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L'enfer by Calahan
C’est avec surprise qu’Eversman pénétra à l’intérieur du campement. Il se tenait pourtant prêt à sauter du divorce de manière à obtempérer aux ordres du leader s’attendant à l’entendre lui hurler de dégager de là. Rien ne vint. Il put ainsi découvrir les lieux et cela ne faisait que rendre la suite plus douloureuse. Lui montrer l’environnement plutôt sympathique auquel il n’aurait pas le droit de goûter. C’était comme tendre un verre d’eau à une personne assoiffé et le reprendre au dernier moment avant de le boire devant lui. C’était frustrant et laissait un sacré goût amer au Ranger.
C’était ainsi, il n’avait pas le choix et obtempéra. La ration et la gourde d’eau furent glissées à l’intérieur de sa veste pour qu’il puisse récupérer la couverture. Un bon point, elle n’était pas trouée de partout et semblait plutôt épaisse. Un bon point même s’il doutait d’avoir son compte côté sommeil. C’était déjà mieux que rien. Il avait passé la dernière en calbut donc ça ne pouvait qu’être mieux.
« Je vous suis. » Déclara-t-il aux gardes Natus qui venaient de lui ordonner de quitter les lieux. Le pestiféré qu’il était fut conduit jusqu’à l’entrée du fortin, les portes se refermant juste après son passage. Le message était on ne peut plus clair, il n’était pas le bienvenue à l’intérieur. Après un soupir, Eversman inspecta visuellement les alentours à la recherche du lieu adapté. Les torches montées en haut des remparts diffusaient une lumière douce, d’autres feux étaient allumés dans la pleine permettant de surveiller les alentours et d’être à l’abri d’une éventuelle attaque. Enfin pour ceux à l’intérieur, lui il pouvait visiblement crevé la gueule ouverte.
Les deux côtés étant semblables, il finit par choisir le flanc gauche parcourant quelques mètres avant de finalement se lancer dans l’installation de son bivouac de fortune. L’équipement fut posé au sol, faisant un bien fou pour le dos. Un petit feu fut rapidement allumé permettant de se réchauffer un peu et de disposer de sa propre source de lumière. Pas d’arbre à proximité alors il brûlait ce qu’il y avait aux alentours : brindilles, restes d’armement ou même morceaux tombés des fortifications. La ration fut rapidement préparée. Matt dût se faire violence pour ne pas la dévorer en une traite s’obligeant à faire des pauses entre chaque bouchée. Le repas avait beau être consistant, il avait toujours faim et n’aurait pas été contre une deuxième. C’était déjà ça, il fallait relativiser ce qu’il essayait de faire en multipliant les soupirs.
La ration désormais vide, il profita du récipient pour faire chauffer un peu d’eau et ainsi effectuer une brève toilette. C’était plus que nécessaire au vue de la crasse qu’il retira. Un peu de lessive ne serait pas de trop aussi… ça sentait le fauve là-dedans et que dire de l’état de ses chaussettes. Il devait pouvoir réveiller un mort avec l’odeur qui s’en dégageait. Le répulsif pour ne pas se faire attaquer cette nuit était tout trouvé. Le précaire uniforme et les rangers constitueraient le restant de la barrière de protection.
La couverture fut transformée en sac de couchage dans lequel il se lova prenant avec lui armes et munitions pour éviter tout vol. Il avait un peu l’impression de retrouver ses classes avec les campements précaires et les instructeurs toujours prêt à voler ce qui trainait, notamment un fusil laissé négligemment. A défaut d’une femme entre ses bras, il tenait un P-90 contre lui. N’ayant rien à faire d’autre que contempler le ciel étoilé, personne à qui parler, Eversman piqua rapidement du nez. Forcément on dormait rarement bien dans ce genre de situation. Il fallait rester aux aguets tout en essayant de profiter un peu du calme pour se reposer.
Alors que Morphée l’accueillait à bras ouvert, une soudaine lueur apparut. Une sorte de flash qui disparut aussi vite qu’il était venu. Forcément il n’y resta pas indifférent agrippant la crosse de son pistolet avant de s’extirper de son duvet de fortune passant les alentours au crible. Il n’y avait rien. Pas d’hommes à proximité ou même d’agitation sur les murailles. Eversman devait se résoudre à croire que tout n’était qu’un produit de son imagination débordante. Même maintenant, son cerveau ne pouvait s’empêcher de le torturer, le priver sommeil. Un long soupir s’échappa de ses lèvres alors que le dos de sa main armée passa et repassa sur son visage. C’est là qu’il découvrit une boîte blanche et rouge, bien trop reconnaissable.
« Putain... » Jura-t-il ne comprenant pas comment il avait pu passé à côté. Maintenant, Matt ne voyait plus que ça. Le pistolet retourna bien au chaud, le cran de sécurité de nouveau en place avant qu’il n’attrape cette fameuse boite encore chaude. Cette fois, il n’avait aucun doute sur le destinataire et appréhendait son ouverture. Elle fut déposée sur les cuisses. Que pouvait-il avoir glissé à l’intérieur ? Un mot pour le féliciter pour sa diplomatie, l’ordre de pénétrer à l’intérieur du fortin ou une photo de Yin aux mains des Natus. On pouvait imaginer de nombreuses choses même si l’imagination débordante de Calahan était bien plus sadique. Après encore quelques secondes de torture nerveuse et une longue inspiration, il en découvrit le contenu.
A côté de l’habituelle pizza qu’il ne pouvait plus voir en pature, un mot griffonné “Où est votre couronne ? Mon brave soldat obéissant…” ainsi qu’une photo qu’il prit d’une main tremblante. Une jeune femme agenouillée, bâillonnée et attachée. Yin. Nouveau coup de poignard de Calahan. Plutôt bien réussi au vue de la réaction du Ranger qui sentit immédiatement la haine montée en lui. Une flopée de jurons suivit alors qu’il serrait le morceau de papier dans son poing. S’il tenait ce mec en face de lui, nul doute qu’il ne serait plus reconnaissable lorsqu’il en aurait fini avec lui. A défaut de l’avoir, Eversman leva les yeux au ciel recherchant un éventuel drône qui serait en train de l’observer à ce moment précis. Nul doute que Calahan devait être en train de visionner sa réaction et il ne manqua pas de le gratifier dans le doute d’un doigt d’honneur.
Ruth avait eu beau le rappeler à l’ordre concernant la couronne, le taquet de Calahan était arrivé pour le faucher tel un mastodonte. Ce type ne laissait rien passer. Rien. Impossible de rester sagement assis dans son duvet, avaler docilement cette pizza et espérer dormir après une telle découverte. Eversman s’extirpa de son cocon commençant à effectuer les cent pas à pieds nus et en boxer. Parfois avec les mains à l’arrière du crâne, parfois repliées sur l’arête nasale. Cela dura quelques minutes avant qu’il ne finisse par s’immobiliser et ne porte une main à la radio.
// Eversman pour Atlantes. Il faut que je vous voie. Maintenant. // Lâcha-t-il sèchement. Matt resta là encore quelques instants, immobile attendant une éventuelle réponse avant de finalement se décider à se rhabiller. Il ne pouvait pas sagement rester là à attendre.
L'enfer by Calahan
L’équipement et les armes avaient été vérifié et préparé pour le lendemain. Autant Eversman pouvait être capable de mettre un bazar pas possible tant il n’était pas organisé dans sa vie personnelle, autant là tout était aligné et prêt. Ne manquait plus que la tenue pour le lendemain, les Natus lui ayant demandé un délai supplémentaire tout en lui assurant qu’il l’aurait à l’aube. Tout étant prêt, le Ranger ne se fit pas prié pour rejoindre le lit qu’il lui était attribué se lovant dans la couverture et c’est en à peine quelques minutes qu’il s’endormit paisiblement.
Il était si épuisé qu’il n’entendit pas les pas s’approcher de lui. Son instinct naturel lui souffla qu’il n’était pas seul. Mais avant qu’il ne puisse réagir, une force impressionnante retourna le lit dans lequel il se trouvait.
« Ahaaa... » Le jeune homme se sentit vriller brutalement et rencontrer le sol tandis que son matelas lui retombait sur la tête.
Quelqu’un venait de renverser le lit avec lui à l’intérieur.
Forcément, cela réveilla le Rangers. Et lorsqu’on le connaissait bougon, on s’imaginait ce que cela pouvait être quand il se levait du pied gauche. Ce n’était qu’un début.
« Qu’est ce... » Matt, qui n’avait pas été épargné depuis le début de la manoeuvre, fut accueilli d’une gifle monumentale à la volée, lui faisant apparaître quelques étoiles dans le champ de vision. Le coup le renvoya aussitôt s’assoir sur la garniture en bois de son lit retourné et la silhouette d’une duelliste au regard meurtrier se dessina au travers de son regard embrumé.
« Par les Trois, tu oses dormir ?!? » Siffla-t-elle haineuse.
Elle lui adressa un coup de botte sans violence mais passablement humiliant.
« Debout ! Vil besogneur honteux. OU EST MA PETITE SOEUR ?!? »
La natus était grande, rousse, le regard étincelant d’une assurance qui laissait à penser qu’elle n’avait strictement pas peur des conséquences en l’accueillant de la sorte. Bien au contraire, elle avait armé sa prochaine gifle pour rougir son autre joue s’il avait l’intention de répondre autrement. Il y avait un air familier sur son visage. Retirant la colère, en l’affinant un peu, la rendant plus petite et ce serait le portrait craché de Yin.
Si sa jeune amante était la douceur incarnée, celle-ci se trouvait aux antipodes en se comportant comme un requin hystérique. Elle tremblait de colère et se contenait pour ne pas refaire le portrait de cet homme qu’elle avait salement catégorisé.
« Répond. Ne me donne point raison à te faire festoyer tes propres tripes. Où est ma petite soeur ?!? »
Non mais elle sortait d’où cette furie ? Repérant le bras armé prêt à lui cingler l’autre joue, la main du Ranger se leva afin de se protéger d’un nouveau coup. Il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait, pourquoi elle lui gueulait dessus comme un putois ?! C’était qui d’ailleurs cette fille, cette malade ?! Et pourquoi venait-elle l’embêter avec sa petite soeur ? Il était plutôt long à la détente alors avec un réveil pareil… Ce qui comptait à ce moment précis était de quitter cette position de faiblesse pour lui faire face et être en mesure de se défendre. Le holster et son M9 était proche, il tendit la main pour le récupérer tout en se redressant.
« C’est qui ta petite soeur ? Qui es-tu ? »
Elle était exercée au combat. La manoeuvre de Matt ne lui échappa pas du tout et elle planta rageusement sa lance à côté du holster pour lui interdire l’approche.
« Comment Yin peut-elle porter intérêt à tel mollusque. Par les Trois ! C’est ma dernière famille et tu me l’as prise. Je suis Aréa Destya !!! »
Le holster et son contenu était hors de portée. Il y renonça pour le moment montrant les paumes dans un gage de non-violence. « Yin ? » Répéta-t-il, les différents éléments s’imbriquant enfin dans son crâne. « Tu es la soeur de Yin ? »
« Tu es la soeur de Yin ? » Mima-t-elle avec une voix débilitante. « MOLLUSQUE ! DOIS-JE AJOUTER PROCHAINE BAFFE À NOURRIR TON INTELLECT ?!? »
Le hurlement lui fait reculer d’un pas, se prenant les pieds dans les décombres du lit et manquant de peu de perdre l’équilibre de nouveau. Il n’en menait pas large, en caleçon face à cette folle furieuse et balança les informations qu’il détenait. « Elle… Elle est avec Calahan. Il la retient prisonnier. »
Le visage de la jeune femme se ferma d’autant plus.
« Quelle surprise l’Atlante !!!! M’en voilà résolument informée, plus qu’à dormir aisément comme tu le fais ! A m’en croire ignarde ! »
Elle décrocha sa lance pour la reposer près d’elle. Sa voix était pleine de haine mais aussi d’émotions et de détresse.
« Les inquisiteurs sont partis !!! Ils vont pour elle, sale traitre ! Qu’as-tu dit ? Qu’as-tu fais ?!? Comment oses-tu ! Elle pansait tes plaies ! Ton âme ! Et toi ?!? Tu goûtes la chaleur des draps Natus ?!? »
Son regard meurtrier le fusillait.
« Qu’as-tu dit ??? »
Matt en resta sans voix, la bouche entrouverte. Les Natus allaient au devant de la Médiscastre, ce n’était pas bon du tout ça ! Vraiment pas bon ! Le rythme cardiaque augmenta brusquement.
« Non. Elle mérite pas ça... » Lâcha-t-il tout en massant son crâne réalisant que Calahan mettait sa menace à exécution. Tout ça à cause de lui. C’était lui le responsable des ennuis de la jeune femme, elle n’avait voulu que l’aider et lui l’avait sacrifié pour sauver sa place. « [color=darkcyan]Tu sais où vont ces inquisiteurs ? /color] » Lança-t-il ayant subitement l’idée folle de les intercepter.
Aréa secoua la tête comme si elle recevait une provocation. Elle arma son geste pour lui en mettre une mais se ravisa au dernier moment.
« Par les Tréfonds. Où selon toi, mollusque ?!? Au camp du traître Atlante !!! Missionné à déclaration de traitrise de ma soeur ! »
Une larme de rage glissa sur son visage rouge.
« Elle a soigné en Magna. Elle a soigné en ce désert affreux ! C’est médicastre d’art Atlante renommée. Et elle va tout perdre. TOUT…. »
Elle le sonda avec dégoût.
« POUR CA ?!? Délassé dans draps Natus ?!? J’en gerbillerai ma bile de honte...honte ! »
Le poignard venait d’être inséré de nouveau dans la plaie, l’élargissant avant de bien tourner la lame pour bien raviver tout ça. ça faisait mal, bien mal ! Il n’était qu’un putain de traître, un égoiste qui avait choisi de sacrifier une bonne âme pour sauver ses fesses ! L’humiliation, la honte et surtout la colère montaient très rapidement en lui. Un cocktail explosif qu’il était loin de savoir maîtriser. Il méritait bien davantage qu’un réveil en sursaut et quelques gifles pour avoir traîné sa soeur dans les ennuis. Lui dormait paisiblement pendant que Yin attendait ligotée d’être jugée pour trahison. Les secondes s’écoulaient, Matt ne réagissait pas, mis à mal et envoyé dans les cordes du ring.
« Tu… Tu connais la localisation du Camp ? » Finit-il par demander n’osant même plus affronter son regard. Une idée lui venait en tête, un plan complètement désespéré. « On peut les intercepter… ou peut être attaquer le camp. »
Aréa secoua négativement la tête. Bien sûr qu’elle ne connaissait pas la position du camp. C’était la haine, la colère et la peur qui la guidait. La torture durait depuis si longtemps en elle qu’elle explosait devant Eversman. Les larmes roulaient en plus grand nombre sur ses joues cette fois. Elle parla d’une voix tremblante et cassée. Mais Aréa était aussi résolue que pouvait l’être une Natus mise à mal.
« Je prête serment sur mon honneur. Les Trois m’en soient témoins ! Si ma petite soeur subi foudres des inquisiteurs, nul lieu te fera refuge ! Quel que soit le temps, l’endroit ou l’effort, je te trouverai. »
Elle inspira. Sa respiration était hachurée et forte.
« Je ferai valoir droit Natus. Je te passerai au fil de mon arme en combat singulier. Je vengerai l’affront, Matt Eversman, voleur d’honneur, je te tuerai. JE LE PROMETS ! »
Une nouvelle épée de Damoclès venait de prendre place au dessus du crâne d’Eversman, rejoignant celle brandie à bout de bras par le Colonel Caldwell. Elle n’était pas semblable à la première. Celle là lui promettait un retour sur terre entre quatre planches. C'était bien différent. C’était bien la première fois qu’on le menaçait de la sorte ! La détermination et la haine de la jeune femme étaient telles qu’il ne doutait pas de ses intentions. Si la soeur était perdue, Aréa mettrait sa menace à exécution. Le pire là dedans, il ne pouvait lui en vouloir. Matt n’allait pas seulement gâcher la vie de la médicastre mais aussi celle de toute sa famille, la couvrant de honte.
Qu’elle l’achève de suite pensa-t-il baissant la tête tout en lâchant un soupir sonore. Baisser la garde n’avait plus aucune importance alors qu’il prenait son crâne en main oubliant toute consigne de sécurité. Cette folle furieuse était parvenue à exploser toute l’assurance du jeune homme dans le choix pris quelques heures auparavant. Le doute l’envahissait. Avait-il fait le bon choix ? N’aurait-il pas dû collaborer avec Calahan pour la ramener en sécurité ? Qui était-il pour choisir de sacrifier plusieurs vies pour la sienne ? Toutes les certitudes d’Eversman volaient en éclats.
Une chose était certaine : si la vie de Yin volait en éclats, s’il était responsable de sa chute et de celles de ses proches, jamais plus il ne pourrait se regarder dans un miroir. Retrouver son poste sur Atlantis valait-il ce sacrifice ? Devait-il sacrifier sa carrière, sa vie dans cette galaxie pour que d’autres vivent ? La logique aurait voulu que oui. Il en devait plus d’une à cette jeune médicastre qui lui avait sauvé la vie et lui avait apporté à plusieurs reprises du réconfort. Matt ne savait plus, tellement paumé sur les choix à faire qu’il ne remarqua pas de suite qu’il était de nouveau seul dans le dortoir. L’autre s’était fait la malle tout aussi discrètement qu’elle était arrivée laissant un bazar sans nom.
Eversman rongeait du noir, son regard avait fini par se poser sur la cicatrice imposante de son avant-bras. Ce souvenir de cette tentative ratée, de cette douleur intense lorsqu’il avait cherché à s’ouvrir le plus possible, la résistance des chairs contre cette lame de fortune, ce liquide chaud qui s’échappait… Tout lui revenait en tête. Peut être que tout serait différent s’il avait réussi. Yin n’aurait pas été inquiétée, beaucoup n’auraient pas eu à subir ces conneries…Peut être est-ce là la meilleure solution pour que chacun s’en sorte de la meilleure façon ?! De sombres pensées commençaient à s’insinuer dans son esprit. Pas question d’utiliser un vieux tesson de nouveau, il y avait des solutions plus faciles à porter. Un M9 à bout portant et hop. ça serait fini en quelques instants.
Il y avait aussi cette radio et au bout de celle-ci, le tortionnaire de Yin… Trahir ses coéquipiers pour la sauver, elle ? Il passa un très long moment à observer le dispositif de communication essayant de peser le pour, le contre. Il n’avait pourtant toujours pas de solutions après ce temps et se sentait tout autant perdu qu’au départ. La fatigue n’aidait pas, il était pourtant hors de question de fermer les yeux. Matt caressait du pouce le visage figé de Yin, sur cette photo essayant de trouver une solution, l’esprit à la dérive. Utiliser le dispositif de communication le tentait de plus en plus. Quand au contenu du message, il n’en avait aucune idée. Il ne voulait plus être un traître, il ne voulait pas non plus que Yin en subisse les frais. Il avait le cul entre deux chaises bien éloignées, prêt à tomber dans le gouffre. Il finit par tendre la main pour attraper l’appareil.
L'enfer by Calahan
Dès qu’elle eut fini son repas, elle mit les restes là où ils devaient être et emporta la carafe d’eau avec elle. Après tout, elle avait un grognon sauvage à abreuver et ce n’est pas avec les gouttes de rosées qu’il allait étancher sa soif. Quand elle pénétra dans le dortoir celui-ci ne ressemblait plus vraiment à l’endroit qu’elle avait quitté. Il avait une touche de bordel arrangé qui n’échappa à la jeune femme. Matt était en train de prendre une radio à ce moment-là.
« Il s’est passé quoi ici ? » Dit-elle en marchant vers le militaire pour lui tendre le pichet.
Cette voix fit sursauter le Ranger qui stoppa tout mouvement et tourna aussitôt la tête dans la direction reconnaissant une Elana Ravix avec un pichet à la main. Que comptait-elle faire avec ça ? L’assommer ? il en devenait méfiant étudiant sa gestuelle quelques instants. La détente s’accompagna d’un soupir alors qu’il passait une main sur son crâne tout en constatant l’étendu des dégâts autour de lui. C’était le bordel, la Natus telle une tempête avait laissé un sacré bazar derrière elle. Il ne le constatait que véritablement maintenant. Il se redressa s’aidant de la structure du lit reposant la radio au passage sur la table de chevet.
« La soeur de Yin est passée me rendre visite. » Lâcha-t-il tout en commençant à remettre la pièce en ordre, débutant par le lit. Plutôt ses affaires vu qu’il était le seul concerné par les dégâts. L’arrivée du Caporal avait eu le mérite de l’obliger à se bouger, à penser à autre chose même si bien vite les pensées sombres revenaient, le choix crucial aussi.
« Hum… plutôt sauvage comme visite. Elle voulait quoi ? » demanda la caporale qui observait Matt s’afférer pour ranger ce bordel. Elle espérait qu’il ne lui sorte pas une connerie du genre “mon cul”.
« Ma peau… » Dit-il sans une once d’amusement continuant le rangement. « Elle aussi verra sa vie, sacrifée. Yin et toute sa famille. » Matt marqua l’arrêt pour fermer les yeux et expirer lentement. Nul doute que le feu couvait fortement à l’intérieur. Le moral vacillait sérieusement.
Entre peau et cul cela n’était pas loin, mais si même ici, ils ne peuvent ne pas avoir la paix c’est quand même grave. Elana tenait encore la cruche d’eau et habillé dans sa toge Natus, elle avait franchement l’impression d’en être une aussi. Même si Matt avait sa part de responsabilité, il avait quand même un élément de taille : Yin avait choisi sa voie et Calahan l’avait juste achevé. En tout cas, il semblait complètement déprimé et vu sa tête, elle ne mettrait sa main au feu qu’il voulait se cacher dans un coin ou même abandonné.
« Le responsable est Calahan, garde le toi en tête. C’est lui qui la tient en otage et qui te fait chanter avec ça. Si tu flanches il aura réussi et montré comme quoi tu n’as plus rien à faire ici. Alors soit tu lui montre qu’il a tort soit tu abdiques. » Elle soupira se plantant devant lui et lui tendit une nouvelle fois le pichet et lui tapota sur
l'épaule pour le soutenir. « Tiens tu m’as demandé de l’eau tout à l’heure. » Elle s’éloigna de quelques pas. Franchement, ce n’est pas maintenant qu’ils allaient dormir … « On va voir le capitaine. »
----------------------------------- MATT & Calahan
Matt la remercia d’un signe de tête attrapant le pichet pour le poser sur la table de nuit. Il soupira longuement passant une main sur son visage.
« D’abord, j’vais pisser » Prévint-il ayant l’excuse toute faite pour s’isoler. La radio avait été dissimulé sous un vêtement pour ne pas attirer les soupçons avant d’être finalement mise à nue. Matt se trouva un coin un peu à l’écart du dortoir, peu fréquenté des Natus. Il en fit le tour vérifiant qu’il était le seul sur place avant de refermer la porte. Le doute et la culpabilité ne cessaient de le ronger de l’intérieur. L’image de Yin ligotée ne cessait de le hanter. Il ne pouvait rester là sagement allongé sur le lit à attendre, maintenant que le couteau avait été remué de nouveau laissant les plaies bien ouvertes et à vif.
Les cent pas furent faits et refaits avant qu’il ne se décide à modifier le canal radio prenant alors une grande inspiration.
// Ici Eversman pour le Capitaine Calahan. Me recevez-vous ? //
// Ahhhh ! Je capte enfin votre intérêt, fiston. Comment s’est passé votre arrivée chez ces bons Natus ? J’ose croire qu’ils vous ont fait un bel accueil. //
// Très bien. // Mentit-il cherchant à aller droit au but. // Libérez Yin... S’il vous plait. //
Il y eut un petit moment de silence puis le capitaine répondit.
// Donc je peux enfin vous compter parmi mes rangs ? Je vous rend votre traînée et vous sauvez son existence ? Je reconnais votre exceptionnel courage mon garçon... //
// Yin n’est pas une trainée… Le seul à blâmer pour son comportement, c’est moi, mon Capitaine. // Lâcha-t-il appuyant son crâne contre le mur, dépité.
// Et il a fallu que je terrorise cette “pauvre” femme pour que vous en preniez conscience ? C’est d’un déplorable. Vous excellez dans la médiocrité. A un tel point que vous en êtes divertissant... //
Calahan lança une expression d’intense satisfaction avant d’ajouter beaucoup plus sérieusement.
// Vous avez refusé mon offre fiston. Vous désobéissez à un ordre direct de votre Capitaine visant à vous faire tenir cette fameuse couronne 24 heures sur 24 sur votre crâne vide. La bassesse qui vous a amené à moi...est également celle qui vous a conduit durant cette manoeuvre. Alors….dites-moi donc...pourquoi est-ce que je libérerai cette innocente victime de mon sadisme, hm ? //
Matt est à bout. La fatigue physique, la rudesse de la manoeuvre et surtout l’épuisement mental commençaient à mettre à mal les dernières défenses. Il avait le plus grand mal à raisonner, à prendre de la distance s’efforçant d’essayer de garder un cap, une idée en tête. Impossible pour lui de ne pas être affecté par le moindre mot de l’officier.
// Je suis désolé de vous avoir désobéi, Capitaine. // Il était sûr que cette couronne ornerait désormais son crâne, le prix payé avait été bien trop important. Matt aurait aimé lui dire que cela ne se reproduirait plus comme un bon soldat mais il se connaissait. La promesse lui retomberait en pleine face avec ses erreurs bien mises en valeur.
// S’il vous plait, Monsieur...Le seul qui doit payer, c’est moi. Pas elle.. //
// Voyons Eversman...j’en ai bien conscience. // fit Calahan d’une voix cruelle. // Et c’est justement parce que je vous fais subir cette impuissance que vous vous applatissez devant moi. Telle une larve rampante...parce que si l’on ne menace pas ce qui vous importe, mon petit soldat, savez-vous quelle est votre réaction habituelle envers un officier de l’USAF ? //
Les mots étaient durs, blessants. Calahan appuyait là où le bas blesse. Ce mec devait être un tortionnaire dans une autre vie tant il savait y faire, parvenant à faire céder la tête de mule d'Atlantis.
// Lui manquer de respect. Désobéir. Agir comme bon me semble… // Pas la peine d’inventer le moindre mensonge, il n’en avait pas l’énergie et encore moins l’envie. Eversman avait pris conscience de son comportement déviant. Ça lui avait été mis en face avec la douceur d’un trente six tonnes et il fallait au moins ça pour y parvenir.
// Soldat. Vous me respectez parce que je vous tiens. Et lorsqu’on ne vous tient pas, vous devenez un petit caïd capricieux. Sheppard, Frei, Allen. Combien ont dû subir vos petites humeurs ? // il ricana. // Aujourd’hui, c’est cette petite Natus qui subira le moindre petit écart de conduite. //
Il laissa sa phrase le saisir pour ajouter.
// Quand vous remonterez la pente. Et croyez-moi, je ferai tout pour que ce jour n’arrive jamais. Mais si vous vous trouvez en être digne : vous vous souviendrez de la terreur, de la déchéance de votre amante, à chaque fois que l’idée de lever le ton germera dans votre petit cerveau flétrit. C’est entendu ? //
// Oui, Monsieur. // Finit-il par lâcher après quelques secondes de silence, d’une voix presque tremblotante qui n’avait rien de l’habituelle. Nul doute que l’assurance légendaire,n’était plus. Elle battait clairement de l’aile. Les mots blessaient, bien davantage qu’une droite bien placée. L’image d’une Yin ligotait le hanter subissant à chacun de ces méfaits. L’oeil devenait humide, les lèvres étaient fortement pincées pour tenter d’en dissimuler un maximum et le poing était formé. Le point de rupture était proche.
Il entendit des pas au travers de la radio. Une porte qui s’ouvre à la volée ainsi que des gémissements saccadés d’une voix de femme. Après une friture déplaisante témoignant de l’installation de l'oreillette, il entendit quelque chose de plus. Un mélange entre le cri de détresse et un râle de supplique. La preuve qu’elle n’avait pas été que prisonnière mais également torturée psychologiquement par Calahan. Longuement, méthodiquement.
// MATTTTTTTTTT !!!!! // Scanda Yin dans un terrible sanglot. // MATTTTTTTTTT !!!!! //
Cette voix provoqua un frisson, un emballement cardiaque et un relâchement complet du corps. Les genoux venaient de flancher le faisant tomber au sol. L’image mentale de la médicastre lui vint en tête : ligotée à une foutue chaise, certainement bâillonnée quelques instants plus tôt. Le sanglot ne lui avait pas échappé, loin de là. Un nouveau coup de poignard.
// Yin, c’est moi. // Lâcha-t-il // Je suis désolé. // Répéta-t-il à plusieurs reprises.
// Je...je….JE SUIS….NATUS !!!! // Hurla-t-elle dans ses pleurs, comme si elle s’adressait à Calahan. Ce qui devait être une complainte, l’appel à la pitié pour solliciter le Rangers, prit une tout autre tournure que le Capitaine tenta de dissimuler trop tardivement.
// BATS TOI, MATTTTTTTTTT ! BATS-TOI, PAR LES TROIS ! BATS-TOI !!! //
Calahan s’écarta tranquillement. Matt pouvait entendre la porte se refermer et Yin hurler de plus belle, comme si on lui faisait payer son message d’encouragement.
// Oui, battez-vous, mon petit soldat méritant. En attendant, la brave Natus attend sagement l’arrivée des...comment dit-on déjà...inquisiteurs ? Et elle en a été que trop bien informée. Nous parlons affaire ? //
La réponse ne vint pas de suite. Eversman était KO. Les solides défenses mentales avaient finalement explosé le laissant vulnérable, faible. Calahan l’avait eu. Cet officier était parvenu à le briser psychologiquement. Matt n’en menait plus large. Il renifla à plusieurs reprises essuyant son visage humide.
// Rappelez les Inquisiteurs, Monsieur… S'il vous plait. // Finit-il par supplier.
// Pouvons-nous parler affaire ? // Répéta sèchement Calahan.
// Qu’attendez-vous de moi ? //
// Un acte de bravoure. Et de trahison au passage. Mais cela ne vous dépaysera pas. //
Calahan aligna ses cartes sur la table.
// Vous allez me coller une balle d'entraînement entre les deux yeux d’Allen. //
Il laissa filer quelques secondes et ajouta lentement.
// Pas dans le dos. Pas dans l’estomac. Entre ses deux yeux, de face. Et soyez efficace. Car si vous réussissez, je vous donne tout... //
La voix du Capitaine prenait des teintes presque amicales.
// Je le saurai au moment de l’impact. Votre amie sera déposée à vos cotés par le Dédale, les documents compromettants entre ses mains. Je garantie la sécurité du grade d’Allen et du reste de l’équipe. L’annulation des poursuites de cette Natus. La seule punition tombera sur vos seules épaules. //
Encore quelques secondes coulèrent.
// Une petite balle d'entraînement pour la survie de tout le groupe, y compris votre amante...et si vous tentez de convaincre, de manigancer une fausse exécution avec votre ancienne conquête, croyez-moi, je le saurai. Et la Natus le paiera au centuple. //
Le marché semblait prometteur, presque équitable.
Ce n’était pourtant pas une offre. On ne pouvait proposer à quelqu’un d'exécuter une personne de confiance pour en sauver une autre, tout un groupe même. Ce n'était pas acceptable sauf pour quelqu’un de désespéré. Matt l’était en ce moment même, dévoré par ses démons et la culpabilité. Devait-il sacrifier Pedge et reprendre sa place de traître pour sauver Yin ? ou devait-il rester fidèle en sacrifiant Yin pour Pedge et l’équipe ? Se sacrifier au passage ne semblait guère important. Ça risquait de mal se terminer pour lui dans tous les cas. Soit par le biais de Calahan, soit au fil de l’épée.
Toujours ce choix, ce côté où se ranger et redouter de prendre la mauvaise décision. Les secondes s’égrenèrent sans qu’il n’apporte de réponse s’imaginant tour à tour l’arme à la main devant une Pedge Allen endormie, le canon appuyé sur son front puis l’instant d’après assistant au procès d’une Yin enchainée. Les deux lui semblaient impossible, improbable. Il souhaitait faire le moins de mal possible.
// Vous voulez vraiment tester ma patience, Matt ? // Ajouta Calahan après un certain temps. // Je vous donne ma parole d’officier de l’USAF. Quel est votre réponse ? //
C’était le moment redouté : il fallait faire un choix. Cet enfoiré se fit une joie de le rappeler. Eversman était acculé, telle une bête blessée et se devait d’agir, de choisir.
// Torturer encore Yin ou tenter d’en mettre une à Pedge Allen et je viendrais moi même vous coller une balle d'entraînement entre vos deux yeux, mon Capitaine. // La balle, il se la tirait lui même dans le pied mais il ne serait pas un putain de traître. Pas une nouvelle fois.
// Votre réponse devrait me surprendre ? // Ironisa Calahan. // Vous êtes si pitoyable. Cette façon de vous fermer toutes les portes...c’est de l’art Eversman. De l’art... //
Calahan soupira.
// Très bien. Je prendrai soin de vous faire entendre les cris de votre amante quand les inquisiteurs l’emporteront. Je vous reservais un petit quelque chose pour vous convaincre de ma bonne foi. Mais je présume que ça s’applique aussi dans ce cas. //
Un petit silence tomba. Puis la guillotine.
// Calahan, terminé. //
Au moment où il coupait la radio, un flash lumineux de téléportation matérialisa un caleçon réglementaire US au sol. Quelqu’un avait brodé quelque chose sur l'arête interne. Une couture artisanale qui donnait un aspect Natus. Un seul mot : Yin.
Le sous vêtement fut fermement agrippé, les ongles s’enfonçant dans les fibres vestimentaires. Le pouce passa à de nombreuses reprises sur l’inscription.Il n’y avait aucun doute possible sur son origine. Cela avait été arraché à Yin. Comment ? Il ne préférait pas y penser. Matt resta là un certain moment, agenouillé avec le vêtement blotti contre son torse. Les termes du marché de Calahan revenaient le troubler, les sanglots déchirants de Yin aussi. Le Ranger resta ainsi un bon moment, le temps pour lui sécher ses larmes et de laisser passer l’orage émotionnel qu’il traversait. Après de nombreux soupirs, il finit par se remettre sur pieds quittant cette pièce pour rejoindre le dortoir où Ravix l’attendait.
Il lui fallait maintenant avouer et assumer ce contact avec l’ennemi. Ce n’était pas ça qui le chagrinait, le rongeait. Il espérait surtout avoir fait le bon choix.
« On peut y aller, Caporal. Je vous suis. » Le regard fut croisé quelques instants avant qu’il ne dévie.
L'enfer by Calahan
ELANA & MATT
Ravix tentait de mettres des mots sur la situation, d’expliquer le comportement de la Natus ou même le sien tentant d’y trouver un sens, un peu de logique. C’était peu apprécié de la part du Ranger qui n’appréciait pas de voir cette jeune femme si insensible parler de chose qu’elles ne semblaient même pas connaître. Recevoir des leçons sur les sentiments et la gestion de la vie sentimentale par Stroumph Grognon, il n’y aurait pas cru. Il se retint de le lui faire remarquer à haute voix, même si le regard sombre parlait pour lui. Même si l’écouter ne lui plaisait pas, Matt se devait d’avouer qu’elle appuyait là où il le fallait mettant certaines zones en lumière. Il ne lui répondit pas de suite préférant soupirer, se donner un peu de temps de réflexion en passant les mains sur son visage gagnant quelques précieuses secondes. En apprendre davantage sur Yin, savoir à quel point la demoiselle pouvait être estimée n’aidait qu’à retourner la lame dans la plaie.
« Je ne suis pas amoureuse d’elle… C’était du cul, rien d’autre… » ça, c’était un point dont il était certain. Du côté de la Natus, il n’était sûr que tout soit aussi clair. il n’était pas dans sa tête et ne pouvait deviner ses sentiments. « Mais je peux pas rester insensible à sa situation. Si elle est dans la merde, j’y suis pour beaucoup. Elle agissait peut être en connaissance de cause pour les lois Natus mais elle ne devait pas s’attendre à se faire kidnapper et torturer par Calahan. »
La situation ne prenait pas une bonne tournure faisant remonter pas mal d’émotions négatives. L’épuisement n’aidait pas à avoir les idées claires et l’agacement était perceptif. Le responsable de tout ce bordel c’était Calahan et il en jouait tellement bien.
« Il savait que ça m’affecterait. » L’homme avait visé des plus justes tant il était parvenu à l’acculer au pied d’un mur gigantesque brisant chacune de ses résistances. L’envie de tout envoyer en l’air était bien là, de tout abandonner. Seule la tête de mule qu’il était le faisait encore tenir, s'accrocher pour encore je ne sais combien de temps. Il soupira de nouveau essayant de se calmer, de repousser les pensées néfastes. Ravix n’y était pour rien, elle n’avait pas à le subir.
« Pouvons-nous rentrer, Caporal ? J’en peux plus. »
Elana ne bronchait pas face au regard noir de Matt, elle en avait presque l’habitude, cela faisait partit de son personnage. Il semblait susceptible et pas toujours quand il devait l’être. Dans ce cas présent il pouvait mal prendre ses propos, mais elle en avait rien à faire. Cette histoire qui s’incrustait à leur manœuvre prenait trop d’importance. Trop d’importance pour une histoire de cul.
Que du cul putain ! Depuis quand on se fait chier pour une partie de jambe en l’air qui n’a que pour seule fonction se dégourdir les fonctions intimes ? Sérieusement, cela la dépassait et l’énervait au fond. Elana venait à se demander quelle était la leçon derrière cette mascarade. Elle ne voyait qu’une chose : faire payer Matt pour ses relations, du moins sa tendance à fricoter et d’être borderline comme avec la capitaine. Il n’y avait que ça. Il s'investit trop dans ses histoires d’un soir, il a un comportement flou et c’est une brèche ouverte pour être manipulé. À moins, que cela soit sa tendance à s’attacher peut-être aux autres et d’oublier la raison ? Elle ne pouvait pas le savoir, elle n’en savait rien, elle ne le connaissait pas vraiment après tout. Elle se basait sur ses observations.
« Oui et le problème est là. » Dit-elle simplement. Le problème étant que Calahan savait qu’il serait affecté et qu’il serait sujet à la pression. Et que ça foutait la manoeuvre dans une bien drôle de situation !
« Quand tout est fini Matt, je te conseillerai de mettre fin à ton plan cul Natus. Définitivement. » Car elle sentait vraiment la merde à trois kilomètre qu’après Calahan cela allait être les Natus le problème.
Il n’avait quand même pas oublié qu’ils étaient en « entrevue » avec le doyen du camp ?
« Non faut voir s’il a fini de te raconter tout ce qu’il avait à te dire. Et après on dormira. Enfin… »
Tout semblait si simple pour elle. Le monde de Matt n’était pas si binaire et c’était pour cela que tout était aussi compliqué. Il avait tendance à s’attacher, à ne pas lâcher et forcément il trainait de belles casseroles avec lui. Elle avait cependant raison sur un point : la fin de cette relation avec Yin. Il acquiesça d’un signe de la tête avant de se prendre quelques instants pour souffler un peu, faire un peu le vide dans son crâne ce qui s’avéra impossible avant de finalement la suivre et reprendre place sur ce tabouret.
« Veuillez nous excuser, Monsieur. » Tenta-t-il poliment avant de finalement soupirer le plus discrètement possible. Mentalement, il n’était plus prêt à écouter d’autres paroles complexes. Elana le rejoignit silencieusement, attendant la suite, elle camoufla un bâillement.
Le vieil homme venait de faire repartir son enfant après lui avoir donné un petit tigre en bois. Il était à l’image d’un Tairis. Son expression accueillit les deux jeunes gens avec bienveillance et il acquiesça en les laissant s’installer. Son regard s’attardait sur Matt.
« C’est normal d’être perturbé mon jeune ami. Votre regard s’est assombri, noyé à ténèbres. Mais comme toutes tempêtes dans le ciel de cette Terre qui est la vôtre, l’éclaircie revient toujours.. »
Il posa son ciseau à bois sur la desserte. Puis il bifurqua son regard vers Elana.
« Quel est votre idée de la relation qu’entretiennent les Natus avec leurs liens ? »
Elana pensait qu’il allait continuer sur des histoires ou bien sur quelque chose d’autre mais pas une question directement posé à elle.
« Je ne peux que me baser sur notre conception propre. » dit-elle franchement. Et vu le pluriel au mot “liens” les Natus étaient donc polygames.
« C’est interrogation orientée. Pour vous apprendre...à tous deux. » admit Véridien tout en insistant gentiment du regard vers Matt. Il retira le torchon plein de copeaux de bois qui se trouvait sur ses cuisses et prit une assise un peu plus confortable.
« Autrefois. Alors que les Natus ignoraient l’existence des vôtres. J’oeuvrais à calmer les ardeurs des farouches. Je vois en votre regard, Matt, l’étincelle qu’eurent les centaines de braves qui écoutèrent mes paroles. Mais... »
Il sourit.
« Étonnamment, cela me satisfait, d’avoir maintenant couple Atlante et Natus lié qui viennent à moi par incompréhension. L’attirance se moque de la nature, de la culture, tant elle prend au coeur et accroche le lien. Et j’ai beaucoup appris. »
Véridien regarda de nouveau Elana.
« Vous Atlante, appelez cela “Amour”. “Aimer”. Mot qui nous semble bien pauvre savez-vous ? Nous aimons boire, nous aimons nous entraîner, nous aimons un plat de Harchis. Le lien est au-delà. Il accroche et tisse une toile invisible qui unit. Au coeur, au regard, à l’esprit...mais divers degrés. »
Oui, elle avait bien compris que cela était orienté, il ne devait pas être bête pour faire le lien entre la soudain besoin de la caporale de parler seul à seul avec Matt et cette histoire avec Yin. Par chance, il ne demanda pas plus, commençant à parler pour tenter une explication. Même si elle ne savait pas trop quoi pensée de son ancien rôle « de calmant pour les farouches ». Peut-être était-ce des Natus moins enclin à se partager ? Peut-être bien.
Plus l’homme parlait plus elle sentait une forme de tension, si Yin avait décrété de mettre Matt en lien, il était vraiment dans la merde. Au final, cela était aussi la définition de “l’amour” pour la majorité des terriens, simplement que sur Terre on ne sait pas vraiment l’expliquer ou même l’approfondir. Son regard alla légèrement vers Matt… Lui qui voyait Yin comme un simple plan cul, etait-ce le cas de la demoiselle ? Surement pas, elle en était presque persuadé sinon pourquoi parlons nous de lien Natus ? Tant de question…
« Il n’y a que des liens comme cela ? Pas de simple lien charnel sans sentiments ? » demanda t’elle.
« “J’aime” votre curiosité, mon enfant. » répondit-il. Elana eu un très fin rictus au “j’aime” de la référence sur le fait d’aimer. « Il est de votre culture de faire entrer votre “conception” dans des petites boites. Cela n’existe pas en nous. »
Oui, les petites boîtes ce n’est pas que culturel c’est aussi son cas, elle aime mettre les choses dans des compartiments et ne pas dépasser les contours. Elana ne s’estimait pas très « ouverte » comme personne, mais elle tâchait d’essayer de faire de nouveaux contours face aux expériences. Matt en était une, il était dans une boite et vu ce qui se passait dans cette manœuvre, la boite s’agrandissait de nouvelles barrières et d’une ouverture plus grande.
Il balaya de la main en direction des statues. Il pointa deux d’entre elles qui, pourtant, s’appuyait sur une base unique. C’était Pedge et Namara en position de combat.
« Force d’exemple que votre Meneuse et de la nôtre, que l’ont dit lié sans votre conception “Amour”. Car, voyez-vous, les liens accrochent tant qu’ils sont à sincérité. »
Véridien pointa Elana du doigt pour souligner un exemple.
« Vous, jeune femme, pourriez trouver solide Natus qui vous partagerait sa couche ce soir. Offrir la chaleur de son corps, sa bienveillante attention. Soulager votre chair et votre esprit sans aller à engagement au temps. Tout comme vous pourriez aussi sentir votre coeur vibrer et vous dévouer corps et âme à jamais à partir de cette nuit. Cela ne tient qu’à ceci : sincérité. »
Son regard s’attarda sur Matt et il était clair que le message s’adressait à lui.
« J’ai expérience étonnante, chez les Atlantes, de votre conception “Amour”. Vous avez de grandes difficultés à reconnaître ouvertement la nature du lien qui vous unit à un Natus. Plus habituellement lorsque cela ne satisfait que le corps sans engagement...ou qu’un Atlante ne supporte pas que son lien multiplie ses accroches. Qu’il ne suive pas la voie du Modéré.. »
Véridien fit une pause pour les aider à digérer son explication. Il tenta alors de vulgariser la conclusion.
« Le jour où un lien Natus vous accroche. A attirer votre chair et votre esprit. Songez-y : sincérité. Que ce soit à soulagement de votre être, pour garnir votre couche à jamais, il n’est rien de plus insultant que de cacher la “boite” dans lequel vous le mettez. Homme ou femme Natus. »
Il hocha la tête.
« Car en refusant d’avouer qu’il n’est à votre regard que conquête de chair. Ou projet d’avenir. C’est offense que vous faites. Cela signifie, pour un Natus, que vous ne le jugez pas capable de vous comprendre, d’accepter. Que vous lui reprochez manque d’intelligence, de confiance et d’intégrité. Refuser de répondre, c’est un déshonneur, une insulte. Je vois de mes yeux nombreux couples Atlante/Natus se méprendre à ce sujet. »
Il fixa Matt.
« Ouïe dire n’est pas fiable source. Mais il m’est évident que c’est également cette méprise qui perturbe votre esprit, Matt Eversman. Ne pas reconnaître et déclarer quel est la place de Yindie Destya dans votre être : c’est odieuse offence adressée à cette Natus qui vous porte son attention. C’est répondre à ses caresses sincère par la souillure de son honneur. Et vous savez combien cette valeur nous est importante...n’est-il pas ? »
Véridien termina par un petit pavé dans l’eau. Peut-être y verrait-il la raison de son message.
« L’on a raconté que le Vil Atlante a appelé Inquisiteurs, porter le péril à notre jeune Natus, à seul dessein de faire saigner votre coeur. Voici pourquoi vous recevez mon invitation, Matt. Le Vil est peut-être plus studieux et voit là l’outil qui lui sert à vous torturer l’esprit... »
Il termina.
« Je vous offre la réponse pour soulager votre âme. Faites l’effort de la comprendre, mon enfant... »
Elana laissa son regard parcourir les deux meneuses, n’empêche c’est quand même la classe d’être immortalisé en statue. C’est un sacré honneur et elle devait bien reconnaître, une belle manière de laisser sa trace quelque part d’être quelqu’un. Être une personne que d’autres admires pour vos valeurs et votre courage. Un jour elle aimerait bien admirer une effigie d’elle-même et se dire qu’elle a fait de grandes choses.
Cependant, sur la relation de sa capitaine, elle ne savait pas si cela était aussi du charnelle ou bien simplement un lien de sœur d’arme. En toute franchise, Elana n’avait pas envie de savoir si Pedge Allen aimait brouter du gazon ou non. Cela ne regardait personne. Elle quitta bien vite ce genre de questionnement pour écouter la suite, ainsi il avait des plans « culs » ce qui n’était pas plus mal. Tant qu’il y a une sincérité, pour Elana elle voyait une transparence dans la communication. Dire les choses comme elles sont. Quelque chose de bien difficile pour des terriens, qui cachent sans cesse des attirances de peur d’être rejeté ou simplement pas aimé.
Le regard délavé de la soldate, fixa à son tour Eversman avec ces informations (pour le peu que son cerveau marche encore) allait lui être utile pour mettre fin à tout ça et éviter de se prendre un second coup : by Natus.
La jeune femme se leva, elle avait les muscles fourbus. Elle ne nierait pas que les Natus lui apparaissent encore plus intéressant suite à tout cela. Elle aurait bien aimé rester encore un peu, écouter quelques histoires de ce peuple, mais si elle voulait que le ranger serves à quelques choses demain, il fallait qu'il dorme. Et accessoirement elle aussi, même si elle n'en avait plus envie soudainement.
« Je vous remercie pour vos avis éclairé Véridien. » Qui soit disant ressemblait à la vérité un mot qui lui allait bien. « Nous devons vous laisser, un long combat nous attend demain. » Son regard se posa sur le soldat « On se retrouve au dortoir. » Elle le salua poliment, avant de sortir, laissant Matt la suivre ou bien échangé encore un peu sur toutes ses révélations.
« Vous me trouverez tous les jours à mon atelier... » répondit-il aimablement. « Puisse les Trois apaiser votre sommeil et vous offrir force et vigueur pour votre prochaine bataille. »
C’est fou comme les Natus s’exprimaient dans un langage complexe multipliant les formules poétiques et qui le perdaient au fil des minutes. La concentration n’était pas le fort d’Eversman, il tâchait pourtant de faire des efforts mais était bien incapable de focaliser bien longtemps son attention. Le fait qu’il soit exténué et ait l’esprit bien occupé n’aidaient pas. Véridien sembla vite comprendre qu’il n’était pas parvenu à déchiffrer son charabia et essaya de s’exprimer de manière plus claire. Il lui demandait de clarifier sa situation avec Yin, de lui dire clairement qu’il la considérait comme un réconfort mais qu’il n’imaginait pas de suite. De toute manière, mettre fin à cette relation était le mieux à faire, comme le lui avait fait remarqué Elana. Trop de mal avait été fait. Il y avait eu trop de souffrance. Eversman ne voyait pourtant en quoi cela pouvait le soulager. Yin était toujours aux mains de ce Connard, les Inquisiteurs allant vers elle et voilà maintenant que le Stroumph Grognon lui faisait faux bond s’éclipsant rapidement. Ne devait-elle pas surveiller ses fesses ? A croire qu’elle avait oublié l’ordre d’Allen pour le laisser avec le Vieux.
« Je vais y aller aussi, Monsieur. » Dit-il tout en se remettant sur pieds. « Merci pour… euh les histoires et aussi les conseils. » Fit-il maladroitement avant de prendre congé de l’homme repassant devant son portrait dont il gratifia le pied d’une caresse en passant.
L'enfer by Calahan
Une fois à l’extérieur de l’atelier, aucune trace de Ravix. A croire que la Stroumphette venait d’être téléportée à bord du Dédale tant la disparition était soudaine. A moins qu’un candide ne lui ait fait de l’oeil et ne l’ait attiré dans ses bras. Eversman soupira passant une main sur son crâne avant de finalement se mettre en route pour rejoindre le dortoir commun. Ce n’était pas de gaité de coeur. Il était littéralement crevé, les muscles le tiraillaient mais il savait très bien qu’il ne parviendrait pas à trouver le sommeil. C’était toujours ainsi lorsque l’esprit fonctionnait à 200% ne cessant de le tourmenter. Les regards des quelques Natus qu’il croisait étaient toujours hostiles à son encontre lui rappelant en pleine face son statut de pestiféré.
Malgré le fait que la nuit était bien avancée, un martèlement de pas cadencé attira son attention. Une voix déclara bien vite :
« Dernière patrouille, ouvrez les portes !! »
Une bonne vingtaine de Natus passèrent l’ouverture en ordre de marche jusqu’à ce que leur chef de corps donne l’ordre de s’arrêter. Les hommes et femmes de ce contingent étaient érintés d’une longue manoeuvre et ils soufflaient tous d’épuisement. Le signe qui les dispersa déclencha un vent de soulagement. La colonne se disloqua selon les familles, les couples et les amis. Certains restaient sur place tandis que d’autres retournaient directement dans les baraques.
Sur ce que le regard de Matt put discerner, il trouva un Natus qui sortait du lot en portant une mitrailleuse Atlante M60. L’arme avait bien vieillie depuis ses multiples affrontements et la carrure du Natus qui la transportait ne pouvait pas lui échapper. Il s’agissait d’Erdolan, le seul Natus qui pouvait encore se conduire en ami avec lui.
Celui-ci était en train de se vider la gourde sur la tête tant il avait chaud. Il était accompagné d’une brune, trentenaire, qui lui semblait identique à celle qui l’avait aidé à déminé son pied lors de la Guerre du Boc. Elle poussa un cri de surprise lorsque Ederlan termina sa gourde sur sa nuque, lui offrant un rafraîchissement inattendu.
Il n’avait pas encore découvert la présence du Ranger.
Un Natus à la M60, ce n’était pas anodin. Un sourire malicieux apparut sur les lèvres du jeune homme, fier de parvenir à mettre un nom sur ce visage. Difficile de l’oublier. Tout en croisant les bras, l’homme assista à la scène du rafraîchissement se questionnant sur un éventuel lien entre eux. Il ne put néanmoins avancer vers eux, d’autres Natus s’avancèrent dans sa direction lui jetant un regard hostile au passage. Pour ne pas générer de problèmes, Matt baissa les yeux attendant que l’orage passe avant que la voie ne soit dégagée et qu’il ne puisse avancer vers eux. Revoir cette bouille connue lui mit du baume au coeur.
« Toujours en état cette M60 ? » Lança-t-il pour attirer l'attention d’Ederlan. « Salut, Vieux frère ! »
Celui-ci se figea brusquement en reconnaissant le ton de la voix, se demandant un petit instant s’il n’hallucinait pas, puis il se retourna avec les yeux ronds.
« Par les Trois !!! C’est donc vérité que tu coures le continent à grandes souffrances !!! » s’écria-t-il en venant sur lui.
Ederlan lui bourra l’épaule tout en éclatant de rire et le serra dans ses bras.
« Que je sois damné de n’avoir pu te retrouver plus tôt l’ami ! Depuis t’avoir vu t’acoquiner avec cet explosif du Dévoreur dans la Bataille des Sables, je n’ai eu que ouie dire peu honorant sur toi. »
Il se décrocha tout en secouant la tête, tout sourire.
« A peine sauvé de la perte d’une jambe et déjà noyé dans les drames ! »
Cette fois, c’était la même vérité qui éclatait au visage d’Eversman sans le moindre reproche. Comme si Ederlan avait appris à le connaître sans juger et lui faire confiance, il lui disait ça comme si c’était quelque chose de normal, qui lui correspondait, qui faisait son identité. Si bien que son ami Natus en rigolait joyeusement en s’extasiant de sa rencontre surprise avec le Ranger.
La jeune femme s’était approchée. Pas difficile de reconnaître celle qui avait maintenu sa jambe pendant qu’Ederlan déminait.
« Et moi qui ne te pensait que trop contaminé par ton mentor, Ederlan. » le nargua-t-elle.
« Silence femme, respect au héros de la Magna ! » s’écria le soldat avec le sourire.
« Déméa. Peut-être votre mémoire vous rappelle-t-elle à mon visage. Je reconnais avoir bien moins de mal tant mon lien s’acharne à défendre votre honneur. »
« Et il en reste honorable, cet homme là. Il faut l’avoir vu assaillir marcheur du Dévoreur avec son tube à explosion. »
Déméa soupira et répéta exactement à la suite :
« Devant tout Natus, il en avala un aux flammes pour le déchiqueter avant que pointe volante ne l’emporte...oui. »
Ederlan rigola une fois de plus et le fixa.
« Vois, Matt. Nous avons survécu à la Bataille des Sables, comme toi. Tu nous rejoint à dîner ? Tu dois avoir bonne histoire à narrer ! »
« Je ne peux pas refuser ça à mon plus fidèle Padawan. » Fit-il en haussant les épaules, sourire aux lèvres. « Et Déméa semble déjà connaître les précédentes histoires par coeur, il est temps de les renouveler un peu. » Il adressa un regard amusé envers la Natus, imaginant très bien Ederlan lui raconter encore et encore les récits de la Magna. Suffisamment pour qu’elle soit capable de les répéter. La pauvre…
L’accueil d’Ederlan était chaleureux. Il se privait de tout jugement à son égard. Sa femme respectait cette pensée, cette décision, si bien que ce petit couple était bien le seul à traiter le Ranger comme Monsieur “tout le monde”. Peut-être pas un héros de la Magna. Mais ce soir, avec lui, il n’était pas que le déchu.
En s’emportant dans les anecdotes qui avaient conduit le Natus à reprendre du service au fortin au lieu de rester à la base de l’Alliance, il s’installa dans la grande cour où la majorité de la patrouille s’était scindée en sous-groupe. Avec l’aide de Déméa, il alluma un petit feu puis s’y installa tout en grimaçant, le regard sur ses bottes ayant souffert de longues marches.
Sa main ferme agrippa le col de la duelliste qui se laissa glisser jusqu’à lui, appréciant cette invitation non verbale. Elle ouvrit son sac et en ressortit un grand morceau de jambon séché. Il était enveloppé dans un simple linge. La jeune femme le pencha, là où il avait déjà été entamé, puis dégaina une dague bien tranchante pour ciseler de fines tranches.
« C’est chance qui te bénit, Matt. Voici le résultat de notre dernière chasse ! Tu nous en donneras l’avis du gourmand que tu es ! »
« Le fruit de MA chasse. » rectifia Déméa avec un petit sourire mesquin. Elle fit démarrer son compagnon au quart de tour comme elle en avait l’habitude.
« Que racontes-tu là ? Je l’ai arrosé à mitraille ! »
« Et il est heureux que tu l’ai manqué, mon chéri, où nous aurions donné des balles sanguinolentes à suscoter à notre invité pour guise de festin ! »
« C’était volontaire ! Je l’ai fais fuir pour te faciliter le travail !!! »
« Et je t’en suis reconnaissante. Me voilà plus fine au regard à abattre porcelet de ma lance que toi avec ta machine damnée ! »
« Crénom ! Je t’interdis de moquer mon arme si gracieusement offerte par Matt !!! » S’écria-t-il de manière surjouée.
Ederlan fît un petit clin d’oeil à Matt pour souligner ce ping-pong était un jeu qui leur plaisait à tous les deux. Le Ranger remarqua que la duelliste avait coupé beaucoup trop de tranches pour deux personnes. Il comprit pourquoi lorsqu’un petit groupe de Natus vint faire l’échange. Trois barquettes d’un met d’une consistance étrange contre la viande séchée. Déméa coupa de quoi accompagner leur plat puis ils sortirent les couverts.
Heureusement, il y en avait aussi pour Matt. Le jeune homme allait découvrir que les autres Natus avaient cuisiné un riz local avec des arômes de la Magna. Si le plat était assez rudimentaire, peut-être se souviendrait-il de ce qu’il avait mangé chez eux et la ressemblance qu’il y trouverait.
« Bon appétit gaillard et... »
Il coupa soudainement sa politesse en remarquant l’écuelle de sa compagne.
« Déméa, par les Trois, deux tranches pour toi, je l’ai déjà dit ! »
« Nous serons à court avant la fin du cycle. » lui confia la jeune femme. Elle espérait ne pas manquer de respect au Ranger et qu’il ne se sente pas responsable en baissant le ton.
« Tu dois manger pour deux ! La tempétueuse l’a ordonné si tu veux la bonne santé de notre enfant. Je chasserai de nouveau... »
« Pour avoir des balles enviandées à suscoter ?!? »
« Cette fois là était accident ! »
« Je ne veux plus jamais avoir à décoincer poil de pelage de mes dents, ça fait de toi si séduisant “chasseur” ! »
A bout, Ederlan se tourna vers Matt pour lui faire part de sa “douleur”.
« La divine Rhomaytra l’aimante aura compte à me rendre ! Il me faudra bonne explication pour comprendre pourquoi je suis fou amoureux de cette belle fleur qui pique de ses épines chaque minute. »
« C’est ce qui te plait. Et cela me plait de te voir en si fausse détresse auprès de ton camarade ! » Répondit Déméa en se coupant une deuxième tranche.
Ederlan attrapa sa compagne pour lui déposer un tendre baiser sur le front puis il reprit sa place.
« Et toi l’ami ? Comment vas tu ? »
Les suivre jusqu’au milieu de la Grande Cour attira quelques regards hostiles. Eversman adopta une attitude docile, baissant les yeux et essayant de ne pas se faire davantage remarquer conscient qu’il s’imposait dans un lieu qui ne lui était pas acquis. De plus, Allen leur avait ordonné d’aller se reposer, il y faisait défaut. C’est avec une certaine fatigue qu’il suivit la gentille dispute entre eux, chacun se renvoyant la balle. Ils étaient en couple et la chamaillerie faisait partie du lot, c’était logique entre conjoints de se taquiner gentiment. C’était déjà plus ou moins amusant pour un membre tenant la chandelle, moins encore quand on avait des valises en guise de cernes comme les avait Matt. Il dût donc bien prendre sur lui pour ne pas décrocher, s’y accrocher et retirer quelques éléments de ce duel verbal.
S’il avait accepté la nourriture dans un premier temps, le Ranger tendit l’écuelle envers la Chasseresse.
« J’ai déjà mangé donc prends ma part… surtout si tu dois manger pour deux. » Un mince sourire apparut sur les derniers mots avant qu’il ne détourne la tête envers Ederlan pour le gratifier d’une tape dans le dos comme le félicitant pour avoir décidé de fonder une famille.
« Un peu d’eau suffira. » L’écuelle fut déposée au pied de la Chasseresse pour qu’elle se serve.
« Mon lien prendra ombrage s’il te surprend à mentir ! » rétorqua la chasseresse.
« D’autant qu’il ne répond à ma question. En voici une autre : viendras-tu à la naissance de notre petit ? »
« Tu fais bien de me prévenir maintenant. Il va me falloir plusieurs mois pour lui ramener une mitrailleuse-jouet depuis la Terre... » Déclara-t-il avec un petit sourire, imaginant bien les contrôles de sécurité tilter quelque peu avec son objet en plastique. Eversman soupira avant de frotter les traits du visage d’une main. « Et pour te répondre, je suis littéralement crevé…Faudrait mieux que j’aille dormir, demain s’annonce encore terrible. »
L'enfer by Calahan
MATT ET RITA
« Reçu, Chef ! » Gueula-t-il en retour confirmant la bonne réception des ordres avant de jeter un coup d’oeil vers l’Italienne pour estimer la distance la séparant de lui. A peine quelques mètres mais suffisamment pour se prendre une rafales de balles. Allez une bonne inspiration, le fusil bien calé entre les mains et on se lance. C’est ce qu’il fit réduisant la distance jusqu’à la retrouver.
« Qu’est-ce que tu fous là, toi ? » s’écria l’italienne en le voyant débarquer.
« Toujours aussi aimable toi. Un plaisir de venir t’aider ! » Répliqua-t-il tout en se mettant en position de tir.
Elle visa une nouvelle fois, tira une balle, et râla.
Mine de rien, ça lui faisait plaisir d’avoir enfin de la compagnie. Surtout le mec qui avait fait un putain de tir à deux kilomètres. La chance ! Juste la chance !!! Se disait-elle. Mais en attendant, ça prouvait une chose : Allen et le reste de l’unité était venue.
Ils allaient enfin pouvoir renverser la balance. Que ce soit Matt ou cet officier qu’elle n’aimait pas trop, elle en ressentait tout de même de la reconnaissance.
« J’ai localisé un petit bâtard. Opérateur radio. Il organise les assauts, il se fait livrer du renfort tout frais et des munitions. »
La jeune femme poussa d’un coup de main rapide les jumelles qui se trouvait à côté.
« Vise un peu, azimut 130. J’ai un mal fou à le débusquer cet enfoiré ! Il va finir par bouffer nos copains Matt ! »
« On va l’avoir comme l’autre. »
Si le Rangers s’équipait de la jumelle, il verrait effectivement un homme sur un léger promontoire, bien planqué, qui semblait ne faire que communiquer à la radio. Il était parfois obligé de lever la tête pour voir ce qu’il se passait et donner des corrections d’ordres. Le type restait toujours mobile pour faire une cible difficile. Le nouveau de Rita le manqua de peu...très peu.
« OK. Je le vois. 10 cm à gauche, tu l’avais. Ah l’enfoiré, il se déplace ! »
Si elle n’avait pas deux kilomètres à couvrir, Matt était le mieux placé pour voir le sacré carton qu’elle avait fait. De quoi faire palir de jalousie tous ceux qui auraient voulu faire du chiffre. Sa position était effectivement parfaite pour contraindre l’ennemi à emprunter le goulot d’étranglement sur Will, Danny et Iza. Toutes les autres tentatives se matérialisaient par des corps inertes et allongés au sol. L’Italienne, en fin de compte, avait savamment utilisé ses munitions. Une bonne trentaine de type à ajouter à son tableau de chasse.
Maintenant, il y avait cet opérateur qui représentait un gros danger. Pedge était partie dissoudre le dispositif ennemi mais elle serait dénoncée dès qu’elle agirait. L’ennemi avait un réseau de radio opérationnel, pas eux. Cela risquait de poser un sacré problème aux secours si Matt et Rita ne le faisait pas taire rapidement !
« J’ai plus qu’un seul chargeur. Celui engagé dans mon fusil. » lui expliqua-t-elle. « Je te le confie. Et t’as pas intérêt de bouffer MES balles ! »
« Avoue plutôt que tu avais besoin de moi pour buter cet enfoiré ! » Cet échange de piques lui avait presque manqué. Les jumelles furent rendues et la sangle du P-90 fut retirée afin de procéder à l’échange de fusil.
Elle lui passa son M1 et rapprocha ensuite la boite de cartouche qu’elle avait disposé près d’elle. Rita comptait regarnir quelques uns de ses chargeurs.
Le temps qu’il se concentre, le “clac-clac” des cartouches s’éleva. Et elle lança alors, mine de rien, d’une voix légère :
« J’t’ai battu. J’en ai buté une remorque ! »
« Même pas en rêve.. » Commenta-t-il tout en prenant le fusil en main pour se positionner du mieux possible. Il s’agissait de disposer du meilleur appui possible et surtout de se couper de l’environnement. Rien ne devait plus compter qu’abattre ce type. ça demandait de faire une confiance totale en son partenaire qui s’occupait de la couverture et de le guider dans la réussite du tir. Ils étaient chien et chat tous les deux, ne pouvant s’empêcher de se chercher, de s’embêter mais une alliance détonante quand elle fonctionnaient. Là, ils semblaient sur les mêmes ondes. Les derniers réglages effectués, le Rangers recherchait désormais sa cible.
« Rita. Je le vois pas ! » Lâcha-t-il à sa partenaire.
« Et quoi ? » s’exclama-t-elle brusquement. « Tu veux que j’me fasse un deuxième trou dans le front pour ton p’ti cul ? »
Elle lui fît une grimace évoquant tout l’amour et l’amitié qu’elle avait pour lui, son front alors garni du bandage qui s’était légèrement voilé de sang. Sa blessure de l’époque.
« AZIMUT 130, le bigleux ! »
« Il est plus à 130, bordel ! » Répliqua-t-il d’un ton agacé, l’oeil rivé dans le viseur à la recherche d’un indice concernant sa localisation. Ce mec ne leur facilitait pas la tâche en changeant de position et en multipliant les couverts.
Monciatti claqua le chargeur approvisionné sur le sol puis le déposa à côté de son collègue. Elle crevait d’envie de lui mettre un bon taquet à l’arrière du crâne mais ce n’était pas le moment. Pas pendant la baston.
« Attends moi. J’vais encore te trouver la solution... » siffla-t-elle, carrément provocante, tout en se redressant.
Elle s’éloigna rapidement pour rejoindre l’endroit où les deux types avaient failli l’avoir. Ceux qui s’étaient attaqués au Jumper pendant qu’il jouait la toupie. Elle les retrouva les deux, allongés sur le sol et complètement inconscient. Rita était sanguine mais pas au point d’en vouloir à ces bougres qui, au fina, faisait partie de la même armée. Ils n’étaient simplement pas du bon côté de la barrière.
Sentir leurs souffles régulier la rassura sur le fait qu’il n’était pas blessé et elle fouilla ensuite les alentours. Trouver l’objet dans ce qu’il restait d’une végétation dévastée n’était pas évident mais ses mains percutèrent l’objet métallique. Le regard de Rita étincela immédiatement.
Lorsque Matt termina le chargeur que Rita avait refait, il la vit s’allonger à ses côtés calmement avec un air sanguinaire.
« Tu saurait pas utiliser cette merde Amerloc, par hasard ? » lui demanda-t-elle en exhibant un lance roquette AT4.
Le sourire de l’Italienne s’accentua.
Normalement, les AT4 étaient à usage unique. Mais pour ceux qui servaient à l'entraînement- une fusée au plâtre en réalité - ils pouvaient se recharger très facilement. La tireuse avait fouillé sur le corps du type pour retrouver cette munition et, tout en communicant avec Matt d’un simple regard, elle l’installa dans le tube.
« J’parie que t’es trop mou du bulbe pour sniper un officier à l’AT ! »
Une pure provocation pour lui donner envie de se lancer dans cette mesure complètement disproportionnée...mais tellement cool. Une putain de roquette au plâtre dans la gueule du planqué !
Le fameux clic fatidique se fit entendre, signe qu’un chargeur avait été utilisé en entier sans parvenir à atteindre la cible. C’était des plus agaçants pour un tireur de précision. Certes il n’était pas tireur d'élite mais normalement chaque balle devait atteindre sa cible et là c’était loin d’être le cas. Il n’y parvenait pas. Il avait effectué un tir de 2000 mètres un peu plus tôt mais réussir un autre fichu tir était mission impossible et voilà que Rita ne se ramène avec un bazooka. Cette nana était aussi folle qu’elle était agaçante mais elle avait de la suite dans les idées.
« Force est de constater que la Ritale a dû se trouver un plus gros calibre pour atteindre sa cible. »
Manière de la renvoyer dans les cordes. C’était elle la fameuse tireuse et pourtant c’était avec son fusil qu’il se démenait pour atteindre cette fichue cible.
« Tu attends quoi pour ouvrir le feu ? Que je fasse encore ton boulot ?! »
« Éjaculateur précoce, c’est pas une généralité ! »
Et cette fois, il se le prit son taquet derrière le crâne.
Rita se décala quelques mètres plus loin pour se placer en position.
« T’as intérêt de le chopper s’il se sauve. Paré ? »
« Quand tu veux! » Repliqua-t-il l’oeil rivé dans le viseur avec en ligne de mire la cache de cet officier. Il espérait qu’elle parvienne à faire mouche même s’il s’efforça de le garder pour lui pour ne pas alimenter l’ego de l’italienne.
La jeune femme n’avait jamais été à l’aise avec ce type d’armement. Mais puisqu’elle se tirait la bourre avec Eversman, elle garda également, de son côté, ce fait là. L’oeil sur l’organe de visée du lanceur, elle se ferma entièrement au reste pour se concentrer sur son tir. Elle n’avait le droit qu’à un essai, un seul assaut, mais elle découvrit alors quelque chose qui la perturba. Là, plus bas, des unités cachées venaient de faire feu sur deux personnes.
Difficile de pouvoir discerner quoi que ce soit sans lunette mais elle était presque certaine que ses équipiers étaient en danger.
C’est ce qui la poussa à aller plus vite, à se concentrer d’autant plus pour son tour. Elle actionna le bouton et la roquette trafiquée partit comme une fusée. Un sifflement fort et brutal pour un vol en longueur. Rita avait visé un peu plus haut pour prendre en compte la longue distance. La jeune femme eu le temps de lâcher son arme pour fixer, pleine d’espoir, cette roquette filer au bon endroit.
L’obus explosa un mètre au-dessus de la cache. Mais son panache de plâtre qui s’envola brutalement en parapluie sur tout le pourtour, formant une tâche bien nette dans cette ambiance sombre et ténébreuse, éclaboussa l’objectif. De cette tâche de propre émergea soudainement le coordinateur radio qui s’étala de tout son long, toussant et crachant tant qu’il pouvait le plâtre qu’il avait reçu à la gueule.
Il ramena son pied au sol pour tenter de se relever, s’enfuir, sachant qu’il était à présent en pleine ligne de mire d’Eversman.
Coupé de l’environnement et enfermé dans sa bulle, rien ne venait perturber Eversman qui gardait l’œil rivé dans la lunette et focalisé sur ce putain de rocher qui le dissimulait. Il n’avait qu’une idée en tête : l’abattre. Allez ! Allez montre toi !! Il y eut cette explosion mais surtout l’apparition d’une forme blanche. Il n’y eut pas d’hésitation chez lui. La gâchette fut actionnée à deux reprises avant que la forme n’ait disparue. Abattue ou mise à couvert.
« Je crois que je l’ai eu cet enfoiré ! »
Le doute subsistait chez lui. Il n’était pas certain de l’avoir atteint mais il avait tout fait pour.
L'enfer by Calahan
Le reste de l’unité composée de Pedge, Elana et Ruth débutèrent la descente de ce nid d’aigle pour rejoindre le lieu de la lutte acharnée. Will, Danny et Iza avaient transformé cet endroit en fort Alamo, si bien que la simple pétarade qui s’échangeait entre les belligérants témoignaient de leur résistance acharnée.
Le lieu avait été bien choisi pour de simple soldat. Le terrain était trop vallonné, couvert de forêt ou accidenté pour être praticable. Le seule sentier à peu près acceptable était celui qui les ramenait sur ce goulot d'étranglement, là où le contingent adverse tentait de renverser les forcenés.
Profitant de la position encore haute, Pedge stoppa la troupe. Il fallait faire en sorte de bien se placer, et surtout, d’analyser la situation pour se rendre compte des forces réelles en présence. Localiser précisément la position de ses hommes serait également une bonne idée pour éviter un risque de tir allié qui serait dommageable. Accroupie dans la végétation, la texane se mit donc en quête de la position de Danny, Iza et Will, pour ensuite orienter sa recherche en fonction des endroits qu’ils canardaient. Ensuite elle mettrait tout le monde en ordre pour aller botter des fesses.
Après avoir activé la fonction infrarouge et adapté le focus, le Capitaine tomba sur une scène de guerre qui aurait valu sa place dans un film. L’ennemi avait monté une mitrailleuse dans un couvert que Rita peinait à atteindre avec l’aide de Matt, ils tentaient de fixer le trio de choc qui continuait de se battre en subissant les rafales.
Au début, elle vit surtout les balles traçantes monter sur eux. C’est en remarquant la suite qu’elle comprit pourquoi ses soldats ne tiraient pas. Sur la pente régulière qui se terminait sur une petite tranchée qu’ils avaient pris le temps de creuser, avec un rebord de branches et de couvert portant la signature de Will, c’était seulement Izabel qui tirait avec son neuf millimètres. Elle offrait à peine une distraction tandis que, en plein dégarni, Will et Danny avait atteint la position de leurs adversaires. Ils avaient rejoint les plus proches, ceux qui s’étaient concentrés et avaient récoltés une dernière bonne rafale de P90 avant de s’endormir.
Ce que voyait Pedge, c’était la récupération des chargeurs de mitrailleurs sur les corps des ennemis. Will les balançaient dans son sac à la hâte tandis que Danny s’était servi du corps d’un adversaire déchu comme d’un bouclier.
Ils se mirent ensuite à reculer très rapidement, Danny gardant une position d’arrière garde pour permettre à son collègue de revenir dans leur tranchée avec le ravitaillement. Will fonça comme un dératé, sa main libre collée contre son flanc blessé et garni d’un large bandage. Le Canadien plongea tête la première dans son terrier comme s’il avait le feu aux fesses. Malheureusement pour le tankiste, il s’écroula juste au bord, visiblement touché à la jambe par autre chose qu’une balle neutralisante. Pris dans l’action, Izabel et Will se levèrent de manière synchrone, comme des spectateurs à la fin d’un spectacle sublime. D’ici, Pedge sentait à quel point ils débordaient d’adrénaline et qu’ils en oubliaient jusqu’à l’exercice, vivant ce moment comme une véritable guerre, un terrible couperet au-dessus de leurs nuque. Ensemble, ils attrapèrent le poids lourd qu’était Danny pour le ramener dans la tranchée.
Will ouvrit son sac rapidement pour redistribuer les chargeurs volés à l’ennemi. Mais puisqu’il rechargeait avec Danny, c’est le médecin de l’unité qui se rendit compte qu’un nouvel assaut se déroulait. Une grenade s’envola en cloche dans sa direction et elle se releva entièrement, devenant la cible préférée de la mitrailleuse qui manqua de la faucher qu’à quelques centimètres. Izabel réceptionna la grenade puis, comme si elle avait eu des années dans un club de baseball, elle le relança aussitôt à l’envoyeur.
VLAMMMMM !!!!!
L’épais nuage de plâtre fît disparaître l’adversaire quelques secondes. Quand il réapparût, les mains levées comme pour les règles de paintball, personne ne retint le tir et il se replanqua aussitôt. Le P90 de Danny et de Will enfin rechargé, ils reprirent la défense au coup par coup. Ils ne lâchaient rien !
Pedge devait maintenant prendre des décisions pour essayer de tirer ses hommes de ce merdier. Ils se battaient comme de beaux diables, rendant coup pour coup à l’ennemi. Elle s’amusa même de voir qu’un gars qui se rendait en étant fair-play avait manqué de se faire quand même fusiller pour l’exemple. A la place des trois larrons, elle n’aurait pas hésité une seconde non plus à lui en coller une.
Le soucis principal venait de cette mitrailleuse lourde qui était positionnée pour les fixer, et que Rita et Matt ne pouvaient pas atteindre du fait de la configuration du terrain.
« Caporal, Padilla. Venez par ici. ». Pedge les fit venir à elle. Elle observait toujours aux jumelles. Elle s’en décolla les yeux, et les passa aux deux jeunes femmes. « Votre objectif, la batteuse qui est déployée la bas. Approche discrète. Si vous pouvez la sécuriser et l’utiliser, faites. Sinon, neutralisez là. Ne prenez pas de risque inutile. Si c’est impossible de la récupérer, vous me la faites péter. Personne ne l’utilisera. »
Ce serait un énorme avantage tactique de récupérer l’instrument pour leur cause, mais si ce n’était pas possible, il était préférable de la neutraliser complètement. Il ne fallait prendre aucun risque quant au déroulé de l’opération et profiter de leur approche dans le dos de l’ennemi. L’effet de surprise devait être totale. Pour sa part, elle s’occuperait de nettoyer les quelques hommes qui restaient entre l’équipe et elle. Discrètement là aussi, dans l’idéal, sans trop montrer qu’elle était seule. Et… dans la limite de ses capacités diminuées.
Ruth avait le souffle profond, signe de son stress et de son angoisse face à cette nouvelle situation de guerre dont elle n’était pas habituée. Elle était à l’aise dans ses cartes, son calepin et ses notes. Mais être l’instrument de libération sur cette mitrailleuse lui faisait peur. Pas de se prendre une balle. Mais peur d’échouer, de décevoir. C’était un comble pour quelqu’un qui avait été lieutenant-colonel face à un capitaine, non ?
« A vos ordres. » fît-elle sans certitudes.
Elle serra son P90 contre elle et avisa un regard en direction d’Elana. Elle était caporal, elle avait besoin de son expérience de terrain.
« Je te suis... »
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ELANA ET RUTH
Elana était fière de voir que l’équipe de rebelle était toujours aussi sauvage et qu’elle donnait du fil à retordre à Calahan. Des ressources importantes pour Atlantis qui avait besoin de ce genre de soldat pour tenir tête à des ennemis chaque jour plus nombreux. Son regard alla sur Allen, se demandant ce qu’elle pouvait ressentir, outre la trahison qu’elle avait écopée, elle devait peut-être se dire qu’elle avait en charge, certes une équipe difficile mais une équipe avec du potentiel. Enfin Elana voyait les choses ainsi et elle se déplaça vers sa capitaine pour recevoir son ordre d’affectation. Silencieuse, elle se contenta d’un hochement de tête. Une pensée alla pour la pilote se demandant dans quel état elle était et si fallait la “sauver” aussi ou si elle était de retour sur Atlantis. En tout cas, elle espérait qu’elle n’aurait rien de la part de la hiérarchie pour son intervention.
Elle disparue avec Ruth, il fallait profiter de la nuit, même si tous les hommes de Calahan étaient équipés des mêmes lentilles de vision. De ce qu’elle avait vu du terrain, elles pourraient se faufiler entre les buissons et les amas rocheux pour atteindre la cible. Néanmoins, il fallait être prudent pour ne pas attirer l’attention sur elle … prendre possession de la mitrailleuse était une solution des plus avantageuse pour nettoyer la zone des ennemis. La caporale se réfugia avec l’intel dans une crevasse garnie de végétaux, elle en profita pour lui demander tout bas :
« Tu as étudié le terrain avec tes cartes non ? Tu as vu des passages particuliers qui nous permette d’évoluer à couvert vers la mitrailleuse ? » Elana voulait recouper ses observations macro avec celles de l’ex-officier.
« Mes cartes ne sont pas aussi précises. » lui confia-t-elle, presque gênée de ne pas pouvoir lui apporter la solution sur un plateau. « Le Capitaine va se faire cueillir si on se dépêche pas. »
Elana hocha la tête, cela aurait été trop facile d’avoir les informations nécessaire sur la carte. Tant pis, il fallait se débrouiller autrement.
Ruth leva un peu la tête.
Elle voyait à peu près où se trouvait la mitrailleuse de section à l’éclat de lumière qu’elle produisait dans la nuit. La jeune femme n’en menait pas large. Le galon de Lieutenant-Colonel ne voulait plus rien dire et il lui semblait tellement inadapté. Clairement, Ruth n’était pas sur son terrain de prédilection et elle se sentait être une bleue envoyée au casse-pipe.
Peu importe. Padilla n’était pas une lâche. Elle serra son P90 encore plus fort et elle prit une inspiration, courte mais profonde d’angoisse, et elle se dévoilà légèrement, dos courbé. Vigilante, comme on l’attendait d’un soldat qui s’infiltrait, elle s’arrêtait parfois à mi-chemin en attendant qu’Elana la rejoigne avant de repartir.
Pourquoi ce n’était pas la française qui faisait l’appât, qui prenait le plus gros risque ?
Parce que c’était celle qui pourrait répliquer le plus vite, précisément, efficacement.
Mais au moment où Ruth pensait être en sécurité, que les deux femmes se trouvaient sur les arrières de la mitrailleuse, un craquement dans les fourrées sur sa gauche lui fit écarquiller les yeux. TROP TARD ! La contre-attaque se fit immédiatement. Des renforts étaient arrivés sans même qu’elle s’en aperçoive. Les deux premiers tirs la frolèrent, la contraignant à la réaction très bête mais naturelle de chercher l’emplacement du problème. Un défaut d'entraînement militaire sur le terrain qui la conduisit à s’offrir, par accident, entièrement à l’ennemi. L’une des billes rouge, le tir incapacitant, la percuta de face avec beaucoup de violence. Ca la jeta immédiatement au sol, sur le dos, l’onde éléctrisante se répandant sur toute la surface de son P90.
Ils avaient tirés dans son arme…
Padilla poussa une longue plainte de douleur en se contorsionnant. Elle n’était pas évanouie mais elle serrait les dents.
« ELA... »
Elle ne parvint pas à prononcer le reste. L’adversaire venait de se rendre compte de son erreur et chercha à l’achever proprement.
Elle touchaient à leur but et ce but était cette mitrailleuse… Autant elles avaient été prudente et la chance semblait leur sourire dans cette aventure, mais c’est sans compter les maîtres de l'infiltration en milieu sauvage qui venait les cueillir comme des cerises bien mûres ! Padilla en bon appât fit son rôle et tomba la première… ce qui était quand même sacrément emmerdant pour Elana, qui se retrouvait seule face aux personnes embusquées. Elle eut juste le temps de s’abriter comme elle put, pour ne pas donner un tir complet à cet enfoiré. Ce même enfoiré qui venait achever sa proie, une occasion en or, pour que le française l’abatte sans aucune autre forme de procès en répliquant dans les fourrées des balles qui fusaient dans sa direction. Elle allait avertir de sa situation à sa supérieur quand elle se souvenue qu’elle n’avait plus de radio… merde, il fallait se démerder seule… tant bien, la batteuse servait d’abri, elle pouvait évaluer le nombre de personne encore dans ses satanées fourrées et les empêcher de toucher Ruth.
L'enfer by Calahan
MATT
S’entendre être appelé par son nom et non plus par “Branlot” ou autre terme péjoratif fit un bien fou mais ce fut le fait de récupérer quelques effets militaires qui fit apparaître un sourire sur les lèvres du jeune homme. Les efforts n’étaient pas vains et commençaient à payer. Enfin le début de la normalité.
« Merci Sergent. » Matt le gratifia d’un signe de la tête avant de s’éloigner avec les autres. Tout reviendrait dans l’ordre quand il pourrait de nouveau enfiler l’uniforme d’Atlantis. C’était déjà un bon début !
C’est avec Rita qu’il fit équipe pour récupérer ce qu’il y avait à prendre. A croire qu’elle ne pouvait se passer de lui ou alors qu’on désirait qu’ils ne se quittent plus. Eversman se passa de commentaire, bien trop content de pouvoir récupérer un gilet tactique sur le premier gaillard venu. Serrer les sangles pour l’ajuster : des gestes mécaniques qu’il avait déjà exécuté des centaines de fois et qu’il retrouvait enfin. Un peu de normalité. Il fallait en être privé pour comprendre la valeur et l’importance des objets du quotidien. Rien de tel qu’un gilet pour y ranger du matériel. L’homme fit les poches découvrant un mini-kit de soin ainsi qu’un gel énergétique. C’était déjà ça. Il y ajouta ses quelques possessions, sangla son P-90 avant de rejoindre la Ritale qui était en train de récolter munitions et équipements laissés sur place.
« T’es vraiment qu’un pti merdeux, tu le sais ça ?!? » balança Rita.
Elle fixa Eversman d’un regard intense tout en dépouillant un mec.
« Tu as eu du pot, c’est tout. Ouais, un tir à deux kilomètres, c’est spectaculaire. Et juste pour ce coup de chatte, tu pavanes ! “Premier tireur de précision de l’unité” ? Tu t’es cru où, branleur ?!? »
Et voilà la scène de ménage de l’Italienne. En bonne ritale, il fallait forcément qu’elle en fasse des tonnes et ne l’ouvre en grand. Eversman ne la considéra pas de suite préférant se pencher sur le corps et débuter la fouille.
« J’ai ajouté ça juste pour te faire enrager. » S’il n’y avait pas eu ce croche-pied tenté, il n’aurait peut être pas eu cette volonté t’embêter l’Italienne. Elle l’avait cherché, elle l’avait trouvé. Eversman n’avait pas la prétention de lui voler son rôle. C’était elle qui était considérée comme la gâchette du groupe. Si elle n’avait pas été diminué, elle aurait réussi ce tir. « On peut dire que j’ai réussi. » Ajouta-t-il en lui jetant un regard, sourire malicieux aux lèvres.
« Tu réussis surtout à te gonfler les chevilles. » rétorqua-t-elle.
La jeune femme retourna un homme qui, visiblement, était encore bien conscient. Elle leva le poing dans l’intention de lui mettre en bonne droite dans la face mais celui-ci répondit d’un geste simple : en levant ses mains en signe de reddition.
Il ne parlait, attendant simplement que ça passe. Rita ouvrit son poing avec une expression laissant entendre qu’elle acceptait cet abandon et elle fouilla son gilet comme s’il n’existait pas.
« Tu sais quoi ?!? »
Elle prit le chargeur de P90 entamé et retourna l’homme sur le ventre de son pied. Il obéit sans protester.
« Quand on en aura fini ici, on va se tirer la bourre sur le champ de tir. Je vais te mettre minable avec mon M1. Tu peux toujours sortir ton fusil high tech, rien te sauvera ! »
« C’est ça… Et toi tu auras l’excuse que ton fusil est une antiquité quand je te mettrais une raclée. » La perspective d’un “après” cet entraînement donnait du baume au coeur. Il pouvait y avoir une suite pour lui dans cette expédition. Retrouver son poste tel qu’il l’avait quitté serait impossible mais il désirait simplement pouvoir revêtir de nouveau l’uniforme et avoir cet insigne sur l’épaule. Être utile et ne pas simplement être un boulet, un prisonnier.
« Prends-lui sa gourde. On sait jamais... » Ne plus jamais revivre cet épisode de soif intense.
L’italienne s'exécuta. Elle ouvrit le bouchon pour en renifler l’intérieur, en avala une gorgée avant de lui tendre le contenant.
« Hé ! Toi qui connais suffisamment la patronne pour lui avoir roulé un palot. Elle nous aurait vraiment tiré dessus parce qu’on se barrait ? »
« Ouep ! » Eversman ne doutait même pas de la réponse. « Elle m’a foutu aux arrêts quelques heures après ce patin…Bon ok je l’ai bien aidé avec mes conneries. Je crois qu’il n'y a pas un gradé plus attaché au règlement et aux valeurs militaires qu’Allen. » Il prit une bonne gorgée d’eau avant de la refermer soigneusement continuant de scruter les alentours à la recherche d autres biens.
« Mon cul ! » décréta rita en arrachant la gourde des mains du soldat pour prendre une nouvelle gorgée. « Tu peux pas suivre le règlement à fond. Y’a toujours un truc que t’es forcé de contourner. Par exemple... »
Elle regarda autour d’elle, à la recherche de quelqu’un, avant de pointer la pilote de Jumper.
« Elle sort d’où, elle ? Elle a pas la gueule d’une Natus ! »
« C’est Nelly Bricks, elle est Atlante et certainement aussi timbrée que toi. Tu devrais bien t’entendre avec. » Il lui offre un sourire avant de reprendre la marche.
Rita ricana d’un air mauvais et le choppa par l’épaule. Du genre à lui faire comprendre que, non, ce n’est pas comme ça qu’il aura raison.
« Ouaip. Elle a l’air de piloter aussi bien que tu tires en précision. Et sinon, tu réponds ? Elle fout quoi dans la manoeuvre ? »
« C’est une excellente pilote alors ! » Impossible pour lui de ne pas saisir la perche tendue. Quand à Nelly, il ne disposait pas de beaucoup d’informations. Elle était revenue pour eux, ça suffisait à ses yeux.
« Elle est de notre côté, c’est tout ce que je sais. »
« Moi j’crois que le Capi l’a sorti de sa manche comme un Joker alors que c’est pas autorisé. Donc !!! Ce qu’il faut retenir, c’est qu’elle contourne aussi le règlement. Comme tout le monde. Et que t’es nul à chier en galoche ! »
« Parce que Calahan suit les règles peut être ? »
« J’m’en tamponne de Calahan. Là on parle d’Allen. »
Elle plissa des yeux.
« Ah ok !!! T’as toujours la braque pour elle ! C’est pour ça que tu la montes en miss univers règlement ! »
« Tu me fais une crise de jalousie ou quoi ?. »
« Alors là, mon gars. Si c’est ta réponse à chaque fois qu’on commence à toucher au but, je comprends pourquoi le Capi t’a foutu en taule. Un manque pareil de répartie et de charisme, ça se punit dans le sang ! » rétorqua-t-elle dans un ricanement sadique. Elle le mima ensuite : « Gneuuuu tu m’fais une crise de jalousie ? T’as vu, trop drôle de ouf, parce que chuis un mec et toi une fillllllle. »
« C’est toi qui a un sérieux problème, Rita...Pourquoi tu m’emmerdes avec ça, sérieux ? »
« Parce que j’ai raison. Vu comme ça te fait chier. Et j’adore t’emmerder, branleur ! Si tu voyais ta gueule, ça mériterait une photo ! »
Et avec un sourire parfaitement garce, elle lui tendit la gourde.
« Me parle pas de photos... » Dommage que l’eau ne soit si précieuse, il lui aurait bien vidé le contenu sur le crâne.
Le sergent Brass avait l’impression de renaître. Il continuait tranquillement de distribuer ses ordres pour préparer son unité. La cassure qu’avait subi Charlie ne lui était pas encore parvenu en détail mais il pensait en deviner quelques éléments. Surtout avec le garde à vous de chacun. L’écart de l’officier commençait aussi à l’inquiéter un peu. Tim prenait conscience de son état de fragilité et il savait très bien que Charlie ne pourrait pas survivre sans ses compétences. Ca, mais aussi le fait qu’il fallait quelqu’un pour veiller sur elle, comme l’officier veillait sur eux. C’était aussi ça, un peu, le rôle d’un sergent de peloton.
« Hé, Iza ! » Fit-il en l’alpaguant à la volée.
« J’essaie de choper Matt, chef. Il fuit la palpation de ses reins... »
« Je voudrai que tu ailles voir le Capitaine avant. »
Bowers fixait intensivement Eversman par-dessus l’épaule de son sergent. Son bandeau sur la tête dissimulant ses cheveux coupés lui donnaient des airs de taularde évadée. Et elle lorgnait le Rangers qui devait passer à l’examen.
« Je dois lui faire une nouvelle injection, oui. Mais je dois aussi m’occuper de Ruth, Elana, Will...sans oublier ce foutu Rangers qui s’est encore barré ! Bon sang !!! »
Le médecin de l’équipe engagea deux pas colérique dans le sillage de sa cible avant d’être retenue par le sergent.
« Je suis sérieux, Izabel. J’ai besoin que tu l’examines. »
« Tim... »
Elle secoua la tête par dépit. Elle vérifia que personne ne l’entendait et ajouta, plus sérieusement cette fois :
« Notre officier est mourant, empoisonnée, ça devient grave. Il lui faut un lit confortable dans un abri, un médecin traitant, des infirmières, des soins, et, surtout, de longues, très longues heures de sommeil. Elle est clairement en droit de demander son retrait de la manoeuvre. Visiblement, elle le refuse jusqu’au bout. Donc... »
Izabel marqua une petite pause avant de conclure son argumentaire :
« Je pense qu’on devrait la laisser souffler quelques minutes. C’est plutôt normal, non ? »
Brass était resté silencieux.
Il ne savait pas que l’état de son officier était aussi inquiétant. Ca expliquait peut-être son comportement durant leur pugilat. Mais en réalité, au lieu de le contenter, la confidence d’Izabel le motivait davantage dans sa requête.
« Ce n’est pas physique cette fois. Je peux pas te dire pourquoi mais il faut que tu l’examines. Je te le demande comme un service, d’accord ? Passe voir notre Capitaine... »
La jeune femme soupira. Elle regarda encore une fois dans cette direction, peu inquiète par la discrétion, puis finit par abdiquer.
« Je vous préviens, Tim, si elle me remballe, vous me payez l’année en coiffeur. »
Brass accepta avec le sourire.
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