant temporairement le vase brisé, puis il alla la rejoindre sous la couette pour un repos bien mérité. Il s’était déparé de ses vêtements avant de retrouver la chaleur du corps de sa tendre. Lyanna observait Darren entrain de retirer ses vêtements, puis se glisser à son tour sous les couvertures. Elle avait profité de son absence pour retirer son shorty un peu souillé, qu’elle laissa tomber sur le sol. Puis, elle vint aussitôt se lover contre lui, comme une moule qui s’accrocherait à son rocher.
« C’est tout à fait normal. » lui dit-il en la prenant dans ses bras. « C’est comme ça qu’on “chevauche” bien quelqu’un. »

"Je ne connaissais pas ça, ça ne m’a pas du tout fait la même sensation quand j’avais essayé. J’ai beaucoup aimé" reconnut-elle avec un sourire.
« Parce que ça te répugnait, tu m’avais dis que tu voyais ça comme une corvée. Tandis que là... »
Il se mit à sourire.
« Ca a été une défaite que tu as adoré ! »

L’Amazone réfléchit aux paroles du soldat. Peut être qu’effectivement, voyant cet acte comme une corvée, elle n’avait pris aucun plaisir le jour de son essaie. Et donc, elle avait décrété ne pas aimer ça du tout. Alors qu’avec le militaire, elle avait ressenti tout autre chose, elle s’était sentie bien. Elle y prenait goût. Elle leva les yeux pour regarder Darren, taquine.

"Tu n’as pas gagné le jeu. Il me restait encore un vêtement. Donc, tu as perdu, toi aussi !"
« On en reparlera à notre prochain duel ! » lui sussura-t-il à l’oreille avant d’enfuir son visage dans ses cheveux.
« Tu...vas...perdre ! »
"C’est toi … qui va … perdre" chuchota-t-elle tandis qu’elle plongeait dans le sommeil.

Ils sombrèrent très rapidement.

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Sam 25 Avr - 14:43

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
L'
agitation extérieure me tira doucement de mon sommeil réparateur, me faisant lentement bouger dans les bras de Darren. Le soleil s’était déjà levé, et la vie reprenait son cours dans le village. Les conversations allaient bon train, et en entendant ces voix que les fenêtres ne parvenaient pas à étouffer totalement, je finis par ouvrir les yeux, n’ayant plus envie de dormir. J’étais toujours blottie contre le soldat, la nuit n’avait pas dû être trop agitée. Après quelques secondes, le souvenirs des délicieux moments passés la veille me revinrent en mémoire, et naturellement, un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Je m’écartai un peu de Darren et je me mis à le contempler dans son sommeil. Je restai là un long moment, l’observant en silence, tout en repensant à ce qui s’était passé.

C’était vraiment surprenant. Et dire que j’avais pris beaucoup de plaisir avec un mâle de cette façon là. Je ne l’aurais jamais imaginé. J’avais toujours cru que les mâles ne s’occupaient des femmes que pour leur propre plaisir, avec force, sans se soucier de la douleur qu’ils leur faisaient ressentir. Et voilà que maintenant, l’un d’entre eux venait de me prouver le contraire. Cependant, je pensais que c’était parce que c’était lui. Darren. Et pas un autre. Avec lui, je m’étais rapprochée, j’avais appris à lui faire confiance. Il m’avait aidée, il m’avait protégée, il m’avait soignée. Il était bien différent des autres. Je savais qu’avec lui, je ne risquais rien, contrairement aux autres mâles dont je continuais à me méfier.

Je restai là, à regarder Darren dormir. Il semblait si calme. Comme moi. Avec douceur, je levai ma main et caressai sa joue, l’effleurant à peine de mes doigts par peur de le réveiller avec ce geste. Je continuai quelques instants, effectuant une exploration douce de son visage, caressant la courbe de son arcade sourcilière, avant de descendre le long de sa joue puis de sa mâchoire. Mes doigts glissèrent sur sa peau, remontant lorsqu’ils arrivèrent en bas de son visage, venant jouer de temps à autre avec une petite mèche de cheveux. Je me montrais attentionnée avec le militaire, je faisais attention à ne pas caresser sur des zones douloureuses, là où il y avait des hématomes. Je prenais soin de lui, comme lui avait pris soin de moi avec douceur et tendresse, jusqu’à son réveil.

Je ne pouvais pas savoir que l’un de mes gestes l’avait naturellement tiré de son sommeil. Et puisqu’il sentait mon corps contre le sien, dans cette étreinte qu’il adorait pour dormir, il n’avait pas été surpris. Darren avait réussi à retenir les signes de son éveil pour que je ne me rende compte de rien. Il faisait semblant. Il voulait apprécier ces démonstrations d’affections qu’il ne penserait pas obtenir autrement. Seulement, l’une des mes caresses finit par le chatouiller et son sourire naissant le trahit soudainement.

« Tu me chatouilles. » dit-il en clignant des yeux.

"Pardon" dis je simplement en souriant, stoppant mes gestes en voyant Darren se réveiller. Je n’avais pas remarqué qu’il avait émergé depuis quelques temps, juste pour profiter de mes attentions à son égard.

Il me fixa, l’air de légèreté sur son visage faisant écho au mien. Il se souvenait lui aussi de la veille. Il me sourit d’une façon plus intime et complice. Le bras du soldat qui m’enlassait raffermit sa prise. Je sentis sa main glisser à plat sur le creux de mon dos comme pour m’empêcher de me lever. Il voulait que je reste contre lui.

« Bonjour Lyanna, bien dormi ?»

"Bonjour Darren ..."

En le sentant me coller davantage contre lui, je me laissai aller en fermant les yeux pour continuer de profiter de ce moment.

"Plutôt bien, oui. Je n’ai pas eu un sommeil aussi paisible depuis longtemps. Et toi ?"

« Je me sens très bien » répondit-il sans se déparer de son sourire.

« Je resterai bien comme ça des jours entiers. Comment peut-on penser à se lever avec si belle plante contre soi ? »

Mon sourire s’agrandit un peu plus, et je me rapprochai davantage de Darren, et posai mon front contre le haut de son torse et pressant ma poitrine contre lui, restant ainsi enlacée au plus près du soldat. Sans réfléchir, je posai moi aussi ma main dans son dos, et distraitement, mes doigts caressèrent sa peau avec douceur.

"A force de ne rien faire, on s’ennuierait, non ? Et puis, on a toujours notre problème à régler, avec tous ces mâles".

« C’est vrai. Que serions-nous sans cibles à abattre ! » me dit-il avec humour.

Il fronça instantanément les sourcils en se disant que la vérité n’était pas si loin que ça.

« En fait, on ne se serait pas rapproché si la mission s’était bien passé. On aurait livré le fret, battu vite fait le fameux Wendigo, puis tu serais rentrée voir Teyla en lui disant combien j’étais un mâle... »

Il s’approcha de mon visage puis imita ma voix, taquin :

« GRRRR ! EXA-SPE-RANT !!! »

En l’entendant tenter de m’imiter, je levai les yeux pour le regarder. Les sourcils froncés, je pris un air faussement outré, comme s’il m’énervait en ce moment.

"Je ne parle pas comme ça, je te signale !" lui lançai je sur le même ton que le soldat venait de sortir lorsque je disais tout le temps qu’il était consternant.

"Et compte sur moi pour lui dire quand même à quel point tu es un mâle exaspérant" lui dis je en souriant pour le taquiner.

« Et là, compte sur moi pour t’embrasser à ce moment-là, que l’on découvre la tête qu’elle fera ! » assura-t-il de façon sérieuse.

Je fixai Darren en fronçant les sourcils, celui ci avait l’air sérieux.

"Tu ferais vraiment ça ? Si tu le fais devant elle, d’autres vont le voir aussi. Et tu connais ma réputation sur Atlantis. Tu n’as pas peur … de leur réaction ? Ils vont penser que tu es fou".

« Est-ce que l’avis des autres t’importe, guerrière ? » me demanda-t-il en souriant. « Parce que de mon côté, on sait déjà que je suis fou ! »

Les paroles de Darren firent sourire Lyanna, et elle secoua la tête. Bien sûr que non, elle s’en fichait de ce que les Atlantes pensaient d’elle. Sauf bien sûr quand l’un d’eux la provoquait ouvertement, il se retrouvait généralement avec quelques dents en moins. Mais ça, ce n’était pas se soucier de ce que les autres pensaient, non ? Le soldat affirmait qu’il était fou, ce qui amusa la jeune femme.

"Et bien, ça promet. Les Atlantes disent que je suis une folle furieuse. Et toi, tu dis que tu es fou. Je ne sais pas lequel est le plus cinglé entre nous".

« On forme une très belle paire ! » pouffa-t-il. « Non, ce qu’il risque de se passer, c’est surtout les tas de regards étonnés que l’on va attirer. Lyanna...qui embrasse un homme ?!? Mais...mais...ELLE NE LE FRAPPE PAS ???? »

Je réfléchis à la situation, je me mis à imaginer la scène décrite par Darren. Effectivement, beaucoup seraient très surpris de voir le soldat encore en vie. Cela me fit sourire.

"Ils vont trouver ça très bizarre. Tu m’embrasses, mais je te laisse la vie. Ils vont penser que je me suis assagie, non ?"

« C’est possible, oui. »

Quelque chose me traversa alors l’esprit, et je fronçai les sourcils.

"Et s’ils pensent que je me suis calmée, et que je suis devenue une femme comme les autres … ils ne vont pas venir me voir pour faire la même chose que toi ?"

« C’est possible, oui ! » répéta-t-il avec une petite acidité dans la voix. Cette fameuse jalousie palpable.

Mon sourire venait de disparaître à cette idée. L’horreur sur terre. Je n’avais aucune envie que les mâles Atlantes viennent m’aborder comme ceux d’hier lorsqu’ils m’avaient demandé en épousailles. Cette idée qu’on vienne discuter avec moi, voir même plus, m'insupportait déjà. Et cela devait se lire sur mon visage.

"Je n’ai pas envie que les autres viennent me parler. J’ai toujours envie de les frapper".

« Il faudra bien que tu apprennes à les supporter pourtant. »

"Ca, ça va être difficile !"

Darren me fit un beau sourire.

« Ce n’est pas parce qu’un homme te parle qu’il veut forcément te séduire, tu sais ? Tu le vois souvent un peu plus tard, ça. S’il cherche à te faire rire, à attirer ton regard, et qu’il se montre comme quelqu’un de beau et séduisant. Tu sentiras qu’il veut plus qu’une simple amitié, et là, tu lui fermes la porte au nez !! »

Le militaire serra un peu les dents.

« Enfin...sinon tu le laisses faire. C’est possible que quelqu’un d’autre t’attire un jour. S’il t’intéresse plus que moi, dans ce cas...il faudra que tu me dises que tu ne veux plus de moi. C’est ce qu’on appelle “la fidélité”. Ca dépend des gens mais, en règle générale, c’est un partenaire à la fois. »

"Fermer la porte au nez d’un mâle qui chercherait à me séduire comme toi l’as fait ? Oh non, je ne lui ferais pas ça" commençai je à dire d’un air songeur, comme si l’idée qu’un Atlante puisse m’approcher était réalisable. De quoi sans doute alimenter un peu plus le côté jaloux de Darren. Puis, je m’empressai de poursuivre, en regardant le soldat dans les yeux, un grand sourire aux lèvres.

"Je préfèrerais le frapper et lui casser les os, afin de l’envoyer à l’infirmerie pour longtemps. Tu penses qu’il comprendra que je ne veux pas être approchée par un autre mâle que toi ?"

« Le message sera entendu. Et moi...je m’empresserai de te remercier. Et te montrer à quel point tu me plais. »

Darren craignait de me voir partir ailleurs, ce qui me fit froncer les sourcils. Il m’expliqua alors le concept de fidélité, et donc que si je voulais aller fréquenter un autre mâle, je devais cesser d’être en sa compagnie. Ce concept était d’ailleurs très curieux. Et inconnu de mon monde. Sur ma planète, les mâles avaient généralement plusieurs esclaves … enfin des femmes. Et mes Soeurs reproductrices ne se contentaient pas d’un seul mâle à la fois, mais de plusieurs en même temps. La fidélité était quelque chose de difficilement compréhensible pour quelqu’un comme moi.

"Ah bon ? Fréquenter plusieurs personnes en même temps ne se fait pas sur ton monde ? J’ai pourtant vu des Atlantes être avec plusieurs personnes. Comme la dernière fois, j’ai vu un mâle habillé comme toi, il embrassait une femme. Et plus tard, je l’ai vu faire la même chose avec une femme différente" dis je en toute innocence.

« Je... »

Darren ne sut pas quoi me dire sur le moment. Le sujet semblait l’ennuyer soudainement. Il réfléchit à la réponse à m’apporter puis il soupira.

« Autrefois, sur mon monde, un couple se formait pour la vie. Ce n’était pas facile, il y avait beaucoup d’épreuves, de fautes et de douleur. Mais les deux partenaires finissaient leurs vies ensemble. C’est admirable de les voir affronter toutes ces années ensemble. C’est la fidélité dans un couple.»

Il pinça des lèvres.

« Mais maintenant...les consciences ont changées. »

Darren resta silencieux un instant, fixant le plafond. Il soupira puis se redressa très légèrement pour me regarder.

« Aujourd’hui, beaucoup des miens ne veulent plus subir d’épreuves. Alors ils multiplient les partenaires au gré de l’envie. Ils prennent ça pour une liberté, une absence de contrainte. Ils couchent les uns avec les autres sans distinction. Et ils ne forment de couple que lorsqu’ils en ont marre. Ils vivent ensemble un certain temps, ils se lassent l’un de l’autre, et il suffit juste d’une petite contrariété et d’un manque de communication pour qu’ils se séparent. »

Clive était plutôt acide. Il avait du mal à rester impartial.

« C’est un sujet qui m’affecte, Lyanna. Donc je ne suis pas très indulgent. Il faut que tu saches que les hommes adorent envoûter les femmes, les séduire pour qu’elles s’ouvrent à eux. Ils couchent avec elles puis disparaissent ensuite. C’est détestable. Mais dans leur esprit...s’ils peuvent en avoir plein, des femmes, pourquoi se priver ? »

Darren savait qu’il entrait dans un sujet beaucoup trop vaste. Il lui faudrait des jours pour tout m’expliquer et il était même certain de se perdre en chemin.

« Le fameux mâle que tu as vu embrasser deux femmes est peut-être un infidèle. C’est comme si moi...je te faisais croire que je n’étais qu’à toi. Que je ne partagerai mon amour avec personne d’autre. Je me conduirais comme si je n’irai jamais voir une autre femme. Et dès que tu as le dos tourné, je couche avec une autre. Quelqu’un qui peut même te faire croire qu’elle est ton amie et ne dit pas qu’elle couche avec ton homme. C’est ce qu’on appelle “l’adultère”. »

Je fronçai les sourcils aux explications de Darren. Je tentai de comprendre ce qu’il me disait, et d’imaginer les exemples qu’il me donnait. Ce sujet était très vaste, mais je compris que le concept était visiblement présent dans le monde où vivait le militaire aujourd’hui. Je me contentai d’acquiescer à ses paroles d’un simple hochement de tête, tout en restant suspendue à ses lèvres pour l’écouter.

Darren marqua une pause et poursuivit.

« Seulement...des femmes aussi peuvent agir comme font les mâles. Elles ne veulent pas d’un mâle qui les colle tout le temps. Elles sont très libres et indépendantes. Donc elles couchent avec différents partenaires au gré de leurs envies. Parfois même, elles sont en couple avec une personne en particulier. Mais d’un commun accord, elles partagent la couche avec un autre. Elles ne veulent plus être à un seul homme. Comme ils ne veulent plus être à une seule femme. Il n’y a plus de... »

Il secoua la tête.

« Je ne sais pas. Je trouve que c’est une illusion. C’est être “libre” et “dans l'ère du temps”. Moi j’appelle ça “être con comme une porte de placard”. Du coup...si tu veux connaître plusieurs mâles quand tu auras suffisamment appris de moi...c’est ton droit. Je n’ai pas à t’en empêcher, je le respecterai. Mais alors...on cessera de se voir. »

Il me fixa avec un mélange d’émotions contradictoires.

« Ce n’est pas une menace. Et on y est pas encore. J’ai le temps de voir venir ! C’est juste que moi, de mon côté, ça me ferait trop de mal. Je ne pourrai pas le supporter. »

J’écoutai ses paroles jusqu’au bout, et je me mordis la lèvre et baissant les yeux. Je comprenais mieux cette histoire de fidélité, et j’en déduisais que, si les parties ne se mettaient pas d’accord entre elles, ce concept faisait plus souffrir qu’autre chose. Et Darren en souffrirait, vu ce qu’il me disait. J’acquiesçai d’un léger hochement de tête, avant de venir embrasser le soldat avec douceur, comme si je voulais le rassurer.

"Je vois ce que tu veux dire. Et je ne veux pas cesser de te voir".

Après tout ce qui s’était passé entre nous, depuis le début de cette mission, Darren était le seul mâle à avoir réussi à m’approcher sans y perdre la vie. Et aussi le seul avec qui je m’étais attachée. Je ne voulais pas aller voir ailleurs, les autres mâles m’insupportaient au plus haut point. Et puis, Darren avait toujours fait preuve de gentillesse avec moi, il ne m’avait jamais fait de mal. Même lors de nos disputes, je n’avais jamais eu envie de le frapper. Bon, à part au début, mais cette envie s’était envolée par la suite.

"Voir quelqu’un d’autre ne m’intéresse pas. Et je pense que ça ne m’arrivera jamais de vouloir rencontrer quelqu’un d’autre. Et puis … je ne veux pas te faire souffrir".

« Merci ma chérie... » me dit-il doucement en souriant. « Mais la tentation existe et ça t’arrivera un jour. Ce sera normal d’avoir un choix à faire. Par contre, ce que tu me dis me plait beaucoup ! »

La tentation des autres mâles. Une idée qui me paraissait saugrenue, je ne pensais même pas que ça pouvait arriver un jour. Pour l’instant, il n’y avait que Darren qui comptait. Le seul mâle avec qui je me sentais bien. En attendant, je revins me blottir dans ses bras pour profiter de ce moment. Nous passâmes un peu de temps en silence, l’un contre l’autre, pendant que le temps passait. Mais je savais qu’au bout d’un moment, je voudrais faire autre chose au lieu de rester là, sans être occupée.

Même si je commençai à apprécier de passer ce genre de moments intimes avec Darren, l’idée de rester sans rien faire me déplaisait un peu. Vu mon caractère et la vie que j’avais mené depuis mon enfance, j’avais envie de bouger, de me défouler, de sortir. Quitte à faire ce genre de choses avec lui plutôt que toute seule. Mais en cet instant, un moment de tendresse dans les bras du soldat n’était pas une mauvaise chose. Et j’en profitais tant que ça durait.

« Tu ne te sens pas mal à propos d’hier ? J’espère que je n’ai pas été trop...aventureux » s’enquit-il.

Les paroles de Darren me firent rouvrir les yeux, mais je ne bougeai pas, restant blottie dans ses bras à écouter les battements de son coeur. Je réfléchis à sa question, et pour cela, je me remémorai ce qui s’était passé la veille.

"Je ne sais pas. Maintenant, je me sens bien. Mais par moment, hier, c’est vrai que j’ai été surprise quelques fois. Et même inquiète. Je ne savais pas trop comment réagir ni ce que tu allais faire. Mais tu t’es montré si … calme et attentionné … ça m’a aidé à me détendre. A te faire confiance. Et j’ai bien aimé ce que tu m’as fait. Tout ce que tu m’as fait. C’était … très agréable".

Après quelques secondes, je finis par me redresser, prenant appui sur mon coude pour me surélever un peu, et regardai Darren. Il releva mon regard, il semblait flatté et comblé.

"Je ne pensais pas que les mâles pouvaient agir ainsi. Sur mon monde ... tout ça, ça n’existe pas. Ils viennent et ils prennent, c’est tout. Sans se soucier de ce que les femmes veulent. Ni même se demander si elles aiment ça ou non. Ce que tu as fait hier … je ne savais pas que ça existait. C’est tout nouveau pour moi".

« Je comprends. Et ça m’a aussi montré pourquoi tu étais aussi dure avant. Comment peut-on croire en une liaison avec tout ce que tu as vécu. Je suis...vraiment content...d’avoir réussi à te faire connaître ce plaisir. »

Un petit sourire se dessina au coin de mes lèvres, et je baissai les yeux, intimidée, les joues commençant légèrement à rougir.

"Et … j’ai aimé ça, je dois le reconnaître".

Il m’embrassa pour me remercier.

« La communication est très importante. Si je fais quelque chose qui te déplaît, ou qui te dérange, pendant que je t’honnore. Même si l’ensemble te parait agréable. Surtout, dis-le moi. »

Darren sourit. Il avait de l’expérience sur le sujet et il ne voulait pas que je garde pour moi les maladresses qu’il pourrait avoir.

« C’est comme ça que deux partenaires s’adaptent l’un à l’autre. En apprenant ce qui plaît à l’autre, ça rend le moment encore plus délicieux, plus agréable. »

Darren se montrait sûr de lui. Son index et son majeur traînait sur ma peau, dessinant le fameux “Petit Darren” qui se baladait sur mon épaule.

« Et nos prochaines fois seront encore plus belles, je te le garantie ! »

Je regardai ses doigts parcourir mon épaule comme la veille, mais curieusement, cette fois là fut quand même plus sensuelle. Darren me promettait que nos prochaines étreintes seraient bien mieux. A ce moment là, je devins pensive, mon sourire disparut. La veille, le soldat avait tout fait pour moi. Mais lui, il n’avait rien eu en retour, je le savais. Combien de temps un mâle pouvait tenir à s’occuper d’une femme sans rien avoir en échange ? Cette idée me fit un peu peur et m’inquiétait. Avec mon passif, je n’étais pas sûre de pouvoir lui donner ce qu’il recherchait. Je soupirai légèrement.

"Tu sais … je me suis unie à un mâle qu’une seule fois. Et je n’ai pas aimé. Je sais que j’ai beaucoup apprécié ce que tu as fait hier, mais ..."

Je regardai Darren, avec une lueur de tristesse dans les yeux. Comme si je craignais de dire ou faire quelque chose qui l’attristerait également.

"Je me doute que tu veuilles aller plus loin. Que toi et moi, on … enfin tu vois. Mais je ne sais pas si je serais capable d’aller jusqu’au bout. J’ai peur de te décevoir, ou que ça ne comble pas tes attentes".

« Hey ! » fit-il doucement pour m’interdire mes doutes. « Ne te dit pas des choses pareilles, voyons. On se côtoie depuis deux semaines seulement et c’est la première relation de ta vie. Il ne faut pas griller les étapes. »

Darren me regarda avec un air confiant. Son bonhomme disparut, il venait prendre la mèche de cheveux raccourcie qu’il pinçait et lissait. Il faisait une fixette dessus, c’était devenu pour lui un élément de charme martial. Comme un trait de ma féminité qui contrastait avec nos batailles. Il aimait bien jouer avec tout en me regardant.

« C’est vrai que c’est à sens unique pour le moment. Mais il faut que tu te découvres doucement, sans te forcer. Sinon je ne vaudrai pas mieux que cette fois où tu t’es unie. »

Ses doigts glissèrent sur mes lèvres qu’il dessinait avec complicité et amour. Il y fit passer son pouce en une légère caresse.

« C’est normal d’avoir des doutes. Mais je sais que tu découvres, alors je n’ai pas d’attentes. Je te suivrai au gré de tes envies, sans te forcer. »

Il approcha un peu son visage et conclut avec son air comique.

« Et quand le jour sera venu, quand tu te sentiras prête, c’est ton corps qui parlera à la place de ta conscience. Ca viendra naturellement ! »

Je soupirai discrètement, un peu rassurée par les paroles de Darren. Je le laissai caresser doucement mes lèvres de ses doigts. Ce geste était curieux, mais je le trouvais plaisant. Tout comme le fait qu’il jouait avec ma mèche raccourcie. C’était étrange, mais cela ne me dérangeait pas. Bien au contraire. J’eus un petit sourire pour le militaire, et je me mordis la lèvre.

"Et ça ne te frustre pas ?"

« Disons...que je trouve mon compte autrement. » avoua-t-il.

Le soldat ne pouvait pas répondre par la négative, ce serait un mensonge éhonté. Un simple échange avec une amie ou une confidente pourrait me le révéler. Il se disait que je lui en voudrais de m’avoir menti, surtout parce que j’avais besoin d’être aiguillée sur mes découvertes. Si ne pas me dire qu’il m’avait transporté à la brouette la première fois, histoire de conserver son image de prince charmant, ne le dérangeait pas. Là, il était bien obligé de se griller juste pour ne pas m’envoyer sur la mauvaise piste. Si ! Bien sûr que oui, qu’après un bel échange comme la veille, il avait ressenti une profonde frustration de ne pas jaillir d’extase entre mes bras.

Parce que je le fixais en fronçant des sourcils, il se passa une main sur le visage, profondément gêné, en sachant qu’il allait tout me dire.

« Et bien...je m’éloigne un peu. Je pense à tes caresses, à tes baisers. La pression de tes jambes contre mon bassin. Tes doigts qui accrochent mon dos. Je me rappelle de tes soupirs, la belle voix que tu as en gémissant. La belle expression de ton visage qui me dit que tu aimes ça. Et si j’ose te délaisser après l’acte pour aller aux convenances, c’est pour avoir mon compte à mon tour. »

"Ooohhh … je comprends" affirmai-je, à la fois surprise et aussi gênée que Darren.

Il ria face à ma réaction, les joues rouges.

«Oui, c’est parfait pour briser mon charme et ma belle image de séducteur ça ! Mais...c’est la vérité. Ca m’évite la frustration. Et comme ça, je n’ai qu’une envie, celle de continuer de t’arracher ces doux soupirs et gémissements. »

Je me mordit à nouveau la lèvre, encore un peu gênée des aveux de Darren. Je ne m’étais pas imaginée ça la veille, lorsque ce dernier s’était éclipsé de la chambre en me laissant seule. Je me raclai un peu la gorge, comme pour chasser le malaise qui s’était installé, puis je reportai mon attention sur le soldat.

"En tout cas, je te remercie de me laisser prendre mon temps, et de me faire découvrir tout ça".

« Tu es une partenaire très attirante. Je te fais découvrir ça par envie, pas seulement pour te montrer » me glissa-t-il en guise de compliment.

Je souris à ses paroles, cela tranquillisa mes craintes. Je faisais peu à peu confiance au militaire, et j’espérais pouvoir un jour aller plus loin avec lui, que je ne sois pas la seule à éprouver de telles sensations lors de nos échanges intimes. Poussée par une irrésistible envie, je me penchai pour embrasser Darren, avant de me déplacer pour venir à califourchon sur lui, sans arrêter mon baiser. Par jeu, il semblait vouloir résister à ce mouvement qui allait me placer en position de dominante. Mais il céda très rapidement. Cette nouvelle proximité était également plaisante, tandis que je pressai mon corps nu contre le sien en continuant de l’embrasser. Darren s’en trouvait surpris. Agréablement surpris plutôt. Parce que c’est moi qui allait vers lui. Ses mains glissèrent le long de mon dos pour s’arrêter sur mes hanches qu’il cernait avec une pression un peu plus forte. Et il répondit à mon baiser avec plus d’intensité et de passion.

Ma respiration s’accéléra, et Darren put sentir aisément mon coeur battre plus vite dans ma poitrine. Je répondis à ses baisers passionnés, y mettant moi aussi cette fougue naissante. Sans m’en rendre compte, je commençai même à onduler légèrement mon bassin contre le sien, poussée par l’envie. Les caresses du soldat sur ma peau me firent frissonner de plaisir. Darren soupira d’aise en sentant mes mouvements. Je le vis s’étirer sur le matelas pour prendre une meilleure position et ses mains descendirent sur mon derrière. Il me demandait de continuer cette délicieuse ondulation, accompagnant mes impulsions, tandis que je sentais une tension naissante se former contre mon intimité. J’étais en train de donner “bon moral” à sa virilité, comme il avait dit la dernière fois en s’éloignant. Par la même, j’étais en train de découvrir l’emprise que j’avais sur lui. Il semblait incapable de pouvoir échapper à l’ordre des attentions que j’avais décidé, que ce soit de mes mouvements ou de mes baisers. Les rôles semblaient être inversés et je découvrais le mien, en tant que dominante. Vu mon caractère, c’était quelque chose de naturel pour moi que de prendre le dessus.

Mais ce fut à ce moment là que quelqu’un toqua contre la porte. Darren fit comme s’il n’avait rien entendu la première fois. Mais les coups redoublèrent en force et le soldat tourna un regard colérique en direction de la porte.

« Papa et Maman se racontent des histoires de gladiateurs ! Allez voir ailleurs !!!! » gronda-t-il d’une voix forte et moqueuse.

« Excusez moi de vous déranger, mais la messagère du Pendu est là. Elle vous attend en bas ! » annonça l’aubergiste à travers la porte.

J’avais également eu du mal à arrêter mes gestes, jusqu’à ce que Darren lance une réplique rageuse, afin de demander à l’intrus de déguerpir pour nous laisser continuer ce que nous venions de commencer. Mais alors que je reprenais le cours de mes baisers endiablés, la voix de l’aubergiste se fit entendre, ce qui nous interrompit une nouvelle fois. Je fermai les yeux en laissant ma tête reposer contre le torse de Darren, tout en reprenant mon souffle. J’avais chaud en cet instant, et je ne voulais qu’une seule chose : refaire ce que nous avions fait la veille. Mais le destin en décidait autrement, et atténuer ce plaisir qui me brûlait intérieurement était difficile à faire. Maintenant que nous venions d’être dérangés, et que nous étions attendu, il n’était plus question de moment intime. Au grand désarroi du soldat. Tout comme au mien. Cette fois ci, ce fut moi qui fus frustrée, tout comme Darren. Je soupirai longuement, puis je vins embrasser le militaire une dernière fois, avec douceur et non avec passion comme nos précédents échanges. Et je finis par me retirer à contre coeur pour aller m’habiller.

« C’est vrai qu’à force de ne rien faire, on s'ennuierait ! » ironisa Darren en me récitant mot pour mot.

En se levant également, révélant une boursouflure au travers de son sous vêtement, il me fit un clin d’oeil complice et se mit en quête de son pantalon. Tout comme moi, il demeura interdit en découvrant les vêtements parfaitement bien plié sur la table. Ils étaient propres, une bonne odeur de savon en émanait. Quelqu’un les avait emmené, nettoyé, séché, avant de les déposer là. Tout ça pendant que nous dormions à poings fermés.

Abelle...

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Lun 27 Avr - 16:40

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Le Soldat ∞ L'Amazone


« Lyanna La Juge ? » fit la messagère en la voyant entrer dans la salle commune.
Le tavernier l’avait installé à leur table habituelle. C’était une autre femme cette fois, d’un accoutrement plus modeste mais propre sur elle. Elle sortit un parchemin de sa sacoche, un pli cacheté qu’elle lui tendit. Elle fit un simili de révérence en lui adressant poliment le message.
« L’échange aura lieu demain, tôt, avant le lever du jour. Le Pendu vous fait parvenir cette carte. Il vous fait savoir qu’il s’estime acquitté. Et il attend le retour de son coffre une fois que vous aurez obtenu ce que vous vouliez... »
La femme attendit que l’Amazone prenne connaissance du plan. Elle allait avoir besoin d’Abelle pour savoir où ça se trouvait. Mais il semblait y avoir suffisamment de détail pour localiser le lieu de l’échange et monter une embuscade.
« Avez-vous une réponse à lui transmettre ? »

Darren s’était installé à table. Il laissait à Lyanna le soin de gérer l’échange, satisfait d’apprendre qu’ils avaient enfin l’information pour la suite de l’aventure. Il lui tardait d’obtenir le médaillon, de sauver Heimda et son monde. Puis de rentrer sur Atlantis, qu’il puisse enfin s’occuper comme il se doit de sa relation naissante.

Lyanna confia la carte à Darren pour qu’il l’aide à la comprendre et ainsi mener un plan d’attaque lorsqu’ils seraient seuls. La messagère attendait une réponse à transmettre au Pendu, et je retins une grimace. Rendre à ce mâle le coffre était pour moi inacceptable, même s’il avait donné de bonnes informations. Après avoir échangé quelques mots, je regardai la jeune femme.

"Oui, porte lui un message de ma part. Dis lui bien que, si ces renseignements sont incorrects, et que nous tombons dans un piège, je viendrais lui rendre une visite dont il se souviendra jusqu’à sa mort".
« Bien Madame ! »

La jeune femme acquiesça, puis elle quitta l’auberge, la laissant seule avec Darren. Lyanna soupira en regardant le soldat.

"On va vraiment lui rendre son coffre ? Je veux le faire payer. Quand on aura trouvé le médaillon, je veux l’éliminer. Sinon, il recommencera ses manigances sur cette planète".
« On lui a donné notre parole, on ne peut pas revenir en arrière. Ce serait s’abaisser à son niveau. » répondit-il sans détacher son regard de la carte.

Il sentit que cela n’allait pas la mettre de bonne humeur.
Darren monta son regard sur l’Amazone, constatant qu’il avait raison et que cela la contrariait fortement. Un léger sourire le gagna et il tira la chaise à côté de lui pour l’inviter à le rejoindre à table. Le tavernier amenait déjà de quoi se restaurer et il la voulait en bonne forme. Lyanna était sur le point de prendre la parole pour donner son désaccord. La parole, la parole. Le Pendu n’était pas un mâle de parole, cela se voyait rien qu’à le regarder. Pourquoi accorderaient-ils une quelconque parole pour lui ? La jeune femme n’eut pas le temps de prononcer un mot, que Darren tira une chaise pour qu’elle s’installe à ses côtés tandis que l'aubergiste servait le repas. Une fois qu’elle fut assise, il se pencha de son côté pour lui donner un petit coup d’épaule.
« Ou bien... » lui glissa-t-il sur un ton de confidence. « Tu laisses le coffre entre les mains d’Heimda et tu lui parles du Pendu. Elle décidera de son sort...et tu pourras toujours lui proposer ta lame. »

Le soldat la regarda avec une étincelle dans le regard. Sur le coup, Lyanna ne répondit pas, fronçant les sourcils. Puis, elle comprit la proposition du militaire. Oh oui, une belle façon détournée d’atteindre le Pendu et l’empêcher de nuir définitivement. Cette idée lui plut énormément. La jeune femme sourit, et ce fut à son tour de donner un petit coup d’épaule à celle de Darren.

"Très bonne idée. J’en parlerais immédiatement à Heimda quand on la retrouvera" lança-t-elle, en commençant à manger, affamée, de bonne humeur.

Abelle émergea de l’arrière cuisine. Elle organisait une liste de course que le tavernier remplissait tout en servant ses clients. La jeune femme s’était levé très tôt et Darren savait qu’elle était à l’origine de leurs tenues propres et dispos.
« Merci de nous avoir préparé nos tenues, Abelle... » lui dit-il alors qu’elle s’approchait.
« Tant que son Altesse n’a pas franchi ces portes, je reste à votre service ! » répondit-elle avec le sourire.

Elle comptait se rendre dans le futur bureau d’Heimda, y déposant les premiers documents qu’elle recevait de coursiers concernant l’état des différents bourgs. Mais elle s’arrêta soudainement en chemin et s’approcha de la table, source d’excellents souvenir de Darren et Lyanna. La veille, le soldat avait ramassé les morceaux et les avaient posé dessus en un amas. La servante examina la casse, prit un débris entre ses mains, essayant de déduire qui avait osé briser un vase d’un si bel artisanat.
Le tavernier s’était couché juste après elle. Elle-même s’était levée tôt dans la matinée. Donc c’était Lyanna ou le soldat. Mais dans ce cas, pourquoi n’avoir rien dit ?

Abelle était en train de se poser la question lorsque l’évidence la frappa brusquement. D’abord surprise, son regard étincelant vint à la rencontre de l’Amazone, lui adressant une question non-verbale de façon entendue. Elle faisait maintenant le lien avec les bruits d’hier, des gémissements qui ne provenaient donc pas d’un cauchemar...

Lyanna s’aperçut que Abelle se dirigeait vers la table où se trouvait le reste du vase brisée. Cette fameuse table qu’elle n’osait même pas regarder sans rougir, se remémorant les bons moments qu’elle avait passé dessus avec Darren. Et en croisant le regard de la jeune femme, la guerrière détourna aussitôt le sien et se racla la gorge, se plongeant dans son repas comme si elle venait d’être grondée pour une faute qu’elle avait commise. Les joues rouges, déstabilisée, elle n’osa plus lever les yeux pendant un moment, un peu honteuse.
C’était sans compter Darren qui pris le relais, tout sourire, bien qu’un peu gêné lui aussi.

« Maman et Papa se sont chamaillés pour savoir qui avait raison ! »
Darren fit la grimace.
« Je te le rembourserai... »
« Heu….très bien... »
Darren hocha frénétiquement la tête.
« Mais ça ne veut pas dire qu’ils ne t’aiment plus, tu sais ? »

Lyanna délaissa enfin son repas, et regarda Darren en fronçant les sourcils. Mais de quoi parlait-il ? Son incompréhension n’était pas partagée par Abelle, celle ci faisait très bien le rapprochement entre ce qu’elle avait entendu, et les sous entendus du soldat. La jeune femme eut un petit sourire, avant de s’éclipser en emportant les restes du vase défunt.

"Papa et Maman se sont chamaillés ?" répéta-t-elle à Darren, toujours un peu perdue.
« Une façon imagée de dire qu’on s’est battu pour savoir qui retirerait le plus de vêtements à l’autre. » chuchota Darren avec un petit sourire entendu. « Je parie que tu ne vois plus cette table de la même façon maintenant. »

Lyanna se mordit la lèvre, et rougit à nouveau.

"Tu as raison. Quand je la regarde, je … je me revois nue dessus … entrain de ..."

La guerrière interrompit ses paroles, n’osant pas continuer. Puis, un détail la frappa. Le regard d’Abelle en avait dit long. Et donc par conséquent, elle était au courant.

"Oh non … elle nous a entendu !

Darren eut un léger rire lorsqu’elle comprit enfin.
Il lui cerna les épaules d’un bras et la serra contre lui d’un geste complice.
« Et alors ? Tu penses que ta servante n’a jamais eu d’aventures avec un beau garçon ? »
"Si, mais … c’est gênant" dit elle en posant sa tête sur l’épaule de Darren.
« Hmmm. Je ne peux pas te promettre de te rendre plus silencieuse la prochaine fois que je te dépose sur ce meuble. » fit-il avec un sous-entendu prometteur.

Lyanna leva les yeux et regarda Darren. Elle eut alors un sourire en comprenant que le militaire s’occuperait encore bien d’elle. Et même si l’idée d’être entendue ou vue en pleine action était quelque peu gênante, la jeune femme s’imaginait déjà dans les bras de Darren comme la veille. Quitte à ce que ça se passe encore sur cette table. Ou dans leur chambre. Ou sur tout autre meuble, même si elle n’imaginait pas que cela soit possible. Mais avec une table, c’était faisable, alors pourquoi pas autre chose ? Avec des souvenirs pleins la tête, Lyanna reprit le cours de son repas.

Le soldat déjeuna paisiblement avec la guerrière, engageant de petites conversations anodine tout en prenant son temps. Il s’amusait parfois à la taquiner, surtout en lui disant qu’elle serait contrainte un jour de porter la tenue d’exploration qui se constituait d’un pantalon. Bien sûr, Lyanna réagit aussitôt par un refus catégorique, souhaitant ne jamais enfiler de tenue de mâle. Elle déclencha son hilarité. Le soldat avait placé le plan de côté, expliquant à la guerrière qu’ils partiraient ensemble pour reconnaître l’endroit, comme pour l’assaut du coffre du Pendu.

Mais il plaçait l’objectif de côté pour l’instant, plus préoccupé par le petit moment qu’il s’offrait avec Lyanna tout en déjeunant avec elle en intimité. Abelle était partie aider le tavernier à faire des courses, ce dernier servait des clients au fond de la salle commune, c’était rare d’obtenir de l’intimité pendant le repas. Forcément, Darren joua le gamin et glissa de la crème sur le bout du nez de l’Amazone. Ce qui surprit énormément Lyanna qui essuya son nez, intriguée par le comportement du soldat. Elle lui demanda d’ailleurs pour quelle raison il avait fait ça, mais elle comprit rapidement que Darren semblait juste … heureux. Il se comportait comme un enfant qui voulait s’amuser. Et cette attitude, une fois la surprise et l’incompréhension passée, amusa la guerrière qui sourit à son tour. Elle en profita alors pour réaliser le même geste, prenant exemple sur Darren, et mit à son tour un peu de crème … ou plutôt beaucoup, de façon involontaire bien sûr, sur le nez du militaire.

Clive éclata de rire, la tronche barbouillée de crème. Il lui expliqua que ce mauvais coup arrivait souvent pour les anniversaires. Surtout lorsqu’un plaisantin un peu trop excité collait le gâteau dans la figure du pauvre concerné. Lyanna parut surprise de ce geste.

"C’est vrai ? Je n’aimerais pas qu’on me fasse la même chose. Celui qui s’y risquerait perdrait aussitôt un bras".
« L’idée ne m’a absolument pas effleuré l’esprit hier. » admit Darren. Sa voix devint triste et miséreuse : « Je me serais fait jeté de la chambre. J’aurai dormi sur la table, seul, dans le froid...sans toi... »

Lyanna regarda Darren avoir une moue triste. Il avait voulu lui faire ce geste hier ? Il ne se doutait pas qu’il avait échappé à beaucoup de conséquences sur sa santé.

"Tu oses essayer de me faire culpabiliser sur le fait que tu aurais été allongé tout seul sur cette table ?" lui demanda-t-elle sur un ton taquin.
« Tu te rends compte de ce que tu auras raté ? » osa-t-il répliquer.

Lyanna fit mine de réfléchir, avant de hausser les sourcils avec un petit sourire.

"Certes, cela aurait été vraiment dommage".

La jeune femme se mordit la lèvre avant de regarder Darren.

"Mais je maintiens ce que j’ai dit. Je m’en prendrais à quiconque me fera ça. Te voilà prévenu" lui dit elle avec un air malicieux.
« Je n’en doute pas. Et me concernant... »
Darren répondit du même sourire.
« Me priver de ton corps chaud pour dormir est une menace plus terrible encore. »

Darren riait encore avec sa tendre, se disant que ces moments là valaient le coup d’être vécu. Il avait été contaminé par une forme de naïveté avec le temps, si bien qu’il ne s’attendait pas à ce qui allait lui tomber sur le coin de la figure.

Une silhouette entra dans la taverne et ne répondit pas au tavernier qui lui demandait ce qu’il voulait boire. Il n’était pas un client. Ce type regarda un peu autour de lui puis s’engagea droit sur la table à l’écart qu’il occupait avec Lyanna. Il était accompagné de deux autres hommes qui le suivait, armes en main.
Le regard de Darren dévia donc naturellement sur eux.

L’uniforme Atlante qu’ils portaient surprit beaucoup Darren. Il ne s’attendait plus à l’arrivée de renfort. Mais lorsqu’il perçut le grade de Lieutenant ornant les épaulettes de l’homme de tête et qu’il comprit de qui il s’agissait, Darren blêmit subitement. Un changement complet s’opéra en lui, dessinant dans son regard une brusque montée d’angoisse. Il laissa la dernière question de Lyanna sans réponse.

Le lieutenant Ridding, de la police militaire, était escorté de deux unités solides que Darren connaissait bien. Les unités Rippeurs qui sortaient sur le terrain quand ça s’avérait corsé. Le manque d’effectif était un piège, c’était des spécialistes en contrôle de masses et des flics hors pairs. Ils n’étaient pas à prendre à la légère.
Le lieutenant tira la chaise d’en face et s’y installa sans demander la permission. Il venait de causer une paralysie totale de Darren, ainsi que sa frayeur. Les deux Rippeurs restaient derrière lui, la main directrice armée d’un taser déjà dégainé.

Darren se redressa sur le champ, cognant la table dans son mouvement et se plaça directement au garde à vous. On aurait cru qu’une toute nouvelle personnalité venait de remplacer son tempérament blagueur.

« Darren Clive au rapport, mon lieutenant... »

Ridding avait croisé les mains sur la table.
Il le fixa un instant d’un air placide avant de lui répondre. Lyanna ne comprenait pas ce qui se passait. Elle regarda trois mâles arriver, en tenue d’Atlante. Et voir Darren se comporter ainsi ne l’aida pas à y voir plus clair. L’étranger devait être un supérieur du militaire, même si la jeune femme ne connaissait pas les grades.

« Asseyez-vous ! »
Darren s'exécuta.
En ramenant le siège sous ses fesses, il échangea un regard vers son amie qui, forcément, ne comprenait pas. Il posa sa main sur son avant-bras, histoire de la rassurer, mais ce geste n’échappa pas à l’officier. De son côté, Lyanna ne lâcha pas les mâles du regard, constatant que les deux qui étaient derrière avaient leurs mains posées sur leurs armes. La jeune femme eut un doute sur leur identité. Leur véritable identité. Et s’il s’agissait des sbires de Macon avec l’apparence d’autres personnes, venus les piéger ? Lyanna se méfiait, et ne les quitta pas des yeux, veillant à ce qu’aucun ne fasse de geste suspect. Sinon elle réagirait sur le champs.

« Vous avez été dur a trouver soldat... »
« Oui, nous avons dû nous déplacer pour poursuivre notre mission. Je suis ravi que les renforts soient enfin arrivés. »
« Les renforts... » nota Ridding d’un air interrogateur.
Darren savait que ça sentait le roussi.
La Police Militaire ne venait pas en renfort des unités de terrain. Elles venaient pour faire le ménage. Malgré tout, Darren espérait encore qu’ils soient venus pour les aider. Il espérait qu’il y avait une excuse la dessous. Comme s’il n’y avait pas eu d’effectifs militaire et que les Rippeurs avaient été mobilisé pour venir l’assister.

« Nous aider à sauver l’autorité en place, lieutenant ? »
« Soldat Clive, je suis venu procéder à votre arrestation. »
"Quoi ?" demanda Lyanna, totalement incrédule.

Le sang quitta le visage de Darren.
Il fixa longuement le Lieutenant dont la dureté du regard disait long. Il secoua négativement la tête et lui demanda d’une voix intimidée :
« Quels sont les chefs d’inculpation ? »
« Pour l’instant ? Désertion...meurtre. »
Clive se racla la gorge. Il essayait de garder son calme.
« Lieutenant, nous avons été victime d’une conspiration. Je souhaite vous faire mon rapport. »
« Une conspiration ? C’est la seule excuse bidon que vous m’avez trouvé pour justifier vos crimes ?!? »
Le lieutenant secoua négativement la tête.
« Peu importe. Vous vous défendrez une fois bien au chaud à la maison. »
Il fit un signe à ses deux hommes.
« Emmenez-le ! »

Il n’en fallut pas plus pour que Lyanna réagisse, car non seulement elle était attachée à Darren. Mais elle le savait innocent, après tout ce qu’ils avaient trouvé sur le complot de Macon. Alors que les deux mâles s’approchaient de la table, je me levai brusquement, les yeux noirs de haine à leur égard. Je posai la main sur la poignée de mon couteau, sans le sortir, juste pour menacer. Pour le moment. L’un des mâles leva aussitôt son étrange arme sur moi, une arme que ne ressemblait pas à ce que Darren avait eu au début de la mission.

"Vous ne l’emmènerez pas, mâles ! Je vous en empêcherais !"
« Lyanna ! »

Darren ne comprendrait peut être pas ma réaction. Sans quitter les étrangers du regard, la guerrière lui parla :

"Ce n’est pas ton Lieutenant. C’est encore une de leurs ruses, comme ils l’ont fait avec Virgil ! Et avec Heimda !"

Son regard se baissa sur le soi disant Lieutenant dont elle ignorait le nom. Ses yeux étaient emplis de colère.

"C’est Macon qui t’envoie ? Prendre l’apparence de Darren ne te suffit pas, il faut maintenant que tu ressembles à quelqu’un qu’il connaît pour l’approcher ?"

Sa main serra davantage la poignée de mon couteau, alors que le militaire continuait de la prendre pour cible. Elle lui lança à son tour un regard courroucé.

"Aucun de vous ne nous piégera à nouveau. Je vous tuerais avant que vous le fassiez !"

« Lyanna, de la planète Kirana ! » lâcha le lieutenant Ridding d’un ton sévère. « Vu le nombre plaintes pour agression qui s’amassent dans mon bureau à votre sujet, je vous conseille de vous faire discrète !!! »
"Hors de question, mâle !" lui lança-t-elle sur un ton mauvais. "Je sais très bien que tu es l’un des survivants. Dis moi que tu es le violeur d’Abelle, que je puisse t’achever sur le champs. Ca m’évitera de perdre du temps !"
« Lyanna ! Bon sang, calme toi ! » s’écria Darren, anxieux à l’idée qu’elle se prenne un coup de taser.
La PM ne rigolait vraiment pas. Ce n’était pas des types avec qui il fallait jouer des muscles. Sa seule chance était de pouvoir obtenir son attention, de pouvoir lui présenter des preuves, mais la réaction de son amie était en train de fermer toutes les portes.
« Laisse-moi faire, d’accord ? Enlève ta main de ce couteau et laisse moi parler... »
« Je préfère ça, en effet. » ajouta Ridding à l’adresse de Lyanna. « Les démonstrations de force ne me font pas plaisir. Sauf si vous y tenez... »

Lyanna continuait dévisager Ridding, elle n’avait pas l’intention d’obéir à ses ordres. Elle continuait de se méfier de lui. Et puis, même si c’était le véritable Lieutenant, il voulait emmener Darren pour une raison complètement fausse. Ce fut Darren qui calma un peu son tempérament. En l’entendant lui demander de retirer sa main de son couteau, la jeune femme serra les dents, avant de finalement faire ce qu’il demandait. Lentement, ses doigts se desserrèrent de la poignée, et sa main s’éloigna un peu. Cependant, elle resta debout, sur ses gardes, prête à intervenir en cas de geste suspect.
Comme un miroir, l’homme qui la pointait avec le taser abaissa son arme jusqu’à fixer le sol.
Le lieutenant restait sévère et sans indulgence.
« Asseyez-vous ! » ordonna-t-il à Lyanna.

Darren réagit aussitôt en lui prenant la main. En sentant sa main dans la sienne, Lyanna consentit à tourner son regard vers Darren.
Il échangea un regard qui en disait long, lui demandant de lui faire confiance, et il l’attira jusqu’à ce qu’elle prenne place à ses côtés. A contre coeur, la jeune femme abdiqua, et s’installa non sans lâcher les trois mâles des yeux.
Ridding fixa un moment l’Amazone avant d’en revenir à Darren.
« Mon amie a pourtant raison, mon lieutenant. Nous avons été confronté à une technologie de camouflage qui change les apparences. La mienne, notamment. Les crimes dont je fais l’objet proviennent de quelqu’un d’autre. »
« C’est une technologie rare du SGC que vous me décrivez. »
« Oui. Et nous l’avons arraché à notre ennemi. Nous l’avons comme preuve. »
« Comme c’est commode. »

Le lieutenant fouilla dans sa poche et en retira sa carte militaire. Il la déposa sur la table et leur laissa le soin de l’examiner.
« Vous pensez qu’il existe ce même dispositif pour les cartes d'authentification ? » demanda-t-il, acide. « Je suis le lieutenant Riddings, mandaté pour votre arrestation. J’ai pour ordre de vous ramener sur Atlantis. De force s’il le faut ! »

Alors que ce Ridding parlait encore d’arrêter Darren, quitte à le ramener de force si nécessaire, Lyanna se crispa aussitôt, prête à bondir à nouveau pour défendre le soldat. Mais Darren avait prévu cette réaction. Ridding n’était pas tendre lorsqu’il alpaguait un soldat, il avait sa réputation à défendre. Quand on fait l’objet de son intérêt, ce n’est pas pour échanger des amabilités autour d’un verre. En profitant de la table, Darren vint joindre sa main dans celle de son amie et la serra d’un geste qui se voulait rassurant. Il l’appelait à la patience et à la compréhension. Par ce contact, Lyanna se calma un peu, mais en restant toujours sur ses gardes. Les soldats n’avaient pas intérêt à approcher pour se saisir de Darren.

« Mon lieutenant, c’est bien vous et je ne pouvais pas espérer meilleure autorité à qui m’adresser. Mais nous arriverons à rien si vous ne me laissez pas une chance de me justifier. »
« Et ça ne peut pas attendre votre retour sur Atlantis ? »
« Le retour sur Atlantis va coûter la vie de l’autorité en place sur cette planète. »
« Vous avez bien vite oublié vos cours de déontologie. Quid de notre volonté de ne pas nous engager dans les affaires externes ? »
« Même quand des éléments d’Atlantis recherchent activement la destruction du pouvoir ? »
Le lieutenant fronça les sourcils.
« La guerrière Lyanna et moi-même étions venu pour une mission très simple. Mais nous avons découvert un trafic d’influence entre un administratif Atlante et des autorités subordonnées. Nous avons voulu avertir Atlantis...mais nous n’avions plus accès... »
« La Porte fonctionne très bien. »
« À votre Jumper, certainement. Avez vous vérifié le DHD ? »
« Négatif. »
« Le cristal de contrôle a été retiré, lieutenant. Pile avant que nous donnions l’alerte. »
« Et vous allez prétendre que l'administratif Macon est à l’origine de tout ça ? »
Une nouvelle fois, Darren blêmit. Sa crispation remonta jusqu’à son bras et atteignit Lyanna contre sa volonté.
« C’est lui qui a porté plainte ? »
« En effet. Il vous accuse de meurtres et d’agressions. L’autorité subordonnée, le conseil je présume, a adressé sa plainte à l’administration hier matin. »
L'officier claqua de la bouche.
« Donc vous me prenez pour un con, soldat. Vous pensez que votre parole vaut mieux que l’élite de cette planète et le responsable de mission civile ? »

Lyanna eut envie de se jeter sur ce mâle présomptueux, qui n’écoutait pas ce que Darren essayait de lui dire. Et pire, personne ne semblait croire le soldat. C’était un coupable tout désigné. Son visage se durcit un peu plus, et elle se raidit sur son siège. Si le militaire n’avait pas garder sa main pour essayer de la tranquilliser au mieux, elle aurait déjà bondi de sa chaise, quitte à avoir de sérieux problème par la suite. Un dilemme se déclencha en elle. D’un côté, la jeune femme sanguinaire avait envie d’engager le combat pour se protéger, Darren et elle. De l’autre, elle ne voulait pas que le soldat ait des problèmes. Elle soupira bruyamment, montrant ainsi son énervement, avant de tourner la tête vers Darren.

"On doit lui montrer le sac maintenant ?" dit elle en parlant du sac à dos qu’elle avait récupéré dans la grotte, contenant les différents indices trouvés.
« C’est maigre. Mais on a pas tellement le choix. »
« Vous, vous y allez. Avec un de mes gars. » fît le lieutenant à l’adresse de Lyanna. « Et ne trainez pas. »

Lorsque Ridding lui ordonna d’aller chercher le sac avec l’un de ses hommes, Lyanna jeta un oeil à Darren. Le laisser là, tout seul avec ces deux mâles qui voulaient l’arrêter ne l’enchantait pas du tout. Le soldat acquiesça, se voulant rassurant. Lui n’avait pas peur de se retrouver seul. Il avait carrément peur que le Rippeur qui suivait Lyanna lui fasse une remarque et finisse étalé le long du mur. Clive ne pouvait pas le lui dire, mais intérieurement, il suppliait Lyanna d’être patiente. Et de ne surtout pas passer un collègue par l’épée.

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Lyanna
Guerrière
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Lun 27 Avr - 17:18

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Le Soldat ∞ L'Amazone
V
oyant que Darren acquiesçait d’un hochement de tête, je me levai de ma chaise, non sans dévisager le militaire qui allait me suivre. Qu’il tente quoi que ce soit, il mourrait avant moi. Je pris la direction du couloir, puis de l’escalier. Le Rippeur marchait derrière moi, hors d’atteinte. Sa main sur son taser, ma main sur mon couteau. Chacun était prêt à agir en cas de geste suspect. Je montai l’escalier en silence, tout comme le mâle qui m’accompagnait contre ma volonté. Une fois dans la chambre, je me dirigeai vers le lit, et m'agenouillai devant. Je sentis le soldat se crisper face à mon geste, et je restai immobile quelques instants pour voir ce qu’il allait faire. Mais heureusement pour lui, ou pour moi, il resta lui aussi sans bouger. Je continuai donc mes gestes, et sortis de sous le lit un sac à dos que je pris avec moi. Ensemble, avec cette tension palpable de celui qui commettra une erreur, nous descendîmes dans la salle commune. Je retournai m’asseoir à côté de Darren, et posai le sac sur la table.

Darren disposa les maigres preuves que l’on détenait sur cette affaire. Il présenta les différentes pièces en expliquant en détail tout ce qu’il s’était passé depuis deux semaines. Même si le lieutenant semblait méfiant par moment, il posa plusieurs questions légitime et bien orientée. Surtout lorsque je devais donner ma version de l’embuscade que j’avais subie en revenant vers le bourg. L’officier s’intéressa à cette partie, à ce que j’avais vu lorsque l’on m’avait demandé de relâcher mon otage contre ce que je pensais être Darren. Forcément, il finit par me demander si j’avais tué des Atlantes de sang froid. Alors que j’allais répondre le plus naturellement possible que c’était le cas, n’ayant pas du tout conscience de ce qu’un tel aveu pouvait apporter comme problèmes, le militaire ne put s’empêcher d’intervenir en répétant que j’étais en état de légitime défense. Je gardai alors le silence, et lui jeta un regard rapide, avant de reporter mon attention sur l’officier. Darren voulait me protéger tout comme je veillais sur lui. Ridding n’était pas dupe quant à notre relation mais il n’en disait rien.

Il me posa beaucoup de questions sur les Atlantes qui ne devaient pas être là. En jouant avec le contenu du caméscope, faisant des pauses sur image, il me demandait de reconnaître les personnes. Qui avait dit quoi, qui avait fait quoi, qui était qui. Lorsque l’image de mon prisonnier apparut sur l’écran du caméscope, je serrai la mâchoire en me raidissant. La haine pouvait se lire sur mon visage.

"Ce mâle a essayé de tuer Darren dans son antre. Je l’ai capturé, il a de précieuses informations à donner sur ce qui se passe ici, et pourquoi il a été envoyé sur cette planète par Macon".

A mesure que je répondais, même si c’était usant, le policier commençait à gagner en intérêt sur notre histoire. Vint ensuite les plaintes d’agressions, surtout concernant le bordel, et Darren reconnut que c’était son idée, son seul moyen de faire pression pour retrouver l’autorité en place.

Puis, soudainement, un déferlement de corps et d’armes entrèrent dans la taverne. Le gérant et Abelle avait pris la tête de toutes les prostituées qui avaient été libéré. Armée de tout et de rien, elles s’approchèrent des unités Rippeurs qui préparaient déjà leurs grenades de désencerclement. Darren, étrangement, se positionna entre tout le monde pour calmer la masse. Je me levai également, en même temps que lui. Mais là où le soldat essayait de calmer la situation, moi je me plaçai devant le groupe de jeunes femmes, en protection, faisant face aux Rippeurs qui étaient déjà prêts à engager le combat.

« Ces deux personnes nous ont sauvé la vie ! On ne vous laissera pas les emmener ! » S’écria Abelle, anxieuse.

« Ils ont sauvé ma taverne ! »

Des “moi aussi” et des “ils m’ont sauvé” ponctuèrent toute la masse. Le lieutenant n’avait pas peur de ce regroupement. Il ordonna à Darren et à moi de nous asseoir puis envoya un de ses hommes recueillir tous les témoignages contre la promesse de se tenir calme. Abelle et le tavernier furent interrogés dans une pièce à l’écart. Les prostituées se pressaient contre la porte pour apporter leurs versions. Même si les détails de nombreuses morts des locaux n’allaient pas à notre crédit, les témoignages se recoupaient tous sur divers points. Notamment sur le fait que le conseil avait usurpé le pouvoir d’Heimda juste avant la plainte déposée à Atlantis contre Darren.

Le lieutenant continua à me poser des questions jusqu’au moment où nous attendions ce fameux échange, retrouver l’Atlante à l’épaule trouée. Et le médaillon. En parlant de ce mâle, je ressentis une rage dévastatrice, et il me fallut un gros effort pour ne pas exploser. Pourtant, la haine pouvait très bien se lire sur mon visage, et s’entendre dans ma voix.

"C’est le mâle qui a tué Virgil, et qui a violé Abelle. Il faut le retrouver !"

« Cet homme là, vous en êtes certaine ? » me demanda-t-il tout en pointant le portrait que j’avais gardé. Celui que le Pendu m’avait envoyé par le biais de sa messagère.

« Il doit être capturé et remis à la justice Atlante. »

Bien entendu, la remarque de Ridding ne me plut pas du tout. Et mon regard chargé de haine, je le posai sur lui.

"Il ne mérite que la mort après ce qu’il a fait !"

« Merci pour votre avis, Lyanna. Mais ce type sera jugé pour ses crimes et il les paiera sur Atlantis ! » rétorqua le lieutenant.

"Ta justice ? Alors que ton peuple ne met à mort personne ? Il va pourrir dans une cellule, et c’est tout ? Après tout ce qu’il a fait ?" dis je en commençant à hausser le ton. Je m’emportai de plus en plus face à ces pratiques de faibles. "C’est un monstre, et tu vas le laisser en vie ? Il doit le payer de sa vie, et tu n’as pas le cran de ..."

« Lyanna...s’il te plait. » me coupa Darren en posant une main sur mon épaule. Il se tourna vers l’officier.

« Elle ne connaît pas bien nos procédures. N’en tenez pas compte...je lui expliquerai... »

« Je vous le conseille. Cet homme peut vous disculper de toutes les charges qui pèsent sur vous. Il est essentiel à l’accomplissement de l’enquête. »

« C’est noté, lieutenant ! »

Ma colère ne diminua pas pour autant. Je me contrôlai grâce à la présence de Darren. Mais intérieurement, je bouillais de rage. Ce mâle là, celui qui se tenait devant nous, je ne l’appréciais pas du tout. Je serrai la mâchoire, mais gardai le silence en le fixant de mon regard noir. Ridding en avait vu d’autre, il en restait totalement indifférent.

Mais à la question de Darren demandant s’il allait les aider, l’officier secoua négativement la tête.

« C’est insuffisant, Clive. »

Avant que je ne puisse m’offusquer, il ajouta :

« Mais je reconnais que l’affaire est bien plus complexe qu’elle ne se présentait à l’origine. Les charges qui pèsent contre vous sont sacrément discutables. »

« Lieutenant, j’ai besoin de temps. Je me rendrai à la justice Atlante. Mais pas avant d’avoir libéré Heimda... »

Ridding le sonda longuement, partagé entre les deux possibilités. Il finit par me fixer.

« Et vous ? Vous avez échappé à l’accusation pour le moment, vous pouvez rentrer si vous le souhaitez. »

Je secouai aussitôt la tête, posant un regard déterminé sur l’officier.

"Non, je reste ici, avec Darren. J’ai cette mission à terminer, je ne partirais pas avant".

Le regard de Darren dévia vers moi. Pendant quelques secondes, je puis y lire toute l’affection qu’il avait pour moi et le sentiment que provoquait mon engagement à ses côtés. Il y a deux semaines, j’hésitai énormément à ce même choix. Plus maintenant. Je le regardai également pendant un instant, et j’eus un petit sourire en coin pour lui. N’importe qui de l’extérieur qui voyait cette scène pouvait se douter qu’il y avait plus qu’une simple relation professionnelle entre nous.

« Quarante-huit heures. » décréta l’officier. « Passé ce délai, je vous ramène de gré ou de force. »

« J’ai besoin de me ravitailler. Des munitions, des antibiotiques. »

« Vous les aurez. Vous avez intérêt à en faire bon usage. »

L’une des unités Rippeurs vint le voir pour lui annoncer qu’il avait recueilli l’ensemble des témoignages, y compris celui d’Abelle. Ridding acquiesça puis décida de nous emmener jusqu’à son jumper, là où il nous permettait de récupérer notre matériel. Il était sur le départ, prêt à rejoindre Atlantis pour faire son rapport et annoncer que Macon n’était pas aussi blanc qu’il n’y paraissait.

Je n’avais rien à récupérer de mon côté, je faisais les cents pas. Mais Darren attira soudainement mon attention en me lançant quelque chose dans ma direction sans m’avertir. Je rattrapai l’objet tant bien que mal et me rendait compte que c’était...une barre au chocolat ! Un grand sourire éclaira mon visage. Depuis l’arrivée de Ridding et ses hommes, c’était la première fois que la colère s’atténuait. Juste en voyant une barre chocolatée. Darren n’avait pas oublié, et il avait pensé à moi. Je le regardai alors avec tendresse, acquiesçant d’un hochement de tête en guise de remerciement.

Le soldat m’adressa un tendre sourire. Mais il s’effaça aussitôt, au moment où une dernière question lui venait en tête.

« Mon lieutenant. »

« Oui ? »

Il revint de la cabine de pilotage.

Darren m’avait fait signe de m’approcher. Et même si je n’avais pas envie de côtoyer ce mâle, je faisais l’effort pour Darren...et la barre de chocolat.

« Chef...comment va Teyla ? »

L’officier fronça les sourcils et hésita.

« Allons, ça ne vous coûte rien de nous le dire ! »

Son hésitation demeura un long moment. Mais il finit par répondre.

« Elle est incarcérée en l’attente de son procès pour corruption et trafic. »

Il marqua une pause et releva la mine déconfite de Darren. Mon air de surprise fut le même que celui du militaire en apprenant cette nouvelle. Il fallait vraiment réussir la mission pour sortir l’Athosienne de là. Je comprenais aussi que le jugement de Teyla était précipité par Macon le temps que nous étions bloqué ici.

« Rassurez-vous, elle va bien. Son jugement devait se faire aujourd’hui mais les nouveaux éléments en ma possession vont relancer la procédure. Au moins pour quarante huit heures. »

Cette dernière information n’était pas anodine. Tout se recoupait. Si nous parvenions à incriminer Macon et à faire éclater la vérité, Teyla en sortirait lavée de tout. Comme nous...

Sans un remerciement, ou même une parole pour Ridding, je fis demi tour et quittai le jumper. J’attendis que Darren me rejoigne, soulagée à l’idée que cet officier s’en aille. Il s’entretenait encore avec lui. Je ne l’entendis pas s’excuser pour moi et lui promettre que j’allais bien me tenir, heureusement d’ailleurs. Une fois le jumper parti, nous partîmes établir notre plan d’attaque pour le lendemain.

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Mar 28 Avr - 17:40

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Le Soldat ∞ L'Amazone


« Arrête donc de bouger comme ça ! » gronda Darren d’un air faussement menaçant.
De son autre main, il piégea le menton de son amie pour finir sa peinture de camouflage.
« Le but c’est de te rendre discrète et effrayante dans la nuit. Pas de faire mourir de rire tes ennemis ! »

Malgré son humour, la tension était palpable.
Les deux partenaires avaient mené leur mission de repérage puis investit le lieu de l’échange. Des attelages s’étaient réunis au milieu des bois pour monter de mystérieuses caisses dans les remorques. Les types qui les recevaient étaient habillés en villageois mais ils étaient bien trop disciplinés pour n’être que des paysans. Darren avait douté de leur appartenance à cette planète, d’autant plus que leur disposition donnait l’air d’une patrouille de défense. C’était un comportement stratégique. Darren les avait longuement observé avec son amie, dissimulé dans les bois, et il avait fini par en voir un qui vérifiait son arme de poing.

Des Geniis…
Macon et son fameux contremaître avaient fait appel à des mercenaires pour régler la question une bonne fois pour toute. La Porte était trop loin pour donner l’alerte. Et de toute façon, l’ennemi détenait toujours le cristal de commande.
Il avait fallu rester discret et éloigné. Convaincre Lyanna de ne pas foncer dans le tas avait été difficile, surtout quand elle avait aperçu la cible de sa vie, le bras reposant en écharpe. Le contremaître était venu pour organiser le transport des caisses et payer son fournisseur. En le voyant, la guerrière s’était laissée envahir par la rage, et elle s’apprêtait à bondir pour aller le tuer, se contrefichant royalement de ce que ce Lieutenant avait dit, ou du plan que le soldat et elle était entrain de monter pour mener cette mission à bien. A ce moment là, Darren avait emprisonné son amie dans ses bras, non pas sentimentalement cette fois, mais bien pour l’empêcher de se jeter dans la fosse aux lions.
Ca n’avait pas été facile de la retenir. Son tempérament explosif était devenu trop virulent en constant que son ennemi ultime se trouvait à quelques dizaines de mètres d’elle. Même pour lui, qui détenait une certaine influence, ça avait été un mauvais moment à passer. Lyanna s’était débattue dans les bras de Darren, mais ce dernier avait usé toute sa force pour la maintenir contre lui. A voix basse, il avait murmuré des paroles réconfortantes à la jeune femme, ce qui avait fini par calmer sa colère. A contrecoeur, la guerrière avait arrêté de se débattre, renonçant à foncer dans le tas. C’était dur pour elle, mais il fallait s’en tenir à leur plan.

Après coup, le binôme s’était retiré pour prendre son attelage et ils avaient suivi le convoi de loin. Le soldat avait pu se refaire un équipement complet et il se sentait revivre depuis qu’il portait un gilet tactique bien fourni. Maintenant équipé de jumelles, il observait le trajet de l’ennemi à distance, le poursuivait en restant le plus discret possible.
Cela les avait amené non loin du bourg qu’ils occupaient, dans la nature, là où une ancienne fortification avait été abandonné. Un vieux village qui avait fini par perdre tous ses occupants et dont les remparts en bois, bien que sévèrement abîmés, évitaient l’intrusion de petits curieux. Macon et ses sbires en avaient fait leur base d’opération, ils les avait enfin repéré.

Darren avait convaincu son amie d’attendre le milieu de la nuit avant d’agir.
Ils ne pouvaient pas débarquer comme ça en espérant tuer tout le monde. Même si Lyanna préférait cette idée, en bonne bourrine impitoyable qu’elle était. Pour l’instant, les effectifs dans ce camp demeuraient un point d’interrogation. Impossible de se pointer comme des barbares dans l’espoir d’éliminer tout le monde, il fallait être plus subtil.
S’infiltrer, atteindre les caisses, connaître le plan de l’ennemi. Puis tout saboter…

Du coup, ils étaient retournés à l’auberge afin de se préparer.
Darren avait récupéré un fusil M4 et plusieurs chargeurs. Il avait posé tout son équipement sur la table, notamment des serflexs, des grenades lacrymogènes et quelques flash bang. Une boite de cartouches de neuf millimètres était entamée depuis qu’il avait réapprovisionné ses chargeurs. Le kit de premiers secours était complet, un tube de pilules d’anti-douleur et un autre d’antibiotiques étaient ouverts, quelques médicaments étalés sur la table.
Le soldat avait expliqué à son amie que ça aiderait son corps à se soigner et à réduire la douleur.
Pendant que Darren faisait l’inventaire de son matériel, Lyanna était assise près de lui. Elle était en train d'aiguiser et nettoyer la lame de ses armes, avec le nécessaire que le soldat lui avait offert, fixé sur la partie gauche de sa ceinture. Elle y mettait tout son art, prenant soin de ses épées et de son couteau, ses outils de combat. De temps en temps, elle passait le plat de son doigt dessus pour s’assurer que c’était tranchant.

Il faisait tard.
La nuit était fraîche et tout le monde dormait. Ils partaient pour cette mission. Et puisqu’il n’en faisait pas une sans se faire méchamment savater, celle-ci promettait de nouvelles émotions. Une nuit sans un câlin, sans une étreinte chaude, sans calme. Une simple sieste de quelques heures à peine, histoire d’être en forme pour le combat. Ce n’était pas réjouissant, et même si Lyanna était plutôt habituée aux courtes nuits dans ce cas de figure, le fait de ne pas dormir dans les bras du soldat, bien installée et apaisée, était une contrariété pour elle. C’est pour ça que Darren était tendu malgré tout son humour. Il avait saisi sa belle Amazone pour la faire asseoir sur un coin de table puis avait commencé à lui appliquer du maquillage de camouflage. Il lui en expliqua l’utilité, bien qu’il suspectait son amie de l’avoir déjà fait sur son monde pour se cacher. Mais ce que le soldat ignorait, c’était que sa planète, Lyanna avait appliqué très peu de ce maquillage, du moins un équivalent, pour se fondre dans le décor et surprendre l’adversaire. Déjà, c’était davantage des peintures de guerre que du camouflage. Et puis, c’était surtout les chasseresses et les sentinelles qui en mettaient.
Darren lui avait déjà bariolé son corps peu couvert, les jambes et les bras.
Mais son visage, c’était une autre histoire. Ca avait tendance à l’agiter de sentir cette couche graisseuse sur son épiderme, elle qui aimait tant la liberté de mouvement et que sa peau puisse respirer. Lyanna soupira, montrant ainsi son énervement. Elle n’aimait pas ce que Darren était en train de faire. Déjà, elle avait ce maquillage partout sur le corps, mais maintenant, le militaire lui en mettait sur le visage. Et comme elle n’appréciait pas ça, difficile pour elle de rester tranquille.

"Mais puisque je te dis que c’est inutile, ton truc. Arrête, je n’en ai pas besoin !"
« Tes ennemis auront beaucoup plus de mal à te voir. Surtout avec ta rapidité et tes mouvements fluides. »
Comme d’habitude, Darren savait y faire pour essayer de la convaincre. Il leva ses deux sourcils et fît mine de refermer son tube, histoire de la tenter :
« Bon, après tout, si tu veux te priver du plaisir d'apparaître dans leur dos et d’enfoncer tes lames par surprise, en leur montrant combien ils ont eu tort de sous-estimer la femme...j’arrête... »

Lyanna réfléchit aux paroles de Darren. Il était vrai que si elle pouvait fondre sur ses ennemis plus rapidement, sans être vue, c’était un avantage. Mais étant quelqu’un de mauvaise foi, qui ne voulait pas reconnaître ses torts, la jeune femme secoua la tête.

"Je n’ai jamais eu besoin de ça pour abattre les mâles. Et puis, il fera nuit. Personne ne me verra arriver !"
« Oh que oui. Il ne verront pas ta peau bien claire ni l’éclat de tes lames sous la lumière de la lune. Pas du tout ! »
Darren reprit son travail, contraignant une nouvelle fois Lyanna à ne pas bouger.
« Au fait. Tu sais que les femmes se maquillent sur Atlantis ? Pour mettre leur beauté naturelle en valeur et séduire les hommes ! »

A ce mots, Lyanna se raidit sur la table, outrée par ce qu’elle entendait. Elle fixa Darren, comme pour s’assurer avoir bien entendu. Ce qui était malheureusement le cas.

"Quoi ? Des femmes se … comment tu dis ? Maquillent ? Tout ça pour que les mâles les regardent et soient séduits ? Mais quelle horreur, elles ne devraient pas faire ça !"
« Pourtant elles le font. Et elles sont douées ! » Répondit Darren, un brin moqueur.
Il approcha sa main libre du visage de l’Amazone pour dessiner délicatement ses lèvres.
« Un tout léger rouge à lèvres ici. »
Ses doigts montèrent sur le contour de ses yeux.
« Un chouilla de crayon là. Un coup de peigne dans tes cheveux. Tu seras devenue irrésistible !»
Darren fit le pitre en la suppliant, comme si elle était devenue la Déesse de la beauté, pendant qu’il s’agenouillait comme un chevalier dévot, les deux mains jointes.
« Je volerai toutes les barres de chocolat de la cité pour toi, ô Lyanna ! Ô ma belle ! Ô si irrésistible Amazone !!! »

Lyanna ne put s’empêcher de sourire en voyant le soldat se mettre à genoux devant elle, et s’amuser comme un gamin. Elle secoua la tête, tout en le regardant.

"Tu ne m’auras pas avec cette promesse. Il est hors de question que je mette des peintures de couleur sur mon visage pour plaire à quelqu’un. Je suis comme je suis, c’est tout. Et les barres de chocolat, j’irais les chercher moi même".
« Ah bon ?!? Pas même pour me plaire à moi ? » fit-il en ouvrant grand les yeux.
"Je pensais que tu n’avais pas besoin de ça pour que je te plaise".

La guerrière se mordit la lèvre, étant soudainement un peu mal à l’aise.

"Et puis, tu as dis que les femmes se maquillent pour plaire aux mâles. Si je me maquille, ils vont donc venir vers moi. Et ça, je n’en ai pas du tout envie. Ca m’horrifie d’imaginer une telle chose !"

Darren ria, touché en plein dans le mille.
« Ils n’oseront pas t’approcher, je les chasserai avant ! Mais...c’est vrai. Ton joli sourire suffit à me charmer. » reconnut-il.

La guerrière retrouva le sourire, elle était rassurée à l’idée que Darren jouerait les “garde du corps” pour qu’aucun mâle ne vienne lui tourner autour. Lyanna refusait de ressembler à ces femmes qui voulaient “plaire” à des mâles.
Darren avait beau lui expliquer qu’il utilisait actuellement simplement d’un camouflage, d’un déguisement, la texture de cette peinture lui déplaisait tellement qu’elle était incapable de rester immobile.
C’était amusant. Clive avait l’impression d’avoir affaire à une enfant qui refusait de se déguiser pour Halloween. Sa seule parade avait été de faire apparaître une barre de chocolat qu’il avait posé à l’écart, l’air de rien, comme pour lui laisser l’idée qu’elle l’obtiendrait si elle restait sage. Autant dire que Darren venait de taper sur un point sensible chez Lyanna. A cause de lui, elle adorait le chocolat. Et lui mettre cette barre sous le nez, en échange d’un moment de tranquillité, c’était mesquin, même pour lui. La jeune femme fixait Darren avec un air faussement outré.

"Tu oses me faire du chantage pour une barre de chocolat ? J’avais raison, tu es fourbe".
« Mais parfaitement, chérie, je connais les arguments qui te parlent ! » assuma Darren avec un grand sourire sur le visage.
Il agita la barre chocolatée.
« S’il n’est pas pour ton ventre, il sera pour le mien… »
Le soldat se pencha vers elle, comme s’il allait l’embrasser. Mais de sa voix de fourbe, il ajouta :
« La toute….dernièèèèèèèère barre….de chocolaaaaaaaaaaaaaat. »

"Attends, ne fais pas ça !!!"

Lyanna avait réagi par pur automatisme, au quart de tour, lorsque Darren lui annonçait qu’il mangerait la dernière barre de chocolat, au lieu de l’embrasser. Ce qui la frustra d’ailleurs. Elle finit par soupirer, abdiquant une nouvelle fois face à lui. Le soldat avait vraiment un don pour l’amadouer et calmer ses ardeurs, sans pour autant la manipuler.

"Bon d’accord ! Vas y, finis ce que tu as à faire … puisque ça te fait plaisir !"

Darren sourit de façon victorieuse. Il lui chatouilla le nez de son index, pour la taquiner sur sa façon de lui répondre et de bouder.
Le soldat termina les traits qui bariolaient le visage de Lyanna, dans une forme d’architecture et d’esthétisme commun à l’US Air Force. Il se recula ensuite, fier de son résultat. L’Amazone ne put s’empêcher de se précipiter face au miroir pour découvrir le massacre. En voyant le résultat, la jeune femme commença à se plaindre. Elle dut même résister à la terrible envie de tout retirer. Mais Darren la regardait d’un autre oeil.

« Sexy... »

Ca avait toujours été sa petite faiblesse, ça.
La femme qu’il convoitait se glissant dans une tenue militaire. Même la peinture de guerre, qui n’était absolument pas faite pour ça, éveillait son attirance. C’était bizarre, certes. Mais une Lyanna avec le visage peinturluré l’éveillait sur des envies peu chastes. La guerrière ne comprenait pas la remarque de Darren. En quoi voir une femme avec ce camouflage vert, noir et marron, en si grande quantité qu’on ne voyait plus un seul centimètre de peau, était agréable à regarder ?

"Tu es sérieux ? Tu trouves ça beau ? Mais … mais … c’est horrible ! Regarde moi ça ! Je ne ressemble plus à rien ! C’est immonde !"

Lyanna continuait de pester en se regardant dans le miroir, ayant déjà hâte de se jeter dans la rivière la plus proche pour nettoyer tout ça.

« C’est guerrier...ça fait femme fatale ! Tu as l’air encore plus dangereuse comme ça... » dit-il d’une petite voix.
Et sans crier gare, il agrippa la jeune femme par les épaules et lui colla le baiser du siècle.

Lyanna continua de soupirer de colère, n’aimant pas ça du tout. Elle n’était plus elle, et même si Darren la complimentait à ce sujet, en la comparant à une femme fatale et dangereuse, elle n’était pas du même avis. Mais avant qu’elle ait pu dire quoi que ce soit, le soldat vint l’embrasser langoureusement, avec beaucoup de passion. Ce qui ne laissa pas la jeune femme indifférente. Bien qu’étant surprise au début, alors que Darren l’avait embrassé sans le moindre signe avant coureur, Lyanna se laissa aller et répondit à son baiser avec cette même intensité. Elle vint même se blottir dans ses bras, et posa ses mains sur chaque hanche du militaire, ne voulant pas le lâcher.

« C’est tellement bon... » murmura-t-il à son oreille. Il ajouta ensuite avec beaucoup d’humour : « C’est à ton tour de me maquiller. Que le massacre commence !!! »

Lyanna regretta un peu que le baiser prenne fin, mais ils avaient du travail. Les paroles de Darren la firent sourire.

"Et bien, tu n’as vraiment peur de rien !"

Très hésitante, la jeune femme eut beaucoup de mal à faire la même chose que Darren. Mais grâce à ses conseils, et à de la patience, elle parvint à un résultat pas trop horrible. Enfin pour le soldat. Parce que pour elle, c’était aussi immonde que sur elle.

Une plus tard...
Les gens de cette planète dormaient à poings fermés.
La ruelle était déserte. Même en empruntant l’attelage, qui faisait pourtant un raffut du diable, personne ne se pencha à une fenêtre pour maudire leur manque de respect pour le sommeil des autres. Tout était parfaitement calme, si bien que Darren avait une étrange sensation qui ne collait pas avec le reste du décorum. Le soldat avait l’impression d’être dans sa voiture, très tôt dans la nuit, en s’apprêtant à faire une longue route pour rejoindre sa soeur en vacances.

Un étrange sentiment de sérénité l’habitait, le calme avant la tempête.
Ce n’était pas la première fois qu’il réagissait comme ça. A l’époque, déjà, lorsque ses instructeurs avaient embarqué sa section dans des camions bâchés sans donner d’informations, tous les gars se parlaient sans anxiété, attendant tout simplement de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés.

Ce soir, c’était la même.
Darren s’amenait vers une opération d’infiltration qu’il espérait être la dernière.
S’ils parvenaient à détruire la force ennemie en sabotant leurs capacité offensive, à capturer le contremaître, ce serait la quille.
La quille, putain !

Clive avait beau se faire violence, son esprit se mit à errer pendant le voyage.
Il projetait déjà à ce qu’il ferait en rentrant.
Les toubibs commenceraient par lui enlever ces horribles sutures faites d’un fil qui ne se résorbaient pas, pour commencer. Il dormirait dans un lit d’hôpital en sécurité, uniquement préoccupé par le fait que le corps de Lyanna lui manquerait atrocement pour un sommeil paisible.
Ensuite, il s’enfilerait une bonne demi-douzaine de cheeseburger avant de faire la java avec ses amis du D4. Il leur raconterait en détail toutes ses aventures. Mais se garderait bien de se vanter d’avoir conquis le coeur de “La Sorcière d’Atlantis”, comme l’appelait Max.

Et enfin, lorsqu’il se serait refait une santé, il embarquerait Lyanna pour leur première soirée en amoureux. Il trouverait l’astuce pour lui faire porter une magnifique robe de soirée, en mettant Teyla dans le coup !
Histoire que sa belle brune ne s’en aille pas trouver son bonheur dans le prêt à porter anti-mâle ! Et que sa venue au restau ne se fasse pas avec le cliquetis de son habituelle quincaillerie tranchante.
Ouais, une vraie petite robe bien sympa, en rouge carmin ou en bleu ciel peut-être, dans laquelle elle aurait glissé son joli petit corps. Sans couteau dans la poche, sans épée dans le dos, juste son shorty de combat et rien d’autre là-dessous. (Parce que bon, faut pas déconner, il peut toujours se tamponner pour la voir en porte-jartelle). Mais si dans un monde parfait elle avait réussi à accepter ce léger maquillage sur son doux visage, il serait définitivement convaincu d’aller piller le stock de chocolat pour ses beaux yeux. Avec ce petit air intrigué et sa mèche raccourcie d’un côté, elle ferait une si magnifique femme invitée à sa table !

Ensuite, il l'emmenerait voir ce que donne la vue d’une cité illuminée sous la nuit depuis la digue Est, avec du grignotage à base de chocolat. Et enfin, si la belle ne s’était pas trop rempli le ventre, il se présenterait comme son dessert.

Voilà ! C’est comme ça qu’on se récompensait de s’être sorti de la merde !
Sauf que là, en l’occurence, il était encore sur ce monde, isolé d’Atlantis, à conduire cette charrette avec un gros sourire naïf sur le visage. Son amie s’en était rendue compte et elle le fixait en se demandant ce qu’il lui passait par la tête. Darren quitta ses songes éveillés et ses fantasmes pour revenir à la réalité. Il haussa les épaules, refusant de lui révéler son petit projet, puis gagna un chemin qui les éloigna du bourg.

Le soldat avait repéré une forêt à quelques kilomètres des ruines. Il y emmena l’attelage et le dissimula dans un petit chemin de terre peu utilisé. Après l’avoir recouvert de quelques branches qu’ils avaient cassé plus tôt dans la journée, le soldat vérifia une dernière fois son équipement.
Il s’approcha de son amie et finit par lui tendre l’un des fameuses armes étranges qu’elle avait vu entre les mains des unités Rippeurs.

« C’est un taser. Tu vises, tu appuies et ça envoie deux électrodes sur ta cible. Prochain coup, tu lui fais subir la force du tonnerre. Ca bloque la cible...comme une crampe dans tout le corps entier. »

Le sous-entendu était assez fort pour cibler le Contremaître. Cette arme était faites pour le neutraliser et non le tuer. Darren tentait de convaincre Lyanna d’utiliser cet outil plutôt que ses lames. Il insista avec un détail.

« Tu le feras salement souffrir. »

Lyanna regarda l’arme que tendait Darren, et la pris dans ses mains, la retournant dans tous les sens. C’était l’objet que les mâles qui accompagnaient Ridding avaient, et qui était différent de ce qu’elle avait vu auparavant. Le soldat voulait qu’elle l’utilise, cette arme qui ferait souffrir sa victime. Sûrement pour ne pas la tuer. Bien que l’idée d’apporter davantage de souffrance donnait un air sadique, avec le petit sourire de prédateur qui venait d'apparaître sur ses lèvres, ce même sourire disparut rapidement à cause d’une grosse hésitation de sa part. Elle avait soudainement un sérieux doute, et de taille. Comme si l’objet était dangereux, Elle n’osait pas le toucher davantage, fixant Darren.

"Mais … non … je ne sais pas me servir de ça ?!"
« Ca ira, ne t’en fait pas. » lui répondit-il confiant.

Il plaça l’arme entre ses mains de la bonne façon et accompagna son index.
« Le doigt sur la détente, que lorsque tu es sûre de tirer. En face de ton ennemi, ne fait feu qu’à très courte portée. A bout portant, c’est l’idéal. »

Lyanna n’était pas du tout à l’aise quand Darren lui mit l’arme en place. Elle se rappelait de ses deux tentatives avec un pistolet, dont les résultats n’avaient pas été glorieux. Alors ce truc là … Le soldat lui expliquait comment faire, et la jeune femme dut avouer que c’était comme tenir un pistolet, ce qui n’était donc pas très différent de ce qu’elle connaissait déjà. Et puis, tirer à bout portant serait sans doute plus simple pour atteindre facilement sa cible, non ? Même si elle hésitait encore, la guerrière acquiesça d’un hochement de tête, même si elle espérait ne pas le regretter. Darren plaça un holster autour de sa ceinture, juste derrière son couteau, et y plaça le taser. Se retrouver avec ça continuait de mettre Lyanna mal à l’aise, et elle espérait ne pas à avoir à s’en servir.

« Tout se passera bien, c’est juste au cas où. » la rassura-t-il.

Lyanna respira profondément, et tenta d’écouter Darren qui cherchait à la rassurer.

"J’espère ..." dit elle dans un murmure, davantage pour elle que pour le soldat.

A partir de là, ils partirent en direction de la ruine en silence, se faufilant le plus discrètement possible entre les reliefs et les hautes herbes.
Ils rampèrent ensuite l’un derrière l’autre pour atteindre les quelques bois qui cernaient l’ancien village. Par là, il serait plus difficile de les voir débarquer. Darren évolua très lentement, comme Lyanna, jusqu’à approcher de la vieille barricade en bois.

Il y avait des feux et des braséros à plusieurs endroits.
La ruine semblait avoir repris vie et, même s’il n’y avait pas beaucoup de bruits, le soldat remarqua plusieurs silhouettes patrouiller sur les remparts et les tours. Il examina longuement la disposition des effectifs avec son amie puis compta le temps qu’ils mettaient pour revenir en position. Deux minutes...dans les grandes eaux.

Darren échangea un regard à son amie.
Ils n’étaient plus le couple en devenir qui se découvraient. Ils étaient maintenant deux guerriers qui comptaient capturer le contremaître. Silencieusement, Darren se retourna légèrement, puisqu’il était allongé dans les hautes herbes, puis fit signe à sa partenaire avec les mains. Il pointa les remparts, lui fit comprendre qu’il allait la faire grimper dessus, et qu’elle allait éliminer les deux premiers gardes avant de l’aider à la rejoindre.

Pas besoin de lui répéter deux fois. Elle se déplaça avec souplesse pour se mettre en position et elle attendit le signal du soldat. Darren, de son côté, consulta sa montre et nota le prochain croisement de la patrouille. Dès qu’ils lui tournèrent le dos, il se redressa et s’avança très rapidement jusqu’au bord du rempart. Il y colla son dos et ramena ses mains pour faire la courte échelle.
Un signe de sa part, la jeune femme venait déjà sur lui et marchait sur sa main, son épaule, puis sa tête, trouvant l’impulsion pour se cramponner au rebord de bois. Un bref regard lui apprit qu’il y avait un homme sur sa droite, à une dizaine de mètres et qui s’éloignait. L’autre, à gauche, était à une distance semblable. Mais il s’était arrêté pour fouiller dans sa besace, probablement à la recherche de quoi fumer ou manger.

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mar 28 Avr - 17:46

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
A
près m’être glissée en haut du mur, je passai par dessus et retombai en silence sur le sol. J’analysai rapidement la situation, et jetai mon dévolu sur le mâle qui était entrain de fouiller dans son sac. Sans faire de bruit, je m’avançai prudemment pour venir dans son dos, ayant sorti mon couteau. Mon adversaire ne m’avait pas remarqué, et visiblement, personne d’autre n’était en vu. D’un geste rapide, je vins couvrir sa bouche de ma libre, afin de l’empêcher de crier, tout en l’égorgant avec ma lame. Je retins sa chute pour ne pas faire de bruit. Sans attendre, je cherchai du regard le second mâle, celui qui s’était éloigné juste après mon arrivée.

Il était maintenant un peu plus loin, regardant par dessus les remparts par moment. Il était distrait et ne s’était rendu compte de rien. J’entendais distinctement le sang de ma première victime s’écouler et faire une flaque entre mes bottes. Darren était en-dessous, attendant que je l’aide à grimper. Je devais choisir quelle chose faire en premier. Cacher le corps ? S’occuper de second mâle ? Ou aider Darren à grimper ? La priorité était sans doute la sentinelle, mieux valait s’en occuper rapidement. Si jamais il revenait et découvrait le corps, ou même moi, il donnerait l’alerte. Toujours en silence, profitant des zones obscures par ci par là, je glissai vers lui comme une ombre, à moitié fléchie sur mes jambes. Je surveillai en même temps le mâle, histoire qu’il ne se retourne pour tomber nez à nez avec moi. Mais je fus plus rapide. Je me retrouvai alors dans son dos, comme pour l’autre. Et avec cette même vélocité, je plaquai ma main contre sa bouche, et d’un coup, je plantai mon couteau dans sa nuque. La lame sortit de l’autre côté, en travers de la gorge. Pendant que ma victime s’étouffait dans son propre sang, j’utilisai son poids et le poussai pour le faire basculer par dessus la rambarde. Son corps tomba dans le vide, et s’écrasa dans un lit de végétation, mort avant d’avoir touché le sol. Maintenant que je m’étais occupée de lui, il me restait le second cadavre, et Darren. J’eus l’idée de jeter le corps par dessus la rambarde, afin de le faire disparaître comme l’autre. Mais il me faudrait certainement de l’aide pour faire ce geste. Un mort pesait lourd. Alors je retournai là où j’étais arrivée, et je basculai à moitié dans le vide, tendant mon bras pour aider Darren.

Je vis le soldat émerger des fourrées et courir jusqu’au mur. Il donna une impulsion, appuyant sa botte contre le mur et s’étira pour atteindre mes bras. Le soudain contrecoup de son poids m’arracha un cri que je m’empressai d’étouffer. Il pesait aussi lourd qu’un mort avec tout son équipement et je ne pouvais que le maintenir à bonne hauteur. Darren fît le reste du chemin en agrippant le rebord et bascula jusqu’à moi. Il posa un genou à terre, considérant son environnement, et s’équipa de son fusil d’un geste précis. Je lui donnai une tape sur l’épaule et lui montrai le corps. En comprenant tout de suite où je voulais en venir, il m’aida à jeter le cadavre par dessus la rambarde. Il s’écroula dans un bruit sourd mais personne ne semblait avoir entendu.

Darren me donna une nouvelle tape et leva sa main pour pointer une direction. Je savais que les militaires d’Atlantis communiquaient beaucoup comme ça lorsqu’il ne fallait pas parler. C’était pour attirer mon attention sur le fait qu’il prenait une direction. Le soldat avait l’oeil sur son organe de visée, le canon en avant, et progressa avec attention. Je le regardai s’éloigner, puis je pris un autre chemin, longeant silencieusement la rambarde couvrir un autre terrain. Le couteau rangé, les épées dégainées, je progressai furtivement, regardant souvent autour de moi, et surtout derrière, pour surveiller les alentours. Par moment, je me dissimulai dans des coins sombres pour analyser l’environnement, avant de poursuivre ma route.

Plusieurs groupes se déplaçaient dans la cour. Il semblait y avoir un bâtiment central, comme le donjon d’un vieux château décrépit. Un groupe important d’une dizaine de personnes s’étaient réunies autour d’un feu, discutant bruyamment sans même se méfier. Après tout, ils avaient des collègues qui surveillaient les remparts, non ? Six attelages étaient alignés devant un grand abreuvoir, les chariots étaient vide. Cela m’offrit une couverture suffisante. C’est là que je vis quelque chose qui me laissa pantoise. Darren était en train de traverser le camp d’un côté à l’autre, marchant normalement. Il avait piqué la veste d’un des soldats, s’était vissé la casquette sur la tête, et il marchait dans la pénombre. C’était parfaitement culotté et, s’il y avait eu quelques regards qui s’étaient tournés vers sa silhouette, personne n’eut la présence d’esprit de remarquer la bosse que formait son sac à dos ou ses rangers parfaitement Atlante. Le soldat atteignit l’autre partie, un petit bâtiment qui faisait comme un poste de contrôle puis il y entra en sortant son neuf millimètres.

Voir Darren traverser la cour, comme ça, presque à découvert si ce n’était une simple veste et une casquette me fit halluciner. Dire que je fus surprise était un euphémisme. Non mais, que faisait-il ? Le soldat était devenu cinglé, il cherchait les ennuis. J’eus une terrible envie de lui dire de s’en aller, mais même chuchoter pour moi même aurait trahi ma position. Je ne pus qu’observer la scène, attendant le moment où les mâles lui tomberaient dessus en le voyant. Mais non, il traversa la cour sans rencontrer de problème, avant de disparaître dans un bâtiment de l’autre côté. Pendant de longues secondes, je restai sans bouger, totalement interdite par ce que venait de faire Darren. Non mais sans blague, ce mâle marche tranquillement avec les autres, limite à les saluer … et rien. Personne ne le reconnut et ne lui saute dessus. Il était gonflé, ce type. Curieusement, cela m’arracha un sourire. Et dire que j’étais attachée à ce soldat au comportement si surprenant. Cela me plut beaucoup, je dus l’avouer.

Je finis par me rapprocher le plus possible du centre du camp, où se trouvait le feu. Et la réunion de mâles qui continuaient de discuter. Je parvins à me dissimuler derrière un chariot, accroupie dans l’ombre. De là où je me trouvais sans être vue, je pus écouter les conversations et analyser l’environnement, afin de voir ce qui se passait. Et comment agir.

« N’empêche, tu as entendu ce bruit ? “Clac !”. »

« Il en est pas à sa première phalange retournée. Il a le coup de main, faut le reconnaître. »

« Pourtant on a tout essayé avant qu’il débarque. Tout l’excitait ce vieux con. Même le cul d’Assai ne l’a même pas tenté ! »

« Parce qu’il était homo. Tu lui montrais ton chibre, il t’aurait tout de suite vendu toutes les infos ! »

« C’est vrai qu’on a tout essayé sauf ça. On y pensera la prochaine fois ! » s’esclaffa le type en assurant son fusil genii sur ses jambes repliées.

« Tu crois qu’il l’a tué ? »

« Hmmm...non. Il avait encore deux trois trucs à révéler. » nota la femme. « T’en fais pas mon Mignon. Le Contremaître te le laissera pour astiquer ton troisième flingue. »

Tous s’esclaffèrent. Quant à moi, je fronçai les sourcils en entendant leurs conversations. Ces mâles parlaient d’un prisonnier était en train d’être torturé. Et donc en vie. Mais de qui pouvait il s’agir ?

« Vivement qu’ils finissent l’installation, qu’on puisse se tirer de cette putain de planète. »

« Mon pauvre chou ! Tu es déjà fatigué de ne pas trouver une victime à sodomiser ?!? »

Ils rièrent tous à nouveau. Soudain, un boucan infernal surpris tout le monde. Les coupant net. Aussitôt, mon regard dévia vers le bâtiment où avait disparu Darren. Des tirs d’armes à feu, pourtant discret, s’étaient immédiatement suivi d’armes geniis nourries. Les soldats autour du feu se redressèrent rapidement, empoignant leurs pistolets et fusils, le regard ahuri. Ils pointèrent la porte du poste de garde qui s’ouvrit sur l’un de leurs collègues. Il s’avançait en titubant. L’un des hommes tenta bien de l’appeler mais c’est comme s’il était dans un autre monde. Après quelques pas, il s’effondra brutalement en révélant un poignard Atlante bien planté entre les omoplates.

« Cernez le bâtiment !! Exécution ! »

« Les Atlantes ?!? »

« Ils connaissent pas ce camp... »

« Vos gueules ! Avan... »

Il ne put terminer sa phrase. Un objet rond venait de tomber entre ses pieds, lui faisant faire un bond de surprise en arrière. Soudain, il y eut comme une explosion, le bruit d’un terrible coup de tonnerre et un flash lumineux. Comme lorsque l’on ouvrait les yeux trop vite en sortant du sommeil et qu’il faisait déjà jour. Cette curieuse détonation agressa mes sens et manqua de me priver de la vue. De là où j’étais, je n’avais pas pu voir qu’il s’agissait d’une grenade Atlantes, utilisée par Darren. Je secouai la tête, clignant plusieurs fois des yeux en me plaçant en sécurité derrière le chariot. Je secouai la tête, attendant que cette désagréable sensation passe. Mais après avoir rapidement récupéré mes sens, étant plutôt éloignée du lieu de l’explosion, je passai à nouveau la tête de derrière ma cachette, et je remarquai alors mes ennemis se tenir longuement le visage. Ils étaient aveuglés ! Tous ! Un sourire carnassier se dessina sur mon visage, et je décidai de passer à l’action. Je sortis rapidement de ma cachette, et me rapprochai dans le dos de ma première victime, épées en mains, pour lui planter le bout de ma lame en travers de la gorge. Sitôt le mâle atteint, je me déplaçai vers celui qui était le plus proche de moi pour profiter de l’effet de surprise, et le transperçai de mon épée, la pointe sortant de l’autre côté.

Les Geniis alentours avaient pensé ma première victime touché par les tirs de Darren. Mais la pointe de mon épée venait maintenant de les alerter.

« Bon sang ! Derrière nous !!!! »

La petite troupe comprenait être entre nos deux armes. Darren réagit immédiatement en s’attaquant aux deux qui venaient de se retourner vers moi, les armes en avant. Le premier se prit une volée de balles qui le transperça de part en part. Le type se secoua, parcouru de spasmes, avant de s’effondrer sur un collègue. Pour l’autre, il tenta de me viser avec son arme de poing. Mais bien loin d’être serein, il alluma copieusement son camarade derrière lequel je venais de m’être glissée. Il récolta d’un tir dans la cuisse qui le mis à terre, visé par Darren.

« Faut s’replier !!!! »

« Mes couilles ! Tournez-vous, tous sur elle !!! »

Une erreur à ne pas faire. Deux Geniis me foncèrent dessus, armes pointées sur moi. Ils commençaient déjà à faire feu, j’entendis le claquement sec de leurs projectiles passer près de moi. Vraiment près ! Je pouvais distinguer le déplacement des balles par le sifflement. Tout se passait si vite ! J’essayais de me dégager de la ligne de mire en voulant trouver une cachette, mais il n’y en avait pas. Les mâles continuèrent de me tirer dessus. Mais ce faisant, ils venaient de couper la ligne de tir de leurs camarades. Ils venaient….à mon contact ! J’en profitai pour fendre l’air de mon épée, en direction de l’un d’entre eux. La lame l’entailla en travers du torse. Darren choisit ce moment pour sortir de sa cachette. Maintenant que je me retrouvée submergée, à devoir garder deux adversaires en contact rapproché pour empêcher les autres de me tirer dessus, c’est lui qui enfonça sa baïonnette dans le dos d’un genii. Le soldat hurla si fort qu’une part des survivants se retournaient de nouveau contre lui. Ils ne savaient plus où donner de la tête.

« Crêve !!!! » gueula un Genii en parvenant à pointer son arme sur ma tempe. Mon esquive fût instinctive, dans l’autopréservation, le claquement de la balle me rendit sourde d’une oreille.

Je poussai un cri de douleur au moment où la détonation manqua de m’arracher le tympan, alors que je m’étais penchée à temps pour ne pas recevoir cette balle en pleine tête. Ayant mal, je fermai les yeux et plaquai ma main sur l’oreille, alors qu’un sifflement strident me vrillait le crâne. C’était assourdissant. Me voilà déstabilisée, mais je savais que le mâle se trouvait encore à côté de moi. Je pouvais sentir sa présence. Et j’étais à sa merci. Sans réfléchir davantage, je rouvris les yeux, levai ma lame et la plantai dans son ventre, toujours en tenant mon oreille endolorie. Ce sifflement ne s’atténuait toujours pas.

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Mar 28 Avr - 18:04

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Clive venait de s’enfoncer dans la maigre ligne ennemie en se lançant au corps à corps. Pas comme le ferait Lyanna avec ses lames mais, lui, avec son M4 muni d’une baïonnette. Il n’hésitait pas à planter l’adversaire, dans le dos s’il le fallait, et il tirait carrément à bout portant pour s’assurer de l’avoir tué. Il n’y avait pas de pitié ce soir, Darren et son amante étaient là pour tuer. Détruire la menace.
Atlantis, sa horde administrative et la justice militaire se chargerait de juger le bien fondé de leur assaut plus tard. Là, Darren exerçait une pression progressive pour faire tourner une nouvelle fois les assaillants. Tantôt Lyanna, tantôt lui.
Habituellement, ils auraient formé deux groupes pour résister. Mais entre le flashbang et découvrir qu’ils étaient pris sur deux fronts, les adversaires n’avaient pas eu le temps de s’organiser.

Lorsqu’il se rendit compte que Lyanna venait de se tenir le visage, plutôt du côté de l’oreille, le soldat cru qu’elle avait été touché. Il épaula son M4 et lâcha une rafale sur le type avant de s'apercevoir que son ventre était déjà visité de sa lame.
Dans l’échange, l’aveuglement régressif, l’adversaire Genii peinait à les viser convenablement. La guerrière finit par retrouver suffisamment ses esprits pour repartir au combat. Elle avait encore mal à l’oreille, et son audition était toujours diminuée. Mais le sifflement diminuait progressivement. Et en ce moment, elle avait surtout besoin de ses yeux pour se battre. Dès qu’elle s’en sentit capable, elle repartit à l’assaut des mâles restants, jouant de ses épées pour entailler le plus de chair possible. Le militaire connu au cours de ce combat une nouvelle symbiose très étonnante avec Lyanna. Il ne sut si c’était inné, un résultat de leurs histoire naissante, ou simplement la rencontre de deux types d’art de combat. Mais il avait une partenaire présente sur le terrain avec qui l’interaction se faisait rapidement.

Comme lorsqu’il repoussa un adversaire d’un violent coup de botte pour le jeter droit en pâture à sa dulcinée, laquelle le tailla en pièce pendant que le soldat alignait le plus lointain. Lyanna ne se fit pas prier lorsque le militaire lui envoya une cible. Elle le transperça de son épée en plein coeur, avant de l’égorger pour être sûre qu’il était mort. Et lorsqu’elle vit un mâle s’approcher de Darren sans que ce dernier ne le remarque, elle se jeta sur lui pour pour protéger le soldat, fondant sur son adversaire comme la mort qui venait le faucher en quelques secondes. Darren n’eut pas le temps de la remercier d’un signe mais c’était évident. Ils se couvraient l’un et l’autre. Les rangs s’étaient clairsemés. Mais soudain, des impacts sur le sol à l’angle très élevé fit réagir Darren. Lyanna regarda autour d’elle en reculant, cherchant d’où venaient les tirs.
On les alignait depuis l’une des fenêtres du château !

Il agrippa l’avant bras de Lyanna illico, l’attirant à sa suite, alors qu’elle était en train de finir un pauvre type dans toutes les règles de l’art. En courant, ils atteignirent la porte à double panneau et, après un bref échange, y pénétrèrent sans plus attendre.
Pour ceux qui avaient pu survivre, là-dehors, la tentative de mitraillage de leurs copains en hauteur venaient de les achever. Bel esprit de camaraderie !

Darren et elle étaient maintenant dans un couloir.
Des bruits de bottes claquaient au-dessus de leurs têtes. La garnison Genii, toujours inconnue en nombre, se pressait pour aller au combat. Le soldat plaça Lyanna dans son dos en l’y amenant d’un geste de sa main libre. La jeune femme resta derrière Darren, maintenant fermement ses épées tout en jetant des regards derrière eux, au cas où quelqu’un les suivrait. Le militaire progressa ensuite, le M4 en avant, et s’enfonça vers le fond du bâtiment. La salle centrale était une pièce de réception avec balcons. Dès qu’il voulut y entrer, il fût copieusement arrosé de plomb et le militaire se planqua derrière un pilier pour se protéger.


Bien que le geste n’était pas très tendre, il avait agrippé l’Amazone pour la serrer contre lui, l’empêcher de bouger pendant qu’on les mitraillait. La largeur du fameux pilier n’était pas folle, une marge de trop sur le côté et une balle pouvait très bien les fauchés.
Avant que l’ennemi ne décide de réagir, Darren leva le nez pour observer le plafond. Ou plutôt...la passerelle qui cernait toute la salle de balcon.

Le soldat demeurait silencieux.
Mais un sourire entendu se dessina sur son visage espiègle. Il avait peur, c’était certain. Mais il était tout aussi excité comme la tête brûlée qu’il était. De son index, il pointa le balcon puis se positionna pour lui faire la courte échelle. Lyanna regarda à son tour en hauteur, et elle comprit alors où Darren voulait en venir. Rangeant ses armes, elle se préparait à grimper comme elle l’avait fait avec la palissade, avec l’aide du soldat.

L’ennemi allait tenter de l’encercler progressivement...sans se rendre compte que l’Amazone pourrait les contourner. Lui, en parfait petit appât, comptait faire feu sur les diverses lampes à huile. Transformer quelques cibles en torche vivante tout en réduisant l’éclairage.
Bon pour Lyanna...

Seulement, lorsque la guerrière atteignit la rambarde avec souplesse pour se hisser là-haut, une solide paire de main la saisit par les bras. Une puissance brute, comme elle en avait déjà connue avec les hommes de son monde, l’aida à atteindre son but dans une rare violence. Il la jeta sans ménagement sur le sol du balcon tandis que Darren débutait sa pénible défense. Il ne se doutait pas, à ce moment, que Lyanna ne serait pas au rendez-vous. En atterrissant lourdement sur le sol, la guerrière lâcha un cri de douleur et de surprise, comprenant à peine ce qui venait de se passer. Elle se doutait que quelqu’un l’avait attrapé pour la hisser jusqu’au balcon, mais elle était encore loin d’avoir tout saisi.

Pour cause, elle se redressa en étant stupéfaite de la découverte.
Le type qui lui faisait face n’était pas habillé de la même façon. C’était un mercenaire pour le compte des Geniis. Mais sa tenue barbare était pleinement familière, ses peintures de guerre aussi, son arme également. Il s’armait tranquillement d’une hache à une main, ramenait un bouclier devant lui, une barbe hirsute. C’était un chauve au crâne couvert de cicatrice.
Elle avait beau cligner des yeux...c’était pourtant bel et bien le cas. Elle ne rêvait pas. Pas de sorcellerie ni d’hallucinations. Ce type était bien là…

Un esclavagiste Kiranien…
La définition parfaite de ses peurs enfouies.
Lyanna venait d’être projetée dans son monde…dans son passé.
Ce mâle était plus précisément un Dracarys, l’un des peuples qui partageaient le monde de la jeune femme. Au même titre que les Urgals, les Dracarys étaient taillés pour la guerre et la conquête. Bien que ses Soeurs et elle les avaient moins combattu que les Urgals, vu leur position géographique plus éloigné, leurs chemins s’étaient déjà croisés plusieurs fois dans des affrontements sanguinaires. La tenue de ce mâle ne faisait aucun doute quant à son appartenance. Les Dracarys étaient l’un des peuples les plus adeptes de l’esclavagisme et du trafic d’esclaves. Un peuple barbare, encore plus sauvage que les Urgals. Ce mâle était venu de très loin, mais comment était il arrivé sur cette planète ? Est ce que Macon aurait envoyé ses sbires sillonner le monde de Lyanna pour trouver ceux qui étaient ses ennemis ?

L’esclavagiste lui fit un signe, celui qui lui promettait une vie de soumission lorsqu’il l’aurait capturée puis vendue. Et tandis que le M4 de Darren tonnait à un rythme effréné, signe d’une défense active, le Dracarys partit à l’assaut. Lyanna avait aussitôt sorti ses épées lorsqu’elle s’était redressée. Voir son adversaire lui rappelait de douloureux souvenirs, mais elle ressentit également une vague de haine l’envahir. La rage était en train de la consumer de l’intérieur, comme si elle était à nouveau sur les champs de bataille, à se battre contre eux. Et lorsque le mâle chargea, Lyanna poussa un cri de colère et courut à son tour dans sa direction. Le Dracarys abattit alors sa hache sur elle, mais la guerrière parvint à l’esquiver. Elle en profita pour le frapper de son épée, sauf que le mâle para son coup en se protégeant derrière son bouclier. Puis il en profita pour passer à nouveau à l’attaque, et la frappa avec ce même bouclier qui le protégeait juste avant. Lyanna amortit le choc comme elle le put, mais elle dut reculer de quelques pas. Être sur ce balcon était entravant pour elle, la jeune femme avait du mal à utiliser sa vélocité face à son adversaire. C’était voulu.
Le Dracarys ne savait pas que c’était Darren qui avait envoyé sa partenaire dans la gueule du loup. Mais celui-ci estimait qu’elle en aurait forcément eu l’idée pour fondre dans le dos des Geniis occupés à se battre. Elle tombait dans un piège mêlant l’inconfort au passé et à la douleur. Pour le moment, Lyanna se contenta de reculer en esquivant les attaques du barbare, attendant le bon moment pour contre attaquer.

Ses gestes étaient certains, précis, professionnels. Très exactement les guerriers élitistes qu’elle avait eu à affronter pour les tenir à l’écart de sa tribu et de ses soeurs. L’homme la regardait droit dans les yeux, il la testait avec une forme de regard expérimenté. Il n’en était pas à la première Kiranienne qu’il étudiait pour mieux la surpasser. Parfois il feintait, parfois il approchait, se retirait. A chaque moment pour analyser le geste de Lyanna, sa détente, sa façon de passer à l’attaque, repérant ses mimiques et les signes précurseurs.
Et même si elle faisait de même de son côté, le Dracarys contrait de son bouclier pile au moment où elle lançait son attaque. Une méthode vieille comme le monde visant à saper son moral, lui laissant l’impression de se battre contre un mur.

Mais était-ce si loin de la vérité ?
Le duo bouclier-hache était parfait pour contrer sa dextérité. L’esclavagiste avait obtenu les informations de Macon pour avoir un avantage certain, une longueur d’avance. En repoussant Lyanna une énième fois, il se paya même le luxe de la percuter au menton avec la tranche de son bouclier. Et il s’abaissa immédiatement pour enchaîner d’un puissant coup sur le bout de ses pieds, la faisant crier. Lyanna poussa un petit cri à la fois de douleur et de surprise, en reculant. Son adversaire ne cherchait visiblement pas à la blesser, du moins pour l’instant. La guerrière se remit en position défensive, cherchant une faille dans la posture du Dracarys. Ce dernier souriait comme s’il avait déjà gagner, il la provoquait délibérément. Il se jouait d’elle pour déclencher sa haine, pour l’exploiter, la rendre moins précise. C’était le moteur de Lyanna, son carburant. Mais étonnamment, son adversaire voulait qu’elle perdre pied. Pour la contraindre à commettre l’erreur. Ce que Darren lui avait expliqué lorsqu’elle pleurait après avoir appris le viol d’Abelle.

« Tu retournes auprès de ton maître. Femelle ! » imposa-t-il d’une voix forte.

Et juste après lui avoir dévié une lame de son bouclier, il fit remonter sa hache en direction de son estomac. Par un coup de taille provenant du bas vers le haut.

Lyanna eut tout juste le temps de reculer pour éviter le coup, elle sentit le souffle d’air de l’arme contre sa peau. Si elle avait réagi ne serait qu’une micro fraction de secondes trop tard, la hache l’aurait blessé. La jeune femme sentit la haine l’envahir, une bonne chose pour la pousser à affronter son adversaire. Mais une mauvaise chose vu qui elle avait en face d’elle. Et comme elle n’avait clairement pas l’avantage dans ce combat, vu la configuration des lieux, Lyanna risquait de commettre une erreur à tout moment.

La guerrière poussa un nouveau cri de rage, et fonça sur le Dracarys. Elle abattit ses épées à plusieurs reprises contre son bouclier, le forçant à rester sur la défensive. Elle ne voulait lui laisser aucun moment de répit, et donna toute sa force dans ses coups pour l’obliger à reculer, et l’empêcher de contre attaquer. Cela fonctionna, le mâle garda son bouclier contre lui pour se protéger de ce déluge de coups, et il recula de quelques pas, lui cédant du terrain. Après quelques instants, Lyanna stoppa ses gestes et se remit en position défensive, à une certaine distance de son adversaire, pour reprendre son souffle. Son regard noir de colère était plongé dans celui de l’esclavagiste.

L’homme encaissait la tempête avec beaucoup de calme. Il était plus vieux, plus expérimenté. Malgré toute la qualité et l’adresse de Lyanna dans son art, elle faisait face à un ennemi qui avait l’habitude de capturer des Kiraniennes. Si Darren était là et qu’il avait pu observer cette scène, il aurait dit que c’était un trappeur du Nouveau Monde. Dans le plus mauvais sens du terme. Un être endurci par des centaines de captures. Accoutumé à la force des femmes combattantes, la colère qu’était leur moteur, et leur fougue à repousser l’homme. Il avait l’habitude de contourner cette force, de briser les femmes, puis de les vendre comme du vulgaire bétail.

La guerre des sexes.
Darren n’aurait jamais pu en apprendre davantage sur le passé de Lyanna qu’en cet instant précis. Il n’était pas là, trop occupé à retenir ses adversaires en accusant son rôle d’appât, se demandant ce que l’Amazone pouvait bien faire pour risquer sa vie comme ça. Mais s’il avait levé un oeil, il aurait compris à quel point son amante était menacée cette fois.
Pas besoin d’une pléthore de pauvres types armés de couteaux et de matraques. Pas besoin de l’assaillir par surprise et lui passer la corde au cou. La solution au problème “Lyanna”, c’était un esclavagiste Dracarys.

L’homme n’avait pas bronché. Il recherchait justement la fureur de son ennemie pour qu’elle s’épuise sur son bouclier. En reprenant sa progression pour accentuer le stress, il l’accula petit à petit, l’obligeant à se défendre encore et encore. Qu’elle épuise ses ressources comme un fauve blessé qui savait pertinemment que ce n’était qu’une question de temps.

Un prédateur qui chasse agrippe généralement sa proie par une articulation puis il la laisse s’épuiser. Petit à petit. Et lorsqu’il sent le bon moment venu, il libère sa mâchoire et saute à la gorge du gibier. Il est maintenant trop faible pour avoir une réaction suffisante. Le prédateur le bouffe alors vivant, se complaisant dans la souffrance qu’il cause à son repas.
C’est la définition d’un Dracarys.

Il avait refermé sa mâchoire une première fois. Maintenant il attendait que l’épuisement de Lyanna rende ses coups moins puissants, moins précis. Le type exerçait toujours des attaques mesurées et orientées. Pas suffisamment dangereuse pour la tuer. Mais suffisamment menaçante pour la contraindre à se défendre.
Lyanna ne devait pas le laisser s’approcher, alors il fallait frapper, et ça lui coûtait encore plus de force. Frapper malgré la douleur dans ses muscles. Malgré son coeur battant et son souffle de plus en plus anarchique.

A chaque fois qu’elle tentait de s’enfuir de ce corridor de la mort, changer d’emplacement, le Dracarys mobilisait sa puissance pour la repousser d’un puissant coup de bouclier. Le travail de sape sur son moral s’accentua et il veilla ensuite à lui faire perdre l’une de ses deux lames. Un coup brutal et inattendu, en contre d’une attaque de sa part, qui jeta sa lame par-dessus la rambarde. Elle se perdit dans le troupeau de Geniis qui submergeaient dangereusement Darren.

« LYANNA !!!! » avait hurlé Darren dans un début de panique.

Les balles claquaient dans tous les sens.
Le militaire était contraint de reculer progressivement, conscient que sa ligne de défense s’étiolait. Sa partenaire se retrouva rapidement seule contre sa chimère. Maintenant qu’elle avait perdu une arme et l’essentiel de ses forces, il devint plus entreprenant dans ses assauts. Un coup de hache, une défense de bouclier, un coup de hache, une défense…
Et ainsi de suite, attendant que Lyanna s’habitue à cet enchaînement. Puis il la prit de vitesse au moment où elle tenta sa chance.
Le coup de la hache ne disparut pas derrière ce bouclier. Elle revint en un revers plus rapide et plus puissant. Impossible de savoir si c’était la fatigue ou si l’ennemi lui avait caché son véritable potentiel. Mais il l’atteignit.
Une première fois. Puis une autre...et encore une autre.

Il n’utilisait que le plat de son arme pour ne pas abîmer la marchandise. Mais le tranchant fictif atteignait son moral, ses convictions et sa force de caractère. Il agissait avec une longue patience stratégique. Comme ce fameux lion avec son diner. Le Dracarys finalisait la capture de l’Amazone. Il la laissa récupérer un instant, simula une fausse faille pour l’encourager à attaquer, à croire qu’il y avait encore une chance. Lyanna avait été prise par surprise, et la fureur qu’elle ressentait l’aveuglait plus facilement. A chaque coup qu’elle encaissait, elle serrait les dents pour étouffer un cri de douleur. Car même si le Dracarys la frappait avec le plat de son arme, la puissance de son geste était telle que la jeune femme était envoyée contre la rambarde à chaque fois, la faisant voler comme si elle n’était qu’un simple fétu de paille. Elle manqua même de basculer par dessus pour faire une chute qui aurait pu la blesser gravement. La fatigue épuisait peu à peu ses forces, tout comme son moral de ne pas parvenir à vaincre ce mâle. Lyanna commençait à désespérer. Et elle commençait à commettre davantage d’erreurs, des erreurs exploitées par son adversaire qui continuait de jouer avec elle.

Et au dernier moment, il contra son attaque. Le plat de sa hache percuta très violemment le côté de son visage. Lyanna cria en chutant par terre sous le violent coup de hache, lâchant sa deuxième épée. Elle avait mal, du sang coulait le long de sa joue. Une douleur lancinante lui vrillait la tête, elle était étourdie comme si elle n’avait plus conscience de ce qui se passait autour d’elle. Et le temps que la jeune femme se reprenne, elle découvrit qu’elle était allongée sur le sol, encore en train de discerner l’envers de l’endroit.

« LYANNA !!!! » cria une dernière fois la voix lointaine de Darren.
Il avait reculé dans le couloir. Il se mettait clairement en danger, répondant sauvagement au tir dans l’espoir vain de revenir sur elle.
Il avait enfin compris ce qu’il se passait.

La vision de son amante au sol, un barbare au-dessus d’elle qui s’emparait de l’un de ses pieds pour l’attirer jusqu’à lui.

« LYANNA ! BATS-TOI ! RÉSISTE !!! »

Clive était affolé.
C’était la deuxième fois qu’il voyait sa belle dans cette situation. Le regard écarquillé, il avançait alors que seul le repli était logique. Il finit par recevoir une balle dans l’épaule qui le fît hurler. L’impact le repoussa plus loin dans le couloir et il disparut pour de bon de son champ de vision.

« Ton maître t’attends. » déclara le Dracarys d’une voix calme.

Lyanna entendit des voix au loin, mais elle comprit difficilement d’où elles provenaient, et ce qu’elle disait. La jeune femme était encore sonnée, et secouer la tête lui fit encore plus mal. L’une de ces voix ressemblait à celle de Darren, l’autre était beaucoup plus proche. Elle provenait de … oui … le mâle contre qui elle se battait. La guerrière essaya de retrouver ses forces pour se redresser difficilement, mais le Dracays ne l’entendait pas de cette oreille. Il tira les pieds de Lyanna pour l’amener jusqu’à lui. La jeune femme tenta de s’agripper à quelque chose, mais en vain. Elle sortit alors son couteau, prête à frapper l’esclavagiste. Mais encore sonnée par le contre coup, ses gestes étaient moins rapides et précis.

Le barbare la débarrassa de son poignard et lui colla un puissant coup de poing pour la maintenir en son pouvoir. Lyanna encaissa le coup de poing en gémissant de douleur, et elle ferma les yeux quelques secondes. Ce coup avait accentué son mal de tête, lui faisant perdre pied quelques instants, la rendant docile, incapable de résister. Il ouvrit une pochette de cuir et en tira deux cordelettes solides et extensibles. Des pinces d’un côté, des entraves de l’autre.
Lyanna savait très bien comment les Dracarys soumettaient leurs captives vaincues, c’était leur spécialité d’user de ces liens. Des pinces aux extrémités de ses seins, les sangles passeraient entre ses jambes puis remonteraient ensuite à ses poignets entravés. La moindre tentative, le moindre geste brusque de ses mains, et elle se déclencherait elle-même une douleur terrible. Cette partie était très sensible, déjà fortement endolorie par la pression des pinces. Donc un simple accoup de ses poignets suffiraient à déclencher d’immenses souffrances.
A tel point que les plus redoutables guerrières finissaient par se laisser dominer, la tête basse, contrainte de ne chercher qu’à réduire cette douleur au mieux.

Dans le terrible passé qui avait été le sien, Lyanna avait vu de grandes guerrières hurler d’horreur, d’une agonie saisissante, pendant qu’on leur posait ces liens. Défaites sur le champ de bataille, les bras ralentis par un terrible épuisement musculaire ou des blessures, elle vivait cet asservissement humiliant dans l’impuissance. Le Dracarys savourait toujours son triomphe de cette manière, en goûtant cette futile résistance. Il arrachait l’armure de poitrine, disposait les pinces et soumettait sa captive. Il n’avait plus qu’à la retourner, tirer les liens jusqu’aux poignets.
Et cette guerrière si féroce devenait un objet pour le plaisir personnel des mâles. Un trophée dans le meilleur des cas. Un “sac à envies” dans le pire.
Elles étaient vendues, leurs vies étaient alors détruites.

Il fallait un esprit malade, un esprit de mâle pour inventer une chose pareille.
C’était également un cauchemar pour toutes Kiranniennes qui avait un jour dû repousser l’assaut d’un esclavagiste.

Lyanna l’avait vu par le passé. Et elle savait maintenant que c’était son tour. Et elle n’avait pas envie de subir cette épreuve à son tour. La peur qu’elle ressentait, la terreur qui commençait à la submerger, le fait de devenir une esclave était une phobie viscérale chez la jeune femme. Elle savait parfaitement comment les esclavagistes s’y prennaient, et elle ne voulait pas être une de leurs victimes. Surtout par cette entrave barbare qui avait fait ses preuves.
Cet outil de servitude qui détruisait l’esprit, cette entrave horriblement humiliante, l’attendait. Lyanna savait que si cet objet était posé sur elle, elle n’aurait plus aucune chance de se battre.
« Tu es vaincue. » assura le Dracarys en commençant à défaire son armure de poitrine.
« Ton maître est l’Atlante Macon. Tu es son sac à envie, femelle. »

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mar 28 Avr - 18:24

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
"L
ACHE MOI, SALE PORC !!!"

Sentir les mains du Dracarys qui cherchait à défaire mon haut accentua à la fois ma terreur et ma rage. Mes mains posées sur les siennes, je tentai de me débattre avec les forces qui me restaient, bien que cela était inutile. Contre ce barbare, la force brute ne fonctionnait pas. Mais je me devais de lui résister. Ma blessure à la tempe saignant toujours, le corps meurtri par les coups que j’avais reçu, je serrai les dents en me concentrant sur mes gestes pour me débattre. Je perdais du terrain, je le sentais. Il fallait que je trouve une solution, sinon j’allais être à la merci de ce mâle. Etant donné que le Dracarys était au dessus de moi, je lâchai alors ses mains pour venir agripper sa virilité qui était maintenant à ma portée. Une zone très sensible pour un mâle. Et je serrai aussi fort que je le pouvais, mettant dans mon geste toute cette rage accumulée en moi.

Sa réaction ne se fit pas attendre. Il écarquilla soudainement des yeux et voulut hurler. La douleur lui était si forte que sa voix dérailla et se transforma en un cri de fillette. Il n’osait pas toucher à ma prise, de crainte que je lui arrache ses attributs à mains nues. Et il eut bientôt si mal qu’il me cogna comme une bête enragée dans l’espoir que je le lâche. Mais je tins bon, et je resserrai ma prise.

Fou de rage et de souffrances, il me prit la tête entre ses deux mains et me cogna contre le sol. Cette fois, il avait réussi à me faire lâcher prise. J’étais pratiquement assommée, le sol se mettant à danser autour de moi. J’avais si mal que le sang se mettait à battre dans mes tempes, marquant mon rythme cardiaque. Le barbare aurait tout le loisir d’agir maintenant. Mais puisque je refusai de me laisser battre, je découvris en ouvrant les yeux que je ne l’avais pas laissé sans douleur lui aussi. Le Dracarys s’était éloigné de quelques pas. A moitié appuyé contre la rambarde, il collait l’une de ses mains contre ses parties en serrant les dents. Sa respiration laborieuse et les petites plaintes couinantes me faisait comprendre son état de faiblesse. Son regard noir se posa sur moi. D’une main tremblante, il récupéra sa hache et amorça un geste précis pour me l’envoyer droit dessus. Avant que la hache ne s’abatte sur moi, j’eus le réflexe de me pencher sur le côté pour l’esquiver de peu. Et j’en profitai pour contre attaquer en lui donnant un violent coup de pied à nouveau dans sa virilité si sollicité et endolorie. Le choc eut le mérite de le surprendre à nouveau, et tandis que je tentai difficilement de me redresser, ma main effleura mon couteau qui se trouvait non loin de moi. Sans réfléchir davantage, je le saisis et me redressai sur mes genoux pour lui planter la lame dans son intimité en criant de rage, tournant le couteau dans sa chair pour lui faire le plus mal possible.

Le barbare se mit à hurler à gorge déployée, libérer la symphonie qu’aimait particulièrement “Lyanna la tueuse”. Chaque vibration, chaque mouvement de mon poignet déclenchait une modification du timbre et du rythme du cri d’agonie de ce barbare. Ses mains encadraient mes épaules mais il ne pouvait plus rien à faire en l’état. Seulement souffrir, subir mon courroux. J’avais beau être déséquilibrée, affaiblie et essoufflée, je n’avais plus qu’à me concentrer sur cette castration en règle. Bien vite, une forte éclaboussure de sang chaud coula le long de ma main et envahit mon avant-bras. Le barbare battit des mains et tenta vainement d’enrouler ma gorge de ses phalanges. Mais un quart de tour supplémentaire l’en dissuada. Ses jambes lachèrent ensuite et il se retrouva à genoux devant moi. La panique qui avait pu me gagner au début venait de migrer chez lui. Sans souffle, son appel à l’aide n’était plus qu’un hoquet maladroit. Il pissait du sang, formant une large flaque sur le sol. Au travers des pans de tissus déchirés de son froc se devinait les lambeaux d’intestins qui avait suivi le massacre de son entrejambe.
Le Dracarys râla une dernière fois avant de tomber sur le côté, trop faible pour m’opposer la moindre résistance.

Voir mon ennemi aussi faible me délecta de plaisir. C’était si jouissif que la terreur qui m’avait envahi toute à l’heure, au moment où j’allais être capturée, s’effaçait peu à peu. Je continuai encore un peu de tourner le couteau dans la plaie, pendant que le Dracarys se vidait peu à peu de son sang. Se faire battre par une femelle destinée à être esclave, c’était à mourir de rire, non ? Finalement, je retirai avec force la lame, non sans arracher encore un gémissement de douleur à mon adversaire qui était autant à bout de forces que moi. Je dus m’accrocher à la rambarde pour me relever péniblement, ayant mal partout. Et ayant échappé au pire. Mais le Dracarys était toujours vivant. Et je n’avais que mon couteau. Mon épée était quelque part, mais je ne la voyais pas. Sans compter celle tombée sous la rambarde. Je pouvais l’égorger lentement ? Non, c’était courir un risque inutile, qu’il reprenne des forces et contre attaque en désespoir de cause. Et mes yeux venaient de se poser sur sa hache. Un sourire carnassier s’afficha sur mon visage à moitié en sang. Avec beaucoup de difficulté, je ramassai l’arme, rassemblant mes dernières forces pour la soulever. Puis je m’approchai du Dracarys. Et sans un mot pour lui, je levai l’arme au dessus de ma tête, et l’abattit violemment sur son cou, séparant ainsi sa tête de son corps. A peine avais je finis ma tâche que je m’écroulai sur le sol, épuisée, le souffle court, mon corps meurtri de ce rude combat. Le silence régnait autour de moi, mais mon cerveau n’avait pas encore compris que la salle était maintenant déserte. Plus de Geniis. Et plus Darren.

Après plusieurs minutes qui parurent une éternité, je rouvris enfin les yeux, et essayai de regarder autour de moi. Notamment en me penchant pour voir le reste de la salle, sous la rambarde, maintenant que je constatais le silence pesant. En bas, il y avait de nombreux corps, mais difficile de voir s’il y avait le soldat parmi eux. Et puis, ma seconde épée n’était pas en visu. Je devais les retrouver toutes les deux, et pour ça, je devais bouger. Rien que d’imaginer une telle tâche, je poussai un gémissement de douleur. Mais je finis par puiser mes dernières forces pour me redresser. Je rangeai mon couteau dans son fourreau, et rampai péniblement jusqu’à mon épée, que je rangeai à son tour. Puis, la partie la plus difficile, passer par dessus la rambarde pour me laisser tomber le plus doucement possible.

L’atterrissage fut plus douloureux que je ne l’avais imaginé. Certes, j’avais atterri sur des corps humains, mais cela m’épuisa davantage, et je me retrouvai allongée sur le sol, à bout de force. Je dus me faire violence pour bouger, car j’étais une proie facile si un ennemi arrivait. Je patientai quelques minutes, et je finis par me lever, chancelant de temps à autre. Je menaçai à tout moment de m’écrouler pour ne plus me redresser. Lentement, je partis à la recherche de ma seconde épée, tombée là quelque part, tout en vérifiant qu’aucun de ces corps n’appartenait à Darren.

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Mar 28 Avr - 18:36

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Il n’avait pas pu rester.
C’était impossible de tenir la ligne tout seul, contre ces soldats Geniis bien entraînés.
L’assaut dans la cour les avait pris par surprise. Un devant, un derrière. Tantôt à distance, tantôt au corps à corps. Ils avaient été perdu, se demandant combien d’ennemis les attaquait, comment, pourquoi. C’est ce qui leur avait permis de faire le ménage si facilement.

Là, ce n’était pas du tout la même chose.
L’intérieur du château était bien éclairé, l’adversaire savait qu’il avait de la visite. Lyanna aurait pu faire un sacré bordel dans les rangs ennemi mais elle n’était pas apparue. Un bon guerrier l’attendait par le chemin que Darren lui avait proposé.

La loi de non-fraternisation entre militaires n’existe pas sans raison.
L’Amazone n’en faisait pas partie du fait de son origine locale. Mais le principe restait le même. Au combat, on finissait par perdre son sens tactique et le plus important de son instruction. Tout ça pour les sentiments, pour ne pas perdre l’être aimé, on prenait des risques insensés.

Malgré une résistance assez farouche, Darren n’avait pas pu tenir longtemps. Les soldats d’en face avaient appliqué une stratégie classique en se déployant en éventail. Ca forçait Clive à se découvrir d’un côté et de l’autre selon sa réaction aux tirs. Et à force, il avait dû décrocher.

Il savait que c’était la manoeuvre adaptée. Se replier pour trouver un nouveau poste de tir, dégommer quelques mecs, puis reculer de nouveau. Sauf qu’il y avait eu Lyanna, son visage, son expression de terreur, avec ce type qui la tirait par les pieds. Le soldat n’avait pas pu...non : pas voulu...faire son boulot. Il s’était accroché comme un fou dans le vain espoir de démonter la demi-douzaine d'adversaire d’en face pour rejoindre son aimée, la sauver.
Mais Darren n’était pas un surhomme. A vouloir jouer les héros, la réalité s’était rapidement rappelée à lui. Cette balle qui lui avait transpercé l’épaule l’avait douché, ramené les idées en place. Un impact très violent qui l’avait saisi et collé au sol. Darren était tombé en arrière en hurlant, un main instinctivement plaqué contre le trou qui s’y était formé. Des balles de plus le frôlèrent, il avait tout intérêt à se casser et en vitesse. S’il tenait à Lyanna...il devait se barrer !

Darren glissa au sol puis courut à toutes enjambées. Les Geniis se mirent à crier dans son dos, tirant de plus belle. Au moins, ils s’estimaient en position de force, vainqueur. Clive ne comptait pas se laisser abattre, même s’il sentait déjà la douleur l’investir et la sueur l’envahir. Essoufflé, il se traîna le long d’un nouveau couloir puis se trouva un nouveau poste de tir. Il changea rapidement son chargeur de M4 pour un nouveau, attendit patiemment son heure, puis dégomma sans la moindre pitié le Genii qui déboucha à l’angle. Plusieurs balles bien placée le perforèrent dans un râle de terreur et il s’écroula net sous le nez de ses potes.

Il fallait reculer de nouveau.
Darren joua ce petit jeu encore une fois et s’enferma ensuite dans une pièce. Les trois autres qui le suivaient se disposèrent devant la porte pour la transformer en gruyère. Darren s’était décalé. Il attendit que ses adversaires vident leur chargeur. Mais malgré tout, cette pluie de projectile qui transperçait la porte le contraignait à se protéger la tête par simple instinct.
Il avait peur...il devait le reconnaître. Peur qu’une balle perdue ne termine cette épreuve une bonne fois pour toute.
Si près de la fin de l’aventure, ce serait bête, si bête…

Plus rien…
Ils étaient en train de recharger.
C’était le moment ! Darren se décala pour revenir face à cette porte pleine de trous et il y vida à son tour son chargeur. Il abaissa son M4 pour se saisir de son neuf millimètres, d’un geste professionnel, puis il tira son neuf millimètres qu’il vida également dans un long cri de guerre. Derrière, les quelques hurlements l’informèrent qu’il avait visé juste. Pas difficile en réalité. Les types avaient rechargé tranquillement leur flingue pour se préparer à entrer, ne se doutant pas de la contre attaque.

Darren reprit son M4 et fonça à travers la porte comme un malade. Il passa au travers du bois trop abîmé et s’écroula contre un genii qui se trouvait là. Amené à terre, il parvint à rester un peu au-dessus, campé sur un genou. Il transperça son ennemi d’un sale coup de baïonnette, encore et encore, jusqu’à réaliser qu’il ne bougeait plus...
Un acharnement inutile. Il avait tué ses ennemis et amoindri celui-là avant de le finir salement.

Le souffle court, complétement déboussolé, le jeune homme se laissa tomber sur le côté. Il se traîna difficilement pour s’adosser au mur puis rechargea ses armes. Sa respiration continuait de faire le yoyo, il transpirait comme jamais. Darren mit un certain temps à comprendre que ce n’était pas la conséquence de son épuisement mais surtout de sa blessure. Il saignait. Les symptômes d’une plaie importante.
Une chance qu’il ai pu récupérer un kit dans le jumper de Ridding.
Le soldat, c’est fait pour se battre. En cas de pépin, il se stabilise avec un pansement compressif, une douille de morphine pour la douleur, et il repart illico à la baston. Même si, quand le corps présente la note, on se retrouve avec une précision et des réflexes amoindris.

Darren n’en menait pas large.
Il garda sa main plaquée contre son pansement compressif une fois qu’il eut terminé son soin. Il avait peur de ne pas savoir.

Ne pas savoir s’il se viderait de son sang jusqu’à la mort.
Ne pas savoir si des Geniis trainait encore dans le coin.
Ne pas savoir si sa belle brune allait bien.

L’amour en mission, c’est toujours la merde !

« Lyanna... » murmura-t-il alors, retrouvant dans ses souvenirs cette horrible image de sa partenaire dominée par une espèce de barbare façon Conan.

Clive serra les dents et se remit sur pieds.
Il reprit sa progression lentement, revenant sur ses pas en contrôlant son environnement. Il tomba quelques fois sur d’anciennes victimes encore à l’agonie. Par mesure de sécurité, le soldat les termina d’un trou bien net entre les deux yeux. La salle de réception n’était plus très loin. Il y avait des corps ici et là, des douilles qui roulaient sous ses pieds et une odeur de mort qui s’élevait déjà.

Lorsque Darren parvint enfin à l’entrée, non sans subir des tremblements nerveux involontaire, il pointa le canon de son arme vers la dernière silhouette encore debout. C’était Lyanna...sans être elle.
Le soldat avait du mal à bien la reconnaître.

Du sang partout sur elle, sur ses mains et ses avant bras.
Elle était en train de regarder autour des corps en claudiquant, comme une âme en peine qui errait en attendant d’être sauvée. Quelque chose attirait vraiment son attention sur le sol, à tel point qu’elle ne l’avait pas entendu entrer. Ses cheveux étaient entremêlés, ébouriffés. Sa peau portait des marques de coups, on y trouvait même par endroit les contours du plat d’une hache.

Lyanna avait l’air perdue et déboussolée.

Le soldat s’approcha doucement, préférant rester prudent.
Son M4 toujours sur elle, son index hors de la détente, il continua son approche en essayant de discerner d’autres détails. Elle lui tournait le dos. On aurait cru qu’elle était possédée, privée de sa motricité habituelle.

« Lyanna ? » l’appela-t-il d’une voix presque intimidée.

La guerrière était toujours à la recherche de son épée, c’était difficile de la trouver dans tout ce merdier. Et c’était comme si sa vie dépendait de la retrouvaille de cette arme. Entendre quelqu’un prononcer son nom la stoppa dans ses recherches, et épuisée comme elle était, Lyanna eut du mal à reconnaître la voix. Elle se retourna enfin et Darren comprit immédiatement ce qui clochait.
Son visage...il était plein de sang. Il y en avait forcément de ses ennemis. Mais il y avait également cet épanchement très perceptible depuis le haut de sa tête, vers sa tempe. La jeune femme était blessée, elle continuait de saigner. Et elle était complètement désorientée. La douleur qui lui vrillait la tête était toujours là, et Lyanna avait la vision un peu trouble. Elle cligna plusieurs fois des yeux, et reconnut enfin le soldat.
« C’est moi, chérie. C’est moi... » lui souffla-t-il en absorbant les derniers mètres.
Il écarquilla les yeux en voyant dans quel état lamentable elle avait fini.
Elle était essoufflée, tout comme lui. Mais il pouvait relever son état de faiblesse surprenant. Même avec leur relation, elle ne voulait jamais baisser le masque. Elle disait apprécier se reposer avec lui mais elle ne montrait pas pour autant sa faiblesse, comme si c’était une tare. C’était quelque chose qu’il ne voulait pas lui reprocher, même si c’était dommage. Lyanna ne lui avouerait jamais son état de faiblesse.

Il n’y avait eu que cette fois là où elle avait fini en pleurs dans ses bras. Par ce coup vicelard porté à Abelle pour l’atteindre elle. Mais là, la voir ainsi, ça lui fila un coup.

« Je suis là... »
Il la prit par l’épaule pour l’attirer vers lui. Lyanna se retrouva dans les bras de Darren, et ce simple contact suffit à la réconforter. Voir qu’il ne faisait pas parti de ces corps était un soulagement. Elle ferma les yeux et soupira, en posant son front contre le torse du militaire.

Elle semblait tellement perdue. A peine si elle le reconnaissait ?
Darren avisa un regard circulaire. Il n’y avait plus de bruits de bottes, plus de cris. Ils avaient dû flinguer toute la garnison…
« Il faut que tu t’assieds. Tu saignes... »
"Non … non … il … il faut que je la trouve ..." dit elle en secouant la tête, tenant des propos confus.

Darren avait bien l’intention de s’occuper d’elle. Il s’en voulait d’avoir dû reculer.
Et lorsque son regard tomba sur les lacets majoritairement défait de son corsage, il mit ça sur le compte d’une tentative de viol et s’en voulu encore plus.
Elle était épuisée, à bout. Les muscles de ses bras et de ses jambes tremblaient.
Lyanna semblait même vouloir lui résister. Comme si le fait d’aller s'asseoir sur le banc qu’il lui présentait non loin signerait sa fin.
« Je suis là, calme toi. »

Lyanna voulait repousser Darren qui souhaitait qu’elle s'assoit pour reprendre des forces, mais elle ne le voulait pas. Son obsession était de retrouver son épée. Et comme elle ne semblait plus être maîtresse d’elle même, la douleur et l’épuisement aidant, la jeune femme se comportait un peu comme un zombie. Elle voulait s’éloigner de Darren, le regard un peu perdu dans le vague.

"Je … je l’ai perdu … je dois la trouver … elle est là … quelque part ..."
« Arrête de gesticuler ! » Maugréa Darren. « Tu ne vas pas bien, laisse moi te soigner ! »
Le soldat l’avait saisi par les épaules pour la forcer à s’assoir sur le banc.
« Calme toi voyons. »

La guerrière tentait de résister à Darren, mais en vain. Elle n’avait plus assez de force pour ça, et se laissa entraîner docilement jusqu’au banc pour qu’elle s’y installe. Le soldat lui disait qu’elle avait besoin de soin, mais elle secoua la tête.

"Ca va … je vais bien" dit elle, égale à elle même comme étant la guerrière qui ne voulait pas montrer la moindre faiblesse.

Maintenant qu’elle était assise, le corps et les muscles de Lyanna purent enfin se reposer. Et tandis que Darren s’occupait de sa blessure, la jeune femme retrouvait peu à peu ses esprits. Son combat l’avait entièrement vidée de ses forces, tant physiques que mentales. La terreur qu’elle avait ressenti à l’idée de se retrouver si près d’être esclave l’avait épuisée et choquée, de douloureux souvenirs avaient refaits surface. Cependant, ce sentiment passait lentement. Le fait qu’elle se trouvait près de Darren y était pour beaucoup. Elle se sentait en sécurité avec lui. La douleur lancinante dans son crâne s’atténuait enfin, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Il lui faudrait encore un peu de temps pour marcher à nouveau sans difficulté, mais pour l’instant, le fait d’être assise lui faisait un bien fou. Le militaire continuait de s’occuper d’elle, et le regard de la jeune femme se posa enfin sur le bandage que Darren avait à l’épaule. Elle fronça les sourcils, inquiète pour lui.

"Tu es blessé ?"
« J’ai voulu jouer le héros... » reconnut-il à demi-mot.
"Tu vas finir par te faire tuer si tu continue comme ça !"

Lyanna soupira en détournant les yeux. Elle se calmait peu à peu. Se retrouver devant un Dracarys avait fait remonter des souvenirs douloureux, mélange de haine et de terreur. Et elle avait failli perdre. Heureusement, elle avait eu de la chance de s’en être sortie sans trop de casse. Le regard toujours détourné, la jeune femme ferma les yeux, reprenant autant son souffle que ses forces.

"Le mâle de ta cité a fait appel à un prédateur qui vient de mon monde. Un esclavagiste dont la vocation est de capturer les femmes pour les vendre comme esclaves. C’est contre lui que je me battais. Un Dracarys. Il a failli gagner. Il voulait me livre à ce mâle".

Le soldat la serra immédiatement contre son coeur, lui massant doucement la nuque.
« Ils n’arrivent pas à te neutraliser...alors ils essaient de mobiliser ce qui fonctionnait sur ta planète. »

Lyanna leva les yeux et regarda Darren. Ce dernier put lire sur son visage la peur et la colère qu’elle avait ressenti pendant son combat qui avait failli lui coûter sa liberté. Voilà jusqu’où Macon était prêt à aller pour se débarrasser de la guerrière. Un nouveau prétexte pour lui ôter la vie dans d’atroces souffrances lorsqu’elle reviendrait sur Atlantis, peu importait les paroles de Darren ou de ce Lieutenant Ridding qui voulaient une simple arrestation pour un procès.
« Je ne l’aurai jamais laissé t’emmener, tu sais... »
Elle pouvait en douter puisqu’il n’avait pas réussi à rester près d’elle durant l’attaque. Les geniis l’avaient repoussé dans le couloir. Mais si ce type, cet esclavagiste, avait eu le dessus sur l’Amazone, Darren aurait tout fait pour l’intercepter avant qu’il ne passe la Porte avec sa captive. Lyanna se mit à réfléchir aux paroles du militaire. Non, elle ne doutait pas de ses paroles. Et pour cause, elle était quelqu’un de loyal, qui accordait sa confiance à la personne qui le méritait. Normalement, c’était à ses Soeurs qu’elle faisait confiance, ou aux femmes Atlantes. Mais cette fois ci, c’était à un homme qu’elle accordait sa confiance. Et bien qu’il n’ait pas eu le choix que de fuir, submergé par les ennemis pendant son combat, la guerrière restait persuadée que Darren ne l’aurait jamais laissé tomber si elle avait été capturée.

Le jeune homme posa une main contre sa joue, sur un mélange de contact et d’une tendre caresse, puis s'aperçut brusquement qu’un petit détail ne collait pas.
« Il te manque une arme...c’est ça que tu cherchais ? »
Une question rhétorique.
Ca expliquait pourquoi elle déambulait comme ça au milieu de ce tas de cadavre.

Lyanna secoua timidement la tête, juste avant de balayer la pièce du regard. Son épée était là, quelque part. Elle ne l'avait pas encore trouvé.

"Oui … je l’ai perdu quand le Dracarys m’a frappé. Elle est tombée, mais je ne sais pas où".

Darren regarda une nouvelle fois tout autour de lui, les sens en alerte.
Il ne semblait toujours pas y avoir de menace dans l’immédiat.
« Reste ici. C’est un ordre... » lui murmura-t-il en la caressant.

Lyanna voulut protester, mais Darren avait été ferme. C’était bien la première fois dans toute sa vie que la guerrière obéissait à l’ordre venu d’un mâle. Et puis, elle devait reprendre quelques forces. Bien qu’elle aurait voulu retrouver son arme elle même, la jeune femme dut faire confiance au soldat pour le faire à sa place, luttant contre son envie d’aller l’aider. Le combat au corps à corps était très physique, et si Lyanna voulait continuer la bataille, elle devait abdiquer et prendre ces quelques minutes pour se reposer. Le militaire s’éloigna ensuite, son M4 dans une main, à la recherche de cette fameuse arme. Par moment, il se raidissait en captant des plaintes et des gémissements d’hommes agonisants. Il se rappelait en avoir descendu quelques uns sans les tuer sur le coup. Dans la poitrine, dans le bide, parfois même la gorge. Certains d’entre eux étaient encore en vie. Mais l’arme de Lyanna n’était toujours pas en vue.

Il fallait faire vite pourtant.
L’alerte avait été donné et le soldat était certain qu’il restait encore une bonne partie du complexe à découvrir. Il était tiraillé à l’idée d’abandonner l’arme pour continuer la mission, convaincre Lyanna de laisser tomber et reprendre la recherche plus tard. Mais ces lames étaient aussi précieuses que la photo de sa soeur, Wendy.
Le soldat se rappelait très bien l’éclat lumineux dans son regard lorsqu’il lui avait rendu sa lame avec ses fourreaux refaits par le forgeron. Elle n’accepterait jamais de partir sans.

Finalement, à force de tourner dans le charnier, le soldat remarqua une traînée de sang inhabituelle. A cause de la morphine qui l’assomait un peu, il avait passé sur le détail les deux premières fois avant de capter finalement l’anomalie.

Quelqu’un s’était trainé là, jusqu’au couloir. Un des endroits qu’ils n’avaient pas encore exploré. Clive s’y engagea avec beaucoup de prudence et finit par découvrir un cadavre.
Un genii gisait là, la lame planté dans ses cervicales sur toute la longueur. C’était un miracle qu’il ait pu se hisser jusque là, même si la gravité de la blessure ne laissait pas de doute sur son temps de survie.
Une mort par accident...l’épée de Lyanna lui était tombée dessus et l’avait transpercé par le haut.

Clive fixa un instant la lame puis la retira sèchement du corps sans vie.
Franchement, c’était à se demander si ce truc n’était pas maudit. Véritablement conçu pour retirer la vie d’un homme. Même en tombant dans le vide, le fil tranchait la chair d’un mâle par simple accident.
Le soldat sentit qu’il divaguait un peu. Il revint jusque dans la salle, essuyant nonchalamment la lame sur la manche de son uniforme. En offrant un petit clin d’oeil à Lyanna, il rangea l’épée dans son logement puis lui prit ses mains. La guerrière eut un soupir de soulagement en voyant l’arme, et elle ferma les yeux quelques secondes. C’était bien la première fois qu’elle ne s’en prenait pas au soldat d’avoir osé toucher à son épée.

« Il ne faut pas s’arrêter. Tu es prête à repartir ? »

La jeune femme finit par acquiescer d’un hochement de tête. Ces quelques minutes assise avait été reposante pour elle. Bien qu’elle n’était pas au meilleure de sa forme, elle était parvenu à se reposer un peu pour refaire le plein d’énergie. Restant assise, elle regarda Darren, se rappelant d’un détail qu’elle avait entendu avant le combat.

"Tout à l’heure, avant que tu ne déclenches les hostilités, j’ai entendu les mâles parler de notre cible, le violeur d’Abelle. Ils disaient que ce monstre était entrain de torturer quelqu’un, mais je ne sais pas de qui il parlait. Ni pourquoi".
« Alors il faut le trouver. Il peut nous aider à... »

Soudain, un terrible vacarme éclata dans la salle.
Par écho, la déflagration d’une explosion était venue jusqu’à eux. Elle était éloignée, et pourtant si violente, que Darren manqua de perdre l’équilibre.
Tout de suite après, une sévère fusillade retentit au loin.
« La guerre nous appelle ! »

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mar 28 Avr - 18:59

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
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ne enfance entière à me préparer au combat. Ma vie d’adulte à tenir loin de mon clan tous les mâles qui voulaient notre perte, notre esclavage. Et j’étais maintenant ici, perdue dans l’immense dédale d’un château qui s’enfonçait loin dans le sol. Je me battais farouchement aux côtés de Darren sans savoir combien il y aurait de cibles à abattre. Ma survie dépendait d’un mâle comme la sienne dépendait de mes lames. Qui pourrait croire ça ?

Nous pensions avoir éradiqué le contingent ennemi. Mais c’était une erreur. Comment aurions nous pensé qu’il s’agissait d’une petite armée recrutée par Macon et son contremaître dans l’espoir de résoudre pour de bon le problème ?

Nous nous sommes longuement battu contre ces sbires. Darren les assaillait de loin, il veillait à attirer le feu sur lui, toute leur attention. Et pendant ce temps, je les contournai pour fondre comme la prédatrice que j’étais. Quand ça n’était pas possible, il se plaçait régulièrement devant moi pour me protéger en faisant bouclier de son corps. C’était terriblement dangereux. Surtout lorsque nous passions d’un accès à l’autre. J’avais bien tenté à plusieurs reprises de l’en dissuader pour que ça soit moi qui le protège, mais il faisait tout pour m’en empêcher. Ce qui m’exaspérait, car tout comme pour lui, j’estimais que c’était mon rôle de le protéger.

En entrant dans la salle où le vieillard était gardé captif, Darren avait prit une balle en pleine poitrine. Son gilet tactique l’avait sauvé et, malgré ses souffrances, il s’obstinait encore à se placer devant moi pour me protéger. Une véritable tête de mule, et lorsque je le pus, il m’arrivait de réussir à le pousser sur le côté pour l’éloigner de la ligne de visée de nos assaillants, me mettant à mon tour à le protéger. Pas question qu’il se fasse encore tirer dessus, Darren était suffisamment blessé comme ça. Beaucoup plus que moi.

Après avoir fait le ménage dans la pièce, il ne restait plus que le prisonnier. Mais c’était un mâle. J’étais conditionnée pour abattre les mâles. Voir ce vieillard aux doigts cassés et la mine abattue par de longues heures de torture ne m’avait pas beaucoup émue. Au contraire, je m’étais même offusquée de voir Darren tenter de le soigner et lui donner le peu d’eau qu’il nous restait. Mais, au moins, il avait su le faire parler. Le vieillard faisait partie de l’ordre des Veilleurs. Et après tout ce temps passé à nous battre dans les couloirs sans en voir le bout, il nous apprit enfin toute la vérité. Le contremaître s’était fait livrer beaucoup d’explosifs par Macon. Grâce aux informations tirées du vieillard, il avait percé une brèche dans la base secrète des Veilleurs, là où le médaillon volé ne lui permettait pas l’accès. Et il venait d’y lancer un assaut fatal. C’était donc ça, les nombreuses fusillades, que l’ont entendait depuis le début ! Les religieux se faisaient tous massacrer !

Ils couraient droit sur Heimda en tuant tout le monde sur leur passage. Nous devions la sauver au plus vite !

Sans attendre, Darren et moi nous étions lancé à la poursuite des Geniis. On rencontra l’arrière garde dans un affrontement d’une très grande violence. Puis nous prîmes le chemin à toute vitesse sans penser à nous reposer. Poussé à mettre la morale de côté, Darren me laissait torturer mes victimes pour nous assurer du chemin. Parmi les cadavres, les religieux de l’ordre des Veilleurs jonchaient le sol. Ils s’étaient sacrifiés, se jetant sur l’ennemi à mains nues, dans le seul espoir de les ralentir. Ils reproduisaient clairement la scène de la peinture, lorsque la mère d’Heimda s’était jetée sur les Wraiths pour les ralentir.

A force de pousser dans leur direction, le contremaître s’était dépouillé de ses forces au fur et à mesure. Nous nous retrouvions maintenant pris entre deux mouvements. La chasse que nous donnions à l’Atlante corrompu en abattant ses défenses. Et les Geniis qui nous talonnaient sans cesse. Plus le temps passait et plus nos affrontements étaient fréquents, sanguinaires.

Finalement, nous atteignîmes notre objectif. Un ascenseur mécanique qui descendait au sous-sol.

« Cours ! » gueula Darren avant de lâcher une nouvelle rafale dans le couloir. Il couvrit mon passage d’une pièce à l’autre et me suivit juste après.

Nos poursuivants nous avaient rattrapé. Là devant se trouvait notre objectif final. Un encadrement de grilles protégeant un monte-charge qui descendait dans les souterrains du temple. Beaucoup de cadavres de religieux gisaient là, preuve qu’il s’agissait de l’ultime passage me séparant du contremaître et d’Heimda. Les Geniis qui tenaient cette position manquaient de munitions. Ils foncèrent sur nous armés de couteaux et de machettes. Un nouveau combat violent s’engagea et je dus me surpasser une fois de plus. Darren se battit au mieux mais il commençait à s’épuiser dangereusement. Dès qu’il était abordé au corps à corps, sa résistance se faisait de moins en moins vive. Il était à chaque fois un peu plus faible. Il venait de recevoir un coup de poignard que son gilet n’avait pas complètement absorbé. Darren aurait été tué si je n’avais pas intercepté le prochain coup que son ennemi comptait lui donner dans le dos…

Le soldat refusa que je m’occupe de lui, même s’il saignait. Nos poursuivants étaient bien trop proche. Le temps nous manquait et nous proches, si proches d’atteindre Heimda et le contremaître. Darren me poussa dans le dos pour m’obliger à courir. Nous étions tous les deux à bout de souffle, au bout de nos forces. Mais nous y étions presque...la victoire était à portée de main ! Alors je me mis à courir aussi vite que mes forces le permettaient, suivie par Darren.

J’atteignis en première l’étrange plate-forme et m’y collait pour faire de la place à Darren. Mais soudainement, j’entendis un bruit de métal dans mon dos : la fermeture de la porte grillagée. Le militaire venait de m’y enfermer délibérément ! En me retournant, je découvris Darren en train de verrouiller la grille. Sans attendre, je me dirigeai vers la grille, attrapant les barreaux pour faire face au soldat. Son visage s’était décomposé et il recula de quelques pas pour m'empêcher de le saisir à travers les barreaux.

« Je suis désolé... » avoua-t-il.

Il venait de lever le masque...il m’avait menti durant tout notre combat contre les Geniis.

"Darren, qu’est ce que tu fais ? Ouvre cette grille tout de suite !"

Son but n’était pas que l’on atteigne ensemble Heimda avant les autres. Son but était simplement de m’y amener, moi. Pour que je termine la mission. Et en comprenant cette dure réalité, mon coeur se serra dans ma poitrine. Darren m’abandonnait. Alors que je ne voulais pas le perdre. Pas une seconde fois.

« Je dois les empêcher d’utiliser l'ascenseur. » fît-il, le visage blême.

"Pas question, je ne te laisserais pas ici ! Darren, ne fais pas ça !!!"

Mais c’était peine perdue. Darren avait l’avantage, je ne pouvais rien faire pour l’empêcher de faire cette bêtise. Je ne savais même pas comment fonctionnait l'ascenseur, alors comment empêcher Darren de se sacrifier ? Il appuya sur le déclencheur du contrepoids, commandant depuis l’extérieur la descente de la plate forme.

« Bonne chance ! »

"Darren, non !!!" lançai je d’une voix presque suppliante, alors que l'ascenseur commençait déjà sa descente.

Les balles frôlèrent soudainement les oreilles de Darren. Il se pencha brusquement par réflexe en entendant des balles siffler tout près de lui. Il voulut recharger son arme, le visage tiré par la douleur. Son épaule le faisait souffrir, son hématome au torse, sans oublier la sale entaille qu’il avait reçu à son avant-bras.

En entendant le cri de rage d’un ennemi proche, il sortit rapidement son neuf millimètres et l’allongea de plusieurs balles dans le buffet.

« Je t’en prie...capture-le ! Fait-le pour moi, pour Teyla ! » s’écria-t-il pendant que je descendais.

"Non ! Arrête ce truc ! On le fera ensemble ! Darren !!!" criai je tandis que je m’éloignais de lui, les yeux brillants de larmes qui ne demandaient qu’à couler sur mon visage, mais je m’en empêchais.

Positionné derrière son couvert, Darren termina d’engager son chargeur au moment où un nouveau Genii l’engageait au corps à corps. Il reçut un violent coup de matraque dans la figure, le choc me laissant aucun doute sur la force que l’ennemi avait employé. Darren vrilla brutalement sur le côté, son visage se tournant vers moi. A l’expression de son regard, je voyais qu’il cherchait de la motivation, du réconfort. Il refusa de se laisser vaincre. Lorsque l’ennemi leva une nouvelle fois son arme, Darren répliqua tout aussi rapidement d’un solide coup de baïonnette dans l’aine, le faisant hurler. Puis la balle tirée à bout portant l’éjecta en arrière. A partir de là, le militaire se redressa puis tira au coup par coup, abattant les trois prochains Geniis qui n’avaient pas pris de couverture. Mais pour ceux qui avaient agi plus intelligemment, ils se mirent à l’arroser, l’obligeant à se cacher derrière sa couverture. Il se sacrifiait pour les empêcher de me poursuivre...

Je ne pus que rester impuissante face à cette horrible scène, les mains serrant les barreaux de la grille. Je tentai vainement de l’ouvrir, mais l’ascenseur continua sa terrible descente en abandonnant Darren à son sort. Puis, le soldat disparu de mon champs de vision. Je poussai un cri de rage, m’acharnant contre cette grille qui refusait de s’ouvrir. J’étais en colère contre Darren qui n’avait aucune chance de s’en sortir dans son état, et qui m’abandonnait. Contre tous ces mâles responsables de tous ces malheurs. Et contre moi même qui était là, impuissante à protéger le seul mâle que j’acceptais dans ma vie. Et maintenant, je venais de le perdre. Je serrai les dents, les yeux fermés, cessant de m’acharner contre la grille. Je retins ces larmes de colère et de tristesse, préférant garder toute cette rancoeur pour me donner de la force. Le temps des pleurs et du deuil viendrait plus tard, quand Heimda serait sauvée. Il fallait pour l’instant que je me concentre sur la mission.

La plateforme descendait lentement maintenant, comme si elle était détachée de tout l’environnement de guerre qui m’entourait. J’étais désormais seule. Les violents échanges de tirs au-dessus de ma tête étaient les derniers signes d’activité de Darren. Il continuait de retenir seul les derniers éléments de la petite armée de Geniis qui déferlait. Et puis, après quelques minutes, le son du combat fut de plus en plus lointain, jusqu’à disparaître complètement. Etais je trop loin pour l’entendre ? Ou alors, Darren avait il fini par succomber ? Je ne voulais pas y penser. Il n’y avait plus qu’une seule chose qui m’obsédait : faire payer au contremaître la perte du soldat. Malgré les paroles de Darren et de Ridding, mon envie de vengeance était bien trop forte. Je voulais une seule chose : sa mort dans une lente agonie douloureuse. Je profitai de ces quelques minutes pour reprendre mon souffle, regagnant un peu de force pour le combat à venir. Pourvu que je n’arrive pas trop tard pour aider Heimda.

Pendant que je descendais, j’avais une vue complète sur l’immense sous-sol du temple. C’était une grande salle de prière taillée dans la roche. Une nef immense. Beaucoup de piliers, beaucoup de bancs et de braséros. Une grande atmosphère religieuse s’en dégageait. La pierre était d’un blanc éclatant et un tapis rouge écarlate s’étirait jusqu’à un promontoire. Il s’y trouvait alors le symbole de l’ordre des Veilleurs poli dans le marbre. Et contre l’autel était adossé une silhouette que je reconnus aussitôt.

Heimda !!!

Le chef spirituel, un vieil homme grisonnant en toge rouge, faisait un maigre bouclier de son corps. Il pointait d’une main tremblante un poignard sacrificiel devant le contremaître qui progressait sur lui sans la moindre crainte. Lequel était équipé d’une étrangement armature entourant tout son corps. Ca semblait lui donner plus de force et de mobilité.

Tandis que la plateforme terminait sa descente, je le vis se saisir tranquillement de la main du vieillard et lui pulvériser les os. Une pression très simple assisté par les différents éléments de son étrange armure. Les odieux craquements raisonnèrent dans toute cette cathédrale souterraine. Puis il y eut son cri de douleur, sa détresse, et son horreur… Le contremaître - l’Atlante corrompu de Macon - prenait plaisir à tuer le vieillard.

Sous le regard horrifié d’Heimda, il plaça ses mains de chaque côté du visage du prêtre et exerça une pression de plus en plus forte. L’homme gesticula, hurla en secouant ses jambes dans tous les sens, puis un terrible craquement sinistre mit fin à toutes souffrances de ce mâle. Le contremaître lui avait écrasé la boîte crânienne comme une noix. Une brutale effusion de sang l’avait éclaboussé pendant qu’Heimda poussait un cri terrifié. Elle semblait plus alerte que la dernière fois où je l’avais vu, alitée. Mais elle semblait avoir du mal à tenir sur ses jambes. Et elle était en grand danger, sans défense, contre ce mâle qui se délectait de sa position dominante.

Accrochée à l’autel, Heimda tenta de s’écarter avec des gestes tremblants et maladroits. Mais c’était trop tard. A peine eut-elle fait quelques pas que l’ennemi lui décrocha un terrible revers de main. Aidé par la machine qui l’assistait, le choc fit violemment bondir la princesse. La jeune femme poussa un cri de douleur et de surprise, bascula par dessus l’autel et s’effondra derrière dans un bruit sourd.

Ma plateforme s’arrêta enfin, alertant mon ennemi de ma présence. Le contremaître, qui avait saisi Heimda par la gorge et s’apprêtait à lui pulvériser le visage d’un coup de poing, cessa son geste en regardant lentement dans ma direction, tandis que je levai la grille, enfin déverrouillée lorsque l'ascenseur s’était immobilisé.

« Tiens, tiens... »

Spoiler:

Il me faisait face, tenant toujours la fille de Virgil par la gorge. La pauvre jeune femme tentait de se défendre en tapant contre son exosquelette. Cette armature de fer qui ne faisait pas grande protection. Pourtant, sans connaître la technologie, je sentais que ça lui conférait une grande puissance et qu’il ne semblait plus souffrir des deux balles qu’il avait reçu à l’épaule. Ca lui donnait une force herculéenne. Et sa visière s’animait de différentes informations, probablement en train de lui signaler mes blessures et mes points faibles.

« Je dois reconnaître que Darren et toi avez de la ressource... » me dit-il avec un sourire narquois. « Trente putains de Geniis. Et vous avez encore la force de venir m’emmerder ! »

L’homme s’avança vers moi, dédaigneux. Heimda poussa une longue plainte de douleur, traînée nonchalamment par ce type. Être tenue par la gorge l'étouffait horriblement et ses gestes étaient déjà devenus plus faible.

« Tu arrives trop tard, Lyanna. Maintenant que tu t’es bien fatiguée sur tes amuse-gueules, tu n’es plus en mesure de me vaincre ! »

Il redressa d’un geste très simple et sans le moindre effort Heimda. Il la tenait d’une seule main, la suspendant au-dessus du sol.

« Darren va bientôt mourir. Et toi...je vais te laisser contempler ton échec ! »

Sans crier gare, soudainement, il envoya valser Heimda comme une poupée de chiffon. La fille de Virgil s’envola atrocement dans les airs, faisant un survol ahurissant de l’intérieur de la cathédrale avant de se réceptionner lourdement dans les bancs. Le fracas avait été horrible et elle disparut sous les bois. Je m’inquiétai de l’état de santé de l’adolescente, mais je ne pus la voir là où elle était tombée. Et impossible pour moi d’aller à sa rencontre, mon adversaire me barrait la route. Je devais m’occuper de son cas avant. Je dégainai mes lames en lui faisant face.

« Il me plait mon nouveau joujou ! » s’amusa le contremaître en commençant à me tourner autour.

« Abelle avait un cul délicieux. Je me demande comment sera le tiens... »

"Tu payeras pour tout ça, je te le garantis ! Tu vas regretter de ne pas être mort la dernière fois !" lançai je sur un ton froid et plein de haine, mon regard noir plongé dans le sien.

"Si tu crois que tu vas poser la main sur moi, tu te trompes. Je vais prendre plaisir à t’achever lentement, en te faisant souffrir pour savourer tes hurlements de douleurs !"

Le contremaître ria. Il se moquait clairement de moi.

« T’en a pas marre de répéter toujours la même connerie ? »

"C’est parce que tu as l’air d’être sourd, alors je te répète mes propos au cas où tu ne comprendrais toujours pas" lui dis je sur un ton énervé à cause de son attitude provocante.

Prenant une position défensive, je tournai doucement autour du mâle, évaluant la situation. J’en profitai pour observer son étrange accoutrement, cette sorte d’armure qui ne ressemblait pas du tout à une armure, et que je n’avais jamais sur Atlantis. Trouver une faille chez quelque chose d’inconnue n’allait pas être simple. Sans le quitter des yeux, tout en gardant une distance de sécurité avec lui, je réfléchis rapidement à la manière de le terrasser rapidement, avant que mes maigres forces ne m’abandonnent définitivement.

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Mar 28 Avr - 19:53

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Le Soldat ∞ L'Amazone
La salle de l'ascenseur était devenu un remake de Fort Alamo.
Darren tenait la position comme un acharné. Au coup par coup, il faisait feu en économisant ses munitions. L’ennemi sortait régulièrement du couvert pour tirer quelques balles, parfois avec très peu de précision, juste pour le faire réagir. Pas question de se faire avoir. Darren prenait son temps malgré son émotion. Il avait le coeur qui battait à cent à l’heure, son souffle était rapide et il savait que cet état-là n’était pas recommandé pour une résistance optimale. Qu’importe. Il n’y avait plus d’armée, plus d’Atlantis, plus de soldat Darren. Il n’était qu’un type qui tentait de défendre sa peau le plus longtemps possible.
La durée ! C’était ça l’objectif.

Eliminer le reste des assaillants était un idéal, comme un rêve fou de pouvoir s’en sortir tout en sortant victorieux de tout ça. Mais il ne fallait pas se faire d’illusion, le soldat était déjà blessé, il était épuisé. Et ses munitions se réduisaient comme neige au soleil malgré ses efforts.

Il ne faisait pourtant pas de cadeaux.
Dès qu’il percevait une occasion, il la saisissait sans hésiter. Comme cet adversaire qui avait laissé dépasser son pied accidentellement. Clive avait posé le bout de son fusil sur le rebords de son couvert, il s’était concentré sur son organe de visée pour lui envoyer une balle dans le pied, ignorant celles qui le frôlaient parfois de près. Le Genii avait été surpris et il s’était effondré du mauvais côté. Darren l’avait achevé sans pitié.

Impossible de savoir combien il y en avait.
Simplement le sentiment d’en faire venir deux pour chaque mort sur le terrain. Une putain d’hydre qui multipliait ses têtes, bon sang !

Darren savait qu’il ne pouvait pas rester là.
Il allait finir par se faire tuer. Un assaut simultané peut-être.
Décidé, le militaire se redressa en faisant feu à volonté. Il cueilli un nouvel adversaire que le sursaut de protection avait décalé de son couvert. Sur la gauche, il y avait une autre ouverture, là où l’ennemi tenterait de le contourner sur les flancs. Logique imparable, lui-même le ferait sans hésiter. Il sortit son neuf millimètre et se colla contre le bord du mur. Des bruits de pas ! Ca courait juste à côté. Il se pencha lentement et dégomma le premier genou en ligne de mire. Un genii hurla en tombant à terre.

Quelques tirs de plus pour éliminer celui qui suivait. Puis il s’avança. Le type au genou dégommé récupéra son arme. Il poussait un long cri témoignant de la pression et de l’imminence de sa mort. Clive progressa sans attente, il embrocha son ennemi pour gagner une balle puis avança. Mais soudainement, plusieurs fusils tonnèrent dans son dos. Darren se planqua dans une salle attenante, plus par auto préservation qu’un réflexe militaire. Il attendit, collé contre le mur, que ce déluge cesse enfin. L’image de Lyanna restait empreinte dans son esprit, comme dans un arrière fond quasi invisible. A croire que son subconscient voulait absolument lui rappeler pourquoi il faisait tout ça. Et pourquoi il ne devait pas paniquer.

Dès qu’il entendit le déclic d’un chargeur vide, le soldat prit une inspiration craintive et se dévoilà brusquement. Il buta le premier sans la moindre pitié. L’autre s’était planqué derrière le mur. Il s’y avança d’un pas rapide.
Forcément, son adversaire se dévoilà en amenant son canon sur lui. Darren le dévia in extremis. Le coup se perdit dans le couloir et un violent corps à corps s’engagea. Il perdit son arme dans la violence et se retrouva renversé par un fou furieux en pleine forme. Le soldat le vit sortir un couteau et stoppa le geste dans un hurlement d’effroi. Il se serait pissé dessus tant le fil de la lame l’avait frôlé.
Il avait beau bouger dans tous les sens, son ennemi tenait bon.

« CRÊVE !!! »

Clive soufflait de plus en plus fort.
Il poussait de longue plainte de douleur. Il était déjà à bout et son ennemi donnait sans cesse des accoups pour briser son effort. Il allait réussir en plus. Clive parvint finalement à se saisir de son neuf millimètres. Il lui colla une balle dans le bide puis profita de la surprise pour en balancer une autre dans son crâne. Le sang lui éclaboussa le visage et il entendit des cris au même moment, juste à côté. Encore des tirs. Sauf que cette fois, ils transpercèrent le cadavre qui faisait office de bouclier. Deux dans le copain raide mort...Et une autre qui le percuta à la poitrine, dans le gilet.
Darren cria, perclu de douleur. Il ne savait pas ce qui le tenait encore à ce moment là, si c’était Lyanna ou sa simple envie de vivre. L’urgence de la situation lui fît perdre la stratégie et il vida son chargeur sans réelle précision. Comme un tir de barrage, un tir ultime. Mais c’est en sentant que l’ennemi allait vraiment finir par l’achever qu’il parvint à se secouer à mettre les trois dernières balles dans le but.

Le soldat comprit qu’il était sauf...pour quelques minutes à peine.
Dans une succession de plaintes douloureuses, il se laissa retomber de tout son poids sur le sol. Allongé, il fixa le plafond, amenant naturellement une main contre sa poitrine, là où la balle avait touché. Il sentait que le projectile avait percé la plaque balistique et qu’il saignait. Peut-être pas aussi gravement que si l’ogive l’avait percé de part en part. Mais l’énergie cinétique et la perforation sommaire le saisissait. Il se sentait tellement faible...si faible…
Le militaire considéra son arme vide et éjecta le chargeur.

D’un regard las, il considéra le cadavre qui faisait office de couverture. Il abandonnait...Darren resta bloqué dessous, incapable de trouver la ressource nécessaire pour repartir au combat. Bon sang...mais comment faisaient les autres ? Comment faisaient les Sheppards et les Allens pour continuer la baston quand le corps et l’esprit disaient stop ?
Sa tête tournait, il suait, son coeur n’arrêtait plus de battre le rythme d’un marathon. Et il saignait de partout bon sang !

Du bruit à côté…
La salle de l'ascenseur ! Des adversaires s’y pressaient !
Mais il n’en pouvait plus...il était à bout.
Pourtant...c’est Lyanna qu’ils allaient cibler. Déjà qu’il ne savait pas si elle était tombée sur des effectifs Genii en descendant mais, s’il y en avait un bus qui lui arrivait dans le dos, elle se ferait buter. Darren le savait...il ne lui avait jamais dit en face. Mais elle n’était pas suffisamment protégée.
Sa tenue était sexy. Elle était bien pour la mobilité. Mais il suffisait d’une seule balle, même Genii, pour régler le problème Lyanna.

Le soldat ne pouvait pas l’abandonner.
Il s’était fait avoir à son propre jeu, il était tombé amoureux comme un adolescent stupide. Paf, coup de foudre ! Il avait tout intérêt à assumer tant ses sentiments que son devoir militaire. Elle ne devait pas mourir ! Dans l’un comme dans l’autre, il avait une responsabilité.
Il posa ses mains sur le cadavre et poussa de toutes forces. Il en gueula de douleur et d’épuisement mais il y parvint. Tout de suite, il récupéra son M4, changea de chargeur pour en prendre un complet, et se traîna lamentablement jusqu’au fort Alamo. La douleur était partout, mais surtout au niveau de sa poitrine. En grognant comme un animal, il se rendit jusque dans la salle et découvrit avec stupeur que l’ascenceur était en mouvement.

« Nan...merde ! » gémit-il, pris par le désespoir.

Des renforts étaient actuellement en train de descendre vers le sous-sol.
Stupidement, il passa la tête par l’ouverture pour découvrir une demi-douzaine de flingues pointés vers lui. L’ennemi effectua un tir de suppression qui manqua de le transformer en passoire. Darren s’était jeté en arrière en hurlant, n’en revenant pas d’être toujours vivant. Il se redressa difficilement, considérant ses options. L’ennemi allait atteindre Lyanna...il ne fallait pas ! Ils ne devaient pas atteindre le palier.
Impossible de les arroser sans subir une contre-attaque meurtrière.

Puis son esprit fit tilt.
L'ascenseur montait et descendait à l’aide de contrepoids. Des éléments de mécanisme par poulie clairement en vue se trouvaient au-dessus de sa tête. Sans attendre, le soldat pointa son arme dessus et lâcha une longue rafale. Une très longue rafale. Il vida le reste de ses munitions en priant tout ce qui existait. Et visiblement : quelqu’un l’avait écouté.
Le mécanisme céda, relâcha l’ensemble des cordes dans un claquement sourd. Il entendit les Geniis hurler par écho dans la conduite tandis que la cage d'ascenseur faisait une incroyable chute libre. Darren demeura devant, espérant entendre l’écho désastreux qui lui offrirait la victoire finale. Mais en réalité, ce fût le bruit d’un flingue qui le surprit.

Quand il ouvrit les yeux, il se trouvait sur le sol. Une terrible douleur avait submergée toutes les autres, l’immobilisant totalement. Il avança un bras vers l’avant et parvint à s’avancer de quelques centimètres. A peine…
Un salaud lui avait tiré dans le dos.

Une botte Genii se matérialisa au niveau de son visage. Quelqu’un restait là à l’observer de longues secondes. Puis il le repoussa pour qu’il gise sur le dos. Darren écarquilla des yeux en reconnaissant le visage de l’homme.
C’était le pendu...avec une arme Genii. Ce pourri avait attendu son heure avant d’agir.
Le jeune homme poussa bien malgré lui un gémissement d’horreur. Le genre de plainte que l’on sort lorsque l’on se découvre enfin sur le point de mourir. Quand on sonne à la porte du diable alors qu’on a rien demandé. Il y a toujours l’espoir fou de trouver une solution, une issue, l'échappatoire. Darren avait tenté d’amener sa main vers le neuf millimètres qui traînait à portée de main. Mais c’était si voyant que le pendu l’écarta d’un simple petit coup de pied. Il avait eu largement le temps d’agir, l’homme avait reculé l’arme sans crainte.

« Personne ne vole le fric du Pendu ! » imposa-t-il d’un sourire narquois.

Le type lui donna un coup de pompe dans le flanc pour le faire réagir.
« Tu vas crever, l’Atlante. »
Il pointa son arme sur son visage.
Le militaire était horrifié. C’est un sentiment humain de perdre toute contenance lorsqu’on se trouve du mauvais côté du fusil. Il n’y avait pas de charisme, de retenue ou que sais-je à simple fin de conserver une certaine apparence. Le soldat avait écarté son visage de côté en murmurant un « Nan... » paniqué.
Il aurait même supplié s’il n’avait pas eu aussi mal. Darren aurait fait comme n’importe qui au bord du précipice. Son regard échappait volontairement à cette pression qui s’exerçait progressivement à la queue de détente. Lyanna allait venir, n’est-ce pas ?
Elle allait apparaître, avec ses fameuses épées, et castrer le type dans la violence. Il reverrait ce regard meurtrier chez elle, la dualité qui s’opérait entre une Lyanna aimante découvrant le sentiment et une sans état-d’âme avec cette lueur malsaine dans le regard...non ?

Une fois fini, elle le regardait et avec tout son aplomb, elle lui dirait : “J’t’avais dit qu’on devait le tuer ! Mais tu ne m’as pas écoutée !!!”

Non...elle n’était pas là.
Elle n’était pas venue pour lui.
Darren était en proie au désespoir, à la peine. Il ne voulait pas finir comme ça. Pas maintenant !
C’est peut-être cette expression teinte sur le visage, qui plaisait énormément au pendu, qui le décida à choisir une autre mort.
« Tu sais quoi ? Une balle, c’est bien trop rapide ! J’vais te rendre service. »
Il la jeta nonchalamment sur un cadavre.

Le criminel dénoua le vieux noeud de corde de chanvre qui faisait son surnom. Son ancienne corde de pendaison qui lui servait de cravate. L’homme l’a retira lentement puis s’agenouilla à côté de Clive.
« J’vais prendre mon temps avec toi. Et je te laisserai ce petit cadeau en guise de message à ta femme. »
Le soldat battit des mains pour l’empêcher de lui enfiler la corde. Mais il était trop faible pour se défendre. Toute la partie basse de son corps ne lui répondait plus. Au mieux, il remuait stupidement des jambes comme s’il n’avait pas conscience de sa détresse.
« Lyanna ! » s’écria-t-il, horrifié.
« C’est ça, mon pti soldat, appelle-là ! »
Son bourreau ressera lentement le noeud coulant. Il prit position au-dessus de lui.
« Il n’y a plus d'ascenseur. On a tout le temps pour nous maintenant. »
« LYAANAAAAAA ! »

Et le pendu lança la strangulation dès la fin de ce dernier cri de détresse. Il avait enroulé le reste de la corde d’une main, tenait Darren bien plaqué contre le sol de l’autre. Le regard affolé, le soldat regardait partout, à la recherche d’une solution. Mais il ne trouvait rien, strictement rien. A chaque fois qu’un de ses bras s’écartait à la recherche d’une arme, d’un objet quelconque, le bourreau le ramenait d’un geste vif. Et pendant l’exercice, il gardait son regard entièrement rivé dans celui de Clive, pour qu’il le voit bien en tant que dominant. Le puissant qui tuait lentement, à coup sûr, le faible.

A chaque expiration accidentelle, le lien se resserait encore plus autour de sa gorge. Il se trouvait dans un tel besoin d’oxygène que son corps commanda de force l’ouverture de sa mâchoire. Il en sortit même la langue tandis que ses lèvres se mettaient à bleuir sous l’expression ravie de son agresseur.
« Elle va se jeter sur ton cadavre ! Elle va voir cette belle petite cravate que je t’ai laissé. Sa pensée sera tournée vers moi, à tel point qu’elle ne me verra pas arriver. Je lui collerai une balle dans le crâne. Je laisserai vos corps pourrir ici ! Bouffés par les vers ! »

Darren n’entendait rien.
Il aurait été incapable de pouvoir reformuler les menaces du Pendu tant il était occupé à lui résister. Le sang bouillonait dans ses oreilles, un voile s’était posé sur lui, assombrissant sa vue de plus en plus. Le jeune homme savait qu’il était en train d’abandonner, qu’il allait se laisser glisser dans les ténèbres. Il se disait qu’il avait fait au mieux, que sa belle n’aurait plus qu’une seule menace à traiter au lieu de dizaines. Bref, il se cherchait des excuses. Darren n’avait plus la force de se battre. Malgré l’effroi et l’horreur, il reconnaissait que le Pendu avait été plus fort que lui. Le militaire se soumettait physiquement et mentalement, il baissait les bras. Ses mains cessèrent de retenir inutilement l’entrave trop puissante, glissant sur son corps pour se déposer sur le sol.

Pourtant...pourtant...le Pendu se pencha un peu plus sur lui pour qu’il le voit. Son regard était près...si près…
Dans les méandres de cette désorientation, il ne savait même plus s’il délirait ou non. Il ne savait plus si les voix qu’il entendait étaient réelles ou pas. Mais poussé par le seul instinct bestial de la survie, il remonta brusquement ses mains sur le visage du Pendu et chercha ses orbites. Il y enfonça les pouces brusquement et il lui arracha un cri de stupeur. Darren y développa le peu de force qu’il lui restait, il serra les dents, râla, grogna. C’était, étrangement, une technique assurément commune à son amie de viser là où ça faisait mal. En sauvage, il lui crevait les deux yeux avec ses doigts. Maintenant qu’il avait trouvé les orbites, il cherchait à y enfoncer les doigts le plus loin possible.

Le pendu chercha à s’extraire par tous les moyens. Il exerçait une force opposée.
Quand Clive décida enfin de retirer ses mains, c’était pour s’emparer de la veste du bourreau et de l’attirer vers lui le plus fort possible. Déséquilibré, le type chuta vers l’avant, écrasant Darren de tout son poids puis...rencontra le vide de la cage d'ascenseur.
Son subconscient l’alerta immédiatement. Il battit des bras, des jambes, chercha n’importe quel appui, quitte à ce que ce soit le soldat lui même. Mais c’était trop tard.

Le Pendu chuta dans la cage d'ascenseur dans un long et fort hurlement. Il y eut un instant de silence précédent un choc abominablement fort. Un écho sourd remonta le long du canal. Puis le silence retomba aussitôt.
Darren resta allongé sur le dos, la respiration sifflante. Il aurait dû tousser de tout son saoul, il aurait dû s’animer brusquement, comme si l’énergie affluait brusquement une fois l’oxygène de retour. Mais c’était comme s’il avait passé un point de non retour. Au travers de son regard faible, il remarqua brièvement tous ces cadavres et l’absence totale d’activité ennemie.
C’était...semble-t-il...mission accomplie.

Il s’effondra définitivement sur cette dernière pensée.

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
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Mar 28 Avr - 20:15

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
D
u côté de Lyanna.


Le contremaître m’avait laissé venir. Sans arme, uniquement équipé de son casque et de cette étrange machine enveloppant son corps, il tournait en cercle avec moi dans une étrange sérénité. Ces armatures métallique qui lui conférait une force herculéenne se terminaient par des armes que j’avais déjà vu. Des “poings américains” disaient-il sur Atlantis. Mais pourquoi ceux-ci s’illuminaient d’une étrange lueur bleutée ? Je n’avais pas le souvenir que ce genre d’armes sur la cité produisaient cette lueur. Qu’est ce que c’était que ça ? Mon instinct me poussa à me méfier, même si je ne savais pas pourquoi.

Mon adversaire riait. Il attendait que je l’attaque, comme un chasseur qui se délectait de voir sa proie foncer dans un piège. Il savait pertinemment que je ne connaissais rien de la technologie de ce peuple, alors il me narguait. Je sentais bien qu’il y avait quelque chose d’étrange quand je le testais. Mais lames ne répondait pas aussi bien, comme si j’avais soudainement perdue en dextérité, comme lorsque j’avais débuté mon entraînement jadis. Mes gestes étaient moins rapides qu’avant, et j’étais persuadée que cette sensation ne venait pas de mon corps qui faiblissait à mesure que mes forces m’abandonnaient. Il y avait autre chose. Une étrange vibration, curieuse, qui venait d’on ne sait où.

Le mâle attendit que je me décide de frapper. Ce que je finis par faire, car ce statut quo était bien trop long. De plus, Heimda et Darren avaient besoin de mon aide, il me fallait finir ce combat le plus vite possible. Et donc, ne pas traîner. Je me lançai en courant vers mon adversaire, et abattit mon épée sur lui, visant son ventre pour le blesser.

Et là, sans que je ne le vois venir, sans que je ne puisse comprendre, mon épée s’anima d’une volonté propre. Elle s’écarta de mon objectif pour venir se coller contre l’armature en fer de son avant bras. Ma lame s’y était soudainement fixée, attirée par une influence provenant de mon ennemi. Ce dernier contre-attaqua aussitôt, alors que je ne pouvais décrocher ma lame sans devoir y mettre de la force. Le coup de poing vola au-dessus de moi au moment où je me baissais pour l’éviter. Rien qu’à la sensation du déplacement d’air, je comprenais à quel point il était puissant. Je n’aurais pas pu encaisser ce coup sans subir de graves blessures à la tête.

Je remarquai alors quelque chose d’étrange lorsque je me redressais, tenant toujours mon épée pour la décrocher. Le reflet bleuté de son étrange arme s’anima, il avait fait un série de pression au niveau de son poing. Un éclair commandé par sa manoeuvre jailli de ce côté là, passant par le contact de mon épée pour me contracter soudainement de douleur. Je poussai un petit cri mêlant surprise et souffrance, alors que je lâchais mon arme toujours prisonnière. Je reculai en regardant ma main, prise de fourmillements désagréables. Je venais d’être électrocutée. Heureusement, pas suffisamment pour me tuer. Mais si le contact s’était prolongé, j’aurais probablement eut encore plus mal. Mais d’où pouvaient bien venir ces arcs électriques ? Comment le mâle faisait il ? Ce bruit...il était comme la chose que Darren m’avait montré avant de me lancer dans la mission. Le claquement sec et inquiétant d’un...taser… C’était donc ce genre de chose qu’il avait dans ses poings américains ? Tandis que je continuai de reculer pour mettre de la distance avec mon adversaire, je secouai ma main endolorie jusqu’à ce que la sensation s’efface complètement. Je finis par reprendre le contrôle de moi même et levai la seule épée qui me restait, en position défensive.

« Et ben Lyanna ? T’as les foies ? » se moqua le contremaître en se repositionnant.

Il agrippa mon épée restée mystérieusement accrochée à son avant bras, comme si le temps s’était figé sur ce mouvement, et mon ennemi le décrocha d’un geste simple.

« Pathétique ! »

L’homme rejeta l’épée dans ma direction, comme pour me la rendre. Son geste me fit froncer les sourcils, je ne comprenais pas sa manoeuvre. Voulait il que le combat dure le plus longtemps possible en jouant avec moi ? Mon épée était si proche de moi, et le mâle était beaucoup plus loin. J’aurais le temps de la ramasser avant qu’il n’arrive sur moi si l’envie de courir dans ma direction le prenait. Alors, je m’avançai rapidement de quelques pas, et me penchai pour ramasser l’arme. Sauf que mon adversaire avait un autre plan en tête. Il attendit que je tente récupérer l’épée pour bondir sur moi, un geste impressionnant, qui n’était pas humain. Sa machine l’aidait à ça aussi !

Surprise par ce geste, je décidai de laisser mon arme, et reculai brusquement. L’instant d’après, le mâle atterrit à l’endroit où je m’étais trouvée juste avant. J’eus juste le temps de reprendre de la distance avec lui, reculant encore en levant mon épée, tout en cherchant encore comment l’atteindre. J’étais épuisée, presque à bout de forces. Je ne pouvais donc pas me jeter dans ce combat sans réfléchir un minimum.

« Donne moi ton épée ! » s’écria-t-il comme un enfant.

Il fit une nouvelle manoeuvre de ses poings. Je sentis immédiatement cette sorte d’influence grandir soudainement. La dernière épée que je tenais étais attirée de plus en plus fort vers mon ennemi. J’avais beau la serrer fermement, elle finit par m’échapper des mains avec brutalité, venant se fixer comme la première fois sur les avant bras du contremaître. D’ailleurs, la lame qui était au sol venait également de faire la même chose.
J’étais désarmée...mais il venait de me révéler quelque chose d’intéressant à l’instant. Au centre de sa poitrine, il y avait quelque chose de coloré, une lumière rouge artificielle. Elle avait réagi juste avant qu’il ne s’exécute. Comme si l’énergie s’était accumulée un certain laps de temps avant d'exécuter l’action. Elle s’intensifiait brusquement. D’ailleurs, ça recommença, là, maintenant ! Le contremaître serra les avants bras contre lui, comme s’il se défendait d’un coup de poing imaginaire. J’eus à peine le temps de comprendre que j’esquivais in extrémis mes deux épées renvoyées vers moi avec la même force. Je tombai sur le sol en voulant esquiver mes propres armes, ce qui me sauva certainement la vie. J’aurai été transpercée de part en part si j’étais restée là, sans bouger.
Mes deux épées sifflèrent dans les airs. L’une teinta bruyamment en ricochant sur le sol. L’autre s’était fichée dans un banc en bois, le transperçant jusqu’à la garde. Ca y est...je le voyais maintenant. Je compris comment fonctionnait cette étrange armure. Ce truc au centre de sa poitrine contrôlait les armes et l’influence du métal ! Je me relevai et me dirigeai sans attendre jusqu’à mes épées. D’abord celle qui était tombée sur le sol, que je ramassai sans peine. Puis la seconde, mais cette dernière était bien fichée dans le banc. Même en forçant, je ne parvins pas à la retirer. Il me faudrait plus de temps, mais c’était sans compter sur le mâle qui se préparait déjà à repartir à l’assaut. Ce dernier frotta la surface de ses poings les uns contre les autres. Des éclairs en crépitaient.

« Viens voir papa ! »

Il fit un nouveau bond et tenta de m’atteindre au flanc. Délaissant ma seconde épée, je fis un pas de côté pour l’esquiver, essayant de m’éloigner rapidement de lui. Par pur instinct, je lui donnai des coups d’épée, histoire de le maintenir à bonne distance, malgré la première tentative désastreuse. Il rechercha le meilleur moment pour capter ma lame avec son système. D’un geste vif, il s’avança pour aller directement à sa rencontre. Là où mes ennemis étaient contraints de reculer pour ne pas se faire tailler en pièce, lui allait directement à la rencontre du métal. Je ressentis une nouvelle fois cette force mystérieuse. Et avant que je n’ai pu réagir, elle se fixa sur un bord de son harnais. Il répondit immédiatement d’un coup de poing, plus léger que sa précédente attaque, pour me faire reculer par le choc d’un nouvel arc électrique.

Décidément, cette technologie allait s’avérer problématique pour battre ce mâle. A peine mon coup avait été porté que la lame fut dévié une nouvelle fois. Et pour en rajouter une couche, mon adversaire me frappa avec son poing. Certes, son coup était beaucoup moins fort que le précédent, mais sa décharge se répandit rapidement dans mon épaule au moment du contact. Je serrais les dents sous la douleur, étouffant un gémissement, tandis que j’étais rejetée en arrière, abandonnant une fois de plus mon épée. Mon dos percuta violemment un pilier qui se trouvait derrière moi. Le temps de retrouver mes esprits, et je remarquai que le mâle se préparait à nouveau à frapper. J’eus juste le temps de me baisser pour amorcer une roulade afin d’esquiver son coup, tandis que je cherchai encore à m’éloigner de lui, impuissante.

Il était rapide. Très rapide. En s’y mettant plus sérieusement, il m’attaqua directement en refusant toute fuite. Il cherchait justement le contact, l’une de mes lames devenues inutile toujours plaquée contre son harnais. J’esquivai une série d'enchaînements. Puisqu’il n’était pas guerrier, je parvenais encore à rivaliser de réflexe et de souplesse. Mais j’étais si épuisée que j’y arrivais de moins en moins. Finalement, je reçus un coup électrisant. Puis un nouveau juste après une esquive. Une horrible pression au niveau de mon cuir chevelu m’arracha un cri. Il me soulevait après m’avoir empoigné les cheveux. Je parvenais à peine à tenir sur la pointe de mes pieds, la moindre parcelle de peau tiraillée. Je sentais même la multitude des racines de mes cheveux craquer sous l’horrible tension. J’avais l’impression qu’il était en train de me scalper par la force de la gravité. Mais avant que je ne puisse m’en rendre compte, il me propulsa d’un coin de poing bien plus violent dans le ventre. Ca me coupa le souffle. Mon corps tomba lourdement sur le sol un peu plus loin, alors que je toussai plusieurs fois pour reprendre mon souffle. Difficilement, j’essayai de me redresser, mais j’étais sonnée.

« On aurait dû commencer par ça bien plus tôt ! »

Le contremaître s’avança un peu vers moi. Il avait un regard qui semblait me dire : “Quoi ?!? Y’a un problème ?!?”. Et en même temps qu’il avançait, il avait tendu sa main vers mon épée restée plantée dans le bois. Le banc entier grinça horriblement en traînant sur le sol, comme s’il était possédé par une force inconnue et malfaisante.
Le contremaître était presque sur moi. Il approchait comme une ombre planante de toutes les misères du monde, ce foutu meuble en bois qui le suivait. J’eus à peine le temps de me mettre sur les jambes que je me jetais de nouveau au sol dans une esquive désespérée. Le banc de prière s’était envolé sur moi. Son poids avait produit un sifflement très grave en me frôlant avant qu’il ne se fracasse en mille morceaux contre un pilier. Des éclats de bois jaillirent de partout, j’en sentais ricocher contre moi.

Je me roulai en boule pour me protéger au mieux des éclats, avant d’essayer de me redresser rapidement malgré ma fatigue et mes blessures. J’avais mal partout à cause des arcs électriques, mais je tentai de contrôler cette souffrance. Etant donné que le banc n’était plus qu’un tas de bois, mon épée avait été libérée. Je me précipitai déjà vers elle pour la saisir. En réponse à ce simple but, une douleur terrible fusa dans ma jambe en me clouant au sol. Je poussai un cri de douleur, cette pression sur ma jambe me cloua au sol, m’empêchant d’aller plus loin. Au début, je crus subir une nouvelle électrocution. Ma jambe droite était paralysée par une douleur constante. Comme une crampe terrible, permanente, qui refusait de passer. Mais en tournant la tête, je découvris le pied mécanisé de mon ennemi écrasant mon mollet contre le sol. Il appuyait de tout son poids, m’écrasant littéralement le muscle, ce qui me fit encore plus mal. J’avais le sentiment que mon tibia était sur le point de céder. Puisque je lui tournai le dos, que j’étais incapable de lui échapper et que ma jambe était complètement raide, prise sous cette botte de fer, je sentis l’homme m'agripper par ma natte décoiffée et tirer ma tête en arrière. Les mâles de mon monde le faisaient aussi, ce geste friand de domination sur mes soeurs défaites au combat. Est-ce qu’il avait appris ce signe et le répétait pour m’effrayer ? Est-ce que c’est l'esclavagiste qui le lui avait dit ?!?

« J’vais te casser les jambes. Les bras... » me murmura-t-il langoureusement à l’oreille. « J’vais te péter les dents aussi. Ca va être quelque chose de baiser une femme-tronc ! »

"Lâche moi tout de suite, enfoiré !!!" criai je en essayant de me débattre.

La douleur était intense, et plus le mâle appuyait sur ma jambe, plus mon cri de douleur était fort. Sa pression sur ma chevelure pour me tirer en arrière n’aida pas du tout à calmer la souffrance. Je devais me sortir de là, mais comment ? Sans réfléchir, je m’emparai de mon couteau, et je tentai de donner des coups en arrière, à l’aveuglette, espérant réussir à le frapper malgré son armure aimantée. Il ria de plus belle.

« Coupe toi les cheveux ! T’aura résolu un problème sur... »

ET BLAAAAAAA !!!

Il cessa de parler pile au moment où un grand bruit de verre brisé éclata dans mon dos. Quelqu’un venait d’écraser un vase en terre cuite sur le casque du contremaître. Il fût simplement surpris, pas du tout blessé, mais il relâcha sa prise pour pouvoir se retourner vers le fauteur de trouble. Je me remettais à peine de la douleur et en tournant la tête, j’aperçus moi aussi, tout comme lui, la silhouette frêle et atrocement diminuée de Heimda. Elle saignait d’une plaie au niveau du front, sûrement dû à sa lourde de chute. Elle coula un regard horrifié sur son ennemi, comprenant qu’elle n’avait eu strictement aucun effet sur lui, et tenta bien de reculer de quelques pas. Mais comme je l’avais aperçu plus tôt, elle avait beaucoup de mal à se déplacer. Elle tituba à reculons en secouant la tête.

« Non...non….NONNNN !!! »

"Heimda, va-t-en !!!"

Enragé, l’homme prit entièrement Heimda dans ses bras. Ses mains se resserrèrent autour de ses hanches, comme s’il l’étreignait contre son corps en la soulevant. Les pieds de la jeune femme battaient dans le vide tandis qu’elle hurlait et m’appelait à l’aide. Mais c’était trop rapide, je n’avais même pas le temps de me redresser que le contremaître lui comprima la colonne vertébrale tout en déclenchant son mécanisme de choc. De manière générale, par ce contact contre lui, un claquement électrique violent parcourut Heimda. Je vis son visage se tordre de douleur, une expression que je n’avais jamais vu chez mes Soeurs. Plutôt chez les mâles que je torturai.

"Laisse la tranquille !!!"

J’avais beau crier, en essayant de me redresser, le mâle ne lâcha pas Heimda. Je compris aussitôt qu’il avait l’intention de la tuer. Soit en l’éléctrocutant jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ou bien en lui broyant tous les os de son corps. Pourtant, le destin vint une nouvelle fois à notre rescousse quand la sonnerie de la cage d’escalier se mit en branle. C’était une sorte de cadran circulaire qui signalait, avec une aiguille, la position de la plateforme. Haute ou basse, montée ou descente, avec un petit “ding” à chaque cran atteint. Ce qui attira l’attention du contremaître, faisant cesser l'électrocution d’Heimda avant qu’il ne soit trop tard, fût l’étonnante symphonie du carillon. Moi même, je regardai en direction de l’ascenseur, sans comprendre ce qui se passait. Mais une sensation étrange m’envahit, comme si quelque chose allait arriver.

Ding…

Ding…

Dingdingdingdingdingdingdinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnng

Un terrible fracas ponctua l’arrêt final du carillon. Comme un explosion mais sans feu, sans onde de choc, sans chaleur. Seulement un cri de Geniis en choeur, sur une minuscule fraction de seconde, avant le choc final. Du bois vola dans tous les sens, forçant mon ennemi à se protéger avec ses bras tandis qu’Heimda chutait lourdement au sol. Elle était complètement inconsciente allongée sur le dos, les bras ballant. Je dus moi même me protéger, encore un peu étourdie par le bruit assourdissant de l’ascenseur qui avait vrillé mes tympans. Je secouai la tête pour reprendre mes esprits. Le contremaître était stupéfait. Il s’avança vers ce qui restait de l'ascenseur, plutôt proche, et découvrit effaré les restes des Geniis. Monceaux de corps brisés, ensemble de fractures ouvertes agités de spasmes nerveux mourants. Impossible de déterminer l’aspect humain, qui était qui, tant la charpente osseuse ne tenait plus rien. Un long râle à peine perceptible accompagnait le claquement des cordes qui finissait de chuter sur le sol.

Alors que mon adversaire s’était éloigné, j’en profitai pour ramper vers Heimda qui était inconsciente. Je craignis pour sa vie, mais une simple vérification me permit de voir qu’elle n’était pas morte. Je fus soulagée, mais je devais la protéger. Et pour ça, il fallait l’éloigner, mais où ? Je me relevai et, étant incapable de la porter, vu le peu de forces qui me restait, je pris la jeune adolescente par les épaules et la traînait à travers la pièce, profitant du fait que le mâle ne faisait plus attention à nous. Je vis derrière l’autel une grande commode, et je décidai d’y emmener Heimda. Il y avait des débris devant, mais je les retirai pour libérer l’accès. Puis, je glissai la jeune femme dans le meuble, avant de refermer les portes. Derrière moi, une voix résonna, me faisant me tourner pour voir mon adversaire.

« Fils de p***... » gronda le contremaître en fixant un point invisible au plafond. Il savait que Darren était derrière ça...et il me tournait le dos !

Maintenant que Heimda était à l’abri, en espérant qu’elle ne panique pas lorsqu’elle se réveillerait, je me concentrai sur mon adversaire. Sur le coup, je ne compris pas de qui il voulait parler avec cette insulte que j’avais déjà entendu prononcé sur Atlantis. Mais mon coeur fit un bond dans ma poitrine. Mais oui, il parlait de Darren. Le soldat avait dû faire tomber l’ascenseur avec des ennemis à l’intérieur. Il était donc encore en vie. Cette nouvelle me donna une nouvelle force à exploiter, il fallait que je continue la lutte pour le retrouver au plus vite.

Je fixai le mâle qui me tournait toujours le dos, ma main serrant mon couteau. Mon regard noir de haine posé sur lui, je me mis à courir aussi vite que mes forces me le permirent, et je fonçai sur lui. Faisant sans doute preuve d’inconscience, je lui sautai sur le dos en poussant un cri de rage, cherchant à planter ma lame dans son cou.

Et comme à chaque fois, malgré tout la force que j’employai, malgré la dextérité, la lame dévia sous l’effet d’une attraction irrésistible. Elle se colla sur le bord du harnais, non loin de son épaule, et refusa de bouger. Le contremaître avait été tout de même surpris. Il s’agita dans tous les sens, espérant me faire tomber. Mais en constatant que je m’accrochais de toutes mes forces, il se reprit et entama un tout autre mouvement. Le genre de réponse totalement impensable et dont je ne pouvais pas m’attendre. Il se pencha en avant, comme s’il voulait s’agenouiller. Puis après avoir pris une bonne impulsion, sa machine l’aida à faire un bond vertigineux pour m’écraser au plafond, ce qui m’arracha un cri douloureux. Non seulement je subissais un choc effroyable, écrasée entre la voûte et le corps de mon ennemi. Mais je retombais de haut et m’écrasais de nouveau sur lui avant de rouler au sol. La violence du choc m’avait fait lâcher mon couteau, je ne savais même pas où il était.

Le sol tournait horriblement. J’essayai difficilement de me retourner pour me mettre sur les genoux, mais ma tête me faisait atrocement mal, comme le reste de mon corps. Je ne parvins pas à me redresser, mes jambes ne supportaient plus mon poids. J’étais encore trop sonnée pour tenter quoi que ce soit. Le souffle court, je toussai plusieurs fois sans me soucier un seul instant ce ce qui m’entourait. Je ne m’entendais même pas pousser une plainte. Mes oreilles sifflaient, en proie à un acouphène permanent. J’essayai de reprendre ma respiration, de percer cet écran flou qui m’empêchait de distinguer mon ennemi. Lorsque je le vis enfin, c’était devenu trop tard. Il me souleva comme une poupée de chiffon et me jeta contre un pilier. J’atterris lourdement contre la paroi, avant de tomber violemment au sol, ce qui accentua davantage cette douleur qui envahissait mon corps. Je me mis sur le dos, cherchant de l’air parmi ma quinte de toux. Tandis que le mâle approchait sans que je puisse opposer la moindre résistance.

Là, il m’encadra solidement le visage de ses mains. Mes joues...comme pour le chef religieux. Je me souvenais sans peine ce qu’il lui avait fait. J’allais finir comme le prêtre.

« Adieu, Lyanna... »

Je sentis ses mains qui commençaient à serrer leur étreinte sur mon visage, ce qui m’arracha un cri. C’était très douloureux, j’avais l’impression que ma tête allait exploser. Désespérément, ma main tâtonna le sol à côté de moi comme pour essayer de trouver quelque chose qui m’aiderait. Soudain, mes doigts se refermèrent sur un objet. Ce n’était pas mon couteau, ni même une épée. C’était un morceau de bois, une plinthe qui faisait sans doute parti des nombreux débris des meubles détruits depuis le début. Je ne réfléchis pas, ayant trop mal, et je puisai dans mes dernière forces pour frapper le mâle à la tête.

Le coup rebondit sur son casque et ne fit que l’amuser davantage.

« C’est tout ce que t’as trouvé ? » se moqua-t-il sans détacher ses mains de mon visage.

Il y eut soudainement un nouveau choc, très sourd, au niveau de la cage d’escalier. Un dernier corps venait de s’y écraser avec violence, soulevant un bref panache de poussière et de débris. Mon ennemi ne se laissa pas distraire cette fois. Il continuait d’exercer sa pression, toujours plus, j’allais mourir ! Mon coup ne l’avait pas atteint, et j’allais abandonner. Mais l’image de Darren qui apparut dans mon esprit m’interdit de le laisser tomber. Je devais continuer de lutter jusqu’au bout, et ne pas baisser les bras. Je donnai alors d’autres coups avec la plinthe, visant où je pouvais, en particulier au niveau de l’épaule de mon adversaire.

Cette attaque le fît râler. Mais de toute évidence, je n’avais plus assez de force pour le faire plier. Lui refusait catégoriquement de me lâcher. Ses mains me secouaient le visage comme s’il essayait de me décrocher la tête comme un bouchon de champagne. Mais à la troisième tentative, puisqu’il commençait à accuser le coup de ce cumul, il chercha à esquiver. Un mélange qui lui valut de s’emmêler les pinceaux. On attaque pas en esquivant en même temps, il y a toujours une séquence, même très rapprochée dans le temps. Mais deux gestes contraires de s’appliquent pas dans le combat. Du moins, pas chez quelqu’un qui base toute sa force et sa dextérité dans une machine. Mon prochain coup manqua l’épaule mais atteignit sa visière de plein fouet. Pas la protection du casque, là où ça avait rebondi la première fois, mais plus bas. Le verre céda brusquement, un bruit de fêlure soudain, il me relâcha en hurlant.

« Putain !!! » s’écria-t-il dans un gémissement surpris.

Son affichage devenait fou. Il se mit à grésiller, affichant tout une série de symbole et de ligne que je voyais à peine. Mais le mélange obstruait totalement sa vue. C’était mon ouverture ! Il ne me voyait plus ! Bien conscient de ça, il balaya vainement des bras devant lui. Ca restait des coups puissants, m’obligeant à rester prudente. D’ailleurs, sa dernière attaque me désorientait encore. Cette soudaine libération semblait avoir ouvert un barrage de pression sanguine qui déferlait dans mon crâne. Je sentais mon coeur battre à l’intérieur de ma tête, tambouriner comme un diable. C’était atrocement douloureux et très désagréable, mais cette sensation passait lentement. Au moins, j’étais libre de mes mouvements, mon adversaire s’était levé et éloigné de moi. Péniblement, une fois que je m’en sentis capable, je me redressai en tenant toujours le morceau de bois dans ma main. Sur le coup, je ne comprenais pas vraiment pourquoi ce simple objet avait réussi là où mes armes avaient échoué. Mais en réalité, même si je n’avais pas assisté à la scène des débris en bois projetés par la chute de l'ascenseur sur le mâle qui avait dû se protéger, c’était logique qu’une armure aimantée ne fonctionne pas avec autre chose que du métal. En serrant les dents, je puisai dans mes dernières ressources pour me lever, mon corps protestant contre cet effort surhumain. J’avais mal partout, je n’en pouvais plus, mais mon adversaire n’était plus aussi fort qu’avant. J’avais une chance de l’avoir si je m’accrochais. Je le dévisageai du regard, l’observant en train de reculer, les mains portées sur son casque et sa visière détruite.

Le contremaître recula encore. Aveuglé par la défaillance de sa visière qui se mettait à aligner des flashs sans logique, il se sépara de son casque et cligna des yeux.

« Ok...ok... » reconnut-il en secouant la tête.

Il commençait à avoir peur. Le revers lui avait semblé impossible et j’avais pourtant réussi. Son visage prit un air mauvais et il avança les poings en avant, décidé d’en finir une bonne fois pour toute.

« Putain, mais crève !!!! » s’écria-t-il en se jetant dans ma direction.

Mais sans indication visuelle, visiblement trop habitué à un suivi de cible virtuel, je comprenais soudainement qu’il avait beaucoup plus de mal à s’orienter vers moi. Je venais de reprendre, malgré mon épuisement extrême, un certain avantage sur lui. Le contremaître activa ses armes éléctrique et donna tout ce qu’il avait pour m’abattre. A croire qu’une pluie de coups de poings seraient la clé de sa victoire...

Lorsque le mâle m’attaqua, bien moins précis qu’avant, je parvins à l’esquiver et à le frapper avec la plinthe en contre attaque. J’eus même le temps de ramasser un autre bout de bois, remplaçant habilement mes deux épées, et ce fut à mon tour de faire pleuvoir une nuée de coups sur mon adversaire. Je déversai toute la rage que je ressentais dans mes attaques, juste pour lui faire mal et le voir souffrir. Il ne se laissait pas faire pour autant. Les armatures contre ses avants bras lui offraient une bonne protection. En pleine forme, je l’aurai esquivé tranquillement, sans même m’essouffler. Mais là, c’était devenu une lutte extrême. Contre soi, se surpasser, contre lui, contre toute cette aventure. Je recevais parfois des coups que je n’avais même pas vu venir tant j’étais épuisée. Il voulut m'électrocuter. Je percevais cette lueur préparatrice et je réagissais rapidement. Deux bouts de bois présentaient plus de vélocité que sa tentative pitoyable. Un bon revers lui claqua dans le menton et le fit reculer. Il répondit aussitôt d’un crochet que j’esquivais. Pas le fait qu’il prenait appui sur ma nuque pour pencher mon visage sur la direction de son genou. Il tenta de me l’envoyer de toutes ses forces.

Je devais réagir rapidement, avant que le mâle n’envoie son genou fracasser mon visage. Penchée en avant, j’en profitai pour donner un violent coup de plinthe dans ses bijoux de famille afin de le faire lâcher prise. Mon adversaire hurla, comme j’en avais déjà vu hurler tant d’autres pour la même attaque. C’était quelque chose qui marchait tout le temps. Le contremaître se cabra et recula en plaquant ses mains contre sa virilité. Il parvint à se saisir de l’une de mes matraques d’un coup de main rapide et me tordit brusquement le poignet pour me faire lâcher. Ce que je fis, n’ayant plus assez de force pour lui résister.

« Salope !!! » hurla-t-il en m’envoyant un coup de poing brutal au visage. Il chercha ensuite à reculer, l’une de ses mains toujours en couverture de sa blessure intime.

Le coup de poing m’avait également fait reculer, j’encaissais la douleur comme je le pouvais. Son coup avait été plus fort qu’un simple coup de poing normal, et j’étais déjà bien amochée. Mais mon adversaire était également dans un sale état, et il commençait à faiblir. Il fallait en finir, et vite. Je serrai la main qui entourait le bout de bois, et sans réfléchir, je courus dans sa direction. Je finis par lui sauter dessus. Probablement surpris par mon initiative, et entrainé par mon poids, le mâle bascula en arrière, tombant sur le dos avec mon corps au dessus du sien. Sans attendre, me plaçant à califourchon sur lui, le poing toujours serré, je me mis à le frapper à plusieurs reprises au visage avec mes phalanges, mettant dans mes coups toute la haine que je ressentais pour lui. Puis, je finis par lever le morceau de bois au dessus de ma tête, comme une épée prête à empaler le torse du mâle, et je vins frapper le boitier d’alimentation qui donnait cette puissance à son armure.

Il plaça ses bras en protection. Une erreur de plus provenant de quelqu’un qui n’était pas rompu au combat. S’il comprenait que j’avais percé la faiblesse, il aurait fallu me faire dégager le plus rapidement possible. Maintenant, je n’avais plus qu’à lui faire croire que je voulais le toucher au visage pour fondre sur cette lumière. Au premier coup, elle y eu une intense réaction. Et plus je frappai, moins la réaction de mon ennemi était vive. Il me frappa au torse, sur les épaules, sur la tempe. Mais je sentais cette puissance se réduire drastiquement. Il ne pouvait même plus se lever. Comme à ma belle époque, je sentais la panique s’insinuer subtilement en lui. La terreur, la réalité de son échec, le fait qu’avec une ténacité à toute épreuve, on pouvait finir par surpasser l’adversité. Le contremaître avait eu trop confiance en son armure. Alors malgré mon point de côté, malgré mes poumons en feu et le sang que je perdais. Je continuai de le frapper au torse comme une possédée. L’état de mon visage, mes lèvres fendues et les bleus qui s’y dessinaient ne me rendait pas si loin de la réalité.

Soudain, je vis enfin la lumière vaciller et s’affoler. Mon ennemi hurla sa détresse en sentant son armure s’agiter dans tous les sens sans qu’il n’ai rien demandé. Ses bras vibrèrent, ses jambes battirent stupidement comme s’il courait à toute allure.

« Nan, nan, nannnnnnn, nanananananan !!! » cria-t-il lorsque l’articulation mécanique de son bras gauche exerça une pression inverse.

Sa frayeur se transforma en hurlement. Puis vint la détresse. Et lorsque son bras gauche se retourna dans le sens inverse dans un odieux craquement sonore, il hurla sa douleur à pleins poumons. Je n’étais peut-être pas calée en technologie mais je savais reconnaître un bruit d’extinction. Il accompagna la disparition de la lumière rouge.
Le contremaître tenta bien de relever son bras indemne pour me frapper et me rejeter. Mais plus rien ne répondait. Inerte, sa protection était devenue une enclume qui l’immobilisait au sol.

« Merde ! Merde, c’est pas vrai !!! » hurla-t-il en se contorsionnant.

Sa prison était parfaite. Et je remarquai maintenant que ma dague n’avait jamais quitté son épaule. Elle venait simplement de glisser sur le sol, comme si un beau diable me la présentait d’une main invisible pour me tenter.
Il était à ma merci...l’heure de vengeance avait sonné. Heimda, Abelle, Darren...tout…

« Qu’est-ce que tu vas faire, hein ?!? Qu’ess’tu’’vas faire ! Me buter ?!? »

Il me cracha au visage.

« Vas-y !!! Vas-y espèce d’animal ! »

« Lyanna ! Tue-le !!! » s’écria soudainement Heimda, qui venait d’émerger de l’autel. « JE VEUX QU’IL MEURT !!! »

Que devais je faire ? Le tuer bien sûr, quelle question. Après tout ce qu’il avait fait, ce mâle méritait de mourir. Et puis, il demandait la mort lui même, donc techniquement, ce n’était pas un meurtre, non ? En plus, Heimda venait d’émerger et m’encourager dans ce sens. Alors pourquoi refuser une telle invitation ? Mon couteau était là, à portée de main. Je n’avais qu’un seul geste à faire. Cependant, je voulais prendre mon temps. Je voulais le faire souffrir. Lâchant le morceau de bois, je me mis à nouveau à frapper ce mâle, encore et encore, me fichant royalement si je lui cassais le nez ou quelques dents. J’étais enragée, il fallait que ça sorte, et rendre cet homme méconnaissable ne faisait pas partie de mes priorités. Après un moment qui du paraître être une éternité pour mon adversaire, je m’arrêtai et le dévisageai, un sourire sadique sur le visage.

"Je vais prendre plaisir à te regarder mourir, mâle !"

Voyant qu’il ne pouvait plus bouger dans son armure, je me relevai et m’éloignai de quelques pas, tout en ramassant mon couteau. Je m’approchai du bas de son corps, et me plaçai entre ses jambes entrouvertes. Sans attendre, je posai mon pied sur ses parties intimes, et appuyai avec force dessus pour l’entendre à nouveau hurler de douleur. Je voulais broyer cette zone qui avait fait tant de mal à Abelle.

« Vas-y !!! Sale….chienne ! » cracha-t-il, simplement aidé par la douleur et la colère. Alors que tout dans son expression et son regard me suppliait d’arrêter.

« J’lui ai...cassé...le cul !!! Je... »

Il hurla de douleur mais continua de me provoquer. Un rire nerveux, dédaigneux alors qu’il me fixait et continuait son récit. Il voulait se donner l’air fier.

« J’lui ai...imprimé mes doigts...dans sa peau !!! Plus elle voulait partir….plus je la ravageais !!!!! »

A ces mots, j’appuyai encore plus fort sur sa virilité pendant de longues minutes de torture. Je restai là, à contempler mon oeuvre. Et lorsque je sentis que mon prisonnier était à bout, envahi par cette horrible souffrance insupportable, je me reculai et retournai me placer à califourchon sur lui.

"Ca, c’était pour Abelle !"

Je plaçai ensuite la lame de mon couteau sur sa gorge, entaillant légèrement la peau tout en continuant de le fixer avec un regard animal.

"Et ça, c’est pour Darren !"

Mais alors que j’allais égorger ce mâle, quelque chose interrompit mon geste, me faisant hésiter. Une voix dans ma tête, dans mon esprit. En prononçant le nom de Darren, sa dernière réplique me revint en mémoire.

* Je t’en prie...capture-le ! Fait-le pour moi, pour Teyla ! *

Le soldat était il encore en vie ? Ou mort quelque part en haut de l’ascenseur ? Rien que cette idée me terrifiait comme jamais. Qui aurait pu croire qu’un jour, je ressentirais autant de peur de perdre un mâle. Et ses derniers mots me serrèrent le coeur. Darren avait voulu que je garde ce monstre en vie pour le livrer à Atlantis. Tout en moi me criait de ne pas l’écouter, mais l’hésitation pouvait se lire dans mon regard. Que devais je faire ?

Je tournai la tête pour regarder Heimda, celle qui voulait certainement autant la mort du mâle que moi. Mais si je l’éliminai maintenant, Darren serait mort en vain, et Teyla serait perdue. Ce choix était vraiment difficile. Après quelques instants de réflexion, je finis par éloigner le couteau, et je me redressai. Je reculai de quelques pas en fixant ma victime allongée sur le sol, incapable de faire le moindre geste.

"Non … je ne vais te tuer … la mort ne serait qu’une délivrance pour toi !"

« Que fais-tu ?!? Il a tué mon père !!! »

Heimda m’avait sauté dessus et me secoua par pure colère.

« IL A TUÉ MON PÈRE !!! »

Voyant que je ne comptais pas le mettre à mort comme elle l’espérait, elle se traîna difficilement jusqu’à l’une de mes épées. Elle s’en empara et alla directement sur le contremaître pour le mettre à mort elle-même. Pendant ce temps, l’homme toussait et souffrait de mon travail sur sa virilité. Je l’avais privé de sa capacité à me provoquer.
Mais si je ne faisais rien, Heimda allait lui ouvrir la gorge.

"Heimda, non ! Ne fais pas ça !"

« Ecarte-toi !!! » hurla-t-elle, pleine de rage.

Je vins me placer entre la jeune femme et le mâle, faisant face à Heimda pour l’empêcher d’avancer. J’étais peut être amochée, mais j’avais suffisamment de force pour la contraindre à l’arrêter si elle persistait dans son envie de vengeance légitime.

"Tu n’es pas une tueuse".

« Je t’ai dis de t’écarter ! Traître ! Sympathisante !!! »

Elle pointait l’épée dans ma direction. Elle la tenait à deux mains, comme une enfant sans aucune connaissance martiale l’aurait fait. Je voyais la pointe trembler en direction de mon visage et je décelai, au regard d’Heimda, qu’elle était totalement incapable de mettre sa menace à exécution. Parce qu’après tout ce qu’elle avait perdu, il était clair que j’étais la dernière alliée qu’il lui restait. Et en son for intérieur, elle se rappelait que j’étais venue pour elle. Le défi du regard entre moi et Heimda était donc perdu d’avance. Cette jeune femme trembla de plus en plus sous le coup de l’émotion, partagée entre l’idée farfelue de lever ma propre lame contre moi et celui de s’abandonner dans mes jupons, en concrétisant la nouvelle figure maternelle qu’elle avait perçu en moi depuis longtemps.

« Lyanna...de grâce... » gémit-elle, au bord de la rupture.

Je voyais bien que Heimda ne réussirait pas à me frapper, et même si elle le faisait, j’aurais réagi avant elle. Je restai sans bouger, toujours placée devant elle, jusqu’à ce qu’elle me supplie. Si j’avais écouté mon instinct, je l’aurais fait. Mais tout cela allait bien plus loin qu’une simple histoire de vengeance.

"Non ! Je ne m’écarterais pas".

Le ton de ma voix avait été plus dur que je ne l’aurais voulu. Alors, je l’adoucis avant de continuer de lui parler.

"Ecoute moi … le tuer ne te ramènera pas ton père. Mais d’autres ont besoin qu’il reste en vie. Teyla a de gros ennuis, et la survie de ce mâle va l’aider. Et puis ..."

Je tournai brièvement la tête pour regarder le prisonnier, avant de reporter mon attention sur Heimda.

"Il doit continuer de vivre pour souffrir. Si tu le tues, sa souffrance cessera, et il ne mérite pas ça. Il sera emprisonné sur Atlantis, et il continuera de souffrir pendant des années, sans que cela cesse. Il paiera pour tout ce qu’il a fait !"

Bon d’accord, les Atlantes n’étaient pas connus pour torturer leurs prisonniers, mais ça, Heimda l’ignorait. Un petit mensonge à ce sujet ne pouvait pas faire de mal.

La jeune femme avait décroché depuis longtemps. Tout aussi épuisée et amoindrie que moi, elle retenait simplement qu’elle ne parviendrait pas à le tuer sans me trouver sur sa route. Ses jambes finirent par céder et elle se retrouva à genoux, le visage inondé de larmes levé vers le plafond. On aurait cru qu’elle était capable de percer la terre pour fixer les cieux. Dans un déchirement de l’âme, teinté d’une profonde solitude et d’un chagrin qui faisait écho à ce que j’avais ressenti en pensant perdre Darren, elle s’écria dans un ultime gémissement :

« Achève-moi ! Je veux mourir, je veux rejoindre mon père !!! »

Et elle se mit longuement à pleurer, serrant cette épée contre sa poitrine en maudissant la vie et le destin de l’avoir laissée si seule.

Voir Heimda si blessée était déchirant à voir, et je pouvais comprendre sa souffrance. J’étais passée par là lorsque j’avais perdu ma tribu. La jeune femme voulait mourir, c’était compréhensible. Je m’agenouillai devant elle, et doucement, je pris mon épée pour l’éloigner d’elle. Puis, je pris l’adolescente dans mes bras, la serrant dans une douce étreinte rassurante.

"Ton père ne voulait pas que tu meurs, Heimda".

Avec tendresse, je caressai les cheveux de la jeune femme dans une figure naturellement maternelle avec elle.

"Je sais ce que c’est que de perdre tout ce qu’on a. Mais tu es forte. Tu arriveras à surmonter cette épreuve. Pour ton peuple".

A mon contact, elle se serra davantage contre moi et évacua toutes les larmes de son corps. Elle n’avait pas peur de se montrer dans un tel état de faiblesse. Heimda avait désespérément besoin de moi, je le sentais. Et peu importe le temps que ça prenait, peu importe les gémissements de peine, elle extériorisa toute sa terreur, toutes ses émotions, tout son chagrin. Jusqu’à ce qu’elle n’ai plus de larmes à verser.

Après plusieurs minutes où elle était restée plaquée contre moi, elle finit par reprendre d’une voix tremblante.

« Tu m’as sauvé la vie. Je ne l’oublierai jamais...jamais ! »

La jeune femme se détacha de moi. Son visage avait beaucoup souffert de sa tristesse et de son affrontement passé.

« Que devons-nous faire, maintenant ? »

Je me levai alors, et aidai Heimda à se redresser également. J’en profitai pour ranger mon couteau et mon épée.

"Darren est quelque part en haut. Je ne sais pas s’il est ..."

Ma voix se tut au fond de ma gorge, incapable de continuer à cause de cette boule qui apparaissait. Je n’avais pas envie de penser que je venais de perdre une nouvelle fois le soldat. Rien que de penser à cette idée me terrifiait et me remplissait d’une grande tristesse. Je secouai la tête, tout en cherchant ma deuxième épée.

"Tu connais une façon de monter ?"

« Une échelle de secours. » répondit-elle.

Elle pointa son doigt vers une tenture suspendu au mur.

« Juste là ! Je te mène. »

Après avoir mis la main sur ma seconde épée que je rangeai dans son fourreau, je regardai dans la direction indiquée par Heimda.

"Très bien, allons y".

Je m’avançai en passant près du prisonnier, et en le regardant.

"Laissons le ici, il n’ira pas loin. Les Atlantes viendront le chercher".

« Ah... » fit-il dans un gémissement douloureux. « J’savais que papa te faisait mouiller la culotte ma p’tite chérie ! J’t’attends...là ! »

« Bon sang ! LA FERME !!! »

« Soit pas...jalouse ! J’en aurai autant pour...toi ! La même que ton père ! Son sang sentait...la pisse ! »

Lorsque le mâle avait pris la parole pour provoquer Heimda, je m’arrêtai et me tournai vers lui, le regard noir de haine. Mon envie de le tuer me démangea à nouveau, mais je devais me contrôler. Pourtant, comment faire pour l’obliger à se taire et à le faire souffrir ? Soudain, une idée me vint à l’esprit. Quelque chose que j’avais sur moi. Darren me l’avait donné en me disant que cela infligerait une grande souffrance à mon ennemi. Le taser qui se trouvait à ma ceinture. Sans réfléchir davantage, je le pris et m’avançai vers le mâle pour être juste au dessus de lui, afin qu’il me voit.

"Elle t’a dit de la fermer, alors ferme là, mâle !"

Sans attendre, je visai le prisonnier avec l’arme, comme m’avait expliqué le soldat, et appuyai sur la détente comme un pistolet normal. Des petites électrodes virent se planter dans le torse du mâle, et en appuyant à nouveau sur la détente, l’arme libéra une violente décharge électrique dans tout son corps. Lui qui avait voulu m’électrocuter pendant notre combat, c’était à son tour. Et le voir souffrir me plaisait au plus haut point.

Le contremaître râla longuement. Et plus je m’appliquais, plus il souffrait. La torture finit par lui arracher des hurlements qu’Heimda dégustait tout autant que moi avec un regard meurtrier. Il n’y avait ni pitié ni conscience pour ce type. Simplement la déception de découvrir que l’usage de cette arme était limitée dans le temps. J’avais épuisé sa charge électrique à force de presser la détente. Ma victime s’était évanouie et je sentais presque immédiatement une repoussante odeur de défécation. Vu la marque sur son pantalon, je lui avais ouvert les sphincters.

« Il empeste...allons-nous en ! »

Je jetai l’arme devenue inutile, et je suivis la jeune femme, abandonnant sans état d’âme le prisonnier dans son état. Heimda me conduisit jusqu’à l’échelle secrète. L’ascension fut longue et très laborieuse. Avec la fatigue, l’épuisement musculaire. Les nerfs qui se relâchaient. J’avais beaucoup de mal à conserver le rythme. Par moment, je faillis lâcher ma prise et basculer dans le vide, signe que j’étais vraiment à bout de forces. Heimda et moi avions été obligées de multiplier les pauses au cours du chemin. A force de patience, nous atteignîmes enfin le niveau supérieur. J’étais alors dans un couloir attenant à la salle de l'ascenseur. Je pus enfin prendre un court repos, mon corps me faisait atrocement souffrir. J’espérais que personne ne nous attendait dans ce couloir, car je n’aurais pas eu la force de combattre à nouveau.

L’environnement avait beaucoup changé, même si je n’y avais pas prêté beaucoup d’attention lors de mon premier passage. Des impacts de balles un peu partout. Mes bottes crissaient sous des douilles répandues sur le sol. Et il y avait des cadavres...je ne me rappelais pas en avoir laissé là.

Par endroit, certains Geniis s’étaient vidés de leur sang. A d’autres, je les entendais encore geindre. Mais je ne trouvais Darren nul part. Normalement, il aurait dû être dans la salle qu’il avait voulu tenir coûte que coûte. Mais je ne reconnaissais pas son visage parmi ces nombreux morts. Je voyais surtout les traces d’une lutte aussi éprouvante qu’avait été la mienne. Mon inquiétude grandissait au fur et à mesure que je poursuivais mes recherches. Le soldat n’était pas là, mais alors où était il ? Avait il réussi à s’enfuir ? Avait il été capturé ? Ou était mort quelque part dans cette infrastructure ?

« Lyanna !!! » s’écria soudainement la jeune femme en examinant le sol.

Une traînée de sang. Elle provenait d’un corps qui avait rampé sur le sol en le maculant d’un épanchement réduit mais continu. Rien que de voir cette traînée, j’eus un mauvais pressentiment. Mon regard suivit ce chemin qui remontait dans l’angle d’un couloir, là où se trouvait finalement un cadavre vêtu d’un gilet tactique Atlante, un trou dans le dos…

A ce moment là, mon coeur s’arrêta de battre, ma respiration cessa. C’était Darren. Son corps. Inerte. Mort. Une balle dans le dos, plusieurs blessures sur le corps, et une corde autour du cou. Non, je ne pouvais pas le croire. Je finis par me précipiter vers lui, oubliant la douleur physique de mon corps meurtri et épuisé.

"Darren, non !"

Je m’agenouillai près de son corps, et en serrant les dents à cause de l’effort fourni, je retournai le soldat, le posant à moitié sur mes cuisses. Darren avait les yeux fermés, il ne réagissait pas. Et il saignait beaucoup. Non, j’étais arrivée trop tard. J’avais trop tardé. Idiot, pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu m’as laissé seule en te sacrifiant ?

"Darren, ouvre les yeux … c’est moi … s’il te plait !"

Ma voix était déchirante et tremblante par cette peine qui m’envahissait. Mon coeur s’était serré, il me faisait mal, je souffrais et ce n’était pas à cause des nombreux combats que j’avais mené. Cette même souffrance que j’avais plusieurs fois ressenti en perdant l’une des mes Soeurs au combat. Un être cher qui partait. Oui, Darren était un être cher pour moi, je m’en rendais vraiment compte que maintenant. Ce rapprochement que j’avais ressentis pour lui, c’était bien plus que ça. Et voilà que maintenant, il m’abandonnait.

"Je t’en prie, Darren … réveille toi !"

Sans que je le veuille, des larmes se mirent à couler sur mon visage ravagé par le chagrin et la douleur. Je ressentis un trou béant à l’intérieur de ma poitrine qui me faisait souffrir. La colère m’envahit à nouveau, et de rage, je frappai le torse du soldat à plusieurs reprises avec toute la force qui me restait, déversant ainsi cette colère que cette situation avait fait naître en moi. Comme si ces simples gestes pouvaient le réveiller.

"DARREEEEN !!! REAGIIIIIIS !!!"

Mais rien. Le militaire continuait de rester inerte. Mes sanglots redoublèrent d’intensité, des larmes trop longtemps contenues parce que pleurer était un signe de faiblesse. Mais en cet instant, je me fichais d’être faible. Je venais de perdre le seul mâle qui comptait pour moi. Darren ne m’avait il pas dit un jour que ce que j’avais décrit était la définition de l’amour ? C’était donc ça, aimer quelqu’un ? Tenir à lui au point que le monde s’écroulait lorsque cette personne disparaissait ? Souffrir lorsque l’on était abandonné par celui qui occupait nos pensées ? Je n’avais jamais pu lui dire ce genre de chose, et je n’allais plus en avoir l’occasion. Je pris sa main dans la mienne, et la serrai doucement en le regardant “dormir”. Je finis par poser mon front sur son torse, les yeux fermés, me laissant aller à mon immense chagrin qui détruisait mon coeur.

"Je t’en supplie …reviens, s’il te plait !"

Je resserrai mon étreinte sur sa main, comme pour m’y accrocher désespérément.

"Je t’aime, Darren … ne me laisse pas toute seule !" murmurai je d’une voix tremblante, laissant mon coeur meurtri parler, tandis que je continuer de pleurer la perte du soldat.

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