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Une longue route pour Ishta

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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
Bannière perso (image 901x180px) : Une longue route pour Ishta - Page 2 1562430542-image-profil
√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Dim 19 Juil - 23:46

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Auprès d’un autre soldat Natus, le vendeur faisait l’essai en glissant une photographie personnelle et en lui présentant le résultat. Lyanna s’approcha de l’étal et regarda ce qui y était présenté. Son intérêt se porta sur un cadre photo en bois, gravé de simples ornements mais suffisamment détaillés pour rendre l’ensemble élégant et soigné. La jeune femme imaginait ce cadre avec la photographie prise par April de Darren et elle même, bien qu’elle ignorait encore comment mettre le cliché à l’intérieur. Elle pointa l’objet du doigt pour le désigner au Natus.

"Celui là !" dit-elle en sortant le peigne, le dernier bijou et les boutons de manchettes.

Le vendeur se contenta simplement des boutons de manchette. Il empaqueta le cadre photo dans un linge juste après lui avoir montré comment on le démontait pour placer l’image. Avec attention, il ficela le tout avec une petite cordelette puis lui donna l’objet. Lyanna avait enfin son cadeau. Avec un sourire aux lèvres, elle emporta l’ensemble de son précieux butin à travers le fort pour retourner au jumper.

Elle trouva rapidement Jim, avec un parchemin entre les mains, qui vérifiait les différentes petites caisses de bois qui s’étaient accumulées dans le jumper. Des légumes pour la plupart mais surtout des plantes, des aromates et des épices. Il rencontra le regard de Lyanna et lui fit un petit signe de la tête. Tout était prêt pour partir en direction du campement Athosien et finir la mission diplomatique. L’Amazone pouvait sentir que plusieurs heures s’étaient écoulées et que l’après-midi devenait à présent un début de soirée. Le soleil était encore présent mais la luminosité venait de décliner légèrement.

Jim lui aurait bien fait un petit rapport, lui expliquer ce qu’il avait acheté pour les cuisines et combien de temps serait encore nécessaire au vol avant d’atteindre les prochains partenaires. Sauf que la Meneuse Rysse se trouvait entre les deux, adossée contre le blindage du Jumper en l’attendant patiemment. Lorsqu’elle rencontre la silhouette de Lyanna du regard, elle la jaugea à distance de la tête aux pieds sans se déparer de ce léger sourire en coin.

« Notre marché vous a manifestement comblé, j’en suis satisfaite. » lui dit-elle à son approche.
"Effectivement, il y avait beaucoup de choses intéressantes !"

Rysse extirpa de sa poche une enveloppe ligotée et scellée d’un cachet de cire.
« Voici missive à l’adresse du soldat Clive. Si...vous pouviez lui remettre prestement... »

Lyanna en avait presque oublié le pli qu’elle devait remettre à Darren. Et par conséquent, elle avait oublié les doutes qu’elle avait sur le lien entre son compagnon et la Natus. Lorsque Rysse lui tendit la missive, la guerrière la prit et vit rapidement que celle ci était scellée. Impossible pour elle de la lire en cachette pour voir de quoi la Natus voulait parler sans que Darren ne soit au courant. Pourquoi la Meneuse l’avait elle scellée ? Qu’avait-elle à cacher ? Lyanna n’aimait pas du tout ça, elle était persuadée qu’il y avait des choses inscrites sur ce parchemin qui ne lui plairait pas. Rysse cherchait sûrement à récupérer Darren, la guerrière en était sûre. Les sourcils froncés en observant le pli, Lyanna voulut répondre à Rysse qu’elle ne voulait pas faire cette besogne pour elle. Et si elle se trompait ? Si Rysse n’avait pas ce genre de sentiments pour le militaire ? Elle se serait prise la tête pour rien, non ? Après s’être mordue la lèvre, Lyanna finit par soupirer.

"D’accord" lança-t-elle sur un ton froid, qui trahissait la jalousie qu’elle ressentait.

Sans un regard de plus pour Rysse, Lyanna monta dans le jumper et déposa ses livres sur la banquette arrière, ainsi que tout ce qu’elle avait acheté. Elle rangea les petits objets dans la sacoche presque vide, et y glissa également le pli de la Natus.

Jim fît aussitôt signe au pilote pour prendre la route.
Le sas arrière se referma sur la Meneuse qui fixait encore Lyanna d’une étrange façon puis l’engin s’éleva dans le ciel. Lyanna s’assit sur la banquette, et sortit la missive, maintenant que Rysse n’était plus là. La jeune femme considéra longuement le pli, luttant contre son envie de l’ouvrir de suite. Elle garda ses yeux rivés dessus sans bouger.

« Il nous faudra qu’une demi-heure pour arriver. Je pense que ce sera plus rapide qu’avec les Natus. » expliqua ce dernier en s’installant sur la banquette en face d’elle. « Vous avez un regard étrange, quelque chose ne va pas ? »

Lyanna avait à peine entendu les premiers mots prononcés par Jim, mais lorsqu’il mentionna son regard, la jeune femme leva les yeux vers lui. Elle remarqua que le soldat s’était non pas installé dans le poste de pilotage mais en face d’elle. Dommage, elle aurait préféré qu’il continue ses habitudes. La guerrière soupira discrètement en secouant la tête.

"Non, rien ..."

La jeune femme baissa encore les yeux pour regarder le pli qu’elle tenait toujours. Une question la démangeait, et Jim était le seul présent. Même si cela voulait dire s’adresser à un mâle, Lyanna se lança en regardant à nouveau le militaire.

"Rysse et Darren se connaissent … bien ?"

Jim ne s’attendait pas vraiment à ce genre de question. Il fixa un instant la lettre qu’elle tenait encore entre ses doigts, comprenant finalement qu’il s’agissait d’un pli Natus. Et puisque Lyanna ne l’avait pas ouverte, c’est qu’elle était destinée à quelqu’un d’autre. Sa question répondait au reste de l’énigme.

« Je serais sensé vous renvoyer vers lui. Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. »
Il marqua un instant de silence.

« Mais sans votre aide, je ne serais pas revenu avec l’harmonica d’April en poche... »

Jim la sonda longuement avant d’opiner de la tête.
Cette fois, ce n’était pas le genre de signe qui acceptait une requête. Mais plutôt une façon de répondre à sa question par l’affirmative avant de préciser. Les deux personnes se connaissaient, en effet.
« En ce temps là, la dénommée Rysse était une chasseresse plutôt éléctrique. Du genre à prendre des risques inutilement. Ce n’était pas une gradée. »
Il secoua doucement la tête. Ça lui coûtait un peu de parler de la Guerre du Boc. Il n’avait pas de belles images en mémoire.
« A un moment, pendant la guerre, Darren et Rysse se sont retrouvés dans un petit groupe séparé du reste de l’armée. Un mouvement ennemi venait de casser notre ligne en deux. On essayait alors de se réunir. »
Le soldat réfléchissait, sélectionnant ses mots pour éviter tout incident diplomatique.
« Le groupe isolé est revenu sans Darren, ni Rysse. La Natus était tombée dans une conduite à cause d’un effondrement du sol. Et comme Darren est buté - je ne vous l’apprend pas - il s’est entêté à aller la chercher. »
Jim avait l’air songeur.
« C’était la guerre. On se battait dans tous les coins de l’infrastructure Wraiths. A chaque fois qu’on avançait d’un pas, l’ennemi contre-attaquait en nombre. Toutes nos positions étaient assaillies, il fallait constamment se renforcer les uns les autres. On nous a tout de suite renvoyé ailleurs, nous empêchant de retrouver Darren. April et Max étaient fous de rage, j’ai eu du mal à les tenir. »
Il marqua une pause et se racla la gorge.
« Aujourd’hui encore, Darren reste très discret sur ce qu’il s’est passé de son côté. Il n’est pas du genre à faire des cachotteries mais cette partie de la guerre est une véritable zone d’ombre. Je n’ai jamais pu lui faire cracher le morceau.
Jim avait beau essayer de le dissimuler, cet aveu lui était douloureux. Il veillait sur tous les membres de sa famille. Pour lui, ne pas savoir ce qu’il s’était passé ce jour là était un échec. Il reprit avec une voix moins assurée. Les détails de cette mésaventure donnés par Jim, ainsi que le fait que Darren avait visiblement dissimulé une partie de la vérité, inquiéta de plus en plus Lyanna qui avait une grande imagination quand il s’agissait de jalousie. Elle fixa le soldat, attendant la suite.

Tout ce que je sais, c’est qu’il est revenu à l’antenne de secours par ses propres moyens, quasiment à poil. Il portait la Natus sur son dos, lui ayant donné tous ses vêtements. On raconte qu’elle a été admise à l’antenne de secours pour une extrême hypothermie. Alors que notre théâtre d’opération se trouvait en plein désert.
Darren est resté à son chevet jusqu’à ce qu’il soit certain qu’elle ne mourrait pas. Il s’est trouvé un nouvel uniforme, a repris des munitions, et il nous a rejoint en disant que tout allait bien. »

Jim secoua la tête.
Nous étions trop heureux de le retrouver pour insister. Mais vu son regard, je sais qu’il nous mentait. »

Une hypothermie ? En plein désert ? Et Darren qui était à moitié vêtu ? Il n’en fallut pas plus pour Lyanna d’imaginer beaucoup de choses. Il avait apparement menti à ses coéquipiers, pourquoi ? La jeune femme sentit de la colère l’envahir, et elle baissa les yeux vers la missive. Elle dut faire un effort colossal pour ne pas la froisser, même si elle en avait une terrible envie. Ce qu’elle imaginait se concrétisait, elle en était sûre. Darren et Rysse avaient eu une aventure, se croyant probablement proches de la mort, et la Natus voulait remettre le grappin sur lui en apprenant qu’il était sur le continent. Tout ça devant sa compagne actuelle. Lyanna se mordit la lettre pour éviter de frapper tout ce qui passait à portée de ses mains, Jim comprit bien entendu vu qu’il était là. D’un geste colérique, elle jeta le pli dans la sacoche, avant de se lever et de s’approcher du cockpit. Elle se sentait blessée intérieurement, comme ce fameux soir à l’Arcade, lorsque cette pétasse était apparue dans son champ de vision. Restant debout à l’entrée du cockpit, s’agrippant à l’un des sièges vides, la guerrière fixa en silence la vue extérieur d’un regard noir de colère.

Lyanna. » l’appela Jim dans son dos. Je crois bien que vous vous fourvoyez. Je ne vous ai pas raconté cette histoire pour vous causer cette réaction...quel est le problème ? »

Lyanna entendit les paroles de Jim derrière elle, mais elle ne se retourna pas. Elle se contenta de fixer la verrière pour essayer de ne plus penser à cette histoire, ou pour chasser ces images de Darren et Rysse qui lui venaient en tête. En vain bien sûr. Elle se sentait trahie, c’était difficile à vivre. La guerrière resta silencieuse quelques secondes, avant de répondre, restant parfaitement immobile.

"Rien !"

C’était la première fois que Lyanna parlait autant avec un membre mâle du D4, mais cette fois ci, elle ne voulait plus parler pour ne plus y penser.

"On a une mission !"

Jim regretta sa confidence. Mais il se garda bien de le lui dire.
Le reste du trajet se fit en silence. Lorsqu’ils atteignirent le campement Athosien, Jim guida immédiatement Lyanna vers ses contacts. Il fit de son mieux pour que la colère actuelle de l’Amazone et sa haine palpable de l’homme (renforcé par son tutoiement) n’entache pas les échanges. Les deux premiers tournèrent les talons dès qu’ils apprirent que les échanges se feraient avec les Natus, même en terrain neutre. Mais le dernier, étant une femme, eut tout de suite un bien meilleur feeling avec Lyanna.

En bonne négociante, elle lui demanda de ne pas être limitée sur les produits qu’elle ferait venir sur le comptoir commercial et réclama la possibilité d’emmener avec elle son bébé (son mari décédé récemment d’un accident de chasse). Il fallait donc prévoir une tente plus spacieuse et demander à April un plat plus adapté au nourrisson.

Lyanna avait non seulement obtenu son accord en un temps record. Mais la négociante la remercia de cette opportunité en lui offrant quelques volailles et sacs de grains. Une offrande à sens unique qui garnissait encore un peu plus les réserves de la cuisine. Le spectre de Teyla se devinait clairement dans la réaction de son interlocutrice, l’Athosienne avait préparé le terrain pour Lyanna.

Le jumper retourna alors sur le camp d’Ishta.
Lorsqu’il se posa au centre de la cour, April était très occupée aux cuisines, aidée par Helen.
Darren et Max se prélassaient sur les transats au bord du lac. Lyanna avait pu les voir lors du survol. Une bière à la main, tranquillement allongé, ils en étaient presque à la bronzette. La guerrière s’emparait déjà de son arc nouvellement acquis, de la sacoche remplie d’objets divers, ainsi que de la pile de livres achetés, avant de se diriger d’un pas décidé vers le sas arrière.
Avant qu’elle ne puisse jaillir du jumper, Jim s’interposa, le regard grave.
Lyanna. Vous devriez prendre le temps de redescendre. Vous allez regretter de réagir aussi vivement. Un secret de ce genre au D4, c’est de la douleur, pas de la trahison. »
Bon, de trahison, il n’y en avait aucune.
Mais Jim avait suffisamment été témoin de la pression qui bouffait Lyanna depuis le voyage retour pour comprendre qu’elle crevait de jalousie. Il se contenta de ces seuls propos puis la quitta pour décharger les caisses. Lyanna médita quelques secondes sur les paroles de Jim. Il avait raison, elle ne devait pas aller voir Darren tout de suite. D’ailleurs, une part d’elle ne voulait pas l’affronter, mais le fuir. Elle retournerait au mobile home pour déposer ce qu’elle venait d’acheter. La jeune femme finit par quitter le jumper à son tour.

« Hey, bichette ! Tu en as mis du temps ! Je m’attendais à te voir revenir avec des têtes de mâles réduites autour de ton cou... » s’écria April depuis ses cuisines, lui faisait un signe avec sa louche.

Les bras chargés de ses livres, Lyanna regarda April. Elle eut envie de foncer vers le mobile home sans faire attention à la militaire, mais elle s’y refusa finalement. S’arrêtant, elle soupira et regarda April.

"J’aurais bien voulu. Mais je me suis contrôlée, même si ça a été difficile par moment !" lança-t-elle sur un ton involontairement plus froid qu’elle ne l’aurait voulu.
« T’as une de ces joies de vivre ! » fît-elle, un brin provocante. Elle retira sa louche d’un geste brusque pour la suspendre vers le haut, comme si elle s’apprêtait à faire une annonce importante. « Heureusement, t’as la récompense qui t’attend dans le four. Je t’ai refais mon gâteau au chocolat à l’ingrédient secret. Ca devrait te détendre ! »

Lyanna s’apprêtait à s’en aller, mais l’annonce d’un gâteau au chocolat l’en empêcha. La voilà partagée entre son envie de fuir et d’aller se terrer dans un coin, et son envie de venir manger le délicieux gâteau d’April qu’elle savait si bon. De là où elle se trouvait, la militaire verrait sans doute le combat intérieur qui se livrait chez la guerrière. Finalement, ce fut la gourmandise qui l’emporta sur la colère.

"D’accord" dit elle sur un ton plus calme. "Je vais poser mes affaires, et je reviens".
« Aaaaah ! T’es foutu la sauvage ! J’te tiens en mon pouvoir maintenant. Le pouvoir du gâteau au chocolat ! » s’exclama April en rigolant.
Elle croisa le regard d’Helen tandis que Lyanna se rendait jusqu’au mobile home.
« Ne souris pas, doc. T’es pas mieux lotie ! »

Lyanna alla jusqu’à sa chambre, et posa sur le lit tous ses achats, la sacoche. Puis, elle retira son gilet tactique ainsi que sa veste. L’air n’était pas encore frais, elle voulait rester en tee shirt pour l’instant. Une fois prête, elle quitta le mobile home. April sortit le gâteau encore chaud du four et en découpa une part qu’elle déposa dans une assiette. Elle guetta le retour de l’Amazone puis lui fit signe de se mettre à table. Une petite collation, même si le dîner n’était plus qu’une affaire de dizaine de minutes, ça faisait toujours plaisir. Lasse, toujours blessée, Lyanna s’assit sur une chaise.
Le médecin était d’ailleurs en train de dresser la table pour que tout le monde mange ensemble.
« On dirait que t’es sur le point d’accoucher, Lyanna. » lui glissa-t-elle en posant l’assiette devant elle.
"Comment ça ?" lança la guerrière sur la défensive.
« Ta bouche fait l’étonnée, ta figure fais la contrariée. »
Lyanna garda le silence en détournant les yeux, ne voulant pas répondre à ça. Avec un air satisfait, April lui tendit la cuillère.
« Donne moi des nouvelles de ça ! »

Lyanna se saisit de la cuillère, et attrapa un morceau de gâteau qu’elle mit dans sa bouche. Aussitôt, le morceau fondit dans la bouche. Un vrai délice. Lyanna ferma les yeux tout en mâchant, laissant s’échapper un soupire d’aise à travers ses lèvres scellées. Au moins, le gâteau eut le mérite de lui remonter temporairement le moral.
April eut en retour un grand sourire victorieux.

"Délicieux !" dit elle en mangeant un second morceau dans la foulée.
« Et ben tu vois ! La vie est belle ! »
Elle s’installa en face d’elle et l’observa un peu plus.
« Ca te va bien ces trucs sur tes mèches. Tu me diras où on peut s’en procurer ? »
"C’est une adolescente Natus qui a fait ça. Ainsi que les bracelets. Je les ai échangé contre un collier".
« Elle fait du bon boulot. On a notre ligne de provision ? Je vois Jim faire sa musculation avec tout un tas de caisse... »
"Oui, il a fait des achats et a chargé beaucoup de caisses dans le jumper. Et je suis parvenue à négocier un accord entre les Natus et les Athosiens pour qu’ils fassent du commerce entre eux". avoua Lyanna en dévorant le gâteau jusqu’au dernier morceau.
April siffla.
« Toi, la mère tape-dur, tu permets ce genre de chose sans avoir eu à tirer l’épée ! Eh ben, tu vas surprendre beaucoup de monde. »
« Et en parlant de surprendre... » fit la voix de Darren derrière l’oreille de l’Amazone.
Le soldat entoura ses bras autour de ses épaules et posa son menton sur sa tête. Lyanna se raidit aussitôt sous ce geste, ce qui était anormal en la connaissant.
« Je savais que tu réussirais. Bravo Lyanna, tu l’as mérité ta surprise... »
« Quelle surprise ?!? » Arqua April avec un grand sourire.
« Secret défense, même Lyanna ne sait pas... »

Lyanna ne prononça pas un seul mot, elle ne leva pas la tête pour regarder Darren. Certes, sa colère s’était calmée le temps de manger le gâteau, mais maintenant que le soldat était là, la jeune femme commençait à être à nouveau envahie par cette sensation. Sans une explication, la guerrière se leva et se dirigea d’un pas décidé vers le mobile home. Elle entra dans sa chambre en claquant la porte, et s’assit en tailleur sur son lit.

La réaction avait complètement surpris Darren.
Comme les autres, il regardait Lyanna s’éloigner avant de disparaître dans le mobile home. De son point de vue, il pensait qu’elle avait eu une très dure journée et son esprit faisait toute une analyse pour déduire ce qu’elle pourrait lui reprocher. Ne pas avoir été là à l'atterrissage du jumper ? Ne pas l’avoir appelé pour savoir comment elle s’en sortait ? Ou bien ne pas avoir aidé à décharger les caisses ?
Tout ça lui semblait trop petit pour valoir une réaction aussi vive en public. D’autant plus que son geste de tendresse lui semblait clairement refoulé. C’était un bloc de pierre qu’il avait caliné. Même si Lyanna était parfois capable de ces réactions, c’était quand même la première fois que ça arrivait quand il l’enlaçait. Généralement elle adorait ça…

Darren échangea un dernier regard avec les autres puis se dirigea à son tour vers le mobile home. Il trouva la porte close, ce qui l’inquiéta encore plus. Le jeune homme décida d’ouvrir directement la porte, mais en douceur, pour ne pouvoir y passer que la tête timidement et la trouver assise sur le lit. Cette étrange expression sur son visage ne le rassura pas du tout. Il tenta un trait d’humour, présentant sa main valide :
« J’suis pas armé, miss...je peux entrer ? »
En réalité, il n’attendit pas qu’elle lui réponde. Et il eut raison, Lyanna tourna la tête sur le côté sans répondre, fuyant son regard. Le soldat sourit, bien que son regard trahissait une forme d’appréhension. Est-ce qu’il s’était passé quelque chose de grave chez les Natus ? Chez les Athosiens ?
Darren se planta devant elle, s’appuyant contre le mur, et l’observa.
« Dure journée ? » tenta-t-il.
"Si on veut ..."

Pendant quelques secondes, tout laissait supposer que Lyanna n’en dirait pas davantage. Puis, elle posa son regard blessé et froid sur Darren, en croisant les bras sur sa poitrine, toujours assise. Le jeune homme fronça les sourcils. La dernière fois qu’il avait vu un regard aussi colérique, bien que teinté de douleur, c’était quand il lui avait dit bonjour la toute première fois en lui tendant la main. Il y avait ce côté assassin et implacable.

"Qui est Rysse ?"

La question ne laissa littéralement pantois.
Il s’attendait à toute sorte de scénario mais certainement pas une question concernant cette Natus. De la jalousie ? Au point de réagir comme ça ?!?
Mais qu’est-ce qu’il s’était passé là-bas…
« C’est une Natus. Je la connais. » répondit-il finalement sans la quitter des yeux.
Il laissa filer quelques secondes avant d’ajouter.
« C’était celle que j’avais listé parmis les cuistots pour la restauration. Qu’est-ce que... »
"Tu la connais … c’est tout ? C’est juste une Natus ?" lança Lyanna sans le quitter des yeux, son expression laissant facilement supposer qu’elle était au courant de certaines choses.

Darren commençait à avoir peur. Une légère crainte qu’elle ai su sa mésaventure de l’époque. Le regard encore un peu écarquillé, il eut un revirement intérieur en refusant d’être dans cette position de devoir se justifier. Il aimait Lyanna. Mais il n’accepterait pas de se faire dominer sur ce sujet là.
« C’est tout. Et si tu te poses la question, je te le dis franco, il n’y a rien eu entre nous... »
Il secoua la tête.
« Lyanna. Tu me fais quoi là ? Je n’ai pas vu cette Natus depuis au moins un an. »

Lyanna secoua la tête, ayant du mal à croire les paroles de Darren.

"Et bien elle, elle ne t’a pas oublié. Elle pense bien à toi !"

Sans crier garde, la guerrière se leva et chercha dans la sacoche pour y sortir la missive. Elle la tendit à Darren, le regard toujours empli de colère et de douleur.

"En apprenant que tu étais ici, elle s’est empressée de t’écrire une jolie lettre. Et elle m’a demandé de te la donner sans tarder !"
« Et ? » fit Darren, élevant la voix à son tour, sans prendre la lettre. « Tu attends quoi pour l’ouvrir et la lire ? Tu comptes trouver quoi dedans ? Une déclaration d’amour ? »
"Elle n’est pas pour moi, et je n’ai pas du tout envie de voir ce qu’il y a dedans !"
« Et ben tu devrais. Ca répondra à tes suppositions un peu trop “rapides” ! »
Darren haussa les épaules.
« Rysse, c’est une amie, pas plus. Elle est contente de savoir que je suis dans le coin, je vois pas ce qui te mets dans un état pareil. »
"Une simple amie ? C’est tout ? C’est pour ça que tu as menti à tes coéquipiers, que tu as caché ce qui s’était passé pendant la guerre, quand elle et toi, vous avez été séparés des autres ?"
Cette fois, le visage de Darren se décomposa. Il resta silencieux un long moment en la regardant. Quand il ouvrit la bouche, sa voix était devenue plus sombre.
« Tu sais pas du tout de quoi tu parles Lyanna. Tu me fais une foutue crise de jalousie là. Tu me ressors des vieux souvenirs. Pour quoi faire ? »
"Parce que j’ai peur qu’elle te saute dessus, et que tu m’abandonnes pour aller avec elle !!!"

La bombe était lâchée, les paroles de Lyanna la trahissaient sur le fait qu’elle tenait à Darren. Elle marcha un peu dans la chambre, avant de se retourner vers le soldat.

"Qu’est ce qui s’est passé là bas ?"

Le jeune homme s’enterra longuement dans le mutisme.
Il n’en menait pas large. Mais en même temps, Lyanna remettait au jour des souvenirs qu’il aurait vraiment voulu garder enterré, à jamais. S’il s’était préparé à lui sauter dans les bras pour la rassurer sur sa fidélité, la dernière question avait eu l’effet d’un électrochoc. Le Darren qu’elle avait connu n’était pas celui qu’elle avait en face d’elle à ce moment là.

« J’dois m’attendre à devoir te déballer toute ma vie à chaque fois que tu doutes de moi ? » questionna-t-il sèchement. « Il va falloir que je fasse gaffe à chaque fois qu’une femme me regarde ou m’envoie une lettre ? Je fais ça, de mon côté, quand tu te balades dans toute la cité dans ta tenue de Xéna, avec un bon paquet de mec qui te reluque l’arrière train ?!? »

Voyant que la conversation ne menait nulle part, et que Darren ne lui répondrait pas pour calmer ses doutes et ses craintes, Lyanna eut envie de fuir. Elle secoua la tête, lâcha la missive sur le lit et se dirigea vers la porte pour quitter le mobile home.

« Hé ! Non, c’est trop facile, là ! » s’énerva Darren en se mettant sur son chemin. « Tu as commencé en me rejetant comme un minable, alors on va finir la partie ici, maintenant ! »

Lorsque Darren se plaça devant elle, Lyanna s’arrêta tout de suite, gardant ses distances.

"Laisse moi passer !"
« Et il se passe quoi après ? Tu vas bouder dans ton coin ? Faire profiter tout le monde de ta crise de jalousie ? »
Lyanna ne répondit pas, elle se contenta de détourner les yeux. Darren secoua les mains.
« Lyanna. Chérie...franchement, un peu de jalousie c’est bien. Trop de jalousie, c’est infernal. Je t’ai suivi sur cette mission, je suis venu avec toi. On a passé trois jours sensass, je te préparai ma fameuse surprise pour ce soir. Et toi...tu débarques du jumper avec le nom de Rysse sur les lèvres. C’est ridicule ! »
Clive s’approcha. La guerrière resta immobile, les bras croisés sur sa poitrine en baissant la tête pour ne pas affronter le militaire du regard.
« Ca fait un paquet d’années que je suis sur Atlantis, que je côtoie du monde. Et mon boulot, c’est de prendre une balle à la place des autres. Alors, forcément...j’ai des amis, je connais du monde. Je peux peut-être même avoir des prétendantes, pourquoi pas. Mais il y en a qu’une seule...elle s’appelle Lyanna ! »
Il marqua une pause.
« Lyanna. Celle qui est en face moi ! »

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Dim 19 Juil - 23:47

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


Lyanna ne leva pas les yeux, elle ne fit aucun geste et elle ne répondit pas. Sans le vouloir, les paroles de Darren commencèrent à la calmer peu à peu même si elle ne voulait pas l’admettre.

Cette fermeture avait tendance à énerver le soldat. Il était en colère, au bord de la rupture. Mais il savait que ça ne servirait justement à rien. Lyanna apprenait, elle tombait dans le piège facile de la jalousie. Ca méritait des explications, de la pédagogie. Il l’était le plus souvent. Mais ce soir...il ne pouvait pas.

Darren était profondément vexé. De comprendre qu’elle avait investigué, creusé son passé avec Rysse d’une part. Qu’elle avait douté de lui. Réagi comme ça au lieu de lui demander plus calmement. Mais il ne pouvait pas réclamer la patience à sa moitié qui commençait tout juste à connaître la vie d’un couple.

Darren savait que la prendre dans ses bras aurait été un bon remède. Il en avait vraiment envie. Mais c’était trop facile. Et il était vexé, ce ne serait pas un geste sincère.

« Il y a un truc que tu dois comprendre. Qu’il faut vraiment que tu apprennes. Je ne suis pas tombé amoureux de toi parce que tu m’as sauvé la vie sur Esthevic et que j’ai sauvé la tienne. C’est mon boulot, c’est courant que des amies, des collègues, des clientes puissent transférer. Ca ne m’intéresse pas. »
Il inspira.
« J’étais simplement en train de te montrer ce qu’était un “premier baiser”. C’est tout con. J’avais la petite fierté d’avoir fait descendre les barrières d’une colérique insupportable. Sauf que voilà... »
Il claqua des mains sur ses flancs.
« J’ai posé mes lèvres sur les tiennes, sans chercher quoique ce soit d’autre que la réussite de ce petit défi perso, et ça a été l’explosion. Je suis tombé amoureux comme ça, en voulant un deuxième, puis un troisième. Ca ne se commande pas, c’est comme ça. »
Doucement, il posa une main sur son épaule.
« Et à cause de ce simple baiser. On est devenu un couple stable. Les autres femmes ne m’intéressent pas : je n’ai pas l’intention de t’abandonner. »

Pendant tout le discours de Darren, Lyanna était resté immobile, écoutant chaque parole prononcée par son compagnon qui essayait de lui faire comprendre qu’il était amoureux d’elle, et non d’une autre même si quelqu’un essayait de s’intéresser à lui. Lorsque le soldat posa sa main sur son épaule, la guerrière ne recula pas. Et au final, elle sentit d’abord les larmes lui monter aux yeux, avant de finalement éclater en sanglot.

"Pourquoi … pourquoi je suis comme ça ?"
Il la pris dans ses bras cette fois. Darren pouvait sentir les sursauts de son corps contre le sien. Elle avait dû sacrément se bouffer les entrailles pour en arriver à s’effondrer contre lui. Heureusement, il sentait que c’était un soulagement, pas de la douleur.
« C’est normal d’avoir peur. » lui murmura-t-il. « C’est un danger qu’on connait tous tu sais ? Moi aussi, à des moments, je crains que tu te tournes ailleurs. Mes surprises sont originales parce que tu les expérimentes pour la première fois. Mais après, quand tu commenceras à avoir l’habitude, quand tu ne seras plus surprise, tu pourrais regarder les autres en te demandant ce qu’ils pourraient t’offrir. »
Il la serra un peu plus dans ses bras. Lyanna se laissa aller contre Darren.
« Quand on est bien avec quelqu’un, on a peur de perdre tout ça. On est impuissant face à ce danger. Mais ça n’excuse pas de réagir comme ça. L’amour, ça s’entretient Lyanna. L’astuce, ce n’est pas d’ignorer cette peur. C’est juste de vivre avec, en ayant confiance en l’autre. »
Il déposa un baiser sur son front.
« Tu dois apprendre à me faire confiance. Je dois apprendre à te faire confiance. Dans le cas contraire, on se sera déchiré bien avant d’être tenté. »

Les sanglots de la guerrière finirent par s’arrêter après quelques minutes. Lyanna ferma les yeux et resta dans les bras de Darren. Ce dernier avait raison, elle le savait. Mais c’était difficile de ne pas imaginer des situations où le soldat n’irait pas voir ailleurs en la laissant tomber. Elle resta silencieuse, avant de passer ses bras autour de la taille de Darren pour se blottir davantage contre lui.

« C’est toi que j’aime. Arrête d’en douter. » répéta le soldat avant d’ajouter. « Je veux que tu me rendes un service. »
Il glissa sa main pour remonter son visage vers le sien et la fixer d’un regard un peu sombre.
« Je ne me permettrai jamais de te demander des détails sur la disparition de Mélina. Je sais combien cette période de ta vie te fait souffrir. Alors...s’il te plait...ne me pose plus jamais cette question. Plus jamais. »

Lyanna regarda Darren dans les yeux, avant d’abdiquer en hochant la tête. Elle passa sa main sur son visage pour sécher les dernières larmes, tout en restant contre le soldat.
« Merci. » lui dit-il tout en l’aidant à chasser ses larmes.
Darren se calmait également. Maintenant que l’affaire était réglée, il la fixa un peu plus intensément et fit une moue peinée.
« Quel dommage quand même. J’allais te dire que tu étais super sexy avec ces lanières ! Ca te donne un petit côté rodeuse. Ma Super Lyanna... »

Pour la première fois depuis son retour au camp, Lyanna se mit à sourire, amusée.

"Ce n’est pas vrai ..."
« D’accord. Ce n’est pas vrai... » répéta machinalement Darren en prenant la lettre. « N’empêche que ça te donne un petit charme. Ca me donnait envie de te couvrir de baiser. Puis...un peu plus, forcément. »

Le soldat ouvrit la lettre puis la lut à haute voix.

A toi, Clive, héros méconnu.

J’ai entendu cette rude guerrière donner ton nom ce jour et j’ai su ta présence non loin.
Tu ne me l’as pas dit, je sais pourquoi. C’est même raison qui me poussait au silence jusqu’alors.
A ne donner ni nouvelles ni signes.

J’ai eu grande joie de comprendre ton appartenance à telle guerrière.
Cela se lit en son regard, se voit sur son visage. Surtout dès lors que j’ai apporté intérêt.
Elle arguait cela avec force et conviction auprès du Meneur.
Loué les Trois de m’avoir offert ce cadeau. Mon âme s’allège à l’idée que le Dévoreur n’ai point détruit ta vie.

Notre épreuve commune n’aurait dû laisser de nous que miettes poussiéreuses. Et pourtant, nous nous sommes relevés et avons grandi.
Je ne puis comprendre pourquoi tu t’échines à rester à telle modestie. Mais je respecte tes raisons. Moi, en revanche, suis en passe de devenir Meneuse-Duelliste.

Darren Clive. Ma nomination sera officialisée au trente Véridas du mois prochain en Magna.
Cette réussite, je le dois à ton courage et ta détermination. A ce jour si grave qui aurait été le dernier sans ton concours.
Il est de grande justice que tu sois présent.

Viens avec ton lien. Je vous vois bien ouvrir le bal tous deux. Je gage qu’elle sera heureuse de te voir lui faire visiter la Magna. Y voir notre art de vie et, peut-être, en apprendre plus sur l’homme de valeur que tu mets tant d’énergie à dissimuler.

Rysse.


Pendant que Darren lisait la lettre, Lyanna écouta en silence. Et plus la lecture avançait, plus la jeune femme fronçait les sourcils, sans comprendre certains passages. Le soldat l’avait prévenu que les Natus avaient une étrange façon de parler, presque poétique. Véridas ? Son lien ? Mais de quoi Rysse parlait elle ? Darren sembla voir l'incompréhension sur mon visage, car il se mit alors à m’expliquer le contenu de la missive.

« Donc en gros...elle est promue. Et on est tous les deux invités au bal des officiers Natus. Dans leur monde. »
Darren lui tendit la lettre ouverte.
« Ca va mieux ? »

La guerrière prit la missive, et la parcourut rapidement. En cet instant, elle se sentait stupide d’avoir cru que Darren pouvait aller voir ailleurs alors qu’il était avec elle. Lyanna avait du mal à se départir de cette jalousie tant elle tenait au militaire. Elle finit par secouer la tête, et retourna instinctivement se blottir dans les bras de son compagnon, se confondant en excuse. Elle se sentait mieux maintenant, sa colère et ses craintes s’apaisèrent.

"Excuse moi … je te demande pardon ! Je ne suis qu’une idiote !"

Darren préférait clairement l’avoir contre lui.
Il accepta le contact, l’accueillit ouvertement dans ses bras. Et si elle avait tenté de s’écarter, il l’aurait retenue tant il ne voulait pas que ça cesse. Entendre Lyanna faire des excuses avait un côté stupéfiant. Comme quand elle lui demandait s’il lui en voulait ou non, craignant qu’il se mette en colère.

La jeune femme était capable d’engager un duel avec un ennemi plus fort ou supérieur en nombre, se faire pendre à un arbre, subir tous les tourments et sévices. Elle, son sale caractère, et sa fichue détermination, ça la rendait déterminée. Ca donnait un air infaillible. Mais quand il s’agissait de sentiments et non de brutalité, elle était exposée, faible et fragile. C’est ce que l’on appelait tout simplement l’humain, Darren en prit conscience.
Ca aurait été peu crédible venant d’une femme avec un peu d’expérience. Mais Lyanna, de son côté, découvrait tout. Le sentiment. Mais plus fort encore : l’attachement.

Il fallait qu’elle se contrôle et qu’elle ne laisse plus cette jalousie maladive la bouffer. Mais d’un autre côté, elle découvrait tout juste des émotions puissantes dont elle n’avait même pas idée il y a quelques mois.

« Ca va aller. » répondit-il finalement en collant sa joue contre son front. « Cette émotion qui te rend comme ça, c’est la jalousie. Je sais que tu n’as pas l’habitude de la ressentir. Il faut que tu la vois autrement. Tu as certainement dû avoir une mentor qui t’a appris à te contrôler quand tu te battais, pour ne pas perdre tes moyens ? Là...c’est pareil. »
Il caressa doucement son dos.
« Je serai toujours ouvert pour parler, t’expliquer, t’apprendre. Il ne faut pas que tu te fasses ces idées, que tu te mettes dans des états pareils. Tu te rappelles ce qu’on s’est dit après ce magnifique moment dans l’eau ? »
Darren murmura plus doucement à son oreille.
« Je suis à toi. Tu es à moi. Rien ni personne ne changera ça ! »

Lyanna ferma les yeux quelques secondes pour profiter de cet instant, dans les bras de Darren. Puis, à la dernière remarque de son compagnon, la jeune femme se sentit enfin apaisée. Elle leva la tête et regarda le soldat.

"Tu es à moi, et je suis à toi !"

La guerrière embrassa doucement Darren, savourant ce baiser pendant de longues et intenses secondes. Et à l'inverse, il partagea tout autant ce moment. Se réconcilier après toutes ces mauvaises émotions, il n’y avait rien de meilleur que les lèvres de sa compagne.

« Bon. » dit-il en lui prenant la main, l’attirant vers l’extérieur. « Et si tu me racontais ton histoire ? Que je juge si tu mérites la plus belle soirée de ta vie ? »

"Je ne sais pas si tu estimeras que je mérite la plus belle soirée de ma vie, mais ça a été difficile pour moi. J’ai eu du mal à me retenir par moment, surtout quand ils ont commencé à me dire que je devais leur dire “vous”, quelque chose que je ne sais pas du tout faire" affirma Lyanna, quittant le mobile home avec Darren.
« Tu as appris dans la douleur on dirait... »

La guerrière acquiesça d’un hochement de tête. Toute sa vie, elle avait souffert pour apprendre. Se battre en recevant des coups pour mieux en donner. Tout apprendre pour l’art de la guerre. Alors là, jouer les diplomates alors qu’elle ignorait ce que c’était, et vu son tempérament explosif, cette épreuve là avait été dure à supporter pour elle. En retournant vers la zone de restauration, Darren écouta sérieusement toute l’aventure de sa belle depuis le départ du jumper. Il souleva plusieurs détails, freinant la rapidité de Lyanna pour pouvoir lui donner son ressenti. La guerrière lui racontait tout ce qu’elle avait vu depuis son atterrissage, chaque chose qu’elle avait constaté, surtout ce qu’elle ne comprenait pas dans le comportement des Natus.
« Ils ne bougeaient pas sous la pluie ? » répéta le soldat distraitement. « Ils vivent dans une grotte, ils ne savent pas ce que c’est la pluie. Je parie qu’ils s’entrainaient à s’habituer au froid et une tenue trempée... »
"Je ne sais pas ce qu’ils faisaient. Ils étaient en rang, sous la pluie, sans bouger. Et certains d’entre eux passaient à leur hauteur pour corriger leur posture ou d’autres détails".
« Ils sont très porté sur la discipline. Ca commence par ça j’imagine... »

Vint ensuite l’entretien avec le Meneur Jelsok. Darren ne le connaissait pas bien. Lorsqu’il avait sauvé Max de ce fameux duel d’honneur, c’était avec un gradé plus bas qu’il s’était entretenu. Mais il apprécia tout le travail de patience et de retenue de sa compagne, n’hésitant pas à la féliciter à ce sujet.
« Tu as vaincu ta bête intérieure. C’est cool ! »

Lyanna regarda Darren, et secoua la tête.

"Je ne sais pas si j’ai vaincu ma bête intérieure, mais je pensais à toi quand j’avais du mal à retenir mes pulsions. Je savais que si je craquais, tu serais déçu".
« Bien sûr que je serais déçu. » lâcha-t-il de façon faussement hautaine. « Tu m’aurais obligé à sévir ! A annuler tout ce que j’ai préparé à la sueur de mon front ! »
"Cela aurait été dommage, en effet" lança-t-elle en souriant, amusée.

Il était plutôt tard. L’air se rafraichissait doucement, mais c’était encore supportable.
La silhouette d’April se devinait sous la tente des cuisines comme une ombre chinoise en plein travail. Elle discutait gaiement avec Max et Helen, leur expliquant comment elle dosait les épices dans ses fameuses pommes de terres sautées à la farce.

Darren installa sa compagne en bout de table, se montrant galant en accompagnant son siège. Il posa encore quelques questions, surtout sur la façon dont les Natus avaient accepté le deal. En découvrant qu’il avait été choisi et qu’on lui faisait confiance pour arbitrer les échanges, Darren se montra vraiment surpris. Il ne pensait pas que le Meneur se laisserait convaincre. Mais Lyanna avait été assez observatrice. L’homme n’était toujours pas convaincu, il acceptait tout simplement que Lyanna et Rysse se soient portées garantes pour le projet.
« Sacrée réussite ! » reconnut-il en recevant un cocktail que Jim venait de faire dans son coin.
Il en proposa deux à Lyanna. Avec ou sans alcool, puis il s’éloigna vers les cuisines pour offrir l’apéro au reste de l’équipe.

"Je n’ai rien fait de spécial. J’ai seulement fait ce que tu m’as dit de faire. Pour la réussite de cette épreuve. C’était difficile, mais je suis parvenue à le convaincre d’accepter de marchander avec les Athosiens".
« En effet, ça n’a strictement rien à voir avec des efforts personnels. Je suis le seul à remercier dans cette affaire. » lâcha Darren en bombant le torse, fier comme un coq.
"Héééé !!!" lança la jeune femme, faussement outrée.

Lyanna prit les verres que Jim avait apporté, et elle repéra rapidement le cocktail sans alcool pour le choisir. Darren était pressé de connaître la suite, la guerrière lui expliqua alors que son équipier lui avait donné des objets à échanger contre d’autres dans ce qui ressemblait à un marché. Elle lui expliqua que, malgré la présence des mâles Natus, dont elle était généralement restée à distance ou parlé avec eux le moins possible, sa curiosité avait été la plus forte sur ce qu’elle découvrait. Apprendre que sa belle s’était laissée aller au commerce plut beaucoup à Darren. C’était le signe qu’elle commençait à s’ouvrir petit à petit et qu’elle prenait sur elle durant ses interactions. Une belle évolution qu’il ne pouvait pas féliciter cette fois. Connaissant Lyanna, elle trouverait une excuse pour dire qu’il ne s’agissait pas d’efforts personnels mais d’un concours de circonstances. L’Amazone se trouvait toujours des excuses lorsqu’il s’agissait de préserver sa haine pour les hommes.

« Tes deux petites mèches sont vraiment adorables. » insista Darren à un moment donné. « Ca te donne un style en plus ! »

Lyanna toucha l’une de ses mèches tressées, et sourit à son amant.

"Merci. C’est une adolescente Natus qui proposait ça. J’ai échangé un collier contre ces deux rubans et les deux bracelets de cuir" dit elle ne montrant l’un de ses poignets.
« Hmm...mignon, tout ça ! » dit il avant de s’étendre tout en longueur pour lui déposer un baiser sur les lèvres. Baiser auquel la guerrière répondit doucement pendant de longues secondes, devant tout le monde sans être gênée d’afficher son attachement pour son compagnon. Le petit couple se fit siffler joyeusement par le reste de la troupe.

Darren discuta longuement avec Lyanna, écoutant ses nombreuses péripéties. Mais la jeune femme avait à peine entamé le sujet du côté Athosien qu’April déboula avec une poêle frémissante de patates sautées. L’odeur qui s’en dégageait était véritablement alléchante, raison pour laquelle le reste de la troupe s’installa rapidement. Personne, autour de la table, n’aurait osé prétendre le contraire : elle donnait faim à tout le monde.

Darren décida de remettre la discussion à plus tard. Lorsqu’ils seraient enlacés, l’un auprès de l’autre, avant de dormir. D’un simple regard, ils se comprenaient. Les sujets fusèrent bon train pendant qu’April faisait le service.
« Oubliez la diét les gars ! Ce soir, c’est patate à volonté ! J’ai une deuxième poêle sur le feu ! »
On trouvait de tout sur la table. Du pain, une assiette de tranches de porc pour ceux qui voulaient plus, de l’alcool en abondance et du jus de fruit. Darren commença par lui servir un verre de ce dernier, sachant qu’elle n’aimait pas trop l’alcool. D’ailleurs, même si la jeune femme avait eu envie de se laisser aller, le soldat préférait lui éviter subtilement. Avec la fatigue, les nerfs qui se relâchaient, ça allait l'assommer. Darren n’y tenait pas.

Il lui fit un petit clin d’oeil puis poussa le verre de jus de fruit devant son assiette. Il se servit en pain, lui passa la baguette, puis huma la délicieuse odeur.
« T’es un vrai cordon bleu ! »
« Nous le devons à Lyanna je suppose. Sans son organisation, vous seriez tous à la ration militaire ! » nota Helen en mangeant son plat comme un moineau.
« Hmmm...oui. C’est bien vrai ça !! » affirma difficilement Max, puisqu’il avait la bouche pleine.

Jim échangea un petit regard avec April. Il semblait lui avoir mis un coup de pied sous la table. Le soldat Machado sursauta un instant, le fixa sans vraiment deviner ce qu’il attendait. Mais lorsqu’elle comprit finalement, elle se redressa. April était gênée par son attelle. Elle avait à peine débuté l’effort de se lever sur une jambe qu’Helen, en bon médecin, se redressait pour l’assister.
April la remercia d’un signe puis attrapa son verre pour le lever haut.

« Maintenant que toute l’équipe est là. Même s’il manque...heu... »
« Le chinois !! »
« Leng ! »
« Oui, voilà. Même si Leng manque à l’appel, je lève mon verre en l’honneur de notre cheffe de projet. »
Elle la fixa d’un petit regard chargé de malice et de secret.
« Lyanna, merci d’avoir pensé à nous pour ton camp. Et merci d’avoir mis les moyens de rendre l’endroit moins rude à vivre. »

Tous les autres convives se levèrent pour présenter leurs verres. Si Lyanna ne suivait pas le mouvement, Darren lui ferait un signe discret. Ce qui arriva, la guerrière fronça les sourcils, sans comprendre pourquoi tout le monde se lever en présentant leur verre. Le soldat la regarda, et elle comprit qu’elle devait aussi se lever. Ce qu’elle fit.
« Au camp d’Ishta. Et à cette nouvelle aventure. »
Ils trinquèrent tous ensemble. Lyanna regarda les autres en fronçant les sourcils, avant de se rappeler que Darren lui avait appris ce geste un jour au restaurant.

Dès que Lyanna se réinstalla, Max, qui se trouvait quasiment en face, sortit un grand rectangle emballé dans du tissu de sous la table. Il avait longuement attendu le signal de ses collègue et, comme un petit enfant heureux de faire ce qui était prévu, il déposa le cadeau sur la table et le poussa dans sa direction.
« Tiens ! De la part de toute l’équipe. »
Il donna un coup de menton à l'étrange offrande. Rectangle, plate, mais assez large. On l’avait enveloppé dans un vieux drap et ligoté avec une corde usée.
« Hé, de tout le monde hein, même les mâles ! » la taquina-t-il, un sourire benais sur le visage.

Lyanna dévisagea Max, comme s’attendant à une mauvaise plaisanterie de sa part. Puis, son regard balaya le reste des convives. Mais rien ne vint, pas de moqueries, pas de pièges. L’équipe attendit patiemment qu’elle ouvre son cadeau. La jeune femme défit alors la vieille corde, puis elle retira le drap.
A l’intérieur se trouvait un grand panneau de bois orné de diverses gravures. Ca avait été commandé à l’avance et récupéré en secret par Jim au fort Natus. Si le menuisier Natus qu’elle avait aperçu dans la cour l’avait salué de loin, c’est parce qu’il avait réalisé un ouvrage pour elle. Sur le panneau, au travers d’ornement et de gravures assez esthétique, il y avait marqué en gros “CAMP D’ISHTA.” et en plus petit sur un coin “Responsable : Lyanna”. Lyanna passa ses doigts sur les gravures, s’attardant sur chaque lettre incrustée dans le bois.
C’était clairement un panneau signalétique à dresser à l’entrée du camp. Comme une bannière ou un drapeau, c’était le symbole du campement, le signe que Lyanna avait terminé la création de cet endroit. Mais ça, la guerrière l’ignorait, et elle leva les yeux sur chaque membre de l’équipe sans trop comprendre, avant de s’attarder sur Darren.
Elle ne l’aimait peut-être pas. Elle espérait peut-être encore y échapper. Mais ce camp, c’était le sien. Elle l’avait en partie bâti et elle recevait maintenant la toute dernière pierre de l’édifice. Le plus symbolique.

En face, Darren soutenait son regard en souriant étrangement.
Il le savait. C’est lui qui lui avait demandé de baptiser cet endroit. Il avait dû passer commande chez les Natus juste après, profitant qu’elle avait le dos tourné.

Lyanna prit le panneau dans les mains, et le retourna pour le voir sous toutes les coutures.

"Ca sert à quoi ?" demanda-t-elle en toute innocence.

Le silence retombait comme un soufflet. L’équipe comprenait soudainement que le symbole avait une perspective uniquement terrestre. La culture de Lyanna ne prenait pas compte du fait de baptiser un lieu, se l’approprier, et y voir de l’importance dans le panneau d’entrée.
« Généralement quand on créé un endroit, on le baptise. Et ensuite on plante quelque part le nom de cet endroit pour que les visiteurs l’apprenne. C’est un trait de culture de chez nous. Mais, là... »
Il pointa le panneau.
« C’est surtout pour te permettre de poser la dernière pierre de l’édifice. La dernière chose qu’il restait à faire dans ce camp. C’est un peu...ton coup ultime. »

Lyanna baissa à nouveau les yeux sur le panneau. Elle comprenait ce que Darren essayait de lui dire. Il s’agissait surtout d’un élément de décoration, reprenant le nom du camp, à mettre en vue des nouveaux arrivants comme pour leur souhaiter la bienvenue à Ishta.

"Ah d’accord … donc ..." commença-t-elle à dire, avant de balayer son camp du regard, s’attardant sur l’entrée. "Il vaut mieux le mettre là bas ? Là où les gens entreront et sortiront du camp ?"

Lyanna reçu un “C’est ça !” général qui déclencha juste après l’hilarité du groupe.
Si l’équipe était plutôt contente de ce cadeau, le malaise ne tarda pas à s’immiscer dans les échanges de regards et la méconnaissance de l’Amazone quant au symbole.
April embraya immédiatement.
« Bon allez. Le sentimentalisme, c’est pas le délire de la sauvage. »
« Ca m’est uniquement réservé ! » répondit Darren, exagérant sa fierté. Il chariait Lyanna tout en assumant clairement leur relation.
« On a vu ça tout à l’heure ! » contre-attaqua April avec un sourire de requin.
Elle se releva, aidée par Helen, puis fit le deuxième tour du service. La vue de son autre poêle remplie de patates à la farce réjouissait tout le monde. Lyanna avait reposé le panneau en bois, et mangeait comme les autres, se régalant du plat préparé par April. Darren avait raison, cette femme était douée pour cuisiner.

April régala tout le monde.
Elle servit au dessert son gâteau au chocolat que Lyanna avait eu le plaisir de goûter un peu plus tôt. Le militaire discuta joyeusement avec son groupe, laissant paraître son attachement et les habitudes de vies qu’il avait prises avec eux. Pourtant, à chaque fois qu’une pause s’installait, il cherchait le regard de Lyanna pour s’assurer qu’elle ne se sentait pas mise de côté. Leur discussion était reportée en fin de soirée maintenant qu’il y avait tout ce public. Par moment, la guerrière avait un peu de mal à suivre les conversation. Les membres du D4 parlaient de temps en temps de missions qui leur étaient arrivées, et dont elle ignorait tout. Lorsqu’elle se sentait perdue et dépassée, Lyanna prenait instinctivement les plaques autour de son cou, jouant avec sans même sans rendre compte.


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Lyanna
Guerrière
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Dim 19 Juil - 23:50

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Un peu plus tard, ils se réunirent tous autour du feu de camp pour pouvoir profiter de ce moment. Darren avait beaucoup apprécié d’embrasser Lyanna en public, ce sentiment d’assumer ouvertement sa liaison et qu’elle ne s’en sente pas génée. Sans lui demander son avis, il s’était déplacé pour la recevoir contre lui et reporter ses bras autour d’elle. Il lui servait de coussin devant ce feu et il se délecta de l’étreinte autant de temps que possible. D’abord intriguée par ce que Darren cherchait à faire, sans comprendre où il voulait en venir, Lyanna se retrouva presque entièrement allongée sur son compagnon sur le transat, sa main posée sur son torse, ses jambes allongées contre les siennes. C’était curieux, mais cette étreinte plut beaucoup à la guerrière qui posa sa tête dans le creux de l’épaule du soldat, recherchant la chaleur de son corps. Certes, le feu de camp la réchauffait, mais ce n’était pas aussi efficace que les bras de Darren. Allongée sur ce dernier, Lyanna balaya les alentours des yeux, regardant les autres membres qui s’installaient à leur tour.

Jim trouva là le bon moment pour faire sa surprise. Au cours de la discussion qu’il avait avec Max et April, il engagea sur le sujet de la musique avec cette dernière, lui demandant de façon “innocente” quel était son air préféré.

« Parle de style plutôt. Blues...western... » fit-elle pensive.
Son regard était devenu douloureux. Malgré l’éclat des flammes dans cette nuit profonde, Lyanna pouvait discerner à quel point cet objet de musique lui manquait. Elle était juste en face, de l’autre côté du feu, à côté de Jim. Il n’y avait pas meilleure place pour se rendre compte de ce qu’il se tramait. C’était comme si l’Amazone avait perdu son épée et qu’on lui demandait qu’elle était son enchaînement favori.
Jim se fît un peu plus insistant. April tenta d’éluder mais elle se faisait ramener sur ce terrain.
« Tu remues le couteau dans la plaie, grand père. On ne pourrait pas passer à autre chose ? »
Je trouve simplement que ça manque de musique, surtout devant un feu de camp. »
« Ben va me fouiller ce putain de désert et peut-être que ça changera. » répliqua la jeune femme, un brin agacée.
Elle croisa les bras, presque boudeuse, sans comprendre pourquoi Jim ne comprenait pas qu’elle en soit affectée. Lui d’habitude si poli et diplomate.
Je n’ai pas eu besoin d’aller aussi loin. »

Au début, April ne comprit pas. Elle resta là, les bras croisées, en train de regarder le feu. Mais une petite lueur vacilla dans son regard lorsqu’elle comprit enfin le contenu du message. Elle tourna la tête pour fixer Jim, à côté, qui lui tendait déjà son harmonica disparu. April le réceptionna machinalement d’une main tremblante, ne réalisant pas encore que c’était le sien.
Elle l’observa un instant, son esprit beugua complètement, puis sa bouche s’ouvrit en grand lorsqu’elle accepta la réalité. C’était bel et bien son harmonica.
L’instant d’après, elle le serrait contre son coeur en éclatant en sanglots. Elle détournait un peu le visage, regrettant d’être observée dans ce grand moment de faiblesse. Mais ce n’était pas de la tristesse ni de l’émoi. C’était un immense soulagement, du bonheur, un poids qui quittait enfin ses épaules. Max la rejoignit pour la prendre dans ses bras et la rassurer. Elle le serra bien fort à son tour puis, par suite logique, elle se plaqua dans ceux de Jim en lâchant un profond « Grand fou ! » plein de gratitude.

Le figure patriarcale se mit à sourire, comme un père heureux d’avoir accompli le rêve à peine assumé de son enfant, et il tourna un regard vers Lyanna. Jim la remercia profondément et chaleureusement tandis qu’April restait dans ses bras. Ce moment, elle lui avait offert, elle, l’Amazone la plus endurcie et la plus réfractaire au genre masculin. Lyanna resta silencieuse et immobile, son regard passa rapidement de Jim à April qui était heureuse d’avoir retrouvé cet étrange instrument de musique.
Darren, qui tenait toujours la belle prisonnière de ses bras, termina sa déduction. En comprenant que ce n’était pas lui que Jim regardait comme ça, il devinait enfin que cet harmonica venait du camp Natus. Et que Lyanna n’était pas étrangère au retour de l’instrument de musique.
Le soldat affermit un peu sa prise, la calinant de manière fugace, tandis qu’il lui murmurait à l’oreille :

« Je suis fier de toi. »

Lyanna se contenta simplement de fermer les yeux quelques secondes, en venant se blottir davantage dans les bras de Darren. April ne se contenta que de rares questions. Quand, comment, où. Puis, le regard empreint de joie et de gratitude, elle porta l’instrument à sa bouche.
Elle se mit à jouer. Avec les doigts mais également avec son coeur.
https://www.youtube.com/watch?v=EhgnEBRYfss
« Un air traditionnel, pas si loin de chez nous. » expliqua le soldat, se doutant que Lyanna n’avait jamais entendu une telle mélodie.
Le timbre de sa voix ne laissait pas de doute, ça lui avait beaucoup manqué de ne plus entendre April jouer de son Harmonica. L’équipe l’écouta longuement, Max fit même le pitre en imitant une danse parfaitement puérile sur les airs de son amie.

C’était le bon moment, songeait Darren.
Il ouvrit ses bras et bougea, comme s’il voulait simplement corriger sa position. Mais il prit appui sur ses jambes et quitta le cocon de chaleur qu’il avait formé autour de l’Amazone. Sans comprendre, Lyanna se redressa un peu et le fixa de ses yeux interrogateurs. Le sentir s’éloigner lui donnait froid, et elle n’aimait pas ça. Le militaire planta son regard dans le sien, bien content de l’expression plutôt mécontente de cette dernière. Il commençait à bien anticiper ses réactions maintenant. Elle avait été si bien entre ses bras, à écouter un air qui ne venait pas de chez elle, joué par une femme qui plus est, qu’elle n’aimait pas beaucoup le froid que Darren laissait venir sur elle. Mais en réponse, il lui tendit la main et l’aida à se relever.

Sans dire un mot, il garda cette main prisonnière de la sienne puis l’emmena doucement vers la lisière de la forêt. Il n’avait pas dit au revoir. Il n’était pas non plus parti en catimini. Le couple bougeait sans avoir à rendre de compte. Du coup, personne ne s’inquiéta de leurs départs. Doucement, Darren entraîna sa compagne dans les bois sans rien lui dire. Arrivé en bordure, il la regarda longuement avec son fameux sourire espiègle. Celui qu’il avait toujours lorsqu’il lui préparait une surprise à la façon Darren. Avec de l’inconnu, une pointe d’étrangeté, et également de la confiance aveugle.
Car il sortit une étoffe de sa poche, un vieux bandana, pour masquer sa vue. Il plaça le tissu doucement devant ses yeux, attendant qu’elle accepte cette étrange façon de faire, pour nouer le tout derrière sa tête et l’emmener vers l’inconnu. Lyanna fut d’abord réticente de se retrouver aveugle, les yeux bandés. Elle s’était même crispée lorsque Darren avait noué l’étoffe derrière sa tête. Impuissante, la guerrière se sentait comme une proie, sans savoir pourquoi son compagnon faisait ça. Ce qui ne la rassurait pas. Darren savait que la jeune femme demanderait ce qu’il comptait faire, à quoi ça servait, et il ne répondrait pas. Il se contenterait de la regarder avec ce petit sourire en attendant que sa curiosité et sa confiance finisse par la convaincre. Comme le soldat restait silencieux, Lyanna consentit à se laisser faire, pas très rassurée tout de même.

Darren l’emmena ensuite avec beaucoup de douceur. Elle se rendrait compte qu’il ne prenait pas le chemin de leur tente, même s’il était difficile à percevoir dans la nuit.

« Tu aurais pu choisir la facilité. » débuta le militaire en la guidant, s’enfonçant toujours plus dans les bois en l’attirant dans son sillage. « Mais tu ne l’as pas fait. »
Il sourit.
« Tu aurais pu camper sur tes positions, continuer de refuser l’autorité. De t’estimer dans ton bon droit. Mais tu ne l’as pas fait. »
Darren écarta quelques branchages. Ca descendait de façon un peu abrupt, alors il lui pris les deux mains pour qu’elle ne chute pas. Par moment, son pied s’accrochait à une racine ou un rocher, mais le militaire l’empêchait de tomber.
« Tu as relevé le défi de la hiérarchie. Tu n’as pas tourné le dos à l’adversité. »
Il écarta quelques branches puis aida sa belle à avancer sans se prendre les pieds.
« Et même si tu t’es montrée défaitiste, pleine de doutes et presque désespérée par moments. Tu n’as pas hésité à monter dans ce jumper, en revenir victorieuse. »

Au travers du bâillon de fortune, l’Amazone commençait à discerner des lueurs. Il y avait une source lumineuse dans un plus grand espace.
« Tu es en train de refaire ta vie. D’un désastre, d’un sentiment de solitude, tu deviens plus qu’une guerrière. Tu es maintenant... »
Il la contourna pour se poster dans son dos, appuyant volontairement son menton sur l’une de ses épaules.
« Une femme à part entière. Avec une vie sociale qui se monte progressivement... »
Darren déposa un baiser dans le creux de son cou. Ce qui la fit frissonner. Ne rien voir était frustrant, Lyanna était dans le doute. Elle avait envie de retirer ce bandeau pour voir où elle était. Mais quelque chose en elle l’en empêcha, comme si elle voulait voir ce qui allait se passer malgré ses craintes et ce sentiment de faiblesse d’être privée de la vue.
Les mains de Darren, perdues sur les flancs de Lyanna, remontèrent lentement pour lui ôter son t-shirt.
« Tu es aussi ma compagne, ma femme. »
Il lui retira son vêtement et le laissa tomber sur le sol.
« Tu aimes ce sentiment d’appartenance. Je l’adore aussi. »
Le militaire se pencha ensuite pour la défaire de ses rangers. Il guida ses chevilles avec douceur, lui volant également ses chaussettes. Lyanna termina pied nus sur un sol de terre étonnamment frais et dégagé.
« Même ta jalousie, je l’aime. Ca me prouve tes sentiments. Tout ce que tu apprends à connaitre, que tu expérimentes, sans faire demi-tour... »
Ses mains remontèrent délicatement. Ses doigts entamèrent le bouton et la braguette. A aucun moment Lyanna ne tenta de l’arrêter. Étrangement, avoir les yeux bandés dans cette situation avait quelque chose … d’excitant.
« Sans te refermer, sans m’ignorer. Petit à petit, j’ai perdu cette étiquette de “mâle”...tu n’as plus cette haine en me qualifiant d’exaspérant. Tu as une autre émotion maintenant. »
Son pantalon glissa sur ses chevilles, il l’aida à lever ses pieds pour le retirer.
« Me voilà devenu ton compagnon. Non pas ton “mâle”. Mais ton homme. Une chose que la Lyanna d’autrefois estimait inconcevable. »

Darren se redressa. Et cette fois, toujours avec douceur, il la sépara lentement de ses sous-vêtements. Il accompagnait ses gestes de petites attentions et douceurs, la mettant à nue sans lui retirer ce qui obstruait sa vue. Il cherchait continuellement à la mettre en confiance, jouant beaucoup sur le fait qu’elle ne savait pas ce qu’il faisait d’elle. Lyanna respira profondément, son coeur se mit à battre un peu plus fort. Mais personne n’aurait su dire si c’était à cause de la crainte qu’elle ressentait par cette situation étrange, ou par l’excitation qu’elle commençait peu à peu à ressentir. Cependant, elle était crispée, et eut un peu de mal à se détendre. Le jeune homme l’embrassa une nouvelle fois dans le cou, alla capter ses lèvres, puis ajouta, conscient que cette cécité forcée la stressait :
« Détends-toi, chérie. Tu es avec moi, en sécurité. »
Elle était nue, quelque part dans la forêt, sans savoir réellement où.

Clive lui prit la main et l’attira doucement vers le centre de cette source lumineuse. Il n’y avait pas de chaleur donc ce n’était pas un feu de camp. Ca devait être des lampes. Ses pieds rencontrèrent une matière extrêmement douce et duveteuse. Une couverture à la texture semblable au plaid sur laquelle il l’accompagna pour qu’elle s’y allonge. Sur le ventre.
« Doucement, voilà. Doucement… » conseillait-il en accompagnant son corps pour qu’elle ne s’allonge pas trop brusquement.

Tout en la guidant, il fit en sorte qu’elle croise ses mains sous son visage. Il était à genoux, se pencha à son oreille pour lui demander de ne plus bouger, puis il s’éloigna de quelques pas. En le sentant reculer, n’étant plus près d’elle, Lyanna tendit l’oreille pour essayer de comprendre ce que son compagnon faisait. Ne voyant rien, elle n’avait plus que l’ouïe qui la guidait. Mais les légers sons qu’elle percevait ne l’aidaient pas à y voir plus clair dans les intention du soldat. Darren avait tout préparé à l’avance. Il ne voulait pas qu’elle voit parce qu’il comptait jouer sur l’excitation de cet abandon total. Une confiance “aveugle”. Le militaire revint avec une bande de tissu qu’il déposa sur son derrière pour le dissimuler de la vue.
Même s’ils étaient seuls, et bien que c’était intégré à la coutume d’un bon massage, il le faisait également pour qu’elle se sente en sécurité, que sa nudité soit partiellement dissimulée. Allongée sur le ventre, le derrière finement recouvert. Clive se frotta doucement les mains.

« Tous tes efforts sont récompensés ce soir. Un moment rien qu’à toi. »
Un liquide presque visqueux tomba soudainement dans le creux de ses reins. A ce contact, Lyanna sursauta de surprise, frissonnant à cause du liquide frais qui parcourait sa peau. Darren posa un doigt dessus et remonta lentement la courbe de sa colonne vertébrale. Comme s’il s’agissait d’un simple aperçu annoncé.
« A toi de choisir si tu gardes le bandeau ou pas. Tant que tu apprécies ton cadeau... »
Lyanna voulut retirer le bandeau, maintenant qu’elle avait le choix, afin de voir ce qui se passait autour d’elle. Cependant, elle ne le fit pas. Une part d’elle ressentait davantage de sensations en cet instant, une nouvelle chose à expérimenter. Et sentir simplement les doigts de Darren caresser son dos sans les voir était encore plus excitant. La jeune femme garda le bandeau, son visage posé sur ses mains, immobile. Le liquide tomba une nouvelle fois, entre ses omoplates, suffisamment dense pour s’écouler le long de son dos, ce qui déclencha un nouveau frisson chez la guerrière. Cette fois, le soldat posa une main bien à plat, phalanges écartées, et exerça une douce pression. Simplement ça, sans caresser ni masser, débutant par ce simple contact. L’extrémité de ses doigts s’enfonçaient légérement plus que le reste de sa main, comme pour lui laisser le message. Ce qu’allait lui offrir la détente de ces muscles.
« Ce soir, c’est ta récompense ! » rappela-t-il alors que sa main commençait un va et vient à peine perceptible au centre de son dos.

Sur le coup, Lyanna se crispa un peu. Elle avait déjà eu des massages effectués par ses Soeurs guérisseuses avec des onguents. Mais cette fois ci, c’était un mâle qui le faisait. Son compagnon. Après quelques secondes, la jeune femme commença à se détendre peu à peu. C’était très agréable, elle devait le reconnaître. Cet abandon pourrait être ressenti sous les doigts de Darren, signe que Lyanna appréciait ce qu’il était entrain de lui faire. Et donc qu’elle lui donnait son accord pour qu’il continue.

De son côté, le militaire avait placé les réactions de Lyanna sur le compte de la nouveauté, le manque d’habitude. Le fait qu’elle ne cherche pas à lui échapper l’avait conforté dans sa petite stratégie. Il joua doucement de ses doigts par la pression exercée sur son épiderme puis il longea d’un mouvement lent sa colonne vertébrale. Comme il l’avait fait avec son index. Sauf que maintenant, toute la surface de sa main offrait une douce caresse en étalant le produit jusqu’à la naissance de son derrière.

Un petit sourire coquin sur le visage, Clive se pencha pour observer le visage de Lyanna. La voir s’abandonner entre ses mains et garder le bandeau lui déclencha une petite vague d’excitation à son tour. Il retira sa demie-queue de cheval pour libérer ses cheveux sur un côté puis il s’attaqua doucement à ses épaules. Les omoplates en premier, le moins sensible juste pour lui laisser l’impression que le massage serait sans saveur. Lyanna ne bougea pas, silencieuse, attendant de voir ce qui allait se passer. Et comme l’avait imaginé le militaire, sentir ses mains sur cette zone ne donnait pas de sensations spéciales à la jeune femme. Celle ci était encore loin de se douter que c’était le plan de son compagnon. La laisser sur sa faim, presque la frustrer, avant de lui prodiguer un massage plus intense et efficace.

Toujours fourbe, toujours calculateur. Il leva une jambe et se plaça à califourchon sur les fesses de sa compagne. Pas de gestes brusques. Ce qui prit Lyanna par surprise, qui s’imaginait déjà que le soldat voulait dévier du massage. Elle se raidit, et commença déjà à prendre appui sur ses avants bras pour se redresser. Mais en sentant qu’elle se crispait un peu, craignant probablement qu’il veuille transformer ce petit moment en un autre genre d’aventure, Darren posa ses deux mains à plat sur ses omoplates. Il l’empêcha de se redresser de cette manière. Lyanna n’eut pas d’autre choix que de se rallonger dans sa position initiale. Elle ne savait pas ce que voulait faire le militaire. Mais elle ne fit rien pour l’empêcher de réaliser ce qu’il avait en tête. Et Darren débuta de petites rotations qui allaient très rapidement la rassurer.

Il y avait un temps pour les galipettes et un temps pour les douceurs de ce genre. Ce soir, il s’occupait d’elle. Exclusivement. La reprise du massage rassura la guerrière qui se détendit à nouveau. Darren avait commencé à la masser, il n’allait pas s’arrêter en la laissant sur sa faim.

« Tu vas bientôt sentir une chaleur intense et très étrange. » lui murmura-t-il. « Laisse toi envahir... »

"Une chaleur intense ?" demanda la guerrière, inquiète, ne comprenant pas pourquoi Darren parlait d’une chaleur soudaine.
Mais il ne lui répondit pas.

Et enfin, l’air de rien, les deux mains du soldat progressèrent jusqu’à ses épaules qu’il pressa très délicatement. Il les pinça même un peu, au niveau des trapèzes, non loin de la jonction du cou. Il étala lentement le produit et la massa dans un même rythme, jouant de ses pouces par petites rotations. Il cibla le sillon qui se formait à cet endroit, l’exploita par des douceurs, pour la faire frissonner. Comme indicateur, il fixa ses avant bras pour voir si elle avait la chair de poule. Comme l’avait prédit Darren, Lyanna commença à ressentir une chaleur émanant de sa peau après le passage des mains du militaire, là où il appuyait, palpait, pressait tantôt doucement, tantôt avec plus de force sur ses muscles. Le massage était maintenant plus rythmé qu’au début, plus intense, produisant plus d’effet. Et même si au début, c’était assez douloureux quand on n’avait pas l’habitude, le bien être prenait généralement rapidement le relai car c’était agréable. Un bon massage faisait toujours du bien. Lyanna ne pouvait s’empêcher de se raidir, comme sur la défensive même si chaque geste du soldat lui procurait des frissons.

« Détends toi... » lui souffla-t-il à l’oreille d’une voix langoureuse et enivrante. Ce qu’il disait n’avait aucune d’importance. Ce contenu était même une excuse. Le soldat voulait surtout qu’elle perde tout contrôle de son corps et qu’elle reste là, allongée, en n’ayant rien d’autre à faire que d’apprécier ces caresses. Il employait la douceur de sa voix, de son souffle, pour l'hypnotiser. S’assurer qu’elle lâchait prise. Peu à peu, Lyanna se détendit, ses muscles devinrent plus souples sous les doigts du militaire. Et cette chaleur était une agréable sensation. Si elle s’écoutait, elle s’endormirait sur le champ tellement ça lui faisait du bien.

Darren fit couler une fois de plus un peu d’huile et il s’attaqua plus activement à son dos cette fois. Aucune brusquerie. Mais des mouvements plus amples et étalés qui parcouraient l’ensemble de son dos, de ses flancs, ses hanches.. Une chorégraphie bien définie dans sa tête cumulait de grands va et vient, des ronds plus ou moins grand, des pressions un peu plus forte exercée avec le pouce. Mais surtout, il suivait l’axe d’un muscle tantôt dans le bon sens, tantôt à contre courant.

Grâce à l’huile de massage, ce contact devenait tout à fait agréable et son épiderme ne s’irritait pas. Darren pouvait l’explorer de ses mains et la caresser longuement sans qu’elle ne ressente autre chose que des frissons, du plaisir.
Il s’occupa longuement de son dos pour que la chaleur l’envahisse entièrement. A chaque fois qu’elle aurait pu craindre qu’il s’arrête, Darren changeait simplement de rythme et de figure géométrique. Il essayait de déterminer, par les rares réactions de Lyanna, ce qu’elle préférait le plus. Histoire de lui offrir davantage de ces gestes là.

Ils avaient le temps. Ils avaient toute leur soirée !

Avec beaucoup de précaution, il progressa puis empoigna sa nuque à deux mains. Ce qui aurait pu la laisser croire à un étranglement à l’envers. Sous le bandeau, on aurait pu facilement distinguer le froncement de sourcils de Lyanna qui s’apprêtait à dire quelque chose, ne comprenait pas pour quelle raison Darren empoignait sa nuque de cette façon. Mais avant qu’elle ne puisse craindre quoique ce soit, les deux pouces du militaire se rejoignirent au centre de sa nuque et il commença de délicates pressions. Avançant un pouce quand l’autre se retirait. Mordant jusqu’à sa chevelure.
Ses autres phalanges autour de son cou se contentaient de palpations, de petites pressions guillerettes, se voulant des actes de tendresse. Il n’y avait rien de dangereux. Lyanna se détendit rapidement, elle se laissa aller, et poussa même un soupir d’aise à travers ses lèvres scellées.

« Je ne te fais pas mal ? » murmura Darren, comme s’il ne voulait pas réveiller la “conscience” endormie de Lyanna.

"Non ..." murmura le jeune femme en secouant doucement la tête. "Continue ..."

Darren s’éxécuta silencieusement.
Il poursuivit son massage au niveau de la nuque avec beaucoup de douceur, la trouvant au début très raide. Puis à mesure qu’il massait et que Lyanna se détendait, il sentit même ses vertèbres grincer doucement. Comme si elles se décoinçaient après avoir subi trop de stress et de mauvais efforts. Le soldat s’appliqua avec pour seul but le plaisir qu’en tirait son Amazone. Les massages prodigués par ses soeurs pour la soigner, c’était une chose. Ceux d’Abelle en tant que servante en était une autre. Mais un massage offert par son compagnon se devait d’être le meilleur. Clairement, Darren cherchait à mettre la barre très haut, pour gagner la place au podium et que sa belle brune n’aie envie de ses futurs massages qu’après d’une seule personne : lui.

Tout en s’exerçant, Darren répétait des gestes et des caresses “presque stratégique” qui avaient marché par le passé auprès de ses anciennes conquêtes. Non pas qu’il était passé maître en cet art ou qu’il servait ce genre de soirée à toutes les filles qu’il croisait.
Darren employait son expérience pour lui créé une soirée mémorable.

Le soldat redescendit. Nouvelle étape sur toute la surface de son dos en n’épargnant aucune parcelle d’épiderme. Notamment en passant lentement sur ses flancs en évitant de la chatouiller. Tel un général qui se penchait sur son plan de bataille, il se recula doucement pour s’ouvrir de nouveau théâtre d’opération. Il n’était plus assis sur la belle brune maintenant, il venait de se retirer en arrière pour accéder à ses jambes. Il se versa doucement du produit dans les mains, suspendit un mince filet, presque du goutte à goutte, qui perla sur l’arrière de ses cuisses. Et puis, après s’être légérement penché, il posa ses deux mains en épousant la forme de sa cuisse droite. Darren la parcourut sur toute la longueur d’un geste simple et continu. Il redescendit, puis revint lentement, comme le ressac de la mer, quasiment au même rythme.

Parfois, il s’arrêtait au milieu, comme s’il s’arrêtait sur des frontières anatomiques. Les légers sillons, très discret, de ses cuisses passaient entre ses phalanges. Petits jeux de pressions et de délicates caresses, elle le sentait presque jouer avec son corps. Et toujours pour la détendre. Pour qu’il puisse accéder sur les côtés, il l’avait légèrement guidé pour qu’elle écarte subtilement les jambes. Tout juste assez pour masser les côtés de ses cuisses de ses deux mains.
Le corps de la jeune femme chauffait de manière plus étendue à mesure qu’il progressait sur ses jambes, tantôt l’une, tantôt l’autre, puis les deux.
Quand il remontait, l’extrémité de ses doigts s’égaraient accidentellement à la limite du tissu qui recouvrait son derrière, comme une aguicheuse provocation tactile.

Avant d’entreprendre l’exploration de ses pieds, il reprit à nouveau de l’huile de massage. D’une main, il maintenait le morceau de tissu qui dissimulait son derrière pour qu’il ne tombe pas. Mais de l’autre, Darren s’aventura lentement en-dessous. Il veilla à ce que son geste ne soit pas directement intrusif. C’était une caresse très intime qu’il voulait sans attention orientée, étalant l’huile sur la surface de ses callipyges avec une douceur infinie. Darren ne voulait qu’elle ne perçoive pas ça comme une avance mal placée. C’est pour ça qu’il ne s’attarda pas plus. Dès que cette partie intime était traitée, il retira sa main puis ajusta de nouveau le drap avant de redescendre.

Ses pieds maintenant.
Outils les plus important d’un militaire pour se déplacer et combattre. Mais pourtant les grandes oubliées des soins qu’elles mériteraient. Le soldat commença par retirer les quelques morceau de terre et fragment d’herbe sur la plante de ses pieds. Puis il commença par explorer le voûte, masser son articulation en exploitant le creux de ses pouces. Il joua beaucoup plus de ses doigts cette fois. Le plat de ses mains ne permettaient pas le petit travail de précision qu’il opéra consciencieusement. Dès le premier contact des doigts du soldat sur sa voûte plantaire, Lyanna eut un petit réflexe, un sursaut car elle était plutôt chatouilleuse à cet endroit. Il fallut pas mal de patience pour que cette sensation cesse, afin de profiter pleinement du massage. Darren ne laissa rien au hasard, lui tirant même un peu les orteils. Enfin, il termina par ses mollets.

« Tu veux que je revienne sur un endroit ? » lui demanda-t-il, toujours en chuchotant.

Lyanna redressa légèrement la tête, les yeux toujours bandés, privés de la vue. En réalité, la voix de Darren venait de la réveiller. Le massage était tellement agréable que la guerrière avait failli s’endormir, se sentant apaisée. Elle mit quelques secondes à essayer de comprendre ce que le soldat venait de lui demander, avant de se mordre doucement la lèvre.

"Les épaules et le bas de la nuque. Ca m’a fait beaucoup de bien quand tu massais cette zone".
« Ok. »

Darren se replaça à califourchon au-dessus d’elle, avec douceur, avant d’assurer sa position.
Il profita largement de la situation pour s’approcher et se contorsionner. L’Amazone pouvait l’entendre s’approcher mais pas le voir. De son point de vue, elle ne pouvait pas se rendre compte qu’il s’arrangeait pour la surprendre.
« Tu n’es pas la seule à adorer ça. » murmura-t-il malicieusement à son oreille.
A peine avait-il répondu qu’il capta son menton et attira son visage vers l’arrière. Il la contraignit doucement à se cambrer au maximum. A s’arcbouter. Ce qu’elle fit docilement, prenant appui sur ses avants bras, et penchant la tête en arrière. Elle prenait alors aux yeux de Darren une position plus sauvage et bestiale, comme une tigresse magnifique qui acceptait la domination et se redressait pour accepter ses lèvres dans une contrainte coquine. Le soldat l’embrassa longuement et langoureusement, parfois entrecoupés de petits baisers plus courts. Le bandeau dissimulait son regard mais il était prêt à parier qu’elle le fixait intensément malgré l’entrave. Il en retira beaucoup de plaisir. C’était dans des moments comme celui-là qu’il se rappelait combien la vie était surprenante.
Lui et Lyanna, dans cette forêt, dans ce moment : il n’y aurait jamais cru.

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Sam 1 Aoû - 13:12

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Darren posa ensuite une main sur son dos et la repoussa doucement jusqu’au sol, l’y écrasant par le seul poids du contrôle qu’il exerçait sur elle pour qu’elle se rallonge. Il reprit le massage de sa nuque et de ses épaules, comme elle le lui avait demandé, en lui donnant autant de sentiments que de passion au travers de ses mains. Il ne se lassait pas de ce moment mêlant la détente à la sensualité. L’occasion de tendresse et d’attention à sens unique, pour elle. Il la sentait se détendre, il l’entendait parfois pousser des gémissements décontractés, presque sereins.
Il pensa même qu’elle s’était endormie au bout d’un moment.

« Maintenant...retourne toi lentement. Sur le dos... »
Il préparait deux étoffes pour dissimuler sa poitrine et son intimité.

Lyanna obtempéra, et se tourna pour s’allonger sur le dos. Elle plaça ses bras le long du corps, tandis que Darren plaçait les morceaux de tissu sur sa poitrine et sa féminité.
Doucement, il contourna la jeune femme et s’installa en tailleur, cernant le visage de la belle entre ses jambes. D’un petit coup de main agile, il vérifia qu’elle n’avait pas de cheveux qui trainait sur le visage puis il ajusta le bandeau. Lyanna fronça les sourcils malgré le bandeau en sentant les cuisses de son compagnon autour de son visage, mais elle ne dit rien. L’art du massage terrien lui était inconnu, elle ignorait si les Atlantes massaient l’avant du corps de cette manière.

Les doigts du soldat chargés d’huile de massage s’aventurèrent d’abords sur la surface de son cou. Il caressa et massa doucement son épiderme, progressant sur son menton et faisant des petits ronds de ses pouces. Depuis sa position, il admirait ce visage que l’amour avait bénéfiquement transformé. Ses phalanges frôlèrent ces lèvres qu’il adorait goûter. Survolèrent ce nez fin qu’il voyait se dilater quand elle était sur le point d’éclater de colère. Chaque trait de son visage faisait l’objet d’une exploration détaillée. Même ses oreilles eurent le droit à un petit moment de douceurs. Darren aurait aimé retirer lui-même ce bandeau pour plonger dans la profondeur de ce regard envoûtant.
Lyanna, son ange et son démon. Qui découvrait la vie sentimentale et jouait même de ses charmes sans vraiment le vouloir. C’était inconscient et diablement excitant de l’avoir, là, à sa merci. Mais le soldat se retenait.

Il déploya un peu plus ses doigts et la surface de ses mains pour progresser sur son corps. Les épaules, face avant, et venant faire des petites excursions au centre de sa poitrine. Le sternum, nouveau refuge de ses plaques militaires. Lyanna sentit les mains de Darren explorer le haut de son corps, passant de ses épaules à la naissance de sa poitrine dissimulée sous le tissu. Elle resta immobile, se sentant bien, et l’espace d’un instant, elle mordit discrètement sa lèvres. Les gestes du soldat étaient agréables, il fallait l’avouer, et ils ne la laissaient pas indifférente bien que ce n’était pas le but.

La petite danse dura un long moment.
Il n’épargnait pas la moindre parcelle de son épiderme. S’occupant de ses épaules, ses bras, ses phalanges, son ventre. Il se déplaçait régulièrement tout autour d’elle jusqu’à être certain qu’elle soit entièrement recouverte. Dans ce même but, Darren n’évita pas sa généreuse poitrine, y glissant finalement les mains par dessous le tissu qui la dissimulait. Il recouvrit entièrement ses seins, sans complexe, qu’il caressa doucement. Comme une intrusion assumée mais sans intentions orientées. Il les chouchouta comme pour le reste de son corps. Et une fois qu’ils étaient couvert de l’huile, le soldat perdit de l’altitude pour se charger de ses jambes.
Il soulevait doucement l’une d’elle, faisant reposer le talon sur son épaule, pour courir de ses doigts chacun de ses muscles comme un musicien l’aurait fait sur une harpe.
Son côté taquin le rattrapa rapidement. Un petit sourire aux lèvres, l’une de ses caresses devint une chatouille fugitive qui la contracta sous le coup de la surprise.
Darren ricana doucement avant de reprendre son massage.

Comme à son habitude, il ne se montra pas ingrat en caresses et en petites attentions. Il scella la fin du massage en flirtant doucement sur son intimité. S’en occupant également par des gestes tendres mais qui ne cherchaient pas à allumer la flamme. Du moins, pas intentionnellement. La chaleur de l’huile de massage la recouvrait alors intégralement, rien n’avait été abandonné à cette sensation agréable. Le jeune homme se pencha à son oreille pour lui demander, dans un murmure, où est-ce qu’elle souhaitait qu’il insiste. Puis il lui donna du rab, aussi longtemps qu’elle souhaitait, jusqu’à se rendre compte qu’elle s’était complètement endormie.

Clive aurait voulu terminer cette soirée romantique par un baiser langoureux. Recevoir son avis. Il voulait avoir son retour pour mieux cibler ses préférences pour la prochaine fois. Mais sa belle Amazone semblait si sereine, ensommeillée, le bandeau toujours sur les yeux, qu’il préféra simplement la protéger d’une couverture.
Il s’allongea à ses côtés, l’accueillant le plus doucement possible contre lui en évitant de la réveiller, et il l'observa un peu. De son regard d’amoureux, il la trouvait magnifique et se déléctait de sa silhouette, de ses courbes forgées par des décennies d’entrainements. Il se revoyait encore, la dominant lorsqu’elle était agenouillée dans l’eau. Darren prenait plaisir à se remémorer ce moment, ces sensations, les cris de sa sauvage. Ses tremblements de plaisir perçus à travers sa virilité. Lui faisant dire de sa bouche qu’elle lui appartenait. Sacré trophée, pouvait-il se targuer d’une réflexion quelque peu machiste.

Une fois ce souvenir entièrement rediffusé dans son esprit, il erra sur ce qu’il aimait chez elle. Ce qu’on appelait les “petits trucs”. Lorsqu’elle faisait sa tête de mule, sa façon de lever la tête pour le regarder avec son air boudeur, s’élevant sur ses pieds pour essayer d’être plus haute.
La façon qu’elle avait d’accepter ses gestes tendres, son contact, ses caresses. De sourire doucement lorsqu’elle croisait son regard. De se déparer de son allure de bourrin pour explorer la femme séduisante qui se cachait en dessous. Ce tic de se mordiller la lèvre sans arrêt pour tout et pour rien.
D’avoir le courage de la curiosité, de l’expérimentation.

Elle n’était plus qu’une guerrière destinée à tabasser à tout va. Elle se découvrait en femme. Sa femme. Bon sang, ce que c’était plaisant...

Le sommeil le prit rapidement en traître lui aussi. Le bien être était contagieux. Lyanna semblait avoir passé un excellent moment. Il était satisfait d’avoir pu lui faire connaître cette soirée d’intimité, de sensualité, sans forcément dériver sur les câlins. Et donc, il se sentait tout aussi bien.

Le but, bien évidemment, consistait à lui donner envie d’en vouloir plus.
Ca ferait un bon moyen de pression. Des massages nocturne si elle était sage !
Fourbe, son surnom était plutôt bien choisi en fin de compte…

Lendemain matin, six heures et des brouettes.
Lyanna fut la première à se lever, comme à son habitude. Après avoir émergé, se sentant bien dans les bras de Darren, la jeune femme retira le bandeau et resta quelques secondes immobile pour profiter du corps de son amant. Puis, elle finit par se lever, se rendant compte qu’elle s’était tout simplement endormie au milieu des bois, pendant cet agréable massage. Il faisait un peu frais, et en frissonnant, la guerrière s’habilla rapidement, en silence pour ne pas réveiller le militaire. Elle finit par réfléchir à ce qu’elle allait faire, car il était encore tôt. Et ce jour était important car les volontaires allaient arriver.

La jeune femme soupira à cette idée, ne voulant pas aller tout de suite au camp pour prendre une douche. Elle s’éloigna de quelques pas, voulant éviter de réveiller Darren en s’enfonçant un peu dans la forêt. Puis, elle finit par s’arrêter et commença à s’étirer. Le massage du soldat était vraiment efficace, ses muscles sollicités étaient détendus pour l’instant, il ne lui fallut pas longtemps pour être complètement étirée.

Au même moment, ce fut au tour de Darren d’émerger des bras de Morphée. Les douleurs le réveillèrent. Ce qu’avait dit Helen Ridding le concernant commençait à prendre forme. En refusant de se ménager, le soldat encaissait l’addition et cela le surpris. Il pensait pouvoir y échapper, se rendant coupable du même tempérament suicidaire que Lyanna quand elle refusait de se reposer.
Les mains plaquées sur son flanc, là où la balle était passée, Clive soupira en se redressant. Le côté du lit de fortune était vide, les draps repoussés dans sa direction. Il capta le bandeau entre ses doigts, regrettant étrangement qu’il ne soit plus sur le visage de sa tendre amante.

« Lyanna ? » l’appela-t-il, légèrement inquiet.

Est-ce qu’elle était repartie directement au camp en le laissant ici ?
Elle voulait le laisser se reposer ?


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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Mer 7 Oct - 23:51

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

En entendant son nom, Lyanna interrompit ses gestes et se retourna dans la direction d’où provenait la voix de Darren. Evidemment, elle s’était suffisamment éloignée pour ne pas le réveiller. Et bien entendu, elle n’était plus dans son champs de vision. La jeune femme fit demi tour et revint près de son amant.

"Je suis là !"

En guise de “bonjour”, Lyanna s’approcha doucement de Darren, et vint l’embrasser avec beaucoup de tendresse. C’était si agréable de partager ce genre de moment avec ce mâle. Cependant, la guerrière avait bien remarqué les crispations de souffrance sur le visage du militaire, ainsi que ses mains posées sur son flanc. Elle fronça les sourcils, inquiète, ne faisant pas encore le lien avec ses précédentes blessures qui se réveillaient en cet instant.

"Quelque chose ne va pas ?"

La réponse ne vint pas. Du moins, peut-être pas de façon aussi directe qu’elle l’aurait souhaité. Puisque Clive était encore allongé et qu’elle s’était penchée pour être à sa hauteur, il aggripa sa chemise d’une main ferme, le regard malicieux. Puis il opéra une pression progressive qui entama son équilibre pour l’amener à retomber lentement sur lui.
Idée contreproductive puisque le simple poids de l’Amazone allait lui faire serrer les dents. Mais c’était un mal qu’il ne risquait pas de se refuser.

Darren s’allongea complètement sur le dos en ramenant la jeune femme sur lui. Il l'enlaça de ses bras, l’emprisonnant fermement contre lui pour réclamer davantage de baisers. Sensuels, langoureux et passionnés. Traitement auquel Lyanna ne chercha pas à se soustraire.

« Tu ne vas nulle part, sauvage. Tu restes avec moi. » commanda-t-il d’une voix à la fois douce et stricte.
"Je n’avais pas l’intention de partir !" dit elle en souriant.

Darren se libéra une main, l’autre demeurant dans le creux du dos de Lyanna, pour venir se poser sur le côté de son visage. Ainsi, il l’observait, tout en la touchant, et en observant les traits de son visage. Il la trouvait belle, il adorait son petit sourire, et ce côté sauvage qui émanait d’elle.
Il ne desserra pas son étreinte, voulant en profiter un maximum.

« Comment s’est passée ta soirée ? » lui demanda-t-il avec une pointe d’humour, comme s’il n’avait pas été là. Qu’un inconnu l’avait remplacé après avoir posé le bandeau sur ses yeux.
Il allait lui faire froncer les sourcils, la taquiner.
Il adorait cette matinée.

Et bien entendu, Lyanna fronça aussitôt les sourcils, ne comprenant pas où Darren voulait en venir. Pourquoi venait il de dire une telle chose, comme s’il n’avait pas été présent pendant le massage ?

"Tu sais très bien comment ça s’est passé, tu étais là" lança-t-elle en toute innocence.
Le soldat lui répondit d’un petit clin d’oeil complice.
« C’était assez excitant d’avoir les yeux bandés, pas vrai ? » lui demanda-t-il, sous entendant les multiples situations dans laquelle ils pourraient reproduire ce petit jeu.

Lyanna se pencha à nouveau et embrassa tendrement son amant, avant de plonger son regard dans le sien.

"C’était très agréable. Je crois que je me suis endormie".
« Je t’en referai autant que tu veux. Si tu es sage ! » lui murmura-t-il.
C’était son nouveau moyen de pression, ou un nouvel argument, selon la façon dont on voyait la chose. Lyanna comprendrait bien vite qu’il insinuait quelques privations si elle agissait mal aujourd’hui, et les fois suivantes forcément, puisque les volontaires Athosiens arrivaient.

En parlant de ça, le couple fût surpris par les échos d’une musique qui perçait les bois. Elle était suffisamment forte pour pouvoir en entendre une partie d’ici. Mais Darren, qui avait l’habitude de son escouade, comprit tout de suite de quoi il s’agissait.
« Ils mettent l’ambiance. Ton groupe est arrivé. »

Au grand damn de Lyanna qui soupira discrètement. C’était extrêmement tôt. Les Athosiens avaient du faire une partie du voyage de nuit pour être présent aux premières lueurs du soleil. A moins que ce soit un jumper qui les y avait déposé. Quoi qu’il en soit, le militaire ramassa ses affaires puis rentra tranquillement avec sa belle. La ceinturant à la taille d’une main, il prit le chemin inverse sans se presser, lui glissant des mots doux, encourageant, et chargés de garantie. Il savait qu’elle risquait de stresser et de s’inquiéter mais il ne fallait pas. Elle était la directrice de ce camp, entourée d’amis et de professionnels. Lyanna n’était pas seule.

En chemin, Lyanna commença à expliquer à Darren qu’elle s’était retrouvée dans un marché chez les Natus, et qu’elle avait ramené quelques petites choses de là bas. Mais une fois la lisière du bois franchie, la conversation s’interrompit car la place centrale se trouvait bondée de monde. Une masse grouillante qui essayait de s’organiser tant bien que mal, étant très peu habitué à l’organisation humaine en règle générale. Plusieurs tables de cantine avaient été déplacées par le D4 pour en faire des bureaux de fortune devant lesquels les Athosiens s’alignaient sans ordre.

Perché sur le frigo géant, un pied sur un caisson de basse qui secouait le camp d’un Master rocket ; April haranguait la foule à l’aide d’un mégaphone

« ON DÉPASSE PAS !!! ET TOI, LA, RANGE CA TOUT DE SUITE !! FAITES LA FILE ! UNE COLONNE !!!!! »

C’était déjà l’anarchie. Lyanna était vraiment désemparée de voir ça, un manque total de coordination, de règle, d’obéissance. Elle avait l’impression de voir un troupeau d’animaux errer bruyamment dans un champ, sans savoir quoi faire ni où aller. Et c’était ces mâles qu’on lui demandait de bien traiter pour réaliser son épreuve ? Sur le coup, la guerrière eut envie d’un fouet et de leur donner une bonne correction pour qu’ils rentrent docilement dans le rang.

Cette scène, bien qu’affligeante de désorganisation et d’incompréhension, fît bien rire Darren qui s’approcha des tables. La Kiranienne elle, ne riait pas. Elle regarda son amant s’éloigner vers les tables, elle ne voulait pas approcher de tous ces mâles. Il y en avait partout. Max et Jim occupaient deux tables. Darren les salua puis comprit qu’ils se chargeaient de l’admission des bénévoles. Le médecin du camp avait besoin d’un suivi et, pour ça, il était nécessaire de connaître pas mal de chose sur leur identité. Sans oublier qu’ils comptaient attribuer les places en éloignant ceux qui ne s’entendaient pas. Et éviter de séparer les familles.

Le soldat revint vers Lyanna pour lui expliquer ce qu’il se passait.
Il s’excusa un peu de ne pas pouvoir être un peu plus présent pour elle car il allait occuper une de ces tables. Il y avait beaucoup de travail ce matin. Un gars qui passait devait faire contrôler rapidement ses bagages, les consigner, on lui expliquait comment était organisé le camp. Puis ensuite il devait faire la queue à l’infirmerie pour le contrôle d’aptitude.
Lyanna était pourtant contente de lui expliquer qu’elle avait fait des achats. Elle avait des choses à lui montrer comme ses épées imprégnées de minerai. Ou bien son jeu d’arc. Mais il était visiblement trop tard pour ça.

« Prends tranquillement ta douche, ma belle. » lui conseilla-t-il en lui claquant un baiser du bout des lèvres. « Je te prépare une table un peu à l’écart, je pense que tu vas avoir des doléances. »

Darren ne croyait pas si bien dire. Lyanna fronça les sourcils, mais elle n’eut pas le temps de demander de quoi voulait parler le soldat, ce dernier la laissant pour aller s’occuper des volontaires. Des doléances ? Comment ça, des doléances ? Elle allait devoir leur parler ? Là ? Même si elle n’en avait pas du tout envie ? Et pourquoi, pour les entendre se plaindre ou demander des choses en particulier ? La guerrière sentait déjà que l’épreuve allait être difficile à surmonter, elle sentait déjà sa haine des mâles revenir au grand galop rien que pour cette histoire de doléances.

Lyanna soupira et leva les yeux au ciel, avant de s’éclipser dans le mobil home. Elle eut la paix le temps de prendre sa douche, de s’habiller et de se préparer. Pensant qu’il valait mieux se conformer aux règles atlantes face à ces étrangers, elle décida de se vêtir de la tenue Atlante, un pantalon et un tee shirt. Mais elle ne put s’empêcher de prendre ses épées avec elle, comme pour se sentir mieux. Et aussi pour démontrer clairement qui avait l’autorité ici. Au bout d’un moment, Lyanna quitta le mobil home, espérant se mettre tranquillement quelque part, sans attirer l’attention. Mais le camp connaissait dorénavant une activité de vie étonnante qui contrastait très fortement avec la période de préparation. La musique tournait en fond, April était retournée en cuisine pour préparer le déjeuner de tout le monde. C’est Jim qui essayait d’organiser cette cohue.

Finalement, lorsque Lyanna s’éloigna du bungalow, elle découvrit déjà plusieurs personnes devant sa table attitrée. Celle ci était en retrait du filtre que produisait Darren et ses amis. Généralement, le bénévole prenait des papiers qu’on lui donnait puis se rendait vers la tente de l’infirmerie pour y faire la queue. Helen Ridding avait du travail par-dessus la tête.
Mais plus rarement, quand un problème survenait, l’individu prenait la file du bureau de Lyanna au lieu de celui de l’infirmerie. Impossible pour la guerrière de filer en douce. Et vu le nombre de personnes, elle désespérait déjà. A contre coeur, la jeune femme respira profondément, et alla s’installer à la table.

Actuellement, il y avait une vieille dame rabougrie aux côtés d’une énorme montagne de muscles à la respiration ronflante et la transpiration épicée. Lyanna jeta un regard suspicieux sur le mâle, le détaillant de la tête aux pieds, avant de se concentrer sur la femme âgée. La montagne de muscles n’avait pas esquisser un geste. Il donnait l’air d’être ailleurs, dans un autre monde.

« C’est vous Madame NaNa ? » demanda la vieille d’une voix rocailleuse et haletante. Elle tendit l’oreille dans sa direction. Pendant ce temps, elle tenait la montagne de muscle de sa main libre. A vrai dire, le type était si massif que la vieille dame le tenait par l’index.

"Madame NaNa ?"

Sur le coup, Lyanna ne comprit pas de qui voulait parler la vieille dame. Elle ne connaissait pas de Madame NaNa. Puis, voyant cette femme avoir un peu de mal à articuler, en plus d’être visiblement à moitié sourde, elle fit le rapprochement avec son nom.

"Lya … nna !" dit elle en articulant pour corriger la vieille dame.
"C’est moi. Que veux tu ?"

La vieille dame fît un peu la moue. Elle grimaçait de mécontentement.
Darren, qui passait par là avec de nouveau papier dans les mains, lui fit signe de sourire avec deux de ses doigts. Par son non-verbal, il essayait de lui faire comprendre que sa position n’était pas si grave et qu’elle pouvait faire preuve d’un peu plus d’enthousiasme. Lyanna le fusilla discrètement du regard, avant de reporter son attention sur les Athosiens. Elle essaya de sourire, mais sans succès. Son envie d’être à des kilomètres en cet instant ne jouait pas vraiment sur une hypothétique bonne humeur. Il fallait faire avec.

« Ah...bien. Madame Ymana. Je vous présente Dix Ours. Parce qu’il est aussi fort que dix ours. »
« Beuuuuuuh... » grommela celui-ci en guise de réponse.

Lyanna haussa les sourcils devant le manque de conversation, ou plutôt l’air très simplet du mâle, alors qu’elle le détaillait une nouvelle fois. Ce dernier avait le torse nu, couvert d’une multitudes de cicatrices faites par des armes blanches. Vu la taille et la forme des tissus cicatriciels, il avait berné la mort plus d’une fois. Il était clair qu’il n’avait pas la lumière à tous les étages, son attention ne semblait s’éveiller que lorsque la vieille femme parlait. En temps normal, vu là d’où elle venait, Lyanna aurait demandé à le mettre à mort parce qu’un idiot était inutile. Mais elle n’était plus sur son monde. Les gens n’étaient hélas pas exécutés ici.

« J’ai dis au jeune homme que je prêtais la force de Dix Ours pour votre route. Il sera très très utile, Dame Ymana. Mais c’est un enfant très triste. »
Elle hocha la tête tout en s’appuyant lourdement sur sa canne.
« Très très triste. Je l’ai recueilli, soigné et élevé. Il n’écoute que ma voix depuis. »
« Beuuuuuuh... »
« Je dois rester avec Dix Ours pour le conduire, lui dire ce qu’il doit faire. Je mange très peu, je ne bois que le strict nécessaire. Et je partagerai le lit de Dix Ours. Mais le jeune homme dit que la décision ne lui appartient pas. »
La grand-mère machona ses lèvres puis fixa Lyanna avec une étincelle d’espoir.
« Permettez moi de rester et conduire Dix Ours, Dame. Vous ne regretterez pas sa force. Regardez ! »
Elle regarda autour d’elle, comme si elle cherchait un exemple, puis elle pointa sa canne sur Darren.
« Va chercher, mon fils ! »
« BEUHHHHHH... »

Lyanna n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot, la montagne de muscle s’anima. Il atteignit Darren dans le dos, alors qu’il était occupé à enregistrer l’identité d’un Athosien, puis il l’empoigna par le col. Darren se sentit brusquement soulevé de son siège et il poussa une plainte. D’abord surpris, le militaire battit des pieds puis se rendit compte que l’Athosien massif le transportait jusqu’à Lyanna. Un mi-sourire sur le visage, convaincu du peu de danger, il se laissa manipuler au pied de la mamie. Il fixait Lyanna, celle ci le regardant avec stupéfaction, et déclara, pendant que la montagne reprenait sa place :
« Hey, beauté ! Pas mal ton nouveau garde du corps. Mais pas très causant ! »
« Beuhhhh... »
« Ah oui, c’est vrai qu’elle est très jolie avec ses petites mèches en tissus... » reprit Darren comme s’il entretenait une véritable conversation avec le buffle humain.
« Il est puissant ! Il construira votre route avec la force de dix hommes ! Prenez-nous, Dame Ymana ! »

Le regard de Lyanna passa tour à tour sur la vieille dame, puis le grand benêt, pour finir par Darren. Certes, le mâle était très fort, et malgré son absence d’intelligence, il aurait peut être une utilité. Comme une bête de trait utilisée pour les travaux. Mais l’accepter, cela voulait dire accepter la dame âgée. La guerrière réfléchit, puis elle soupira discrètement, ne voyant pas vraiment de raison de refuser.

"Et bien … j’accepte. Reste avec lui !"
« Oh ! Merci !!! Vous ne le regretterez pas ! » fit la grand mère avec une certaine forme de sincérité. Sa joie semblait avoir fait écho chez le simplet qui afficha un sourire sans signification réelle. La vieille dame ordonna à son fils adoptif de l’emmener jusqu’à l’infirmerie et il lui prit le bras pour assister son départ.

Darren fit mine de partir mais il recula d’un pas pour se pencher dans sa direction.
« Ca commence pas si mal... » lui dit-il avec l’air de la féliciter.

Lyanna observa la vieille dame et l’idiot partir vers l’infirmerie, puis elle regarda Darren qui la félicitait.

"Je peux partir, maintenant ?" demanda-t-elle sur un ton presque suppliant, même si elle se doutait que la réponse serait négative.
« Tu veux dire par là “abandonner ton poste” et “avouer que tu es vaincue” ? » répliqua-t-il avec un air légèrement moqueur.

Lyanna soupira, elle savait très bien que Darren ne lui aurait pas accordé cette faveur. Son regard balaya le camp. Il y avait beaucoup trop de mâles autour d’elle, et par instinct, elle serra nerveusement ses doigts comme si elle s’imaginait les serrer autour de leur cou. Et dire qu’il y avait plein d’hommes partout … et qu’elle ne pouvait pas en frapper un seul.
Darren lui fît un petit clin d’oeil puis il s’en alla reprendre sa place pour l’enregistrement des Athosiens.

Le prochain qui arriva à son bureau était d’un tout autre genre. Malgré l’air peu amène de Lyanna, il se rendit directement dans sa direction. Une grande assurance peinte sur le visage, une hache dans le dos qui battait au rythme de sa marche, il vint jusqu’à elle et se pencha dans sa direction. Les deux mains posées sur le bureau, il la regarda droit dans les yeux et déclara d’une voix martiale :
« J’suis pas là pour construire une route. »

Keyran:

« J’ai passé ma vie à voyager et tuer des Wraiths. Je serai parfait dans ton service de sécurité. Je m’appelle Keyran. »

L’attitude du nouveau venu n’eut qu’une seule réaction de la part de Lyanna : celle ci le fusilla du regard, n’appréciant pas vraiment son attitude. Non seulement, ce Keyran ne venait pas pour construire la route, mais en plus, il voulait se mettre à son service pour assurer la sécurité. La jeune femme leva légèrement le menton comme pour se donner de l’importance, sans détourner les yeux.

"Je n’ai pas de service de sécurité !"
« Maintenant, tu en as un. » répondit-il sans même sourciller et en soutenant son regard. Il leva une jambe pour se poser sur le coin de la table, se tournant d’un quart pour regarder les deux colonnes désormais bien organisées qui se faisaient enregistrer.
« Vois-tu cet homme avec la cicatrice sur le front ? C’est Gelak. Il ne supporte pas l’homme qui est derrière, dans l’autre file. »
Lyanna eut beaucoup de mal à se contenir lorsque Keyran posa son pied sur la table, et elle dut faire un effort colossal pour ne pas lui sauter directement à la gorge. L’entendre attirer son attention lui fit détourner les yeux, et elle chercha du regard ceux dont le mâle parlait. Et en effet, les deux types se zieutaient par moment avec beaucoup de haine.
« L’un a volé la récolte de l’autre. Quand a Rodek, celui avec les cheveux longs, il aime bien les hommes. Construire cette route, c’est une aubaine pour aller batifoler avec le jeune qui est passé tout à l’heure. C’est pour ça que son père est venu aussi. Il ne supporte pas l’idée que son fils aime manger du chibre au petit déjeuner. J’en cite à peine la moitié... »
Il se tût un instant, ne se désarmant pas de son assurance. Il regarda Lyanna sans descendre du coin de son bureau.
« Tu es Kiranienne, donc tu veux faire respecter l’ordre par la peine de mort. Je suis ton autre choix. Je les connais, je les tiendrai en ton nom. »

Lyanna observa quelques instants les mâles dont parlait Keyran, réfléchissant à ses paroles. Il était vrai que s’il y avait bien une chose qui inquiétait la jeune femme, c’était son tempérament violent qui risquait de reprendre le dessus vis à vis des hommes du camp, ce qui la ferait échouer dans son épreuve. Bien qu’elle n’avait pas vraiment envie de voir ce type arrogant ici, il valait sans doute mieux que lui s’occupe de remettre de l’ordre à sa place, afin d’éviter un dérapage de sa part. La guerrière garda le silence quelques secondes, pesant le pour et le contre. Puis, elle reporta son attention sur lui, se laissant aller en arrière contre le dossier du siège, croisant ses bras sous sa poitrine de manière autoritaire.

"Pour commencer, retire TON pied de MA table !"

La jeune femme ne baissa pas les yeux, elle continua de le fixer, comme par pure provocation. Il fallait dire qu’elle avait visiblement une forte tête devant elle.

"Et pourquoi devrais je te choisir toi, et pas un autre ? Il y a d’autres guerriers ici, expérimentés, qui pourraient aussi mettre de l’ordre dans ce camp".
« Il te faut quelqu’un qui les connaisse et qui sache se faire respecter. Je serais le seul à me proposer. Les Atlantes ne savent rien des volontaires venus travailler ici. D’ailleurs ils ne savent pas comment on règle des problèmes à la façon des Athosiens. » répondit-il simplement.
Il examina ses doigts et se gratta la terre coincée sous ses ongles. Il n’avait pas quitté la table.
« Mais je peux repartir tout de suite. Quand ça va commencer, tu te rappelleras de mon nom. Tu regretteras mon absence. »
"Je ne vois pas en quoi ça serait un regret de ne pas avoir accepté un mâle qui n’obéit même pas à un ordre simple" lança Lyanna en désignant le pied de Keyran qu’il n’avait toujours pas retiré.
« J’ai adopté la culture Kiranienne. Aucune femme n’obéit à un ordre venu d’un mâle. » détailla-t-il en sortant une pomme de sa tunique.
Il souffla dessus puis sortit sa dague pour s’en couper un morceau.
« Moi je n’obéis pas aux femmes. Sauf si elle devient ma chef, c’est pas encore fait. »
Sans crier gare, Keyran se retira de la table puis il s’en alla tranquillement. Il avait l’air d’avoir déduit que la conversation était terminée et que Lyanna avait tous les éléments en main pour faire son choix. Lyanna resta silencieuse en regardant le mâle partir. Non mais pour que se prenait il, celui là ? Il ne donnait pas du tout envie qu’elle l’engage pour assurer la sécurité dans le camp. Il était vraiment trop arrogant et prétentieux. La guerrière secoua la tête en soupirant. Quel culot il avait, ce Keyran. Si elle s’écoutait, Lyanna l’aurait frappé depuis longtemps. Elle espérait maintenant que les autres doléances ne soient pas semblables à ce mâle.

La prochaine était une femme qui tenait deux enfants à chaque main. Moins de dix ans pour chaque. L’air inquiète, le visage émaciée, et dans une posture qui supposait clairement son état de détresse, elle se présenta à Lyanna tout en arrangeant sa coiffure. Ca ne suffisait pas à dissimuler les signes d’un épuisement généralisé. Cette jeune maman qui avait à peine la trentaine faisait des efforts démesurés pour paraître tout à fait crédible.
« Bonjour, directrice. »
Elle se racla la gorge.
« J’ai...eu un petit problème. Ma mère n’a pas pu garder les enfants et...comme je ne voulais pas annuler ma participation. Et bien...je suis venue avec eux. »
Lyanna regarda les enfants. Des mâles, des très jeunes mâles. Si elle s’écoutait, elle les renverrait immédiatement. Mais la guerrière se doutait que ce n’était pas l’attitude à adopter, et elle fit un effort colossal pour ne pas céder à ses pulsions. Elle reportant son attention sur la jeune mère. Celle ci tremblait légèrement de la mâchoire. Son regard s’écarquilla lorsqu’elle amena la suite de son plaidoyer. Ca semblait être le grand plongeon, comme si elle avait absolument besoin de la convaincre.
« Je ne tiens pas à retourner au camp tout de suite. Nous avons fait un long voyage. Je suis une femme très travailleuse et...si vous le permettez...je voudrai...rester. »
Lyanna n’était pas une fine psychologue mais elle savait reconnaître le sentiment de peur chez ses consoeurs. Cette jeune femme en était pétrie, et la guerrière se demandait pourquoi. Les enfants la regardaient comme s’ils avaient eu la consigne de ne surtout rien dire et de laisser faire leur maman. Laquelle, par des gestes irrémédiablement nerveux, collait sa fratrie contre ses jambes avant d’assurer des vêtements sales et déchirés. Comme si elle tentait de mettre toutes les chances de son côtés.
Ses enfants aussi semblaient très anxieux.
« Directrice Lyanna. Je ne prendrai rien de plus qu’un homme au travail. Je...partagerai mon repas et ma couche avec mes enfants. Ils seront très sages, vous verrez. Laissez moi rester ici. »
Elle pinça des lèvres, à bout d’arguments. Comme si elle semblait au pied du mur, retenue de supplier par sa propre fierté, elle ajouta sans réelle conviction en regardant autour d’elle :
« C’est...un bel endroit ici.... »
"Merci, mais ..."

Lyanna reporta à nouveau son attention sur les deux enfants.

"Que vas-tu faire d’eux lorsque tu travailleras ?"

Les deux enfants étaient âgés de moins de dix ans. Pour un Atlante, c’était bien jeune. Mais pas pour Lyanna.

"Ils sont assez grands pour travailler avec toi !"
« Oui, bien sûr ! Ils apporteront leur part de travail aussi !!! » s’empressa d’ajouter la jeune femme.

Lyanna réfléchit quelques secondes. L’idée d’avoir des enfants mâles dans les pattes ne l’enchantait pas du tout. Mais s’ils pouvaient se rendre utile, et que leur mère puisse ainsi rester, pourquoi pas. Elle finit par soupirer discrètement avant d’acquiescer d’un hochement de tête.

"C’est d’accord, tu peux rester avec eux".

Le visage de la maman s’égaya.
Mais un détail chiffonnait Lyanna depuis l’arrivée de la jeune femme. Son état de fatigue. Pour construire une route, cela semblait contradictoire et dangereux d’envoyer quelqu’un qui était fatigué avant même de commencer.

"Tu as l’air épuisé. Quelque chose ne va pas ?"
Une lueur de panique brilla intensément dans le regard de la maman durant une fraction de seconde. Elle s’empressa de le dissimuler pour rassurer Lyanna.
« Oh...heu. C’est...c’est juste le voyage. Vous savez, à travers les bois, ça a été un peu éprouvant. Mais ne vous en faites pas. J’aurai récupéré. Cette nuit ! Nous serons tous les trois prêt à travailler demain. Nous serons vigoureux et productifs ! »
Elle agita les mains de ses enfants qui firent “oui” de la tête.


eden memories

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Invité
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Jeu 15 Oct - 21:56

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


Lyanna fronça les sourcils, pas vraiment convaincue par ce que venait de lui dire la jeune femme. Elle croisa les mains devant elle de manière sévère, et plongea son regard dans celui de la mère.

"Je vois bien que quelque chose ne va pas. Si tu veux rester ici, tu dois tout me dire. Je veux la vérité".
« Je...je suis confuse. Je suis un peu fatiguée par le voyage...je ne sais pas quoi vous dire de plus. »

La guerrière sentit que la jeune maman lui cachait quelque chose, mais impossible de lui faire dire ce qui se passait. Elle réfléchit quelques secondes, puis elle désigna la tente médicale.

"Très bien. Va dans cette tente, il y a une guérisseuse. C’est une mesure obligatoire, tout le monde doit passer un bilan de santé".

Lyanna attendit que la jeune femme s’éloigne, puis elle appuya sur son oreillette.

//Helen ? Je t’envoie une jeune femme avec ses deux enfants. Elle a l’air épuisée, mais elle refuse de me dire quoi que ce soit. Je sens que quelque chose ne va pas chez elle, je veux savoir quoi//
\\D’accord. S’il y a une anomalie, je la trouverai. Mais je dois savoir quoi faire dans ce cas. Je les retiens “en attendant d’autres tests” ? Ou bien je les fais passer positif pour qu’ils ne se doutent de rien ?\\

Lyanna réfléchit quelque seconde, tout en regardant la jeune mère et ses deux enfants se diriger vers la tente.

//Oui, retiens les. Et préviens moi rapidement si tu trouves quelque chose d’anormal//
\\Très bien.\\
Helen Ridding fît mine de cesser la discussion. Mais au dernier moment, elle lâcha :
\\Faudra m’expliquer cette histoire de mémé dans le camp aussi. J’ai jamais vu un coeur aussi faible...\\
//Ne m’en parle pas. Heureusement, elle n’est pas là pour travailler, elle accompagne quelqu’un//
\\J’espère bien. Si elle fait une crise cardiaque en soulevant une brindille, c’est ta responsabilité\\ blagua le médecin avant de cesser son appel radio.

Sur la petite heure qui suivit, Lyanna eut d’autres doléances. Usantes, pénibles, mais parfois distrayantes. On lui demanda par exemple si les outils personnels étaient autorisés sur les chantier. D’autres, en voulant se montrer poli, lui avait offert quelques pâtisseries Athosiennes tout en se présentant. D’autres encore demandaient s’il était possible d’aller revoir la famille le soir même, de cuisiner tel plat, ou de dormir dehors à la belle étoile. Rien de bien perturbant. La cour centrale s’était clairsemée et les Athosiens formaient maintenant une longue ligne devant les cuisines d’April. L’ensemble du D4 distribuait le déjeuner, Darren leur donnait un coup de main, et les volontaires semblaient tous surpris par la qualité du repas.

C’est là que Lyanna reçu son appel radio.
\\Hé, SuperGirl. Il faut qu’on parle. Tu peux passer à la tente de secours ?\\

Soulagée de ne plus avoir le fardeau des doléances, Lyanna quitta sa table et se dirigea vers la tente. En entrant, elle balaya les yeux du regard, et aperçut Helen dans le coin de la tente qu’elle avait aménagé en bureau. Mais pas de trace de la jeune femme et de ses enfants.

"Où sont ils ?"
« J’ai prétendu qu’étant mère accompagnée de deux enfants, elle avait le droit à une tente. Je leur ai donné la mienne. »
Helen était habillée de sa blouse blanche. Un épais amas de formulaire et de notes en tout genre garnissait son bureau de campagne au point que le bois n’était plus visible. Elle s’étira, visiblement épuisée par la très longue session de contrôles médicaux qu’elle venait de réaliser en une matinée.
« Destresse, Lyanna. J’ai fais ça pour ne pas les affoler. » lui dit-elle avant de se lever et de tapoter le banc d'auscultation.
« Tu es ma dernière patiente. Installe-toi. »

Lyanna soupira discrètement en apprenant que la jeune mère et ses enfants étaient dans la tente d’Helen. Au moins, elle ne vadrouillait pas avec les autres si elle avait un problème médical. Mais alors qu’elle allait partir, la doctoresse lui annonça qu’elle voulait l’ausculter. Ce qui surprit énormément la guerrière.

"Quoi ? Non mais … je n’ai pas besoin de tes talents de guérisseuse ! Je vais bien !"
« Contrôle médical, tout le monde y passe. Même celui qui dirige le camp.. » insista Helen en chaussant son stéthoscope. « Allez, sur le banc ! »

Visiblement, elle n’avait pas le choix. A contre coeur, Lyanna obtempéra et s’assit sur le bord du banc d’auscultation. Le médecin commença le contrôle habituel de respiration. Elle l’étudia sous toutes les coutures sans trouver d’éléments négatifs. Lorsqu’elle quitta son outil d’auscultation, elle prit une plaquette et se mit à remplir son dernier formulaire.
« La mère et les enfants. Tu as bien fait de me les envoyer. » lui expliqua-t-elle tout en faisant ses notes. « Ils sont tous les trois dans un sale état. »
"Je m’en suis doutée. Ils ont vraiment l’air épuisé, mais quand j’ai voulu interroger la jeune femme, je me suis retrouvée face à un mur, comme si la mère avait peur de quelque chose. Et les deux petits mâles ne disaient rien. Je me suis dit que tu étais la mieux placée ici pour savoir ce qui n’allait pas chez eux. Tu sais ce qu’ils ont ?"
« Des signes clairs de maltraitrances physiques. » annonça Helen.
Elle se retourna pour prendre sa tablette. Après avoir pianoté dessus, elle montra à Lyanna un cliché de radio fait à partir d’un appareil Lantien.
« Je les ai ausculté par-dessus les vêtements pour ne pas éveiller les soupçons. Apparemment ils ne sont pas au courant qu’on peut y voir à travers quand on a envie. »
Elle tapota l’écran du doigt.
« Ca c’est la mère. Traumatismes osseux multiples au niveau des côtes. Quatre anciennes fractures minimum que je peux dater sur un laps de temps allant jusqu’à cinq ans. Il y a des microfailles sur les zones ressoudées, signe de chocs à très court terme. »
Helen passa les images suivantes.
« On trouve la même sur les gosses. Mais surtout au niveau des mains. Regarde les anciennes fractures. Elles sont en ligne sur les phalanges. Il faut une barre de fer ou un bâton en bois assez robuste pour faire ça. »

Helen s’écarta un peu.
« Et c’est sans compter la déshydratation, la malnutrition. Et les signes de détresse psychologique que j’ai vu sur les gosses. Étant donné qu’ils ont hésité quand j’ai demandé leurs noms, ils mentent sur leur identité. Comme si...ils étaient en fuite. »

Lyanna écouta attentivement les conclusions d’Helen. Elle avait eu raison en s’étant doutée de quelque chose. Mais quoi faire d’eux maintenant ? La guerrière ne voulait pas que la jeune femme retourne chez elle, surtout si c’était quelqu’un de son entourage qui lui avait fait subir cette torture.

"Qui a bien pu leur faire ça ? Si c’est le géniteur des petits mâles, je vais l’étriper !"
« On ne pourra pas le savoir, Lyanna. »
Helen reprit la tablette et vint s’adosser contre son bureau.
« Mais en ma qualité de médecin, je te certifie qu’ils ont tout donné pour arriver jusque là. Cette femme n’ira pas loin sans vivres ni soins. Il faut qu’ils se refassent une santé et ce n’est certainement pas en leur faisant construire une route que tu y arriveras. »

Lyanna soupira. Que devait elle faire de ces trois là s’ils ne construisaient pas la route ? Bon, autant elle avait de la compassion pour la jeune femme. Mais pour les deux enfants, les laisser là sans rien faire pour mériter leur place, c’était inimaginable pour elle de penser à une telle chose. Sa nature de Kiranienne était encore très présente en elle, et une lutte intérieure s’engageait.

"Que va-t-on faire d’eux alors ?"

La jeune femme regarda Helen, se doutant que c’était à elle même de prendre cette décision.

"Je suppose que si je décide de laisser cette femme au camp pour se reposer, je dois aussi garder les deux mâles ?"
« Les deux mâles ? » se renfrogna Helen. « Tu es sérieusement en train de te demander si tu vas séparer une maman de ses deux enfants ? Tu te sens bien dans ta tête ?!? »

Evidemment, Helen était une Atlante, elle ne comprenait pas la culture Kiranienne. Ce qui pouvait être choquant pour un Atlante ne l’était pas du tout pour le peuple de Lyanna. La guerrière regarda la doctoresse en fronçant les sourcils, sans comprendre sa réaction.

"Ce ne sont que des mâles, après tout. Si encore ils pouvaient servir à quelque chose … mais là, ils sont complètement inutiles !"

Devant l’air d’incompréhension totale d’Helen, Lyanna finit par capituler en soupirant. Elle leva les yeux au ciel avant de secouer la tête. Ce qui irrita encore plus le médecin.

"D’accord, ça va. Ils vont rester avec elle !"
« Hé ! Je t’arrête tout de suite, là ! Je te rappelle que ces gens sont des volontaires. Tu as une femme et des gosses en détresse. Et tout ce qui te préoccupe, c’est ta haine de l’homme ? »
"Je n’y peux rien si la culture de ma tribu est encore bien ancrée en moi !"

Lyanna secoua à nouveau la tête. Elle n’oubliait pas qui elle avait en face d’elle. Helen Ridding, l’épouse de ce cher Lieutenant. Il y avait des choses qu’elle ne devait pas dire en face d’elle, elle le savait.

"Et je te signale que je suis en plein apprentissage des règles Atlantes, même si c’est très difficile pour moi. Je n’ai encore tué personne, tu n’as pas remarqué ? Et ces deux mâles sont encore en vie. Sur ma planète, je n’aurais pas hésité un seul instant à les exécuter !"
« MES FÉLICITATIONS !!! » s’écria-t-elle, outrée. « Félicitation, tu n’as pas tué d’hommes ! Alors on va attendre encore des lustres que tu veuilles bien les considérer ! »
Elle tira sur sa blouse.
« Je suis médecin Lyanna. Médecin ! J’ai juré de protéger la vie sans distinction de sexe. Et je peux te jurer que si je te vois maltraiter un genre. Ou même favoriser plus l’un que l’autre. Je te plante là ! Je me casse et je te dénonce ! »
Rouge de colère, embarquée dans l’altercation, elle conclut en articulant lentement :
« T’ES PAS SUR TA PLANÈTE ! »

Lyanna aussi était en colère, et elle fusilla Helen du regard. Finalement, elle se demandait si elle n’aurait pas dû choisir l’autre médecin. La jeune femme voulut lui répondre, mais elle se retint. Elle ne voulait pas donner davantage de raison à Helen pour la dénoncer si elle le faisait. Sans attendre, elle se releva, impatiente de fuir cette discussion qui pourrait lui attirer des ennuis.

"C’est bon, je peux y aller ?"
Helen se réinstalla devant son bureau.
« Vous êtes bonne pour le service. Pas de contre indications. Dégagez ! »

Sans un mot de plus, toujours énervée, Lyanna se dirigea vers la sortie de la tente. Darren se trouvait juste devant à ce moment là. Il avait entendu quelques cris en approchant, ceux d’Helen Ridding, et il n’avait pas voulu s’interposer tout de suite. A vrai dire, il ne savait pas bien s’il y avait dispute ou non. C’est lorsque le pan se redressa sur le visage colérique de Lyanna qu’il comprit tout de suite ce qu’il se passait, même si la cause exacte lui échappait.

Sa compagne fila droit vers son coin. Le coin “Lyanna”.
Le soldat suivit immédiatement en restant légèrement en retrait. Il l’observait silencieusement avant d’intervenir. Quand elle était comme ça, il savait que ce n’était pas facile de la récupérer. Lyanna ignorait que le soldat la suivait, elle se pensait seule, et s’assit au bord de l’eau. Darren s’avança donc précautionneusement puis il sortit sa gourde qu’il ouvrit tranquillement. Il s’installa à côté d’elle, il but une gorgée tout en observant le lac.
Le silence s’écoulait doucement et il ne parlait pas. Lyanna le regarda, prête à lui répondre qu’elle ne voulait pas parler, mais comme le soldat restait silencieux, la guerrière ne dit rien, et se contenta de fixer le lac, encore furieuse.

De la compagnie plus que des mots. C’était son astuce.
Clive ne la fixait pas, préférant le spectacle du lac, tandis qu’il lui tendait sa gourde d’un geste naturel et complice. Lyanna finit par prendre la gourde sans un mot, et but une gorgée d’eau. Après quelques secondes, elle finit par soupirer.

"Il n’y a rien !"
« Bien sûr qu’il n’y a rien. » affirma Darren d’un air convaincu.
Il se tourna pour la regarder avec un léger sourire. Le soldat reprit sa gourde, prenant une gorgée, avant de lui redonner. Il zieuta de nouveau l’étang. C’était vraiment un coin très chouette.
« C’est pas une claque qui va t’assagir, je suis confiant. »

Lyanna secoua la tête pour refuser la gourde, et elle continua de rester silencieuse, les yeux rivés sur le lac, à profiter du silence et du calme. Pendant ce temps, Darren rangeait sa gourde sans broncher. Il attendit que Lyanna se calme, essayant de le déduire à sa respiration et la façon dont ses muscles étaient tendus. D’ailleurs, il avança une main qu’il posa sur son épaule. Son pouce fît un léger va et vient comme pour lui rappeler le massage d’hier.
« C’est redevenu un peu dur tout ça... »
Il comptait sur le contact pour la détendre. Lyanna ne réagit d’abord pas pendant quelques secondes. Puis, elle ferma les yeux et baissa la tête sous la pression que Darren exerçait sur son épaule. Celui lui fit du bien et l’apaisa peu à peu.

"Oui … dur ..." dit elle simplement.

Double dialogue selon Clive. C’était un petit moyen détourné de Lyanna pour échanger.
Darren sourit légèrement. Il bougea des fesses comme un gosse pour se coller contre sa belle brune et l’encadrer d’un bras réconfortant. Il attendit de capter son regard mais, puisqu’elle baissait toujours la tête, il usa de son autre main pour lui relever le menton et poser délicatement un baiser sur ses lèvres. Pas l’embrassade fougueuse et langoureuse. Juste un petit pansement sur le coeur et lui rappeler qu’il était là.

« Et là ? »

Il s’avança pour embrasser de la même façon sa lèvre supérieure. Puis la commissure droite.

« Moins dur ? »

Lyanna n’avait pas cherché à repousser Darren. A vrai dire, son contact lui faisait beaucoup de bien. Et au final, la jeune femme esquissa même un timide sourire.

"En effet, c’est moins dur".

Le soldat la pressa contre lui. Un câlin devant le lac, c’était toujours sympa.
Il ajusta un peu sa mèche de cheveux avant de l’embrasser un peu plus tendrement et de faire en sorte qu’elle se retrouve collée contre son torse, Darren ramenant son menton sur le dessus de sa tête. Il dandina un peu, en la berçant de son mouvement en chantonnant l’air qu’il faisait souvent pour danser avec elle. Ou lors de leur tout premier câlin. Lyanna ferma les yeux quelques secondes, se laissant bercer. Elle profita de cet instant de tendresse après sa conversation houleuse avec Helen. Puis, blagueur, Darren lui dit :
« C’est qu’il était vilain ce rien ! »
"Non, il n’était pas vilain !"

Lyanna secoua la tête. Elle n’avait vraiment pas envie que quelqu’un d’autre lui fasse la morale.

"Je n’ai pas envie d’en parler. Ca va passer ..."
« Je le sais bien. » murmura-t-il tendrement.
Maintenant qu’elle était contre lui, il fît glisser sa main dans sa chevelure qu’il trouvait douce et brillante. Il pinça l’une de ses mèches comme il en avait l’habitude.
« Mais tu vois, je me sens concerné. Parce que j’ai le béguin pour toi et que ça me pince le coeur de te voir mal. Je ne peux pas t’aider si tu ne me parles pas... »
Il glissa quelques phalanges sur sa joue en une caresse fugitive.
Darren était vraiment têtu quand il s’y mettait. Lyanna frissonna légèrement sous sa caresse.
"C’est rien … j’ai juste eu un petit désaccord avec Helen. C’est tout !"
« Et tu préféres m’expliquer ? Ou je vais lui demander directement ? »
Il la berça un peu plus.
« L’avantage en te désignant, c’est que tu restes dans mes bras... »

Lyanna soupira. Elle n’avait pas du tout envie d’en parler à Darren, car elle se doutait de l’issue de cette conversation. Mais si le soldat allait demander directement à Helen, ça serait encore pire. La guerrière secoua la tête en se détachant un peu de Darren, comme pour s’éloigner de lui. Et de ses réactions. Ce geste de rejet le vexa un peu. Mais il n’en montra rien.

"C’est juste une femme qui est arrivé avec ses deux enfants. Deux mâles. Elle avait l’air mal en point, je l’ai envoyé à Helen qui m’a dit qu’elle et les mâles étaient victimes de violences. Du coup, j’ai accepté sans hésiter que la jeune femme reste au camp pour se reposer, mais je ne savais pas quoi faire des deux mâles. Ils sont inutiles. Et le fait d’imaginer un temps soit peu de les séparer de leur mère a choqué Helen. Voilà, t’es content ?"
« Content, je ne sais pas... » admit-il. « Mais si je te suis bien : une femme en détresse et ses deux enfants obtiennent un toit, de la nourriture, de l’eau et des soins grâce à toi. »
Il soutenait son regard.
« Donc dans le fond. Même si c’est pas très utile...c’est du genre positif, non ? »
"Ce n’est pas de l’avis d’Helen !"
Lyanna baissa ensuite les yeux.
"Elle m’a bien fait comprendre qu’au moindre pas de travers de ma part, elle en parlerait à son époux. Je n’aurais pas dû la choisir comme guérisseuse. C’est trop dangereux pour moi de l’avoir ici".
« Hey. Chérie.. »
Darren se pencha pour qu’elle le regarde.
« Tu ne pouvais pas faire meilleur choix de médecin et je suis fier de toi. »
Le soldat secoua la tête.
« Déjà, elle n’est pas là pour nous espionner. Et de toute façon, si c’était le cas, et qu’on la virait, on nous surveillerait quand même. Ce n’est pas les moyens technologiques qui manquent. »
Il tenta une nouvelle approche et ouvrit son bras pour l’inviter à revenir contre lui. Voyant que Darren était calme et qu’il ne lui faisait pas la moral après cet accrochage avec Helen, Lyanna revint volontiers dans ses bras, et posa sa tête sur son épaule en continuant de l’écouter.
« C’est un docteur. Elle est prête à tout pour protéger les vies qu’elle a sous sa responsabilité. Hommes comme femmes. Sa menace contre toi, elle l’a dite sous la colère. Comme quand, toi, tu menaces de buter un mec parce qu’il t’a regardé de travers. »
Il sourit.
« Tu en crèves d’envie mais tu ne le fais pas. C’est pareil pour elle... »
"Oh oui, j’en meurs d’envie. Et ce n’était pas les occasions qui m’ont manqué ! J’ai du faire un gros effort pour ne pas leur sauter dessus. Tu aurais dû voir ça, c’était difficile pour moi pour me contrôler ..."

Lyanna s’interrompit quelques secondes, avant de redresser la tête, sans s’éloigner de Darren.

"A croire qu’il n’y a que des incompétents ou des fous dans ce camp. D’abord, ce mâle avec sa mère, un simple d’esprit comme je n’en avais encore jamais vu. Ou même ces deux petits mâles qui ne serviront à rien du tout dans le camp vu leur état de faiblesse ..."

Clive regarda amoureusement sa compagne sans rien dire. Il espérait que dans sa description des incompétents et de fous, elle n’irait pas inclure le D4 et lui-même. Il hocha légèrement de la tête pendant qu’elle les décrivait, reconnaissant un ou deux cas qu’il avait lui-même envoyé vers le bureau de Lyanna.
La guerrière soupira rien que de penser à eux, mais elle n’avait pas terminé. Il y avait encore un homme dans ce lot de problèmes à venir.

"Ou encore, le mâle qui est venu pour être engagé dans un soit disant service de sécurité. Quel prétentieux. Il m’a dit qu’il pourrait assurer la sécurité du camp en réglant les problèmes entre les athosiens. Mais pour qui il se prend, celui là ?"
« Des fous, des incompétents, des arrogants. C’est parfait ça ! » la taquina-t-il en glissant sa main valide sur son ventre plat. Il s’amusa à la masser d’un bord à l’autre.
« Ce type à l’air détestable, en effet. Mais quelqu’un qui connaît les Athosiens et qui peut apaiser les tensions, c’est moins d’appels à ton attention pour distribuer la justice à coups de pains dans la gueule !! »
"C’est ce qu’il m’a dit" dit Lyanna en soupirant. "Tu crois vraiment que je dois le choisir pour qu’il veille à la sécurité du camp ?"
« La sécurité non. Tu dois rester maîtresse dans ton camp. Mais lui demander de veiller sur ses frères Athosiens et empêcher les disputes, ça va beaucoup t’aider. Tu ne penses pas ? »


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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Ven 16 Oct - 11:55

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Lyanna réfléchit quelques secondes aux paroles de Darren. Elle n’avait vraiment pas envie d’engager ce prétentieux de mâle qui se croyait visiblement meilleur que tout le monde. Mais le militaire avait hélas raison sur une chose : ce mâle apaiserait les tensions entre les Athosiens sans qu’elle n’ait à frapper qui que ce soit. Un mal pour un bien. A contre coeur, la jeune femme finit par soupirer.

"D’accord. Je lui dirais qu’il est engagé. Même si ça ne me fait pas du tout plaisir !"
« Ok. » lâcha simplement Darren.
Il semblait que sa main commençait à s’aventurer légèrement bas sur les caresses qu’il lui prodiguait.
« Mais puisqu’on parle de plaisir et d’incompétence... » murmura-t-il à son oreille. « Si je te disais que je suis capable de te faire oublier tous tes problèmes...là...maintenant...sans que personne ne s’en rende compte ? »
Deux de ses phalanges soulignèrent la bordure de son pantalon, s’infiltrant sournoisement sous son t-shirt pour flirter avec sa peau.
« Parait que c’est un remède plutôt sympa. » sussura-t-il à son oreille à sa façon sournoise.

Lyanna sourit aux paroles de Darren, et elle ne fit rien pour empêcher cette délicieuse intrusion. La jeune femme plongea ses yeux dans les siens.

"Ah oui ? Il faut que tu me montres ça, alors !"
« Eh bien...je commence par te débarrasser de ça... » murmura-t-il en lui faisant quitter ses épées pour les déposer à côté d’elle. « Qui suspecterait un joli couple romantique, l’un contre l’autre, comme ça... »
Il écarta ses jambes pour qu’elle s’adosse contre lui, face au lac. Une fois en position, il la cerna de ses bras et lui fit un câlin somme toute classique.
« On regarde tranquillement le lac. Sauf que... »
Ses mains descendirent ensuite. L’une cernant sa poitrine tandis que l’autre naviguait jusqu’à son pantalon. Il dessina des petits cercles, des caresses entre son t-shirt et ce dernier, avant que son index n’ouvre la première brèche. Bien qu’elle s’était laissée faire jusque là, avec cet innocent câlin, Lyanna se crispa légèrement sous cette intrusion. Non pas qu’elle n’aimait pas ça, loin de là. Mais maintenant, ils n’étaient plus seuls. A quelques dizaines de mètres de leur petit coin de paradis, il y avait un camp bondé de personnes qui pouvaient les surprendre à tout moment en cette fin de matinée.
« Regarde le lac ma belle, laisse toi faire. »
Lyanna tenta de se détendre comme le lui demandait Darren, mais c’était quand même difficile. Le soldat put continuer ses habiles caresses. Les autres doigts passèrent sous son vêtement et, l’air de rien, il débuta un très lent et sympathique va et vient. Pas violent, dans l’intention de la placer en condition et de ne surtout pas éveiller l’idée du risque d’être surpris. L’excitation, à la rigueur, mais pas la peur.
« Plus de problèmes, que Lyanna et Darren. C’est tout ce qu’on aime... » chantonna-t-il à son oreille dans un essai désastreux de poésie.
Il s’appliqua alors plus intensivement à ce massage secret, regardant parfois autour de lui. Il n’y avait pas de regard indiscret, il enfouit son visage dans le creux de son cou pour lui déposer un profond baiser. Lyanna ferma alors les yeux, frissonnant sous les caresses et le baiser de Darren. Elle se mordit la lèvre en soupirant, écartant un peu les jambes sans s’en rendre compte.
« Voilà, c’est ça. » dit-il pour l’inviter à rester dans cette position.
En conservant une allure droite et solide, afin que le mouvement qu’il orchestrait sur l’intimité de Lyanna ne se perçoive pas de dos. Ou le moins possible. Le soldat continua son petit traitement en la bloquant contre son torse. Régulièrement, il agressait l’un de ses seins comme pour lui faire sentir qu’il la contrôlait et qu’elle était tombée dans un de ces fameux pièges à la Darren. Tandis que sa main prenait de plus en plus d’ampleur, il se mit doucement à rire et lui mordit l’oreille.
« On se sent mieux maintenant, non ? »

Lyanna acquiesça d’un hochement de tête. Oh oui, elle se sentait bien mieux. Son accrochage avec Helen semblait s’être volatilisé grâce au traitement que lui procurait Darren. Elle sourit à ses paroles, et rouvrit les yeux.

"Oui, ça va beaucoup mieux. J’adore ça !"

Elle reçut un regard complice de la part du soldat, même si elle ne pouvait pas le voir, et il répondit à cet aveu par une petite punition. Au moment où elle avait finit de prononcer le “j’adore ça” - qui sonnait en lui comme une ultime récompense - son index glissa entièrement entre les vallons de son intimité. Il lui faisait sentir l’approche d’une nouvelle étape, comme une promesse, avant de se retirer pour flatter son petit bouton. En prévision, il quitta à regret sa poitrine pour faire semblant de lui écarter les cheveux, lui caresser la joue. En réalité, il prévoyait de masquer sa bouche si jamais un soupir plus fort que l’autre venait à monter.

Darren s’arrêta brusquement en entendant du bruit. Il était sur le point de quitter cet endroit de chaleur et d’ivresse tandis qu’il contrôlait les environs d’un oeil rapide. Lorsque Darren stoppa son geste, Lyanna tourna la tête à son tour, afin de voir qui pouvait bien venir les déranger. Mais il n’y avait personne. Ce n’était qu’un cri plus fort dans une discussion animée dans le camp. Sans attendre, Darren reprit son geste osé, repassant de nouveau son index. Il s’arrangeait pour faire poindre la frustration et qu’elle demande cette nouvelle étape, n’hésitant pas dessiner les contours de sa petite anatomie qu’il aimait tant.
« J’aime t’entendre le dire. » murmura-t-il pendant la torture.

Lyanna eut un petit soupire d’aise, aimant ce que Darren lui faisait. Et elle voulut qu’il aille plus loin.

"Continue ..."
« Pas ce mot-là. » menaça-t-il d’un ton très joueur en réduisant le rythme.

Lyanna gémit de frustration en sentant les gestes de Darren ralentir. Elle se mouva un peu contre lui, comme quémendant ses caresses.

"Grrrrr …. j’adore ça … continue ..."
« Quel manque de volonté ! Heureusement qu’on doit rester discret ! »
Il rigola.
« Sinon tu aurais pris une sacrée fessée ma chérie. »

Les paroles de Darren arrachèrent un petit rire amusé chez Lyanna, entre deux soupirs d’aise. Le soldat reprit immédiatement son traitement, se calant sur ses soupirs et ses contorsions pour maximiser le plaisir qu’il lui offrait. Régulièrement, Clive passait ses doigts sur ses lèvres, par de courtes caresses ou compressions. Quand il craignait que Lyanna défaille, il plaquait soudainement sa main contre sa bouche. Mais elle n’en était pas encore là. Il finit par s’attaquer outrageusement à son intimité, comme s’il voulait jouer un rôle de malotru qui osait malmener la Kiranienne de cette manière.
Deux de ses doigts s’étaient immiscés intégralement dans son antre et il la massait en ne l’épargnant pas. Lyanna se cambrait légèrement sous cette intrusion qui lui procurait beaucoup de plaisir. Et de temps à autre, elle poussait un gémissement plus fort que les autres, aussitôt étouffé par la main de Darren qui venait lui bâillonner la bouche pour que personne ne l’entende.

« Allez, viens…. » lui murmura-t-il à l’oreille. « Abandonne-toi... »
Sa main libre la cerna de nouveau pour l’empêcher de trop bouger. Ca le fit rire de l’avoir piégé dans cet état d’excitation tout en lui imposant l’immobilité. Le traitement que lui infligeait le militaire était très excitant, il fallait bien l’avouer. Son emprise sur elle, la crainte de se faire surprendre, ses caresses si habiles. Lyanna ferma les yeux, se laissant aller contre lui. Elle continua de se cambrer pour mieux ressentir les doigts du militaire en elle, et à force de gémir, Darren n’eut d’autre choix que de laisser sa main contre sa bouche. Il dû même se montrer un peu plus violent dans sa prise tant elle risquait de lui échapper. Mais dans ce jeu, ils s’amusaient l’un comme l’autre. Après quelques instants, Lyanna finit par venir contre son amant, frissonnant de plaisir, pendant que ses mains agrippaient fermement le pantalon du soldat. C’est une prise que Darren sentit contre ses jambes et dont il apprécia l’effet. Le signal de l’émoi de sa compagne qui atteignait le pic. Clive continua de la masser, un peu plus délicatement cette fois, jusqu’à la sentir se détendre. Alors qu’elle redescendait lentement de son nuage, la jeune femme se laissa doucement aller, les yeux fermés, la respiration rapide.

Darren retira sa main, veillant à ramener le t-shirt qui s’était reculé sous ce mouvement, puis ce fut un vrai câlin ce coup là. L’enlaçant tendrement de ses deux bras, prisonnière contre son corps, il la laissa profiter longuement tant de l’étreinte que de la récompense. Doucement, il se pencha à son oreille.
« La prochaine fois que tu auras besoin de te défouler, n’oublie pas ce moyen. Je t’en donnerai autant que tu veux... »

Les yeux toujours clos, Lyanna profitait de ce moment de tendresse contre le torse de Darren. Sa respiration et son coeur se calmèrent peu à peu, et elle se blottit davantage contre son amant. Ses paroles la firent sourire.

"Ne me tente pas. Je serais capable d’avoir tout le temps besoin de me défouler pour demander ça ..."
« C’est ce qu’il y a de beau dans un couple. C’est une ressource illimité. »
Il se dandina un peu pour lui faire sentir qu’il allait la taquiner.
« Physiquement, tu t’épuiseras avant moi. Tu crieras grâce devant la puissance de Darren “l'Étalon” ! »
"Hé !" protesta Lyanna, amusée. "Je suis sûre d’être plus endurante que toi. C’est toi qui t’épuiseras avant moi !"
Il l’embrassa dans le creux du cou.
« T’es prête à relever le défi ? »
Il laissa filer quelques secondes avant d’ajouter :
« Parce que ton gémissement est un peu faiblard, je trouve. »
"Comment ça, mon gémissement est faiblard ? Tu ne disais pas ça la dernière fois !"
« Ce soir, après ton massage ? » la défia-t-il.
"D’accord … si personne ne nous dérange".
« Arrête….c’est bien caché comme coin. Et avec les bois...on n’entendra pas les cris que je vais t’arracher ! »
"Si tu m’arraches des cris comme au bord du lac, je suis sûre qu’on va m’entendre dans le camp. Ils vont se demander ce qui se passe" dit elle en souriant, amusée par la situation cocasse.
« Oh...seulement que maman et papa forment un couple heureux. Et puis, c’est pas plus risqué que le klaxon du camion. »
"Hééé !" lança Lyanna sur un air faussement outré.
« Tu sais. Ce connard de pilote nous a fait manquer un merveilleux moment dans la cabine. Tu me promets qu’on réglera cette injustice avant la fin du projet ? »
Il ricana.
« On retrouvera pas un camion de sitôt et tu étais si....pfoouuuu »

Lyanna se mit à rire doucement, se rappelant très bien de leur début d’aventure dans le camion, si rapidement interrompu par l’arrivée du pilote pervers.

"Si on en a la possibilité, pourquoi pas !"
« On la créera…. » conclut-il.

Darren continua de la bercer lentement devant le lac, profitant de son contact et du fait qu’on avait pas besoin d’eux pour l’instant. Il discuta beaucoup moins, appréciant avec sa compagne le silence et l’endroit.
Après quelques minutes de tranquillité, Lyanna finit par ouvrir les yeux. Elle regarda autour d’elle, surtout en direction du sentier qui menait au camp.

"J’espère que personne n’est venu, ou qu’on ne m’a pas entendu".
« Non. Ne t’inquiète pas, je vérifiais régulièrement. »

Lyanna acquiesça d’un hochement de tête, rassurée, et referma les yeux. Elle voulait profiter de ce moment de tendresse le plus longtemps possible.

C’était le soir.
Lyanna n’avait toujours pas eu la possibilité de montrer à son compagnon les différents achats qu’elle avait fait chez les Natus. Le jeune homme lui promettait qu’ils trouveraient le temps. Hélas, la gestion d’un camp de travail n’avait rien de vacances et ça se ressentait rapidement. Il y avait toujours quelque chose à faire, une question qui demandait une réponse, un problème à régler. Le doux moment d'egarement dans “le coin de Lyanna” était déjà loin. Darren lui avait parfois jeté un petit regard complice lorsqu’ils travaillaient ensemble. C’était l’écho de souvenirs de leur vie intime, amoureuse. Parfois il laissait égarer une main sur son épaule, sur son bras, les petits gestes du quotidien qui n’étaient pas envahissant. Mais qui témoignaient de l’attachement, de rappeler qu’elle était aimée et désirable.
Tout au long de la journée, il avait fallu faire les présentations de l’équipe, décrire la mission et imposer les premières règles. Pas d’abus dans les consommations d’alcool, respect d’un couvre feu pour le repos de tous, venir voir l’un des encadrants au lieu de rencontrer directement Lyanna. Et encore bon nombre d’indications. Darren s’était montré présent pour retenir l’impulsivité de sa compagne. Les Athosiens semblaient plutôt satisfait des installations et de l’accueil qui leur était fait. Un sacré bon point pour l’Amazone puisque, lorsque Teyla l’appela en visioconférence, elle lui annonça que les supérieurs seraient satisfaits de son travail.

Le D4 ne chômait pas.
Après avoir nettoyer les couverts et divers plats, April s’était lancée dans la préparation du prochain cycle de restauration. Jim avait fait la distribution du café et d’une brève collation pendant ce temps, faisant le compte des Athosiens qui venaient se restaurer et si ça collait aux anticipations.
Darren s’absenta pendant un petit moment. Il devait aider au déchargement du jumper. Pas un seul volontaire ne resta en retrait. Les hommes formèrent une chaîne humaine et le vaisseau fût déchargé de son fret en un temps records. Une petite accalmie se dessina, Darren esquiva sa compagne à contrecoeur pour rendre visite au médecin et percer l’abcès. Il discuta un peu avec elle, lui expliquant le contexte dans lequel Lyanna vivait. Si Helen refusait d’y voir des circonstances atténuantes, elle n’avait pas l’intention de faire la guerre avec l’Amazone. Ce n’était pas son but de causer la mésentente dès le premier jour dans l’équipe.

Au deuxième passage du jumper en fin de journée, c’était simplement pour déposer le géomètre. Leng Jin-Tae avait atteint la plaine verdoyante pour le troupeau, toute la route était désormais balisée.
« Vous m’avez trouvé des travailleurs robustes. C’est bien ! On va pouvoir travailler efficacement. » avait-il dit à Lyanna tandis qu’il filait prendre une douche tant il était crasseux.
Darren avait organisé une réunion de l’équipe encadrante le soir, au calme, après que les Athosiens aient dîner. La grande partie d’entre eux s’étaient regroupé autour du feu de camp qu’ils avaient ravivé et ils discutaient activement. Ils semblaient habitués à travailler ensemble même si quelques altercations commençaient déjà à bourgeonner ici et là. Le dénommé Keyran était resté pour faire son rôle de Shérif. Il intervenait d’ailleurs en faisant valoir son charisme et en s’arrangeant pour que Lyanna l’observe à ce moment-là. Darren, au début, en riait discrètement. Ce n’était pas le cas de la guerrière, qui observait Keyran d’un mauvais oeil. Elle n’avait pas encore dit à l’Athosien qu’elle l’engageait, c’était difficile pour elle d’admettre avoir besoin de ce prétentieux. Mais elle devait bien reconnaître qu’il avait l’air doué pour calmer les tensions. Alors elle restait là, à le regarder agir lorsqu’une altercation commençait à naître. D’ailleurs, quelqu’un d’extérieur et qui aurait assisté à la scène avec beaucoup d’attention aurait sans doute remarqué que Lyanna regardait un peu trop souvent Keyran par rapport à ses habitudes. C’était bien la première fois qu’elle observait un mâle aussi longtemps, même si c’était d’un regard noir. Même la jeune femme ne s’en rendait pas compte, tandis qu’elle était exaspérée par l’Athosien.

Très tardivement donc, quasiment à la fin de cette journée de travail, toute l’équipe du camp d’Ishta se rassembla autour d’un dîner. April était fière de leur servir un plat différent, conçu avec beaucoup d’attention et de minutie. Elle versa dans les assiettes une sorte de boeuf bourguignon refait à partir des légumes que l’on trouvait sur le continent et d’une pièce de viande venue de la cité. S’y ajoutait du pain frais, du vin, et des condiments (cornichons locaux etc…)
Elle venait de déclencher une petite vague de joie dans les rangs.
« Merci ! » s’exclama Leng avec beaucoup d’entrain. « Ici, on mange bien. Les militaires devraient prendre exemple. »
« Mais je suis militaire. » répondit April, trop heureuse de voir Leng s’emmêler les pinceaux et bafouiller des excuses.
Un petit malaise s’installa pendant que tout le monde était en train de manger. Les uns et les autres se regardaient, attendant que la directrice d’Ishta amorce le mouvement. Mais puisqu’elle ne savait pas comment ça fonctionnait, Darren prit le relais. Il se trouvait juste à côté d’elle et il lui donna un petit coup d’épaule taquin.
« Je pense que tout le monde est là. On peut commencer. »
« J’y vais alors. »
Le plus vieux du groupe ouvrit sa veste pour en sortir un papier.
« J’ai profité des premiers repas des Athosiens pour estimer nos besoins. Ils sont du genre à mettre de côté des éléments de leur repas pour le manger plus tard dans la journée. Notamment des fruits, du pain. Bref, ce qui se transporte. Ils nous ont pillé notre stock de jus de fruit mais le café ne fait pas l’unanimité. »
« Tant mieux. » plaisanta Max. « Ca en fait plus pour nous ! »
Jim fixa l’Amazone et lui tendit son papier.
« Si j’ai bien compté, avec une estimation plutôt économe, nous aurons besoin de quinze kilos cinq de viande. Vingt cinq kilos de céréales ou équivalent. Vingt kilos cinq de légumes. Cent cinquante litres d’eau. Quarante kilos de fruits, le double si nous fournissons du jus de fruits matinal. Et deux milles pains ou équivalent. »
« La vache. J’espère que tu ne comptes pas à la journée ? »
« C’est une estimation de nos besoins à la semaine. »

En écoutant ce que Jim lui disait, Lyanna ouvrit de grands yeux surpris. Certes, elle n’avait pas vraiment la notion des quantités quand il s’agissait de grandes quantités, mais elle avait appris que le mot “kilo” suivi de nombre voulait dire “beaucoup”. De quoi lui faire tourner la tête en apprenant les quantités que le camp aurait besoin. April sembla lire sa détresse sur son visage car elle intervint.

« T’inquiète pas, bichette. » coupa la jeune femme en s’installant devant elle. La jeune femme venait de servir tout le monde.
« On a plus d’une trentaine d’Athosiens, l’équipe d’encadrants et les affiliés. Ca fait beaucoup de bouches à nourrir. A raison de trois repas par jour et deux collations. Donc j’ai eu une idée. Les deux marchands Natus\Athosiens, je voudrai ta permission de passer par eux pour nos achats. »
Elle lui sourit.
« Je pourrai négocier en direct avec eux, on fera des économies. »
« Lyanna doit encore attribuer ton budget, ça se fera rapidement. »
« Ok. T’es partante alors ? »
"Heu ..."

Lyanna regarda Darren comme pour chercher de l’aide. Tout cela là dépassait un peu, vu qu’elle ne connaissait pas grand chose à la gestion d’un camp. Et en particulier la nourriture pour autant de personnes, elle qui avait l’habitude de voir dans sa tribu des chasseresses qui ramenaient ce qu’elles réussissaient à attraper. Alors, prévoir des quantités de nourriture à l’avance, c’était le flou pour elle. Autant laisser ce détail à quelqu’un qui connaissait ça. Elle finit par regarder à nouveau April, et acquiesça d’un hochement de tête.

"D’accord".
La concernée la remercia d’un petit clin d’oeil.
« Et pour la construction de la route ? Ca se passe comment ? »
« Début simple et compliqué à la fois. Il faut couper les arbres, dessoucher et aplanir le terrain. Je serai avec les travailleurs pour donner les indications. Mais il faudra évacuer tout ça. »
« Le bois à couper, nous ont en aura besoin pour les cuisines. Autant faire une aire dans le camp pour nos fourneaux... »
« Max a raison. Si on se met à utiliser du gaz, on va passer notre temps à faire des commandes sur Atlantis. Il faut stocker du bois, le laisser au sec, à portée de mes cuisines. »
« Ok. Je dois encore organiser l’extension de la base pour la zone marchande donc je m’occuperai du stockage de bois en même temps. Sinon... »
Darren posa discrètement sa main sur la jambe de sa compagne, lui affirmant son soutien. Il sentait qu’elle n’était pas à l’aise et qu’elle n’avait qu’une envie : s’enfuir.
« Lyanna s’était demandé comment on organiserait la construction. Si on divisait les Athosiens en deux équipes, pour chaque côté... »
« Mauvais ça, très mauvais ! » le coupa Leng. « Ca va m’obliger à aller d’un endroit à l’autre, tout le temps, pour vérifier que c’est bien fait. En voulant être partout, j’en serait encore plus lent. Non...Il me faut tout le monde au même endroit sinon ce sera trop dur ! »
« Et pour les ponts que vous nous aviez parlé ? »
« Je préparerai le plan de construction. L’idéal, ce serait que la route atteigne le futur pont au moment où nous aurons obtenu puis acheminé toutes les matières. Mais on a le temps de voir venir. »
« Une équipe complète de trente. Déjeuner à sept heures, début des hostilités à huit. Ca vous va ? »
« La bouffe sera prête. »
« C’est le plus important ! » singea Max.

Darren fît un tour de table du regard.
Il fallait que Lyanna intervienne et se poste en maîtresse des lieux, ce n’était pas à lui de tenir cette réunion. Malheureusement, l’Amazone semblait complètement perdue. Elle n’avait pas l’habitude de gérer ce genre de chose, quand il ne s’agissait pas d’un plan de bataille. Elle ignorait ce qu’elle devait faire dans toute cette gestion dont les autres parlaient. Au point qu’elle donnait l’air d’être une simple observatrice qui les devoirs du camp ne concernaient pas.
Il allait devoir lui en toucher quelques mots. Et forcément, ça n’allait pas lui plaire.

« Je voudrai prendre la parole. » déclara soudainement Helen.
Elle regarda l’assemblée tranquillement et évita copieusement le regard de Lyanna.
« Je vous informe que la quasi totalité des volontaires sont aptes au travail. Quelques uns souffrent de maladies ou d’handicaps, j’ai fais une petite liste des noms qu’il vaut mieux éviter d’envoyer sur des tâches trop ardues. »
« Ah ! Parfait ! Je vous la prends. » fît Leng en lui tendant la main, visiblement heureux d’avoir eu ce rapport. Il voulait se charger d’organiser les équipes et ces informations étaient importantes.
« En revanche, il y a une mère fragilisée, avec ses deux garçons. Je m’oppose catégoriquement à ce qu’on les envoie sur la route. »
Cette fois, elle avait fixé Lyanna dans les yeux. La guerrière soutint son regard sans détourner les yeux. Elle n’avait pas oublié leur affrontement.
« Cet avis est motivé par des faits médicaux. »
« C’est la réfugiée qui a demandé l’asile à Lyanna ? » questionna Jim qui s’était tenu silencieux jusque là.
« Oui. »
« Vous avez pu en savoir plus la concernant ? D’où elle vient ? Ce qui l’a mis dans cet état ? »
« Pas vraiment, je préfère temporiser… »
« Ouais mais en attendant, elle crèche dans ta tente. Tu dors où maintenant ? »
« Ca va aller. J’ai l’habitude des lits de camp de mon infirmerie... »
« Je ne suis pas d’accord. On a besoin de vous en forme pour suivre la santé de tous ces gens. On va vous trouver une solution. »
« La mère, elle va si mal que ça ? »

Helen hésita longuement à leur révéler les informations. Elle questionna Lyanna du regard.
« Je leur dis ? »

Lyanna réfléchit quelques secondes, avant d’acquiescer d’un hochement de tête. Autant que les autres soient au courant.

"Vas y !"
« Cette famille a été victime de violences. La mère est clairement dans une position de fugitive et il me semble, vu les éléments, que le camp d’Ishta est devenu sa dernière chance. Elle a besoin de repos, de soins et de vivres. L’envoyer sur la route pourrait lui coûter la santé. »
« Le problème...c’est que nous n’avons personne pour les surveiller. » insita Jim. Il regarda l’assemblée avant de détailler son inquiétude.
« Je vous rappelle que nous sommes au bord d’un lac. Et que nous sommes entourés d’arbres et de hautes herbes qui ne favorisent pas la surveillance. C’est jeunes gens sont exposés. »
« Tu n’as pas tort. En l’acceptant dans le camp, elle est passée sous notre responsabilité. On doit veiller à ce que cette famille ne se comporte pas dangereusement. »
« Et puis...que le monstre responsable de tout ça ne s’infiltre pas dans le camp pour les achever. »

Le groupe tout entier fixa Max sans vraiment comprendre. Le jeune homme les regarda à tour de rôle avant de battre des bras.
« Enfin quoi ?!? Z’allez me dire que vous être trop vieux pour les films d’horreurs ? Des réfugiés arrivent, le monstre s’infiltre. ET BIMMMMMMM ! Il bute tout le monde ! C’est comme dans les Larmes du Diable. La nana était super bonnasse là-dedans et on se doutait vraiment pas que... »
« On a compris, ça va ! »

Lyanna fronça les sourcils en fixant Max, sans comprendre de quoi il parlait. Elle ne connaissait pas les films d’horreur, du coup elle ne comprenait pas la comparaison.
« L’hypothèse du soldat est pourtant réaliste. Je ne sais pas ce que fuit cette femme mais ça lui faisait suffisamment peur pour mettre sa santé en péril. Si elle a été suivie... »
« On aura de la visite bientôt...je vois. »

Darren se tourna d’un quart pour observer sa compagne.
« On doit trouver une solution. » dit-il en espérant secrètement que Lyanna n’irait pas proposer de virer les réfugiés.
Pourtant, les virer traversa l’esprit de la guerrière, mais pas comme Darren le pensait.

"Pourquoi ne pas les envoyer sur Atlantis ? Si le danger pour eux est ici, ils seront plus en sécurité là bas".
« C’est une bonne idée dans l’ensemble. Mais dans le détail, on ferait comment ? »
« Je ne peux pas trouver de causes médicales valables. Il faut une bonne raison pour rapatrier quelqu’un sur Atlantis. Encore plus si elle a des enfants. »
« J’ai déjà vu quelque chose comme ça et ils ont pas voulu ! » intervint Leng.
Il fixa Lyanna.
« Atlantis va vous dire de vous rapprocher des Athosiens. De remettre la femme sous leur autorité ! C’est pas bon pour la femme ! »

Lyanna soupira en apprenant cette nouvelle. Il était clair qu’elle ne voulait pas que cette femme soit renvoyée chez les siens. Bon, les petits mâles, elle s’en fichait, mais pas la mère en détresse. Tant que le coupable ne serait pas arrêté, il ne fallait pas qu’elle retourne dans son village. Même si la garder dans le camp restait quand même un danger pour elle par rapport à Atlantis.

« J’en une idée... »
« April ? »
« Elle pourrait m’aider en cuisine ? Je lui file pas un travail trop fatiguant. Ses gosses restent avec elle. Genre ils ramassent les couverts que les Athosiens oublient sur la table, ce genre de petit truc. »
« C’est ingénieux. » reconnut Jim. « En les faisant travailler un minimum, ils n’auront pas l’impression d’être des boulets. La mère pourra garder ses enfants près d’elle... »
« Et ce n’est que pendant le repas que le tueur pourra s’approcher de... »
« C’est une idée sympa. » intervint Helen pour couper la parole du rigolo de service. « Elle reste pas loin de l’infirmerie, je pourrai l’avoir à l’oeil. Par contre, pour son histoire, il vaut mieux que ça ne vienne pas de moi. »
« Max ? »

Le mariole cessa de gratouiller les flancs d’April et se raidit soudainement, craignant de faire face à une pluie de reproches.
« Si tu n’assomes pas la mère de tes hypothèses de dingue, tu pourrais creuser ? »
« D’accord... »
Darren se pencha.
« On a un plan sympa, il ne nous reste plus qu’à avoir l’avis de la patronne. Tu en penses quoi ? »

Lyanna baissa les yeux et fixa la table d’un air pensif. Permettre à l’Athosienne et à ses enfants en travaillant un peu en cuisine. C’était une bonne idée, quelqu’un veillerait sur eux en permanence. Et Helen pourrait intervenir en cas de besoin.

"D’accord. On fait comme ça".

L’assemblée acquiesça. Ils étaient plutôt content d’avoir trouvé une solution.
Cependant, un détail chiffonnait la guerrière. L’identité du mystérieux agresseur. Et si Max avait raison ? Si cette personne tentait de s’infiltrer dans le camp pour finir son travail ? La jeune femme se mordit la lèvre.

"J’essaierais de parler à cette femme. Il faudrait qu’on sache à quoi ressemble celui qui lui a fait ça. S’il vient au camp, on pourra le remarquer avant qu’il tente quoi que ce soit".
« Tu y arriveras ? »
Darren se sentait gêné de mettre sa capacité en doute. Mais il avait raison sur ce point, la patience n’était pas la valeur vertueuse de Lyanna.

La jeune femme regarda Darren en fronçant les sourcils. Elle resta silencieuse quelques secondes, réfléchissant, avant de secouer la tête. Ca valait le coup d’essayer.

"Je peux toujours tenter le coup. C’est dans son intérêt. Peut être qu’elle se confiera en voyant quelqu’un qui veut la protéger".
« D’autant plus si c’est la directrice du camp qui lui parle. Tu as raison... »

Sur les jours qui suivirent, le camp d’Ishta se lança dans la construction de la route. Les débuts avaient été assez anarchiques, les volontaires ayant du mal à suivre les instructions de Leng puisqu’ils pensaient avoir l’habitude dans les champs. Comme dans tout projet qui se lance, les premiers exercices avaient frôlés l’échec avant de se stabiliser et qu’une routine se mette en route. Lyanna avait eu les nerfs à vifs pendant pas mal de temps et Darren passait son temps à la calmer. Il fallait dire que diriger des hommes sans leur donner le fouet était quelque chose de difficile pour elle. A de nombreuses reprises, la guerrière avait failli craquer, mais son amant était toujours là pour la dissuader de faire le faux pas. Et peu à peu, la jeune femme avait pris ses marques, bien qu’encore fragiles.

Le D4 remplissait merveilleusement son travail. April, Max et Jim assuraient le service de restauration et le ravitaillement. Les Athosiens ne manquaient de rien, ne tarissant pas d’éloges sur la qualité de la nourriture et sa quantité. D’après Helen, la variété des vivres et les services multiples permettaient de garder les travailleurs en bonne santé et de maintenir le moral au beau fixe.

eden memories

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Mar 20 Oct - 13:48

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


Pendant ce temps, Darren faisait office d’agent de médiation entre les commerçants Athosiens et Natus. Le Jumper circulait tellement entre Atlantis, le fort et le village qu’une nouvelle tente avait été dressée pour le pilote lorsqu’il passait la nuit sur site. Darren avait eu du mal à faire défricher et installer le comptoir. Mais à partir de ce moment, et malgré les rivalités entre commerçants, les échanges généraient des profits très appréciables.

Les Natus, d’une part, faisaient parvenir les pierres en continu. Puisque la route n’était pas encore prête, un dépôt avait été ouvert sur Ishta pour que les volontaires y déposent les pierres.
Quant aux Athosiens, plutôt satisfaits de la qualité du “terrain neutre” de Darren, ils accordaient des rabais très intéressants sur les achats d’April.

Ishta commençait à bien tourner maintenant.
L’équipe encadrante ne manquait pas de travail. A chaque journée ses problèmes et ses anomalies. Pourtant, quelque chose de particulier commençait à démoraliser Darren. Le “shérif” des Athosiens, le fameux Keyran, avait réussi à se faire accepter de Lyanna. Il était discret au début. Maintenant il prenait de la place et ça le dérangeait salement. Lyanna avait fini par céder et l’accepter pour s’assurer que l’ordre régnait dans le camp. Et si au début, elle gardait de la distance avec lui, la guerrière le laissait peu à peu approcher. Ce qui était plus simple lorsque Keyran lui parlait de tel ou tel problème réglé dans le camp. Lyanna restait toujours sur la défensive avec l’Athosien, mais comme avec Darren, elle commençait petit à petit à lui accorder sa confiance, même si le mâle avait du chemin à faire. Cependant, elle était très loin de se douter que ce rapprochement professionnel selon elle commençait à inquiéter Darren.

Keyran était un bon guerrier, excellent même. Il avait suffisamment de connaissance martiale pour tenir un combat d'entraînement avec la Kiranienne. Après l’avoir surprise en train de s’exercer dans “le coin de Lyanna”, il s’était proposé. Le type s’arrangeait pour être dérangeant sans être envahissant. Si au début, la guerrière avait refusé, elle avait fini par se laisser convaincre. Se battre contre quelqu’un ne pouvait que l’aider à rester en forme. Et malheureusement, personne d’autre dans le camp n’avait son niveau. Keyran était le candidat idéal pour s'entraîner. Et qui plus est un mâle, de quoi motiver Lyanna pour lui faire mordre la poussière, et lui montrer ce qu’elle valait.
Avec ce point commun qu’il avait délibérément bâti, un terrain que Darren lui-même n’avait jamais pu explorer sans raviver les douleurs passées de sa douce, Keyran venait ponctuellement s'entraîner avec Lyanna.

Plusieurs fois, Darren avait observé ces exercices à distance, le coeur gonflé d’une étrange douleur. Il ne disait rien parce qu’il ne pouvait pas reprocher à Lyanna de s’ouvrir aux autres, un homme qui plus est. S’humaniser davantage, c’était une étape très longue en ce qui la concernait. Se sociabiliser, un chemin de croix dangereusement miné. Alors enterrer la hache de guerre concernant l’homme et se détacher de son conditionnement, c’était inespéré. Darren ne pouvait pas lui en faire la remarque, le bon sens le lui interdisait.

Pourtant...il souffrait de cette proximité naissante entre Keyran et Lyanna.
Bien sûr, fidèle à elle-même, sa compagne ne se montrait pas tendre avec lui durant l'entraînement. Ni même dans ses propos. Depuis leur premier combat, Lyanna ne retenait pas ses coups, et elle se plaisait à réprimander l’Athosien, ou à se moquer de lui pour que l'entraînement gagne en puissance. Son adversaire était aussi coriace qu’elle, et leurs combats se terminaient généralement par l’épuisement des deux parties, vu l’intensité et la hargne de leurs gestes. Lyanna démontrait clairement qu’elle n’avait pas non pas un simple adversaire devant elle, mais un mâle tout simplement. Mais Keyran se montrait patient. Il reculait quand il le fallait, disparaissant quelques temps pour laisser de l’espace à Lyanna. Puis il revenait, la gueule enfarinée, avec de nouvelles propositions susceptible de l’intéresser. L’homme avait repéré la même faille qu’avait exploité Darren à l’époque. Il profitait de son tempérament curieux et aventureux. Et cela fonctionnait. L’Athosien parvenait à se rapprocher lentement de la jeune femme de cette façon.

Forcément, quand ils s’entrainaient l’un contre l’autre, ça favorisait le contact et une certaine...proximité, bien que les coups de poings et de coudes pleuvaient régulièrement quand Keyran était trop proche de Lyanna. Mais la jeune femme n’avait été aussi proche d’un mâle aussi longtemps sans le tuer qu’avec son amant. Darren en crevait de jalousie. Il se sentait piégé. Partagé entre l’envie de lui faire la crise de jalousie du siècle et celle de lui laisser l’occasion de s’épanouir.
Il espérait seulement qu’elle n’apprenne pas trop vite le péché d’adultère. Lyanna n’y pensait même pas, mais d’un point de vue extérieur, on pourrait se poser des questions, car Keyran se montrait de plus en plus présent aux côtés de la guerrière. Et pas seulement pour un entraînement musclé. Ils leur arrivaient de marcher côte à côte dans le camp pour discuter de la sécurité ou d’autres sujets concernant les volontaires qui étaient sous sa garde.

Comment souvent, Helen Ridding venait se confronter à Lyanna sur les effectifs. Le médecin du camp retirait de la liste des hommes ou femmes volontaires que les dernières journées avaient épuisés. Lyanna voyant ça différemment, surtout pour les mâles, la discussion était régulièrement houleuse. Au moins, la brune savait que son médecin n’agissait pas spécifiquement contre elle mais pour l’intérêt, la sauvegarde, des volontaires. Lyanna passait pas mal de temps avec Helen pour une longue discussion qui partaient souvent en engueulade avant de se calmer. Cette fois encore, on pouvait les entendre sous la tente.

Le soldat en avait donc profité. Il s’était écarté pour aller en direction du fameux Keyran. Il avait d’abord entamé une discussion un peu sympa, blaguant sans conviction, avant d'enchaîner volontairement sur le sujet sur Lyanna. Keyran ne cacha pas son intérêt, loin de là. Il la trouvait belle et très intéressante. Il la voyait comme une promise idéale, forte et puissante. Une grande femme.

« Sauf qu’elle est déjà prise. » lâcha finalement Darren, une certaine haine dans le regard. « Elle est à moi. »
Keyran lui répondit d’un large sourire.
« C’est elle qui me le dira. Et puis d’ailleurs... »
Son sourire provocant s’était élargi.
« Elle peut toujours se partager à d’autres hommes. L’exclusivité n’existe que pour l’esprit d’un Atlante. »

Darren ne savait pas comment il avait fait pour ne pas lui sauter à la gorge. Il était tout simplement parti, grevé d’un sentiment d’impuissance.
Keyran n’était pas un mauvais bougre et c’est bien ce qui l’irritait. Pour une fois, cet homme à l’horizon n’était pas un Macon ou un pervers qui voulait la prendre une fois battue. Le type n’avait pas de mauvaises intentions. C’était un vrai concurrent cette fois. Lyanna lui plaisait clairement et il voulait la séduire. Qu’elle le préfère à Darren en somme, point.
Keyran jouait avec ses billes. Il faisait valoir ses charmes basés sur des similitudes martiales. Bref, sur des éléments qui ne pouvaient pas laisser l’Amazone insensible. Darren ne savait pas comment contrebalancer cette menace grandissante. En bon optimiste, il était rarement défaitiste. Mais pour une fois, il se sentait perdant. Le contrôle lui glissait des doigts et le malaise qui l’habitait ne faisait que grandir.

Quand Lyanna lui parlait de lui, pour lui raconter ou pour se plaindre, il éludait rapidement le sujet dans l’espoir de ne pas exploser. Il avait beau vouloir garder un esprit rationnel, des comportements très puérils le démangeaient.
Ce fut le matin de la dixième journée que Darren céda à l’un d’eux. Avoir vu Keyran parvenir à lui décrocher un demi-sourire mis brutalement le feu aux poudres. S’il avait su que Lyanna avait souri parce que l’Athosien venait de lui expliquer avoir envie de flageller l’un de ses congénères, peut être que Darren aurait réagi autrement. Clive ne pouvait pas supporter le fait que Keyran avait fait le boulot trente fois plus vite que lui. Ca le rendait dingue.

Darren envoya valdinguer son job. Il donna une radio aux commerçants Natus et Athosiens, leur disant qu’ils n’auraient qu’à l’appeler en cas de problème, puis il fila dans sa tente pour faire ses affaires. Il fourra n’importe quoi dedans, par simple rage et dans l’incapacité de réfléchir, tant il avait besoin que ça sorte. Il en voulait à la terre entière et en priorité à Lyanna. Elle qui, pourtant, était la première à mériter de s’ouvrir aux autres et de connaître la vie, rien de moins.
Une bretelle du sac à l’épaule, il vint directement à la rencontre de Lyanna qui le regarda en fronçant les sourcils, intriguée de le voir approcher d’un pas décidé. Il posa un regard haineux sur son concurrent, rêvant de lui faire bouffer ses dents. Ce dernier, qui savait très bien ce qui se passait - c’était d’ailleurs pour ça qu’il avait cherché le sourire de l’Amazone - leva ses deux sourcils comme pour l’inviter à faire le faux pas.
Ils étaient dans le camp d’Ishta, sous responsabilité de Lyanna. Une bagarre entacherait l’Amazone et lui donnerait le mauvais rôle. Parfait pour Keyran. Il était déjà victorieux avec le départ de Darren.

« J’prends ma journée ! » Lâcha-t-il finalement, la gorge serrée, avant de s’en aller.
"Mais ..." commença-t-elle à dire, sans pouvoir continuer, regardant Darren s’en aller.

Il n’avait même pas attendu la réponse de Lyanna qu’il filait déjà d’un pas rapide vers la sortie du camp. Il croisa Max qui lui sortit une blague et qui ne récolta aucune réponse. Le gamin du D4 fronça les sourcils sous le coup de l’inquiétude, regardant Lyanna puis lui, avant de baisser le nez et de retourner en cuisine. Il allait sûrement alerter ses copains.

Lyanna ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Pourquoi Darren se montrait il aussi en colère ? Pourquoi ne lui parlait il pas ? La jeune femme lança un regard interrogateur à Keyran, celui ci haussa les épaules comme s’il ignorait quelle mouche venait de piquer l’Atlante. Pensait-il avoir gagné la belle en éloignant son concurrent ? S’il le croyait, il se trompait, car Lyanna le délaissa aussitôt et courut à la suite de Darren qui venait de disparaître dans la forêt, empruntant l’unique chemin qui quittait le camp. La guerrière finit par le rattraper.

"Darren, attends ! Qu’est ce que tu as ? Où vas tu ?"
« C’est quoi ton problème ? » enragea Darren en faisant volte face. « J’ai reçu une lettre d’une amie, t’en crève de jalousie, donc maintenant tu veux me le faire payer ?!? Ca fait presque deux semaines que tu te fait tripoter sous mon nez ! Elle finit quand ta punition ?!? »
Il l’aimait son Amazone, il s’était salement attaché à elle. Du coup, s’il ne se gênait pas pour laisser éclater sa colère, il ne se montrait pas violent pour autant. Il avait le regard noir, les traits tirés, mais il n’irait pas l’intimider. Non seulement parce qu’elle allait réagir à l’ancienne en se préparant à la baston. Mais aussi parce que ce n’était pas dans son tempérament. Pourtant, alors qu’il s’attendait à la voir sourire de façon presque mesquine pour lui dire qu’elle ne voulait plus qu’il voit cette amie Natus, elle se bornait dans l’incompréhension. Ca l’irrita d’autant plus.
« Non mais dit moi que c’est délibéré. Rassure-moi au moins sur ce point ! Tu te laisses séduire par cet espèce de rigolo pour te venger, non ? C’est pour me faire mal ! »
"Mais de quoi tu parles ?"

Lyanna était vraiment perdue dans les paroles rageuses de Darren. Quelle histoire de vengeance ? Pourquoi disait il qu’elle voulait lui faire mal ? Sur le coup, la jeune femme ne sut pas vraiment de qui le soldat parlait. Qui d’autre pouvait la séduire à part lui ? Puis, elle fit le rapprochement. Keyran. Lyanna secoua la tête, cherchant à comprendre ce qui avait pu amener Darren à croire qu’elle était intéressée par l’Athosien. Ils ne faisaient que s’entrainer. Et la plupart du temps, le mâle lui tapait sur le système. Elle ignorait donc pourquoi le militaire réagissait de cette manière, alors que rien ne se passait. A vrai dire, il réagissait de la même manière qu’elle avec la lettre écrite par la Natus.

Les sourcils froncés de sa belle, Darren trouvait ça taquin généralement. Là, ça l’irritait encore plus. Il balaya des bras comme s’il rejetait tout en bloc, ne lui laissant pas le temps de s’exprimer.
« Tu sais quoi ? Entraîne toi encore un peu avec lui ! Je trouve qu’il te tripote pas assez, là ! Avec ses muscles huilés et sa gueule enfariné ! Dans une semaine ce sera quoi ? Des petits calins secret au bord du lac ? »
Il se tourna de nouveau, recommençant à marcher.
« J’vais me calmer les nerfs ! T’en fais pas, ton nouveau copain sera là pour te consoler avec SA GROSSE ÉPÉE ! »
"Quelle grosse épée ? Il a une épée à deux mains de taille normale !" lança-t-elle avec innocence, ignorant la réelle allusion donnée par Darren.

Lyanna ne savait pas quoi penser à cet instant. Elle regarda le soldat s’éloigner, furieux. Mais elle ne comprenait pas d’où pouvait venir cette fureur. Visiblement, Darren pensait vraiment qu’il se passait quelque chose entre Keyra et elle. Sauf que selon elle, c’était inimaginable. Darren était jaloux, mais il n’y avait pas de raison. Certes, l’Athosien était plutôt bien bâti par rapport à d’autres. Mais c’était un mâle. Et prétentieux et arrogant en plus. Il avait de bonnes idées, il était très doué pour le combat, mais il n’en restait pas moins un mâle. Pas de quoi être jaloux, non ? La jeune femme secoua la tête, et commença à marcher en direction de Darren pour essayer de le rattraper.

"Je ne comprends pas, Darren. Pourquoi parles tu de lui de cette façon ? Il ne m’intéresse pas du tout !"

Darren s’arrêta un instant puis soupira longuement.
Il n’y avait pas que des avantages à jouer les ados transis et de lui apprendre une vie de couple. Son fameux boulot de prof continuait même durant les emmerdes. Clive reprit la route à travers les bois, ayant visiblement un but précis en tête, mais sans chercher à distancer sa compagne cette fois.
« Ben lui, il s’intéresse à toi. Et pas qu’un peu... » reprit-il sur un ton grincheux mais moins enragé. « Le coup de partager l'entraînement, passer du temps avec toi, laisser trainer ses sales pattes par-ci par-là, l’air de rien...c’est de la drague. »
A force de trottiner derrière Darren, Lyanna finit par presque le rattraper. Il contourna un arbre et se retourna pour la fixer, ce qui stoppa la jeune femme juste devant lui.
« Genre “on est amis hein...mais il va y avoir plus…”. Il joue de ses charmes et ça marche en plus...le p’ti batard ! »

Lyanna leva les yeux au ciel, soupirant légèrement.

"Tu es jaloux ?"
« Bien sûr que je suis jaloux ! »

La guerrière reporta son attention sur Darren, et chercha les mots pour essayer de lui faire comprendre qu’il n’avait aucune raison de réagir comme ça.

"On ne fait que s'entraîner, c’est tout. Je ne crois pas que se prendre des coups, ça lui laisse penser qu’il peut me séduire".

Darren ne voulait pas entendre ça, il en était d’autant plus blasé. Lyanna secoua la tête.

"Et puis, même si ce que tu dis est vrai … et alors ? Tu crois vraiment qu’il a une chance ? C’est un mâle. Un simple esclave ..." commença-t-elle à dire par réflexe, avant de s’interrompre pour se reprendre, en se mordant la lèvre. "C’est un … subalterne … qui m’aide dans le camp. Comme toi, tu le fais. Et oui, je m’entraine avec lui parce que d’une part, je n’ai pas d'adversaire à mon niveau. Et d’autre part, je n’ai aucun scrupule à le frapper".
« Je suis quoi pour toi, en fait ? » demanda-t-il, les yeux se rétrécissant sous la colère. « Genre un esclave amélioré ? »

Voilà que Darren faisait un complexe d’infériorité parce que Lyanna s'entraînait avec quelqu’un d’autre que lui.

"Tu sais te servir d’une épée ?" lui demanda-t-elle spontanément pour lui faire comprendre pourquoi elle ne s'entraînait pas avec lui.

La colère de Darren commença à être contagieuse, car maintenant, Lyanna ressentait elle aussi ce sentiment. C’était injuste que son amant pense qu’elle voulait aller voir ailleurs. Alors, elle se montrait à son tour en colère. Son visage se durcit, et elle croisa les bras sur sa poitrine.

"Ce que tu es pour moi ? Simplement le mâle qui partage ma vie et que j’aime. Tu voulais autre chose ? Ce n’est pas suffisant ?"
« Tu y es pas du tout, là ! Je t’interdis pas de voir du monde. Je t’entends déjà me dire que tu reçois pas d’ordres d’un mâle même si tu l’aimes. T’as raison. MAIS ! C’est pas sain de te laisser approcher comme ça. »
Il pointa le sol du doigt comme s’il venait de présenter une preuve invisible.
« Ce mec veut te séduire. Il en donne les signes. Et toi tu te laisses approcher, Lyanna. Tu te laisses tenter. C’est ça qui me fout en rogne. C’est mal vu ce genre de comportement. T’es sensé mettre des barrières. »
"Mais qu’est ce que tu racontes ? S’il tente quelque chose de déplacé, tu sais très bien que je lui collerais mon poing dans la figure, sans me soucier des conséquences que ton Lieutenant appliquera parce que j’aurais frappé un mâle. Il peut tenter sa chance s’il a du temps à perdre. Tu ne me fais pas confiance pour repousser ses avances ?"
Sur le coup, Darren hésita. Il la vexerait beaucoup s’il disait qu’il n’avait pas confiance. Et dans le fond, la question n’était pas là.
« On tourne en rond. » dit-il finalement en râlant. « Tu vois pas le mal et moi j’suis jaloux. »
Il secoua la tête.
« C’est de la naïveté. »


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Lyanna
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Mar 20 Oct - 23:52

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Lyanna n’en revenait pas de ce qu’elle entendait. Voilà que maintenant, elle était naïve. Elle secoua la tête, aussi en colère que Darren.

"On n’en serait jamais arrivé à cette conversation si tu ne m’avais pas convaincue d’accepter ce mâle pour assurer la sécurité des Athosiens. Je ne voulais pas de lui, mais c’est toi qui m’as poussé à l’accepter ! Maintenant, tu me reproches le fait qu’il est TROP présent ?"
« MAIS OUI !!!! C’est le méchant mâle qui a poussé ce prétentieux dans tes bras ! » maugréa-t-il, touché par le fait qu’elle avait en partie raison. « Je te reproche de le laisser te draguer et tu me regardes dans les yeux en me disant que non. Tu me prends juste pour un con ! »
"Bien sûr que non, je ne te prends pas pour un con ! Qu’il essaie de me draguer, je m’en fiche ! Il a aucune chance d’arriver à quoi que ce soit parce que c’est TOI que j’aime, idiot !!!"

Clive regarda un peu autour de lui, se sentant soudainement stupide d’avoir cédé à la colère et la jalousie. Mais ça faisait dix foutues journées qu’il se retenait. A voir ce lourdaud tourner autour de sa compagne. Vu comme la discussion tournait, ça continuerait en plus. Lyanna n’allait certainement pas se priver de castagner de l’Athosien au petit matin parce que Darren avait bobo à son égo.

Il s’enterra dans le mutisme, plutôt aigre et vexé. Il eut envie de lui envoyer une vacherie du genre “tu ne le montres pas assez”. Ca lui aurait fait mal et ça aurait été un fieffé mensonge. Surtout vu le rythme de leurs rapports nocturnes et du risque sans cesse plus élevé de lui caser un mini Darren dans le ventre.

« Ok. Change rien surtout... » répondit-il avec une légère acidité. « On verra bien de toute façon. Soit tu dis vrai. Soit tu te fais charmer. Dans trois semaines tu lui feras la cuisine et la couture. Et il n’y aura pas d’épaule à la Darren pour pleurer ! »
Il tourna son index autour de sa tempe, comme pour lui faire signe de réfléchir à ce qui n’était rien de moins qu’une mesquinerie. Jouer sur ce qui la rebutait pour qu’elle s’en rappelle lorsque le type viendrait jouer les lots de consolations. Puis il recula de quelques pas avant de s’en aller dans les broussailles. Il fallait qu’il s’isole. C’était généralement pas bien perçu de la gente féminine mais il n’y avait pas mieux pour se remettre les idées en place.

"Darren !!!"

Mais appeler le soldat ne servit à rien, il avait disparu. Lyanna eut envie de le poursuivre, mais d’un autre côté, elle avait le camp à gérer si elle voulait rester sur Atlantis. Elle ne pouvait pas laisser tout tomber. La jeune femme resta quelques instants sans bouger, fixant l’endroit où le soldat avait disparu, comme s’il allait revenir. Mais rien. Il était parti, et Lyanna ressentit aussitôt de la tristesse. Comme un vide en elle. Comment en étaient ils arrivés là ? Darren pensait vraiment que Keyran allait lui voler sa belle ? Et surtout qu'elle allait accepter ça ? Toute cette histoire n’était que pure spéculation. La guerrière n’avait pas du tout la même notion du mot “séduction” que l’Atlante. Elle n’en avait même pas du tout. C’était impensable pour elle que l’Athosien cherchait à gagner ses faveurs. Darren devait se tromper, et quand il reviendrait une fois calmé, il se rendrait compte de son erreur. Et que son geste et son absence venaient de blesser intérieurement Lyanna qui souffrait de le voir s’éloigner d’elle. Se résignant à ne pas le voir revenir, la jeune femme finit par abdiquer, l’air penaud, et elle retourna au camp. Sans un mot pour qui que ce soit, elle partit en direction de son petit coin à elle pour s’isoler.

Problème, à peine avait-elle pu y souffler une minute qu’elle vit Max s’approcher. Il portait très bien la naïveté sur son visage. Le pantalon militaire tiré au maximum jusqu’à ses cuisses, il longeait la bordure du lac en fouillant les bancs sableux. Il avait au flanc un contenant fait en baguette de bois, probablement une oeuvre artisanale d’un Athosien du coin. Généralement, il se penchait pour ramasser quelque chose et le déposer dedans.
Quand son regard rencontra celui de Lyanna, il lui fit un grand coucou avant que la chose qu’il tenait dans la main ne le pince. Max poussa un cri de douleur en sautillant puis il secoua vigoureusement la main. La chose s’envola bien haut...puis elle disparu dans l’eau en un “PLOC” fataliste.

« Saleté ! »

Il alla jusqu’à Lyanna, lui souriant de son air de gamin.

« Hé !!! T’as déjà bouffé des écrevisses ? Y’a une bestiole ressemblante là. On va les cuire pour ce soir ! »

Décidément, ce n’était vraiment pas sa journée. Assise près de l’eau, ses bras entourant ses genoux repliés contre elle, Lyanna fixait Max de son air généralement sombre quand elle regardait le jeune militaire. Elle n’avait eu aucune réaction en voyant ce dernier se faire pincer par une bestiole. Surtout pas de la compasion ou de l’inquiétude. Elle n’allait pas ressentir une telle chose pour ce mâle. La jeune femme finit par soupirer, et elle détourna la tête pour fuir le regard de l’importun.

"Je n’ai pas faim !" dit elle sèchement.

Max haussa des sourcils, ne comprenant pas trop sa réaction. Le regard noir et la verbalisation de son rejet, si, c’était coutumier. Mais qu’elle détourne le regard, c’était différent. L’air un peu penaud, Max la zieuta un instant avant de chercher ce qui clochait chez lui. Le militaire se pencha pour vérifier sa braguette, constatant que non, ce n’était pas ça. Il s’approcha tout de même, ses pieds faisant des bruits de succions déplaisant dans la partie boueuse de l’étang.

« Ben il t’arrive quoi ? Tu déprimes ? Toi ? »

Lyanna entendit Max s’approcher, pour son plus grand déplaisir. En plus, il n’était pas du tout discret. Le militaire n’allait pas la lâcher, et en plus, il cherchait à savoir ce qu’elle avait comme soucis. Il ne récolta d’abord qu’un simple regard noir.

"Oui, je déprime de ne pas pouvoir frapper de mâle !"

Puis, la guerrière détourna à nouveau les yeux comme si ce geste suffirait à effacer Max de son entourage.

"Ca ne te regarde pas ..."
« Donc, y’a bien un truc... » déduisit-il en ignorant son hostilité.

Max quitta la boue dans un dernier bruit dégoûtant puis il s’installa aux côtés de l’Amazone, non sans une certaine appréhension. Lyanna le sentit s’installer à côté d’elle, et automatiquement, elle se crispa. Elle eut même envie de fuir l’espace d’une seconde. Ou bien de lui en coller une pour que ça soit lui qui fuit. Contrairement à la jeune femme, il étala ses jambes pour pouvoir plonger ses pieds sales dans l’eau. Il les fit barboter légèrement pour retirer le plus gros et reprit, d’un air curieux :

« Il se passe des trucs bizarre dans le camp, tu trouves pas ? Y’a Darren qui part en faisant la gueule, ce qui est super rare. Pis après, c’est ton tour. Doit y avoir comme une maladie contagieuse sûrement... »

Il ouvrit sa veste et en retira une barre chocolatée qu’il attaqua goulument.

« Hmmm...et t’vois...y’a même...April qui gueule. Elle m’a envoyé...ichi. Pour avoir la paix...Malabie j’te dis ! »

Lyanna resta silencieuse, refusant de parler à Max. Jusqu’à ce que celui ci se mette à manger quelque chose. Elle reporta son attention sur lui, et le fixa avec un air de dégoût de le voir manger tout en parlant. Ce mâle était encore plus désespérant que Darren.

"Je ne comprends rien à ce que tu dis ! Tu manges toujours aussi salement ?" lui reprocha-t-elle sur un ton glacial.
« Toute façon, tu m’écoutes jamais ! » répliqua-t-il en haussant des épaules comme un gosse. Puis une fois envoyé, il fixa sa comparse avant de croquer à pleines dents dans sa barre chocolatée sans comprendre qu’il s’agissait du met préféré de l’Amazone.

Lyanna fronça les sourcils en dévisageant Max, et son regard bifurqua rapidement sur la barre chocolatée. Voir cet aliment réveillait de douloureux souvenirs chez la jeune femme après ce qui venait de se passer, et elle détourna aussitôt les yeux pour regarder le lac devant elle.

"Pourquoi tu viens me coller ?"
« Ben parce que t’as pas l’air bien. Souvent, quand tu te barres, t’as l’air d’être sur le point de buter quelqu’un. Sauf que là...t’as l’air de vouloir buter quelqu’un...mais en même temps...t’as les épaules affaissées... »
Il cessa de machouiller.
« Tu préfères que j’appelle April ? Par contre, elle, elle va salement te cuisiner jusqu’à savoir. Elle adore les potins ! »

Lyanna secoua la tête sans cesser de regarder le lac, et serra davantage ses genoux contre elle.

"Je veux juste qu’on me laisse tranquille !"
« Et bah. Ca va vraiment pas toi. J’vais demander à April de te faire du jus de fruit. Il te faut une cure de vitamine D ! » lâcha-t-il sans vraiment laisser savoir s’il se moquait d’elle ou pas.

Max prit ses affaires et se retira sans dire un mot de plus.
Cette fois, Lyanna pouvait être seule avec elle-même durant un bon moment. La journée passa, le soleil filait d’un côté à l’autre, et Darren ne pointait toujours pas le bout de son nez. De temps en temps, la jeune femme retournait au camp pour voir si le militaire était revenu. Mais rien. Il n’était pas là. Alors elle retourna près du lac, et marcha le long de la berge. Keyran, quand à lui, restait dans l’horizon. Il s’autorisa délibérément une toilette rapide au bord du lac, torse nu, en sachant très bien qu’elle allait passer dans le coin pour chercher Darren du regard. Lyanna vit le mâle au bord de l’eau, à moitié dévêtu, mais elle ne réagit pas. Les paroles de Darren lui revinrent en mémoire, mais il se trompait. La guerrière en fit abstraction, et elle continua de marcher, son chemin s’approchant de Keyran.
L’Athosien continuait son petit jeu, même si Lyanna le regardait à peine. L’absence de Clive ne faisait que lui rendre service. Après s’être redressé d’un coup, lissant sa chevelure humidifié pour se donner du style, il se tourna vers l’Amazone et lui fit un signe.

« J’ai trouvé comment briser ta fameuse parade. » argua-t-il avec une certaine assurance.

Lyanna s’arrêta, chassant alors ses pensées tournées vers Darren. Sur le coup, elle tentait de comprendre de quoi l’Athosien voulait parler. Keyran s’approcha d’elle puis la fixa d’un air de défi. Son regard bifurqua ensuite à l’endroit où ils s’entrainaient habituellement.

« Je réussis en trois passes. »
"Tu crois avoir trouvé, mais je suis sûre que tu échoueras encore !"

Lyanna comprit que Keyran voulait lui démontrer sa théorie avec un combat, vu son regard dirigé vers leur zone d'entraînement. Mais elle n’avait pas la tête à ça, et elle continua de marcher le long de la berge.

"Tu me montreras ça un autre jour ..."
« Un bel aveu de faiblesse. » balança-t-il dans son dos.

Keyran gagna l’aire d'entraînement en faisant tournoyer son épée, s’échauffant comme s’il allait s’exercer tout seul. Il fit tout de même siffler sa lame avec une certaine souplesse et rapidité pour tenter l’Amazone.
« J’ignorai que les Kiraniennies choisissaient à loisir le jour de leur combat. Si l’autre, c’est pour se plaire à “marcher”. »
Il avait laché le dernier mot comme si c’était l’activité favorite d’un feignant.

Lyanna s’arrêta aussitôt en entendant cette provocation, et elle se tourna vers Keyran. Non, elle n’avait pas la tête à un combat d'entraînement. Mais si l’Athosien la cherchait, il allait la trouver. Elle n’allait pas laisser passer cet affront sans réagir.

"D’accord. Tu vas regretter de m’avoir provoqué !"

D’un pas déterminé, la guerrière s’avança vers la zone d'entraînement pour faire face à Keyran, et elle dégaina ses épées, les faisant tournoyer pour assouplir ses poignets. Puis elle se mit en garde, adoptant une position défensive pour laisser son adversaire attaquer le premier.

En fin de compte, Keyran n’avait pas de nouvelle technique visant à briser la défense de son adversaire. Il se battit contre elle, ramassa un certain nombre de coups, mais seulement pour pouvoir avancer dans sa conquête de l’Amazone, cette dernière ne se montrant pas tendre avec lui, comme à son habitude. Il attendit sagement son heure, profitant de l’absence de Darren, pour agir avec une certaine forme de subtilité. Du moins l’espérait-il. Keyran se laissa coincer au bout d’un moment, volontairement, tandis que l’une des lames de la guerrière appuyait légèrement sur sa gorge. Signe que la jeune femme venait de remporter le duel. Puis Keyran s’avoua vaincu d’un bref sourire.

« Pas mal. J’ai encore du boulot. »
"Je t’avais dit que tu échouerais !" lui dit elle en rangeant ses épées dans leur fourreau.

Keyran rangea également son épée.
Encore un peu essoufflé, il se plaça devant l’Amazone puis la pris par les épaules. Un geste de respect Athosien, qui se terminait par le contact front contre front. Si au début, le fait qu’un mâle fasse ce geste avec elle l’avait crispé, Lyanna s’était peu à peu habituée. Elle avait appris cette coutume avec Teyla, et elle n’y voyait rien de dérangeant ou d'inapproprié. L’homme exécuta le geste sagement au début. Mais il ne se retira pas. Il demeura front contre front avant de lui glisser d’une voix discrète :
« Pourquoi es-tu si triste ? »

Lyanna ferma les yeux quelques secondes, sans bouger. Puis, elle finit par se redresser, mettant fin à ce contact entre eux. Elle recula même d’un pas, en secouant la tête.

"Rien d’important" dit elle simplement.
« C’est ton Atlante. » déduisait-il facilement. « Il réagit mal ? »

Lyanna leva les yeux au ciel en soupirant, avant de se tourner et de marcher en direction de l’eau. Keyran entra dans son sillage.

"Oui, c’est ça. Il est jaloux, alors qu’il n’y aucune raison !"
« La propriété, je dirai. »
"Mais pourquoi ? Il n’a pas à être jaloux. C’est ridicule !"
« C’est vrai. Une guerrière telle que toi ne devrait pas se laisser enchaîner par un homme. Lui, il a peur... »

Tout en marchant le long de la berge, Lyanna secoua la tête, sans se rendre compte du petit manège de Keyran.

"Je ne sais pas pourquoi il a peur. Je suis bien avec lui, et il le sait … enfin … aujourd’hui, j’ignore s’il le sait vraiment".
« Le problème ne vient pas de toi. Mais de lui. » affirma l’Athosien tout en marchant à ses côtés. « Il veut ton être tout entier dans un monde qui ne fonctionne pas comme ça. Il ne t’a pas dit ? Il a peur que tu le saches. »
"Qu’est ce qu’il ne m’a pas dit ?" demanda-t-elle en fronçant les sourcils.
« Que tu es libre de nature ! » s’exclama-t-il. « Tu peux aimer ton Atlante et, à la fois, approcher un autre. Si la nature et l’envie te le demande, tu as le droit de voir un autre et t’en aller retourner dans les bras de l’Atlante. Sauf que lui...il veut te réserver à lui seul. Et ça n’existe pas, ça. Il t’a menti...il a peur que tu le découvres. Que je te le dise. Voilà pourquoi il est si virulent. »

A mesure qu’elle écoutait les paroles de Keyran, de la stupéfaction passa sur le visage de Lyanna.

"Pourtant, personne d’autre n’a la relation que tu décris !"

Certes, la jeune femme n’avait vu aucun Atlante avoir plusieurs compagnes ou compagnons, sauf ceux qui trompaient. Pourtant, sur sa planète, les mâles n’avaient ils pas plusieurs épouses, même si elles étaient des esclaves ? Lyanna réfléchit aux paroles de l’Athosien. Mais elle finit par secouer la tête.

"Accepter un autre mâle dans ma vie ? Hors de question. Darren a déjà eu beaucoup de chance, et il me plait. Mais je ne laisserais pas un autre m’approcher !"
« Ce n’est pas laisser entrer des hommes dans ta vie. C’est être libre de côtoyer qui tu veux. » rectifia Keyran. « Je peux t’accompagner chez les Athosiens et te montrer. C’est discret mais vrai. Les femmes et les hommes sont tous libres de leurs unions. Il n’y a pas de jalousie parce que tous savent qu’ils ont ce droit. Je peux aimer, être aimé, et plaire à quelqu’un d’autre. »
Il la sonda.
« N’as tu jamais été curieuse de voir si d’autres bras ne te plaisaient pas mieux ? C’est pourtant ta liberté. Et ton mâle n’a pas à en souffrir. »
"Non, jamais. Ca me dégoûte d’imaginer un autre mâle poser les mains sur moi. Et ça me donne envie de frapper quiconque essaierait !"

Les paroles de Darren étaient elles vraies ? Keyran se montrait plus entreprenant depuis le départ du soldat, mais Lyanna ne comptait pas succomber à son charme. Elle l’avait dit à Darren, l’Athosien pouvait toujours essayer s’il avait du temps à perdre. La guerrière secoua la tête, déterminée.

"Non, je n’ai pas envie de ça. Avec personne d’autre que Darren".
« Tu es couverte de chaînes et tu n’en a pas conscience. »
Il la zieuta d’un air navré.
« Tu es pourtant si forte... »
"Je ne suis pas couverte de chaînes. Je hais simplement les mâles ! Sauf Darren !"

Lyanna et Keyran continuèrent de marcher un peu le long de la berge, la jeune femme continuant de repousser les avances de l’Athosien, sans se douter un seul instant que ce dernier ne s’avouerait pas vaincu dans ce domaine.

Deux semaines plus tard...

Il avait beau être militaire, taillé pour résister aux agressions de toutes sortes, il n’en restait pas moins humain et faillible. Si un sentiment le dominait clairement en cette heure, tandis qu’il s’enterrait sur la préparation trop minutieuse de son sac, c’était bien sur cette horrible impression d’échec.

C’était humiliant, blessant et terriblement douloureux.
Darren se sentait impuissant, démuni, face à son rival. Il s’était montré plus malin, très manipulateur, et dénué de mauvaises intentions. C’est ce qui le rendait si dangereux. L’Athosien désirait Lyanna tant physiquement que sentimentalement. Et il ne lui voulait aucun mal. Si Clive avait été rassuré à l’époque parce que la concurrence venait de quelques pervers, ceux qui n’auraient jamais pu lui voler la vedette, Keyran n’était pas de ceux-là. Ses actes étaient douteux de son point de vue. Mais certainement pas répréhensible depuis le regard d’un Athosien.
Le type s’était tout simplement invité dans une forme de compétition que Darren ne parvenait pas à remporter. L’adversaire avait sans cesse un coup d’avance sur lui. Il employait les mêmes techniques, ce qui irritait d’autant plus le militaire.

Darren regrettait ses excès de colère et ses crises de jalousie à chaque fois que le sujet venait sur la table. Ses conseils, ses mises en garde et ses avertissements étaient ignorés par sa compagne qui continuait de le percevoir comme un bon ami. Un confident, presque. Ca l’irritait, ça lui donnait l’impression d’être devenu inutile. Qu’il serait bientôt jeté après lui avoir enseigné les bases. Le délice que procurait le corps nu de sa belle, pressé contre lui ces nuits étoilées, n’avaient alors plus rien de romantique. Comme une torture, la chaleur et le contact rappelait son angoisse dévorante et cruelle de la perdre. Car après tout, en bonne Kirannienne conditionnée pour haïr l’homme, n’aurait-elle pas caché son jeu pour apprendre de lui ? Voir en tout ça une nouvelle arme efficace et radicale pour détruire le genre qu’elle détestait ?
Elle se laissait doucement guider dans le piège appelé Keyran. Et tout ça semblait si naturel que Darren se mettait parfois à douter de lui-même. Il ne savait pas comment gérer ce problème, si bien qu’il s’en détestait.

A chaque fois qu’il tentait le coup, ses interventions se soldaient par de mauvaises disputes sur fond de différences culturelles. A l’issue, Darren se sentait à côté de la plaque, incapable de combler l’incompréhension de Lyanna. Et chez elle, la frustration qu’il causait la jetait encore plus loin dans les bras du fameux Keyran.
Au final...il n’y avait rien à faire…
Il ne pouvait plus engager ce sujet sans risquer de se faire détester.
Contrairement aux couples habituels, Lyanna ne se laissait jamais gagner entièrement. Elle ne s’estimait pas acquise, même si les sentiments les liaient profondément. A chaque pas en avant dans sa conquête, elle s’arrangeait pour en faire un en arrière. Il s’aimait, bien sûr. Mais il y avait en elle cette chose indéfectible, faite de liberté, de colère et de haine. Darren n’était pas prêt à mettre son couple en péril plus que ça. Alors il avait cessé d’aborder le sujet, regrettant de se retrouver dans cette position soumise.

Durant ces deux semaines, il avait capté des retours, des rumeurs. De la part d’autres Athosiens. De Leng qui écoutait plusieurs discussions sur les chantiers. Mais surtout de ses amis du D4 qui entendaient parler de la liaison à venir entre Keyran et Lyanna durant les repas.

Il s’y racontait que l’Athosien lui détaillait l’existence de la polygamie chez diverses cultures et qu’elles étaient très bien acceptées. Bon moyen de pouvoir arracher Lyanna de sa fidélité sans causer trop de remords. Quand April s’était rendu compte de ce que Keyran mijotait, elle avait manqué d’aller lui casser la gueule à coup de casserole.
Darren s’était interposé à contrecoeur pour préserver l’entente entre Athosien et Atlante. Mais le mal était déjà fait. Puisque la route avait atteint le village Athosien, tous avaient reçu la permission d’y passer le week end. Les habitants organisaient un grand banquet en l’honneur de cette réussite et Keyran, bien évidemment, s’était saisi de l’occasion. En temps que supérieure hiérarchique du camp, Lyanna était clairement invitée aux festivités. Le genre d’acte diplomatique qui ne se refuse pas. Keyran lui avait innocemment proposé de lui faire visiter son village. Lui montrer où est-ce qu’il avait appris à se battre.
Après tout, la majorité du camp d’Ishta y serait présent. Il n’y aurait “aucun risque” pour elle.

Echec et mat. Le D4 méritait amplement de pouvoir se reposer ce week-end. Ils avaient abattu un sacré boulot durant tout ce temps, Darren ne comptait pas les retenir. Le soldat leur avait promis que tout irait bien et les avait libéré. Jim, Max et April étaient donc partis camper plus loin dans la vallée.
Idéalement, un organisateur devait rester pour surveiller les installations...c’était naturellement tombé sur lui. Echange commerciaux entre Natus et Athosiens oblige.

Les yeux humides - bien qu’il aurait préféré le pur visage impassible du parfait soldat - Darren regardait souvent en direction de la zone de posée du jumper. Assis devant le feu au centre du camp, le dos calé contre le tronc d’un arbre imposant, il avalait distraitement le contenu de sa conserve de pâtes. Ca n’avait aucune saveur.
Samedi soir, ça se passerait là, au cours de cette nuit. Keyran agirait parce que c’était le moment parfait. Darren aurait fait pareil à sa place. En terrain familier, dans son village, couvert par l’excuse de tout le camp en fête, Darren bloqué aux installations d’Ishta. C’était le moment idéal.

Si Darren regardait souvent vers la zone de posée, c’est parce qu’il calmait son anxiété en se faisant des films. Il imaginait le jumper revenir tardivement, atterrissant à son emplacement habituel. La nacelle descenderait en révélant la silhouette solide de son amante. Elle reviendrait lui dire qu’elle avait compris, qu’il n’avait jamais été question d’amitié.
Par pure fierté, l’Amazone ne prononcerait jamais “Tu avais raison”, même à “son mâle”. Mais elle viendrait alors se blottir dans ses bras et il prendrait conscience que son calvaire venait de s’achever.

Sauf que le jumper ne venait pas…
Il ne viendrait pas…

« Ils dorment. »
Helen Ridding escalada le tronc avec souplesse et se laissa glisser jusqu’au sol. Elle termina assise à ses côtés, ramenant ses genoux pour profiter du feu.
Elle n’était pas venue au village pour des raisons évidentes. La maman fugitive et ses deux enfants continuaient d’être soigné, bien que leur santé s’était grandement amélioré. Et trois pauvres gars avaient reçu un arbre mal coupé sur le pif. Pas de blessés graves heureusement. Une entorse, une épaule démise, et des échardes dans le visage.

La gorge trop serrée, Darren se contenta d’acquiescer en silence.
Helen connaissait l’histoire. Les rumeurs qui circulaient avaient également atteint l’infirmerie.
Elle jeta un coup d’oeil sur la conserve à peine entamée, ce qui lui donna une indication assez réaliste de son état d’esprit.
« Tu sais que si tu ne me parles pas, soldat, je t’envoie chez le psy pour les six mois à venir... » le menaça-t-elle en exagérant la sentence d’un ton comique.
Darren se laissa gagner d’un léger sourire.

Helen insista du regard. Mais puisqu’elle ne brisait pas cette barrière de silence, elle décida d’opter pour une autre stratégie.
Helen Ridding se contorsionna pour retirer de sa poche intérieure un vieux paquet de cigarettes froissées. Elle sélectionna la clope la plus abîmée volontairement qu’elle coinça entre les lèvres du soldat avant de l’allumer. Elle se chargea ensuite d’elle-même.

Au début, Clive était resté immobile, passif, ne sachant pas comment réagir. Puis il vit les effluves danser devant son visage. Le jeune homme aspira par automatisme et ses poumons s’emplirent doucement de nicotine. Immédiatement, il ressentit comme un baume au coeur. Comme si quelqu’un venait de lui déposer une couverture sur les épaules en lui disant de ne plus y penser. Une impression qui le destressait légèrement et qui lui permettait de s’abandonner dans cet exutoire. Darren prit une nouvelle bouffée et ramena la vieille cigarette plus convenablement par simple mouvement de ses lèvres.
Helen avait gagné.

« Hum...la fumée sort, ça rougeoie. Pas de doute : tu respires et t’es vivant. »
« C’est le doc qui parle ? »
« Doc et amie. Le tout sous le couvert du secret médical. C’est le combo gagnant... »

Darren cligna des yeux. Il hésitait encore un peu.
« Ca t’es arrivée de ne plus savoir quoi faire...au point que tu baisses les bras ? »
Elle comprit tout de suite de quoi il parlait.
« Je crois que tu as fait tout ce qu’un compagnon digne de ce nom est sensé faire. Maintenant...la balle est dans son camp. »
Ca ne le rassura pas du tout. Il avait espéré qu’elle lui annonce qu’il ne se passerait rien. Mais ce n’était pas le cas. Darren renifla par le nez. Un barrage semblait s’être effondré, le coup de grâce apporté par le regard insistant du médecin. Il sentit quelques larmes s’enfuir de ses yeux et rouler le long de sa peau.
Il chialait putain ! La honte ! C’était inacceptable...alors il fit des efforts pour retenir la majeure partie des détails incriminants.
« J’ai toujours été fleur bleue, c’est mon défaut. J’envisage pas la vie d’un couple sans un peu de passion... quel con ! Je pensais vivre la fameuse romance que personne ne trouve. »
Helen ricana. Elle retira la clope d’entre ses lèvres pour évacuer la fumée et balancer aussitôt :
« Surtout avec une caractérielle comme celle-là ! Pour la passion, tu aurais pu trouver mieux qu’une bourrine camionneuse ! »
« Les filles trop calme m’ennuient... »
« Bonne touche alors. C’est une folle-furieuse. »

Elle parvint à le faire rire.
Darren fixa encore un peu la zone de posée, distraitement.
« Je suis paumé, Helen. Je me suis posé en prof, pour lui montrer et lui apprendre. C’était une erreur d’avoir profité de ce rôle. D’un côté, je voudrait l’exclusivité et une fidélité sans faille... »
« Sauf qu’elle est de Pégase et qu’elle n’a jamais connu l’attachement jusqu’à ce que tu entres dans sa vie. C’est comme une ado qui se découvre. Tu ne peux pas lui interdire ça. » fît-elle pour essayer de déduire son cheminement de penser.
« C’est ça. Donc, l’autre partie de moi, celle qui ne réfléchit pas avec le coeur, me dit que je ne peux pas la priver de ces expériences. Si je suis le seul à lui apprendre sans lui laisser de libertés, sans laisser les pièges la former. Je ne lui montre rien : je l’endoctrine. Elle ne sera jamais une femme à part entière... »
« C’est un raisonnement sensé, soldat. »

Il chassa une autre larme.
Il se haïssait de se montrer aussi faible. Mais d’un autre côté, il valait mieux que ce soit en face de son médecin plutôt que de son amante. Devant elle, Darren se voulait fort comme l’acier. Affaire de mec.
Mais ça faisait un mal de chien de la voir se faire tenter par un Athosien badass.
« Je sais qu’elle va se faire tenter là-bas. C’est l’occasion parfaite. »
« L’occasion parfaite pour que cette fille fasse son choix, Darren. » rectifia Ridding. « Je ne suis pas un exemple de vertu. Mais je me suis construite comme ça. En faisant l’erreur de m’intéresser aux mauvaises personnes. C’est comme ça que j’ai su que c’était le bon. »
« Le lieut Ridding ? »
Elle fit oui de la tête.
« Tu...l’as rencontré comment ? »
Le médecin ricana.
« Il m’a arrêté et foutu en cellule. »
Ce fut au tour de Darren d’éclater de rire.
« Il t’a prise pour une militaire ? Tu avais mis un treillis ? »
« J’étais militaire. » révéla-t-elle.
Darren en fut tellement surpris qu’il arrêta son geste en milieu de route. Elle reprit aussitôt : « Je me suis fait muter au civil pour pouvoir me marier. »
« Comment tu as su que c’était le bon ? »
« Parce que je n’étais pas sérieuse au début. Quelques disputes avec lui, une petite frustration, j’ai eu envie d’une vengeance et d’un bad boy. C’est que c’est grisant d’approcher ces mecs-là, quand on se dit qu’il ne pourra pas te faire de mal grâce au pouvoir de l’amour. Mais quand ils te collent un pain. Là c’est tout de suite moins fun. »
« Je parie qu’il est intervenu. »
« Dans les plus belles règles de l’art. Procédure, arrestation, taule. J’ai pourtant cru qu’il allait lui foutre son quarante cinq dans le cul. Mais même pas. Il est resté serein et il s’est vengé en ne faisant rien de moins que son job. J’ai eu du mal à me racheter après ce coup-là. Mais j’ai su que mon mari serait le bon. Il est resté intègre...ce n’est pas donné à tout le monde. »

Sacrée histoire songeait Darren.
Il tentait d’y faire un parallèle, s’attendant à ce qu’Helen lui demande comment il avait fait la rencontre de Lyanna. Il en aurait sourit en lui avouant, qu’à l’inverse du lieutenant, il avait fait la connaissance de son hostilité avant la femme qui se cachait derrière.
Les premiers mots de son amante pour lui avait été “COMMENT OSES-TU, M LE ?!?”.
Mais le médecin annonça autre chose.
« Je sais que tu l’as prévenu Clive. Alors ne te mets pas dans des états pareils. Tu as fait ce qu’il fallait. »
« C’est plus fort que moi. J’ai survécu à des tas de menaces. Je me suis fais tirer dessus par des Wraiths, des Geniis et que sais-je d’autre. J’ai failli crever quatre ou cinq fois. Mais c’est vraiment la première fois que je me sens aussi nul. La savoir là-bas, peut-être entre les bras de ce fumier...c’est pire que de se faire bouffer par un Wraith. »
« Parce que t’es amoureux. Et l’amour, c’est parfois la merde... »
« Bien reçu, captain Obvious. »
« Je suis sérieuse. » ponctua-t-elle en jetant machinalement son mégot dans le feu. « Ne rumine pas là-dessus. Si cette fille est intelligente, elle va très vite revenir vers toi. »

Helen se leva, préférant en revenir à la surveillance de ses patients.
« Si elle ne revient pas ? »
Elle lui sourit.
« Ca veut dire que ce n’était pas la bonne. »
La jeune femme lui bourra l’épaule et s’en alla.
« Occupe toi l’esprit, soldat. C’est mon ordonnance ! » lâcha-t-elle par dessus son épaule.

Darren demeura devant le feu un certain temps, bien après que le mégot brûlant soit resté entre ses doigts tandis qu’il repassait les conseils d’Helen Ridding. Il en vint effectivement à se dire que c’était ridicule d’attendre là, comme un chien abandonné, le retour de son maître. Il prit son sac, son P90, vérifia son gilet de protection, puis il sécurisa le camp. Certain qu’il n’y avait pas de menace, il resta en contact radio avec le médecin et poursuivit ses rondes. C’était peut-être inutile. Mais cet environnement qu’il maîtrisait lui offrait un sentiment rassurant.
Il faisait quelque chose.
Il cessait de ruminer.

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Mer 21 Oct - 21:47

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


Pendant ce temps là, au village Athosien …


Lyanna se tenait debout, restant en retrait, pendant que la fête battait son plein malgré l’heure tardive. Les Athosiens étaient joyeux et partageaient leur repas avec les volontaires qui ont travaillé dur pour bâtir cette route qui mènerait jusqu’à leur chez eux. La moitié du travail était fait, et tous célébraient cela. Quant à la guerrière, elle ne savait pas comment réagir, ni ce qu’elle faisait là. Darren était resté au camp pour le surveiller, et les amis de ce dernier avaient pris un peu de repos. Lyanna était seule avec ces gens. Avec ces femmes. Mais aussi avec ces mâles qu’elle n’approchait pas. L’idée d’aller au jumper pour retourner au camp lui effleura l’esprit, mais pouvait elle s’éclipser alors que cette célébration était faite en partie pour elle ? Elle se sentait coincée. Darren lui manquait, mais elle ne pouvait pas partir sans une bonne raison. Les bras croisés sur sa poitrine, la guerrière ne bougea pas, restant dans son coin à observer ce qui se passait. Depuis son arrivée, Keyran lui avait fait visiter son village, il avait passé beaucoup de temps avec elle, comme au camp. Mais maintenant, elle ignorait quoi faire. Ni que penser de tout cela. D’un côté, elle aimait Darren. De l’autre, elle sentait une certaine attirance pour Keyran, sans l’avoir voulu ou contrôlé, ce sentiment. A force de le côtoyer, la jeune femme s’était involontairement rapprochée de lui. Et comme les Athosiens lui avaient expliqué que, dans Pégase, la notion de polygamie était courante, voir même normale, la guerrière se sentait tiraillée intérieurement. Pouvait elle céder et être avec deux mâles ? C’était une idée inconcevable, et pourtant, Keyran la menait tout droit sur ce chemin là. Il était très doué pour ça.

La voyant seule, le guerrier s’approcha de Lyanna, s’assurant qu’elle le voyait venir pour ne pas être surprise. Depuis qu’ils se connaissaient, il avait appris à faire attention à ses réactions. Il savait parfaitement que la jeune femme détestait les hommes, alors il prenait soin de contourner cette haine pour mieux l’approcher et gagner son coeur. Et il y arrivait comme Darren avait réussi à le faire. Il était parvenu à avoir des contacts physiques sans se prendre un coup, comme une simple caresse sur la joue, ou prendre sa main dans la sienne. Keyran ne cherchait pas à manipuler Lyanna, ni à lui faire du mal. Il était simplement tombé amoureux, et il voulait l’avoir à ses côtés. Comme Darren n’était pas là ce soir, il comptait bien en profiter pour se rapprocher d’elle davantage.

« Tu ne veux pas participer aux festivités ? Tu y es pourtant mise à l’honneur. »

"Je ne suis pas à l’aise avec eux. Je préfère rester à l’écart. Il y a trop de mâles pour que je m’amuse".

Keyran resta silencieux quelques secondes. Il ne chercha pas à obliger Lyanna à venir festoyer avec les siens. S’il voulait profiter de l’avantage qu’il avait, il savait parfaitement que la mettre mal à l’aise ne sera pas une bonne solution.

« Si tu veux, nous pouvons aller marcher un peu. Il y a un endroit très beau, pas loin d’ici. Je peux te le faire découvrir si tu en as envie. »

La jeune femme regarda le guerrier en fronçant les sourcils, avant de reporter son attention sur les Athosiens qui parlaient, riaient et mangeaient. Elle ne voulait pas les rejoindre, mais elle ne voulait pas rester là, immobile, sans rien faire. La proposition de Keyran la convainquit, et elle acquiesça d’un hochement de tête. Un doux sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme, et il tendit sa main vers elle. D’abord hésitante, Lyanna finit par la prendre, pour le plus grand plaisir de Keyran qui appréciait ce simple contact, cette marque d’affection. Lui aussi, tout comme Darren, parvenait à dompter l’animal sauvage que la Kiranienne était. Marchant l’un à côté de l’autre, ils discutèrent un peu, parlant de tout et de rien. Ils arpentèrent les ruelles désertes du village, avant de quitter ce dernier. Keyran entraîna la guerrière sur un chemin de terre, et après quelques minutes, il bifurqua dans la forêt. Lyanna était intriguée, une part d’elle ne voulait pas le suivre car elle ignorait ses intentions. Mais le jeune homme savait comment faire pour gagner sa confiance. En douceur et avec patience. Il finit par l’intriguer suffisamment pour qu’elle le suive, et il l’emmena jusqu’à un petit lac. Comparé à celui qui bordait le camp d’Hishta, celui était minuscule. Pourtant, la lune étant haute et pleine dans un ciel sans nuage, éclairant toute la zone, ce lieu était magnifique. Comme l’avait dit Keyran.

Lyanna s’approcha de la berge, fascinée par ce spectacle. Cet endroit était calme, on entendait seulement quelques bruits d’animaux qui passaient par là. Keyran s’avança pour se placer derrière la jeune femme, son regard détailla son corps des pieds à la tête. La Kiranienne avait décidé de se vêtir avec ses propres vêtements, plutôt que d’adopter la tenue Atlante qu’elle portait toute la journée. Alors le jeune homme en profitait pour l’admirer. Avec douceur, il posa sa main sur l’épaule de Lyanna, et laissa ses doigts descendre lentement le long de son bras, la caressant avec tendresse. Son autre main se posa sur sa hanche, touchant sa peau chaude. Ses gestes étaient doux, il faisait attention à ne pas brusquer la guerrière, notamment lorsqu’il la sentit se raidir. Puis, il attendit qu’elle se tourne et il l’embrassa avec délicatesse, surveillant ses réactions. D'abord surprise, Lyanna voulut reculer ou le repousser. Mais sa curiosité fut la plus forte. Elle ne connaissait que Darren, et sentir les lèvres de Keyran sur les siennes étaient tout aussi agréable, bien que ce baiser était différent. Elle ferma les yeux et profita de cet instant. Elle était Pégasienne, et elle découvrait tout ça. Sentant son consentement, Keyran approfondit son baiser, tout en enlaçant son corps pour le plaquer contre le sien. Au fond de lui, il avait gagné l’affection de Lyanna, il avait pris Darren de vitesse. Et très bientôt, il aurait la jeune femme pour lui tout seul, son rival serait vite écarté.

Après de longues secondes, l’homme stoppa son geste pour laisser Lyanna respirer et se remettre de cet instant. Il avait usé de douceur et de tendresse pour l’apprivoiser, lui montrer qu’elle pouvait avoir confiance en lui, qu’il n’était pas un mâle comme les autres Pégasiens qu’elle avait rencontré. Et lentement, il sentit la jeune femme se détendre contre lui. Une autre victoire pour lui. Un sourire sur les lèvres, Keyran caressa sa joue, plongeant ses yeux dans les siens comme pour l’envouter. De son côté, Lyanna se sentit étrangement bien. Cette sérénité, elle la ressentait également avec Darren. Keyran lui avait démontré qu’il n’était pas une brute et qu’elle pouvait avoir confiance en lui. Ses défenses cédèrent lentement, et peu à peu, elle se laissa gagner pour ces nouvelles sensations.

« Nous devrions rentrer, il se fait tard. Nous repartons demain matin pour ton camp, à l’aube. Tu devrais dormir. »

"Tu as raison. Je commence à fatiguer".

La dévorant du regard, Keyran reprit sa main dans la sienne, et la ramena jusqu’au village. Il l’accompagna jusqu’à la maison qui lui servait de toit pour la nuit. Sauf que, au lieu de partir, il la suivit à l'intérieur, jusqu’à sa chambre. Bien qu’il ne voulait pas précipiter les choses pour ne pas effrayer la jeune femme, le guerrier avait envie de rester plus longuement avec elle. Il l’embrassa à nouveau, avec plus de passion cette fois. Lyanna se laissa faire, blottie contre son corps, envahie par cette agréable sensation qu’elle avait déjà ressenti. Elle aurait pu dire à Keyran de la laisser seule, mais une part d’elle ne le voulait pas. Elle se sentait bien dans ses bras. Le jeune homme devint alors plus fougueux, et avec douceur mais fermeté, il incita Lyanna à s’allonger sur le lit, venant près d’elle pour poursuivre cette étreinte. Sa main se posa alors sur la cuisse de la guerrière, et la caressa doucement tout en continuant de l’embrasser. Ses doigts remontèrent le long de son corps, et se posèrent sur sa poitrine, la massant à travers le cuir de son haut. Lyanna soupira à ce contact, elle frissonna contre la jeune homme, les yeux fermés en se laissant faire, ressentant du plaisir.

Encouragé, Keyran commença alors à défaire les lacets de son corsage, et écarta le vêtement pour délivrer et caresser son sein nu. Cependant, Lyanna se raidit au même instant. L’image de Darren passa dans son esprit, et elle repoussa la main de Keyran.

"Non … pas ça ..."

Keyran arrêta son geste, et regarda Lyanna en fronçant les sourcils, ne comprenant pas sa réaction de rejet alors que la soirée avait si bien commencé. La jeune femme ressentit un sentiment de honte à cause de ce qu’elle était entrain de faire. Flirter avec le guerrier lui avait semblé si naturel, mais maintenant que les choses devenaient sérieuses, que Keyran explorait son corps, Lyanna avait l’impression que ce qu’elle faisait était mal. Elle se rendit alors compte qu’elle n’avait pas envie de connaître cette notion de “polygamie”. Non. Il n’y avait que Darren qui comptait pour elle. Etre avec Keyran de cette façon lui faisait du mal. A elle. Mais aussi à lui. A Darren qu’elle aimait par dessus tout. Cette aventure lui fit prendre conscience qu’il n’y avait que lui qui comptait pour elle.

« Que se passe-t-il ? »

"Je … je ne veux pas ..."

Keyran soupira discrètement, et il se redressa pour laisser Lyanna faire de même. Celle ci referma son corsage, évitant de regarder l’Athosien.

« J’ai été trop vite, c’est ça ? »

"Non, ce n’est pas toi. C’est juste … moi … je n’ai pas envie de ça !"

« De ça ? Tu veux dire, de moi ? Lyanna, je t’ai déjà dit que tu pouvais avoir ce que tu voulais. Tu n’as pas à t’enfermer dans les règles Atlantes qui ne sont pas les nôtres … les tiennes. »

"Je sais. Mais, c’est lui que je veux. Et seulement lui".

Lyanna ferma les yeux quelques secondes, puis elle regarda Keyran.

"Je suis désolée, je ne peux pas !"

Le guerrier secoua la tête, la mâchoire crispée. Lui qui pensait avoir réussi à ravir le coeur de la belle, il tombait de haut. L’amour de Lyanna pour Darren était bien trop fort pour qu’il réussisse à l’effacer. Et là, il la perdait face à son rival.


« Ne t’excuse pas, tu as fait ton choix. C’est dommage, j’aurais pu te rendre heureuse. Bien plus que lui car je te comprends mieux. »

Lyanna soupira, et baissa les yeux. Keyran avait peut être raison, mais Darren l’avait prévenu. Le guerrier s’était rapproché d’elle non pas par amitié, mais parce qu’il voulait être avec elle. La jeune femme ne reconnaitrait pas qu’un mâle puisse avoir raison, mais son coeur était tourné vers Darren, non vers Keyran. Elle le savait maintenant. Lyanna se leva brusquement, ce qui surprit Keyran.

"Je … je vais y aller … je n’ai pas ma place, ici".

« Lyanna, attends ?! »

Mais Lyanna sortit de la maison, et prit la direction du jumper d’un pas précipité. Keyran s’arrêta sur le pas de la porte, et regarda la jeune femme s’éloigner. Il ne lui courut pas après pour l’empêcher de partir, car il savait qu’il ne parviendrait pas à se rapprocher d’elle. Il avait tenté sa chance, il avait échoué. Il aimait cette femme, il l’adorait, et même si c’était difficile de ne pas l’avoir près de lui dans l’intimité, il se refusait à la voir souffrir parce qu’elle ne savait pas qui choisir. Alors, il la laissa partir. Lyanna se précipita dans le jumper, et ordonna au pilote de la ramener au camp. Elle voulait être auprès de Darren, elle avait besoin de lui. L’attente lui parut interminable. Et lorsque le vaisseau se posa dans la clairière, la jeune femme sortit à l’extérieur, et elle regarda autour d’elle, cherchant le militaire du regard, ignorant s’il était éveillé ou non vu l’heure avancée de la nuit.

C’était la nuit blanche pour Darren.
Persuadé que son rival tenterait le tout pour le tout ce soir là, que l’avenir de son couple se jouait dans le village Athosien, il lui était complètement impossible de trouver le sommeil. Pour échapper aux bouffées d’angoisses et ses idées farfelues, comme aller surprendre Keyran et Lyanna dans les draps en donnant du fusil, le soldat se réfugiait dans un environnement familier.

Entièrement équipé, il patrouillait en cercle autour du camp dans les petits chemins en bordure. Il évitait de faire du bruit pour ne pas inquiéter la fugitive ou ceux de l’infirmerie. Pendant ce temps là, il ne cessait de gamberger. Au début sur rien...puis ça le ramenait souvent à son couple.

Darren marchait.
Il marchait sans arrêt, jetant régulièrement des coups d’oeil comme s’il s’apprêtait à découvrir des hostiles embusqués. Au moins, ça calmait ses angoisses, même si ses pensées étaient encore tournées vers l’élue de son coeur. Sans savoir pourquoi, il se remémorait les circonstances de leurs rencontres.

Max l’avait contraint à s’inscrire sur un appel au volontariat pour une mission banale. Etrangement, alors qu’une exploration ouverte à n’importe qui donnerait lieu à une émeute, personne ne s’arrachait ces places. Juste un nom sur le formulaire : L - Y - A - N - N - A.
Et c’était visiblement suffisant pour faire fuir tout le monde...sauf lui.
Oui, ça avait été une rencontre explosive.
Il y avait toujours eu des ragots sur le compte de la “sorcière”, tant elle était infernale. Mais il ne savait pas qui elle était, ce qui l’avait amené à se comporter comme ça. Darren avait lu des bouquins peu représentatifs sur les Amazones. Et lorsqu’il s’était radiné en lui disant bonjour, la main tendue, les premiers mots sortis de la bouche de cette ravissante guerrière étaient : COMMENT OSES-TU, M LE ?!?

Les premiers mots pour Darren Clive…

Sans Teyla pour l’aider à adapter son discours, ça n’aurait probablement jamais marché.
Parlons-en de Teyla, d’ailleurs. Après avoir été libérée et lavée des fausses accusations, elle s’était rendue en salle de conférence pour remercier le binôme. Leur apprendre que toutes les charges avaient été levé. Elle avait probablement hâte de voir comment ils s’en étaient sortis. Elle se préparait sûrement à féliciter Lyanna pour avoir supporté Darren durant une mission compliquée, pendant cet isolement forcé.
Mais le premier mot s’était étranglé dans sa gorge lorsqu’elle les avait découvert, tous deux enlacés, en train de s’embrasser passionnément.
Sacré changement entre l’avant et l’après, un mois plus tard.

Darren se laissa gagner par un sourire nostalgique.
Au moins, sa rencontre ne s’était pas faite de manière classique, façon “on prends un verre et plus si affinité”. Ca s’était fait à la longue.
Au combat, dans le sang et les larmes. Au fil des blessures qu’ils s’étaient soignés l’un l’autre. Et de ce fameux baiser qu’il avait donné par simple défi personnel : le plaisir presque machiste d’avoir collé ses lèvres sur la femme la plus agressive de la cité.
Et paf ! L’explosion, l’inattendu, la surprise.

C’est tout ça qu’il risquait de perdre ce soir.
Plus le temps passait et plus il se faisait une raison. Darren ne pouvait pas lui imposer de vivre à la façon Atlante alors qu’elle commençait tout juste à savoir ce qu’était l’amour. Dans son monde, la survie ne s’excerçait que par le viol des uns et des autres. Des femmes trophées dans le clan des barbares. Des esclaves chevauchés chez les Amazones.

Il soupira, tiraillé entre cette logique réaliste et son coeur qui l’appelait au scandale.
Quand il entendit le bruit du jumper, alors en phase d’atterrissage, le soldat se raidit brusquement.
Lyanna ? Se disait-il, dans un sursaut.
Non. Impossible. Elle n’aurait pas abandonné son poste, son rôle, trop craintive de son idée fixe d’un lieutenant Ridding à l'affût d’une erreur pour la virer.
Un blessé alors ? Il serait extrait d’urgence par Hélène ?
Non...elle ne l’avait pas appelé.

Conservant tant bien que mal un semblant de calme, Darren bifurqua sur le petit chemin pour revenir au camp. Il atteignit l’ouverture dans le bois, dernier écran visuel avant le camp d’Ishta et ses installations. Une forme seulement dans le noir. Une silhouette droite, solide et caractéristique qu’il reconnut sans mal.
« Lyanna... »

C’était bien elle.
La pleine lune lui offrait suffisamment de détail pour la reconnaître. Surtout dans sa tenue de Xéna. Elle était là, elle le cherchait du regard, ce qui déclencha une dernière bouffée d’angoisse chez le militaire.
Ca y est, c’était l’heure.

Tandis qu’il s’approchait furtivement, il passait en revue les multiples scénarios. Parmi les plus probant, elle venait lui annoncer avoir couché avec Keyran. Elle pousserait le vice jusqu’à se confier, lui décrire ce qu’elle avait aimé, ce qu’elle avait détesté, sans même voir le mal.
Sinon...elle venait pour lui…pour lui dire qu’elle avait choisi son mode de fidélité.
Mais il ne préférait pas opter pour tant d’optimisme.

Le fait qu’elle se soit retirée des festivités en laissant les convives sans surveillance prouvait que quelque chose s’était passé. Darren n’était pas sûr de vouloir l’apprendre. Là, en cet instant, en se disant qu’il saurait d’un simple regard si son couple survivrait ou non, il avait envie de s’enfuir, de s’enterrer dans un trou de combat, de disparaître purement et simplement.
Le jeune homme prit une petite inspiration et s’engagea dans le camp, allant à sa rencontre. Il ne fuyait jamais un combat. Il ne tournait jamais le dos à une menace. Darren Clive était une tête brûlée.

Sur le chemin, sa ranger brisa une brindille en bois quelconque. Le conditionnement militaire de Lyanna s’exerça sur le champs. Pour un peu, il aurait même pu distinguer l’oreille de sa compagne réagir à ce stimulus sonore pourtant léger. Elle avait entendu ce craquement et, probablement par réflexe, elle regardait dans sa direction. Elle le voyait s’approcher d’un pas traînant. D’abord hésitant...puis ensuite d’un pas plus assuré.

Vêtu de son uniforme, gilet tactique, P90 et sac à dos, on aurait cru qu’il revenait d’une manoeuvre. Darren se montra plutôt froid, peu souriant, le visage bloqué dans une grimace qui se voulait pleine d’assurance.
Le militaire vint à la hauteur de Lyanna. Il s’arrêta à un mètre pour la toiser sans émotion, comme lorsqu’un instructeur lui gueulait dessus et qu’il attendait simplement que ça passe. Bonjour l’ambiance, un accueil des plus chaleureux.

D’un simple échange de regard, Lyanna pouvait déduire qu’il savait...il savait que Keyran avait profité de la soirée pour tenter le coup. Il savait qu’elle avait été tentée pour de bon. Que ses avertissements s’étaient concrétisés.

Le silence du soldat dissimulait mal le trac qui lui bouffait les entrailles.
Mais finalement, puisque personne ne semblait pouvoir engager directement une conversation, vu la tension, Clive opta pour une alternative. Quelques tics nerveux ponctuèrent le pourtour de son oeil droit. Il ouvrit la bouche, sa voix se déforma de nervosité, alors il la ferma. Le jeune homme se racla la gorge avant de refaire un essai, cette fois un faible sourire ponctuant un air sincère :

« On déserte ses troupes, Amazone ? C’est lâche... » déclara-t-il sur un ton mesquin, le même qu’il usait à chaque fois qu’il la chambrait. Qu’il la taquinait.
Bref, ce qu’elle supportait souvent de son humour et qu’elle qualifiait régulièrement d’exaspérant.


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Lyanna
Guerrière
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Mer 21 Oct - 22:01

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Lyanna avait bien vu que quelque chose n’allait pas chez Darren. Ce dernier se montrait plutôt distant et froid lorsqu’il l’avait approché. La tension était palpable entre eux, et comme aucun n’osait parler en premier, le militaire finit par faire le premier pas. Nerveusement d’abord, puis plus assuré, avec un faible sourire. Lyanna elle, ne sourit pas. Elle avait honte, mais elle ne voulait pas le reconnaître à voix haute. Son amant la taquinait, mais contrairement à d’habitude, elle ne se lança pas le jeu en lui répondant sur le même ton. Elle se contenta simplement de secouer la tête, de la tristesse se lisant dans ses yeux.

"Je me fiche des troupes !"

Au ton de sa voix, on pouvait deviner que quelque chose n’allait pas. Lyanna avait voulu retrouver au plus vite Darren. Elle avait besoin de lui, de sa présence, de l’entendre, comme pour se rassurer à l’idée de n’avoir rien gâché entre eux. Le soldat l’avait prévenu, la jeune femme n’avait rien voulu entendre. Et bien qu’elle se soit laissée tenter par Keyran, elle avait fait son choix. Sans attendre, Lyanna s’avança vers Darren, et vint se blottir dans ses bras, posant sa tête dans le creux de son épaule, les yeux fermés. Elle ignorait comment le militaire allait réagir, elle espérait qu’il ne la repousse pas, après ce qui s’était passé.
Un peu surpris par la réaction immédiate de sa compagne, Darren n’avait pas bougé au début. Il avait envie d’être de mauvaise foi, de faire la forte tête. Il en avait marre d’être le copain qui réfléchissait. Il avait envie, pour une fois, de faire comme tout le monde en réagissant d’instinct au sentiment. Un peu salaud, et carrément jaloux, il lui aurait demandé d’un air aigre : “Quoi ? Il a visé le mauvais trou ?”.

Heureusement, ce n’était qu’une envie passagère et, déjà, la chaleur de Lyanna le couvrait. Au contact, il sentait déjà son parfum naturel, la texture de ses cheveux, sa façon qu’elle avait de l’enlacer en cherchant le creux de son épaule. Non seulement ça lui avait manqué ; mais sentir qu’elle était nerveuse et triste chassa temporairement sa mauvaise humeur.

"Je voulais revenir au plus vite … je voulais être avec toi !"

Il y répondit par le geste en refermant ses bras autour d’elle. Il resserra son étreinte, la compressant délicatement contre son torse. Le soldat ramena son visage contre elle, sa joue caressant ses cheveux bruns. Une étreinte comme ils en partageaient souvent et dont ils étaient rarement lassés. Lyanna fut rassurée de sentir l’étreinte du militaire sur elle. La guerrière se laissa aller contre lui.

« Je suis là, guerrière. » affirma-t-il, lui laissant comprendre que son souhait s’était réalisé, qu’elle n’avait rien à craindre. Mais il savait bien que quelque chose s’était passé. Ca le révulsait de devoir creuser le sujet parce que, craignant d’en souffrir, il ne voulait pas savoir. Il ne voulait rien savoir mais...c’était sa compagne...sa femme. Elle avait mal, semble-t-il. Alors il devait connaître l’affaire.
D’une voix qu’il espérait moins dure, il ajouta après un petit moment de silence. Un moment qui avait semblé une éternité et qui lui coûtait d’interrompre :
« Il ne t’a pas fait de mal ? »
"Si c’était le cas, il serait déjà mort !"

Lyanna était toujours égale à elle même. Elle parvint à arracher un sourire au soldat. Ca ne lui aurait pas déplut qu’elle étripe ce type dès qu’il avait commencé son petit jeu de touche-pipi. La jeune femme resta silencieuse quelques secondes, avant de se séparer de Darren pour pouvoir le regarder. Elle secoua la tête, sachant que ses paroles n’allaient pas plaire au soldat.

"Non, Keyran s’est montré très doux et très gentil, mais ..."

La guerrière se mordit la lèvre en détournant les yeux. Elle ne savait pas si elle devait raconter à Darren ce qui s’était passé, ou garder tout ça pour elle. Mais si elle se taisait, le militaire n’allait il pas croire des choses qui ne s’étaient pourtant pas passé ? Tandis que la jeune femme cherchait ses mots, Darren s’écarta doucement et l’invita à le suivre pour marcher un peu. La réponse de Lyanna le rassurait. Mais elle résonnait également, pour Darren, comme un compliment qui le dépouillait davantage de ce qu’il savait offrir. C’était lui qui se montrait doux et gentil. Une nouvelle fois, il se fit violence pour ne pas réagir bêtement. Côte à côte, ils quittèrent le camp pour arpenter un petit chemin dans les bois. Lyanna prit une grande inspiration, avant de se lancer avec un peu d’hésitation. Pendant ce temps, il évitait de la toiser, comprenant qu’il ne lui rendrait pas service.

"Ces derniers temps, on s’est beaucoup rapprochés. Il m’a montré son village, j’ai rencontré des Athosiens qui m’ont parlé des relations multiples chez les Pégasiens. Avec Keyran, j’ai passé beaucoup de temps, et c’était agréable. Enfin, je veux dire ..."

“Ces derniers temps, on s’est beaucoup rapprochés...”
« ***Bah tiens, quelle surprise…*** »

“Il m’a montré son village...”
« ***Entre autre chose…*** »

“M’ont parlé des relations multiples chez les Pégasiens...”
« ***BANDE DE BATARDS !!!*** »

“Avec Keyran, j’ai passé beaucoup de temps, et c’était agréable.”
« ***Il est chargé mon flingue ?*** »

Lyanna n’osa pas affronter Darren du regard. Elle se doutait que ses paroles allaient le blesser, mais elle voulait être honnête avec lui.

"J’étais curieuse, je voulais être comme les autres Pégasiens. On a beaucoup discuté, et on s’est embrassé … j’ai aimé ça. C’était différent d’avec toi, mais c’était tout aussi agréable. Mais quand il a voulu … enfin … tu vois … je n’ai pas pu !"

“J’étais curieuse, je voulais être comme les autres Pégasiens...”
« ***Tu m’étonnes ! On bouffe dans toutes les assiettes avec eux...*** »

“On a beaucoup discuté, et on s’est embrassé...”
« ***PUTAIN, FUMIER DE SALE FILS DE...*** »

“...j’ai aimé ça.”
« ***Encore pire...*** »

“C’était différent d’avec toi, mais c’était tout aussi agréable..”
« ***Je veux mourir...*** »

La Kiranienne s’arrêta un instant, et elle soupira en fermant les yeux, tout en secouant légèrement la tête. Pris dans ses commentaires personnels, Darren avait fait quelques pas de plus, s’arrêtant sans oser se retourner. Il craignait d’entendre la conclusion.

"Je ne pouvais pas faire ça. Aller plus loin avec lui. Quand il m’a caressé, j’ai tout de suite pensé à toi. Et … j’ai compris que je voulais être avec toi. Et pas avec un autre. Seulement toi ! Alors, je suis partie. J’ai tout abandonné pour te retrouver !"

Les aveux de Lyanna lui arrachait le coeur.
Sans logique, par mélange de colère et de jalousie, il trouvait ça injuste. Il avait l’impression qu’elle le broyait, qu’elle le piétinait, prenait plaisir à le voir se battre, cherchant à conserver une contenance. Mais encore une fois, il essayait de réagir logiquement, de réagir bien. C’était trop facile en son sens d’aller tester ailleurs et de revenir la gueule enfarinée. Mais combien de fois s’était-il attardé sur le contexte qui entourait Lyanna ?

Elle ne s’excusait pas pour son comportement. D’ailleurs, elle ne voyait probablement pas la faute. Mais elle était là, à se justifier, d’une voix qu’il ne lui avait jamais connu. Le timbre de la femme forte, puissante, la tueuse d’homme sans remords. Mais avec un air de tristesse et de culpabilité.
Lyanna avait peur. De le perdre malgré avoir obtenu la certitude qu’elle n’était pas intéressée, qu’elle ne voulait pas faire “comme les autres Pégasiens”.

Le coeur de Darren tambourinait à tout rompre. C’était dur de rester calme, de conserver une mine résolue et solide, contrôler une respiration qui ne demandait qu’à s’emballer. Mais s’il y avait quelqu’un qui devait être solide et déterminé, c’était bien lui. C’était le moment de montrer que, lui aussi, ne serait jamais pleinement acquis. Que si elle voulait rester avec lui, continuer d’apprendre, de découvrir, de recevoir attentions, surprises et bienveillance : il fallait le mériter.

Il prévoyait beaucoup de choses, simplement parce qu’il avait le béguin. Des projets un peu plus sérieux pour eux deux. Mais ça demandait certains ajustements. Comme le fait que cette guerrière grincheuse et imbutable à l’extérieur...ne portait pas la culotte dans le couple.

Darren ne faisait pas un complexe d’infériorité ou une bêtise du genre.
Il ne se montrait pas opportuniste. Il voulait simplement qu’elle comprenne que cette fois ne devait pas se répéter si elle voulait savoir ce qu’était un vrai couple. Pas les ménageries Athosiennes.

« Tu sais, si j’avais connu ce moment avec un membre de mon peuple, j’aurai arrêté. » lui expliqua-t-il simplement en se retournant enfin, s’approchant d’elle. « Mais toi, je ne peux pas t’en vouloir de t’intéresser. Tu découvres, tu apprends une grande partie cachée de ta vie. Tu n’es plus qu’une simple guerrière, tu es aussi une femme. »
Il serra la mâchoire.
« La mienne, pour l’instant. »

Dans un petit rappel au passé, il pinça de son index et l’annulaire la mèche droite de sa coiffure, la lissant tout du long. Un monstre lui avait balancé un trait tellement proche de son visage que ses cheveux en avaient fait les frais. Il s’était amusé avec depuis, comme une petite subtilité, un détail inhabituel et pourtant charmant. Les premiers détails séducteurs qui l’avaient attiré. Lyanna le laissa faire, elle aimait quand le soldat jouait avec sa mèche de cette manière. Avec hésitation, elle consentit à lever les yeux pour le regarder.

« Tu mérites de pouvoir explorer ce nouveau monde fait de sentiments. Il y a de belles trouvailles, de très mauvaises. Des manipulateurs et des gens biens. J’imagine que Keyran est de ces derniers. Ces expériences, ça te permettra de t’épanouir. »
Il soupira.
« Mais je ne pourrais pas, chérie. Je suis amoureux de toi...et quand tu regardes ailleurs, ça me fait plus mal qu’une balle de fusil. Si tu choisis de rester avec moi... »
Darren ne termina pas sa phrase. Il glissa sa main le long de sa joue, accueillant la ligne de sa mâchoire dans le creux de sa main tandis qu’il lui offrait cette caresse aimante.
Il fallait qu’elle réfléchisse bien. Il ne supporterait pas le prochain Keyran venu, il le sentait.

Lyanna comprit la fin des paroles de Darren. Ce dernier lui avouait ressentir de la douleur lorsqu’elle avait regardé Keyran. La jeune femme s’abstint de dire qu’elle avait ressenti la même chose lorsque d’autres femmes avaient tourné autour du soldat. Elle comprenait ce qu’il ressentait en cet instant. Elle resta silencieuse quelques secondes, puis elle s’approcha et l’embrassa tendrement. Ses lèvres lui avaient beaucoup manqué, alors qu’elle avait failli perdre son amant. Elle savoura ce baiser. Celui-ci avait une plus grande importance. Plus profond, plus symbolique, comme s’il représentait la fin de leurs disputes. La fin de cette épreuve déstabilisante. Un pardon réciproque qui valait plus que des mots. Ca avait manqué à Darren également.
Depuis que Keyran avait menacé son couple, les baisers lui avait semblé sans saveur. Le contact de Lyanna contre son corps, lorsqu’ils dormaient, un signal d’alarme éternel.

Maintenant, à cet instant, c’est comme si un barrage venait de rompre. Il retrouvait la saveur et le plaisir d’un baiser de sa compagne. La façon qu’elle avait de soupirer, de se pencher légèrement sur le côté, de se presser contre lui pour avoir le contact. Tout ça lui avait horriblement manqué et le soldat n’eut qu’une envie : l’accompagner au lit conjugal.

Il lui aurait prouvé combien il l’aimait d’un millier de façons. Puis il passerait la nuit entière l’un contre l’autre, avec la certitude de ne jamais se quitter.
Parce qu’il répondait un peu trop impulsivement au baiser, Lyanna fût contrainte de stopper son geste pour reprendre son souffle, les yeux fermés, son front posé contre le torse de Darren. Il la serra d’autant plus fort contre son coeur.

"Je veux être avec toi, pas avec un autre ! Je n’aime que toi !"
« Je t’aime aussi, Lyanna l’Amazone. On n’en trouve aucune autre dans tout Pégase... » lui souffla-t-il.
Le jeune homme lui frictionna le dos. Puis il se détacha légèrement pour la regarder.
« Maintenant...tu vas remonter dans ce jumper...et retourner dans le camp Athosien. » lui annonça-t-il à contrecoeur.
Il aurait clairement préféré passer la nuit avec elle, loin de Keyran, loin du projet route. Une nuit en couple, où il ne lui aurait pas fait regretter de l’avoir choisi. Hélas, ils étaient adultes. Ils avaient des responsabilité.

Bien entendu, Lyanna ne l’entendait pas de cette oreille, et elle secoua la tête. Elle se fichait de la mission en cet instant. Elle voulait rester avec Darren.

"Je n’ai pas envie d’y retourner. Je veux rester ici, avec toi !"

Darren lui caressa doucement le visage, lui déposa un baiser fugace sur le bout des lèvres.
« J’irai nulle part. Tu vas reprendre ton rôle de chef. Et demain, je serai là à t’attendre. Quand on en aura fini avec cette maudite route...je t'emmènerai avec moi. On partira en vacances, juste tous les deux. Du repos ma belle. De la tranquillité... »

Lyanna soupira, résignée à devoir retourner au village Athosien, car Darren avait raison. Son départ pouvait lui attirer des ennuis. Si Ridding apprenait qu’elle avait délaissé son équipe, le laissant seuls sans chef, pour aller retrouver son amant, elle aurait de gros problèmes. La jeune femme n’aimait pas cette idée, elle avait hâte que tout ça se termine.

"D’accord … je vais y retourner, même si je n’en ai pas du tout envie".
« Fais-le pour moi, belle plante. » insista le jeune homme en la serrant contre lui.
« Sinon je vais chanter... »

Un sourire se dessina sur les lèvres de Lyanna. Cette conversation avait eu le don de la tranquilliser et d'apaiser ses craintes.

"Je crois que cette fois, je voudrais t’écouter chanter si ça me fait rester près de toi".
« ALORS JE TE PRENDS A LA LETTRE !!!! » s’exclama soudainement Darren.

Avant même qu’elle ne puisse comprendre, elle se retrouva dans les bras du militaire qui la portait de manière romantique. Bien qu’alourdi par son propre équipement, Darren prit le chemin inverse en emportant son Amazone, chantonnant une chanson d’amour à l’eau rose. Non seulement le contenu était loin de briller. Mais il massacra littéralement l’air, entre coupant sa prestation de quelques baisers passionnés. Lyanna avait beau l’embrasser le plus longtemps possible pour l’empêcher de chanter comme une casserole, elle n’y parvint pas. Elle riait en écoutant son amant massacrer cette chanson qui aurait pu être agréable à entendre. Darren ramena sa compagne jusqu’au jumper, là où il accepta enfin de la déposer.

« Tu te souviens ? » ponctua-t-il alors qu’elle montait dans la nacelle arrière.

L’engin se mettait en branle. C’était la deuxième fois qu’ils se regardaient partir et c’était toujours aussi douloureux.
« Ma fameuse surprise...elle est toujours valable...si tu es sage. »
Il lui sourit, les yeux pétillants.
« Tu seras bien sage avec les mâles, pas vrai ? »

Lyanna resta immobile, en haut de la plateforme, fronçant les sourcils à la question de Darren.

"Je ne sais pas si je vais y arriver. Tu n’es pas là pour m’en empêcher !" lança-t-elle sur un ton de défi, mais en souriant.
Pour toute réponse, Darren sourit d’autant plus en retour. Elle avait abusé et sur-abusé de ce doute, de cette excuse, durant tout le projet d’Ishta. Darren prit conscience, qu’à sa manière, elle le chambrait en jouant la défaitiste. Il devait avouer qu’elle avait bien trouvé le petit truc pour le taquiner et il ne pouvait qu’en sourire.
Avant que le sas ne se ferme complètement, il claqua un bisou dans vide puis observa l’envol du jumper jusqu’à ce que la nuit l’engloutisse.

Ses nerfs se relachèrent subitement.
Il était soudainement rassuré, serein. La pression l’avait quitté et il rejoignit sa tente, complètement épuisé, en ayant de belles pensées en tête.
« Tu me rends fou, chérie. » murmura-t-il en se séparant de son équipement.
Il s’endormit très vite.

Deux semaines plus tard.

Ce matin était plutôt humide. Le ciel, voilé cette fois, retenait la lumière du soleil et ses rayons réchauffants. Malgré tout, ils restaient sous l’épaisse couverture de cet endroit, devenu l’autel de la sensualité, puisqu’il y pratiquait sans arrêt ses massages sur le corps nu de son amante. Le chantier touchait bientôt à sa fin, les Athosiens étaient exténués, mais heureux. Le moral s’améliorait, surtout chez Lyanna qui commençait à voir la liberté se profiler. Le matin, elle montait dans le camion et emmenait les travailleurs au bout de la route. Darren se trouvait toujours à côté pour l’aider à le diriger, ne pas prendre peur, assurer les virages et les descentes. La jeune femme était loin d’être une experte de la conduite, bien sûr. Mais elle se débrouillait plutôt bien vu la taille du véhicule, son inexépérience dans la matière, et les conditions extrêmes de conduite sur les chemins sinueux, même si plusieurs fois, il y eu des frayeurs.

Elle avait ensuite deux missions. Elle prenait les décisions sur les derniers tracés de route avec Leng, devenue un peu plus à l’aise dans son rôle décisionnaire, même si le spécialiste était en face d’elle. Ensuite, elle revenait au camp pour ses réunions. Les éleveurs Athosiens comptait sur elle pour faire la liste des passages de bétail, puisqu’ils ne parvenaient pas à se départager. Darren avait eu toutes les peines du monde à lui expliquer le concept d’impartialité et lui conseiller de ne pas favoriser QUE les femmes. Puis l’on venait souvent à sa rencontre pour lui imposer les problématiques. Nourriture, bois de chauffage, loisir, etc… Autant dire que Lyanna attendait la fin de cette mission avec impatience, elle qui avait prit tellement sur elle depuis le début.

En ce moment, elle recevait Teyla en visioconférence, laquelle lui avait confié être fière de l’aboutissement de son projet, qu’elle pouvait se féliciter d’avoir construit une route. Tout se déroulait à merveille. Les Athosiens ayant eu l’habitude du travail, il n’y avait plus besoin de crier des ordres, de courir après les retardataires, de faire les appels parce que certains s’égaraient en chemin. Maintenant, ça allait.
Le D4 assurait aux cantines. Le comptoir de Darren était très rentable, au point qu’il n’y avait pas eu de dépassement de budget.

Seulement, lorsque Lyanna éteignit le système de communication, elle entendit quelqu’un se racler la gorge dans le bureau. Un Athosien était entré et il attendait que sa patronne sorte.
Il n’y avait qu’une explication plausible : Keyran lui avait dit d’aller dans le mobile home pour rencontrer Lyanna. Bon joueur, l’Athosien honorait son rôle sans chercher à se venger. Il avait même intercepté Darren, au moment où il ne s’attendait pas, pour le féliciter d’avoir conserver le coeur de Lyanna.
Darren, à ce moment là, se sentit con. Ne sachant s’il devait lui coller son poing dans la figure ou le remercier.

Keyran, donc, s’occupait toujours de la sécurité. Et si un Athosien se trouvait dans le bureau, c’est qu’il considérait que ce qu’il avait à dire avait son importance. La mine basse, le quarantenaire tenait son couvre-chef dans les mains, qu’il malmenait, signe que quelque chose le perturbait. Ou bien avait-il peur de se confronter à la haine de l’Amazone qui n’avait jamais vraiment décru ?

« Heu...chef ? » fit-il après un toussotement.

En entendant la voix d’un mâle, Lyanna se leva et quitta sa chambre, avant de se retrouver devant un Athosien qui semblait nerveux. Bien qu’elle n’était pas enchantée de devoir parler à un homme, elle soupira discrètement, consentant à lui parler. Pour qu’il parte plus rapidement, bien sûr.

"Que veux tu ?"
« Keyran m’a dit de venir vous parler de ce que j’ai vu. Heu...hier soir...dans la nuit... »
Il hésita. Mais puisque Lyanna attendait la suite, il se décida à livrer son témoignage.
« Et bien...j’étais parti au lac...de nuit bien avancée. Et là...j’ai bien cru défaillir. Il y avait un spectre ! Enfin...j’ai cru...au début. Il y avait cette femme qui pleurait... »

Lorsque l’Athosien parla de spectre, Lyanna le regarda avec de grands yeux incrédules. Elle ne croyait pas à ce genre de chose, alors sur le coup, elle pensait que le mâle avait trop bu. Cependant, ce dernier parla ensuite d’une femme. Ce qui fit froncer les sourcils de la jeune femme.

"Une femme ? Quelle femme ?"
« Celle dans la grande tente blanche ! Celle qui s’est occupé du pied de Férald. J’ai eu du mal à la reconnaître tellement elle était….enfin...on l’aurait cru maudite... »
Il remua son couvre-chef.
« Franchement, un cheval qui souffrirait comme ça, j’l’abbaterai m’dame. C’est pas bien de laisser souffrir à ce point. Alors...ce matin...je suis venu la voir. Car hier, elle me faisait peur. Mais là... »
Il secoua la tête.
« Elle m’a dit que je me trompais. Que ce n’était pas elle. Je suis peut-être vieux, m’dame. Mais je sais ce que j’ai vu. C’était elle….et elle souffrait. Beaucoup. Alors je suis venu voir Keyran. Et lui...ben...il m’a dit qu’il fallait vous le dire ! »

Lyanna secoua la tête, sans vraiment comprendre ce dont parlait l’Athosien. Lorsque ce dernier mentionna le fait d’abattre un cheval qui souffrait, la jeune femme se mordit la lèvre pour se retenir de dire qu’elle aurait envie de l’abattre lui aussi. Pour avoir sous entendu de tuer une femme juste parce qu’elle semblait souffrir. Au lieu de ça, elle fit un effort colossal pour ne pas céder à ses pulsions. Cela dit, cette histoire était vraiment étrange.

"La femme qui s’est occupé du pied du mâle ? Tu veux parler d’Helen ? La guérisseuse ?"
« Oui, j’crois bien, chef. »
Il agita son index.
« Elle a pas l’air comme ça, pourtant. Mais je n’ai jamais vu autant de peine sur un visage. Comme je dis, la nuit, sous la lune, on aurait dit un spectre. Un spectre de tourment ! »

La guerrière se demandait vraiment si ce mâle était fiable, ou s’il n’avait pas pris un coup sur la tête. Helen ? Triste ? Etrange, la jeune femme n’avait jamais vu la doctoresse peinée par quelque chose. Le plus simple était de vérifier cette histoire, même si elle doutait des paroles de l’Athosien.

"D’accord … j’irais lui parler pour voir ce qu’il en est".
« Heu...vous direz pas que c’est moi, hein ? »
Le regard de Lyanna suffit à lui faire évacuer le bureau.
"Ca risque pas, je ne connais pas ton nom, et je m’en fiche d’ailleurs" dit elle pour elle même après le départ du mâle.

Lyanna savait qu’elle devrait aller parler à Helen de cette histoire. Sauf que, les deux femmes n’étant pas de grandes amies, loin de là, la guerrière doutait qu’elle n’aurait aucune explication. Il n’y avait donc qu’une seule solution : aller voir Darren. La jeune femme quitta le mobile home et partit en direction du comptoir pour retrouver le soldat. Heureusement, ce dernier était seul pour l’instant.

"Darren ?!"

Le soldat réagit brusquement, lui tournant le dos pour dissimuler quelque chose dans la poche de sa veste. Lyanna s’approcha de lui pour lui parler. Il se retourna et fit l’innocent, haussant ses deux sourcils pour lui dire qu’il était tout ouïe. La guerrière remarqua son geste, mais elle ne s’y attarda pas pour le moment, trop intriguée par Helen.

"Un mâle bizarre est venu me voir, et il m’a dit avoir vu Helen hier soir au bord du lac, très attristée. Sauf qu’elle démend les faits, d’après lui. Tu ne voudrais pas aller la voir pour lui parler ?"

Clive se mit à sourire un peu. Il était plutôt étonné de voir Lyanna se concentrer sur du drama à l’eau de rose, surtout qu’elle était du genre à fuir ses responsabilités tant que le problème n’était pas trop important.
« Mon amour, je suis raide dingue de toi. Mais pas encore assez pour sortir les poubelles à ta place. » s’amusa-t-il, se disant qu’elle essayait de le tester pour une obscure raison.
En silence, les deux marchands plaçaient des produits sur une grande table. Darren releva une anomalie dans la valeur du troc que l’Athosien attribuait à ses fourrures et il rectifia silencieusement le nombre.
Un signe de tête de part et d’autre conclu l’accord. Maintenant qu’il y avait un Atlante pour arbitrer le jeu, après quatre semaines, une entente cordiale régnait entre les marchands.
« Mais… “très attristée”. Ca a quel sens chez une Kiranienne ? » souligna-t-il.
"Chez une Kiranienne, une femme qui est très attristée veut dire qu’elle va très mal !" répondit aussitôt Lyanna.

La jeune femme secoua la tête, avant de poursuivre.

"Je ne sais pas. Le mâle m’a dit qu’il l’a vu en pleurs. Il l’a même comparé à un cheval qu’il fallait abattre pour abréger ses souffrances. Je me suis retenue de lui sauter dessus !"

Darren tiqua.
Il fit un signe de la main au deux autres marchands pour accompagner Lyanna, s’éloignant de la table de quelques pas.
« Helen a été surprise hier soir, en pleurs. Et elle nie... » fit-il, réfléchissant à haute voix.
Il fit un signe de tête. Le genre qui annonçait les futurs problèmes.
« Ce n’est peut-être rien. Les gens ont parfois besoin de s’isoler pour évacuer un bon coup, quitte à remplir le lac de larmes. Puis le lendemain ça repart. Le problème, c’est qu’on parle du médecin du camp... »
Darren observa sa compagne.
« En cas de défaut du médecin, c’est l’autorité qui prend les décisions. Ca vaut aussi pour ce genre de principe. Si Helen va mal...il ne vaudrait mieux pas laisser ça là. Surtout si elle nous cache un état alarmant. »
"Je crois encore que le mâle était complètement à l’ouest, mais … au cas où … tu pourrais parler à Helen ?"
Darren fit non de la tête.
« C’est ton rôle de veiller sur les effectifs du camp, ma belle. Helen n’est peut-être pas une personne que tu apprécies beaucoup. Mais elle était volontaire pour venir. Elle a soigné April lors de notre dernière mission. Sans compter qu’elle a fait le forcing pour faire admettre Abelle dans notre aile médicale alors... »
Il acquiesça.
« Je pense que tu devrais creuser la question. C’est peut-être le moment de lui renvoyer la pareille... »

Lyanna soupira, désespérée, en levant les yeux au ciel. Elle pouvait tenter le regard du “chat potté”, référence terrienne, mais elle se doutait que cela ne fonctionnerait pas cette fois.

"Mais tu sais bien qu’à chaque fois qu’on parle, ça finit toujours en engueulades. Elle ne me dira rien. Alors que toi, tu t’entends bien avec elle !"
« Bien m’entendre ne fait pas de moi un confident. Vous vous prenez le bec sur la santé des volontaires qui construisent la route. Il y a tes besoins en effectif et ce qu’Helen retient pour les soins. Le contexte est différent cette fois. Je ne sais pas... »
Il haussa les épaules.
« Emmène là en camion. Prétexte un blessé sur le chantier et fait une pause pour lui parler. Je sais que ce n’est pas ton fort. Mais si j’ai bien appris de toi, c’est que tu ne laisses jamais tomber tes “soeurs”. Même celles qui t’emmerdent. J’ai tort ? »

Lyanna aurait voulu répliquer, mais Darren la cernait si bien.

"Non, mais ..."

La jeune femme se mordit la lèvre, réfléchissant à toute vitesse.

"Je ne suis pas sûre que lui mentir en inventant un prétexte bidon soit une si bonne idée pour qu’elle me parle".
« La mauvaise idée serait de débarquer dans son infirmerie en lui disant : “Y’a un type bizarre qui raconte que tu es dépressive, c’est vrai ?” » taquina Darren. « Le principe, c’est d’aménager un moment en intimité avec elle. Tu es sa supérieure dans ce camp. Si tu ne la prends pas de haut et que tu lui montres que ça t’inquiète un minimum. Elle se confiera naturellement, tu verras... »
Il acquiesça.
« Ce n’est pas parce que vous êtes en conflit permanent, qu’elle déteste te voir parler des hommes du camp comme si c’était des esclaves, qu’elle te hait forcément. Je veux dire, avec Abelle, tu y arrivais super bien. Là, il faut juste trouver une approche différente. »

eden memories

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Invité
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Mar 27 Oct - 16:22

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


Lyanna réfléchit aux paroles de Darren. Elle savait qu’il avait raison, et que c’était à elle de parler à Helen, même si elle ignorait comment la discussion allait tourner. La jeune femme soupira, abdiquant.

"D’accord, je vais essayer" lança-t-elle sur un ton défaitiste.

La guerrière était sur le point de partir, mais une chose l’en empêcha. Elle fronça les sourcils en regardant Darren.

"Au fait … qu’est ce que tu as caché dans ta poche en me voyant arriver ?"
« Rien rien !!! » dit-il, trop précipitamment. « C’est pas un truc important ! »
Il ne demanda pas son reste et retourna au boulot, s’arrangeant pour que sa compagne ne puisse pas intervenir.

Lyanna ouvrit la bouche pour chercher à en savoir davantage sur ces cachotteries, mais Darren ne lui en laissa pas le temps. Elle ne put donc lui poser aucune autre question, et ce fut juste avec un froncement de sourcils, intriguée, que la jeune femme s’éloigna du comptoir. Non sans se retourner une fois pour regarder le soldat, comme s’il allait lui répondre maintenant. Lyanna se dirigea vers l’infirmerie, où elle redoutait déjà la conversation. Non pas qu’elle s’inquiétait de la tournure des événements, mais elle doutait que Helen se confie à elle concernant cette étrange histoire. Cependant, Darren avait raison sur un point : si le médecin avait un problème sérieux, il ne fallait pas la laisser sans rien faire.

La guerrière traversa le camp - sous des salutations respectueuses de-ci de-là - et entra sous la tente de l’infirmerie, regardant autour d’elle. Il y avait quelques blessés, mais sans gravité. Helen se trouvait un peu plus loin, en train d’écrire dans un dossier. Lyanna s’avança et se racla la gorge.
La jeune femme était vétue de son éternelle blouse blanche, le stéthoscope autour du cou. Pour ne pas être génée par sa chevelure, elle s’était faite une queue de cheval très simple. Le petit bruit de Lyanna visant à attirer son attention ne la fit que lever les yeux un instant. Mais puisque c’était elle et qu’elles avaient toujours eu une relation houleuse, elle se replongea aussitôt dans la rédaction de son compte rendu.
"Helen ? Est ce que je pourrais te parler ?" demanda Lyanna en regardant les quelques mâles allongés sur les lits, avant de reporter son attention sur Helen, tout en désignant l’entrée de la tente pour lui demander de la suivre. "En privé ?"

« Si c’est pour renvoyer Lepster au travail, je n’ai toujours pas changé d’avis. » lâcha-t-elle simplement en faisant courir son crayon sur le papier. L’homme avait voulu prouver à son entourage qu’il avait encore vingt ans. En faisant levier sur une barre à mine de son épaule pour arracher un morceau de roche, le bougre s’était fait une déchirure musculaire.
"Je ne viens pas pour lui".

Helen écarta une mèche de cheveux gênante d’un coup de main rapide et ajouta dans la foulée : « Ton copain a loupé son suivi obligatoire pour la deuxième fois... »

Lyanna soupira discrètement. Elle reconnaissait bien Darren, aussi réfractaire qu’elle à aller consulter le médecin.

"Je verrais ça avec lui. S’il le faut, je l’enverrais ici avec un coup de pied aux fesses".
« Si tu me l’envoies avec plus de blessures à traiter, on ne va pas s’entendre. Choisis d’autres armes. »
C’était une réponse neutre. Mais pas tant que ça.
Derrière elle se dessinait l’aigreur et l’un des reproches qu’elle lui faisait le plus souvent. Vouloir mener son camp par le bout du nez, la baguette. Imposer ses idées sous la menace de répliques physiques. Même si ça restait des mots en l’air, comparé à Darren qui s’en accommodait, le médecin les digérait assez mal.

Lyanna leva les yeux au ciel en écoutant la réponse d’Helen, mais elle ne répondit pas. Inutile de mettre de l’huile sur le feu, elle n’était pas là pour ça. Cependant, c’était mal parti pour lui parler de cette histoire de la veille au soir. La guerrière regarda à nouveau autour d’elle, avant de reporter son attention sur Helen.

"J’aimerais te parler d’autre chose, qui n’a rien avoir avec eux" dit elle en désignant les mâles allongés sur les lits.

Le regard du médecin suivit celui de Lyanna.
Elle considéra ses patients un petit instant puis finit par faire quelques suppositions. Lyanna avait-elle un petit problème de fille qui aurait mérité plus de discrétion ? Ou bien lui préparait-elle une nouvelle surprise à base d’esclavagisme culturel ?
Les yeux d’Helen se détournèrent sur son quart militaire. Quelqu’un de la cantine était venu lui apporter un café mais il était vide depuis bien longtemps. S’il y avait eu quelqu’un qui ne s’était pas reposé une seule journée depuis le début du camp d’Ishta, c’était elle. Helen tenait le coup par quelques siestes quand il y avait moins de travail. Moins besoin de surveiller surtout. Mais également par une surconsommation de café.

La jeune femme s’empara du contenant en alluminium et l’agita. Elle ne parvint même pas à en faire descendre une goutte tant il était sec.
« Ok, allons prendre un café. Il n’y a personne à cette heure-là. » consenti le médecin en fermant son dossier.

Accompagnée de Lyanna, elle quitta la tente de l’infirmerie. Elle demanda au moins blessé de la bande de l’avertir si jamais quelque chose n’allait pas. Mais puisqu’il n’y avait que des patients en voie de guérison, stables, et faiblement atteints : Helen quittait sa tente sans inquiétude.

Tandis qu’elles se dirigeaient vers la zone de restauration, le médecin lui fit part de ses futures requêtes.
« Mon stock d’antibiotique commence à baisser. La petite fête chez les Athosiens a viré au drame pour certains. J’ai eu quelques intoxications alimentaires à cause d’aliments mal cuits. Et quelques jeunes qui sont allés faire des galipettes là où il ne fallait pas. »
Elle marchait d’un pas rapide.
« Je veux avoir de l’avance. Deux caisses si ça ne plombe pas trop ton budget. »

Lyanna réfléchit quelques secondes. Cela serait envisageable, le budget ne devait probablement pas être encore atteint. Mais elle n’eut pas le temps de répondre.
Perché sur le conteneur réfrigéré, Max leur fit un grand coucou de son air de gamin. Il s’arma du mégaphone qui servait généralement à faire les annonces et gueula :
« EHHHH LYAANAAAA !!! C’EST BIENTÔT LA QUILLE !!! MEGA FIESTA QUAND TOUT SERA FINI ! ET APRÈS : JEUX VIDÉOS TOUS LES DEUUUUUUUX ! »
« DESCENDS DE LA, ESPECE DE CON !!! ON A ENCORE LES PATATES À PELER, JE LES FERAIS PAS TOUTE SEULE !!! » contre-attaqua April dont la tête venait d’émerger d’un coin de la tente.
« LA FEMME A PARLE, GOOOO ! »

Lyanna soupira, désespérée par l’attitude du militaire qui faisait tout le temps le pitre. Elle se contenta de lui lancer un regard noir, auquel le jeune homme était habitué. Max délaissa le mégaphone et se pressa au bord du conteneur. Il fit alors mine de tomber avec une grimace qui laissait présager qu’il finirait tétraplégique. Il réapparu sur le chemin de la tente en pleine forme et au petit trot.
« Ce mec ne perd jamais le moral. » nota Helen tout en sélectionnant la table la plus éloignée.
"Oui, il fait tout le temps l’idiot !"

Tandis qu’elles s’installaient, une Athosienne reconnue comme la serveuse de la zone restauration, lors des moments de faible influence, vint jusqu’à elles. C’était la fugitive. Elle avait nettement repris des couleurs et des formes. Elle semblait moins squelettique, moins anémiée, même si l’aspect vitreux de son regard laissait à penser qu’elle était encore malade. La jeune femme n’avait plus rien à voir avec celle venue supplier Lyanna quelques semaines plus tôt. Helen en était pour beaucoup dans ce renouveau. Non loin, les bambins se trouvaient devant un point d’eau où ils s’attelaient à nettoyer des couverts. Pour “faire plaisir à maman”, comme on les entendait dire, les deux gamins voulaient leur tâche irréprochable.

« Bonjour Maya. Je voudrai un café et de quoi grignoter. »
« Je vous l’apporte. »
L’Athosienne tourna ensuite son regard vers Lyanna, une profonde expression de gratitude dans le regard.
« Un grand bol de chocolat chaud ? »

Lyanna acquiesça d’un hochement de tête, le regard bienveillant.

"Oui, merci".

L’Athosienne fugitive lui adressa un grand sourire. Ca aussi, ça ne s’était pas vu chez elle depuis plusieurs semaines. Helen Ridding accompagna du regard la silhouette plus énergique de sa patiente jusqu’à ce qu’elle disparaisse sous la tente.
« Elle ne sera pas entièrement remise d’ici à ce que la route se termine. Mais si elle prend ses médicaments sérieusement, elle s’en remettra vite. » nota Helen, comme si elle réfléchissait à voix haute.

Lyanna l’avait également suivi du regard, avant qu’elle ne reporte son attention sur Helen.

"Elle a l’air d’aller mieux. Le mâle responsable de son malheur n’est donc pas ici, et c’est une bonne chose".

La guerrière fronça les sourcils en réfléchissant quelques secondes.

"Et une fois qu’elle sera entièrement guérie, qu’est ce qu’il adviendra d’elle ?"
« C’est une survivante. » répondit Helen. « Elle s’est rapprochée des Natus pour leur demander le droit d’asile. Du jamais vu. »
Le médecin réfléchissait à son tour.
« Les Natus et les Athosiens ne s’entendent peut-être pas. Mais j’ai vu Maya bosser un peu avec les marchands. Je pense qu’elle va réussir à s’installer là-bas. »
"Au moins, elle sera à l’abri du mâle, et elle ne connaîtra plus la violence qu’elle a subi".
« Ca ne va pas être facile. Si elle obtient le droit d’asile, ce sera pour devenir Natus. La vie est très stricte là-bas, elle va devoir changer d’existence. Déjà qu’on ne sait rien d’elle, jusqu’à son identité. Maya est un prénom d’emprunt. Les Natus ne lui ouvriront pas leurs portes si elle se tait comme ça sur son passé. »
Helen lorgna en direction de la tente.
« J’ai eu beau le lui expliquer, elle ne change pas de comportement. »

Lyanna baissa les yeux, méditant sur les paroles d’Helen. Effectivement, si cette femme ne disait pas la vérité, sa fuite pour sa sécurité sera compromise.

"Tu lui as dit qu’elle devrait retourner chez elle si elle ne se confiait pas sur son passé ?"
Elle fit oui de la tête.
« Et je ne l’ai pas revu durant deux jours. Je ne sais pas qui elle fuit en particulier mais le simple fait d’en parler provoque sa terreur. Et je t’en parle sous l’aspect médical. Ce sont des traumatismes imprimés dans l’esprit qui déclenchent, par de simples stimulis comme un souvenir, un dialogue sur le sujet, une vague de panique. Les gamins sont pareils... »
"Pourtant, si elle ne dit rien, elle va retourner vers celui qui la traumatise et la violente".

Lyanna soupira discrètement. Lorsqu’une femme avait une peur bleue de quelqu’un, ce n’était pas simple de la faire parler. Maya en était la preuve vivante.

"J’essaierai de lui parler".
« Ca pourrait marcher. » reconnut-elle. « Je suis son médecin. Toi tu es celle qui lui a sauvé la vie, ainsi que ses enfants. Maya revient de loin. Sa maladie...c’est une pneumonie. En plus de tout ce que j’avais déjà relevé. C’est un miracle qu’elle ait pu se traîner jusqu’à chez toi. »
"Je verrais bien. Ca ne coûte rien d’essayer. Et puis, peut être que si elle a trop peur et refuse de parler, peut être changera-t-elle d’avis en apprenant que les deux petits mâles en subiraient les conséquences. Ca la fera peut être réagir".

La concernée débarqua avec un plat assez chargé pour ce qui avait été commandé. Son arrivée ferma la discussion tandis qu’elle disposait les boissons sur la table. Un bol de café fumant pour Helen, un bol de chocolat chaud pour Lyanna. En plus, elle disposa quelques assiettes contenant des biscuits et une coupelle de fruits locaux. C’était, semble-t-il, sa façon de les remercier en s’occupant bien de ses clientes du moment.
Cependant, juste avant de partir, elle sortit de sa poche un linge dans lequel se trouvait empaqueté un petit gâteau. Lorsqu’elle le révéla pour le poser sur la table, devant Lyanna en geste d’offrande, la pâtisserie se montrait informe, mal présentée, mais tout de même appétissante.
C’était une tentative mi-réussie, mi échouée, d’un brownie. Sur le petit rectangle au chocolat, des mains d’enfants y avaient constitués à l’aide de pépites un mot hachuré. Lyanna regardait le gâteau au chocolat, l’un de ses petits péchés mignons, en lisant le mot écrit :

“M-E-R-C-I”

« De la part de mes fils... » glissa Maya avant de s’éloigner, n’attendant pas de remerciements ou de reconnaissance.


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
Bannière perso (image 901x180px) : Une longue route pour Ishta - Page 2 1562430542-image-profil
√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Ven 30 Oct - 16:00

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Autant dire que Lyanna eut le souffle coupé par cette révélation. Elle qui avait trouvé la pâtisserie appétissante, savoir que les petits mâles l’avaient fait la freina dans son enthousiasme. Elle fixa le gâteau, alors que Maya s’éloignait. Helen observa un instant la pâtisserie, touchée à l’idée que les garnements se soient emmerdés à faire un gâteau au chocolat pour lui dire merci. Une idée de la mère, bien sûr, mais le geste de la petite famille entière y était. Si ça avait été elle, Helen savait qu’elle serait déjà en train de fondre.
Mais là, par simple curiosité, elle observa Lyanna en se demandant si ce cadeau toucherait son coeur de pierre.

Lyanna était tiraillée entre son envie de gâteau au chocolat, et son écoeurement à l’idée que deux mâles, qui n’étaient pas Darren, lui offre quelque chose. Elle resta longuement à regarder la pâtisserie, ignorant quel choix faire. Pourquoi avait il fallu que ces gamins aient conçu ce gâteau, et non Maya ? La jeune femme se tordit les mains nerveusement, avant de regarder Helen.

"Tu en veux ? Je n’ai pas faim".
« Il y a vraiment un truc qui tourne pas rond chez toi ! » se renfrogna-t-elle.
Puisque c’était l’un des points noirs de leur relation, Helen savait très bien pourquoi Lyanna n’avait “pas faim”. Excédée, la jeune femme arracha un petit bout de gateau au chocolat, embarquant le “I” au passage. Elle agita le morceau pour qu’elle le regarde bien et le plaça dans sa bouche. Elle le dégusta longuement, comme si elle lui montrait qu’il n’était pas empoisonné, et elle ne se gêne pas de lui balancer ensuite :
« Tu te prives de chocolat et des meilleurs moments de ta vie. »

Lyanna dévisagea Helen de son regard mauvais. Elle comprenait ce que la doctoresse essayait de faire, mais elle ne céda pas. Elle se contenta de secouer la tête, en prenant son bol de lait chocolaté.

"J’ai déjà mon chocolat, préparé par Maya".
« T’es navrante. » répliqua le médecin sans toucher au reste du gâteau au chocolat. Elle but une bonne gorgée de café. Le liquide encore bouillant descendit le long de sa gorge jusqu’à réchauffer son estomac. Helen ressenti un énorme bienfait, ce qui effaça sa contrariété.
« Bon. De quoi tu voulais me parler ? »

Lyanna chercha ses mots pour aborder le sujet, sans que cela ne froisse Helen. Et cette étape était loin d’être gagnée, elle le savait. Vu comment les deux femmes partaient au quart de tour quand elles étaient en désaccord, cela n’allait pas être une mince affaire. La guerrière but une autre gorgée de chocolat chaud, en reprenant son sérieux, oubliant cette histoire de gâteau.

"Si je t’ai demandé de venir, c’est parce que ..."

Lyanna s’interrompit quelques secondes, réfléchissant à ce qu’elle allait dire.

"Un mâle est venu me voir. Il m’a dit qu’il t'avait vu hier soir près du lac, et que … tu n’avais pas l’air d’aller bien. Pas bien du tout même".

La guerrière regarda le médecin.

"Qu’y a-t-il ?"
L’expression du médecin s’était figé. Le mouvement de ses mains, qui amenaient le bol jusqu’à ses lèvres, s’interrompit en milieu de course tandis qu’elle fixait Lyanna. Un mélange de surprise et de colère se dessina dans son regard. D’abord parce qu’elle ne pensait pas que cette histoire irait jusqu’aux oreilles de la cheffe du camp. Mais surtout parce qu’elle avait été percé à jour. Rien que sa réaction trahissait le fait que c’était important et qu’elle était à vif.

« J’ai eu un petit passage à vide. Ce n’est rien. » lâcha-t-elle dans l’espoir de balayer ça aux oubliettes.

Mais Lyanna n’était pas convaincue par la réponse d’Helen. La jeune femme fixa la doctoresse avec insistance, avant de reprendre la parole.

"Bien sûr. Le mâle a cru voir un fantôme vu ton état, mais c’était juste un passage à vide ?" dit elle avec ironie.

Lyanna soupira, mais elle ne voulait pas en rester là.

"Helen, je dois savoir si quelque chose ne va pas. Et là, je sens que quelque chose ne va pas du tout".

Elle fit claquer son bol sur la table.
« Bon, stop ! Je n’ai pas envie de m’embrouiller avec toi ce matin ! Tu ne sais pas apprécier la reconnaissance de deux enfants. Tu ne sais pas apprécier les sentiments et les relations humaines. Alors je ne vais certainement pas t’avouer ce qui me chiffonne. Tu ne comprendras pas, Lyanna ! »
Elle leva le doigt pour corriger sa réplique.
« Non. En fait, tu ne veux pas comprendre. Je vais perdre mon temps à t’expliquer. Tu vas t’en foutre royalement, je serai vexée, on va encore avoir un bon coup de gueule. Non, je n’ai absolument pas besoin de ça. »

Lyanna jeta un regard mauvais à Helen en l’écoutant, surtout quand celle ci lui affirma qu’elle ne savait pas apprécier les relations humaines et sentimentales. Et Darren, il comptait pour du beurre ? Elle allait répliquer, mais Helen continua, ce qui lui fit secouer la tête, tandis qu’elle croisait les bras sur sa poitrine.

"Que je comprenne quoi ? Tu refuses de m’expliquer ce qui ne va pas, alors comment sais tu ce que je comprendrais ou non ? Et pourquoi devrions nous nous engueuler à chaque fois qu’on parle ? Tu es devin ?"

La guerrière soupira à nouveau en levant les yeux au ciel. Elle savait dès le début que cette conversation serait difficile, voir ne déboucherait sur rien du tout.

"En temps que chef du camp, je suis là pour t’aider quand tu as un problème. Et c’est ce que j’essaie de faire, là !"
« Et si c’était toi, mon problème ? » demanda-t-elle, la voix légèrement faussée.

Lyanna regarda attentivement Helen, cherchant à savoir si elle pensait ce qu’elle disait ou non.

"Dans ce cas là, je demanderais à ce qu’on te remplace pour avoir un autre médecin, vu que moi, on ne peut pas me remplacer !"
« Un médecin qui prend sur ses congés pour s’investir dans ton camp, auprès de quelqu’un qui traite les hommes comme de la merde ? Ca se trouve pas facilement. » rétorqua Helen.
Elle secoua la main.
« Mais t’inquiète ! Je ne suis pas une gamine. C’est pas pour ça que j’en pleurais hier. Je regrette simplement de m’être engagée ici. Alors que je pourrai être ailleurs… »
Elle prit son bol pour en boire une gorgée devenue sans saveur.
« Avec mon mari. »
La piqûre qu’il y avait à ce moment là dans sa voix montrait que c’était la source du problème. Le médecin n’avait pas vu son compagnon depuis près d’un mois et, semble-t-il, quelque chose n’allait pas. Avec les altercations régulières entre Lyanna et elle, la jeune femme finissait par faire un amalgame et y regrettait sa participation. Elle en voulait à l’Amazone et continuait de penser qu’elle ne comprendrait pas.

Lyanna écouta les propos d’Helen sans broncher, gardant les bras croisés tout en la regardant. Quand la doctoresse mentionna son mari, la guerrière secoua la tête, et se fit violence pour ne pas se lever et abandonner Helen avec ses problèmes. Mais cela confirmerait ce que cette dernière venait de dire, non ? Au lieu de ça, elle resta assise, faisant face à la femme avec qui elle passait son temps à s’engueuler.

"C’est ça qui ne va pas ? C’est parce que tu es loin de ton époux depuis un long moment ?"

La guerrière soupira discrètement.

"Tu crois sérieusement que je ne sais pas ce que ça fait, d’être loin de celui qu’on aime ? Que je ne peux pas comprendre ça, alors que j’ai Darren dans ma vie ?"
« C’est exactement ce que je dis. » confirma-t-elle en jouant avec son alliance.
Elle finit par l’enlever pour la poser sur la table, devant Lyanna.
« C’est quelque chose d’être en couple. Mais s’engager sur la durée, se marier, c’est carrément différent. Tu te promets à l’autre pour l’éternité. Quand tu vois tout le monde qui s’amuse à courir la fesse dans tous les sens, je peux te dire que c’est pas donné ! »
Helen considéra son alliance avec un mélange de tristesse et de nostalgie.
« Imagine toi avec cet anneau. Avec Darren. Tu approches de ta cinquième année. Généralement, on fête chaque année comme une réussite. Mais un chiffre comme ça, la moitié d’une décennie, ça fait quelque chose. »
Maintenant qu’elle avait commencé, Helen se livrait totalement. Elle récupéra son alliance à la hâte pour le remettre à son doigt. Elle ne regardait pas Lyanna dans les yeux quand elle lui disait le fond de son problème.
« Mes cinq ans, ça tombe ce week end. Et je les passe “ici”... »
Le dernier mot était loin d’être positif.

Lyanna comprenait maintenant le fin mot de l’histoire. Elle n’avait pas cherché à interrompre Helen lorsque celle ci avait commencé à se confier. Non seulement, la distance avec l’homme qu’elle aimait était quelque chose d’horrible à supporter pour la doctoresse. Mais en plus, un fait important devait se produire, et elle n’était pas avec son époux. Darren lui avait expliqué la notion de mariage, cette union sur sa planète entre deux êtres qui s’aimaient, même si Helen lui en avait déjà parlé avant. Son regard dévia sur le soldat qu’elle voyait au loin. Darren s’était vaillamment interposé entre deux marchands résolus à régler le différend avec leurs poings. Il les calmait sans hausser le ton, par de l’autorité et la diplomatie, essayant d’établir un nouveau terrain d’entente. Tandis que les deux querelleurs s’écartaient finalement pour aller se calmer plus loin, Darren capta le regard de Lyanna à distance. Il était impossible d’en déduire l’expression de son visage mais la connexion suffisait à elle seule pour transmettre les sentiments. Elle pouvait sentir d’ici qu’il lui adressait un sourire amoureux. La guerrière lui sourit, et continua de l’observer, pensive. Si elle devait fêter quelque chose d’important pour eux deux, elle voudrait être auprès de lui pour ça.

"Je comprends ..." dit elle doucement.

La guerrière réfléchit quelques secondes.

"Demande à retourner sur la cité pour ce week end" lança-t-elle en désignant la tente médicale. "Ils ne sont pas gravement blessés, ils ne vont pas mourir pendant ces deux jours !"

Ridding ricana comme si elle venait de faire une excellente blague.
En réalité, elle était amusée par l’innocence de Lyanna.
« Je t’aurai déjà réclamé ces deux jours si c’était permis. » lui répondit-elle avant d’avaler une gorgée de café.
Elle était un peu moins émotive, ça allait mieux.
« La permanence médicale est obligatoire, c’est une loi. S’il y a un accident inattendu. Qu’un arbre broie le crâne d’un Athosien, par exemple, et qu’il n’y a pas de médecin à ce moment-là...ta responsabilité est engagée. Même sans ça, laisser un camp sans toubib pendant deux jours n’est vraiment pas réaliste. Ce n’est pas pro. »
Durant une fraction de seconde, la jeune femme s’imaginait le cas d’une Helen malhônnète qui se serait fendue d’un “D’accord, merci !!!”. Elle aurait évacué les lieux en vitesse, fêté ses cinq ans de mariage sur la cité, en n’ayant aucun scrupule à faire peser la menace sur l’Amazone.
Un manque de morale et de conscience professionnelle qu’elle ne s’autoriserait jamais.
« Bien. C’était gentil d’avoir essayé. » Reconnu-t-elle sincèrement en reposant son bol vide. « Mes patients m’attendent. Si j’étais toi, j’apprendrai à apprécier les remerciements. »
Ce dernier conseil s’ajoutait au gâteau des enfants qu’elle tapotait du doigt.

Helen Ridding salua son supérieur hiérarchique d’un signe de tête avant de s’en aller. Alors que la doctoresse commençait à s’éloigner, Lyanna regarda le gâteau si dérangeant pour elle. L’idée que les petits mâles l’avaient fait pour elle ne lui plaisait pas du tout. Cependant, son envie de chocolat lui tiraillait l’estomac. Elle finit par craquer, et comme personne ne la regardait, elle mangea une bouchée, faisant un effort colossal pour ignorer son origine. Et elle dut reconnaître à contrecoeur qu’il n’était pas mauvais, mais elle ne l’admettrait jamais. Elle jeta un oeil pour voir si Helen l’avait vu faire, et fut soulagée de voir que ce n’était pas le cas. Alors que la guerrière allait reprendre une autre bouchée, Helen s’immobilisa in extremis lorsque Max émergea soudainement de la tente, passant à toute vitesse devant elle en tenant dans les mains une poêle enflammée. Le garnement de l’équipe fonça comme un dératé en gueulant.
« DÉGAGEZ ! DÉGAGEZ ! AU FEUUUUU ! »
En voyant Max et sa poêle en feu, Lyanna laissa sa cuillère et se leva. Helen se retourna un instant pour fixer la guerrière, les sourcils levés. Une façon de lui laisser constater pourquoi le camp d’Ishta ne pouvait pas se permettre de perdre son médecin pour quarante huit heures.
Max poussa un cri plus aigu à mesure qu’il approchait du lac. Le brasier qui laissait parfois dégouliner des flammes jusqu’au sol atteignait sérieusement ses mains. Au bout de sa résistance, il cessa le contre la montre puis jeta l’objet de toutes ses forces. Dans un ultime cri, la poêle enflammée s’envola en grondant, un frisbee de feu qui fit un vol assez impressionnant jusqu’au lac dans lequel il disparut dans un “plof” misérable.

« C’est pas moi Lyanna, j’ai rien fais !!! » s’écria tout de suite le jeune homme en montrant ses deux mains en signe de paix. Les quelques témoins étaient morts de rire. La seule qui ne riait pas du tout, c’était Lyanna qui fixait Max d’un regard noir, les bras croisés sur sa poitrine.
Max n’en menait pourtant pas large, craignant une vengeance de l’Amazone. Helen ne lui laissa pas le temps de se justifier davantage. Elle agrippa l’une de ses mains rougie qu’elle ausculta rapidement.
« Tu t’es brûlé soldat, c’est malin. Tu me suis ! »
« Ok, ok. Mais c’est pas moi, hein ! » glapit-il, toujours en direction de Lyanna, tandis qu’il était entraîné de force par Helen.
"Ce n’est pas toi, tu es sûr ? Alors, c’est la faute d’April, c’est ça ? Je suis curieuse de voir sa tête quand j’irais la voir pour lui dire que tu as dit que tu n’étais pas responsable" lança-t-elle sans les suivre.
En réponse, Max lui tira une grimace d’enfant avant de se retourner et de suivre le médecin jusqu’à la tente médicale. L’incident évité, elle était désormais seule avec son gâteau. Il lui restait à décider ce qu’elle ferait ensuite. Après avoir vérifié que personne ne la regardait, Lyanna s’empressa de finir le gâteau, s’en voulant de l’aimer malgré elle. Puis, elle rejoignit Darren pour lui parler de cette histoire avec Helen.

Le soldat, à ce moment-là, remplissait un document sur lequel il notait tous les échanges. Ca lui permettait de s’assurer que les valeurs que donnaient les marchands durant leurs trocs ne fluctaient pas selon la figure du client. Il s’en servait également pour faire un rapport et vérifier la rente que ça apportait au camp d’Ishta. Notamment pour compenser les vivres qu’April et Jim commandaient.
Maintenant que sa compagne lui avait expliqué la raison du chagrin d’Helen, le soldat comprenait un peu mieux pourquoi elle avait été surprise sur le lac. Il y ajoutait également le fait qu’elle devait être épuisée à force de travailler non-stop. Elle n’était peut-être pas prise à la gorge mais elle s’occupait continuellement de l’aspect médical du camp. Il ne l’avait pas vu prendre de repos depuis son arrivée.
« Et bien...si elle ne peut pas rejoindre son mari...c’est son mari qui la rejoindra ici. » supposa-t-il innocemment, le nez encore baissé sur ses feuilles.
L’inhabituel silence de Lyanna le força à faire une pause dans ses calculs. Là, il remarqua que ça ne lui plaisait pas du tout. Elle allait gueuler, il le savait, alors il se comporta en militaire.
Il attaqua avant l’attaque, approchant sa main pour glisser son pouce à la commissure des lèvres de la jeune femme, là où une trace de chocolat traitre avait persisté.
Darren porta son pouce entre ses lèvres puis feignit de se régaler de cette miette.
« Hmmm...ça c’est du brownie ou je ne m’y connais pas. » feignit-il.
"Oui … il y en avait" dit Lyanna précipitamment, après s’être légèrement figée aux paroles de Darren, sans comprendre leur véritable sens.

Darren la faisait marcher. Maya était venue le trouver pour lui demander quels étaient les goûts de Lyanna et quelle pâtisserie serait le plus susceptible de la ravir en guise de remerciement. Darren jouait son devin.
« Apparemment juste pour une personne... » s’amusa-t-il.

Lyanna fronça les sourcils en marchant aux côtés de Darren.

"Comment le sais tu ?"
« Ton mâle esclave, monstrueux au lit, fort bien bâti et intelligent, tient le comptoir commercial. » lâcha-t-il en bombant le torse. Il n’allait pas lui révéler le pot aux roses. « Si April avait commandé des brownies, j’en aurai déjà pris un pour moi. Et un autre en réserve, aussi, pour les jours où tu es intenable ! »

Lyanna n’osa pas regarder Darren. Savait il que c’était les petits mâles qui avaient fait ce brownie pour elle ? Pas question de lui dire la vérité.

"Oh … en fait, c’est Maya qui l’a fait … pour me remercier de l’avoir accepté au camp".
« Tu peux être fière de toi. » lui dit-il avec un timbre de voix inhabituel, signe que sa phrase avait un sens caché. Il tourna son visage vers son amante et lui sourit. « C’est un bon début. »

La guerrière fixa Darren, les sourcils froncés. Parlait il de Maya et de ce qu’elle avait fait pour la mère en fuite ? Ou de toute autre chose qu’elle ne voulait pas avouer ? Elle préféra ne pas répondre, et secoua la tête.

"Oui … enfin … sinon, pour le mâle d’Helen, c’est hors de question. Je ne veux pas de lui ici !"
« Pourtant, ce serait dans ton intérêt de l’inviter à venir passer le week-end au camp. »
Il rencontra le regard de sa tendre, observa son expression presque écoeuré, et éclata de rire.
« Tu prépares un petit truc pour ce couple. Et en échange, tu demandes au lieutenant de te remplacer dans la gestion du camp. »
Il se pencha à son oreille pour y glisser :
« Deux jours pour toi, sans diriger le camp. Deux “vrais” jours de repos pour l’Amazone. Tu vois... »
Darren se plaça devant elle.
« Je pourrai te kidnapper, tel le vilain mâle que je suis. Je t’arracherai à ce camp pour t’emmener loin et te faire subir tout un tas de sévices... »

Lyanna s’arrêta lorsque Darren vint se placer devant elle. Elle leva les yeux en soupirant. Certes, l’idée était terriblement tentante. Se retrouver seule avec lui pour deux jours était une proposition très alléchante. Cependant, il y avait un soucis.

"Parce que tu crois sérieusement que ce mâle accepterait de prendre ma place pour deux jours, au lieu de passer du temps avec sa femme, alors qu’on le ferait venir pour cette raison ?"

La jeune femme secoua la tête.

"Non, ça ne fonctionnera pas. Et puis … je n’ai pas envie de lui adresser la parole, ni le voir !"
« Me concernant, on me proposerait de venir gérer le camp si ça me permettait de trouver du temps pour nos cinq ans...je dis oui tout de suite. »
Darren passa son bras autour des épaules de sa compagne et reprit la route.
« Si Helen est de service ce week end, c’est certainement pas le lieut’ qui va s’inviter chez toi. Il appréciera vachement le geste. Donnant, donnant, tu comprends ? »
"Je n’ai pas envie qu’il apprécie quoi que ce soit. On ne se supporte pas, je ne l’aime pas, je ne veux pas le voir ici. C’est comme si je faisais entrer un loup dans la bergerie. Ce n’est pas dur à comprendre, non ?"
« C’est ton jugement. » déclara Darren. « Alors du coup, pendant qu’Helen déprimera à mort dans sa tente, on finira notre liste de passage des troupeaux. Je te lirai mes vingts pages de rapport avant de te les faire toutes signer. Ah oui ! Et il faudra aussi qu’on refasse l’inventaire des outils vu que certains Athosiens les ont paumés dans les bois. »
Il lui fit un signe de pouce.
« On va s’éclater mon amour ! Chouette week-end en perspective !! »

Ce que Darren pouvait être têtu quand il s’y mettait. Tout comme elle. Lyanna s’arrêta à nouveau et fit face au soldat.

"Tu te rends compte que tu me demandes d’inviter dans mon camp le mâle que je supporte le moins, celui avec qui j’ai toujours des envies de meurtre quand je l’affronte ?"
« Hm ? Ce n’est pas Max qui occupe ce rôle ordinairement ? » se moqua-t-il en lui souriant. « Comment tu abandonnes lâchement une de tes soeurs à ses sentiments en plus ! »
"Max me tape sur le système, et lui j’ai envie de le frapper. Alors que ton lieutenant, j’ai vraiment envie de l’égorger !!!"

De mauvaise foi ? Bien sûr que non, voyons.
Le soldat passa quelques phalanges sous le menton de Lyanna et l’observa. Elle reprenait un peu cette stature qu’elle avait autrefois, le défiant de son regard noir, alors qu’elle était un peu plus petite que lui. Ca la forçait à lever légèrement la tête comme si elle se montrait prête à prouver que la taille ne faisait pas le combattant. C’était une posture qui l’amusait le plus souvent.
Par contre, il avait tout intérêt d’être patient. Une chance qu’il n’en manquait pas aujourd’hui.
« Tu sais que tu es belle quand tu es en colère ? » lui lâcha-t-il avant de lui claquer un baiser sur les lèvres.
Il se retourna ensuite pour repartir vers le comptoir sans elle.
« On reprendra le débat quand tu seras plus calme, ma chérie. Tu vas me nettoyer Héstevic à toi seule dans cet état ! »

Lyanna regarda Darren s’éloigner vers le comptoir commercial. Oui, elle ressentait de la colère. Parler de Ridding suffisait à la rendre furieuse. Elle se rappelait tous ses affrontements avec lui, ainsi que les sanctions. Voir ce mâle dans le camp était fort déplaisant, même si c’était pour faire plaisir à Helen. La jeune femme secoua la tête, et prit la direction de son mobil home.

« Ah, j’oubliais ! » fit Darren en se retournant, ayant délibérément attendu cette réaction de sa part. « Ce week end t’aurait aussi permis de mener le rite funéraire de tes soeurs avec Abelle. C’est le lieutenant Ridding qui a signé sa sortie de l’infirmerie à titre exceptionnel, c’était une surprise. »
Il leva les mains, comme si c’était tout à fait anodin, le visage moqueur.
« Mais bon, donnant donnant. Quand on ne fait pas d’efforts... »

Quel fourbe. A croire que Darren savait que cet argument pèserait très lourd dans la balance. Lyanna s’était arrêtée en entendant parler du rite funéraire de ses soeurs, et en plus, Abelle serait là. Tout pour la convaincre d’accepter ce cruel dilemme d’inviter Ridding au camp. La jeune femme fit volte face et regarda Darren, qui semblait fier de lui.

"Tu es vraiment exaspérant, tu le sais ?"
« Et toi, tu es une adolescente capricieuse. » rétorqua-t-il aussitôt, amusé, comme s’il jouait au ping pong. « Ils ont sorti Abelle de sa stase pour des prises de sang et de nouvelles analyses. J’ai appelé le lieutenant pour intercéder en ta faveur. Qu’elle puisse avoir une soirée avec toi. »
Il lui expliquait sans faire de reproches.
« Le rite funéraire du souvenir devait être fait par des femmes, tu me l’avais confié. C’est une question de respect. Alors j’ai envoyé un message à Abelle et elle a accepté, tu penses ! Mais je te comprends, ma belle râleuse adorée ! »
Il lui offrit son plus beau sourire de fourbe.
« C’est préférable de ne pas inviter quelqu’un que tu n’aimes pas et laisser sa femme malheureuse...une soeur. »

Lyanna retint un juron, Darren parvenait facilement à briser ses défenses pour lui faire accepter quelque chose qu’elle refusait. Et cette idée sournoise était une très bonne stratégie. La jeune femme se mordit la lèvre pour étouffer un cri, et elle revint d’un pas précipité vers Darren.

"Bon d’accord, tu as gagné … il viendra ici !"

La guerrière croisa les bras en lançant un regard noir à Darren, comme si elle était vexée d’avoir abdiqué.

"Satisfait ?"

Darren secoua négativement la tête, atterré par tant de mauvaise foi. Quand Lyanna était lancée, elle n’était vraiment pas évidente.
« Non. Ca aurait pu être une très belle surprise. Je t’aurai emmené jusqu’au lieu de sépulture et elle t’aurait attendue, heureuse de te servir pour le respect des tiennes. »
Il lui posa une main sur l’épaule.
« C’est quand même dommage que tu réagisses comme ça, parfois. »
"Tu me demandes d’accepter sans broncher que le mâle que je déteste le plus vu les sanctions qu’il m’a donné, et sa façon de me traiter depuis le début, vienne ici ? Tu croyais que j’allais réagir comment ?"

Le sourire de Darren se cassa. Il commençait à être en rade de patience.
« Bon...laisse tomber ! » lâcha-t-il finalement en retirant sa main. « Je m’emmerderai moins la prochaine fois. »
Il râlait, plutôt bougon.

C’est vrai que le lieut’ Ridding était loin d’être en odeur de sainteté auprès de sa compagne. Mais il regrettait qu’elle ne sache pas saisir l’occasion qui lui était offerte. Après s’être échiné à organiser cette fameuse surprise, la colère qu’elle éprouvait pour l’officier éclipsait totalement la surprise. Elle allait voir Abelle...elle allait voir Abelle autrement que dans un glaçon géant. La servante serait sur pied, dans son état normal, le temps d’une soirée. Mais ça ne la surprenait pas...
Un peu aigre, Darren conserva son sourire mi-figue mi raisin et retourna bosser.

Ridding n’avait pas fait de cadeaux depuis son retour de mission sur Héstevic. Lyanna avait subi son emprisonnement puisqu’elle était claustrophobe. Dans l’état d’esprit de l’époque, il se doutait que ses griefs seraient gravés dans le marbre. Mais il se disait aussi que le type n’avait pas été chien lorsqu’elle s’était faite enfermée dans le garage des jeeps. Le soldat tiqua un peu, se disant que sa vexation passerait avec le temps et que son amie avait ses raisons, son propre point de vue.
Après tout, il n’allait pas la forcer à apprécier l’idée et vivre tout ça comme un service qu’elle lui rendait. Comme si elle était forcée d’accepter par amour. Après tout, il ne voulait pas la contraindre. Le jeune homme lui adressa donc un dernier petit clin d’oeil complice, lui laissant le choix avec ces informations.
Il ne comptait pas insister.

Lyanna regarda Darren partir, mais elle ne prononça pas un seul mot. Elle ne l’appela pas, ni lui courut après. Au contraire, elle fit demi tour, et retourna vers le camp, vu qu’ils s’étaient un peu éloignés en marchant. Elle se dirigea vers le mobile home, y entra, et claqua la porte de sa chambre. Si elle pouvait hurler, elle le ferait. Elle se contenta de frapper le mur en maudissant tout le monde. Darren avait raison, sa proposition était bonne, la jeune femme le savait. Mais cette dernière haïssait tellement Ridding que c’était difficile pour elle d’accepter une telle chose. Lyanna fit les cent pas dans la chambre, ravalant sa colère du mieux qu’elle pouvait. Elle finit par aller prendre une douche, histoire de continuer à se calmer. Puis, après s’être séchée et habillée, la guerrière s’allongea sur son lit, ruminant ce qui venait de se passer. Peu à peu, elle se calmait lentement.

Une petite demi-heure plus tard, la jeune femme entendit du bruit dans les bureaux administratifs attenant. Des bruits de pas s’approchèrent et quelqu’un toqua deux fois avant d’ouvrir directement la porte. Il n’y en avait qu’un qui se permettait d’agir comme ça, bien qu’il n’ouvrait jamais complètement le battant, si jamais l’Amazone se trouvait nue. Un acte charmant ? Ou plutôt pour éviter que quelqu’un ne voit SA copine dans sa tenue d’Eve ?
« Elle est là-dedans, ma bouboude ? » chantonna la voix comique d’un Darren.
Lyanna tourna la tête vers la porte qui s’ouvrait un peu, sans bouger de son lit. Elle resta allongée en attendant que Darren entre. Le concerné passa seulement la tête par l'entrebâillement de la porte pour dévisager sa compagne. Un sourire provocant accompagna son attitude de clown.
« Ah ! Mais la voilà !! Même quand elle fait la gueule, elle est charmante la fille. »
"Tu es exaspérant !" lui lança-t-elle sans animosité dans la voix, un petit sourire aux lèvres.
« Parfaitement. C’est ce qui t’a rendu amoureuse de moi ! »
"Ce n’est pas faux" dit elle amusée.
« Quel intérêt si le mâle d’une cheffe Kiranienne ne lui résiste pas ? Tu imagines ton avenir si j’passais mon temps à courber l’échine ? »
Il mima une révérence craintive en restant derrière la porte, faisant le dos rond.
« Alors qu’en fait... »
"Tu as raison, ça serait ennuyeux pour moi. Je préfère quand tu me résistes, j’adore ça !"

De prime abord, on aurait cru que le soldat se servait de la porte comme bouclier, n’exposant la tête que par contrainte. Mais il révéla d’un geste une rose qu’il agita doucement dans un “tadaaaa” de magicien. La fleur était fraîche, rouge sang, et très jolie.
Darren se dévoila complétement et approcha de la jeune femme.
« Ce ne sont pas des excuses, même pas en rêve ! » s’exclama-t-il en se penchant doucement. Il prit appui des deux côtés du lit de camp, se creusant une place entre les jambes de la guerrière pour s’allonger progressivement sur elle. Si elle avait été assise, elle aurait été contrainte de se laisser étendre tandis qu’il se posait tranquillement sur elle, veillant à ne pas l’écraser de son poids. Lyanna laissa le soldat faire, et finit par poser sa main sur le dos de son amant, le caressant doucement quand il s’allongea sur elle.
« Mon oreiller….à moi ! » singea-t-il une nouvelle fois en posant sa tête sur sa poitrine. Et maintenant qu’il était bien installé, il agita la belle fleur sous le nez de Lyanna en essayant de lui rendre la récupération de l’offrande compliquée. La guerrière sourit à ses paroles, et tenta d’attraper la fleur, sans y parvenir.

"Pourquoi tu m’offres quelque chose si je ne peux pas le prendre ? C’est vilain de ta part !" lança-t-elle, faussement outrée, alors qu’elle était amusée. Il fallait dire qu’elle ne cherchait pas non plus à faire un effort pour attraper la rose, elle taquinait seulement le militaire.
Darren la prenait au jeu.
« Pour te résister, chérie. Tu adores ça ! »
Ses paroles amusèrent la guerrière qui sourit. Le jeune homme fit une dernière esquive avant de poser délicatement la rose sur elle, là où elle n’aurait aucun mal à s’en saisir. Il reposa ensuite sa tête sur la poitrine de sa femme avec un léger soupir d’aise. Cette position, fort délicieuse pour un homme, lui permettait également d’y entendre le battement cardiaque. Il était calme…
« Ca va mieux, on dirait. » glissa-t-il en essayant de ne pas trop ramener le sujet sur la table.

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Mar 3 Nov - 19:10

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


Lyanna prit enfin la rose, et la porta jusqu’à son nez pour humer l’odeur. La fleur sentait bon, c’était agréable. Elle écouta Darren, et resta silencieuse quelques secondes. Depuis qu’elle s’était enfermée dans le mobile home, elle avait eu le temps de se calmer. Et réfléchir à cette proposition qui ne lui plaisait pas du tout. Sa hantise : se retrouver devant Ridding, et lui parler. Lui demander poliment de prendre sa place serait une épreuve qu’elle aurait du mal à passer, elle le savait. La jeune femme soupira, laissant ses doigts caresser le dos de son compagnon.

"Oui, ça va mieux ..."
« Tu sais. Quand on se crève la gueule à vouloir faire une surprise qui roule parfaitement, on a tendance à en oublier l’essentiel. » lui expliqua-t-il doucement.
Il leva légèrement la tête et se contorsionna pour regarder l’Amazone. Allongé l’un sur l’autre, le résultat n’était pas très probant.
« Si ça te tracasse, laisse tomber. » admit-il sincèrement. « Je veux ton bonheur, pas te mettre dans des situations inconfortables, parce que je t’aime. Alors j’essaierai d’organiser ça autrement. »

Lyanna regarda Darren, puis elle fixa le plafond, perdue dans ses pensées. Que devait elle faire ? Affronter Ridding ? Ou faire une croix sur un week end avec Darren et Abelle ? La jeune femme soupira, envahie par une lutte intérieure. Elle finit par secouer la tête.

"Non … je n’ai pas envie de laisser tomber … c’est … c’est intéressant comme idée, de ne plus être responsable de tous ces mâles pendant deux jours. Et puis ..."

La guerrière se tut un instant, avant de reprendre.

"Si ça peut permettre aussi à Helen de moins me détester, pourquoi pas".
« Elle ne te déteste pas voyons... » glissa le soldat pour la centième fois.

Lyanna chercha le regard de Darren. Ce dernier se contorsionna de nouveau pour la regarder. Ses mains se déplaçaient pendant ce temps. Ce câlin était adorable, il aimait les moment tranquille comme ça.

"Tu ne pourrais pas être celui qui parlera à ton Lieutenant ? Je n’ai pas envie de lui parler !"
Darren serra la mâchoire et son visage changea de couleur. De la colère ? Non. Il ne résista pas et éclata de rire.
« Je suis téméraire mais pas suicidaire ! Si tu étais d’accord, c’est moi qui me chargeait de la partie diplomatique et toi d’aménager un peu la troupe pour qu’Helen puisse profiter de son mari. »
"Aménager le camp ? Ca me va. Je peux aussi dire aux Athosiens de retourner dans leur village pour le week end, en guise de repos. Comme ça, le camp serait presque vide. Non ?"
« Quel stratège. Tu me fais fondre... » fit-il, rêveur.

Darren changea un peu de position, essayant de ne pas faire souffrir Lyanna dans le mouvement. Il gagna un peu de terrain sur sa poitrine pour pouvoir déposer un baiser espiègle sur un bord de sa mâchoire.
« Mettre Ridding et Lyanna Clive dans le même sac. Puis faire un noeud... MON DIEUUUUUUU ! »

Lyanna imaginait parfaitement la scène, et se doutait qu’elle gagnerait si elle devait affronter physiquement Ridding. Cependant, elle fronça les sourcils sur un point.

"Lyanna Clive ?" répéta-t-elle en regardant Darren.
« Hm-hm » fit-il d’un air positif. Il lui sourit. « Si ça continue d’aussi bien marcher nous deux et qu’on se marie : tu porteras mon nom de famille. Tu deviendras Lyanna Clive. Et la flopée de mini-Darren et de mini-Lyanna aussi. »

Lyanna avait encore du mal avec la conception de mariage, et de port de nom de famille de l’un des conjoints. Elle ne visualisait pas bien la chose pour l’instant. Par contre, les “mini Darren” et les “mini Lyanna”, ça elle comprenait très bien.

"Seulement des mini Lyanna. Et encore, je ne suis pas une reproductrice, je suis une guerri…."
Elle n’eut pas le temps de compléter sa phrase, Darren venait de poser son index sur ses lèvres pour lui interdire une telle ineptie.
« Tatatata ! Les mini-nous, on les fera à deux. Tu veux des filles, j’veux aussi des petits-gars ! »
Il fit mine de retirer son index. Mais en sentant Lyanna prête à lui bondir à la gorge, il pressa de nouveau son doigts sur ses lèvres pour ajouter, joyeux comme tout :
« Et d’ailleurs, à ce moment-là, tu seras ni guerrière, ni reproductrice. Tu seras une maman ! Investie, aimante, passionnée ! »
Les derniers qualificatifs visaient à la faire réagir davantage. Darren laissa son index faire barrière jusqu’à la révolte de l’Amazone. D’ailleurs, cette dernière attrapa la main du soldat pour retirer cet index, et pouvoir parler.

"Maman investie, aimante et passionnée ? Oui … si j’ai des filles !"
« Et si c’est un garçon ? Tu jettes ta chair dans un trou, tu craches dessus, et tu refermes le tout sans scrupules ? » Questionna Darren en plaisantant.

Si Darren était entrain de plaisanter, Lyanna resta silencieuse, elle. Contrairement à lui, cette idée lui avait effleuré l’esprit. Se débarrasser des enfants mâles à la naissance était quelque chose qu’elle avait pratiqué sans état d’âme. Mais si elle l’avouait au militaire, la jeune femme savait que ses paroles ne lui plairaient pas du tout.

"Alors pries pour que je n’attende pas de mâle !"
« D’accord. Je prierai tous les Dieux qui existent dans Pégase pour avoir un mâle. Parce que j’veux un fils !!! » rétorqua-t-il avec une voix exagérément provocante. « Ma pauvre guerrière d’amour, tu devrais pourtant savoir que je sors toujours une astuce pour t’exaspérer !!! »
Darren leva la tête, tout sourire, pour faire peser la menace.
« C’est le drame, on a une garçon. Du coup, je le défendrai ! A chaque fois que ton épée tombera “par accident” en direction de sa jolie bouille : je me jetterai en travers pour parer le coup avec la mienne, d’épée. »
"Mais tu n’as pas d’épée !"
« Bien sûr que si !!! »
Il lui donna un indice.
« Tu sais, celle qui est faite de chair et permet de concevoir des enfants. Et tes quelques menus plaisirs au passage ? COUIC ! FINI !!!! »
Darren fit une mine très douloureuse.
« Et alors là, ma chérie ! Pour avoir ta fille, construire ta descendance matriarcale….olalalalalala ! »

Lyanna comprit enfin de quoi il parlait. Cette “épée” là. Il serait capable de se faire estropier pour protéger un mâle ? La jeune femme se retint de dire qu’il n’aurait pas à le protéger si elle même l’empêchait de naitre.

"J’attendrais que tu partes en mission !" le provoca-t-elle gentiment.
« Je le ferai garder par April ! » rétorqua Darren du tac au tac, sur le même ton. « Va essayer de lui broyer le crâne, je te prive de sexe A JAMAIS !!!! »

Lyanna sourit aux paroles de Darren. Ils pouvaient continuer comme ça pendant des heures. Alors, elle se redressa légèrement et embrassa tendrement son amant. Lorsqu’elle se retira légérement, le soldat l’observait d’un regard étincelant.
« Et si on concevait notre fils maintenant ? » provoqua-t-il d’une voix douce. « Une chance sur deux que tu entres au paradis, une chance sur deux que tu vives “l’enfer”... »
Darren venait de prononcer le dernier mot sur un ton sentencieux exagéré. Il fit les gros yeux, comme si un ultime suspens se jouait à l’instant. La discussion et le calin l’avait quelque peu démarré et il avait envie de transformer le moment sympathique en un moment “ultra-sympathique”. Lyanna fronça les sourcils et secoua la tête.

"Hors de question ! Pas de mâle !"

La jeune femme continua de caresser le dos du soldat.

"Mais pour se câliner, je ne dis pas non" dit elle en souriant, avant de l’embrasser à nouveau.
« Comment oserais-tu dire non ? » menaça-t-il en profitant de sa position pour la dominer et l’agresser de ses baisers. « Je vais devoir sévir ! »
Il tourna légèrement la tête vers la porte, vérifiant qu’elle était bien fermée. Il se rappela qu’elle n’était pas verrouillée et qu’il suffisait d’un encadrant à la recherche d’un papier pour se faire surprendre. Ce risque avait un côté assez excitant qui l’émoustillait davantage. Si Darren aimait bien mobiliser toutes ses armes pour arracher des cris à sa compagne, il se donnait pour objectif la discrétion cette fois. Les gestes du soldat firent frissonner Lyanna qui poussa un soupir. Mais être dans le mobile home, entouré du reste du camp, était risqué. Si quelqu’un les entendait ou venait, le couple serait pris sur le fait. Lyanna tenta alors de prendre la parole.

"Attends … les autres ..."

Darren se déplaça pour pouvoir adopter une meilleure position, gagnant davantage sur la belle brune, tandis qu’il lui glissait un “chut” dans les oreilles. Il s’attaqua alors doucement à son haut en lui laissant le choix de repousser ses avances. Bien que mal à l’aise à l’idée qu’on pouvait les surprendre, Lyanna se laissa gagner par cette délicieuse envie, et laissa Darren lui retirer son haut. De son côté, elle fit la même chose avec la veste et le t-shirt du militaire, tout en l’embrassant avec passion. Mais soudain, il posa sa main au centre de sa poitrine et la plaqua contre le lit de camp d’un geste plutôt brutal. Pas violent, mais osé, entreprenant. En dominant, il prit le temps de se délecter de la vue de cette poitrine qui se gonflait au rythme de sa respiration. Lyanna fut surprise par le geste brusque de Darren, et elle poussa un petit gémissement lorsqu’elle fut plaquée contre le lit. Mais en voyant le regard de son amant, elle comprit ses intentions, et surtout qu’il ne cherchait pas à lui faire du mal. Alors, elle se laissa faire.
Le soldat récupéra la rose puis s’amusa ensuite à lui frôler la peau avec. Il lui jeta quelques regards coquin tandis qu’il la mettait doucement en condition. Qu’il la faisait languir, juste ce qu’il fallait. Ce qui fit frissonner la guerrière, sa peau réagissant au doux contact des pétales. Puis Darren repartit à l’attaque, tant des lèvres de sa dulcinée que de ses vêtements.
Si un pantalon aurait pu être un obstacle pour lui à l’époque, il s’en foutait royalement maintenant. Il passa les mains dessus, flattant sa compagne au travers le vêtement pour s’assurer de son envie.
Ses quelques soupirs le rassuraient en ce sens. Il se pencha une dernière fois sur elle.
« L’avantage d’un garde du corps, c’est qu’il fait un parfait bouclier ! » lui souffla-t-il amoureusement. « Je te cacherai des regards ! »


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
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√ Gène : ATA
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Dim 8 Nov - 19:24

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Lyanna n’eut pas le temps de protester. Elle n’eut pas envie de protester. Darren lui retira son pantalon puis s’empara de la couverture, tombée sur le sol depuis, pour prévoir le coup s’ils étaient surpris. Joueur, Darren se drapa jusqu’à la tête, se faisant fantôme de fortune avant de se pencher vers ses jambes nues. Un coup de bras agile et il la recouvrait immédiatement. Lyanna sourit en le voyant faire, amusée, et remonta la couverture pour recouvrir entièrement son corps. Il n’y avait que la forme de Darren visible sous la couverture qu’elle fixait. Et lorsque le soldat commença à couvrir sa peau de baisers, et à s’occuper de son intimité, la guerrière reposa sa tête sur l’oreiller, et elle ferma les yeux en cambrant son corps. Elle soupira d’aise, et par moment, un gémissement traversa ses lèvres à mesure que le plaisir l’envahissait.

La température commençait sérieusement à monter sous ces draps. Darren n’aurait su dire si c’était à cause de ses ébats et de son rythme cardiaque qui montait dans les tours ; ou bien le simple fait de cette couverture. Niché entre les jambes de son amante et tandis qu’il s’occupait d’elle, il se prêta doucement au jeu.

C’est toujours comme ça. La roulette russe, un jeu dangereux auquel on peut finir par se brûler. Au début, le soldat se montrait conscient, prudent, en contrôlant son environnement. Et à partir du moment qu’il commençait à y trouver du plaisir, en diverses formes, il finissait toujours par perdre les pédales.

Dans ce cas là, son petit plaisir personnel, c’était de sentir à quel point il tenait Lyanna en son pouvoir. Il se souvenait brièvement de cette discussion qu’il avait eu avec elle. Quelques jours plus tôt, à ce même endroit, il lui avait montré que ce n’était ni dégradant ni honteux de le caresser. Elle s’était indignée, trouvant la position et l’acte humiliant. Il lui avait répondu que ça pouvait être vrai...et qu’en retour, cela lui assurerait un contrôle sur son partenaire.
Le pouvoir, la domination.

Darren ressentait tout ça à la fois pendant qu’il s’enfouissait plus profondément dans son intimité. Il adorait sentir les brèves contractions dans ses jambes, comme des échos électrique qui parcourait ses muscles en réponse à ses assauts. Il aimait bien sentir ces faux mouvements qui cherchaient à lui échapper alors, qu’au contraire, elle s’offrait encore plus à ses assauts. C’était un réflexe involontaire et incontrôlé. Un cruel duel entre la raison, lorsqu’elle se disait qu’elle ne devrait pas se laisser avoir si facilement ; et la paralysie qu’imposait la chimie de son corps tant elle aimait ça.
De la même façon que Darren qui lui ordonnait de s’arrêter dans une supplique alors qu’il espérait le contraire.

Sa relation avec Lyanna n’était pas toujours évidente, surtout lorsqu’elle était haineuse, impulsive et colérique. Il l’aimait pourtant profondément, il aimait son corps, son esprit, leur complicité. Mais sur ces moments précis, ce qu’il ne se targuait pas ouvertement, c’était d’aimer plus que tout d’avoir une emprise sur elle. D’être, de tous ceux qui furent et encore détesté, celui qui avait franchi les barrières pour s’imposer. Malgré les menaces comme Keyran...malgré leurs histoires de jalousie respective, le fossé culturel qui leur imposait de sacrés moments d’engueulades : Darren se sentait comme une forme d’élu. Il adorait ça.

Alors qu’importe. Qu’il ne voit de son amante que le duvet qui garnissait sa féminité, quelques parcelles de peau et du tissu, il y prenait un large plaisir et il savait qu’il en donnait. Le soldat finit par se dire “Oh, et puis merde !”, comme à chaque fois qu’il perdait les pédales. Il ne chercha pas à retenir les souffles et les gémissements de sa compagne. Parce que c’était leur moment à eux et que personne n’avait intérêt de pousser cette porte !

Bientôt, quand il sentit que Lyanna l’appelait de ses voeux, comme si sa symphonie de plaintes et de gémissements correspondait à une langue obscure et méconnue, Darren monta. Il savait que ses flatteries ne suffisaient plus et qu’elle voulait passer aux choses sérieuses. Alors il rampa comme un serpent, en remerciant ce petit nombril taquin, en embrassant ce ventre plat, en dégustant ce corps rudement entraîné comme au premier jour. Le militaire s’attarda sur cette poitrine qu’il aimait tant puis, lorsqu’il parvint jusqu’au visage de son amante, il était prêt à la faire voyager.

A ce moment là, l’atmosphère était quasiment devenu étouffante. Il chassa la couverture, l’ajustant pour qu’elle ne découvre que leur visage. Cela lui permis d’avoir un plus bel aperçu du visage de Lyanna. Il n’y trouva que des émotions positives, elle souriait. Le soldat prit le temps de dégager ses joues des quelques mèches de cheveux qui la gênait pour la regarder plus longuement. Il était sur elle. Aujourd’hui, il jouait le dominant.

L’homme déposa de légers baisers sur le bout de ses lèvres, il prit son temps avant de se lier. Au moment où il le fit, il sentit les jambes de Lyanna l’emprisonner, comprimer son bassin, au moment où la jeune femme poussa un long gémissement de bien être, frissonnant de tout son être. Elle aimait sentir son amant en elle, ne faire qu’un avec lui, c’était toujours aussi délicieux. Darren adapta sa posture pour commencer ses oscillations. Leur étreinte ne permettait pas des mouvements amples...mais c’était pourtant si bon.

« Que tu es belle ! » lui dit-il amoureusement, tandis qu’il sentait ses ongles griffer son dos. « Je te trouve tellement belle... »

Lyanna secoua la tête, avant d’embrasser son compagnon.

"Non" murmura-t-elle entre deux baisers. "Je suis juste … normale … quelconque ..."
« Ok ! » s’exclama-t-il dans une plainte de satisfaction. « Change rien surtout ! Ma chérie...quelconque ! »

Darren ne pouvait pas donner de coups de rein puissants, d’une part parce qu’il était entièrement allongé sur Lyanna, sans appui. Et d’autre part parce qu’ils n’étaient pas seuls dans le camp, et qu’ils devaient restés le plus discret possible. La guerrière soupira d’aise à chaque ondulation de son compagnon. Elle essayait de se contenir, de se contrôler pour rester silencieuse autant qu’elle pouvait. Mais quand Darren vint un peu plus profondément en elle, Lyanna poussa un gémissement plus fort. Un peu trop fort, sans le vouloir, malgré sa crainte que quelqu’un vienne les surprendre. Dans un geste réflexe, le militaire lui plaqua une main sur la bouche. Il sentit ses lèvres remuer contre son épiderme et il se surprit à adorer la sensation. Interdire son amante de s’écrier en la maintenant de la sorte, c’était comme s’il était en train de lui imposer une contrainte qu’elle ne désirait pas. Il ressentait ça comme un jeu et il poursuivit ses mouvements tout en la regardant dans les yeux. Comme s’il était en train de la torturer délicieusement et qu’il s’offrait le plaisir sadique de la voir subir ses élans. Au début, Lyanna fut très surprise que Darren plaque sa main sur sa bouche pour la faire taire. Et si elle s’était crispée pendant quelques secondes, elle comprit rapidement qu’en réalité, son amant voulait simplement étouffer ses gémissements pour ne pas être entendue. Elle se détendit peu à peu, et se laissa aller au plaisir ressenti, ces nouvelles émotions qu’elle ressentait, gémissant sans être entendue pendant que le soldat continuait de la prendre doucement.

Darren commençait à monter de son côté aussi. Souvent, il se contractait en réprimant une vague de plaisir. Sentir Lyanna l’emprisonner de la sorte, l’appeler à ne surtout pas s’arrêter et sentir combien elle prenait plaisir par la pression de ses doigts (parfois de ses ongles !) sur sa peau.

Pourtant, alors qu’il était juste en train de devenir plus bruyant que l’Amazone par ses “oh” jouissif, il s’immobilisa brusquement.
« Chut-chut !! » Lâcha-t-il à l’adresse de sa compagne.

Lyanna se raidit aux paroles de Darren, et elle tendit l’oreille. Des bruits de pas dans le couloir. L’écho d’une conversation leur parvenait par bribes. Quelqu’un venait d’accéder au bureau pour récupérer un document. Darren tira la couverture pour les recouvrir de nouveau, comme s’il comptait dessus pour être parfaitement dissimulé. A cet instant, ils se trouvaient tous les deux l’un contre l’autre, le souffle encore rapide.
Dans cette position d’attente, entre le terrible appel qui le tentait à reprendre sa danse et celui de ne surtout pas faire de bruit, le soldat retira sa main de la bouche de Lyanna pour poser délicatement son index sur le bord de ses lèvres. La jeune femme ne prononça pas un seul mot, sa respiration était saccadée et rapide. La crainte que l’un des membres du camp entre comme ça, les surprenant au lit, était en train de l’envahir. Elle garda les yeux rivés sur la porte, n’osant plus faire le moindre mouvement même si son bas ventre était en feu.
Darren souriait, tournant parfois la tête pour mieux y tendre l’oreille.

Les bruits de pas firent le chemin inverse et le militaire souffla lorsqu’il entendit la porte claquer. Il ricana légèrement, caressant la joue de son amante qui se détendit aussitôt, avant de lui demander :
« Tu crois qu’on devrait le faire sous le lit pour être sûr ? » lâcha-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Darren n’eut pas le temps d’en dire davantage, Lyanna revint aussitôt l’embrasser fougueusement. Ce petit moment de crainte n’avait fait que l’échauder davantage, et elle avait une terrible envie de lui. Envie qu’il continue ce qu’il avait commencé. Envie qu’il la possède encore. Envie qu’il se comporte à nouveau comme le mâle alpha.

"Continue !!!" parvint elle à dire dans un souffle entre deux baisers sauvages, tandis qu’elle bougeait volontaire son bassin pour le sentir se mouvoir au fond de ses entrailles.
« Oui mad...mfffffff »
Il ne sut comment il se retrouva là, le visage planté entre ses seins. Darren agita les bras comme s’il appelait au secours sur les premières secondes avant de réaliser où il était. Quel homme refuserait un pareil délice ?!?
Il en profita tant qu’il lui restait suffisamment d’air dans les poumons, même si le coeur de sa compagne battait au point qu’il lui boxait la face. Le militaire reprit ses appuis et dégagea enfin son visage, l’air un peu benet. Il répondit à l’appel de sa partenaire, revenant en elle. Et en découvrant son soupir d’extase, il choisit de se retirer de nouveau, entièrement, avant de revenir. Lui faire sentir clairement, et en maintes reprises, l’acte de possession qu’elle appelait de son corps. Darren faisait tout pour frustrer Lyanna, et cela fonctionna. La jeune femme gémit en le sentant à nouveau en elle, mais rapidement, elle poussa des soupirs frustrés. Elle tenta alors de se redresser pour inciter son amant à la prendre pour de bon, ayant furieusement envie de lui.
Darren prenait effectivement un malin plaisir à la faire languir. Comme ces petits moments où il la tendait de désir, flirtant bien bas sur ses frontières intimes sans entrer dans le vif du sujet. La pousser à le demander de vive voix. Une chose qui, hors de ce contexte intime et très personnel, aurait pu paraître humiliant pour la Lyanna d’autrefois.
"Mais qu’est ce que tu ..."
Darren déduisit que ce n’était pas intéressant dès qu’il la vit ajouter cette réplique à un froncement de sourcil. Sa main directrice harponna sa mâchoire un peu plus solidement, brisant sa phrase dans un murmure étouffé qui se voulait la vengeance de son attaque de poitrine.
« La ferme ! Ma chérie quelconque ! » envoya le soldat sur un ton faussement menaçant. Il accompagna cet outrage déguisé (qu’il lui aurait valu un bon coup de poing dans un autre contexte), d’une impulsion pour la coller illico dans le lit.
Darren se pencha pour faire une tête de sévère. Le fameux mâle Alpha qui prenait l’Amazone tueuse d’hommes ! Mais son regard était tout sauf agressif.
Il était aimant, chargé d’un mélange de plaisir et de désir. Et il y avait également le jeu.

Lyanna était entièrement possédée, à la merci de Darren, et cela l’émoustilla davantage. Au début de leur relation, elle aurait pu être choquée ou en colère d’une telle brutalité dans les gestes du militaire. Mais avec le temps, la jeune femme avait appris à faire confiance à Darren. Elle savait que son amant ne lui ferait jamais de mal, qu’il ne lui ferait jamais subir quelque chose contre sa volonté, pour la blesser ou l’humilier. Il était si différent des autres mâles, il le lui avait prouvé de nombreuses fois. Et il lui faisait découvrir de nouvelles choses, de nouvelles situations pour la rendre folle de lui. Cela fonctionna. Sa soudaine domination sur elle ne lui fit que ressentir encore plus de plaisir. Et la voilà allongée de force sur le lit, incapable de parler, la main de Darren plaquée fermement sur sa bouche pour la posséder davantage.

Le militaire conserva son emprise sur Lyanna. Elle allongée, lui presque agenouillé, tandis qu’il s’aidait de l’autre main pour passer aux choses sérieuses. Il reprit la danse que les intrus du bureau avait manqué d’interrompre. Son petit jeu avait eu pour effet de le faire redescendre un peu. Et s’il se montrait assez concentré, il était certain de pouvoir allonger d’autant leur voyage vers le septième ciel.
« Je n’ai...pas entendu... » la provoqua-t-il entre deux plaintes, conscient qu’il pouvait rendre sa belle complétement barge.

Lyanna se laissa faire, subissant à nouveau les doux assauts de Darren qui tentait de la rendre encore plus folle. Elle avait cessé d’agripper ses hanches pour le griffer. Elle se contenta de poser ses mains sur le matelas, et serra le drap entre ses doigts. A travers son baillon de fortune, pour lui répondre, la jeune femme poussa un long gémissement qu’on pouvait deviner être suppliant pour que le soldat continue ce qu’il était en train de lui faire. Elle se cambra légèrement, cherchant à suivre le rythme de son bassin contre le sien. Cet appel physique finit par déranger Darren qui voulait plus que l’amplitude de cette position lui permettait. Lorsqu’il lâcha enfin la bouche de son amante, ce fût pour pouvoir se redresser à l’équerre et se saisir de son séant. En la surélevant légèrement de la sorte, demeurant agenouillé, il continuait de lui imposer ce sentiment de soumission tandis qu’il opérait des mouvements beaucoup plus larges et profond.
Il se tenait fièrement, agrippant les callipyges de sa belle, pour la prendre plus fermement. Il comptait la menacer de ralentir à chaque fois qu’elle oserait pousser une plainte trop puissante à son goût. Sa crainte devenait le jeu. Le silence sa récompense ultime.

Malheureusement, le soldat n'eût pas le temps de lancer cet autre exemple de domination. En se positionnant de la sorte, ses jambes peu centré sur ce frêle lit de camp, il sentit soudainement le tout basculer sur le côté et les emporter brusquement. Sur l’instant, Darren pensait avoir cassé le lit à cause du poids cumulé de leurs corps et du va et vient incessant. Mais il comprit rapidement qu’il s’était honteusement foiré en adoptant sa nouvelle position.

Il se trouvait alors sur le flanc, la belle brune l’ayant accompagné dans sa chute.
Seulement voilà : chassez le naturel et il revient au galop. Lyanna venait d’être libérée de sa prison sexuelle et pouvait profiter de l’occasion. Il sentit même son mouvement, comme un réflexe inné chez elle, la pousser à vouloir prendre le dessus. Maintenant qu’elle se trouvait par terre, n’étant plus contrainte par le soldat, Lyanna se mouvait pour chevaucher son amant, commençant déjà à se placer à califourchon sur lui. Elle voulait avoir sa vengeance, et mener maintenant la danse.

« Pas question, femme ! » vociféra Darren, toujours pris dans son petit jeu.
"Oh que si, mâle !" lui répondit elle par réflexe, un sourire aux lèvres, jouant son jeu.

Darren posa une main sur le centre de la poitrine de son amante, comme s’il cherchait à la repousser. En réalité, il planta son regard dans le sien, déclarant d’une voix exagérément autoritaire :
« Allonge-toi ! »

Il était terriblement excité, tout comme Lyanna. Les joues rosies de cette dernière, son coeur qui battait la chamade, sa poitrine qui se soulevait rapidement au rythme de sa respiration rapide, tous ces signes montraient dans quel état se trouvait la jeune femme. Darren l’avait échauffé depuis un moment, elle était presque aux portes du septième ciel grâce à lui.
Il suffisait à la jeune femme de balayer son bras qui interdisait le passage, lui passer dessus, et il serait incapable de pouvoir reprendre le contrôle. Donc, dans son jeu, Darren tenta d’imposer sa volonté. De réussir à pousser sa belle à s’offrir non pas par la contrainte sensuelle. Mais par une soumission parfaitement délibérée.
« Allonge-toi... » ordonna une nouvelle fois Darren avec son faux air sévère, un sourire de joie impossible à effacer du coin de ses lèvres.

Lyanna attrapa la main que Darren avait posé sur sa poitrine pour la contraindre, mais elle ne la retira pas. Elle se figea, à califourchon sur son amant, plongeant son regard empli de désir dans le sien. Le soldat lui intimait à nouveau l’ordre de s’allonger, mais elle refusa de bouger. Elle avait envie de prendre le dessus. Elle voulait se venger, et soumettre cette fois-ci Darren à sa volonté. Pourtant, une part d’elle avait apprécié ce qu’il lui avait fait subir dans ce lit. Comme à chaque fois que le militaire avait cherché à la contraindre, après avoir gagné sa confiance. Et elle adorait ça. Silencieuse pendant quelques secondes, Lyanna réfléchit, puis elle prit sa décision. Uniquement avec lui, avec ce mâle, elle acceptait d’être soumise. Alors, lentement, elle ondula son corps sur le côté, non sans frotter sa féminité sur le membre tendu de Darren. Dans un premier temps, l’homme accompagna le mouvement de son amante sans vraiment en apprécier le sens, trop préoccupé à retenir la délicieuse sensation dont elle le punissait. Et docilement, elle s’allongea à ses côtés, sans le quitter des yeux.
Darren maintenait également son regard dans le sien, comme si un terrible duel se jouait entre eux deux alors qu’il appréciait de façon magistrale l’abandon de Lyanna.
Sa belle se laissait aller. Elle se livrait corps et âme à lui en laissant filer sa chance de vengeance. Et ça, c’était terriblement grisant. Tandis qu’il accompagnait toujours le corps de Lyanna et se replaçait entre ses jambes, il lui offrit un sourire victorieux et un regard pétillant. Il l’embrassa pour la remercier silencieusement de ce petit cadeau coquin puis il reprit la position qu’il avait projeté. Lui agenouillé, soutenant le fessier de son amante, tandis qu’elle gisait offerte sur le sol.

« Tu as intérêt à te taire... » la menaça-t-il dans un souffle, reprenant son rôle, tout en s’insinuant en elle. « Sinon je me montrerai encore plus feignant ! »
Sa fameuse menace.

En sentant son amant la pénétrer à nouveau, Lyanna soupira d’aise en se laissant aller. Elle était entièrement à la merci de son compagnon. La position offrait à ce dernier une amplitude plus grande et il le lui fit sentir d’un mouvement lent, très langoureux. Une fois, deux fois, puis il accéléra le rythme. Ils atteignaient tous les deux la fin de leur petite aventure. Darren était très content d’avoir pu la faire durer aussi longtemps et d’avoir joué de cette façon avec son amour. Il l’attaqua séchement, lui faisant vivre cette nouvelle position dans les plus belles règles de l’art. Mais s’il se permettait les onomatopées inévitablement sonore que lui offrait ce délicieux corps, il guetta ceux de son amante pour sévir d’un ralentissement honteusement punitif. Cette étape fut très difficile à respecter pour Lyanna, car la position de Darren lui permettait d’aller et venir beaucoup plus profondément en elle par rapport à d’habitude. Comme cette fois là, au bord du lac. Lorsque son amant accéléra le rythme de ses coups de reins, la jeune femme se mordit d’abord la lèvre pour étouffer un cri. Quelques fois, elle ne parvenait pas à s’empêcher de gémir un peu trop fort, et elle en subissait les conséquences lorsque Darren ralentissait la cadence pour la rendre complètement folle. Alors, lorsque son partenaire reprit ses coups de reins puissants, Lyanna n’eut d’autre choix que de plaquer sa propre main sur sa bouche pour ne pas crier. Les sons étouffés furent beaucoup plus silencieux, elle respectait donc les consignes données par le soldat, tout en se sentant envahie par un pur et délicieux plaisir à mesure qu’elle approchait de la jouissance.

Cette réaction offrit une vue supplémentaire, une surenchère d’excitation, en voyant ce tableau qui s’imprimerait à jamais dans ses souvenirs. Avec un large sourire, le jeune homme observa les moindres détails. Comme son ventre dont il voyait les muscles danser à chaque mouvement. Sa poitrine qui s’amusait à faire des petits cercles. Et le visage contrit de son amour qui se baillonait elle-même.
Darren manqua de perdre le contrôle. Il voulu remercier son amante en séparant l’une de ses mains qui revint lui offrir une claque sonore sur le fessier. Une récompense pour l’amener à jaillir, et Lyanna retint un nouveau cri à travers sa main. Sauf que le jeune homme n’en pouvait plus à son tour et il poussa un gémissement assez long.
« Putain... » jura-t-il aussi silencieusement que possible, comme si la brune allait le prendre mal.
Et Clive s’arquebouta brusquement en se disant son fameux “et puis merde !”. Il donna de nouveaux coups, plus abrupts, moins harmonieux, qui trahissait clairement l’imminence de son explosion. Il en prenait tant de plaisir qu’au moment de partir, il s’écroula sur la jeune femme, prenant ses appuis de chaque côté pour donner des impulsions plus courtes mais bien plus profondes, mobilisant l’ensemble de son corps sur ce mouvement de balancier.
Il l’aurait traîné sur deux mètres tant il avait exercé de pression, râlant les dents serrées, les yeux clos. Lyanna finit par se cambrer à son tour, en resserrant ses cuisses autour des hanches de son compagnon. Heureusement qu’elle avait maintenu sa main sur sa bouche, sinon elle aurait été entendue dans tout le camp. Après la jouissance, elle se laissa aller sur le sol, détendue, et ferma les yeux. Elle retira sa main, et tenta de respirer le plus calmement possible, ce qui n’était pas chose facile tant elle était essoufflée. Mais elle se sentait bien, comblée. Avec douceur, la jeune femme caressa le dos de Darren du bout des doigts dans un moment de pure tendresse.
Ce dernier reposait toujours sur elle, n’ayant pas quitté sa position, parce qu’il appréciait jusqu’à la dernière seconde ce sentiment de plénitude. Il ne s’occupait pas de son amante, trop intéressé par le flot d’émotions qui parcouraient encore son être. Il sentit les doigts de la jeune femme le caresser que plus tard, bien après qu’elle eut offert ce geste d’affection. Darren posa un coude sur le côté pour se redresser et cesser d’écraser sa belle de son tout son poids. Il prit suffisamment de hauteur pour pouvoir aller l’embrasser. Tout dans son expression montrait combien il avait pris plaisir à ce moment intime.

« Ca va ? » la questionna-t-il dans un fond de ricanement.
"Je vais bien … comme à chaque fois ..." répondit elle en souriant à Darren, le regardant amoureusement.

Darren glissa son pouce sur la surface de ses lèvres, comme s’il chassait une salissure, et qu’il prenait soin d’elle jusqu’au dernier détail. « Tu ne m’en veux pas pour ce que je t’ai dis... »
Ce n’était pas vraiment une question. Plus une affirmation du petit jeu qu’il avait orchestré. Maintenant, il cherchait à savoir si sa compagne l’avait bien pris dans ce sens et qu’elle ne le prenait pas mal. Bien sûr, ses cris donnaient une toute autre idée. Mais Darren était constamment inquiet de lui offrir une expérience sincère. Amoureux comme il l’était, il ne laissait pas de place aux doutes.
En attendant la réponse de sa femme, encore essouflé l’un comme l’autre, Darren lui tira légérement les cheveux pour réarranger cette coiffure qu’il avait malmené de ses accoups. Lyanna le laissa faire, et fit mine de réfléchir, tout en continuant de le caresser.

"T’en vouloir ? A quel moment ? Quand tu m’as dit de la fermer ? Ou quand tu m’as ordonné de m’allonger ? Ou encore quand tu m’as menacé ?"

La jeune femme regarda Darren, d’abord avec sérieux. Elle parvint à le faire douter, il avait cessé de la peigner de ses doigts en laissant paraître une petite appréhension dans son regard. Puis la jeune femme sourit, avant de l’embrasser tendrement. Comme pour le rassurer qu’aucune de ses paroles ne l’avait froissé. Darren ricana juste après le baiser, reconnaissant qu’elle l’avait plutôt bien eu.

"Ne t’en fais pas, je sais que tu as dit ça par jeu. J’ai confiance en toi, je sais que tu ne pensais pas ce que tu as dit. Tu n’es pas comme les autres qui ne voient pas ça du tout comme un jeu".

Darren colla ses lèvres contre les siennes. Pendant ce temps, il s’était emparé d’un morceau de couverture pour la ramener sur leurs corps nus. Darren se plaça de côté et ouvrit son bras pour que l’Amazone vienne s’y placer. Ce qu’elle fit aussitôt, posant sa main sur son torse qu’elle caressa doucement, la tête enfouie dans le creux de l’épaule de son amant. Ils allaient bientôt se lever, prendre une douche dans cette minuscule cabine, comme la dernière fois.
Mais là, pour l’instant, ils appréciaient jusqu’à la dernière seconde le plaisir qu’ils s’étaient mutuellement offert.
Darren resserra son bras autour des épaules de la jeune femme et lui déposa un tendre baiser sur le front.
« Je t’aime, Lyanna. » lui dit-il, dans un double sens.
Par les sentiments qui l’animaient, comme d’habitude.
Et plus subtilement, pour lui dire combien elle était délicieuse au lit.
Lyanna sourit aux paroles de Darren, et elle leva la tête pour le regarder.
"Je t’aime aussi, Darren".

La jeune femme embrassa tendrement le soldat, puis elle reposa sa tête sur son épaule, fermant les yeux pour savourer cet instant. Ils restèrent allongés sur le sol un long moment, le temps de récupérer dans une douce étreinte. Mais ils ne pouvaient pas rester là éternellement. La journée n’était pas terminée. Ils finirent par se lever à contre coeur, et prirent une douche ensemble, dans la minuscule cabine, serrés l’un contre l’autre. Ce fut un moment de complicité, Darren chercha à faire rire Lyanna en l’aspergeant d’eau, et Lyanna qui se vengea en dirigeant le pommeau de douche dans la direction de Darren en guise de représailles. Ils ressemblaient à des enfants qui s’amusaient et se chamaillaient gentillement. Puis, une fois la douche terminée et après s’être habillés, ils quittèrent le mobile home pour retourner avec les autres, main dans la main.

Comme promis, Darren se chargea du côté diplomatique pour inviter le lieutenant Ridding à rejoindre sa femme. Il lui expliqua la nécessité de surveiller le camp pendant l’absence de Lyanna et les efforts qu’ils feraient pour que la charge de travail soit minimale. Le lieutenant n’hésita pas très longtemps avant d’accepter.
Lorsque le médecin l’apprit, elle eut d’abord du mal à le croire. Elle se demandait si ce n’était pas un moyen de pression que Lyanna se garantissait. Qu’elle tentait de la rendre redevable. Darren intervint de ce côté là aussi, balayant ses doutes en lui rappelant qu’en tant que médecin, elle n’avait jamais pris de repos et qu’elle méritait amplement son anniversaire de mariage.

Un soir, durant le repas des organisateurs, elle avait profité d’un moment de discrétion pour remercier chaleureusement Lyanna. Il n’y avait pas d’histoire de fierté et malgré leur rivalité, elle lui montra sa reconnaissance.
L’organisation pour le week end, côté campement, revenait à l’Amazone cela dit. Et à cause de cette fichue culture, la brune étant toujours aussi butée, Darren eut toutes les peines du monde à la convaincre de faire venir des plats préparés depuis la cité. D’un restau qu’ils avaient fait ensemble et qui avait le sacré avantage de pouvoir faire des produits en barquette qui ne perdent pas en saveur.
Il lui avait également demandé une participation au budget pour leur installer une tente pour deux, et de quoi avoir du confort, en bordure du lac. L’Amazone n’était pas heureuse à l’idée de faire profiter son “ennemi” de ses ressources. Mais Darren sortit ses arguments, à savoir des promesses de massages nocturnes, si elle lui faisait cette faveur.

Le militaire regrettait quand même que son secret soit éventé. Avec la date fatidique qui s’approchait, Lyanna devenait intenable. Elle voulait savoir comment allait Abelle, si elle pouvait lui parler avant, pourquoi elle ne la rejoignait pas directement au camp. Sans compter les petites cachotteries que le soldat peinait à garder dans l’ombre. Tenir à l’écart une combattante qui avait passé sa vie à affiner réflexes et perception, ça n’aidait pas.

Souvent, Darren lui répondait d’un simple mot : “Patience !”

Le vendredi soir, Darren s’était laissé conduire par Lyanna avec le plus petit camion jusqu’au village Athosien. Il resta énigmatique malgré les regards insistants de Lyanna. Une fois rendue, une fois libérée des quelques volontaires qui voulaient la présenter au doyen du village, Darren s’empara de la main de sa compagne pour l’emmener vers une auberge.

Au moins, Lyanna n’avait pas tout découvert. Ce vendredi soir, il lui offrait un dîner aux chandelles. Tandis que le reste des volontaires profitaient de leurs familles, Darren et elle se retrouvaient seuls pour un vrai repas en amoureux. Quelques petits détails avaient été soignés, comme le feu qu’une rose se trouvait du côté de Lyanna lorsqu’elle s’installa.

Le temps fila. Ils évoquèrent leur passé commun, leur rencontre, riant de leurs réactions de l’époque. Lyanna qui voulait le buter, Darren qui adorait relever le défi. Ils discutèrent de certains détails, toujours très drôles, de cette période. Comme le fait que Darren avait braqué des vaches avec son pistolet en pensant voir des ennemis.
Ce soir là, Lyanna apprit, dans un fou-rire partagé, que son amant avait osé la transporter dans une brouette après qu’elle soit tombée du toit.
« Est-ce que ça change l’image que tu as de moi ? » s’était-il enquit, regrettant un peu son aveu.
"Bien sûr que oui !" s’empressa de dire Lyanna sur un ton sérieux.

Quelques secondes après, la jeune femme se mit à nouveau à rire, se moquant de l’aveu de Darren. Bien sûr que non, elle n’était pas en colère, et elle ne regarderait pas le soldat d’une autre manière. Elle l’aimait, quoi qu’il lui ait fait. Et puis, ce mensonge n’était pas la fin du monde. C’était une anecdote rigolote qui ne faisait que renforcer leur complicité.

"Quand je pense que tu as osé me faire ça, je suis outrée ! Je n’ose pas imaginer ce que je t’aurais fait subir si je m’étais réveillée dans cette brouette ?!" lui dit elle en prenant un air faussement menaçant.
« Je dois reconnaître que j’en menais pas large. Surtout si tu ouvrais les yeux au beau milieu de l’opération. Mais entre ça ou te laisser croupir entre les poutres... »
Darren se pencha un peu plus en avant.
« Quel sort je mérite pour avoir osé ? » la questionna-t-il avec malice.
"Mmmhhh bonne question … laisse moi réfléchir !"

Lyanna leva les yeux au ciel, en croisant les bras sur sa poitrine, faisant mine de réfléchir. Le sourire du soldat s’était élargi.

"C’est un affront sur ma personne, il faut un châtiment exemplaire, non ?"
« Carrément ! Pendant ton inconscience en plus, c’est de la profanation ! »

La guerrière réfléchit, puis elle regarda Darren dans les yeux, levant légèrement le menton comme pour se donner de la prestance. Un petit geste qu’elle avait toujours fait lorsqu’elle montrait son autorité, même avec le militaire depuis leur rencontre. Pour la taquiner, ce dernier attendit d’obtenir sa sentence en l’imitant parfaitement de son coup de menton.

"Que dirais tu si je t’interdisais les câlins pendant une semaine ? C’est bien, comme châtiment !

Certes, la punition était importante. Mais Darren saurait sûrement que Lyanna ne tiendrait pas une longue semaine sans se retrouver dans ses bras, tout comme lui aurait certainement du mal à le supporter. La jeune femme eut un petit sourire en coin pour taquiner son amant.
« Pffff ! Ridicule ! » rétorqua le concerné en haussant les épaules. Il entra dans son jeu. « Tu ne tiendras pas. Une journée sans un câlin, sérieux ? Tu deviens toujours grincheuse si tu n’as pas celui du matin. »
Il leva son index.
« Alors que tu pourrais être tellement plus vilaine ! Par exemple...avec une bonne grève du sexe. »
Il acquiesça gravement, comme si la simple idée le terrifiait. Par complicité, il lui révélait l’information sans faire de sous-entendu. Plutôt avec un brin d’humour.
« Exemple ! Tu ne te prives ni de câlins ni de contact. Sauf que tu te fais encore plus belle que d’habitude. Tu te mets de beaux atours et j’en passe. Le truc peu habituel et qui laisse dire à la victime... »
Dans son jeu, Darren s’imita lui-même, comme s’il réfléchissait à haute voix.
« Hmmm ! Miam miam ! C’est une invitation là, il va y avoir de la sauvage au menu ce soir. Et là...QUE DALLE ! Rien de rien ! Tu me fais le coup de la fameuse migraine ! Ou du “tu regardes mais tu touches pas”. Quelle horreur ! »

Le militaire ricana.
En rencontrant le regard de sa compagne et de l’expression de son regard, car elle n’était pas ignare sur le domaine de la stratégie, Darren finit par acquiescer.
« C’est du vécu, oui... » avoua-t-il. « Parait que le pouvoir a changé de main depuis que nos Terriennes ont adopté le principe. »

Lyanna était surprise par les propos de Darren. Elle réfléchit quelques secondes en fronçant les sourcils.

"Oh, je vois … alors, sur ton monde, le sexe est une arme ?"
« Ca dépend. Si tu me poses la question aussi sérieusement que l’utilisation de ton épée, je réponds non. Mais si tu me poses la question sur ce petit duel de pouvoir qu’il y a entre nous... »
Il guetta aux alentours et murmura :
« Comme quand tu deviens une fille du lac complètement dominée. Je réponds oui... »

Lyanna eut un petit rire aux paroles du militaire, mais elle n’eut pas le temps de répondre avant que quelqu’un n’entre dans son champ de vision. Darren regarda l’aubergiste passer et attendit qu’il couvre un peu de distance avant d’ajouter, de son ton complice.
« Ca marche dans les deux sens, remarque. Je pourrai te le faire subir si tu es pas sage ! » Il passa sa main sur son torse, comme s’il balayait une miette de son repas qui trainait là. Puis il étira son vêtement pour laisser paraître sa morphologie. « A plus les pecs qui servent d’oreiller ! Fini les abdos que tu dessines avec les doigts ! »

La guerrière suivit le geste de Darren, puis elle lui sourit.

"Tu oserais vraiment ? Alors que tu as une tueuse de mâle devant toi, qui a passé sa vie à en éliminer mais aussi à en capturer pour les réduire en esclavage ? Penses tu vraiment être capable de m’empêcher de t’attacher quelque part si tu me refuses du sexe ?"

Lyanna eut un petit regard taquin et provocateur pour Darren, car elle savait parfaitement que le soldat ne la prendrait jamais au sérieux. La jeune femme ne lui ferait pas de mal, il le savait.
« Ah mais ma tueuse d’homme adorée n’est jamais tombée amoureuse avant moi. Et elle n’a jamais été chevauchée aussi délicieusement ! Tu n’oserais pas sacrifier ces magnifiques cris de joui... »
Il s’interrompit lorsque des clients passèrent devant leur table pour aller s’installer plus loin. Darren ne pouvait pas trop détailler, même s’il adorait répondre à son jeu de provocation.
« Tu te diras que c’est trop risqué. Alors qu’au contraire, moi... »

Bon. Normalement, ça aurait été plutôt à la belle brune de lui faire ce coup-là. Mais pour la surprendre et donner dans la surenchère sur cette discussion, le soldat glissa sa botte en direction des jambes de Lyanna. Il engagea une douce et lente caresse de son mollet avec le revers de sa rangers. Il y avait mieux comme tendresse, surtout avec une pompe militaire qui n’était pas conçu pour ce genre de mission, mais il compensait par le côté langoureux du geste. Surprise, la jeune femme baissa les yeux quand elle sentit quelque chose contre sa jambe, où elle découvrit le pied de Darren qui se frottait à elle.
« …..je peux toujours te rendre dingue. »
Il remonta légèrement plus haut, feignant l’air de rien.

eden memories

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Dim 8 Nov - 19:34

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Evidemment, Lyanna ne connaissait pas ce geste, et elle fronça les sourcils en regardant Darren. Il fallait dire qu’une chaussure de militaire, ça ne faisait pas grand chose à part se poser des questions.

"Qu’est ce que tu fais avec ton pied ?"
« Ca s’appelle “faire du pied”. Un petit jeu taquin secret, conduit plus par la femme que son homme, pour lui faire monter le désir. En secret, au milieu du public...donc discret. » lâcha le soldat en cessant son geste, parlant comme s’il avait donné une définition du dictionnaire. « Mais ça marche mieux sans les rangeots de l’armée, j’avoue. »

Lyanna comprit ce que lui disait Darren, mais pas vraiment l’intérêt du geste. Normal, vu qu’elle ne l’avait jamais pratiqué, ni ressenti les effets curieux que cette simple caresse pouvait provoquer.

"Comme ça ?"

Par imitation, comme elle faisait depuis sa rencontre avec Darren pour apprendre, elle regarda sous la table, et leva à son tour son pied qu’elle posa contre la jambe de Darren, maladroitement, sans savoir comment il fallait faire.

Le jeune homme se retint de rire en la voyant s’exercer. Ainsi discrète, la tête baissée sous la table, la jambe tendue pour se poser contre son mollet qu’elle remuait un peu, elle ne tarda pas à attirer le regard du couple attablé quelques mètres à côté.
« Elle apprend la danse ! » balança Darren, un brin moqueur.
Ces situations ne le gênait plus vraiment maintenant. Plus depuis qu’elle avait supposé la taille de sa virilité à voix haute dans une auberge bondée de monde et qu’elle avait insisté en disant que la taille ne comptait pas. C’en avait été trop ce midi-là, à Héstevic, il avait eu besoin de sortir prendre l’air.

Un léger sourire nostalgique lui vint, avec une délicieuse petite impression de vengeance, tandis qu’il se disait mentalement : “Elle ne tient plus le même discours, maintenant”.

« Ce n’est pas dans les coutumes, chérie. » lui dit-il sincèrement. « C’est très rare. Et c’est un signe taquin...discret. »

Il avait insisté sur le “discret”, sans lui faire les gros yeux ni se racler la gorge. Il savait qu’à chaque fois qu’il lui faisait connaître quelque chose de nouveau, sa curiosité l’affranchissait de son environnement. La tueuse d’homme restait une femme qui adorait connaitre et expérimenter. Aux paroles de Darren, Lyanna arrêta son geste, et le regarda.

« C’est un signe secret. Comme cette fois, au mess, je ne sais pas si tu te rappelles... Tu déjeunais avec Teyla et j’étais à deux tables devant toi. On ne montrait pas encore notre attachement à l’époque. Je ne pouvais pas venir t’embrasser comme ça, au milieu de tout le monde, alors j’ai fait autrement. J’ai tressé ma serviette pour lui donner la forme d’une fleur. Quand ton regard s’est posé sur moi et que tu m’as reconnu, je te l’ai montré discrètement. Et j’ai disparu juste après. Tu t’en souviens ? »
Il lui fit un clin d’oeil.
« C’est dans la même discrétion. »

Lyanna se remémora le souvenir en question, et sourit rien qu’en y repensant. Darren avait fabriqué une fleur pour elle, comme le jour où il lui avait tendu une petite fleur lors de leur première mission.

"Oui, je m’en souviens. Je t’ai vu partir, et j’ai dit à Teyla que j’avais quelque chose d’important à faire … et je t’ai vite rejoint sans lui dire".

Leur complicité était éléctrique. Ils n’avaient jamais parlé de ce jour jusqu’ici.
« Parce que tu as répondu à un message qui ne se dit pas avec des mots. » compléta Darren. « Tu as ressenti quoi ce jour-là, à part de la curiosité ? La crainte d’être découverte ? Une petite excitation ? »

Lyanna fronça les sourcils, le regard perdu dans le vague, tandis qu’elle se rappelait de chaque détail.

"Un peu d’excitation. Teyla a vu mon regard derrière elle, quand je t’ai vu avec la fausse fleur. Elle m’a demandé ce que je regardais, elle était même prête à se tourner. Mais je lui ai raconté un mensonge pour qu’elle ne pose pas davantage de question".
« Un peu d’excitation. » reprit Darren pour orienter ce qu’il souhaitait lui apprendre. Non pas que le reste était inintéressant, il avait bien noté que sa compagne avait fait des cachotteries à Teyla. C’était amusant.
« Et bien...la fleur...pour un sujet encore plus intime, c’est ça... » lui expliqua-t-il en reproduisant le geste du pied pour quelques secondes.
« Pour dire que tu as envie de l’autre. C’est un message adressé de la même façon. Tu comprends maintenant ? »
"Oui, je comprends ! C’est comme ..." Lyanna sortit de ses pensées, et regarda Darren en redevenant fausssement provocante. "... quand on est dans le camp, tu me fixes avec ton regard plein de sous entendus, comme si tu voulais m'entraîner dans un coin pour me sauter dessus, pendant que les autres travaillent. J’ai raison ?"

Darren toussa légèrement comme s’il avait avalé de travers. Sauf qu’il n’avait pas touché son assiette depuis une dizaine de minutes. Il se mit à rire légèrement et se massa la nuque, un peu embarrassé. Même Lyanna, avec sa naïveté en la matière, savait très bien reconnaître un regard qui la reluquait.
Peut-être qu’après des années passés en couple - après une tripotées de marmots qui auraient déformés son corps, le temps qui lui aurait imposé des rides et de la cellulite - peut-être serait-il trop habitué aux détails de son Amazone. Et qu’il ne la regarderait plus à ce point. Mais pour l’heure, même s’il l’avait exploré de long en large par des baisers gourmands, comme s’il avait soif et se trouvait toujours dans l’urgence, il ne pouvait s’empêcher de la regarder comme au premier jour.

Il n’agissait pas dans un élan malsain ou une quelconque perversité. Ce n’était pas vingt quatre heures sur vingt quatre. Mais elle avait clairement raison. Parfois, dans un moment de la journée, sur une situation donnée, il s’offrait le luxe de la mater. Il avouait.
Il se souvenait de cette fois, après qu’elle aie distribué ses ordres façon tyran (avec un groupe d’hommes), il avait copieusement admiré ce joli séant qui s’éloignait.

Ou bien cette fois où, lorsqu’elle revenait dans leur tente après une envie pressante, il avait vu à la lumière de sa lampe son délicieux t-shirt. Elle s’était habillée brièvement sans mettre ses dessous, le tissu étiré lors de ses mouvements avait laissé paraître les contours de sa jolie poitrine. Ca lui avait donné envie de lui sauter dessus, d’arracher son t-shirt - moulant pour l’occasion du mouvement - avec ses dents. Et de lui faire l’amour comme une bête sauvage. Lyanna lui donnait déjà envie au naturel. Il n’osait pas vraiment imaginer comment il allait se débrouiller le jour où elle jouerait de ses charmes, de tenues affriolantes et de petits jeux coquins.

Donc oui. Lyanna avait effectivement raison sur les intentions qui passaient dans son esprit sur ces petits moments-là. Il apprenait à la connaître...l’inverse était d’autant plus vrai. Il ne pouvait clairement pas le nier.

« C’est que la tueuse d’hommes est également une charmante créature. Très...très agréable à regarder. Alors quand on sait qu’on ne risque pas un coup d’épée dans le pif si on se fait gauler... » admit-il, un peu honteux de s’être fait repéré toutefois.
Il aurait pu s’excuser, juste par politesse, même s’il n’y avait pas de mal. Mais encore une fois, du fait de leur complicité, et qu’il était assez clair qu’il ne regrettait carrément pas ces images prises en diverses circonstances, il déclara avec le sourire :
« Je ne m’excuse pas. »

Lyanna sourit à ses paroles, et elle se mordit la lèvre sans se rendre compte que ce geste involontaire faisait de l’effet à Darren.

"Tu n’as pas à t’excuser, j’aime bien quand tu me regardes. Si ça me déplaisait, et même si on est ensemble, ça fait longtemps que je t’en aurais collé une pour que tu ne recommences pas !"
« Ah oui ???? »

La jeune femme lança un regard faussement outré à Darren, mais son attitude démontrait clairement qu’elle plaisantait. Il lui sourit en retour.

"Et puis, je ne me gène pas non plus pour te regarder quand j’en ai envie. Tu ne l’a jamais remarqué ?"
« Disons que les femmes sont naturellement plus discrètes que les hommes. » lui dit-il avec un brin d’humour. « Sûrement un truc inscrit dans les gènes. »
Il secoua la tête, un peu peiné.
« Dommage d’ailleurs. J’aimerai bien voir ce que ça donne... » et il la récita à la lettre : « ...si tu me fixes avec un regard plein de sous entendus, comme si tu voulais m'entraîner dans un coin pour me sauter dessus, pendant que les autres travaillent. »

Lyanna se mit à rire doucement quand Darren reprit ses paroles pour la taquiner. Elle était fière d’être discrète lorsqu’elle admirait le soldat sous tous les angles, surtout quand ce dernier travaillait. Le regarder lui remontait le moral, et l’aidait à tenir jusqu’au soir, lorsqu’ils se retrouveraient ensemble, loin du camp. Si elle n’avait pas ce petit plaisir, la jeune femme se doutait qu’elle aurait du mal à ne pas péter les plombs. Avec un sourire, elle fixa son compagnon de son regard amoureux, le dévorant presque avec les yeux.

"J’aime bien l’idée que tu n’ais rien remarqué. Comme ça, je peux te regarder dans des moments où tu ne tu t’y attends pas !"

Lyanna réfléchit quelques secondes, se rappelant de leur précédente conversation.

"Je reviens sur la punition que je dois te donner. Et je te signale que tu n’es pas le seul à savoir comment rendre quelqu’un complètement dingue. Je suis aussi capable que toi de te faire la même chose !"

La guerrière croisa les bras sur sa poitrine, sans quitter Darren des yeux. Si ce dernier préférait se montrer discret pour ne pas être entendu lorsqu’ils abordaient des sujets intimes, ce n’était pas le cas de Lyanna qui avait toujours son côté involontairement “sans gêne”. Elle garda son air provocateur et taquin.

"Si je t’attache sur le lit, et que tu es à ma merci, je sais comment te rendre fou de désir en te chevauchant. Tu m’as appris à te donner du plaisir de cette manière, je sais que tu adores ça. Et comme tu viens de me dire que le sexe pouvait être une arme, et que je pouvais te laisser en plan avant de m’unir à toi pour te torturer, je trouve que ça serait une très bonne punition. Tu ne crois pas ?"

Darren ne pensait pas qu’elle reviendrait sur le sujet.
Il aurait dû pourtant. Lorsqu’elle s’exprima ouvertement, le soldat hasarda un regard autour de lui, craignant que ce discours ne devienne public. Il fut même contraint de lui faire baisser le volume au bout d’un moment, un serveur leur adressant un regard plutôt gêné tandis qu’il prenait les commandes.

Lyanna réagissait dans ses dialogues comme au cours d’un combat. Parce que dans cette situation, c’était un bras de fer qui se jouait. Elle lui exposait sa petite faiblesse, d’autant plus qu’elle l’avait déjà testé. Le coup des jumelles...ça avait été horrible de la sentir se dandiner sur lui sans jamais aller au bout. Allongé sur ce lit de camp sans pouvoir se défendre. Ce corps magnifique suspendu au-dessus de lui. Ces déhanchés habituellement magique qui s’interrompaient à mi-mouvement. Ou bien ce jeu de souplesse pour toujours le frôler sans jamais apporter un contact véritable.
La guerrière avait vite appris comment le rendre dingue. Mais elle ignorait un point important.

« C’est du réchauffé ! » déclara le soldat, n’ayant pas peur de la brutalité de sa réponse. Il lui fit un petit clin d’oeil pour souligner le côté taquin de sa réponse.
« Si je recommence à jouer le vilain mâle insultant, qui te brutalise un peu, en m’en servant pour te “torturer”. Tu y seras peut-être sensible mais pas comme au premier jour. Parce que tu sais où ça va, tu as déjà vécu ce petit jeu. Tu pourras t’adapter un peu mieux, y résister plus longtemps cette fois. »

Il se donna en exemple, profitant de son manque d’expérience pour essayer de la piéger. Il se montrait sans pitié dans le petit duel qui prenait forme à leur table. C’en était presque cruel puisqu’il sortit une nouvelle arme, l’appel à son imagination.

« Moi...je ferais preuve d’originalité, d’inattendu. Je te porterai par la force de mes bras, supportant ton joli petit derrière, je te poserai sur le bureau de Leng comme si c’était le nôtre. Tu commencerais par me jeter un regard craintif et tu écarterais ses cartes d’une main fébrile...de peur que le tracé de la route s’imprime sur tes fesses. »
Darren fit mine d’hésiter.
« Ou que ce soit ton derrière qui s’imprime sur la carte de Leng ! »
Il sourit d’un air démoniaque et continua en murmurant sur le ton de la confidence.
« Mais tu verrais que je suis sérieux, que je suis lancé, et que c’est encore plus dangereux. Donc plus excitant encore ! Mais après tout, il fait nuit noire et tout le monde dort à cette heure. Personne ne le saura, Leng ne saura rien. Et ce type sera un rappel à la belle aventure..c’est grisant. Tu commenceras à t’allonger mais je te retiendrai d’une main autoritaire. Je te forcerai à rester assise sur cette table pendant que je commence. Juste le mouvement, le contact. Sans entrer. »
Il haussa des sourcils. Un petit regard circulaire lui assura le fait qu’on n’écoutait pas ses petites messes basses coquines.
« Nouvelle position, mon amour. Et nouvelle situation ! Parce que je serai complètement nu, et je te garderai toute habillée cette fois, avec ta belle robe de Xéna. Paf, adieu la culotte. D’un simple coup de main, je la balancerai par-dessus de mon épaule. Tant pis si Leng la trouve le lendemain, il n’osera jamais croire que c’est la tienne ! Puis je me pencherai, pendant que je te laisse m’explorer de tes baisers, pour te murmurer à l’oreille... »
Darren se contorsionna pour atteindre son oreille et murmurer délicatement d’un air menaçant :
« Bonne nuit, chérie...je vais dormir. »


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mar 10 Nov - 13:15

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Lyanna écouta le récit de Darren jusqu’au bout, voulant savoir où il voulait en venir. Et lorsqu’il vint lui murmurer ses dernières paroles à son oreille, la jeune femme parut outrée par ce qu’elle entendait.

"Quoi, tu oserais faire ça ? C’est très fourbe de ta part !"
« Je ne m’en irai pas. » répondit-il avec un sourire plus grand encore. « Je te laisserai hésiter entre l’envie de me supplier de te prendre et ta fierté de ne rien dire. Ca, par contre, c’est très fourbe ! »

Poussée par la provocation, la guerrière plongea son regard dans celui de Darren d’un air défiant.

"Si tu veux jouer à ce petit jeu, je suis partante. Je te montrerais comment te faire regretter l’affront que tu m’as fait avec la brouette" lança-t-elle par jeu.

Darren ne doutait pas qu’elle avait eu une idée en tête à ce moment-là. Mais contrairement à cette dernière, il adorait les surprises. Encore plus lorsqu’elles étaient de nature croustillante avec une Amazone assoiffée de vengeance.
« C’est ça, que de la gueule ! » la provoqua-t-il une dernière fois.
Il lui adressa une grimace de gamin pour souligner son petit jeu tandis qu’il levait la main, faisant appel à l’aubergiste. C’est la fille de ce dernier qui vint jusqu’à eux, comprenant qu’ils demandaient le dessert.
Contrairement à un restaurant classique, cette petite auberge proposait directement ses plats sur place. Comme une sorte de self qui se déplaçait jusqu’à la table.

La jeune femme poussa son chariot jusqu’à eux et souleva les coupelles pour leur présenter les différents gateaux et patisseries. Darren fixa son choix sur un flanc pâtissier local dont l’odeur le faisait saliver d’avance. Puis quelques sujets sucrés dont l’apparence l’intriguait. Il laissa son amante fixer son envie à loisir tandis qu’il organisait ses idées. Et bien entendu, Lyanna jeta son dévolu sur un gâteau au chocolat, son pêché mignon.

En fier mâle qui se respecte, Darren adorait parler de sexe même à table. Mais ce n’était pas le dialogue principal de la soirée et encore moins le sujet d’intérêt de leur couple. Il voulait profiter de l’occasion pour lui rappeler une conversation qui avait quasiment mal fini mais qui, pour lui, se montrait plein d’avenir.

« Tu as réfléchis pour notre projet ?.. » amorça-t-il presque timidement, après que la serveuse soit repartie, laissant les assiettes remplies de desserts.

La semaine passée, il avait ressorti de la poussière une vieille histoire qu’il avait évoqué sans trop de sérieux. Mais avoir monté et entretenu le camp d’Ishta avait réveillé chez lui une envie d’aller plus loin. Un projet monumental : Darren voulait lui construire une école d’art martiaux de ses mains.

Si ça avait été compliqué, c’est parce que Lyanna refusait catégoriquement d'entraîner “des mâles”. Darren avait fini par l’accepter, se disant que son amie avait besoin de s’investir dans un projet d’avenir qu’elle ne devait pas subir comme le camp d’Ishta. Il pensait tenir quelque chose lorsqu’un nouveau point noir avait bien failli monter le mur de Berlin au milieu de leur couche.

Sentir le froid entre leurs deux corps éloignés parce qu’ils se font la gueule, c’est pire que tout…

« Je ne te demande pas grand chose. Juste que ton savoir, par nature, ne serve pas à savater des mâles gratuitement. Les Athosiennes auraient tellement à gagner de toi. Elles vont perpétuer ton savoir après toi. Ton art du combat, ta culture. Ce que ton peuple a construit ne disparaîtra pas...sauf... »
Il pinça des lèvres, bien obligé d’insister. « Sauf la haine de l’Homme. Tu ne peux pas leur apprendre à les mépriser comme tu le fais... »

Lyanna soupira doucement quand Darren reparla de cette histoire de camp. Si la jeune femme était d’accord sur le fait d’apprendre l’art du combat aux filles Athosiennes, son ressenti sur les mâles était toujours sujet à affrontement avec le soldat.

"Je ne peux pas faire ça. J’ai des raisons pour leur apprendre à détester les mâles. C’est pour leur bien car ils sont mauvais et dangereux. Tu as bien vu que Maya en est la preuve, c’est un Athosien qui lui a fait ça ! Je dois leur transmettre tout ce que je sais !"
« Tu t’enfermes dans ce qu’on t’a appris dans ton enfance parce que l’inconnu te fait peur. » insista Darren, le visage contrit. « Lyanna, voyons...tu es une sacrée guerrière, une cheffe. Et tu étais une stratège. Tu vois bien que les hommes ne sont pas comme sur ta planète... »

Il marqua une pose et repoussa son assiette. Non pas qu’il refusait de manger pour une quelconque contrariété mais parce que le sujet était sérieux entre eux. C’était un projet d’envergure. Lyanna ne passerait pas toute sa vie l’épée à la main maintenant qu’elle n’était plus vouée à mourir sur le champ de bataille. Et Darren ne se voyait pas être rapatrié sur Terre pour finir dans une maison de retraite militaire...à parler “du bon vieux temps”.
Si son couple tenait, il voulait vieillir avec elle dans un coin tranquille du continent en s’étonnant de l’âge avancé de leurs enfants.

« Il y a des salauds, c’est vrai. Des fumiers qui violent, qui agressent et qui brutalisent les femmes. Mais ce n’est pas une généralité. Ce village Athosien était en joie le week end dernier, je l’ai su rien que par les sourires des volontaires revenus au camp. Ils sont en paix, ils vivent ensemble. Peut-être pas parfaitement. Mais les couples se font...comme nous. »

Darren marqua une pause. Il prit la main de son amante.

« Mais si tu leur apprends la méfiance. Si tu leurs apprends cette même agressivité que ta planète t’a forcé à avoir. Ce fameux week-end n’existera plus. Tu auras enseigné l’art du combat...et la guerre que ton peuple a connu se reproduira chez les Athosiens...c’est ce que tu veux ? »
Il essaya de l’imaginer avec elle.
« Les femmes réduites à chevaucher sans plaisir. Les hommes transformés en brutes adeptes de l’esclavage...à la place de cette fête que tu as vu de tes yeux, la semaine dernière... »

Comme Lyanna l’avait prévu, Darren n’était pas d’accord avec elle, une nouvelle fois. La jeune femme écouta l’argument du soldat, et elle dut reconnaitre à contre coeur qu’il avait raison sur une chose : les Athosiens, excepté le mâle qui avait brutalisé Maya et ses enfants, avaient l’air différent des mâles vivant sur Kirana. Au village, les volontaires et leurs conjointes avaient eu l’air heureux de se retrouver. Cependant, la guerrière n’était pas du genre à l’accepter, même si Darren était plutôt doué pour la faire changer d’avis.

"Non, mais ..."

Lyanna s’interrompit quelques secondes, cherchant des remarques à opposer à son compagnon. Darren se mit à sourire. Il savait qu’elle n’acceptait d’avoir tort qu’en parvenant à avoir moitié raison...

"Tu me demandes de leur apprendre ce qui me définit depuis ma naissance, et c’est ce que je veux faire. Je me dois de tout leur apprendre, les bonnes choses comme les mauvaises. Elles doivent se préparer à toute éventualité !"
« Non, tu te trompes. » dit-il doucement. « Sur ta planète, tu as eu cet enseignement parce qu’il n’y avait aucune chance qu’un Kiranien et une Kirannienne puisse se plaire, vivre autrement. Là, tu as la chance de pouvoir offrir un savoir et de le choisir adapté. Leur faire hériter de tes plus belles valeurs, laisser les mauvaises derrière toi. »

Darren réfléchissait, essayant de trouver les bons mots.

« Ce que tu feras sera encore plus beau. Tu ne feras pas des guerrières menées par une haine infinie contre l’Homme. On s’aimerait un siècle entier, tu refuserais toujours de m’avouer que c’est une terrible malédiction. A la place, tu en auras fait des femmes fortes, indépendantes et libre de choisir leurs vies. De faire leurs propres choix. Ce qu’on ne t’a pas permis sur Kirana... »

Il inclina de la tête, comme il le faisait souvent quand il sortait le dernier argument “l’air de rien”, et qui pesait toujours lourd dans la balance. A la fourbe, en mode Darren.

« Et puis. Ca te permettra de recueillir des orphelines. De renforcer les femmes un peu faibles à ton goût... » il marqua une pause volontairement. « Sortir Abelle de sa servitude en lui offrant un vrai boulot, une véritable existence... »
Evidemment, le soldat avait le chic pour parvenir à faire changer d’avis Lyanna en éveillant son intérêt. La jeune femme posa ses yeux sur lui, et serra sa main dans la sienne, entrelaçant leurs doigts. Darren capta son regard. ll haussa des épaules.
« Qui sait si les médecins lui redonnent une bonne santé. Elle pourrait apprendre ton art. Te succéder un jour dans ton école, veiller - en tant qu’amie de la grande Lyanna - à ce que les filles ne s’écartent pas de ton enseignement. Elle se trouvera un mari, fondera une famille...grâce à toi. »
Il prit son gâteau et mordit dedans machinalement.
« Et nous, on vivra heureux avec nos cinq enfants. Deux fils et trois filles, la moitié dans les futures équipes d’explo ! »
"Que des filles ..." grommela Lyanna à voix basse, en répondant du tac o tac par automatisme.
Darren ne l’avait pas entendu.

La guerrière s’attaqua elle aussi à son dessert, réfléchissant aux paroles de Darren. Une part d’elle savait que son amant avait raison, ce dernier était bougrement efficace quand il s’agissait de lui donner de bons arguments pour calmer ses pulsions meurtrières. Il était le seul à parvenir à la calmer en lui expliquant les choses d’un autre point de vue. Lyanna soupira, puis elle fixa le militaire, résignée.

"Bon d’accord, je ne leur apprendrais pas ça. Je leur apprendrais seulement à se battre".
« C’est plutôt réducteur. Tu as beaucoup de savoir à dispenser. Ta manière de vivre, tes coutumes, tes convictions. Je suis persuadé que tu feras un bon professeur ! » lui dit-il avec le sourire.
Il marqua une pause qui se transforma en un instant de suspens. Le jeune homme attendait une autre réponse dont Lyanna ne semblait pas avoir conscience. Ils ne parlaient pas de se lancer dans une partie de cartes. La construction de cette école demandait un certain investissement au même titre que leur propre couple. C’était, d’une certaine façon, comme adopter un chien sous la forme d’une promesse. Sauf que la brune, en face de lui, s’était interrompu sur son “d’accord” comme si elle lui faisait une fleur. Et le sujet semblait terminé.

Et ?...c’était tout ?
Un peu perplexe, Darren se demanda sur le coup si le projet l’intéressait véritablement. Il se rappelait qu’à cause de sa nature et du conditionnement qu’elle avait subi, Lyanna avait tendance à ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Il ne lui lançait pas la pierre, elle partait juste du principe que sa vie se terminerait l’arme à la main, le flanc crevé par une lance ou une balle. Mais quand même…

« Donc...ça te plait ? » hasarda-t-il. « Sinon, on se donne pas autant de mal et on se contente de fracasser les types d’Héstevic. Mais ça va un temps... »

"Bien sûr que oui, ça me plait. Je suis une guerrière, mon but n’est pas uniquement de me battre, mais aussi de former la nouvelle génération. Et tu as raison, je pourrais leur parler de ma tribu et de nos coutumes".

Et puis, avoir Abelle était une bonne idée. Lyanna pourrait veiller sur elle, et la jeune femme ne serait plus livrée à elle même après le cauchemar qu’elle venait de subir. Abelle n’était pas une guerrière, mais elle pourrait l’aider dans la gestion de l’école. Cependant, Lyanna se doutait qu’un tel projet n’allait pas se faire en une nuit. Et plusieurs questions lui traversaient l’esprit.

"Mais ..." commença-t-elle à dire, cherchant ses mots. "Tu penses que tes dirigeants nous laisseront faire ? Je veux dire … ça prend du temps, alors qu’est ce qui nous arrivera ? Passerons nous plus de temps sur le Continent que sur Atlantis ? Ferons nous moins de missions ?"

Passer du temps avec Darren ne dérangeait pas Lyanna, bien au contraire. Cependant, c’était la première fois qu’un projet d’une telle envergure se dressait devant elle. Un projet qui changerait beaucoup de choses dans sa vie, et surtout dans la gestion de cette dernière. La jeune femme s’inquiétait de ce qui pouvait se passer.

« C’est notre temps libre qui changera. »
Il creusa un peu et claqua des doigts lorsque son cerveau fit tilt.
« Je t’avais parlé des clubs, tu te souviens ? Des rassemblements autour d’intérêts commun. Que ce soit du loisir, de l’apprentissage. Des bénévoles, pour qui c’était une passion, se chargeaient de tenir le club pendant leurs temps libre. »
Darren opina du chef.
« Ce sera pareil pour ton école. »

Sauf que ça demandait encore plus d’investissement. Une école, ce n’était pas rien. Il fallait de la régularité, que ce soit sérieux, et surtout accepté parmi la population locale.
« On doit continuer de travailler. Sinon pas d’argent. Et pas de chocolat ! » détailla-t-il en ne plaisantant qu’à moitié.
Le sujet était toujours dur à comprendre. Darren continuait régulièrement de lui faire ses comptes, les calculs la rebutaient. Mais quand on lui parlait de chocolat, là elle saisissait rapidement !
"Pas de chocolat ? Quelle horreur !" affirma Lyanna, qui n’avait pas du tout envie d’en être privé maintenant qu’elle connaissait cet aliment.

« Quand on ne travaillera pas, on ira sur le continent pour poursuivre la construction de ton école. On pourrait demander à quelqu’un comme Abelle de l’entretenir pendant notre absence. D’enseigner un peu de son savoir aussi. De s’occuper des filles. Et... »
Sa voix se fit plus sérieuse.
« Le jour où on prendra notre retraite. Ou qu’on cessera les missions. Si on ne me renvoie pas sur Terre, on y passera tout notre temps. »

Lyanna réfléchit aux paroles de Darren. Elle comprenait mieux comment cela fonctionnait, et que la hiérarchie du militaire ne devrait pas s’opposer à un tel projet, étant donné que s’occuper de l’école se passerait sur leur temps libre, et non sur leur temps de travail. Lyanna avait une grande confiance en Abelle pour gérer l’établissement en son absence. Et comme venait de le souligner Darren, cela serait une occasion pour les Athosiennes d’en apprendre plus sur une autre culture que la leur, ou celle de Kirana. La jeune femme acquiesça d’un hochement de tête, acceptant l’idée de venir sur le continent pendant leur temps libre. Par contre, son regard changea aux dernières paroles du militaire. Une pointe de colère passa dans ses yeux.

"S’ils te renvoient sur Terre ? Hors de question ! Je ne les laisserais pas faire ! Ils regretteront s’ils essaient de t’y renvoyer et de t’éloigner de moi, je leur ferais payer !"

Darren était à elle, et personne ne parviendrait à le séparer d’elle. Lyanna, possessive ? Bien sûr que oui. Elle s’était trop attachée au soldat pour que quelqu’un tente de l’éloigner sous un prétexte ridicule.

Cette réaction lui laissa un sentiment flatteur.
Il n’avait pas envie de creuser le sujet et de lui expliquer que ses supérieurs pouvaient parfaitement le renvoyer. Ce jour là n’était pas encore arrivé et ce n’était qu’une simple menace pour le moment. Comme un couperet qui rôdait au-dessus de sa nuque. Et puis, devait-il se priver de tous ces beaux projets juste à cause de ça ?

Lyanna lui témoignait à sa manière son attachement. C’est à dire en distribuant des bourre-pifs à tout ce qui se comptait les séparer. Ce n’était pas une solution mais ça l’amusait. Darren la fixait, secouant négativement la tête d’un air dépité et amusé. Même cet aspect barbare, il le trouvait super sexy.

« Bon, et bien...que dirais-tu si on passait voir Teyla quand tout ça sera terminé ? On lui exposera l’idée, on ira en parler aux personnes concernées sur le continent. Et si ça s’annonce bien, on pourrait traîner dans le village pour aller se choisir le terrain ? »

Un petit sourire naquit sur les lèvres de Lyanna, et elle acquiesça d’un hochement de tête, avant de terminer son dessert.

"Je suis partante, on fait comme ça".

Ils discutèrent ensuite de tout et de rien. De divers sujet que la mission sur le camp d’Ishta n’avait pas permis. Darren ne se retenait pas de la chambrer, ponctuant ces bravades de quelques gestes affectueux. La construction de l’école avait été le sujet principal mais il projetait également d’autres petites aventures plus modeste. Comme le fait de l’emmener au cinéma pour voir le dernier film d’horreur. Ou bien de l’attirer dans une bataille de paintball sans qu’elle ne vienne en assommer un.

Le dessert ne fit pas long feu et ils finirent par quitter l’auberge, le ventre plein. Il aurait été difficile de dire qui, à ce moment là, aidait l’autre à marcher. Parce qu’il faisait nuit noire et qu’il n’y avait pas encore d’éclairage installé sur la route, Darren prit le volant et rentra tranquillement au camp. L’effet du repas copieux et la ronronnement du moteur les berçait, les amenant à un silence agréable.
Parfois, Darren tournait son regard vers elle, se demandant si elle s’était endormie. Il se souvenait d’une envie étrange qu’il avait eu plus jeune. Comme une sorte de fantasme amoureux où il avalait des centaines de kilomètres en voiture pour présenter sa petite amie à ses parents. Elle serait tombée de fatigue, la tête posée sur son épaule, tandis qu’il conduisait en profitant du contact.
Ca lui rappelait cette idée de jeunesse. Il ne savait pas encore, à ce moment-là, que ses deux parents seraient frappés par l'Alzheimer.

Sur le camp d’Ishta, le jumper était déjà là. Il s’était arrangé avec la pilote et elle avait été très ponctuelle. Darren eut tout juste le temps de se garer que, déjà, l’engin s’animait. Le militaire aidait alors Lyanna à descendre, dans un élan de galanterie. Il lui prit la main, la serra contre lui, avant de l’attirer.
Il profitait de l’absence totale de personnel dans le camp, Helen trop occupée avec son mari pour venir contrôler le secteur. Un bras autour de sa taille, le soldat l’emmena tranquillement jusqu’au jumper dont le sas était ouvert, éclairé.

« C’est l’heure... » lui dit-il avec une pointe de mystère et un sourire charmant. « Ce transport va t’emmener quelque part. Et lorsque le sas s’ouvrira, c’est Abelle qui t’accueillera. »

Lyanna allait comprendre que Darren avait poursuivi l’organisation de sa “surprise” après qu’elle se soit éventée. Sur la plaine du continent qui servait exclusivement aux recueillements, Abelle serait là pour l’assister dans son rite du souvenir, pour toutes les Kiranniennes tombées au combat sur sa planète d’origine.
A l’époque, l’Amazone avait hésité avant de lui demander de participer. Par amour, parce qu’elle ne voulait pas le laisser de côté, et peut-être parce qu’elle avait besoin d’être épaulée.
Dire au revoir à ses soeurs, à tout un peuple pour qui elle s’était battue, c’était également l’assurance de se rappeler qu’elle avait fini seule. Qu’elle était la dernière survivante. Darren estimait que si ce moment était crucial pour finaliser son deuil, il allait également remuer des souvenirs douloureux.

Lyanna ne devait pas être seule. Mais malgré ce qu’il pensait de toute cette haine pour l’homme, sa présence dénaturerait le respect de cette tradition. Il fallait une femme pour soutenir l’Amazone, c’était Abelle...

« Tu verras, tout se passera très bien. » lui dit-il, en se voulant rassurant.
Il se planta devant elle, chassant les quelques signes d’anxiété qu’il voyait poindre sur son visage, tout en l’embrassant tendrement.

Darren aurait voulu venir. C’était une décision personnelle pour faire preuve de respect. Envers Lyanna mais également sa culture. Cependant, la jeune femme n’avait pas trop envie de partir quelque part sans lui. Elle leva la tête pour le regarder dans les yeux.

"Tu ne viens pas avec moi ?"
Il fit oui de la tête.
« C’est interdit aux mâles, là où tu vas... »
Le soldat savait qu’elle allait de nouveau jouer sa forte tête.
« On ne se sépare que quelques heures. Le temps pour moi de te préparer une autre surprise. Maintenant, je vais jouer de mon autorité d’homme en te disant... »
Il planta son regard dans le sien avant de lui glisser en un ordre clair :
« Monte dans ce jumper ! »

Lyanna fronça les sourcils en affrontant le regard de Darren, voulant lui tenir tête.

"Tu crois que je vais obéir à tes ordres parce que tu m’en donnes ?"

La jeune femme n’était pas en colère, ni même outrée. Elle était plutôt amusée, comme l’indiquait son petit sourire sur les lèvres. Avec tendresse, elle embrassa son compagnon, puis elle consentit à monter dans le jumper. Cependant, quelque chose l’intriguait, et alors qu’elle était en haut du sas arrière, Lyanna se retourna pour regarder Darren.

"Une surprise ?"

Le mot était lâché. Darren connaissait la réaction par coeur. Elle n’accepterait pas de rester dans l’ignorance et elle allait insister jusqu’à en avoir la réponse. C’est comme ça qu’il avait perdu la fameuse surprise du rite funéraire et c’est pour cette même raison qu’il avait conçu ce nouveau plan. Parce que, quand Lyanna était surprise, elle avait une expression dans le regard très rare. Comme cette fois sur le toit de cette tour, illuminée d’une centaine de bougies. Le problème, c’est que c’était dur à mettre en place.
« Hein ? Quoi ?... » feignit Darren. Il porta les mains à ses oreilles en faisant le clown. « J’entends rien, t’es trop loin ! »

Heureusement, le pilote avait enclenché le fermeture du sas, forçant Lyanna à reculer. Darren étira son cou pour pouvoir fixer son amante de son air de pitre, ajoutant sur les dernières secondes où il pouvait la voir :
« T’as dit quoi ? »

Et le sas se referma. Lyanna pu le voir s’en aller tranquillement, l’air peu inquiet. Il était même en train de rire. La jeune femme le regarda à travers la vitre avant lorsqu’elle s’approcha du poste de pilotage. Elle soupira en secouant la tête, désespérée par le comportement de son partenaire.

"Tu n’entends rien … mais bien sûr" murmura-t-elle pour elle même.

Le jumper décolla, et Lyanna alla s’asseoir en attendant d’arriver à destination.



La plaine du souvenir, à la tombée de la nuit.


Une longue route pour Ishta - Page 2 Marie10

Elle étouffait le feu avec un amas de grandes feuilles qu’elle avait aggloméré. Ca ne valait pas les feuilles d’arbre de sa planète et des quelques plantes qu’ils utilisaient pour gérer l’âtre de la cheminée, mais elle faisait avec.
Heureusement, il y avait eu assez de similitude concernant le bois mort. Il ne craquait pas et ne produisait pas d’épaisse fumée blanche lors de la procédure. Il allait donc ne rester qu’un large lit de braises rougeoyantes. Les lueurs dansaient ici et là, sur toute la surface, qui composait un cercle parfait.

Concentrée dans sa tâche, Abelle fit le tour de son installation. Elle avait sélectionné les pierres avec soin pour délimiter la surface de braises. Les plus arrondies, afin de former un cercle tout aussi parfait. Les anomalies disgracieuses à la vue se retrouvaient recouvertes de terre que la chaleur du feu avait fini par durcir. D’ailleurs, elle s’agenouilla, un peu difficilement, pour combler quelques défauts.

Elle se redressa en serrant les dents et poursuivit son contrôle. Bien, très bien…
Le sol était niquel. La jeune femme en avait retiré tout ce qui la dérangeait. La moindre brindille, la moindre feuille morte. De nombreuses bougies que Darren avait acheté chez les Athosiens formaient un large couloir de petites flammes. Depuis l’endroit où le jumper se poserait jusqu’au foyer mourant. Souvent, un petit coup de vent en éteignait quelques unes. Abelle s’empressait de les rallumer immédiatement.
Ce couloir de petites flammes remontait jusqu’au cercle de pierre. Parvenu à cet endroit, les bougies se scindaient régulièrement afin de l’entourer. Abelle avait veillé à ce que la distance soit égale entre chaque bougie, se servant d’un morceau de bâton pour faire les ajustements.

Ce petit tour de contrôle, elle le faisait pour la troisième fois. La jeune femme avait le trac et à juste titre. Ce soir, elle allait revoir Lyanna. Elle allait la saluer, l’esprit clair, sans agressivité ni altération du comportement. Ce soir, elle l’assisterait pour un grand hommage envers ses pairs tombées au combat.

Quand elle avait eu le message de Darren et que les médecins avaient accepté de l’aider, sa déprime s’était volatilisée. Elle en aurait bondi de son lit médicalisé tant son coeur se gonflait de joie et d’allégresse.

Un peu fébrilement, la jeune femme ouvrit la poche avant de sa veste pour en sortir un papier froissé. Elle l’avait tellement employé, pour en relire le contenu, en retenir les moindres mots, qu’il était sur le point de tomber en morceau. Abelle fixa la desserte en bois qui se trouvait à portée de main du foyer de braise. Elle fit une nouvelle fois l’inventaire : une jarre contenant des cendres de bois, censées remplacer celles des Kiraniennes. Une pierre aussi noire que la nuit elle-même. Des bâtons d’encens, leurs supports.
Du papier de type parchemin, de l’encre et une plume.
Puis du bois de chauffe s’il y avait besoin de rallumer le brasier.

Abelle referma le papier et le fourra de nouveau dans sa poche.
Non, sur ces quinzes dernières minutes, rien n’avait disparu. Et il n’y avait pas de bougies à rallumer. Dommage, si elle ne s’occupait pas l’esprit, elle recommençait à prendre peur. Comment Lyanna réagirait-elle en la voyant diminuée, affaiblie, le visage émacié ? Pourtant, les médecins d’Atlantis avaient fait des merveilles. Ils lui avaient réparé les os sans qu’elle ne parvienne à comprendre le procédé. Et juste pour ce soir, juste pour cette nuit, il lui avait donné de curieux médicaments qui masquait complètement sa dépendance.

Lorsqu’elle referma sa poche, elle remarqua que sa main se mettait à trembler. Masquer le problème ne le supprimait pas. Elle s’empara de son tube pour l’ouvrir et se saisir d’un nouveau comprimé. Un seul, avait dit la dame. Un seul lorsqu’elle voit ses mains trembler ou de la colère l’emporter. Abelle ne comprenait pas, elle se disait qu’en doublant ou en triplant la dose, ça la guérirait complètement. Mais cette soirée était si importante pour elle, comme elle le serait pour Lyanna, qu’elle n’était pas prête à prendre ce risque.

Encore une fois, elle fixa le ciel. Le soleil se couchait, c’était l’heure du la cérémonie. Est-ce que la jeune femme avait du retard ? Elle angoissait, il y avait tellement d’inconnus. Elle n’avait pas reçu de message ni de nouvelles consignes depuis qu’on l’avait déposé là.

Enfin ! Enfin, elle vit le Jumper s’approcher du site.
Abelle sentit son coeur bondir et elle rangea fébrilement son tube de médicament. Elle tira en toute vitesse sur sa tenue, un ensemble tailleur que Darren lui avait fait parvenir à distance. Sur Héstevic, c’est ainsi que s’habillait les servantes pour les processions officielles. Abelle arborait la couleur pourpre, assez foncé pour être discret, avec des contours bruns. Elle vérifia qu’une quelconque saleté n’avait pas accroché sa veste puis elle se positionna à côté de la desserte.
Elle se força à être droite, bien que son dos n’appréciait pas vraiment, puis elle leva le menton. Heureusement, le jumper s’était posé suffisamment loin des flammes pour ne pas éteindre les bougies. Elle espérait que Lyanna comprenne ce chemin de bougies et s’y engage. D’ailleurs, la luminosité conjuguées de toutes ces flammes permettaient un éclairage satisfaisant si la nuit s’imposait.

Lorsque le sas arrière descendit, Lyanna sortit du jumper, et regarda autour d’elle. Le soleil se couchait, l’obscurité gagnait peu à peu du terrain. Les yeux de la jeune femme se posèrent alors sur un chemin éclairé par de nombreuses bougies qui s’éloignaient. Il n’y avait rien d’autre autour. Tandis que le pilote éteignait le moteur de l’appareil, Lyanna se dirigea vers les bougies, et suivit le chemin, intriguée.

Un brin affolée, Abelle examina sa natte tressée qui revenait sur son épaule droite. Elle passa nerveusement sa main dessus, n’y trouvant aucun défaut, puis croisa ses mains devant elle. Elle attendit patiemment, de façade, tandis que son intérieur hurlait d’excitation et de joie à l’idée de reprendre du service.

Bientôt...dans quelques secondes...elle verrait Lyanna.
Etait-ce bien sa silhouette qui émergeait du jumper ?
Elle reconnut sa façon de marcher, puis sa posture, puis son visage. Son coeur se mit soudainement à battre plus fort.

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Mer 11 Nov - 0:06

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


« Dame ! » souffla-t-elle, le regard humide.

Lyanna vit Abelle avant d’entendre sa voix. D'abord inquiète, la guerrière fut rassurée à mesure qu’elle avançait. Visiblement, Abelle semblait bien se porter. Enfin, elle n’avait pas l’air d’être sous l’emprise de cette drogue. Fatiguée, en convalescence, certes. Mais elle même. Avec un grand sourire, Lyanna marcha vers elle, et la prit dans ses bras, un geste qu’elle avait souvent fait avec la jeune femme qu’elle considère comme une protégée.

"Abelle !"

Ce contact bouleversa complétement la jeune femme. Elle s’était mentalement armée pour retrouver la prestance et la qualité de servante dont elle avait fait preuve lors de leur premières rencontres. Mais il y avait eu bien des aventures et des drames depuis, ce qui les avait lié.

Cette accolade, c’était plus qu’un simple geste mais un message. Parce que dans le calvaire qu’elle vivait, Abelle conservait de parfaits souvenirs de sa déchéance. Elle se souvenait de ses actes, de ses propos, de son agressivité contre Lyanna. Un comportement qu’elle regrettait énormément et qu’elle ne savait comment racheter.

Maintenant que l’Amazone l’avait prise dans ses bras et qu’elle sentait clairement la sincérité de son geste, Abelle sentit comme un barrage s’effondrer et son corps se mit à trembler sous des sanglots silencieux. Elle ramena ses mains autour des épaules solides de la guerrière et s’y cramponna comme sur une bouée.

Héstevic était dévasté. La royauté anéantie. Toutes ses convictions s’étaient effondrés et ses repères balayés depuis trop longtemps. La cité, quant à elle, l’intimidait et l’effrayait. Tout ce métal, ces lieux fermés, l’océan, les gens. Ce qu’ils appelaient “technologie”.

Le seul élément de stabilité, c’est la maîtresse d’arme qu’elle avait choisie de servir. Et elle ne l’avait manifestement pas rejeté.

« Dame... » répéta doucement Abelle en reniflant.
"Je t’ai déjà dit que tu pouvais m’appeler par mon nom" lui dit elle doucement.
« C’est vrai. Lyanna. » se rectifia aussitôt Abelle.

Lyanna resta quelques secondes sans bouger, puis elle relâcha son étreinte pour regarder la jeune femme, contente de la revoir.

"Comment vas-tu ?"

Abelle se pressa de chasser ses larmes et essuyer ses joues, intimidée. Le regard baissé, à cause de la honte qui ne la quittait pas malgré la joie et un sentiment serein, elle acquiesça et lui sourit sincèrement.
« Je ne sens rien. » lui avoua-t-elle de manière positive. « Les étranges hommes en blouse blanche font passer nos apothicaires pour des brigands. On les croirait sorciers ou rebouteux sortis de contes fantastiques... »
"Tu as raison. Ces guérisseurs sont étranges. Quand ils me parlent, je ne comprends jamais ce qu’ils disent. Ils utilisent des mots que je ne connais pas".

Lyanna lança un petit sourire à Abelle. Elle la fit rire tant elle se reconnaissait dans les propos de Lyanna.

"Je suis contente de voir que tu vas mieux".
« C’est temporaire...malheureusement. » lui avoua-t-elle.
Elle hésita et s’enfonça de nouveau dans les bras de Lyanna, rattrapant ce qui semblait avoir été une éternité sans la voir. Lorsqu’elle se sépara, elle tira un peu sur son tailleur pour reprendre une attitude plus professionnelle et serviable. La façon dont elle agissait, en se malmenant les doigts, laissait penser qu’elle crevait d’envie de reprendre du service. Retrouver une période rassurante et joyeuse, même si le danger y allait de paire.
« L’homme a essayé de me faire comprendre. Le médicament est trop violent. Alors...il ne me sert que ce soir. Ensuite, je retournerai dormir dans le cube démoniaque. »
Elle leva une épaule, mélangeant la consternation au fatalisme.
« Mais je n’ai pas mal quand je dors. Alors...je n’ai pas peur. »

Lyanna eut un regard triste pour Abelle, mais très vite, elle se ressaisit pour ne pas montrer la moindre faiblesse. Savoir la jeune femme aussi mal qu’avant, et devoir passer le reste de son temps dans une cuve congelée, ce n’était pas une nouvelle agréable. Mais Darren et Helen avaient dit qu’elle irait mieux avec le temps, non ? Il fallait seulement se montrer patient. Au moins, Abelle ne souffrait pas.

"Je suis sûre que les guérisseurs trouveront un remède. L’une d’entre eux m’a dit qu’ils travaillaient déjà dessus. Tout va s’arranger, Abelle".
« Tout ce que je veux, c’est ne plus être ce sordide personnage. Qui veut l’étrange poudre, prête à tout pour cela. »
Elle lui offrit un sourire étonnement ravi vu les circonstances.
« Être moi. Être avec vous, ma Dame. C’est le plus beau cadeau que la vie ne pouvait me faire en cette heure. Je serais bien ingrate de m’en plaindre. »

La servante ne voulait pas rester sur ce sujet là.
Elle trépignait d’impatience. Comme si elle ne pouvait résister plus longtemps, elle fit un pas en arrière et joignit ses main devant son corps. Bien droite dans son tailleur pourpre, elle inclina la tête en lui souriant.
« J’ai respecté les consignes envoyées par votre compagnon. Mais j’ai pris la liberté d’entourer le site funéraire de bougies pour maintenir l’éclairage en cas de retard. J’espère... »
Elle se tourna d’un quart vers le cercle de pierre.
« Que cela représente fidèlement le lieu de votre recueillement. J’ai tout préparé... »

Lyanna jeta un oeil au cercle de pierre, celui ci ressemblait assez à celui qui se trouvait dans son village. En même temps, faire un cercle avec des galets et des bougies, ce n’était pas très compliqué.

"C’est parfait. Tu as bien fait pour les bougies, elles font parties du rituel, et sont disposées comme tu l’as fait autour du cercle".

La guerrière s’approcha, et regarda les objets qui seraient nécessaires. L’encens était également allumé, des minces filets de fumée s’élevaient dans les airs.

"Tu peux me tutoyer, Abelle, je te l’ai déjà dit. Tu n’es pas ma servante, tu es mon amie. Je te considère comme l’une de mes Soeurs".

La déclaration de Lyanna la toucha profondément. La jeune femme tenta de le dissumuler pour rester dans ce rôle qu’elle affectionnait mais son regard criait autre chose de plus joyeux.

« Le respect...est important. » fit-elle en la rejoignant à côté de la desserte. « Si pour toi, cette façon de parler t’es plus respectueuse encore. Alors je l’adopte, Dame... »
Elle sourit, consciente d’avoir fourché juste à la fin. Elle ajouta de façon plus personnelle :
« Même si combattre l’habitude est difficile. »

Lyanna eut un petit sourire aux paroles d’Abelle. Surtout aux derniers mots prononcés, qui la firent soupirer discrètement.

"Ca, je sais que l’habitude est difficile à combattre. Darren n’arrête pas de me faire des remarques presque tous les jours à propos de certaines choses que je dis ou que je fais".
« Est-il aussi attentionné pour toi que sur ma planète ? » demanda-t-elle par curiosité.
"Oh oui, il l’est toujours autant !" s’empressa-t-elle de dire.

Les mots étaient sortis tout seul de la bouche de Lyanna, sans qu’elle ne réfléchisse. Effectivement, depuis leur rencontre et le début de leur histoire qui était née sur la planète d’Abelle, Darren et elle étaient encore plus proches. Aussi bien psychiquement, mais aussi physiquement. Lyanna se racla la gorge, comme si elle craignait que son aveu ne soit interprété uniquement sur le plan physique, vu la fréquence de leurs ébats.

"Enfin je veux dire qu’il est toujours là pour moi, et il m’aide dès que possible".

C’est surtout cette justification supplémentaire qui lui mit la puce à l’oreille. Elle pencha légèrement la tête en arrière et se mit à sourire, se rappelant d’un élément.
« Vous avez cassé d’autres vases, chez d’autres aubergistes. C’est une bonne nouvelle Lyanna... » fit-elle dans un double dialogue complice.

Lyanna se racla à nouveau la gorge au sous entendu de la jeune femme, et elle n’osa pas la regarder pendant quelques secondes. Abelle lui souriait davantage, plutôt contente du changement positif qu’elle estimait avoir perçu chez elle. Mais puisque le sujet la dérangeait manifestement beaucoup, elle choisit de ne pas insister. Elle organisa la version en pointant le reste de la desserte de sa main.
« Sieur Clive ne savait plus si cette roche volcanique faisait partie de tes besoins. Il m’a mandé de te prévenir de son doute. Quant à moi, j’ai apporté de quoi rédiger, si tu souhaites que cette soirée soit à jamais gravée dans les mémoires... »
Abelle rencontra son regard. Elle ouvrit légèrement la bouche mais aucun son n’en sortit. Après avoir pesé ses mots, elle déclara :
« J’ai perdu mon grimoire historique. Alors...je le recommence du début. »
"Et bien, nous n’avions pas pour habitude de coucher sur le papier ce qui se passe..." commença à dire Lyanna, pour qui le rite funéraire se déroulait entièrement à l’oral car c’était quelque chose de spirituel. "Mais si tu veux retranscrire cette cérémonie sur un papier, je ne t’en empêcherais pas".
« Merci. Je suppose que tes pairs auraient appréciés l’idée. »

Après tout, les Soeurs de la guerrière avaient toutes disparu. Il ne restait plus qu’elle qui gardait en mémoire le déroulé de ce rite funéraire. Peut être que les écrits permettraient à d’autres d’en apprendre davantage si elle venait à disparaître un jour. Lyanna fit le tour du matériel apporté. Elle observa chaque objet et en parla à Abelle.

"La roche volcanique n’est pas utile pour ce rite. Par contre, ça ..." dit elle en lui montrant de la peinture blanche. "C’est important car il faut s’en mettre sur le visage et le corps. Darren m’a montré un jour une image d’un peuple de son monde, c’était … des … des indiens, il me semble. Ils avaient aussi des peintures sur le corps pendant des rites ou des combats".
« Ce serait bien la première fois que je vois quelqu’un se peindre. » avoua-t-elle. « Les Dames d’Héstevic se maquillaient. Mais ce n’était pas pour des rites de respect... »

"Les femmes Atlantes le font aussi, pour plaire aux autres. Mais j’ai déjà vu Darren se mettre de la peinture sur le visage, à Héstevic. Il a fait la même chose sur moi. Du vert et du marron, c’était horrible à regarder. Il m’a expliqué que les soldats le faisaient pendant la guerre, quand ils cherchaient à se dissimuler dans le paysage. Ce n’est pas la même chose que le maquillage des femmes".
« Je l’ai vu aussi. Sur cette planète horrible. Mais je n’en comprends toujours pas le sens. » lui répondit-elle, un peu évasive.
"Ces Atlantes ont des coutumes étranges. Ca m’est arrivé de me mettre de la peinture de guerre sur le visage pour me battre, mais c’était pour effrayer l’adversaire. Je n’en ai jamais mis pour soit disant se cacher".

Lyanna attrapa un sac et l’ouvrit pour voir ce qu’il contenait. Elle acquiesça d’un hochement de tête, satisfaite par ce qu’elle voyait.

"Et ça, ce sont différentes plantes médicinales. Je ne sais pas si Darren a trouvé les même que sur mon monde, mais elles leur ressemblent. On concocte une mixture à la fin du rituel, et on en boit une gorgée pour purifier le corps et l’esprit".
« Ce sont les mêmes. » affirma Abelle. « Il a fait mandé à des savants des plantes. Un service rendu paraît-il. Ces hommes m’ont donné le sac avec, pour tâche, de lui faire savoir que c’était les mêmes... »
Elle mobilisa sa mémoire.
« … “espèces”. »
"C’est parfait. Je ne suis pas une guérisseuse, mais je les ai déjà vu faire. Je réussirais à concocter cette mixture".

La guerrière posa le sac, et regarda autour d’elle. Puis elle jeta un oeil au soleil qui continuait de décliner. Il allait bientôt disparaître à l’horizon.

"Je pense qu’il ne manque rien pour le rituel. Il est temps de le commencer. Souhaites tu y participer ? Ou veux tu simplement me regarder faire, tout en détaillant ce que tu vois par écrit ?"
« Je veux apprendre. Et faire preuve de respect comme une Kiranienne. » répondit-elle avec le regard étincelant. « Je suis venue pour toi. Que ton acte ne se fasse pas dans la solitude et l’oubli. »

Lyanna sourit à Abelle, appréciant sa démarche. Cette dernière ayant compris qu’elle ne se contenterait pas de lui maquiller le visage, elle se débarrassa rapidement de sa veste et de son haut. Un peu timidement au début. Mais le regard neutre de son amie l’invita à continuer sur ce chemin.

"Très bien. Alors, ne bouge pas".

Abelle se planta devant l’Amazone et se laissa poser les signes.

Le rituel allait commencer. Lyanna prit le bol qui contenait la peinture blanche, et en mit au bout de ses doigts. Délicatement, elle les posa sur le visage d’Abelle, et dessina des lignes, comme par exemple un trait qui partait du front et qui descendait jusqu’au menton. Ou encore deux lignes dessinées au dessus et au dessous des yeux. Elle laissa ses doigts courir dans le cou de la jeune femme, puis descendre jusqu’à la naissance de sa poitrine, ainsi que sur les épaules et dans le haut de son dos, traçant des formes géométriques sur la peau.

« Ces peintures ont une signification selon les formes ? » murmura-t-elle, craignant qu’un manque de discrétion de sa part brise la magie du rite.

Lyanna resta silencieuse quelques secondes, continuant d’appliquer la peinture sur le corps d’Abelle.

"Oui, elles ont une signification. Depuis la naissance de ma tribu, ces motifs ont été créés pour les rites funéraires. Mais avec le temps, leur signification s’est perdue. Nous avons quand même continué de les appliquer avec soin. C’est comme la langue utilisée pour le rituel, le langage des Ancêtres. Aujourd’hui, plus personne ne sait ce que ces mots veulent dire. Sur mon monde, l’Histoire est quelque chose qui s’efface rapidement à cause des guerres".

La jeune femme ne répondit rien. Intérieurement, elle se demandait pourquoi personne, dans la tribu de Lyanna, n’avait eu dans l’idée de tenir un ouvrage comme elle. Mais il lui suffisait de se concentrer sur son propre cas pour se rappeler que ses écrits avaient été perdu. Elle était contrainte de recommencer depuis le début.
Ces fameuses guerres ne se contentaient pas de détruire des vies. A cause de ça, une partie de la culture de Lyanna était perdue dans l’oubli. Cela ne faisait que renforcer sa résolution d’enregistrer ce qui subsistait, ce qu’elle verrait ce soir.

Une fois qu’elle eut terminé avec Abelle, Lyanna fit la même chose sur elle, même si toute seule, c’était plus difficile. Elle peignit les mêmes motifs que pour la jeune femme, sauf qu’avec sa tenue Kiranienne, elle rajouta quelques lignes blanches sur son ventre, ses reins et dans le bas du dos. Concernant cet endroit, Abelle s’en chargea en suivant les conseils détaillés de l’Amazone. L’ancienne servante semblait avoir abandonné l’idée de prendre des notes pour vivre pleinement le rituel.

« Voilà. J’ai finis en cercle, comme tu as dis... » lâcha-t-elle en écartant son index de ses reins.
"Parfait !"

Lyanna s’empara d’un morceau de tissu et d’une bouteille d’eau, afin de laver ses doigts pour retirer la peinture. Puis, elle donna le tout à Abelle afin qu’elle fasse de même. Pendant que la jeune femme se lavait les mains, la guerrière sortie les plantes du sac, et les disposa sur le sol, non loin d’elle. Le soleil avait presque disparu, c’était le moment. Lyanna s’assit en tailleur à quelques centimètres des galets, sans les toucher, et posa ses mains sur ses genoux. Naturellement, Abelle s’installa à ses côtés en l’imitant le plus possible. La façon de se tenir, de respirer, de poser ses mains. Elle parcourait la Kirannienne d’un regard intéressé.

"Prête ?"
« Oui.. »


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
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√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mer 11 Nov - 0:08

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Lyanna ferma les yeux et respira profondément. Pratiquer ce rituel sans ses Soeurs était étrange, mais elle n’avait plus le choix désormais. Cependant, elle continuerait de pratiquer les rituels de ses ancêtres pour leur rendre hommage et leur faire honneur. Le silence s’installa quelques instants, puis Lyanna, les yeux toujours clos, commença à parler, récitant les paroles du rite funéraire. Elle prononça ces mots en Ancien, les répétant fidèlement depuis qu’elle avait 15 cycles, l’âge qui permettait aux jeunes filles de participer à ces rites funéraires. Les plus jeunes se contentaient d’y assister en silence, loin du cercle, observant leurs ainées en sachant qu’elles prendraient leur place plus tard.

Abelle, de son côté, tentait d’en comprendre le sens ou d’en décortiquer quelques expressions. Elle voulait pouvoir apprendre un ou deux mots qu’elle tenterait de répéter timidement, dans un souffle, un murmure d’initiée.

Le soleil disparut complètement, et la nuit noire s’installa peu à peu à mesure que le temps passait. Le rituel pouvait paraître long et ennuyeux, mais c’était un moment sacré pour les Kiraniennes. Abelle patientait sagement, étudiant comme à son époque, lorsqu’elle avait fait son école de servante.

Lyanna continua de prononcer fidèlement les paroles du rite. Abelle parvenait par moment à déterminer les termes qui seraient répétés. Lorsqu’elle savait qu’elle ne ferait pas d’erreur, elle prenait un peu plus de volume pour déclarer les mêmes mots en Ancien. Elle n’en comprenait ni la teneur ni le but exact. Mais elle se tenait aux côtés de Lyanna pour faire preuve de respect envers les défuntes Kiranienne. Elle tenait à participer.

Lorsque Lyanna se mettait à fredonner une petite chanson, toujours en Ancien, Abelle cessait ses répétitions pour tendre l’oreille. Elle trouvait cet air tout aussi triste que beau. Elle se promit de lui demander à l’apprendre un jour.

Si un historien Terrien avait assisté à ce moment, il aurait comparé le rituel Kiranien à ceux des Indiens, il y avait beaucoup de similitudes dans sa pratique. A aucun moment, Lyanna n’ouvrit les yeux, ni ne bougea d’un centimètre. Seule Abelle relevait sa paupière droite pour s’assurer qu’elle conservait la même position, comme une enfant curieuse, avant de retourner dans le même état d’aveuglement. Et au bout d’un instant, la guerrière finit par s’interrompre, ayant terminé de réciter les paroles de ses ancêtres. Elle ouvrit les yeux, et jeta furtivement un oeil à Abelle pour vérifier si elle allait bien. Ou si elle ne s’était pas endormie. Cette dernière lui offrit un sourire sincère. Visiblement, elle était heureuse de pouvoir partager ce moment unique avec elle.

Lyanna prit les herbes médicinales et les plaça dans un mortier, se souvenant de la recette des guérisseuses. Elle commença à les broyer avec un pilon, avant d’y ajouter de l’eau. Son amie ne bougeait pas d’un pouce. Elle conservait le dos droit, les mains sur les jambes, ne souhaitant pas un relâchement qui n’aurait probablement jamais été permis chez ses soeurs. Après avoir correctement remué la mixture, Lyanna porta le bol à ses lèvres, et but une gorgée du liquide qui avait un petit goût mentholé. Ce n’était pas très agréable, notamment à cause des petits morceaux de plante qui flottaient à la surface, mais la boisson avait des effets bénéfiques pour le corps humain, comme le faisait la phytothérapie terrienne.

Lyanna donna ensuite le mortier à Abelle afin qu’elle fasse la même chose. Au début, celle ci hésita un peu, se demandant si cette mixture n’allait pas la rendre malade. Ou si les étranges médecins qui s’occupaient d’elle ne seraient pas en colère en contrôlant son corps. Elle se souvenait d’une mise en garde qui l’avait mise en colère. Ils lui avaient dit que la moindre prise de drogue pourrait la tuer si elle conjuguait à ces médicaments actuels. Mais le bol entre les mains, Abelle finit par y plonger les lèvres et en prendre une bonne gorgée.

A son contact, elle serra les dents, décida d’avaler d’un coup sec, et une terrible grimace de dégoût se peignit sur son visage. Elle en demeura toutefois silencieuse et rendit le récipient, hâte d’en connaître la suite. Lyanna reprit le mortier, se retenant de sourire face à la réaction d’Abelle. Il était vrai que même pour quelqu’un habitué à cette mixture, celle ci avait un goût assez déroutant. Toujours en silence, concentrée, la guerrière posa l’objet sur le sol, puis replaça ses mains sur les genoux, le dos bien droit. Quelques secondes passèrent, puis, elle ferma les yeux et baissa la tête, comme si elle priait. Trois mots en Ancien s’échappèrent de ses lèvres, des mots que Abelle pourrait reprendre sans problème. Elle les répéta docilement, avec beaucoup de respect.

Le rituel était maintenant terminé sur ces paroles, et Lyanna se leva lentement. La posture avait ankylosé ses jambes, alors elle se redressa avec précaution, le temps de les dégourdir. Elle remarqua qu’Abelle peinait véritablement à se remettre debout. Cette faiblesse allait au-delà de la simple posture gardée trop longtemps. Elle semblait avoir la mobilité d’une vieille dame ou d’un soldat abîmé par le front. La jeune femme accepta la main tendue de l’Amazone et s’en servit comme appui. Mais Lyanna dû s’y reprendre tant la servante semblait faible.

"Merci d’avoir assisté à ce rite sacré. J’espère que tu ne t’es pas trop ennuyée ?"
« Vous...tu as fait mon bonheur. » répondit-elle, se servant de leurs mains encore jointes pour lui témoigner sa gratitude.

Lyanna commença à ranger le matériel dans le sac, un sourire aux lèvres. Abelle l’y aida, un peu plus lente.

"J’ai vu ta tête quand tu as bu la mixture. Elle n’est pas très appétissante, n’est ce pas ?"
« Oh, oui...excuse-moi. » dit-elle avec un petit rire. « Le souvenir d’un vrai repas est si lointain que j’aurai dû m’y faire un festin...mais...ce goût m’est parfaitement inconnu. Et la texture est... »
Le simple souvenir la fît frissonner.
« Non, vraiment, ce n’est pas appétissant. » avoua-t-elle en lui offrant un sourire complice. « Merci de m’avoir permis d’offrir ce respect à tes soeurs. L’espace de ce temps, j’ai eu l'impression d’être Kiranienne recevant leçon de la grande guerrière que voici. »

Lyanna fut amusée de la réponse d’Abelle. Ce discours, elle l’avait entendu plein de fois sur sa planète. Elle l’avait elle même tenu lors de sa première cérémonie. Même si la guerrière avait l’habitude d’en boire, elle ne s’y habituait vraiment jamais. Les deux jeunes femmes finirent de ranger le matériel, le plus long étant les nombreuses bougies installées. Puis, comme un court d’eau passait tout près, Lyanna y entraina Abelle afin qu’elles puissent nettoyer leur corps, et retirer la peinture. Cette dernière se montra particulièrement pudique, contrairement à la Kiranienne. Elle hésita un instant avant de suivre son amie, se disant que cette peinture ne s'élèverait pas toute seule. Elle espérait aussi que le pilote, là-bas, n’aille pas se faire des idées et vienne les rejoindre dans un quelconque but grivois.

Abelle se dessapa pour entrer dans la rivière. Malgré l’obscurité, le faible éclairage de la lune révéla de nombreuses cicatrices mal refermées sillonnant son corps. Des balafres superposées sur la surface de ses cuisses, ses flancs, mais surtout son dos. Des signes de mauvais traitements, si ce n’est de la torture. La souffrance d’Abelle après la mission sur Héstevic ne faisait aucun doute.

D’ailleurs, celle-ci se glissa trop rapidement dans l’eau. Elle qui craignait sa température, au début, s’était rendue compte qu’elle risquait d’être percée à jour. Alors Abelle s’était enfoncée jusqu’au cou malgré l’effet du froid, jouant d’une extrême indifférence.

Lyanna avait brièvement aperçu les cicatrices d’Abelle, mais elle ne prononça pas un mot là dessus, pensant que cela mettrait la jeune femme mal à l’aise. Par contre, elle s’inquiéta pour elle lorsqu’elle la vit s’enfoncer dans l’eau jusqu’au cou, tremblante à cause de l’eau froide.

"Tu vas bien ?" demanda-t-elle, tandis qu’elle frottait son corps pour retirer la peinture, avant de faire la même chose pour son visage.
« Oui. Généralement, je ne suis pas de ce côté-là du bain. » avoua-t-elle.
Cela rappellerait aussitôt à Lyanna le fait qu’Abelle était une servante. Généralement elle préparait les sels de bain, vérifiait que l’eau était chaude, préparait les serviettes. Elle rejoignait personne dans l’eau habituellement.
Elle se frotta également pour retirer la peinture. Mais puisqu’elle ne pouvait pas tourner son dos meurtri à la vue de l’Amazone, elle fût contrainte de se laver sous le niveau de l’eau, n’en émergeant timidement que pour s’assurer qu’il ne reste rien.

Une fois cette toilette terminée, elles passèrent un certain temps, couverte par la végétation environnante, pour sécher. Puis, elles retournèrent ensuite vers l’air de décollage.

Abelle se malmena les lèvres durant le trajet. Son regard se voila d’angoisse en regardant le jumper qui venait de reprendre vie. Le pilote était en train de faire ses vérifications et les moteurs s’étaient mis en branle. Il semblait que c’était l’heure...déjà !
« Viendras-tu me voir ? » lui dit-elle timidement. « Tu es devenue ma seule famille et... »
Abelle se tût, baissant les yeux.
Elle était effrayée.

Lyanna se plaça devant Abelle, et posa ses mains sur les épaules de la jeune femme.

"Bien sûr que je viendrais te voir. Et tu verras, lorsque tu iras mieux, je te montrerais Atlantis. C’est très grand, et bien différent de ce que tu connais".
« Lorsque j’irai mieux... » mima-t-elle sans véritablement y croire. « Je serais obligée de retourner là-bas. »

Elle croisa le regard de Lyanna et comprit son désarroi. Elle lui devait une explication.
« Ma reine, Heimda...je dois la sauver de sa déchéance. Qui sait ce qu’il restera d’elle lorsque je m’en retournerai. Qui sait si elle peut encore être sauvée... »

Lyanna baissa les yeux quelques instants, puis elle prit Abelle dans ses bras, la serrant contre elle. Elle pouvait ressentir sa peine pour Heimda.

"On fera tout pour l’aider, d’accord ?"
« D’accord. Je suis ton éternelle abonnée, ne l’oublie pas. Qu’importe le temps ou ce qu’il advient de moi, lorsque mon démon s’exprime. Ma fidélité est indéfectible. »

Elles repartirent en utilisant le même jumper.
Ce dernier fit une première étape non loin d’un laboratoire dont l’activité était réduite. Les scientifiques étaient tous repartis sur Atlantis, en permission, et quelques rares soldats gardaient l’endroit. Un autre jumper se trouvait là, avec le personnel médical qui attendait Abelle. La jeune femme serra une dernière fois Lyanna dans ses bras avant de disparaitre. Elle mourrait d’envie de regarder dans son dos pour lui faire un signe. Mais en réalité, les sanglots qui l’étreignaient à ce moment-là l’obligeait à ne pas dévoiler son visage.

Le jumper dans lequel se trouvait Lyanna n’attendit pas plus.
Il décolla de nouveau puis s’en retourna au camp. C’était fini…


PENDANT CE TEMPS LÀ, AU CAMP D’ISHTA.


« Encore un peu... » marmonna Darren en continuant de grimper dans l’arbre.

Son pied rippa brusquement et il se retint in extremis. Un peu plus et il aurait fait une sacrée chute. Il regarda en bas, ce que l’on conseillait de ne jamais faire, et imagina son corps en morceaux en contrebas.

« Ce qu’il ne faut pas faire, sérieux... »

Parfois, le jeune homme se demandait pourquoi il se donnait autant de mal. Lyanna allait probablement regarder tout ça comme une nouvelle expérience, se disant que c’était normal. Il en avait fallu de peu qu’un simple beau parleur foute tout ça en l’air alors que…
Non, non, il ne fallait pas y penser. C’était la fatigue qui parlait.

Depuis que Lyanna avait décollé et qu’il avait fait mine de ne pas l’entendre, le soldat avait accouru dans les bois pour préparer sa surprise. Il avait retrouvé ses repères, retiré les bois et l’humus formant un camouflage parfait, pour en récupérer les différents contenus. Depuis le début, ou presque, il avait fait tout son possible pour échapper au regard de l’Amazone.

Il se demandait encore comme elle pouvait le surveiller aussi efficacement.
Parce qu’il était un “mâle” dans son camp de travail ? Ou que, comme pour toutes femmes, elle avait un fichu radar anti-cachoteries dans le crâne ? Une petite pointe de jalousie ou le risque qu’il planque quelque chose qu’elle ne doit pas découvrir ? Il n’en savait trop rien…

Toujours est-il qu’il avait mis un sacré moment à faire venir tous les matériaux sous le manteau pour son projet. Si Lyanna avait découvert ce qu’il mijotait, comme elle l’avait fait pour la venue d’Abelle, il lui en aurait certainement voulu. Il aurait été sacrément vexé. Heureusement, cette fameuse surprise était la seule à avoir survécu à la curiosité de l’Amazone. Il se disait qu’il ferait carton plein.

Darren s’épongea le front d’un coup de manche, de sa main libre, puis reprit son ascension. Le drap pesait de plus en plus maintenant qu’il en accrochait le dernier morceau. Il poussa une plainte sous l’effort, exerçant la tension qui lui permettait de couvrir le dernier mètre, puis il parvint enfin à son but.

Une fois de retour sur le plancher des vaches, il était couvert de sueur, réprimant un sacré coup de chaud. C’est que ça en faisait, de l’exercice, d’installer tout ça. Il vérifia une dernière fois les branchements, alluma tout le dispositif et l’observa, plus que satisfait.

« Ca va le faire ! Darren, mon grand, t’as les choses en main... » se félicita-t-il en retirant son t-shirt.

Il commença par aller se laver à l'étang, passant non loin du “coin de Lyanna” qui semblait avoir été colonisé par le couple Ridding. Le soldat se fit discret, le temps de finaliser sa toilette, et songea que cette information ne devrait pas aller jusqu’à Lyanna. Elle bouderait certainement qu’Helen s’y soit rendue. Mais elle en ferait une révolte d’apprendre que le lieutenant aussi.

Bref. Darren se nettoya avec un certain enthousiasme, se retenant même de chanter tandis qu’il se frottait avec le carré de savon. Il repartit vers sa tente complètement à poil, appréciant le fait qu’il n’y ai plus aucun Athosien dans le coin. Le soldat se sécha, fouilla dans la tente, puis en retira un carton planqué sous les couvertures. Il y avait un petit cadeau pour Lyanna là-dedans. Il ne savait pas trop si ça allait lui plaire...et il priait ses grands Dieux qu’April ne se soit pas gourée sur les mesures.

Lorsque le Jumper revint se poser dans le camp d’Ishta, Darren l’attendait tranquillement. Il était vêtu d’une chemise bleu rayée, d’une veste à l’encolure de smoking, un pantalon beige. Il se passa une main dans les cheveux puis vérifia que son parfum ne sentait pas trop fort. Il était prêt, sur son trente et un, pour sa petite surprise. Dans le carton plat qu’il gardait sous le bras, il y avait la tenue pour sa belle. Une robe une pièce, choisie par April, qui devrait normalement lui plaire.

Lorsque le sas s’ouvrit et que Lyanna débarqua, il manqua d’éclater de rire en la voyant froncer les sourcils. Elle faisait ça à chaque fois que quelque chose l’intriguait. N’importe qui, qui ne la connaissait pas, l’aurait mal interprété. Comme si elle disait : “Mais qu’est-ce qu’il fout, ce con-là, dans cette tenue bizarre ?!?”.
C’était juste de la curiosité, heureusement. Et Darren espérait, malgré sa méconnaissance des usages, que son trente et un le rendrait plus beau encore. Et donc qu’il lui filerait un coup de coeur supplémentaire. Elle le verrait sous un autre oeil, quand il s’habillait autrement qu’en militaire. De souvenir, il ne l’avait jamais refait depuis le soir où ils avaient conclu.

« Comment s’est passé ton recueillement ? » lui demanda-t-il l’air de rien, comme si sa tenue était normale.
Il jouait, il espérait qu’elle n’en soit pas insensible. Il lui proposa son bras en gentleman pour ensuite l’attirer en direction du mobile home.

Dire que Lyanna était très surprise, c’était une pure réalité. Elle fixait Darren des pieds à la tête, sans comprendre pour quelle raison il s’était habillé de façon si classe. Et voir sa façon si détachée, comme si pour lui, rien ne clochait, ne fit qu’intriguer davantage la jeune femme qui ne trouvait pas les mots. Sa main posée sur le bras de Darren, elle le suivit jusqu’au mobile home, perdue dans ses questions. Le soldat était très plaisant à regarder, certes. Comme lors de leur soirée romantique sur Atlantis. Mais … pourquoi ?

"Heu … ça … ça s’est bien passé … mais ..."

La guerrière jeta un nouveau coup d’oeil au smoking de Darren, dans une incompréhension totale. Elle ne faisait pas du tout le lien avec cette fameuse surprise qu’il lui avait promis.

"Pourquoi es tu habillé comme ça ?"

Une fois devant le mobile home, le soldat resta énigmatique et lui tendit le carton contenant la robe. ll lui offrit un grand sourire, rien de plus, laissant sa belle en découvrir le contenu et comprendre qu’il fallait qu’elle se change.

Visiblement, la nuit ne faisait que commencer.

Lyanna fronça légèrement les sourcils, et prit le carton qu’elle ouvrit doucement. Il était assez grand, et sans support, ce n’était pas simple à manipuler. Elle découvrit un morceau de tissu qui ressemblait beaucoup à une robe.

"Darren ..." commença-t-elle à dire, mais sans continuer sa phrase.

Ce dernier se contenta de maintenir son petit sourire de fourbe. Il attendait...
La jeune femme entra dans le mobile home, et posa le carton sur la table pour sortir le vêtement en entier. Elle y découvrit une magnifique robe vert turquoise, ses yeux pétillèrent en la détaillant sous toutes les coutures. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Sans attendre, elle partit s’habiller dans sa chambre, se coiffa, et retourna se présenter sur le pas de la porte, vêtue de son nouveau cadeau, en regardant le soldat.

"Elle est très belle !"

Lorsqu’elle sortit du mobile homme, le regard de Darren changea, mêlant la surprise à l’admiration. Il n’avait pas pu résister à l’envie de connaître le contenu du carton. Il avait imaginé Lyanna dans cette robe, la façon dont elle la remplirait avec grâce. Mais il y avait une large différence entre cette anticipation et la réalité. Le centre du camp bénéficiait d’un éclairage constant et, à la sortie de l’Amazone, elle eut l’air d’un ange séducteur. Darren avait du mal à se dire que c’était sa femme, qu’elle portait tout de la féminité, et qu’elle avait laissé tout le côté guerrier dans ses quartiers.

« Tu es magnifique ! » souffla-t-il amoureusement.

Le regard plein d’étincelles, il lui proposa à nouveau son bras et l’emmena tranquillement en direction du bois.
Il la voyait régulièrement tourner un regard dans sa direction. Par curiosité mais aussi par crainte d'abîmer sa belle robe. Darren se montra confiant, bifurquant à un endroit qu’ils n’avaient pas l’habitude d’emprunter. Il s’était creusé un petit chemin suffisamment large. La végétation n’était pas pénible, juste l’éclairage qu’il ne comptait pas remédier. C’était délibéré.

Darren la guida silencieusement au même endroit où il lui offrait habituellement son massage nocturne.
Pour l’occasion, il avait tout rangé et nettoyé aux alentours. Moins de branches, moins de fourrés, moins de feuilles. Cette fois, pas de bougies. Il lui en aurait fallu trop, beaucoup trop. Ce n’était pas assez discret, ça aurait foutu le feu, et Lyanna se serait rendue compte du type de surprise en débarquant.

Avec le feuillage des arbres, la lune ne permettait aucun éclairage. Ils se dirigeaient très lentement sur le chemin allant jusqu’à leur petit coin d’amoureux. Mais l’effet serait encore meilleur. Lyanna aurait beau plisser les yeux, elle ne pourrait pas discerner ce qui se trouvait là. Simplement un changement de décors avec de nouveaux contours aux détails insuffisants.

Darren passa la main dans sa poche pour se saisir discrètement de la petite télécommande trafiquée. C’était l’heure, il était extrêmement tendu. Il voulait que la surprise soit totale.

« Prête ? » lui demanda-t-il avec simplicité. « Dit : “Lumières !”. »

Lyanna fut surprise par la demande de Darren. En regardant autour d’elle, il n’y avait rien. Hésitante, elle consentit à faire ce que le militaire lui demandait de faire, et répéta :

"Lumières !"

Lorsque son amante s’exécuta, il appuya secrètement sur le bouton, lui faisant croire à une reconnaissance vocale. De nombreuses guirlandes s’allumèrent en même temps. Autour de tous les arbres les entourant, se reliant au-dessus de leurs têtes comme une toile d’araignée. Habituellement, c’était la déco de Nöel d’un groupe de musique pour leur concert. Darren l’avait loué et fait transporté jusqu’ici. L’installer ce soir l’avait fait suer comme jamais.

Mais le résultat était là. Mille feux éclataient désormais sous l’ordre de Lyanna, révélant leur coin d’amoureux entièrement transformé. Une piste de danse. Mais pas seulement. Il y avait autre chose plus loin, deux sièges plutôt confortable installés face à un drap accroché aux arbres par ses quatres coins.

En voyant ce magnifique spectacle, les yeux de Lyanna s’illuminèrent également, tandis qu’elle regardait autour d’elle, émerveillée. Elle sourit en observant chaque détail de la surprise tant attendue, et elle avait du mal à croire que c’était Darren qui avait tout installé tout seul. Une seule chose l’intriguait : les sièges installés en face d’un grand drap. La jeune femme était enchantée par ce qu’elle voyait, elle n’arrivait pas à trouver les mots.

« Et maintenant...dit : “Musique”. » lui demanda-t-il.
"Musique !" dit Lyanna, amusée.

Une fois encore, Darren appuya discrètement sur un bouton de sa télécommande.
Les basses accrochées aux arbres entonnèrent un air lent et langoureux. C’était une femme qui chantait lentement, de manière romantique. Darren l’avait choisi délibérément pour que son amante se sente à l’aise.

Musique du slow:

La musique était forte, prenante. Un salle de bal rien qu’à eux. Pas besoin de se soucier du voisinage cette fois. Il n’y avait plus personne dans le camp. Le risque d’être observé, d’être découvert, n’existait plus. Ils étaient seuls, bien habillés, sur une piste de danse en terre battue.

Fier de son petit effet, le jeune homme s’avança de quelques pas, jusqu’au milieu de leur piste de danse. Là, il se pencha légèrement, la main en avant, pour demander celle de Lyanna et l’appeler à danser. Une semi-révérence, comme lors des anciens temps, mais chargé de romance et de séduction.

« Lyanna, chère Kiranienne. M’accordez-vous cette danse ? » lui demanda-t-il avec un air qu’il espérait romantique.

Le sourire de Lyanna s’agrandit en voyant Darren faire. Ce dernier l’amusait beaucoup, et il était également très séduisant dans sa manière de se comporter. Bien loin des mâles qu’elle connaissait. La jeune femme eut un petit hochement de tête, se prenant au jeu.

"Avec plaisir, Darren".

La jeune femme pris la main du soldat dans la sienne, et vint aussitôt se blottir contre lui, posant son autre main sur l’épaule du jeune homme. La guerrière avait rarement dansé dans sa vie, mais Darren lui avait montré quelques fois comment faire. Notamment son premier slow sur Héstevic. Elle reproduisit d’instinct ce qu’elle avait appris, plongeant ses yeux dans le regard du militaire, obligée de lever la tête à cause de la différence de taille. Lyanna se laissa bercer par l’agréable chanson qu’elle appréciait, tout en se mouvant doucement sur la piste de danse contre son amant.

Darren la conduisit avec beaucoup de plaisir, fixant intensément son amante. Il ne parvenait pas à s’empêcher de sourire, fier de sa réussite.

"J’avoue que tu m’as bien eu, avec cette surprise. Je ne m’y attendais pas" reconnut-elle en souriant.
« C’est mieux quand on la découvre, n’est-ce pas ? » dit-il par pure rhétorique.

Darren n’attendait pas spécialement de réponse. Il fit passer le bras au-dessus de Lyanna pour la retourner dos contre lui. Sa main valide vint se saisir doucement de sa taille, comme une ceinture, l’emprisonnant contre lui tandis qu’il collait sa joue contre sa tête.
« Est-ce que tu sais depuis combien de temps ont sort ensemble ? » lui souffla-t-il à l’oreille de façon énigmatique.
Lyanna fut prise un peu au dépourvu par la question de Darren, mais elle n’eut pas le temps de réfléchir. Le soldat fit le geste inverse, avec un peu plus de force, pour surprendre Lyanna d’un demi-tour, et la jeune femme se retrouva à nouveau face à son partenaire. Il avait maintenu sa taille pour la ramener contre lui et éviter la sale bourde de l’envoyer voler dans les bois. Il la réceptionna contre son torse, reprenant leur position d’origine, tandis qu’une nouvelle musique de slow débutait.
« Non ? »
En bon fourbe, les yeux pétillants, il laissait Lyanna galérer à estimer le temps de leur union. Elle avait mis du temps à intégrer le calendrier Atlante et ça s’était passé après leur rencontre. Darren restait curieux de savoir si elle tomberait juste sur son estimation.

"Heu …"

Maintenant que Darren ne la faisait plus tourner sur elle même, Lyanna tenta de réfléchir. Elle ne s’était jamais posée la question. Et bien que le temps s’écoulait de la même façon entre Kirana et la Terre, et que les unités de mesures étaient identiques, la jeune femme eut beaucoup de mal à se représenter combien de temps s’était passé entre leur première mission et aujourd’hui. Elle fronça les sourcils, tentant de calculer, mais elle finit par secouer la tête.

"Je ne sais pas !"

Le soldat répondit aussitôt dans un murmure amusé, comme s’il essayait de lui faire deviner la suite. C’était impossible.

« Un an...quatre jours...et une brouette d’heures... »

Il se décala légèrement de son corps pour la regarder et voir si elle considérait la valeur de cette année anniversaire de leur relation. Le soldat n’avait pas pu organiser la chose le jour même. Et d’ailleurs, le danger Keyran avait bien failli causer l’annulation de ce projet. Lyanna essaya d’assimiler ce que Darren venait de lui dire, et elle sut tout de suite ce que voulait dire le mot “an” chez les Terriens.

"Donc, ça fait une période qu’on est ensemble ? Enfin un peu plus d’une période ? Tu as compté ?"
« Oui j’ai compté. »

Le soldat ne s’épancha pas sur les détails. Il était exactement du genre à oublier la durée et subir les foudres d’une compagne offensée. Parce qu’il ne savait pas si Lyanna était de ce genre, même si la relation était nouvelle pour elle, le soldat s’était empressé de faire des recherches dans son administratif. Pas difficile de retrouver son inscription pour la mission d’Héstevic avec la date dessus.
Dans l’immédiat, il préférait se garantir le beau rôle en faisant mine d’avoir compté depuis le début. Si la guerrière s’en rendait compte, elle serait bien moins impressionnée par Darren, et elle le fusillerait même du regard. Sans animosité bien sûr, cette époque était révolue.

Lyanna avait du mal à en revenir d’avoir passé autant de temps avec un homme, et que celui ci soit encore en vie. Cela démontrait qu’elle l’aimait vraiment, et qu’elle n’avait pas vu le temps passer. Le militaire fit une nouvelle figure de danse simple, conduisant son amante pour lui apprendre les pas, la penchant légèrement avant de la ramener à lui.
Darren conduisait la danse, Lyanna ne faisait que suivre, encore hésitante pour ce qui était de danser. Même si elle se trouvait encore incertaine, contrainte à quelques maladresses, leur amusement comptait bien plus que la perfection du geste. Et lorsque l’un ou l’autre se trompait, ou même glissait sur la piste de danse à cause des chaussures, Lyanna se mettait à rire, amusée. Darren adorait l’expression qui voilait le regard de sa compagne à ce moment. Des étoiles, un mélange de joie et de bonheur, la découverte d’une nouvelle expérience.

« Ne te trompes pas, chérie...ce n’est pas une coutume obligatoire à la première année de relation. » lui expliqua-t-il dans un léger rire.

Il y avait mis les moyens et, du point de vue d’une femme Terrienne, ça aurait été excessif. Peut-être même effrayant. Darren préférait qu’elle le sache, qu’elle ne se dise pas que tous les Atlantes sortaient ces moyens tôt dans la relation.

"Je suis une privilégiée, alors ?" demanda la jeune femme, en souriant.
« Je suis juste trèèès amoureux. » répondit-il en lui chatouillant la hanche, taquin. « J’aime te voir comme ça. Surprise, admirative. »

Lyanna se mordit la lèvre en regardant Darren. Elle aimait bien savoir que son amant avait ce genre de petites attentions pour elle. Le genre d’attention qui l’avait fait tomber amoureuse de ce mâle plutôt que de le castrer ou lui couper la tête. L’espace d’un instant, la jeune femme se demanda si le soldat avait eu les mêmes idées pour ses anciennes compagnes. Mais finalement, elle s’en fichait, seul le présent comptait. En profitant de la fin de la chanson - une nouvelle allait prendre immédiatement le relais sur une amorce d’instrument électronique - Darren plaça chacune de ses mains sur les joues de Lyanna. Il s’approcha doucement pour l’embrasser mais resta en suspension quelques instants avant le contact. Il apprécia sentir sa respiration, son désir, l’envie de joindre ses lèvres aux siennes.

« Joyeux anniversaire de couple, Lyanna. » souffla-t-il avant de l’embrasser tendrement.

Lyanna savoura ce baiser, elle y mit beaucoup de tendresse tant elle appréciait ce geste. Puis, elle passa ses bras autour du cou de son amant, et caressa doucement sa nuque du bout des doigts.

"Joyeux anniversaire !" répéta-t-elle avant d’embrasser elle aussi Darren, se collant contre son corps.

Musique du slow:

A la fin du baiser, Darren la serra ensuite contre lui pour continuer de danser. Mais le rythme avait changé. Ce n’était plus un slow, mais une musique plus rythmée. Et donc forcément, ce n’était pas la même danse. Surprise, bien que le soldat lui avait déjà montré comme faire par le passé, Lyanna eut plus de mal à suivre ses pas cette fois. Mais elle n’en amusait pas moins pour autant.

« Allez ! » s’écriait un Darren joueur en se plaçant à côté d’elle.

Il lui montra un petit enchaînement de pas à répéter en boucle, claquant des doigts et se déhanchant un peu. Entraînée par le rythme du soldat, Lyanna tenta de réaliser l'enchaînement qu’il lui montrait. Mais elle se mit à rire en voyant qu’elle n’était pas aussi experte que lui.

Ils dansèrent longtemps.
Darren avait prévu une vingtaine de musiques, toutes chantées par des femmes, sur des airs parfois lents, parfois rythmés. A ce moment-là, il ne pensait pas qu’il les utiliserait toutes. Et pourtant, ils s’amusaient tellement que le temps s’envola à la vitesse de l’éclair. Darren ne s’en rendit compte qu’en reconnaissant l’une des premières musiques. La playlist était revenue au début après avoir épuisé tout son stock.

« Et si on faisait une pause ? Tu es survoltée !! » s’écria Darren en la voyant retenter un enchaînement plus complexe.
"C’est ta faute !"

Si elle ne souriait pas autant, on l’aurait cru en train de s'entraîner. Heureusement, elle n’était pas aussi sérieuse. Le jeune homme la regarda faire un petit instant et, voyant qu’elle ne s’arrêtait toujours pas, il leva les mains en feignant un air suppliant. A croire qu’elle était en train de lui siphonner à distance ses dernières forces.



eden memories

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Mer 11 Nov - 0:09

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


« Halte ! Stop ! Pause ! Temps mort ! »

Darren déploya tout son registre de synonyme sans succès.

"Tu es déjà fatigué, soldat ?" dit elle, en le provoquant, tout en se déhanchant pour le tenter.
« Il n’y a pas que de la danse, ce soir ! » la prévint-il.

Au final, Darren leva la main, s’apprêtant à claquer des doigts, la regardant comme un père s’apprêtant à gronder son enfant. Puis, remarquant qu’elle le défiait du regard, ce qui la rendait encore plus sexy dans cette magnifique robe, Darren s'exécuta. Il claqua des doigts et l’autre main dans sa poche commanda l’arrêt brutal de la musique.

« Allez ! Arrête-toi. Tu dois être assoiffée, chérie. » dit-il en s’approchant, très protecteur.

Il l’intercepta dans ses bras et tenta de la retenir. Mais elle luttait, elle voulait encore danser. Il fallait dire qu’elle s’amusait beaucoup, qu’ils étaient seuls, et qu’après ces nombreuses semaines à gérer une bande de mâles pour faire une route, la jeune femme avait vraiment besoin de décompresser, comme en ce moment. Ce fut un profond baiser qui parvint à supprimer cette étrange maladie. Quoique, puisqu’ils finissaient par en rire tous les deux, ils se contentaient de rester l’un contre l’autre, les lèvres à moitié scellées, à moitié riantes. Peu à peu, Lyanna se calma, maintenant qu’il n’y avait plus de musique. Mais elle ne s’éloigna pas du militaire pour autant.

Darren finit par se détacher, la lorgnant en craignant qu’elle ne reparte aussi sec. Mais non, heureusement. La guerrière était légèrement essouflée, mais son envie était passée. Son amant lui prit la main et l'entraîna dans son sillage, jusqu’aux deux sièges placés devant le drap blanc. Entre deux, il avait placé des quarts en aluminium (il craignait que des flûtes en cristal se brisent au voyage) puis une bouteille contenant un cocktail de jus de fruit. Il était légèrement alcoolisé. Lyanna fut intriguée de voir que les quarts et la bouteille se trouvaient sur le sol. Elle s’assit sur le bord de la chaise longue, en regardant Darren.

"Pourquoi n’y a-t-il pas de table ? Cela aurait été plus pratique, non ?"
« Oui. Mais je n’avais qu’une énorme table de cantine à ma disposition. Et puis... »

Darren versa un fond dans son verre, ne voulant pas qu’elle le vide d’un trait en pensant à un jus de fruit standard.

« Je suis obligé d’être un ignoble fourbe manipulateur. Si je ne cache pas mes surprises, tu te jettes tout de suite dessus ! »

Il lui fit un petit clin d’oeil puis trinqua avec elle, la laissant goûter. Si son beau petit regard pétillant lui disait “oui”, il lui servirait un verre digne de ce nom. Lyanna prit le quart, et but ce qui se trouvait à l’intérieur, à savoir l’équivalent d’une gorgée. Cependant, elle ne s’était pas attendue à ce que cela soit de l’alcool. Et comme elle n’avait pas du tout l’habitude, le goût était plus prononcé. La jeune femme toussa un peu.

"C’est … c’est de l’alcool ? … Tu n’as rien … de non alcoolisé ?"

Décidément, l’alcool et Lyanna, cela ne faisait pas bon ménage. La jeune femme avait beaucoup de mal à s’y habituer. Darren tiqua. Il aurait dû tabler sur la sécurité et prendre un simple jus de fruit. Il haussa des épaules.

« De l’eau. »

Entre la table et l’alcool, il se demandait si elle jouait à essayer de pointer ce qui n’était pas parfait. Il ressentit un petit pincement, légèrement blasé, puis se rendit dans le coin “dépotoire”, à la recherche de sa gourde militaire. Il l’ouvrit, renifla rapidement, puis lui proposa le contenu. Lyanna remarqua que Darren paraissait déçu par sa remarque, et elle commença à s’en vouloir. Lorsqu’il revint pour lui proposer de l’eau, la jeune femme prit sur elle, et elle secoua la tête.

"Non, ça ira. De l’eau pour une soirée comme celle là, ce n’est pas terrible. Je vais garder ça" dit elle en désignant la bouteille, espérant qu’elle parviendra à s’y habituer en buvant à petites gorgées.

Le soldat comprit. Il aurait pu insister sur le fait que ça ne le dérange pas qu’elle tourne à l’eau. Mais il ne tenait pas à ce que le moment fort de leur soirée soit l’argumentaire sur la boisson. Darren posa la gourde entre les deux sièges, se disant qu’elle en prendrait plus tard.

Le militaire s’installa ensuite sur le siège, aux côtés de la jeune femme, et étira ses jambes. Toute la préparation pour cette soirée l’avait vidé...la danse l’avait achevé. Il essayait de ne rien montrer de cette état de faiblesse, ne doutant pas que son amante avait également un petit coup de fatigue après s’être agitée tant de temps. Lyanna porta le quart à ses lèvres, après que son amant l’ait un peu plus rempli, et but doucement la boisson alcoolisée. Elle toussa encore un peu, mais tenta de se contrôler pour que le liquide passe de mieux en mieux.

« Je te trouverai mieux la prochaine fois. » lui promit-il tendrement.
"Non, ce n’est rien. Il faut que je m’y habitue. Ca devrait venir à force de boire, non ?"

Pendant qu’elle consommait, Darren laissa courir son regard sur sa robe. Il captait sans honte les remous de tissus le long de ses jambes fines, ses hanches que la robe serrait pour lui donnait un aspect taille de guêpe avant de s’échancrer plus légèrement encore sur sa poitrine.
Elle s’était également coiffée et il crevait d’envie de jouer une fois de plus avec ses petites mèches à l’avant. Elle était magnifique...une déesse Amazone…
Darren se mit à penser au peuple de Lyanna, son village. Était-elle la plus belle de toutes ? Il y croyait vraiment, là, dans cette robe. Darren, le soldat Darren, avait la plus belle des mythiques Amazones de Pégase pour femme ! Ça le gonflait de fierté, il se sentait flatté.
Cette image délicieuse, qu’il continuait encore d’admirer, le pressa à la prochaine étape de la soirée.

« Tu sais, généralement, on s’offre quelque chose pendant la Saint Valentin, un terme qui désigne la fête des amoureux. T’étais en prison ce jour-là...alors c’est mon excuse pour rattraper le coup. » lui dit-il avec humour, lui adressant un sourire.
Apparemment, ça ne lui revenait pas. Alors il précisa : « Tu avais cassé le nez d’un type qui entraînait sa copine à la boxe. Tu courais sur la digue et tu avais cru à une agression... »

Elle fronçait encore des sourcils, ce qu’il adorait ça.
Darren prit le petit paquet cadeau entre leurs fauteuils pour le lui placer sous le nez. Il était petit, carré, de la taille de la main. L’Amazone allait très certainement faire un lien avec ce qu’il avait planqué dans sa veste la semaine dernière. Il l’avait commandé à un artisan Natus. Pourtant, encore une fois, la guerrière avait manqué de le découvrir. Ca aurait été un désastre si elle avait insisté.
Darren aurait même risqué une dispute pour protéger ce chef d’oeuvre.

Lyanna observa le petit coffret qu’elle prit dans les mains. Evidemment, elle se souvint de ce jour là, juste avant d’avoir discuté d’Helen et de son problème.

"Ce que tu as caché sous ta veste, quand je suis venue te voir ?"
« C’est ça... »

Darren attendit impatiemment qu’elle l’ouvre. Le battement fébrile de son pied trahissait sa nervosité. Le papier cadeau révéla une boîte à bijou en bois. Il contenait un bracelet argenté classique. Les yeux de Lyanna restèrent braqués sur l’objet, puis un sourire naquit sur ses lèvres.

Bracelet:

Darren voulait quelque chose de sobre, qu’elle puisse porter à loisir. Que l’ornement puisse être à la fois discret mais marquant pour elle. Le soldat avait eu cette idée durant son travail au campement. Être en contact avec autant de marchands lui avait permis d’obtenir d’excellents moyens pour le concevoir.
Il ne voulait pas de collier puisque Lyanna portait ses plaques militaires. Il ne voulait pas de simples bracelets, sachant qu’elle n’était pas spécialement attirée par ce qui brillait. Leur relation était encore trop récente pour penser à lui offrir une alliance. D’ailleurs, Darren ne comptait pas le faire tant qu’elle ne comprendrait pas toute la valeur du geste.
La voir froncer simplement des sourcils le jour où il poserait le genou à terre lui ferait mal cette fois.

Non. Ce qui parlerait à Lyanna, c’était les images, le message dans le bijou qu’elle découvrit en le tournant entre ses doigts. Quelque chose de fort qu’elle n’avait ni besoin de lire, ni calculer. Ce bracelet n’était que le support du véritable cadeau : une gravure complexe.

A la lueur de l’éclairage général, elle verrait que toute la surface du bracelet, avait été finement gravée pour représenter une scène. Darren ne connaissait pas les Kiranniennes si ce n’est celle avec qui il sortait. Trouver des images d’archives ou des clichés réels auraient pris trop de temps. Donc, dans l’espoir de tomber dans le mille, il avait écrit une lettre à l’artisan graveur.
Il lui avait expliqué au mieux qui était Lyanna, quel était son peuple, et ce qu’il voulait représenter sur le bijou. La férocité des Amazones, leur puissance, leur fierté. Bref, un sujet qui plairait énormément à son amante.

L’artisan avait dépassé ses espoirs les plus fous. Il avait exercé son art en représentant deux guerrières en armure, des épées à la main, s’élançant vaillamment sur l’ennemi. Il avait poussé le détail jusqu’à l’expression des visages et des regards. L’homme avait respecté le fait que les Kiraniennes se battaient à la lames, avec des jupes, et qu’elles privilégiaient la mobilité à la protection.

Darren savait que les Natus étaient par nature d’excellents dessinateurs. Ils n’avaient ni appareil photo, ni caméscope. Toutes les scènes dans leurs livres d’histoire avaient été dessinées à la main.
Mais lorsqu’il avait vu le résultat de sa commande, Darren avait eu un choc très agréable. Il avait l’impression d’y voir Lyanna pendant leur mission sur Héstevic. Lorsqu’ils s’étaient battus contre la sécurité d’une maison de passe et qu’ils avaient tenu à cinq contre un.

Gravure du bracelet:

Lyanna était en train de découvrir toute la complexité de la gravure, de la scène, du début de bataille que ça semblait présenter. Darren avait demandé à ce qu’il y ait au moins deux guerrières pour que ça lui fasse penser à ses soeurs, combattant côte à côte. Il crevait d’envie de lui demander si ça lui plaisait, histoire d’avoir sa réaction de manière précoce. Mais il ne fallait surtout pas gâcher ce moment. Pas après tant d’efforts.
Il voulait qu’elle profite au maximum de chaque détail prévu pour faire des références. A son peuple, à sa culture, mais aussi à son tempérament.

Darren but une nouvelle gorgée comme si de rien n’était. Mais en fait, il était impatient de connaître sa réaction. Son pied continuait de battre sur le sol à un rythme rapide.

Autant dire que ce fut un choc pour Lyanna, tout comme cela l’avait été pour Darren à la découverte du bracelet. D’une part, parce que la jeune femme était très loin d’imaginer que quelqu’un puisse faire une aussi belle gravure sur un objet si petit. Et d’autre part, parce que ce bracelet était tout simplement sublime, et qu’elle l’adorait déjà. La guerrière ne cessait de passer son doigt pour sentir les gravures. Elle ne savait plus quoi dire tant elle était heureuse par ce cadeau. Ses yeux brillaient à cause des larmes qui commençaient à monter, bouleversée par ses émotions. Lyanna regarda Darren, un grand sourire sur le visage.

"Il est magnifique !!!"

Tenant toujours le bracelet dans ses mains, Lyanna embrassa Darren avec passion pour lui témoigner tout son amour.

"Merci … je ne sais pas quoi dire d’autre ..." murmura-t-elle entre deux baisers.
« Ca suffit amplement. »

Quand elle eut fini d’embrasser son amant, Lyanna regarda à nouveau le bracelet.

"Comment est ce que c’est possible de faire des gravures si petites ? Si fines ? On dirait de la sorcellerie !"

Il s’empara doucement du bijou pour l’aider à le placer à son poignet. Il orienta l’image dans sa direction pour qu’elle puisse l’admirer facilement.
« C’est Natus. » lui confia-t-il. « J’ai écris une lettre à leur meilleur artiste. C’est un graveur sur métaux. Le bijou est parti sur leur planète par courrier, la Magna, avant de revenir ici. »
Il lui sourit et posa ses lèvres sur son front.
« J’ai eu peur que tu insistes trop sur ma cachotterie par contre. J’aurai été déçu que tu le découvres trop tôt. »

"Je comprends mieux pourquoi tu as tout fait pour que je ne te pose pas de question à ce sujet".

Lyanna admira le bracelet à son poignet encore quelques instants, ne pouvant pas détacher les yeux de la gravure. Décidément, ces Natus savaient faire énormément de choses. D'abord, ses épées, maintenant ce bijou. La jeune femme était vraiment impressionnée.

"Je suis désolée, je n’ai rien à t’offrir en échange. Tu as dit qu’on s’offrait des cadeaux pendant la Saint … je ne sais plus quoi. Mais je n’ai rien pour toi !"
« Le but d’une surprise, c’est justement que la personne ne s’y attende pas. » répondit-il avec le sourire. « Si tu avais quelque chose entre les mains, ce serait à ce moment là que je m’inquiéterai... »

Lyanna semblait tout de même désemparée de voir que Darren avait fait autant d’effort pour elle, alors que de son côté, elle ne pouvait pas faire la même chose. Cependant, quelque chose lui vint en tête, même si l’objet qui passa dans son esprit en cet instant n’était pas ici, mais dans le mobile home. Le cadre photo qu’elle avait ramené du village des Natus. April était parvenue à imprimer la photo prise dans le jumper, lorsque les deux amoureux étaient endormis, et l’avait placé dans le cadre. Mais avec tout ce qui s’était passé par la suite, Lyanna n’avait jamais eu l’opportunité de l’offrir à Darren. Certes, c’était très loin d’égaler le magnifique bracelet que son amant venait de lui offrir, mais elle n’avait rien d’autre comme idée de cadeau. Déjà qu’elle avait découvert ce concept sur Atlantis, c’était difficile pour elle d’avoir des idées. Et surtout savoir quand les offrir. La jeune femme délaissa le bracelet pour regarder Darren.

"Enfin si, j’ai peut être quelque chose. Mais il n’est pas ici. Il est au camp".
Darren ne pu s’empêcher de rire en la voyant insister. C’était le signe que sa soirée faisait carton plein, elle avait envie de lui adresser quelque chose en retour.
« C’est gentil. Mais ce soir, c’est toi qui te fait couvrir de cadeaux... »


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Lyanna
Guerrière
Planète Kirana
Bannière perso (image 901x180px) : Une longue route pour Ishta - Page 2 1562430542-image-profil
√ Arrivée le : 14/07/2018
√ Nationalité : Kiranienne

√ Gène : ATA
√ Messages : 179

Mer 11 Nov - 0:11

Lyanna

Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna

Lyanna reprit son verre pour en avaler une gorgée. Mais l’alcool lui faisait serrer la mâchoire une fois de plus. Le soldat s’empara gentiment de son quart. Tout en gardant ses yeux rivés dans les siens, dans un échange complice parfaitement silencieux, il balança le reste par terre et versa de l’eau à l’intérieur.
Darren se redressa pour lancer l’étape finale de la soirée. ll manqua de se griller comme un grand en sortant la télécommande de sa poche. Heureusement, il avait eu le réflexe de s’en souvenir à temps. Reprenant son jeu de l’amant tout puissant, il se donna en spectacle devant l’Amazone, commandant l’extinction des lumières et l’apparition soudaine du flux d’un vidéoprojecteur par des gestes théâtraux. Bien positionné entre les arbres, reliés aux basses, le flux vidéo fit apparaître les sociétés de production dans un demi-morceau de fanfare sur le drap tendu. Voir ce genre d’image sur un drap était intriguant pour Lyanna. Après tout, bien qu’elle n’avait pas encore vu de film, il lui était arrivé de voir une télévision ou un ordinateur en fonction. Mais là … il n’y a avait pas d’écran.

"Mais … comment peut il y avoir des images ? Il n’y a pas de... "
« Chut !!! Ca va commencer... » souffla Darren, enthousiaste.

Il retourna rapidement dans son coin dépotoire et en revint armé de deux saladiers de pop corn. Celui de Lyanna était différent. Il y avait versé dessus une pâte à tartiner locale, une imitation de nutella fait par le club de cuisine d’Atlantis. Le pot lui avait coûté plus cher que la location des lumières. Sur Pégase, la pâte à tartiner, c’était un produit de luxe. Mais Darren ne regrettait pas du tout sa préparation. Il avait mélangé le tout puis l’avait placé une bonne journée au frigo. Le pop corn risquait d’avoir ramolli un peu mais il était enrobé de chocolat.
Lyanna ne pouvait qu’adorer ça pendant qu’elle regarderait le film.

« Ca s’appelle “Danse avec les Loups”.» annonça-t-il en prenant place sur son transat. Il se trouva une position confortable puis, pour que Lyanna apprenne par mimétisme, il attaqua son saladier en regardant l’énorme écran. Sans la lumière, avec les basses installées tout autour d’eux, c’était comme être au cinéma.

« Là, on va regarder un film de deux heures. Un film, c’est une histoire créé de toutes pièces. Des acteurs l’ont joué comme dans un spectacle mais en faisant en sorte que ça semble vrai. Tu étais intriguée par les indiens ? »

Il lui fit un clin d’oeil.

« Voilà une histoire d’indiens sur ma planète ! »

Allongée sur son transat, mangeant son pop corn au chocolat, Lyanna se mura dans le silence tandis que le film commençait. Elle se posa beaucoup de questions, évidemment, par rapport à ce qu’elle voyait. Comme par exemple, la technologie qui avait l’air un peu plus primaire que celle des Atlantes. Elle ignorait qu’il s’agissait en réalité d’une description du passé de la Terre. Pendant la représentation, la jeune femme fut captivée par les combats entre ces fameux Indiens et ce qu’elle considérait comme des envahisseurs belliqueux. Et bien sûr, elle ne put s’empêcher de comparer la romance du film par rapport à sa vie avec Darren, l’image de deux être issus de peuples différents qui se rencontraient et tombaient amoureux. Même si pour le coup, la jeune indienne ne ressemblait en rien à la Kiranienne.

Au moment de la présentation de cette dernière, lorsqu’elle décrivait son prénom qui signifiait “dressée avec le poing”, Darren ne pu s’empêcher de faire le pitre.

« Ils t’ont volé ton vrai prénom ! » charia-t-il.

Lyanna eut une petite grimace, elle était sceptique devant la signification du prénom, vu la tribu dans laquelle vivait la jeune indienne, et surtout son comportement. Elle avait un autre avis que celui de Darren.

"Mouais … pour moi, on dirait plutôt que c’est elle qui est dressée avec le poing. Soumise en étant battue".

Question de point de vue, mais la guerrière était trop prise dans le film pour se lancer dans un débat philosophique concernant la réelle signification du prénom du personnage. Au fur et à mesure que le film avançait, Lyanna commença à frissonner légèrement. L’air se rafraichissait peu à peu. Alors, sans un mot, la jeune femme délaissa son transat, et vint se blottir dans les bras de Darren, avant de se replonger dans le film qu’elle trouvait passionnant bien que mystérieux sur plusieurs points. Le soldat en profita pour conjuguer les restes de leurs deux saladiers. Il ouvrit suffisamment de place à sa dulcinée et l’accueillit avec plaisir. Parfois, il laissait glisser quelques baisers ici ou là. Et il ajoutait quelques détails sur des points trop complexes du film. La jeune femme l’écoutait, ou frémissait sous ses baisers, mais elle garda sa tête posée sur le torse de son compagnon, les yeux rivés sur l’écran de fortune.
Les scènes les plus émouvantes atteignaient le cœur de Lyanna, il pouvait le sentir par la façon qu’elle avait de se crisper légèrement. Comme lorsque le cheval du héros avait été abattu. Ou encore, devant le massacre du troupeau de bisons dont elle ne comprenait pas du tout le sens, vu que les Blancs avaient tué tous ces animaux pour simplement prendre leurs fourrures. Darren la serrait d’autant plus dans ses bras en lui rappelant silencieusement que c’était du film, sans dévoiler que certains détails étaient inspirés de faits réels. Il estimait qu’il lui faudrait encore un peu de temps pour comprendre que l’histoire des Terriens n’était pas faite que de bonnes choses. L’émergence de l’Amérique, notament, qui s’était batie sur le génocide des populations indiennes. Lorsque le générique apparut enfin, Darren ralluma les lumières sans s’amuser à faire des gestes. Il avait emprisonné la taille de son amante de son bras libre pour la garder contre lui.

« Comment as-tu trouvé ton premier film, chérie ? »

Lyanna détendit ses muscles en s’étirant contre Darren, avant de tourner la tête pour regarder le militaire. Il dégagea ses cheveux de sa main valide, en les lissant sur le côté de son visage, tandis qu’il l’observait. Lyanna dans cette petite robe, toute blottie contre lui, c’était quelque chose.

"J’ai bien aimé … dans son ensemble ..."

Le soldat lui adressa un petit sourire entendu.
Il fallait dire que, connaissant la Kiranienne, il y avait bien sûr un détail qui ne lui plaisait pas.

"Je n’ai pas du tout aimé la façon dont les femmes sont vues. Elles sont soumises, ça se voit. Les mâles font tout, et elles, elles doivent obéir et s’occuper des enfants".
« Oh, je vois ! » la taquina-t-il, feignant d’avoir loupé cette information capitale. « En revanche, l’inverse serait parfaitement naturel, voyons ! »

Lyanna préférait ne pas s’attarder sur ce sujet, pour passer à des points positifs du film.

"Mais j’ai bien apprécié les combats. Ces Indiens … de véritables brutes. Ils n’ont pas froid aux yeux, ils sont très courageux. Et bien sanglants. Ils n’hésitent pas à faire souffrir leurs adversaires avant de les achever, et ça, c’est bien !"
« Hm. Je ne suis pas sûr d’avoir le même avis. » murmura-t-il en caressant les détails de son visage avec son index.

Elle était un brin psychopathe, son Amazone.
Est-ce qu’il fallait tirer le signal d’alarme et l’envoyer chez un psychiatre ? On lui ferait avaler tout un tas de pilules qui lui feraient aimer l’incarcération et trouverait chez l’homme une splendide créature ?
Non !! Il la gardait comme elle était. Fatale, dangereuse et terriblement séduisante.

Lyanna comparait continuellement les moments de batailles avec ce qu’elle connaissait de son monde, ce qui ne choquait pas le soldat. Il avait justement choisi le film pour ça, pour que ça lui parle, que ça capte son intérêt. D’après ce qu’elle lui partageait, sur Kirana, les combats se rapprochaient beaucoup plus de ce film, à contrario des Atlantes sur leur champ de bataille.

Aux yeux des Terriens, comme ceux de Darren, elle était une barbare. Mais ce dernier semblait très bien s’y adapter. Manifestement, la fin de la soirée le rebutait. Il avait beau être très tard, il restait là à observer et parcourir son épiderme de ses doigts.

« On devrait se lever, rejoindre la tente, et dormir. » déclara-t-il en ayant aucune envie de s'exécuter. Ca se sentait parfaitement dans l’intonation, dans le non-verbal, et dans le regard.
On ne devrait pas...mais ne m’écoute surtout pas !

Mettre fin à cette si belle soirée, et aller dormir ? Cette idée ne plut pas du tout à Lyanna, qui souhaitait la continuer, malgré la fraîcheur de l’air. Et à voir le regard que lui lançait son amant, ce dernier n’avait pas non plus envie de faire ce qu’il venait de dire. La jeune femme eut une petite moue en réfléchir, tandis que sa main caressait le torse du soldat à travers sa chemise.

"Il faut vraiment qu’on rentre maintenant ?"

La conversation avec Darren qu’ils avaient eu pendant le dîner, ainsi que la punition qu’elle devait lui donner en guise d’agréable vengeance, lui revint en mémoire. Et une idée germa dans son esprit. Lyanna se redressa un peu, et embrassa tendrement le militaire, mordant doucement sa lèvre.

"Je n’ai vraiment pas envie de partir maintenant !" dit-elle sur un ton sérieux, plutôt autoritaire. Darren la remercia silencieusement.

Sans attendre plus longtemps, Lyanna se leva et recula de quelques pas pour être hors de portée de Darren. Le militaire la regarda, un peu intriguée, en se demandant à quoi elle jouait. Elle ne cessait de le fixer du regard, et lentement, elle passa ses mains dans son dos pour descendre la fermeture éclair de sa robe.

"Déshabille toi !"

Il ne réagit pas immédiatement, trop occupé à mirer le corps de son amante qui semblait s’effeuiller progressivement. Au début, il était tenté de lui demander si elle n’allait pas avoir froid, histoire de la charrier un peu. Mais s’ils se lançaient dans quelques délicieux jeux d’adultes, le froid ne serait plus un souci.

Darren se redressa sur la chaise longue et la fixa un instant, la défiant et appréciant dans le même temps son ton catégorique. Elle avait parlé comme si elle ordonnait à l’un de ses fameux esclaves par le passé, l’agressivité en moins. Ça lui donnait un petit frisson d’excitation, ça le tentait de suivre le mouvement.
Il se redressa complètement et se débarrassa lentement de sa veste, n’échappant pas au regard de la dominatrice, attendant de recevoir plus de consignes. Cependant, le soldat n’allait pas assez vite au goût de Lyanna, qui stoppa ses gestes, juste avant que la robe ne glisse sur son corps pour le dévoiler. Il regretta très vite, si près du but, à savoir si elle ne portait rien en-dessous. Le soldat dodelina de la tête, conscient de sa petite erreur. Mais le spectacle restait clairement à son goût, comme en témoignait son regard.

"Retire tout, et allonge toi sur la chaise !"

Darren avait manifestement dans l’idée de lui désobéir. Il fit mine de reboutonner sa chemise, donc Lyanna le menaça gentiment, mais en gardant son air sérieux.

"Sinon, je m’en vais ..."

La petite maline...elle utilisait une partie de ce que Darren lui avait raconté plus tôt. Donner envie puis menacer de partir. Il acquiesça silencieusement et ajouta :
« Bien, madame ! »

Il se montra un peu plus rapide pour chasser le reste de ses vêtements. Lorsqu’il retira son dernier sous-vêtement, non sans fixer Lyanna du regard, il ne put s'empêcher de sourire en lui envoyant dans les bras. La jeune femme l’attrapa au vol, et joua un peu avec en le tournant entre ses doigts, attendant la suite. Darren était nu comme un ver. S’il n’avait pas confiance en elle ou qu’ils n’avaient pas cette intimité, se retrouver en tenue d’Adam face à une belle femme encore vétue, lui aurait probablement filé des complexes.

Darren la fixa encore un peu puis il lui tourna lentement le dos. Il s’installa sur la chaise longue et passa un bras sous sa nuque, le visage tourné vers cette robe qui menaçait de tomber à tout instant. Un sourire se dessina sur les lèvres de Lyanna qui n’avait pas bougé d’un poil, sans cesser d’observer son amant allongé sur la chaise longue. Elle laissa tomber le boxer de Darren, avant de rester immobile quelques secondes. Puis, avec beaucoup de lenteur, la jeune femme continua ses gestes, et fit basculer les bretelles de la robe sur ses épaules. Qu’allait découvrir le soldat lorsque le vêtement tomberait ?

D’un geste, le tissu glissa le long du corps de Lyanna, dévoilant … des sous-vêtements, pour le plus grand désespoir de Darren qui aurait certainement aimé la voir nue.

« Il va vraiment falloir que je t’offre de nouveaux dessous ! » marmonna-t-il avec une expression douloureuse.

Sans le savoir, vu qu’elle ne connaissait pas la notion, la guerrière était en train de réaliser un strip tease, cherchant à ce que le regard de son amant parcourt chaque centimètre de peau, de haut en bas. Lyanna prit tout son temps, tournant sur elle-même pour que Darren n’en perde pas une miette. D’un geste du pied, elle éloigna sa robe un peu plus loin, avant d’enlever ses chaussures. Mais en gardant toujours ses sous-vêtements qui dissimulaient l’essentiel. Le soldat n’en perdit pas une miette. L’expression de son visage n’était pas la seule à lui faire savoir que ça plaisait...

Lorsque son regard se posa sur Darren, Lyanna put entrevoir l’effet qu’elle lui faisait. Sa virilité se réveillait déjà, ce qui n’était pas pour lui déplaire. La jeune femme s’approcha lentement de la chaise longue, toujours avec cet air autoritaire. Sans un mot, elle vint se placer à califourchon sur Darren, pressant son intimité contre le membre de son amant, ce qui la fit frissonner. Cependant, au moment où le militaire posa ses mains sur ses hanches, Lyanna s’en empara aussitôt, et les replaça fermement sur les accoudoirs. Elle secoua la tête sans le quitter des yeux.

"Tu n’as pas l’autorisation de me toucher. Si tu le fais … si tu poses ne serait-ce qu’un doigt sur moi ..."

La guerrière laissa sa phrase en suspens quelques instants, et se pencha pour embrasser doucement Darren. Avant de poursuivre.

"... je te laisse là, et je m’en vais pour aller dormir !"

La voilà, la punition que Lyanna voulait donner à Darren. Ne pas avoir le droit de la toucher. Pas le droit de la caresser. Lutter contre cette irresistible envie qui laisserait la jeune femme jouer la dominatrice avec lui. Si le militaire voulait ne faire qu’un avec sa bien aimée, il allait devoir résister à ses pires désirs pour se laisser entièrement soumettre à la guerrière. Celle-ci se redressa, se trouvant en position assise, attendant de voir si Darren avait compris le défi qu’elle lui lançait.

« Tu n’as pas honte de me voler mon idée. » souffla-t-il avec un léger sourire contrit.
"Je ne te l’ai pas volé, je l’ai juste adapté" lui lança-t-elle en se mordillant sensuellement la lèvre.

Lyanna était plutôt douée. Elle était un brin psychopathe sur la torture du sexe aussi, il suffisait de voir comment elle s’était sentie dans son élément pour le coup des jumelles. Darren sut tout de suite que ça allait être encore pire, la menace de la belle brune était sans appel. Il voyait bien, à sa façon de le toiser, qu’elle était sérieuse. Les rôles s’étaient inversés depuis le mobile home. Maintenant qu’elle était assise sur lui et que sa virilité battait un tempo inconnu contre le tissu de ce foutu sous-vêtement, le soldat ne faisait vraiment plus le fier.

Il acquiesça, bien contraint de se soumettre à la menace d’une telle privation. Et comme s’il s’apprêtait à subir un odieux supplice, il passa ses bras sous les accoudoirs de la chaise longue pour s’en faire des entraves de fortune.
« Je pensais être remercié pour cette soirée...pas puni aussi salement. » lui souffla-t-il.
Son angle de vue sur sa poitrine dissimulée par le dessous ne pouvait pas être plus parfait. Il montrait déjà les signes d’un certain appétit, signes que le regard exercé d’une tueuse d’homme ne loupait pas. Le contact, les gestes simples, l’appelait déjà à la vouloir à quatre pattes sur cette foutue chaise.
Darren était dans la merde....

Lyanna eut un sourire satisfait en écoutant la remarque de Darren. Cela l’amusa également. Elle posa délicatement ses mains sur le torse de son amant, et commença à caresser sa peau avec douceur.

"Je t’avais prévenu que je trouverais une punition à la hauteur de l’affront que tu m’as fait en me trimballant dans une brouette !"

La jeune femme vit que Darren était prêt à tout pour éviter de craquer et la toucher, en le voyant placer ses mains sous les accoudoirs. La jeune femme aurait pu attacher ses mains, tout simplement, mais cela ne serait pas un vrai défi. Darren n’aurait aucune entrave, ce qui l’obligerait à résister autant qu’il le pouvait. Lyanna se pencha un peu, mais elle s’arrêta au moment où ses lèvres frôlèrent celles de son amant.

"D’après toi, est ce que cette punition est méritée ?"

Lyanna n’embrassa pas Darren. Elle dévia ses lèvres jusqu’à son cou qu’elle couvrit de baisers brûlants, son souffle chaud venant caresser sa peau.

« Elle est pas mal du tout... » reconnut-il.
Il serra les dents en sentant cette douce incursion dans son cou. Ses bras cognèrent légèrement les accoudoirs. En tant normal, il aurait passé ses mains sans cette chevelure douce.
Sentir cette amorce de torture le fit rire. Au moins, il pouvait toujours parler et la prévenir des conséquences d’une telle punition :
« Mais tu n’auras pas intérêt à te plaindre si tu finis avec des bleus sur le cul... »

Lyanna stoppa ses baisers, et elle se redressa pour affronter le regard de Darren, avec tout son sérieux.

"Ta menace veut elle dire que tu vas me toucher ?"
« Heu... »

La jeune femme se mordit la lèvre, et décida de jouer encore avec ses nerfs. Elle commença alors à se redresser, soulevant sa jambe afin de pouvoir se lever. Elle lui faisait profiter de sa souplesse dans le même temps, des détails de son corps qui s'éloignaient de sa vue.

"Dans ce cas, je vais te laisser. Tu vas rompre le contrat !"
« Je ne discute pas le contrat... » répondit aussitôt Darren.
Il reposa sa tête sur le dossier du siège, frustré par l’absence de contact et le froid qui revenait envelopper la surface de son corps. Il voulait qu’elle revienne s’installer sur lui, comprenant qu’il ne pouvait pas non plus aller trop loin dans ses propres menaces. Il aimait dominer Lyanna et en avait pris une légère habitude. L’inverse le rendait quelque peu réticent.
Et il n’avait pas le choix.
« Je t’obéis. » lâcha-t-il à contrecœur.

Lyanna s’immobilisa quelques secondes à côté de la chaise longue, dévisageant Darren. Comme ce dernier abdiquait, elle consentit à revenir s’asseoir à califourchon sur son amant, un sourire aux lèvres. Elle savait que Darren n’était pas du genre à se laisser dominer, mais cette fois-ci, il allait devoir la laisser faire. C’était elle qui allait mener la danse, avec ses règles. Par jeu. Quitte à en subir les conséquences une autre fois, elle s’y attendait.

"Bien … où en étais-je ? Ah oui ..."

La jeune femme retourna à l’assaut de son cou, le dévorant de mille baisers, pendant que ses mains caressaient le corps de son compagnon. De temps en temps, Lyanna n’hésita pas à frotter son intimité contre le membre durci de Darren. Elle lui donnait une douce et agréable torture, et elle dut admettre qu’elle aimait ça, rendre son compagnon fou de désir.

Ce n’était pour lui déplaire, bien au contraire.
Cette situation avait un côté machiavélique. En sentant le désir lui tirer les entrailles, il éprouvait le besoin du contact, des caresses. C’est justement ce que Lyanna lui administrait à merveilles. Ca avait beau être un petit jeu de domination, elle en restait très douce et tendre. Darren, du coup, poussait parfois des gémissements d’apaisement. Comme s’il était serein, il appréciait ce massage qui le soulageait de la tension qui venait de naître en lui.
C’est là que le piège se refermait. Car les témoignages de son amante ne franchissaient jamais une certaine ligne. Son déhanché n’était jamais assez prononcé, ces sous-vêtements finissaient par lui sortir par les yeux. Sans compter qu’elle ne l’embrassait plus sur la bouche.

« Lyanna... »

Cette exclamation plaintive venait de lui échapper. Darren recolla sa tête contre le dossier, se cramponnant d’autant plus aux accoudoirs. Le soulagement était une illusion puisque la frustration revenait au grand galop. Peu à peu, il en voulait davantage. Il voulait passer aux choses sérieuses. Voir les seins de sa compagne danser sous son nez. Il voulait pouvoir l’embrasser, sentir l’échange fiévreux et passionné. Darren voulait qu’elle réagisse de sa façon endiablée, comme lorsqu’elle se mouvait sur lui ou qu’elle lui écrasait le pif contre sa poitrine, au risque de l’étouffer. Qu’elle prenait tant de plaisir qu’elle manquait de lui fracturer le bassin à la force de ses cuisses. Tout ça lui manquait atrocement.

Et là, rien.
Seulement des caresses en surface, des baisers éloignés, des attentions faussement intimidées.
« Merde... »
Il serra les dents. Dans un sursaut d’envie, il arqua légèrement son dos, cherchant à accroître la pression de son membre. Mais à cause du fameux sous-vêtement, la virilité du soldat avait fini par glisser plus en arrière. Il sertissait maintenant la courbure entre les deux callipyges de son amante, comme s’il y avait trouvé une place adaptée. Lyanna ne se doutait probablement pas à quel point c’était frustrant, sentir par l’intermédiaire de sa virilité tant la douceur que la fermeté de son joli petit derrière.

Il sentait aussi bien qu’avec les doigts, par sa virilité, les micros-mouvements de son derrière. C’en était devenu si dur, comme de la pierre, qu’il en avait une réelle douleur physique. Ca se mettait à brûler, l’appelant à passer outre les ordres de Lyanna, pour accélérer le processus.
Mais il n’avait pas le droit au contact. Pas le droit…sauf ce que la dominatrice lui autorisait.
Lyanna n’avait vraiment pas mis longtemps à trouver ses armes.
« Et...c’est moi...que tu accuses de fourberies. » lâcha-t-il, essoufflé par l’effort qu’il témoignait en refusant tout mouvement à son corps. « T’es pas cool ! Vraiment... »

Lyanna sourit à ses paroles.

"J’ai eu un bon professeur !"

La jeune femme voyait bien que Darren n’allait plus tenir longtemps. Elle ressentit son envie d’elle, que ça soit en écoutant ses gémissements, ou en ressentant son membre durci qui avait glissé entre ses fesses qu’elle s’amusa à resserrer un peu à mesure qu’elle se déhanchait sur lui. Et pendant ce temps, Lyanna continua sa torture. Ses lèvres descendirent pour s’attaquer à son torse qu’elle embrassa, ou même mordilla de temps à autre, avant de passer sa langue sur les petites morsures provoquées. Ce que Darren ne savait pas, c’était que la guerrière était à deux doigts de lui sauter dessus. Elle aussi, elle avait terriblement envie de lui. Et le voir là, à sa merci, subissant sa torture, tout cela l’émoustillait beaucoup. Sa culotte humide en était la preuve. Cependant, Lyanna se contrôla pour ne pas s’unir à lui tout de suite. Elle n’en avait pas encore fini avec lui. Elle se redressa alors, bougeant son bassin pour que le sexe de Darren ne soit plus en contact avec ses fesses. Puis d’une main experte, elle retira son soutien gorge, dévoilant ainsi sa poitrine à son partenaire. Qui pouvait seulement regarder, et non toucher.

Coincé sur sa position allongée, le militaire resta parfaitement immobile tandis que cette barrière tombait. Lorsqu’elle révéla les détails de sa poitrine, il secoua négativement la tête en soufflant d’extase :
« Bon sang ! J’adore ma vie ! »
Ne pas toucher ne l’empêchait pas de respirer. Lorsqu’elle se pencha légèrement, pas assez pour qu’il obtienne le contact, Darren inspira dans un élan de désir. Le parfum naturel de sa compagne l’appelait d’autant plus.

Soudain, Lyanna eut un geste qu’elle n’avait encore jamais pratiqué auparavant. Certes, Darren le lui avait montré quelques fois, essayant de lui apprendre les différentes techniques qui pouvaient plaire à un homme. Mais jusqu’à aujourd’hui, la jeune femme s’était toujours montrée hésitante. Ce soir-là ne fit pas exception. Mais comme son but était de torturer Darren en lui donnant du plaisir, Lyanna consentit à faire un effort. Pendant que sa bouche continuait ses assauts sur le torse de son amant, sa main descendit lentement pour caresser son ventre. Puis son bas ventre. Ses doigts finirent par se poser sur son membre, qu’elle caressa lentement du bout des doigts. Ses gestes étaient hésitants, non assurés, mais c’était sans doute la première fois qu’elle prenait le membre d’un mâle de cette manière, à pleine main, pour lui prodiguer un doux massage. Pas très sûre d’elle, Lyanna releva légèrement la tête pour regarder Darren, sans s’arrêter de le caresser.

"Tu aimes ?"
« Tant que tu n’y plantes pas les ongles... » répondit-il, d’un air comique, en lui laissant deviner la réaction.
Mais déjà, son visage et son air vaseux montrait bien qu’elle lui faisait un sacré effet.
« Plus lentement ma belle...plus langoureux, comme tes foutus déhanch... »
Il ne termina pas cette phrase, car Lyanna s’appliquait à corriger son geste. L’application immédiate des consignes lui déclencha des vagues de plaisirs. C’était la première fois que son amante lui témoignait cette initiative. C’était toujours lui qui faisait l’approche, le premier pas, et l’entrée en matière, excepté lorsqu’ils jouaient. Ce soir, cette nuit, elle lui offrait un sacré cadeau. Ce n’était pas qu’une simple main de femme qui le flattait. C’était signe de confiance.
Confiance en soi. Puis une évolution de son schéma de pensée.
Elle trouvait probablement ça encore répugnant...mais moins en le voyant subir ce massage. Il n’avait pas menti en lui disant qu’elle pouvait le tenir en son pouvoir de cette façon. Parce que, physiquement comme au figuré, Lyanna le dominait par les effets qu’elle produisait. Darren s’était collé encore plus profondément dans son siège. Il donnait l’air d’avoir couru un marathon tandis qu’il redressait juste assez le visage pour lui quémander un baiser.
« J’adore... »

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Mer 11 Nov - 0:12

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Une longue route pour Ishta
Darren & Lyanna


Lyanna continua ses petites attentions sur le membre de Darren qui était devenu vraiment dur et tendu. Le pauvre soldat devait s’approcher du point de non retour. La jeune femme parvint à lire une sorte de désespoir dans son regard, alors que ce dernier semblait demander un baiser. Elle lui donna ce qu’il voulait, l’embrassant avec fougue, sa langue venant jouer avec la sienne. Darren avait eu raison de lui dire que le sexe pouvait être une arme. Lyanna apprenait à s’en servir. Et en voyant le supplice que vivait son compagnon, elle y parvenait très bien. Après de longues minutes, la jeune femme estima qu’elle pouvait passer au niveau suivant de la domination. Lorsqu’elle s’écarta, Darren était encore en train de s’avancer, la suppliant de ne pas continuer son calvaire. Il approcha un peu son visage, l’appelant à revenir dans un souffle de désir, les lèvres entrouvertes. Le soldat n’osait pas parler, de crainte que d’insister avec des mots représenteraient la fameuse clause de rupture du “contrat”. Mais malheureusement, l’Amazone se contrôlait encore suffisamment pour lui échapper.

Délaissant ses lèvres, Lyanna se redressa et se plaça correctement sur le bassin de son amant. Elle écarta le tissu de son sous vêtement, ne l’ayant pas retiré, et guida son sexe à l’entrée du sien, comme Darren le lui avait montré. Ce dernier s’était légèrement contorsionné pour obtenir un panorama parfait de la scène. Sans aucune hésitation, elle glissa lentement dessus, et poussa un long gémissement à mesure que le membre de Darren la pénétrait, jusqu’à arriver au bout, l’ayant entièrement en elle. C’était toujours aussi bon de le sentir au fond de ses entrailles. Elle n’était pas la seule à manifester ce plaisir d’ailleurs. Lyanna frissonna de bien être, le souffle rapide. Et tout en ancrant son regard dans celui de Darren, les mains posées sur son torse pour prendre appui, elle commença à se déhancher sur lui très lentement, sur toute la longueur, avant de redescendre à la même vitesse.

C’était délicieux et horrible à la fois.
La lenteur du geste avait manqué de le faire partir sur le champ dans un râle libérateur. Il avait conscience que cela terminerait le jeu et que son amante finirait probablement frustrée d’une fin aussi rapide. Alors Darren tentait de se retenir. Déjà parce qu’il ne voulait pas que ça finisse ainsi, pas maintenant, alors qu’il était en elle. Et aussi parce qu’elle le toisait d’un air de défi. Le soldat parvenait à maintenir ses bras sous les accoudoirs bien que ça semblait miraculeux arrivé à ce point.

Il sentit sa belle guerrière aller et venir dans cette lenteur qui le tendait au maximum. Elle le travaillait et elle le torturait proprement. La voir ainsi, assise sur lui, les pieds revenus en béquille sur ses jambes, avec ses deux mains à plats sur son torse...il avait là un parfait tableau de l’Amazone qui chevauchait son homme.

Ça lui faisait tant de bien - et ça le frustrait tellement à la fois d’être paralysé - qu’il donnait régulièrement des accoups contre le dossier de la chaise pour réprimer ses envies. Il avait envie de partir, il avait envie d’éclater en elle, il lui suffisait seulement de quelques gestes plus forts. Mais elle ne le lui donnerait pas…

« S’il te plait... » balbutia-t-il, les yeux rivés sur cette poitrine qui s’interdisait à lui. « Chérie...aaahhh... »

Le regard chargé de malice qu’elle lui porta pendant qu’elle se mouvait, n’ayant pas accéléré le moindre du monde, lui fit quelque chose. Il était véritablement à sa merci. Il ne pouvait qu’encaisser, subir dans le bon sens, jusqu’à ce qu’elle se décide à l’achever. Il était de plus en plus tendu, le point culminant était là, à portée de main. Mais Lyanna lui disait non. Elle le retenait encore, bien consciente que ce moment d’excitation était le plus éprouvant, comme si elle cherchait à l’isoler plus longuement sur cette phase.

« Lyanna... »

Ce regard de dominatrice, il était hypnotisant. Elle souriait, elle savait ce qu’elle lui faisait.
Darren aimait prendre le dessus. Mais à ce moment-là, en l’ayant sur lui, il nota que ça faisait un bien fou de se faire dominer. De dépendre intégralement de la bonne volonté de cette prédatrice qui le tenait en son pouvoir.
Des fois, se faire rouler dessus, c’était vraiment cool !

Lyanna appréciait beaucoup de voir à quel point elle était capable de rendre Darren dingue. Elle sentit son plaisir, et son envie d’aller plus loin. Elle voulait la même chose, ses gémissements la trahissaient. Alors, elle cambra son corps, posant cette fois ses mains derrière elle, en appuie sur les cuisses du militaire. Cette position faisait poindre ses seins en direction de Darren, et la jeune femme accéléra ses coups de rein qui devinrent plus profonds, plus rapides et plus intenses. Lyanna jeta la tête en arrière, et ferma les yeux, la bouche ouverte à mesure que ses gémissements se transformaient en cris de pur plaisir. Elle serra un peu ses cuisses autour des hanches de son compagnon, et elle sentit l’extase qui commençait à l’envahir.

Le rythme plus soutenu et cette position endiablée le mit sur la bascule. En sentant sa belle se cambrer comme ça, signe du plaisir qu’elle prenait également dans son coin, il eut l’impression de s’être rattrapé in extremis au bord d’une corniche. Le « Non ! » qu’il avait scandé à ce moment-là, comme s’il avait manqué de se prendre une balle, trahissait clairement son envie d’aller encore plus loin. Il avait bien failli partir une fois de plus.

Mais l’humain a ses limites et le prochain déhanché de son amante ne fit pas dans la dentelle..

Dans un râle mêlant la surprise et le plaisir, Darren se redressa brutalement par la force de ses abdos et enveloppa Lyanna de ses bras. Le premier à la hanche, venant se poser à plat sur ses reins, le second entourant ses épaules. En sentant la prise du militaire sur elle, la jeune femme voulut protester, mais aucune parole de ne sortit de sa gorge, si ce n’était ses cris de plaisir à mesure qu’elle approchait de la jouissance. Sentir son amant se libérer en elle déclencha son orgasme, son corps frissonna de plaisir, Lyanna se cambra tandis que Darren la serrait contre lui.

Le militaire se plaqua entièrement contre la belle brune en la serrant fort contre lui. Il avait enfoui son visage dans sa poitrine, tourné de moitié, l’oreille collée contre ce coeur de femme qui martelait à tout rompre. Il accompagna ses soubresauts d’extase de vifs coups de reins. La position ne permettait aucune amplitude mais ils n’en restaient pas moins profonds, cherchant à profiter de son extase jusqu’au bout. La jouissance de Lyanna était si intense qu’il dura longtemps, tout comme ses effets agréables. Tout comme son compagnon, elle se déhancha encore un peu, lentement, le temps de redescendre sur terre, et de retrouver son souffle. Son bas ventre continuait de se contracter de temps en temps.
Savoir qu’il n’y avait personne dans le camp rendit Darren bruyant. Quelques onomatopées ponctuèrent les derniers accoups faiblissant avant qu’il ne retombe sur la chaise, terrassé de fatigue, en ayant gardé Lyanna collée contre lui. La guerrière se laissa faire, et posa sa tête sur le torse de son amant, le visage enfoui dans son cou. Sa respiration était saccadée, son cœur battait la chamade, mais elle se sentait bien. Elle sentait toujours le membre de Darren en elle, et elle n’avait pas envie qu’il se retire. Pas encore.

Darren resserra davantage son emprise, un câlin passionné mêlé d’un refus catégorique qu’elle ne se sépare d’un centimètre après lui avoir donné un tel plaisir.
« Tu as été géniale. » lui glissa-t-il à l’oreille, malgré son essoufflement, avant d’accompagner ce compliment de quelques caresses dans le dos. « Demain, j’achète une brouette... »

Lyanna frémit sous les caresses que lui prodiguait Darren, et elle sourit à ses paroles.

"Tu veux acheter une brouette ? Sérieux ? Attention, sinon je vais vouloir passer mon temps à te dominer !"

La jeune femme resta quelques secondes immobile, puis elle redressa la tête et embrassa Darren avec beaucoup de tendresse.

"Ca t’a plu, alors ? Tu trouves ça toujours aussi fourbe ?"
« C’est très fourbe. Et c’est tout aussi génial... »
Le soldat caressait son visage tout en parlant.
« Tu t’adaptes un peu trop vite à mon goût. Encore un an et je serais incapable de te dire non. »

Lyanna regarda Darren avec malice.

"Incapable de me dire non ? Très intéressant. Cette idée me plait bien" lui lança-t-elle pour le taquiner.
Darren releva la tête pour la fixer dans les yeux. D’un ton accusateur, il formula distinctement :
« Traîtresse ! »
"Fourbe !"
A chacun son petit nom.

Le temps s’écoula.
La situation ne prêtait plus vraiment à discussion. Le couple se sentait bien et demeurait sur cette chaise longue, enlacés l’un à l’autre. Le sommeil les assoma en traître, ils s’endormirent ensemble pendant une petite heure, jusqu’à ce que le froid les contraigne à oublier ce lit de fortune.
Il était très tard. Mais Darren trouva de quoi rire, lui demandant comment elle réagirait le jour où ils se découvriraient comme ça, liés, et endormi avant d’avoir fini l’acte. Lyanna cria faussement au scandale en espérant qu’une telle chose n’arriverait pas.

« Ce drame ! On serait ventripotent, on finirait au chocolat et à la bière devant la télé, toute la journée, avec des pantoufles. Tes épées seraient accrochées au mur comme décoration. On n’arriverait plus à faire l’amour comme des bêtes, seulement réduit à parler du “bon vieux coup” ! » exagéra le soldat tandis qu’elle se plaquait ses mains sur les oreilles, refusant cette éventualité.
Sa réaction le faisait bien rire.

Lorsqu’ils se glissèrent dans la minuscule cabine de douche du mobile home, l’horloge à l’entrée affichait approximativement quatre heures. Malgré l’heure tardive, et comme ils se trouvaient dans le mobile home, Lyanna en profita pour offrir le cadre photo à Darren, sur lequel ils se trouvaient tous deux endormis dans le jumper, la tête du soldat posée sur l’épaule de la guerrière. Elle lui avait effectivement parlé du cadre mais il ne s’attendait pas à ce geste. En plus de l’image, il y avait la valeur sentimentale. Jusqu’ici, la seule photographie qu’il avait de l’Amazone, c’était celle de son dossier administratif. Il l’avait obtenu avant de partir sur Héstevic quand il avait fait des recherches sur elle. Le cliché ne faisait pas honneur à son charme et son tempérament. Il était bien trop neutre.
Mais c’était la seule qu’il détenait. La mission l’avait fait passer dans l’eau, les batailles, le sang et la sueur, si bien qu’elle en était devenue quasiment illisible et ternie.
« Merci. Ça me touche beaucoup. » lui dit-il sincèrement avant d’associer la parole à un baiser.

Ils rejoignirent ensuite leur tente, juste après, où ils s’effondrèrent littéralement d’épuisement. Cette fois, le soldat ne brancha aucune alarme.

Le souvenir de cette nuit torride resta longtemps marqué dans son esprit, même lorsqu’il eut rapatrié tout son matériel et reprit le travail. Régulièrement, en journée, il jetait quelques regards complices à sa compagne, comme s’il ne pouvait s’empêcher d’y repenser. Quelques brefs sourires s’échangeaient dans la discrétion, dans l'attente du dernier jour, où ils n’auraient plus besoin de conserver les apparences.
La nuit d’amour leur avait donné envie de retrouver leurs habitudes de couple d’antan, avant ce projet.

La route d’Ishta se termina quatre jours en avance. Les travailleurs furent libérés plus tôt, un ordre que Lyanna ne voulait surtout pas voir contesté, puisque cela lui faisait quatre jours de vacances pour elle aussi. Quatre jours sans aucun mâle excepté son amant : le bonheur pour la guerrière. Darren, de son côté, remercia chaleureusement ses amis du D4. L’avant dernier soir, il organisa un repas général qu’il prépara lui-même. A base de grillades et diverses pièces de boucheries qu’il avait fait venir du village Athosien, sur fond de musique rock, pour fêter l'achèvement. La conclusion de ce projet dantesque. Le camp, déjà, devenait de plus en plus vide, fantomatique.
Parce qu’il ne voulait pas que Lyanna se sente à l’écart, il avait invité Teyla. Cette dernière avait profité de l’occasion pour lui lire à voix haute le rapport d’évaluation. Le conseil de discipline était satisfait de ses efforts et levait ses sanctions administratives, elle pouvait reprendre son travail contre la promesse de poursuivre ses efforts de socialisation. Ce fut un soulagement pour Lyanna qui comprit, par cette conclusion, qu’elle n’allait pas être expulsée d’Atlantis. Et qu’elle resterait avec Darren.

Petit à petit, les tentes étaient abandonnées et la végétation repartait déjà à l’assaut du terrain abîmé. Plusieurs emplacements avaient été démontés et rapatriés par jumper, ne laissant qu’un carré de terre décoloré. Ca faisait un sentiment étrange de voir ces installations se réduire progressivement. Quand Leng les quitta pour retourner sur Atlantis, remerciant chaleureusement Lyanna de son accueil, Helen Ridding commença à se sentir de trop. Elle passa encore quelque temps à organiser ses dossiers et partit pour le village Athosien où de nouvelles missions l’attendaient.

Cela faisait un mois maintenant.
Un mois qu’ils travaillaient ici jour et nuit, week-end compris. Darren était partagé entre la joie et la nostalgie. Parce que, malgré les mauvais côtés, il avait passé toutes ses nuits avec l’Amazone contre lui. Ce qui ne serait pas toujours le cas sur Atlantis lorsqu’ils partiraient en mission séparément.

En réponse à une promesse passée, le soldat parvint à organiser le retrait des derniers équipements et leur réserver un aprem entier. En se servant de morceaux de bois et d’équipements vétustes que la cité ne rappatriaient pas, il avait conçu des ébauches de mannequins d'entraînement. Depuis le temps que sa compagne voulait lui montrer les améliorations apportées à ses épées...

La fin de la mission avait clairement retiré un poids des épaules de Lyanna. L’annonce de Teyla semblait l’avoir rendue plus enthousiaste et joyeuse. Darren l’était donc tout autant. Installé sur un tronc desséché, une bière en main, il considérait sa montre avec la concentration d’un mathématicien. Sa belle s’agitait et martyrisait un mannequin avec ses lames, se familiarisant avec le principe d’activation. Plus elle frappait et plus la lame chauffait. L’inactivité réduisait ensuite la température. Mais pour tester la performance de ces armes modifiées, le soldat n’hésitait pas à lui proposer des défis qui feraient son bonheur.

Là, en l'occurrence, elle essayait de décapiter un mannequin dont le bois était particulièrement épais. Bon plaisantin, Darren lui avait fait profiter de ses talents de dessinateur en modélisant le visage du lieutenant Ridding. Etant donné que ce n’était qu’un rond, avec deux yeux informes et un sourire en dents de scie, il avait dû expliquer le concept de schéma.

Soudain, un craquement sonore, puis la tête dessinée chuta enfin au sol. Il était couvert d’entailles carbonisées dont quelques braises miniatures rougeoyaient encore.
« Trois minutes et douze secondes. Hé ! Tu t’améliores ! »
"Normal, tu as choisi le bon … heu … schéma ! Ça aide !" affirma Lyanna en souriant, faisant tourner ses lames dans ses mains.

Le soldat récupéra la serviette à côté de lui et vint lui apporter. Cet acharnement l’avait couverte de sueur et il compatissait clairement pour le prochain ennemi qui ferait l’essai à balles réelles.
« Prochain défi...je dirai cinq minutes pour lui couper les pieds. A hauteur de sol ! Avec une seule lame et ta main non directrice. »

Il lui sourit puis leva le nez.
Le temps était magnifique, un ciel bleu sans nuage. Le soleil n’était pas dérangeant et la faune piafait tout autour d’eux. C’était un moment privilégié. Darren et elle se trouvaient seuls pour s’amuser.
Il remarqua que son Amazone le toisait, se désaltérant avec sa gourde militaire, l’air de lui demander s’il ne trouvait pas plus dur comme défi. Le soldat lui sourit et tapota une poche de son gilet tactique.
« Une barre chocolatée si tu finis avant quatre minutes. Et attention, la main non directrice, j’insiste ! »

Lyanna réfléchit quelques secondes.

"Quatre minutes pour couper les deux pieds avec ma main gauche, contre une barre chocolatée ? Même si je ne réussis pas, je te sauterais dessus pour l’avoir, ce chocolat !"
« Tu viens tout juste de retrouver ta liberté sur Atlantis ! Tu ne veux pas attendre un peu avant le prochain conseil de discipline ? » osa Darren sans la moindre gêne. Son sourire s'agrandit à mesure qu’elle prenait conscience qu’il déconnait. La punition du conseil et le projet d’Ishta n’était pas prêt de figurer parmi ses meilleurs souvenirs. Mis à part ceux qu’ils avaient construit ensemble durant cette période.

"Parce que tu oserais me dénoncer ? Tu ne ferais jamais ça, nous le savons tous les deux" lui lança-t-elle, taquine.

La jeune femme défiait Darren d’un regard amusé, avant de faire tourner son épée gauche dans la main. Le soldat semblait oublier que depuis toute petite, la guerrière avait appris à manier les épées avec ses deux mains. Si la très grande majorité des gens, utiliser une arme de la main gauche semblait être un handicap, ce n’était pas le cas pour Lyanna. Car même si elle avait plus de force avec sa main droite, elle savait se débrouiller avec la gauche.

"Quatre minutes, top chrono. Ridding n’aura plus de pieds !"
« C’est parti ! »

Sans attendre, Lyanna s’avança vers le mannequin en bois, se pencha pour être au plus près du sol, la main droite posée par terre pour prendre appui. Puis, elle frappa encore et encore ce qui représentait les pieds du mannequin, rasant la terre à chaque coup. Le premier pied finit par céder. Puis le second un peu après, alors que la guerrière frappait au même endroit avec force pour entailler le bois. Une fois son travail achevé, essoufflée, elle se redressa et regarda Darren en tendant la main droite.

"Si je compte bien, ça fait moins de quatre minutes !" dit elle en faisant un signe de la main pour lui dire de lui donner sa barre tant méritée.

Mais le soldat avait prévu de lui jouer un sale tour. En profitant du fait qu’elle était occupée, bien conscient qu’elle ne pouvait pas couper du bois à ras le sol et le regarder en même temps, Darren avait ouvert l’encas et s’en était délibérément empiffré. Maintenant, Lyanna le regardait, la main encore tendue, alors qu’il la fixait d’un air de gamin prit dans le sac.
La bouche pleine, des miettes collées tout autour des lèvres, le papier écrasé dans une main, il ne bougea plus en soutenant le regard de Lyanna. Il faisait son possible pour ne pas éclater de rire en voyant la tête qu’elle faisait. Dans sa poche, il y avait bien la barre chocolatée de Lyanna, intacte.
Celle qu’il avait fait mine de gober à la va-vite était aux céréales.

Autant dire que Lyanna n’avait pas remarqué la différence. Et bien que Darren lui avait déjà fait ce coup ci, lors de leur première mission, elle se fit encore avoir.

"Tu as osé ? Tu vas le payer !"

Jetant ses lames sur le sol, Lyanna courut vers Darren, et se jeta sur lui.
Le jeune homme, encore assis sur son tronc, la bouche pleine, ne s’attendait pas à une telle célérité. Il connaissait bien la mobilité de sa compagne pour l’avoir vu combattre. Mais il ne pensait pas qu’elle y mettrait autant d’énergie.
Quoique, pour du chocolat...

Le regard ahuri, tandis qu’elle se jetait sur lui, il n’avait eu le temps que de cracher son encas dans un juron surpris.
« Budain ! »
Par réflexe, il s’était redressé, les mains en avant.
Mais c’était bien trop tard.

Il encaissa le choc, le poids de sa compagne le fit basculer par-dessus le tronc et ils se retrouvèrent à terre. Et forcément, puisqu’elle était entraînée à prendre le dessus avant de planter son épée dans les boyaux d’un mec et s’en faire un collier, Darren se retrouva allongé sur le dos, avec l’Amazone en train de le chevaucher. Il allait passer un sale quart d’heure.
Cette fois, il n’arrivait pas à s’empêcher de rigoler. Il faisait son pitre et poussait des plaintes exagérément terrifiées, comme s’il savait ce qui l’attendait.

"Quelque chose à dire pour ta défense, avant que je ne te punisse ?"
Darren fit un rapide petit repérage pour savoir où viser. Il préparait sa défense à base de chatouilles sous les bras.
« Heu, ben...on parle de quoi exactement ? Punition brouette ou punition Ridding ?!? » demanda-t-il effrontément.
"Punition Ridding, comme le mâle de bois ! La punition brouette est trop plaisante pour toi !"
« SAUVE QUI PEUT ! » gueula immédiatement Darren en réponse.
Il planta ses doigts dans les aisselles de son amante et la chatouilla, profitant de l’effet de surprise pour essayer de se redresser.

Pour être prise par surprise, Lyanna fut prise par surprise. Darren savait qu’elle était chatouilleuse. Elle se mit à rire, et tenta de se dégager, ce qui permit au militaire de prendre l’avantage. Il la repoussa tout simplement contre le tronc et s’attaqua à l’un de ses flancs.
« Mais c’est sensible, ici, hein ?!? »
Il se montra sans pitié. Et Lyanna ne put que subir en se contorsionnant et en riant, essayant de repousser son amant.
« Quelque chose à dire pour ta défense, pendant que je te punis ?!? »
"Tu me ... le paieras !" parvint elle à dire entre deux rires.

Le soldat lui adressa un sourire ravi et cessa de faire l’enfant. Tout en la maintenant d’un bras contre le tronc, il ouvrit la fameuse poche de son gilet tactique pour lui donner la barre de chocolat promise.
« Le chocolat, c’est ta vie... » marmonna-t-il en faisant une pâle imitation de sa copine. Il lui tendit la barre en essayant de prendre son timbre de voix menaçant. « Tu prends mon chocolat, je prends ta vie ! »

Les yeux de Lyanna s’illuminèrent en voyant la barre de chocolat. Ainsi donc, Darren venait de la duper une fois de plus.

"Fourbe, tu m’as trompé !"
« Oui, ma petite traîtresse d’amour ! » répondit-il amoureusement.

Il l’aida à se relever.
Lyanna regarda la barre, puis Darren, avant de prendre la barre chocolatée. Le jeune homme sourit, se pencha pour lui glisser un compliment sur son agilité, puis il lui déposa un baiser sur la joue. Tandis que Lyanna récupérait ses armes et les plaçait dans ses fourreaux, mâchant tranquillement son encas, Darren retira les déchets. Ils prirent tranquillement la route pavée nouvellement construite en direction du village Athosien. Discutant tranquillement d’avenir, de jeux, d’amour et de travail. Ils disparurent progressivement dans les détours des bois pour rejoindre le jumper du village puis la cité d’Atlantis. Rentrer à la maison, reprendre le cours de leurs vies.

La route d’Ishta, nommée par les Athosiens en l’honneur du campement qui les avait accueilli, permit une meilleure circulation du bétail sur les prairies. L’accès aux nouveaux pâturages fît grandir le troupeau, apportant davantage de vivres pour l’hiver, ainsi qu’un apport supplémentaire pour la cité.
Bien que les relations entre Natus et Athosiens soient restées conflictuelles, les commerçants les plus conciliants se rencontrent encore sur l’ancien site du camp, en bordure de route, pour procéder aux échanges.

Lyanna bénéficia de deux semaines de repos dès son retour. On lui demanda la rédaction d’un rapport complet qui serait transmis au CODIR. Elle put compter sur l’aide de Teyla et de Darren.
Malheureusement, elle ne parvint pas à se soustraire de ses obligations envers le D4. Si la journée shopping avec April lui avait permis de regarnir sa garde-robe et en apprendre davantage sur les usages vestimentaires, les jeux-vidéos avec Max et les questions de Jim étaient plus pénibles à supporter. D’autant plus que Darren avait repris son travail et qu’il n’était pas là.

Abelle était retournée dans sa cellule de stase le soir du rite funéraire, comme convenu. Mais avant, elle avait eu le temps d’écrire une petite note à l’adresse de l’Amazone, la remerciant encore et lui demandant de venir la voir. C’est peut-être en sachant cela qu’Abelle s’était figée, les yeux encore ouverts, avec l’expression de bonté et de joie qu’on lui connaissait habituellement. Elle tenait à laisser une bien meilleure image qu’autrefois.

A cause de son insouciance trop souvent pardonnée par Lyanna, Darren passa quelques temps entre divers examens et scanner pour vérifier l’état de ses os. Ce qui ne devait être que des contrôles de routine s’aggravèrent, l’amenant régulièrement en salle d’examen. Il eut une période de frayeur en craignant qu’on ne le démobilise. Mais la situation s’arrangea peu de temps après.

Helen Ridding ne revint pas sur la cité. Elle fut appelée d’urgence sur une mission d’espionnage et téléportée sur le Dédale. Le temps qu’elle puisse faire transiter du courrier vers la cité sans risquer sa couverture, plusieurs semaines s’étaient écoulées. Lyanna reçut tardivement une lettre de sa part où elle la remerciait chaleureusement d’avoir pu fêter son anniversaire de mariage.
Du fait de sa mission, qu’elle ne détailla pas, elle n’aurait jamais pu rattraper cet événement qui l’importait tant. Au fil de son écrit, elle lui expliquait avoir vu Maya chez les Natus. Sa demande d’asile avait été acceptée, comme pour ses garçons, et elle travaillait activement à intégrer leur culture. La jeune femme avait été sérieuse avec ses médicaments, elle s’en était pleinement remise. D’après Helen, elle s’était attachée à son rôle de serveuse et se montrait très attentionnée envers les Natus au sein de la cantine du régiment.

Keyran donna également de ses nouvelles. De passage sur la cité, il proposa à l’Amazone de prendre un verre sans ambiguïté. Darren ne pouvait pas s’empêcher de le regarder de travers mais il n’était plus craintif, il avait conscience que Lyanna ne se laisserait plus tenter. L’Athosien lui apprit avoir accédé à de nouvelles responsabilités au sein de son village, notamment en matière de justice. Il lui apprit avoir enquêté et retrouvé l’agresseur de Maya. Il s’agissait de son frère, qui la battait et la séquestrait dans le domicile familial.

Leng ne donna plus jamais de nouvelles.
Lyanna apprit un jour, en captant une discussion au hasard pendant qu’elle mangeait, que son groupe avait franchi la porte pour une mission archéologique et qu’ils n'étaient jamais revenus. Beaucoup supposait qu’ils avaient été enlevé par un dart mais Atlantis demeurait dans l’incertitude.

Darren continua d’apprendre à sa compagne la vie à l’Atlante.
Il poursuivit les cours visant à parfaire sa lecture, à écrire et compter. Tenir ses finances représentait toujours une source de discorde mais ça se réglait fatalement sous les draps.
Grâce à sa première expérience, Darren l’invita à sortir de plus en plus souvent pour aller au cinéma. Ils y eut de bons moments, avec des films d’actions qui lui en faisait apprendre plus sur la Terre et l’exagération des actes héroïques. Souvent, ils repartaient main dans la main se promener sur les digues. Il lui expliquait ce qu’elle n’avait pas compris, les technologies Terriennes qui lui semblaient étranges, ou le concept de rebondissements du scénario. Mais comme souvent, l’homme étant un grand méchant, et la femme une victime peu vigoureuse, l’Amazone n’appréciait pas.
Il y eut des moments plus beaucoup plus difficiles, pour les films d’horreur par exemple. Lyanna ne comprenant pas comment une femme pouvait crier autant devant un mâle défiguré sans se battre, elle faisait part de son avis en pleine salle. Ils avaient fini par se faire virer.

Rapidement, le projet de la route d’Ishta était devenu une simple anecdote. De nouvelles aventures les attendaient. Dans leur vie de couple et leur vie professionnelle. Ils attendaient impatiemment leur prochaine mobilisation.


eden memories

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Mer 11 Nov - 0:13

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RP TERMINE LE 11/11/20

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