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Le soldat et l'Amazone

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
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Ven 20 Mar - 0:57

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J
e continuai d’avancer sans ralentir la cadence, tout en maudissant encore et encore Darren. D’ailleurs, je me surprenais grandement à penser sans cesse à lui, même si c’était pour le détester. Sur le coup, je ne remarquai même pas qu’une montagne se dressait devant moi. J’avançais sans réfléchir, plongée dans mes envies de meurtre. Puis, au bout d’un long moment, mon regard se posa devant moi, et je remarquai enfin l’immense montagne qui se trouvait dans mon champ de vision. Je m’arrêtai alors et soupirai grandement. Je n’avais pas le souvenir d’avoir vu une montagne à notre arrivée sur la planète. Et même cachée sous une bâche, je l’aurais remarqué à un moment ou un autre, à à notre départ du village, ou pendant notre pause, ou encore au moment où nous avions affronté les bandits. La seule solution était que j’avais pris le mauvais chemin, probablement à ce croisement où j’avais du choisir entre le chemin de gauche ou celui de droite.

"C’est pas vrai, ce n’est pas le bon chemin !"

En colère contre tout, en particulier contre moi même, je fis demi tour. Non, j’étais en colère contre Darren. S’il ne s’était pas montré aussi exaspérant, ou s’il n’avait pas trainé à faire je ne savais quoi, je ne me serais jamais perdue. Il me fallut du temps pour rejoindre le croisement, ma colère n’était pas retombée, et j’avançais d’un pas décidé.

De son côté, le soldat souffla enfin de soulagement lorsqu’il aperçut ma silhouette dans le bon sens. Il décida de ne pas aller plus avant et de m’attendre tranquillement au croisement, réfléchissant à sa phrase d’accroche. Le fameux “Alors ?!? Comme ça on se paume ?” bien lourdingue n’arrangerait pas les choses.

D’ailleurs...pourquoi il voulait arranger les choses ? Vu ma propension à s’énerver pour un rien et se casser, ce n’était pas gagné. Pourtant, si j’avais décidé de jouer les puériles, c’était un devoir de ne pas suivre le même chemin. Le militaire m’en voulait encore d’avoir fouillé dans ses affaires. Mais à la vérité, ça devenait le cadet de ses soucis puisque la mission était loin d’être terminée.

Posté à l'embranchement, Darren vit ma silhouette grossir à vue d’oeil. Il attendit que je sois suffisamment proche pour lui tendre sa gourde, conscient que je devais avoir sacrément soif après être partie sans rien prendre. Le soleil tapait assez fort en plus.

« Elle s’appelait Wendy. » lâcha-t-il de manière neutre.

Il enfonça ses mains dans ses poches et se détourna, me laissant prendre ce que je voulais en eau.

J’étais toujours énervée quand j’arrivai au croisement. Et voir Darren ne ma calma pas. Je lui lançai un regard noir en m’approchant de lui, attendant de pouvoir le frapper s’il osait se moquer de moi. Au moins, cela me défoulerait même si ça m’attirerait sûrement des ennuis. Mais non, rien ne vint de la part du militaire, excepté une gourde tendue dans ma direction. Sur le coup, j’eus envie de l’envoyer promener avec sa goude, en lui lançant une réplique du genre “je veux pas que tu penses que je vole ton eau”, mais la soif fut plus forte. J’avais chaud à cause de ma balade dans le mauvais sens. Sans un mot, je pris la gourde et commençai à boire au moment où le militaire me parla. Wendy ? De quoi parlait il ? Ah oui, la photo avec la jeune femme blonde dessus. Je ne répondis pas tout de suite, je bus de longues gorgées d’eau pour me désaltérer. L’aveu de Darren ne répondait pas à ma précédente question. Qui était elle exactement ? Je ne voulus pas demander, j’étais toujours courroucée. Je finis par rendre la gourde, et j’avançai de quelques pas en prenant le bon chemin cette fois ci. Cependant, une question me brûla les lèvres par rapport à la remarque de Darren. La curiosité l’emporta sur la colère, même si le ton de ma voix était encore distant et froid.

"S’appelait ?"

Ça devenait dur de supporter les regards de biais et mon comportement en général. Darren rangea sa gourde tout en regardant ailleurs, histoire de ne pas partager le mélange de la tristesse à la contrariété. A choisir, il aurait préféré me parler d’Emilia plutôt que de sa soeur.

« Ma petite soeur. Elle avait fait la fête avec des amies après avoir réussi ses études. Elle devait recevoir le diplôme de la main de son formateur la semaine suivante. Sauf qu’en rentrant, elle a eu un accident de la route. C’est...un outil de transport, comme un jumper, je sais pas si tu vois.»

Il ne chercha pas à croiser mon regard, reniflant nerveusement avant de conclure à la hâte.
« Le type s’était endormi et il lui a foncé dedans. Wendy ne s’en est pas sortie. Cette photo, c’est tout ce qu’il me reste d’elle.»

Je m’étais arrêtée de marcher lorsque Darren avait pris la parole pour s’expliquer. Je posai mes yeux sur lui, mais le militaire fuyait mon regard. Sa voix était cassante, je pouvais l’entendre. Alors qu’il m’avouait que sa soeur était décédée, je baissai les yeux. Ma colère s’envolait peu à peu, effacée par un malaise, mais aussi par … de la tristesse ? Je ressentais de la peine pour un mâle ? Cela ne m’était jamais arrivé. Le militaire était visiblement bouleversé par la disparition de sa soeur. Je ne sus pas quoi dire, et je continuai de regarder ailleurs, gênée.

"Désolée" finis je par lâcher d’une petite voix, avant de reprendre la marche sans regarder Darren.

« C’était il y a longtemps. » fît-il en reprenant la route avec moi.

« Je regrette de ne pas avoir été là pour elle. Wendy est morte seule.»

Le militaire soupira.

« Tu n’es pas une voleuse, je prétends pas ça. Juste...»

Il fît un geste apaisant des mains.

« Essaie de comprendre que c’est différent chez nous. Les affaires des autres, ça se respecte. Cette photo aurait pu s’envoler dans un coup de vent. Ca aurait pu s'abîmer. J’y tiens énormément et je pense pas que je mérite de la perdre pour avoir voulu te réchauffer.»

Je ne me retournai pas pour regarder Darren, je continuai de fixer le sol pendant que je marchais, ne voulant pas l’affronter du regard. Mais j’écoutai. Avec des explications, je comprenais mieux la réaction du militaire. S’il m’avait expliqué dès le début au lieu de me faire des reproches, cela aurait été plus simple, non ? J’étais de mauvaise fois ? Non, jamais de la vie. Je gardai le silence quelques secondes, ignorant si je devais prendre la parole ou non. Que pouvais je dire ? Que c’était de sa faute à lui s’il avait failli perdre la photo ? Cela aurait sans doute relancer la colère qu’il y avait entre nous.

"Je t’ai dit que chez moi, on n’avait aucun secret. On partageait tout. On se servait sans demander d’accord. Je ne savais pas que chez toi, c’était différent. Tu aurais dû m’expliquer ça, j’aurais compris".

Étrangement, ma voix était plus calme, plus tranquille. La colère et la haine ne m'envahissaient plus. Puis, contre toute attente, je sortis deux mots qui n’auraient jamais été prononcés avant à l’encontre d’un homme.

"Excuse moi".

Le soldat connu un temps d’arrêt. Là, sur le coup, il était scié.
Que je m’excuse aussi spontanément et que ça semble sincère le surprenait. Il me regarda un instant, comme pour s’assurer de ma bonne volonté. Mais visiblement, il ne rêvait pas. Et ce n’était pas dit pour lui faire fermer sa gueule.

« J’apprécie. J’accepte tes excuses. »

Il fouilla dans l’une des poches de son gilet tactique tout en citant le fameux “mais”. Il en sortit le cadavre de la barre chocolatée.

« Ca ne fera pas revenir ton petit déj. Tu l’as englouti avant l’heure celui-là. Mauvaise nouvelle : c’était le dernier !»

Le sourire lui revint.

« Tu vas devoir tenir jusqu’à ton retour sur la cité ! »

Je n’en revenais toujours pas d’avoir dit une telle chose, ce n’était tellement pas moi. Comme si quelqu’un d’autre avait parlé à ma place. Je n’avais jamais prononcé une seule excuse à un homme, alors pourquoi à lui ? Je le fuyais toujours du regard, et je m’assurais d’avancer d’un pas rapide pour ne pas avoir à le regarder s’il venait marcher à ma hauteur. Bien que je me sois excusée de mon comportement, je refusais d’accepter d’avoir prononcé ces mots. Je ne voulais pas l’avouer ni à Darren, ni à moi même. Aussitôt après m'être excusée, le comportement du militaire changea à nouveau, reprenant la légèreté qu’il avait la veille. En entendant le mot “mais” prononcé par Darren, je m’attendais à avoir des reproches. Mais non, l’homme me parla de la barre de chocolatée que j’avais mangé avant de m’endormir. Je jetai un rapide coup d’oeil au papier vide, avant de regarder à nouveau la route, gênée.

"J’avais faim".

Ce fut la seule explication que je donnai, bien que ça ne soit pas vrai. Avec le repas que j’avais pris avant, ce n’était pas la faim qui avait gagné mon estomac, mais la gourmandise. Mais ça, je n’allais pas l’avouer même si c’était une évidence.

"Il y aura peut être quelque chose à manger au village".

Je me plongeai à nouveau dans le silence par peur de m’abaisser à nouveau à prononcer des mots ou à faire des actes qui allaient à l’encontre de ma nature, en particulier en m’excusant une nouvelle fois auprès d’un mâle. Pour moi, c’était un signe de faiblesse. Une fois, c’était déjà suffisant. Je n’étais pas prête de recommencer, même pour Darren. En réalité, j’étais perdue dans mes pensées, ne sachant pas quoi penser de tout cela.

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Ven 20 Mar - 0:59

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Le Soldat ∞ L'Amazone
D
arren avait l’impression de gérer une enfant par moment.
Il se revoyait bien plus jeune, la main encore enfoncé dans le pot de bonbons, sortir une excuse à son père pour justifier le vol. Il avait “trop” faim, raison pour laquelle on le surprenait à minuit en train de piquer dans la réserve de friandise, alors qu’il s’était refusé aux épinards amoureusement concocté par sa mère quelques heures plus tôt.

C’était le même agissement teinté d’innocence puérile. Surprenant quand on se disait qu’il y avait deux galaxies et deux cultures d’écart pour une réaction commune. Le soldat ne répliqua rien si ce n’est un sourire amusé.
Heimda et son père leur trouverait de quoi se sustenter, il n’y avait aucun doute la dessus. Ils seraient reçu comme des rois.

Toute cette marche leur avait coûté. Darren avait beau être militaire, Lyanna une guerrière entraînée, cette activité ne se faisait pas sans imposer un épuisement lent mais certains. Pas question de faire des pauses de trop longues durées cette fois, Darren se contenta simplement de remplir sa gourde au prochain point d’eau.
Son inquiétude monta brutalement lorsqu’il discerna d’épaisses colonnes de fumées noirâtre s’échappant du village. Il arrêta Lyanna d’une main avant de pointer ce décorum post-apocalyptique. Puisqu’ils étaient très proche du village, l’atteignant par le détour du nivellement du terrain, ils accélérèrent brusquement pour s’y rendre au plus vite.
Entre temps, la définition des dégâts collatéraux s’était matérialisé sur le côté, au bord d’un champ.

Ceux qui n’avaient pas évacué le village suffisamment rapidement trainaient sur le chemin en ordre disparate. Choqués, perdus, égarés, ils erraient sans véritable but, cherchant à concevoir un camp de fortune en retrait du village.
Plusieurs blessés s’étaient rassemblés là, les membres couverts de morsures, de déchirures et de plaies béantes que l’on assimilerait à des griffes géantes. Autant de jeunes, d’enfants et de vieillards. Ils ressemblaient à tous ces gens qui s’étaient préparés pour former le dernier convoi d’évacuation.
Au premier regard, ils donnaient l’air d’avoir été pris de court. Ils avaient tenté de se soigner avec les moyens du bord. Mais ce n’était rien de plus qu’un massacre.

« Que s’est-il passé ? » demanda précipitamment Darren en alpaguant un type amoché.
Il portait sur son dos une dame âgée dont la moitié du visage avait été déchiqueté. Ses bras pendouillaient mollement autour de son cou. Le sang l’inondait au point de teindre son vêtement en toile de jute d’un pourpre encore frais jusqu’à sa ceinture.
« Les démons !!! Ils nous ont attaqué à l’aube ! » répondit le villageois, la voix vibrante de panique.
« Virgil et Heimda ? »
Le témoin ne répondit pas, il continuait de fuir comme ces autres bougres. Des âmes brisées, pétri d’effroi, qui n’avaient rien d’autre que la seule motivation de s’éloigner le plus vite du village. D’autres victimes continuaient leur chemin, les yeux hagards, ils étaient abattus.
« Virgil et Heimda ! Quelqu’un les a-t-il vu ?!? »
Il considéra les civils en exil et gueula plus fort encore.
« VIRGIL ET HEIMDA !!! »
« Ils sont restés ! » fît une jeune femme qui se tenait le flanc, un trou bien visible au niveau de son estomac.
« Le feu les a surpris ! Ils se sont enfermés au sous-sol avec les enfants ! » ajouta un autre, un linge cernant ses yeux crevés.

Darren fixa l’incendie qui dévorait le hameau. Le bâtiment central, la longère, ce siège de commandement improvisé était attaqué. Il trouvait ça trop orienté pour le hasard. Quel que soit ces démons, la perte de Virgil et de sa fille allait provoquer un désastre. Il n’y aurait plus personne pour commander le peuple si ce n’est les trois fayots dégoulinant de richesse.
Ca aussi, ça faisait un peu trop orienté.
Tout en étudiant la situation, le militaire vérifia son P90 et son neuf millimètres. Une bataille les attendait.

« Ok. Si on perd cet avant poste, on perd le contrôle du secteur. Si on perd Heimda et son père : la mission est tout simplement foutue.»

Il lui échangea un regard chargé de complicité.
Darren tira le chien de son arme, signe qu’il était prêt au combat.

« Tu en dis quoi, toi ? »

C’était une véritable scène de chaos. Il y avait de nombreux blessés, et le village était en feu. Lyanna posa le sac sur le sol, et bien qu’elle était fatiguée du voyage, elle regarda autour d’elle. Darren s’empressa de savoir où se trouvait Heimda et son père, mais peu de personnes savaient visiblement où ils se trouvaient. Jusqu’à une jeune femme qui leur expliqua que les deux personnes, avec des enfants, étaient prisonniers dans un bâtiment en flammes. Le militaire lui demanda son avis, en lui expliquant que Virgil et sa fille, ainsi que ce village, devaient être sauvés. Mais quoi faire ?

"Heimda !" murmura-t-elle en regardant le village en feu.

Bon, son père, Lyanna s’en fichait un peu. C’était Heimda qui la préoccupait. Elle et les enfants, du moins les petites filles. Ils étaient quelque part, incapable de sortir du bâtiment au centre du village. La jeune femme reporta son attention sur Darren, pendant que ce dernier attendait une réponse.

"Il faut les retrouver".

Lyanna dégaina ses lames, et commença à marcher vers l’intérieur du village. Les monstres étaient peut être encore là ? Ou bien un autre ennemi ? Elle avança donc prudemment, tout en regardant autour d’elle à la recherche d’un puits ou d’une source d’eau.

"Il faut trouver de quoi éteindre le feu qui embrase la porte du bâtiment. A moins qu’une fenêtre soit épargnée, pour qu’on puisse rentrer dedans".
« Je sais comment on peut faire ça, il suffit de trouver le puits et on... »

Le soldat ne termina pas sa phrase.
Il se tendit immédiatement, son cerveau basculant en mode militaire tandis qu’il levait son P90 par pure réflexe. Un son strident et agressif venait de monter juste là, devant, sur la place du village. Rien d’humain, tout de parfaitement contre-nature. Le jeune homme avait perdu tout son coté léger et taquin pour emprunter un aspect sérieux, défiant. Il progressa en se plaçant devant Lyanna, déformation professionnelle oblige, et pénétra dans la place du village. Les flammes faisaient rage dans la longère, au point que l’on pouvait douter du moindre survivant à l’intérieur. Le MALP, qui avait été déchargé, était renversé sur le flanc, le blindage déchiqueté par des mâchoires puissantes. Et là, juste devant, des formes affinées étaient éclairée par les flammes. Malgré le jour, le flux lumineux leur donnait des airs de démons tout droit sortis de cauchemars. Elles ondulaient à la recherche d’une entrée dans la longère en flammes. Les fameuses créatures craint par les villageois...à raison vu leurs blessures...sortaient maintenant en plein jour. Après le bétail, c’était les hommes.
La main libre du militaire passa dans son dos pour chercher la présence de Lyanna. Il donna une légère tape sur un morceau inconnu de la guerrière, bien conscient qu’elle observait la même scène, souhaitant attirer son attention.
« Je dégomme à distance, tu dégommes au contact ? » lui demanda-t-il sincèrement.

Les choses avaient l’ouïe finie.
Elles se retournèrent toutes d’un bloc en poussant un rugissement bestial. Quatre. Aussi grande qu’un homme, avec des mâchoires et des griffes dangereuses. Darren était prêt à se battre, il crevait d’envie de commencer les festivités. Mais avant ça, il était impératif de s’accorder avec la guerrière.

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Lyanna
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Ven 20 Mar - 1:00

Lyanna
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E
videmment, c’était sans compter sur l’ennemi qui était là. Des cris non humains venaient d’interrompre les paroles de Darren qui avait la même idée que moi sur le fait d’éteindre le feu. Mais avant cela, il fallait savoir ce qui se cachait dans ce village. Serrant les poignées de mes épées dans les mains, je suivis le militaire qui était également sur le quivive. Et soudain, je vis des monstres sur la place du village en feu. Quatre créatures hideuses, qui semblaient chercher des proies. Elles rampaient sur le sol comme des serpents, mais leurs membres supérieurs dotés d’un puissant aiguillon tranchant, comme une griffe unique recourbée, allaient être un problème. Sans oublier leurs crocs acérés. Toutes ces armes qui étaient sans doute à l’origine des blessures sur le bétail mutilé, ainsi que sur les villageois rescapés. Je sentis quelque chose me toucher au niveau du bras, c’était la main de Darren qui semblait vouloir s’assurer que j’étais là. D’ordinaire, je lui aurais coupé la main pour avoir osé me toucher. Mais je n’en fis rien, trop concentrée sur les bestioles. A moins que ce qui s’était passé depuis la veille m’avait adoucie. Cependant, je ne comprenais pas vraiment le geste du militaire. Pensait il que ces créatures allaient me faire fuir ? C’était mal me connaître. Il proposa un plan qui me convint parfaitement. La chasse était ouverte, même s’il fallait rester prudent avec ces monstres.

"Parfait, faisons ça".

Les quatre créatures sentirent notre présence, à moins qu’elles nous aient entendu. Elles poussèrent un cri bestial et commencèrent à ramper rapidement dans notre direction. Elles avaient une grande vélocité, ça ne serait pas simple de les éliminer. Sans attendre, les épées levées, je courus vers elle, fonçant dans le tas sans me soucier du danger. A mon approche, l’une d’elle leva sa patte pour m’embrocher avec sa griffe, mais je l’esquivai de justesse au moment où elle la planta dans le sol, là où je me trouvais juste avant. J’en profitai pour lui donner un coup d’épée sur son corps, mais c’était aussi dur qu’une carapace. Mon coup ne fit que l’énerver, et la créature repassa à l’attaque, tandis qu’une deuxième tentait de m’attraper. Avec habilité, j’esquivai également son attaque, réfléchissant à ma prochaine action tout en les gardant à distance.

Darren se battait activement de son côté aussi. Sa première rafale n’avait que trouvé le vide face à la célérité de l’adversaire. Son expérience du combat lui apportait une aide automatique, comme un réflexe guerrier au même titre que Lyanna, alors qu’il reculait. Jouant avec sa détente, il envoyait quelques balles pour réussir à toucher l’adversaire. Dès que celui-ci encaissa le premier impact, le saisissant dans son élan, le militaire envoya une longue rafale dans la partie la plus ample de son corps.

Les balles de P90, l’arme plutôt reconnue pour son pouvoir perforant, pénétrèrent l’ennemi sans le transpercer. La chose poussa un horrible cri de douleur.
Bon signe, son arme était efficace.
Mauvaise nouvelle : l’ennemi était motivé !

A peine en avait-il abattu un que le deuxième sautait par-dessus le cadavre agonisant pour l’attaquer. Pris de court, Darren poussa un cri en se laissant choir sur le dos. Il sentit le vent lui fouetter le visage, sillage d’une puissante griffe qui aurait bien pu le décapiter. Darren pointa immédiatement son arme sur l’adversaire et lui envoya une nouvelle salve.
Si les premières balles atteignaient son corps de reptile, les autres le manquèrent en allant se perdre dans un sifflement digne du far west.

La peur le tenaillait. Mais c’était une émotion positive, qui le poussait à ses limites, à développer tout son potentiel combatif contre l’ennemi. Le P90 tonna une fois de plus tandis que, de mon côté, j’accumulais les esquives à la recherche d’une faille de l’ennemi.

Les deux serpents me testaient eux-aussi. Ils faisaient preuve d’une certaine intelligence. Le genre prédateur assoiffé de mon propre sang. Celui d’en face feinta l’attaque au moment ou le second se jetait sur moi, la gueule en avant. Sentant le danger, je fis un bond en arrière pour éviter la mâchoire du monstre au moment où celle ci se referma violemment. Elle émit un gros claquement dans le vide et j’en profitai pour lui asséner un coup d’épée sur la tête.
Le monstre reçut la lame en pleine poire, lui provoquant une plaie béante sur la face qu’un remugle de sang brutal ponctua. Pourtant, un impact très brutal me surprit en pleine poitrine, comme un coup de marteau donné avec la force d’un homme que mon armure avait à peine retenu. Ce qui me fit reculer.

A la comparaison, Darren m’aurait sûrement apprit que c’était du “gomme-cogne”, même si je ne savais pas encore ce que c’était. J’avais mal à la poitrine, mais je n’eus pas le temps de voir si j’étais blessée. Tandis que la créature que j’avais frappé reprenait ses esprits, le monstre d’en face montrait toutes ses dents, ouvrant la mâchoire, et révélant un étrange organe qui remplaçait la langue. Un truc baveux, immonde, en forme de tubulure, qui se contracta avant d’envoyer un objet en résine.
Ca avait été rapide, à tel point, que mon seul réflexe me permit de dévier le visage juste à temps. Ce projectile que je ne pourrais pas identifier me larda la pommette, la sensation très particulière, épineuse, me laissant sentir que ça m’avait laissé une belle estafilade.
Et déjà, il inspirait pour me lancer un nouveau trait ! Mais son action m’avait fait perdre l’équilibre alors que j’avais esquivé son projectile qui aurait pu être mortel. Je chutai au sol, me rattrapant de justesse. Je compris que j’étais vulnérable, je devais m’éloigner de là pour garder une distance avec le prédateur. Je fis alors une roulade pour éviter une autre attaque, tandis que la seconde créature poussait un cri de douleur, prête à repartir à la charge.

Elle parvint à me prendre de vitesse. J’avais récupéré mes appuis au prix de son initiative. Mon épée gauche trembla et grinça alors que la gueule dentée s’était refermée dessus. On aurait cru un chien fou qui tirait sur un jouet tendu par son maître. Sauf que le chien en question visait surtout à me prendre une arme, la gueule dégoulinante d’un sang poisseux et immonde. Je serrais la main fortement sur la poignée pour ne pas lâcher l’épée, mais la créature avait une grande force. Il m’était difficile de l’empêcher de me l’arracher. Le temps que je me rende compte du subterfuge, les coups de force de la chose venait de dévoiler mon flanc au lanceur de projectile.
Lequel s’apprêtait à frapper au moment pile où une rafale de P90 le perfora dans tous les sens. Il s’effondra dans un râle bruyant, me laissant toute la latitude pour répondre à mon assaillant le plus proche. Je ne porta même pas un regard sur Darren, celui qui était à l'origine de ces coups de feu. J’étais trop concentrée par le combat, continuant de tenir fermement mon épée toujours prisonnière de la gueule de mon adversaire. En poussant un cri de rage, je plantai la lame libre dans le cou de la créature, là où la peau était plus tendre que la carapace qui recouvrait le reste de son corps. La pointe s’y enfonça comme dans du beurre et la suite suivit très rapidement. Pile à la jonction de cette articulation, un point faible naturel pour tous vertébrés, c’était trouvé ! Pourtant, je l’entendais clairement, j’avais les sens suffisamment affiné pour percevoir d’autres rugissements proches. Des renforts ennemis fonçaient sur nous ! Les deux créatures m’avaient fatiguée, mais j’avais encore de la ressource, lorsqu’une voix s’éleva derrière moi, au moment où je sortis ma lame de la gueule du monstre.

« LYANNA !!! »

Je n’eus pas le temps de me retourner, que je sentis un choc d’une rare brutalité qui me poussa en avant. L’onde résonna à l’intérieur de mon corps des pieds jusqu’à la tête, me faisant voir des étoiles dans un fond noir. Dans mes automatismes, je savais que je venais de prendre un sale coup dans le dos et de mordre salement la poussière. Je tombais par terre en poussant un cri de douleur. La violence du choc m’avait fait lâché mes épées, je me retrouvais ainsi sans défense. Mais il y avait surtout cette pression horriblement douloureuse dans mon dos. Une gueule dentée, des crocs acérés qui avaient certainement perforés mes fourreaux, avant de venir cisailler la peau de mon dos. Ca ronflait, ça crachait, et l’étreinte s’était refermée sur les attaches plutôt que dans ma chair.

Seulement, je me retrouvais écrasée contre le sol, plaquée avec les bras en étoile tandis que la chose me secouait frénétiquement en pensant m’avoir atteint. Dans la lutte, je surpris Darren également en pleine résistance. L’un de ces serpents étaient sur lui, cherchant à esquiver le P90 qu’il venait de placer en obstacle entre la gueule et le torse. A cause de ces mouvements qui me traînaient contre le sol comme si je n’étais qu’un vulgaire morceau de paille au gré du vent, je n’arrivais pas à récupérer mon arme. Mon poignard ? Est-ce que je l’avais encore à ma ceinture au moins. Je tentai de vérifier qu’il était là, et ce fut le cas. Mais la pression de la créature dans mon dos m’empêchait de m’en emparer. Je n’arrivais pas à le sortir de son fourreau, bloqué sous mon poids.

Darren poussa un cri de douleur quand son ennemi lui entama le ventre d’un sévère coup de mâchoire. Il avait arrêté de présenter son arme comme bouclier. Pas le temps de me demander pourquoi que je le voyais, les mains libres, me balancer sa baïonnette. Elle venait d'atterrir si près. Mais il fallait que je puisse l’atteindre malgré cette torture incessante. La pression venait de s'accentuer encore plus, me comprimant les épaules et me tordant la colonne vertébrale. Mon matériel !!! Il cassait mes fourreaux en les tordant, exerçant une tension sur les bretelles que mon corps encaissait mal ! Je tendis la main pour essayer d’attraper la baïonnette, le bout de mes doigts le touchèrent mais sans parvenir à avancer davantage. Je tentai de me mouvoir un peu sur le sol pour m’avancer, mais la créature ne me laissa pas faire. Elle continuait de me malmener par terre, me faisant souffrir. Je serrai les dents pour étouffer un cri, et je continuai désespérément d’attraper la baïonnette. Quand soudain, mes doigts se refermèrent dessus. Je m’en emparai et sans attendre, je frappai derrière moi sans savoir si j’allais atteindre ma cible, me contorsionnant comme je pouvais malgré ce poids sur moi.

La pointe de la lame rencontra bien quelque chose. Mais c’était solide, faisant rebondir le métal comme si j’avais frappé un rocher. La carapace de la créature, il fallait que ce soit ça que je touche à ce moment précis ? La puissance de la chose me souleva comme un fétu de paille, je vis le sol s’écarter de moi de plusieurs dizaine de centimètres avant de m’y retrouver enfoncée avec violence. L’ennemi était acharné, l’impact me coupa le souffle en m’envahissant de douleur. Mes os subissaient la contrainte comme s’ils étaient sur le point de lâcher. Au second envol, j’entendis un craquement brutal et une soudaine liberté. Une épaule démise ? Un os rompu ?

Non...les attaches de mes fourreaux avaient cédé. Je me retrouvai de nouveau à mordre la poussière mais, cette fois, libérée de l’étreinte traîtresse du serpent. Il était là, au-dessus de moi, la gueule fermement enfoncée dans MES étuis. Ils étaient pliés comme la paille des champs après une tempête. Les lanières de cuir fendues.

J’étais libre de mes mouvements ! Je me retournai pour voir le monstre tenant dans sa gueule ce qui restait de mes fourreaux. De rage, je serrai la main sur la baïonnette, et de mon autre main, je pus sortir mon couteau. Puis, profitant du fait que la créature était encore occupée à mâchouiller le cuir, et comme j’étais encore par terre, je plongeai dans sa direction, n’écoutant pas mon corps endolori, et j’enfonçai les deux petites lames sous la tête du monstre, au niveau de sa gorge. Pour finir, furieuse, je le lardai de coups de couteau dans sa chair pour le faire souffrir et le vider de son sang.

La chose avait à peine lâché ce qu’elle avait dans la gueule qu’elle se mit à vomir une quantité ignoble de sang poisseux. Je sentis son corps se tordre de douleur à chacun de mes coups vengeurs, comme si le destin m’offrait cette créature et son trépas aussi délicieusement que possible. Pourtant, au moment où elle s’effondrait, elle cracha brusquement quelque chose d’étrange, comme une brume postillonnante qui m’atteignit dans les yeux. Mauvais réflexe humain que de cligner les yeux pour essayer de chasser ça, une terrible douleur m’envahit brusquement et ça me piquait atrocement.
Je sentais le monstre agoniser à mes pieds. Même aveugle, le décors devenu entièrement flou, je pouvais le finir à coup de bottes. Mais je ne voyais plus. Ca faisait si mal...tellement mal.

« LYANNA !!! » m’appela Darren d’une voix désespéré.

A l’entendre gémir, il avait un mal fou à se défaire de sa créature.

Dans l’opacité de ma vue désormais trouble, je voyais seulement sa silhouette écrasée par une autre. Il gesticulait dans l’espoir d’arracher la prise du monstre contre son estomac mais il ne faisait que reculer. Il avait besoin d’aide. Je tentais d’avancer vers lui, difficilement vu que je ne voyais presque rien. Et à cause de ma vue douloureuse, je ne vis pas le danger arriver sur moi.

Soudain, un éclat lumineux, comme un coup de tonnerre. Mais dans ma direction !!! J’entendis un impact sur ma droite et le cri de douleur d’un autre serpent. Le temps que je m’en rende compte, j’esquivais un coup de griffe infernal qui se perdit dans mes cheveux. Je ne voyais plus qu’un bloc de chair informe. Mais alors que je tombais le cul par terre, lâchant la baïonnette que je tenais encore, je sentis la langue froide d’une donneuse de mort familière contre mon avant bras. L’une de mes épées… Sans réfléchir, j’en m’en emparai, et je balayai devant moi, frappant la forme qui se trouvait devant, le monstre qui était sur le point de m’attaquer. Je frappai encore et encore, entendant ses cris de douleur. Et plus il avait mal, plus je frappai avec rage. Ayant le dessus, je finis par me redresser difficilement vu la douleur que je ressentais dans tout mon corps, j’enfonçai la lame dans la tête de la créature pour l’achever, avant de me laisser tomber par terre, à bout de souffle. Je serrai mon épée dans ma main, et mon couteau dans l’autre.

Le bruit du combat derrière moi me ramena à la réalité. Darren était toujours au prise avec la créature qui voulait le tuer. Difficilement, je me relevai et allai dans sa direction. Ma vue était toujours trouble et douloureuse, mais je distinguai les deux silhouettes. Surtout celle du monstre, imposante. Sans même réfléchir à un plan d’action, je me mis à courir aussi vite que je le pouvais dans sa direction, criant de rage. Puis, j’utilisai mes dernière forces pour sauter sur la créature, étant en position de force car elle ne m’avait pas vu arriver. Et sans attendre, j’enfonçai profondément les lames dans son corps, les tournant sur elle même pour faire davantage de dégâts, avant de les retirer et de recommencer.
Elle cherchait à se dégager, se faisant encore plus de mal. Elle poussa son dernier soupir et s’étrangla dans les derniers mouvements de fuite. Lorsque je ne sentais plus de tressaillement dans la lame, je pouvais être certaine qu’elle était morte.

« BON SANG !!! CA C’EST DE LA BASTON !!! » s’esclaffa Darren malgré la douleur bien présente dans sa voix.

Un claquement ponctua la chute de son chargeur. Il réapprovisionnait son arme tout en retenant des gémissements, reste de l’assaut de son précédent ennemi.

« Lyanna ? Toujours hargneuse ? » demanda-t-il en tentant un peu d’humour.

Je descendis du corps sans vie de la créature, mais à bout de forces, je perdis l’équilibre et je tombai sur le sol en gémissant, lâchant mes armes. J’essayai de me redresser, mais mon corps endolori me rappela à l’ordre. Je devais d’abord reprendre mon souffle. La voix de Darren se fit entendre, et je tournai la tête dans sa direction pour percevoir sa silhouette, clignant plusieurs fois les yeux à cause de la douleur.

"Je ne vois plus rien" dis je simplement.

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Ven 20 Mar - 1:01

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Le Soldat ∞ L'Amazone
I
l en avait fait des combats.
Mais lorsque l’on rencontrait un nouvel ennemi que l’on ne connaissait pas, le défi à surmonter était encore plus excitant. Peut-être pas sur le moment. Mais dans l’affrontement, la décharge d’adrénaline était si violente, surtout lorsque la fin de la bataille penchait en sa faveur, qu’il avait l’impression d’être sur un nuage. Qu’importe la douleur, qu’importe les muscles noués et les os abîmés, c’était une drogue difficile à ignorer.

Ils avaient vaincus ces saloperies.
Le feu continuait toujours de consumer la longère, continuant de menacer Heimdal et son père. Mais sur ces quelques minutes, il ne pouvait rien faire d’autre que d’apprécier son shoot et reprendre son souffle. Être vainqueur, avoir pu préserver sa vie, ça offrait un sentiment totalement indéchiffrable. C’est l’aspect amoindri de Lyanna et l’étrange couleur jaunie de ses yeux qui le contraignait à reprendre ses esprits.

« At...attends... » balbutia-t-il.

Darren grogna sous l’effort qu’il déploya pour se traîner jusqu’à elle. Il tomba à genoux à ses côtés, essoufflés et souffrant en choeur avec elle, comme un frère et une soeur qui auraient pris la trempe de la part de parents violents. Il approcha les mains de son visage, posant délicatement ses mains sur ses joues poisseuse d’un liquide bizarre, afin que ses pouces lui ouvre davantage les paupières. Sous la douleur que ce simple geste provoqua, Lyanna serra les dents pour étouffer un gémissement, avant de chercher à se soustraire à l’étreinte de Darren.

« Laisse toi faire... » lui demanda-t-il, le souffle toujours perturbé.

Il sonda son regard et découvrit qu’un composé jaune s’était collé à sa rétine. L’irritation très rouge de ses paupières et de ses globes oculaires lui rappelaient l’effet des gazs lacrymogènes. Il palpa aussitôt son gilet tactique à la recherche de son kit de soin et le déballa à l’arrache, sans chercher à prendre son temps.

« Je vais t’arranger ça. Je dois utiliser un produit que je fais couler dans tes yeux. Tu me fais confiance ? »

Lyanna ignorait de quoi Darren voulait parler. Quelque chose à faire couler dans ses yeux ? A part de l’eau, elle ne voyait pas de quoi il pouvait s’agir. Et puis, comment de l’eau pouvait-elle l’aider ? Le militaire lui demanda de lui faire confiance, et malgré ce combat, c’était difficile à accepter pour Lyanna. Cependant, elle n’avait pas le choix, elle était blessée, souffrait le martyr, son corps accusant de tous les coups qu’elle avait reçu. Elle devait se laisser faire, mais elle ne répondit rien à Darren, n’opposant aucune résistance comme réponse.

« Je prends ça pour un oui. » fît le soldat en la guidant pour qu’elle s’allonge, la tête sur ses genoux.
Lyanna se laissa guider, se demandant ce que faisait Darren. Heureusement pour lui qu’elle n’avait pas encore recouvrer tous ses esprits à cause de la douleur, sinon elle aurait été très réticente à poser sa tête sur ses genoux de cette manière.
Il récupéra un ampoule de neutralisant, un liquide physiologique bien plus performant et efficace dans la décontamination oculaire. Il ouvrit le bouchon puis verrouilla son oeil droit en pinçant les paupières de son index et de son pouce.
« Ca sera pas plaisant. Alors, sois sympa, ne me fout pas un coup de couteau dans le nez ! » lâcha-t-il, pour essayer de détendre l’atmosphère, avant de suspendre une goutte au-dessus de son oeil.
"Tu as de la chance, j’ai perdu mes armes dans le combat. Mais je peux encore te frapper, si tu préfères" lança-t-elle alors qu’elle serrait toujours les dents pour ne pas gémir de douleur.
« Je préfère encore t’embrasser, tu fais moins l’effrontée. »

Il en fit tomber une, puis deux, et ferma sa paupière par-dessus la troisième en la massant le plus doucement possible. Il s’équipa d’un morceau de gaz pour éponger et chasser ce qui en sortait. C’était hideux. On aurait cru le pus suintant d’une plaie laissée à l’abandon.
Au moment où les gouttes atterrirent dans ses yeux, Lyanna se contracta en poussant un gémissement. Elle lutta pour s’empêcher de se redresser, car c’était très douloureux. Elle n’aurait jamais cru être aussi sensible au niveau des yeux. Elle sentit que Darren massait ses paupières tout en passant quelque chose sur le coin de son oeil, mais elle préféra ne pas bouger, serrant les dents en attendant que ça passe.
Le soldat posa une main sur son épaule quand elle s’agita, lui faire sentir qu’il ne fallait pas qu’elle lutte, même si c’était un simple geste de compassion.
« L’autre maintenant. »
Il répéta l’opération puis essuya consciencieusement ce qui s’en échappait. Darren lui recommanda de garder les yeux fermés un petit instant, d’attendre le moment où ça ne piquerait plus. Lorsqu’il lui demanda de les ouvrir, la teinte jaune s’était enfin dissipée en lui rendant l’éclat naturel de ses yeux.
Penché au-dessus d’elle, avec sa tête de malin victorieux, il haussa les sourcils tout en prononçant un simple !
« Alors ? »
Maintenant, Lyanna voyait très bien comment elle était installée.

Lyanna garda les yeux fermés un long moment, jusqu’à ce que la douleur passe enfin. Puis, une fois que les picotements aient enfin disparu, elle ouvrit doucement les yeux, battant plusieurs fois des paupières. Sa vue était encore trouble, mais cela s’améliorait rapidement. Au moins, la douleur était partie. Elle allait mieux. Et maintenant, elle distingua clairement le visage de Darren penché au dessus d’elle, qui la regardait et lui parlait. Elle se rendit alors compte de la position dans laquelle elle se trouvait, et par automatisme, elle se redressa aussi vite que son corps endolori lui permit, et s’éloigna du militaire, mettant de la distance entre eux. La jeune femme faisait des progrès, elle ne l’avait pas frappé. Mais elle était très gênée par cette proximité, mal à l’aise, et cela ne lui ressemblait pas. Cependant, c’était encore difficile pour elle de remercier un homme. Elle frotta légèrement ses yeux, et constata avec soulagement que la douleur s’était entièrement envolée, et que sa vue était revenue à la normale.

"Ca va mieux, je n’ai plus aucune douleur".

Ce furent hélas les seuls mots que Darren pouvait espérer. S’il s’était attendu à des remerciements, il s’était trompé, Lyanna n’en était pas encore là. Mais bon, elle lui avait fait quand même confiance, et ne l’avait pas tué d’avoir osé l’allonger de cette manière. C’était déjà bien, non ? Maintenant qu’elle pouvait à nouveau voir, la guerrière regarda autour d’elle. Les créatures étaient mortes, mais Heimda et les autres étaient toujours en danger. Difficilement, elle se leva en grimaçant de douleur, ayant mal partout. Elle partit à la recherche de ses épées et de son couteau.

"Heimda. Il faut la retrouver !"
« Oui. Mais pas n’importe comment. » répondit aussitôt Darren.

Il se redressa à son tour, serrant les dents pour retenir la douleur fulgurante qui l’obligeait à se comprimer le flanc. A cet endroit là, son gilet avait été déchiqueté. Le jeune homme regardait parfois sa main, s’attendant à y découvrir une atroce hémorragie. Mais non, il n’y avait rien de si grave. Juste une saleté de douleur, surement une compression qui lui laisserait un hématome de la taille d’un foutu ballon de basket.
Clive mobilisa ses ressources pour ne pas s’attarder là-dessus. Il récupéra son P90 dont la sangle avait été arrachée et le rechargea rapidement. Le jeune homme se contenta d’un signe de la main pour inviter Lyanna à le suivre. Au voyage, il arracha une bâche d’un chariot renversé et demanda à son amie de le couper en deux morceaux. Pendant ce temps, il tirait un seau d’eau fraîche depuis le puit.
« Il me faut aussi deux petits morceaux. Qu’on se mettra autour de la bouche. »
Lyanna fronça les sourcils en dévisageant Darren sous cet ordre. Le militaire le remarqua d’ailleurs. Il rencontra son regard et lui rendit une expression, mi-figue, mi-raisin, lui indiquant bien qu’il ne jouait pas à lui donner des ordres. Mais vu la situation, ce n’était pas le dernier des soucis ?
Sans plus attendre, Darren inonda les pans de tissus d’eau, les gorgeant abondamment. Il prit le premier qu’il plaça autour des épaules de Lyanna, comme une cape. Il fît pareil pour lui. La jeune femme resta silencieuse, ne comprenant pas ce que Darren cherchait à faire.
« Ce sera comme un bouclier. Mais ça durera pas longtemps. »
Il prit ensuite le morceau de tissu qu’il roula pour en faire une bande. Même principe, il le trempa dans l’eau puis passa dans le dos de l’Amazone pour le placer en écharpe sur sa bouche et le nez, nouant le tout derrière sa nuque. Lyanna se mit sur ses gardes lorsqu’elle sentit Darren dans son dos à faire elle ne savait quoi, mais n’eut pas le temps de réagir qu’elle se retrouva avec le tissu noué autour du visage, tandis que le militaire se lançait dans des explications.
« Une vieille technique. » lui expliqua-t-il précipitamment, pressé par le bruit d’un effondrement à l’intérieur de la bâtisse. « Ne le retire surtout pas, ça te protégera des fumées dangereuses. Tu conserveras tes forces plus longtemps. »
Il revint face à elle et se plaça le bandeau de la même manière avant de lui tourner le dos, présentant les deux bouts pour qu’elle puisse le nouer. Lyanna le regarda lui tourner le dos, tenant les deux extrémités du tissu. Sur le coup, elle se demandait ce qu’il attendait. Puis, elle comprit. Le soldat voulait qu’elle attache le tissu comme lui l’avait fait pour elle. Hésitante, la guerrière ne bougea pas pendant quelques secondes, mais la vie d’Heimda était en jeu, il fallait faire vite. Surmontant son envie de laisser Darren se débrouiller seul, elle noua le tissu avant de reculer.

Le militaire se retourna et lui fit un clin d’oeil en guise de remerciements.
Ca y est, il fallait foncer. Affublé de cette cape gorgée d’eau et de la protection au visage, il longea le brasier jusqu’à discerner une ouverture. Là, il y avait un morceau du mur en bois que le feu avait désagrégé au point de le rendre aussi craquant des allumettes. Darren échangea un regard avec sa collègue. Il pensait que c’était le meilleur chemin.
Le soldat recula un peu...puis il fonça comme un dératé jusqu’à sauter contre la paroi de braises. Elle éclata littéralement sous le poids de Darren, dans un craquement odieux et un panache d’étincelles. Il se réceptionna mal, tomba à genou et se surprit à se tenir le ventre. Sa douleur mettrait un moment à passer, il le savait.

Lyanna laissa Darren détruire le mur endommagé en sautant dessus, et elle le vit disparaître à l’intérieur. Elle rangea son couteau dans son fourreau, puis elle glissa les épées dans la ceinture, les calant comme elle pouvait le long de ses hanches. Sans attendre, elle fit de même, se retrouvant à l’intérieur du bâtiment en feu. Malgré la protection sur sa bouche, elle toussa un peu, et elle plissa les yeux à cause de la fumée. Elle ressentait la chaleur autour d’elle, c’était presque insupportable.

"HEIMDAAAAAAA !!!" cria-t-elle, mais le bruit de l’incendie empêcherait sûrement l’adolescente de l’entendre.

Lyanna remarqua alors que Darren avait un genou à terre, et il se tenait le flanc. Elle n’avait pas le souvenir de l’avoir vu saigner. Peut être avait il heurté un morceau de bois en se jetant contre le mur. La jeune femme était partagée. D’un côté, elle avait envie de le laisser là, sans se soucier de son sort, pour partir à la recherche d’Heimda et des autres. Mais de l’autre côté, Darren l’avait aidé. Et puis, il lui avait prouvé plusieurs fois qu’il était différent des autres mâles, non ? Lyanna réfléchit quelques secondes, regardant autour d’elle, puis le militaire, avant de soupirer. Voilà maintenant, qu’après avoir sauvé la vie d’un homme toute à l’heure, la voilà qui s’inquiétait pour lui. Enfin, un peu.

"Tu es blessé ?"

Il tourna son regard vers elle.
Debout, comme ça, avec l’air encore fraîche malgré l’incendie qui les cernait et son masque de tissu, Lyanna donnait l’air de le snober de toute hauteur. On aurait cru que poser la question lui demandait un effort dantesque, au point que sa situation lui donnait un air ridicule. Darren serra les dents. Merci la sollicitude, il avait l’impression que Lyanna lui hurlait en morse “Debout, espèce de faible !”

« J’suis en pleine forme. » mentit Darren en se relevant.

Il garda un bras plaqué contre son ventre et reprit la progression.
Il faisait une chaleur à crever là-dedans. Un four se montrait plus accueillant que ce brasier de l’enfer. A part la fumée qui limitait la vue, la vive lueur des flammes donnait l’impression de baigner dans un océan de lave crépitant. Là-dedans, la stature droite et impassible de Lyanna lui donnait des airs étrange, quasi divin. Pas forcément du côté sexy. Mais bizarre.
A croire qu’elle se serait douché dans ce feu en ricanant si elle ne toussait pas quelques fois.

Avec elle, il appela à plusieurs reprises sans obtenir de réponse. Puis il s'aperçut soudainement de quelque chose d’étrange.
« Hé ! C’est quoi ça ! » l’interpella-t-il soudainement, levant la main pour imposer le silence.
Un tintement irrégulier montaient. A croire qu’un type complètement fêlé avait décidé de rester là pour jouer des percussions entre deux vieilles casseroles de cuisine. Darren échangea un regard avec son binôme, se demandant s’il n’était pas devenu complètement dingue cette fois. Il l’interrogea du regard.

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Ven 20 Mar - 1:03

Lyanna
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J
e ne me formalisai pas, et ne m’inquiétai pas davantage pour Darren. Après tout, j’avais fait un grand pas, non ? J’aurais pu l’abandonner à son sort. Et puis, il venait de dire qu’il allait bien. Donc pourquoi se préoccuper davantage pour lui ? Je le regardai se lever, puis je jetai un oeil autour de nous. Il faisait de plus en plus chaud au fur et à mesure que j’avançai dans cette fournaise. La fumée épaisse empêchait de bien voir, c’était difficile de progresser. J’avais beau appeler Heimda, personne ne me répondit. Même chose pour Darren. Etait elle encore en vie ? Et les autres ? Je fus prise d’une quinte de toux au moment où je trouvais un escalier qui montait, mais aussi qui descendait. La villageoise avait dit que l’adolescente, son père et des enfants s’étaient enfermés dans le sous sol, non ? Au moment où j’allais appelé le militaire, je vis celui ci lever sa main pour me faire taire. J’aurais pu être courroucée, mais je perçus moi aussi un bruit métalique. En écoutant ce son de plus près, cela provenait des tuyaux de plomberie. Il n’y avait qu’une seule solution concernant la source de ce bruit : quelqu’un frappait sur le tuyau. Cependant, un détail me chiffonnait. Le son avait l’air de venir d’en haut, alors qu’Heimda devait être en bas. A moins que la villageoise se soit trompée ? Ou alors, il y avait d’autres personnes, et monter condamnerait ceux qui étaient effectivement dans le sous sol ? Je regardai l’escalier qui montait, puis celui qui descendait, avant de regarder Darren.

"Ca vient des tuyaux. On dirait que quelqu’un tape dessus, mais ça vient de là haut. Je croyais qu’Heimda était en bas ?"

Que devions nous faire ? Aller dans une direction en espérant qu’il n’y ait personne dans l’autre ? Nous n’avions pas le choix, je ne voyais qu’une seule solution, même si elle était dangereuse. A ce moment là, un pan du plafond enflammé s’écroula non loin de nous, attisant un peu plus l’incendie qui gagnait du terrain. La situation devint critique.

"Il faut se séparer. Je vais en bas, et toi en haut. Il faut trouver Heimda et les autres."

Même à travers son masque de fortune, je pouvais discerner le sourire étrange de Darren. Il devait probablement se faire une idée précise de ma phrase, raison pour laquelle il se pencha vers moi en complétant ma propre affirmation :

« Les hommes inclus ! »

Il insista brièvement du regard avant de s’en aller, ne me laissant pas le temps de réagir. Il grimpa quatre par quatre les escaliers, les épaules voûtées, en cherchant à fuir cette chaleur infernale. L’un de ses pieds s’enfonça dans le bois trop abîmé par les flammes et il manqua de s’écrouler en chemin.

Me concernant, je décidais de descendre au sous-sol à la recherche des survivants. Malgré d’importantes fondations en pierre, la structure principale était en train de s’effondrer sur elle-même. L’accès principal étant coupé, je me retrouvais contrainte de devoir m’enfoncer dans la fournaise, dévier de mon chemin, au risque de me faire emporter pour de bon dans les flammes. Ma peau me brûlait, je percevais malgré la fumée l’eau de ma cape protectrice s’évaporer. Au travers des craquements sinistres, de ce qui s’effondrait et du grondement du feu, je finis enfin par entendre des cris, des suppliques. Impossible de savoir si c’était un homme ou une femme. Mais cette source de plaintes fût la bienvenue pour m’aider à m’orienter.

Les pauvres âmes s’étaient réfugiées pratiquement au coeur du sous-sol pour une raison étrange. N’importe qui de sensé serait resté à proximité d’une sortie. Mais pourtant, ce cellier empli de bouteilles de vin et de tonneaux d’eau douce semblait avoir été la cachette privilégiée de Virgil.
Le visage profondément marqué par la suie et la chaleur, la transpiration ayant macéré cette pommade noirâtre pour le rendre difficilement reconnaissable, l’homme n’en gardait pas moins sa prestance que derrière son bureau. Il organisait un groupe d’enfants et de quelques adultes, ayant renversé sur eux tout le contenu de leur eau. Il écarquilla les yeux dès qu’il me reconnut et, voûté comme moi, il me rejoignit en me serrant les deux mains.

« Mon Dieu, Atlante ! Votre venue est une bénédiction !» cria-t-il par dessus le feu.

Il pointa le groupe d’enfants du doigt.

« Les Démons nous ont empêché de fuir l’incendie. Maintenant que vous êtes là, nous devons sortir ces jeunes au plus vite ! Pouvez-vous nous guider ? »

Pourtant, j’avais beau regarder ces victimes aux yeux suppliants, je ne trouvai Heimda nulle part. Virgil semblait s’en rendre compte. Il se pencha un peu plus pour pouvoir déclarer distinctement :

« Ma fille est à l’étage, elle n’a pu se résoudre à abandonner l’oeuvre d’art de ma femme aux flammes. »

C’était donc Darren qui risquait de tomber sur elle. J’aurai été auprès d’elle si j’avais choisi de monter à l’étage.

Je regardai tout autour de moi. Heimda n’était pas là, mais Darren était parti à sa recherche. Si j’avais choisi l’étage, j’aurais pu la sauver moi même, au lieu de mâle. Mais non, j’avais suivi mon instinct pour aller en bas. Et me voilà devant cet homme, avec plusieurs enfants derrière lui, terrifiés, pleurant à chaudes larmes en demandant à voir leurs parents ou un membre de leur famille. Il y avait des petites filles âgées d’à peine 4 ou 5 ans. J’eus aussitôt envie de les protéger, elles me rappelaient mes Soeurs. Mais aussi des garçons à peine plus vieux. Seuls deux ou trois devaient avoir 10 ans. Sur le coup, je n’avais pas envie de les aider. Les enfants mâles dans mon village étaient tués à la naissance car inutile. Mais qu’en penserait Darren si je laissais les garçons ici, pour ne sauver que les filles ? Et Teyla. Je soupirai, abandonnant mes convictions même si je n’appréciais pas ça.

"Le mâle qui m’accompagne est parti à l’étage, on a entendu quelqu’un frapper contre un tuyau. C’est peut être Heimda".

Je regardai à nouveau le groupe d’enfants terrorisés, puis Virgil.

"Suivez moi, je vais vous sortir de là. On a tué les monstres qui étaient dehors".

Je remarquai une petite fille, sans doute la plus jeune, qui ne faisait que pleurer. Elle avait du mal à respirer avec toute cette fumée, et je la pris dans mes bras pour lui éviter de marcher. Puis, je pris la tête du groupe, avançant prudemment tout en montrant la voie au groupe de rescapés jusqu’à l’escalier. Rebrousser le chemin était difficile car la chaleur devenait insoutenable. La respiration était irrespirable, le bâtiment se désagrégeait de plus en plus. Sortir de ce monde de braises, de flammes et de fumées toxique fût extrêmement libérateur. En quittant l’aura infernal, le beau temps de ce début d’après midi apporta de la fraîcheur que je ne pensais plus pouvoir connaître. Les enfants et les rares adultes se rassemblèrent autour du puit. Virgil donna l’ordre de les compter de nouveau, s’assurer que personne n’avait été abandonné derrière. Mais son visage se décomposa brutalement et il hurla le nom de sa fille, abattu par une appréhension qui prenait aux tripes.

A peine quelques mètres à l’écart du puit, Darren était agenouillé devant le corps sans vie d’une jeune femme. Ses joues très rouge et le reste du visage couvert de suie la rendait méconnaissable. C’était pourtant la seule à porter cette belle tenue de diplomate. Heimda semblait morte, sans la moindre réaction, pendant que Darren lui écrasait la poitrine de ses deux mains à un rythme soutenu.

« Lyanna ! » m’appela-t-il soudainement en me découvrant. « Elle a besoin d’aide ! »

Alors que je déposais la petite fille et que je retirais le masque et la cape de fortune, mon attention fut attirée par Virgil, puis par Darren qui m’appelait, paniqué. Je me figeai en m’approchant de lui, voyant avec horreur le corps d’Heimda sur le sol. Elle avait l’air morte. Secouant la tête, je me précipitai vers elle, m’agenouillant à ses côtés pendant que Darren effectuait des gestes que je ne connaissais pas.

"Heimda, réveille toi ! HEIMDAAAA !!!"

Mais la jeune adolescente ne me répondit pas. Je ne voulais pas croire qu’elle était morte, je m’y refusais même si je n’avais aucun pouvoir sur la vie ou la mort. Je levai alors les yeux vers Darren.

"Qu’est ce que je peux faire ?"

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Ven 20 Mar - 1:04

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Le Soldat ∞ L'Amazone
D
epuis qu’il l’avait sorti de là, Darren tentait de la ranimer. Il avait espéré trouver Lyanna dès la sortie pour obtenir de l’aide. Le jeune homme ne savait pas vraiment pourquoi mais il avait un mal terrible au niveau de son flanc. Si les accoups du massage cardiaque étaient cruellement douloureux, il se sentait incapable d’alterner l’insuflation au geste. A la longue, il allait finir par ralentir le rythme et c’était bien la dernière chose à faire quand on essayait d’arracher quelqu’un à la mort.

« Tu vas lui faire du bouche à bouche. » déclara le soldat avec certitude.

Il se rendit rapidement compte qu’elle était au bord de la panique.
C’était surprenant parce qu’il n’avait jamais vu Lyanna dans cet état. Même lorsqu’elle se battait, elle allait au bout des choses, quitte à se prendre la trempe du siècle. Il avait déjà eu quelques doutes sur le fait qu’elle prenait Heimda sous son aile. Mais là, en la voyant comme ça, Clive comprit qu’elle était sincèrement affectée par son état.

« Hé ! » Lâcha-t-il en lui saisissant l’épaule. « On va la sauver ! »
La promesse couvrait un demi-mensonge. En l’état, il était tout à fait incapable de pouvoir offrir des garanties. Darren avait trouvé Heimda comme ça, recroquevillée sur le sol par dessus une peinture qu’il avait eu le temps de reconnaître (Lyanna l’avait longuement fixé elle-aussi). En comprenant que l’adolescente avait misé sa vie pour ça, le soldat avait eu le temps de le balancer par la fenêtre, le plus loin possible des flammes. Puis il s’était emparé de son frêle petit corps pour l’emmener loin d’ici.
Problème, les fumées toxiques l’avaient assommé. Le temps qu’il s’inquiète de son état, elle ne respirait plus.
Pourtant, Darren se montra certain. Il ne savait pas vraiment ce qui lui prenait. Peut-être qu’il voulait éviter un drame à Lyanna, bien qu’il ne la connaissait pas bien. Ou peut-être avait-il lui aussi pris Heimda en sympathie.
Heureusement, le paternel restait à l’écart. L’homme était tombé à genoux, complètement défait, en suppliant silencieusement qui pouvait l’entendre d’arracher sa fille aux griffes de la mort. De ce qu’il restait de sa logique, Virgil comprenait que la réaction humaine consistant à se jeter dans les bras d’Heimda pénaliserait les autres. Alors il restait là, prostré, le regard humide.
L’amour qu’il portait pour elle était sincère, pas de doute là-dessus.
« Je te montre, regarde bien ! »

Darren releva le menton d’Heimda et pinça son nez d’une main.
De l’autre, il dessina un cercle faisant le contour de ses lèvres.
« Je te demande pas de l’embrasser. Tu colles tes lèvres tout autour pour que l’air ne s’échappe pas. Et ensuite... »
Il exerça une insufflation pour lui montrer.
« Tu injectes ton souffle d’accord ? »
Le soldat revint immédiatement en position de massage cardiaque.
« Quand je te le dis ! Souffle... »

Il commençait le travail. Darren effectua sa trentaine d’impulsions en agitant le corps sans vie d’Heimda. Bien qu’il modérait sa force pour ne pas lui casser une côte, le mouvement agitait la pauvre jeune femme, la faisant osciller et dodeliner comme une poupée que l’on malmenait cruellement par simple désir sadique.
« A toi ! Fait le deux fois de suite ! »

Dire que Lyanna était inquiète était un euphémisme. Elle s’était attachée à Heimda, comme à la plupart des femmes d’ailleurs, et la voir dans cet état, morte pour ainsi dire, n’était pas du tout plaisant pour elle. Comme si elle s’était donné pour mission de la protéger, et qu’elle venait d’échouer, comme dans son village le jour où son peuple avait disparu. Elle regarda Darren faire, lui expliquant la base du bouche à bouche, geste qu’elle ne connaissait pas du tout. Puis, lorsque le militaire s’adressa à elle, la jeune femme se mit près de la tête d’Heimda, et commença à effectuer les gestes que Darren lui avait montré. Maladroitement dans un premier temps, elle insuffla deux fois dans les poumons de l’adolescente, avant de la lâcher et regarder le soldat.
« Allez ! Bats-toi bon sang ! »
Darren pousuivait frénétiquement, il employait quasiment la rage du désespoir.
Au bout d’un moment, lorsqu’il demanda à Lyanna de souffler une nouvelle fois, il défit son kit médical sans la moindre douceur, répandant la totalité du matériel sur le sol pour s’emparer d’une seringue en tube. Il la piqua sans ménagement à la gorge, à hauteur de la carotide, avant de reprendre le travail aussi sec.
« A toi ! »

Le temps filait.
Les chances de survie d’Heimda s’étiolait.
Pour un peu, il aurait ressemblé à l’un de ces types des téléfilms, dégoulinant d’un charisme stupide que l’on arrêtait d’un main pour dire que c’était fini. Darren et Lyanna s’acharnait, l’adolescente n’avait aucune réaction en réponse.
Pourtant, au moment où l’Amazone répéta un souffle, le corps inanimé s’affola soudainement. C’était tout à fait inespéré, incroyable, survenu d’un coup. Darren écarquilla les yeux, époustouflé par cette réussite.
D’un mouvement se voulant rapide, la jeune femme avait tenté de détourner la tête et chassé le visage de Lyanna d’un main molle et sans dextérité. Dès qu’elle rencontra de l’air libre, de l’air frais, la diplomate toussa brusquement. Le son était rauque, douloureux, se mêlant d’une plainte qui appelait au secours.
Heimda ne s’était pas réveillée. Ce n’était pas la fameuse scène d’un film où elle ouvrirait les yeux pour reconnaître ses sauveurs. Seulement conduite par l’instinct de préservation et des réflexes communs, Heimda agita mollement sa tête avant de se figer de nouveau. Les traits de son visage restaient tirés sur une souffrance constante, qui la harcelait malgré le maintien de son inconscience.

Darren éclata de rire et manifesta sa joie en secouant l’épaule de Lyanna.
Il venait d’oublier son côté haineux envers les hommes. Ils l’avaient sauvé, ils avaient sauvé Heimda. Ca permettait tout !!!
« Elle revient ! » s’était-il écrié d’une voix forte.
Il n’en fallait pas plus pour que son père ne la rejoigne d’un bond. En retombant à genou, il prit l’une de ses mains et abaissa sa tête sur sa poitrine en pleurant.

Lyanna recula légèrement, restant à genou non loin du corps d’Heimda pour la laisser reprendre peu à peu conscience. La jeune femme ferma les yeux quelques secondes en soupirant, elle était rassurée de voir que l’adolescente n’était pas pas morte. C’était donc cette curieuse méthode que Darren avait mis en pratique qui lui avait sauvé la vie ? Qui avait ramené quelqu’un d’entre les morts ? Certains auraient pensé que c’était de la sorcellerie, et si Lyanna avait vécu dans un monde de magie, elle l’aurait pensé. Mais pour elle, c’était simplement un mystère qu’elle ne comprenait pas, et elle jeta un regard au militaire comme pour avoir une réponse à sa question. Après quelques instants, Heimda revint enfin complètement à elle, dans les bras de son père, reconnaissant qu’on lui ait ramené sa fille. La guerrière se releva, les laissant un peu seul, avant de se rapprocher de Darren. Elle ne le regarda pas, préférant porter son attention sur l’adolescente en vie. Puis, elle baissa les yeux, toujours sans oser lever les yeux sur lui.

"Merci de l’avoir sauvé".

Les compliments pour un homme étaient quelque chose de très rares venant de Lyanna, en fait impossible. Pourtant, avec Darren, son coeur avait parlé. Heimda avait survécu, et la guerrière devait reconnaître que c’était grâce au militaire, malgré le fait que c’était un mâle. Cependant, avouer une telle chose la mettait mal à l’aise, comme accepter quelque chose qu’elle ne voulait pas, et c’était pour cela qu’elle n’osa pas la regarder en face.

Le soldat s’était redressé difficilement. Par instinct, il conservait une main plaquée contre son flanc tout en observant Heimda. Le reste du kit médical répandu à même le sol n’était pas une priorité, il avait trop mal pour se remettre à genoux une nouvelle fois. Heimda réagissait peu. D’ici, il entendait son souffle brisé et sifflant, un mauvais signe de toutes les fumées toxiques qu’elle avait inhalé. Alors qu’il se mettait à fixer les alentours devenu champ de bataille, entre les cadavres de ces monstres inconnu et la longère qui s’effondrait dans un terrible craquement embrasé, les propos de Lyanna le surprirent.
Clive se détourna pour la regarder.

Elle était là, comme une statue de proue, à faire cet effort tout en évitant de le fixer. C’était sympa et mignon. Quand on pense qu’elle voulait le buter la veille, c’était une sacrée évolution. Surtout que cette façon de se conduire n’était pas un manque de respect, Darren le voyait bien, Lyanna faisait l’effort de la sincérité.
Parce qu’elle était là, tournée quasiment de flanc pour ne pas lui faire face, le soldat s’approcha de lui même pour la serrer d’un bras contre lui. Une accolade que la légèreté de la situation, galvanisé par la victoire, se faisait en tout inconscience du danger. Darren l’avait fait spontanément avec le sourire, lui tapotant brièvement le dos.

« On l’a sauvé à deux. » lui dit-il avec reconnaissance. « Tu es arrivée à temps. »

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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Ven 20 Mar - 1:06

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J
e ne m’était pas attendue au geste inconscient de Darren, à la limite de la folie. Je me raidis aussitôt lorsque le militaire me serra contre lui en m’entourant de son bras, envahie d’un flot d’émotions à son égard. Si au premier abord, la surprise avait été le premier sentiment que j’avais ressenti, la gêne et le malaise suivirent. Sans oublier le fait qu’une telle proximité sans que je ne m’y sois attendue pouvait signer l’arrêt de mort de Darren sur le champs. Je me ressaisis après quelques secondes, ignorant les paroles du militaire, et fronçai les sourcils en faisant une moue de colère. Je le repoussai aussitôt d’un geste rapide, me contrôlant pour ne pas le frapper. On pouvait dire que le soldat l’avait échappé belle.

"Ca va, ça va, pas la peine de te coller à moi !"

Après quelques secondes, mes pensées allèrent ailleurs, et je fronçai les sourcils.

"Heimda devait retrouver la peinture de sa mère. Où est elle ? Je vais la retrouver à sa place".

Un sourire goguenard persistait sur le visage du Darren. Il avait retenu une plainte quand il s’était fait jeté, en écho sur son bide douloureux, mais le reste le faisait bien rire. C’est vrai que je ne savais rien du relationnel. Une chance que je n’avais pas cogné avec son genou, ça aurait été un coup à finir par terre. Le sujet de la peinture lui parla immédiatement. Parce que j’avais bien l’air décidé de retourner dans une structure qui n’avait même plus la forme d’un bâtiment, Darren me rappela d’une exclamation entre le “Heu !” et le “hé”, visant à intervenir dans l’affirmation.

« Je l’ai trouvé ! » déclara-t-il. « Heimda était allongée dessus quand je suis arrivé. J’ai enveloppé la toile dans un drap et je l’ai balancé par la fenêtre sur le bâtiment d’en face. »

Je parus choquée par les paroles de Darren.

"Tu as osé jeter un objet si précieux par la fenêtre ?!"

« Heu... »

Darren me regarda en se demandant si j'étais sérieuse. Il finit par hausser des épaules tout en répondant, par pure ironie, dans une moitié de rire :

« Tu aurais préféré que ce soit Heimda que je bazarde par la fenêtre ??? »

"Non, bien sûr que non. Tu n’aurais pas osé ?" demandai je, pensant vraiment que Darren en aurait été capable.

Le jeune homme ria de bon coeur cette fois.

« Seulement si c’était la seule issue. Et je l’aurai amorti de mon corps. »

Je dévisageai Darren en fronçant les sourcils, incapable de déterminer si le militaire était sérieux ou s’il plaisantait. Puis, je secouai la tête et détournai les yeux, réfléchissant à comment j’allais retrouver la peinture.

Darren adorait me faire marcher. Il avait eu l’envie d’en rajouter un peu, en me demandant si je l’aurais jeté par la fenêtre, LUI, puisque c’était un “mâle”. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. En remarquant que j’étais davantage concentrée sur la peinture, il hocha la tête, se décidant à conclure.

« Tu trouveras facilement, il y a un ornement en métal au dessus de la porte. Je pense que la peinture a atterri sur le toit ! »

En tout cas, l’escalade ne serait pas pour lui. Maintenant que les nerfs se relâchaient, il commençait à douiller sévérement. Le jeune homme avisa l’objectif comme s’il avait été capable de voir au travers du brasier puis il observa Virgil et sa fille. Tout autour d’eux, des témoins discrets s’étaient tenus à l’écart, murés dans le silence. Ils étaient revenus sur place, certains blessés, d’autres non, avec l’espoir de trouver l’endroit sécurisé.

Darren avait besoin de quelques paires de main, ça intervenait au bon moment.

« Je vais faire déplacer Heimda. On se retrouve tout à l’heure ? »

"D’accord" lançai je sans regarder Darren, alors que je m’éloignais déjà dans la direction que le militaire avait regardé quelques secondes auparavant.

Je longeai le bâtiment central en feu et presque détruit, à la recherche de ma cible. Je jetai un oeil partout, puis trouvai l’objectif. On aurait dit un bâtiment de tailleur de pierre, il y avait bien un ornement en métal au dessus de la porte. La structure était assez haute, il n’y avait pas d’étage, et le toit n’était pas visible dans sa totalité de là où je me trouvais. Mais vu la position d’une des fenêtres du bâtiment central, la toile était quelque part par là. Je cherchai d’abord autour de la bâtisse, au cas où l’objet soit tombé par terre. Mais rien. Il devait être sur le toit. Il ne restait plus qu’à trouver comment y parvenir. Je pouvais rentrer dans le bâtiment, mais même si celui ci était haut, il n’y avait pas de balcon ou de fenêtre accessible au toit. J’allais devoir grimper à l’aide des pierres irrégulières du mur.

Mon corps me faisait atrocement souffrir, maintenant que l’adrénaline retombait. Des hématomes apparaissaient par endroit, et mon dos me faisait un mal de chien, là où le monstre s’était acharné. Mais ma volonté était plus forte, je voulais ramener ce tableau à Heimda. N’écoutant que mon courage, je commençai à escalader après avoir analysé la situation, et trouver un chemin. La montée fut difficile et éprouvante, et je gémis, la mâchoire serrée, à chaque fois que je forçais sur mes muscles endoloris. Par moment, ma main ou mon pied glissaient sur la paroi, et je manquai tomber plusieurs fois. La chute ne me serait pas fatale, mais pourrait me blesser. Après de longues minutes, je parvins enfin au toit, et je repris mon souffle quelques secondes. J’avais mal partout, et je toussais encore à cause des fumées inhalées toute à l’heure. Mais je n’avais pas le temps de me reposer. Regardant partout, je finis par tomber sur mon objectif, et m’y dirigeai avec prudence. Le toit craquait sous mon poids, menaçant de céder à chaque pas que je faisais. Lentement, j’arrivai enfin jusqu’à la peinture. Le cadre était cassé, mais la toile était indemne. C’était le principal.


N’ayant pas d’autre choix, je laissai tomber la peinture dans le vide. Je n’arriverais pas à descendre le mur avec elle. Mais alors que je retournais au bord du toit, celui ci craqua une fois de plus, trop sollicité par mon poids. Je n’eus pas le temps de faire le moindre geste que le sol se déroba sous mes pieds. Je passai à travers le toit, sans aucun moyen de me rattraper à quoi que ce soit. Dans ma chute, je tombai lourdement sur quelque chose, une sorte d’étagère en bois qui ralentit ma descente. Mais fragilisée, celle ci fut également détruite, et mon corps continua sa chute avant de heurter violemment le sol, me coupant le souffle. Les débris du toit et de l’étagère me tombèrent dessus, ainsi qu’une poutre, petite mais assez lourde. Je fus sonnée quelques secondes par la chute, puis je repris peu à peu conscience. Je gémis fortement à cause de la douleur ressentie, toussant plusieurs fois pour reprendre mon souffle. Mais j’étais incapable dans l’immédiat de voir si j’étais blessée ou non. Mon corps me faisait mal, et la poutre appuyait sur mon bassin et m’empêchait de me lever. Seule, à bout de forces, je tentai de la soulever, mais sans y parvenir. J’étais coincée dans le bâtiment, incapable de fuir. J’avais besoin d’aide. Il n’y avait qu’une personne qui pouvait m’aider, même si je n’aimais pas l’idée d’être assistée par un mâle. Mais je n’avais pas le choix.

"DARREN ! DARREEEEEEEEEN !!!" criai je aussi fort que je le pouvais, même si mon corps me faisait souffrir, sans me rendre compte que c’était la première fois que je prononçais le nom du militaire.

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Ven 20 Mar - 1:08

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Le Soldat ∞ L'Amazone
O
rganiser le retrait d’Heimda avait été plus compliqué que prévu.
Sur le début, son père n’avait pas voulu se bouger, convaincu qu’en la tenant ainsi dans ses bras, il s’assurait qu’elle ne glisserait pas de nouveau dans le terrible précipice. La majorité des réfugiés n’étaient pas venus apporter de l’aide mais obtenir du secours. Ca n’a pas été facile de convaincre cette populace abîmée de se concentrer sur le plus important : trouver un nouvel endroit, se charger des cas les plus graves.
Pour couronner le tout, plus Darren conseillait, moins on l’écoutait. Le fait qu’il était Atlante et n’avait, malgré tout, pas d’ordre à donner.

Heureusement, Virgil choisit le bon moment pour reprendre du poil de la bête. Déjà parce qu’il était grandement motivé aux soins de sa fille. Mais également parce qu’il ne supportait pas voir une telle désorganisation parmi les derniers représentants de son peuple resté là.

Il prit des décisions rapide et raisonnée, comme l’on pouvait attendre d’un dirigeant. En répartissant les tâches aux uns et aux autres, il fit admettre les blessés grave, commanda la construction à la hâte de brancards et envoya quelques éclaireurs avertir les égarés. Le quartier était sécurisé. Le mot d’ordre : revenez !
Darren avait suivi le mouvement. En guise d’infrastructure secondaire, Virgil avait sélectionné un endroit convenable. C’était un gîte d’escale pour les marchands. L’endroit bénéficiait d’une auberge intégrée, assez convivial, et d’un nombre conséquent de chambres. Il fût surpris d’apprendre que le dirigeant leur avait cédé la suite la plus grande, celle qui offrait une belle vue imprenable sur la longère en flammes.
Ce petit luxe était un signe de reconnaissance.

Le soldat était revenu vers le tailleur de pierre pour trouver sa partenaire. Il était en train de monter tout un argumentaire sur fond d’humour pour lui faire passer le fait qu’il n’y avait qu’un lit double. Bon ok, il n’allait pas pousser le vice pour qu’ils dorment côte à côte. Clive se souvenait bien de la veille, que Lyanna s’était séparée pour pioncer contre un arbre. Le canapé confortable qui se trouvait un peu plus loin ferait l’affaire. Il était même prêt à lui laisser le lit tant qu’elle ne le traitait pas comme un esclave.
Mais il en était là, à devoir lui faire comprendre qu’ils dormiraient séparément...mais dans la même pièce. Un brin amusé, le soldat s’imaginait déjà son air contrarié. Avec sa façon de fuir son regard et de se tenir de biais. Elle serait perplexe, ne sachant pas si c’était volontaire (et dans ce cas elle le tuerait) ou si c’était un cas de force majeure (et dans ce cas, elle devra se “retenir” de le tuer !!).

En arrivant, Darren constata que son amie n’était pas en vue. Il regrettait de ne pas l’avoir vu à l’oeuvre pendant qu’elle montait sur le toit. Ca aurait valu le détour. Par sa capacité physique à trouver des appuis et franchir l’obstacle d’une part. Car c’était loin d’être aussi simple qu’un mur d’escalade conçu pour le loisir ou le challenge.
Là, c’était du naturel et du dangereux.

Mais de l’autre...il fallait aussi le reconnaître, aussi dangereux que ce soit pour sa survie... se rincer un peu l’oeil. Grossièrement avoué, ça faisait pervers. Mais sincèrement, dans la mesure où il s’était battu par deux fois à ses côtés sans avoir vraiment pu se faire spectateur d’un physique de Xéna étrangère...il aurait été bête de ne pas saisir l’occasion !

Distrait par ces pensées, le soldat buta contre un morceau de bois et manqua d’imprimer la semelle de ses rangers au beau milieu de la peinture d’Heimda. Il fît une tentative rocambolesque de double saut et évita de justesse le massacre. Une fois rétabli dans son équilibre, Darren fixa l’oeuvre d’art puis chercha Lyanna des yeux. Quelque chose le dérangeait sur le fait que cette peinture traînait par terre et qu’il ne voyait pas son amie redescendre ce mur dangereux. Ca ne lui ressemblait pas.
Là, il ne se faisait pas ce constat par déception de ne pas pouvoir la reluquer.
Mais plutôt parce que c’était anormal...vraiment anormal…

Il l’aurait appelé.
D’ailleurs, Darren avait même pris l’inspiration pour prononcer son nom, s’attendant à voir son visage se matérialiser en-dehors de l’angle mort de sa vue. Perchée là-haut, elle aurait froncé les sourcils avant de lui demander ce qu’il voulait. Le genre d’expression a vouloir lui rappeler que c’était un mâle et qu’il jouait sa vie à attirer son attention inutilement. Mais il capta distinctement un cri à l’intérieur. A croire que tout s’était organisé pour qu’il ne puisse pas en doute. Le feu moins fort, la brise qui avait cessé, par un seul bruit d’oiseau. Tout ça pour qu’il puisse bien déguster et se laisser saisir au tripes du cri qu’il entendit. Surtout la douleur, empreinte de contrainte difficile, la détresse…

"DARREN ! DARREEEEEEEEEN !!!"

Clive avait les yeux ronds comme des billes, il s’élança comme un fou furieux, repoussant la première porte qu’il croisa d’un coup d’épaule violent. Le battant frappa contre la paroi une fois sa rotation au maximum. P90 en avant, il retint par réflexe le violent retour de manivelle de sa main valide, son regard déjà posé sur ce grand trou dans le plafond.
« Lyanna ! » s’exclama-t-il, la voix chargée d'appréhension.

Il entendit du bruit. Son regard se porta illico vers la source supposée.
Et soudain, il la vit. Là, plaquée au sol, recouverte de tout un tas de merde d’une architecture branlante qui ne connaissait pas les normes de sécurité. En une fraction de seconde, l’esprit du soldat avait déjà fait le calcul entre la hauteur importante de ce plafond et la chute dramatique qu’avait fait Lyanna. Son coeur manqua un tour en se disant qu’elle avait dû se rompre les os, que la mission, déjà dangereuse, se terminait sur un accident terrible.
Darren fonça de nouveau pour l’atteindre, à croire qu’il disputait un contre la montre dont la récompense serait le bon rétablissement ou non de l’Amazone. Il ne s’était même pas entendu scander son nom une nouvelle fois.

Oubliant la sécurité, Darren balança de côté le premier obstacle qu’il rencontra : le reste d’une grande étagère. Il balaya le moindre élément gênant sur son chemin pour se placer aux côtés de la jeune femme. Un peu paniqué, il examina la poutre. Dans un geste naturel, il avait avancé la main pour réconforter sa partenaire d’un contact.

« Hé ! J’suis là !!! »

Le temps sembla passer très lentement, et Lyanna ferma les yeux après avoir appelé plusieurs fois Darren. Elle ignorait combien de temps s’était écoulé. Des secondes ? Des minutes ? D’avantage ? Elle était épuisée, elle avait mal partout, et respirer était difficile. Elle n’avait qu’une seule envie : dormir. Une voix lointaine la fit émerger, et au moment où elle rouvrit les yeux, la jeune femme aperçut le militaire près d’elle. Ce dernier l’avait donc entendu, et il s’était porté à son secours. Elle ne fit même pas attention lorsque Darren avait posé sa main sur elle. Lyanna essaya de se redresser, mais elle se ravisa en poussant un petit cri de douleur, avant de se laisser retomber sur le sol.

"Le toit s’est … écroulé quand j’allais … redescendre … je suis coincée ..."

Parler était douloureux, cela sollicitait ses poumons et sa gorge endoloris à fonctionner. Elle toussait quand elle prononçait quelques mots. Elle ferma à nouveau les yeux pour essayer de calmer cette douleur, avant de les rouvrir, regardant Darren.

"J’ai mal partout".
« J’vais te sortir de là, tiens le coup ! »

Sans plus attendre, Darren dégagea les morceaux les plus accessible. Il se rappelait que Lyanna n’avait pas voulu quitter ses armes et qu’elle les avait glissé à sa ceinture. Sans fourreaux, il craignait qu’elle ne se soit blessée sur les tranchants. Sans oublier le poids de tout ça qui l’étouffait. La couleur de cire de son visage l’inquiétait.
Dès qu’il buta sur la poutrelle, il se recula pour aller la saisir à l’extrémité et se mit à tirer de toutes ses forces, serrant les dents. Il relâcha quelques secondes plus tard et se tordit sous la douleur fulgurante au niveau de son flanc.

Darren songeait à aller chercher du secours.
Demander à Virgil ou quelques autres gars solide de l’aider. Mais...il était tout bonnement hors de question de laisser l’Amazone seule. Elle était solide mais il ne pouvait pas se résoudre à ce fameux “Je reviens avec de l’aide”. L’entrave du bois l'étouffait, le temps pressait.

Haletant, la tronche couverte de sueur, il tournait comme un lion en cage, son regard scrutant frénétiquement l’environnement à la recherche d’une solution. Il trouva enfin une barre à mine parmi un amas d’outils laissé à l’abandon devant un grand bloc de roche. Darren alla un peu plus profondément cette fois, passant la barre sous la poutrelle pour faire levier.
« Réveille toi, Lyanna ! » s’écria-t-il.
Il n’allait pas y arriver sans elle.
Une petite partie de lui s’en voulait de cette faiblesse. Mais avec ces deux combats, les derniers événements, il était amoindri. Darren tenta bien de soulever la poutre avec sa barre à mine. Il parvint à la lever un peu mais la redéposa avec un nouveau retour de douleur. Comme une déchirure dans le flanc qui le fit râler.
« Allez guerrière ! Aide-moi !!! » ajouta Darren. « Pousse !!! »

Les paupières de Lyanna étaient lourdes, et la jeune femme voulait dormir, mais c’était sans compter sur Darren qui ne la laissa pas faire. Elle rouvrit les yeux en sursaut lorsqu’il l’appela, puis elle remarqua qu’il essayait de soulever la poutre. Sans y parvenir, malgré la présence de la barre à mine pour faire levier. Le militaire était également éreinté, et visiblement, il avait l’air blessé vu qu’il se tenait sans cesse le flanc avec sa main. Au moment où il lui demanda de l’aide, la guerrière rassembla ses dernières forces, posa ses mains sur la poutre, et poussa en même temps que Darren faisait de même de son côté. Lyanna mit tout ce qu’elle avait, poussant un cri de rage qui lui venait du plus profond de ses tripes, jusqu’à ce que la poutre bouge enfin et cesse de devenir un poids pour elle. La voilà libre, mais à bout de force, envahie par une quinte de toux, elle retomba sur le sol en gémissant. Au moins, elle bougeait ses jambes, elle n’était donc pas paralysée. Mais ayant mal partout, elle ignorait si elle présentait une blessure quelconque.

Darren avait gueulé lui aussi en y mettant toutes ses forces.
Recroquevillé sur lui même, il se traîna jusqu’à la jeune femme et s’agenouilla à ses côtés. Il posa une main sur elle, non pas pour chercher le contact mais pour vérifier son état, sa conscience. Il voyait qu’elle n’allait pas bien, elle était meurtrie, blessée. Cette chute avait été le coup de trop.
« Je t’emmène, Xéna. Tu peux dormir maintenant... » fit-il en se voulant rassurant.
"Xéna ? Qui est ce ?" murmura Lyanna d’une voix faible, avant de s’évanouir sans s’en rendre compte.
Le bon côté de la voir porter une tenue légère, c’est qu’il avait pu contrôler rapidement son corps. Lyanna ne perdait pas de sang. Elle ne présentait pas un énorme hématome violacé de la taille d’un paillasson qui aurait pu révéler la présence d’une hémorragie interne.
Mais il n’était pas médecin. Ses connaissances se limitaient à une médecine de combat, sur le terrain, qui visait à maintenir le client en vie. Un vrai toubib lui manquait atrocement en cette heure.

Bien que son propre corps se rebellait et lui donnait envie de s’assoupir, là, à coté d’elle, et de laisser tomber les draps propre du gîte de Virgil ; Darren se fit violence et se contraignit à se relever. En face de lui, il y avait une sorte de brouette en bois assez solide, manifestement prévu pour le transport de rocher de taille raisonnable. Le militaire dégagea consciencieusement les gravats et les morceaux de bois autour de Lyanna. Il commença par se saisir de ses épées en les retirant délicatement. L’Amazone allait sûrement le maudire pour ça mais c’était dangereux de la déplacer avec ces rasoirs géants. Le soldat déposa les lames au fond de la brouette puis s’approcha de la jeune femme.
« Ca va faire mal... »
Il avait parlé surtout pour lui.
Test de virilité. On est un soldat ou on ne l’est pas.
Il aurait pu entendre son instructeur le lui gueuler à l’oreille, avec son gros chapeau et sa tendance à postillonner : « LA DOULEUR, C’EST DANS LA TÊTE. LÈVE-MOI CA CLIVE ! LÈVE MOI CA TOUT DE SUITE, ESPÈCE DE PUCELLE CONSANGUINE !!!! »
Et pile à ce moment-là où il chercha à soulever Lyanna - un bras sous ses jambes qu’il avait placé en équerre, l’autre au niveau de son dos - il n’avait jamais autant remercié le chef Rabson d’être dans sa tête.
« LÈVE, PUTAIN ! MAIIIIS LEEEEVE !!! »
Et Darren leva.

Le jeune homme trébucha un peu sur les débris mais il conserva un équilibre suffisant. Bancal mais suffisant. Les dents serrées, la tronche du type qui mise sa vie sur ce dernier effort, il transporta la guerrière jusqu’à la brouette pour l’y déposer. Le fait de se pencher et d’essayer de la retenir lui arracha un nouveau cri de douleur se finissant sur un :
« AAAAAaaaah la vache !!! »
Mais il avait réussi.
Ami de la poésie et du bon goût, au revoir. Il n’avait pas soulevé la Xéna façon princesse, le dos bien droit, comme s’il transportait un poids plume. Sa collègue avait été malheureusement soulevée comme un sac, l’une de ses jambes manquant de se perdre en-dehors de l’appui de Darren, avant d'atterrir bien inconfortablement sur une brouette.
Une brouette !

Darren était vraiment à bout.
Il se mit à maudire tout le monde. Max pour l’avoir secoué, bien moqueur, en lui disant qu’il partait avec la “sorcière d’Atlantis”. A cet administratif de merde qui avait mal fait son boulot et qui n’avait pas dit à Teyla que le peuple était désespéré.
Et parlons-en de Teyla !!! Avec ses conseils à la con tiens !!!
C’était la colère qui le tenait. Mal placée, pétrie de mauvaise foi, mais tellement utile pour aller jusqu’à la fin du chemin.
« MAINTENANT AVANCE ! ESPÈCE DE PEIGNE-CUL DE... »
Rabson, ou de l’art de savoir mener les hommes jusqu’à leurs dernières limites.
Le jeune homme ignora son flanc à l’image de cette ruine fumante et emmena son amie dans la rue. Il la transporta lentement mais sûrement en direction du gîte des commerçants, passant par le même chemin. Il croisa du regard la peinture, une terrible tentation lui venant à l’idée de l’ignorer, de foutre un coup de pied dans cette peinture du diable. Histoire de la rebalancer aux braises. Sa partenaire était dans les choux à cause de cette sale croûte et sa colère lui donnait envie d’en faire des confettis.

Il savait seulement qu’elle lui en voudrait.
Oui. Lyanna s’était prise d’affection pour Heimda.
Et Darren avait de l’affection pour la Xéna qui savait même pas comment vivre.
Donc...il savait qu’elle lui en voudrait de réduire le tableau en miette.

Darren décida donc de se venger sur le cadre en bois.
Il le cassa consciencieusement, séparant lentement la toile de la structure au prix d’une patience qu’il ne voulait pas avoir. Il roula ensuite la toile en forme de rouleau, veillant à ne pas l’abimer, et la cala à côté des épées de Lyanna.
« Ca va aller mieux. » fit-il de la voix du type qui n’en peut plus. « Tu as un putain de lit qui t’attends. Avec de vrais draps, un vrai oreiller. Et de la bouffe quoi ! De la bouffe !!! »
Il arrivait presque au gîte.
« J’vais m’occuper de toi. Une bonne nuit de sommeil et tu seras en forme pour me traiter de mâle et me fusiller du regard ! »

Un quart d’heure plus tard, les civils encore en forme avaient monté l’Amazone dans la suite qui lui était réservée. Avec l’aide de Darren qui ne voulait pas s’arrêter juste avant la ligne d’arrivée, ils avaient posé la jeune femme sur un drap qui servit de brancard informe. Ils la posèrent sur le lit double et s’en allèrent sans demander leur reste.
« Peut-on faire quelque chose de plus ? »
Darren lâcha ses affaires sur le siège d’en face. Il se laissa tomber sur le canapé en se tenant le flanc. L’immobilisme n’avait jamais été si bon et si agréable.
Le soldat se forçait à rester conscient, ne pas être distrait par l’épuisement en s’égarant dans les songes. Il énuméra une petit liste, entre le besoin de récupérer le matériel de Lyanna dans la brouette, ses épées surtout, puis obtenir de l’eau. Chaude pour la toilette, froide pour boire.
Virgil était tellement reconnaissant qu’il prenait lui-même le problème à bras le corps.
Le temps que Darren manipule son amie pour qu’elle soit agréablement enfoncée dans les draps, une servante amenait le matériel.

Clive attendit qu’elle reparte avant de se laisser aller. Il se posa sur un siège à côté du lit et ouvrit une poche de son gilet tactique pour sortir un paquet de cigarette. Celui qui se trouvait dans la ration. Le jeune homme n’était pas accro mais vu les circonstances…

« J’ai un pote de section...qui aurait pris son pied...a te peloter... » fit-il en profitant du fait qu’elle était dans les vapes pour cette sincérité.
« C’est vrai. Difficile de soigner quelqu’un couvert de ses fringues.... »
Ca l’amusa un peu sur le moment.
Le silence revint dans la chambre puis il resta là, à la contempler un instant, avant de se décider.
« Mais je m’appelle pas Matt alors... »
Darren se reposerait plus tard.
Ce n’était pas l’envie qui lui manquait. Vraiment pas. Mais l’état de Lyanna l’inquiétait. Il aurait pu prétexter la déformation professionnelle dans une telle assiduité. Seulement...c’était dans sa nature, tout simplement. Darren comptait s’occuper d’elle.
Après tout, personne ne l’avait fait jusque là, n’est-ce pas ?

Il écarta juste ce qu’il fallait de draps pour débuter les soins. Il commença par la nettoyer avec du linge et de l’eau chaude avant de se charger des blessures. Lyanna avait prit cher dans la chute, la faute d’une tenue inadaptée pour faire la fille de l’air. Elle n’avait rien de grave et c’était une très bonne nouvelle.
En revanche, elle avait eu le droit à son lot d’hématomes et d’écorchures. Certaines assez vilaines.
Il avait bien remarqué la coupure sur sa pommette, celle faite par le monstre qui avait failli la décapiter. Mais il se réservait cet endroit là à la fin. Lui décrasser le visage allait sûrement la réveiller.

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Lyanna
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Lyanna
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H
eureusement pour Darren, j’étais inconsciente depuis mon sauvetage par ce chevalier estropié digne d’un conte de fée catastrophique. Sinon, le militaire aurait sûrement eu le droit à quelques baffes bien senties, même si je n’avais en réalité pas la force de les donner. Entre le moment où il m’avait porté dans ses bras, ou celui où il examinait mon corps pour repérer d’éventuelles blessures, tous les ingrédients étaient là pour perdre sa vie sur le champs si je m’en étais rendue compte. Par chance, je dormais, épuisée, à bout de forces, je ne me rendis compte de rien, d’aucun affront sur ma personne. Mais au bout d’un moment, je finis par émerger. Une sensation étrange me sortit peu à peu de ma torpeur, quelque chose sur mon corps, d’humide et de chaud. Avec une étrange douceur. Je gémis dans mon sommeil, puis j’ouvris lentement les yeux, battant plusieurs fois les paupières à cause de la lumière. J’étais complètement perdue, j’ignorais où je me trouvais, et mes souvenirs étaient flous. Où étais je ? Comment étais je arrivée ici ?

Mon regard se posa sur Darren qui, comme à mon réveil ce matin, était près de moi. Très près de moi. Et trop près à mon goût. Et visiblement, la sensation humide et douce venait de lui, il me touchait le bras avec un chiffon. Je me redressai alors d’un bond, sur mes gardes, encore à moitié perdue concernant les derniers événements.

"Qu’est ce que tu fais ? Ne me touche pas !"

« Ola, hé, du calme... » répondit-il, le chiffon en l’air.

Mes réflexes avaient repris le dessus, mais en me redressant pour essayer de le repousser, je réprimais un cri de douleur. Mon dos me faisait souffrir, normal avec ma chute. Dans mon état, j’allais avoir du mal à porter ma main sur Darren. La mâchoire serrée, je fermai les yeux en interrompant mon geste, ce qui laisserait sûrement le temps au militaire pour réagir. Mais Darren ne chercha pas à fuir. Au contraire, il s’asseya sur le côté du lit en battant des bras, perdant patience.

« Et merde ! Je savais que j’aurai dû te soigner par dessus ta crasse... »

Il lança le tissu roulé en boule dans une grande écuelle d’eau en céramique. Elle était encore fumante...mais devenue grise.

« T’es à l’abri. » dit-il précipitamment en levant ses mains en signe d’apaisement. « Calme-toi, il y a pas de menaces ici... »

Je respirais profondément pour calmer la douleur, tout en écoutant les paroles de Darren. Etrangement, ses mots m’apaisèrent, ce qui était étrange comme sensation. Qui aurait cru que les paroles d’un mâle arriveraient à me tranquilliser. Lentement, je me détendis, mais je restais assise sur le lit tout en regardant autour de moi. Je me trouvais dans un lit, et si le militaire n’avait pas tenté de me calmer, j’aurais tout de suite imaginé qu’il était entrain d’abuser de moi pendant que j’étais inconsciente. Là encore, il l’avait échappé belle. Nous nous trouvions dans une chambre, probablement dans un bâtiment du village. Je tentai de me rappeler mes derniers souvenirs. Ah oui, la chute. L’attente. La douleur. Et Darren venu à mon secours, avant le trou noir. Mes souvenirs étaient flous, mais me retrouver ici était un véritable mystère.

"Où est ce qu’on est ?"

« Dans une auberge. Virgil nous a cédé cette chambre. »

Le soldat se racla la gorge. La gêne et le malaise avaient fini par l’atteindre par contagion alors il se tourna un peu de côté, regardant devant lui.

« Tu n’allais pas très bien alors je t’ai transporté jusqu’ici. »

Il avait la figure couverte de suie, sa sueur lui avait creusé des rigoles sur les plis et quelques rides. Quand il me regardait, le contraste de ses yeux et dents blanches lui donnaient des airs démoniaques.

« Mais j’ai de bonnes nouvelles. La peinture n’a rien, je l’ai mise à l’abri dans ce meuble-là. » fit-il avec un excès de positivisme, pointant la commode où se trouvait l’eau chaude. « Tu pourras le rendre à Heimda quand elle ira mieux. »

Je fus rassurée de savoir que la toile n’avait rien. Heimda serait heureuse de retrouver le souvenir de sa mère. Je me souvenais que le cadre était cassé, mais il pouvait se remplacer.

Darren marqua une pause. L’autre sujet était légèrement plus épineux.

« Et tes épées...sont là... »

Elles étaient posées contre la table basse, l’une contre l’autre, juste à côté de moi. Darren les avait positionné à ma portée. Il y avait touché…

Il le savait pourtant, je détestais que quelqu’un touche à mes armes. Il me regardait avec une sorte de grimace douloureuse en comprenant ma pensée.

« Désolé... »

Je fronçai les sourcils en écoutant les paroles de Darren qui avait la tête de quelqu’un qui venait de commettre une bêtise irréparable. Quand il parla de mes épées, je portai automatiquement la main dans mon dos, avant de me souvenir que les fourreaux avaient été détruits. Je les avais alors mise à ma ceinture pour les caler. Mais en tâtant ma hanche, je ne trouvais rien. J’eus alors un début de panique, ayant peur de les avoir perdu dans ma chute, mais le militaire les désigna sur la table à côté du lit. Rassurée, je les pris et les ramenai vers moi. Darren les avait donc ramenées en même temps que moi ? Bien sûr, je n’aimais du tout l’idée qu’un mâle les touche, et je l’avais déjà menacé de mort pour ça. Mais, ne pas les abandonner dans les décombres était une bonne chose, non ? Alors, pourquoi cet air désolé ? Ah moins que …

"Tu … tu me les as prise ?" demandai je sur un ton un peu froid, le fusillant du regard en comprenant que Darren avait de lui même retiré les épées de ma ceinture.
« Oui, Lyanna, je te les ai prise. » avoua-t-il après un soupir résigné. « Je serais tranché quelque chose en te portant sinon. »

"Je t’avais dit que je te tuerais si tu les touchais. Comment as tu osé ?" dis je en m’emportant, alors que Darren venait à peine de terminer ses explications.

Mais à ce moment là, je compris les paroles du militaire, et je le regardai avec un air à la fois surpris et incrédule. Il avait fait un geste qu’aucun mâle n’avait osé faire avant, sous peine de mort ? Avais je bien entendu ce qu’il venait de dire ?

"Tu m’as portée ? Jusqu’ici ?"

Darren marqua un temps d’arrêt.
Il hésitait à me répondre. Et il hésitait aussi sur la version qu’il donnerait entre ses bras et la brouette. Intérieurement, le jeune homme sentait déjà les emmerdes pleuvoir sur lui comme une giboulée surprise. Alors tant qu’à être dans la merde, autant l’être avec classe.

« Oui. »

Il secoua la tête.

« J’allais quand même pas te laisser là-bas à attendre que tu te réveilles. Je ne suis pas ton ennemi. »

Je dévisageai Darren en écoutant ses aveux. Mais je ne trouvai dans son regard aucune once de perfidie ou de mensonge. Je fus donc très surprise par son action. Certes, il disait ne pas être un ennemi pour moi, mais je ne comprenais pas pourquoi il avait fait tous ces efforts pour moi. Au moins, cette histoire eut le don de calmer mes ardeurs à son égard. Raaaaah mais comment faisait ce mâle pour que toute envie de lui en coller une s’envole aussitôt ?

"Tu m’as déjà dit que tu n’étais pas un ennemi. Mais je ne comprends pas pourquoi tu m’as porté jusqu’ici, alors que toi même, tu n’as pas l’air d’aller bien".

« Ben. Je veille sur toi, c’est normal. » fit-il, gêné.

Il voulut faire diversion.

« Je reconnais que c’est beaucoup plus simple quand tu dors. Je risque moins ma vie ! » Lâcha-t-il en espérant me faire rire.

L’aveu de Darren me prit au dépourvu, je ne sus pas comment réagir. Il veillait sur moi ? Aucun mâle n’avait jamais veillé sur moi. Leur rôle était de travailler ou procréer. Toute autre tâche était inutile, et mes Soeurs et moi n’avions pas eu du tout besoin de garde du corps. Encore moins un mâle, c’était un sacrilège qu’un mâle nous protège. Pourtant, celui là, avec toutes les menaces que j’avais lancé à son encontre, il voulait veiller sur moi. Je ne comprenais pas pourquoi. Et oui, je n’avais pas du tout le même relationnel que les Atlantes. Gênée, je détournai les yeux, n’osant plus le regarder. Puis, il sortit une petite plaisanterie disant que lorsque j’étais endormie, je risquais moins de le tuer. Ca c’était bien vrai. Malgré moi, un petit sourire apparut sur mes lèvres. Quoi ? J’étais amusée par ses paroles. Ce mâle était vraiment surprenant.
Forcément, il finit par capter mon sourire et il y répondit d’une même expression.

« J’aurai dû parier avec toi une deuxième fois. » lâcha-t-il pour tout commentaire avant de se redresser.

A ce mots, mon sourire disparut aussitôt, je ne m’étais même pas rendue compte que je souriais. Effectivement, si Darren avait parié, j’aurais encore perdu. Et je m’en voulais de faire preuve d’autant de faiblesse avec lui. Il déplaça l’écuelle d’eau chaude puis me fixa. Moi, dans le lit, avec mes deux épées dans les mains. Une scène qu’il n’avait jamais vu de sa vie jusqu’à ce jour. Une femme avec ses armes, assise sur le lit, enfermée dans le silence.

Il se mit à rigoler une seconde fois.

« Tu sais, j’étais en train de nettoyer tes plaies pour les panser. Je n’ai pas terminé. »

Darren marqua une pause, l’air hésitant.

« Est-ce que tu te sens…capable...de me laisser finir le boulot ? »
Il tenta de justifier cela par un petit : « Tu fais peine à voir. »

Je regardai le militaire se redresser, puis je fronçai les sourcils à ses dernières paroles. Je jetai un oeil à mon corps. Le mâle avait raison, j’étais couverte de suie, avec diverses écorchures par ci par là. Sans oublier le sang séché des bestioles. Aussitôt, je reportai mon attention sur Darren.

"Toi aussi, je te signale".

Je devais donc faire un choix. Soit m’occuper moi même de mes blessures, soit laisser le mâle finir ce qu’il avait commencé. J’étais partagée, et mon instinct me soufflait de le renvoyer de la chambre pour que je puisse m’occuper moi même de mes affaires. Pourtant, ne s’était il pas déjà occupé de moi depuis hier ? Et jusque là, il ne m’avait fait aucun mal. Il avait été même jusqu’à me porter jusqu’ici, du moins je le croyais, alors qu’il aurait pu me laisser dans cette bâtisse en ruine. Je réfléchis quelques secondes, avant de poser mes épées sur la table. Puis, je me déplaçai en gémissant sous la douleur, venant m’asseoir sur le bord du lit. Sans oser le regarder, mal à l’aise, je tendis mon bras, celui qu’il avait commencé à nettoyer avant mon réveil.

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Ven 20 Mar - 1:11

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Le Soldat ∞ L'Amazone
I
l aimait bien son franc parlé.
Son agressivité un peu moins. Mais sa façon de vouloir répliquer était drôle par moment. Il lui disait qu’elle avait mauvaise mine, elle savait lui renvoyer la pareille, comme si elle s’était sentie victime d’une boutade.
Mais ce qui était le plus grisant en fin de compte, c’était de gagner du terrain.

Darren ne pensait pas cela à mal.
Mais Lyanna pouvait clairement le renvoyer balader pour finir sa toilette seule, panser ses blessures en se contorsionnant, jusqu’à se rendre compte qu’elle avait un trou inaccessible dans le dos.
La voir hésiter offrait cet instant de suspension où le sort de Darren dépendait de ses actes passés, de sa façon de lui parler et d’essayer de rester diplomate. Visiblement, il y arrivait plutôt bien puisque, pour la deuxième fois, elle lui accordait le contact. Dans l’esprit de quelqu’un qui avait pris l’habitude de faire des hommes des cibles mobiles, cela devait être tout aussi inhabituel que déstabilisant.

Clive était manipulateur dans le fond, c’est vrai.
Mais il n’y avait pas de vice caché, pas d’intentions malveillantes. Il n’endormait pas la méfiance de Lyanna dans le but de se glisser sous sa couverture quand il la considérerait bien mûre pour la récolte. La manipulation qu’il appliquait visait à ce qu’elle lui fasse de plus en plus confiance parce que, au vu de leur situation qui se dégradait, ça devenait un besoin élémentaire. Ca...mais aussi le fait qu’il voulait lui apprendre ce qu’elle gagnait à rester sur Atlantis.

Xéna des temps moderne avait cette façon marrante de se décider, sur une mimique et une réponse verbale, posturale, tout en fuyant du regard. Darren savait qu’il ne parlerait jamais de tout ça dans sa section, même si on le cuisinerait. Par respect, par égard pour Lyanna. Mais s’il avait pu se confier à quelqu’un, il aurait assuré que c’était la première fois qu’il voyait un être dangereux fuir un regard sans même laisser paraître de la faiblesse.
Ce qu’il voyait là, quand elle lui présentait son bras sans le regarder, c’était une forme de concession.
Darren n’en parlerait jamais.
Et au fond de lui, il espérait qu’un jour, Lyanna en parlerait à Teyla et qu’elle lui dirait que c’était tout à fait normal. Entre soldats, sur une mission qui commence à déconner sévèrement, de se soutenir comme ça.

Clive reprit soigneusement le nettoyage des plaies. Il utilisait ce qui lui restait de son kit médical, ramassé par les braves âmes de Virgil plus tôt. Parfois des pansements adhésifs, parfois quelques attaches strips pour les écorchures les plus sérieuses. Mais pas besoin de point de sutures. Heureusement...le soldat n’était vraiment pas bon quand il s’agissait de recoudre. Il savait le faire mais le côté thérapeutique de la manoeuvre restait un point d’interrogation.

Pendant ce travail, le soldat prit son temps. Il se montra appliqué, sérieux, ne laissant pas ses mains se balader. Les épées avaient été laissé de côté mais il pouvait toujours y laisser quelques phalanges si le soin se transformait en caresses accidentelles. Il lui expliquait même ce qu’il faisait parfois, quand il recouvrait une abrasion d’un pansement alors qu’elle ne saignait pas. Que c’était pour protéger des prochains impacts.
Finalement, il ne restait plus que son visage. Darren présenta le linge humide devant elle, dans une amorce de mouvement, mais il le retint pour lui laisser la peine de choisir. C’était quelque chose qu’elle pouvait carrément faire seule. Mais se laisser aller à quelqu’un qui s’occupait de vous, c’était du baume à l’âme, de la chaleur humaine.
Le jour où ça lui était arrivé, Clive avait adoré ça. Silencieusement, discrètement, mais c’était d’un agréable peu commun. Juste le fait de lever le pied pour une fois, de laisser tomber les standard et les qu’en diras-t-on, pour sentir cette attention, qu’elle soit amicale ou non.
Darren ne l’avait pas regardé jusqu’à maintenant, histoire de ne pas la gêner. Mais cette fois, il restait là, le chiffon sur le point de se poser sur elle, un air interrogateur sur le visage, à savoir s’il continuait.

Durant toute l’opération, Lynna avait gardé le silence, le regard baissé. Elle se laissait faire, écoutait les explications de Darren. Et bien qu’au début, elle s’était raidie alors que le militaire la touchait pour soigner ses plaies, elle se laissa peu à peu aller à cette douceur et cette attention dont il faisait preuve. La guerrière devait avouer que c’était agréable. Elle avait déjà été soignée par ses Soeurs guérisseuses, mais ce contact là était bien différent. Bien plus plaisant, il fallait l’avouer. Mais la jeune femme ne prononça pas un seul mot, elle ne voulait pas reconnaître cet état de fait, ni l’avouer à voix haute. Elle se contenta de rester immobile, gênée par tant de proximité avec un mâle.

Au bout d’un moment, plus rien ne se passa. Lyanna osa lever les yeux pour regarder Darren, qui restait sans bouger, le chiffon humide près de sa joue. Il n’osait pas aller plus loin comme s’il attendait son accord. Il était vrai que la jeune femme pouvait le congédier et s’occuper seule de cette partie. Mais cette attention était si agréable qu’elle voulait qu’il continue, se surprenant elle même à penser à une telle chose. Un peu hésitante, elle acquiesça d’un léger hochement de tête, avant de baisser à nouveau le regard. Elle venait de lui donner son accord pour qu’il continue, un moment à marquer d’une pierre blanche. Lyanna sentit à nouveau le contact du chiffon sur sa peau, alors que le militaire reprenait sa tâche. Puis, sans qu’elle ne comprenne pourquoi, la guerrière leva les yeux et les plongea dans ceux de Darren, ne le quittant pas du regard pendant qu’il continuait de s’occuper d’elle.

Echange électrisant que le soldat maintenait, même s’il avait ce sentiment d’être un peu con.
Il avait envie de lui dire : « Tu vois ? C’est pas si terrible. »
Mais c’était prendre le risque de la renvoyer derrière ses défenses, qu’elle ne s’enterre sous sa montagne de hargne et de préjugés. Darren préféra garder le silence, il n’y avait pas grand chose à dire. Et il continuait de la fixer en se demandant si elle sentir cette petite attraction bien sympathique. Un léger sourire, il finissait sur sa joue gauche et garda finalement un index en crochet sous son menton.
« Qu’est-ce que tu sens, guerrière ? » la questionna-t-il d’une voix simple.

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Lyanna
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Ven 20 Mar - 1:15

Lyanna
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J
e réfléchis quelques secondes, ne sachant pas trop quoi répondre à la question de Darren. Lui dire ce que je ressentais en cet instant serait un aveu que je ne pouvais pas me permettre de dire, un signe de faiblesse que je ne voulais pas montrer. Pourtant, ce moment était apaisant et calme sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je me sentais bien. Qui aurait cru qu’un mâle pourrait être à l’origine de cet étrange bien être ? Je me mordis légèrement la lèvre, pesant le pour et le contre de la réponse que je devais donner.

"C’est … c’est agréable … j’aime bien. Mais cette sensation est étrange, je n’ai jamais ressenti autant de … calme".

« C’est normal. C’est la première fois que tu le vis. » murmura le soldat.

Il conservait son index en accroche sur mon menton et fît migrer son pouce pour me caresser la joue.

« On surnomme ça la "chaleur humaine". Ca marche avec les gens que tu ne détestes pas. »

Il marqua une pause avant d’ajouter :

« Tu sens que tu as envie de t’approcher encore un peu ? »

Je frissonnai lorsque Darren caressa doucement ma joue avec son pouce, et je n’eus aucune envie de le repousser ou de l’arrêter, ce qui était très étonnant pour moi. La notion de "chaleur humaine" était encore un terme flou et inconnu pour moi, mais je ne fuyais pas dans la peur ou la haine. Et j'en ignorais la cause, cela venait sûrement de Darren. A la question de ce dernier, j'ouvris la bouche pour répondre, hésitante, mais je ne parvins pas à émettre le moindre son. Je me contentai simplement d’un petit hochement de tête en signe d’acquiescement.

Le soldat souriait un peu. Aussi proche l’un de l’autre, les souffles se mêlaient dans une petite tension progressive.
Dans l’intimité de cette chambre sans personne pour les gêner, Darren conservait sa position tout en continuant de murmurer, participant à ce moment envoûtant pour que je n’y échappe pas.

« Pour finir le chemin, tu penches légèrement la tête d’un coté. » lui enseigna-t-il sur un fond espiègle. « Et tu approches doucement. En fermant les yeux c’est plus agréable. »

Je fus hésitante sur la marche à suivre de moi même, contrairement à la veille pour Darren qui avait entrepris de lui même de m’embrasser. Poussée par cette envie naissante et mystérieuse, j'avançai lentement mon visage tout en suivant les instructions du militaire. Et bien sûr en me remémorant ce qui s’était passé à notre premier baiser. Je fermai les yeux, et posai délicatement mes lèvres sur celles de Darren, frémissant à ce contact. Le militaire me laissa faire un petit instant, un rire amusé s’échappant en me sentant aussi novice. C’était mignon. Il avait l’impression de faire un saut dans le passé pour se revoir adolescent, cette fois du bon côté de barrière. C’était lui qui apprenait à quelqu’un à embrasser et il ne serait pas aussi perfide que celle qui l’avait lâché à l’époque.

Darren déplaça sa main pour cueillir gentiment ma nuque, ses phalanges se glissant sous ma chevelure, et il m’amena un peu plus contre lui. Il termina un petit moment plus tard en laissant son front collé contre le mien.

« C’est tout à fait normal, tu sais ? »

A la fin du baiser, j'étais encore perdue dans mes sentiments, les yeux fermés, à reprendre mon souffle. Je ne réagis même pas alors que Darren me tenait contre lui, et que son front était posé contre le mien. J'aimais malgré moi la sensation que cela me procurait. Je ne comprenais pas encore que ce simple geste, ce simple moment était quelque chose de courant entre les gens qui s’aimaient ou qui étaient attachés l’un à l’autre, cette notion étant encore vague pour moi.

"Normal ?" demandai je sans bouger, les yeux toujours fermés pour profiter encore de cet instant.

Darren sourit et déposa un bref baiser supplémentaire sur mes lèvres avant de répéter un « Normal. » insistant. Il ne voulait pas que je me sente en état de faiblesse ou trahie d’une quelconque façon.

« Quand des gens se plaisent et s’attachent un peu, c’est ce qui se fait.. »

Il s’écarta légèrement.

« Ca veut dire que tu as le droit de recommencer quand tu veux. C’est naturel Lyanna. C’est comme ça que les choses se font, tant que tu en as l’envie. »

Je rouvris les yeux quand je sentis que Darren s’écartait de moi. Ses paroles me firent froncer les sourcils. Voilà que maintenant, mes pensées étaient tournées vers des sentiments nouveaux que je pourrais avoir à l’égard d’un mâle, au lieu de tout simplement le haïr comme avant. Darren avait vraiment un fort pouvoir de persuasion sur moi.

"Et si l’autre ne veut pas ?"

Dire qu’il ne s’y attendait pas serait mentir. Darren me faisait connaître le côté tout mignon et plaisant de l’affaire mais pas ce qui découlait d’une séparation.

« On appelle ça une rupture. C’est douloureux. » avoua Darren. « Mais ça veut dire que ce n’était pas la bonne personne. Tu en trouves une autre un jour avec qui ça dure plus longtemps. Voir même où ça ne se termine pas. »

J'étais encore plus perdue par les aveux de Darren. Si cette rupture était douloureuse, alors pourquoi tenter de trouver quelqu’un ? Si jamais je me laissais un jour aller avec un mâle qui était gentil comme le militaire, et que celui ci décidait de me laisser tomber, j'étais prête à parier que je lui arracherais les entrailles avant de le regarder mourir lentement. Je baissai un instant les yeux, méditant sur ces paroles, avant de reporter mon attention sur Darren. Il m'avait parler de rupture, alors avait il vécu ça ?

"Tu as déjà eu ça ? Une … rupture ?"

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Ven 20 Mar - 1:16

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Le Soldat ∞ L'Amazone
PAF !!! En pleine poire Darren !
C’en était encore plus saisissant que la jeune femme le lui demandait avec beaucoup d'innocence et de curiosité. La question était légitime mais ça lui ficha un sale coup au moral. Son expression se défit progressivement puis il se redressa pour s’installer à ses côtés, soupirant un peu. Il ne voulait pas lui parler d’Eidolas mais elle méritait bien de connaître le revers de la médaille.

« Oui...j’en ai déjà eu. » reconnut-il.
Un léger malaise était en train de naître alors il se décida à lui expliquer son expérience.
« Il y a un an, j’ai connu une femme comme toi, qui venait d’ailleurs. »
Le soldat se racla la gorge.
« Elle était épatante, intéressante. J’ai partagé beaucoup de moments avec elle. Au point qu’on est parti en mission ensemble et qu’on s’est sauvé la vie l’un et l’autre. Je pensais que ça ne s’arrêterait pas. Mais un jour...elle a tout simplement...disparue. »
Darren claqua des doigts.
« Comme ça, d’un coup. Je n’ai plus jamais eu de nouvelles d’elle. »
Pas question de transmettre sa tristesse à une petite nouvelle dans le domaine du sentiment. Il lui donna un coup petit coup d’épaule complice.
« Mais c’est comme ça la vie. Tu partages un moment avec quelqu’un qui ne s’avère pas être la bonne personne. Ca n’empêche pas d’avoir eu des moments super sympa. Maintenant, je tombe sur une guerrière très colérique qui tape tous les gars qu’elle croise... »
Il laissa sa phrase en suspens et la fixa pour la conclure dans un sourire.
« Et ça me dérange pas quand elle m’embrasse. Pas du tout. »

Darren espérait ne pas la perdre complètement.
« Peut-être que ça continuera. Ou peut-être que l’un de nous finira par dire non. Mais tu vois, si tu ne le fais pas par peur de souffrir, tu ne vis tout simplement pas Lyanna. »
Le soldat haussa joyeusement des épaules.
« Parce que ce que tu ressens et qui te donne envie de plus, c’est vraiment une miette de pain contrairement au reste. Il y a encore mieux ! Ca vaut la peine de prendre le risque. »

Lyanna garda le silence en écoutant les explications de Darren. Celui-ci lui parla d’une ancienne amie à lui, avec qui il aurait partagé son expérience, avant de tout simplement disparaître de sa vie. Peut être qu’il était arrivé quelque chose à cette femme ? Ou alors, elle s’était rendue compte que les mâles étaient inutiles et fourbes, et elle s’était enfuie pour lui échapper ? Si elle parlait de n’importe quel homme, la deuxième théorie pouvait être vraie. Mais pour Darren, Lyanna avait du mal à le croire. Le militaire était vraiment différent des mâles qu’elle avait rencontré, et même sur Atlantis. Teyla lui avait déjà expliqué cet état de fait, mais la guerrière se souvenait très bien de sa rencontre avec Matt. Et il y avait un énorme fossé entre Darren et Matt. Quoique, Lyanna était également plus agressive et impulsive lors de sa rencontre avec lui. Mais Darren était visiblement plus gentil et plus attentionné. Il lui rappelait d’ailleurs Carson, son côté militaire et combattant en plus. De tous les hommes d’Atlantis, il y en avait bien un que la jeune femme ne craignait pas du tout depuis le début, c’était bien le Docteur Beckett. C’était étrange, mais c’était comme ça, Carson était l’opposé des guerriers qui vivaient sur sa planète. Et d’un certain point de vue, Darren était semblable. C’était peut être pour cette raison que la barrière qu’elle avait érigé autour d’elle pour se préserver des mâles s’effritait de plus en plus en présence de cet homme.

Darren ne donna pas davantage d’explication sur sa précédente relation, avant que le sujet ne s’oriente sur elle même. Une guerrière qui frappait tous les mâles qui croisaient son chemin. C’était bien elle. Puis, le militaire fit un aveu qui la prit à nouveau au dépourvu. Il n’était pas dérangé quand elle l’embrassait ? Il appréciait ça ? Lyanna ne sut pas quoi dire, ni comment réagir. Elle se contenta de détourner les yeux. Ses joues prirent alors une légère couleur écarlate, signe qu’elle était touchée malgré elle par les paroles de Darren. Elle joua nerveusement avec ses doigts en les tordant, une chose qu’elle n’avait jamais fait avant. Il fallait dire qu’elle ne s’était jamais retrouvée dans cette situation embarrassante. Mais également plaisante de savoir que, sans le vouloir, elle s’était contre toute attente rapprochée d’un mâle qu’elle avait menacé plusieurs fois, et que celui ci ne voulait pas se venger ou lui faire du mal. Au contraire, sa compagnie ne semblait pas le déranger. Pourtant, malgré ces nouveaux sentiments qui l’envahissaient, et qui lui faisaient peur, il fallait l’avouer, Lyanna ignorait si elle pouvait se laisser aller. Car cela voulait dire apprendre à faire confiance aux mâles autre que Darren. Et c’était quelque chose qu’elle avait encore du mal à accepter.

"Je … je ne sais pas si je suis faite pour ça. Je ne suis pas comme les femmes de ton monde. Et pourquoi me vouloir moi, plutôt qu’une autre ?" demanda-t-elle, les joues toujours rougies, en continuant de tordre nerveusement ses doigts.

« Tu es une humaine, tu es faite pour ça. » lui rappela-t-il doucement. « Mais c’est vrai que tu auras beaucoup de chose à apprendre. Beaucoup de retard à rattraper. Comme lorsque tu as commencé à apprendre à te servir de tes lames, j’imagine que ça a été dur. Il t’a fallu de la persévérance, de la ténacité, et te relever à chaque fois que tu chutais. »
Le soldat sourit.
« C’est la même chose qui t’attend. Mais ça vaut le coup, crois-moi. »
Et il se tourna joyeusement vers elle en ajoutant :
« Et pour ton autre question : ça ne s’explique tout simplement pas. Je t’avoue que je n’ai jamais eu cette idée, pas même quand j’avais ton image en main. Mais ça arrive, c’est comme ça. »
Il vint emprisonner d’une main les doigts torturés de Lyanna pour lui faire cesser cette auto-flagellation.
« Je sais maintenant que sous toute cette colère et cette haine, il y a une femme courageuse prête à apprendre ce dont elle a été privé toute sa vie sur sa planète. »
Il marqua une pause.
« Je te trouve drôle à ta manière. Et j’adore te voir hésiter avant de céder. C’est en partie pour ça que ça me déplait pas de faire un bout de chemin avec toi. »
Darren acquiesça.
« Il y a un dicton qui dit que le coeur a ses raisons que la raison ignore. Ca veut dire que, parfois, ce n’est pas logique. Ca arrive tout simplement. Tu comprends ? »

Lyanna se laissa faire lorsque Darren attrapa ses doigts avec les siens pour qu’elle cesse de les tordre. Elle aimait bien ce contact, quelque chose que le militaire disait qu’elle ne connaissait pas et qu’elle devait découvrir peu à peu en luttant contre tout ce qu’elle avait appris. Qui aurait cru que ces deux là allaient se rapprocher, après leur rencontre mouvementée, entre Darren qui ne savait pas comment s’y prendre mais qui tentait le coup, et Lyanna qui n’avait qu’une seule envie, tuer son partenaire de mission ? Le soldat lui sortit un dicton qui lui était inconnu, avant de le lui expliquer. D’autres auraient pu être sortis, comme celui des opposés qui s’attirent, ou encore qui aime bien châtie bien. Lyanna écouta les paroles de Darren, essayant de comprendre ce qu’il voulait lui expliquer, même si certains passages étaient encore flous pour elle. Mais comme lui avait dit le militaire, il lui faudrait du temps pour apprendre quelque chose de totalement nouveau. Elle haussa les épaules avant de prendre la parole.

"J’ai appris à me battre avec des épées depuis que j’ai quatre ans. Et je suis devenue une experte à l’âge de 12 ans. Ca a beau avoir pris du temps, j’ai l’impression qu’apprendre ce truc là, c’est plus difficile et plus long".
« C’est...différent. » lança-t-il. « D’autant plus que ton vécu change aussi selon ton partenaire. »
Il accentua légèrement la pression contre ses doigts.
« Je te montrerai tant que tu voudras découvrir, je te ferai jamais de mal. Je ne te le dirai jamais assez. Maintenant...je peux te dire quelque chose sans que tu ne te fâches ? »

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Lyanna
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Ven 20 Mar - 1:19

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J
e fronçai les sourcils à la question de Darren, ignorant ce qu’il voulait dire d'aussi horrible pour craindre que je ne me mette en colère. Je m’attendais à une mauvaise nouvelle, et peut être que ce que je pensais de lui allait changer. Non ?

"Je ne te promets rien" dis je malgré moi. "Qu’est ce qu’il y a ?"

Le soldat me sourit et avança une main le long de ma chevelure. Il pinça l’une de mes mèches dont celle de droite s’interrompit très exactement à la même hauteur que ma blessure à la pommette.

« Le monstre qui a osé s’en prendre à ton joli petit visage s’est improvisé coiffeur... »

Sur le coup, je ne comprenais pas vraiment où Darren voulait en venir en caressant mes cheveux, puis en me montrant une mèche. Fronçant les sourcils, je pris alors la mèche dans ma main, et fis de même de l’autre côté, remarquant alors la différence de taille. Le projectile avait coupé l’une des mèches de ma chevelure, la raccourcissant par rapport à l’autre côté.

"C’est pas vrai !!!"

Cela avait beau être une question d’esthétique, et même si je n’étais pas vraiment portée sur ces détails là, l’idée d’avoir des cheveux mal coupés me mis quand même en colère.

"Saleté de monstre. S’il n’était pas déjà mort, je le tuerais sur le champs en le faisant souffrir !"

Envahie par mes émotions, je me levai brusquement, mais mon corps endolori me rappela à l’ordre. Je serrai les dents pour étouffer un gémissement, ayant du mal à bouger sans avoir mal.

« Atatatatatata ! » marmonna le soldat en posant ses mains sur mes épaules, m’accompagnant pour que je retrouve les oreillers.

« Tu tiens à peine debout, voyons ! »

Darren avait du mal à ne pas se marrer. C’était en ça qu’il me trouvait drôle, ma façon de rager pour un rien et de vouloir retourner aussi sec à la baston.

« Il te faut du repos et un bon repas. Je t’impose l’un et je t’amène l’autre bientôt. En attendant... »

Il se racla la gorge.

« J’ai un problème avec ton armure, Lyanna. Tu as un trou dans le dos et elle m’empêche d’accéder à ta blessure alors... »

Je ne pus aller plus loin car Darren m'intima gentillement l’ordre de me rallonger. En temps normal, je n'aurais jamais accepté qu’un mâle me donne un ordre, mais pas cette fois. Et puis, je souffrais trop pour pouvoir lui résister. Je savais parfaitement que si j'essayais, le militaire aurait le dessus. Et impossible d’accepter une défaite face à un mâle, même lui. Je me rallongeai, pendant que Darren m'affirma qu’il irait me chercher à manger. C’était une très bonne idée, je n’avais rien mangé depuis la veille, et tout ce qui s’était passé depuis avait réveillé mon estomac. Par contre, le militaire changea de sujet pour parler d’une blessure dans mon dos, que ma tenue recouvrait. Je soupirai. Non seulement ma chevelure avait été attaquée, mes fourreaux détruits. Mais maintenant, même mon haut avait souffert. Maudits monstres.

"C’est cette créature, celle qui a détruit les fourreaux de mes épées. J’ai sentis ses crocs contre mon dos, mais je ne pensais pas qu’il m’avait blessé".

« Ca n’a pas l’air grave. Mais il ne faudrait pas que ça s’infecte. »

Maintenant que je commençais à faire peu à peu confiance en Darren, et qu’il prenait soin de moi depuis toute à l’heure contrairement à un autre mâle, je me redressai dans mon lit pour m’asseoir. Sans aucune gêne, je défis le cordage de mon haut qui se trouvait devant en guise de décolleté, puis je me tournai pour présenter mon dos à Darren. Je retirai mon haut, étant maintenant à demi nue devant le militaire, même s’il était derrière moi. Ma culture ne savait pas ce qu’était être pudique, et encore moins se dévêtir devant un mâle. Voilà pourquoi je n’étais pas gênée d'être ainsi découverte.

Le soldat avait été surpris par ce geste si “anodin” sur le moment. Darren se disait que je n’allais pas me dévoiler comme ça, d’un coup, aussi directement. Plus je progressais dans mon geste, et plus il sentait le moment où il allait lui dire un gros “STOP”. Non pas qu’il était contre l’idée d’avoir une Lyanna en tenue d’Eve en face de lui, ça aurait été hypocrite sachant qu’il était venu vers l’atelier de tailleur de pierre pour s’offrir un échantillon. Mais comme ça, par manque de pudeur, ça aurait été un véritable gâchis. La chance ou volontairement, je me tournai pour lui présenter mon dos. Le fameux haut blindé d’un cuir épais traînait maintenant sur le côté du lit. Darren était plutôt satisfait de garder les détails de mon anatomie pour un autre jour, si j'allais jusque là bien sûr.

Il prit le linge humide et nettoya mon dos, bien que celui ci ne présentait pas beaucoup de saleté à cet endroit là. J'avais perdu du sang en plein milieu de mon dos. Heureusement, en chassant les reliquats encroûtés, le soldat remarqua que les plaies étaient bénignes. Les fourreaux et mon armure avaient fait un bon boulot, les crocs n’aillant qu’entamé superficiellement sa peau. En revanche, mes épaules et une partie de mes omoplates avaient pris l’empreinte des bandes de fourreaux à cause de la compression. Le travail de Darren dévoila quelques petites cicatrices. Il en repéra une sur mon épaule. Une au milieu du dos et l’autre qui se trouvait beaucoup plus bas.
Tiens ... en parlant de basse altitude ... son chiffon humide s’y perdit un peu. Le regard aussi ... et un peu d’attention, il fallait avouer.

Clive cligna des yeux, se reprenant. Oui ... de l'entraînement toute la vie dès le bas âge, ça me galbait.

« J’ai presque fini. » dit-il en posant un pansement. La plaie était bien désinfectée, bien propre. Il colla l’adhésif et en profita pour laisser courir ses doigts le long de mes muscles dorsaux.

« Un jour, si tu te sens suffisamment confiante pour t’allonger sur le lit en me présentant ton dos, je te montrerai quelque chose que toutes les femmes adorent ! On appelle ça "le massage". »

Je restai immobile et silencieuse pendant que Darren s’occupait de nettoyer ma blessure dans le dos. J’avais beau ne pas être pudique, je continuais à me raidir sous ses actes, car je ne pouvais pas voir ce qu’il faisait. Bien que nous nous étions rapprochés, mon instinct me permettait de rester sur mes gardes, car le danger pouvait venir n’importe où, n’importe quand. Et je n’allais pas effacer ce qui faisait ma personnalité d’un claquement de doigt. Les mauvaises habitudes étaient difficiles à oublier. Le dos tourné, je ne vis pas que le regard du militaire s’était perdu quelques secondes, puis je sentis le pansement posé contre ma peau. Dès que Darren eut terminé, je remis mon haut, l’écoutant parler de quelque chose que je ne connaissais pas. Le massage. J’avais déjà entendu ce mot sur Atlantis, mais je n’avais jamais demandé la définition pour savoir ce que c’était. Le soldat m’affirma que les femmes adoraient ça, et qu’il suffisait simplement de s’allonger sur le ventre, le dos nu. Je me retournai et regardai Darren, sondant ses yeux pour essayer de connaître ses intentions. Cela avait il un rapport avec cette chaleur humaine dont il m’avait parlé, avec toutes ces histoires de baiser, de couple ou d’intimité ? Je tentai de le questionner, mais Darren préféra ne pas me répondre, voulant garder le mystère et la surprise sur l’art du massage. Comme il l’avait dit, si un jour je me sentais prête, je pourrais en bénéficier en le lui demandant. Je réfléchis à ses paroles, mais cette idée de massage me paraissait être quelque chose de trop intime. Et bien que je me laissai peu à peu aller avec le militaire, je ne me sentais pas encore capable d’accepter une telle proximité. Ou même de venir me blottir dans ses bras pour ressentir sa chaleur. Je secouai négativement la tête, même si Darren comprenait mon refus.

"Je ne sais pas. Peut être un jour. Mais … je ne sais pas quand".

« Seulement quand tu auras envie. Chaque chose en son temps. » avait-il répondu, confiant.

Je détournai le regard à ses paroles, acquiesçant d’un léger hochement de tête. Par la suite, je n’eus pas le temps de faire quoique ce soit, que Darren s’éclipsa pour me laisser dormir. Il m’en avait donné l’ordre, sans que le ton de sa voix soit autoritaire, mais même sans ça, j’étais épuisée, à bout de forces. Après son départ, je remarquai un plateau posé sur la table, où se trouvait de la nourriture. Beaucoup de nourriture. Ainsi que de l’eau. Le genre de repas que l’on pouvait offrir à un Seigneur en visite. Mon estomac gronda alors de faim, il était vide depuis la veille au soir. Et la bataille contre les créatures n’avait rien arrangé. Je me dirigeai alors vers la table, marchant lentement à cause de mes membres endoloris, et je commençai à manger une grande partie du plateau. Bon, il en restait encore pas mal pour Darren s’il en voulait. Mais je ne me privais pas, ayant une faim de loup. Après un bon repas copieux, je retournai m’allonger dans le lit, sous les draps. Trop fatiguée, je m’endormis en quelques secondes après avoir fermé les yeux.

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Ven 20 Mar - 1:20

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Le Soldat ∞ L'Amazone
Le soldat quitta la chambre peu de temps après, lui conseillant de dormir pour se refaire une santé. Il éprouvait le besoin de s’éloigner pour s’occuper de lui. Son corps flanchait bien plus salement une fois passé le petit flot d’émotions et de sensations agréable. Ses côtes le faisait toujours autant souffrir et il allait devoir s’y concentrer. Lyanna aurait pu l’aider par un juste retour mais une fierté un peu mal placée lui faisait penser différemment.
Maintenant qu’il était certain que son amie se portait bien, tant physiquement que mentalement, Darren redescendit jusqu’au rez de chaussé servant d’auberge. Il demanda de nouveau de l’eau chaude à l’ordinaire et se trouva une petite place dans l’arrière salle servant de réserve.

Un peu d’intimité et de tranquillité pour Lyanna.
Elle avait besoin de sommeil et de s’acclimater à tous ces changements qu’il lui faisait subir. Lui aussi avait besoin de s’acclimater d’ailleurs, il avait le sentiment d’avoir foutu les deux pieds dans un piège à loup. Darren se dégota un morceau de miroir qu’il posa en appui sur le meuble d’en face. Il s’effeuilla douloureusement, torse nu, pour se contrôler. Il remarqua avec une certaine surprise la sale gueule de son flanc droit, là où la créature avait tenté de le bouffer. La compression de la mâchoire l’avait marqué d’un profond hématome mais il semblait avoir eu moins de chance que Lyanna.
A deux ou trois endroits, il présentait des perforations. Ca n’avait pas l’air bien grave puisqu’il n’avait pas perdu tant de sang. En y plaçant les mains peu après le combat, il n’en avait même pas remarqué.
Consciencieusement, Darren palpa les bords de la blessure. Celle qui semblait la plus profonde le fît réagir soudainement, signe qu’un corps étranger s’y trouvait encore. C’était bien ça qui le faisait douiller depuis le début. Il poussa une légère plainte et décida de ne pas insister.

Clive s’examina encore un certain temps puis se lança dans une toilette complète, perché au-dessus de sa bassine. Il se débarrassa de toute la crasse, la suie et le sang ennemi, se servant d’un morceau de savon et d’un linge. La fraîcheur qu’il retrouva était agréable et salutaire. En oeuvrant, il se laissa aller dans ses pensées, songeant au fameux piège à loup.
Ce qu’il avait raconté à Lyanna était sincère. Des fois ça ne s’expliquait pas, c’était comme ça. Max lui aurait dit qu’il risquait de se laisser tenter par Xéna durant sa mission, il en aurait bien ri en haussant les épaules.

Et là...il se regardait dans ce morceau de miroir en étant satisfait de l’avoir fait fondre. Un léger sourire malicieux trainait au coin de ses lèvres en se disant que, de tous les soldats, il avait été celui qui l’avait eu. En une journée, favorisé par l’ignorance de Lyanna, elle lui était tombée dans les bras. La guerrière qui voulait buter tout le monde...sauf lui. (Enfin, il y travaillait encore !))
C’était flatteur, ça lui plaisait. Et accessoirement, il cumulait la petite satisfaction personnelle d’avoir coiffé Matt au poteau. Le saligaud avait tenté le coup, il en était certain.

Ce n’était qu’un début. Lyanna n’allait pas soudainement devenir une passionnelle transie, heureusement d’ailleurs. Il aurait encore tout un tas de barrières à dégommer s’il en voulait un peu plus. Ce serait du sport et l’idée lui plaisait. Darren se regarda une nouvelle fois dans le miroir. Il ne se sentait pas spécialement amoureux, ce n’était pas l’histoire du fameux coup de foudre.
Mais il y avait ce petit truc qui faisait la différence lorsqu’ils s’embrassaient. C’était inattendu…et très très plaisant.
« Je ne vous dérange pas ? »
Clive se déporta un peu pour obtenir la silhouette de Virgil sur le miroir. Il était arrivé dans son dos, les bras croisés, le visage grevé d’une importante fatigue. Darren reprit sa toilette pour accélérer le rythme.
« Non. Votre fille va bien ? »
« Elle dort. J’ai bon espoir. Et votre amie ? »
« C’est une coriace. Elle sera d’attaque demain. »
L’homme hocha la tête. Il quitta sa position pour venir de flanc, s’appuyant contre le mur.
« Heimda avait eu le temps de m’avertir que la compagnie des hommes lui était détestable, preuve en est de sa réaction à mon conseil. »
« C’est mieux quand c’est Heimda qui fait le relais, c’est vrai. Pourquoi ? »
« Ma fille n’est pas en état de lui transmettre mes remerciements. Et puisque je ne veux pas l’insulter par ma présence, je comptais sur vous. Je ne m’attendais pas à autant de bonne volonté de votre part, Atlante. »
Le Lord était sincère. Dans la modestie qui faisait son charisme, et qui plaisait beaucoup au militaire, Virgil insista sur ces mots. Il ajouta :
« Dites-lui bien que je vous suis éternellement reconnaissant. Je n’oublierai pas ce que vous avez fait pour ma fille lorsque je recevrai les futurs diplomates d’Atlantis. »
« Je transmettrai. »
Le soldat s’essuya le visage avec le linge propre et repassa son uniforme.
« Je compte nous laisser la nuit pour récupérer des forces. Après ça, on se remettra en chasse de ceux qui vous veulent du mal. Je trouve que les derniers événements s’acharnent un peu trop sur votre pouvoir et celui de votre fille. »
« L’incendie n’était pas accidentel, je le pense aussi. »
« Alors on trouvera ce qui se cache derrière dès demain. »

Virgil acquiesça, satisfait.
« La jeune fille qui vous a donné l’eau s’appelle Abelle. Je l’ai détaché à votre service, s’il vous faut quoique ce soit... »
« Je lui demanderai. J’apprécie. »
Darren replaça son gilet tactique et se fît beaucoup plus lent au niveau de son flanc. Il releva que Virgil avait veillé que le serviteur soit une femme pour ne pas froisser Lyanna.
« Comment vont les autres ? »
« Quatorze morts. Beaucoup de blessés. Mais la situation se stabilise. »
Virgil se montra optimiste.
« Des volontaires ont été touché par votre courage. Un convoi d'apothicaires, de chasseurs et d’artisans reviennent par la route que vous avez libéré. A seule fin de soutenir la résistance que vous avez engagé.»
Il soutint le regard de Darren.
« Le sac de têtes a suffi à me convaincre, je n’en demandais pas tant. »
« Mon amie sera déçue de ne pas vous l’avoir déposer au pied. »
« Elle pourra se rattraper sur les mystérieux conspirateurs responsable de tous ces morts. Je vous rémunérerai comme il se doit. »
« J’en discute avec Lyanna, on vous répondra demain. »
« Merci Darren. Je ne vous importune pas plus. »

Virgil lui serra la main et s’en alla.
Dans le couloir un peu plus animé s’entassaient plusieurs civils qui attendaient des réponses à leurs problèmes. Le Lord reprit immédiatement les rennes et la gestion de ses serfs. Le soldat le regarda faire un instant puis décida de s’éloigner.

Virgil l’avait un peu coupé pendant qu’il faisait le point sur sa situation, le curieux chemin qu’il empruntait avec Lyanna. Il aurait préféré y retourner mais sa conscience le maintenait sur un sujet bien moins joyeux. Le soldat s’écartait grandement de sa mission et il prenait des largesses qu’Atlantis n’apprécierait probablement pas. Il opérait sans rendre compte et ça commençait à le déranger. Virgil, plus que tout, avait besoin d’eux maintenant. Leur promettre des récompenses tendait à faire d’eux des mercenaires.
Cas de conscience.
Darren se forçait à se rappeler que la mauvaise gestion des administratifs avait été la cause de tout ça. Cette histoire entre Macon et Teyla méritait d’être éclaircie, il y avait quelque chose de franchement pas net.

Une heure plus tard, après avoir fait la connaissance d’Abelle et assisté à l’arrivée du convoi des “résistants”, Darren décida de remonter dans la chambre. Il était à bout de force et ne rêvait que de ce coin de canapé pour se reposer. Comme il l’avait supposé, Lyanna s’était profondément endormie et il rejoignit le canapé à pas de loups. Le soldat agença les quelques oreillers puis sombra en très peu de temps.
La fin de soirée devint la nuit. Puis la nuit s’écoula jusqu’à une heure très tardive.
C’est à ce moment là, pile au milieu de ce silence très reposant, qu’une voix tira Darren de son sommeil. L’esprit très embrumé, il eut beaucoup de mal à comprendre que l’appel venait de son oreillette radio.
Il souffla d’épuisement et s’asseya sur le canapé, jetant un regard vers les vagues que faisaient les draps d’en face sous le corps de Lyanna. Elle dormait...il ne voulait pas la réveiller.

// Soldat Clive, Soldat Lyanna, ici Atlantis. Répondez. // s’impatienta la voix.
// J’suis là… // murmura Darren en s’approchant du lit pour vérifier que son amie allait bien.
Elle ne semblait pas s’être réveillée en sursaut, sentant sa présence d’homme, avec l’automatisme de lui fendre le crâne d’un bon coup d’épée. Elle semblait dormir vraiment profondément.
// Ah, enfin ! //
Il renifla et se rendit dans le couloir. Après avoir refermé la porte sans utiliser la poignée, laissant un jour entre le couloir et la chambre, il répondit de façon plus claire.
// Première Classe Clive. Vous voulez que je m’identifie ? //
// Inutile, Clive. Vous êtes en retard de plus de douze heures, que se passe-t-il ? //
//On nous a mal renseigné. Lyanna et moi avons été pris dans une évacuation générale et une menace bien plus sérieuse qu’un Wendigo. On enquête pour...//
// Pardon ? Vous quoi ? //

Darren se réveillait pleinement maintenant.
Il marqua un temps de silence, comprenant facilement le malaise qui s’installait.

// Avez-vous livré le matériel ? //
//Affirmatif.//
// Alors que faites-vous encore là ? //
Darren savait que ce moment allait lui poser problème. Il avait simplement espéré que ça ne se fasse pas au beau milieu de la nuit, bien que l’horloge d’Atlantis était en décalage avec eux. On visait à lui couper le souffle en le culpabilisant. On ne lui demandait même pas pourquoi il était resté, on ne le transférait pas à une personne plus adaptée pour prendre le relais.
Heimda l’avait dit. Le message adressé à Atlantis avait été largement sous-estimé et Darren sentait qu’on ne voulait pas savoir ce qu’il se passait réellement.
// Je demande à parler à Teyla, elle est connue sur ce monde. //
// Madame Emmagan est en déplacement sur une autre planète et elle a autre chose à faire. // rétorqua soudainement la voix avec beaucoup de sévérité. // Revenez ! //
// Et a quelle autorité je dois cet ordre ? //
// La mienne. //

Clive se tut une nouvelle fois. Ca y est...ça commençait à devenir intéressant.
Étrangement, ce n’était pas son officier direct ou carrément Sheppard qui lui bottait le cul à distance par radio. La façon de parler n’avait rien de militaire, ça sentait l’administratif à plein nez. Il n’y en avait qu’un, à sa connaissance, qui s’intéressait à cette planète d’une curieuse façon. Personne n’avait donné l’alerte sur Atlantis, pas de proposition de renfort. Il n’y avait que ce type qui le pressait à le faire évacuer.
Et quand quelqu’un se montrait aussi pressé en esquivant les raisons, ça le rendait curieux.
Très curieux !
// Enchanté. Monsieur Macon... //
// Bon. Ecoutez-moi, Clive. Ces gens n’auront rien de plus que notre marché. Maintenant revenez... //
Il ajouta avec un air mielleux et entendu :
// Vous avez assez subi la Sorcière. Elle devait être seule et vous vivez un petit enfer. Alors pourquoi ne pas revenir plus vite ? Je vous trouverai une mission bien plus sympathique, du genre touristique, dans un coin chaud. //

Un sourire gagna le soldat. Un enfer, oui. Il en avait parfaitement eut le goût sur ces douces lèvres maladroite. Pas mal du tout pour l’hystérique qu’on lui avait dépeint.
Le reste de la proposition de Macon lui donna envie de rire. Il savait que Darren n’était plus un explorateur, il essayait de l’acheter au culot, en profitant de la discrétion du canal radio.
// Avec une nana bien gaulée...une bombasse “ouverte” d’esprit. //
// Je peux vous trouver ça. Mais si vous voulez que je vous aide...il va falloir m’aider aussi. //
// En me barrant rapidement. //
// Oui. Marché conclu ? //
// A quoi est-ce que vous jouez Macon ? Ces gens avaient demandé l’aide d’Atlantis. Et vous vouliez y lâcher Lyanna, seule, en connaissant sa réputation ?//
// Marché conclu ? //

La surprise le figea soudainement.
C’était délibéré ? La mission, Lyanna, Teyla !
Cet homme trouvait un intérêt à saboter les relations entre ce peuple et Atlantis. Il se servait de la haine de l’Amazone pour les hommes. Il se servait de son comportement connu sur Atlantis pour provoquer un désastre.
Darren ne connaissait pas la motivation exacte. Il savait juste qu’il avait débarqué naïvement, comme un cheveu sur la soupe, au beau milieu de la conspiration de Macon. Il était devenu gênant en modérant les réactions de Lyanna. Le remède, pour ce pourri, c’était de l’acquérir à sa cause.

// Je demande à m’entretenir avec ma hiérarchie directe ou Teyla Emmagan. //
// Clive... //
// Vous m’avez bien entendu, Macon. Je veux parler à ma hiérarchie. //
// Soldat... // fit-il en riant. // J’ai toutes les cartes en main. J’ai le pouvoir de faire de votre vie un moment agréable ou un tourment. Il y a des enjeux qui vous dépassent alors réfléchissez bien. //
Il insinua à voix basse, une voix tentante et détestable.
// Je peux vous offrir des femmes. Autant que vous voudrez. Du pouvoir, du pognon. Je peux vous faire profiter d’une bonne part du gâteau. //
// Je choisi d’être au régime, espèce de roulure ! Maintenant passez-moi un galonné. //
// Vous avez fait votre choix, Darren. Maintenant excusez-moi, nous passons dans un tunnel. //
La radio se coupa subitement. La friture sur la fréquence et la façon dont ça avait été fait lui laissait penser que la Porte avait été volontairement désactivée. Darren ne savait pas jusqu’où Macon portait son influence. Mais il était certain que Teyla était en danger et qu’elle l’ignorait complètement.
Que faire maintenant ? S’il expliquait tout ça à Lyanna, elle serait folle de rage.
Le lui cacher achéverait sa confiance naissante.

Perdu dans ses doutes et la découverte saisissante, Darren resta un moment figé dans le noir. Dans le couloir, le silence était revenu. Le soldat ne savait pas ce qu’il devait faire. Il se sentait perdu dans un jeu à grande échelle qui le dépassait. Teyla avait débuté les relations diplomatique. Macon les détruisait et veillait à enfoncer ce peuple dans l’agonie. Lyanna lui servait d’arme à “incidents diplomatique”. Pour quoi faire ?
Salir Teyla ?
il poussa la porte pour retourner silencieusement dans sa chambre. Il ne s’attendait pas à tomber nez à nez avec l’Amazone. Darren se sentit piégé.
Il avait beau se creuser la cervelle, il ne trouva rien d’autre à lui livrer qu’un stupide :
« Tu es réveillée ? »

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Lyanna
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Ven 20 Mar - 1:28

Lyanna
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J
e ne remarquai pas le retour de Darren un peu plus tard. En temps normal, mon sommeil était suffisamment léger pour entendre le moindre bruit anormal. Mais cette fois ci, l’épuisement avait eu raison de moi. Je dormais profondément, me sentait bien dans ce lit, apaisée. Et c’était plus plaisant que de dormir assise contre un arbre. Mon corps reprenait des forces, mes blessures devenaient moins douloureuses, mes muscles se détendaient. Les heures passèrent sans que je me réveille. Puis, quelque chose commença à me sortir de ma torpeur. Une voix que je ne reconnus pas sur le coup. J’étais encore trop plongée dans le sommeil pour m’apercevoir que c’était Darren qui parlait. Puis, du bruit et encore cette voix. Je finis par émerger lentement, tandis que le militaire sortait de la chambre en laissant la porte un peu entre ouverte pour ne pas faire de bruit en la fermant. Je finis par me réveiller complètement, me redressant en regardant autour de moi sans comprendre, le temps que mes souvenirs reviennent entièrement. La seule chose que je remarquai fut l’obscurité. Il faisait nuit, combien de temps avais je dormi ? La voix qui m’avait réveillée se fit à nouveau entendre, mais je ne réussis pas à entendre ce que Darren disait. Avec précaution, et en constatant que le repos avait été bénéfique, mon corps ne me faisait plus souffrir, je me dirigeai doucement vers la porte, et agrandit l’ouverture. Je vis le militaire dans mon champs de vision, il était à quelques pas dans le couloir entrain de parler à quelqu’un. Mais je ne voyais personne. Ah oui, cette chose que les Atlantes avaient dans l’oreille pour parler entre eux à distance. On avait bien tenté de m’imposer cet objet, mais n’y comprenant rien, j’avais aussitôt refusé. Voilà pourquoi je n’avais pas de radio pendant cette mission.

De là où j’étais, je pus entendre la conversation même si j’avais manqué le début. Mais ce que j’entendis et compris fut amplement suffisant. La personne avec qui Darren parlait voulait que ce dernier rentre immédiatement sur Atlantis en m’abandonnant sur la planète, ainsi que les villageois en danger. Le militaire n’était pas d’accord, et il paraissait abasourdi d’apprendre que ma présence ici n’avait qu’un seul but : mettre à mal les efforts de diplomatie des Atlantes en espérant que je tue chaque mâle qui aurait croisé ma route, me sacrifiant au passage sans aucun retour sur Atlantis, ou jusqu’à ma mise à mort par les villageois rescapés. Ce n’était pas une mission d’essai, c’était simplement un envoi dans un monde pour que je puisse y faire un carnage. Cet homme, ce Macon comme venait de l’appeler Darren, m’avait utilisé pour son propre dessein, Teyla ne devait pas être au courant, elle n’aurait jamais pu participer à ce complot contre un autre peuple. Donc Macon avait également abusé d’elle. Et si le militaire n’avait pas été là, si effectivement j’avais été envoyée seule sur la planète, j’aurais réalisé une véritable boucherie, à commencer par l’homme religieux qui m’avait courroucé peu après notre arrivée. Ainsi donc, l’Atlante m’avait utilisé et trahi. Un argument que je pourrais utiliser contre Darren pour lui prouver que son peuple ne valait pas mieux que les autres. La colère et la fureur montèrent en moi, et je m’éloignai de la porte au moment où le soldat demanda à parler à quelqu’un d’autre. Je partis m’asseoir sur le bord du lit, face à la porte, le regard noir de haine se posant sur Darren lorsque celui entra. Oh oui, j’étais pleinement réveillée. J’avais pris mes épées avant de m’asseoir, et je les serrai dans mes mains, tout en dévisageant le militaire.

"C’est ce mâle qui est responsable de ça ? C’est lui qui cherche à anéantir Heimda et les siens en m’utilisant, moi ? Comment ose-t-il ?"

« Heu... »

Autant dire que je ne ressemblais plus à la Lyanna que Darren avait réussi à faire apparaître en me calmant depuis le début de la mission. J’étais redevenue l’impitoyable guerrière folle de rage, qui ne demandait qu’une seule chose : le sang et les entrailles d’un mâle. Je me levai et fis les cent pas dans la pièce, les mains toujours serrées sur la garde de mes épées. Rien ne semblait pouvoir apaiser ma colère. Au moins, une bonne chose : Darren pouvait s’apercevoir que cette haine n’était pas tournée contre lui.

"Je veux sa tête ! Je veux le faire souffrir ! Je veux l’éviscérer, lui broyer les os et l’émasculer très lentement pour l’entendre hurler de douleur, avant de le regarder agoniser pour avoir osé abuser de moi !!!" lançai je dans une fureur incontrôlable. Je voulais la mort de Macon, je voulais la lui prendre, sans me soucier des conséquences. Et ayant oublié les villageois désemparés.

« Lyanna...hé ! »

Darren tenta de m’intercepter. Il finit par me saisir les épaules, essayant visiblement de ne pas être brusque.

« Je comprends ! Sincèrement, je comprends ! Mais c’est comme le trio de qui forme le conseil de Virgil. On ne les descend pas avec une arme. »

Il chercha mon regard.

« Il n’a pas réussi à t’utiliser et on l’aura. Je te le promets ! Mais...pas avec une épée. Si tu le vois et que tu le touches avec ta lame, on te donnera tort ! »

Darren s’en voulait de ne pas avoir su être plus discret. Il savait que ce n’était vraiment pas le moment de maintenir le contact, de m’envahir de sa présence, même si ça pouvait potentiellement me calmer. Il n’abondait pas dans mon sens en plus.

Les paroles de Darren m’arrivèrent aux oreilles, mais je ne voulais pas l’écouter. J’étais trop furieuse pour penser à autre chose. Et le voir poser les mains sur mes épaules alors que j’étais dans un tel état de rage, c’était vraiment risqué pour lui. Surtout que j’étais armée. J’aurais pu le frapper avec mon épée pour avoir osé ce geste, mais j’ignorai pourquoi je ne le faisais pas sur le champs. Par contre, ce contact m’était insupportable alors que j’avais des envies de meurtres. Je repoussai fermement le militaire en lui jetant un regard noir.

"Ne me touche pas !!!"

Darren recula en levant légèrement les mains, dégageant mes épaule au rythme de mon impulsion qui le chassait. Il me fixa, le regard un peu étonné, mais ne rétorqua rien de plus. Il attendit tout simplement, impuissant, ne sachant comment me calmer. Contre toute attente, il me fit une nouvelle révélation :

« Écoute, il en veut aussi à Teyla. Elle fonce droit dans un piège. » reconnut Darren pour attirer mon attention.

« On peut la sauver. Mais pour ça, j’ai besoin de toi. Et j’ai besoin de toi, calme ! »

Il voulait que je me concentre sur cette motivation plutôt que la mort de ce fourbe. Mais c’était peine perdue. Je continuai de faire les cent pas, maintenant que j’étais libre de mes mouvements. Darren avait raison, il fallait aider Teyla. Sans oublier les villageois. Mais ma colère était trop forte. J’avais été manipulée par un mâle, c’était une chose inacceptable, et je demandai sa mort comme les lois de mon peuple l’exigeait, même si nous étions sur Atlantis et non sur Kirana. Darren ne voulait pas que je tue Macon, mais je ne voulais pas l’écouter. Pour le moment, les paroles du militaire ne parvinrent pas à calmer cette fureur qui m’animait.

"Tu vois, tu n’as pas voulu m’écouter. Je t’ai dit que les mâles étaient perfides et fourbes. Je t’ai dit qu’il y en avait dans ton peuple, sur Atlantis. Et toi, tu ne m’as pas cru alors que j’avais raison. Les mâles méritent tous la mort, ce ne sont que des monstres !"

« Oui, il y a des pourris partout. Mais ils ne sont pas tous comme ça. »

Il hésita, pratiquement blasé.

« Je pensais te l’avoir prouvé. »

Je m’arrêtai enfin de marcher, mais ma colère était toujours là. Je vis l’air blasé de Darren, et je soupirai, mais en gardant malgré moi mes distances avec lui.

"Je ne parlais pas de toi".

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Ven 20 Mar - 1:31

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Le Soldat ∞ L'Amazone
L
e changement de température l’avait stupéfait.
Il aurait dû s’y attendre. Et il s’y était attendu en découvrant Lyanna assise comme ça sur le bord du lit. Mais entre l’idée qu’il se faisait d’elle et la réalité, il y avait eu un gouffre qu’il n’avait pas su réduire.
Malgré l’obscurité, il avait vu la prunelle des yeux luire dangereusement comme un chat, comme un brasero qu’il n’avait pu qu’endormir un peu avant que l’incendie ne revienne brutalement. Elle avait eu un air qu’il aurait pu qualifier “à la Clint Eastwood”. Son fameux regard de tueur qu’il trouvait pourtant drôle dans les films.

Là, ça ne l’était pas. Vraiment pas.
Cette expression ne l’impressionnait pas en tant que soldat et combattant. Mais elle l’impressionnait venant de ce petit bout de jeune femme. Parce qu’à partir du moment où elle avait laissé libre cours à sa colère, Lyanna avait laissé tomber un masque. Et pas n’importe lequel.

L’étrange éclat glacial et mauvais dans son regard rappelait une réalité un peu trop oubliée : c’était une tueuse d’hommes. Une machine humaine qui avait passé la majeure partie de sa vie à faire passer un type par le fil de ses lames. Le genre de vérité dérangeante où elle sait plus que lui, soldat, ce que ça fait de sentir la vie glisser par ses propres armes. Les tremblements, les spasmes, la détresse de la victime avant qu’elle ne tombe dans les limbes.

Quand elle lui avait crié de la lâcher, Darren avait eu l’impression d’entendre toutes les âmes des mâles qu’elle avait prise par la violence hurler en choeur. A croire qu’ils étaient tous là, piégé derrière la vitre indéfectible de son regard, lui faisant tous le signe de se casser en vitesse.
Lyanna qui fuyait son regard une heure. Lyanna qui montrait son visage sauvage une autre.

Seule sa dernière réplique était parvenue à franchir les barricades, les boucliers de haine et de colère pour réussir à l’éveiller légèrement. Au moins, il voyait que son avis importait, que sa fatigue à la voir retourner dans ses standards n’était pas totalement ignoré. Mais elle lui reprochait aussi de ne pas avoir accordé de crédit sur sa certitude : les mâles étaient tous des porcs.

« Il y a quelque chose qui peut te faire passer…”ça”. » dit-il finalement en matérialisant sa pure brutalité d’un signe de la main.
Il était évident que condamner Macon à mort ne faisait pas partie de l’équation.

Lyanna essayait de se calmer, mais c’était difficile. Elle était courroucée, et rien ne semblait pouvoir apaiser ça. A part Darren qui avait déjà réussi par le passé, même si cette fois ci, cela demandait plus de talent et de patience. Elle regarda le militaire, les yeux toujours noirs de haine.

"Quelque chose ?"
« Qu’est-ce que je peux faire pour te calmer ? » répéta le soldat, d’une voix plate.
Il regarda la porte.
« Tu veux être seule ? »

Lyanna réfléchit aux paroles de Darren, détournant le regard. Elle s’éloigna un peu, marchant un peu dans la pièce, alors que le militaire proposa de s’en aller et de la laisser seule. Voulait être seule ? Bien sûr que oui. Mais cela continuerait d’alimenter sa colère. Elle finit par se retourner vers Darren, étant maintenant à l’autre bout de la pièce, tenant toujours ses épées. Puis, en baissant les yeux, elle secoua lentement la tête en signe de négation, la réponse silencieuse à sa question.

Darren acquiesça tout aussi silencieusement.
Il aurait perdu s’il avait tenu le pari. Il s’était attendu à une réponse dédaigneuse du genre “évidemment !” ou “tu attends quoi ?”. Mais l’hésitation qui marquait la frontière entre son amie et la Dark Lyanna s’opérait encore. Le jeune homme décida de s’approcher.
Franchement, à part le contact, il ne connaissait pas d’autres remèdes. Et si elle ne le jetait pas, au final, c’est qu’une part d’elle en demandait non ?
« Je suis désolé. »
Il l’était vraiment.
« Je m’ennuie à essayer de te faire changer d’avis et ce type vient nous rappeler que le monde n’est pas fait d’une seule couleur. »
Il fit un autre pas.
« Je vais m’approcher et te prendre dans mes bras. Si ça te donne envie de me percer le bide, alors tant mieux. J’suis trop fatigué pour m’inquiéter de ça. »
Et le soldat vint jusqu’à elle.
« On va l’attraper ce sale enfoiré ! D’accord ? On va l’attraper et on va sortir Teyla du pétrin. »
Clive marqua un temps d’hésitation. Il ouvrit ses bras, non sans ressentir une certaine appréhension, puis il l’enlaça sans chercher trop de contact. Une espèce de concession entre le besoin de la faire évacuer sans lui coller à la peau comme une glue.
« Calme-toi, guerrière...ça te prive de sommeil pour pas un rond. »

Lyanna fronça les sourcils en voyant Darren s’approcher d’elle, et lui dire qu’il allait la prendre dans ses bras. Mais ce qui la surprit le plus, c’est que non seulement, il n’avait pas peur d’elle, mais visiblement, il s’en fichait si elle le frappait, le blessait ou même le tuait. Il voulait venir vers elle pour tenter de calmer sa fureur, en lui promettant que Macon serait puni. Une simple punition n’était pas suffisant pour la jeune femme, mais la présence de Darren eut l’effet d’un baume apaisant. Bien qu’elle restait sur ses gardes lorsque le militaire s’arrêta devant elle, Lyanna ne réagit pas, elle ne le repoussa pas, continuant de regarder le moindre de ses gestes. Et lorsqu’il passa ses bras autour de son corps, la serrant à peine contre le sien, la guerrière se raidit, crispée et tendue. Darren pouvait le sentir, et s’attendre sûrement à ce qu’elle le repousse ou le frappe.

Pourtant, ce simple contact qu’elle avait fui un peu plus tôt la tranquilisa cette fois. Lyanna se laissa peu à peu aller, son corps réagit sans qu’elle n’avoue ses sentiments par la parole. Elle ferma les yeux et se détendit peu à peu. Et sans s’en rendre compte, elle s’approcha même de Darren, venant se blottir contre lui pour inciter ce dernier à resserrer son étreinte autour d’elle, la tête posée dans le creux de son épaule vu sa taille plus petite que celle du soldat. Elle avait là sa toute première étreinte. Une chose que la jeune femme n’avait jamais connu dans sa vie, et les deux seuls moments où elle avait si près du soldat, c’était lors de leurs baisers. Mais cette fois ci, cette sensation était très étrange, et il fallait le dire, ça mettait un peu à mal sa fierté de femme forte et haineuse à l’égard de la gente masculine. Toutefois, même si elle était mal à l’aise de mettre sa vie dans les bras d’un homme, elle ressentit beaucoup de bien par ce contact rapproché. Lyanna se détendit de plus en plus, elle se laissa aller contre Darren. Elle n’avait pas cherché à lever ses épées pour le frapper, ni à le repousser comme toute à l’heure. Sa colère s’apaisait peu à peu pour laisser place à une horrible douleur d’avoir été manipulée, de s’être faite avoir par un homme. Plongée dans le silence, la guerrière resta immobile dans les bras de Darren, les yeux toujours clos.

De la chaleur humaine, comme il le lui avait expliqué, transitait d’un corps à l’autre.
Darren l’avait senti comme un bloc de roche magmatique au début, immuable, que rien ne saurait atteindre. C’était comme faire un câlin à la proue du Titanic juste avant de se faire étaler comme du beurre. Coincé entre la carapace de métal de son amie et son coeur de glace. Il avait senti les muscles de ses épaules et de ses trapèzes se tendre au travers du cuir épais de son armure. Darren sentait cette pression exercée, professionnelle, qui faisait une sorte d’impulsion resserrant sa prise autour de chacune de ses épées. C’était à croire qu’il l’avait touché avec un arc électrique et que son corps avait réagi dans un réflexe d’autopréservation : une constriction totale de sa charpente musculaire en guise de rejet.

Cette latence l’avait personnellement blessé. Conforté dans l’idée qu’il était impuissant pour maintenir tous les efforts fournis depuis ces dernières vingt-quatre heures, le soldat estimait qu’elle le repousserait avec plus de violence cette fois. Et il se sentirait bête de ne pas connaître la solution. Ce n’était pourtant pas un drame : Lyanna était simplement vexée d’avoir été manipulée à son insu. Tout le monde serait en colère. Mais vu son comportement et ses antécédents, elle ne se contenterait pas d’avaler la pillule. Elle le graverait dans du marbre et foncerait tête baissée dans le mur du suicide professionnel.

Ca affectait Darren dans sa résolution. Il avait décidé de protéger la jeune femme contre elle-même, ses automatismes, pour lui faire découvrir ce qu’était la vie sous un jour nouveau. Et enfin ! Enfin, il sentit enfin du changement au cours de ce contact. Le corps de Lyanna fondait une nouvelle fois. Ses muscles se dégageaient l’un après l’autre de la tension. Ils s’assouplissait en une tendance générale d’apaisement.
Il sentit ce mouvement presque langoureux du corps de son amie qui appelait à une étreinte plus franche malgré le silence qu’elle s’imposait. Et sans chercher à comprendre, le soldat la serra davantage dans ses bras en lui offrant son épaule. Cette fois il jouait la glue et c’était plus qu’agréable.
Dieu sait qu’il avait lui aussi manqué de chaleur humaine et ça fonctionnait dans les deux sens. Lyanna était perdue en découvrant que la vie, en règle générale, ne se contentait pas d’un rôle et de tuerie. Elle découvrait les petits plaisirs de la vie comme celui de se sentir rassuré, conforté, sécurisé dans les bras d’un homme.

Darren, de son côté, recevait cette même chaleur humaine en découvrant à quel point ça lui avait manqué. Comme s’il avait souffert d’une légère hypothermie sans jamais avoir réussi à trouver un feu. Le foyer brûlait maintenant entre ses bras. Il sentait le coeur de Lyanna battre fort contre lui, par l’émotion de colère qui l’avait habité, et son souffle courir le long de son cou. En l’enlaçant ainsi, l’emprisonnant de ses bras, ils se berçaient mutuellement du contact de leurs corps.
Oui, ça lui avait manqué de pouvoir serrer quelqu’un et d’avoir l’attention. Que la jeune femme ne le rejette pas et trouve son intérêt à s’enfoncer dans ses bras. Le soldat profita de ce moment le plus possible, la rassurant à voix basse, lui déposant un baiser sur le front. Il avait une influence sur l’Amazone qu’il espérait bien placé.

Il ne restait qu’un point négatif selon lui. Et il fallait qu’il tente le coup…
« Allez...pose-les Lyanna. »
L’une de ses mains lui libéra une épaule pour venir déposer une caresse sur sa joue. Il avait compris que ses lames étaient à l’image de son fusil durant les périodes de grand stress. C’était un outil mais également un garde-fou. On se sentait plus en sécurité en étant armé, en tenant dans ses mains le prolongement de son rôle, pouvoir répondre à la menace dès qu’elle se présentait.
Mais là, dans cette chambre, il n’y avait pas de danger. Lyanna était entourée des bras du soldats, les siens ballontants avec des morceaux de métaux tranchants comme des lames de rasoirs. Darren serait d’humeur badine, il lui avouerait craindre qu’elle ne s’en serve pour lui cisailler la virilité.
« S’il te plait. Pose-les... » insista le jeune homme en lui relevant le menton pour l’envoûter de son regard. « On ira gagner la guerre demain matin. »

Lorsque Darren lui demanda de poser ses armes, Lyanna rouvrit les yeux aussitôt. Se séparer d’elles était très difficile pour elle, car même si sa fureur s’était calmé grâce à la présence du militaire, elle avait l’impression d’être nue sans ses armes. Et elle en avait besoin. Darren lui refusait la mort de Macon, mais la jeune femme savait très bien que si elle le voyait, elle ne l’écouterait pas et elle réclamerait vengeance à sa manière. Et elle avait besoin de ses épées, même si lui tordre le cou ne demandait pas d’arme. Cependant, Darren avait raison sur un point : elle n’allait rien faire ce soir, à part peut être rester dans ses bras qu’elle ne voulait étrangement pas quitter. Elle se sentait bien, apaisée, et elle pensait que si le soldat s’éloignait, la fureur reprendrait le dessus. Lyanna se laissa faire quand le militaire leva sa tête pour qu’il la regarde dans les yeux. Il voulait vraiment l’aider, il était là pour elle. Et en cet instant, il n’y avait pas Macon ou de monstres. Il n’y avait qu’eux. Aucun danger, Darren le lui avait déjà prouvé qu’elle n’avait rien à craindre de lui. Peu à peu, Lyanna se résigna et posa ses armes sur la table de chevet, sans quitter l’étreinte du soldat. Elle se sentait ainsi démunie, mais étrangement, elle avait également l’impression d’être protégée grâce à Darren. Quel comble de l’ironie, une guerrière haineuse des mâles, et qui se sentait protégée par l’un d’eux.

Après qu’elle ai posé les armes, au propre comme au figuré, il l’embrassa tendrement. Mélange de reconnaissance et conséquence logique de la tension qui naissait entre eux, Darren mêla l’échange à l’étreinte et conserva la jeune femme plaquée contre lui. Il lui ramena sa mèche raccourcie derrière l’oreille puis lui agrippa les avant bras. Doucement mais sûrement, il la conduisit jusqu’à son lit et s’y allongea avec elle. Il la prit dans ses bras avant de ramener les draps sur son corps encore endolori. Clive nota qu’elle dormait avec son armure et qu’elle en avait sûrement prit l’habitude, peut-être pour être prête au combat.
Le soldat resta à ses côtés, sur cette étreinte constante, discutant un peu. Il lui partagea les remerciements sincères de Virgil et le fait qu’il avait détaché pour l’Amazone une servante du nom d’Abelle. Il lui raconta qu’elle avait inspiré par ses actes la venue de “résistants” pour les aider à tenir le bourg.

Lyanna fut très surprise lorsque Darren l’attira à lui pour s’allonger à ses côtés, dans le lit. Sur le coup, elle se crispa, encore sur ses gardes concernant chaque action que le militaire faisait. Et oui, elle n’était pas encore toute à fait à l’aise avec ces nouvelles choses qui lui arrivaient. Mais bien qu’elle avait envie de garder ses distances par rapport à cette proximité plus intime, la jeune femme se laissa faire, revenant se blottir contre Darren, la tête posée sur son épaule. Elle retrouva sa chaleur, une chaleur agréable alors que pour elle, tous les hommes étaient froids et ternes. Seul Darren sortait du lot car il avait su comment s’approcher d’elle et atteindre cette couche de glace qui entourait son coeur et son âme. Lyanna écouta les paroles du soldat, intriguée par le fait que Virgil la remerciait sincèrement d’avoir sauvé sa fille, ou le fait qu’une femme avait été nommée pour s’occuper d’eux. Ou bien encore, l’arrivée de villageois venus défendre le village. La dernière réplique de Darren eut le don de faire soupirer Lyanna qui se montra alors moqueuse. Son attitude et ses préjugés n’allaient hélas pas changer du jour au lendemain.

"Et bien, c’est pas trop tôt. Il aura fallu l’arrivée de deux étrangers pour que ces mâles prennent enfin leur courage à deux mains, et se battent. Quels couards".
« En même temps, on représente un modèle de vertu ! Comment rester couards face aux exploits de Lyanna, la Xéna des temps modernes !!! Et Darren, le mâle qui rachètent les mâles ! » fit-il en plaisantant.

Lyanna fronça les sourcils, elle avait déjà entendu ce nom, mais elle ne savait plus où. Ses souvenirs de sa chute du bâtiment, et Darren qui volait à son secours étaient encore un peu flou dans sa tête, et elle ne se rappelait plus que le militaire avait mentionné ce nom à ce moment là, et qu’elle avait eu la même interrogation.

"Xéna ? Qui est ce ?" demanda-t-elle, n’ayant pas eu le temps d’avoir une réponse plus tôt dans la journée, lorsqu’elle s’était évanouie.
« L’histoire fictive d’une femme guerrière. Ses aventures et son tempérament te ressemblent beaucoup. On la connaît par le biais d’une série télévisée. Je te montrerai ce que c’est quand on reviendra, je suis certain que tu vas aimer. »

Sans prétention, sans arrière pensée, il la garda contre son torse et lui parla jusqu’à ce qu’une de ses questions finisse sans réponse. Il remarqua que la guerrière s’était enfin endormie et qu’elle était sereine.
Le goût de la vengeance et la haine s’était finalement dilué dans le réconfort que Darren apportait, en plus du sommeil de plomb.

La fatigue se faisait à nouveau sentir, et Lyanna se sentait bien dans les bras de Darren, tout contre lui. Elle ferma les yeux quelques instants, continuant d’écouter les paroles du militaire. Quelques fois, elle lui répondait avec son ton de guerrière détachée qu’il connaissait. Puis, sans s’en rendre compte, elle plongea dans un sommeil profond et réparateur, épuisée par cette journée, et par cette sombre et préoccupante nouvelle.

Darren sentait qu’il était trop tôt pour tant de proximité. Alors il décida de ne pas rester et de quitter son lit le plus doucement possible pour ne pas la réveiller. Il s’en retourna sur le canapé et s’allongea sur le dos. Le soldat resta immobile, les yeux rivés sur le plafond que la pénombre ne permettait pas de discerner. Un air niais sur la figure, il appréciait les rémanences de son étreinte. La chaleur qui semblait avoir marqué sa peau et traversé son uniforme.
Il se rendait compte à quel point ça l’avait manqué depuis sa rupture. Sans le savoir, en faisant la démarche de s’enfoncer plus profondément dans ses bras, Lyanna lui avait apporté quelque chose qu’il avait presque oublié. La fameuse chaleur humaine le comblait d’un manque inavoué. Lyanna, en parfaite innocente, lui rendait bien l’affection qu’il s’était découvert pour elle.
« Bonne nuit, miss colère. » murmura-t-il en se laissant bercer par le souffle régulier de la concerné.
L’instant d’après, Darren sombra.

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
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Ven 20 Mar - 1:35

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
L
e lendemain matin, j’ouvris les yeux dans une chambre vide. La place qu’avait occupé Darren dans son lit était froide depuis bien longtemps et le canapé avait été rangé. Les coussins disposé en ordre, la couverture bien pliée. Le gilet tactique de Clive et ses armes n’y étaient plus. Le soldat s’était volatilisé.

Le soleil semblait déjà bien haut dans le ciel. La lumière inondait la suite en la baignant de rayon chaleureux, accusant le fait que la matinée devait être bien entamée. En évidence sur la table basse, quelqu’un avait posé l’une de mes épées par-dessus un papier plié en deux. C’était une manoeuvre délibérée visant à attirer mon attention, un message pour moi lorsque je me réveillerais. Etant donné que mon autre épée était introuvable, je pouvais supposer que seul Darren était capable d’oser un tel affront. Je regardai quand même sur le sol, voir même sous le lit au cas où, ne voulant pas croire que le militaire s’était à nouveau emparé de mon arme. Il savait parfaitement qu’il risquait gros en faisant ça, et malgré cette proximité naissante entre nous, il y avait encore des choses que je ne tolérais pas. D’ailleurs, je commençai à ressentir de la colère à l’égard du soldat, mais je finis par prendre le morceau de papier coincé sous l’épée restante. Je fus surprise de voir non pas des mots que je ne comprendrais pas, mais un dessin. Une oeuvre très loin d’être aussi bien que la peinture d’Heimda. Je compris que ce dessin venait de Darren, mais je ne comprenais pas pourquoi, et je m'assis sur le bord du lit pour le regarder plus attentivement.

En piètre dessinateur, Darren avait tout de même réussi à reproduire une situation dans un mélange de croquis et de dessin d’enfant. Malgré les traits peu harmonieux, on reconnaissait l’auberge et une femme hystérique à l’étage. Les dents sortis en avant, l’air complètement folle, elle brandissait sa seule épée au dessus de sa tête dans une promesse vengeresse. J’eus beaucoup de mal à me reconnaître, mais pourquoi Darren m’avait dessiné comme ça ? Je ne connaissais pas encore le principe d’une petite caricature amusante, surtout pour quelqu’un qui n’avait pas de talent spécial pour dessiner, et qui préférait faire des petits dessins rigolos.

"C’est moi, ça ?" murmurai je pour moi même, vu que j’étais seule.

Je continuai d’analyser le dessus. Dans la rue, un bonhomme avec un sourire débile tenait l’autre épée comme s’il l’avait volé. Le symbole Atlante raturé sur son épaule et le P90 au torse le présentait comme étant Darren. Il fuyait manifestement l’auberge en toute hâte pour traverser la rue et aller à la rencontre de la dernière partie du dessin. J’eus un petit sourire en voyant la représentation de Darren, qui n’était guère mieux que la sienne. Cependant, mon sourire disparut rapidement quand je compris que c’était bien le militaire qui avait fui de la chambre avec mon épée. Il voulait vraiment mourir, celui là, après notre étreinte de la veille ? Sa manoeuvre n’était elle destinée qu’à m’amadouer pour que je baisse ma garde afin de me voler, ou me faire du mal ? Je ne comprenais pas, mais sur le coup, j’avais envie de le frapper. Jusqu’à ce que je vois la suite du dessin. Et là, je compris.

Sur le croquis, un type se trouvait dans un bâtiment dont le toit portait l’insigne d’une enclume et d’un marteau. A côté, Darren avait dessiné le signe mathématique égal puis un objet. Un croisement fait de lanières et de deux rangements. C’était la raison de sa folie et du risque qu’il prenait en me faisant me lever du mauvais pied.

Le jeune homme savait que je ne savais pas lire et il avait dessiné ce genre de rebus énigmatique pour me dire ce qu’il était parti faire. Me faire comprendre ce qu’il faisait avec l’une de mes épées. Je n’en revenais pas, Darren avait pris mon épée pour refaire des fourreaux, afin de remplacer ceux que j’avais perdu. Pourquoi faisait il ça ? Je n’avais pas demandé cet objet, je pouvais très bien en racheter un au prochain marché qui vendait des armes. Et oui, je ne connaissais pas encore le principe de cadeau ou de petites attentions que deux personnes se faisaient quand elles s’appréciaient. Cela dit, Darren aurait dû me demander la permission. Il avait quand même osé me dérober mon épée malgré mes précédentes mises en garde.

Dehors, une activité humaine soutenue avait rendu de la vie dans le bourg, ce qui attira mon attention. Je pliai le dessin et le posai sur la table, avant de m’approcher de la fenêtre ouverte pour regarder à l’extérieur. Je pouvais percevoir des discussions sérieuses entre divers artisans voulant sécuriser les bâtiments et inventer des pièges contre les démons. J’entendis entre autre le récit rapporté de témoins qui avaient romancé la bataille pour la reconquête du village. On y disait que je m’étais battue comme dix ours, ouvrant la gorge d’un monstre à la force de mes dents. Et que Darren avait sorti Heimda du brasier en héros, les flammes s’écartant comme par magie sur son passage. Il s’agissait de vieilles dames blanchissant le linge sous la fenêtre ouverte de ma chambre. Elles s’échangeaient ces histoires en pliant des bandages qui avaient été bouilli et prêt à être de nouveau employé. Je n’en revenais pas d’entendre ce genre de récits, alors que tout était faux. Sur mon monde, il était très rare d'exagérer les faits, et ainsi créer des légendes et mythes qui fascinaient beaucoup de monde.

Les vieilles femmes allaient bon train en ragots, imaginant quel monde avait pu créer une guerrière aussi énergique que moi. Manifestement, elles ne croyaient pas que j’étais Atlante, plaçant comme preuve mon accoutrement étrange et ma haine désormais reconnue à l’encontre des hommes. Au moins, elles avaient vu juste. Je n’étais pas Atlante, mais entendre ces personnes parler de moi, que ça soit en bien ou en mal, me mettait mal à l’aise. Je n’étais pas prétentieuse ni imbue de moi même, je n’aimais pas être l’attention de tous en recevant des éloges à tout bout de champs. Je finis par fermer la fenêtre, et retournai m’asseoir sur le bord du lit en regardant à nouveau le dessin, comme pour l’analyser à nouveau.

A peine dix minutes plus tard, quelqu’un toqua timidement à la porte. Une jeune femme y passa le visage, n’osant pas s’imposer, et m’observa avec un mélange de crainte et d’admiration.

Le soldat et l'Amazone - Page 2 Marie10

« Bonjour ! » fit-elle avec une grande amabilité.

Je la saluai à son tour, et l’invitai à entrer dans la chambre, en reposant le dessin sur la table. La nouvelle venue passa le reste de son corps par l'entrebâillement de la porte, ne souhaitant visiblement pas l’ouvrir en grand. Le regard chargé d’une certaine adulation, la jeune femme se posta au centre de la pièce, les mains jointes, et fit un signe élégant de la tête en guise de respect.

« Je m’appelle Abelle, fille de Sieur Doska. Notre bon Seigneur Virgil m’a détaché à votre service, et celui de votre ami Atlante, pour veiller à ce que tous vos besoins soient remplis. Je suis très heureuse d’avoir été sélectionnée. J’ai hâte de commencer ! »

Elle semblait parler sincèrement. Sa démarche était volontaire, loin de toute contrariété.

« La blanchisserie a rouvert. Je peux y porter votre tenue et vous en fournir une autre en attendant. A moins que vous ne souhaitiez que je vous mène aux bains ? »

Sur le coup, je ne sus pas quoi répondre. Je ne voulais pas de servante qui exauçait la moindre de mes volontés. En regardant Abelle agir ainsi, j’avais l’impression de voir une esclave à mon service, et ça, je ne le voulais pas. Je préférais garder mon indépendance.

"Oh, et bien … heu … je n’ai pas .. besoin de quelque chose en particulier. Je peux me débrouiller seule, inutile de me servir"

Cependant, Abelle me proposa quelque chose de bien intéressant pour moi. Outre le fait de nettoyer mes vêtements, l’idée du bain était alléchante. Après tout, en acceptant ça, je n’aurais pas l’impression de donner des ordres à la jeune femme, ni de la voir agir en esclave. Je pouvais me laver seule, il suffisait juste de savoir où était le bain.

"Je veux bien un bain, cela me fera du bien. Pour mes vêtements, effectivement, ils ont besoin d’un nettoyage. Montre moi où je peux aller les nettoyer, je le ferais moi même."

Abelle avait paru ennuyée. Imaginant qu’elle s’y était mal prise, elle s’était enfoncée la tête dans les épaules en agrandissant légèrement les yeux.

« Mais … on peut le faire pour vous, Dame Lyanna. » murmura-t-elle d’une petite voix craintive, ne voulant pas m’offenser en insistant.

Elle s’avança de quelques pas, mirant ma tunique de cuir et s'aperçut des marques, les vestiges de mes différents combats. Elle souhaita me prouver la portée de ses connaissances et son expérience de majordome.

« Je porterai votre cuir auprès du tanneur. Il pourra réparer et nettoyer votre armure ! Il est doué vous savez ? Sa lotion lui rendra un bel éclat ! »

J’étais partagée entre le fait de ne pas vouloir d’une jeune femme qui se comportait comme une esclave, et cette tristesse et cette peur que je lisais dans le regard de cette dernière. Visiblement, nous n’avions pas la même notion de “servir”. Je ne voulais pas faire de peine à Abelle, je levai alors les mains pour la tranquilliser, secouant légèrement la tête.

"Excuse moi, je ne voulais pas t’offenser ou te faire de la peine. C’est juste que dans le monde d’où je viens, les femmes ne sont pas des servantes ou des esclaves. Elles sont libres de s’entraider, elles ont le même statut. Il n’y a pas de maître ou d’esclave".

Je voyais bien que cette histoire de vêtements paraissait importante pour Abelle, et à contre coeur d’avoir une servante, je finis par abdiquer, voulant faire plaisir à Abelle malgré notre différence de culture évidente.

"Très bien. Je te donnerais mes affaires à nettoyer".

« Merveilleux ! » s’était-elle enthousiasmée.

J’étais plutôt surprise de voir cet émerveillement chez Abelle, j’avais encore du mal à imaginer que sur cette planète, les femmes étaient ravies de jouer les servantes. Beaucoup de mâles devaient en profiter, ce qui m’écoeurait. Par contre, un détail me chiffonna, et j’espérais ne pas froisser Abelle.

"Par contre, je préfèrerais que tu m’appelles seulement Lyanna, si tu veux bien. Je ne suis pas une Dame. Juste Lyanna" dis je sans notion de colère ou de lassitude dans ma voix. J’eus un petit sourire encourageant pour Abelle.

« Bien sûr. Lyanna, vos désirs sont des ordres. »

Elle m’offrit un sourire ravissant et ouvrit la porte de sa chambre pour m’inviter à la suivre. Je levai discrètement les yeux au ciel sous les paroles de la servante. Celle-ci était aussi désespérante que moi même je pouvais l’être pour Darren quand j’étais dans mes mauvais jours. Je pris mon épée restante, ne voulant pas la laisser, puis je suivis Abelle hors de la chambre. Une fois dans le couloir, marchant côte à côte, Abelle décida de rebondir sur ce que je lui avais dit plus tôt.

« Je ne me considère pas esclave, vous savez ? J’ai fais de longues études pour faire partie des meilleures majordomes. Mes compétences de soutien sont vastes et très variées, je peux me charger de l’entretien du logis, de la cuisine, de la décoration. Je peux même faire le compte des richesses personnelles. Je sais compter, lire, écrire, composer des chansons et jouer trois instruments de musique. » détailla-t-elle comme si elle passait un entretien d’embauche.

Elle posa son regard sur moi.

« Lord Virgil a demandé la création d’une petite unité des meilleurs majordomes pour plaire aux diplomates Atlante, leur faire découvrir et goûter ce que nous avons de mieux à Hestevic. C’est un véritable honneur pour moi de me faire le miroir de ce que nous sommes, ce que nous faisons. Donc...de vous servir Lyanna. »

Je dévisageais Abelle sans comprendre ce qu’elle disait. Elle était servante de son plein grès ? Elle avait travaillé dur pour en arriver là ? J’étais vraiment perdue dans cette différence de notion. Si Darren avait été là, j’étais sûre qu’il me dirait que le statut de servante d’Abelle n’avait rien de différent de celui de militaire ou de scientifique sur Atlantis. Un métier comme un autre, si on pouvait dire
.
Les mains croisées devant elle, Abelle gambadait gaiement comme une fillette. Elle emprunta les escaliers, croisant divers occupants qu’elle salua, puis progressa jusqu’au premier sous-sol. Les meurtrières passant au bord de la rue évacuaient de la vapeur et de l’humidité.

Abelle alla jusqu’à la porte la plus grande, révélant un énorme fût en bois rempli d’eau. L’âtre de la cheminée était très grande, d’une pierre joliment décorée et finement ciselée, supportant divers chaudrons réchauffant une eau parfumée. Sur le côté, un auvent d’une toile de jute offrait une discrétion relative pour se déshabiller. Une pièce en bois permettait d’y déposer ses vêtements et de récupérer sur le meuble d’à côté, si on le désirait, un peignoir d’un coton épais.

« Je vous en prie Lyanna. » dit-elle avec cette petite gaieté éternelle. « Je vais préparer vos ablutions. »

Abelle s’éloigna vers un agencement de meubles et d’étagères visiblement prévu pour les servantes. Elle y prépara un plateau en bois sur lequel elle disposa plusieurs grandes coupelles contenant des poudres différentes. Rouge, violette, orange et bleu. Elle s’activait à préparer divers éléments avec des gestes prouvant son habitude et son expérience dans l’exercice de son métier.

De mon côté, je regardai la salle où se trouvait un énorme bac pour prendre le bain. Je me souvins des baignoires sur Atlantis, mais cet instrument était très différent. Il ressemblait davantage à ce que j’utilisais dans son village, en bien plus esthétique bien sûr. Sur invitation d’Abelle, j’allai me placer derrière le auvent, et je commençai à me déshabiller. Ce n’était pas très long, je n’avais pas grand chose sur moi comparé à un Atlante. Puis, je posai mes affaires sur le petit meuble à côté de moi, et sortis de derrière le auvent, entièrement nue sans aucune gêne, pour me diriger vers le bac rempli d’eau. D’ailleurs, maintenant que je ne portais plus aucun vêtement, on pouvait facilement voir les nombreux hématomes qui couvraient mon corps, ainsi que mes blessures de guerre. D’ailleurs, je retirai les pansements posés par Darren, car avec l’humidité, cela n’allait pas tenir. Au pire, je pourrais toujours redemander au militaire de m’en mettre d’autres, surtout celui dans mon dos pour couvrir sa blessure la plus grave. Je montai avec précaution le petit escabeau, et me glissai dans l’eau chaude. Très chaude d’ailleurs. Il me fallut quelques instants pour m'immerger entièrement, mais une fois que j’y étais, l’eau me fit beaucoup de bien. Je me laissai aller, adossée contre la paroi du bac, les yeux fermés. Mes muscles étaient très satisfaits de ressentir une telle plénitude.

Abelle se montra très discrète. Elle fît mine de ne pas regarder dans ma direction, voulant respecter mon intimité (le fait de montrer qu’elle n’était pas pudique n’y changea rien). Lorsque je me glissai dans l’onde, elle en profita pour m’examiner brièvement. Cela faisait partie de son travail. Sa maîtresse du moment étant une guerrière, elle adaptait son registre et ses obligations naturelles. Dans ce cas : mon état de santé
.
Elle releva sur ma peau les nombreux hématomes et abrasions marquant mon corps et le nota mentalement. Abelle demeura en arrière, décomptant le temps nécessaire pour me laisser apprécier mon bain. Les pieds de la servante glissaient en silence sur le sol, son approche parfaitement équilibrée dans la discrétion et la présence du service. La jeune femme se coula sur mon côté et présenta à bonne distance son plateau.

Elle démontrait son expérience et l’expertise de son art, me permettant ainsi de constater le contenu sans avoir besoin de me contorsionner le cou.

« Les sels de bain, Lyanna. » murmura-t-elle d’une petite voix, comme si j’étais en train de dormir ou que je m’éveillais d’un sommeil réparateur. Elle attendit que j’ouvre les yeux pour prendre la première coupelle et la faire passer doucement sous mes narines.

« Voulez vous bien choisir le parfum qui vous plaît ? »

Abelle énuméra doucement chacune des poudres, attendant un signe de ma part pour me présenter le suivant.

« Teint de soleil : à base de pépin et de peaux de fruits d’été. »

« Pin cendré : à base d’écorce séchée dans des épices. »

« Brise marine : tiré de nos coquillages en bord de mer. »

« Coeur de Magma : à base de roche fracturée par un volcan. »

Je me sentais tellement bien dans le bain que j’en oubliais la présence d’Abelle. Lorsque la jeune femme me parla, j’ouvris les yeux et la regardai avancer avec un plateau sur lequel étaient posées des coupelles contenant différentes poudres à placer dans le bain. D’après Abelle, c’était sels de bain. Je connaissais un peu le principe, même si dans mon monde, ce n’était pas une poudre qui était dissoute dans l’eau. Les herboristes utilisaient des plantes et de la sève à plonger dans l’eau pour détendre les muscles, et faire du bien. Sur les instructions de la servante, je sentis chaque coupelle, ne sachant quel sel choisir. Puis, je jetai mon dévolu sur l’un d’eux, même si je ne connaissais pas du tout son origine.

"Je vais choisir celui là" dis je en désignant la brise marine. "Ca sent bon, même si je ne sais pas ce que sont des coquillages".

« Un animal marin dont la carapace forme une coque. Nous broyons cette défense après la mort du crustacé et plusieurs marée qui l’auront nettoyé. »

J’acquiesçai, essayant de visualiser l’explication d’Abelle. Je savais ce qu’était la mer, comme l’océan, vu que le premier que j’avais vu, c’était celui qui entourait Atlantis. Mais j’avais du mal à croire que des créatures vivantes se trouvaient à sous la surface. Pour moi, l’océan était froid et triste. Je restai silencieuse après avoir choisi son sel de bain.

Abelle me fit un signe avenant de la tête en le ponctuant d’un :

« Excellent choix ... »

La servante se rendit vers l’un des chaudrons pour y verser le contenu de la coupelle. Elle mélangea attentivement puis transporta la fonte en ne montrant aucun signe du déplaisant effort. C’était une partie intégrante de son art : la bonne tenue en tout temps. On ne montre pas d’émotions négatives au client. Abelle déversa ce bouillon dans le bassin, à l’opposé de moi, et elle mélangea doucement le tout avec un pagaie locale. Le courant imprima l’ensemble du bassin du parfum que j’avais sélectionné. Bien dosé, sans excès, l’odeur accompagna ma relaxation. Abelle se mouvait dans le silence et le respect, elle se rendit jusqu’au auvent pour récupérer l’armure. La jeune femme s’interrompit en examinant mes dessous, constatant que la coupe du vêtement ne correspondait pas aux standards de son pays.

« Souhaitez-vous un change identique à ceux que vous usez ? » demanda-t-elle en me montrant mon dessous.

Les sels commencèrent à se dissoudre dans l’eau chaude, et au contact de ma peau, je me sentis mieux. L’odeur était très agréable. C’était un tel plaisir de prendre un bain, bien plus que ceux que j’avais pris dans son village. Abelle me demanda alors quel genre de vêtements je voulais avoir, en attendant de récupérer les miens. Je réfléchis, j’avais toujours connu ma propre tenue de combat, ou dans le même style car j’en possédais quelques unes sur Atlantis.. Et bien sûr, il y avait la tenue Atlante que je refusais de porter.

"Oui, je veux bien les mêmes. Si tu as ça sur ta planète, bien sûr".

La servante disparut, le temps pour elle d’amener l’armure au tanneur puis les dessous à la blanchisseuse. Pendant ce temps, je profitais de mon bain en toute intimité pendant une bonne vingtaine de minutes. Le craquement discret du brasier et la ventilation naturelle vers les puits d’aération permettait de profiter pleinement du moment. La température de l’eau baissait lentement sans devenir déplaisante. En examinant mon environnement, je découvris un plan d’appui, un peu comme un transat, me permettant de m’allonger dans le bassin et d’appuyer ma tête contre le bord.

L’étrange amas de cordage résistant à l’eau évitait de sentir le bois et la dureté déplaisante de cette chaise particulière. Ainsi positionnée, je pouvais me laisser aller, mes membres en suspension dans l’eau. Plus aucun effort à fournir, seulement profiter du moment. J’étais curieuse, alors je m’approchai et tentai de m’y placer. Mais je ne devais pas être douée car je fus un peu mal à l’aise, cette sensation d’être ainsi allongée était étrange, je n’avais pas du tout l’habitude. Je me retirai aussitôt, retournant m’asseoir là où j’étais avant.

Abelle finit par tapoter doucement à la porte et s’y glissa. Elle vint directement vers sa desserte pour préparer quelques effets. Naturellement, pour renouveler la chaleur de l’eau, elle versa plusieurs contenu des marmites bouillonnantes. Enfin, elle s’intéressa à ma chevelure, y passant doucement la main pour y constater les noeuds et quelques saletés.

« Ils ont souffert des combats. » déduisait-elle en tirant sur quelques mèches. « Je voudrai vous les brosser. Après les avoir nettoyé bien entendu. Je vous propose également l‘huile d’Epèhne, qui nourrira vos cheveux et les renforceront. Me permettez vous ? »

Par réflexe, je touchai mes cheveux. Il était vrai qu’avec tous ces combats, je n’avais pas pris soins d’eux depuis un moment. Il y avait des shampooings et des soins sur Atlantis, mais pour moi, rien ne valait les produits naturels utilisés sur ma planète, artisanaux. Un peu de soin ne leur ferait pas de mal, et j’acquiesçai d’un hochement de tête.

Un drap cernant mes épaules, Abelle disposa un siège derrière moi, et lissa mes cheveux. Elle se montra douce et appliquée, procédant au nettoyage dans un premier temps avant d’user de plusieurs peignes avec la même concentration qu’un chirurgien en action. Abelle dénoua lentement quelques noeuds et lissa longuement le tout. Je restai sans bouger, regardant devant moi pendant que la jeune femme lavait mes cheveux et me coiffait. J’étais surprise car je n’étais pas habituée à ces gestes. Certes, certaines femmes chez moi coiffaient les guerrières qui partaient au combat, un peu comme un rituel. Mais ce n’était pas ce niveau de soin que je recevais en cet instant. Pendant toute l’opération, je restai silencieuse. Abelle m’essuya plusieurs fois les cheveux, usant de linge doux, puis elle revint avec une bouteille en cristal contenant un liquide effectivement huileux. Elle le déposa avec un pinceau large, comme si elle me teignait les cheveux, veillant à couvrir la totalité de ma chevelure. Enfin, elle releva le drap de ses épaules pour l’enrouler tout autour de ma tête.

« Voilà. Attendez qu’ils soient secs. Il vous suffira ensuite de retirer le draps. »

Abelle lui partagea un rire sybillin.

« Vous verrez vos cheveux d’un autre oeil, je vous le garanti ! »

J’acquiesçai aux paroles d’Abelle, puis continuai de prendre mon bain, tandis que la jeune servante remettait de temps à autre de l’eau chaude. Je me lavai tranquillement, profitant de ce moment de plaisir, mon corps me remerciait d’autant de soin et de détente. Puis, après de très longues minutes, je décidai de mettre fin à cet agréable instant à contre coeur, et je finis par me lever dans le bac, prête à quitter son bain.

Abelle s’approcha doucement. Sur chaque bras se trouvait un drap. Le premier était épais, comme l’on pouvait attendre d’un drap de bain prévu pour sécher. L’autre était d’une extrême finesse, presque transparent. Il collerait à la peau sans même sécher quoi que ce soit.

« Madame veut-elle... »

Elle rattrapa son automatisme.

« Pardon. Lyanna, voulez-vous vous sécher entièrement avec un linge ? Ou préférez vous cette nuisette pour laisser le feu s’en charger ? »

Son regard se décala à l’autre bout de la pièce, un peu plus à l’écart, où un feu moins grand brûlait. Il s’y trouvait un siège confortable fait en osier avec de quoi s’installer, quelques petits meubles, de la boisson et des peintures. L’ensemble ne semblait pas souffrir de l’humidité de la salle. Visiblement, celui qui préférait cette dernière solution s’installait tranquillement près du feu pour laisser la chaleur faire son office.

« Je pourrai l’accompagner d’une ode au courage ou à un air de flûte discret. »

Je regardai d’abord les serviettes proposées par Abelle, bien que l’une d’elles ne ressemblait pas vraiment à une serviette. Puis, le petit feu qui était au coin de la pièce. J’avais le choix entre me débrouiller seule, comme à mon habitude, ou alors laisser les choses faire. La deuxième solution était intrigante, et j’avais envie de tenter celle là.

"Je vais choisir la nuisette" dit elle en désignant l’étrange serviette fine et presque transparente, qui n’avait rien à voir avec le vêtement terrien.

Je quittai le bain, tandis qu’Abelle s’occupa de moi.

"Une flûte ? Qu’est ce que c’est ?"

« Un morceau de bois. Lorsque l’on souffle dedans, en bouchant des emplacements, cela forme un air. Une musicienne exercée comme moi sera vous faire grandement apprécier votre séchage ! »

La servante termina de me guider pour enfiler la nuisette puis ouvrit le bras en direction du fauteuil en osier. Elle me suivit en transportant mon épée et du linge proprement plié. S’y trouvait un haut, une jupe et une veste. Abelle le déposa sur le meuble le plus grand, un peu à l’écart du fauteuil, puis elle me rejoignit.

« Vous trouverez dans ce pichet une sélection de nos fruits frais réduit en jus. Quant à la flûte...»

Elle ouvrit sa veste pour en sortir l’instrument de sa poche intérieure. Abelle me la tendit.

« C’est en soufflant à cet endroit là. »

Je m’installai sur le siège non loin du feu et regardai les coupes sur la table. Je goûtai plusieurs d’entre elles, appréciant le goût de certains jus de fruits bien mieux que d’autres. Cela me fit du bien, c’était frais et délicieux. Me retrouver si peu vêtue, humide du bain, au coin d’un feu crépitant, c’était si agréable, j’avais fait le bon choix. Abelle me tendit l’objet de ma curiosité, la fameuse flûte que je pris dans mes mains, la retournant dans tous les sens, intriguée.

"On souffle dedans ?"

J’essayai alors, mettant ma bouche à l’endroit où il fallait souffler. Mes doigts se placèrent sur les trous qui couraient le long de la flûte. Puis, je soufflai dedans, tentant de faire de la musique comme me l’avait dit Abelle. Mais le résultat fut catastrophique pour mes oreilles, et je finis par grimacer en arrêtant de souffler. Comme si cet objet était maudit, et que je ne comprenais pas comment ce peuple pouvait appeler ça de la musique.

"Le son est horrible, j’ai mal aux oreilles, c’est trop bruyant et strident".

« Tout est dans la légèreté du souffle et la danse des doigts. Permettez ... »

Abelle me retira doucement la flûte et la présenta devant mes lèvres, tout en positionnant elle-même ses doigts. Même si l’instrument était à l’envers, elle semblait être habituée.

« Voilà. Soufflez longuement et doucement...comme une caresse. Comme une douce brise d’été. »

Je ne comprenais pas où Abelle voulait en venir, et je la regardai placer la flûte devant moi, pendant que la servante plaçait ses doigts le long de l’instrument. En fronçant les sourcils, je recommençai, soufflant alors doucement et plus longuement que toute à l’heure, prête à entendre à nouveau l’horrible son qui sortirait de la flûte. Mais contre toute attente, une mélodie plus douce et harmonieuse en émergea.
Avec un grand sourire, Abelle déplaça ses doigts sur les orifices, faisant jouer plusieurs notes que seul mon souffle faisait prendre forme.

« Excellent début, Lyanna. » me dit-elle, espiègle.

Je fus très surprise d’entendre un son agréable à l’oreille. Et encore, un musicien donnerait un bien mieux résultat. Je finis par arrêter de souffler, et regardai Abelle.

"C’est difficile, mais c’est joli à entendre. Tu sais jouer ?"

« Profitez du feu. » me répondit-elle d’un air entendu. « Je suis là pour votre bien-être. »

Abelle se recula doucement, s’éloignant un peu de moi pour me laisser l’espace et le temps d’apprécier l’effet de la chaleur du feu sur ma peau, sur le vêtement léger. Une petite minute plus tard, un air très léger et agréable monta dans la salle. Il recouvrait à peine le craquement du bois et le sifflement des marmites. Le morceau harmonieux et doux avait pour vocation de produire un fond sonore berçant. Je me laissai bercer par la mélodie, tout en fixant le feu qui crépitait.

Le temps s’écoula et les morceaux s’alignaient comme des compilations dont on percevait à peine le début de la fin. Abelle poursuivit ses airs mélodieux jusqu’à ce que je décide de me lever et de m’habiller. La servante termina sa musique decrescendo, sans brutalité, puis demeura à l’écart, les mains croisés, en l’attente de consignes. Elle s’exprima lorsque je passai la veste sur mon dos.

« Lyanna. Le tanneur vous fait savoir que votre armure sera prête dans quelques heures. En milieu d’après-midi. J’y ai aussi croisé votre compagnon, l’Atlante, qui a dit vous attendre à l’auberge pour déjeuner ensemble. »

J’acquiesçai à ses paroles.

« S’il ne vous manque rien, je vais de ce pas faire votre chambre. Lord Virgil aura certainement à coeur de connaitre votre avis sur mes services. Si vous souhaitez changer de servante, n’hésitez surtout pas. »

J’étais entrain de vêtir mes nouveaux habits propres, tout en écoutant Abelle. J’eus alors un sourire aux dernières paroles de la jeune femme, et je posai doucement ma main sur son épaule dans un signe de bienveillance.

"Tu as été parfaite, et je t’en remercie. Je veillerais à dire du bien de toi, et je ne compte pas me séparer de toi si tu veux bien continuer".

« Beaucoup d’Hestevéciennes envieraient ma place. Servir la guerrière qui voyage à travers l’anneau est un grand privilège pour nous. Et c’est un souhait personnel très cher. » m’expliqua-t-elle en souriant.

« Puis-je disposer ? »

"Bien sûr. Je vais finir de me vêtir, et rejoindre le mâ … mon partenaire de mission".

« Vous pouvez me faire mander à tout moment, je vous rejoindrai. » conclut Abelle avant de faire un signe poli de la tête et quitter la salle.

Je terminai de m’habiller, profitant de la solitude pour regarder la tenue que je portais. Une jupe, un haut et une veste, le tout dans un tissu léger. Je me sentais étrange dans ces vêtements, je ne savais pas vraiment quoi en penser car je n’étais pas du tout habituée. Après avoir regardé en long, en large et en travers ces nouveaux habits, je retirai la serviette que j’avais sur la tête, et constatai avec surprise qu’Abelle avait raison. Mes cheveux étaient plus brillants, plus soyeux et en meilleure forme. Ce traitement leur avait fait beaucoup de bien. Une fois prête, je remis ma ceinture, m’assurant ne pas avoir perdu mon couteau, puis mon épée, et je quittai la pièce pour me diriger vers l’auberge.

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Invité
Invité

Ven 20 Mar - 1:45

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Le Soldat ∞ L'Amazone
D
arren Clive pourrait prétexter avoir passé une bonne nuit.
Mais en réalité, une fois que son sommeil avait permis de résorber quelque peu son épuisement physique, la douleur permanente au niveau de son flanc avait fini par le tirer des songes. Comme quelqu’un qui se serait foulé le pied et qui ne parvenait pas à trouver la position adéquat, il avait été ennuyé par cette brûlure constante. Qu’importe ses efforts, à force de respiration et de mouvements naturels dans le sommeil, la sensation soudaine de déchirure avait fini par le réveiller complètement.
Sa nuit avait été comme ça, oscillant constamment entre le sommeil et cet éveil forcé.

En percevant l’aube au travers des fenêtres, se disant que les résistants se levaient dans ces eaux là, Darren avait décidé de quitter le canapé. Il ne gagnerait pas grand chose de plus en terme de sommeil, autant en profiter autrement. Il errait un petit peu dans la chambre. Son activité favorite du moment fût de regarder Lyanna dormir. Il n’aurait pas pu la fixer intensément comme ça sans susciter une réaction agressive de sa part. Le soldat se posa sur le siège d’à coté et retraça mentalement ses petits plaisirs de la veille.
Darren était encore surpris de son rapprochement. De la façon dont ça s’était déclenché.

Un simple baiser pour lui apprendre ce que c’était, lui partager une expérience. Un simple acte qui visait le partage sans qu’il n’y ait, prématurément, une attirance quelconque. Le jeune homme ne trouvait pas beaucoup de comparaison. Juste ces couples qui débutaient parfois par un simple rapprochement physique, parce que ça leur plaisait de ne pas s’attacher, et qui finissaient par partager durablement leurs vies.
Etrange mais logique. Comme l’envie de guider Lyanna tout au long du chemin. A croire qu’une entité mystérieuse, façon génie de la lampe, lui offrait l’opportunité de retrouver l’innocence et la découverte de l’adolescence.

Une fois comblé de l’image d’une Lyanna endormie et de ses petites réflexions personnelles, le soldat profita de la lumière naturelle naissante pour observer ses épées à distance. Son cerveau fît “tilt” à l’idée qu’elle se trimballerait ses armes à la ceinture et que ce serait bien emmerdant. Pour être franc, l’idée lui avait été glissé subtilement la veille lorsque le convoi de résistants étaient arrivés en ville. Le forgeron, le maréchal ferrant et le tanneur s’étaient directement présenté à lui en leur proposant leurs services. Sur le coup, Darren avait dit non.

Mais en lorgnant ces deux épées, il se mit à échafauder un plan visant à refaire les fourreaux des armes de Lyanna. Il ne savait pas bien si ces derniers avaient une valeur sentimentale, au même titre que les lames, mais il se faisait un calcul précis. Darren savait où se trouvait les fourreaux endommagés et il savait également où se trouvait les étals des artisans.
Rien que le risque de lui prendre une arme et de déclencher une colère soudaine lui donnait envie de relever le challenge.
Ce n’est pas parce que Darren avait une influence sur elle et qu’il avait le pouvoir de la calmer qu’il pouvait tout se permettre. Le plus logique aurait été de la réveiller, ou d’attendre, pour lui proposer son idée. Mais il y avait aussi cette tentation, comme le type qui pariait gros, c’était grisant.

C’est pour ça que Lyanna s’était réveillée avec une arme en moins et un dessin à son adresse. Après avoir passé toute la matinée avec le forgeron et le tanneur, le soldat s’était rendu à l’auberge. Il avait croisé Abelle qui amenait l’armure de l’Amazone à l’entretien, ce qui lui avait offert l’opportunité de connaître son tempérament. Elle n’avait pas spécialement l’air en colère, c’était bon signe.
Bon, puisqu’elle était occupée en prenant son bain, le soldat s’installa et commanda à manger. Il avait demandé à Abelle de l’informer de sa présence, qu’elle avait rendez-vous avez lui pour déjeuner.
Une chope d’un alcool local devant lui, Darren patientait avec un léger sourire. Il était tendu mais défiant, prêt à affronter la colère de son amie. Les fourreaux avaient été entièrement refait en récupérant le maximum de pièces depuis l’article d'origine. Le tanneur avait du refaire toutes les attaches en cuir et le forgeron s’était acharné à redresser les fourreaux.
Concernant les parties que le monstre avait trop endommagé, les deux artisans les avaient découpé soigneusement et y avaient greffé de nouvelles pièces usinées à la main.

Donc, dans ce grand drap noué en croix, se trouvait les fourreaux bien refaits, l’une des épées enchâssée dedans. L’équipement était soigneusement empaqueté, prêt à être découvert par la jeune femme. Est-ce qu’elle allait apprécier l’attention ? Comprendre la petite attention à son égard ?

Il était affairé à faire le compte de son équipement, de ses munitions et de son matériel, lorsqu’il la vit enfin apparaître dans l’auberge. Abelle lui avait bien dit qu’elle était passée au bain mais il ne s’attendait pas à cette tenue beaucoup plus standard. Lyanna n’avait plus l’air d’une combattante maintenant. Même si elle portait sa dernière épée, le vêtement brodé qui la couvrait et se finissant en jupe offrait une toute autre image. L’habit était du même type que celui qu’avait Heimda. Riche bien que celui-ci se montrait plus sobre et discret. Un par-dessus faisait office d’une veste légère dégageant un esthétisme inhabituel.
Clive se laissa gagner par l’appréciation une fois la surprise passée. Son regard courut sur la jeune femme, relevant sa nouvelle apparence et ses cheveux bien propre...et brillant.

Darren la comparait souvent à une Amazone de film fantastique, à l’apparence romancée et fantasmée par les producteurs, scénaristes etc...mais là ! Ben elle y ressemblait vraiment. Elle se donnait tout l’air de la brave guerrière revenue du front et qui avait posé l’armure un moment, à l’abri dans sa ville natale, pour aller partager un pot avec son peuple.

Darren referma son sac et le dégagea de la table pour lui faire de la place.
Il attendit qu’elle arrive à sa hauteur, examinant l’expression de son visage, pour déduire s’il allait passer un mauvais moment. Cela ne l’empêcha pas, quel que soit les circonstances, de lui sourire en lui proposant la place d’en face.
« Bonjour Lyanna. »
Il hésita un bref instant puis se pencha vers elle :
« Tu es très jolie. » lui glissa-t-il en la regardant dans les yeux.
C’était un peu mesquin mais il cherchait à la faire rougir un peu.

Lyanna se rapprocha de la table où se trouvait Darren. Vêtue ainsi, elle se sentit mal à l’aise. Une jupe un peu plus longue et légère que la sienne, arborant des broderies discrètes. Un haut qui recouvrait presque tout son corps, tombant sur sa taille, et tout aussi léger que la jupe. Ainsi qu’une petite veste pour réchauffer ses bras nus. Lyanna n’avait pas l’habitude de porter autre chose que les vêtements de son peuple, et même si celle ci était bien mieux que la tenue Atlante, elle avait du mal à se sentir bien même si le tissu était léger et doux au toucher. Darren lui fit un compliment sur son physique, sans doute le premier qu’elle recevait venant d’une autre personne que ses Soeurs. Et venant du premier mâle. Aucun n’aurait osé faire ce compliment, sauf pour sauver sa vie, en vain. Lyanna avait l’impression de voir l’un de ces hommes qui avaient fait une bêtise, et qui savaient qu’ils allaient le regretter. Car après tout, le militaire n’était il pas parti avec son épée ?

Bien que Darren l’ait complimenté, Lyanna ne le remercia pas, ni ne fit attention. Ce n’était pas une insulte pour le militaire, ou le fait qu’elle ne faisait pas attention à lui. Mais elle réagissait ainsi parce qu’elle n’avait pas du tout l’habitude d’entendre ce genre de chose. Pour la jeune femme, ce n’était pas un compliment, c’était simplement un fait, une parole lancée comme ça. Et puis, Lyanna avait autre chose en tête en cet instant, et elle posa son unique épée sur la table. Elle s’installa ensuite sur un siège, faisant face à Darren sans avoir remarqué le cadeau qu’il allait lui faire, emballé dans du tissu. Au contraire, la jeune femme le fusilla du regard, par l’outrage qu’il avait osé lui faire. Ce fut étonnant que le militaire soit encore surmonté de sa tête, Lyanna avait vraiment changé, même si la colère passait dans son regard.

"Tu as pris mon épée. Encore une fois. Mais qu’est ce qui t’a pris ? Tu veux vraiment me mettre en rage, et que je finisse par te frapper ? Ou te tuer ? D’autres sont morts pour bien moins que ça, je te signale".

Lyanna ne savait pas quoi penser de l’attitude de Darren. D’un côté, il était gentil et prenait soin d’elle bien que ça soit un homme, et peu à peu, la jeune femme s’était laissée approchée. Et de l’autre, il osait la défier au sujet de ses armes, alors qu’il connaissait sa réaction. Lyanna soupira, fortement agacée, car elle pensait que Darren jouait simplement avec elle pour la tromper ou dissimuler quelque chose.

"Que cherches tu à faire ? Je pensais que tu étais différent des autres mâles, tu n’as pas cessé de me le répéter. Mais dès que j’ai le dos tourné, tu oses prendre mes armes alors que tu sais très bien que je n’aime pas ça. J’ai vu ton dessin, j’ai compris l’idée qui t’a traversé la tête, mais tu n’avais pas le droit de partir comme ça. Tu joues avec ta vie, tu le sais ?"

Bien qu’elle ne paraissait pas être furieuse, prête à s’en prendre à Darren, le militaire pouvait quand même voir dans ses yeux une lueur de colère. Lyanna n’avait vraiment pas aimé son geste.

Darren avait essayé de se montrer impassible, comme si la colère de Lyanna coulait sur lui comme d’habitude. Mais là, puisqu’il avait tenté de lui faire une sorte de surprise, les mots durs de la jeune femme lui fit cligner un peu des yeux, signe qu’il encaissait. Quelques tics nerveux ponctuèrent l’une de ses joues alors qu’il la laissait parler, perdant tant de sa superbe que de son assurance. Il avait joué et il avait perdu, Lyanna reconnaissait avoir compris son message et cela ne changeait rien.
Lorsqu’elle eut fini de parler, Darren se râcla la gorge et lui répondit d’une voix un peu amère mais compréhensive :

« Je...je te dois des excuses. » avoua-t-il. « C’est vrai que si on inverse les rôles, je n’aurai pas aimé que tu prennes mon P90. J’ai fais exactement la même chose qu’avec l’histoire du portefeuille. »
Il pinça des lèvres, nerveux.
« Tu sais, je te regardais dormir et je me suis dis que ce serait bête de te réveiller. Je voulais te faire une surprise alors je me suis dis que ça valait le coup de prendre le risque... »
Le soldat plissa des yeux, se rendant compte de la stupidité de l’affaire.
« Je sais bien que ce qu’on partage tous les deux, ça ne me protégera pas de ton courroux. Je ne te prends pas pour une faible. »

Lyanna continua de regarder Darren avec un regard noir, et voilà qu’il lui reparlait de l’histoire de son étui en cuir qu’elle avait trouvé dans sa poche. La jeune femme leva les yeux au ciel, n’en revenant pas, avant d’écouter le reste de ses paroles. Visiblement, le militaire avait maladroitement voulu lui faire une surprise, même s’il se doutait qu’il en paierait le prix au même titre que n’importe quel mâle. Certains appelleraient ça du courage, d’autres de la stupidité, et Lyanna ne savait pas vraiment de quel côté mettre Darren. Elle secoua la tête, toujours en colère par rapport à l’acte du soldat. Mais curieusement, son attitude démontrait clairement qu’elle était entrain de s’adoucir. Darren avait probablement trouvé les bons mots en attisant la curiosité de la guerrière, même si la moindre étincelle pouvait raviver le brasier qui brûlait en elle. Lyanna soupira en secouant la tête, exaspérée.

"Tu n’avais pas à partir comme ça, comme un voleur. Même si je dormais, tu aurais dû me demander la permission, ou me dire de t’accompagner. Et je ne sais pas ce qu’est une surprise. Je pensais que tu voulais faire d’autres fourreaux pour remplacer les miens ? Je croyais que tu avais dessiné ça, et non pas une surprise".

Lyanna détourna par la suite les yeux en secouant à nouveau la tête, avant de reporter son attention sur Darren.

"Je te signale que des armes, ce n’est pas pareil que ton étui en cuir. Mes épées sont plus utiles et importantes que des photographies, tu n’as pas de raison de te venger de cette façon. Et cette chose, le truc bizarre dans une matière curieuse qui se déroule, tu vas me dire que c’est plus important que mes épées ?" lança-t-elle à voix haute, en toute innocence, sans se soucier d’être entendue.

Un vrai moulin à paroles.
Lyanna sortait ce qu’elle avait sur le coeur, ce qu’elle avait accumulé tout le temps où elle avait été séparé d’une de ses armes. Darren pencha un peu la tête sous le poids de cette culpabilité et des mots de Lyanna qui, malgré tout, l’affectait un peu. Il gardait en tête les idées principales, comme le fait de lui dire qu’il n’était ni voleur ni manipulateur. Il notait qu’il fallait lui expliquer ce qu’était le concept de surprise pour faire plaisir, ce qui était par nature un terrible échec.
Puis elle le dégomma sur la comparaison entre l’utilité de ses armes et….de la capote qu’il gardait dans son portefeuille. Objet qu’elle avait savamment autopsié quand il avait le dos tourné sans en déduire son utilité.
Darren s’étouffa dans sa propre salive et toussa. Ses joues s’empourprèrent en remarquant qu’elle attendait une réponse et qu’elle en parlait ouvertement.

“Le truc bizarre dans une matière curieuse qui se déroule” venait d’attirer l’attention d’une bonne part des clients de l’auberge. Darren se réajusta sur son siège, mal à l’aise, et se racla la gorge.
« Heu...c’est...hem...on appelle ça un préservatif. »

Lyanna fronça les sourcils, sans comprendre la réaction de Darren. Celui ci avait l’air très mal à l’aise, et les regards tournés vers eux en ayant surpris leur conversation ne semblait pas arranger les choses. Mais la jeune femme ignorait pourquoi le militaire réagissait de cette manière. Au moins, cela eut le mérite de la faire penser à autre chose qu’à la colère qu’elle ressentait, et qui s'apaisait peu à peu. De sa manière toujours innocente,Lyanna reprit les paroles de Darren sans aucune gêne en parlant sur un ton normal, même si elle ne hurlait pas dans la pièce.

"Un préservatif ?"
« Schhhhhttttt ! » fît soudainement Darren, très gêné, en battant des mains pour lui demander de parler plus bas.
Cette fois, la clientèle complète mirait la scène dans un mélange d’amusement et d’hilarité. Clive les fixa, comprenant à leur expression que Lyanna était bien la seule à ne pas savoir ce que c’était, puisqu’à l’époque ça se faisait en boyaux de porc. Il se massa la nuque d’une main, l’air penaud, et se redressa sur son siège en refusant de paraître minable.
« Le préservatif...comment t’expliquer... » fit-il à voix basse.
Il jeta quelques oeillades à son public et s’emporta.
« Nan mais oh ! Vous n’avez pas des conversations à finir ?!? »

Quelques petits rires montèrent en arrière fond. L’assemblée se réorienta sur ses propres discussions. Darren était dépité.
« Bon...heu...tu te rappelles ce que tu me disais sur les hommes, la paillasse, les chevaucher et toussa ? »

Lyanna regarda Darren avec de grands yeux surpris lorsque ce dernier cria sur le reste des clients. Mais pourquoi s’emportait-il ainsi ? Et pourquoi parlait-il à voix basse ? Le militaire avait vraiment l’air gêné par quelque chose qu’elle ne comprenait pas. Comment un simple mot pouvait le faire réagir ainsi ? A moins que ça soit ce petit bout de plastique étrange et élastique. Mais même en pensant à ça, Lyanna ne comprenait pas. Vu que le soldat parlait à voix basse, la guerrière décida de jouer le jeu sans savoir pourquoi, et se pencha un peu en avant pour chuchoter avec lui, répondant à sa question en fronçant les sourcils. Où voulait il en venir ?

"Oui, je m’en souviens. Mais je ne comprends pas le rapport".

Lyanna réfléchit quelques secondes, essayant de répondre avant Darren, avant de reprendre la parole.

"Ca se met à un doigt ? Pourquoi faire ? Et pourquoi sur un mâle couché ?"
Darren lui était reconnaissant de chuchoter. Mais il n’en avait pas fini avec le malaise en l’écoutant parler. Il ferma les yeux lorsqu’elle estimait que ça s’enfiler à un doigt et secoua négativement la tête.
« Allez mon Darren, t’es le mec du duo je te rappelle ! » se murmura-t-il à lui-même.
Il se racla la gorge et lui annonça :
« Ca s’enfile au onzième doigt. Pour un homme couché sur la paillasse, tu vois duquel je parle ?»

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Ven 20 Mar - 1:47

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
A
la question de Darren, j’essayai de comprendre, le regard perdu dans le vague comme si j’essayais de visualiser le corps d’un homme. Je cherchais où pouvait être ce doigt dont le militaire parlait, mais non, je ne comprenais vraiment pas. Pour le plus grand désarrois de Darren. Je secouai la tête, totalement perdue.

"Non, je ne vois pas de quoi tu parles. Il est où, ce onzième doigt ? Il est trop petit pour le trouver facilement ?"

« Ca dépend des mecs. » lâcha-t-il à la volée.

« Mauvais exemple. Bon...heu...tu avais déjà essayé de chevaucher un mâle. Je sais que ça t’a pas plu, ce n’est pas le sujet. Tu savais où te poser, sur quel membre ? Tu sais... »

Darren serra les dents.

« Celui qui gonfle ? »

Je fixai Darren, essayant de comprendre les explications du militaire. Au début, je cherchais toujours une réponse à sa question. Puis, je finis par comprendre. Et sur le coup, j’en oubliai de chuchoter, parlant d’une voix suffisamment forte pour être entendue à l’autre bout de l’auberge.

"Ah, je vois ?! Tu parles de ton sexe ?! Et ce truc va dessus ? Ca y est, j’ai compris !"

Aussitôt, les regards se tournèrent à nouveau sur nous, et Darren fît tomber sa tête bruyamment dans ses bras, s’y enfonçant comme s’il essayait de disparaître pour toujours. Cela me rappela à l’ordre sur mon indiscrétion. Je ne m’étais pas rendue compte d’avoir parlé aussi fort. Je repris le cours de la conversation en murmurant.

"Donc, je sais où ça se met, même si je ne vois pas comment. Mais pourquoi ? Ca sert à quoi ?"

« Tant qu’à y aller... » grommela Darren.

Il releva son visage vers moi et me sourit. Au moins, je me vengeais sans le savoir du vol temporaire de mes affaires. C’était moins violent que de se prendre une baffe, et mon regard était celui que le militaire aimait. Quand je cherchais à apprendre, comprendre, plutôt que celui que j’avais quand je voyais en Darren un “mâle” qui m’avait volé.

« Je t’ai dis que les Atlantes le faisaient pour avoir du plaisir. Donc c’est pour éviter que la femme soit dérangée par la semence de son compagnon. Parce qu’elle ne veut pas procréer cette fois là mais seulement s’amuser : le garçon met ça. »

Il regarda autour de lui. C’était quand même la première fois qu’il se sentait aussi géné. Il était rouge comme une tomate.

« Ca ne s’utilise qu’une fois et après on le jette. »

J’ouvris de grands yeux étonnés quand Darren m’expliqua le but d’un préservatif. Ainsi donc, cet objet était utile pour ne pas enfanter ? Je ne comprenais pas du tout le principe, pour moi, ce n’était pas normal. Je parus offensée par les paroles du militaire.

"Empêcher la procréation ? Mais c’est contre nature ! Ce n’est pas normal de ne pas vouloir enfanter ! Il faut faire des enfants pour avoir les prochaines générations, alors pourquoi empêcher d’en avoir ?"

Les questions se bousculaient dans ma tête suite à ces révélations, et là où Darren paraissait être très gêné par la discussion, moi je ne rougis pas. L’innocence préservait du malaise en public.

"Comment ça, ça s’utilise une seule fois ? Ca ne peut pas se réutiliser ? Pourquoi ça ?"

Si Darren espérait que la conversation s’arrête pour ne plus être mal à l’aise, il s’était trompé. J’étais curieuse à ce sujet, partagée entre l’incompréhension et un étrange intérêt. Au moins, cela eut le mérite de me faire penser à autre chose qu’à mes épées.

"Et donc toi, tu mets ça ? Le truc qui était dans ton étui en cuir n’avait pas l’air grand, ça veut dire que ton sexe est petit ?" lançai je à nouveau en toute innocence.

Le barrage avait cédé. Un raz de marée de question lui arrivait dans la figure et Darren levait les deux mains pour essayer de me tempérer. Il en souriait quasiment, passant sur le côté gênant du dialogue, jusqu’à ce que je conclus par LA question. La question qui déplaisait aux hommes, la question qui démangeait même le plus calme des lascards. Le soldat se raidit soudainement lorsque j’estimai la taille de son engin, faisant marrer la serveuse qui venait tout juste de passer derrière moi. Darren savait que c’était innocent et il avait bien vu que je n’étais pas pudique. Pourtant, malgré sa patience, malgré sa compréhension, il se sentit vraiment insulté.

« Tu vas voir si elle est petite ma... »

Et là, toutes les tables alentours se gargarisèrent brusquement. Darren se sentit vraiment mal et son regard s’assombrit. Il se leva finalement et quitta la table en embarquant sa choppe, trouvant refuge sur la terrasse dehors. Les rires le suivaient en le collant à la peau, ce qui lui rappelait de bien mauvais souvenirs. Selon lui, j’avais le don de le faire voyage à l’époque de l’adolescence. Pour le meilleur. Mais aussi pour le pire. Rien qu’en atteignant la terrasse, il savait qu’il n’avait pas changé dans le fond. Il était comme tous les autres, Darren prenait la mouche quand on l’accusait de petite taille.

Quant à moi, je fus très surprise de la réaction de Darren. Pourquoi s’emportait-il quand on parlait de la taille de son sexe ? Le voir se lever et partir précipitamment me laissait scotchée sur ma chaise, totalement perdue sur ce qui venait de se passer, alors que je n’avais posé que des questions innocentes sur des sujets que je ne comprenais pas. Depuis le début de la mission, Darren avait toujours tenté d’apporter des explications à mes interrogations, mais cette fois ci, il avait l’air gêné. Non, plutôt blessé par je ne savais quoi. Les clients se mirent à rire lorsque le militaire traversa la pièce et disparut à l’extérieur, et cela me mit hors de moi. Pourquoi ressentais je autant de colère contre eux ? Pourquoi était je envahie d’un étrange sentiment concernant Darren ? Comme si je m’inquiétais pour lui. C’était un mâle après tout, pourquoi me préoccuper de lui ? Pourtant, ce que je ressentais était aussi sincère que surprenant pour moi.

A peine Darren avait-il quitté la pièce, que je me levai d’un bond, attrapant mon épée en la brandissant devant les autres personnes présentes. Je fusillai tout le monde de mon regard noir et glacial, prête à me battre si l’un d’eux m’offensait.

"Vous avez intérêt à cesser vos rires, bande d’idiots, ou je vous tranche la gorge sur le champs ! Est ce que c’est clair ? Un volontaire ?" lança-t-elle sur un ton froid et mauvais, parlant suffisamment fort pour que tout le monde l’entende.

Les rires s’arrêtèrent aussitôt, tous ces gens se souvenaient de la guerrière qui avaient éliminé plusieurs créatures. J’étais peut être une héroïne à leurs yeux, ils connaissaient parfaitement mon tempérament de feu et sanguinaire. Et je n’hésiterais pas à mettre mes menaces à exécution. Ils me craignaient, et ils se remirent aussitôt à parler entre eux, revenant dans leurs conversations précédentes, en espérant ne pas s'attirer mes foudres.

Une fois le calme revenu, je pris le même chemin que Darren pour le suivre, et le retrouvai à l’extérieur. Maintenant que j’avais menacé les clients de l’auberge parce que ces derniers s’étaient montrés désobligeant avec le militaire, ma colère se calmait peu à peu. Je regardai Darren, hésitante à m’approcher de lui. C’était un comble, moi qui n’osait pas m’approcher d’un mâle, alors que d’habitude, je les défiais de rester devant moi. Mais avec Darren, les choses étaient différentes, je le savais sans comprendre pourquoi.

"J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?" dis je sur un ton calme, en contradiction avec la colère qu’il l’avait envahi à l’intérieur de l’auberge, où on pouvait ressentir de l’inquiétude.

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Ven 20 Mar - 1:50

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Le Soldat ∞ L'Amazone
C
live était appuyé contre la rambarde de la terrasse. Il avait entendu son amie hurler. Au début, il avait été partagé entre l’idée d’intervenir pour éviter un bain de sang. Et celui de carrément laisser tomber l’affaire et revenir compter les points à la fin du match. En revanche, une fois qu’il analysa les propos de Lyanna, il fut sidéré de se rendre compte qu’elle le protégeait. Ou du moins, qu’elle faisait taire les rires qui l’avaient accompagné.
Les coudes appuyés sur la rambarde, il sirota son verre pour faire passer la vexation. Il n’aurait probablement pas été si affecté si ça avait été quelqu’un d’autre. Comme sa pote de section, April, qui l’avait charié une fois en lui disant qu’une femme chercherait son chibre sans le trouver.
C’était plutôt parce que c’était Lyanna qui l’avait dit. Dans toute son innocence, certes. Mais puisque c’était l’une des étapes finale d’un chemin qu’il avait entrepris avec elle, mine de rien, ça lui faisait mal. Pendant qu’elle s’approchait sans qu’il ne la remarque, Darren s’était retrouvé à pester mentalement comme un gamin.

"J’ai tout ce qu’il faut où il faut !"
"Pis elle est pas petite d’ailleurs !!!"
"Tu m’en reparleras quand j’te l’aurai collée sur le front, l’Amazone !"
"Mes anciennes partenaires m’ont toujours dit du bien, quoi !"

Puis il entendit sa voix.
Darren se retourna naturellement et voulu la fuir du regard avant de s’arrêter sur quelque chose de complètement inédit.
Attends...attends...attends...Lyanna était venue jusqu’à lui ?!?
Clive était complètement scié. Et aussi agréablement surpris. Que son amie vienne le voir sans lui reprocher de l’avoir quitter à table, le genre à dire “pour qui tu te prends, mâle”, c’était attentionné…
Lyanna s’était inquiétée pour lui. De savoir si elle avait mal agi…

« Tu apprends, je ne te reproche rien... » dit-il d’une voix encore bien amère.
Il prit une inspiration puis se mit à rire.
« Tu ne pouvais pas le savoir mais tu m’as beaucoup insulté là. En prétextant que j’avais le sexe petit. Publiquement en plus. »
Darren haussa les épaules.
« Je ne sais pas...c’est comme si je te disais...que tes épées te servaient seulement à faire la cuisine. »
Il sourit, trouvant la comparaison rigolote.
« Je pense que tu m’aurais éborgné avant de me laisser me vider de mon sang. Nan ? »

Lyanna fronça les sourcils, elle était vraiment perdue après ce qui venait de se passer. Ecouter Darren ne lui apporta pas de réponse à son incompréhension.

"Ca ne se fait pas de parler de la taille ?"

Quelle étrange coutume. Dans son village, les mâles reproducteurs n’étaient pas classés selon leur taille. S’ils étaient exécutés, c’était parce qu’ils ne remplissaient pas leur rôle, et donc étaient inutiles. La comparaison avec ses épées étaient surprenante, et effectivement, Lyanna n’aurait sans doute pas apprécié.

"Je ne t’aurais pas éborgné … je t’aurais simplement coupé la main avec l’épée pour te montrer qu’elle ne servait pas à faire la cuisine" dit elle en réponse à sa remarque, égale à elle même.

Lyanna soupira, s’approchant un peu plus de Darren sans vraiment savoir pourquoi elle ne gardait pas ses distances. Elle avait curieusement envie d’être près de lui.

"Tu sais, ce n’est pas la taille qui compte. Que ça soit grand ou petit, si ça fonctionne, c’est le principal, non ? J’ai déjà vu des mâles avec une taille imposante, ils étaient inutiles. Alors on les a exécuté. Ca ne veut rien dire, la taille".
« Je n’ai pas une petite bi** !!! » s’exclama-t-il hâtivement en retour, presque hilare. « T’es pas possible, toi ! »

Darren ria.
« Lyanna ! Je suis constitué comme un gars normal, il y a pas de problème à ce sujet là. C’est juste que... » il claqua des bras d’un air blasé. « C’est une discussion qu’on peut avoir dans l’intimité, quand on est seul. Comme hier soir par exemple, bras dans les bras. »
Il regarda vers l’intérieur de l’auberge.
« En public, ça ne se fait pas. Ca me couvre de ridicule. »
"Oh ! D’accord, je comprends" dit elle, maintenant que Darren venait de lui expliquer que ce genre de sujet était trop intime pour être partagé en public, d’où sa réaction.

Lyanna tourna son regard vers l’intérieur de l’auberge, avant de reporter son attention sur Darren.

"Si tu veux, je peux les tuer s’ils se fichent encore de toi. Je leur casse quelques os, je leur broye leur parties intimes, et je les laisse agoniser après les avoir saigné ?!"
« Je t’ai entendu quand tu les as menacé. » coupa Darren, une légère émotion dans la voix. « Et tu proposes de me venger de leur moquerie. C’est très gentil. Mais...tu sais pourquoi tu réagis comme ça ? »

Lyanna baissa un instant les yeux pour réfléchir à la question de Darren. Pourquoi avait elle réagi de cette manière, à vouloir protéger un mâle ? Bonne question, et elle n’avait pas la réponse. Elle secoua négativement la tête, tout en levant les yeux pour regarder le militaire.

"Je ne sais pas. Ca m’a mit en colère de les entendre rire. Mais j’ignore pourquoi".
« Parce que je commence à compter pour toi, Lyanna. La petite attention, comme mettre mon manteau sur les épaules. Toi tu t’es inquiété pour moi, pour mon état, et tu cherches à ce que j’aille mieux. »
Clive lui sourit.
« C’est un très beau cadeau, je suis touché. Tu aurais pu te mettre en colère pour ma réaction et, à la place, tu es venue me voir. Merci... »
Il se racla la gorge.
« Tu aimes bien quand je te sers dans mes bras. Tu aimes bien quand on s’embrasse. Et tu aimes bien quand je veille sur toi. Là, aujourd’hui, c’est toi qui a voulu veiller sur moi. C’est...ce que font les couples l’un pour l’autre. »

En écoutant Darren, Lyanna se remémora leur première conversation sur le sujet, et le militaire faisait la liste de ce qui indiquait que des gens s’aimaient et étaient ensemble. Elle réfléchit longuement, comme si elle essayait de comprendre réellement les paroles du militaire.

"Un couple ? Toi et … moi ?"

En imaginant cette possibilité, Lyanna ressentit une sorte de malaise. Elle n’aurait jamais cru en arriver là avec Darren, que leur proximité pouvait être semblable à ce qu’un couple vivait. C’était un peu trop pour elle sur le coup, la jeune femme n’était pas du tout préparée à une telle idée. Elle avec un mâle. Elle était perdue, et recula d’un pas sans le vouloir. Ce n’était peut être pas le but de Darren, mais Lyanna n’était pas encore prête à en arriver là. Elle ne s’imaginait même pas être aussi proche d’un homme, malgré tous les progrès qu’elle avait fait. Elle recula encore d’un pas, déstabilisée.

Clive fronça des sourcils en la voyant réagir comme ça. Le temps que les fils se connectent dans son cerveau, il comprit l’énorme maladresse qu’il venait de commettre, déduisant que Lyanna faisait face à une déclaration d’amour à demi-mots.
« Je me suis mal exprimé. » déclara-t-il rapidement alors qu’elle faisait son deuxième pas en arrière.
« Tu m’as demandé ce que ça voulait dire “être amoureux”, je t’avais parlé de couple. Je ne suis pas en train de te dire que nous le sommes »
Le soldat avait envie de s’approcher mais il sentait que ce serait une erreur.
« Ce que je voulais dire, c’est que tu commences peut-être à avoir des sentiments. C’est le début. Ca ne veut pas dire qu’on tombera amoureux ni qu’on sera en couple. Je voulais profiter de ce que tu as fait pour moi, pour t’expliquer ce que c’était, la relation entre couple sur Atlantis. L’attirance. »
Il se voulut rassurant.
« C’est une comparaison que je t’ai vraiment mal expliqué. Je ne voulais pas te contrarier. »

Lyanna s’arrêta de reculer lorsque Darren se reprit aussitôt, s'expliquant sur le malentendu entre eux. En y réfléchissant, c’était stupide d’imaginer que le militaire lui dévoilait ses sentiments, n’est ce pas ? La guerrière était bien différente des Atlantes, et il lui faudrait encore un long moment pour faire confiance à un mâle pour en arriver là. Excepté Darren bien sûr, c’était le seul qui avait réussi à l’approcher. D’où le quiproquo qui venait de naître.

"Ah, d’accord. J’ai cru que ..."

Lyanna se mordit la lèvre en regardant ailleurs, un peu gênée.

"Enfin, j’ai cru que tu disais que toi et moi … heu … enfin … je ne sais pas si j’arriverais à avoir cette intimité avec un mâle, alors … ça m’a fait peur".

Pour une fois, Lyanna ne savait plus vraiment où se mettre, et elle continuait de le fuir du regard, se sentant bête d’avoir compris de travers.
De son côté, Darren releva qu’elle lui avait avoué avoir eu peur. Vingt-quatre heures plus tôt, elle n’aurait jamais fait ça. La question de leur attachement mutuel n’était pas à se poser et le “toi et moi” hésitant de Lyanna non plus. Elle était intimidé, perdue, ce qui était plus que normal. Darren faisait des efforts mais il oubliait trop souvent que c’était un terrain qu’elle ignorait complétement.
Avoir peur de l’inconnu, c’est humain. Il ne pouvait tout simplement pas lui balancer ses sentiments comme un pavé dans la mare. “Ah ouais, au fait, on est en couple !”.
Il fallait de la subtilité et surtout de la patience. L’évolution de Lyanna était impressionnante en vingt quatre heures seulement mais il ne fallait pas pousser le bouchon. Question faculté d’adaptation, elle était au max et il n’y avait rien à lui reprocher.

« Peut-être un jour, quand tu te sentiras prête. Que ça ne te fera pas peur. » expliqua-t-il en s’approchant.
Il leva lentement les mains dans le but de cerner ses épaules. Il ajouta d’un ton se voulant rassurant :
« Pour l’instant, on explore quelque chose ensemble. Ce n’est pas être en couple, et ce n’est pas être indifférents. C’est ce que les jeunes gens connaissent lorsqu’ils se rencontrent et c’est ce qui te manque pour apprendre. »
Darren ne voulait pas l’effrayer. S’il trouvait parfois les bons mots, il était clairement en train de ramer pour pouvoir trouver un juste milieu.
« Dans notre langue, ça s’appelle flirter. Se “tourner autour”. »

Lyanna remarqua que Darren se rapprochait d’elle, mais même si elle restait sur ses gardes, elle resta immobile jusqu’à ce que le militaire arrive devant elle, en posant ses mains sur ses épaules. Il tenta de la rassurer, en lui expliquant qu’ils n’étaient pas en couple, mais qu’ils se découvraient l’un l’autre au gré de leurs sentiments. Et des sentiments, on ne pouvait pas dire que la guerrière n’en avait pas pour Darren. Au contraire, et cela lui faisait peur parce que c’était la première fois qu’elle ressentait ce genre de chose pour un mâle, elle qui n’éprouvait d’habitude que de la haine.

Lyanna se contenta d'acquiescer d’un hochement de tête en silence, hésitante à dire quoi que ce soit. Puis, poussée par une irrésistible envie contre nature pour elle, la jeune femme s’approcha et vint se blottir contre Darren, voulant se retrouver dans ses bras protecteurs comme la veille.
Le soldat l’accueillit et resserra son étreinte.
« Ca va aller. Je sais que ce n’est pas facile pour toi. » lui glissa-t-il à l’oreille en la cajolant.
En partageant ce câlin, il découvrit une toute nouvelle odeur émanant de son amie et glissa naturellement son nez dans le creux de son cou.
« Hmmmm….tu sens bon ! » lui souffla-t-il malicieusement.

Lyanna avait fermé les yeux le temps de leur étreinte, pour mieux la savourer. Sa peur disparu lentement, apaiser par la présence de Darren. Puis, alors qu’elle se laissait cajoler, le militaire eut une parole qui la fit rouvrir les yeux. Elle fronça les sourcils, et se recula légèrement tout en restant dans ses bras, levant la tête pour le regarder.

"Je sens bon ? Parce que d’habitude, je sens mauvais ?"
Darren se mit à sourire. Galaxie de Pégase ou Voie Lactée, le fameux piège était intégré dans les gênes de la gent féminine. Darren secoua légèrement la tête et rectifia :
« Je voulais dire par là que j’aime le parfum que tu portes en ce moment. Et je n’ai jamais trouvé de mauvaises odeurs chez toi.»

Lyanna continua de fixer Darren du regard, attendant sa réponse qui pouvait tout aussi bien la rassurer que l’énerver. Le militaire se rattrapa avec brio, et la jeune femme se détendit contre son corps. Elle comprit alors que le parfum qu’elle portait était le sel de bain qu’elle avait choisi.

"J’ai .. j’ai pris un bain toute à l’heure, et il y avait de sels de bain qui sentaient bons. Tu dois sentir ça".
« Je pense. Et tu as une belle tenue aussi. » fit-il en se reculant un légérement, la conservant dans ses bras.
« Je ne t’ai pas menti, je te trouve très jolie. »

Lyanna baissa les yeux pour regarder sa tenue, avant de répondre à Darren.

"Je ne me sens pas bien là dedans. Je veux dire, le tissu est très agréable, et dans d’autres circonstances, je serais ravie de porter ça. Mais je sens que ce n’est pas adapté pour le combat. Comment vais je me battre avec cette tenue ?"

Et oui, Lyanna ne pensait qu’au combat. Elle avait du mal à imaginer qu’ils n’étaient pas sur le point de partir et de continuer leur mission, et qu'elle récupérerait ses affaires d'ici peu. La jeune femme s’attendait à garder ces vêtements un moment, et elle craignait être moins performante qu’avant.

« Normal, ce n’est pas fait pour se battre. »
Il se prit pour exemple.
« Quand je suis sur Atlantis et que je me repose, je ne porte pas forcément mon uniforme. Je porte un autre habit plus joli, comme tu le fais là. Et quand on ira en mission, tu reprendras ton armure ! »

Lyanna fut soulagée de savoir qu’elle allait retrouver ses affaires avant le prochain combat. Elle ne se voyait pas du tout se battre avec ces vêtements. Ce n’était pas digne d’une guerrière. Elle avait remarqué que Darren l’avait trouvé jolie, un terme qu’il avait déjà utilisé à son arrivée, alors que son esprit s’était concentré à ce moment là sur son épée dérobée. Et elle ne savait pas vraiment comment réagir. Là où les autres femmes auraient dit “merci”, Lyanna n’avait jamais eu ce genre de compliments de la part d’un homme. Et n’étant pas prétentieuse, elle ne se voyait pas comme une belle femme, mais comme une femme normale. La guerrière se regarda à nouveau sans comprendre les paroles du soldat.

"Tu me trouves jolie avec ça ?"
« Oui. Pourquoi ? Tu n’as pas l’air de... »
Le soldat eut un déclic.
« Ah oui, c’est vrai ! Là, je te fais un compliment Lyanna, pour te flatter, et te faire sentir plus désirable à mes yeux que les autres femmes. Je ne cherche pas à te manipuler, c’est plutôt une façon de reconnaître que tu es attirante. C’est ce que font les hommes sur Atlantis.»

Aux paroles de Darren, Lyanna sentit le rouge lui monter au visage. Ses joues s’empourprèrent légèrement, et elle détourna le regard, se mordant la lèvre.

"Personne ne m’a jamais dit que j’étais jolie ou attirante. Je ne sais pas ce que tu me trouves. Je suis … quelconque. Normale".

Clive était satisfait de la voir réagir comme ça. Finalement, il l’avait gagné son petit pari personnel en la voyant piquer un phare. De sa main droite, il vint emprisonner le menton de la jeune femme pour lui ramener le regard vers lui, imposer doucement la connexion.
« A mes yeux, tu n’es pas quelconque, guerrière. »
Il s’approcha pour l’embrasser.
« C’est ce qu’on appelle la séduction. Tu...es...séduisante ! »
Lyanna se laissa faire lorsque Darren l’obligea gentillement à lever la tête pour le regarder, puis l’embrassa. Il avait des paroles tranquillisantes pour elle, et la jeune femme eut un léger sourire. Puis, elle avança d’elle même son visage, et à son tour, elle embrassa doucement le militaire.

Darren ricana.
« Mais c’est que vous apprenez vite ! »
Il ponctua d’un autre baiser avant de se détacher d’elle.
« J’avais une “surprise” pour toi. Est-ce que tu veux savoir en quoi ça consiste ? »

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Ven 20 Mar - 1:52

Lyanna
Le Soldat ∞ L'Amazone
J
e ressentis étrangement un vide lorsque Darren se recula, mais en l’écoutant, cette sensation disparut. Le sujet de la conversation revint sur l’origine de la dispute, et la signification du dessin que le militaire avait réalisé. En arrivant à la table de Darren, je n’avais pas remarqué le tissu posé sur la table. La curiosité revint au grand galop, malgré le fait que pour en arriver là, Darren avait volé l’une de mes épées.

"Oui, je veux savoir. C’est quoi ?" demandai je, même si je me doutais de la réponse. Cependant, j’étais loin de me douter qu’il s’agissait en réalité de mes fourreaux originaux, et remis en état.

Darren se montra mystérieux. Il enchassa l’une de ses mains dans la mienne, et m’attira jusqu’à l’intérieur de l’auberge. J’avais eu sur les derniers occupants un sévère effet Kiss Kool, ces derniers se concentraient sur leur assiettes sans même lâcher un rire. Darren remercia silencieusement mon pouvoir de persuasion avant de m’installer à table.

« Une surprise, c’est vouloir faire une offrande à laquelle la personne ne s’attend pas. C’est pour lui faire plaisir. »

Clive releva son sac à dos et prit le paquet qu’il déposa devant moi, comme si c’était mon anniversaire.

« On ne révèle pas sa nature pour que l’autre puisse profiter pleinement de l’effet de surprise. D’où le nom. »

Après m’être assise à table, non sans avoir lancé un regard noir à l’ensemble de la salle pour m’assurer que tout le monde prenait encore ma menace au sérieux, je reportai mon attention sur Darren qui m’expliquait ce qu’était une surprise. La seule notion de surprise que je connaissais, c’était lorsque les ennemis avaient pris d’assaut mon village sans être repérés. Alors autant dire que pour moi, ce terme n’était pas du tout agréable. Pourtant, je me doutais que venant de Darren, cela ne pouvait pas être si mauvais. Surtout en ayant vu son dessin, et en avoir compris le sens. Puis, Darren posa quelque chose devant moi, emballé dans du tissu. Aussitôt, je le défis et dévoilai des fourreaux. Non. MES fourreaux à moi, les miens, ceux que le monstre avait arraché avec sa puissante gueule. Certes, ils étaient un peu différent par endroits, là où le cuir avait dû être remplacé, mais je fus surprise de voir qu’il s’agissait de mon bien, et non de fourreaux de remplacement, fabriqués sur cette planète. Et dans l’un des fourreaux, se trouvait mon épée dérobée. Un sourire apparut sur mes lèvres, alors que je caressais le cuir brillant de mon cadeau. Quelle surprise.

"Mes fourreaux. Comment as tu réussi à les réparer ? Je les croyais détruits à cause du monstre" demandai je en regardant Darren, les yeux brillants de joie.

Le soldat n’avait rien perdu du moment. Mon expression changeante en reconnaissant mon matériel reconditionné, mes gestes envers le cadeau et le sentiment de m’avoir saisi en plein coeur, dans le bon sens du terme. Il ressenti une pointe de joie et de bonheur à l’idée d’avoir réussi à me surprendre.

« J’ai demandé l’aide du forgeron et du tanneur. » avoua la soldat. « Il ne leur manquait qu’une de tes armes pour vérifier qu’elles ne se coinceraient pas dans le mouvement. »

Il marqua une pause.

« Si je t’avais demandé la permission, je n’aurai pas pu t’en faire la surprise. Je m’en excuse quand même. »

Darren m’expliqua pour quelle raison il avait dérobé à mon insu mon épée, et comment il avait réussi à remettre à neuf mon bien. Cet aveu eut le mérite de chasser toute trace de colère chez moi à cause de cette histoire. Je me sentit même un peu idiote d’avoir aussi mal réagi sans avoir la version du soldat, même si pour moi, mes armes étaient très précieuses. Sans attendre, je plaçai la seconde épée dans le fourreau, puis, même si je portais une autre tenue pas du tout adaptée au combat, je plaçai mon bien dans son dos, avant de le verrouiller par les sangles devant moi, ajustant les lanières. Comme si porter des épées me faisait du bien et me rassurait. Maintenant que j’avais retrouvé ce qui m’avait manquait, je souris à nouveau et regardai Darren.

"Merci Darren" dis je dans un murmure, un mot extrêmement rare venant de ma part pour un mâle, tout comme le prénom du militaire que je ne prononçais jamais, sauf lorsque je l’avais appelé à l’aide sans m’en rendre compte.

Chose très précieuse que le soldat avait forcément relevé. Un léger sourire satisfait sur la figure, il observait mon aspect complètement dépareillé et me trouvait craquante dans cet état. Ma sympathie et ma reconnaissance étaient sincères. Clive en profitait grandement. Par une terrible tentation de surenchère, il se pencha un peu vers moi et demanda d’un ton espiègle :

« J’ai le droit à un petit baiser ? »

J’étais très touchée par la surprise que m’avait faite Darren, je ne m’étais pas attendue à ça. Et j’aimais bien ça, ce genre de surprise, c’était très plaisant et ça changeait mon quotidien. Lorsque le militaire se pencha en avant et réclama un baiser, je ne réfléchis pas plus, et agissant plus par instinct cette fois ci, je m’avançai également, et embrassai Darren avec une tendresse dont je ne m’étais pas sentie capable d’éprouver pour un mâle.

Le militaire goûta mes lèvres avec plus d'intérêt que les autres fois. Pour chaque contact, c’était lui qui avait fait le premier pas, s’amusant de captiver mon regard, de m'envoûter et d’abattre mes défenses pour me faire fondre le coeur. Là, même s’il l’avait demandé sur ce moment touchant, je m’était exécutée spontanément dans un élan de reconnaissance et de sentiments. Ca venait directement de moi ce coup-là, je ne m’étais pas sentie forcée ou contrainte, fronçant de mes sourcils comme je le faisais si souvent. Je l’avais embrassé directement en lui transmettant la tendresse d’une reconnaissance profonde et délicieuse. C’était saisissant, le militaire ressentait un total plaisir, comme s’il était victorieux d’une manoeuvre extrêmement compliquée et dangereuse. C’était ça d’ailleurs qui le captivait. Hypnotiser le danger, frayer avec moi. Mon retour sur Atlantis me ramènerait peut-être à mes mauvaises habitudes. Mais pas contre lui. Mon regard ne serait plus jamais le même en se posant sur lui. Flatteur. Appréciable. Darren rigola en me voyant aussi heureuse, comme une petite le jour de noël, et il fit un large geste de la main.

« Bon allez ! Allons faire un petit essai. Je suis sûr que tu ne réussiras pas à manger avec cette idée dans la tête ! » me dit-il en partageant ma joie.

Darren m’accompagna dehors et m’observa faire des enchainements avec mes lames, retirant et replaçant celles-ci dans leurs fourreaux sans qu’il n’y ait d’obstacle. Les deux artisans avaient vraiment bien bossé, se servant de l’épée volée pour vérifier qu’elles coulissaient sans se bloquer. Bien sûr, à cause des différents types de dégâts, mon matériel portait des stigmates qui ne disparaîtraient jamais. Par exemple, je sentais maintenant les imperfections dans le métal lorsque j’y glissais la lame. Ou bien je devais adapter un peu mieux l’un des cordages qui ne demandait, autrefois, pas autant d’attention. Darren m’aida à adapter les petites nouveautés et profita pleinement de mes essais dans la rue. Maintenant que j’étais comblée, nous retournâmes ensemble à l’auberge pour déjeuner. Darren me confia quelques petits détails marrants, comme le fait qu’une latte de plancher avait odieusement grincé lorsqu’il avait tenté de quitter la chambre et que je m’étais immédiatement retournée dans le lit. Il me raconta également comment les deux artisans avaient immédiatement fait de cette tâche une priorité, sachant que c’était pour “la Pourfendeuse de Bêtes”.

Nous passâmes un bon moment, échangeant des anecdotes, du côté de Darren le plus souvent. Il me questionna un peu sur mon ressenti en vivant sur Atlantis. Comment j’avais perçu Darren lorsque je l’avais vu la première fois. Puis, comme si c’était tout naturel, la conversation dévia vers l’incendie d’hier et le message de Macon. La légèreté et le plaisir s’étaient retirés progressivement pour le devoir professionnel que nous partagions tous les deux. Une fois le dessert terminé, nous retournâmes auprès du tanneur pour récupérer l’armure. Celui-ci était alors dans son atelier, terminant de passer une lotion d’entretien sur le cuir. En nous voyant, il se dégagea de son couvre-chef et fit un signe de tête accueillant. Il se montra très respectueux de mon matériel et m’invita à approcher de son atelier pour me faire part des modifications. Sur les endroits où le lanceurs de projectile m’avait touché, le tanneur avait usé d’une résine solide pour faire fusionner un nouveau morceau de cuir en remplacement. Il m’expliqua comment il s’y était pris, promettant la réparation aussi solide que la pièce d’origine, et que l’armure en elle-même n’avait pas perdu en performance.

Le tanneur me félicita d’ailleurs sur la conception avancée de la protection, trouvant dans la coupe une expertise qui ne se faisait pas sur sa planète. En guise de respect, il me laissa un chiffon et la lotion d’entretien, m’expliquant que mon armure devrait retrouver un bel éclat après la deuxième couche. Puis, nous nous rendîmes ensuite dans la chambre, entièrement refaite par Abelle et bien aérée. Le soldat demeura un peu en retrait le temps que je me change, puis nous nous dirigeâmes immédiatement vers le bureau de Virgil. Le Lord avait déménagé dans un autre bâtiment, beaucoup plus modeste, où il dirigeait les affaires de son pays. Bien des villageois présents faisaient la queue dans le but de le rencontrer, et probablement faire part de problèmes. Mais dès que nous nous montrèrent, tous les civils s’étaient retirés pour nous permettre un accès direct.

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Ven 20 Mar - 1:54

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Le Soldat ∞ L'Amazone
D
arren toqua à la porte puis entra dès qu’il en eut la permission. C’était une bibliothèque dont les livres s’étalaient sur des étagères aussi grande que deux hommes. Le bureau central était surchargé de papiers, de missives et de documents manuscrit. Un énorme plan d’une ville inconnue s’étalait tout le long de la table.
Le militaire fût rapidement surpris par l’état du dirigeant. Il était épuisé, anémié, manquant visiblement de sommeil et d’hygiène. Clairement, Virgil avait partagé son temps entre la direction de son pays et le chevet de sa fille. Il ne s’était pas accordé un instant à lui-même, preuve en était de cette écuelle d’un repas refroidi et non entamé. Les couverts étaient encore propre, le plat en sauce avait littéralement séché avec le temps.

Le soldat et l'Amazone - Page 2 Virgil10

« Darren, Lyanna, content de vous voir ! » fit-il en relevant la tête.

Très humble dans sa tenue et sa posture, il ramassa une tonne de paperasse qu’il organisa en pile et plaça de côté.
« Je vous en prie, installez vous. »
Le Lord avisa un regard en direction de l’Amazone qui de son côté, resta debout à faire les cent pas dans la pièce.
« Voulez-vous que j’appelle votre servante pour faire l’intermédiaire ? »

"Inutile, je peux m’entretenir seule avec toi, sans son aide".

Heureusement, les autres couards du Conseil n’étaient présents dans la pièce. Lyanna n’avait donc pas besoin d’Abelle pour calmer son tempérament, Darren était là. Même si elle restait sur ses gardes avec Virgil, la guerrière avait bien remarqué que celui ci était différent des autres, moins présomptueux et dangereux.

"Comment va Heimda ? Est ce que je pourrais la voir ?"
« Elle dort beaucoup. Vous pourrez lui rendre visite quand bon vous semble. » répondit-il avec enthousiasme.
Lyanna continua de garder ses distances, laissant le soin au militaire de mener la conversation.

« J’espère que notre hospitalité a été à la hauteur de vos efforts pour notre sauvegarde. »
« On a été reçu comme des rois. Merci Virgil. »
« Les services d’Abelle vous comblent ? » ajouta l’homme en posant la question à Lyanna.

Lyanna s’arrêta de marcher quelques secondes, et acquiesça d’un léger hochement de tête.

"Elle est très bien, je suis satisfaite de ses services".

« Parfait. Alors parlons affaire... »
Virgil s’installa devant eux. Il détacha sa veste et se racla la gorge.
« J’ai bien réfléchis à notre conversation d’hier Darren et je pense que vous avez raison. L’incendie est intervenu à un moment très stratégique. Cela visait très certainement à m’abattre, moi et ma fille, sans compter les innombrables innocents qui y ont été piégé. »
« Vous avez des ennemis ? »
« Je dirige le Pays, je suis forcément détesté par certains de mes citoyens. » reconnut Virgil.
Il agita une main.
« Le peuple n’approuve pas toujours mes décisions, même si je les impose pour le bien de tous. Divers groupuscules ne cachent pas leur désirs de me voir mort... par moment, les promesses de meurtre sont peints dans certains quartiers de la ville.»
« Je crois savoir que le conseil n’est pas très clément non plus avec vous. »
« L’arrivée des offres commerciales Atlantes ne fait pas l’unanimité. Mes conseillers sont la figure de proue des commerces les plus rentables d’Hestevic. En terme de richesses, ils détenaient un monopole et un moyen de pression sur ma gouvernance. »
« Moins maintenant ? »
« Mitigé, je dirai. S’ils obtiennent moins de profit que la couronne, ils perdront en influence. »

Le Lord observa Lyanna et comprit qu’elle avait du mal à comprendre.
« Ils sont les propriétaires de beaucoup de boutiques, d’ateliers et de chantiers. Cela leur offre un pouvoir néfaste sur les braves gens qui y travaillent, mes citoyens. Si je m’oppose trop souvent à leur avis, ce sont mes serfs qui pourraient en payer le prix. Par représailles. »

Lyanna avait beaucoup de mal à comprendre les paroles de l’homme, et elle écouta ses explications. Ainsi donc, les autres membres du Conseil feraient pression sur les villageois par simple vengeance si Virgil s’opposait trop à eux. Cela eut le don d’attiser la colère de la jeune femme, qui détourna les yeux, les bras croisés sur sa poitrine, tandis qu’elle continuait de marcher dans la salle. Elle aurait dû les tuer à leur première rencontre, cela aurait réglé l’affaire, non ?
Darren perçut la contrariété dans le visage de son amie. Il lui fît un léger sourire avenant pour la rassurer avant de reprendre la conversation :

« Et si nous parlions de Monsieur Macon ? Qui est ce type pour vous ? »

Lorsque le sujet dévia sur Macon, Lyanna se raidit et se retourna vers Darren. Rien que d’entendre ce nom, elle avait des envies de meurtre, n’ayant pas oublié la conversation qu’elle avait surpris la veille. Le militaire allait sans doute lui en dire un peu plus, notamment sur ce que le mâle lui avait dit, et qu’elle n’avait pas pu entendre.

« Il est arrivé en même temps que Mademoiselle Emmagan. Avec des propositions beaucoup plus agressives concernant l’exploitation de nos mines. »
« Il voulait plus ? »
« Monsieur Macon nous a proposé de déployer des machineries Atlante pour augmenter drastiquement la production des mines. Il promettait un avenir lucratif continu pour notre peuple. Sous-entendez….lucratif pour les trois membres du conseil...et Atlantis. »
« Qu’est-ce qui vous a déplu ? »
« Mademoiselle Emmagan et moi-même n’étions pas enthousiaste à cette idée. Déjà parce que le revenu des mines dépendraient de machines que seule Atlantis contrôlerait. Mais aussi...parce que cela appauvrirait grandement nos ressources pour les générations à venir. Mademoiselle Emmagan s’est montrée être une alliée surprenante pour faire ployer la contre-offre de Macon. Mais le conseil était déjà conquis.... »
« Que s’est-il passé après ? »
« Au nom de la couronne, j’ai accepté le pacte commercial de Mademoiselle Emmagan. Contre l’avis du conseil. Après la signature, il était prévu de recevoir un chargement de semence d’un type de culture résistant à l’hiver. Mais rien...nous n’avons plus entendu parler de Mademoiselle Emmagan et nos appels à l’aide se sont heurtés à l’indifférence de Monsieur Macon. »
« Donc ces attaques ont commencé juste après la signature du traité ? »

Virgil se tût pour rassembler ses idées. Il analysa sa situation et découvrit avec stupeur cette coïncidence.
« J’aurai dû m’en rendre compte. »
« Vous avez d’abord pensé à votre peuple en lançant l’évacuation, personne ne peut vous le reprocher. Combien de fois avez-vous tenté de contacter Teyla ? »
« Heimda s’en est chargée. A chaque fois, un interlocuteur disait que Mademoiselle Emmagan n’était pas disponible, ou qu’elle prenait notre message en compte. Ma fille a menacé un jour de franchir la Porte malgré votre bouclier, insistant pour parler à Mademoiselle Emmagan. C’est Monsieur Macon qui lui a répondu et promis l’arrivée de renfort... »

« Moi et Lyanna... »
Virgil acquiesça.
« Nous pensions vraiment avoir été écouté. »
"De ce que j’ai vu des Atlantes, ils sont là pour leurs alliés en cas de besoin, ou de graves problèmes. S’ils avaient su que la menace était très sérieuse, ils auraient envoyé plus de monde, et pas simplement nous deux. Les messages d’Heimda n’ont donc jamais atteint ton Commandement" dit Lyanna en regardant Darren.
« C’est exactement ça. Atlantis aurait envoyé des unités militaires bien équipés, des médecins.... »

Darren était en train d’assembler les pièces du puzzle. Il se mit à parler à haute-voix tout en fixant Lyanna, essayant de faire suivre son raisonnement pour voir si elle était d’accord.
« Teyla croit que tout ce passe bien à Hestevic. Elle n’est pas au courant que Macon intercepte tous les appels qui la concerne...en plus...c’est son contrat à elle qui est en cours. C’est sa responsabilité. »
Clive turbinait à cent à l’heure. Il agita le doigt en gardant Lyanna en ligne de mire.
« Tu étais en attente pour cette mission. Macon comptait t’envoyer en solo livrer le fret parce que personne ne voulait t’accompagner, ces semences d’hiver sur le MALP...les renforts....c’était l’excuse pour te faire venir sur la planète. »
Oui, Macon lui avait laissé comprendre qu’il se servait de Lyanna pour saboter le contrat de Teyla. Mais il lui manquait encore beaucoup d’éléments. Son raisonnement n’était peut-être pas le bon mais il essayait de le poser verbalement, comptant sur l’esprit tactique de Lyanna pour lui dire si ça semblait sensé ou non.
« Et tu aurais tué des mâles, Lyanna...tu aurais commis des meurtres sur une planète dont le contrat portait la signature de Teyla. »
« Pourtant, c’est monsieur Macon qui a ordonné la livraison. »
« J’suis persuadé qu’il a retenu temporairement l’envoi que Teyla vous a fait. Comme ça c’est son ordre de transfert à elle qui figure sur Atlantis !...et le départ en mission de Lyanna : je mettrai ma main à couper qu’il a falsifié le document pour déclarer Teyla comme organisatrice. »
Il regarda l’Amazone sans reproche, le regard teinté d’une compassion aimante.
« Ta mauvaise réputation, à baffer les gars n’importe comment, a dû attirer ce pourri. Macon a vu en toi un parfait outil de destruction. Il t’a surement fait surveiller, vu que tu t’entendais bien avec Teyla. Tu étais la cliente idéale. Et tu filais droit dans un piège... »
« Darren, nous aurions témoigné pour protéger Mademoiselle Emmagan. »
« Mais Teyla et Lyanna se côtoient en privé sur Atlantis. C’est facile de penser qu’il y a connivence. »
Darren secoua la tête.
« Ce petit enculé. Il veut la tête de Teyla ! Je ne sais pas pourquoi...mais il veut qu’Hestevic soit à feu et à sang. Et que Teyla soit reconnu coupable de mauvaise gestion diplomatique, de négligence ou que sais-je.»

Alors que Darren en arrivait à cette conclusion, Lyanna ressentit la rage l’envahir. S’en prendre à Teyla était une chose à ne pas faire, surtout venant de la part d’un mâle. Son envie de le tuer qu’elle avait eu la veille reprit le dessus, et elle se promettait intérieurement de faire souffrir Macon lorsqu’elle reviendrait sur Atlantis, avant de le tuer lentement. Peu lui importait les conséquences. Ce mâle avait osé s’en prendre à Teyla, tout en la manipulant elle pour arriver à ses fins. C’était un acte impardonnable, et la torture et la mort seraient son châtiment. D’une oreille, elle continua d’écouter les paroles de deux hommes, tandis que de son côté, elle imaginait déjà toutes sortes de scénarios possible lorsqu’elle mettrait la main sur Macon.

« Ca ne tient pas la route. Heimda et moi aurions remarqué la manipulation dont Lyanna aurait été victime, nous aurions dénoncé cette supercherie. »
« Vous seriez mort, Virgil. Votre fille aussi. Tué par ces créatures qui tombent pile au bon moment. Laissant votre conseil accéder au pouvoir par manque de descendance. Je crois savoir qu’ils n’apprécient pas trop Teyla eux-aussi. Ils témoigneraient en faveur de qui...si ce n’est pas celui qui leur promet la richesse des mines ? Lyanna aurait fait une parfaite coupable ! »

Sauf qu’il s’était greffé à cette mission. Il avait mis les pieds dans le plat et tempéré les ardeurs de Lyanna avec les conseils de l’Athosienne. Tout le plan de Macon tombait à la flotte. Pas étonnant qu’il se trouvait là-haut, sur la rambarde, à mater leur départ en mission !
Darren interpella son amie.
« Teyla m’a dit que tu étais une leader, que tu avais le sens de la tactique. Si tu voulais destituer une Soeur bien vue sans être découverte - oublions honneur et amour propre - est-ce que ça serait un plan efficace ?»

Lyanna s’arrêta de marcher, et se tourna vers Darren en analysant ses propos. Elle réfléchit quelques instants, avant d’acquiescer d’un hochement de tête.

"C’est une excellente stratégie. L’isoler en lui jetant la responsabilité d’un échec commercial, d’une manigance qui atteindrait un peuple entier sous de faux prétextes, en utilisant une arme que personne n’aurait soupçonné. Puis l'évincer au profit d’un autre qui avait tout calculé d’avance pour prendre le pouvoir et le contrôle de la situation".

Rien que de penser à ça, Lyanna eut une nouvelle bouffée de rage à l’encontre de Macon, ainsi que des trois couards, et elle s’éloigna à l’autre bout de la salle. Clive l’observa en silence, appréciant sa participation.

"Je le tuerais. Je les tuerais tous" dit en elle dans un murmure pour elle même, Darren et Virgil ne l’avaient pas entendu.

Puis, la jeune femme se tourna et regarda Darren.

"Et ces créatures, elles font partie du plan de Macon et des Conseillers ?"
« Ca c’est la vraie question ! »
« Ce ne sont que des animaux. »
« Qui font étrangement le jeu de nos ennemis... »
"D’autres villages ont été attaqués par ces monstres ? Des villages que tu ne diriges pas ?" demanda Lyanna à Virgil.
« Il n’existe qu’Hestevic. »
Virgil dégagea la table pour lui présenter la carte.
Sa civilisation s’organisait autrement qu’à l’accoutumée. Un fédération d’un nombre conséquent de petits bourgs et de villages se reliaient par des réseaux de tunnels et des routes. La ressemblance s’approchait beaucoup à la structure d’un flocon de neige, le centre était le siège du pouvoir et les extrémités des exploitations fermières.
« On nous a rapporté diverses attaques dans les bourgs environnants sur le bétail. Mais rien d’aussi violent que ce que nous avons connu. »
"Personne n’avait vu ces créatures avant que les Atlantes arrivent ? Elles sont apparues comme ça, du jour au lendemain ?"
« Oui, c’est bien pour ça que nous avons été rapidement désemparé. Sans connaissance de ce que nous affrontions, si ce n’est d’obscurs passages dans nos ouvrages religieux, nous avons demandé l’aide d’Atlantis. »
"Donc, ce n’est pas une coïncidence. Ca fait parti de leur plan. Mais où est ce qu’ils ont trouvé ces monstres ? Il faut les arrêter".
Le silence retomba.
« Vous en savez davantage sur eux ? »
« Ils seraient arrivés par le bois incendié par le prêtre. En plein jour, ça a été une surprise totale, nous n’avons pas eu le temps de nous organiser. »
« Ils ont le désavantage de ne pas être discret quand ils se déplacent.» nota le soldat. « Lyanna, tu en penses quoi ? On commence par enquêter et réduire cette menace ? Ou on se concentre sur le conseil ? »

Lyanna réfléchit longuement à la question de Darren. Que devaient ils faire ? Poursuivre les créatures ? Ou s’occuper des conseillers ? Les deux étaient une menace à ne pas négliger. Si le militaire et elle partaient en chasse des monstres, qu’est ce qui empêcherait les conseillers de s’en prendre encore à Heimda et Virgil ? Car Lyanna était persuadée que l’un d’eux, ou un sous fifre, avait mis le feu au bâtiment. Et s’ils partaient à la poursuite des conseillers, les créatures pouvaient repasser à l’attaque, non ? La guerrière se perdit dans ses pensées, silencieuse, le regard baissé sur le plancher tandis qu’elle continuait de faire les cent pas. Il lui manquait des informations pour prendre sa décision, et Virgil pourrait sûrement lui répondre.

"As tu des gardes fidèles pour assurer la protection d’Heimda … et la tienne ?" demanda-t-elle en ajoutant Virgil dans le lot, un peu à contre coeur parce que seule la vie d’Heimda la préoccupait.
« Nous n’avons pas de guerriers. Nous ne pouvions que fuir les Wraiths. En revanche, il y a dans ce bourg de solides volontaires qui veilleront à notre sécurité. »

Lyanna acquiesça aux paroles de Virgil, ces volontaires pourraient veiller sur eux en leur absence. Elle se tourna vers Darren.

"Les monstres sont la plus grande menace, selon moi. Il faut s’en occuper. Il faut les trouver et déterminer leur nombre. S’il y en a trop, on n’arrivera pas à les éliminer sans aide. Mais si c’est à notre portée, ça fera une menace en moins. Les conseillers ne peuvent pas se douter qu’on les soupçonne, ils ne seront pas sur leurs gardes quand on leur tombera dessus après".

Lyanna se tut quelques secondes avant de poursuivre.

"Je m’occuperai personnellement d’eux" lança-t-elle, une lueur de colère passant dans son regard.
« Ils ont peut-être été averti par Macon... » lui glissa-t-il doucement. « Et si nous tenons à sauver Teyla, il faudra les capturer. Pas les tuer. »
« Leur méfait doivent être révélé à la populace dans un procès équitable. Les abattre ferait d’eux des martyrs, déstabilisant encore plus notre équilibre. » ajouta Virgil, bien qu’il le disait à contrecoeur.

Lyanna regarda tour à tout Darren et Virgil qui, eux, souhaitaient que les trois couards restent en vie. Soit disant pour aider Teyla, et recevoir un procès. La jeune femme ne comprenait pas ce système, ni cette décision. Les conseillers étaient dangereux, pourquoi les laisser en vie ? Elle allait protester, mais Darren avait été de bons conseils, notamment lorsqu’il s’agissait de Teyla. Elle soupira en levant les yeux au ciel, serrant les poings dans un mouvement de colère.

"Je ne promets rien. Mais je les torturerais. Ca ne les tuera pas, mais ils doivent payer. Ils ne s’en sortiront pas comme ça".

Ca semblait si naturel dans la voix de Lyanna.
C’en était même intimidant de se dire qu’imposer de la torture, même à un pourri, lui apportait une certaine satisfaction. Tandis que Virgil s’enterrait dans un mutisme lourd de sens, exprimant son désaccord sans pour autant se permettre de contrarier l’Amazone, Darren la fixa avec un léger sourire complice.
Bien sûr qu’elle allait tenter d’en buter un ou deux dès qu’elle en aurait l’occasion. Le genre d’accident tragique et excusable façon “il a glissé sur mon épée, j’y peux rien”. Ou la fameuse légitime défense dans une situation extrême.
Si Darren souriait, c’est parce qu’il était persuadé que Lyanna tenterait de truander, quitte à se rabattre sur le sectionnement de quelques phalanges. Et Darren serait là pour l’en dissuader, trouver la phrase qui accroche, le bon mot, faire jouer les sentiments pour la dévier de cette folle tentation.

« On va commencer par suivre la piste. » temporisa-t-il en lui adressant un clin d’oeil.

Lyanna se doutait que Darren ne devait pas être d’accord avec elle, mais elle ne s’imaginait pas qu’il l’empêcherait de s’en prendre à ses victimes. Elle acquiesça d’un léger hochement de tête, avant de reprendre sa marche à travers la pièce, faisant les cent pas.

Virgil régla quelques détails, comme la promesse de récompense, de valeur pécuniaire pour bénéficier de produits et de services lorsqu’ils s’enfonceraient plus profondément dans Hestevic. Darren aurait préféré faire son bon samaritain et refuser ces paiements. Mais en comprenant qu’il faisait littéralement du hors piste sur sa mission, il préférait voir plus loin. Détenir des ressources pour réagir en cas de problème sans forcément demander de l’aide à Virgil.
Ils quittérent rapidement la salle du dirigeant sans rien dire de plus. L’essentiel était fait et Lyanna donnait plus que l’impression d’être pressée. En atteignant la place du bourg, ils trouvèrent Abelle qui les cherchait du regard, visiblement inquiète. Elle se rassura en les voyant approcher et leur offrit une sacoche en cuir.
« Des vivres pour votre voyage ! »
« C’est gentil d’y avoir pensé.. » répondit Darren en récupérant l’objet.
Il le passa à l’épaule et s’éclaircit la voix.
« Bon. Je vais aller remplir nos gourdes et me trouver une carte de la région. On se rejoint ici plus tard. Tu voulais voir Heimda, c’est ça ? »
"Oui, je n’ai pas encore eu l’occasion de la voir. Je voudrais prendre de ses nouvelles, et lui rendre la peinture de sa mère. Elle est très précieuse pour elle".
« Je peux vous guider, Lyanna. » intervient immédiatement Abelle.
"Bien sûr, je te suis" dit Lyanna en suivant la jeune femme.

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Lyanna
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Ven 20 Mar - 1:56

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U
n quart d’heure plus tard, ma servante ouvrit la porte avec une infinie douceur avant de me laisser passer. Je pénétrai dans une chambre faisant office de suite, un peu comme la mienne, sauf que les volets et les rideaux avaient été tirés en majorité. La pénombre ainsi qu’une odeur rance de fumée de bois rendaient l’environnement déplaisant. Virgil avait ordonné qu’on ne puisse pas voir sa fille depuis les bâtiments extérieurs. Diverses bougies faisaient donc le relais de cet éclairage. Pas très sain, ça donnait même un air d’exorcisme avec une femme, cette Soeur qui priait devant le lit d’Heimda. C’était un grand lit double place, cerné de barreaux de bois remontant en une soupente décorée. Les quatre piliers laissaient apparaître de belles gravures artistiques faites à même le bois. Quand aux draps, ils étaient doux comme du velour, et d’une couleur que l’on trouvait rarement.

Lorsqu’elle sentit ma présence, la nonne se redressa silencieusement et quitta la pièce en malaxant une sorte de chapelet. Elle disparut par la porte en ne faisant aucun bruit. On se serait cru en plein recueillement devant un défunt. Pourtant, la lueur des bougies se reflétaient sur le visage d’Heimda. Débarrassée de sa tunique, la jeune femme était simplement vêtue d’une chemise de lin, recouverte de l’épaisse couverture. Ses cheveux étaient décoiffés et collés contre son visage, une importante couche de transpiration ne présageant rien de bon pour sa santé. Elle dormait profondément. Mais sa respiration était si chaotique et sifflante qu’elle semblait à chaque fois sur le point de se réveiller. Parfois, elle agitait son visage d’un coté et de l’autre, en proie à un cauchemar éclair qui la surprenait. Comme si l’incendie de la veille s’était de nouveau matérialisé pour franchir cette fenêtre et fondre sur elle. Heimda poussait un violent soupir, subissait des spasmes nerveux avant de retrouver un calme relatif.

L’ambiance dans cette chambre faisait peur, il fallait le dire. Je m’avançai vers le lit où Heimda se reposait, me demandant pourquoi les rideaux n’étaient pas ouverts. Il aurait mieux valu de l’air neuf et frais, non ? Je posai la peinture près du lit, et m’installai sur un tabouret après l’avoir rapproché de l’adolescente. Cette dernière faisait peine à voir. Elle n’avait pas l’air d’aller bien, et semblait plongée dans un sommeil chaotique. En protectrice qui me caractérisait, je n’aimais pas voir une femme dans cet état. Je vis une bassine posée sur la table de chevet, ainsi qu’un linge à côté. En silence, sans réveiller Heimda, je pris le linge, le trempai dans l’eau fraîche, et l’essorai. Puis, je passai doucement le linge humide sur le front et les joues de la jeune femme, me doutant que le contact frais lui ferait sans doute du bien dans son état.

C’était bien le cas. L’adolescente avançait son visage instinctivement vers cette source de fraîcheur, les lèvres entrouvertes, ayant tendance à se calmer un peu. Elle eut parfois quelques gémissements endormis, tantôt plaintifs, tantôt douloureux. Puis finalement, empreint d’un certain soulagement. Elle papillonna des paupières et eut beaucoup de mal à retrouver ses repères.

« Père… » gémit-elle d’une voix brisée. Sans prendre conscience de son environnement, elle chercha à écarter les draps. Heimda était si faible qu’elle était d’une lenteur effarante. Le simple fait de soulever le tissu semblait lui demander un effort démesuré. « Père… »

"Non, c’est moi. Lyanna".

Je repoussai doucement Heimda pour l’obliger à se rallonger, ce qui n’était pas difficile vu la faiblesse de l’adolescente. Je n’eus pas besoin d’utiliser beaucoup de force pour que ma jeune fille ne bouge plus.

"Reste allongée, ne bouge pas. Tu es en sécurité".

Heimda écarquilla un peu les yeux en sentant cette force opposée. Mais son visage semblait si las, ses muscles si mollasson, qu’elle abandonna toute idée de lutte. Ma voix douce la tira de sa torpeur, comme si on lui avait tendu une perche alors qu’elle coulait à pic. Heidma agrippa ma main la plus proche d’elle par instinct et elle me fixa longuement en cherchant à me reconnaître.

« Atlante… » murmura-t-elle. « J’ai … prié … pour toi. »

Parler lui coûtait des efforts. En expirant, elle révélait l’état très inquiétant de ses poumons qui sifflaient. Sa voix était devenue rauque, complètement méconnaissable par rapport à son ton habituel. Elle garda bien fermement son emprise sur ma main, si ça pouvait être considéré comme ça au vu de sa faiblesse, puis elle murmura :

« J’ai prié...pour que tu viennes…. »

J’entendais le sifflement dans la respiration d’Heimda, et je n’aimais pas ça. Il lui faudrait sans doute plus de soins que ce qu’elle avait à disposition. Et ces soins, il y en avait sur Atlantis, la technologie et les remèdes étaient beaucoup plus évolués que ce que je connaissais. Je demanderais à Darren si Heimda pourrait bénéficier d’une équipe médicale lorsque la situation s’arrangerait. Je serrai doucement la main de l’adolescente, et passai encore un peu le linge humide sur son front.

"Je suis là, ne t’inquiète pas. Je suis venue prendre de tes nouvelles".

J’ignorais si Heimda m’entendait ou si elle délirait, mais j’eus un petit sourire rassurant pour l’adolescente.

"Je t’ai ramené la peinture de ta mère. Il faudra un nouveau cadre, mais la toile est indemne".

Heimda esquiva mon regard, secouant négativement la tête. Elle ne parvenait pas à comprendre comment c’était possible, son cerveau ne trouvait aucune logique dans mes paroles. Elle se souvenait alors de sa tentative suicidaire pour récupérer le tableau. La toux, la chaleur, la terreur à l’idée de mourir. Tout lui revenait en mémoire mais le tableau ne faisait jamais partie de l’équation. Pourtant, lorsqu’elle revint se plonger dans mes yeux avec un espoir fou, inconcevable, elle su que j'avais dit la vérité. Elle éclata brusquement en sanglots, rassurée et oté d’un terrible poids. Une malédiction qui se serait greffée à ses gènes, et dont je l’aurais sauvé. Sa respiration sifflante accéléra en rythme alors qu’elle remontait ma main emprisonnée vers son visage. Elle y déposa de ses lèvres un baiser chargé de reconnaissance et d’émotions. Heimda était très amoindrie et, malgré tout, son visage s’était éclairé au-delà de sa fatigue. Les yeux plus clairs et plus vifs, elle tremblait d’émotions tout en embrassant la main de sa sauveuse. Elle finit par la glisser sur le coin de son visage en me remerciant du regard.

« C’est tout ce qu’il me reste … de mère. »

"Je sais. Et je te l’ai récupéré".

Je restai immobile à veiller sur Heimda, m’occupant d’elle de temps à autre. Le voir ainsi me préoccupait beaucoup, je n’aimais pas voir une jeune fille dans un tel état de faiblesse.

« Repars-tu ? »

J’acquiesçai d’un signe de tête.

"Oui, je repars dans ma mission. Il y a encore des créatures à éliminer avant qu’elles n’attaquent à nouveau. Et je vais trouver les responsables de tout ça. Je leur ferais payer ce qu’ils ont fait".

Heimda esquiva étrangement mon regard à ce moment là, une lueur d’effroi étincelant dans ses yeux. Je resserai l’étreinte de sa main dans la mienne, afin de la rassurer.

"Ne t’inquiètes pas, je suis solide. Je reviendrais".

Je sm mordit la lèvre, une question me traversa l’esprit. Elle était sans doute inutile, mais je devais quand même la poser.

"Heimda, est ce que tu as vu qui a déclenché l’incendie du bâtiment ?"

L’adolescente fut parcourut de tic nerveux au niveaux des yeux et elle secoua négativement la tête. Heimda avait beau être une diplomate exercée, couchée dans ce lit face à moi, elle n’était guère plus qu’une enfant en qui ont lisait comme dans un livre ouvert. Quelque chose la terrifiait. Et je voyais bien que quelque chose n’allait pas chez elle.

"Tu es sûr ? Ca m’aiderait beaucoup, tu sais. Tu n’as rien à craindre, je te protègerais. Il faut que je retrouve les responsables pour qu’ils ne te fassent plus de mal. Fais moi confiance".

« Tu ne saurais me protéger d’Atlantis. » avoua-t-elle, la voix tremblante. « Il ressemblait à l’un des nôtres. Mais j’ai vu ses chaussures... les bottes...comme ton ami Atlante.»

Je fronçai les sourcils aux aveux d’Heimda. Je n’en revenait pas.

"C’est un Atlante qui a déclenché l’incendie ? Tu es sûre ? Tu te souviens de son visage ?"

« Tu ne pourras pas me croire. Jamais... »

Elle secoua la tête.

« C’est ton ami … l’Atlante qui t’accompagne. J’ai voulu l’empêcher de brûler les peintures … je me suis battue … avec lui. »

"C’est impossible !"

J’avais du mal à croire que ça soit Darren qui était responsable de l’incendie. Déjà d’une, nous étions ensemble hors du village lorsque le feu avait pris. Et puis, ce mâle avait quand même sauvé Heimda, ainsi que la peinture. L’adolescente délirait elle ? Ou l’individu ressemblait-il énormément à Darren ?

"Ca ne peut pas être lui, Heimda. Il était avec moi lorsque l’incendie s’est déclaré. Et c’est lui qui t’a sauvé, et qui a passé la peinture de ta mère par la fenêtre pour la récupérer plus tard, afin qu’elle ne brûle pas. Tu es sûre que c’était lui ? Ce n’était pas quelqu’un qui lui ressemblait ?"

Face à mon mélange d’incompréhension et de certitude, Heimda commençait à douter. Elle cherchait manifestement à refaire sortir ses souvenirs en détails mais la jeune femme avait été traumatisée par l’incendie. L’une de ses paupières tremblaient tandis qu’elle n’osait pas insister.

« Je me souviens de son visage...et de ses bottes. J’ai voulu l’empêcher de mettre le feu au musée...mais il était si fort... »

La jeune femme secoua la tête, apeurée.

« Va-t-il s’en prendre à père ? A toi ? »

J’avais du mal à croire que Darren avait voulu s’en prendre à Heimda, alors qu’il l’avait sortit des flammes et sauvé la vie. L’adolescente avait peut être confondu, ou alors dans la précipitation et après avoir inhalé toutes ces fumées, elle avait cru que le militaire, venu la rejoindre, s’en était pris à elle ? Je serrai davantage sa main dans la mienne.

"Non, ne t’en fais pas, il ne s’en prendra pas à ton père ni à moi. Je trouverais de qui il s’agit, et je l’empêcherais de nuire".

« Mes pensées t’accompagnent, Lyanna l’Atlante. »

Elle acquiesça.

« Il y a en toi la même étincelle que mère. Je ne veux pas la voir disparaître de nouveau. »

"Je reviendrais, ne t’inquiète pas. En attendant, je vais te laisser, tu as besoin de repos".

En lui lançant un petit sourire réconfortant, je me levai du tabouret et posai le linge humide près de la bassine. Puis, je déposai un baiser sur le front d’Heimda, et quittai la chambre et son ambiance pesante. Aussitôt à l’extérieur, la nonne retourna au chevet de l’adolescente pour ne pas la laisser seule. Je quittai le bâtiment, partant à la recherche de Darren.

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Ven 20 Mar - 1:58

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L
e soldat se sentait prêt à repartir.
Les instants de loisirs partagés avec Lyanna avaient pris fin et il se surprit à le regretter un peu, à en vouloir un peu plus. Mais toutes les bonnes choses avaient une fin. La citation était bien rasoire mais c’était le cas : Darren faisait la différence entre le perso et le boulot.
Maintenant qu’il avait rempli les gourdes : la sienne et deux autres artisanales ; il étudiait la carte en se concentrant. Les rares informations de Virgil situaient l’activité ennemie en amont du chemin de la Porte des Étoiles, là où ils s’étaient arrêtés près de l’homme pieux pour découvrir le massacre.

Bien qu’il manquait d’informations pour comprendre la réalité du terrain, le soldat nota que l’ennemi y était passé par deux fois. D’ailleurs, en recoupant les indications du Lord, tous les assauts sur le bétail formaient un arc de cercle depuis cet axe. Il y avait donc de fortes probabilités de rencontrer l’adversaire en remontant cette piste.
Ca ne le rajeunissait pas vraiment. On appelait cette manoeuvre une “patrouille de combat” dans la mesure où il fallait progresser jusqu’à rencontrer l’ennemi et se battre contre lui. Lyanna et Darren allaient donc s’enfoncer dans les restes de cette forêt en cendre et progresser jusqu’à rencontrer ces monstres, ou ce qui pourrait leur servir de base d’opération.

Découvrir que ce bourg n’était qu’un tout petit morceau d’Hestevic l’avait surpris. Lord Virgil n’avait pas menti lorsqu’il avait prétendu occuper le champ de bataille pour organiser l’évacuation. Il était à l’image de ces généraux qui, pour s’assurer de bien comprendre la situation, refusaient de reculer à l’abri des lignes de défense. Virgil, en quelque sorte, se faisait encore plus apprécier du soldat par ce courage.
Même ciblé par l’adversaire, ce mystérieux ennemi ou groupuscule dont Macon faisait partie, il choisissait de rester. Il s’assurait que sa seule ligne de défense tiendrait pour préserver le reste d’Hestevic, de ses citoyens. Ceux qui taguaient les murs de promesses de morts compris.
C’était effectivement un bon dirigeant selon lui.

Le militaire prévoyait donc sa manoeuvre, la façon dont ils aborderaient le bois et la progression jusqu’au grand inconnu. Parfois, il levait son regard de l’ouvrage, puisque c’était un livre contenant plusieurs plans, pour observer les alentours.
Bien des citoyens présents ici volontairement le saluaient avec déférence et respect. Ils avaient tous dans l’esprit que deux Atlantes s’échinaient à ramener la paix dans leur pays. C’était agréable d’avoir cette petite notoriété parmi eux.

Quelques minutes plus tard, Darren aperçu l’Amazone qui revenait vers lui.
Il profita du temps que lui demandait la distance pour le rejoindre afin de la mirer en globalité. Il apprécia son apparence, sa posture droite et raide. Elle avait son armure de cuir renforcé, une ceinture et une jupe. Rien de plus. Darren se demanda si ce manque de protection global avait pour but de lui assurer une mobilité complète au combat ou si c’était simplement l’expression de sa féminité. Après tout, même si les relations, les sentiments et le concept de séduction lui échappait, elle n’en restait pas moins le symbole de la “femme” en guerre contre le “mâle”.
Le soldat se sentait rassuré de partir avec elle au combat. Il aurait préféré avoir toute une équipe de copains armés jusqu’aux dents, être entouré des gars du D4 pour investir les lieux et mitrailler à tout va. Mais dans ce moment délicat où il pouvait très bien y rester, il aurait pu avoir bien pire comme compagnie. Bien pire.

« Comment elle va ? » questionna Darren tout en lançant, exactement dans le même temps, un fruit dans sa direction.

Il ferma l’ouvrage puis le coinça entre son gilet et sa veste.

Lyanna attrapa le fruit lancé par Darren en s’approchant de lui, et s’arrêta devant le mâle, l’air préoccupée. Elle secoua la tête.

"Elle ne va pas bien, je m’inquiète pour elle. Je peux te poser une question ? Tu crois qu’une équipe médicale pourrait venir ici quand les choses s’arrangeront ?"
« Elle est si mal que ça ? » questionna Darren, plus par rhétorique qu’une réelle interrogation. Il ajouta dans la foulée : « Si on arrive à contacter quelqu’un d’autre que Macon, c’est envisageable, oui. On pourrait même la faire admettre sur Atlantis s’il lui faut des soins avancés. »
Darren savait bien que ça affectait son amie.
« Notre route s’approche de la Porte. On peut faire un détour et tenter le coup ! On en profitera pour savoir si Teyla va bien. Ca t’irait ? »

Lyanna acquiesça d’un hochement de tête, même si quelque chose l’inquiétait. Elle se retourna brièvement pour jeter un oeil au bâtiment dans lequel se trouvait Heimda, avant de reporter son attention sur Darren.

"Oui, ça me convient. J’ai vu que la médecine de ton peuple était puissante. Plus efficace que sur cette planète. Heimda a des problèmes pour respirer, elle a de la fièvre et elle est très faible. Je crains que les remèdes ici ne suffisent pas".
« C’est la meilleure. On va faire cet appel. »

La jeune femme se tut un instant, observant le militaire. Avoir quelqu’un d’autre que Macon par la radio lui semblait être une mission impossible.

"Encore faut-il que quelqu’un d’autre que ce mâle réponde. Et que cette personne ne travaille pas avec lui, vu que ..."

Lyanna laissa sa phrase en suspens tout en dévisageant Darren. Les paroles d’Heimda lui revinrent en mémoire, et elle ne savait pas trop sur qui compter, ni à qui accorder sa confiance. Son hésitation serait surement captée par le soldat.

« Vu que ? »
Darren l’oberva puis fit une mimique d’incompréhension. Ce n’était pas du tout son genre de se taire. L’Amazone disait toujours ce qu’elle avait à dire. Les seules fois où elle semblait embarassée ou hésitante, c’est lorsqu’il la draguait. Pas quand ils étaient sur le point d’aller au combat.
« Hey, je te trouve bizarre, Lyanna. Tu m’en veux parce que je t’ai lancé un fruit ? »
Il avait posé la question en blaguant, essayant de détendre l’atmosphère pour connaître la raison du malaise de son amie. Mais Lyanna ne réagit pas à sa plaisanterie comme il l’aurait voulu. Elle continuait de le regarder, avant de secouer la tête en soupirant, et détourna le regard.

"Elle dit avoir vu celui qui avait mis le feu à la bâtisse".

Lyanna se mordit la lèvre avant de poursuivre.

"Elle dit que c’est toi qui a déclenché l’incendie. Puis que tu t’en es pris à elle après avoir essayé de mettre le feu aux peintures qu’elle voulait préserver".

Sur le moment, Darren rigola en songeant que son amie s’essayait à l’humour. Qu’elle voulait le faire marcher pour contrer son humour, lui faire comprendre qu’elle aussi pouvait faire le clown. C’était surprenant et il trouvait ça amusant jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’elle restait sérieuse. Pourtant, elle avait été avec lui jusqu’au retour, jusqu’à la baston contre les monstres. Ils ne s’étaient séparés que pour sauver les réfugiés des flammes.

« Mais...mais...c’est absurde ! » répondit-il, déstabilisé.
Darren angoissait à l’idée que l’Amazone soit tentée de croire Heimda. Ca lui ferait mal question fierté, mais aussi parce qu’il avait des sentiments. Darren avait pourtant tout fait pour bâtir une relation de confiance.
Ca n’allait quand même pas s’effondrer sur les dires d’une diplomate qui n’avait ouvert les yeux que très récemment.
« C’est absurde. On était ensemble. Et avec cette charrette que j’ai trimballé la veille...j’ai tellement sué qu’on m’aurait senti longtemps avant de me voir ! »
Encore une plaisanterie.
Sur le coup, il s’en foutait bien de savoir ce que racontait Heimda.
C’était l’avis de Lyanna qui l’importait.

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Lyanna
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Ven 20 Mar - 2:00

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videmment, Darren était tout aussi surpris et incrédule que moi lorsque j’avais appris la nouvelle. Je secouai la tête en soupirant à nouveau.

"Je sais, ce n’est pas possible. On est arrivé au village alors que le feu était déjà déclaré. Et puis, tu as sauvé Heimda, ce n’est donc pas logique de t’en être pris à elle avant pour au final l’aider. Et ..."

Je m’arrêtai un instant, les joues légèrement rosies en me mordillant la lèvre.

"J’ai vu que tu étais un mâle gentil. Je ne te vois pas faire quoi que ce soit contre Heimda".

Darren se sentit flatté par cette petite déclaration. Le mot “mâle” trainait encore dans ma bouche mais je reconnaissais ouvertement la façon dont je le voyais. Bien plus agréable que mes anciens propos le désignant comme un monstre parce qu’il avait quelque chose entre les jambes. Le militaire était rassuré que je demeure logique et raisonnée, ne laissant pas mes préjugés prendre le dessus. Il m’offrit un sourire agréable en réponse, me remerciant silencieusement.

Je commençai à marcher, histoire de réfléchir, faisant les cent pas près de Darren. Ce dernier me fixa, intrigué, devenant comme cet arbitre qui regarderait la balle filer d’un côté et de l’autre pendant un match de tennis. Droite, gauche, droite, gauche, droite ...

"Mais elle est formelle. Elle dit avoir vu un homme qui portait les chaussures de ton peuple et qui a déclenché l’incendie. C’est donc un Atlante qui a fait ça. Et honnêtement, je ne vois pas ce couard venir sur cette planète et faire lui même le sale boulot. Ca veut dire qu’il a peut être l’un des tiens à son service, voir d’autres personnes. A qui faire confiance si on demande de l’aide ?"

Darren enfonça les mains dans ses poches. Il pensait que j’avais salement raison. En l’état, il était difficile de savoir jusqu'où l’influence de Macon courait. Et s’il s’était démerdé pour envoyer des agents sur cette planète sans laisser de trace, alors nous étions bien plus dans les emmerdes que le soldat ne l’imaginait au début. Darren pourrait simplement rester sur son idée de base : Heimda avait déliré. Mais sincèrement, il n’était pas du genre à rejeter les informations inhabituelles au risque de se faire surprendre. Quelqu’un avait foutu le feu à la longère au bon moment et Virgil avait dit qu’ils avaient été surpris. Un bâtiment comme ça ne cramait pas instantanément. Il fallait une mise à feu stratégique, en plusieurs endroits, pour que ça flambe vite et bien. Le genre de chose qu’un militaire entraîné savait faire par exemple. Ou un spécialiste de la sécurité incendie. J’avais raison de me pencher sur le sujet. Macon avait tenté de d’acheter Darren, puis avait coupé la connexion une fois bredouille. Le type n’allait pas se contenter de bouder dans son coin, c’était certain. Nous étions devenus une menace pour son plan.

« A Sheppard. On peut faire confiance à mon chef militaire. » répondit Darren. « Et je ne te dis pas ça juste parce que je suis soldat. Je le connais, je connais ses principes. Au pire il nous fera enfermer pendant l’enquête. Mais pendant ce temps, il fera admettre tous les blessés à l’infirmerie. Il ne laissera jamais Heimda agoniser suite à un incendie fait de la main d’un Atlante. »

J’écoutai les paroles de Darren, avant de m’arrêter de marcher. Je connaissais Sheppard, comme les responsables de la cité, il avait bien fallu en passer par là lorsque j’étais arrivée. Et si je n’avais pas de problème avec la gente féminine, j’avais plus de mal avec les autres. Mais autant Woolsey, je ne l’appréciais pas du tout, autant Sheppard et Hoffman, je me tenais à distance, mais je restais neutre car ils étaient chefs. Bon, je n’allais pas non plus jusqu’à les respecter, ils étaient encore des mâles aux dernières nouvelles. Mais je savais que je ne devais pas m’en prendre à eux. Aux dires de Darren, j’acquiesçai d’un hochement de tête.

"D’accord. Il faut parler à ton chef".

« J’ai une idée qu’on peut tenter. Au lieu d’appeler Atlantis, on va passer par le site Alpha. Demander à transmettre un message depuis l’officier du camp vers Sheppard. Un administratif ne peut pas intercepter un message à caractère militaire. » annonça Clive, les yeux brillants. Il pensait avoir trouvé le remède miracle.

Passer par le site Alpha pour transmettre un message était une bonne idée. j’avais entendu parler de cette base de repli sur une autre planète, et Macon ne devait probablement pas avoir de sous fifre là bas. C’était sans doute le seul moyen de demander de l’aide à Sheppard sans que le mâle ne soit au courant, et de le tenir informer de la situation. je lançai un autre regard vers l’auberge. J’espérais que ce plan allait fonctionner, sinon Heimda n’allait probablement pas tenir. Et nous, nous allions avoir des ennuis.

"D’accord. Si tu penses que ça va marcher, alors on essaie ça".

« On va réussir, Lyanna ! » me dit-il comme si c’était une promesse.

Le soldat s’engagea sur la grande route du bourg pour se rendre en direction de la Porte des Étoiles.

« Darren Clive, le super guerrier. Et Lyanna, la dangereuse Amazone sanguinaire. On dirait le titre d’un film ! D’ailleurs ... »

Il me sourit.

« C’est vraiment sûr que tu n’as pas de nom de famille ? Ou de petit nom à utiliser quand on est proche ? »

J’étais un peu rassurée par les paroles de Darren, cette promesse d’aider Heimda en réalisant notre plan. Je suivis le soldat, marchant à ses côtés en prenant la direction de la Porte des Étoiles, empruntant le chemin en sens inverse. Cela contrastait avec notre arrivée, car à ce moment là, j’avais cherché la distance avec Darren. Et maintenant, je restais près de lui. Nous en avions vécu des choses, tous les deux.

Darren me posa une question étrange, après avoir fait une curieuse référence. Un nom de famille ? Un surnom ? Je fronçai les sourcils, puis secouai la tête.

"Heu … non. Je m’appelle juste Lyanna. On ne m’a jamais appelé autrement, à part “guerrière” peut être.

« Je te baptiserai d’un petit nom, juste entre nous. » fit-il en souriant. « On fait ça parfois quand des personnes se rapprochent. Et en plus... »

Il laissa le suspens opérer un peu.

« Si un “moi” t’approche et que tu as un doute, tu pourras vérifier que je ne suis pas “le Darren de l’incendie”. »

"Si un autre que toi m’approche, je lui ferais regretter de m’avoir approcher. Et si c’est celui qui a allumé le feu, je le tue sur le champs".

J’étais égale à moi même. Cependant, il y avait un détail que je ne comprenais pas dans les paroles de Darren.

"Mais pourquoi s’appeler autrement quand on est proche de quelqu’un ? Tu n’aimes pas mon nom ?"

« Je le trouve très joli. » certifia Darren en continuant son chemin, côte à côte. « Un autre nom, dans l’intimité, c’est une façon de plus de partager de la tendresse, du sentiment. Hmmm ... »

Il claqua des doigts.

« Rose ! »

Le soldat se tourna vers moi.

« Une belle fleur, magnifique, qu’on associe souvent au romantisme. Mais si on la prends mal, ses épines te piquent ! La fleur se défend et ça fait mal ! Ca te ressemble pas, ça ? »

J’entendis le surnom que Darren venait de me proposer, et bien que je me reconnaissais dans la description, je fis une moue mécontente en secouant la tête.

"Je n’aime pas".

« Ah bon ? Pourquoi ? » demanda-t-il, amusé par mon élan réfractaire.

"Je ne sais pas. Je ne suis pas une fleur. Je trouve que ce n’est pas un nom. Et je ne veux pas que tu m’appelles comme ça" lançai je après un petit temps de réflexion.

« Sinon il y a “ortie” aussi. »

Darren avait sa tête de clown, de celui qui cherchait à me chambrer.

"Tu veux vraiment que je te frappe ?" demandai je sans une once de colère dans la voix. J’étais en réalité amusée par sa remarque.

« Eh ben … venant de toi … je pourrai peut-être y prendre goût ! »

"Ne me tente pas lançai je sur le même ton.

« Je te tenterai sur un autre genre de duel ! »

Le militaire avait lâché ça mystérieusement. Je ne comprenais pas de quoi Darren voulait parler, et alors que je fronçai les sourcils, il ne donna pas davantage de précision. Je me contentai alors de le suivre, perdue dans cette affirmation qui ne trouva pas de réponse. Darren et moi remontâmes le long chemin sinueux qui menait à la Porte des Étoiles. N’ayant plus le MALP à guider, nous pouvions nous déplacer plus rapidement, ce qui n’empêchait pas d’avoir à parcourir une distance assez importante. Nous demeurâmes silencieux un certain temps, jusqu’à en être lassés. Puis Darren engagea une conversation classique, me parlant de ce que l’on trouvait de sympa sur Atlantis. Il m’apprit, par exemple, le concept du restaurant qui n’avait rien de semblable à une auberge. Les différentes façon d’aller se faire un repas, en groupe, en amis, jusqu’au fameux dîner aux chandelles qui faisait l’image du romantisme terrien. C’était anodin pour lui mais complètement obscur pour moi. Le soldat prenait plaisir à m’expliquer, à relever le défi de parvenir à m’informer sans me perdre dans les détails.

Puis finalement, en atteignant le dernier détour avant de parvenir à la Porte, Darren redevint complètement sérieux et vérifia son arme avant de progresser. Avec moi à ses côtés, il s’approcha de la Porte, puis du DHD, et appuya sur la première touche pour composer l’adresse. Mais l’appareil ne répondit pas. Fronçant les sourcils, Darren appuya une nouvelle fois, puis tenta plusieurs autres touches sans parvenir à activer quoi que ce soit.

« Qu’est-ce que ... »

Darren s’agenouilla pour accéder à la trappe à la base du DHD. Il remarqua que le lierre et les herbes ayant poussé autour avaient été retirés récemment. Inconsciemment, Darren savait déjà ce qu’il se passait et dans quelle merde il venait de se découvrir. En retirant le cache du panneau de commande, il remarqua que le cristal de commande, celui du milieu, n’y était plus.

« Quelqu’un a retiré le cristal qui fait fonctionner le DHD. »

Il se redressa, les sens en alerte et le regard sombre.

« Sans ce cristal, on ne peut pas composer d’adresse. On nous a retiré l’accès à la Porte. »

Je regardai Darren s’agenouiller près du DHD, semblant chercher quelque chose. Je n’avais vu aucune lumière apparaître lorsque le soldat avait appuyé sur les touches. Ni aucun son d’ailleurs. Darren comprit pour quelle raison, et il m’expliqua que sans le cristal, nous ne pouvions pas ouvrir la Porte des Etoiles. J’ignorais que, si le cristal était absent, et donc que la Porte ne s’activait plus, cela voulait dire que le responsable était toujours présent sur la planète. Et probablement encore détenteur du cristal. Donc en retrouvant cette personne, nous retrouverions sûrement le cristal. La seule chose que je comprenais, c’était qu’aucun appel à l’aide ne pourrait être lancé pour aider Heimda.

"Que va-t-on faire ?"

Darren m’offrit un beau sourire.

« C’est bon signe, Lyanna. »

Pas pour Heimda, évidemment. Alors il s’empressa d’ajouter :

« On dérange suffisamment Macon pour le pousser à paralyser la Porte. Le cristal est beaucoup trop précieux pour être détruit. Le type qui a saboté le panneau de commande l’a toujours sur lui. Il faut lui mettre la main dessus et le récupérer... »

Il leva un doigt :

« Idéalement de son corps encore chaud, Lyanna. »

Je soupirai aux paroles de Darren. Il fallait partir en chasse de cet individu, mais visiblement, le militaire le voulait vivant. Contrairement à moi et mes pulsions. Je levai les yeux au ciel, ne comprenant pas le comportement du militaire qui ne voulait tuer personne. Puis je finis par soupirer, abdiquant.

"Je ne te promets rien !

« C’est un bon début. » commenta Darren, amusé de me voir aussi exaspérée.

Darren fit demi-tour pour revenir en direction de la forêt incendiée. Durant le voyage, il me confia que seul un Atlante pouvait savoir quel cristal il fallaitr retirer pour bloquer toute la Porte. Selon lui, en chassant les monstres, il y avait de bonne chance de tomber sur les agents de Macon. Darren était persuadé que des Atlantes, même déguisés, ne pourraient pas passer inaperçu dans le bourg des résistants. Donc, puisqu’il était avéré qu’au moins un Atlante se baladait bel et bien avec ce cristal, il devait avoir son camp dans le coin.

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