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Séance 82 : Passer le Sas - Feat Shaun Kelly

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Lun 26 Juil - 20:57

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Séance 82 : Passer Le Sas
FEAT SHAUN KELLY

La cité d’Atlantis honorait ses légendes. A l’image d’un monde paradisiaque, perdu à l’écart du capharnaüm des continents, où règne une sérénité olympique, une paix inviolable. Une ville imposante digne de science-fiction, aux murs brillants reflétant le bleu d’entre ciel et mer, aux vitres impeccables témoignant du luxe d’une ancienne civilisation avancée. A contempler, depuis les hauteurs, l’étoile mécanique façonnée par de savants architectes, aux abeilles de fer voltigeant entre les tours d’une maîtrise envoûtante, difficile de croire qu’une merveille de technologie comme celle-ci pouvait avoir été proche de la destruction. Aussi loin que pouvait progresser la vie intelligente, la cruelle balance de l’univers trouvait toujours un antagoniste pour conserver l’équilibre de puissance. Un trou noir d’un côté, avalant inextangiblement le moindre atome de la création divine, en monstre cosmique dévoreur, et vous trouverez un trou blanc de l’autre, recrachant toute cette matière jusqu’au plus petit électron, tel un dieu créateur. Rien dans l’existence ne saurait trouver son paradoxe. Cette pensée faisait relativiser la symbolique de la toute-puissance. Mais a contrario, rendait compte de l’impossibilité d’une paix durable. Néanmoins, le docteur Carr-Li n’avait pas d'appréhension à l’idée.

Au sommet de la tour centrale, l’esplanade offrait une vue panoramique de toute la cité. Le toit protégeait de l’intensité du soleil, et de nombreux fauteuils installés autour de tables rondes jonchaient le lieu, apportant tout confort désiré à ceux qui voulaient s’évader du carcan quotidien. L’endroit avait été sublimé de hautes plantes diverses, disposées avec stratégie pour donner l’illusion d’intimité entre deux espaces. C’était l’un des rares lieux où l'on pouvait en voir, en dehors des secteurs de loisirs, et du bureau de la psychologue, qu’elle avait aménagé de sorte à imposer une ambiance relaxante. Il s’agissait en fait de la principale raison pour laquelle elle se trouvait actuellement en ce lieu: désobliger de toute contrainte d’un rendez-vous forcé.

Au-delà de la zone d’ombre, bien qu’éclairée de néons modulables, la tour était cernée de multiples petits balcons, chacun proposant deux épais sièges en cuir, soumis aux intempéries, mais étonnamment résistants. Le théâtre de cette séance semblait convenir à la psychologue. Marchant à pas lents entre les tables, son regard sondait la zone d’un oeil critique. A cette heure matinale, seuls de rares solitaires, enfoncés dans leur fauteuil, épiant l’écran de leur ordinateur ou de leur tablette plutôt que de profiter de la vue, disparate dans cette semi-jungle, se cachaient les uns des autres pour la durée d’un moment suspendu dans le temps, loin du stress habituel. Kendall avait découvert cette opportunité un peu par hasard, aux confidences d’un de ses patients. Elle changeait de temps à autre ses lieux de rendez-vous, pour favoriser un sentiment de relâchement qu’ils pouvaient ne pas trouver entre les murs d’un bureau de l’aile médicale. Devoir se rendre à un entretien de santé renvoyait à une certaine tension, même à une contrainte agaçante pour ceux qui ne venaient pas de leur plein gré. Alors, proposer des endroits presque insolites pour les plus farouches pouvait attiser leur curiosité, les pousser à poser des questions, à s’intéresser à l’entretien.

C’était la première fois qu’elle programmait un rendez-vous ici, depuis sa découverte. En avance d’une bonne demi-heure, elle rompit sa patrouille furtive en allant s’installer près de l’unique téléporteur, guetter l’arrivée de son prochain patient. Plutôt que de s'asseoir sur l’un des sièges, elle croisa les jambes sur la jardinière de l’allée principale. Elle avait délaissé l’uniforme du SGA pour un tailleur bleu sombre, en jupe droite, chemise blanche haussée d’une veste légère, et une paire de bottines noires à talons bas. La tenue réglementaire réservée aux médecins ruinait tout son charme, aussi elle ne la portait qu’à son bureau et en dehors des séances. Ayant grandit au sein d’une famille guindée, le docteur Carr-Li veillait à se montrer sous son meilleur profil autant que possible. L’apparence était importante pour une première impression, même si elle apprenait le contraire aux plus complexés qui venaient la voir. Assise ainsi au bord du bloc gris, son ordinateur portable sur la cuisse, elle survolait le dossier de l’homme qu’elle attendait. Le Lieutenant Shaun Kelly.

Depuis sa participation au programme, Kendall avait vu passer plus de militaires que de civils à son bureau. Or, cette tendance allait totalement à l’encontre de son travail sur Terre. Devoir traiter ce type d’individus présentait une certaine complexité qui s’harmonisait avec son plaisir du défi. Il n’y avait plus là un traumatisme particulier à l’origine de plusieurs symptômes, mais un ensemble de facteurs oppressants qui, mêlés les uns aux autres, donnaient naissance à une myriade de comportements plus ou moins persistants, et visibles seulement sous certaines conditions. Pas que ces comportements soient forcément destructeurs, mais, mal gérés, pouvaient rompre la limite de la résilience du meilleur des soldats. Son but était donc de s’assurer que le flux psychologique de chacun d’entre eux s’écoule de manière fluide et compréhensive, plutôt que de créer un barrage irraisonnable qui céderait d’une manière ou d’une autre. Qui a même déjà cédé chez certains. A ce niveau là, Kendall n’avait plus le pouvoir de les ramener, et c’était les ressources de la psychiatrie qui entraient en jeu. De quoi entacher leur dossier, et provoquer, dans le pire des cas, une expulsion. Sans compter que chaque cas raté s’ajouterait à sa liste d’incompétence et pouvait remettre en cause sa présence ici. Heureusement pour elle, ceux qui avaient fini par se gaver de médicaments n’étaient pas passés par son expertise. Même si elle n’était pas seule à ce poste, il n’y avait pas suffisamment de psychologues pour s’occuper de tout le monde. D’autant plus qu’elle devait partager son temps avec son autre talent: celui du profilage. Envoyée en missions déjà quelques fois depuis un peu plus d’un mois, elle s’était vite aperçue de la difficulté à mettre ses compétences à l’épreuve. Rien ne se passait jamais comme prévu, et bien trop souvent, elle se retrouvait dans un état qui l’empêchait d’être proactive. Elle était incapable d’en ressentir toute la frustration, mais la menace de reconsidérer sa position pesait tout de même dans ses calculs. Sa fierté personnelle la poussait donc à choisir avec discernement ce qu’elle pouvait gérer, et ce qui… ne l’intéressait pas.

Le cas actuel était pour le moins distrayant. Il était très rare qu’un officier assez haut gradé passe obligatoirement par la case psy. Kendall ne savait pas si c’était la fierté militaire qui faisait que seuls les sous-officiers ou les hommes du rang soient conviés aux séances, mais elle aurait une bonne approche de leurs fonctions de cette manière. Le point de vue d’un individu qui se contente d’obéir et de celui qui dirige une équipe changeait du tout au tout.
Maintenant que le système administratif s’était chargé de gérer son planning, elle perdait moins de temps à convaincre ceux qu’elle ciblait de venir la voir, et donc en gagnait à pouvoir lire une partie de leur dossier, pour s’imprégner de leur profil général. Néanmoins, le forçat médical lui demandait de prendre un peu plus de pincettes avec eux… s’ils daignaient bien venir. Obligatoire ou non, ils pouvaient toujours se défiler et retarder l’échéance.

La brune jeta un oeil à sa montre. 9H43. Deux jours plus tôt, elle lui avait envoyé un message pour lui rappeler la séance de 10H et changer le lieu de rendez-vous. Si l’assistante administrative du pôle concerné s’occupait déjà de transmettre ces informations, et peut-être les relances, la psychologue se targuait tout de même, au besoin et sans prévenir le service, de modifier quelques détails. Ce choix de lieu plus tranquille n’était pas anodin. Comme elle n’avait pas vraiment travaillé avec des militaires jusqu’à poser le pied sur Atlantis, elle avait dû se mettre au diapason pendant plusieurs semaines, épluchant les documents de ses confrères au sujet des particularités de guerre. Elle avait retenu un terme intéressant, qui illustrait bien la situation de ces hommes et femmes d’action. Le passage entre le théâtre dangereux et angoissant de la guerre, et celui, calme et serein, de la vie civile, faisait référence à un sas. Ce moment où les comportements violents et les mécanismes d’adaptation des situations dangereuses devaient alors êtres désactivés pour un retour à une vie normale. Globalement, chacun savait faire la part des deux. Et majoritairement, d’aucun s’en sortait totalement indemne. Fouiller leur facette refoulée revenait à chercher une pièce bien précise d’une boîte de puzzle. Exactement ce dont avait besoin la psy pour ne pas s’ennuyer.

L’ascenseur instantané émit un vif bruit de tension électrique. Kendall leva le nez, le regard posé sur la cabine transparente inflexible. Déjà? Si c’était bien le soldat, il était en avance. Elle appréciait la ponctualité, mais avait tendance à penser que c’était un trait pour les névrosés, tant la nature humaine ne comptait que des retardataires. La rigidité du cadre militaire à ce sujet lui convenait d’ailleurs parfaitement. Attentive, elle patienta un instant, redressant un peu le dos. Une figure apparut bientôt à l’intérieur.

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Shaun Kelly
Lieutenant
Bannière perso (image 901x180px) : Rangers lead the way!
√ Arrivée le : 25/08/2020
√ Date de naissance : 25/12/1981
√ Nationalité : Américain

√ Age : 42
√ Messages : 165
√ Localisation : Cité d'Atlantis

Liste de vos DC : Aidan Foster

Ven 30 Juil - 15:47

Shaun Kelly







Séance 82 : Passer Le Sas

Ft. Kendall & Shaun




Un pas à gauche, un pas à droite. Ses chaussures foulaient le parquet lustré sans glaner la moindre poussière, ses chevilles solides accusant la réception de ses élans portés, se maintenant sur des appuis élastiques qui pouvaient à tout moment prendre une direction littéralement opposée. A la cadence d'un souffle propulsé, la moiteur d'un visage laissant filer des perles translucides d'humidités qui glanaient sur leur passage leurs consœurs jusqu'à former une ligne de sueur dégringolante, Shaun élançait la rondeur du ballon couleur brique qu'il avait entre les mains sur le sol stratifié de rebonds maitrisés près de l'arceau formé par ses jambes fléchies. Le regard concentré, de ses iris qui alignaient la fixation prédatrice de son adversaire qui essayait de prévoir son prochain mouvement, l'officier mettait en place une stratégie d'attaque qui lui permettrait de passer outre cette défense imposante. Le frottement de caoutchouc de ses baskets entraina un élan décidé, tandis qu'il changeait d'angle et pivotait, l'objet rond frappant toujours le sol à une allure rythmé, accélérant parfois aux tentatives qui restaient vaines jusqu'ici, et accueillit par une main large qui la renvoyait vers le sol pour être récolté par son identique opposée, testant de quelques tentatives dynamiques, les failles que son adversaire lui laissait entrevoir.

Mais alors qu'il gagna un mètre de plus, puis un second, ne percevant qu'à peine les encouragements des spectateurs de passage qui observaient l'échange, il fut stoppé net dans sa progression par le marines qui jouait de sa défense avec brio. Il lui offrit alors son dos, basculant sa tête rapidement sur le côté, cherchant le soutien d'un allié providentiel. Une dernière réception lui permit de se positionner en élan, se préparant à enchérir d'un assaut final alors que le panier n'était qu'à deux mètres de sa position.
Ses jambes, robustes et musculeuses l'élancèrent dans les airs, cherchant à feinter celui qui pensait pouvoir stopper un panier audacieux. D'une propulsion maitrisé, au lieu de se faire l'honneur du point dans une tentative risquée, il préféra assurer ce dernier. Il envoya le ballon à l'un de ses partenaires qui avait profité du renfort défensif pour se libérer de son joueur qui le marquait, bondissant à son tour dans les airs pour le réceptionner, et le faire glisser, sans aucun respect dans l'anneau de cercle en fer, passant presque au dessus d'un de ceux de l'équipe adverse.

Retombant sur ses appuis, Shaun observa le résultat de sa passe décisive, braquant son poing serré en symbolique victorieuse au constat des points qu'ils venaient de gagner, et surtout du match désormais remporté. De son autre bras, son poignet couvert d'un bandeau éponge, il essuya son front qui gagnait un peu plus en transpiration latente, gommant d'un geste les gouttelettes indésirables qui chatouillaient son épiderme. Interpelé par le Poster Dunkeur, Shaun frappa dans sa main en un claquement amical et viril, élançant cet accueil complice d'un « Bien joué. » sincère. Il avait étiré ses lèvres d'un sourire avenant, flanquant en écho à ces échanges une tape sur l'épaule du collègue.

« Cette raclée qu'on leur a mit. » avait renchérit le soldat britannique à la carrure aussi imposante que celle de l'américain, escortant le pas de ce dernier, tandis qu'ils se dirigeaient conjointement vers le bord du terrain, là où quelques bancs avaient été installés et qui soutenaient la présence de quelques serviettes de sport, et autre gourdes d'eau.

Le tee-shirt grisé du soldat lui collait à la peau, malgré l'amplitude qu'avait ce dernier, à hauteur de ses hanches, de son torse et de son dos, forçant l'américain à tirer sur le tissu pour s'en dégager la contrainte, puis le soulever assez pour le rabattre sur le reste de son visage et l'essuyer. De quelques battements, oscillant sa main, il appelait l'air à s'engouffrer par les ouvertures et venir d'une brise caressante, refroidir son torse brûlant d'effort.

« Cette humiliation, tu veux dire. » rétorqua Shaun, portant sa voix pour être entendu des fameux avilis, ces derniers brandissant quelques majeurs joueurs, dans sa direction, rétorqué en retour par un baiser mimé de lèvres moqueuses.
« Sauf votre respect, Lieutenant. Allez cordialement vous faire foutre. » avait renchérit un autre en portant un peu plus sa voix, dans ces échanges qui restaient animal en surface, mais ne montrait aucune marque d'hostilité, sinon les franches taquineries camarades, même entre adversaires.

« Y'a pas de grade sur le terrain de basket, seulement la honte de votre défaite. »

Le match était terminé, cette action avait été la dernière à pouvoir être tenté avant de clôturer l'amicale séance. D'une prise sèche, Shaun s'empara du cylindre de sa gourde, dégoupillant cette dernière en tirant sur l'extrémité de ses dents avant de venir verser à quelques centimètres de hauteur, l'eau fraiche et cristalline qui abaissait encore un peu la température et prodiguait un réconfort profitable. C'était sans compter sur une franche bousculade que son épaule reçue, faisant déborder les projections d'eau sur son visage et son cou, rajoutant d'autant plus à l'humidité de son vêtement qui en épongeait déjà pas mal. Il se retint d'un rire élancé, le talon se posant sur le banc devant lequel il s'était placé pour renvoyer à l'inconvenant un sourire fière et moqueur, sans renchérir.

« Hey, Lieutenant ! » L'apostropha le marines qui était resté à sa proximité, après son chahut, retrouvant une attitude sereine. « Vous avez le temps pour une revanche ? »
« Pas aujourd'hui, Sergent. » répondit aussitôt l'officier en adressant son regard vers sa montre, son poignet pivotant sous l'acier de ses iris. « J'ai autre chose à faire. »

Sa vie était réglée sur le cadran d'une montre, à la vitesse de son tintement qui donnait le rythme de ses devoirs et lui rappelait l'ordre qu'il accordait à sa vie. C'était le métronome dont il avait besoin quand il n'était pas en mission, quand ses pieds ne foulaient pas un théâtre chaotique chargé de poussière, de sang et de rage et qu'il n'avait pas son attention focalisé sur l'élaboration d'une stratégie de terrain. La séance était finie, et évacuer autant de toxine de bon matin avait de quoi mettre d'aplomb. Il avait tout de même mis la prudence à ne pas trop forcer, une main se plaquant sur son épaule habituellement douloureuse pour lui infliger quelques étirements maitrisées, réaxant ses pensées sur d'autres blessures que son corps avait récemment subit.

Une fois désaltéré, à coup de larges rasades ingurgitées, il rabattit sa propre serviette sur ses épaules, la faisant passer derrière sa nuque pour venir négligemment frotter la racine de ses cheveux. Depuis sa plus tendre jeunesse, il avait toujours été un grand adepte de sport, poussant parfois le vice à sentir ses membres brûler d'une douce emprise, son corps lâchant bien avant son mental. Il aimait cette sensation, d'avoir une fois de plus repoussé ses limites, jusqu'à l'épuisement. Oui, Shaun était bigorexe. Un drogué d'adrénaline et un drogué d'endorphine. Un junkie des sensations forte et du dépassement de soi. Une saine addiction selon lui, mais son entourage était sans doute moins catégorique à ce sujet.

Dans la périphérie de sa vision, il aperçut une silhouette à la démarche féline s'approcher du petit groupe qui s'était formé, au tailleurs d'uniforme bandeau bleuté si étriqué, que personne doutait qu'elle avait spécialement demandé de percevoir une taille au dessous de la sienne pour espérer mettre ses formes en valeur et ça marchait plutôt bien. De l'arrondie de son fessier à l'opulence de sa poitrine, elle se jetait dans ce gymnase, littéralement, comme dans la gueule du loup, attirant les regards même des moins assoiffés. Mais sa cible était déjà acquise, fonçant de la longueur insultante de ses jambes effilées vers le soldat sur lequel qui l'intéressait, momentanément.

« Tiens, Meg. » L'avait interpelé Shaun tandis que la donzelle laissait glisser ses deux bras langoureusement sur les épaules du britannique, déployant sa soyeuse chevelure sombre d'une ondulation maitrisée, comme si elle s'était cru dans une publicité pour shampoing. « T'es en retard aujourd'hui, j'ai faillis rater le spectacle de pole-dance. »
« Mais quel con, celui-là... » Lançait l'intéressée d'un air excédé, la voix assez basse alors qu'elle continuait les massages thoraciques du champion sur lequel elle avait jeté son dévolu, assis face à l'officier, et qui réajustait sensiblement la souplesse de son short de sport d'un raclement de gorge entendu.

Le sourire en coin du Ranger s'étira un peu plus, amusé par cette rétorque, s'éloignant finalement d'un pas en reportant son attention sur l'anglais qui profitait sans en perdre une miette des attentions prodiguées par son allumeuse.

« On s'voit demain. »
« Si j'suis encore en vie ! »

Porté par ses pas, il rejoignit la sortie, laissant entrer un duo de sportif qui prenait la largeur de la porte épaule contre épaule, avant de lui-même s'éclipser dans le couloir non sans avoir été saluer tous les autres joueurs de cette partie d'une franche poignée de main à chacun d'eux. Sa montre sonna. Neuf heure.

Une demi-heure de battement règlementaire, le temps à son corps de finir d'évacuer la sueur latente à ses efforts, une douche prise, une tenue sombre réglementaire d'uniforme d'Atlantis enfilé, barré des bandes noires qui définissait son appartenance, et Shaun se mettait en route à son rendez-vous des plus formel. Il n'avait pas d'aprioris, pas d'aigreur ni ne renâclait à s'y conformer. Une obligation était une obligation, et il n'avait jamais eu ni crainte ni appréhension envers les psy, et encore moins de rancœur d'ailleurs. Aussi s'y rendit-il d'un entrain assez simple, à la démarche droite et fiable, tandis que ses mains finissaient de glisser son dog-tag au repos du contact de ses pectoraux, celui-ci ne le quittant jamais. Il avait choisi le chemin le plus court, au vu du timing serré qu'il s'était imposé, s'engouffrant dans le sas étroit du téléporteur pour venir effleurer d'un passage de doigt l'arrivée la plus proche qui le conduirait vers les balcons.

Deux jours plus tôt, il avait reçu un rappel à ce rendez-vous programmé depuis quelques semaines déjà, voyant d'un même temps le lieu de ce dernier modifié par le docteur Carr-Li elle-même. Pourquoi les balcons ? Pour dire vrai, il se fichait pas mal des justifications qui avaient poussé la femme à choisir tel endroit. De la même manière que la rencontre en elle-même, il ne s'y attarderait aucunement. Pour lui, c'était un lieu comme un autre, quand bien même certains pouvaient trouver inconfort à se confier au milieu des regards et des attentions portés. Tout ceci glissait bien loin au-dessus de l'homme, sans même avoir à en attester sa surprise, n'estimant pas avoir quoi que ce soit à mettre sous la dent de ces décortiqueurs mentaux.

Neuf heure cinquante-six. Le sas s'ouvrit. Un peu plus tôt, il avait laissé passer la silhouette d'un mécano, les lunettes fixés sur l'arrête de son nez, à observer si intensément l'écran de sa tablette, qu'il faillit presque bousculer le docteur et la jardinière contre laquelle elle s'était installée d'ailleurs, patientant là en guetteuse. Il s'excusa confusément en s'écartant de son chemin, passant sa main dans le frisé de ses cheveux broussailleux, avant de rejoindre l'un de ses éminents collègues qui avait trouvé place bien plus au loin, au repos d'une table ombragée. Shaun n'avait pas été en avance, ni en retard d'ailleurs, il fut précisément à l'heure, comme l'attestait le cadran de sa montre que la synchro avait permis de respecter. La silhouette grande et carrée du militaire apparue, tandis que l'homme avait fait trois pas supplémentaires pour s'éloigner du passage et permettre l'entrée d'autres personnes, son regard venant d'un premier lieu se poser sur l'ensemble des visages présents.

Il n'avait aucunement accordé d'attention au décors, ni à la vue resplendissante de l'océan à perte d'horizon, se concentrant en priorité sur les silhouettes bien vivantes, à l'instar de n'importe quel militaire aux aguets. De l'éclat vif de ses iris dans lequel se reflétait le cristal du soleil, il couvrit l'assemblé d'un mouvement de tête observateur, avant que son attention ne se porte sur la femme, paraffinée dans son tailleur. Il avait prit le temps de se renseigner en amont, non pas sur l'identité ou le parcours de celle-ci, n'ayant pas accès aux dossiers civil à son niveau, mais bien pour connaitre le visage qu'il devait rencontré, et c'est donc tout naturellement qu'il la reconnue, installée là à l'attendre.

Il s'approcha d'elle d'une démarche toujours aussi bien solidement ancrée sur ses appuis, venant proposer une main de salutation à son attention, celle-ci déployée grande ouverte.

« Docteur Carr-Li je suppose. Bonjour. » avait-il amorcé sans aucune timidité, mais sans aucun sourire à lui proposer, ses traits ne reflétant que la cordialité neutre de leur rencontre.
@DamianVK

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Lun 2 Aoû - 15:03

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Séance 82 : Passer Le Sas
FEAT SHAUN KELLY

Un flash lumineux précéda la matérialisation d’une figure visiblement féminine dans l’habitacle. Il était encore trop tôt. La femme d’un âge mûr la dépassa tout en lui accordant un signe de tête courtois, que lui renvoya Kendall avant de replonger dans son dossier. Elle avait accès à un certain nombre d’informations, surtout civiles et médicales, pour avoir un point d’approche avec ses patients. Mais elle n’était pas au fait des détails de leurs affectations militaires, seulement des grandes lignes, les plus pertinentes, celles qui mettaient en cause leur présence face à elle. Elle trouvait toujours étonnant que la plupart d’entre eux aient accepté de travailler pour le SGA malgré leur situation familiale complexe. Pour la psy, c’était différent. Même si elle aurait prit le temps de fonder une famille, elle n’aurait certainement pas eu grande compassion à les quitter. Mais pour des personnes qui bâtissaient leur existence sur leurs émotions, c’était plus difficile. C’était ce qu’elle revoyait d’ailleurs assez souvent dans ces entretiens: la distance pénible et tortueuse. La plupart s’en accommodaient, se contentant bien de contacts virtuels avant d’avoir la permission de retourner sur Terre quelques jours. D’autres se laissaient aller aux bras infidèles de conquêtes éphémères. Plus Kendall faisait face à ce genre de cas, plus elle se questionnait sur l’intérêt des unions. Elle avait beau relire le dossier du Lieutenant, elle ne voyait pas mention de divorce. Soit il vouait toujours loyalement une vie de patriarche, soit il fuyait ses responsabilités. Ou autre, et c’était une des choses qu’elle découvrira sur lui au fil de leur échange. En dehors de cet aspect, elle avait obtenu l’une de ses dernières évaluations psychologiques, qui datait tellement qu’elle s’était plainte au service, dans un message en toute agréabilité, qu’ils soient totalement à la traîne dans leur suivi médical. Tout en précisant que dans “médical”, il y avait une jonction entre le corps et l’esprit, et pas seulement l’un. Ce à quoi on lui avait répondu par un message type, la remerciant de son intérêt et lui assurant que son commentaire sera remonté aux concernés. Evidemment, elle ne s’attendait pas à recevoir une réponse immédiate. Avec un peu de chance, ils s’en souviendront au prochain Noël.

Le rapport en question, rédigé par le Dr.Hamilton, il y a plus de huit ans, faisait état d’une situation précédant son entrée au programme d’Atlantis. Loin de vouloir se conforter à une psychanalyse émise par l’un de ses confrères, Kendall gardait ce fichier comme un point d’origine à comparer plus tard avec ses propres jugements, même s’ils se montreraient peut-être similaire ou répétitifs, elle ne voulait pas partir sur une base prédéfinie. Si elle aimait fouiller les dossiers personnels de ses patients avant de les recevoir, c’était surtout pour un certain plaisir de la compétition, entre son propre travail et celui de ses pairs. Elle savait qu’elle n’était pas ici par hasard, au sein d’une cité extraterrestre, à faire partie d’un rouage exceptionnel et unique, si elle n’était pas meilleure que les autres. Son travail relayera bien mieux la réalité du psyché de ses patients que celle de n’importe quel psychologue accompli. De l’arrogance, peut-être un peu, mais certainement bien placée.

A dix heures pile, la cabine de téléportation s’illumina à nouveau. Le docteur Carr-Li n’y prêta pas immédiatement attention, occupée à fermer les fichiers sur son ordinateur, lorsque celui-ci lui glissa de sa cuisse, percuté par un flâneur distrait. Elle le rattrapa avant qu’il ne s’écrase, appuyant de force sur des touches en espérant qu’elle ne commettait rien d’irrécupérable, en même temps qu’un second déclenchement du téléporteur s’ensuivit. Elle avait à peine levé le regard pour comprendre qu’il ne s’agissait pas de l’attendu. Ce dernier, sous une combinaison du service technique, avait dévié de sa trajectoire avec une telle maladresse qu’il aurait été aisé de croire à une bousculade volontaire. Mais il s’excusa à plates coutures, un peu trop véhément, si bien que Kendall finit par le congédier d’un bref “Ce n’est rien.” tout en se relevant, sans plus de considération, le regard rivé sur le grand homme à l’allure assurée qui venait à son encontre sans la moindre hésitation. L’importun remonta ses lunettes de l’index avant de s’éloigner.

Celui qu’elle reconnut comme le Lieutenant Shaun Kelly ne ressemblait plus vraiment à la photo de son dossier. Même si la physiologie changeait pas mal d’une image fixe et excédemment neutre à un véritable individu vivant et actif, d’autant plus avec plusieurs années d’écart, elle se surprenait toujours de cette différence flagrante. Elle patienta sans le rejoindre, repliant le petit ordinateur et le conservant sous le bras, le long du corps, tandis que quelques lourdes et rapides foulées de l’homme le placèrent face à elle. Il était bel homme, grand et fier, d’un air toutefois un peu plus jeune que son profil indiquait. Il présentait la carrure typique du soldat expérimenté et obéissant. Son uniforme bien porté accentuait sa droiture, mais son regard franc cachait mal la sympathie dont il pouvait faire preuve.

Lorsqu’il se présenta, offrant une main formelle, elle s’en saisit d’une poigne juste serrée sans dominance, un fin sourire accueillant se dessinant sur ses lèvres légèrement arrondies. Sa voix claire mais profonde confirma les réflexions du militaire:

«En effet. Bonjour, Shaun.»

Si elle appréciait se faire appeler par son titre, elle voulait faire comprendre que dans leur échange, ceux-ci n’avaient plus d’importance. Qu’il devra s’en détacher pour l’évoquer avec un certain recul nécessaire à une rétrospection.

Le téléporteur s’activa encore. A croire qu’il était l’heure d’une réunion secrète tenue dans les hautes sphères d’Atlantis. Si elle avait été relativement tranquille jusqu’à maintenant, elle ne voulait pas non plus que leur entretien se déroule en public, au gré d’oreilles indiscrètes. Alors elle pivota sur ses talons, entraînant son collègue à sa suite d’un jet de la tête.

«Suivez-moi. Il y a un coin plus intime pour discuter, sur les balcons.»

Ses pas claquaient sur le semblant de parquet lustré, à la mesure de ses grandes enjambées. Le feuillage de hautes plantes virevoltait au courant d’air entraîné sous son passage, tandis qu’elle changeait de direction pour atteindre un coin vide de présence humaine. Même si elle savait que les hauteurs n’étaient pas son plus grand amour, ce n’est que lorsque la double porte vitrée s’écarta sur son passage qu’elle en ressentit une véritable gêne. D’un pas de côté, elle invita le lieutenant à passer en premier, puis lui emboîta le pas, non sans jauger ses discrètes réactions, si tant est qu’il en avait.

Puisqu'elle n’avait pas le nez au-dessus du vide, elle put conserver une maîtrise de ses pulsions. Son regard se fixa sur l’un des sièges, et elle s’y installa sans le moindre intérêt vers la peinture atmosphérique dessinée au-delà d’eux, les tours les cernant plus petites, permettaient d’avoir une vue sur l’une des branches de la structure étoilée. Elle avait suffisamment eu de mauvaises expériences avec le vide pour vouloir tenter un face-à-face avec celui-ci, à quelques milliers de mètres d’altitude. Conservant une expression neutre, elle s’efforçait d’oublier leur position pour pouvoir gérer leur entretien dans les lignes programmées. Et puis, au final, profiter d’un léger vent frais extérieur la requinquait quelque peu, physiquement parlant, changeant des quatre murs interminables de l’immense cité. Qu’elle en éprouve de la gaieté ou une totale passivité, son organisme se satisfaisait bien d’une lumière plus naturelle.

Kendall croisa les jambes, l’ordinateur posé précisément sur l’accoudoir plat, l’écran relevé et allumé, tourné vers elle. Elle observait le militaire prendre place en face d’elle, détaillant ses mouvements, depuis leur souplesse à leur cadence, d’un intérêt qui dépassait le cadre psychologique pour s’aventurer vers celui du profilage, comme pour en deviner toute la personnalité qui s’étirait derrière cet uniforme alors même qu’il n’avait prononcé qu’une seule courte phrase de salutations. Le Docteur voyait cela comme un jeu. Les dossiers lui donnaient de l’adversité, ses préjugés un pari, et le résultat son score. Elle s’en sortait toujours très bien. Avec un pourcentage d’échec dérisoire qui n’avait pas besoin d’être mentionné ici. Pour ces quelques secondes d’échange, elle pouvait déjà constater l’assurance qui teintait son rôle de leader avec concordance, sans rentrer dans l’intimidation. Il ne semblait pas avoir l’air de jouer de violence pour obtenir obéissance et respect de ses subordonnées. Mais pour ce dernier fait, c’était encore à creuser. Tout comme elle-même savait feindre les émotions, n’importe qui de malicieux et manipulateur pouvait obtenir ce qu’il voulait en adaptant son comportement. C’était d’ailleurs le cas pour ceux qui souhaitaient en finir avec les rendez-vous, répétant que tout allait bien, qu’ils comprenaient les inquiétudes, mais savaient se gérer. Kendall appréciait ces tentatives ratées pour dévoiler l’étendue de ses connaissances. Qui sait, peut-être que celui-ci tentera cette esquive.

Elle ne le convia pas à s'asseoir. S’il préférait rester debout ou au bord du balcon, qu’il le fasse à sa convenance. Lorsqu’elle fut sûre de son choix, elle engagea l’entrevue. Son regard se déporta sur le rebord du balcon. De sa place, elle n’en voyait que le ciel clair et dégagé.

«Excusez-moi pour ce changement de planning, je me suis dit qu’un premier rendez-vous en plein air serait plus agréable que dans la formalité d’un bureau à l’odeur aseptique.» Son attention revint alors sur lui, offrant un sourire courtois. «Quoiqu’il en soit, merci d’être venu.»

Elle se reposa sur le dossier, plus décontractée. Ses yeux sombres passèrent brièvement sur l’écran, puis plus fixement sur lui. Son débit se fait lent et régulier, d’une voix posée mais claire.

«Comme vous le savez...il s’agit d’une évaluation psychologique obligatoire suite à vos missions… plus périlleuses que d’ordinaire? Vos supérieurs veulent s’assurer que vous soyez apte à reprendre le terrain, et à diriger votre équipe aussi bien que d’habitude. Mon travail n’est pas de vous mettre des bâtons dans les roues et de vous empêcher de faire le vôtre, bien au contraire. Voyez-moi plutôt comme…» Elle sourit franchement à cette évocation, faisant appel à quelque chose qu’il devait bien connaître: «Une médaille d’honneur pour glorifier vos prochains services.»

Elle termina ses explications tout en glissant la main dans sa poche, pour en extraire un objet de la forme d’un stylet. Un petit écran éteint sur sa surface présupposait son utilité technologique. Puisqu'elle avait eu le droit d’apporter un souvenir terrien, elle s’était décidé sur ce qui lui était le plus utile. Malgré le matériel high tech de la cité qui aurait pu remplacer son enregistreur, elle n’avait pas voulu tenter l’administration pour s’en procurer un. D’autant que celui-ci réunissait le meilleur des capacités humaines. Directement connecté à son ordinateur, retranscription vocale cryptée, enregistrement de plusieurs pistes en simultané et en qualité ultra précise, de près ou de loin, en automatique ou en manuel, mémoire interne de 500 gigabits, étanche, haut-parleurs intégré et 48H d’autonomie en pleine utilisation, jusqu’à 250H en veille. Le gardant toujours avec elle, il ne lui servait que lors des séances, et de certaines réunions. Bien évidemment, elle devait demander la permission de l’utiliser, sinon quoi, elle serait contrainte de prendre des notes, bien moins détaillées qu’une reprise complète de ses paroles.
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Shaun Kelly
Lieutenant
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Jeu 12 Aoû - 12:14

Shaun Kelly







Séance 82 : Passer Le Sas

Ft. Kendall & Shaun




Une simple pression de main pouvait se montrer plus éloquente que de banals mots, et en l'état, celle de Shaun l'était à bien des égards. Quand il serra celle du docteur d'un seul et simple mouvement assuré, il renforça sensiblement son énergie sur la fin du contact, y apposant une force qui restait en surface : non douloureuse, mais ressentis, et pendant tout ce temps, le regard au couleur d'acier fixait la femme avec attention. Il avait toujours eu une attention directive quand bien même ce n'était pas systématiquement intentionnel, et ça engendrait parfois un effet dérangeant, voir intimidant. Quelques secondes accordés aux gestes, guère plus, et il récupéra sa main, venant reculer d'un pas léger en arrière pour briser cette distances presque intimiste qui s'érigeait quand deux personnes en venaient aux salutations, même les plus solennel.

Une inclinaison de visage vers le bas, en discret hochement, apporta réponse à la proposition du docteur, lorsqu'elle se fit guide du lieu véritable pour leur conversation, la laissant ainsi prendre les devant, patientant trois pas en arrière avant de se mettre à son tour en route. Cela lui permit d'accorder un coup d'œil plus appuyé sur la silhouette qui s'avançait et lui donnait dos, détaillant jusqu'à sa démarche. Peut-être qu'elle avait davantage l'habitude d'être la seule à étudier et porter intérêt aux gestes, mouvements, intonations, attitudes, mais en l'état, Shaun s'en donnait à coeur joie d'en faire aussi l'étude. Certes avec immensément moins de capacité déductive, et aussi, pas les mêmes objectifs, mais l'officier était un grand observateur de nature, et il ne s'en privait guère lorsque l'occasion lui était donné.

Elle n'était pas reluquée à proprement parlé. C'était une dimension bien différente qu'une simple attention liée aux bas instincts. Non, c'était davantage un jugement, aussi négatif que pouvait être ce terme, c'était sans doute le plus proche de ce que l'homme s'offrait en l'instant. Cela commençait par des talons bas claquant sur le sol qui donnait un élancement un peu trop léger sur l'effilé de ses jambes à cette femme qui n'avait - de base, nul besoin de s'agrandir. Puis il dérivait à sa tenue, droite, lisse, stricte. Un peu comme tout ce qui constituait la femme physiquement à son rapide avis. Certes, il n'était pas en reste d'une certaine droiture à ses tenues, d'un lissage strict sur un uniforme règlementaire, et c'était sans doute pour cela qu'il s'en désintéressait si rapidement lorsqu'elle s'appliquait à une autre personne. Il suffisait de voir la personnalité de l'homme qu'il fréquentait le plus : Matt était de loin l'homme qui lui était le plus opposé, et pourtant, c'était bien dans cette opposition complémentaire que Shaun s'y sentait le plus au confort et à son aise, et non pas dans la similarité. Encore plus quand il s'agissait d'une femme.

Arrivé devant les doubles portes découpées dans un mur de vitraux colorés qui renvoyaient un jeu de lumière particulièrement étincelant, Shaun continua son chemin à l'invitation de s'y engager le premier. Son regard découvrit alors la petite terrasse vide de présence, qui se dévoilait devant eux, avisant rapidement chaises et table qui avait été laissées à disposition. Le vent s'engouffra escorté des embruns glanés de l'océan, apportant une touche saline à l'odeur que cela en dégageait, venant d'une volute légère caresser leurs épidermes avec une légèreté sereine. L'eau n'avait jamais véritablement été son élément de prédilection, en bon Ranger qu'il était, davantage à l'aise sur terre que nul part ailleurs, aussi n'y attarda t-il qu'une vague contemplation au paysage, bien que plus à l'aise que la femme qui s'engagea derrière lui, sans même craindre des hauteurs et du vde que cette avancée de béton surplombaient.

Il s'en approcha d'ailleurs, dans un premier temps, tandis que le docteur s'installait simplement, lui déposait ses deux mains en appui sur la rembarde et avisait - non pas le bleu agité de vagues à peine perceptibles, sur l'étendue large qui en nappait son horizon, mais bien les colonnes grises de la cité qui se détachaient en contrebas. Cette architecture en pointes donnait presque une impression s'agressivité dans cette splendeur avérée, à l'instar des filaments d'une méduse qui étendaient ses appendices gracieux mais pas moins dangereux dans son espace vital, flottant, errant au gré d'un courant sauvage. Mais son intérêt fut très bref, et dans un pivot simple, il vint finalement s'assoir en face à face, laissant la table ronde les séparer. Il souleva la chaise, l'attirant en arrière pour la détacher du pied central du meuble qui faisait obstacle et vint s'y installer.

S'il ne prenait guère d'aise dans sa posture, elle n'en était pas pour le moins décontractée. Sa jambe droite vint très rapidement prendre place en équerre par dessus la gauche, fixant le creux de sa cheville sur la hauteur de son genou, ce qui offrait un écart majeur à la posture de ses jambes. Le tissu de son uniforme en prit d'ailleurs les plis de torsion, révélant sa carrure sur ces muscles qui venaient naturellement se mettre en tension légère. Ses deux coudes s'apposèrent sur les accoudoirs de part et d'autre, ses mains venant se superposer l'une à l'autre jusque au dessus de son abdomen. La tête légèrement incliné sur le côté, il prenait le temps d'observer les gestes de sa vis-à-vis, avec un détail minutieux, l'air de patienter.

A ses premiers mots, il n'en fit aucune remarque, se contentant d'un silence éloquent, son visage conservant sa stricte neutralité, sans même dévoiler un amusement particulier, une inquiétude sous-jacente, ou même une hostilité certaine ; la seule chose qui pouvait s'être fait remarquer, sous cet écran rigide, était son manifeste détachement. Et alors même qu'elle enchainait en venant apposer son regard sur lui, lui-même déjà engagé à le faire d'une manière identique, le gris de ses éclats plus claire encore sous l'intense lumière extérieure, il remonta sa main gauche à hauteur de son visage et s'offrit un appui à sa joue. Son index remontait le long de sa pommette, son pouce bordait son menton, et le reste de ses doigts se maintenait replié à la proximité de ses lèvres qui servaient, entrouvertes, à sa respiration sereine.

Le vent salé assécha rapidement sa bouche, et à l'instant où il prit une inspiration plus profonde, tiré par sa dernière remarque qui en détacha sa fixation, il prit brièvement le temps de s'humecter ces lèvres, d'un passage rapide et pincé, avant de prendre la parole d'une voix assez grave, l'intonation profonde, et la gorge claire.

« Je suis fier de mon service, Madame. » appuya t-il sur cette dernière touche, le directif de son attention revenant à elle aussitôt, au détail de son regard. « Mais je ne l'ai certainement pas fait pour des médailles. Elles ne me rendent pas meilleur ou moins bon que n'importe quel autre gars qui a servi. Les médailles ne racontent jamais toute l'histoire. Ce n'est pas la récompense qui caractérise la discipline ou la qualité d'un soldat, et n'importe qui ayant été sur le terrain vous le dira. »

Ses lèvres se plissèrent sensiblement, ses yeux clignant d'un même temps avant d'en reprendre son attitude et ce détachant caractéristique.

« Vous caractériser en tant que tel est de loin le pire compliment que vous pourrez vous faire. Mais si vous insistez, partons sur une médaille. »

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Lun 16 Aoû - 13:14

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Séance 82 : Passer Le Sas
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La répartie du lieutenant était intéressante. Si Kendall avait cherché la comparaison aux nombreuses décorations qu’il avait obtenues durant son service , lui ne se gênait pas pour lui rappeler lequel d’entre eux avait une véritable connaissance du domaine militaire, avec une grande fierté, bien que touchée d’humilité. Creuser cet aspect de sa personnalité lui donnerait un bon point d’intérêt, surtout s’il en était orgueilleux, il n’aurait aucun embarras à s’étaler sur ses missions. Autant dire qu’il partait sur une voie positive: il y aurait plus à s’inquiéter d’un soldat dont la motivation frôlerait le zéro.

Il ne s’en rendait peut-être pas compte, par sa courtoisie solennelle, mais toute son attitude respirait la méfiance. Certes, tout le monde se méfiait des psychologues, le Dr. Carr-Li en avait vu passer. Mais il y avait dans sa position décontractée quelque chose qui l’invitait à venir le défier, comme s’il voulait savoir quel genre de psy elle était: déterminée ou laxiste. Et, plus que ça, il ne se laisserait sûrement pas intimider par une femme qui a le pouvoir sur lui. S’il voulait jouer au jeu de l’agneau, et retourner tous ses arguments contre elle, il se retrouverait bien vite contre un mur.

“Loin de moi l’idée de juger vos actions d’un quelconque intérêt prétentieux. Tout le monde veut la gloire, sans savoir qu’elle se cache aujourd’hui dans le besoin d’être simplement estimé à sa juste valeur. Sans forcément être meilleur que les autres, mais plutôt dans l’envie de s’en distinguer. Et c’est la récompense qui motive à se dépasser. Pas spécialement sous forme de médaille, ni de prime salariale, mais rien que dans les mots et les regards des autres, de vos hommes, par exemple. Et là où j’interviens, c’est à vous de décider si je serai une forme de récompense, ou un obstacle à votre route.”

Elle prend une courte pause, son visage impassible, mais les pupilles teintées d’une véritable curiosité.

“Je ne vous demande pas de me mentir durant cet entretien. Croyez-moi, je le saurai. Rappelez-vous que le programme Atlantis n’engage pas des personnes au standard médiocre. Après tout, c’est l’avenir de l’humanité qui est en jeu. Et en ce qui me concerne, je ne compte pas nous priver de bons éléments, même s’ils font preuve de quelques soucis émotionnels. Tout le monde a des problèmes, ce que je cherche à savoir avant tout, c’est que vous soyez capable de les gérer, même dans la pire des situations. Et... “

Un bref instant, un sourire en coin s’esquissa sur ses lèvres.

“Fuir ou enterrer ses problèmes n’est clairement pas une solution, vous en conviendrez. Ils referont surface à un moment ou à un autre, et si cela arrive au pire moment, vos soucis deviendront ceux de vos hommes. Donc… Je vous conseille vivement d’être le plus honnête possible avec moi. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour ceux qui mettent leur vie entre vos mains. Vous n’êtes pas un simple soldat parmi les autres, Shaun, et même si vous voulez vous efforcer de vous mettre à la hauteur de votre équipe, ils vous respectent en tant que chef, et ils attendent de vous un rôle de chef, plus que de collègue, ou d’ami.”

Sa main se suréleva, faisant tourner agilement le stylet entre ses doigts avant de le pointer dans sa direction.

“Bien entendu, tout ce qui est dit entre nous, est parfaitement confidentiel. Nous en aurons pour une heure aujourd’hui, et une heure jeudi, comme convenu, à 14h. Avant que nous poursuivions… et que j’entende vos éventuelles questions… ou réclamations... je voudrais savoir si vous acceptez que j’enregistre vocalement la séance? C’est une simple question de pratique.” Faisant appel à une petit dose d’humour, elle rajouta, un sourire en biais: “Vous avez le droit de dire non, si vous voulez me voir souffrir à écrire sur mon PC.”

Bien qu’ils n’étaient là que pour une petite heure, Kendall avait prit quelques minutes pour clarifier les termes de leur échange. L’obligation administrative n’était que de deux heures, qu’elle avait planifié aujourd’hui et après-demain. La santé mentale était bien trop sous-estimée, que ce soit dans n’importe quelles activités, même galactiques. Deux heures, c’était bien trop peu pour faire un profil psychique. Mais elle pouvait prolonger de deux séances supplémentaires avant de rendre son verdict, dans la limite d’une semaine. Suite à quoi, et dans le meilleur des cas, il pouvait de lui-même décider de continuer à la consulter, à titre plus personnel, régulièrement, ou occasionnellement.

En tant que leader, il y avait peu de chances qu’il prenne l’initiative de s’octroyer du temps d’introspection. Ou tout du moins, pas officiellement. Mais elle n’évoquera ce sujet qu’au moment voulu.

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Shaun Kelly
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Ven 17 Sep - 17:01

Shaun Kelly







Séance 82 : Passer Le Sas

Ft. Kendall & Shaun




Récompense ou obstacle. Aucun des deux en vérité. Shaun n'était pas un homme qui voyait la vie si dichotomique que ça. Echec ou réussite, aide ou épreuve, qualités ou défauts, c'était des notions bien trop étriqué à son sens, là où son esprit se permettait de schématiser les nuances, d'accepter les variations, et d'envisager que les choses pouvaient ne pas s'arrêter à ces concepts stricts. Il aurait certainement apprécié partager ce point de vue avec la psychologue qui lui faisait face si elle n'avait pas enchainé immédiatement après, sans doute pour ne pas s'attarder plus sur le sujet et passer au vif de leur rencontre. Avait-elle était touché par sa remarque ?

De l'autre côté de la table, l'officier n'avait pas réellement bougé de sa posture. Il apposait toujours l'arrête de sa mâchoire, qui se dessinait solide et anguleuse, dans l'écrin de sa main qui l'en soutenait que sensiblement pour ne pas se donner une attitude avachie. Certes, il avait bien du mal à réellement s'intéresser dans les stricts détails à ce qui avait été déclaré comme un enjeu à sa carrière - chose qu'il ne voyait pas ainsi, mais ce n'était pas pour autant qu'il en était dénué de respect envers la femme qui lui faisait face. Au final, il restait très solennel, car malgré le détachement assez caractérisé dont il faisait preuve, il n'en était pas pour autant dénué d'écoute.

Tout simplement parce que son intérêt allait bien ailleurs. Si Carr-Lee jouait la carte de l'étude et de l'observation, Kelly continuait à se livrer à un même genre d'exercice, dans l'attention poussée de son attitude, de ses gestes, de son regard mais aussi du choix des mots qui étaient souvent tout aussi révélateur qu'un mouvement imprécis, qu'une hésitation ou une certitude, qu'un crispation fugitive ou un sourire débordant d'hypocrisie. Et du florilège que la psychologue venait d'offrir à l'homme, certains apportaient une première vague d'éléments qu'il ne manquait pas de garder en mémoire, ne serait-ce que pour la suite de leur entrevue. Pour Shaun, tout était en permanence qu'une stratégie à établir, encore plus dans les relations sociales auquel il avait du mal à se conformer parfois.

La direction de son regard, dont l'intensité grise était d'autant plus marqué par l'agréable luminosité de l'environnement, ne semblait pas vouloir ciller de la femme. Un bref et fugace plissement de paupière dénota un amusement, dont l'interprétation couplé à la conjoncture d'un pincement de lèvre concave pourrait aisément être interprété par la spécialiste en micro-expressions comme une ironie manifeste. D'aucun serait passé complètement à côté, mais il serait difficile de prétendre qu'elle puisse l'avoir raté, ce qui la conforterait au moins sur ce point : même s'il apparaissait stoïque, neutre et décontracté, il n'en était pas moins dépourvu de sentiments.

Et la voilà qui se mettait à titiller son orgueil, à maintes reprises, et de manière plus ou moins caché, jouant sur le tableau des mots mais que Shaun n'avait pas trainé à relever - et il doutait que ce soit bien involontaire. Elle avait beau ne pas avoir enclenché encore son enregistrement, comme si l'acte symbolisait le début des réelles "hostilités", il était persuadé qu'elle avait déjà commencé son petit numéro axé sur la bien-pensance d'une discours moralisateur qu'il n'acceptait généralement que venant d'autorité supérieure. Mais à cela, il en resta complètement silencieux et continua son observation, dérivant parfois sur l'objet qu'elle tenait légèrement de côté en équilibre de l'accoudoir qu'elle bordait, par simple détournement oculaire, avant d'en revenir à elle.

Une seule et unique question avait ponctué cette mise au clair dont il s'était bien gardé de réagir et commenter, y répondant aussitôt en ouvrant sa main libre qui s'était maintenu jusqu'ici reposé sur son abdomen, le coude toujours ancré sur l'accoudoir de la chaise à sa gauche, pour venir intimer une autorisation gestuelle à cette requête. Puis, quelques mots se joignirent à la manifestation physique, assez simple et sans fioriture.

« Allez-y. » Lança t-il dans une amorce évidente, bien qu'il laissa un léger blanc filer après cette déclaration. Sa main se rabattue sur sa position précédente avant qu'il n'en reprenne la parole, forçant un peu plus sur la tonalité de sa voix pour la rendre légèrement moins rude. « Je n'aurais pas à cœur de vous voir souffrir. Pensez seulement à m'en envoyer une copie. »

Il n'était pas certains que beaucoup de patients réclamaient l'enregistrement de leurs entretiens, sans doute par inconfort avec leur propre image, leur propre discours, leur propre "eux" qu'ils percevaient. Mais l'assurance de Shaun était telle qu'il se départît bien volontiers de ces inquiétudes encombrantes. Le temps que le docteur mette en place au biais de quelques manipulations ce fameux enregistrement, l'officier fini par quitter son attention fixatrice qu'il lui avait jusqu'ici accordé, venant prêter l'acier de ses yeux à l'horizon étendu dont il donnait flanc, sans vraiment s'y attarder. Il n'avait pas vocation à contemplation mais davantage pour s'aérer l'esprit et remettre ses perspectives en place, choisissant un terrain neutre pour le faire.

Ca allait être le moment de voir si elle était aussi acharné que ses compatriotes à vouloir définir tous les soldats d'expériences sous le titrage d'une pathologie ou si elle sortirait de ces conventions et prenait plus le temps de s'intéresser à la réalité du terrain. Il ne détestait pas spécialement les psy, pas comme les médecins et encore moins que les journalistes, mais il avait du mal à leur trouver un grand intérêt. Toutefois, c'était le protocole, l'examen de routine, la vérification qu'il était effectivement apte à diriger sur le terrain, apte à presser la détente, apte à faire des choix. Et quels choix ! Ceux du sacrifice la plupart du temps, peser les vies et les estimer en gardant à l'esprit que même s'il essayait, tout le monde ne pouvait être sauver. Le choix de la mission.

Il n'était pas un héro, encore moins un super-héro. Il était juste un homme que ni le sang, ni les fantômes de ses victimes, ni même la mort n'effrayait plus. Personne ne pouvait rester le même après la guerre. Avant de prendre part au combat, l'innocence continuait encore d'escorter l'esprit. Puis, tout à coup, la vie dévoilait un autre visage.

@DamianVK

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Dim 26 Sep - 0:51

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Séance 82 : Passer Le Sas
FEAT SHAUN KELLY

D’une légère pression du pouce, le stylet High-tech chargé à bloc pour l’occasion se mit en marche. Les premières minutes de leur discussion, bien qu’intéressantes et plutôt instructives, n’auront été qu’enregistré dans sa mémoire malheureusement faillible. Aussi bien que le docteur voulait faire preuve de maîtrise, elle savait que la perfection absolue demandait de dépasser des limites autant éthiques que personnelles. Respecter les règles, c’était son moyen de se cadrer. De ne pas se soumettre à un égocentrisme complexé. Et depuis longtemps, elle avait su passer au-dessus de la frustration d’inévitablement louper des éléments. La véritable manœuvre allait seulement débuter maintenant. Et le souhait de son patient d’en conserver une copie le délogeait de la passivité habituelle de ceux qui préféraient oublier leur séance. Rien n’indiquait qu’il voudrait réellement la repasser plus tard, mais c’était une initiative qu’elle encourageait.

Déposant le stylet sur l’accoudoir, elle hocha brièvement la tête, sans dévier son regard de sa personne, le faisant seulement passer de son visage à sa tenue, identique à celle des autres hommes d'armes.

« Bien sûr. Je vous suggère même de l’écouter une fois au calme, et si besoin, nous pourrons revenir sur des détails, des souvenirs qui vous ont échappés… »

Le docteur Carr-Li était une femme réservée. Et les seuls moment où elle parlait beaucoup, c’était pour évoquer son travail. En début d’entretien, elle avait justement pas mal à dire, pour mettre au clair les termes de l’échange, et tenter d’atténuer les éventuelles tensions. Mais il arrivait ensuite le moment fatidique où le silence s’installait, parce qu’elle était là pour écouter, pas pour débattre ni pour juger. Si le slogan des militaires était « Servir et Protéger », celui des psychologues devrait être « Ecouter et Guider ». Et pourtant, dans ce genre de cas, elle aurait une décision à prendre, un jugement à prononcer. Ce qui n’était pas pour lui déplaire, dans le fond. Même si elle n’était pas attirée par le commandement et n’avait pas les atouts d’un leader, elle aimait avoir une certaine forme de pouvoir. D’influence. Comme tout le monde. Mais elle savait en user avec parcimonie sans se laisser enivrer par un quelconque sentiment de supériorité. C'était ce qui la différenciait des autres individus de son "espèce". Entre ceux qui devenaient de dangereux prédateurs et ceux qui mettaient fins à leurs jours, il n'y avait qu'un pas. Une marge de manoeuvre qu'elle sécurisait autant que possible.

Il était temps de lancer la partie. D’une imitation aux abords désintéressés, sa posture droite se détendit d’un côté du siège, contraire à celle de l’homme. Le coude posé et replié, l’index sur sa pommette, son regard se détourna un instant vers la vitre qui les séparaient du reste de l’esplanade. Il y a avait une curiosité humaine qui poussait les plus présomptueux à vouloir tout connaître de la vie d’autrui, même des inconnus. Certes, sans cette prédisposition assoiffée de connaissances, il n’y aurait ni artistes ni ingénieurs. Mais Kendall prenait soin d’éviter les nuisances et les ragots, même si recevoir à l’extérieur en implémentait le risque. Maintenant qu’elle y pensait, l’air frais de ce lieu semblait peu faire d’écho au militaire. Au moins, pour la femme, ça changeait d’un sempiternel bureau aux murs impersonnels.

« J’ai bien conscience que ça ne sera pas agréable pour vous de me parler des évènements qui vous trouble le plus… » commença-t-elle d’un ton se voulant compatissant. « Mais tout repose sur votre manière de vivre avec. »

Elle ne lui précisa pas que les refouler serait bien l’une des choses qui pencherait en sa défaveur. Après tout, elle avait déjà demandé sa coopération. S’il pensait que c’était tout gagné et que ce rendez-vous ne signifiait rien, elle avait hâte de passer à travers ses défenses. Elle poursuivit donc, d’une question qui aurait pu être anodine pour quelqu’un d’autre.

« Alors, dites-moi… Comment se portent votre femme et votre enfant ? »

Le détachement dans sa voix aurait pu faire penser à de l'ignorance sur la profondeur de ce que cette question impliquait, mais l'audace qui se lisait dans ses rétines noisettes ne démentait pas une intention volontaire. Elle savait où elle mettait les pieds, évidemment. Ou au moins quelle porte elle cherchait à ouvrir, sans savoir ce qu’il se trouvait derrière. La plupart des résidents de cette cité délaissait leurs proches sur Terre. Elle-même avait quitté son frère ainé et ses deux parents. Mais a moins d’avoir complètement rompu les liens avec eux, la sensation de manque se manifestait d’une manière ou d’une autre. Surtout si elle n’était pas entendue. Dans l’alcool, les fêtes ou l’isolement, l’irresponsabilité, les relations sexuelles… Personne ne pouvait être constamment irréprochable. Le tout était de savoir à quel moment se laisser aller. C’était ce qu’elle voulait savoir sur lui. Quand et comment, et si cela impactait son travail... sans être directe.

Le lieutenant pouvait aisément lui mentir sur sa vie, mais il n’avait pas vent de toutes les particularités de son dossier, notamment celles dont avait accès le personnel médical. Exerçant depuis longtemps, le docteur Carr-Li avait vu passer toute sorte de phénomènes. Notamment les menteurs pathologiques. Ceux qui s’inventait une vie avec un tel entrain qu’ils y croyaient eux-mêmes, refusant d’admettre le mensonge, ou trouvant des semi-vérités pour se justifier. Shaun Kelly n’avait pas l’air d’être l’un d’entre eux, mais les meilleurs mensonges se noyaient dans un amas de vérités. Les repérer demandait une fine observation corporelle, où ses talents de profiler et psychanalyste entrait en scène… mais s’étouffaient entre quatre murs, et encore plus figés sur une chaise.

La respiration longue, légèrement appuyée sur sa main, un faible éclat dans les yeux, elle scrutait les siens avec attention, mais aussi ses mains, sa musculature, et sa gestuelle. Elle ne laissait rien au hasard.
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Shaun Kelly
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Jeu 30 Sep - 14:50

Shaun Kelly







Séance 82 : Passer Le Sas

Ft. Kendall & Shaun




C'était presque comme un hands-up de Poker entre deux joueurs confirmés en coin flip, s'affrontant en championnat dont une carrière était en jeu. Pourtant, il n'y avait pas l'ombre d'un stress dans le reflet des yeux de l'homme, ni dans son comportement d'ailleurs. Pas une crainte, pas un espoir, ni l'once d'une inquiétude. Il savait ce qu'il valait et savait de quoi il était capable sur le terrain, et rien que ça, la confiance en soi - chose qui ne semblait quasiment jamais faillir chez le Ranger, cela jouait pas mal sur ses aptitudes en zone de guerre. Il n'était pas encore prêt à rempiler, prêt à passer la main, prêt à s'assoir sur ses doses d'hormones que lui balançait son corps et son cerveau quotidiennement sur le terrain, ni cette volonté d'un devoir qui ne s'achèverait que par son trépas. Il faisait partit de ceux habitué aux combats. Se faire tirer dessus n'était qu'une partie du boulot. Un tir de roquette ? Un jour comme les autres au bureau.

Et les hostilités avaient commencé sur les chapeaux de roue. Sans apéritif, sans entrée, la psychologue s'attaquait directement au plat de résistance. Aucun préambule, aucune subtilité, aucun détour pour fixer immédiatement le principal nœud d'un potentiel problème, à l'instar d'une visée de sniper ultra précis. Affirmer que Shaun s'était rendu à cet entretien sans s'attendre à cette question explicite aurait été un odieux mensonge. La nature de ses relations avec autrui, connu ou inconnu, du cercle familial ou plus étendu, avait toujours été un terrain privilégié et un fer de lance pour ces spécialistes de la médecine mentale qui était passé face à lui. Ils furent nombreux dans sa carrière, s'enchainant parfois au gré de ses affectations, jamais par problème de suivit, et dont la liste des noms avait prit de la longueur à l'image des fameuses "médailles" qui s'alignaient sur la teinte olive de sa tenue officielle bien rangé dans le placard de sa chambre. Alors autant dire qu'il n'y eut aucune surprise. Absolument aucune.

Dans le pétillement de ses yeux si clairs par le temps ensoleillé, avait germé un amusement croissant, écho du plissement de ses lèvres qui avait émergé à chaque commissure, même si l'une restait partiellement voilé par cette main qui s'était accolée à son visage. L'ongle de son majeur frottait d'ailleurs assez inconsciemment contre sa pilosité drue à la chute de sa mâchoire, d'un geste instinctif, mécanisé. De son point de vue, le Docteur Carr-Li avait l'attitude d'un action player, qui passait l'offensive dure et brutale d'entrée de jeu en pensant peut-être surprendre ou déstabiliser, mais devant elle, c'était bien un militaire droit dans ses appuis qui se tenait. Shaun était capable de transformer n'importe quelle situation à l'image d'un opération militaire, comme s'il avait encore été sur le terrain, en évaluant les stratégies et anticipant les situations de stress avec un calme calculateur déstabilisant. C'était sans doute pour lui un moyen de jouer sur les variations entre la sécurité de la vie civil et le danger permanent d'une mission attribuée, et de garder sa sérénité et son contrôle. Ce n'était pas tant une question de conscience que de volonté. Il savait pertinemment où il était et ce qu'il faisait, c'était seulement sa gestion personnelle, sa manière de rendre tout ceci vivable et supportable, cohérent et logique.

Il ne resta pas bien longtemps muet après la question posée, l'histoire d'une seconde ou deux, maximum, pour simplement prendre le temps d'étude à la tournure de sa réponse. Il était évident qu'il n'aurait pas de nouvelle, ni de sa femme, ni de sa fille, ici en Atlantis, même s'il était du genre à en prendre régulièrement. Aucune communication avec la Terre de possible et son niveau et pour des échanges si personnels. Quant aux voyages retour, ces derniers étaient si long qu'il était monnaie courante qu'aucun membre de l'expédition n'en prenne le temps pendant un bon moment, voir jamais pour certain. Mais la question avait été révélatrice de cette stratégie, une question piège outrancièrement visible, pour n'importe qui et sans doute clairement assumée.

Mais Shaun y était retourné, récemment. Il avait revu le bleu du ciel Terrien et le cotonneux de ses nuages caractéristiques, la constellation des étoiles si familière qui dessinait la carte d'un espace si vaste, l'embrun des forêts aux notes estivales que le pollen en dérangeait grands nombres et surtout l'alignement des étendues de pierre tombale à la surface d'un blanc marbre poli du cimetière d'Olinger Crown Hill. Il en avait gardé un souvenir très vivace, un an auparavant, de ses tables dinatoires sur une terrasse immaculée, couverte de tissu blanc qui retombait sans toucher le sol comme des spectres errants, tranchant des élégants habits noirs portés par les endeuillés. Des halos ambrés des lumières de la pièce de réception cherchant à simuler une chaleur apaisante dans le froid de la solitude. Des images qu'il souhaitait garder à son intimité la plus stricte.

« Aussi bien qu'elles le peuvent aux dernières nouvelles. Tessa devrait rentrer en secondaire à la rentrée prochaine. » répondit-il avec une grande simplicité, son sourire s'atténuant peu à peu dans la réponse donnée, non pas par un degré de peine ressentie, mais pour ne pas l'éterniser.

Sa main s'était rabattue dans la foulée, venant se croiser à son homologue qui séjournait toujours paisiblement sur la droiture solide de son abdomen. Maintenant qu'ils venaient de se lancer en plein cœur de l'entretien, il quittait sa posture d'attente paisible pour en adopter une autre qui symbolisait davantage l'ouverture - alors même que la décontraction était toujours d'actualité, offert par son placement et sa jambe droite croisée en équerre au-dessus de l'autre.

« Les Maths sont ses domaines de prédilection. Elle a toujours été douée avec les chiffres, depuis toute petite. » rajouta t-il sur le même ton, sa voix grave portée à leurs seules oreilles et celles de l'enregistrement qui gardaient ceci en mémoire.

L'océan continuait de ramener son parfum salé, une légère brise s'invitant dans l'espace réduit, douce mais perceptible, qui agitèrent brièvement les quelques longueurs du châtain de ses cheveux avant qu'ils n'en retrouvent leur discipliné emplacement. De son côté, Shaun continuait d'observer la femme. Set mining.

@DamianVK

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Dim 10 Oct - 13:45

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Séance 82 : Passer Le Sas
FEAT SHAUN KELLY

Même si elle s’était attendue à une réponse moins standard, Kendall demeura stoïque. Il n’avait pas mal prit son « attaque » au cœur d’un sujet conflictuel, mais il ne lui laissait pas beaucoup d’opportunité d’investigation. Comme tout bon père, il vantait les talents de son enfant, lui rappelant que, loin ou non, il restait au fait de son épanouissement. Mais sans aller plus loin pour autant, comme si le sujet le dérangeait. La psy avait obtenu ce qu’elle voulait de lui. C’était tant dans les non-dits que les aveux qu’elle cernait les personnages. Il y avait peu de chance de la berner ou de se soustraire à ses observations. Cependant, la maîtrise du militaire l’amusait. Elle avait soudainement très envie de lui extirper une expression inhabituelle. De la colère, peut-être ? Cela ne l’éloignerait pas de son intérêt… le pousser à bout serait une excellente manière de tester ses limites.

Tout le monde a des limites… des règles placardées « Keep Out » au fond de son esprit. Son rôle n’étant pas tant de les briser que de comprendre leur raison d’être. Et à cet instant, elle furetait probablement dans une zone minée. Elle n’avait pas posé la question sous le terme « enfant » par mégarde. Le flou du genre aurait très bien pu faire pencher la balance sur l’un ou l’autre de ses deux enfants, le premier malheureusement décédé trop jeune. Mais il n’a montré aucune hésitation, aucun sourcillement. Pour la psy, évoquer les défunts était de coutume. Il y avait ceux qui vivaient avec le deuil, et ceux qui le portait sur leurs fragiles épaules. Elle ne laisserait tout de même pas ce détail au hasard. Ce qu’elle perdait en empathie, et qui pourrait la faire passer pour un cœur-de-pierre, elle le gagnait au moins en perspicacité.

Se redressant sur son siège, sachant le sujet épineux, son regard se figea dans le sien. Elle savait jouer d’émotions, mais la compassion était son pire défaut. Alors, elle ne simula rien. De toutes façon, un bon psychologue devait savoir garder une distance vis-à-vis de ses propres sentiments. Chose plus facile pour elle. C’était donc seulement sa curiosité qui transparaissait dans ses mots :

" Finnley aimait les chiffres, lui aussi ? "

Elle n’était pas cruelle non plus, et comprenait que perdre un enfant était une épreuve cathartique qui éclatait souvent les couples. Se marier pour le meilleur et pour le pire… mais la vérité étant que personne ne se doutait vraiment du pire. Et lorsqu’il arrive, même l’amour en pâti. La psychologue ne connaissait pas les avenants de sa vie privé, peut-être que sa relation avec sa femme était toujours solide, mais le statut familial apparaissait clairement dans ses dossiers, et un décès encore récent ne pouvait pas être ignoré. Cela dit, s’engager dans un programme militaire qui vous envoyait sur une autre planète plutôt qu’un autre pays, il n’y avait pas plus flagrant comme désir de fuite, surtout lorsqu’une épreuve comme celle-ci demandait au contraire de s’investir plus que jamais à sa famille. Il pouvait bien tenter de lui faire croire que tout semblait normal, il n’y avait rien de normal dans sa situation.

Kendall avait déjà perdu des proches, elle aussi. Mais pas de membre intime de la famille. Ses parents et son frère étaient encore en pleine forme. Quand bien même l’un d’eux décèderait prématurément… elle ne savait pas si cela l’affecterait. Enfant, elle pouvait regarder d’un œil analytique le cadavre encore frais d’un chat écrasé sur la route sans ressentir le moindre dégoût, la moindre tristesse ou injustice envers la vie. Elle en imprimait le souvenir de la chair éclatée et du nombre exact des boyaux éparpillés sur le bitume. Est-ce qu’elle aurait cette même horrible apathie si sa mère se retrouvait au fond d’un cercueil ? Le teint blanc, les dernières traces d'une autopsie eu ras du cou, une tenue qu'elle ne portait jamais et une expression qui ne changerait plus? Cette pensée lui pinça le cœur. Littéralement. Comme si elle en avait un…

Troublée par cette sensation malvenue, ses iris s’égarèrent derrière l’homme, ses sourcils se froncèrent brièvement. Manquait plus qu’elle faisait de la tachycardie… Inspirant doucement, son attention revint à son patient. Ce n’était pas le moment de lâcher son emprise.
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Shaun Kelly
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Mar 26 Oct - 11:47

Shaun Kelly







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Il y eut un tic, un mouvement si fin, si discret que n'importe quelle personne, psychologue ou psychiatre comprit, serait complètement passé à côté. Mais c'était sans compter sur la perspicacité affûté de celle qui lui faisait face en l'instant-même, et dont le mouvement pourrait lui paraitre presque aussi flagrant qu'il fut totalement inconscient et en dehors de la maitrise que l'homme semblait montrer jusqu'ici. Bien que dénué de toute surprise - l'homme s'étant véritablement attendu à être questionné sur ce point bien précis, sur ce nœud qu'il aurait été logique de pensait qu'il entravait ses rouages, ce fut davantage la preuve qu'une corde sensible venait d'être touché qui se manifesta. Ce fut vif et quasi-invisible, mais très révélateur. Ses lèvres se serrèrent, ses narines s'articulèrent en une respiration un peu plus marqué que l'ordinaire, ses sourcils se froncèrent et leurs extrémités intérieures s'abaissèrent. Et bien qu'il ne bougea pas, ses bras, ses jambes, son corps cloué à une immobilité naturelle, la légère inflexion de son pouce droit marqua très nettement cette volonté de garder le contrôle.

Et d'une manière générale, c'était tout ce qui caractérisait l'officier : il ne lâchait que rarement prise, surtout quand cela concernait sa vie personnelle, ses sentiments, ses émotions, ses états d'âme, et quand bien même il n'était ni en service, ni sur le terrain, il s'imposait cette stricte régularité à toujours conserver la pleine maitrise de lui et de ce qu'il ressentait. Non pas par fuite, ou désaveu comme on pourrait premièrement le penser, mais bien pour la stabilité qui en ressort et l'image. Quiconque y verrait un homme incapable de sentiment, un homme froid au cœur de glace, taciturne et imperméable à l'humour, mais pour Kendall, il devenait rapidement et assez évident qu'il ne s'agissait que d'un apparat volontaire - bien qu'un peu plus de preuve lui sera sans doute nécessaire pour l'affirmer.

Ce qu'elle vit, c'était une once de colère, ou du moins quelque chose qui y était lié. Difficile de savoir en revanche envers qui cette colère était destinée. Sa psy, lui-même, son fils, l'univers ? Cette particularité là était d'autant moins sûre qu'il avait été flagrant de le percevoir, mais le sang-froid et la maitrise dont l'homme faisait preuve avec une incroyable capacité mettait en branle les capacités de celle qui fut choisie en dépit de son lourd dossier. Le temps qu'il mit à répondre, sur quelques petites secondes à peine, était également le témoin de cette réserve qu'il mettait à ne rien montrer, bien que ses mots ne tardèrent pas à venir.

« Non. » Laissa-t-il filer sur une intonation neutre et un bref souffle porté, prenant une brève seconde pour réhumidifier ses lèvres asséchées par le vent marin, d'une passade de pointe de langue rapide. « Il préférait le sport. C'était un sacré botteur. Il me ressemblait beaucoup sur bien des domaines. Il s'en sortait quand même bien à l'école. Assez pour pouvoir frimer sur le terrain sans avoir à rougir de ses notes. »

Son pouce de la senestre passa en frottant sur la jointure du pouce de sa dextre, d'une pression sensible mais qui perdura dans un seul geste pendant plusieurs secondes. Puis, son tracé remonta le long de son index où un "N" y était tatoué. L'encre avait sensiblement perdue de sa superbe, le noir était terne, grisé, passé par l'usage de ses mains qu'il soumettait à rudes épreuves parfois, mais toujours là, tant gravé sur sa peau qu'au plus profond de son esprit.

« Il voulait s'engager. Il était bien meilleure que moi. »

Shaun ne se voilait pas la face à ce sujet, quand bien même le déni de la fatalité persistait dans son cœur. Finnley était décédé, il le savait. Mais ce n'était pas la réponse qu'il cherchait. Ca n'était même pas une réponse pour lui. Il voulait trouver plus, plus de raison, d'excuse, de justification, qu'il était venu jusqu'à se perdre dans les étoiles. C'était son fer de lance, son cheval de bataille, et il n'occultait pas ça de son esprit. Quand bien même ce dernier s'égarait parfois quand la situation devenait critique, à quelques fantômes qui se manifestait à son regard, Shaun n'était pas un homme brisé. Pas encore.

S'il avait toujours été un père plus ou moins absent, de par son métier exigent, Shaun s'était toujours montré avec cette volonté d'être un père néanmoins, de cette autorité nécessaire à toute éducation, mais enfoui dans un écrin de complicité, chaque fois qu'il pouvait être là. Il avait toujours essayé de rattraper le temps perdu entre deux manœuvres. Moitié ici, moitié là-bas, Shaun était devenu un exemple et un idéal pour son fils qui l'idolâtrait, l'érigeait en héro, et cherchait en permanence à le rendre fier dans cette volonté farouche de suivre ses pas. La génétique en avait aussi décidé ainsi, car s'ils se ressemblaient beaucoup sur le plan psychologique, le physique n'avait pas été en reste. Une même couleur de cheveux, un même éclat d'yeux, des épaules larges et un bassin étroit, une mâchoire carrée, Finnley avait été la copie si conforme de son paternel qu'on lui avait souvent demandé s'il ne l'avait pas conçu tout seul, au grand damne de celle qui avait tant souffert pour le mettre au monde.

Mais le destin se fichait royalement de la génétique, et leur si semblable volonté de parcours avait été brisée par la fatalité - que Shaun persistait à renier. La fierté était néanmoins toujours là, toujours présente et bien solidifié dans les moindre aspect de sa vie désormais, qu'il en était devenu son moteur. Le Lieutenant n'aspirait à aucune reconnaissance de ses pairs, sinon d'accomplir son devoir pour l'exemple qu'il n'avait jamais cessé de vouloir offrir à son enfant pour son inspiration. C'était ce qui le rendait si fiable engagé. Ca n'était pas tant une faiblesse qu'une incroyable force motrice.

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Mer 3 Nov - 20:43

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FEAT SHAUN KELLY

La vie de famille n’a pas que du mauvais. C’est découvrir son déroulement qui est douloureux. On ne peut prévoir comment son partenaire va traverser cette épreuve. Le paradoxe est que l’on se sent vide lors de cette expérience, vide de notre propre essence, alors que c’est tout le contraire, on déborde, on se dilate, on est submergé, on explose… Être plein de son propre vide, ou rempli au point de ne plus exister, quel est le pire ?

Kendall aurait aimé connaitre ce sentiment. Ne serait que pour l’expérience, la connaissance, une page de plus dans ses notes. Sa raison se tranchait d’un caprice inéluctablement déchirant à la fierté d’être au-dessus de ça, de pouvoir se dire que, quoi qu’il arrive, rien n’aura sa peau. C’était temporaire, toutefois. Un peu moins de la moitié d’une vie. L’autre moitié sera nettement moins intellectuelle que celle-ci, dénouant lentement vers une maladie héréditaire qui la touchera comme elle empoisonne l’existence de tous ceux qu’elle connaissait. Alors elle accordait plus d’importance à ne pas être qu’à devenir. A jouer de ses talents plutôt qu’à rêver. Après tout, si un jour l’humanité pouvait se targuer d’obtenir l’immortalité, y renoncerait-elle pour s’abreuver de sa souffrance ? Quelle histoire heureuse arborerait le besoin de voir mourir sa chair que de l’embrasser jusqu’à répugnance ? Non, tout le monde ne vit que pour le bonheur pur, la quintessence de la joie ultime au détriment des autres et de toute force négative. Courir pour oublier. Oublier pour courir.

Lui était là précisément au pire moment pour cette même raison qui nous pousse à fuir ce parasite destructeur qu’est la réalité malveillante et pourtant amorale. Se battre, lever les armes, descendre et annihiler tous ces visages sans teint pour ne pas y penser. Tuer et tuer encore comme pour donner une raison à la mort. Kendall la vivait de la même façon qu’on effaçait un chiffre du tableau. Quelque part, une vie voyait le jour quand une autre s’éteignait. Un cycle indécent et sans fin. La réalité. Il n’était certainement pas mieux, à compter ses balles sur un champ de bataille, à fixer un chargeur avec autant d’avidité et d’empressement qu’un affamé au milieu d’un champ. A cela, la psy se rapprochait d’un comportement militaire. Comportement qu’elle maniait et modelait à le rendre indestructible. Pas d’arrières pensés, pas de secondes chances. Un millimétrage millimétré.

Il tenait bon. Rigide, maîtrisé d’une respiration relâchée, agacé, peut-être. Elle dissimulait un faux-semblant, pas tant de vouloir jubiler que de se savoir à l’entrée d’un fort durement érigé. Moins à l’affût que lui, elle se détendit, changeant de position pour décontracter ses muscles. Ses yeux s’alignèrent sur le contour des tatouages du militaire, de son supposé dernier lien avec ses enfants, tout ce qu’il en restait à part l’image rétinienne persistante de leurs sourires, des prénoms qui n’avait de signification que pour lui. Et sa femme, dans tout ça ? Cachait-il un tatouage plus intime pour celle-ci ? Ou plus honteux ? Pourquoi donner tant de présence à des êtres qu’il ne semble pas vouloir revoir ? Au pied d’une tombe pour l’un, à l’éveil pour l’autre ? Être là, assit sur un fauteuil au sommet d’un vaisseau spatial sur la planète d’une galaxie étrangère. Être là-bas, plus loin, toujours plus à l’écart, toujours plus au risque. Jouer de sa vie comme un soldat plutôt que d’être un père pour son dernier enfant.

Elle ne jugeait pas. Tous ceux qui foulait le sol Atlante avaient fait le choix de l’abandon, si tant est avaient-ils quelque chose à abandonner. Vivre pour soit, et pour l’avenir du monde, n’était-ce pas plus élogieux que de favoriser des bassesses sociales universelles et primitives ? La sociabilité et le sens de la famille, la psy ne les connaissaient qu’à travers les livres, et ne la vivait qu’à travers les discours de ses patients. En découvrant leurs histoires, elle en démêlait les entrelacs ravageurs et leur offrait ce qu’elle n’aurait jamais : une voie vers le bonheur. Ou au moins le bien-être, à minima. Au lieutenant, elle ne visait pas moins. Et pour ça, elle devait entrer.

Au seuil de cette porte, il présentait ses enfants comme des saints et assumait sa moindre valeur. Conservant ce sujet primordial, la psy approfondit :

« Je sais qu’il y a des permissions pour retourner sur Terre. Est-ce que vous passez régulièrement du temps avec votre famille ? La distance n’est pas trop pesante pour votre femme ? »

La brune avait besoin de connaître l’environnement social dans lequel évoluait l’homme, et son interaction avec celui-ci. A ce sujet, le passif militaire du lieutenant était très brillant. Mis à part un flagrant manque d’empathie pour l’ennemi, il était un soldat parfait, même trop parfait, d’une perfectibilité maniaque : un cursus scolaire quasi complet par l’armée, décoré à de nombreuses reprises, et si elle ne connaissait pas très bien la hiérarchie militaire, il avait l’air de n’avoir jamais eu à obéir, qu’à diriger. Le fait qu’il ne soit pas déjà Colonel ou Général ne pouvait se justifier que par sa propre volonté. Il ne vivait clairement que pour l’armée et en lisant son dossier, elle n’avait même pas besoin d’entendre de sa bouche que la mort de son fils n’était que l’excuse indétrônable pour faire ce qu’il aimait vraiment. Si elle lui retirait sa raison de vivre, il n’aurait plus rien. A sa question, elle n’aurait que cette confirmation. Il avait fait un choix, et rien n’indiquait qu’il le regrettait.
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Shaun Kelly
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Lun 15 Nov - 13:16

Shaun Kelly







Séance 82 : Passer Le Sas

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D’un soutien sur son coude gauche, Shaun redressa doucement son affaissement que son corps avait sensiblement subi par l’attraction de la gravité, recalant son bassin vers l’arrière de son siège sans bouger outre mesure l’appui de sa jambe en équerre croisée au-dessus de sa jumelle. Il en profita de ce fait pour retirer sa senestre de son abdomen, la reléguant en suspens dans les airs le temps de son recadrage, avant de la remonter à son menton. Cette fois-ci, il ne laissa pas ses phalanges inactives. Son index et son pouce vinrent emprisonner entre leurs pulpes pressées quelques crins de sa pilosité faciale gardée courte et proprement entretenue, les lissant mécaniquement. La durée de ce replacement, les iris tempétueux du militaire s’était déporté sur la rambarde à son côté, puis cette ligne étroite d’horizon qui avait déjà accueilli sa contemplation pensive. Un décor qui présentait un tableau neutre et se perdait assez dans l’infini pour accueillir un souvenir.

Avril dans le Colorado. C’était l’époque propice pour ces clichés cinématographiques d’une météo pluvieuse sur une famille en deuil. Le vingt-et-un du mois ne faisait pas taire les rumeurs, le ciel avait enveloppé sa terre dans un large et épais nuage cotonneux d’un gris si sombre que la moindre luminosité peinait à passer dans un plein après-midi. L’eau tombait en cordes fines et ininterrompues depuis deux jours maintenant, mais celui-ci avait une valeur telle qu’il était impossible ou impensable de seulement attendre un meilleur temps pour une escapade et ce n’était pas les rares, mais toutefois majestueux chênes qui clairsemaient l’étendue funèbre du cimetière, qui allaient accorder à leurs visiteurs éparses un moindre couvert où se réfugier.

Stèle parmi les autres, dans ces alignements immortels, celle qui accueillait un vagabond en ce jour n’avait pas grand-chose qui la démarquait de ses voisines. Plus larges que hautes, et portant une certaine épaisseur, les gravures qui enjolivaient le froid de la pierre sinistre offraient une couronne florale éternelle à son unique propriétaire, dont le nom ressortait du relief de marbre et le visage serti sous une lentille protectrice renvoyait un sourire discret. Devant, planté dans le terrain, un modeste drapeau américain voyait son carré de tissu accuser l’assaut des eaux tombantes, s’agitant à chaque frappe sans jamais s’affaisser en dépit du sol au gazon serré, mais détrempé d’une terre boueuse. Son dessus en revanche, posée non loin du rebord gauche, accueillait le dépôt d’une bouteille en verre sombre.

Chaque goutte qui cognait l’objet prodiguait un léger tintement cristallin alors qu’à son goulot, une petite écume émergeait doucement par le débordement de son liquide mousseux et ambré. Ce dernier se mettait régulièrement à glisser le long de la paroi translucide jusqu’à atteindre le granit obscurci de la considérable humidité, avant de se disperser dans l’accumulation de la pluie.

« J’ai raté ton vingtième anniversaire… » laissait entendre une voix aussi sombre et maussade que le temps, une mélancolie prononcée derrière ce regret affirmé.

Adossé sur le flanc de la stèle, Shaun était assis à même le sol, faisant fi du flot qui ruisselait sur ses cheveux aplatis, son visage détrempé, et inondant l’uniforme vert foncé jadis soigneusement plié et méticuleusement repassé, tout en marquant son appui sur le sol que la pente légère sur lequel le Michigannais était placé épargnait une trop importante salissure. L’homme demeurait immobile, les eaux traçant quelques sillages glacés jusque dans son col, se perdant dans son dos sans qu'il n'en soit gêné, son regard contemplant sa propre bière qu’il tenait en main. Le choix du costume en ce climat désastreux n’avait rien à voir avec l’égo, ou la volonté de paraitre. Même si cela faisait assez longtemps qu’il ne l’avait pas endossé, c’était davantage à cause de cette certitude qu’il avait, d'avoir inspiré quelques fiertés à sa descendance qui plus jeune, déclarait rêver vouloir lui aussi s’engager. Quand bien même il s’agissait de faire honneur à un fantôme, la symbolique importait plus que jamais pour le Ranger.




« Vous savez autant que moi, que les permissions sont rares et difficiles à caser. Une dizaine de jours, pour le voyage aller, dix jours pour celui du retour, et le séjour entre les deux, autant dire que pour un officier nouvellement affecté, c’est assez dur à justifier, encore plus à obtenir. On a signé pour partir, ce n’est pas pour avoir une volonté de garder ses racines à des milliards de kilomètres. Ça peut sans doute surprendre un civil, mais ça n’a rien d’étonnant pour nous autres engagés. À l’époque, mes opex duraient des mois et les téléphones satellitaires n’étaient pas autorisés partout. Les familles s’y habituent. C’est un engagement plus qu’un sacrifice pour la Terre des Libres et la Maison des Braves. »

Ça ne sonnait pas vraiment comme une excuse. Ces mots étaient sincères, portés par cette touche perceptible de remords, mais dénués de l’insignifiante once de regret. Plus qu’un jeu conscient, Shaun semblait mettre un point d’honneur à atteindre cette nuance-ci, d’une tristesse ressentie sans pour autant avoir souhait ni désir, s’il le pouvait, d’en changer les choses. Dix années écoulées à servir le Stargate Command sans éprouver la moindre volonté à quitter cette bien-aimée Terre, jusqu’à ce que brusquement, une étoile s’en aille rejoindre ses consœurs.

Perdu dans les affres de ses souvenirs, dans les chimères de ses réflexions qui lui renvoyaient le parfum d’un passé pas si lointain, l’homme continuait d’alimenter l’échange de réponse sans faiblesse, persévérant, de conserver cette image en substance de froideur et de détachement.

« On est séparé depuis près d’un an. » Concluait-il en donnant à cette affirmation une valeur de réplique, interrompant enfin son mouvement de main.

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Sam 20 Nov - 17:36

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Séance 82 : Passer Le Sas
FEAT SHAUN KELLY

Le mouvement balancier du hochement de tête du Dr.Carr-Li suivit les précisions du militaire. Comment entretenir une relation longue-distance entre deux galaxies distinctes, bien même accessibles au passage d’une vulgaire Porte ou d’un voyage interstellaire, quand on signait pour se consacrer à l’avenir de toute une civilisation? Sans même tenir compte du vide du cosmos, elle savait que certains métiers demandaient un engagement plus prompt à délaisser sa vie de famille pour donner entièrement de sa personne à sa vie professionnelle. Mais il avait beau se justifier…

“Vous tournez ceci comme si vous n’aviez pas le choix. Mais un mois de vacances une ou deux fois par an pour veiller à être présent pour ses enfants ne rebute pas la plupart des parents. Vous semblez avoir laissé tomber.”

Elle marqua une pause, saisissant l’instant où ses mots résonnaient aux oreilles du soldat.

“Vous contentez-vous de messages interposés? Je doute qu’on puisse s’habituer à ne voir son enfant, ou son père, tout au plus dix jours dans l’année. Quitte à repousser même ces moments, qu’est-ce qui vous motive à suivre encore son épanouissement? “

Peut-être bien que sa… son ex-femme avait remplacé cette figure paternelle pour une plus présente. Auquel cas il avait encore moins d’intérêt à y retourner, la sachant entre de bonnes mains.

Kendall ne cherchait pourtant pas à paraître odieuse, même si elle se doutait qu’elle devait donner cette impression. Elle poursuivit toutefois son cheminement de pensée, bien qu’il ne pourrait répondre à toutes ses questions, mais n’avait qu’à le conduire à réfléchir de lui-même, à se remettre en question, à comprendre pourquoi.

“Même si vous êtes séparé de votre compagne, et malgré la perte inconsolable de votre fils, vous êtes toujours père. Tessa ne vous manque-t-elle pas? Elle devient adolescente, c’est le moment où les enfants remettent tout en cause. Est-ce…”

D’une manière un peu plus délicate, misant sur le fait que leur relation devait être électrique, elle continua:

“Est-ce qu’elle comprend vos absences? Vous me dites qu’en tant que militaire, vous vous y habituez. Mais ce n’est pas évident pour tout le monde. Dix ou vingt jours de voyage ne valent-ils pas le plaisir de passer du temps avec elle?”

Ou bien, vous ne l’aimez pas autant que votre fils, et cela vous ronge? Elle n’ajouta pas cette question, c’était le meilleur moyen de le faire sortir de ses gonds ou de le braquer. Sa formulation sous-entendue pouvait paraître plus adéquate. Le Dr.Carr-Li s'attardait toujours sur les relations familiales, qu’elle ait en face d’elle un militaire ou non. Les séparations prenaient parfois des formes imprévues et dévoreuses à long terme. Les séparations définitives, la mort, d’autant plus. Qu’il cuve une culpabilité pour l’un de ses enfants devait se répercuter sur l’autre, ou peut-être fuyait-il la douleur de la perdre elle aussi un jour.

Il justifiait son dénigrement du rôle de père bien faiblement. Elle n’irait pas jusqu’à dire que tous les enfants avaient besoin de deux parents, mais être à moitié présent pouvait être encore plus insupportable que disparaître pour de bon. Pour Kendall, tout cela ne faisait qu’appuyer ses soupçons sur l’investissement primordial de l’homme dans son travail. Il y en avait comme ça, qui ne vivaient que par et pour leur profession. Pire encore en travaillant dans la Défense, qui demandait à être présent à bien des endroits, à bien des moments, et au coût de bien des vies, même la sienne.

Si la psy avait été amoureuse, elle aurait peut-être tout donné à cet être qu’au reste de l’humanité, qui pouvait bien se passer d’elle quand il y avait une légion pour la remplacer. Mais d’un autre côté, qu’est-ce qui avait vraiment de l’importance pour elle? Pour lui, pour chacun? L’amour, la maternité, ou l’action et l’adrénaline? La recherche du pardon, ou de la souffrance? La rédemption, ou la culpabilité? Comme elle le disait si bien, tout le monde vivait pour se sentir vivant. N’aurait-elle pas tout abandonné elle aussi, par soif de découverte? Au fond, elle avait quitté la sécurité de ses habitudes pour quelque chose de nouveau. Pour l’espoir de ressentir quelque chose, peut-être.

Mais il n’était pas question d’elle en l’instant. Ignorant ses propres digressions mentales, elle fit pivoter son stylet entre ses doigts, sans quitter du regard le lieutenant. Elle ne le jugeait pas, non. Mais elle analysait un homme qu’elle considérait comme ne pas aimer assez sa fille pour prendre le temps de la voir autant que possible, tant qu’il était encore en vie. Pouvait-on vraiment aimer quelqu’un et ne pas vouloir la voir? S’il se sentait si bien à cette idée, comment gérait-il ses moments où son rôle de père lui manquait? Avait-il lui aussi remplacé sa famille par une autre?
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