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L'enfer by Calahan

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Sam 1 Juin - 18:48

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Dire que Pedge était contente d’être revenue serait un bien beau mensonge. En voulant s’en aller de la manoeuvre, en demandant son extraction, elle comptait bien ne jamais remettre les pieds dedans. Mais là, on lui avait plus ou moins fait comprendre qu’elle avait merdé et qu’elle devait rattraper le coup, et que ce n’était pas en s’en allant que ça allait arranger les choses. En réalité, elle avait honte d’être partie, d’avoir cédé tout simplement. Elle aurait dû continuer avec les éléments qui étaient restés fidèles à son commandement, même s’ils se comptaient sur les doigts de la main. Rien que pour eux, elle aurait dû rester. Pour elle, la manoeuvre avait été un échec dès lors que la moitié de la formation se mutinait de la sorte. Mais on lui avait fait comprendre que sur le terrain, quand ça se produisait, on ne rentrait pas à la maison en pleurnichant.
Alors oui, elle était de retour, toujours blessée dans son orgueil, d’autant plus humiliée qu’elle devait se représenter devant eux. Elle apprenait juste à ravaler sa fierté mal placée, et puisqu’elle était militaire, elle obéissait aux ordres, quand bien même ces derniers la faisaient passer pour une girouette. Le colonel Caldwell l’avait mis en face de ses défauts et de son arrogance, de sa puérilité de gamine et de sa vanité. Pour le reste, elle s’en était rendue compte toute seule comme une grande en cheminant dans les quartiers des Poètes du Cambouis, tous au trou pour l’avoir aidé directement sans aval de la hiérarchie. Alors pour eux, pour elle, et pour les loyalistes, elle devait essayer de remporter la manche.
Au moins, Ravix, Padilla et Eversman avaient rallié le campement Natus, fidèles au plan de départ. C’était une bonne chose. Tentée de faire de l’humour pour faire passer la pillule, en balançant quelque chose comme “ça fait longtemps que je vous attends ici vous avez trainé…”, Pedge n’en fit rien. Elle avait trop honte, même si elle tentait de ne rien en laisser paraître.

« Repos. », fit Pedge non sans avoir salué elle aussi les deux personnes. Elle était étonnée de ne pas voir Eversman, avant de se rappeler qu’il avait un petit différend avec les Natus et que manifestement, il n’avait pas réussi à le solder. « J’en sais un peu plus sur la manoeuvre, du moins me concernant, et donc me revoilà. J’aimerai reprendre la tête de la formation si cela ne vous dérange pas. ». Un peu d’humilité toute relative, car elle ne s’excusait en rien de s’être barrée. C’était déjà dur à admettre face à soi-même, alors face aux autres… Et puis, ne venait-elle pas de donner une raison à son départ ? La pêche aux informations. C’était relativiser, elle le savait, mais qu’importe. « Eversman s’est fait refouler par le videur ? », ponctua-t-elle finalement sa petite entrée en matière.

Elana reprit une pause plus confortable écoutant le capitaine qui leur « demandait » si cela ne les dérangeait pas de reprendre le commandement. Sur l’instant Elana se demandait qui oserait dire « oui dégage », peut-être le reste de l’équipe ? En tout cas, cela n’était pas concevable de répondre ça à un officier surtout que ce n’est qu’un phrasé qui se veut polie pour ne pas revenir en maître des lieux, imbus de son pouvoir après s’être barrée. En tout cas, elle n’avait pas remis longtemps à revenir. Ce qui était une bonne chose pour la caporale.
« C’est votre place Capitaine. » dit-elle directement. Allen avait reçu des informations sur la manœuvre du moins la concernant, peut-être allait-elle leur en dire plus ? Après si c’est des informations, comme quoi, elle a merdé comme au moins chaque personne de cette équipe (sauf peut-être Ruth en y réfléchissant bien), cela ne regarde personne d’autre qu’elle-même.
« En effet. Les Natus ne l’apprécient plus. » Elle regarda la capitaine, qui était quand même bien grande, des trois femmes elle était la plus petite.
« Suite à votre départ, nous avons filé avec le Divorce jusqu’au camps, Natus. Cependant, le divorce a rendu l’âme à l’entrée, j’escomptais trouver une aide pour le réparer si cela est encore possible » fit-elle brièvement pour le rapport, il n’avait pas grand-chose à ajouter. « Padilla a fait du très bon travail d’analyse comportementale de l’équipe, je vous invite à l’écouter. » Il fallait au moins mettre en lumière cela. L’analyse de Ruth était pertinente et aidait grandement à mieux comprendre les réactions des autres et cela aiderait surement la capitaine à capitaliser sur les évènements passés. Puisqu’il ne fallait pas se leurrer, elle devait ressentir de la honte depuis. Si cela n’était pas le cas, elle n’avait pas d’âme et elle était loin de ressembler à une machine. Par la même occasion, elle lui tendit l’antidote que lui avait donnée Iza avant de partir.

Pedge toisa Ravix un instant. Elle avait repris les choses en main et avait mené l’équipe à bon port. Elle remontait dans l’estime de la texane. Elle semblait méditer les propos de la française, et notamment sur le fait qu’Eversman était resté dehors.
« Bien, je verrai plus tard pour l’analyse de Padilla, j’ai moi aussi potasser de mon côté ces points là. Pour le Divorce, je doute que nous puissions trouver quelqu’un ici susceptible de le réparer. ». Elle chercha du regard le meneur, cherchant à le localiser. « Par contre, hors de question de laisser Eversman dehors. ».
Visualisant le meneur un peu plus loin, Pedge fit un signe de tête aux deux jeunes femmes et se porta au niveau du bonhomme.

Padilla demeura silencieuse. Elle écouta bien sagement l’échange tout en ajustant la couverture. Pas qu’elle avait froid mais cette attention de la part des Natus était agréable. Comme le fait d’avoir de l’eau en quantité à disposition. La jeune femme avait besoin d’échanger quelques mots avec l’officier mais ce n’était visiblement pas le moment.
Elle tourna son visage vers la française qui, avouons-le, faisait peur à voir après cette longue route. En quarante-huit heures, un peu moins, ils avaient quand même bien morflé et recouvert d’une bonne couche de crasse. Ruth se faisait toute une liste de devoir à remplir avant de songer à se reposer. Ce n’était pas maintenant qu’elle comptait se poser. Peut-être un peu plus tard. Son attention se portait néanmoins sur le caporal Ravix qu’elle verrait bien profiter en première de l’hospitalité des alliés.

« Les Natus ont des bains. » fit-elle avec un mi-sourire, comme pour lui glisser cette petite tentation dans l’esprit. Elle fit un signe de menton sur l’un des bâtiments reculés, un plus grand, rectangulaire. « Juste ici. »

Elana hocha la tête simplement. Elle laissa partir la capitaine, après lui avoir demandé s’il lui fallait d’autres éléments ou si elle voulait qu’elles fassent quelque chose avant de se reposer. La française suivit du regard la texane, qui semblait être déterminé pour que Matt ne dorme pas à la belle étoile. Que sa confiance, soit soldée par une réussite, il serait bon que tout le monde goûte à un peu de confort. Et en parlant de ça, Padilla sonna une douce mélodie aux oreilles de la française. Elle ignorait à quoi elle pouvait ressembler et soyons clair : elle en avait rien à battre. Elle n’était pas du tout intéressée sur son état. Mais, l’idée d’être dans de l’eau chaude et de se faire peau neuve après ses deux jours fastidieux, lui apparaissait comme ma seconde plus belle récompense (la première avait été de boire de la vraie eau auparavant).

« Bien. On y va ensemble alors. » C’est bien quand on touche le confort, qu’on se rend compte qu’on est épuisé, déjà son corps avait hâte de s’étendre et trouver un repos bien mérité.
« J’en rêve depuis longtemps. » Admit la jeune femme en prenant la tête.

Le duo se rendit en direction du bâtiment. Comme on pouvait l’attendre d’un édifice de pierres en briques de rocailles, l’ouverture de la lourde porte en bois dégagea une brusque projection d’humidité et de chaleur. Dans d’autres circonstances, ça aurait pu être désagréable. Mais là, c’était comme la promesse d’un moment ultime à savourer.
Ruth Padilla laissa poliment sa collègue entrer à l’intérieur puis elle s’approcha du pupitre de l’antichambre pour l’examiner. Derrière, dans un couloir qu’un simple rideau dissimulait, il y avait pas mal d’activité. De nombreux soldats Natus étaient vraisemblablement en train de se laver.
« Hmmm. Je crois qu’on débarque en heure de pointe. » Souligna-t-elle en tournant son regard vers un étrange outil. Des rails et des billes qui faisaient penser à un jeu de société. Mais en y laissant courir son esprit analytique, Ruth désigna toutes les billes qui se trouvaient du côté gauche.
« Ces bassins sont occupés. »
« Ouep... » Elana espérait qu’elles allaient quand même trouver un peu de place quelque part, sinon ça serait la grande déception.
Et il ne restait qu’une seule bille sur le bord droit. Padilla s’en empara dans le but de la glisser vers ses cousines, désignant cet emplacement comme occupé. Mais elle se ravisa pour questionner sa collègue.
« Tu es pudique ? »
Elana observait elle aussi l’outil de billes, un système simple et astucieux. Sur terre, cela serait via un bouton rouge ou bien vert et il avait bien moins de charme que ces petites billes dans leurs rails.
« Absolument pas. Et toi ? » Elana n’était pas pudique pour un sous, que ça soit avec d’autres femmes ou mêmes avec les hommes. L’armée, vous brise ce genre de barrière durant les classes. Et elle n’éprouvait aucune gêne de montrer son corps qui n’avait à ses yeux pas grand intérêt à être reluquer.
« Absolument. Mais je vais faire un effort. »
« Je me tournerai si tu veux. » proposa la française.

Il valait mieux partager cette salle d’eau à deux plutôt que d’attendre sans véritablement savoir combien de temps la prochaine se libérerait. Ruth passa dans le couloir puis se rendit devant la porte qui portait le même symbole. Elle l’ouvrit pour découvrir une grande cuve de bois taillé, comme un fût coupé en deux sur sa largeur. Bref, la façon dont les hommes se lavaient dans l’ancien temps avant la découverte du plastique. Une jeune Natus était en train de verser de l’eau chaude à l’intérieur, elle s’interrompit en les voyant débarquer. Son regard s’était couvert d’étoiles.
« Oh ! Des Atlantes. L’ont m’avait prévenu de votre possible visite. Je suis Zetah ! »
« Bonjour, brave Zetah. Je suis Ruth. Voici mon amie, Elana. Nous aimerions nous séparer de toute cette crasse. »
« C’est mon tour de corvée. Et bien agréable est-elle de m’en acquitter avec votre présence ! Je n’avais jamais vu Atlante, je m’en languissais. »
« C’est très gentil. Mais c’est la première fois que nous venons ici. Tu peux nous expliquer ? »

La jeune duelliste ne devait pas avoir plus de seize ans. Elle s’approcha d’Elana et de Ruth en papillonant, trouvant visiblement dans cette visite une source d’admiration. Elle semblait prête à se plier en quatre.
« C’est très facile. Comme en Magna, vous entrez dans l’eau pour vous nettoyer. Moi je vous apporte les sels de bain, les linges et un change. Je prends vos tenues que j’emmène auprès des corvées de blanchisserie. »
Ruth fixa Elana, hésitante, celle-ci avait la même question en tête. Elle demanda finalement :
« Et combien de temps pour récupérer nos affaires ? »
« C’est rapide. Nous les passons au feu à la suite. Vous les aurez à votre sortie du bain si vous prenez le temps. Je peux mander Candide pour vous occuper, si vous voulez vous distraire... »
Un sourire malicieux se dessina sur le visage de Padilla. Elle avait envie de rire. Ravix, avec son air des plus tendre et extravertie, dissimulait peut-être un volcan. Ruth avait soudainement envie de la tester un peu. Elle fixa sa collègue pour lui faire la traduction directe.
« Elana, Cette jeune Natus te propose un homme. »
« Ou femme...selon votre convenance. »

Le travail avait donc comme synonyme le mot corvée. Cela était péjoratif maintenant dans les bouches des terriens, signe qu’on n’avait aucun plaisir à réaliser cette tâche, mais vu le comportement de cette adolescente, cela semblait être tout le contraire. En tout cas, cette Zetah (qui au passage avait un joli patronyme) se languissait de voir des Atlantes… amusant comme constat, jamais, Elana n’aurait pensé qu’on pouvait se languire de rencontrer des Atlantes. Et cela était à la fois appréciable, gênant et étonnant. Ils étaient vraiment vu, comme des personnes particulières.
En tout cas, elles allaient être servie comme des reines, affaire propres, linges et savons (enfin sels de bains) à disposition… il avait de quoi pleurer de joie vu ce confort.

Oui, vraiment, après ces deux jours à vadrouiller dans des conditions affreuses, être ici était comme être dans un palais royal. Ainsi, quand la jeune femme leur proposa des candides pour les distraire, Elana ne pensa pas vraiment à une distraction d’ordre sexuelle. Enfin, elle n’avait pas vraiment intégré ça. A l’heure actuelle, elle ne désirait qu’une chose : rentrer dans cette eau chaude et fumante.

La française tourna un regard vers Padilla et son petit air malicieux… un homme ? Mais pour faire quoi ? Puis, elle réfléchit et elle percuta. Elle avait entendu les soldats parler de l’hospitalité des Natus et notamment des… ah oui Candides, cela lui revenait maintenant. Elle aurait dû s’attendre à ce genre de petit service bonus. Elle n’avait pas spécialement envie de s’envoyer en l’air, la fatigue et son état n’encourageait pas à des rapports sexuels… Elle ne montra aucun étonnement, juste son air apathique. Même si elle n’en pensait pas moins… on venait de leur proposer un peu de chaleur humaine, comme ça, sans aucune arrière-pensée perverse ou même sale. Comme si cela était normal, au même titre que proposé aimablement du linge propre pour le bien être des “clients”. Sur le coup, elle avait vraiment l’impression d’être dans un autre monde. et ce monde était bien plus respectable que le siens.

« Qu’est-ce qui te tente ? » renvoya t’elle avec un rictus au coins des lèvres. Elle avait bien cet air taquin sur le visage de l’ex officier et elle comptait bien lui rendre son petit jeu, surtout dans cette situation. Cela avait un côté gênant de se faire prendre dans le bain que vous partagiez avec une amie. Ainsi, qu’un côté voyeurisme.

Ruth secoua la tête.
« Tu fais ta malpolie...pour la peine, je te prive des bons produits locaux. »
Puis elle s’adressa à la jeune Natus.
« Ca me ferait plaisir d’obtenir les soins d’un bon masseur. Je ne veux pas d’un homme trop charpenté, quelqu’un de stature classique, plutôt beau garçon et qui saura faire quitter toute cette fatigue de mes épaules. »
« Telle description renvoie à l’image de Morlain. C’est courageux coursier. Nul ne le suit à la longueur. Mais il n’est point Candide... »
« Adressez-lui un message. Dites-lui que nous l’invitons avec plaisir. » Conclu Ruth avec un sourire de contentement.

Elana pouffa à la réflexion de Ruth. En tout cas, Padilla savait ce qu’elle voulait, la description était vraiment précise.
« Eh bien, tu fais ta reine à demander ce qui n’est pas au catalogue local. » la taquina t’elle.
« Tu as encore des choses à apprendre sur la base du relationnel diplomatique. » contre attaqua Ruth sur le même ton de taquinerie.
Elle se pencha au niveau du bassin et, d’un petit geste de la main, elle lui envoya un peu d’eau pour lui éclabousser le visage.
« En acceptant cette petite attention de leur part, je leur fait honneur. Je montre de l’intérêt à l’égard qu’ils nous portent. Le refuser, c’est se moquer en partie de leur hospitalité que nous tenons, sans nul doute, de la réputation du Capitaine... »
Elana hocha la tête, oui elle était loin de connaître toutes les ficelles de la diplomatie et elle était tout aussi loin de penser qu’un refuse compagnie d’un homme ou même d’une femme allait être mal prit. « J’en prend note… majesté » et elle lui balança un peu d’eau en échange avec un petit rire discret.

La jeune duelliste était ravie. Elle laissa les deux jeunes femmes se dessaper, le temps pour elles de se glisser dans l’eau tiède, puis elle disparut avec leurs affaires en laissant armes et communication. Ruth n’avait pas menti en disant qu’elle était pudique. Elle s’était plongée en se couvrant les parties intimes de ses mains avant que l’eau ne puisse rendre la vue moins précise sur ses attributs. Elle se positionna contre la paroi en bois et pencha la tête en arrière, poussant un long soupir extatique.
« Je crois que c’est la première fois que j’apprécie autant un ba... »
// Eversman pour Atlantes. Il faut que je vous voie. Maintenant. //
Le regard de Ruth s’arrondit et resta sur sa collègue avant qu’un cri de frustration n’éclate. Non, pas maintenant ! Pas au moment où elle pouvait enfin se poser et profiter d’un bon bain ! Et puis cette voix sèche et autoritaire du mec qui envoie la politesse au trou parce que la colère excuse tout. Ce n’était pas force de l’avoir motivé pour essayer de passer ces portes. La jeune femme s’en trouva passablement excédée et elle râla ouvertement :
« EVERSMAN !!!! ESPÈCE DE BOULET !!!!! »
Ruth enragea.
« Rita lui aurait fait payer tellement cher ! Quel dommage qu’elle soit pas là pour refaire son éducation. Attends, Elana, ne sort pas ! »
Elle prit le temps de se calmer pour reprendre un aspect plus professionnel puis appuya sur son oreillette.
//Capitaine, ici Ruth, avec Elana. Devons-nous faire jonction au plus vite ?//
// Négatif. Je m’en occupe. //

Elana se glissa rapidement dans cette eau divine qui l'appelait depuis plusieurs minutes, la chaleur était parfaite, quoique un peu élevée pour elle, mais cela n'avait aucune importance. Elle avait tellement besoin de se reposer et de délier ses muscles…que la chaleur lui passait au dessus. Pour ne pas gêner sa colocataire de bain, elle avait fait en sorte que son regard soit sur un point précis, sans toiser Ruth un seul instant. Enfin, tant qu'elle n'était pas totalement immergée.

Elana sentait son corps s'amollir comme une guimauve bien faite… un pur délice et l'odeur des sels de bain, apportaient un côté floral et minéral à l'eau… un savoureux mélange qui sentait le propre. Mais, ce doux moment fut ponctué par la voix si appréciable du ranger… tout comme sa collègue, la française, laissa échapper un grognement/cris d'immense frustration. Qu'avait-il encore le bichon ? Allen, allait le rejoindre pour lui annoncer le résultat de sa négociation Natus, il ne devrait plus être cantonné aux remparts normalement…Donc, il pourrait les rejoindre sous peu… et puis c'est quoi ce ton ? Il ne pouvait pas genre : spécifier le pourquoi (la politesse n'est pas sa plus grande vertu), il demande une entrevu à tout le monde ? Elle ignorait si c'est la frustration mélangée à la colère qui lui donnait cette impression, mais elle avait la sensation d'être hélée sur le même ton qu'un chien qui a fait une connerie. Et en conséquence, elle ne pouvait qu'approuver les dires de Ruth.

La raison, lui fit dire qu'il avait surement une raison, bonne ou non, cela elles le verraient une fois sur place. Dans un grand soupir Elana comptait se lever, alors que Ruth lui indiquait la sentence qu'aurait fait l'italienne… oh oui, Rita aurait fini par le castrer pour lui apprendre à être polie… en tout cas, elle se remit dans l'eau suite à la fin de la phrase de l'ex-officier. La réponse du capitaine était égoïstement agréable. Elles n'auraient pas à se bouger, remettre des affaires sales et cavaler dans la nuit pour rejoindre Matt. Elle en était satisfaite sur le coup. Elle se détendit, en se laissant glisser jusqu'à la nuque dans l'eau.
« Parfait… je n’avais aucune envie de quitter ce bain. Tu penses qu’il a reçu une nouvelle livraison de pizza ? » Après tout il faisait nuit et il avait reçu deux pizza empoisonné à ce moment-là.
« Vu sa façon de brailler comme un âne... » grommela Ruth.
« Ouai… il a dû recevoir une nouvelle photo de ses exploits de Don Juan.» Elana soupira, fermant un peu les yeux avant d’ajouter : « Enfin je ne suis pas mécontente que la capitaine s’en charge. Je ne tiens pas spécialement à découvrir une autre révélation amoureuse. »
« C’est sa vie privée. Mais Calahan en profite pour enseigner une leçon de base. »
Vie privée ou non Elana n’était pas friande de ce genre de révélation même pour une leçon. Surtout en public.
L’intellect entendit du bruit dans son dos. Elle se retourna pour y voir un homme entrer poliment.
« Je suis Morlain. »
Coupée dans son explication, Ruth venait de passer à autre chose en détaillant le Natus. Il quittait son arme qu’il déposait contre le mur et retirait le boutons de sa lourde vareuse. La jeune femme fronça un instant des sourcils, se demandant s’il allait carrément entrer dans le bain, mais elle se rassura en remarquant qu’il se mettait tout simplement à l’aise.
« Bonjour Morlain. Moi c’est Ruth. Mon amie s’appelle Elana. »
Elle se colla le dos contre la paroi en bois, recouvrant sa poitrine d’un bras.
« Voulez-vous bien vous occuper de mes épaules ? »
Le Natus accepta immédiatement. Il prit un tabouret qu’il installa pour se tenir derrière Ruth puis débuta un massage de ses muscles endoloris. Il comprit sa pudeur et, par respect, il se tenait de sorte à ne pas avoir le regard baladeur. Le visage de l’ancienne galonnée se détendit peu à peu et elle apprécia longuement l’art du Natus.
« Tu m’envies hein ? » Envoya-t-elle malicieusement à Elana.
Au moment où l’homme avait franchit la porte, la militaire avait porté son regard délavé vers celui-ci… elle y trouva une forme d’irritation d’être dérangée, mais cela passa rapidement se souvenant qu’elles devaient de toute manière être dérangées par un natus au doigts de fée.
« Oh si tu savais … » lâcha la française qui ne l’enviait mais alors pas du tout, mais elle laissait croire que si au vu de son ton, pour ne pas gâcher leur complicité. Elle n’était pas tactile alors cela ne lui manquait pas. Cependant elle s’approcha quand même du petit couple pour s’intéresser à l’homme.
« Dit moi la Magna est comment ? » question, de but en blanc. Mais cela lui était venu, elle se demandait comment était leur lieu de vie originel, autrement que dans les fades racontars des autres soldats qui ne juraient que par l’antre des égarements.
« Je n’y suis jamais allée. On pourrait se prévoir ça pour notre prochaine permission, qu’en penses-tu ? »
Elle avait posé la question plus pour le Natus que pour Ruth, mais dans les deux cas, cette réponse lui convenait très bien.
« J’en pense que ça me va ! Tu pourras me narrer tout ton savoir ! » La française se mit à côté de Ruth, se laissant couler dans l’onde jusqu’aux épaules. Elle profitait largement de ce temps de pause, savourant chaque minutes, chaque secondes avant de retourner dans l’enfer de Calahan.

BIEN PLUS TÔT, DU CÔTÉ DE PEDGE ET MATT.


Nullement impressionnée, la texane l’aborda de façon professionnelle et respectueuse.

« Meneur Jelsok. J’aimerai avoir une discussion franche avec vous au sujet d’Eversman. Me feriez vous cet honneur ? »

Il était en train de débriefer avec la chasseresse Danne, l’officier en second du campement. Celle-ci salua Allen à la façon des Natus en lui présentant son arme puis elle s’effaça avec le même respect de rigueur pour distribuer les ordres. L’un d’eux visait à installer confortablement les Atlantes et leur offrir de quoi se refaire une santé.
Le regard du Meneur Jelsok n’était pas le même envers Allen.

« Bien évidemment l’Atlante ! Vous savez porter bons mots à oreille Natus. Il serait bien indélicat de ma part d’ignorer brave guerroyeuse que vous êtes. »
Il la toisa un petit moment.
« Eversman, voilà une bien regrettable déchéance vivante. Vous faites l’amertume de le voir ripailler au pied de mes murailles ? »

« Cela me contrarie en effet. », fit Pedge en y allant pas par quatre chemins. « Comment pourrai-je vous convaincre de le laisser s’installer avec nous, son équipe, et profiter de l’hospitalité que vous nous offrez de bonne grâce et qui a un sens pour les gens comme moi. »
« Lorsqu’il cessera de se conduire en pleutre. »

Le Meneur agita son index pour pointer la silhouette de la texane. Il s’apprêtait à la tester également pour lui montrer l’exemple de ce qu’il attendait.

« Ma fille s’appelait Evielle. Elle adorait les contes de légendes, riant des horreurs Wraiths que nous lui servions avant son sommeil. Vous avez donné l’ordre qui l’a conduite à la mort, avec toutes les autres pauvres âmes corrompus par le dévoreur. »

Il la fixa dans les yeux en attendant sa réaction.

« Et croyez moi Meneur, j’ai conscience de ce que j’ai fait et pourquoi, et jamais jusqu’à la fin de ma vie je n’oublierai ces enfants. Evielle et ceux qui n’ont pas de noms pour moi. », affirma Pedge sans ciller. Elle était sur le point d’embrayer sur Eversman, mais elle préféra attendre, ne trouvant pas le moment bien choisi pour continuer dans sa lancée. Elle regrettait que l’homme dérive sur ce genre de sujet, mais elle le comprenait aussi. Elle n’avait jamais été en Magna par la suite pour affronter les personnes à qui elle avait pris les enfants, même si au fond, elle savait que c’était avant tout Méda’Iyda qui l’avait fait.

Contrairement à ce que pensait Pedge à ce moment-là, il y avait un lien que le Meneur lui exposa. Il hocha la tête avec son air rude et son regard sévère. Ce n’était pas dirigé contre elle, il souhaitait simplement qu’elle fasse la comparaison pour savoir ce qu’il attendait du soldat déchu.
« Voilà. » fit-il simplement. « Telle attitude est une obligation élémentaire. Atlante, ou Natus, ainsi brave guerrier se doit de se comporter. Eversman doit apprendre. Il ne franchira ces portes qu’en s’habillant de ce devoir des plus anodins. Comme vous faites le votre à cette heure. Comprenez-vous ? »

« Je comprends. Je suppose donc qu’il n’a pas cherché à se montrer digne. Je vais lui en parler et je me présenterai à vous en sa compagnie. », répondit Pedge qui se demandait comment Matt s’était présenté et qu’est-ce qu’il avait pu dire… Ou quel comportement avait-il pu adopter. Ce type était une bourrique, rien ne surprenait plus Pedge de toute façon.
« Soit. Puisse-t-il faire honneur à l’attention que vous lui portez. Je vais faire prévenir la garde pour cette exception. Vous me trouverez ici-lieu. »

// Eversman pour Atlantes. Il faut que je vous voie. Maintenant. //

Le Meneur Jelsok n’ayant pas entendu la communication se déplaça après l’avoir salué de son arme. Il se rapprocha de son second pour faire circuler le mot.

Le ton impérieux de Matt tombait à pic, et cela lui donnait finalement un prétexte pour aller le voir. Pedge salua d’un signe de tête le meneur et se dirigea donc vers la sortie du fortin, espérant y retrouver Ravix et Padilla par la même occasion.



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Matt Eversman
Caporal
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√ Messages : 11473

Dim 2 Juin - 11:17

Matt Eversman

L'enfer by Calahan



C’est avec surprise qu’Eversman pénétra à l’intérieur du campement. Il se tenait pourtant prêt à sauter du divorce de manière à obtempérer aux ordres du leader s’attendant à l’entendre lui hurler de dégager de là. Rien ne vint. Il put ainsi découvrir les lieux et cela ne faisait que rendre la suite plus douloureuse. Lui montrer l’environnement plutôt sympathique auquel il n’aurait pas le droit de goûter. C’était comme tendre un verre d’eau à une personne assoiffé et le reprendre au dernier moment avant de le boire devant lui. C’était frustrant et laissait un sacré goût amer au Ranger.

C’était ainsi, il n’avait pas le choix et obtempéra. La ration et la gourde d’eau furent glissées à l’intérieur de sa veste pour qu’il puisse récupérer la couverture. Un bon point, elle n’était pas trouée de partout et semblait plutôt épaisse. Un bon point même s’il doutait d’avoir son compte côté sommeil. C’était déjà mieux que rien. Il avait passé la dernière en calbut donc ça ne pouvait qu’être mieux.

« Je vous suis. » Déclara-t-il aux gardes Natus qui venaient de lui ordonner de quitter les lieux. Le pestiféré qu’il était fut conduit jusqu’à l’entrée du fortin, les portes se refermant juste après son passage. Le message était on ne peut plus clair, il n’était pas le bienvenue à l’intérieur. Après un soupir, Eversman inspecta visuellement les alentours à la recherche du lieu adapté. Les torches montées en haut des remparts diffusaient une lumière douce, d’autres feux étaient allumés dans la pleine permettant de surveiller les alentours et d’être à l’abri d’une éventuelle attaque. Enfin pour ceux à l’intérieur, lui il pouvait visiblement crevé la gueule ouverte.

Les deux côtés étant semblables, il finit par choisir le flanc gauche parcourant quelques mètres avant de finalement se lancer dans l’installation de son bivouac de fortune. L’équipement fut posé au sol, faisant un bien fou pour le dos. Un petit feu fut rapidement allumé permettant de se réchauffer un peu et de disposer de sa propre source de lumière. Pas d’arbre à proximité alors il brûlait ce qu’il y avait aux alentours : brindilles, restes d’armement ou même morceaux tombés des fortifications. La ration fut rapidement préparée. Matt dût se faire violence pour ne pas la dévorer en une traite s’obligeant à faire des pauses entre chaque bouchée. Le repas avait beau être consistant, il avait toujours faim et n’aurait pas été contre une deuxième. C’était déjà ça, il fallait relativiser ce qu’il essayait de faire en multipliant les soupirs.

La ration désormais vide, il profita du récipient pour faire chauffer un peu d’eau et ainsi effectuer une brève toilette. C’était plus que nécessaire au vue de la crasse qu’il retira. Un peu de lessive ne serait pas de trop aussi… ça sentait le fauve là-dedans et que dire de l’état de ses chaussettes. Il devait pouvoir réveiller un mort avec l’odeur qui s’en dégageait. Le répulsif pour ne pas se faire attaquer cette nuit était tout trouvé. Le précaire uniforme et les rangers constitueraient le restant de la barrière de protection.

La couverture fut transformée en sac de couchage dans lequel il se lova prenant avec lui armes et munitions pour éviter tout vol. Il avait un peu l’impression de retrouver ses classes avec les campements précaires et les instructeurs toujours prêt à voler ce qui trainait, notamment un fusil laissé négligemment. A défaut d’une femme entre ses bras, il tenait un P-90 contre lui. N’ayant rien à faire d’autre que contempler le ciel étoilé, personne à qui parler, Eversman piqua rapidement du nez. Forcément on dormait rarement bien dans ce genre de situation. Il fallait rester aux aguets tout en essayant de profiter un peu du calme pour se reposer.

Alors que Morphée l’accueillait à bras ouvert, une soudaine lueur apparut. Une sorte de flash qui disparut aussi vite qu’il était venu. Forcément il n’y resta pas indifférent agrippant la crosse de son pistolet avant de s’extirper de son duvet de fortune passant les alentours au crible. Il n’y avait rien. Pas d’hommes à proximité ou même d’agitation sur les murailles. Eversman devait se résoudre à croire que tout n’était qu’un produit de son imagination débordante. Même maintenant, son cerveau ne pouvait s’empêcher de le torturer, le priver sommeil. Un long soupir s’échappa de ses lèvres alors que le dos de sa main armée passa et repassa sur son visage. C’est là qu’il découvrit une boîte blanche et rouge, bien trop reconnaissable.

« Putain... » Jura-t-il ne comprenant pas comment il avait pu passé à côté. Maintenant, Matt ne voyait plus que ça. Le pistolet retourna bien au chaud, le cran de sécurité de nouveau en place avant qu’il n’attrape cette fameuse boite encore chaude. Cette fois, il n’avait aucun doute sur le destinataire et appréhendait son ouverture. Elle fut déposée sur les cuisses. Que pouvait-il avoir glissé à l’intérieur ? Un mot pour le féliciter pour sa diplomatie, l’ordre de pénétrer à l’intérieur du fortin ou une photo de Yin aux mains des Natus. On pouvait imaginer de nombreuses choses même si l’imagination débordante de Calahan était bien plus sadique. Après encore quelques secondes de torture nerveuse et une longue inspiration, il en découvrit le contenu.

A côté de l’habituelle pizza qu’il ne pouvait plus voir en pature, un mot griffonné “Où est votre couronne ? Mon brave soldat obéissant…” ainsi qu’une photo qu’il prit d’une main tremblante. Une jeune femme agenouillée, bâillonnée et attachée. Yin. Nouveau coup de poignard de Calahan. Plutôt bien réussi au vue de la réaction du Ranger qui sentit immédiatement la haine montée en lui. Une flopée de jurons suivit alors qu’il serrait le morceau de papier dans son poing. S’il tenait ce mec en face de lui, nul doute qu’il ne serait plus reconnaissable lorsqu’il en aurait fini avec lui. A défaut de l’avoir, Eversman leva les yeux au ciel recherchant un éventuel drône qui serait en train de l’observer à ce moment précis. Nul doute que Calahan devait être en train de visionner sa réaction et il ne manqua pas de le gratifier dans le doute d’un doigt d’honneur.

Ruth avait eu beau le rappeler à l’ordre concernant la couronne, le taquet de Calahan était arrivé pour le faucher tel un mastodonte. Ce type ne laissait rien passer. Rien. Impossible de rester sagement assis dans son duvet, avaler docilement cette pizza et espérer dormir après une telle découverte. Eversman s’extirpa de son cocon commençant à effectuer les cent pas à pieds nus et en boxer. Parfois avec les mains à l’arrière du crâne, parfois repliées sur l’arête nasale. Cela dura quelques minutes avant qu’il ne finisse par s’immobiliser et ne porte une main à la radio.

// Eversman pour Atlantes. Il faut que je vous voie. Maintenant. // Lâcha-t-il sèchement. Matt resta là encore quelques instants, immobile attendant une éventuelle réponse avant de finalement se décider à se rhabiller. Il ne pouvait pas sagement rester là à attendre.





@ pyphi(lia)

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Lun 3 Juin - 20:27

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Au bout de quelques minutes, le temps pour Pedge de rallier la position de Matt, le Capitaine Allen se présenta à l’ancien Sergent Maître dégradé publiquement. Le seul qui l’avait véritablement soutenue durant la phase de mutinerie, et ça, elle ne l’oubliait pas. Elle le croisa alors qu’il se dirigeait vers les portes du Fortin, qui s’étaient refermées derrière elle.
« Eversman. », salua-t-elle en arrivant, n’attendant pas spécialement de salut de la part du jeune homme.

Le campement précaire n’était plus. L’équipement sur le dos, la couverture sous le Bras, Eversman s’avançait vers les lourdes portes du fortin, prêt à y tambouriner dès qu’elles seraient à portée. Il n’eut pas à mettre à exécution son plan, une silhouette ô combien connue s’avançait vers lui.

« Allen ? » Lâcha-t-il , surpris, oubliant au passage toute idée de salutation. Méfiant, Il ne put s’empêcher de la toucher au niveau du bras comme s’il désirait être certain qu’il s agissait vraiment d’elle et non d’un hologramme ou d’un énième piège. de très nombreuses questions émergèrent dans son esprit. L’homme resta debout.
« Qu'est ce que tu fous la ? Ou sont les autres ?. » Commença-t-il avant de finalement se reprendre.« Enfin. Peu importe. » Eversman ferma les yeux quelques instants ayant besoin de balayer le trop plein de son esprit pour se focaliser sur l essentiel. La photo fut délogée de son haut avant qu’elle ne soit mise devant les yeux d’Allen. Déjà quelque peu pliée, celle ci avait subie un mauvais moment dans le poing du Ranger. Pas besoin d’ajouter quoique ce soit. Les lèvres étaient pincées, les dents serrées. S’il s’écoutait, Matt filait à sa rescousse tel un chevalier filant en pleine embuscade pour sauver la princesse du chateau. Il n’était plus le pseudo électron libre qu’il avait pu être. Ce n’était pas à lui de décider de la suite à donner. Il se devait donc de ronger son frein, de le mordre très sérieusement et d’attendre ce qui le rongeait. Le Ranger guettait les réactions dAllen, respirant bruyamment. L’explosion était proche.

Pedge n’attendait certes pas de salut de la part du jeune homme, mais elle ne s’attendait pas à se faire accueillir de la sorte non plus. Le “qu’est-ce que tu fous là” pouvait être légitime sachant qu’elle s’était enfuie après la mutinerie, mais ça restait quand même assez familier comme façon de s’adresser à un officier supérieur. « Et toi qu’est-ce que tu fous là ? Parait que tu as pas gagné ta place pour rentrer dans le fortin. Je pensais que tu étais dans une démarche pour réparer tes erreurs passés. », observa la texane en le toisant franchement. A peine eut-elle le temps de finir sa phrase qu’elle se retrouva avec une photo sous le nez. Pedge se souvenait de Yin, pour l’avoir croisée sur le théâtre du Boc.
« Je vois... », fit-elle d’un air perplexe. Elle supposait que ce n’était pas une archive personnelle d’Eversman et de ses fantasmes sexuelles, mais bel et bien un cliché envoyé par Calahan à son sbire qu’il souhaitait le tourmenter. « La photo n’est pas venue gratuitement j’imagine. Il y avait quoi avec ? Pour quelle raison est-ce qu’il la punie de la sorte ? »
« Une pizza et un message à propos de l’absence de couronne. » répondait-Il choisissant d’être honnête avec elle.
« Padilla l’a récupérée… » Il n’avait aucune envie de récupérer ce couvre-chef dont Pedge l’avait délivré un peu plus tôt mais il ne semblait d’avoir autre choix que de porter ses conneries. « Je n’ai pas respecté les termes de l’accord radio. Voici la réponse de Calahan. » Reprit-il en agitant la photo devant ses yeux.
Pedge fit fonctionner son cerveau. Cette situation
était complexe et ambigüe, et elle se déroulait sur deux tableaux. L’un Atlante, et l’autre Natus.
« Ok ok... », fit-elle en réfléchissant un peu tout en faisant quelque pas. Elle s’immobilisa. « Bon. Voilà comment je vois les choses. Tu as deux options. » Pedge leva un doigt : première option. « Tu remets cette couronne et tu attends que l’orage passe pour Yin. » Le deuxième doigt se leva : deuxième option. « Tu assumes tes actes devant le Meneur et les Natus, et tu récupères Yin. Un moyen de pression en moins pour Calahan qui sera bien frustré, et la couronne reste sagement en dehors de ta tête de peureux. » La vision de la vie d’Allen. Blanc ou noir.
Eversman l’écouta attentivement, essayant de se calmer, de ne pas s’enflammer et par conséquent ne pas tout envoyer balader. C’était la facilité de tout envoyer en l'air, celle qui choisissait toujours et résultat il avait été dégradé et humilié devant toute l’expédition. A plusieurs reprises, la bouche s’entrouvrit près à lui répondre avant de finalement hésiter et se taire. Allen n’était pas tendre mais elle avait le mérite de ne pas prendre de demi mesures.
« Yin ne mérite pas un tel traitement… Il faut que j’assume. » dit-il, la déglutition difficile et le regard baissé. « Par contre je peux pas retourner la bas, pas sur Magna. » Le regard dévia sur son avant-bras meurtri, la solution radicale qu’il avait tenté.
« Pourquoi ? », demanda-t-elle de but en blanc.
« et toi ? Tu as déjà remis un pied là bas depuis ? » répliqua-t-il du tac au tac.
« Parce que je n’ai pas eu le temps, pas pour d’autres raisons. Je pensais que tu allais mieux ? C’était du flanc ? », répondit-elle sur la même lignée que depuis le début de la conversation.

Pedge savait appuyer là où cela faisait mal et forcément cela ne le laissait pas sans réaction, lui faisant relever les yeux vers elle pour lui adresser un sombre regard, l’avant bras toujours serré.
« Magna a changé ma vie… cette mission, cette guerre. Ça a été le début de toutes mes conneries. trop de mauvais souvenirs y sont liés… Je ne veux pas retourner la bas. » Lacha-t-il avant de soupirer. « J’ai déçu tout le monde la bas… Il me prenait pour un héros. La blague… »

« Et du coup en te planquant, tu te dis que ça va arranger les choses... », observa-t-elle en laissant flotter la fin de sa phrase.
« Ca ne les empirera pas… C’est déjà pas mal. » Répondit-il en haussant les épaules. L’estime de soi légendaire du Ranger battait de l’aile depuis quelques temps maintenant. Là où il aurait fanfaronner ou répondu avec arrogance, il recherchait désormais plus la fuite ou l’aval d’un autre. Il soupira de nouveau jetant un regard sur cette Natus ligotée et bâillonnée, elle ne méritait rien de cela.

« C’est vrai que de ce que je vois, ça ne les empire pas…. Maintenant ils laissent ce tordu infliger ça à une des leurs. ». Pedge soupira. Elle reprit une contenance plus rigide. « Alors maintenant, tu arrêtes de faire ta fiote, et tu vas te comporter comme un ranger, parce que là j’ai plutôt l’impression de voir un gars des SEAL. »
« Tant que c’est pas un mec des Bérets Verts. » Répliqua-t-il en levant les yeux vers elle. Le duel Navy / Army même a des années lumières de la Terre était toujours présent et vivace. Il finit par soupirer. « Qu’est ce que tu attends de moi ? Je vais pas mentir au meneur en lui promettant d'aller là bas. »
Pedge ne releva pas la boutade. Elle était dans un autre état d’esprit que le sien. Elle était là pour le recadrer, pas pour plaisanter. Quoiqu’il en pense, il restait un subordonné.
« Commence déjà par être franc avec lui, et ensuite tu verras. Plutôt que de faire le type qui se sent pas concerné. Tu crois que tu es là pour quoi ? Pour esquiver ou pour encaisser toutes les merdes que tu as faites et les effacer ? Ca passe aussi par là, et c’est pas Calahan ou moi qui allons te mâcher le boulot. Tu vois Yin, ben c’est pour te forcer à aller dans cette voie par le biais de quelque chose qui te tiens par les couilles. Essaye de le faire toi même c’est plus gratifiant. »

Et bim le recadrage. Ce n’était jamais plaisant de se prendre une petite gifle dans le visage, de se voir remis en place. Certains auraient pu dire que cela l'était encore moins de l’être par une femme mais ça lui était complètement égal. Il n’y avait pas de différence dans ce genre de moments. C’était même plus elle qui les portait, plutôt que lui dans un moment pareil. Allen ne lui proposait pas une solution clé en main, il lui faudrait se débrouiller avec ce meneur. Eversman avait l’impression d’avoir déjà été franc avec lui et les résultats n’étaient pas glorieux. Lui seul pourrait retirer toute la merde qu’il avait accumulé aux fesses.
Il lâcha un énième soupir avant de lui adresser un geste vertical de la tête.
« Ok, ok…. J’essayerais de lui parler. » Ce n’était pas de gaieté de cœur qu’il prenait l’initiative. Il ignorait même si ce type souhaiterait encore lui adresser la parole. La photo fut rangée à l'intérieur de son haut, il valait mieux garder cela pour eux pour le moment. Du moins éviter qu’un oeil Natus ne tombe dessus. Il abandonnait ainsi les envies de poursuite immédiate, de vengeance aussi par la même occasion. La photo rangée, il se baissa pour récupérer la pizza désormais plus que tiède. Autant il pouvait avoir faim, autant il n’avait aucune envie de s’enfiler une part. Ce qu’il avait envie importait peu, il avait ses instructions de Calahan et se devait donc de la manger.

« Un morceau, Chef ? » Finit-il par proposer. Cette conversation aura au moins eu le mérite de le faire redescendre un peu.

Bien sûr qu’il allait lui parler, Pedge n’en démorderait pas et surtout, elle comptait bien l’emmener directement rencontrer le bonhomme, histoire de profiter du petit regain qu’elle venait de lui insuffler.
« Ouaip, on partage en chemin, on va voir le meneur. », fit-elle en tendant la main pour prendre une part. Personnellement elle n’avait aucun problème avec le fait de manger un bout de pizza, elle aimait bien ce genre de met et elle devait reconnaître que Calahan avait une bonne adresse, qu’elle ne manquerait pas de lui demander.
La texane ne savait pas si les Natus à l’entrée avaient reçu des ordres pour ne pas laisser pénétrer dans l’enceinte du fortin le ranger aux yeux fuyants. Aussi prit-elle des pincettes quand elle approcha des portes pour ne pas risquer l’incident diplomatique.

Une patrouille statique se tenait sur les remparts. La texane entendit l’ordre simple d’ouvrir les portes et l’action se mit en branle quasi-immédiatement. Si les Natus qui se tenaient à l’ouverture restaient muets, les regards trahissaient clairement l’idée qu’ils se faisaient d’Eversman. Avec ce début de soirée, le cantonnement était très actif parmi tous les hommes au repos. Ils étaient un peu plus d’une centaine à aller et venir. Une odeur alléchante de cuisine montait jusqu’au centre du camp et les petits groupes se composaient déjà autour de jeux, de discussions passionnées ou sur de l’entretien courant de leur matériel militaire. Seul le Meneur Jelsok se tenait immobile, non loin de l’étendard dont le mât ne faisait pas plus de trois mètres, en discussion avec sa seconde. Il ressemblait beaucoup au type de fanion que portaient les Pugilistes Vertueuses sur elles.
Il avait dû leur être confié pour les inspirer et tenir leur moral.

Pedge ignora tout le monde. Elle se moquait bien des regards que pouvaient lancer les Natus à Eversman. Ne pas être concernée par cette animosité aidait grandement à en faire abstraction, il fallait le reconnaître. A la place d’Eversman, elle n’aurait peut-être pas eu cet aplomb là, encore que. Quoiqu’il en soit, elle repéra rapidement le meneur Jelsok, et comme elle était bien décidée à retirer le pansement d’un coup sec et tout de suite, elle entraina le ranger vers ce dernier. Son regard bien que fixe dans la direction qu’elle avait choisi, percevait les détails de la vie quotidienne qui s’étalait dans le campement. De se retrouver là parmi tant de Natus dans une ambiance collective lui fit prendre conscience que Namara lui manquait. Elle l’aurait bien revu histoire de prendre des nouvelles. Toujours est-il qu’elle arriva à la hauteur du meneur et de sa seconde. Poliement, elle attendit que la discussion prenne fin, tout en restant positionné dans un angle suffisamment clair pour laisser penser au meneur qu’elle souhaitait s’entretenir une nouvelle fois avec lui.

Le Meneur n’avait pas loupé cette arrivée mais il poursuivit son dialogue. Un nouveau problème sur leur frontières avec quatre individus s’y frayant. Le chef lui fit un signe de tête, validant les ordres qu’il venait de lui donner et la chasseresse s’en alla rapidement non sans avoir glissé un regard en biais vers le ranger.
Le Meneur Jelsok observa le jeune homme, un peu plus raidi, et adopta la même position lorsqu’ils s’étaient parlés la dernière fois. Droite, la main sur le pommeau de son arme, le regard sûr.
« C’est étonnant de se voir confier une deuxième chance par votre inverse, l’Atlante. J’ose croire que vous ne la gâcherez pas... »
Pedge était tentée de demander des informations que les quatre personnes qui flirtaient avec la frontière Natus, mais comme le Meneur entrait dans le vif du sujet directement concernant Matt, elle n’en fit rien. Aux propos de l’homme, elle tourna son regard vers l’américain. Elle le toisa d’un regard intense, le genre de regard qui dit “ fait attention à ce que tu réponds mon gars”. Pour sa part, elle n’avait rien à ajouter de particulier, préférant laisser le dialogue s’établir dans un premier temps.

La couverture avait été déposée sur l’une des tables croisée sur le chemin. La boite était encore en mains alors que le meneur était à vue. Son contenu n’avait pas été entièrement avalé. Deux bonnes parts attendues sagement, froides désormais. Autant Eversman pouvait être un goinfre autant là il avait du mal à les enchaîner. Ce Capitaine était parvenue à le dégoûter de sa pizza préférée, un exploit au goût bien amer pour lui. Ayant rapidement remarqué l’accueil délétère qui lui était réservé, Matt s’était contenté de baisser les yeux pour ne pas s’attirer davantage de problèmes suivant ainsi les pas d’Allen. Il s’attendait à ce qu’elle le quitte vers les quartiers occupés par l’équipe mais le Capitaine préférait le planter devant le Meneur Natus. Cela ne l’enchantait pas. On dirait une mère qui vient trainer son gamin fautif par l’oreille jusqu’à la maitresse pour s’excuser. Il aurait préféré botter en touche, gagner un peu de répit mais il fallait croire que cela lui était interdit durant cette manoeuvre. La boîte fut déposée sur la table la plus proche avant qu’il ne se présente face à lui. Il poussa un discret soupir tout en mettant les mains dans le dos adoptant une attitude correcte. Bien sur ses appuis, les lèvres pincées et surtout la tête droite ce qui fut le plus difficile à maintenir.

Le Meneur ne rata pas son entrée. Eversman détourna le regard quelques instants vers celle appelée “son inverse” qui le foudroya à son tour. La pression n’était déjà pas suffisante, elle en rajoutait une couche. Super le soutien ! Il eut envie de répondre d’un simple signe de la tête pour ne pas prendre le risque de le froisser à nouveau mais n’en fit pourtant rien finissant par prendre la parole.

« Je l’espère, Meneur. » Dit-il tout en enfonçant l’ongle du pouce sur la main opposée. Une deuxième chance inespérée lui était offerte, à lui ne pas tout gâcher.
« Par les Trois. Vous n’y êtes pas ! » Rétorqua l’homme. « Vous l'espérez ? Ou vous le certifiez ?!? »
Bousculé dans ses retranchements, Eversman dût se retenir de lui répondre sèchement. Faire preuve d’assurance ou de suffisance ne risquait pas de l’aider. Il n’était pas en état de fanfaronner.
« J’espère juste être à la hauteur de la confiance que m’accorde le Capitaine Allen, Meneur. »
« Eversman. Le premier guerrier à avoir apporté la preuve sur le sol Natus qu’un esprit fort pouvait combattre la corruption des chairs par le Dévoreur. » Nota le chef. Il le fixa longuement. « Vous vous êtes largement détourné de cette voie d’honneur depuis. C’est à vous qu’il fait obligation d’en porter le fardeau. Et cela débute par l’assurance. »
Aussi sévère qu’au début, le Meneur le sondait, droit dans les yeux.
« Nul couard dans mon camps. Est-ce suffisamment appris de votre esprit ? »
Eversman tiqua, forcément.
« Tant que j’agirais en lâche, je n’aurais pas ma place dans ce camp. C’est compris, Meneur. » Répliqua-t-il soutenant son regard quelques instants, pinçant fortement le pouce pour prendre sur lui. Ce n’était pas de gaité de coeur qu’il s’associait à la notion de lâcheté, loin de là.
« Donc... »
La leçon intégrée, le guerrier fouilla dans le regard de l’Atlante à la recherche du mensonge. Il n’y trouva que sa bonne volonté du moment, son désir de trouver le repos. Il allait le tester comme la dernière fois en déclarant d’une simple question lourd de sens :
« Irez-vous ? »
Non. Telle était la réplique qui lui brûlait les lèvres, qu’il se devait de contenir pour ne pas tout envoyer en l’air une fois de plus. Être honnête ne payait pas toujours. Au fil des secondes, le regard d’Eversman descendit avant qu’il ne se détourne vers Pedge Allen. Ils avaient déjà eu cette discussion, il s’était ouvert à elle et finalement ils étaient de retour au point de départ.
« Je ferais face à votre Conseil, j’assumerais mes actes mais... » Déclara-t-il d’une voix peu assurée. « Retourner sur Magna me fait très peur, Meneur. » Pas sûr que l'interlocuteur apprécie, Eversman s’en justifia donc. « Il y a un avant et un après Magna pour moi, Monsieur. J’y ai laissé bien plus que mon sang… mon génôme... » Les mains ne pouvaient rester immobile, les traits du visage aussi. Le pouce était passé en dessous de la couche de vêtement pour pouvoir se poser sur cette immonde cicatrice disposée sur son bras et qui n’était qu’une des conséquences visibles de l’après Magna. Elles avaient été nombreuses et jamais il ne s’était retrouvé aussi mal. Revenir n’avait pas été sans rechutes mais il s’en était sorti tout comme il était encore là, sur Lantia après sa radiation.

« Je… J’irais si c’est l’ordre qui m’est donné. » Finit-il par lâcher après un silence. La rédemption passait peut être par là. Tôt ou tard, Matt se devait d’affronter ses peurs, ne plus fuir. C’était ainsi s’il voulait redevenir un membre de l’expédition et non plus le lâche, le pestiféré. L’estime, la confiance se devait d’être regagné.

Jelsok ne cillait pas. Il gardait cet air revêche et autoritaire en écoutant les propos du Ranger sans dire une mot. Le regard toujours rivé dans le sien comme s’il s’agissait d’un duel de western, il attendait la suite jusqu’à ce que le silence retombe. Il ne comprenait pas cette histoire de génome ou de sang. Il voyait néanmoins le traumatisme et la fébrilité du soldat. Si c’était quelque chose de très peu apprécié, d’autant plus que ce meneur lui avait dit qu’il ne voulait pas de couard entre ses murs, il y avait là une déclaration qu’il trouvait plus affirmée et honnête que précédemment. Ca ne lui suffisait pas personnellement. Mais un regard en direction de la texane lui permit de faire un calcul simple : ça suffirait au regard diplomatique. Entre Natus et Atlante, ça passerait dans son camp.
Le Meneur Jelsok ouvrit finalement la bouche après quelques secondes d’un silence pesant.

« La peur. » fit-il d’un ton sans appel. « Est pour l’ennemi. »
Son regard dévia en direction de la jeune femme.
« C’est mieux. Faites-lui tenir serment de son verbe et il couchera sous la chaleur des couvertures Natus. »

Pedge n’était pas intervenue, et à dessein, préférant laisser Matt faire sa tambouille avec le meneur. Par contre, elle écoutait, et ses yeux papillonaient d’un visage à l’autre histoire de suivre le jeu de ping pong. Elle espérait que le ranger ne fasse pas tout capoter, surtout qu’elle s’engageait plus ou moins à lui tenir la main, ou à lui faire comprendre les enjeux. Elle ne faisait pas ça par gaieté de coeur, mais plus parce qu’elle le devait. Pedge estimait que Matt était un militaire aguerri et tout militaire qui se respecte se doit se tenir convenablement devant un officiel et faire bonne figure. Des notions qui semblaient lointaines quand on observait le jeune homme déchu.
« Eversman est un militaire, et il respecte sa fonction, il suivra sa hiérarchie. », répondit Pedge laconiquement, entendant bien remettre un peu d’ordre dans les idées de Matt et dans celles de Jelsok. Propos qu’Eversman qu’approuva d’un signe de tête.
« Voilà qui est dit ! Vous feriez bien farouche Meneuse-Duelliste à cette plate vocalise... »

Eversman s’efforça de laisser couler, de ne pas relever à la remarque désobligeante. Les mâchoires s’étaient serrées mais rien ne s’était échappé de ses lèvres alors qu’un flot mauvais lui venait en tête tout comme l’envie de lui démontrer qu’il n’était pas un faible ou le moins que rien que le Meneur l’estimait être. La fatigue intense et le manque de sommeil n’aidaient pas à relativer. Il y a trois mois, il était un des Héros de son peuple et maintenant un pestiféré notoire…Les heures de sommeil se comptaient sur les doigts de la main depuis maintenant 48h. Ils n’avaient pas été épargné par les efforts, ni émotionnellement. C’était ainsi, il devait faire avec et dirigea ses pensées sur un lit, même un simple sans trop de confort mais où il pourrait enfin fermer les yeux.

Pedge haussa des épaules.
« J’ai de bons exemples à suivre parmi les vôtres, Meneur Jelsok. », rétorqua Pedge avec une certaine forme d’humilité placide. Elle pensait naturellement à Namara. Quoiqu’il en soit, elle profita de cet intermède pour régler quelques prises d’informations, histoire de.
« Loin de moi l’idée d’écouter votre conversation, mais je pense que les quatre individus dont vous discutiez toute à l’heure sont des membres de mon unité qui ont fait sécession avec mon commandement. Pour information. », ajouta-t-elle d’un ton morne.
« Par les Trois ! Des mutins Atlantes ? » S’étonna-t-il. « Une bien belle bassesse faite à votre honneur. Mais cela n’apporte nulle justification à leurs actes ! »
Il marqua une pause.
« J’ai reçu message par vos boites à voix. La chasseresse Viane et sa soeur duelliste reviennent. Elles disent les avoir vu mener étrange rituel à flash de lumière sans tonnerre. Nul coup de feu mais flammes crépitantes. »
Le Meneur Jelsok ne savait pas du tout ce que ça pouvait signifier et comptait bien sur l’appui de Pedge, ou voir même de Matt même s’il n’y comptait pas trop, pour trouver une explication logique à tout ça.
« A découvert, elles ont abordé votre groupe qui a mandé information. Le terrain le plus riche en vie, gibiers de toutes sortes. C’est mystère que tout ceci. J’ai ordonné de cesser la chasse de vos étranges amis. »
Il acquiesça.
« Viane et sa soeur ramènent les restes du rituel de lumière...elles franchiront les portes dans quelques unes de vos heures. »
« A flash de lumière... », répéta Pedge perplexe. Elle jeta un coup d’oeil vers Matt. Ce dernier n’en comprenait pas davantage et le lui signala d’un geste négatif de la tête. A part des flashbang, elle ne voyait pas ce qu’ils pouvaient faire d’autre, encore que si la chasseresse n’avait pas entendu de détonation, ce ne pouvait pas être ça, ou alors elle devait vraiment changer de fonction car elle était sourde cette Viane. En tout cas, Pedge était maintenant convaincu que les quatre larrons utilisaient leurs compétences pour survivre et parvenir à leur fin : retrouver Brass.
Pedge ne leur laisserait pas cet honneur.
« Je serai curieuse d’observer ces restes. », avoua Pedge après un instant de réflexion. Il fallait faire un truc au niveau des communications, mais avec toutes ces conneries, elle ne se souvenait plus de quoi exactement et cela la contrariait vivement. Elle ne pensait pas demander à Matt qui n’allait pas s’en souvenir de toute façon…. Ruth serait plutôt la bonne personne pour cela.
Toujours mains dans le dos et le regard baissé, le Ranger fouillait dans ses souvenirs. L’autre groupe avait fait sécession mais demeurait toujours dans la partie avec leur fuite. Ils souhaitaient récupérer le Sergent mais aussi attaquer Calahan. Il ignorait leur stratégie néanmoins un élément lui revint en tête.
« Mon Capitaine. Il me semble que Will avait évoqué une liaison montante. J’ignore ce que cela peut être.... » Il doutait que l’information leur soit utile, ils ne possédaient pas de compétences techniques poussées néanmoins il la partagea. Pour une fois qu’il s’était montré attentif.

« Votre verbe est d’un tel complexe lorsqu’il s’agit de vos machineries que j’en prends migraines absurdes. Cessez de vous torturer l’esprit. Prenez votre répit, mangez. Je vous ferais avertir dès l’arrivée de Viane pour votre enquête. Quant à vous ! »
Il tourna son regard sur Eversman.
« Tâchez de vous tenir en homme si vous ne voulez goûter à l’hospitalité de mes cachots. L’honneur de votre Meneuse ne vous protégera pas du courroux Natus si vous manquez à votre devoir. »
« Oui, Meneur. » Répondit-il aussitôt lui assurant d’une attitude des plus correctes. Eversman n’aspirait qu’à un peu de repos et ne comptait pas faire de vagues adoptant une attitude sobre.
Pedge opina du chef. Elle fit un petit signe de tête à Matt, signe qu’elle appréciait son initiative quant aux dires de Will. Elle la gardait sous le coude pour en reparler plus tard avec Ruth.
« Merci meneur Jelsok. », ajouta Pedge de son ton morne, ne cherchant pas à le retenir plus longtemps.

Peu de temps après, le Meneur du camp dépêcha l’un de ses aides pour guider Matt et Pedge. C’était un tirailleur borgne qui donnait tout l’air d’un vétéran. Il les salua respectueusement, étant un peu moins jouasse en passant à Matt. Puis il les emmena. Leur expliqua rapidement qu’ils pouvaient se restaurer à la cantinerie qui se trouvait sous le préau, là où une bonne cinquantaine de Natus dinaient déjà, avec une camaraderie joyeuse, sur de longues tables rectangulaire.
Il présenta ensuite la maison de rocaille ordinairement prévue pour les médecins de passage comme Isia “la tempétueuse” ou les psychologues, rappelant qu’il s’y trouvait dans l’arrière salle un dortoir de six lits déjà apprêtés pour eux. Puis le bâtiment rectangulaire qui abritait les bains. Elana en était déjà ressortie, accompagnée de Zetah qui lui faisait également la visite guidée. Puisque sa tenue n’était pas encore revenue de la blanchisserie, on lui avait donné comme pour Ruth une toge d’un tissu blanc qui rappelait les femmes de la grèce antique.
Pedge, Matt et Elana se rencontrèrent donc aux abords des bains. Ruth avait pris une autre direction en laissant à sa collègue l’information. Elle s’était rendue dans le bâtiment de commandement du Meneur pour remettre à jour la carte tactique. Comme toujours, Ruth ne voulait pas n’avoir rien à apprendre au Capitaine lorsqu’elle viendrait la voir.


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Lun 3 Juin - 20:35

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


C’est avec un soupir d’aise qu’Eversman délaissa l’équipement, le posant délicatement au pied du lit qu’il s’était choisi. A défaut d’un gilet tactique, les différents objets avaient été attachés, accumulés à certains endroits du vêtement sur-mesure. Résultat, il lui fallut deux bonnes minutes avant de s’être séparé du matériel notamment les derniers chargeurs bloqués par l’élastique de son boxer. Rien ne valait un bon treillis et un gilet tactique pour éxécuter les missions dévolues à un militaire. La tenue improvisée était loin d’être pratique, peu respirante et agréable. Il mourrait de chaud à l’intérieur. L’espèce de poncho fut agrippé par le col avant d’être finalement extrait après pas mal de résistance. Malgré le brin de toilette primaire faite à l’extérieur du camp, ça sentait forcément le fauve après deux jours d’efforts ininterrompus. Une douche, les dents et au lit !

Il attrapa le haut avant de prendre la direction des bains, ça s’imposait après tant d’efforts et pour ne avoir à dormir à l’extérieur du dortoir.

La française avait quitté les bains avec une forme de lassitude… ce passage avait donné à son corps le droit de se reposer et celui-ci réclamait qu'elle aille s'effondrer quelques parts pour prendre le repos tant attendu. De plus il faisait bien sombre dehors…elle salua Ruth l'informant qu'elle ne devait pas trop tarder pour dormir… avant de suivre le Natus. Elle peinait à écouter la visite faite par ce charmant coursier… elle se concentrait un peu plus, pour bien visualiser les différents chemins menant aux bâtisses importantes et surtout pour ne pas se perdre. Elle avait horreurs de ne pas savoir où aller et surtout – et cela elle ne l'avouerait jamais- elle redoutait de se perdre quelque part. De se sentir benêt, ou moquer par des œillades amusées en la voyant chercher désespérément son chemin. Une expérience qu'elle avait vécue plusieurs fois jeunes, surtout quand elle avait eu son permis de conduire, un peu trop sûre d'elle, elle avait fini par s'arrêter et appeler en pleur son père pour qu'il vienne la chercher et surtout la sortir de ce fichu lotissement à 5 kilomètres de sa destination finale !

Sur le chemin, elle croisa le capitaine, lui demandant si elle avait besoin d'elle ou de quelque chose en particulier. Dans le cas échéant, elle s'en occuperait immédiatement, sinon elle lui demanda la permission de prendre un repos bien mérité.
Pedge lui confirma qu’elle pouvait prendre du repos et qu’elle ne manquerait pas de la réveiller le moment venu afin de se remettre en route. La capitaine ne s’attarda pas sur la toge blanche qui drapait ses formes, se doutant que les Natus étaient passés par là pour lui laver ses fringues. Elle s’enquit du lieu où se trouvait Ruth et laissa Elana allait se reposer.

Contrairement à Ruth et sa pudeur, la française n'avait pas de problème spécifique avec ça et la tenue fluide digne de la Grèce antique… celle-ci, lui procurait une sensation de liberté tout à fait appréciable. Quand ses affaires furent à nouveau propres, elle se dirigea vers le dortoir, pour les enfiler et tâter un peu son sommier. Elle avait retiré sa veste et elle se trouvait en débardeur ébène sur le meuble. Il ne fallut pas longtemps pour qu'une silhouette pénètre dans le lieu.
« Tu vas bien ? » demanda t’elle directement au ranger.
Cette voix familière attira l’attention de l’aspirant qui cessa de regarder aux alentours pour focaliser sur son interlocutrice : Elana, les cheveux encore humides. Il plissa légèrement les sourcils, peu habitué à la voir prévenante avant de finalement afficher un sourire malicieux.
« Oui. J’ai hâte de plonger sous l’eau chaude. ». Une douche ou même un bain chaud, c’était du grand luxe en pleine manoeuvre. Il hissa légèrement le haut qu’il avait en main. « Tu sais où il y a un coin où je peux nettoyer ça ? » A défaut d’un treillis, il aurait un haut un peu plus propre.
« Tu donnes tes fringues aux Natus du bain et ils vont les laver. » dit-elle de son ton habituel. « Les bains sont bien chauds, fait gaffe a ne pas te noyer. » lui lança t”elle avec un rictus au coin des lèvres.
« Tu appelles ça des fringues toi ?!. » Répondit-il avec un sourire. Il doutait qu’on puisse laver ce genre de trucs mais bon il n’avait rien à perdre.
« Mais merci pour les conseils. J’espère qu’ils font des location de bouées. »
« Ils en ont la fonction. Sinon les Natus ont de jolie robe blanche si tu préfères. » Elle venait d’imaginer Matt dans l’une des toge et cela la fit un peu rire. Il aurait presque l’air sage ainsi vêtue. Un petit rire simple qui continua rapidement après la seconde phrase du ranger. « Tu rêves ! Par contre tu as des maîtres-nageurs. » elle s’étira l’épaule droite.
« Parfait alors ! . » Répondit-il en haussant les épaules restant sur le ton de la conversation.
« Au fait Caporal, tu es même pas étonné de me voir ici ? A croire que je ne t’ai pas manqué ! » Demanda-t-il passant son chemin en la bousculant gentillement d’un coup d’épaule.
« Non, je ne suis pas étonné. Je ne doutait pas un seul instant que la capitaine allait te faire rentrer dans le camp. » elle encaissa bougea un peu de quelques centimètre en grognant. Elle lui rendit son coup d’épaule de manière bourrue.
« Par contre, je suis déçue j’aurais bien mangé un peu de gras avant de dormir. » Une manière comme une autre d’aborder le sujet, même si elle n’est pas bonne en communication.
A l’évocation d’une pizza, ce fut la douche froide pour le Ranger qui s’immobilisa tournant lentement la tête vers elle. Cette fois, il n’y avait plus qu’aucune once d’amusement chez lui et les traits étaient devenus plus durs. « Il y a eu une nouvelle livraison, Caporal. Il me faut récupérer la couronne et... » Il marqua une hésitation, baissant les yeux avant de finalement lui avouer. « Et Calahan a mis à l’oeuvre son plan me concernant. » Il valait mieux éviter de parler du sort d’une Natus ouvertement.

Elana avisa la tête du ranger… sujets donc très sensibles ; il avait eu le droit à une petite nouvelle de Calahan bien piquante des oursins. La couronne était facile à trouver Ruth l’avait et ce n’était pas faute de l’avoir prévenu mais il avait refusé de la reprendre. Quand a la Natus, le capitaine avait donc les couilles de ses ambitions, chose pas surprenant mais bon… cela chiffonnait toujours Elana de voir l’étendue de ses « pouvoirs » même dans une manœuvre d’entrainement. Ce mec était flippant quand même. Enfin pour en revenir à Matt, il était bien trop expressif, surtout pour les sentiments de colère… elle se demandait s’il était tout aussi facile de le lire lors d’un mensonge ou non.

Elle s’approcha de lui, mettant une main sur son épaule la tapotant. Par contre, elle était sérieuse pour la pizza, elle l’aurait bien aidé à la finir, surtout que caché dans un bâtiment Calahan ne pouvait pas voir si le ranger était aidé ou non. Enfin son geste était suffisamment parlant, pour lui marquer son soutien et sa compassion. Elle changea de sujet.
« Je vais me chercher a mangé, je te ramènes à boire ? » car il serait étonnant qu’il ait envie de manger.
« Je veux bien, s’il te plait. » Il lui adressa un signe de la tête, reconnaissant pour son attitude bienveillante et sa compassion. C’était fait, Yin était aux mains de Calahan maintenant. Mine de rien, elle lui avait fichu un petit coup au moral en lui replongeant le bec dans l’eau.
« On se retrouve au dortoir. » Lança-t-il avec un mince sourire avant d’avancer déposant ses pseudo-vêtements avant de rejoindre les bains.

Elana hocha la tête, sortant à son tour pour gagner la zone du buffet où tous les Natus profitaient d’un bon repas avec joie et rires.




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Matt Eversman
Caporal
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√ Arrivée le : 08/12/2012
√ Date de naissance : 22/01/1990
√ Gène : Wraith
√ Age : 34
√ Messages : 11473

Lun 3 Juin - 20:41

Matt Eversman

L'enfer by Calahan



L’équipement et les armes avaient été vérifié et préparé pour le lendemain. Autant Eversman pouvait être capable de mettre un bazar pas possible tant il n’était pas organisé dans sa vie personnelle, autant là tout était aligné et prêt. Ne manquait plus que la tenue pour le lendemain, les Natus lui ayant demandé un délai supplémentaire tout en lui assurant qu’il l’aurait à l’aube. Tout étant prêt, le Ranger ne se fit pas prié pour rejoindre le lit qu’il lui était attribué se lovant dans la couverture et c’est en à peine quelques minutes qu’il s’endormit paisiblement.

Il était si épuisé qu’il n’entendit pas les pas s’approcher de lui. Son instinct naturel lui souffla qu’il n’était pas seul. Mais avant qu’il ne puisse réagir, une force impressionnante retourna le lit dans lequel il se trouvait.
« Ahaaa... » Le jeune homme se sentit vriller brutalement et rencontrer le sol tandis que son matelas lui retombait sur la tête.
Quelqu’un venait de renverser le lit avec lui à l’intérieur.

Forcément, cela réveilla le Rangers. Et lorsqu’on le connaissait bougon, on s’imaginait ce que cela pouvait être quand il se levait du pied gauche. Ce n’était qu’un début.
« Qu’est ce... » Matt, qui n’avait pas été épargné depuis le début de la manoeuvre, fut accueilli d’une gifle monumentale à la volée, lui faisant apparaître quelques étoiles dans le champ de vision. Le coup le renvoya aussitôt s’assoir sur la garniture en bois de son lit retourné et la silhouette d’une duelliste au regard meurtrier se dessina au travers de son regard embrumé.

« Par les Trois, tu oses dormir ?!? » Siffla-t-elle haineuse.

Elle lui adressa un coup de botte sans violence mais passablement humiliant.

« Debout ! Vil besogneur honteux. OU EST MA PETITE SOEUR ?!? »

La natus était grande, rousse, le regard étincelant d’une assurance qui laissait à penser qu’elle n’avait strictement pas peur des conséquences en l’accueillant de la sorte. Bien au contraire, elle avait armé sa prochaine gifle pour rougir son autre joue s’il avait l’intention de répondre autrement. Il y avait un air familier sur son visage. Retirant la colère, en l’affinant un peu, la rendant plus petite et ce serait le portrait craché de Yin.
Si sa jeune amante était la douceur incarnée, celle-ci se trouvait aux antipodes en se comportant comme un requin hystérique. Elle tremblait de colère et se contenait pour ne pas refaire le portrait de cet homme qu’elle avait salement catégorisé.

« Répond. Ne me donne point raison à te faire festoyer tes propres tripes. Où est ma petite soeur ?!? »

Non mais elle sortait d’où cette furie ? Repérant le bras armé prêt à lui cingler l’autre joue, la main du Ranger se leva afin de se protéger d’un nouveau coup. Il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait, pourquoi elle lui gueulait dessus comme un putois ?! C’était qui d’ailleurs cette fille, cette malade ?! Et pourquoi venait-elle l’embêter avec sa petite soeur ? Il était plutôt long à la détente alors avec un réveil pareil… Ce qui comptait à ce moment précis était de quitter cette position de faiblesse pour lui faire face et être en mesure de se défendre. Le holster et son M9 était proche, il tendit la main pour le récupérer tout en se redressant.
« C’est qui ta petite soeur ? Qui es-tu ? »

Elle était exercée au combat. La manoeuvre de Matt ne lui échappa pas du tout et elle planta rageusement sa lance à côté du holster pour lui interdire l’approche.

« Comment Yin peut-elle porter intérêt à tel mollusque. Par les Trois ! C’est ma dernière famille et tu me l’as prise. Je suis Aréa Destya !!! »
Le holster et son contenu était hors de portée. Il y renonça pour le moment montrant les paumes dans un gage de non-violence. « Yin ? » Répéta-t-il, les différents éléments s’imbriquant enfin dans son crâne. « Tu es la soeur de Yin ? »
« Tu es la soeur de Yin ? » Mima-t-elle avec une voix débilitante. « MOLLUSQUE ! DOIS-JE AJOUTER PROCHAINE BAFFE À NOURRIR TON INTELLECT ?!? »
Le hurlement lui fait reculer d’un pas, se prenant les pieds dans les décombres du lit et manquant de peu de perdre l’équilibre de nouveau. Il n’en menait pas large, en caleçon face à cette folle furieuse et balança les informations qu’il détenait. « Elle… Elle est avec Calahan. Il la retient prisonnier. »

Le visage de la jeune femme se ferma d’autant plus.
« Quelle surprise l’Atlante !!!! M’en voilà résolument informée, plus qu’à dormir aisément comme tu le fais ! A m’en croire ignarde ! »
Elle décrocha sa lance pour la reposer près d’elle. Sa voix était pleine de haine mais aussi d’émotions et de détresse.
« Les inquisiteurs sont partis !!! Ils vont pour elle, sale traitre ! Qu’as-tu dit ? Qu’as-tu fais ?!? Comment oses-tu ! Elle pansait tes plaies ! Ton âme ! Et toi ?!? Tu goûtes la chaleur des draps Natus ?!? »
Son regard meurtrier le fusillait.
« Qu’as-tu dit ??? »
Matt en resta sans voix, la bouche entrouverte. Les Natus allaient au devant de la Médiscastre, ce n’était pas bon du tout ça ! Vraiment pas bon ! Le rythme cardiaque augmenta brusquement.
« Non. Elle mérite pas ça... » Lâcha-t-il tout en massant son crâne réalisant que Calahan mettait sa menace à exécution. Tout ça à cause de lui. C’était lui le responsable des ennuis de la jeune femme, elle n’avait voulu que l’aider et lui l’avait sacrifié pour sauver sa place. « [color=darkcyan]Tu sais où vont ces inquisiteurs ? /color] » Lança-t-il ayant subitement l’idée folle de les intercepter.
Aréa secoua la tête comme si elle recevait une provocation. Elle arma son geste pour lui en mettre une mais se ravisa au dernier moment.
« Par les Tréfonds. Où selon toi, mollusque ?!? Au camp du traître Atlante !!! Missionné à déclaration de traitrise de ma soeur ! »
Une larme de rage glissa sur son visage rouge.
« Elle a soigné en Magna. Elle a soigné en ce désert affreux ! C’est médicastre d’art Atlante renommée. Et elle va tout perdre. TOUT…. »
Elle le sonda avec dégoût.
« POUR CA ?!? Délassé dans draps Natus ?!? J’en gerbillerai ma bile de honte...honte ! »
Le poignard venait d’être inséré de nouveau dans la plaie, l’élargissant avant de bien tourner la lame pour bien raviver tout ça. ça faisait mal, bien mal ! Il n’était qu’un putain de traître, un égoiste qui avait choisi de sacrifier une bonne âme pour sauver ses fesses ! L’humiliation, la honte et surtout la colère montaient très rapidement en lui. Un cocktail explosif qu’il était loin de savoir maîtriser. Il méritait bien davantage qu’un réveil en sursaut et quelques gifles pour avoir traîné sa soeur dans les ennuis. Lui dormait paisiblement pendant que Yin attendait ligotée d’être jugée pour trahison. Les secondes s’écoulaient, Matt ne réagissait pas, mis à mal et envoyé dans les cordes du ring.
« Tu… Tu connais la localisation du Camp ? » Finit-il par demander n’osant même plus affronter son regard. Une idée lui venait en tête, un plan complètement désespéré. « On peut les intercepter… ou peut être attaquer le camp. »

Aréa secoua négativement la tête. Bien sûr qu’elle ne connaissait pas la position du camp. C’était la haine, la colère et la peur qui la guidait. La torture durait depuis si longtemps en elle qu’elle explosait devant Eversman. Les larmes roulaient en plus grand nombre sur ses joues cette fois. Elle parla d’une voix tremblante et cassée. Mais Aréa était aussi résolue que pouvait l’être une Natus mise à mal.
« Je prête serment sur mon honneur. Les Trois m’en soient témoins ! Si ma petite soeur subi foudres des inquisiteurs, nul lieu te fera refuge ! Quel que soit le temps, l’endroit ou l’effort, je te trouverai. »
Elle inspira. Sa respiration était hachurée et forte.
« Je ferai valoir droit Natus. Je te passerai au fil de mon arme en combat singulier. Je vengerai l’affront, Matt Eversman, voleur d’honneur, je te tuerai. JE LE PROMETS ! »

Une nouvelle épée de Damoclès venait de prendre place au dessus du crâne d’Eversman, rejoignant celle brandie à bout de bras par le Colonel Caldwell. Elle n’était pas semblable à la première. Celle là lui promettait un retour sur terre entre quatre planches. C'était bien différent. C’était bien la première fois qu’on le menaçait de la sorte ! La détermination et la haine de la jeune femme étaient telles qu’il ne doutait pas de ses intentions. Si la soeur était perdue, Aréa mettrait sa menace à exécution. Le pire là dedans, il ne pouvait lui en vouloir. Matt n’allait pas seulement gâcher la vie de la médicastre mais aussi celle de toute sa famille, la couvrant de honte.

Qu’elle l’achève de suite pensa-t-il baissant la tête tout en lâchant un soupir sonore. Baisser la garde n’avait plus aucune importance alors qu’il prenait son crâne en main oubliant toute consigne de sécurité. Cette folle furieuse était parvenue à exploser toute l’assurance du jeune homme dans le choix pris quelques heures auparavant. Le doute l’envahissait. Avait-il fait le bon choix ? N’aurait-il pas dû collaborer avec Calahan pour la ramener en sécurité ? Qui était-il pour choisir de sacrifier plusieurs vies pour la sienne ? Toutes les certitudes d’Eversman volaient en éclats.

Une chose était certaine : si la vie de Yin volait en éclats, s’il était responsable de sa chute et de celles de ses proches, jamais plus il ne pourrait se regarder dans un miroir. Retrouver son poste sur Atlantis valait-il ce sacrifice ? Devait-il sacrifier sa carrière, sa vie dans cette galaxie pour que d’autres vivent ? La logique aurait voulu que oui. Il en devait plus d’une à cette jeune médicastre qui lui avait sauvé la vie et lui avait apporté à plusieurs reprises du réconfort. Matt ne savait plus, tellement paumé sur les choix à faire qu’il ne remarqua pas de suite qu’il était de nouveau seul dans le dortoir. L’autre s’était fait la malle tout aussi discrètement qu’elle était arrivée laissant un bazar sans nom.

Eversman rongeait du noir, son regard avait fini par se poser sur la cicatrice imposante de son avant-bras. Ce souvenir de cette tentative ratée, de cette douleur intense lorsqu’il avait cherché à s’ouvrir le plus possible, la résistance des chairs contre cette lame de fortune, ce liquide chaud qui s’échappait… Tout lui revenait en tête. Peut être que tout serait différent s’il avait réussi. Yin n’aurait pas été inquiétée, beaucoup n’auraient pas eu à subir ces conneries…Peut être est-ce là la meilleure solution pour que chacun s’en sorte de la meilleure façon ?! De sombres pensées commençaient à s’insinuer dans son esprit. Pas question d’utiliser un vieux tesson de nouveau, il y avait des solutions plus faciles à porter. Un M9 à bout portant et hop. ça serait fini en quelques instants.

Il y avait aussi cette radio et au bout de celle-ci, le tortionnaire de Yin… Trahir ses coéquipiers pour la sauver, elle ? Il passa un très long moment à observer le dispositif de communication essayant de peser le pour, le contre. Il n’avait pourtant toujours pas de solutions après ce temps et se sentait tout autant perdu qu’au départ. La fatigue n’aidait pas, il était pourtant hors de question de fermer les yeux. Matt caressait du pouce le visage figé de Yin, sur cette photo essayant de trouver une solution, l’esprit à la dérive. Utiliser le dispositif de communication le tentait de plus en plus. Quand au contenu du message, il n’en avait aucune idée. Il ne voulait plus être un traître, il ne voulait pas non plus que Yin en subisse les frais. Il avait le cul entre deux chaises bien éloignées, prêt à tomber dans le gouffre. Il finit par tendre la main pour attraper l’appareil.





@ pyphi(lia)

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Lun 3 Juin - 20:47

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Un environnement véritablement nouveau pour Elana qui pénétrait sous ce grand préau ouvert, même si cela lui rappelait les camps de vacances dans en Auvergne. La plupart des hommes s’étaient déjà rassemblé sur les bancs qui filaient sur de nombreux mètres. Les uns en face des autres, ils dinaient en se passant leurs verres. Ils découpaient des tranches d’un pain local et mangeaient dans des assiettes en terre cuite. Le service en argile était si rudimentaire qu’il semblait avoir été fait ici.

Les rires allaient de ci de là. Il n’était pas rare que les soldats s’échangent des accolades ou des coups sur les épaules, vraisemblablement revenus d’une manœuvre assez épuisante. Ceux qui étaient restés au camp les soutenait en faisant le service. Comme une famille qui aurait accueilli celui qui avait le plus galéré, qui entrait en découvrant la table déjà prête, ils appréciaient l’attention. La française appréciait déjà cette ambiance de franche camaraderie, après tout, elle avait intégré l’armée pour être dans cette grande et belle famille. Et il était véritablement appréciable de voir des peuples aliens avec ce même principe. Elle s’était toujours imaginée qu’en venant ici, elle serait stupéfaite et trouverait les cultures étrangères bien trop différentes et où il était difficile de s’identifier … mais à cet instant, elle retrouvait un peu de familier et cela était rassurant voir réconfortant. Surtout après la dissolution de son équipe et cette journée de merde.

Là où le regard d’Elana se portait, elle y trouvait une franche camaraderie et la bonne humeur. Comme toujours, il y avait quelques comiques pour mettre l’ambiance et déclencher quelques vagues de rires. C’était, manifestement, le cas de l’un de ces types qui, dans le fond, touillait une marmite de fonte avec une loupe en bois. L’un des cuistots auquel Elana devait s’adresser pour manger.

« Par les Trois, regardez donc ce qu’on nous amène !!! » S’écria-t-il avec un regard étincelant. « L’on nous promet visite Atlante et c’est belle gueule d’Athosienne qui fait risque de son approche ! »

Il déclencha une nuée de rire bon enfant et quelques boutades sur la stature d’Elana. Boutades qui ne firent pas mouches chez elle… elle était patoise intérieurement, une faible moue sceptique se dessina sur ses lèvres. Qu’est-ce qu’ils racontaient ? Une Athosiennes ? Elle avait une gueule d’Athosien ? Dans un sens, elle n’avait pas spécialement regarder les minois de ce peuple… sauf peut-être le barman du bar qui était plutôt typé, mais elle n’avait pas la peau dorée et les yeux amande. Enfin, pour une fois qu’on ne la compare pas à quelque chose d’inanimée. Elle avait gagné cette fois, le côté « vivant ».

« Drankel ! » Fit-il avec un clin d’oeil pour se présenter.
« Caporal Elana Ravix » répondit-elle de son air morne.

Une bonne odeur émanait de son chaudron. Un bon mélange de viande et de légumes locaux mijotant à petit feu. « Alors, l’Athosienne, c’est bon plat Natus que tu viens m’arracher ? C’est que ce n’est pas offert. Par mon sang, non !!!! »
« Que les Tréfonds nous garde. Ventre trop plat pour te voler tout ton chaudron Drankel. Nous sommes saufs ! » Plaisanta un tirailleur non loin.
« Ola, les gars ! Que voulez-vous pour ce soir ? Conte de Natus ? »
« NONNNNN ! » crièrent gravement tous les Natus d’une voix unique et joyeuse.
« Conte d’Atlante ? »
« NONNNNN ! »
« Conte d’Athosienne ? »

Le rire général monta. Pas moqueur, surtout joyeux et bon enfant. Le contingent Natus attablé se mit à tambouriner de ses pieds et des couverts. Ils martelaient tout en scandant : “Athosienne, l’histoire ! Athosienne, l’histoire ! Athosienne, l’histoire !!!”.

Une sueur coula dans son dos avec un pincement, suite à cette réaction inattendue… elle n’allait pas leur raconter une histoire ? elle était mauvaise là-dedans et surtout c’est elle qui adorait en écouter…elle se sentait soudainement très mal à l’aise pour ne pas dire carrément pas à sa place. Son regard commença à chasser de droite à gauche…

Drankel rigola grassement. Il invita Elana à monter sur la table, là où quelques Natus venaient de lui faire une petite place. Pour se faire, il avait prit les devants et lui tendait la main pour l’aider à grimper à son tour devant toute l’assemblée qui lui réclamait une anecdote. Tirailleurs, duellistes, chasseresses, chef de groupe, ils appréciaient visiblement la soirée de cette sorte de bonne ambiance. De leurs cris et encouragements, ils scandaient ce nouveau surnom qui était tombé sur Elana n’importe comment. Et elle n’eut pas le choix que de montée sur cette fichue table.

« Ola, silence ! Silence partout !!! » Scanda Drankel de sa voix forte. Sa main présenta Elana dans sa toge blanche. « Voici venu le conte de vie d’la gueule d’Athosienne ! A l’écoute les amis !!! »
Le silence se fit soudainement. Les regards étaient braqués en direction de la parachutiste alors qu’ils mangeaient et buvaient sans trop faire de bruit.
« Raconte un combat... » murmura Drankel pour l’aider. « C’est bienvenue pour invité des Natus. Entendu ? »

Qu’allait-elle leur raconter franchement ? Elle regarda l’assemblée complètement désarmée devant tout ça… elle n’aimait pas spécialement être le centre de l’attention et une montée de stresse se fit sentir dans sa gorge.
« Hum… je n’ai jamais été une bonne compteuse… » grogna t’elle, avant de se dire que comme elle n’avait pas le choix autant jouer un peu le jeu et filer dans le dortoir avec le ventre plein et de l’eau pour Matt… et puis elle était lasse alors elle se laissa entraîner par cette vague de « bonne humeur ». « Une préférence ? Un peu de sang pour ces messieurs et du drame pour ses dames ? »
« Bah ! Une timorée !!!! » S’écria-t-il.

Une huée de sifflement guilleret et provocant monta immédiatement. Drankel leva les mains pour les calmer et ajouta.
« Choisis et raconte l’amie. Ce n’est point à l’auditoire de faire son choix... »

Elana croisa immédiatement les bras face à cette huée… déjà qu’elle n’aimait pas raconter des histoires… elle avait envie de se barrer et de les laisser dans leur délires. Mais ce n’était que de la frustration mélangée à de la gêne et de la fatigue.
« Dans ce cas, vous n’avez pas intérêt à vous plaindre ! » Grogna t’elle de plus belle. Elle réfléchissait quelques instantes histoires de trouver un combat. La seule chose qui lui venait en tête était cette affreuse mission chez les barbares avec son viol, cela l’obsédait encore et il était hors de question de parler de cela. Surtout qu’il n’avait rien de glorieux. Et le second combat qui lui venue en tête était bien plus épique mais… tragique. Au moins, ils en auraient pour leurs impatiences. Cependant, elle devait adapter un peu l’histoire pour ne pas parler de la terre.
« Nous étions six à être parachutés en terre ennemie, afin de récupérer des otages civils. » Commença t’elle se souvenant parfaitement de la chaleur écrasante et l’humidité collante de Guyane De simple familles qui n’avaient rien demandé, sauf à suivre le soldat de leur famille à travers le monde. Mon groupe a dû pénétrer dans une jungle étouffante et boueuse, la pluie avait fait de siennes la veille… sans parler des pièges qu’avaient laissé les terroristes pour nous ralentir ou simplement nous éliminer. » Elle ne savait pas comment leur raconter l’intensité de cette progression, les hurlements des malchanceux qui s’étaient fait prendre et la rage aux cœurs de ne pas savoir si les familles allaient être sauvées à temps…
« Quand nous sommes arrivés à leur campement… la mort nous attendait, un groupe se jeta sur nous avec violence, alors qu'on sentait l'odeur de chair brûlée et les hurlements… suite à un féroce combat, nous n'étions plus que deux, espérant que les renforts n'allaient pas tarder. Le reste du campement était vide… il n'avait plus rien… tout était ravagé par les flammes, des corps non identifié brûlaient encore … Une demi-heure plus tard, la pluie était revenue, balayant le sol d'ondes détestable, mais sans elle, on n'aurait pas vu, la trappe dans le sol… une trappe qui menait à une galerie souterraine creusée et où se réfugiait nos ennemis. Une radio abandonnée nous contacta pour nous proposer un marché, des armes contre des vies… » elle ravala sa salive, vivant en souvenir des moments racontés d'une manière factuelle. « Les renforts ne pouvaient pas nous rejoindre… mais ils avaient trouvé eux aussi une trappe à un kilomètre de là. Surement une sortie. Mon frère d'arme prit la radio pour accepter l'échange, leur faisant croire que nous étions venus avec ce dont ils recherchaient, une arme interdite par nos gouvernements, mais que nous avions au cas où… On nous avait demandé de ne plus rien laissé dernière nous après tout. Éric fit croire cela et qu'il échangerait cela contre les familles. Ils ont accepté et il s'engouffra dans le tunnel avec. Je devais monter la garde… »
Elle se tut quelque instant, sa voix si neutre avait tressaillit sur la fin et elle peina a ravalé sa salive. « Les familles sortirent, pendant que je les réceptionnais mais Éric non. Il explosa avec le reste de la galerie… se sacrifiant … pour nous … pour eux... » elle soupira descendant de la table, cela lui faisait quelque chose de raconter ça, avec moins de détails… mais elle l'avait raconté et sa main tremblait contre sa cuisse... Elle baissait le regard sur la terre et soupira. Sale souvenir que sont les combats…. Et la perte de son ami proche et frère d'arme.

Aussi étonnant que cela pouvait paraître, et même si les Natus ne comprenaient pas tout des termes employés, ils saluaient régulièrement les actions des militaires. Les propos d’Elana se ponctuaient d’exclamations respectueuses, encourageantes. Les Natus levaient parfois la main, tapaient sur la table, à croire que cette armée de regards fantôme s’étaient transportés dans l’espace et le temps pour encourager cette aventure.

Au moment où Elana descendit, affectée par son anecdote, elle découvrit un martèlement régulier félicitant l’échange. Drankel sauta de la table pour venir se saisir de son bras, là où il clama joyeusement :
« Halte là ! Seul lâche fuit la mémoire de ses frères d’armes !!! »
Il prit un verre qui lui appartenait visiblement et y versa le contenu d’une bouteille en terre cuite.
La jeune femme tressaillit se bandant les muscles dans un mouvement de défense. Elle leva le regard vers le « tavernier » avant de se forcer à relâcher les muscles et sa mâchoire. Certes, elle n’aimait pas forcément le contact, mais cette soudaine tension était bien due au contact d’un homme sur sa chair. Elle se remit droite, saisissant le verre que lui offrait si joyeusement Drankel. Essayant de ne rien montré de sa réaction, laissant croire que ce ne fut que de la surprise. A l’odeur, il était clair que le liquide translucide était une gnôle locale particulièrement forte. Le cuisto le lui fourra dans les mains avant de se servir à son tour. Tous les autres Natus avaient fait de même, pour ceux où les verres étaient encore vides, et le silence retomba soudainement sans qu’il n’ait à le demander.
« Ola Natus !!! » fît Drankel en présentant son verre. « Au salut d’Eric le Sacrifié. Honneur du brave et de la protection du faible. Puisse sa valeur nourrir nos âmes de son exemple. »
« ERIC LE SACRIFIE !!! » Tonna brutalement, avec force et un respect martial, les voix de tous les Natus.
Ils burent tous une gorgée à la mémoire de cet homme qu’ils ne connaissaient pas. Maintenant que l’histoire avait été conté de la part d’Elana, l’assemblée reprit son repas dans la joie et la bonne humeur. Ils ne semblaient pourtant pas s’en être moqué. Mais la perte d’être cher et les histoires d’honneur était un quotidien Natus. C’était de cette façon qu’ils se remémoraient leurs soldats tombés et qu’ils leur faisait honneur. La vie devait se poursuivre pour que les sacrifices n’aient pas été vain.

En toute franchise Elana était touchée de cette réaction à l’unanimité. Une boule de chaleur se fit au fond de son cœur et un rictus tout ce qu’il y a de plus naturel se dessina sur ses lèvres. Éric aurait adoré vivre ce moment, être avec de parfait inconnue, qui comprenne vos combats sans même avoir à parler longuement de chacune de leurs expériences. Elle regarda son verre, voyant que tous l’enfilait directement, surement une tradition. Elle hésita à faire de même… puis finalement pour rester dans leur culture elle but une gorgée…
« A toi : Le sacrifié » mumurat’elle. Le goût était inhabituel pour une terrienne, mais pas déplaisant pour autant. Elle le trouva à son goût, de toute manière elle avait toujours aimé les alcools bien forts. Eh bien cette manœuvre était déroutante et riche, même en relation humaine extérieur. Elana n’était pas mécontente de se retrouver dans ce camp. Elle n’aurait jamais pensé narrer un récit de combat…et surtout que son auditoire ne se fasse pas chier (du moins personne ne lui avait montré). Elle y tira une petite satisfaction personnelle et puis, parler un peu d’Éric lui faisait du bien, celui l’empêchait de penser à son nouveau traumatisme tout frais et qui attendait qu’une chose : se rappeler à son bon souvenir à chaque instant.

Drankel posa son verre en faisant claquer sa bouche, ce qui attira l’attention de Ravix qui déposa à son tour le verre en terre cuite.
« Hum ! Bien raide comme je l’aime. » Son regard se posa sur Elana. Il lui présenta les quelques écuelles à coté. Du pain s’y trouvait également. « Mon chaudron t’appelle, l’Athosienne, ne lésine pas à la louche. Mange de tout ton saoul, c’est fort bien mérité ! »

L’Athosienne… cela allait être son surnom il avait été adopté par les Natus.
« Merci. » elle lorgna sur la nourriture et déjà son ventre faisait la samba ! Un gargouillis sonore se fit entendre et elle eut une petite grimace en se le touchant… Elle ne chercha même pas à savoir avec quelle bête le ragoût avait été cuisinier, cela ne serait pas pire que de manger du chien de combat ou de la tambouille aux crins de licorne. Elle se prit une bonne part, voulant faire une réserve pour tenir jusqu’au prochain repas, celui du midi ou même du soir. Elle ne savait pas quand, elle remangerait. Dans les faits, elle préférait prendre un peu plus pour tenir.
« Je ressemble vraiment à une Athosienne ? » Demanda t’elle tout en se servant une louche de viande et de légume. Elle cherchait du regard une carafe d’eau.
« Et bien... » fit-il en la sondant. « Ce visage de pierre, a nulle amende ni gaieté, fait bel exemple d’air Athosien face à tout bon Natus. »
Il haussa les épaules.
« C’est bien première fois qu’on y scande ce surnom sans rage ni colère. N’y voyez pas l’offense, c’est simplement familiarité que nous trouvons sur vos traits durs. »

Elana conclut que les Athosiens ne semblaient pas très expressif, du moins en présence de Natus. Elle se demanda s’il avait un conflit ouvert entre les deux peuples locataires du continent… surement, mais elle ne voulait pas s’en mêler. Cela ne la regardait nullement.
« Je ne suis pas vexée. J’ai déjà eu bien pire comme surnom. » Dit-elle simplement avant de faire un léger sourire à l’homme et prendre place sur une table pour manger.




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Matt Eversman
Caporal
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√ Arrivée le : 08/12/2012
√ Date de naissance : 22/01/1990
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Lun 3 Juin - 20:49

Matt Eversman

L'enfer by Calahan



Dès qu’elle eut fini son repas, elle mit les restes là où ils devaient être et emporta la carafe d’eau avec elle. Après tout, elle avait un grognon sauvage à abreuver et ce n’est pas avec les gouttes de rosées qu’il allait étancher sa soif. Quand elle pénétra dans le dortoir celui-ci ne ressemblait plus vraiment à l’endroit qu’elle avait quitté. Il avait une touche de bordel arrangé qui n’échappa à la jeune femme. Matt était en train de prendre une radio à ce moment-là.
« Il s’est passé quoi ici ? » Dit-elle en marchant vers le militaire pour lui tendre le pichet.
Cette voix fit sursauter le Ranger qui stoppa tout mouvement et tourna aussitôt la tête dans la direction reconnaissant une Elana Ravix avec un pichet à la main. Que comptait-elle faire avec ça ? L’assommer ? il en devenait méfiant étudiant sa gestuelle quelques instants. La détente s’accompagna d’un soupir alors qu’il passait une main sur son crâne tout en constatant l’étendu des dégâts autour de lui. C’était le bordel, la Natus telle une tempête avait laissé un sacré bazar derrière elle. Il ne le constatait que véritablement maintenant. Il se redressa s’aidant de la structure du lit reposant la radio au passage sur la table de chevet.
« La soeur de Yin est passée me rendre visite. » Lâcha-t-il tout en commençant à remettre la pièce en ordre, débutant par le lit. Plutôt ses affaires vu qu’il était le seul concerné par les dégâts. L’arrivée du Caporal avait eu le mérite de l’obliger à se bouger, à penser à autre chose même si bien vite les pensées sombres revenaient, le choix crucial aussi.

« Hum… plutôt sauvage comme visite. Elle voulait quoi ? » demanda la caporale qui observait Matt s’afférer pour ranger ce bordel. Elle espérait qu’il ne lui sorte pas une connerie du genre “mon cul”.
« Ma peau… » Dit-il sans une once d’amusement continuant le rangement. « Elle aussi verra sa vie, sacrifée. Yin et toute sa famille. » Matt marqua l’arrêt pour fermer les yeux et expirer lentement. Nul doute que le feu couvait fortement à l’intérieur. Le moral vacillait sérieusement.

Entre peau et cul cela n’était pas loin, mais si même ici, ils ne peuvent ne pas avoir la paix c’est quand même grave. Elana tenait encore la cruche d’eau et habillé dans sa toge Natus, elle avait franchement l’impression d’en être une aussi. Même si Matt avait sa part de responsabilité, il avait quand même un élément de taille : Yin avait choisi sa voie et Calahan l’avait juste achevé. En tout cas, il semblait complètement déprimé et vu sa tête, elle ne mettrait sa main au feu qu’il voulait se cacher dans un coin ou même abandonné.
« Le responsable est Calahan, garde le toi en tête. C’est lui qui la tient en otage et qui te fait chanter avec ça. Si tu flanches il aura réussi et montré comme quoi tu n’as plus rien à faire ici. Alors soit tu lui montre qu’il a tort soit tu abdiques. » Elle soupira se plantant devant lui et lui tendit une nouvelle fois le pichet et lui tapota sur
l'épaule pour le soutenir. « Tiens tu m’as demandé de l’eau tout à l’heure. » Elle s’éloigna de quelques pas. Franchement, ce n’est pas maintenant qu’ils allaient dormir … « On va voir le capitaine. »


----------------------------------- MATT & Calahan


Matt la remercia d’un signe de tête attrapant le pichet pour le poser sur la table de nuit. Il soupira longuement passant une main sur son visage.
« D’abord, j’vais pisser » Prévint-il ayant l’excuse toute faite pour s’isoler. La radio avait été dissimulé sous un vêtement pour ne pas attirer les soupçons avant d’être finalement mise à nue. Matt se trouva un coin un peu à l’écart du dortoir, peu fréquenté des Natus. Il en fit le tour vérifiant qu’il était le seul sur place avant de refermer la porte. Le doute et la culpabilité ne cessaient de le ronger de l’intérieur. L’image de Yin ligotée ne cessait de le hanter. Il ne pouvait rester là sagement allongé sur le lit à attendre, maintenant que le couteau avait été remué de nouveau laissant les plaies bien ouvertes et à vif.

Les cent pas furent faits et refaits avant qu’il ne se décide à modifier le canal radio prenant alors une grande inspiration.

// Ici Eversman pour le Capitaine Calahan. Me recevez-vous ? //
// Ahhhh ! Je capte enfin votre intérêt, fiston. Comment s’est passé votre arrivée chez ces bons Natus ? J’ose croire qu’ils vous ont fait un bel accueil. //
// Très bien. // Mentit-il cherchant à aller droit au but. // Libérez Yin... S’il vous plait. //
Il y eut un petit moment de silence puis le capitaine répondit.
// Donc je peux enfin vous compter parmi mes rangs ? Je vous rend votre traînée et vous sauvez son existence ? Je reconnais votre exceptionnel courage mon garçon... //
// Yin n’est pas une trainée… Le seul à blâmer pour son comportement, c’est moi, mon Capitaine. // Lâcha-t-il appuyant son crâne contre le mur, dépité.
// Et il a fallu que je terrorise cette “pauvre” femme pour que vous en preniez conscience ? C’est d’un déplorable. Vous excellez dans la médiocrité. A un tel point que vous en êtes divertissant... //
Calahan lança une expression d’intense satisfaction avant d’ajouter beaucoup plus sérieusement.
// Vous avez refusé mon offre fiston. Vous désobéissez à un ordre direct de votre Capitaine visant à vous faire tenir cette fameuse couronne 24 heures sur 24 sur votre crâne vide. La bassesse qui vous a amené à moi...est également celle qui vous a conduit durant cette manoeuvre. Alors….dites-moi donc...pourquoi est-ce que je libérerai cette innocente victime de mon sadisme, hm ? //
Matt est à bout. La fatigue physique, la rudesse de la manoeuvre et surtout l’épuisement mental commençaient à mettre à mal les dernières défenses. Il avait le plus grand mal à raisonner, à prendre de la distance s’efforçant d’essayer de garder un cap, une idée en tête. Impossible pour lui de ne pas être affecté par le moindre mot de l’officier.
// Je suis désolé de vous avoir désobéi, Capitaine. // Il était sûr que cette couronne ornerait désormais son crâne, le prix payé avait été bien trop important. Matt aurait aimé lui dire que cela ne se reproduirait plus comme un bon soldat mais il se connaissait. La promesse lui retomberait en pleine face avec ses erreurs bien mises en valeur.
// S’il vous plait, Monsieur...Le seul qui doit payer, c’est moi. Pas elle.. //
// Voyons Eversman...j’en ai bien conscience. // fit Calahan d’une voix cruelle. // Et c’est justement parce que je vous fais subir cette impuissance que vous vous applatissez devant moi. Telle une larve rampante...parce que si l’on ne menace pas ce qui vous importe, mon petit soldat, savez-vous quelle est votre réaction habituelle envers un officier de l’USAF ? //
Les mots étaient durs, blessants. Calahan appuyait là où le bas blesse. Ce mec devait être un tortionnaire dans une autre vie tant il savait y faire, parvenant à faire céder la tête de mule d'Atlantis.
// Lui manquer de respect. Désobéir. Agir comme bon me semble… // Pas la peine d’inventer le moindre mensonge, il n’en avait pas l’énergie et encore moins l’envie. Eversman avait pris conscience de son comportement déviant. Ça lui avait été mis en face avec la douceur d’un trente six tonnes et il fallait au moins ça pour y parvenir.

// Soldat. Vous me respectez parce que je vous tiens. Et lorsqu’on ne vous tient pas, vous devenez un petit caïd capricieux. Sheppard, Frei, Allen. Combien ont dû subir vos petites humeurs ? // il ricana. // Aujourd’hui, c’est cette petite Natus qui subira le moindre petit écart de conduite. //
Il laissa sa phrase le saisir pour ajouter.
// Quand vous remonterez la pente. Et croyez-moi, je ferai tout pour que ce jour n’arrive jamais. Mais si vous vous trouvez en être digne : vous vous souviendrez de la terreur, de la déchéance de votre amante, à chaque fois que l’idée de lever le ton germera dans votre petit cerveau flétrit. C’est entendu ? //
// Oui, Monsieur. // Finit-il par lâcher après quelques secondes de silence, d’une voix presque tremblotante qui n’avait rien de l’habituelle. Nul doute que l’assurance légendaire,n’était plus. Elle battait clairement de l’aile. Les mots blessaient, bien davantage qu’une droite bien placée. L’image d’une Yin ligotait le hanter subissant à chacun de ces méfaits. L’oeil devenait humide, les lèvres étaient fortement pincées pour tenter d’en dissimuler un maximum et le poing était formé. Le point de rupture était proche.

Il entendit des pas au travers de la radio. Une porte qui s’ouvre à la volée ainsi que des gémissements saccadés d’une voix de femme. Après une friture déplaisante témoignant de l’installation de l'oreillette, il entendit quelque chose de plus. Un mélange entre le cri de détresse et un râle de supplique. La preuve qu’elle n’avait pas été que prisonnière mais également torturée psychologiquement par Calahan. Longuement, méthodiquement.
// MATTTTTTTTTT !!!!! // Scanda Yin dans un terrible sanglot. // MATTTTTTTTTT !!!!! //
Cette voix provoqua un frisson, un emballement cardiaque et un relâchement complet du corps. Les genoux venaient de flancher le faisant tomber au sol. L’image mentale de la médicastre lui vint en tête : ligotée à une foutue chaise, certainement bâillonnée quelques instants plus tôt. Le sanglot ne lui avait pas échappé, loin de là. Un nouveau coup de poignard.
// Yin, c’est moi. // Lâcha-t-il // Je suis désolé. // Répéta-t-il à plusieurs reprises.
// Je...je….JE SUIS….NATUS !!!! // Hurla-t-elle dans ses pleurs, comme si elle s’adressait à Calahan. Ce qui devait être une complainte, l’appel à la pitié pour solliciter le Rangers, prit une tout autre tournure que le Capitaine tenta de dissimuler trop tardivement.
// BATS TOI, MATTTTTTTTTT ! BATS-TOI, PAR LES TROIS ! BATS-TOI !!! //
Calahan s’écarta tranquillement. Matt pouvait entendre la porte se refermer et Yin hurler de plus belle, comme si on lui faisait payer son message d’encouragement.
// Oui, battez-vous, mon petit soldat méritant. En attendant, la brave Natus attend sagement l’arrivée des...comment dit-on déjà...inquisiteurs ? Et elle en a été que trop bien informée. Nous parlons affaire ? //
La réponse ne vint pas de suite. Eversman était KO. Les solides défenses mentales avaient finalement explosé le laissant vulnérable, faible. Calahan l’avait eu. Cet officier était parvenu à le briser psychologiquement. Matt n’en menait plus large. Il renifla à plusieurs reprises essuyant son visage humide.
// Rappelez les Inquisiteurs, Monsieur… S'il vous plait. // Finit-il par supplier.
// Pouvons-nous parler affaire ? // Répéta sèchement Calahan.
// Qu’attendez-vous de moi ? //
// Un acte de bravoure. Et de trahison au passage. Mais cela ne vous dépaysera pas. //
Calahan aligna ses cartes sur la table.
// Vous allez me coller une balle d'entraînement entre les deux yeux d’Allen. //
Il laissa filer quelques secondes et ajouta lentement.
// Pas dans le dos. Pas dans l’estomac. Entre ses deux yeux, de face. Et soyez efficace. Car si vous réussissez, je vous donne tout... //
La voix du Capitaine prenait des teintes presque amicales.
// Je le saurai au moment de l’impact. Votre amie sera déposée à vos cotés par le Dédale, les documents compromettants entre ses mains. Je garantie la sécurité du grade d’Allen et du reste de l’équipe. L’annulation des poursuites de cette Natus. La seule punition tombera sur vos seules épaules. //
Encore quelques secondes coulèrent.
// Une petite balle d'entraînement pour la survie de tout le groupe, y compris votre amante...et si vous tentez de convaincre, de manigancer une fausse exécution avec votre ancienne conquête, croyez-moi, je le saurai. Et la Natus le paiera au centuple. //

Le marché semblait prometteur, presque équitable.
Ce n’était pourtant pas une offre. On ne pouvait proposer à quelqu’un d'exécuter une personne de confiance pour en sauver une autre, tout un groupe même. Ce n'était pas acceptable sauf pour quelqu’un de désespéré. Matt l’était en ce moment même, dévoré par ses démons et la culpabilité. Devait-il sacrifier Pedge et reprendre sa place de traître pour sauver Yin ? ou devait-il rester fidèle en sacrifiant Yin pour Pedge et l’équipe ? Se sacrifier au passage ne semblait guère important. Ça risquait de mal se terminer pour lui dans tous les cas. Soit par le biais de Calahan, soit au fil de l’épée.

Toujours ce choix, ce côté où se ranger et redouter de prendre la mauvaise décision. Les secondes s’égrenèrent sans qu’il n’apporte de réponse s’imaginant tour à tour l’arme à la main devant une Pedge Allen endormie, le canon appuyé sur son front puis l’instant d’après assistant au procès d’une Yin enchainée. Les deux lui semblaient impossible, improbable. Il souhaitait faire le moins de mal possible.

// Vous voulez vraiment tester ma patience, Matt ? // Ajouta Calahan après un certain temps. // Je vous donne ma parole d’officier de l’USAF. Quel est votre réponse ? //

C’était le moment redouté : il fallait faire un choix. Cet enfoiré se fit une joie de le rappeler. Eversman était acculé, telle une bête blessée et se devait d’agir, de choisir.
// Torturer encore Yin ou tenter d’en mettre une à Pedge Allen et je viendrais moi même vous coller une balle d'entraînement entre vos deux yeux, mon Capitaine. // La balle, il se la tirait lui même dans le pied mais il ne serait pas un putain de traître. Pas une nouvelle fois.
// Votre réponse devrait me surprendre ? // Ironisa Calahan. // Vous êtes si pitoyable. Cette façon de vous fermer toutes les portes...c’est de l’art Eversman. De l’art... //
Calahan soupira.
// Très bien. Je prendrai soin de vous faire entendre les cris de votre amante quand les inquisiteurs l’emporteront. Je vous reservais un petit quelque chose pour vous convaincre de ma bonne foi. Mais je présume que ça s’applique aussi dans ce cas. //
Un petit silence tomba. Puis la guillotine.
// Calahan, terminé. //
Au moment où il coupait la radio, un flash lumineux de téléportation matérialisa un caleçon réglementaire US au sol. Quelqu’un avait brodé quelque chose sur l'arête interne. Une couture artisanale qui donnait un aspect Natus. Un seul mot : Yin.

Le sous vêtement fut fermement agrippé, les ongles s’enfonçant dans les fibres vestimentaires. Le pouce passa à de nombreuses reprises sur l’inscription.Il n’y avait aucun doute possible sur son origine. Cela avait été arraché à Yin. Comment ? Il ne préférait pas y penser. Matt resta là un certain moment, agenouillé avec le vêtement blotti contre son torse. Les termes du marché de Calahan revenaient le troubler, les sanglots déchirants de Yin aussi. Le Ranger resta ainsi un bon moment, le temps pour lui sécher ses larmes et de laisser passer l’orage émotionnel qu’il traversait. Après de nombreux soupirs, il finit par se remettre sur pieds quittant cette pièce pour rejoindre le dortoir où Ravix l’attendait.

Il lui fallait maintenant avouer et assumer ce contact avec l’ennemi. Ce n’était pas ça qui le chagrinait, le rongeait. Il espérait surtout avoir fait le bon choix.
« On peut y aller, Caporal. Je vous suis. » Le regard fut croisé quelques instants avant qu’il ne dévie.




@ pyphi(lia)

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Lun 3 Juin - 20:50

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Elana le regarda quelque minutes… il avait la vessie pleine ? Alors qu’il n’avait rien bu de la journée, même pas une once d’eau de son pichet ? Et vu son état elle était en train de se demander s’il n’allait pas faire une connerie. Elle n’aimait pas faire ça, surtout envers un membre (peu méritant) de la meute. Elle décida de le suivre à bonne distance. La nuit aidant pour se dissimuler. Le voyant s’enfermer elle se rapprocha à une distance raisonnable pour entre s’il allait bel et bien se soulager, même si bon cela n’avait pas l’air d’être des toilettes. Bref. Elle n’attendit pas longtemps avant de comprendre qu’il avait une radio et qu’il communiquait avec Calahan… avait-il décidé de jouer double jeu ?
Des supplications, des humiliations toutes plus originales et blessantes que les autres. Sans parler des cris de cette Natus… il l’avait torturé aussi ? Mais cela frisait quand même l'inadmissible, c’est un membre Natus d’un peuple allié… olalala comment Atlantis allait expliquer ça ? On nage en pleins cauchemar !

Calahan avait un don pour vous montrer la sous merde que vous êtes. Et Matt n’était que l’ombre de lui-même. Après, elle ne l’avait pas connu (et heureusement) à son apothéose de petit casse couille. Mais, elle avait de la peine pour lui, vouer à supplier un autre homme pour la survie d’une Natus. Il devait sacrément l’aimer pour mettre les deux genoux à terre. Entendre cette conversation lui donnait des aigreurs d’estomacs surtout quand le capitaine proposa l’action de cette « bravoure traîtrise »… vu l’état de Matt, Elana était certaine qu’il allait céder aux chants des sirènes… et si le faisait, tirer une balle d'entraînement entre les deux yeux d’Allen, alors son sort était jeté. Ça sera lui, qu’il allait finir avec une balle. Elle soupira. Cela ne l’enchantait pas, mais s’il choisissait la trahison, elle n’aurait pas le choix de l’arrêter.

*allez bordel dit lui de sucer un pingouin !*

AHHH ! Un rictus se dessina sur les lèvres de la para. Il l’avait envoyé chier, signant encore une vague de torture et la fin pour Yin, mais au moins, il avait montré une chose : une loyauté. Et qu’on ne négocie pas avec les tarés cela va de soi. Aussi méprisable qu’il avait pu être avant, elle devait reconnaître, qu’elle admira cette force de caractère et ce choix. Ce Matt n’était pas celui d’avant et Calahan n’aurait pas son sacrifice. Dès, qu’elle entendu cela, elle commença à s’éloigner, cela touchait la fin de leur discussion et il n’allait pas tarder à revenir. Elle s’empressa de retourner vers le dortoir où un Natus avait déposé leur vêtement propre. Elle profita de son avance, pour les enfiler. Cela était tellement appréciable d’avoir un uniforme propre qu’elle éprouva une forme de jouissance. Un sourire sur les lèvres, elle venait d’enfiler sa veste quand Matt arriva… dans un état pire qu’il y a quelques minutes. Il avait pleuré et elle savait très bien pourquoi. Plus la manœuvre avançait plus elle se demandait s’il n’allait pas falloir investir dans une petite cuillère pour ramasser les morceaux de ce soldat. Cette histoire avec Yin allait trop loin à son goût, le réalisme était poussé un peu trop… et des vies allaient être brisées pour une manœuvre qui sonnait comme être le purgatoire d’Eversman. Au final, cette manœuvre était peut-être faite sur mesure pour lui, pour qu’il montre qu’il ait un soldat d’Atlantis, qu’il se rachète face à son comportement inadmissible ? Elle se demanda ensuite si cela était aussi le cas pour les autres. Allen, pour éprouver son nouveau rang tout brillant… en réfléchissant un peu, chacun avait quelque chose qu’il devait affronter. Il n’avait personne de propre, même elle au final. Et ce n’était pas beau à voir l’enfer.

« Tiens. » Dit-elle en lui tendant un paquet de mouchoir.
« On peut attendre quelques minutes avant de se présenter si tu le souhaites. » Elle ne lui dit rien de plus, s’éloignant à la sortie, lui laissant le silence et à sa peine, elle se doutait que le moindre geste allait être aussi efficace que pisser dans un violon.

Un signe de tête fut émis en guise de remerciement puis il tenta d’effacer les stigmates de ces douloureuses minutes d’un revers de bras. Ravix n’était pas bête, elle semblait très bien avoir compris que rien n’allait, lui proposant un délai supplémentaire.
« Allons-y… Finissons-en. » Il lui fut reconnaissant de ne pas le questionner, de ne pas chercher à comprendre. Elle aurait les réponses d’ici peu de toute manière.






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Lun 3 Juin - 21:07

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Le bain et le massage de Natus Morlain avait eu le don de la détendre plus qu’elle ne l’aurait souhaité réellement. Maintenant qu’elle se sentait en sécurité, Ruth prenait la mesure de sa fatigue et peinait à garder les yeux grands ouverts. Elle sentait de la chaleur émaner de son propre visage et ses yeux lui piquer par moments. En étant attablée de sa carte et se massant la nuque tout en étudiant, elle se sentait être ce conducteur de nuit, au bord du sommeil, lancé à cent trente sur l’autoroute.

Sa robe blanche de change la dérangeait aussi horriblement. Même s’il n’y avait que le Meneur et son aide de camp dans ce grand bureau de commandement, elle avait l’impression qu’ils n’arrêtaient pas de la reluquer. Une sensation stupide étant donnée qu’elle connaissait leur culture et qu’ils agissaient généralement avec moins de sournoiserie.
Bref. Ruth ne se sentait pas à l’aise et torturé d’une farouche envie de dormir.

Elle feuilletait de nombreux parchemins. Les rangeant dans les livres associés avant d’aller en prendre d’autres dans la bibliothèque du Meneur. Mais finalement, au milieu de son travail d’analyse, elle s’accorda une pause en accueillant son visage dans le creux de son coude.
L’ancien officier ne se sentit pas partir et elle s’enfonça, à moitié couchée sur la table, son bras la dissimulant visiblement du Meneur et de l’aide de camp. Ils ne s’étaient pas intéressé à son cas, respectant même le sommeil en murmurant et évitant de racler les chaises au sol.

Quelque part, Padilla aurait préféré. Car c’est dans cette position que la trouva le Capitaine Allen, endormie entre sa carte, le calque, et quelques feuilles de parchemins contenant un mélange d’Allemand et de Latin : la langue manuscrite Natus.

Maintenant que les enfants étaient au lit, tous ensemble, Pedge pouvait vaquer à des occupations plus stratégiques, et elle comptait bien sur Ruth pour cela. Elle s’était reposée sur le Dédale, et tant bien elle savait qu’elle allait s’accorder un somme avant le matin, mais pour le moment, elle préférait ne pas se reposer. Seulement voilà, quand elle arriva dans la baraque du meneur, Padilla dormait. Comme un chat qu’elle n’était pas tout le temps (Pedge n’était pas réputée pour être des plus discrète avec son pas affirmé), elle s’approcha de la table. Elle n’apercevait que la touffe de cheveux de la jeune femme, ainsi que la courbe de sa nuque qui disparaissait dans le col de sa toge. La Capitaine la considéra un moment, tandis que les Natus faisaient tout pour ne pas la réveiller en se montrant prévenant.

Bon…

Pedge avisa le meneur. Elle s’écarta de Padilla, jugeant préférable de la laisser dormir, de lui laisser l’opportunité de faire un cycle correct de sommeil, comportant l’ensemble des phases successives.

Elle salua l’officier Natus, avant de tirer une chaise à elle pour s’installer à ses côtés, espérant ne pas le déranger. Elle montra Ruth d’un coup de menton, lui laissant comprendre qu’elle ne la dérangerait pas pour l’instant. Elle avait mérité un peu de sommeil. Elle murmura :

« Est-ce que le Capitaine Calahan s’est vue confiée une candide ? », lança Pedge tranquillement, sur le ton de la conversation.
« Ce vil pourceau a dépouillé mon camp de ma meilleure médicastre. Au nom de l’alliance, ses hommes appelaient au soin. Je suis dans l’ignorance depuis... » Répondit-il calmement.
Le Meneur trempa sa plume dans l’encrier et poursuivit la rédaction de son rapport.
« Mes filles excellent à surveiller les bois, elles s’aventurent parfois plus loin que je ne l’ordonne. Et il m’a été donné d’entendre que furieux combats s’étaient disputés entre Atlantes. »
Il inclina la tête dans sa direction, histoire de lui faire comprendre qu’il savait qu’elle était concernée par ces conflits. Il continua de chuchoter calmement, toujours affairé sur son rapport.
« L'entraînement a goût de réalité chez vous. Je n’attendais pas votre visite, même si elle m’est agréable. Le moment est mal choisi, voyez-vous. Mes hommes sont en colère et je peine à retenir leur désir d’assaillir le vil. »
Jelsok cessa de murmurer. Le temps de signer son rapport, il éventa un peu le document puis le tendit à son aide de camp qui salua respectueusement avant de s’éclipser. Le Meneur recula silencieusement sa chaise pour se tourner de quart et observer Allen. Il sortit deux verres de son tiroir ainsi qu’une fine bouteille d’un liquide transparent.
« Que savez-vous de nos commissaires inquisiteurs ? » Questionna-t-il en versant un fond d’alcool dans chaque verre comme s’il s’agissait de Whisky. Il fit avancer l’un des deux dans sa direction et prit le second qu’il huma avec une certaine habitude. L’armée Natus ne bridait pas l’alcool, il était rare d’avoir des cas d’ivresse tant ils étaient vivement sanctionnés.
En remarquant que la texane l’ignorait, le Meneur poursuivit après avoir prit une petite gorgée.
« Nous leur devons le respect le plus immuable. Ils sont garant de nos traditions, veillent à notre respect des lois, de notre nature de Natus. Mais ils ont le devoir au-delà du coeur... »
Il sonda un instant Allen avant d’ajouter.
« Ils sont partis à grand regret saisir déclaration de trahison au camp du Vil. Cela ne peut être que Destya. Cruel danger pèse sur ses épaules... » Le Meneur secoua la tête. « Aussi jeune et intrépide soit cette brave fille, ni commissaires ni frères ne peuvent se détourner du devoir. Elle s’élance à secours des Atlantes du Vil et voilà tel retour pour sa compassion : la révolte des miens tempête en leur coeur. Yin est chérie de bon nombre de Natus mais c’est catastrophe que nous ne pouvons lui éviter... »

Pedge devait essayer de garder les idées claires. Le problème avec les Natus, c’étaient qu’ils adoptaient une élocution vieillotte et ce n’était pas toujours évident de suivre. Elle opina du chef pour confirmer qu’elle était bien concernée par les affrontements entre Atlantes. Le Meneur, bien qu’en territoire non hostile, gérait bien son renseignement, et c’était plaisant à entendre.
Est-ce que les hommes étaient en colère à cause du fait que Calahan, alias le vil Pourceau, se soit emparé de la médicastre ? S'agissait-il de Yin ? Car elle était médicastre… Elle le laissait continuer pour en avoir le coeur net. Elle haussa des épaules à la mention des commissaires inquisiteurs, se demandant par ailleurs si Namara lui en avait déjà parlé ou non. Elle n’en avait pas souvenir. Le meneur continua son explication, et Pedge écoutait avec intérêt, malgré la respiration posée de Ruth qui avait tendance à la bercer un petit peu. Elle attira le verre à elle, sans le porter à ses lèvres pour l’instant. Elle laissait ses doigts entourer le verre, qu’elle pianotait distraitement sans trop considérer le liquide ambrée qui s’étalait dedans. Au final, la réponse vint d’elle-même. Les hommes étaient en colère contre Calahan d’avoir agi avec fourberie et de faire peser un danger sur les épaules de la médicastre.
« Je vois. », observa-t-elle dans un premier temps, en baissant son menton pour considérer son verre, alors qu’elle faisait tournoyer le liquide dedans maintenant. Elle poussa un soupir : « Le Capitaine Calahan se sert de Destya pour faire pression sur mon groupe. », finit-elle par lâcher en reportant son regard sur le Meneur. Elle ne savait pas s’il était judicieux de lui révéler ce genre d’information, surtout que ça risquait de mettre le feu aux poudres pour de bon. Mais après tout, Calahan jouait un jeu dangereux, et elle n’allait pas non plus l’épargner dans l’histoire.

L’officier Natus acquiesça silencieusement. Il s’en était douté avec l’arrivée du groupe dans son camp. Ce n’était pas habituel.
Une lueur dangereuse brilla dans son regard quand Pedge lui offrit cette confirmation.
« Tel acte ne l’en rend que plus détestable...il n’y a pas d’honneur chez cet être. » fit-il avant de finir son verre. « Avez-vous un plan ? Il me semble que vos hommes sont séparés, égarés. Épuisés... »
Il avait dit le dernier mot en donnant un coup de menton en direction de Ruth.

Pedge jeta un coup d’oeil à Ruth, avant de boire une gorgée du breuvage. Elle réprima une grimace en reposant son verre et répondit : « Ca fait maintenant quelques temps qu’ils sont soumis à beaucoup de pression. Quant à avoir un plan, je l’ai dans les grandes lignes, et je dois encore l’affiner. C’est pour ça que je venais voir Padilla. ». La texane préférait ne pas rebondir sur le côté détestable de Calahan. Elle partageait cet avis, avec quelques nuances et elle n’avait pas envie de centrer sa discussion sur le bonhomme.
« L’intellect a saisi nombre de document. Le journal de marche du contingent et les rapports de patrouille...je ne pensais pas voir Atlante capable de lire notre plume un jour. » Nota le Meneur. « Peut-être devriez... »

Il n’eut pas le temps de terminer que la porte d’entrée s’ouvrit brutalement. Une femme couverte de sueur, le visage rouge et les jambes flageolantes se traîna dans la salle. Le vacarme qu’elle avait causé avait fait sursauter Ruth qui la regardait avec des yeux ronds. C’était une duelliste, exténuée, à bout de souffle, qui se présenta devant le Meneur qui était resté indifférent à cette entrée. Il répondit à son salut d’un signe de tête.
Ruth se frotta le visage et se redressa pour pouvoir suivre la conversation. Elle avait encore le regard un peu hagard mais trouva le temps de faire un geste à l’intention de son officier.
« Prenez le temps de respirer Tylie, voyons. N’allez pas trépasser avant d’avoir offert votre message. »
« Certes...Meneur... » balbutia-t-elle difficilement.
Alors qu’elle tentait de reprendre son souffle, elle se sépara d’une bourse d’un tissu souple qu’elle posa sur le bureau et ouvrit délicatement. Les restes de quatre oreillettes radios calcinées s’y trouvaient. Le carbone qui recouvrait les différents organes déformés avaient tachés le cuir. Cela attira inévitablement le regard de Padilla qui trouva une place sur le coté pour observer tout ça en fronçant les sourcils.
« Leur rituel... » fit la duelliste.
« Tylie, voici leur Meneuse de combat... »
« Pedge Allen. » répondit-elle aussitôt. « Soeur de Bataille de Namara... »
« Voilà duelliste bien avisée. Allen a soif de réponses. Répondez-lui comme s’il s’agissait de moi. Entendu ? ». Pedge opina du chef gravement en considérant la jeune femme qui venait d’arriver. Elle allait peut-être avoir des réponses. Padilla s’était réveillée, c’était une bonne chose.
« Les radios des nôtres ? » voulu s’assurer Ruth tout en examinant les restes.
« On dirait bien... », fit Pedge en observant les restes des radios. Elle ne comprenait pas ce que cela pouvait bien vouloir dire. « C’étaient donc les restes de ce qu’ils ont utilisé pour leur flash blanc ? », s’enquit-elle.
« Oui, dame Allen. » répondit la duelliste en continuant de chercher une respiration plus calme. Elle s’épongea le front d’un revers de manque puis débuta son explication. Dans le même temps, Ruth avait attiré les restes vers elle pour les examiner. Elle n’avait pas demandé l’autorisation à son supérieur, évitant les politesses chronophage.
« Bérale et moi chassions. Nous avons découvert proies curieusement effrayées et porté l’enquête sur la source. Deux femmes et deux hommes, dont un blessé. Ils s’étaient réunis autour, à former cercle, quand c’est venu ! »
« Donnez vos détails. » demanda le Meneur.
Elle acquiesça.
« Une lumière vive et forte. Soudaine, comme lorsque votre ciel rage et gronde. Viens la lumière soudaine au martèlement de colère. Mais pourtant...sans bruit...nul bruit de rage du ciel... »
« Une lumière comparable à celle d’un éclair. » Fît Ruth comme si elle réfléchissait à haute voix. « Il y a eu un autre détail qui vous a marqué ? »
« Un crépitement. Comme le bois trop sec. Et des lucioles de lumières tombantes... »

Ruth prit l’un des restes d’oreillettes radio dans sa main et l’approcha de son regard pour approfondir l’examen. Elle se frotta le pouce et l’index taché par le carbone, orienta les restes pour en discerner les déformations causées par une chaleur extrême.
« Ca ressemble à un de mes dossiers. Le tout premier que j’ai eu en débutant ma carrière. » dit-elle en croisant le regard de son capitaine. « Une équipe avait pour mission de saboter du matériel qu’ils ne pouvaient plus rapatrier avant l’arrivée des forces adverses. Ils ont été retrouvé brûlé, avec les appareils de com dans le même état. J’ai eu pour mission de mener l’enquête pour confirmer ou infirmer l’hypothèse de l’emploi d’une nouvelle arme... »
Elle se tût un instant pour soupeser la radio grillée, témoignant dans ce geste une certaine certitude.
« Ils utilisaient encore les blocs radio à l’époque mais c’est exactement le même état...à la fin de mon enquête, j’ai réfuté l’hypothèse. »
Ruth plissa des yeux et reposa l’objet à sa place.
« Ils avaient été attendu en embuscade. L’ennemi a utilisé des Zats dans l’intention de faire des prisonniers. En ce temps là, les unités utilisaient encore du phosphore pour le sabotage. La charge électrique a déclenché leur charge alors qu’ils les portaient sur eux, c’est ce qui les a tué. »

L’ancien officier avait donné ces informations pour une raison précise. Mais c’est aussi ce qui l’aidait à organiser ses idées. Ruth se débrouillait beaucoup mieux en parlant, avec ou sans public, pour étudier et interpréter les informations. Consciente que son supérieur attendait une réponse, Ruth s’empressa de conclure :

« Capitaine. C’est un sabotage délibéré au phosphore. C’est un vieux principe qui n’échapperai pas à un élément du génie. C’est forcément Will qui a fait ça. »

Elle hocha la tête. Ruth retira son oreillette radio pour la regarder, comme s’il s’agissait d’un nouvel indice.

« Ils auraient pu simplement les éteindre. Ou rester sur des fréquences à ondes courtes s’ils craignaient d’être pris par le Dédale. Abandonner la radio, c’est illogique. Comme se rendre sourd. En cas d’intervention conjointe, ils seront sérieusement handicapés. »

Padilla venait au bout de son analyse.

« Ils ont préféré les détruire entièrement au phosphore. Pour être sûr que personne ne les utilise même après les avoir abandonné sur le terrain...ils ont découvert quelque chose qu’on ne sait pas...quelque chose qui les a obligé à détruire leurs moyens de communication... »

Pedge écoutait avec une certaine attention, eut égard de l’heure qu’il était. Elle se sentait lourde dans ses pensées, mais elle parvenait à tenir le choc pour le moment. Il semblait nécessaire de faire un petit somme une fois cette histoire tirée au clair. D’autant plus qu’elle prit conscience d’un froid intérieur particulièrement violent. Son empoisonnement avait reprit de plus belle, dans toute son ardeur, quasiment autant qu’au cours de sa captivité dans le camp de Calahan.
Elle ne comprenait pas bien le raisonnement de Ruth, tout simplement parce qu’elle s’attendait à ce que la jeune femme lui sorte quelque chose du genre comme : “donc ils ont fait ça parce que…”. Sauf que Ruth était au même niveau qu’elle. Elle ne savait pas pourquoi ils avaient procédé de la sorte.
« Je vois… », observa Pedge en laissant un blanc s’installer, comme pour considérer les choses. Elle s’ajusta dans sa chaise, et croisa les mains sur la table.
« Résumons. Ils ont viré leur puce. Le Dédale ne peut plus les tracer ni les téléporter. Maintenant, ils détruisent leur moyen de communication. Ils continuent dans une logique de faire totalement sécession avec Atlantis et avec nous. » Cela semblait clair. Mais pourquoi détruire le matos et ne pas l’abandonner simplement.
« Mais alors pourquoi ne pas se contenter de laisser le matériel derrière eux ? Pourquoi le détruire. Qu’est-ce que ces oreillettes ont de spéciales ? ». Elle questionnait Ruth, autant qu’elle se questionnait elle-même. C’était histoire d’alimenter la conversation, d’ouvrir des pistes, des idées.
« Capitaine. Je sais que vous ne serez pas d’accord avec moi mais ce n’est pas de vous que les hommes se... »
Elle écarquilla les yeux.
« cachent... » fit-elle d’une voix mourante.
Elle reporta son attention sur la duelliste.
« Vous leur avez parlé ? Ils ont posé des questions ? »
« Poli, comme l’on peut attendre d’un combattant Atlante. La fille au front troué a demandé terre bien vivante. Riche de gibiers et créatures de toute sorte... »
« Rita. Elle est spécialisée dans ce domaine...elle a pas besoin de ces infos pour chasser. C’est... »
Elle sourit en coin.
« Ils se cachent capitaine. De Calahan. Ses outils de détections, d’investigation. Pas de puces sous-cutanée. Leurs signatures mélangées dans la faune. Et les radios...ils les ont détruite... »
Ruth posa la sienne sur le bureau.
« Parce que même éteinte ou abandonné, elles servent surement à Calahan...il faut que j’etaye, que je prouve...attendez... »
La jeune femme turbinait à cent à l’heure. Elle claqua finalement des doigts.
« Matt a gueulé !!! Une pizza j’imagine. Savez vous ce qu’il y avait dedans ?!? »
Pedge aimait bien l’idée de se dire qu’ils se planquaient. S’ils se planquaient, ils avaient la vie dure. Y avait pas de raison qu’ils n’en chient pas. Elle savait qu’elle faisait une putain de fixette sur eux et qu’il allait falloir qu’elle laisse son amertume au placard, mais elle était humaine, et il fallait le temps que ça redescende.
Néanmoins, le raisonnement de Ruth se tenait. Plusieurs fois, Pedge s’était posée la question de savoir comment Calahan les traçait ici et là. L’hypothèse d’un Jumper occulté était plaisante, mais l’idée que les oreillettes fassent le job était possible. Après tout, il devait être facile de trianguler le signal, ou une connerie du genre. Etait-ce donc de la parano pure et dure qui les avait conduit à les cramer complètement ? Car s’ils les avaient laissé sur place, le résultat aurait été le même...
« Dans la pizza ? », répliqua Pedge qui voulait savoir où Ruth voulait en venir.
« La désinformation, tout colle capitaine. Votre image compromettante qui tombe pile quand vous parvenez à réunir les hommes. Quand Blake commençait tout juste à avoir des doutes. C’est trop précis pour tenir du hasard. »
Ruth tremblait de fébrilité, excitée à l’idée de percer enfin le mystère.
« Qu’est-ce que Calahan a placé dans la pizza de Matt, ce soir ? Il vous l’a dit ?!? »
« Putain. », fit Pedge avec une certaine forme de colère dans la voix alors qu’elle prenait conscience du bordel que c’était. Elle se serait bien levée pour accentuer son agacement profond, mais quelque chose lui disait que le confort sécuritaire de son cul sur cette chaise était plus salutaire pour son équilibre que ses deux jambes qui ne la porteraient pas longtemps.
« En gros, il nous écoute depuis le début, même quand nos oreillettes ne fonctionnent pas pour nous. », ajouta-t-elle sans répondre à la question de Ruth. C’était tellement évident. Et pourtant elle ne l’avait pas vu arriver, et cela contribuait fortement à lui mettre les glandes. Pas étonnant qu’il ait toujours eu un coup d’avance le fumier.
« Je ne sais pas comment les autres s’en sont aperçu. Mais ça ne peut être que ça...ils ne pouvaient pas abandonner ce matériel au risque que quelqu’un l’embarque. Ils devaient le détruire. Will a utilisé du phosphore, c’est radical. Et ça explique tout...vraiment tout... »
Elle décomptait sur ses doigts.
« Votre équipe a subi une longue déstructuration psychologique depuis votre prise de commandement. En les montant stratégiquement contre vous, votre image. Tim qui nous est arraché juste après qu’il ai essayé d’arranger les choses. Chef... »
Elle secoua la tête.
« Nous vivons sur une cité qui déborde de technologie. Intégrer un mouchard audio autonome, c’est du gâteau pour eux. On est sur écoute depuis le début... »

Pedge pianotait plus amplement sur son verre, signe d’un agacement intérieur plus que palpable, même si elle restait plus ou moins de marbre au niveau de son visage.
« Du gâteau oui.», soupira-t-elle. Franchement, cet enculé n’aimait pas jouer le beau jeu. Il passait son temps à écouter tranquillement en sirotant un thé à la menthe peinard dans son fauteuil. D’un autre côté, il gérait la manoeuvre, c’était aussi normal qu’il sache, qu’il ait un retour, mais quand même… Il ne pouvait pas être juge et partie. C’était de la triche. C’était dégueulasse.
Cet enfoiré avait tout fait pour qu’elle pète un cable, pour que l’équipe éclate par le biais de coup bas et de manipulation bien sentie qui tombait au bon moment. Au final, il n’avait qu’à tirer là où ça faisait mal en écoutant ce qui se passait. Simple comme “bonjour”.
Le pire dans tout ça ? C’était qu’elles venaient de s’en rendre compte, du moins Ruth, et qu’elles venaient d’en parler à l’oral. Désormais, le vieux savait qu’elles savaient, et elles ne pourraient même pas s’en servir contre lui… La texane n’aurait même pas la satisfaction d’essayer de le doubler à son propre jeu.
Elle poussa un profond soupir pour essayer de se calmer, et de remballer sa frustration.
« Faut me bousiller ces oreillettes. » Ca semblait tellement évident maintenant, que ça devenait presque con de dire ça.
« Je peine à vous comprendre. Mais même Natus désintéressé de vos outils sait agir. J’ai un bûcher parfait pour vos “oreillettes”. » fit le Meneur en glissant la bourse de radio brûlée dans leur direction.
Ruth y plaça la sienne. Quand Pedge fit de même, Jelsok appela son aide camp et lui glissa quelques mots à l’oreille. Une fois parti, il ajouta calmement :
« Je lui ai mandé de récupérer celles de vos hommes pour les détruire. Instruction de silence... »
Ruth avait récupéré son plan entre temps.
« Capitaine. Si l’équipe 2 a découvert ça avant nous, c’est parfait. La manoeuvre de Calahan se retourne contre lui. Malgré les différents qui vous opposent, ils se sentent aussi trahis que vous... »
Elle fixa la duelliste.
« Savez-vous vers où ils sont parti ? »
La jeune femme fixa la carte. Elle eut toutes les peines du monde à pouvoir se situer. Mais une fois qu’elle eut donné des détails suffisant à Jelsok, elle pointa une position assez éloignée.
« Vous avez couru depuis cet endroit ? » S’étonna-t-elle.
« Au plus vite, c’était l’ordre... »

Ruth acquiesça et se mit aussitôt au travail.
Avec son calepin, un compas, son feutre, elle se lança dans une série de calcul de probabilité qui n’avait de sens pour personne. En usant du calque transparent, elle délimita deux secteurs indiquant leur présence possible. C’était plutôt éloigné, dans un endroit que l’unité de Pedge n’avait jamais exploré, et qui correspondait assez bien à la zone chargée de vie animale.
« J’ai essayé de prendre en compte leur fatigue. Will est blessé... »
Elle continua son travail quelques minutes de plus avant de se figer.
« Je... »
Son crayon s’était arrêté sur un sommet particulièrement élevé. Elle posa hativement sa règle dessus et s’écria brusquement, faisant sursauter tout le monde.
« MERDE !!!!!!! »
Sans en dire plus, Ruth se jeta sur son sac pour en sortir des jumelles et se sauver de la salle de commandement. La règle qu’elle avait employé amenait ces hauteurs pile en face du camp Natus, à plusieurs kilomètres d’écart, sans aucun obstacle.

Pedge s’était murée dans un mutisme obstiné. Elle mâchait et remâchait tout ce qu’elle avait subit dans cette manoeuvre, laissant Ruth faire ce qu’elle savait faire. Elle était parfaitement inutile dans ce genre d’exercice de cartographie ou d’estimation, et l’américaine avait montré qu’elle était fiable quand il s’agissait de briller dans cet exercice de style. Elle sursauta presque quand sa subordonnée claqua la règle sur la table et qu’elle se leva en trombe pour sortir. Un peu surprise, Pedge jeta un coup d’oeil au Meneur, avant de se résoudre à suivre Ruth dehors. Elle se leva en hâte pour se diriger vers la sortie, et elle manqua de tomber en sentant ses jambes aussi raides que deux poteaux. L’air de rien, elle se remisa correctement en s’aidant du chambranle de la porte. Uns fois dehors, elle avisa Ruth qui grimpait les escaliers des remparts quatre à quatre.
« Bordel. », grogna-t-elle en se dirigeant vers lesdits escaliers. Ils allaient constituer une montagne… Néanmoins, l’engourdissement de ses membres inférieurs diminua au fur et à mesure qu’elle échauffait ses cuisses et que son sang circulait. Il n’empêche que le froid latent lui, restait bel et bien. En s’aidant du mur par moment, la texane parvint à rattraper Ruth qui s’était figée, les jumelles sur les yeux.
« Putain Padilla, la prochaine fois je vous laisse pas dormir autant… », ironisa l’officier en arrivant à sa hauteur. Quelque chose lui disait que les quatre rebelles étaient dans l’axe des jumelles de Ruth. Et Pedge gardait à l’esprit que Rita était une bonne tireuse de précision.

Ruth aurait souri si ça n’avait pas été si important.
« Capitaine, signal fort et clair au laser. C’est du Morse... »
Elle demeura silencieuse de longues secondes.
« Will, t’es qu’un p’ti con. » fit-elle ensuite en baissant ses jumelles.
La jeune femme tourna son regard vers Pedge, le coeur gonflé d’une certaine émotion qu’elle essayait de contenir pour ne pas perdre en crédibilité.
« Ils communiquent, un code. C’est aux jeux d’échecs, une manoeuvre standard pour débuter une partie. Ce message s’adresse à vous chef... »
Elle fixa l’horizon où se trouvait ses collègues renégats. Et elle cita d’une voix très simple :
« Prêt à jouer. »

Pedge rongeait son frein tandis que Ruth décortiquait le message de Rita, Will, Blake et Bowers. Cette dernière lui donnait le contenu du message, laissant la jeune femme dans une forme de perplexité certaine, tout en considérant la position des renégats. Elle ne savait vraiment pas quoi penser de ce message, de cette invitation à “jouer”. Est-ce qu’ils se foutaient ouvertement de sa gueule ? Est-ce qu’ils étaient en train de lui proposer un challenge quelconque à la con ?
« Je ne vois pas l’intérêt de jouer avec eux. », trancha Pedge. S’ils n’avaient pas mieux à dire, qu’ils aillent se faire foutre. Ils lui avaient déjà assez chié dans les bottes comme ça, ce n’était pas un jeu par signaux en morse interposés qui allait leur rendre la grâce aux yeux de Pedge. « On a autre chose à faire. ».
« Vous vous trompez. » Coupa Ruth avec une pointe d’agacement.
Les réactions de son officier commençait un peu à lui faire perdre patience. L’épuisement et un mal de crâne lancinant égratignait sérieusement son côté diplomate. Elle comprenait qu’Allen devait être dans le même état qu’elle, voir pire, mais elle faisait fausse route et ça faisait le jeu de Calahan.
« Will, Rita, Danny et Iza ont fait l’effort de gravir ce relief pour vous envoyer ce message en morse, ce n’est certainement pas pour se moquer de vous, bien au contraire... »
Elle fixa le lointain, le signal laser avait cessé. C’était fini...
« Capitaine. Ils vous transmettent une information avec un moyen de communication rudimentaire. Vous devez l’interpréter différemment, de façon abstraite. Prêt à jouer...aux échecs. Il faut décomposer ce signal...ils sont prêt à agir sur le terrain. Les échecs, c’est de la stratégie, le commandement, votre personne, votre grade. Ils vous rendent compte... »
Elle marqua une pause et ajouta d’une voix plus compatissante.
« Je comprends que ce soit dur après ce que vous avez éprouvé. Mais peut-être devriez-vous vous laisser le temps de la réflexion pour arriver à cette même conclusion. Parce que de toute évidence, vos hommes prennent des risques pour vous informer, vous, LEUR capitaine. »
Ruth avait insisté sur les trois derniers mots.
« Dans quel cas quatre militaires renégats seraient prêts à agir comme ça et en informer son supérieur...si ce n’est pas avoir localisé Brass... »
La concernée avait une folle envie d’expédier Ruth aux orties, et de lui dire de se mêler de ce qui pouvait bien la regarder. C’était de la vanité mal placée, et elle le savait parfaitement. Le problème n’était pas l’interprétation, c’était le fond. Et dans le fond, ces trous du cul l’avaient poignardé dans le dos. Et maintenant qu’ils avaient besoin de maman, ils revenaient comme des princes pour bénéficier de son soutien. Tout cela était ridicule.
Elle était ridicule.
La mission devait primer sur le reste.
« Alors pourquoi vous me présentez ça comme un jeu ? », répliqua Pedge froidement. D’un côté, Ruth ne pouvait pas savoir que Pedge était le genre de personne terre à terre qui prend pour argent comptant les dires, et qui a du mal à traduire en image plus élaborée pour en déduire un concept. Elle n’était pas conne, elle avait juste du mal à se détacher des choses communes pour aller vers de l’abstrait.
« Bref. », ajouta-t-elle pour éviter toute forme de réponse de Padilla. Elle ne souhaitait pas en avoir de toute façon.
« Dans ce cas, essayez d’obtenir des informations. Qu’est-ce qu’ils savent que nous ne savons pas. », demanda-t-elle plus doucement, mais avec une certaine sécheresse dans la voix.

Padilla acquiesça sans rien dire de plus. Elle s’approcha d’un braséro qui surmontait les remparts et demanda la permission de l’utiliser au garde qui stationnait là. D’une main, elle activa un mécanisme qui referma entièrement une coque de fer autour de la lumière. Il lui suffisait alors de varier la pression pour faire bouger l’occultation en fer...ce qui produirait inévitablement des signaux en morse.
Les Natus s’envoyaient les messages de cette manière depuis des positions élevées. Ruth savait que son supérieur allait très vite comprendre, ayant été témoin de ce système durant la première guerre. La jeune femme chaussa ensuite ses jumelles puis surveilla le relief en attendant impatiemment une réponse. Elle dû s’y prendre à deux fois avant de recevoir enfin un signal en retour.

« B...logé...assaut...six...zero...zero... » traduisit-elle en direct.
« Il faut qu’on sache où, et qu’on se coordonne. », rebondit-elle aussitôt.
« C’est Will qui communique. » Lui dit-elle en maintenant ses jumelles. « Vous avez de quoi noter, chef ? »
« Affirmatif. », répondit-elle en extirpant un calepin de son gilet tactique sur lequel était fixé un stylo fonctionnant même dans des conditions extrêmes.
« Je cite...T.../...C...O...M...37...242...E...N...T...ER »
Elle fronça les sourcils.
« Ce ne sont pas des coordonnées GPS...ça vous dit quelque chose ? »
« C’est ce qu’il faut entrer dans l’interface d’une station radio pour pouvoir l’utiliser. », répondit-elle. « Je suppose que c’est pour utiliser la liaison montante afin de trouver Brass et Calahan. ».
« Malin...ça va être long, il commence à envoyer le code... »

Pendant un long quart d’heure, Ruth se concentra pleinement pour citer une masse de ligne de code impressionnante et interminable. Elle craignait de mal interpréter les signaux et de glisser des erreurs. Le piratage de la station de communication ne les laisserait jamais accéder aux informations s’il y avait la moindre lettre incorrecte. Autant dire que Padilla était très stressée en listant les informations, ce que son supérieur sentirait très bien.
A la fin, elle quitta ses jumelles et souffla.
« Voilà. Apparemment, on aura toutes nos infos à ce moment là. Ils ajoutent... »
Elle regarda une nouvelle fois dans ses jumelles.
« Fin...attente...consignes... »
« Ok, nous allons essayer. Dites leur qu’on exploite leurs informations et qu’on se refait un point com dans une heure trente. », fit Pedge en regardant sa montre. Elle espérait que ça suffirait à essayer. Elle attendit que Ruth transmette avant d’ajouter : « Bon boulot Padilla. ». Elle reporta son attention sur la liste de lettres.
« Merci. Je...attendez...ils ajoutent encore autre chose apparemment... »
Padilla resta silencieuse un instant. Elle interpréta le dernier message et le cita.
« B...tenu...couture ?...Homme couture ? »
« Homme couture ? », répéta-t-elle dubitative. « Ils peuvent pas être plus explicite… », soupira-t-elle, tendue tout comme l’était Padilla.
« On dirait qu’ils veulent vous donner un nom sans connaître l’identité. Homme...couture...bouche... »
« Wakks probablement. », commenta Pedge, qui ne voyait pas de qui d’autre cela pouvait s’agir. « Il doit certainement surveiller Brass. ». C’était un problème sans en être un. Après tout, s’il avait aussi bien réussi son coup jusqu’à présente, c’était grâce à son maître qui écoutait les conversations.
« C’est plausible. L’information semble suffisamment importante pour qu’ils vous la relaient. Chef...est-ce que je mets fin à la com ? »
« J’étais en train de me demander pourquoi est-ce qu’ils en parlent. Ce serait bien de savoir pourquoi avant de mettre fin à la communication. »
« Je procède... »

Padilla activa le mécanisme et envoya un long signal. Son observation lui permit de recevoir une réponse rapide.
« B...miné...cable...couture... »
« Ok. C’était à prévoir. », fit Pedge de son air impassible. Et ça, c’était forcément un coup de l’autre enculé de Wakks, c’était signé. Un peu comme le casque qui lui avait pété à la gueule.
« Faut en tenir compte pour l’extraction. Si pas plus mettez fin à la com. »
« B...couture...menotte...bras. Fin. »
« Ok. ». Il allait falloir procéder à de la reconnaissance visuelle sur l’objectif pour être certain de la façon dont il était piégé, avant d’agir, car c’était trop flou. Mais au moins avait-elle l’information.

« Fin de communication capitaine. Je m’empresse de vous préparer la liaison montante. Je peux disposer ? »
« Affirmatif, je vous rejoins ensuite. »
« A vos ordres. »

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Invité
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Ven 7 Juin - 18:26

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Nouveau caleçon, pantalon de jute et chemise Natus sur les épaules, le Ranger marchait dans les pas de Ravix la suivant avec un pas de retrait. La tête était basse, le visage fermé et marqué. Les regards appuyés des Natus ne l’affectaient pas. Plus maintenant avec ce qu’il avait au dessus de la tête. Avec les multiples épées de damoclès qui pesaient à quelques centimètres, il risquait d’ouvrir une armurerie du Moyen ge. Eversman gardait les lèvres pincées. Un Natus était venu à eux leur réclamant leurs oreillettes radios tout en affirmant qu’elles étaient piégées. Il s'exécuta sans chercher davantage à comprendre. il aurait dû être révolté par les méthodes de tricheur de l’officier, il n’en était rien. Le sadisme de Calahan n’avait pas d’égal. Son ingéniosité pour les pourrir semblait sur la même lignée.

Ravix se renseigna au passage sur la localisation du Capitaine. Ils prirent par conséquent la direction des remparts, montant rapidement les marches pour les trouver.

La française était réticente à donner ses radios comme cela… mais les piètres explications du Natus, comme quoi elles étaient piégées, la rendit encore plus méfiante et elle se mit à se questionner sur le comment du pourquoi. D’évidence un peu perdu, le Natus expliqua brièvement que les “boîtes à voix” étaient écoutées constamment par le “Vil Chauve”. L’évidence était pourtant là. L’officier instructeur s’en servait pour les espionner. Comme cela devait être jouissif d’avoir accès à toutes les petites conversations. Cela était ressenti comme un viol de leur intimité et une forte gène naquis en elle. De l’espionnage en règle et malheureusement bien menée. Ce n’est pas un petit joueur ce mec. Elle tendit sa radio, prenant conscience aussi que l’équipe ne pourrait plus avoir de contact distance, ils allaient faire la guerre l’ancienne. Un peu agacée, elle fourra ses mains dans ses poches sentant une forme dans celle-ci… elle sortit l’anti venin de la capitaine qui ne l’avait pas prise. Une autre raison de venir la déranger.
Elle jeta un regard à Matt toujours éteint… puis elle se renseigna sur la position du capitaine. La para les mena jusqu'aux remparts, apparemment Ruth et Pedge s’y trouvaient pour une mystérieuse raison. Padilla, cependant, les quitta précipitamment après leur avoir fait un signe poli de salutation.

« Capitaine ? » elle se mit au garde à vous, puis repris sa place initiale quand on lui ordonna. Elana en profita pour tendre l’anti-venin à sa supérieure.

Pedge laissa Ruth s’en aller, et toisa les deux nouveaux arrivant. Matt avait toujours une sale gueule, et elle se demandait même si ce n’était pas pire. Elana était en meilleure condition, et elle sentait bon, ce qui n’était pas un luxe pour les narines. Pour autant, Pedge avait toujours le sentiment de se sentir seule, malgré le groupe. Le froid qui s’imisçait dans les jambes de la texane était en train de l’obnubiler au plus haut point, et cela parasitait clairement ses capacités de réflexions.
Ses yeux tombèrent sur l’antivenin. Elle devait prendre son injection à 18h mais avec toutes ces conneries, elle était passée à côté. Et bien comme il fallait.
« Merci caporale. », souffla Pedge qui faisait maintenant une fixette sur l’antivenin. Elle en avait plein le cul de ne pas être au top physiquement. En réalité, son moral était entamé sérieusement, et sa condition physique jouait fortement.
Cependant, quelque chose la taraudait depuis un moment, et il était clair que l’équipe l’avait perdue : Morfalou.
« Où est le droïde Morfalou, le chien que les techniciens nous ont envoyé ? », demanda-t-elle à brûle pourpoint en se tournant vers les trois jeunes gens qu’elle éprouva du regard. Matt avait toujours une sale gueule, quant à Elana, elle semblait plus fraiche, et elle sentait meilleur, il fallait bien le reconnaître.
Le Ranger se contenta d’un haussement d’épaules, le droïde étant loin de ses préoccupations.

Le drone ? Ah oui… merde Elana avait complètement oublié ce détail. Faut dire que vu les évènements survenus, elle avait autre chose à penser qu’un drone bizarre. Avec un peu de chance et vu sa soi-disant intelligence artificielle, il avait dû les suivre, mais elle ne s’en n’était pas préoccupé avant. Pour dire, elle n’avait plus pensé à ce drone depuis maintenant. Et merde encore un truc que le capitaine allait leur foutre à la gueule. C’est la merde …
« Avec les événements passés, j’ai occulté le drone. Navré capitaine. » dit-elle franchement de son ton morne. Elle s’attendait à se faire rabrouer.

C’était bien ce que Pedge craignait. Qu’ils aient oublié le drone. Dieu seul savait vraiment où il se trouvait maintenant, et ça avait de quoi la contrarier. Non seulement elle en était plus ou moins responsable, mais ses amis s’étaient mis dans la merde pour lui envoyer leur compagnon de route et fidèle mascotte. S’il gisait quelque part avec les circuits à l’air, ça allait chier pour son grade, elle en était certaine.
« D’accord. », répondit-elle simplement, ne cherchant pas à savoir si Matt en savait plus ou pas. Il ne semblait pas vraiment présent dans la conversation, pour changer. Du coup, elle embraya :

« Qu’est-ce qui vous amène ? Vous devriez vous reposer. J’ai des nouvelles de l’autre équipe, et un plan s’organise. On va bouger bientôt, je vous en dirai plus quand ce sera calé. », les informa Pedge, désireuse de les tenir au courant et désireuse surtout qu’ils se tiennent prêt à agir le moment venu.

Avoir des nouvelles de l'autre équipe, apprendre qu’un plan était en cours d’élaboration auraient dû le ravir. Cela ne lui faisait ni choix ni froid. L’esprit était focalisé sur d’autres préoccupations dont Yin faisait grandement partie avec ses amies culpabilité, fatigue et colère. Un bien bon cocktail explosif. C’est en croisant le regard du Caporal qu’il comprit que c’était lui de s’exprimer. Il inspira, gardant les mains dans le dos.

« La sœur de Yin est venue me rendre visite dans le dortoir. » Commença-t-il d’une voix plus basse pour éviter que d’autres oreilles ne les écoutent.
« Elle aussi subira la justice Natus. Toute la famille la subira...Elle tenait à ce que je le sache » Il passa sous silence le fait qu’elle désirait sa peau. La médicastre n’était pas la seule à subir, toute la famille allait être entraînée par le fond par sa faute. Une pression supplémentaire sur les épaules du soldat qui avait par conséquent cédé. Il ferma les yeux quelques instants, inspirant de nouveau avant de reprendre la parole d’une voix peu assurée.
« J’ai… Jai pris contact avec le Capitaine Calahan… j’ai tenté de négocier. Je l’ai supplié de libérer Yin, de cesser la torture... Il m’a alors proposé un marché. Vous collez une balle entre les deux yeux contre sa libération et la survie du groupe... » Fit-il croisant le regard de l’officier. Une balle et les démons qui le rongeaiaient, s’envoleraient. Tous sortiraient de cette manoeuvre sans encombre. Il serait le seul à en subir les conséquences néfastes. Son propre avenir ne comptait plus dans la balance, le Ranger se savait fichu désormais. La soeur de Yin ou même Calahan aurait sa peau, ça n’entrait plus en compte.
Un simple appui de gâchette auquel il ne pouvait se résoudre.
En guise de réponse, Eversman se contenta d’un signe négatif de la tête avant de la baisser. Il n’était pas fier de lui, d’avoir tenté une négociation, même foireuse, avec l’ennemi mais c’était une tentative désespérée, presque un appel à l’aide. Côté moral, il était au plus bas.

Pedge toisa Matt. Elle ne s’attendait pas à ce genre de confidence à dire vrai. Elle pensait vraiment que le ranger s’était fait une idée et qu’il sortirait son amie à la sueur de son front en réussissant cette manoeuvre. Parce qu’il ne s’agissait que de ça au final. Réussir cette manoeuvre.
Elle avait envie de lui expliquer que l’ennemi fonctionnait comme ça pour retourner un agent, pour le corrompre, le forcer à attaquer son propre drapeau ou du moins, à le trahir en l’espionnant, en renseignant, en tuant, mais elle sentait que c’était peine perdue. Plusieurs fois elle s’était fait son soutient, elle avait tenté de lui expliquer les choses, de lui montrer la voie qu’il devait emprunter, de lui faire tenir bon face aux épreuves… Et à chaque fois, on en revenait à ça : Des pleurnicheries et des lamentations.
Pedge poussa un soupir, exaspérée, avant de déclarer :
« Maintenant que tu n’as plus de radio, je n’aurai plus ce genre de rapport. Problème réglé. Autre chose ? », demanda-t-elle, consciente qu’Eversman n'exécuterait pas l’ordre de Calahan.

Oui… Problème réglé. ça semblait si simple et pourtant... Eversman soupira ne parvenant pas à tourner la page si facilement gardant la tête basse. Calahan ne pourra lui faire écouter les cris de Yin, quoique le connaissant il était capable de les émettre depuis un haut-parleur mobile.

Matt avait décidé d’avouer tout même sa conversation avec le capitaine sadique. Une bonne chose, cela aurait été détestable qu’elle le grille publiquement.la caporale était resté stoïque et semblait indifférente durant la conversation. Mais elle n’en était pas moins active à l’intérieur. Matt allait leur claquer dans les mains si ça continuait. Elle commençait à en avoir la certitude. Surtout qu’au final la capitaine n’en avait pas grand-chose à faire. Elana ne savait pas si cela était un ras le bol ou simplement pour que les soldats se concentre sur la suite de la mission. Elle décida de ne pas juger, cette manœuvre mettait tout le monde a bout et il ne fallait pas s’attarder sur les sentiments, mais sur les faits et les actions.
« Négatif. On attend vos ordres pour la suite. » en tout cas, elle n’était pas mécontente de savoir que les autres étaient à nouveau dans la course et qu’ils avaient fait le premier pas pour contacter la capitaine. Cela était une bonne chose et en toute franchise, elle ne s’y attendait pas. Elle se demandait bien ce qui les avaient fait changer d’avis.
Quand aux radios, si la capitaine ne leur disait pas la raison, elle avait les siennes et Elana attendrait le briefing. Et vu l’humeur de la capitaine, il fallait mieux ne pas s’étendre dans les paroles.

« Ok…. », fit Pedge en laissant traîner son regard sur Matt. Elle se sentait dure vis à vis de lui, mai elle en avait plein le cul de devoir le hisser continuellement, de le remotiver et de le pousser au cul pour qu’il fasse les choses correctement. Au final, elle avait le sentiment qu’il faisait un pas devant lui, pour en faire un autre derrière lui. Il n’avançait pas et il espérait toujours que les autres l’aiderait à prendre des décisions qu’il n’était pas possible de prendre. Mais Pedge ne pouvait pas toujours lui tenir la main, faire du sentimentalisme qui ne lui ressemblait pas et essayer de tout le temps se mettre à sa place. Ils étaient à l’armée, et elle ne pouvait pas faire tout le temps du social. Surtout maintenant. Les choses bougeaient dans le bon sens, ils avaient pris un coup d’avance sur le Capitaine Calahan, et plusieurs fois d’affilé, et maintenant qu’il n’avait plus ses petits bijoux de technologie pour les écouter, l’avantage devrait se creuser encore un peu.
« Pour info, nos radios étaient constamment écoutées par Calahan, c’est ainsi qu’il pouvait frapper au bon moment. Ou délivrer ses messages pile quand il le fallait par l’intermédiaire d’une pizza accompagnée d’une photo. Sans ces radios, ça nous complique un peu la tâche, mais on devrait être un peu plus tranquille de ce côté là. ». Pedge les toisa tour à tour, consciente qu’elle ne pouvait pas laisser un Natus faire le boulot explicatif à sa place. Après tout, ce n’était pas deux crétins qu’elle avait en face d’elle, et ils avaient le droit à une explication sur ce caprice soudain.

Qui n’en était pas un au final.

« Bref. Soldat, Caporal, reposez vous pour le moment. Essayez d’engranger des forces. La suite de la manoeuvre s’annonce corsée, et je compte sur vous pour tenir le coup. Je viendrai vous chercher si besoin. Ah et... », son regard alla de l’un à l’autre : « Restez à deux. » Petite précaution supplémentaire pour garder Matt entier dans ce campement, surtout si la soeur de Yin se promène dans le coin avec des envies revanchardes vis-à-vis du Rangers.


Se reposer ? Peu importe la fatigue, Matt ne se voyait pas prendre place dans son sac de couchage et dormir paisiblement alors que l’otage qu’était Yin subissait les pires atrocités. « Ne devrait-on pas bouger maintenant, Capitaine ? » Questionna-t-il essayant d’être le plus correct possible. Cette histoire l’affectait trop, il y était trop impliqué pour ne pas réagir. « Je ne me vois pas me reposer alors que les Inquisiteurs font route vers le campement. Les Natus doivent connaître l’emplacement du camp s’ils ont envoyé ces types...On peut l’attaquer… On peut empêcher ça. »

Finalement Elana eut son explication pour les radios et elle devait quand même avouer que cela était perturbant. Calahan était terriblement malin et un redoutable adversaire. Ils ne pourraient que s’en sentir que plus grandit. Affronter le pire connard de l’armée mondiale (enfin qui pouvait le battre ? Monsanto ?) c’est quand même formateur. Elle se demandait si cette ingéniosité machiavélique pouvait être mise à contribution pour les prochains affrontements avec les Wraiths ou les Geniis. Elle hocha la tête, remerciant au passage la capitaine. En tout cas, elle avait hâte de repartir en formation pour surprendre le vieux briscard.

Un nouveau hochement de tête, oui elle ne comptait pas lâcher Matt, de un : il était trop fragile et de deux s’il avait une idée lumineuse de faire cavalier seul... S’il avait été un vase il serait tellement fissuré qu’on ne se demanderait comment il peut encore avoir forme. Enfin bon le vase avait besoin de sa fleur, puisqu’il remis le sujet sur le tapis. D’un point de vu humain, il n’avait pas tort, mais le piège était bien trop visible pour se jeter la tête la première. Le capitaine, devait avoir une voie de secours si Matt refusait de trahir, un moyen de pression, qui lui donnerait l’impression de ne pas avoir le choix et donc de passer à l’acte.
« Calahan attend surement que ça Il sait que tu es acculé et brisé. Il doit patienter bien gentiment que tu joues au prince charmant. » dit-elle en le regardant.
« ça pue le piège à plein nez, je sais ! » Répliqua-t-il agacé d’une voix plus forte qu’il ne l’aurait voulu. Matt soupira avant de reprendre d’un ton plus conforme
« Désolé, Caporal… C’est juste que j’ai que ça en tête. J’entends ses cris, le rire de ce crétin... » et il voit les minutes perdues à discuter au lieu d’agir.
« Je sais... » dit-elle en lui tapant l’épaule pour l'apaiser.
« Tu as une carafe d’eau à finir. » il n’avait que ça a lui dire, elle était persuadé que la capitaine refuserait de les mobiliser dans la nuit pour courir après les inquisiteurs. Une manière plus “humoristique” de lui dire “on va dormir maintenant”. Même si le sommeil, il ne le trouvera sûrement pas sans aide chimique. Et les somnifères sont de l’autre côté de l’océan.

Forcément, elle s’attendait à ce que Matt rechigne sur ses directives. Il ne l’aurait pas fait qu’elle aurait pu penser que c’était un Natus déguisé en Eversman qui se tenait devant elle. Ce mec avait un don pour toujours avoir un truc à commenter ou à dire, et à ne jamais trouver sa place. Elle se demandait franchement comment il n’avait pas pu avoir des emmerdes plus régulièrement par le passé, mais cela expliquait aussi son CV désastreux. Bref, Ravix joua la carte de la temporisation, et c’était plus bien vue de sa part.
« Il faudra mettre sa frustration de côté en effet. », ajouta Pedge. « Il est inutile de foncer comme ça à l’aveuglette dans le tas. C’est quand même la base de la stratégie militaire Eversman. ». Elle comprenait sa situation, et son envie d’en découdre, surtout avec les menaces que faisait peser Calahan sur ses épaules et sur celle de Yin. Pour autant, il ne fallait pas se jeter dans la gueule du loup, c’était ce qu’il voulait ce vieux briscard. « Allez vous reposer, et toi fais en sorte d’avoir la rage au ventre quand on se mettra en route pour aller allonger le vieux. », termina-t-elle, en s’adressant à Matt sur la fin de sa phrase. Une façon comme une autre de prendre en compte ses démons intérieurs et son dilemme.
« Je lui ai promis une balle entre les deux yeux… Je ne vais pas rater ça, Capitaine. » Au moins était-elle au courant de ses intentions quant à Calahan. C’était certe une balle d'entraînement mais la volonté était belle et bien là. Il lui adressa un signe de la tête avant de détourner les talons, prêt à regagner les dortoirs.
Finalement, elle n’avait pas été engueulé pour le drone, elle se demandait maintenant où était l’engin qui aurait dû normalement les suivre...Ils verront bien, cela ne l’inquiétait pas vraiment, ce n’est qu’un objet et ils avaient bien plus important à retrouver à ce moment. Comme l’unité d’une équipe et Elana avait hâte de recroiser le reste des “fuyards” histoire de renouer. Elle était assez contente de leur premier geste envers la capitaine et cela lui donna un peu de chaleur au fond de son cœur et cela la rassurait sur l’avenir de cette “meute”. Son regard se porta sur la capitaine et elle hocha la tête.

« Elle sera présente capitaine. » Oui, si la fatigue de lui disait pas de filer au lit, elle serait requinquer et prête à se battre ! Elle esquissa un sourire, l’espoir et la sensation qu’ils prenaient enfin les cornes du taureau pour le charger avec, était plainte, elle n’était pas mécontente de retrouver sa supérieure.


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Lun 1 Juil - 19:19

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Au moment où Elana et Matt descendaient des remparts, ils furent accostés par un jeune Natus. Il fouilla dans sa poche et donna à Matt un pli. Ce n’était pas de bonté de coeur qu’il lui faisait face et sa réaction laissait paraître une forme de dégoût, d’incompréhension. Il ne s’était pas permis les regards de travers mais le soldat Natus était pressé de pouvoir mettre de la distance entre lui et le déchu. La lettre était de facture Natus, comme d’habitude, pliée en quatre avec une cordelette se terminant d’un sceau de cire. Le messager lui expliqua qu’un Ancien souhaitait lui parler et l’invitait à le rejoindre. Le message en était la preuve. Elana était, bien entendue, libre de pouvoir le suivre si elle le souhaitait.
En ouvrant le courrier, Matt prit connaissance du contenu.

“A celui désigné traître par la nation Natus.
Couvert de honte par ses actes.

Ederlan, qui fut votre élève à arme de répétition Atlante, jure sur son honneur votre valeur et simplicité. Insiste à qui veut l’entendre votre innocence d’âme. Suppose à votre défaut seule méconnaissance de la culture du peuple.

Entendu qu’il n’est pas méconnu votre attachement à la jeune Destya et qu’il vous est de nature l’ignorance des Natus et de leur vie : je vous fais offrande de mon savoir.

Je suis Véridien. A ma tâche de raisonner fougueux adolescents Natus et d’enseigner l’art de la vie. Force des mots est mienne pour amener la compréhension. Lucidité. Connaissances.

Si c’est là votre manque et source de malheur, de défauts, venez à moi.
Je vous ferai l’enseignement de toutes les interrogations qui malmènent votre esprit sans compte de passé peu élogieux. Vous me trouverez à mon atelier d’art en toute heure.

Véridien.”


Au mot Destya, la poigne s’était renforcé autour du papier avec l’envie de l’écraser, d’en faire une belle boule. La première lecture fut un échec total tant la compréhension du message lui semblait complexe. Les tournures de phrases, les expressions et cette écriture penchée ne facilitaient pas la tâche. Eversman dut se concentrer et la relire à deux reprises pour essayer d’en dégager quelque chose : la confiance d’Ederlan, son padawan à la mitrailleuse était admirable et réchauffait le coeur. Enfin un peu de soutien et de reconnaissance, ça faisait du bien. Il tâcherait de le remercier quand il le croiserait et surtout de se montrer à la hauteur de ses propos. Pour le reste, Matt retenait qu’un espèce d’Ancien désirait le voir. On aurait dit une sorte de psychologue et ce n’était pas franchement ce dont il avait envie à ce moment même. Qu’on lui file un punching-ball, pas une séance de questions et réponses.

« Tiens. » Dit-il en tendant la lettre vers sa coéquipière. Il lui laissa le temps de la lecture avant de la questionner.

La française était un peu surprise de ce messager, elle espérait que le pli de cette lettre ne serait pas un énième reproche pour Matt. Même si un ancien désirait le voir, le paternelle de Yin ? Elle n’en savait trop rien. Par pudeur, elle laissa Matt prendre connaissance d’un texte qui semblait migraineux au vu de sa tête. Et pour cause, quand il lui tendit, elle plissa un peu les yeux. La fatigue lancinante dans son corps et son cerveau qui la suppliait de dormir, eut tout aussi mal à comprendre le sens. Après les Natus avaient une manière très pompeuse de s’exprimer. Suite à sa lecture elle resta pensive quelques instants, avant de lui rendre le papier.

« Tu en penses quoi ? » Tout dans le ton d’Eversman indiquait qu’il ne débordait pas d’envie d’y aller.

Elle lui aurait bien dit qu’il aurait été plus simple au natus de lui demander de venir pour l’aider au lieu de faire un long texte, ou qu’elle avait mal à la tête… mais cela ne serait pas drôle. En tout cas, il lui demandait son avis, une surprise pour elle.
« Qu’il en a au moins deux dans ce camp, qui ne veulent pas te tabasser. » elle soupira « De ce que je comprends, il veut t’apprendre la tempérance et la connaissance des Natus. Ça peut être que bénéfique pour toi. Une manière de laver ta « lâcheté ». Après bon, j’ignore si ce qu’il va te dire va être bien ou non. Et si au vu de ton état tu es apte à entendre une série d’histoires et de morales pour ado. » elle le regarda simplement. « Et toi tu en penses quoi ? »
« Que ce mec s’exprime d’une manière bien complexe. » Lâcha-t-il dans un premier temps. Il fallait espérer que ce soit différent à l’oral où cela risquait d’être très difficile pour lui d’accéder à la compréhension.
« Ouai je suis d’accord... »

« J’ai clairement pas envie d’une séance de morales. » Il soupira ne se sentant pas capable de devoir maintenir longuement son attention. « Mais bon ça semble être un des rares alliés que j’ai. » Nouveau soupir avant qu’il ne frotte son crâne. La fatigue était belle est bien là mais le sommeil était loin lui. « On peut aller voir ce qu’il me veut et si jamais on prétextera un truc pour sortir de là ? »
« Oui, je dirais que j’ai mes règles et que tu dois m’aider ! » dit-elle de son air morne comme si elle était parfaitement sérieuse. Mais outre sa plaisanterie, elle restait d’accord, sur le fait que oui, au moins voir ce que voulait bien lui “apprendre” ce papi Natus et après trouver une manière élégante pour se défiler si la fatigue est trop présente.
« ou pas... » Fit-il doutant du sérieux de la jeune femme ainsi que de son humour merdique. Elana Ravix faisant de l’humour ? Il y avait de quoi être étonné et tombé sur les fesses après tout. Il soupira de nouveau faisant un signe de la tête avant de se remettre en marche vers ce fameux Véridien sans grande conviction.

Elana haussa les épaules et prit les devants, comme Matt était le pestiféré du coin, elle se renseigna pour trouver la bâtisse du vieil homme. Ils se retrouvèrent tout deux devant la fameuse maison et elle ne traîna pas à frapper à la porte en bois. Plus tôt cela fait plus tôt ils pourront dormir un peu. Elle espérait juste que l’enseignement de cet homme, n'allait pas finir par l’achever et la faire dormir sur une chaise… ou que cela ne serait pas trop long, elle rêvait de rejoindre un lit ou même de s’allonger par terre pour fermer les yeux. Elle jeta un regard à Matt.
« Bien. Après toi. »

La porte s’ouvrit d’elle même en révélant la bouille d’ange d’une enfant d’à peine six ou sept ans. Pour se faire, elle avait grimpé sur un petit escabeau afin de leur ouvrir et elle descendit avec beaucoup de précaution, coinçant sa langue entre ses lèvres, avant de se placer devant eux et de les fixer d’un air interrogateur.
Il y avait une petite fille dans le camp Natus…
« Euh... » Lâcha-t-il jetant un coup d’oeil à droite et à gauche comme pensant à une blague avant que son regard ne revienne sur la petite fille. « On est bien chez Veri… Verimachin ? »

Ah le Natus était donc l’heureux papi de cette petite bouille d’ange… Elana était un peu étonnée de voir un enfant dans un camps dit militaire, mais après tout, il semblait aussi avoir des familles dans cet endroit, donc au final…Cela n’était pas si surprenant après tout.

« Véridien ! » reprit Elana en donna un coup de coude à Matt, franchement, il aurait pu s’abstenir de dire “machin” à la fin. Il n’était pas content d‘être là est, mais ça ne l'empêche pas d’être aimable ! parfois, il se donne le fouet pour se faire battre ce mec !

La petite fille eut un regard étincelant. Elle donna l’air de pouffer, exactement comme un enfant qui s’égaye de pas grand-chose, en captant ce coup de coude et cet échange. Pourtant, le souffle simple privé de la moindre vibration ne laissa pas de doutes bien longtemps : elle était muette.
De son air guilleret, elle pointa le visage de Matt comme si c’était quelque chose d’important et elle se mit à sautiller. Elle arriva jusqu’à sa hauteur pour enchasser sa petite main autour de quelques un de ses doigts et elle l’attira dans son sillage.

Les Natus en exercice dormaient dans de grands dortoirs. Le cas de l’escouade Charlie, en tant qu’invité, tenait d’un confort exceptionnel. Là, dans cette masure, ils ne trouvèrent ni lits, ni pièces à vivre. Ce n’était qu’une grande salle unique qui sentait fort le bois. Qu’il soit humide, sec, un peu brûlé, les deux soldats découvrirent un véritable labyrinthe de statues...en bois.

Comme dans une fête foraine, dans un labyrinthe fait de vitres, sauf qu’il s’agissait d’un nombre impression d’effigies de toutes sortes, sur des positions différentes. Certaines portaient une grande croix noire sur l’avant, signe que le tailleur avait échoué dans l’exactitude de son travail. Mais quelques autres disposées en rang pour tracer un chemin jusqu’à l’atelier défiaient les plus beaux ouvrages artistiques.

La fillette, dans une innocence totale, avait attiré Matt jusqu’à l’une des statues. Une image qui le perturberait surement et qui saisirait Elana d’une grande perplexité puisqu’il s’agissait bel et bien de lui. Mais...plutôt une moitié. La face gauche de son propre visage empreint d’une grande combativité se partageait avec la fonte d’une face droite aux traits Wraiths.
Tout dans la stature de l’effigie témoignait une forme d’audace et de ténacité mise en scène. Mais cette image, c’était celle qui avait été capté par les artistes à la fin de la Première Guerre de la Magna, lorsqu’il était repassé de l’état Wraith à humain.
Toujours empreint d’innocence, la fillette pointa la part humaine du visage de Matt pour lui montrer, dans sa joie enfantine, qu’elle l’avait reconnu.

Cette petite main aggripa la sienne faisant fondre son petit coeur et les nombreuses hésitations, Matt se laissa alors mener à l’intérieur de la batisse. L’odeur y était forte, il ne parvint pas à la reconnaître se laissant entrainer dans les entrailles. Des statues partout… Un juron silencieux s’échappa des lèvres alors qu’Eversman commençait sérieusement à se demander où il était. L’art, ce n’était vraiment mais vraiment pas sa tasse de thé. A moins qu’on ne lui cède un de ses bouts de bois en guise de défouloir ? Il tenta d’échanger un regard vers Elana alors que la pression s’accentua sur ses doigts. L’attention se focalisa sur une statue qui leur faisait face, il fallut quelques instants avant qu’il ne reconnaisse ses propres traits.

« C’est moi ça ?! » Mi-humain et surtout mi-wraith. Il en resta quelque peu bouche bée observant un peu mieux les traits et l’allure qui lui était donné. Ils étaient tombés chez un fan ou quoi ? Cela avait quelque chose de perturbant de se voir ainsi, assez dérangeant surtout avec ce côté wraith.
« Qu’est-ce que je fais là, moi ?? »
« Vous posez pour l’immortalité... » fit une voix derrière la dernière rangée de statues.

La petite était adorable, comme la majorité des enfants… cependant ce qui sera le cœur de la française ne fût pas son incroyable bouille de petit ange, mais les sons types grognements et imparfait de son handicap. Quelle infortune … même si la petite ne comprendrait jamais ce qu’elle avait perdue. C’est dans cette ambiance morose qu’elle pénétra dans la masure immense et tortueuse, avec de nombreuses statues toutes les unes et les autres plus réaliste que jamais. La stupéfaction et l’émerveillement d’un travail d’art pareil fit disparaître la peine d’Elana qui s’égara de temps à autre à observer les imposants golems de bois. Et qu’elle fut sa surprise de voir un « demi Matt » plus vrai que nature avec une moitié Wraith. Ce passage de sa vie, elle ne le connaissait pas véritablement, ce sujet était classé dans les rapports. Pour conserver sa vie privée. Muette comme la petite, elle ne répondit pas aux exclamations du soldat, puisque quelqu’un venait de le faire. Elle tourna la tête dans la direction de la voix découvrant une silhouette en plein ouvrage.

La petite fille fit des bonds joyeux et couru jusqu’à cet endroit. Les claquements régulier d’une masse sur un ciseau à bois reprirent tranquillement.
Cette voix lui fichu des frissons, il s’efforça aussi d’en rechercher la source. Pas très difficile, il suffit de suivre la jolie demoiselle jusqu’à cette fameuse voix. Une silhouette se détacha, armée d’un objet en main et travaillant ce qui semblait être une prochaine statue. Matt s’en rapprocha lentement observant l’environnement proche. Que fichait-il là ?
« C’est vous, Veri… Véridien ? » Décidément le Ranger avait du mal avec ce nom. Elana lui leva son pouce en l’air, il l’avait bien prononcé, cela aurait été véritablement impolie qu’il recommence à dire “machin”.

Le vieil homme avait dans la soixantaine. Son arme et sa vareuse de combat pendait sur les restes d’une silhouette en bois à forme humaine sans finition. Assis sur un simple tabouret, il continuait une taille très précise et concentrée de l’effigie de Sheppard. Il ne donna pas un regard en direction d’Eversman pour ne pas se perdre. Mais d’apparence générale, l’artiste avait bien plus l’air d’un amoureux de la taille du bois que d’un tirailleur de combat.
Le même éclat luisait dans son regard. Mais pour la première fois depuis qu’il avait posé ses pieds dans le camp Natus, il n’y trouva pas l’ombre du moindre reproche ou jugement.
« Je le suis, Matt Eversman. Ma lettre a trouvé destinataire, j’en suis heureux. »

Il termina de dessiner les premières phalanges de Sheppard qui tenait son P90.

« Venez-vous à contrecoeur ? Ou par curiosité ? »
« Plutôt par curiosité, Monsieur. » Lâcha-t-il le regard rivé vers ce Sheppard de bois à l’air plutôt conquérant. Si le nommé en a connaissance, il risque d’avoir les chevilles qui enflent et pas qu’un peu !
« Mais vous ne rejetez pas la possibilité à contrecoeur. » fit-il en lui adressant un sourire aimable. « Installez vous Matt, voyons mon garçon, vous seriez bien indigeste pour moi. Nulle crainte à avoir en ces lieux. Et les tabourets sont légions alors... »
Il lui adressa un signe de la main pour qu’il s’installa à côté de lui. Pendant ce temps, il s’arma d’une lame pour affiner le canon du P90. Il affinait tous les détails au point que les aérations de la bouche du fusil y étaient également.

Elana s’était approché discrètement, se demandant si sa place était encore ici. Le vieil homme allait discuter avec Eversman et elle n’aurait pas le mérite d’avoir un mot au chapitre. Donc autant s’éloigner et l’attendre à l’extérieur. Même si bon, elle était bien curieuse de savoir ce que ce sculpteur allait pouvoir apprendre à cette tête de mule de mauvaise humeur. Elle allait donc se reculer quand son regard fut happé par la statue qui prenait forme devant l’homme... Le colonel conquérant et bien badass… la ressemblance était véritablement frappante et elle entrouvrit un peu la bouche, se disant que cet homme avait de l’or entre les mains.

« Vous aussi, jeune inconnue. Vous allez y trouver intérêt si curiosité vous anime. »

Cette invitation, lui fit un peu trop plaisir à son goût et elle se hâta de prendre un siège ! Peut-être auraient-ils le droit à de belles histoires et contes Natus ? Cela serait trop beau !
« Caporale Elana Ravix, enchanté » hasarda t-elle pour se présenter.
« Un enchantement partagé. » répondit-il aimablement.

Eversman s’éxécuta tentant dans un premier temps d’adopter une posture droite et correcte avant de finalement s’avachir au fur et à mesure, le corps et l’esprit bien trop fatigués pour demander davantage d’efforts. Il resta observateur un petit moment, impressionné par son tour de main avant de finalement briser la quiétude du lieu.
« Excusez-moi mais pourquoi m’avoir amené ici ? » Finit-il par lâcher.
« C’est votre curiosité qui vous a amené, jeune homme. » rectifia Véridien en souriant. « J’y réponds. Généralement aux âmes plus jeunes et turbulentes. »
L’artiste cessa de tailler le bois. Il posa ses outils au sol et se décala pour pouvoir l’avoir en face de lui.
« N’avez-vous jamais eu des interrogations à notre sujet ? Incompréhension en vous adressant à bon Natus ? S’il vous vient à l’esprit une question, posez-là moi et je vous ferai comprendre. »
Des questions envers les Natus ? Eversman essaya de dissimuler un soupir n’étant pas prêt pour une longue discussion. Ce n’était déjà pas sa tasse de thé en temps normal alors là… Il fit l’effort de rechercher quand même une question. « Pourquoi votre meneur, les Natus de ce camp me détestent-il tant ? »
Elana lui jeta un regard… sur le coup cela était évident : sa lâcheté durant la guerre, d’avoir dit merde à ses officiers et de faire une offense aux clones… En sommes le pourquoi, il avait été destitué de son ancien grade.

« Nous Natus, vivons par nos actes et faisons voeux d’être honorable. Naturellement, c’est ce que l’on attend de nos frères d’armes. » Commença Véridien. « Vous étiez bien plus que cela pour les Natus. Eversman, le premier combattant à avoir été persécuté, corrompu, par l’ennemi. Vos traits de dévoreur qui n’ont su rester face à votre coeur, votre esprit. »
L’artiste lui sourit.

« Vous vous êtes battu. Et vous avez montré à toute la Magna qu’un esprit fort surmonte la corruption des chairs. Vous étiez l’exemple d’ardeur à la bataille pour tous les tirailleurs. »
Il demeura un instant silencieux et ajouta la suite bien moins glorieuse.

« Dans cet esprit, nombre d’entre eux se sont battus lors de la deuxième guerre. A la fin, couvert d’entailles, de plaies, le sang se mélant à celui de Seigneurs Tairis, de reflets, d’Atlantes valeureux. Ils vous ont vu… marcher au-delà des corps qui appelaient au soin, à l’aide. Vous, le héros, pour jaillir de vos poings sur reflet sans défense. »

Véridien n’usait pas d’un ton de reproche. Il poursuivit.

« Au regard Natus, en plus de celui de votre peuple, vous avez trahi l’exemple que vous nous donniez. Vous avez entaché la valeur que vous nous avez offert. Les Natus attendaient alors votre venue, à dire haut et fort votre innocence, faire exemple de votre raison au conseil pour récupérer votre honneur. Ils ont attendus en vain… vous êtes resté dans la complainte et le déshonneur. »

L’artiste termina alors.

« Vivre dans le déshonneur n’est pas concevable pour un Natus. Voir héros refusant sa rédemption est une insulte envoyée à tout le peuple qui a cru en vous, jeune homme. Voilà pourquoi les Natus agissent ainsi à votre encontre. »

Tiens donc, une histoire ! Parfait ! La jeune femme jubilait dans son for intérieur… et elle ne fut pas déçue d'apprendre pourquoi la statue de Matt avait une sale gueule. Il avait été contaminé par le gène Wraith… brrrrr il en avait bavé le roi des branlots. Et vu ses exploits passé, elle avait du mal à comprendre pourquoi cet homme aux valeurs nobles avaient décidé de tout foutre en l'air durant Normandie. Car les rapports ne lui faisaient pas d'honneur, il n'était qu'un traître surmonté d'un benêt. Après durant cette manœuvre, elle avait pu voir des éléments très positifs et d'autres négatifs de ce soldat, mais quand même dans la bouche du Natus, c'est quand même une légende ! Cependant, Elana avait presque du mal à se dire qu'il parlait du même homme. Il était bien loin des codes du héros. Mais en tout cas, il avait eu la chance d'être ce que désire tout homme : être important et reconnu par ses pairs. Et pour cela elle éprouva de l'admiration pour le Matt narré par Véridien, même si la fin lui était peu glorieuse. Dommage qu'il ait tout foutu en l'air… et qu'il refuse de se rendre auprès des Natus pour sa rédemption. Après là, cette manœuvre était son dernier baroud d'honneur, pour redorer son image bien plus noir que le trou du cul de Satan ! Elle tourna la tête vers Matt toujours impassible pour voir sa réaction.

La première partie du récit était plaisante à entendre allant jusqu’à lui coller le rouge aux joues. On aurait dit une légende de Héros Grec comme on pouvait les raconter à un enfant, bien glorifiée et amplifiée. La vérité était tout autre, différente de l’histoire et le point de vue différait beaucoup. La suite fut bien plus difficile à entendre, lui faisant pincer les lèvres et frotter les mains l’une contre l’autre en guise de défouloir. Tout serait différent s’il n’avait pas frappé ce clone, s’il s’était rendu sur Magna… Malheureusement pour lui, revenir dans le passé pour changer la donne était impossible. il lui fallait par conséquent faire avec le présent et assumer.

« J’imagine que ma relation avec Yin n’a fait qu’accentuer mon statut de pestiféré... » Lâcha-t-il, la jambe agacée de tremblements nerveux.
Véridien fronça les sourcils d’un air étonné, ne voyant visiblement pas le rapport, puis sourit.
« La jeune Destya...quelle est votre relation avec elle ? »
Les sourcils furent froncés aussi, Matt se montrant soudainement méfiant. Se pouvait-il que cet homme feint une méconnaissance du sujet ? Il semblait bien le connaître, pourquoi ignorerait-il cette relation ? Le sujet était hautement sensible faisant renaître aussi une certaine tension en lui. Eversman tourna la tête vers sa coéquipière essayant de déchiffrer son point de vue.

Pourquoi nommait-il Yin ? Cela n'était peut-être pas le moment de l'évoquer, mais de réagir à ce que venait de dire le sculpteur, il avait tant d'éléments à réflexion et surtout, il savait maintenant quoi faire pour que ce peuple ne le considère plus comme un cancer à éviter ! Il était véritablement obnubilé par cette femme au point d'oublier pourquoi il était venu ici. Si ça ce n'est pas de l'amour… En tout cas, elle secoua un peu la tête pour qu'il n'aille pas plus loin, voyant bien que l'homme ne s'attendait pas à cette affirmation… il ne devait pas ignorer qu'il avait un lien avec Destya, comme il l'avait évoqué dans sa lettre, mais là n'était pas le sujet de son plis... et malgré le regard qu'il lui avait lancé, il continua dans son erreur.

« Savez-vous où se trouve Yin ? » Finit-il par relancer essayant d’en apprendre davantage.
« Dans la forteresse du Vil, comme tout Natus le sait. Vous fuyez, jeune homme. Cette question a pourtant son importance...De quel ordre est votre relation ? Est-ce son lien qui vous accroche ? Satisfaire le besoin de l’esprit et du corps ? »
« Et savez-vous où est cette forteresse ? » Questionna-t-il aussitôt occultant les questions de l’homme.
Celui-ci secoua négativement la tête. Il était sincère.
Pour autant, il ne parla pas plus et attendit patiemment une réponse à sa question.

ça aurait été trop beau d’obtenir cette localisation si facilement. A croire qu’elle ne cessait de se dérober à lui, que personne n’osait ne lui la donner de peur qu’il ne se rue là bas comme Mario cherchant à délivrer Peach du Vil Bowser. Eversman soupira brisant le silence qui venait de s’installer. Les secondes défilaient et toujours rien… Ce silence le rendait nerveux, cet homme continuait de l’observer avec ce sourire rassurant que pouvait avoir les grands parents. On avait l’impression de pouvoir leur confier les pires bêtises et que ceux-ci ne le gronderaient pas. Obtenir des informations semblant donnant. Il lui fallait donc faire un pas en avant, une inspiration précéda la mise à table. « J’étais proche de Yin. Elle m’a soigné sur Magna et… j’ai eu des relations avec elle. » Avoue-t-il.
« Pourquoi s’en montrer géné jeune homme ? »
« Il semblerait que ces relations lui aient causé quelques problèmes... »

Véridien parut réfléchir pendant quelques instants puis reprit.
« Voilà des ombres qui méritent d’être chassées Matt. Commençons par le plus simple. Savez-vous qui est Yindie Destya ? »
« Une candide devenue Médicastre et ayant appris les techniques de soins Atlantes. »
« Avant cela... »
La bouche s’ouvrit alors qu’au même moment, le Ranger réalisait que la mémoire lui faisait défaut. Il ignorait beaucoup de choses sur elle, il n’avait jamais pris le temps de discuter. Elle le connaissait mais c’était loin d’être réciproque. Après quelques instants, Matt répondit négativement de la tête.

Eh bien voilà… maintenant il allait devoir dire à Véridien que Yin était simplement son plan cul. Bonjour l'ambiance… même si Elana était persuadé que cette médicastre était bien plus qu'une belle jeune femme où s'était égarée la passion. Vu l'attachement et la colère qui tenait aux tripes Matt, elle lui avait prise son cœur… car franchement, si elle n'avait été qu'une simple « relation », pourquoi s'inquiéter de son sort et de ses actes ? Et bordel, pourquoi il ne dit pas clairement ses sentiments ou qu'il a couché avec elle … alala les amérlocks et leurs tabous sur le cul c'est pire que des nonnes. Elle soupira en roulant des yeux. Enfin, elle le perçoit comme amoureux, mais ça se trouve il ne l'ait pas… et si c'est bien le cas, il a une drôle de façon de s'investir. Cela porte à confusion.

Mais le plus triste était qu'au final, Matt ne devait pas se rendre compte de ses sentiments et qu'il ne s'était pas intéressé à la femme qui lui avait sacrifié sa vie et son honneur. Et le ranger ne savait pas répondre… aie aie. Il ne la connaissait pas autrement que physiquement alors… mais alors quoi ? Yin est quoi au final pour lui ? S'il fait toute cette histoire pour un coup de kekette foireux, cela est révoltant ! Car la Natus, elle au vu de ses actes ne le considère pas comme un sex toy sur patte avec le crâne dégarnit à la militaire ! Bref, cela l'agaçait un peu de ne pas comprendre et comme Matt moulinait dans le vent, elle prit le relais pour inciter le vieil homme à enchaîner.
« Nous vous écoutons Véridien. » Affirma Elana.

Véridien la gratifia d’un léger sourire complice. Il s’ajusta sur son siège et débuta son monologue. Une voix calme et posée, qu’il ne voulait pas soporifique ni usante.
« La lignée des Destya est faite de grande modestie. Nul faits de guerre, ni de sauvetages retentissants, ni de prises de fonctions élogieuse. De braves mineurs de fond dans les grandes gorges de la Magna. »
Il marqua une pause presque théâtrale, volontaire, afin d’insuffler un peu de suspens au récit. Véridien était rodé à ce petit effet de style qui se voulait captiver l’attention.
« Les femmes, a refus de laisser leurs époux travailler la roche seuls, se firent compagnie de choix. Les Briseuses de Flammes : de vaillantes expertes montant à l’assaut des incendies de boyaux. Courant lorsque l’on extrait le minerai de feu à l’état brut. Voilà ce qu’est une Destya, Matt. »
Il lui sourit.
« S’il ne reste aujourd’hui que deux Destya sans progéniture, Yindie est l’héritière personnifiée de leurs plus belles valeurs. Par son empathie, sa douceur envers l’être humain, devint Candide. Sienne est compassion, forte de courage et de caractère intrépide, mené par ces forces pour se porter au secours de l’agonisant. Ainsi elle fut attachée à un frêle cable pour l’amener à vous et porter vos soins. Ainsi elle banda l’épaule de l’héroïque Allen. Telle médicastre se fit aimer de celle que l’on nomme la “Tempétueuse”, apprenant les arts de soins les plus poussés et méconnus. Participant courageusement à la dernière guerre pour y sauver de nombreuses vies... »

Véridien fixa spécifiquement Matt pour la suite. Sa voix prit une légère teinte de double langage.

« Comme sa mère et leurs mères avant elle, Yin ne se laisse pas démotiver par le danger, la menace. Par compassion et empathie, elle oeuvre à grand courage, jusqu’à porter le soin à une âme brisée et en peine. Même si cela peut mener son avenir à grand péril. Cette jeunesse audacieuse est chéri des Natus. Ainsi vit l’une des deux dernière Destya de notre ère...faisant honneur à son héritage. Et à ceux qui l’ont précédé. »

Eversamn tâcha de se montrer attentif pour une fois, se plaçant en bonne position de manière à se concentrer. Impossible pour lui de rester bien droit sur ce tabouret à écouter, il lui fallut poser ses avants-bras sur les cuisses, le regard rivé sur l’orateur pour focaliser son attention et se couper des stimulis locaux. La manière de raconter ne lui facilitait pas l’accès à sa compréhension. Heureusement pour lui, le vieil homme effectuait plusieurs pauses lui permettrant de se rapprocher au fil. Ce qu’il entendait corresponder à la Destya qu’il connaissait, le portrait lui ressemblait beaucoup et il ressentait bien davantage de peine d’avoir saccagé le tout de par leur relation.

C’était décidé, Elana aimait bien cet homme ! Il avait une manière de raconter des récits comme personne. Cela la ramenait en arrière avec son grand père paternel friand de contes et autres ragots qu’ils transformaient toujours en moment épique. L’histoire de la famille Destya n’avait rien de noble guerrier ou même de héros, bien plus modeste, mais elle donnait une leçon de courage, d’humanité et de persévérance à n’importe qui. Les femmes ne sont pas le cliché des nanas qui attendent leurs maris, cela donne un vrai sens au mot féminisme. En tout cas, le portrait de Yin donnait l’impression à Elana qu’elle était une chic jeune femme. Par contre, n’étaient pas trop bonne ou naïve pour croire en une relation avec Eversman ? Ou peut-être imposait-elle quelque chose que ne voulait pas cet homme… a moins qu’ils soient ensemble au final ?… quoique non sinon il le dirait autrement que par le mot incertain « relation » Les sentiments sont-ils égaux de chaque côté ? Cela était la grande question du jour. Et si cela n’était pas le cas, le soldat allait encore à l’encontre de nombreux problème…

Par contre, va falloir qu’on lui fasse la traduction, car qui est la « Tempétueuse » une personnalité Natus ? Mais cela n’avait pas de vraie importance.
« C’est une belle personne » dit-elle simplement pour elle-même. Puis son regard alla sur Matt le scrutant quelque instant pensive… Puis elle eu comme un flash, se levant d’un bond tel un ressort trop tendu. Elle saisit le bras du jeune homme et le força à bouger son cul pour s’éloigner.
de son siège.
« Excusez-nous Véridien. » Elle entraina Matt vers les statues là où le sculpteur d’un autre âge ne pouvait les entendre.
« C’est quoi la nature de ta relation avec Yin ? C’est juste du cul ou tu es amoureux d’elle ? Et épargne-moi ton esquive ! » Souffla t’elle de son ton directeur. Si de base elle ne voulait pas vraiment connaître la vie privé de Matt… Mais au vu de la proportion que prenait cette histoire de chantage… il fallait éclairer ce point.
C’était du cul, uniquement ça... » Livra-t-il d’une voix sèche, agacé par la tournure des événements. Ce qui était privé aurait dû le rester, tout ça à cause de ce fichu connard de Calahan. Mais cette nana m’a sauvé la vie sur Magna. C’est elle qui a stoppé l'hémorragie. Je lui suis redevable, j’ai une putain de dette envers elle… et si Yin est dans la merde maintenant, c’est de ma faute ! » C’était compliqué. Calahan avait su s'engouffrer dans la faille qui les liée pour y provoquer un séisme à force d’agiter son couteau. ça prenait maintenant des dimensions incroyables avec des dégats collatéraux qui lui tombaient sur le coin de la gueule : le fait qu’elle soit otage, torturée, que Calahan le fasse chanter et la soeur de Yin. D’un mouvement vif de mauvaise humeur, l’homme se dégagea de l’emprise sur son bras détournant les yeux.

Elana ne lui retient pas le bras d’avantage, ne comptant pas retenir un membre fougueux et complètement en colère. Cependant, son regard délavé se figea dans les yeux de l’homme. Tout ça pour du cul ? toute cette histoire pour un coup de kekette ! Il devait avoir un bon coup de reins pour que cela semble être une histoire à l’eau de rose surmonté d’un vilain dragon qui kidnappe une princesse…même sis la princesse était véritablement une femme forte et intéressante….
« Elle a fait son job de médecin… Tu es redevable à tous les toubibs de la cité ? » Ce n’est pas parce que quelqu’un fait son job comme il se doit qu’on doit en être redevable à vie… c’est comme si les civils étaient en pleine admiration auprès des soldats qui ont sauvé leurs culs ! oui cela est une bonne chose de la reconnaissance, mais pas au point de se sentir obligé de faire la même chose. Enfin, tout cela lui semblait dépassé l’entendement niveau engagement surtout qu’il n’avait pas de sentiment dans cette histoire.

« Non, ne répond pas. Mais garde le dans ta tête. J’ai vraiment l’impression qu’elle ne semble pas que t’apprécier que pour tes coups de hanches ! Même ton comportement, on dirait que tu en aies amoureux… Donc soit-tu as des sentiments et dans ce cas, tu vas devoir les assumer et te comporter comme un bon petit copain en allant la sauver et la soutenir. Soit ce n’est pas le cas et tu vas devoir mettre fin à tes relations avec elle dès que cette histoire de dingue est terminée. » elle soupira, elle mettrait sa main à coupé que cette Yin était amoureuse de cette tête de mule… et cela allait foutre la merde ! « Calahan a dû le sentir et il en profite bien. » Elle soupira regardant au loin le vieil homme avant de figer le regard de son collégue « Les Natus te demande d’honneur tes erreurs et de les affronter dans le pardon. Ils peuvent très bien te demander aussi d’honorer tes sentiments envers Yin. Et tu vas devoir assumer quelque chose que tu ne voudrais peut-être pas. Alors réfléchis Matt. Car si tu l’aimes tu vas t’en prendre pleins la gueule par Calahan qui va jouer avec ça et si ce n’est pas le cas tu auras le même tarif… et peut-être pas que par le capitaine... » dit-elle sérieusement. Il lui apparaissait nécessaire qu’il ouvre les yeux là dessus, cela était trop gros, trop évident, pour ne pas passer au relationnel… et même si ce n’est pas le moment chacun de ses actes envers cette femme, allait confirmer les hypothèses que chacun se faits dans son coin. Et pour que elle, pense a de l’amour c’est que c’est gros.



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Matt Eversman
Caporal
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√ Arrivée le : 08/12/2012
√ Date de naissance : 22/01/1990
√ Gène : Wraith
√ Age : 34
√ Messages : 11473

Dim 7 Juil - 14:17

Matt Eversman

L'enfer by Calahan



ELANA & MATT


Ravix tentait de mettres des mots sur la situation, d’expliquer le comportement de la Natus ou même le sien tentant d’y trouver un sens, un peu de logique. C’était peu apprécié de la part du Ranger qui n’appréciait pas de voir cette jeune femme si insensible parler de chose qu’elles ne semblaient même pas connaître. Recevoir des leçons sur les sentiments et la gestion de la vie sentimentale par Stroumph Grognon, il n’y aurait pas cru. Il se retint de le lui faire remarquer à haute voix, même si le regard sombre parlait pour lui. Même si l’écouter ne lui plaisait pas, Matt se devait d’avouer qu’elle appuyait là où il le fallait mettant certaines zones en lumière. Il ne lui répondit pas de suite préférant soupirer, se donner un peu de temps de réflexion en passant les mains sur son visage gagnant quelques précieuses secondes. En apprendre davantage sur Yin, savoir à quel point la demoiselle pouvait être estimée n’aidait qu’à retourner la lame dans la plaie.

« Je ne suis pas amoureuse d’elle… C’était du cul, rien d’autre… » ça, c’était un point dont il était certain. Du côté de la Natus, il n’était sûr que tout soit aussi clair. il n’était pas dans sa tête et ne pouvait deviner ses sentiments. « Mais je peux pas rester insensible à sa situation. Si elle est dans la merde, j’y suis pour beaucoup. Elle agissait peut être en connaissance de cause pour les lois Natus mais elle ne devait pas s’attendre à se faire kidnapper et torturer par Calahan. »
La situation ne prenait pas une bonne tournure faisant remonter pas mal d’émotions négatives. L’épuisement n’aidait pas à avoir les idées claires et l’agacement était perceptif. Le responsable de tout ce bordel c’était Calahan et il en jouait tellement bien.
« Il savait que ça m’affecterait. » L’homme avait visé des plus justes tant il était parvenu à l’acculer au pied d’un mur gigantesque brisant chacune de ses résistances. L’envie de tout envoyer en l’air était bien là, de tout abandonner. Seule la tête de mule qu’il était le faisait encore tenir, s'accrocher pour encore je ne sais combien de temps. Il soupira de nouveau essayant de se calmer, de repousser les pensées néfastes. Ravix n’y était pour rien, elle n’avait pas à le subir.
« Pouvons-nous rentrer, Caporal ? J’en peux plus. »

Elana ne bronchait pas face au regard noir de Matt, elle en avait presque l’habitude, cela faisait partit de son personnage. Il semblait susceptible et pas toujours quand il devait l’être. Dans ce cas présent il pouvait mal prendre ses propos, mais elle en avait rien à faire. Cette histoire qui s’incrustait à leur manœuvre prenait trop d’importance. Trop d’importance pour une histoire de cul.
Que du cul putain ! Depuis quand on se fait chier pour une partie de jambe en l’air qui n’a que pour seule fonction se dégourdir les fonctions intimes ? Sérieusement, cela la dépassait et l’énervait au fond. Elana venait à se demander quelle était la leçon derrière cette mascarade. Elle ne voyait qu’une chose : faire payer Matt pour ses relations, du moins sa tendance à fricoter et d’être borderline comme avec la capitaine. Il n’y avait que ça. Il s'investit trop dans ses histoires d’un soir, il a un comportement flou et c’est une brèche ouverte pour être manipulé. À moins, que cela soit sa tendance à s’attacher peut-être aux autres et d’oublier la raison ? Elle ne pouvait pas le savoir, elle n’en savait rien, elle ne le connaissait pas vraiment après tout. Elle se basait sur ses observations.

« Oui et le problème est là. » Dit-elle simplement. Le problème étant que Calahan savait qu’il serait affecté et qu’il serait sujet à la pression. Et que ça foutait la manoeuvre dans une bien drôle de situation !

« Quand tout est fini Matt, je te conseillerai de mettre fin à ton plan cul Natus. Définitivement. » Car elle sentait vraiment la merde à trois kilomètre qu’après Calahan cela allait être les Natus le problème.
Il n’avait quand même pas oublié qu’ils étaient en « entrevue » avec le doyen du camp ?
« Non faut voir s’il a fini de te raconter tout ce qu’il avait à te dire. Et après on dormira. Enfin… »

Tout semblait si simple pour elle. Le monde de Matt n’était pas si binaire et c’était pour cela que tout était aussi compliqué. Il avait tendance à s’attacher, à ne pas lâcher et forcément il trainait de belles casseroles avec lui. Elle avait cependant raison sur un point : la fin de cette relation avec Yin. Il acquiesça d’un signe de la tête avant de se prendre quelques instants pour souffler un peu, faire un peu le vide dans son crâne ce qui s’avéra impossible avant de finalement la suivre et reprendre place sur ce tabouret.
« Veuillez nous excuser, Monsieur. » Tenta-t-il poliment avant de finalement soupirer le plus discrètement possible. Mentalement, il n’était plus prêt à écouter d’autres paroles complexes. Elana le rejoignit silencieusement, attendant la suite, elle camoufla un bâillement.

Le vieil homme venait de faire repartir son enfant après lui avoir donné un petit tigre en bois. Il était à l’image d’un Tairis. Son expression accueillit les deux jeunes gens avec bienveillance et il acquiesça en les laissant s’installer. Son regard s’attardait sur Matt.

« C’est normal d’être perturbé mon jeune ami. Votre regard s’est assombri, noyé à ténèbres. Mais comme toutes tempêtes dans le ciel de cette Terre qui est la vôtre, l’éclaircie revient toujours.. »
Il posa son ciseau à bois sur la desserte. Puis il bifurqua son regard vers Elana.
« Quel est votre idée de la relation qu’entretiennent les Natus avec leurs liens ? »
Elana pensait qu’il allait continuer sur des histoires ou bien sur quelque chose d’autre mais pas une question directement posé à elle.
« Je ne peux que me baser sur notre conception propre. » dit-elle franchement. Et vu le pluriel au mot “liens” les Natus étaient donc polygames.
« C’est interrogation orientée. Pour vous apprendre...à tous deux. » admit Véridien tout en insistant gentiment du regard vers Matt. Il retira le torchon plein de copeaux de bois qui se trouvait sur ses cuisses et prit une assise un peu plus confortable.
« Autrefois. Alors que les Natus ignoraient l’existence des vôtres. J’oeuvrais à calmer les ardeurs des farouches. Je vois en votre regard, Matt, l’étincelle qu’eurent les centaines de braves qui écoutèrent mes paroles. Mais... »
Il sourit.
« Étonnamment, cela me satisfait, d’avoir maintenant couple Atlante et Natus lié qui viennent à moi par incompréhension. L’attirance se moque de la nature, de la culture, tant elle prend au coeur et accroche le lien. Et j’ai beaucoup appris. »
Véridien regarda de nouveau Elana.
« Vous Atlante, appelez cela “Amour”. “Aimer”. Mot qui nous semble bien pauvre savez-vous ? Nous aimons boire, nous aimons nous entraîner, nous aimons un plat de Harchis. Le lien est au-delà. Il accroche et tisse une toile invisible qui unit. Au coeur, au regard, à l’esprit...mais divers degrés. »

Oui, elle avait bien compris que cela était orienté, il ne devait pas être bête pour faire le lien entre la soudain besoin de la caporale de parler seul à seul avec Matt et cette histoire avec Yin. Par chance, il ne demanda pas plus, commençant à parler pour tenter une explication. Même si elle ne savait pas trop quoi pensée de son ancien rôle « de calmant pour les farouches ». Peut-être était-ce des Natus moins enclin à se partager ? Peut-être bien.
Plus l’homme parlait plus elle sentait une forme de tension, si Yin avait décrété de mettre Matt en lien, il était vraiment dans la merde. Au final, cela était aussi la définition de “l’amour” pour la majorité des terriens, simplement que sur Terre on ne sait pas vraiment l’expliquer ou même l’approfondir. Son regard alla légèrement vers Matt… Lui qui voyait Yin comme un simple plan cul, etait-ce le cas de la demoiselle ? Surement pas, elle en était presque persuadé sinon pourquoi parlons nous de lien Natus ? Tant de question…

« Il n’y a que des liens comme cela ? Pas de simple lien charnel sans sentiments ? » demanda t’elle.
« “J’aime” votre curiosité, mon enfant. » répondit-il. Elana eu un très fin rictus au “j’aime” de la référence sur le fait d’aimer. « Il est de votre culture de faire entrer votre “conception” dans des petites boites. Cela n’existe pas en nous. »

Oui, les petites boîtes ce n’est pas que culturel c’est aussi son cas, elle aime mettre les choses dans des compartiments et ne pas dépasser les contours. Elana ne s’estimait pas très « ouverte » comme personne, mais elle tâchait d’essayer de faire de nouveaux contours face aux expériences. Matt en était une, il était dans une boite et vu ce qui se passait dans cette manœuvre, la boite s’agrandissait de nouvelles barrières et d’une ouverture plus grande.

Il balaya de la main en direction des statues. Il pointa deux d’entre elles qui, pourtant, s’appuyait sur une base unique. C’était Pedge et Namara en position de combat.
« Force d’exemple que votre Meneuse et de la nôtre, que l’ont dit lié sans votre conception “Amour”. Car, voyez-vous, les liens accrochent tant qu’ils sont à sincérité. »
Véridien pointa Elana du doigt pour souligner un exemple.
« Vous, jeune femme, pourriez trouver solide Natus qui vous partagerait sa couche ce soir. Offrir la chaleur de son corps, sa bienveillante attention. Soulager votre chair et votre esprit sans aller à engagement au temps. Tout comme vous pourriez aussi sentir votre coeur vibrer et vous dévouer corps et âme à jamais à partir de cette nuit. Cela ne tient qu’à ceci : sincérité. »
Son regard s’attarda sur Matt et il était clair que le message s’adressait à lui.
« J’ai expérience étonnante, chez les Atlantes, de votre conception “Amour”. Vous avez de grandes difficultés à reconnaître ouvertement la nature du lien qui vous unit à un Natus. Plus habituellement lorsque cela ne satisfait que le corps sans engagement...ou qu’un Atlante ne supporte pas que son lien multiplie ses accroches. Qu’il ne suive pas la voie du Modéré.. »

Véridien fit une pause pour les aider à digérer son explication. Il tenta alors de vulgariser la conclusion.

« Le jour où un lien Natus vous accroche. A attirer votre chair et votre esprit. Songez-y : sincérité. Que ce soit à soulagement de votre être, pour garnir votre couche à jamais, il n’est rien de plus insultant que de cacher la “boite” dans lequel vous le mettez. Homme ou femme Natus. »
Il hocha la tête.
« Car en refusant d’avouer qu’il n’est à votre regard que conquête de chair. Ou projet d’avenir. C’est offense que vous faites. Cela signifie, pour un Natus, que vous ne le jugez pas capable de vous comprendre, d’accepter. Que vous lui reprochez manque d’intelligence, de confiance et d’intégrité. Refuser de répondre, c’est un déshonneur, une insulte. Je vois de mes yeux nombreux couples Atlante/Natus se méprendre à ce sujet. »
Il fixa Matt.
« Ouïe dire n’est pas fiable source. Mais il m’est évident que c’est également cette méprise qui perturbe votre esprit, Matt Eversman. Ne pas reconnaître et déclarer quel est la place de Yindie Destya dans votre être : c’est odieuse offence adressée à cette Natus qui vous porte son attention. C’est répondre à ses caresses sincère par la souillure de son honneur. Et vous savez combien cette valeur nous est importante...n’est-il pas ? »
Véridien termina par un petit pavé dans l’eau. Peut-être y verrait-il la raison de son message.
« L’on a raconté que le Vil Atlante a appelé Inquisiteurs, porter le péril à notre jeune Natus, à seul dessein de faire saigner votre coeur. Voici pourquoi vous recevez mon invitation, Matt. Le Vil est peut-être plus studieux et voit là l’outil qui lui sert à vous torturer l’esprit... »
Il termina.
« Je vous offre la réponse pour soulager votre âme. Faites l’effort de la comprendre, mon enfant... »

Elana laissa son regard parcourir les deux meneuses, n’empêche c’est quand même la classe d’être immortalisé en statue. C’est un sacré honneur et elle devait bien reconnaître, une belle manière de laisser sa trace quelque part d’être quelqu’un. Être une personne que d’autres admires pour vos valeurs et votre courage. Un jour elle aimerait bien admirer une effigie d’elle-même et se dire qu’elle a fait de grandes choses.
Cependant, sur la relation de sa capitaine, elle ne savait pas si cela était aussi du charnelle ou bien simplement un lien de sœur d’arme. En toute franchise, Elana n’avait pas envie de savoir si Pedge Allen aimait brouter du gazon ou non. Cela ne regardait personne. Elle quitta bien vite ce genre de questionnement pour écouter la suite, ainsi il avait des plans « culs » ce qui n’était pas plus mal. Tant qu’il y a une sincérité, pour Elana elle voyait une transparence dans la communication. Dire les choses comme elles sont. Quelque chose de bien difficile pour des terriens, qui cachent sans cesse des attirances de peur d’être rejeté ou simplement pas aimé.

Le regard délavé de la soldate, fixa à son tour Eversman avec ces informations (pour le peu que son cerveau marche encore) allait lui être utile pour mettre fin à tout ça et éviter de se prendre un second coup : by Natus.

La jeune femme se leva, elle avait les muscles fourbus. Elle ne nierait pas que les Natus lui apparaissent encore plus intéressant suite à tout cela. Elle aurait bien aimé rester encore un peu, écouter quelques histoires de ce peuple, mais si elle voulait que le ranger serves à quelques choses demain, il fallait qu'il dorme. Et accessoirement elle aussi, même si elle n'en avait plus envie soudainement.

« Je vous remercie pour vos avis éclairé Véridien. » Qui soit disant ressemblait à la vérité un mot qui lui allait bien. « Nous devons vous laisser, un long combat nous attend demain. » Son regard se posa sur le soldat « On se retrouve au dortoir. » Elle le salua poliment, avant de sortir, laissant Matt la suivre ou bien échangé encore un peu sur toutes ses révélations.

« Vous me trouverez tous les jours à mon atelier... » répondit-il aimablement. « Puisse les Trois apaiser votre sommeil et vous offrir force et vigueur pour votre prochaine bataille. »

C’est fou comme les Natus s’exprimaient dans un langage complexe multipliant les formules poétiques et qui le perdaient au fil des minutes. La concentration n’était pas le fort d’Eversman, il tâchait pourtant de faire des efforts mais était bien incapable de focaliser bien longtemps son attention. Le fait qu’il soit exténué et ait l’esprit bien occupé n’aidaient pas. Véridien sembla vite comprendre qu’il n’était pas parvenu à déchiffrer son charabia et essaya de s’exprimer de manière plus claire. Il lui demandait de clarifier sa situation avec Yin, de lui dire clairement qu’il la considérait comme un réconfort mais qu’il n’imaginait pas de suite. De toute manière, mettre fin à cette relation était le mieux à faire, comme le lui avait fait remarqué Elana. Trop de mal avait été fait. Il y avait eu trop de souffrance. Eversman ne voyait pourtant en quoi cela pouvait le soulager. Yin était toujours aux mains de ce Connard, les Inquisiteurs allant vers elle et voilà maintenant que le Stroumph Grognon lui faisait faux bond s’éclipsant rapidement. Ne devait-elle pas surveiller ses fesses ? A croire qu’elle avait oublié l’ordre d’Allen pour le laisser avec le Vieux.

« Je vais y aller aussi, Monsieur. » Dit-il tout en se remettant sur pieds. « Merci pour… euh les histoires et aussi les conseils. » Fit-il maladroitement avant de prendre congé de l’homme repassant devant son portrait dont il gratifia le pied d’une caresse en passant.



@ pyphi(lia)

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Dim 7 Juil - 15:59

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


DU CÔTÉ D’ELANA

Quand elle sortit, l’air frais de la nuit lui était appréciable. Elle soupira longuement, se massant la tête. Elle avait encore l’impression d’être dans un nid à anguille tellement cette manœuvre était épuisante autant physiquement et mentalement. Et étrangement (elle devait être maso) elle s’avouait qu’elle aimait ça.
Son regard parcourra un peu le village de pierre, pour se diriger vers un feu, d’un air mécanique et machinal, surement mué par la curiosité de savoir qui était là bas.

Les ombres devinrent les silhouettes plus précises de Natus tardifs qui entouraient ce feu. Elana perçu en premier quelques ricanements joyeux d’une vie de camp. Il y avait deux femmes et trois hommes agglutinés autour du foyer pour discuter joyeusement, assis sur d’anciens troncs. Le tirailleur qui tournait le dos à Elana était visiblement en train d’aiguiser le tranchant de sa baïonnette. Un autre était en train de recoudre sa vareuse, se trouvant uniquement recouvert d’une chemise de toile.

Ils discutaient visiblement d’un petit endroit poissonneux que l’une des filles venait de découvrir et cherchaient à s’organiser pour rapporter une récolte au camp, la partager avec la grande famille. Mais alors qu’Elana s’approchait d’eux, la plus silencieuse et la plus jeune du groupe dégaina son arc aussi vite que les héros d’un film fantastique.
Et Shpack ! Une flèche la toucha en plein centre de sa poitrine, l’impact la surprenant soudainement. Il avait été doux et léger...alors que l’archère lui avait tiré dessus comme si elle visait un lapin en fuite.
Si elle décrochait le trait de sa poitrine, elle verrait que la pointe n’existait pas, remplacée par un large tampon fait de mousse et de résine collante.

« La mort t’a attrapé !!!! » s’écria joyeusement l’adolescente alors que tous les autres se retournaient.
Les flammes éclairaient bien la tireuse. Elle était si jeune...à peine quinze ans.

Elana ne s’y attendait pas à cette soudaine agression. Pour être franche, elle n’avait pas eu le temps d’esquiver se retrouvant avec une flèche dans la poitrine… et quand bien même, il aurait fallu être en position de défense et ne pas venir d’un pas confiant vers ce groupe nocturne. Son regard était descendu sur la flèche, peut-être que la surprise, pour une fois, marquait son visage. En voyant que ce n’était que du factice, elle releva un regard morne vers cette jeune femme qui semblait jeune. Elle n’appréciait pas trop ce système de jeu, même si les sens de la petite étaient exemplaires. Cela lui rappelait les sales gamins des cités qui pour « s’amuser » lançait des bouts de métaux sur les passants. Un jeu de sale môme. Même si bon, l’intention de la jeunette ne devait pas être le même que ceux des ses pauvres gosses qui finiront en taule. Elle retira la flèche d’un geste avant de dire de sa voix habituelle.

« Dans ce cas, je suis un zombie et j’adore manger le cerveau des petites filles ! » dit avec sa voix caverneuse cela pouvait presque être flippant. Elle se dit que les Natus n’en savait rien de ce que pouvait être un “zombie” et que cela allait être pas très drôle pour eux.

Tous les sourires qui s’étaient dessinés dans la blague éventuelle de cette jeune femme s’effacèrent. Ils se regardèrent les uns les autres sans dire un mot, visiblement très inquiet des propos qu’Elana venait de tenir.

« C’est une blague... » dit-elle avant de s’approcher de l'adolescente. Mais celle-ci, soudainement bien moins sûre d’elle, se campa furieusement sur ses jambes en dégainant une vraie flèche, une lueur apeuré dans le regard. L’homme qui tournait le dos à Elana et qui aiguisait sa baïonnette se redressa dans le même temps et chassa de sa main l’arc de la petite, se retournant ensuite d’un bloc, en écran protecteur, pour la considérer. Il tenait son fusil à une main, le pouce caressant le bois comme en l’attente d’un stimuli.

La française aurait presque pu se dire qu’elle n’avait jamais aussi bien réussi une blague de toute sa vie. Mais apparemment les Natus prenaient ça un peu trop à cœur. Elana se demanda bien pourquoi ils la croyaient après avoir dit qu’elle blaguait. Elle s'arrêta nette jaugeant le grand homme devant elle… un petit frisson en voyant la flèche cette fois plus vraie que nature de la petite… Oula cela sentait mauvais.
« ...Je ne suis pas sérieuse… » Elle aurait pu dire qu’elle avait déjà mangé, mais là… elle allait se prendre véritablement un coup « C’est une blague... Les zombies sont des mort-vivants dans nos légendes et ils mangent les cerveaux. Et comme elle m’a “tué”... Bref, ce n’était pas drôle. » son regard s’était figé dans celui de l’homme. Enfin sur le coup sa “blague” était aussi drôle que se prendre une flèche selon elle.

Le tirailleur Natus ne répondit pas dans l’immédiat, il avait dans la cinquantaine et continuait de lorgner Elana en peinant à accorder du crédit à ses explications. Elles lui semblaient encore plus obscures. C’est un autre soldat qui intervint.

« Aulbeck, ça va. Je connais tel regard du vide. C’est Atlante que j’ai eu à dîner. Fière de son récit d’honneur du brave Eric le Sacrifié. Nul danger, tu le sais bien... »
« Vyme est mon enfant. » répondit enfin le Natus à l’adresse d’Elana. « Bien trop pleurent leurs jeunes morts. Elle est ma dernière famille. Ma dernière... »
L’intervenant se leva en passant son fusil à l’épaule.
« Elle comprend Aulbeck, humour Atlante fait étrange impression. »
Il tapota l’épaule du père avant d’approcher d’Elana et de tendre sa main dans sa direction.
« Vous êtes la bienvenue l’Atlante. Pardonnez mon ami. La guerre fût rude pour lui. Je suis Reltiss. Aulbeck que vous apprenez à connaître. Sa fille Vyme qui festoie son premier arc. Et mon lien Aléya. »

Avant que l’autre Natus n’intervienne, elle commençait à se demander si sérieusement, elle allait convaincre ce grand gaillard qu’elle n’était pas sérieuse… voyons, depuis quand les Atlantes mangent du cerveau humain ? Petite elle mangeait souvent de la cervelle de mouton, sa mère en est complètement folle. Le plus difficile dans ce plat est outre de bien le réussir, mais surtout de passer au-delà de la texture des plus détestable et c’est pour cette raison qu’au final Elana en mange que chez ses parents. Son père est un merveilleux cuisinier, il pouvait vous rendre bon n’importe quoi, même du jus de chaussette. Et en parlant de sa mère, elle aurait bien aimé, tout comme Vyme, pouvoir être avec elle sur les champs de batailles ou vivre au sein du même régiment qu’elle ici. Cela serait une belle aventure mère/fille… mais cela n’était pas possible. Vyme ne se rendait pas compte de sa chance ... En tout cas, elle fut soulagée que l’homme décide de ne pas la conforter à cause d’un abus de protection paternelle. Elle hocha la tête, oui elle comprenait très bien même… cependant elle nota que l’humour, il fallait vraiment qu’elle arrête….
En tout cas, l’épopée d’Eric lui avait sauvé les miches et elle lui adressa une pensée, comme chaque soir. Tiens un « lien », elle aurait donc l’occasion de voir en “vrai” comment se comporte les Natus. Les dires de Véridien allaient donc être vérifiés.
« Enchanté, Caporale Elana Ravix, Atlante en effet. » Il restait un homme encore assis qui n’avait pas été présenté par le dénommé Reltiss. Elle tourna la tête vers lui.

« AAArrrrTTTtttUuuuuUUSssss » parvint-il à articuler avec un grand sourire. Vu la manière dont il répondait, Elana se demanda s’il n’était pas sourd, pour que sa voix soit aussi peu stable. Elle lui fit le même signe de tête qu’au autre de salut.

Reltiss invita la nouvelle arrivante à s’installer sur le tronc à sa place. En entrant dans le cercle, elle sentit le soulagement immédiat du petit groupe. Si Aulbeck était toujours avare en parole, pas forcément agressif, mais bien obsédé par la protection de son enfant : il s’était placé entre elle et Vyme.
L’adolescente s’était assise, le regard luisant d’une saine curiosité mais aussi d’un peu de culpabilité. Si elle n’avait pas joué en tirant sa flèche, elle n’aurait pas causé ce malaise. Aléya, le lien de Reltiss, tapota son tronc de la main pour qu’il s’y installe. Et avec un sourire de tendresse, elle vint se placer sur ses genoux en accrochant ses mains autour de sa nuque. Une position simple qui n’avait pas pour but un étalage en public mais un sentiment sincère.

La française prit place sur le tronc, se penchant pour tendre la flèche à la jeune fille. Avec un petit clin d'oeil pour la rassurer. Cette dernière regarda son père en faisant un signe tout aussi rassurant, le visage rougi par l’attention que la militaire Atlante portait sur elle, et elle reprit son jouet pour le ranger dans le carquois qu’elle portait au flanc.

« Merci Atlante Elana. » répondit-elle poliment.
Cela fit rire doucement Reltiss et sa compagne qui regardaient cette timidité enfantine avec bienveillance.
« De rien Natus Vyme. » fit naturellement Elana avant de tourner la tête vers Arthus. « Artus est sourd ? » dit-elle un peu trop franchement et de but en blanc.
« NOoooOnnnNNnn » fût-il heureux de répondre avec un sourire radieux sur le visage.
« Grande histoire que cela ! » fît Aulbeck de ses premiers mots, montrant ainsi qu’il n’avait rien contre la Française, ce qui la soulagea, elle avait peur qu’il lui tienne rigueur de ce malaise zombiefiant.
« Oh que oui ! Essaies-tu de la narrer Artus ? Cet honneur est tient ! »
Artus secoua fébrilement de la tête pour refuser, le rouge lui venant au visage.
« Voyons, c’est beau souvenir à offrir à notre invité ! » Insista le lien de Reltiss. « Essaie et nous compléterons ! »
« Elana l’Atlante veut l’entendre de ta bouche. » insista Vyme pour jouer le jeu.
Artus était très géné. Mais en même temps, il avait envie d’accepter.

Elana nota qu’il semblait toujours content cet homme, du moins il semblait rayonner, même si base il avait un physique avantageux qui le rendait attirant. Son sourire était la petite pièce de lumière de son visage, comblant rapidement la surprise de son élocution qui brisait un peu le charme. Voyant qu’il semblait hésiter à narrer son histoire, surement à cause de son handicape d’élocution, la française ne voulait pas insister pour le mettre mal à l'aise, cependant les autres Natus semblaient l’encourager à narrer un beau souvenir. Alors elle s’y m’y aussi.
« Exactement. Surtout si c’est une belle histoire ! »

« GuuEEeeRReeee... »

Il découvrit sa gorge en souriant et lui montra une horrible cicatrice à la base de son cou. Un Wraith avait tenté de le ponctionner là, lui déchirant la peau et le mutilant affreusement.

Elana n’avait pas remarqué ça et dans un sens, c’est le genre de chose qu’on remarque en plein jour. Elle eut une légère grimace, non pas de dégoût, mais d’empathie. Elle n’avait encore jamais été confortée aux Wraiths, mais comme tout le monde, elle avait lu des rapports et elle avait demandé au médecin de lui décrire la douleur d’une ponction. Cela était une bien drôle de question, cela avait surpris Beckett, mais elle voulait se préparer (même si ce genre de chose personne n’y ait réellement préparé) à être un jour le menu d’un de ces vampires. En tout cas, il était en vie, certe handicapé mais ce n’est rien à comparé de pouvoir voir le soleil se lever chaque jour !
« Si tu es encore en vie, c’est que ce monstre est mort de ta main ou celle de l’un de tes compagnons ? »

Le groupe s’esclaffa soudainement dont le fameux Artus avec sa voix déformée. Sur le coup elle se demanda si elle n’avait pas dit une connerie.

« Si seulement tu pouvais te plonger en nos souvenirs l’Atlante. Ca valait le voyage dans votre chateau de fer volant. » Elle était bien d’accord parfois ça serait tellement bien de pouvoir visionner des bribes de souvenirs…
« C’était la bataille pour prendre l’antre des Dévoreurs. Il tenait Artus en sa main. Et je suis venu le soulever de toutes mes forces. »
« Je lui ai fendu son joli petit poignet d’un bon coup de ma lance. »
« Je l’ai lardé de ma baïonnette ! »
« Et lui ai fait faire trois tours entier de SA TÊTE !!!! »
Aulbeck venait de terminer sa phrase en rugissant de façon surjouée. Son bras s’était emparé de sa fille comme s’il s’apprêtait à lui faire la même chose.
« PÈRE !!!!!! MES CHEVEUX !!!!!! » S’était-elle plaint dans un cri surpris et amusé.
Le groupe rigola de bon coeur et Reltiss conclut dans un dernier rire.
« Parbleu !!! Dire qu’on a même pas pu remercier ce Dévoreur avant de l’éteindre !!! »
Artus hocha de la tête en regardant Elana, son grand sourire irradiant son visage. Il tenta de lui donner le clou de l’histoire.
« JAAAaaaMMMmmAaiis … Paaarléééééé... »
Sa voix s’enroua et il toussa un peu avant de tapoter sa cicatrice.
« GuuEEeeRReeee...VooOOoiiiiXXXxxx….VooOOOiiiiiXXXXXxxxx !!!!! »

Elana eut un rire amusé face aux réactions très enjouées des Natus, une belle complicité comme n’importe quel soldat attendait de ses compatriotes d’armes. Enfin surtout elle. Et ça manquait un peu sur la cité à son goût. Sûrement à cause des cultures différentes cela prenait surement plus de temps. Même si bon, elle sentait qu’il avait du potentiel avec l’escouade actuelle. De toute façon elle était déjà prête à donner sa vie pour eux.
En tout cas, en écoutant ce groupe, ils se devaient chacun la vie et ils seraient tous les uns et les autres, prêt à se sacrifier pour aider un membre de ce groupe. Elle trouvait ça beau et ça renforçait les bonnes impressions qu’elle avait déjà sur ce peuple depuis la « cantine ». Elle ne se rendit pas compte qu’elle avait un beau sourire sur le visage avant qu’il ne disparaisse, quand son cerveau assembla les mots hasardeux d’Arthus et pourquoi Reltiss voulait remercier le Wraith.
« Tu étais muet de naissance ? »

Un “Aaaaaaahhhh !!!” d’exclamation général monta dans le groupe avec un nouvel éclat de rire.
« Quel sautard oserait déclarer Elana l’Atlante limitée d’esprit ?!? » Lâcha gaiement Aulbeck tout en taquinant sa fille.
Artus, à ce moment là, avait fait oui de la tête. Son expression ravie avait peut-être l’air de le rendre un peu benêt sur les bords. Mais il était bel et bien muet de naissance avant que cette sévère blessure ne lui rende la parole.
« Il fait grand progrès ! » confia Vyme à son interlocutrice. « Tous les jours il parle plus. Et plus juste ! J’aime lui apprendre ! »
« Les Trois ont récompensé ton courage et ton honneur, Artus. » fit Aléya avec une certaine émotion dans le regard. « C’est grand mérite légitime. »
Elana aurait bien répondu, lui disant que beaucoup le pourrait, car elle trouvait un certain confort à ne pas se montré comme quelqu’un d’intelligent. Et ça depuis toujours. Elle n’avait jamais trouvé l’école intéressant et se contentait du minimum pour valider les années. Après, elle ne se considérait pas intelligente non plus. Simplement et affreusement dans la moyenne. En tout cas, le Wraith lui avait débloqué les cordes vocales si on peut dire cela ainsi. Un mal pour un bien encore plus beau. Cette histoire, elle la gardait en tête, elle la raconterait a Banks, il allait adorer. D’ailleurs, elle se fit la remarque qu’il devait s’inquiéter… et elle s’inquiéta aussi pour lui, après tout il l’avait aidé plus tôt dans la journée… Elle chassa cette pensée se disant qu’il était suffisamment malin pour être bien. Il aurait pleins de chose à lui raconter.
Elle regarda Artus « Bientôt tu pourras monter sur la table de la cantine et raconter cette histoire comme n’importe qui. » dit-elle malicieusement, même si cela n’était pas très visible. Si elle avait put le faire, il pourrait.

Artus fît soudainement “non” des mains et de la tête comme s’il repoussait cette idée de toutes ses forces, très gêné, alors que le groupe se remettait à rire sincèrement.

« Vois ! Même Elana le dit ! Elle qui n’a pas culture de vantarder son honneur ! »

Artus se passa une main sur la tête. Il était maintenant rouge comme une tomate mais dans le bon sens du terme. Pas besoin de mots pour voir qu’il vivait chaque seconde avec ce précieux cadeau avec une joie que partageait ses amis et famille.

Elana trouvait ça assez amusant de voir cet homme fier à la mâchoire carré devenir aussi rouge qu’une jeune fille. Elle détourna son regard délavé de lui, pour fixer le feu avant de balayer les Natus.
« Vous utilisez un langage spécifique pour les personnes muettes et sourdes ? » se questionna t’elle.

Petit silence.

« Pour le savoir, il est contrainte de sceller tes yeux jusqu’à notre signal. » fit malicieusement Aléya. Elana la regarda d’un air intriguée, puis haussa les épaules, elle s’attendait à une blague, mais de bon coeur, elle mit sa tête entre ses mains pour ne rien voir.
« Pas ainsi... »
« Sceller les yeux. Comme en dormant... » lui conseilla Aulbeck en s’étant penché dans sa direction. « N’ouvre pas l’oeil et attends. C’est chose à vivre, pas à parler...Nulle embuscade. »
« Ah ? » Elle releva la tête se tenant bien droite, pour fermer les yeux.

Elana entendit comme un froissement et un long grattement. Le jeu dura de longues minutes durant lesquelles la petite équipe demeura silencieuse. Aléya s’était écartée parce que son compagnon avait débouché une gourde qui passait de main en main. Elle allait atterrir entre les mains d’Elana lorsque Reltiss fît les gros yeux au patriarche, préférant qu’elle conserve les yeux fermés.

« FIIiiiiNNNiiiii » parvint à articuler Artus.

Quand elle ouvrit les yeux, il se trouvait agenouillé devant elle, tenant entre ses mains une feuille de parchemin roulé. Elana y découvrirait une reproduction artistique et quasi parfaite de son visage, embelli par le regard pétillant du jeune homme qui lui avait ôté tous traits de fatigue et rendu la prunelle de ses yeux plus expressifs que d’habitude.
En somme, en quelques minutes, un portrait amélioré et un brin fantasmé de son visage.
Le groupe attendit silencieusement son avis tandis que le jeune reprenait sa place avec son sourire permanent.

Le voir devant elle la gêna soudainement et il était encore bien trop prêt pour son cerveau qui identifia la présence masculine comme un danger potentiel, mais il était suffisamment loin pour qu’elle ne se mette pas sur la défensive et se retire d’un coup. Elle resta donc stoïque, prenant le papier « photoshopé » de l’ancien muet. Elle fut happé par ses yeux très expressifs et singuliers. Cependant, elle ne compris pas immédiatement le but de ce papier... elle se mit à réfléchir concluant qu’ils devaient peut-être avoir d’autres parchemins avec d’autres représentation ou même montrer des éléments de son visage pour communiquer. Elle releva les yeux vers le groupe.
« Vous utilisez des images pour parler ? »
« Il écrit pour l’urgence. Mais les émotions, il les dessine ! »

Vyme s’était levée. Elle passa dans le dos de son père en y laissant traîner sa main tout le long de ses épaules avant de rejoindre Elana et percher sa tête par-dessus la sienne, le point de vue lui offrant l’image dessinée.
« Là, vois ! » fit-elle en tapotant l’expression inhabituelle de son regard sur le portrait. « C’est ainsi qu’Artus voit en toi. Il ne se laisse point berner par le vide de tes yeux ! »
Vyme marqua une pause et ajouta plus bas en se penchant :
« Et il te trouve belle Atlante. »
Le dessinateur acquiesça, bien content que la jeune femme ai fait la traduction, sans se douter ce qu’elle avait ajouté ensuite.

Elana fut impressionné… il avait dessiné tout ça si rapidement et avec une telle justesse… elle était clairement sur le cul. Entre lui et Veridien qui sculptait comme un dieu, les Natus avaient peut-être un don artistique très prononcé. Après bon, ce n’est qu’un constat fait sur deux personnes alors qu’ils doivent être bien plus. En tout cas, il devait être bon au pictionary ! Cependant, elle ne savait pas comment interpréter ce regard luisant. Elle n’était pas très bonne à ce petit jeu et elle lança un regard étrange à l’adolescente quand elle lui sortit qu’on la trouvait belle.
« Physiquement ou intérieurement ? »
« Ce sera question à lui poser. » Chuchota malicieusement Vyme avant de s’éloigner. « L’oeuvre est tienne maintenant. »

Ah elle n’en saurait pas plus. Elle regarda le portrait, qu’allait-elle en faire ? Elle ne savait pas encore quoi, alors elle le roula soigneusement, pour le glisser dans sa veste. Elle le mettrait dans sa boite à souvenir. Elle jeta un regard au dessinateur qui écoutait Reltyss et Aleya papoter, il n’avait pas entendu les murmures de la jeune fille blonde. Peut-être ne les cautionnent t’il pas. Après bon, elle semblait bien le connaître et l'apprécier, donc bon. Elana se leva pour rejoindre le trio.
« Merci Artus. » Dit-elle avant d’ajouter de sa même franchise un peu trop cash « Vyme m’a dit que tu me trouves belle. C’est son interprétation pour ce portrait. Quelle est la tienne ? » elle ne voulait pas de flatterie, elle voulait simplement “la vérité”, ce qu’il voulait communiquer sans interprétation d’autruis afin que le portait gagne toute sa valeur.

Le tirailleur l’avait vu s’approcher et il fronça les sourcils en se demandant ce qu’elle souhaitait. Il était même plutôt content d’obtenir de sa part un peu plus d'intérêt. Comme pour toutes personnes privées de la parole, même dans une autre galaxie, ses expressions non-verbales étaient bien plus intenses et significative.
L’aspect de son visage, à ce moment-là, semblait lui demander en quoi il pouvait l’aider. Ce sourire éternel s’étira un peu en récompense du remerciement et il resta un peu silencieux suite à la prochaine question. Si parler l’intimidait encore, le fait que Vyme ai révélé une information qu’Elana venait relayer à plus haute voix ne le surpris même pas.
Pour réponse, il tapota le sol à côté de lui pour l’inviter à s’installer. Reltiss et Aléya suivaient la scène avec une certaine tendresse à l’égard de leur ami, regardant sans véritable intrusion.

Elana se fit une nouvelle fois la remarque que cet homme était une pépite d’expression. Elle aimait bien, ça, cela lui permettait de mieux l’observer et de garder pour elle les traits à faire apparaître sur son visage qui semble trop souvent morne. Elle n’était pas partie pour s'asseoir au début… mais finalement, ce n’était pas une mauvaise idée, elle se rendait compte par petit pics insidieux que son corps lui réclamait de moins en moins d’effort, alors que son cerveau, lui, voulait repartir à fond les manettes. Elle en conclut qu’elle avait passé son heure de sommeil et qu’il allait falloir attendre la prochaine phase… et ça ne la dérangeait pas le moins du monde, au vu de la compagnie qu’elle avait trouvée. Ainsi, elle se plia pour poser son popotin sur le sol. Il faisait bon près du feu, même si la nuit n’était pas froide en juillet. La parachutiste enroula ses jambes en tailleur ouvrant un peu sa veste pour ne pas avoir trop chaud.

Artus l’observa longuement d’un air innocent. Il patienta qu’elle soit à l’aise puis, une fois assuré qu’Elana attendait la réponse, il hocha la tête sans hésitation malgré une pointe de timidité. Il ouvrit la bouche, se préparant à parler. Artus voulait assurer le ton et, pour cela, ses propos étaient lents mais la voix moins hachurée.

« Guerre...en..MM...Magna... » débuta-t-il lentement.
Les autres étaient content de le voir faire autant d’efforts.
« Vu...belle...grande Atlante...Meneuse...regard très...dé...dénué. »
Il acquiesça tout en plaçant deux de ses doigts devant le regard d’Elana.
« Comme...toi... »
Artus se racla la gorge. Il prit un petit instant pour réfléchir et ajouta :
« Coffre du...du...coeur. Regard fer...mé. Mais pas...pas...mort. Reservé...réservé ! »
Nouvelle pause
« Ca...m’accroche...c’est ca...cadeau à...celui choisi. Ton...lien. Celui qui t’a...t’accroche...vrai. Tu...auras te..tel regard. Juste pour l...lui...ou...elle. »

Véridien le lui avait dit. Les Natus parlaient des sentiments et des attirances de tout ordre par la sincérité. Artus souffla, son monologue l’ayant visiblement affaibli. Ses cordes vocales semblaient avoir perdu en timbre vers la fin, comme si elles n’étaient pas encore assez solides pour tenir ce temps. Mais il était fier de lui avoir répondu sans écrire, ce qui se voyait tout aussi clairement dans les regards du reste du groupe.

Il tapota de son index sur la poitrine de la Française, là où résidait la tâche de résine de la flèche qui l’avait atteinte.

« Ela...na capo...rale At...tlante est...est...belle...femm...mme. »


Parlait-il de Pedge Allen ? Ou bien du major Frei qui était tout aussi peu expressive que l’actuelle capitaine ? Dans un cas, comme dans l’autre la comparaison était flatteuse, elles étaient de grandes femmes dans le milieu militaire, même si Allen connaissait ses hauts et bas. Elle restait un soldat d’exception. Alors la comparer à elle était un honneur pour Elana, même si cela touchait qu’un truc très superficiel comme l’air sans vie de son regard. En tout cas elle appréciait ses efforts pour parler. Mais, elle demandait si elle n’abusait pas en le forçant à communiquer de la sorte ? Cependant, il semblait sincèrement désirer lui répondre.
En tout cas, il prit son temps et elle sentait qu’il s’affaiblissait. Il était téméraire et ses paroles la touchèrent. Et à la fois elle n’était pas à l’aise. Elle décida d’hocher la tête, méditant là-dessus, essayant surtout de bien assembler le tout dans sa tête. Les paroles de Véridien se rappelaient à elle… le regard, ce « lien » qui unis de personnes ou même quand quelqu’un vous plait et qui vous intéresse. Cela prenait un peu plus son sens.
Néanmoins, elle trouvait ça un peu rapide, elle qui si peut encline à s’épancher dans « l’amour ». Mais au final, elle se fit la remarque, qu’elle aimait sociabiliser et surtout « s’accrocher » avec des personnes, de partenaires de guerres, des amis, comme Banks, Liam, Rita, Iza, Danny, Ruth, Tim, Will et même petit à petit Matt. Former une meute solide avec des liens fort. Oui c’est ça, finalement, elle avait des affinités plus accrues avec certain, comme Banks (qui lui rappelait Eric par moment et pour cela qu’elle l’aimait beaucoup), Liam, Rita, Iza et Will ce dernier qui semblaient avoir le béguin pour elle. Elle ne pouvait pas expliquer pourquoi, elle avait une préférence pour eux et moins pour d’autres… c’est en cela peut-être que résidait les liens Natus au final. Elle avait sourit aux paroles.

La française allait lui répondre quelque chose du même crue que sa franchise habituelle, quand soudainement, il la toucha au niveau de la poitrine. La réaction fut brutale et immédiate, elle se recula attrapa fermement cette main comme pour retenir un coup…. Un éclat de peur se lu dans ses yeux. Une peur froide… une peur véritable d’un traumatisme frais. Elle n’avait pas pu contrôler ses muscles et surtout le réflexe de survie. Quelques heures avant, quand Will lui était passé au-dessus, elle n’avait pas bronché aussi fougueusement… mais là ? Pourquoi ? Tout bonnement, parce qu’elle était détendue et qu’elle était profondément fatigué.

Artus écarquilla soudainement le regard. Presque autant que la réaction même d’Elana sur ce rejet. Les Natus connaissaient très peu les cas dont la Française avait été la victime dix jours plus tôt, si bien que personne n’était en mesure de comprendre ce qui se passait.
Si les autres s’étaient contentés d’observer, avec quelques froncements de sourcils surtout inquiets pour elle, c’est Artus qui articula le premier en ouvrant grands ses doigts, les deux autres toujours prisonniers d’Elana.

« Par...don...Atl...tlante. Je ne...n’..approche..rai….plus. » articula-t-il sans vraiment comprendre, ne suivant que ce qu’il déduisait en maintenant son regard dans le sien.

Le cœur battant, elle avait l’impression un court instant d’être hors temps, se voyant réagir aussi vivement…elle devenu rouge de honte quand son cerveau refonctionna et que sa respiration forte commençait à se dissiper. Se rendre compte de tout cela, la plongea dans un sentiment de honte et de culpabilité tout aussi voyant. Son regard chasse de droite à gauche se raccrochant à quelque chose entre ses doigts… ceux du Natus. Ses muscles tendus à l’extrême elle avait une position étrange, prête à se défendre, broyant cette pauvre mains. Les propos d’Artus, la firent lâcher prisent et elle se releva aussi vite, chassant du sable imaginaire de ses cuisses, pour masquer sa gêne.
« Non… Non ce n’est pas de ta faute. » balbutia-elle
*Mais quelle conne !* s’insultait-elle intérieurement. « Ce n’est pas de ta faute… Ne t’inquiète pas... » dit-elle pour le rassurer lui autant que pour elle...Et tenter de faire taire les faibles tremblements dûs à l’émotion combiné de peur et de profonde culpabilité. Elle espérait à cet instant que Calahan n’ait pas des caméras dans le camps Natus.
« Ma rép...onse...pas co...rrecte ?...Ela...na...l’Atlan...te. Voul...voulait...autr...tre mots ? »

Elana beuga un peu, il pensait que c’était dû à sa réponse ? Elle secoua immédiatement la tête, soufflant par la bouche pour se calmer.
« Non. Non, ils sont très bien… j’ai… été... » elle se rendit compte qu’elle avait soudainement du mal à dire cette évidence. Alors que chez la psy cela était sorti comme une lettre à la poste. Mais, si elle ne lui expliquait pas, il allait pas comprendre. Et elle se sentait bête… elle ne savait pas quoi faire, pas quoi dire… et sans prévenir elle lâcha la première chose qui lui venu, ce qui l'obsédait par moment :
« J’ai … on m’a… Un homme m’a torturée et violée en mission…il y a DIX jours… » lâcha t’elle soudainement et brusquement, elle se touchait les bras, un geste inconscient de “lavement” et pour se rassurer. Elle avait parlé de manière un peu trop rapide et essouflée. “Dix jours” comme si cela pouvait être une explication logique. L’explication ultime à ce corps qui l’avait trahi. Comment foirer de belles paroles : il suffisait de lui demander ! Quelle conne ! Elle avait presque envie de chialer, mais cela elle se l’interdisait.

Les nouveaux amis d’Elana s’étaient inquiétés de la voir soudainement plus émotive. Artus, plus que les autres, voyait cette expression de douleur et caractéristique d’un traumatisme. Une énorme vague de culpabilité le submergea à l’idée que, s’il avait vu son “regard intérieur” pour le lui dessiner, il ne s’était pas du tout attendu à ce qu’elle soit blessée. Il pinça des lèvres et s’écarta un pour respecter une distance de sécurité avec elle.
Mais qu’il s’agisse de Vyme, Aleya, Aulbeck, Reltiss, ils cherchaient à comprendre ce que cela pouvait être. Dans leur esprit, ils n’imaginaient une telle réaction que face à un Dévoreur qui aurait attenté à sa vie, sa jeunesse. Qu’elle aurait connu une ponction si douloureuse qu’un simple contact au centre de sa poitrine aurait suffit à lui rappeler ce souvenir.
C’était un mal qui s’était répandu chez certains frères qui avaient très mal vécu leur vieillesse prématurée. Mais la prochaine explication d’Elana les avait tout simplement bluffé.
« Père ? » fit Vyme, visiblement très gênée de ne pouvoir trouver la réponse.
En paternel protecteur, celui-ci soupira en n’ayant pas imaginé devoir lui expliquer ça un jour. Il trouva son regard et prononça lentement :
« Le crime de Mauvel, ma fille. Le vol de l’honneur et de l’innocence en forçant consentement de ton corps par l’abus. La force, le vice, la manipulation. »
« Comment ? C’est... »
Elle regarda Elana comme si elle voyait une nouvelle personne et pinça des lèvres, une impression de compassion pleinement visible sur elle.
« Cela se peut ? »
« La Magna a réprimé tel comportement pour qu’il ne reparaisse jamais. Ta soeur de bataille a été touché par le crime absolu. L’assaut de ses chairs. Et de son honneur. »
« Panser son âme en peine. Reprendre confiance en sa force, son esprit. C’est blessure très longue à guérir. Voilà pourquoi ton père insiste pour que ton Premier, que tu es en âge de choisir, ne soit pas maladroit imprudent. »
« Excuse en...mon...igno...gnorance. » bredouilla poliment Artus à Elana. « Je compr...comprend. Contact...ne se...fera plus. Pour...pour...apaiser. Sécurité...avec nous. »

Elana avait fini par se calmer en remontant toutes ses barrières pour se verrouiller. Elle s’était laisser tomber en position assise sur le sol, afin d’éviter à ses jambes de continuer à la trahir en tremblant pour un geste si con. Elle se sentait mal. Elle soupira lentement, commençant à prêter attention aux dires des Natus, redoutant une réaction ou un jugement qui n’eut pas lieux. Ce barbare elle rêvait soudainement de lui tirer une balle dans la tête. Les Atlantes l’avait emprisonné pour l’interroger, mais elle serait la première à se porter volontaire pour le ramener sur une planète et lui en coller une entre les deux yeux. Cette haine, ne lui ressemblait pas, l’émotion ne lui ressemblait pas. Elle maudissait cette terrible aventure avant de faire le mélange et de remettre ce souvenir dans un coffre. Elle devait finir par vivre avec, elle devait se laisser place… Et elle devait aussi, apprendre à s’ouvrir et se faire soutenir par les autres. Cette leçon, le capitaine lui avait donnée. Alors, elle respira lentement, pour ne pas continuer à se refermer comme un coquillage.

La blonde tourna la tête vers Vyme, alors que son père lui expliquait ce qu’était un viol… elle était étonnée qu’on eût besoin de dire cela à une jeune femme en âge d’être attirante pour un homme. Puis ses yeux se posèrent sur Artus. Elle était contente qu’aucun Natus ne la regarde bizarrement ou même la questionne de trop.

« Non. C’est moi qui suis désolé. » dit-elle sèchement après avoir avalé sa salive. « Faut juste me prévenir, la prochaine fois. » dit-elle pour ne pas lui couper toute retraite. Elle attrapa ses genoux qu’elle plaqua contre sa poitrine.
« Pourquoi Vyme n’est pas…au courant que cela existe ? » demanda t’elle bien trop curieuse finalement.
« Nous sommes Natus. » répondit Aleya avec une sincérité qui dénotait un sens plus profond.
Complice, elle donna un coup d’épaule à son compagnon qui ne voulait pas développer. Il plongea son regard dans celui de sa ravissante femme et se laissa attendrir par son regard. Surtout lorsque Vyme ajouta au bon moment :
« Je veux apprendre... »
« Bien... » abdiqua-t-il. « Mais je ne le conterai qu’une fois. »
Il expira lentement et débuta.
« Comme tu le sais, nous Natus avons vécu en l’attente du retour que les Trois avaient pressentis. Notre génération est celle qui a vu ce retour...mais nos ancêtres avaient bien failli se perdre dès la disparition des Trois. »
« Comment ? »
« La corruption de l’âme, ma fille. C’est une maladie dont l’homme est le plus exposé. La facilité au manque d’honneur. Au profit de son être. La réduction d’autrui. La complaisance de la bassesse. »
« Ca ne me semble pas possible... »
« Parce que tu es née, comme nous, comme Elana l’Atlante, avec le sens de la valeur. Mais certains l’avaient perdu. Et nous avons bien failli nous dévorer nous-même...sans Dévoreur. »
« Le LiberTairius. Le Codex, héritage des Trois, n’avait pas vocation à guide spirituel. C’était la dernière offrande des Trois pour nous protéger, eux qui nous ont toujours rappelé être professeur, non manipulateurs. »
« Pourquoi est-ce maintenant que j’en reçois enseignement ? Nos croyances...est-ce... »
Elle baissa la voix de peur de faire une bêtise.
« Est-ce mensonge ? Imposture ? »
Tout le groupe ria.
« Non, fille. C’est croyance que nous avons construit nous même et que nous préservons. Car sans cela, nous n’aurions pas prit vie dans les entrailles de notre chère Magna. Nous ne serions qu’os broyés de nos propres armes. Et pour que tes enfants, et les enfants qui suivront connaissent l’avenir, ils se doivent de suivre cette religion et ces croyances. C’est seule sécurité. »
« Et il t’appartiendra à toi seule, en tant que Natus et femme d’honneur, de choisir si les Trois te guident ou non. Tant que tu ne blasphèmes jamais le sacrifice qu’ils consentirent pour que notre peuple puisse vivre cette nouvelle ère de découverte... »

Elana avait pris place contre un rondin, s’adossant à celui-ci pour écouter le leader Natus. Elle trouvait ça incroyable que chez les Natus, qu’ils avaient suffisamment de valeur pour redresser chacun dans le droit chemin pour ne pas se faire « dévorer ». Si sur terre il avait eu un « LiberTairus » cela serait peut-être un monde moins dégoutant pour certains aspects humain. Elle se demanda si sa réaction ne prenait pas de l’ampleur à cause de deux actes aussi révoltant, l’un sur terre et celui sur cette planète qui ne méritait pas d’être retenue. Elle n’était pas croyante, mais elle comprenait très bien que cette religion natus leur permettaient de garder une ligne droite, surtout si maintenant ils ont vu les descendants de leur divinité. La religion en guide et non en limiteur était une bonne chose. En tout cas, elle était contente d’entre qu’ils avaient des valeurs communes, puisqu’ils l’a citait.
« Navré de vous obliger à expliquer ça. » elle se mit à bailler en camouflant sa bouche avec sa main. Elle était à nouveau calme.
« Il n’y a nulle excuse à apporter. Vyme est maintenant en âge de comprendre. » La rassura Aleya.
« Mais...le crime ?!? »
« J’y viens, intrépide chasseresse. » fît Reltiss en lui souriant. « Fait image en ton esprit d’un homme qui te refuse sa couche. Il est tout ce que tu désires, tout ce que tu songes, tout ce que tu rêves. Mais il se refuse obstinément, n’ayant aucun regard en ton corps, ni esprit, quelque soit ton honneur. Comment aurais-tu réaction ? »

Vyme baissa les épaules, très intimidée par cet exercice devant lequel sa famille l’examinait.
« J’ai envie de manquer à sincérité. »
« Nous avons tous eu cette envie. Et nos parents nous ont tous opposé telle image. »
« N’aie crainte à réponse franche, fille. C’est normalité d’en avoir le ressenti tant que tu ne t’abaisses pas à menteries. »
Encouragée par son père, elle lui prit le bras et répondit :
« Mon coeur saignerait, mon esprit serait agité. Je ne comprendrai pas pourquoi rien en mon lien ne l’accroche. »
« Tu as la force de le prendre contre sa volonté. Pourquoi ne le ferais-tu pas, Vyme ? »
« Il est endormi, tu peux agir sans que quiquonque ne te trouve, ne te dénonce à manque d’honneur. Tu peux lui voler ce qu’il te refuse. Pourquoi pas ? »
« Vous...vous m’insultez ! » répondit Vyme, troublée, en ayant la respiration plus rapide.
« N’y songe point et répond nous. Pourquoi ne le ferais-tu pas ? »
« Mais ! Je vais le blesser !!! Et...et son honneur ? Et...ses liens ? Mon honneur à moi ?!? Nul Natus ne peut avoir telle pensée ! La colère m’assaille, je ne ferai jamais cela ! Je préfère mourir sous la main d’un Dévoreur !!! »
Elana était mal à l’aise de cette histoire, mais elle trouvait qu’au moins la jeune fille pouvait parfaitement comprendre.

Le silence revint alors.
C’était le crépitement du feu qui faisait un petit fond sonore et amenait un petit côté relaxant. La poitrine de Vyme montait et descendait très clairement, signe de son émoi et de son incompréhension tellement l’idée lui semblait inconcevable.
« Alors, que ferais-tu si cela arrivait un jour ? »
« Garantie de mon respect à tel bon Natus ! Comme à tout autre ! Je panse mon coeur ! Je me trouverai autre lien qui m’accroche et que j’accroche. »
Le père de Vyme la prit dans ses bras avec un grand sourire. Son regard pétillait d’une grande fierté et il la consola. La jeune chasseresse enfonça sa tête dans les bras solide de son parent pour y dissimuler ses larmes.
« Je suis fière de toi mon enfant. Tu es devenue Natus indépendante et preuve d’un bel avenir d’honneur. »
« Merci...père... »
Elle ressortit son visage humide et ajouta avec détermination :
« Je veux finir la leçon ! »
« Hmm...bien. »

Reltiss attendit qu’elle sèche un peu ses larmes. Son état avec causé un peu d’émoi à Aleya qui devait probablement se rappeler du jour où elle avait elle-même subi cet exercice. Son homme lui massa les épaules et termina.
« Ce crime a bien eu lieu il y a une génération de Natus. Ce dont tu te refuses corps et âme, un corrompu Natus s’y est abandonné. Il a commis le crime en pénétrant au Temple...sa cible était Vertueuse Pugiliste. »
Vyme était tellement stupéfaite qu’elle ouvrit de grands yeux et cessa de respirer.
« Mauvel le traître prit de force Soeur Maud Delongeale, la troisième. Elle ne parvint pas à se remettre de cet acte odieux. S’il fût envoyé en Tréfond pour y trouver la mort, cette noble Vertueuse donna la vie à son enfant non désiré. Lui offrit son amour le plus sincère jusqu’à ce qu’elle fût en âge de connaître le même exercice que toi en ce jour. »
« Elle lui donna sa lance en héritage... »
« Puis s’en alla s’éteindre durant la Dernière Marche. »

Vyme n’en revenait pas.
Elle regarda chacune des personnes pour y trouver confirmation, même auprès d’Elana en y cherchant son soutien que l’Atlante lui donna, puis elle fît la terrible conclusion.
« Mais...mais alors…. »
« Idène...Delon...Delongeale...seule Na...Natus...fruit...du crime... »
« Par les Trois. Sa vie a dû être enfer. »
« Non, chasseresse. Et sais-tu pourquoi ? »
Vyme secoua négativement la tête.
« Idène Delongeale est Natus. Et tout son être, corps et esprit, se refuse à toute corruption. Ainsi est-elle duelliste si respectée malgré le sang qui coule dans ses veines. »
« Je...je comprends...c’est leçon si...si importante ! » Avoua-t-elle en regardant son père.
« Nous l’avons tous eu depuis le crime de Mauvel. Ainsi est-il appelé et jamais oublié. Quand tu seras prête à porter l’enfant, il sera de ton devoir de mère et Natus de lui enseigner à ton tour...lorsque tu l’estimeras capable. »
« Ce jour, tu as franchi ton épreuve de chasseresse face au Meneur Jelsok. Et tu es maintenant capable de comprendre le devoir Natus dans toute sa complexité. Tu n’es plus enfant, Vyme. En ce soir, devant nous et ce feu, te voici femme et Natus à part entière. Comme nous l’avons été reconnu de nos parents avant toi. Et que tu reconnaitras, au nom des Trois, pour ceux qui te suivront. »
Ils scellèrent tous la déclaration de leurs célèbres “Tairius” devant une jeune femme émue.
« Mes amis...ma famille...Elana l’Atlante c’est...c’est un honneur. Merci ! » Conclut Vyme, touchée d’avoir reçu cette considération de leur part.

Si parler de son viol aurait donné naissance à une concrétisation chez quelqu’un d’autre, Elana ne l’aurait jamais cru. Étonné par le dénouement de ce tragique récit qui donnait de belle leçon de vie et surtout d’exemple à suivre, elle était étrangement contente de vivre cela... alors quelques minutes plus tôt elle mourrait de honte. Elle n’arrivait pas à mettre les mots dessus, mais les natus étaient un peuple qu’elle aimait déjà. Par la manière de narrer les choses pas leur manière de voir et de penser… elle trouvait en eux des valeurs communes et un bel esprit. Durant toute la narration, elle avait aussi ressenti de l’émotion durant ce récit et surtout pour cette jeune fille. Comme le témoignait son petit rictus discret et modeste. Au point, qu’elle était fière de Vyme, alors qu’elle l’a connaissait à peine.
« Je ne connaissais pas votre peuple, autrement que par des rumeurs… mais je dois avouer que maintenant je peux affirmer que j’aime beaucoup ce que je découvre chez vous. » avoua-elle en toute sincérité dans des paroles basses.
« Nous aimons aussi beaucoup les Atlantes. Nombre d’entre eux portent des valeurs qui raisonnent en nos coeurs et esprit... »
Aulbeck la toisa longuement avant d’ajouter avec un sourire en coin.
« Même si leur humour reste encore source de longs mystères. »
Et tout le monde s’esclaffa.
« Certains sont quand même plus doué que moi. » dit-elle en ricanant doucement.
« Vous montez la garde ? »
« Oh, certes !!! » moqua Reltiss. « Nous surveillons ce feu ! Il ne faudrait pas qu’il nous échappe ! »
Nouveau petit rire avant qu’Aleya ne prenne la parole.
« Je mire ces lumières qui scintillent sur la toile noire. Mais il ne manque plus qu’une chose pour que mon coeur soit comblé. Sais-tu lequel Vyme ? »
La chasseresse secoua la tête.
« Veux-tu chanter pour nous, ce soir ? »

La chasseresse eut un grand sourire et elle se pinça les lèvres.

« Cela fait longtemps. »
« Je...ser….comb...comblé...aussi. »

Vyme haussa des épaules et ajusta sa position. Elle prit une longue inspiration et se mit à chanter. Quelque chose de très traditionnel, Natus, sans un véritable art vocal. Mais c’était agréable et doux pour accompagner le feu.
Reltiss avait accueilli son lien contre lui, l’entourant de ses bras comme pour la réchauffer et la cajoler. Pendant ce temps, Aleya pointait quelques étoiles avec un grand sourire, se berçant au rythme de l’air de la jeune femme.
Aulbeck prit une nouvelle gorgée de la gourde de facture Natus. Il ne décrochait pas son regard brillant de fierté auprès de sa fille. Il finit par tendre le breuvage à Elana. Il en émanait une odeur qui n’avait rien à voir avec de l’eau.
« Nous avons tous perdu. » Confia-t-il d’un ton plus bas. « Sa mère était duelliste et aimait l’entendre chanter. Elle est partie lors de la Première Guerre. Ceux que tu vois là, autour de toi, c’est ce qui nous a rapproché en cette nouvelle famille : lors de la Guerre des Sables. »
Il donna un élan de la gourde dans sa direction pour insister.
« Et notre famille semble s’être agrandie, n’est-il pas ? A Éric le Sacrifié. »

Elana devait bien reconnaître que la jeune fille avait une très belle voix, cela était berçant et agréable. Elana la regarda quelques instant appréciant la tonalité de sa voix. Puis elle prit la gourde sentant le liquide d’alcool et cela ne lui donnait pas envie, elle était crevée. Mais pour honorer tous ses morts, elle pouvait bien boire une gorgée. Elle leva celle-ci vers le ciel, ses mains jouaient avec ses doubles plaques portant les siennes et une d’Éric justement.
« Aux belles rencontres et au courage de ceux qui sont partis. » trempa ses lèvres dans la boisson. Les propos d’Aulbeck lui fit chaud au cœur comme l’alcool de la gourde. Une nouvelle famille oui… cela lui allait bien. Un doux sourire était sur son visage toujours aussi discret comme un mirage avant de revenir simple et sans vie.

« Je ne devrais pas faire intrusion de ton mal. » fit-il en reprenant la gourde. « Mais je m’en sens investi à devoir. Si le contact d’un homme saisi ton coeur à l’effroi, peut-être devrais-tu voir Candide, en Magna, et lui demander son aide. »

Elana tourna la tête vers l’homme ne sachant pas comment une candide pourrait l’aider. Elle avait encore l’image de ces natus pratiquant des rapports charnels et elle n’en savait pas beaucoup plus à leur sujet. Elle saisit cette opportunité pour approfondir le sujet.
« En quoi un ou une Candide pourrait m’aider ? » demanda t’elle curieusement.
« Tous Natus sait que l’art d’un Candide échappe à la compréhension Atlante. Nombre d’entre eux se sont présenté en l’Antre en pensant pouvoir apprécier la chair Natus à loisir. C’est grande méprise. Il semble qu’un rôle très différent existe en votre Terre et reste toujours en votre esprit lorsque l’on parle de Candide. »
Aulbeck regarda la jeune femme.
« Ignorance du qualificatif que vous en faites. Mais en Magna, Candide est bien différent. Ce sont des champions qui lisent les troubles et besoin en ton corps. En ton âme. Ils savent quel est le vide à combler, où se trouve la blessure à guérir. »
L’homme se tût un instant avant de reprendre.
« Natus n’a accès en l’antre qu’une fois le jour de sa nativité. Une seule fois le droit de s’égarer dans un Long-Cycle. Mais il existe exception pour la jeunesse en un cas. »
Il pointa du menton en direction de Vyme.
« Sans crime de Mauvel, jeunes Natus découvrant leurs corps peuvent parfois être maladroit. Surtout les femmes. Mais aussi hommes qui supportent mal d’avoir blessé leur lien par brusquerie innocente, ou ne point avoir compris le besoin de patience...dans ce cas alors...nous les envoyons auprès de Candide. »
L’homme marqua un instant de pause. Il prit une gorgée et lui tendit de nouveau la gourde. Elle lui fit un signe de la main pour lui dire non, elle sentait que cela allait l'assommer.
« Jeune Natus ne doit pas rester blessé par cette maladresse. Sinon réaction peut s’approcher de celles que tu as eu ce soir au contact d’Artus. Le Candide leur montre, leur faire prendre confiance en leur corps, nature d’homme et de femme, car il sait comment guider le coeur, l’âme et l’esprit. Ce n’est pas promesse car cela ne fonctionne pas toujours. Mais les meilleurs ne connaissent pas l’échec. »
Il finit par acquiescer.
« Tu serais grand défi de soin pour eux... »

Elana comprenait mieux cette particularité qui n’avait rien à voir avec les prostitués au final c’est bien mieux. Elle ne pouvait pas mettre de mot dessus, il n’avait pas d’équivalent en métier. En tout cas, si aux écoles il avait des candide pour apprendre aux jeunes gens la sexualité et leur corps, il aurait moins de drame.
« Je comprend...j’ignore si j’en ai envie… c’est un peu l'inconnu ... Mais c’est une piste que je peux envisager… Toujours plus efficace que parler à un psy. Je pense... » Dit-elle franchement, le discours de Aulbeck l’avait convaincue au fond. Surtout si ce n’était pas juste du “sexe” mais plutôt une manière de se réapproprier son corps, son intimité et sa confiance en est et dans le contact des autres.
« Nulle victime du crime de Mauvel pourrait envier une nuit avec Candide. C’est un acte de foi et de courage. Vyme et Artus vous aiment bien. Nous voudrons vous revoir. Tenons missive et je vous inviterai à nous voir en Magna. Je ferai mander pour vous considération identique pour un accès en l’antre. Aleya pourrait vous guider si cela vous rassure. Ou bien Vyme. Elle aura dans quelques temps sa première journée. »
Elana hocha la tête reconnaissante de cette attention. Elle devrait se remettre à écrire et trouver du papier… étrange sensation à l’air du mail et du numérique. Elle devrait aussi demander à Ruth de l’aider niveau traduction ou même formulation. « Je peux m’y rendre avec Vyme, comme cela une pierre deux coups. » dit-elle ne voulant pas s’imposer de trop. « Je partage l’appréciation. Je vous aimes bien aussi. » elle inclut tout le monde de ce groupe.

Aulbeck lui aurait bien dit qu’il ne comprenait pas l’expression mais sa fille venait de cesser de chanter. Elle souffla en faisant la grimace, faisant signe qu’elle n’avait plus de voix.
« Vais-je m’exprimer comme toi, Artus ? » fit-elle pour blaguer.
Le père félicita sa fille et discuta un peu avec elle. La fin de la soirée tomba d’un bloc lorsqu’un Natus à l’aspect fatigué vint à eux. Le groupe entier se leva en ramassant équipement et besace pour prendre la relève. La blague du feu n’était peut-être pas qu’une blague.
« Voilà notre quart. » Fit Reltiss. « Atlante Elana, ce fût plaisant. Que nos regards viennent à se recroiser. »
« Prenez soin de vous. » Ajouta Aleya.
Tout le petit groupe lui fît des adieux à distance, dont Artus. Mais Vyme s’approcha de nouveau et lui tendit ses bras pour lui demander une étreinte. Elle la partagea chaleureusement avec le nouveau membre de cette petite famille puis s’en alla en lui disant :
« Sérénité et songes bienveillants ! »
Elana accepta le contact une pointe d’émotion dans le coeur la remerciant. Elle les salua tous, leur promettant qu’ils se recroiseront.
Elana les vit monter ensemble sur les remparts. Ils passèrent de cette attitude de famille unie à une unité de combat aguerrie qui se posta en vigie dans une discipline professionnelle. Comme s’ils venaient d’appuyer soudainement sur un bouton qui les avaient changé du tout au tout. Il était temps pour elle de terminer la soirée. Le feu lui même tombait de fatigue…

La caporale les regarda partir avant de revenir sur ses pas pour rejoindre le dortoire où Matt devait normalement être. Elle se mit en culotte débardeur rapidement dans la nuit en se faufilant sous ses draps. Elle avait vérifier la présence du ranger avant de s’assoupir tout aussi vite dans un sommeil profond. Si Matt ronflait ou couinait, elle ne l’aurait pas entendu.



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Matt Eversman
Caporal
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Mar 3 Sep - 21:06

Matt Eversman

L'enfer by Calahan



Une fois à l’extérieur de l’atelier, aucune trace de Ravix. A croire que la Stroumphette venait d’être téléportée à bord du Dédale tant la disparition était soudaine. A moins qu’un candide ne lui ait fait de l’oeil et ne l’ait attiré dans ses bras. Eversman soupira passant une main sur son crâne avant de finalement se mettre en route pour rejoindre le dortoir commun. Ce n’était pas de gaité de coeur. Il était littéralement crevé, les muscles le tiraillaient mais il savait très bien qu’il ne parviendrait pas à trouver le sommeil. C’était toujours ainsi lorsque l’esprit fonctionnait à 200% ne cessant de le tourmenter. Les regards des quelques Natus qu’il croisait étaient toujours hostiles à son encontre lui rappelant en pleine face son statut de pestiféré.

Malgré le fait que la nuit était bien avancée, un martèlement de pas cadencé attira son attention. Une voix déclara bien vite :
« Dernière patrouille, ouvrez les portes !! »

Une bonne vingtaine de Natus passèrent l’ouverture en ordre de marche jusqu’à ce que leur chef de corps donne l’ordre de s’arrêter. Les hommes et femmes de ce contingent étaient érintés d’une longue manoeuvre et ils soufflaient tous d’épuisement. Le signe qui les dispersa déclencha un vent de soulagement. La colonne se disloqua selon les familles, les couples et les amis. Certains restaient sur place tandis que d’autres retournaient directement dans les baraques.

Sur ce que le regard de Matt put discerner, il trouva un Natus qui sortait du lot en portant une mitrailleuse Atlante M60. L’arme avait bien vieillie depuis ses multiples affrontements et la carrure du Natus qui la transportait ne pouvait pas lui échapper. Il s’agissait d’Erdolan, le seul Natus qui pouvait encore se conduire en ami avec lui.
Celui-ci était en train de se vider la gourde sur la tête tant il avait chaud. Il était accompagné d’une brune, trentenaire, qui lui semblait identique à celle qui l’avait aidé à déminé son pied lors de la Guerre du Boc. Elle poussa un cri de surprise lorsque Ederlan termina sa gourde sur sa nuque, lui offrant un rafraîchissement inattendu.
Il n’avait pas encore découvert la présence du Ranger.

Un Natus à la M60, ce n’était pas anodin. Un sourire malicieux apparut sur les lèvres du jeune homme, fier de parvenir à mettre un nom sur ce visage. Difficile de l’oublier. Tout en croisant les bras, l’homme assista à la scène du rafraîchissement se questionnant sur un éventuel lien entre eux. Il ne put néanmoins avancer vers eux, d’autres Natus s’avancèrent dans sa direction lui jetant un regard hostile au passage. Pour ne pas générer de problèmes, Matt baissa les yeux attendant que l’orage passe avant que la voie ne soit dégagée et qu’il ne puisse avancer vers eux. Revoir cette bouille connue lui mit du baume au coeur.
« Toujours en état cette M60 ? » Lança-t-il pour attirer l'attention d’Ederlan. « Salut, Vieux frère ! »
Celui-ci se figea brusquement en reconnaissant le ton de la voix, se demandant un petit instant s’il n’hallucinait pas, puis il se retourna avec les yeux ronds.
« Par les Trois !!! C’est donc vérité que tu coures le continent à grandes souffrances !!! » s’écria-t-il en venant sur lui.
Ederlan lui bourra l’épaule tout en éclatant de rire et le serra dans ses bras.
« Que je sois damné de n’avoir pu te retrouver plus tôt l’ami ! Depuis t’avoir vu t’acoquiner avec cet explosif du Dévoreur dans la Bataille des Sables, je n’ai eu que ouie dire peu honorant sur toi. »
Il se décrocha tout en secouant la tête, tout sourire.
« A peine sauvé de la perte d’une jambe et déjà noyé dans les drames ! »
Cette fois, c’était la même vérité qui éclatait au visage d’Eversman sans le moindre reproche. Comme si Ederlan avait appris à le connaître sans juger et lui faire confiance, il lui disait ça comme si c’était quelque chose de normal, qui lui correspondait, qui faisait son identité. Si bien que son ami Natus en rigolait joyeusement en s’extasiant de sa rencontre surprise avec le Ranger.
La jeune femme s’était approchée. Pas difficile de reconnaître celle qui avait maintenu sa jambe pendant qu’Ederlan déminait.
« Et moi qui ne te pensait que trop contaminé par ton mentor, Ederlan. » le nargua-t-elle.
« Silence femme, respect au héros de la Magna ! » s’écria le soldat avec le sourire.
« Déméa. Peut-être votre mémoire vous rappelle-t-elle à mon visage. Je reconnais avoir bien moins de mal tant mon lien s’acharne à défendre votre honneur. »
« Et il en reste honorable, cet homme là. Il faut l’avoir vu assaillir marcheur du Dévoreur avec son tube à explosion. »
Déméa soupira et répéta exactement à la suite :
« Devant tout Natus, il en avala un aux flammes pour le déchiqueter avant que pointe volante ne l’emporte...oui. »
Ederlan rigola une fois de plus et le fixa.
« Vois, Matt. Nous avons survécu à la Bataille des Sables, comme toi. Tu nous rejoint à dîner ? Tu dois avoir bonne histoire à narrer ! »
« Je ne peux pas refuser ça à mon plus fidèle Padawan. » Fit-il en haussant les épaules, sourire aux lèvres. « Et Déméa semble déjà connaître les précédentes histoires par coeur, il est temps de les renouveler un peu. » Il adressa un regard amusé envers la Natus, imaginant très bien Ederlan lui raconter encore et encore les récits de la Magna. Suffisamment pour qu’elle soit capable de les répéter. La pauvre…

L’accueil d’Ederlan était chaleureux. Il se privait de tout jugement à son égard. Sa femme respectait cette pensée, cette décision, si bien que ce petit couple était bien le seul à traiter le Ranger comme Monsieur “tout le monde”. Peut-être pas un héros de la Magna. Mais ce soir, avec lui, il n’était pas que le déchu.

En s’emportant dans les anecdotes qui avaient conduit le Natus à reprendre du service au fortin au lieu de rester à la base de l’Alliance, il s’installa dans la grande cour où la majorité de la patrouille s’était scindée en sous-groupe. Avec l’aide de Déméa, il alluma un petit feu puis s’y installa tout en grimaçant, le regard sur ses bottes ayant souffert de longues marches.

Sa main ferme agrippa le col de la duelliste qui se laissa glisser jusqu’à lui, appréciant cette invitation non verbale. Elle ouvrit son sac et en ressortit un grand morceau de jambon séché. Il était enveloppé dans un simple linge. La jeune femme le pencha, là où il avait déjà été entamé, puis dégaina une dague bien tranchante pour ciseler de fines tranches.

« C’est chance qui te bénit, Matt. Voici le résultat de notre dernière chasse ! Tu nous en donneras l’avis du gourmand que tu es ! »
« Le fruit de MA chasse. » rectifia Déméa avec un petit sourire mesquin. Elle fit démarrer son compagnon au quart de tour comme elle en avait l’habitude.
« Que racontes-tu là ? Je l’ai arrosé à mitraille ! »
« Et il est heureux que tu l’ai manqué, mon chéri, où nous aurions donné des balles sanguinolentes à suscoter à notre invité pour guise de festin ! »
« C’était volontaire ! Je l’ai fais fuir pour te faciliter le travail !!! »
« Et je t’en suis reconnaissante. Me voilà plus fine au regard à abattre porcelet de ma lance que toi avec ta machine damnée ! »
« Crénom ! Je t’interdis de moquer mon arme si gracieusement offerte par Matt !!! » S’écria-t-il de manière surjouée.

Ederlan fît un petit clin d’oeil à Matt pour souligner ce ping-pong était un jeu qui leur plaisait à tous les deux. Le Ranger remarqua que la duelliste avait coupé beaucoup trop de tranches pour deux personnes. Il comprit pourquoi lorsqu’un petit groupe de Natus vint faire l’échange. Trois barquettes d’un met d’une consistance étrange contre la viande séchée. Déméa coupa de quoi accompagner leur plat puis ils sortirent les couverts.
Heureusement, il y en avait aussi pour Matt. Le jeune homme allait découvrir que les autres Natus avaient cuisiné un riz local avec des arômes de la Magna. Si le plat était assez rudimentaire, peut-être se souviendrait-il de ce qu’il avait mangé chez eux et la ressemblance qu’il y trouverait.

« Bon appétit gaillard et... »
Il coupa soudainement sa politesse en remarquant l’écuelle de sa compagne.
« Déméa, par les Trois, deux tranches pour toi, je l’ai déjà dit ! »
« Nous serons à court avant la fin du cycle. » lui confia la jeune femme. Elle espérait ne pas manquer de respect au Ranger et qu’il ne se sente pas responsable en baissant le ton.
« Tu dois manger pour deux ! La tempétueuse l’a ordonné si tu veux la bonne santé de notre enfant. Je chasserai de nouveau... »
« Pour avoir des balles enviandées à suscoter ?!? »
« Cette fois là était accident ! »
« Je ne veux plus jamais avoir à décoincer poil de pelage de mes dents, ça fait de toi si séduisant “chasseur” ! »
A bout, Ederlan se tourna vers Matt pour lui faire part de sa “douleur”.
« La divine Rhomaytra l’aimante aura compte à me rendre ! Il me faudra bonne explication pour comprendre pourquoi je suis fou amoureux de cette belle fleur qui pique de ses épines chaque minute. »
« C’est ce qui te plait. Et cela me plait de te voir en si fausse détresse auprès de ton camarade ! » Répondit Déméa en se coupant une deuxième tranche.
Ederlan attrapa sa compagne pour lui déposer un tendre baiser sur le front puis il reprit sa place.

« Et toi l’ami ? Comment vas tu ? »

Les suivre jusqu’au milieu de la Grande Cour attira quelques regards hostiles. Eversman adopta une attitude docile, baissant les yeux et essayant de ne pas se faire davantage remarquer conscient qu’il s’imposait dans un lieu qui ne lui était pas acquis. De plus, Allen leur avait ordonné d’aller se reposer, il y faisait défaut. C’est avec une certaine fatigue qu’il suivit la gentille dispute entre eux, chacun se renvoyant la balle. Ils étaient en couple et la chamaillerie faisait partie du lot, c’était logique entre conjoints de se taquiner gentiment. C’était déjà plus ou moins amusant pour un membre tenant la chandelle, moins encore quand on avait des valises en guise de cernes comme les avait Matt. Il dût donc bien prendre sur lui pour ne pas décrocher, s’y accrocher et retirer quelques éléments de ce duel verbal.

S’il avait accepté la nourriture dans un premier temps, le Ranger tendit l’écuelle envers la Chasseresse.
« J’ai déjà mangé donc prends ma part… surtout si tu dois manger pour deux. » Un mince sourire apparut sur les derniers mots avant qu’il ne détourne la tête envers Ederlan pour le gratifier d’une tape dans le dos comme le félicitant pour avoir décidé de fonder une famille.
« Un peu d’eau suffira. » L’écuelle fut déposée au pied de la Chasseresse pour qu’elle se serve.
« Mon lien prendra ombrage s’il te surprend à mentir ! » rétorqua la chasseresse.
« D’autant qu’il ne répond à ma question. En voici une autre : viendras-tu à la naissance de notre petit ? »
« Tu fais bien de me prévenir maintenant. Il va me falloir plusieurs mois pour lui ramener une mitrailleuse-jouet depuis la Terre... » Déclara-t-il avec un petit sourire, imaginant bien les contrôles de sécurité tilter quelque peu avec son objet en plastique. Eversman soupira avant de frotter les traits du visage d’une main. « Et pour te répondre, je suis littéralement crevé…Faudrait mieux que j’aille dormir, demain s’annonce encore terrible. »



@ pyphi(lia)

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Mer 4 Sep - 21:09

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Un peu plus au centre du fort, dans un endroit stratégique, se trouvait une masure à l’apparence bien plus solide que les autres. Les portes, l’architecture et divers éléments avaient été renforcé par des éléments clairement Atlante. L’armurerie Natus avait été conçue pour résister et ne pas être une bombe géante au milieu du camp.

C’est ici que l’on avait guidé le Capitaine lorsqu’elle souhaita rejoindre Ruth. Il fallait traverser la pièce centrale chargée d’un nombre impressionnant de fusils, de lances, de canons, de barils de poudre de pierre à feu. Plusieurs mitrailleuses à tubes s’organisaient au carré parfait. Les lieux étaient vastes, suffisamment pour deviner une dizaine de canons d’artillerie couvert de bâches à côtés de leurs obus. Leur tête explosives brillaient de la couleur caractéristique de pierre à feu.
Les engins étaient alignés devant de grandes portes de hangars, prêt à être déployés rapidement.

Contre le mur, tout du long, Des besaces chargées de balles et de matériel de soins n’attendaient plus que d’être saisi et le rangement très organisé témoignait du professionnalisme de leur armée.

Pas de doute. En cas d’assaut terrestre, le contingent Natus était prêt à répliquer avec la même puissance de feu et la même hargne que si la Magna connaissait une nouvelle guerre. C’est plus au fond, dans une pièce dédiée de la masure renforcée, que se trouvait une structure plus caractéristique des Atlantes. Des grilles cernaient une armurerie dissociée contenant de l’armement Terrestre. Hélas, Pedge n’y trouverait pas de munitions d’entrainement. Il s’agissait de l’une des antennes de ravitaillement si les escouades engagées avaient besoin de refaire le plein durant un conflit sur le continent.

La porte grillagée qu’elle rencontra était muni d’un pavé numérique. Les verrous de sécurité ne se désengageaient qu’après avoir entré un code d’authentification officier ou supérieur. Le Meneur et sa seconde devaient être les seuls à le connaître du coté Natus, c’était le deal. Il suffisait d’entrer son code et passer la porte pour traverser une frontière brutale et significative. Au travers des rayonnages qui se voulaient faire concurrence à moindre mesure de l’armurerie d’Atlantis, tous les éléments respiraient le décors et la culture de la Terre. Pas d’uniformes mais de l’équipement, des armes et des munitions réelles, des explosifs, un environnement qu’elle avait connu toute sa vie.
Le Capitaine Allen fût attiré par un ronflement électronique et une musique classique qui filait lentement. Ni trop forte, ni trop basse, douce et discrète. Ruth s’était visiblement accordé un écart en espérant ne pas être découverte.

C’était au fond de l’armurerie. Un succession de tours d’ordinateurs, de moniteurs, quelques ordinateurs portables avec des éléments de communication, d’antennes particulièrement avancées. Tout était parfaitement bien organisé sur un bureau de campagne. Allen ne serait pas dépaysée. Non seulement elle avait vu ça déployé sur la tente de commandement lors de la Guerre du Boc. Mais c’était également un agencement standard et coutumier du matériel de QG Terrien.

La musique était retransmise depuis l’un des écrans, une onde oscillatoire dessinant les courbes agréables d’un classique : l’Adagio du Concerto de Gross. Les quelques informations sur l’écran signifiait qu’elle captait l’onde directement depuis la fréquence sécurisée “radio Dédale”. Ruth avait dû entrer un code d’authentification pour le capter d’aussi loin. C’était la preuve qu’elle avait piraté l’accès à la liaison montante concernant les ondes radios grâce aux informations de Will. C’était un succès...

Padilla était assise devant les écrans, vêtue de son uniforme propre, elle donnait l’air de s’être endormie tant elle était immobile et fermée à l’approche de son supérieur. Mais en réalité, la jeune femme était entièrement absorbée par la lecture d’un étrange journal. Il était composé de nombreuses feuilles de parchemin et ressemblait à une revue journalistique sans véritablement en être une.
Pendant qu’un écran clignotait sur une demande d’accréditation de haut niveau par-dessus une modélisation de divers satellites tournant lentement autour de Lantia, Ruth lisait calmement ce mélange d’Allemand et de Latin comme si c’était sa langue natale.
Elle posait parfois le journal entre son écuelle d’un ragoût odorant mais peu désirable, y plongeant un morceau de pain local qu’elle dégustait que trop distraitement. Le hasard lui fît tourner la tête sur le côté. Y découvrir la silhouette de son supérieur lui fit faire un sursaut brutal et elle éteignit précipitamment la musique.

« Oh, Capitaine ! Excusez-moi ! » fit-elle en se levant.

Elle replia le journal et le posa machinalement sur le côté. Les Natus ne connaissant pas l’imprimerie, le recueil était entièrement recopié à la main. La première de couverture partageait un large encart dessiné avec une exactitude remarquable. En-dessous d’un grand titre et encadré d’un texte particulièrement long, Namara posait avec plusieurs femmes duellistes. Elle avait un regard très dur jurant avec ce que Pedge avait l’habitude de voir ordinairement chez elle. Sa vareuse ornée de dorures avait subi un bien mauvais traitement, de multiples lacérations ayant rendu sa tunique débraillée et entrouverte. On y devinait un large bandage de fortune sur sa taille dont les marques ensanglantées ne laissaient pas de doutes sur ses blessures.
Le visage sale et marqué de la fatigue d’un long combat, elle n’en restait pas moins droite et fière. Sur la photo, elle semblait comme de retour d’une bataille pour poser devant le regard du dessinateur. De sa main droite, elle tenait sa lance au bout de laquelle avait été empalé sans ménagement la tête décapitée d’un Algol : l’une des créatures dangereuse des tréfonds que McKay avait déjà rencontré.

« Tout fonctionne sans problème, les instructions de Will sont parfaites. Il m’a permis de nous donner de nombreux accès. Pour le repérage satellite, il ne manque plus que votre code personnel d’accréditation et nous pourrons commencer. » expliqua-t-elle en lui montrant l’écran avec le message clignotant.

« Il n’y a pas de mal Padilla. », répondit Pedge en s’installant, non sans laisser distraitement traîner ses yeux sur le dessin. En reconnaissant Namara, elle y fit plus attention, et elle se focalisa sur les détails, si bien que les paroles de la jeune femme lui passèrent au dessus de la tête. L’officier releva le nez :
« Excusez moi, vous disiez ? »
Un peu fouine sur les bords, l’ancienne galonnée fronça un peu les sourcils en répétant :
« Tout est prêt. »
Mais son esprit analytique avait déjà fini son boulot. Elle prit le journal pour le lui donner puisqu’il semblait avoir attiré son attention.
« Ok parfait. », répondit Pedge, non sans réceptionner le journal. « Qu’est-ce qu’il est dit dans cet article ? », demanda-t-elle en tapotant sur l’image de Namara. Elle ne prit pas la peine de demander si Ruth savait lire les texte, puisqu’elle était en train de le faire quand elle était arrivée.

« Je vous explique d’abord le contexte...votre Soeur de Bataille, Namara, a mené des combats très coûteux en Magna. A cause de toutes les guerres qu’ils ont engagé, les Natus connaissent une chute démographique assez conséquente. Des quartiers entiers sont inhabités. »
Padilla parlait de façon synthétique sans a priori. C’était surtout par respect, elle savait bien que son supérieur côtoyait cette femme pour avoir fini en statue à ses côtés sur une place publique. Mais elle souhaitait surtout faire preuve de respect par ce détachement. Elle tapota du doigt la tête décapitée.
« Ils sont actuellement sur une manoeuvre de sécurisation de leurs frontières. Un peuple xénophobe sauvage qu’ils appellent “Algols” a tenté une percée en Magna en profitant du vide territorial. Peut-être en avez vous croisé ou entendu parlé ? »
Elle haussa les épaules.
« Namara étant devenue Meneuse de combat, elle avait à sa charge le front Ouest de la Magna. Au lieu de maintenir une bataille d’usure, elle a préféré sélectionner les duellistes les plus expertes et mener personnellement une opération de frappe en profondeur. Cette tête, que vous voyez en image, est celle du chef de guerre adverse. »
Padilla acquiesça pensivement.
« L’article indique que les assauts sur leurs lignes de défenses décroissent drastiquement. Namara a sauvé de nombreuses vies. Les Natus prévoient la fin des combats dans les semaines qui suivent. L’article finit sur une déclaration. Namara est invitée par la Batailleuse Vida pour recevoir l’Ordre de la Valeur Natus. C’est l’une des distinctions les plus convoitées. »

Pedge écouta posément sa subordonnée lui expliquer les faits et gestes de Namara pour assurer un semblant de sécurité aux siens en choisissant d’aller tuer le chef de meute directement plutôt que de s’épuiser sur ses sbires. Quelque part, elle aurait aimé en être avec elle pour aller se battre contre ces créatures qu’elle ne connaissait que de nom. Mais Pedge avait ses obligations de gradés désormais, et elle avait peu de temps pour se rendre en Magna auprès de la Meneuse.
Elle opina du chef, et déclara d’un ton posé et morne :
« Merci pour votre traduction, j’apprécie. ». Elle n’en dirait pas plus, gardant ses pensées pour elle. Quoiqu’il en soit, elle était contente pour Namara, non seulement d’avoir remporté cette bataille, mais aussi pour être reconnue par ses pairs pour ses faits d’armes. Elle opina une nouvelle fois de la tête au fur et à mesure qu’elle déroulait ses pensées dans sa tête, avant de revenir au moment présent pour se concentrer sur la tâche qui l’attendait.
Du coup, elle s’approcha de la console, et tappa ses codes d’identifications personnels.

Le verrouillage s’effondra immédiatement et l’écran afficha un répertoire racine permettant d’accéder à divers outils.
« C’est génial... » murmura Ruth en glissant les doigts le long des différents onglets. « Big Brother watching you, niveau Capitaine... »
Sans attendre, la jeune femme rechercha sur l’écran la géolocalisation des balises sous-cutanées. Elle était en territoire inconnu, si bien qu’elle fût obligée de s’y reprendre à plusieurs fois avant d’arriver au bon endroit.
Un peu gênée par ce manque d’efficacité, elle qui aimait produire du résultat rapidement, elle se sentit dans le devoir de se justifier.
« Will nous aurait fait gagner plus de temps. J’essaie de faire au plus vite Capitaine... »
« Vous avez l’air de vous en sortir très bien Ruth.», observa Pedge qui n’y connaissait rien de toute façon. Pour l’officier c’était déjà suffisamment rapide comme ça. Elle observait bien les manips de Ruth avec un intérêt certain mais cela la dépassait clairement et elle était incapable de dire à moment donné « stop on y est c’est ça ! ».
Mais à force d’essayer et de se tromper, tombant sur les balises des dépôts hebdomadaire du Dédale sur le continent, les zones de téléportation de secours des Athosiens, ou encore le balise de détresse des différentes structures appartenant à Atlantis : Ruth aboutit à sa recherche.
« On y est ! »

Une carte régionale se modélisa. Le centre représentait le dispositif de la liaison montante, donc le fortin Natus, tandis qu’une myriade de petits spots lumineux désignait chaque élément porteur d’une puce sous-cutanée. En se parlant à elle-même, Padilla retourna dans sa zone de confort. Elle déroula sa carte sur le plan de travail, se servant de quelques objets, même de son neuf millimètres, pour la caler. Le calque vint par-dessus en représentant les derniers mouvements mis à jour.

Pedge pouvait ainsi constater le chemin qui avait été emprunté par son équipe avec le Divorce. Un parcours sinueux sur une route de fortune peu praticable. Ca n’avait pas été une partie de plaisir. Au moins pouvait elle se gargariser de ne pas avoir été seule à faire un détour compliqué.
« Alors….Calahan...est ici. » fit-elle en ayant sélectionné son nom dans l’onglet de recherche. Elle pointa la localisation sur sa propre carte, là où se trouvait le camp principal, l’objectif de mission de toute la manoeuvre.
« Il est dans sa base d’opération. Maintenant, si je recherche Tim... »
L’intellecte soupira pour évacuer son stress tandis que le logiciel chassait les spots lumineux les uns après les autres pour faire le tri. Finalement, il n’en resta qu’un, il brillait non loin de la frontière Natus. Sur l’écran, ça ne voulait pas dire grand chose. Mais Ruth s’arma bien vite de son marqueur pour positionner Tim sur le calque. Et le résultat sauta aux yeux du Capitaine tenue en haleine et plutôt impatiente, même si elle n’en montrait rien.

Il était retenu dans un endroit proche de la position de la deuxième équipe. Et pas si loin du fortin Natus. Ruth Padilla était embarquée dans son travail. Avec sa règle, son équerre et ses stylos, elle était déjà en train de faire quelques calculs et de modéliser les divers emplacements de chacun, avec les routes praticables.
« Secteur E6...E6...attendez, ça me dit quelque chose... » Souffla-t-elle.
Elle feuilleta son carnet en murmurant des petits “non, non, non” à chacune des informations qu’elle rejetait avant de s’arrêter sur des gribouillis de médecin.
« Là, un rapport Natus qui m’a paru étrange. Ils ont vu quatre jumpers faire des allers et retours en survolant leur territoire. C’était il y a deux semaines. Le Meneur a envoyé un petite section d’observateurs. J’ai retenu le fait qu’ils s’y trouvait un petit camp au sommet d’un plateau rocheux. Accès difficile, sentier étroit, escalade physique...ça ne peut-être que l’endroit où est retenu Tim. »

La jeune femme se tût un instant.
Elle fît quelques calculs sur une page vierge de son carnet et inscrivit quelques résultats. Des fourchettes de temps.
« Le Divorce est HS, Capitaine. Il est tombé en panne au moment où on est arrivé au camp. Des jauges dans le rouge. Sans Danny, on ne pourra pas le remettre en état. Donc nous sommes à pied...si on prend en compte le fait qu’on traversera la forêt, qu’il fera nuit, sans prendre de sentier, il faut compter entre quatre et six heures de marche. L’équipe 2 est la plus proche, entre deux et quatre heures. »
Ruth termina son travail. En usant d’un règle à graduation et d’un compas, elle modélisa une jonction et lui entoura un léger surplomb forestier. Il se trouvait à mi-chemin entre les deux équipes et le camp de prisonniers.
« Le point de rendez-vous idéal nous demandera approximativement quatre heures pour chaque équipe...ça donnerait cette zone là. »
Elle détacha son regard de la carte pour aviser son supérieur.
« Ca demeure de l’intelligence service, mon capitaine. De la pure théorie. Ces probabilités ne tiennent pas compte du profil tactique et de votre propre expérience de terrain. Je suis sûrement hors sujet en vous fournissant ces estimations de route. Malheureusement, c’est le mieux que je puisse vous offrir. »

Pedge ne connaissait pas le terrain, du moins pas plus que ce qu’elle avait déjà expérimentée depuis qu’elle participait à cette manœuvre ubuesque… et en si peu de temps elle avait remarqué à quel point le continent était… changeant. Les calculs de Ruth avaient donc le mérite d’exister et de donner une estimation de ce qu’il faudrait mobiliser en temps et en énergie pour parvenir à rejoindre l’équipe dissidente. Il restait ensuite toute la partie « action » qui allait demander des ressources supplémentaires. Il fallait tenir compte de tout cela, et voir si la fatigue accumulée ne serait pas une entrave insurmontable pour tout le monde. C’était sans doute pour cela que Calahan avait choisi un point aussi merdique à rallier sans Jumper.

Néanmoins il était hors de question de laisser tomber Tim. Seulement était ce raisonnable de se lancer dans ce sauvetage ? Est-ce qu’un officier devait sacrifier des ressources importantes pour la réalisation de la mission pour sauver un des siens ? Peut-être serait-ce un coup d’éclat de sauver le sergent des griffes de ses geôliers mais si l’équipe n’était plus capable de mener à bien la mission ensuite ?

« Sans moyen de locomotion, je crains que ce ne soit trop aventureux, même pour nous. », fit elle au bout de quelques secondes de réflexions.
« Ils ont choisi un point d’accès difficile sans jumper. » affirma Ruth, sur la même longueur d’onde. « Donc si nous voulons nous épargner des efforts conséquents et gagner du temps...le plus logique serait d’obtenir nous même cet engin...avec un bon pilote. »
La jeune femme considéra sa carte.
« Il ne faudra pas beaucoup de temps pour rallier le continent et nous rejoindre au fortin. Mais les plans de vols sont si réglementés que Calahan a dû prévoir cette probabilité, interdire les réquisitions. Cette manoeuvre aurait été “trop facile” dans l’esprit de notre bourreau... »
Ruth fronça les sourcils.
« Sauf que nous avons une centrale maintenant. Et en trichant un peu avec la liaison montante...on peut connaître les canaux personnels pour contacter des personnes précises sur Atlantis. »
Le silence retomba. La jeune femme pinça des lèvres. Évidemment, elle savait des choses sur Allen comme sur toutes les autres personnes. Les on-dit, les ouïe-dires en plus, même s’ils fallait s’en méfier : elle suspectait le Capitaine d’avoir le bras plus long que son simple doute sur la partie aventureuse de cette affaire. Après tout, elle avait su obtenir davantage d’aide du Dédale. Alors...pourquoi pas un petit coup de main de plus ?
« Si vous connaissez un pilote prêt à affronter des canons de DCA aux munitions d'entrainement, un possible piratage et les sanctions pour plan de vol non accordé...si on lui colle pas un vol de jumper sur le dos...on pourrait sortir Tim d’un sacré traquenard en un minimum d’efforts... » fit-elle avec un sous-entendu assez lourd. « Les deux possibilités offrent autant d’avantages que de risques. C’est à vous de choisir ce qui vous semble le plus favorable Capitaine... »

Ruth avait l’art et la manière de développer son raisonnement avec une certaine forme de concision détaillée qui plaisait bien à la texane. Pedge l’écoutait tranquillement, et elle savait déjà à qui elle pourrait demander avant même que sa subordonnée ne soumette l’idée. En fait, un nom s’imposait : Bricks. Néanmoins, l’espagnole aurait certainement des emmerdes si elle se prêtait au jeu, et l’officier était certaine qu’elle s’y prêterait, surtout pour “mi Pedgy”. Elle l’entendait déjà.
Est-ce qu’elle devait continuer de mêler ses contacts dans cette histoire ? L’équipe des Poètes sur le Dédale allait manger des patates à l’eau pendant quelques semaines à cause d’elle. Néanmoins, n’était-ce pas le principe de la manoeuvre ? Se débrouiller avec les ressources à disposition et celles qui ne l’étaient pas ?
« Localisez et contactez Nelly Bricks. », fit Pedge après quelques secondes de réflexion. Elle avait des scrupules à embarquer l’hispanique dans cette galère, mais… c’était elle qui l’avait largué là non ? Non, ce n’était pas une bonne excuse. Qu’importe comment elle était arrivée là, elle y était arrivée de son plein grès. Bon, elle proposerait à Nelly, et elle serait libre d’accepter ou pas. Ensuite, elle ferait ce qu’elle pourrait pour lui éviter les emmerdes, sans garantie.

« Bien Capitaine. » répondit Ruth.
Elle ne savait pas vraiment qui était cette personne. La jeune femme gérait beaucoup de dossiers et de monde à l’époque. Mais cela ne voulait pas dire qu’elle était omnisciente. Son hypothèse sur les ressources de la texane était donc fondée et la rapidité avec laquelle elle répondit ne fit que lui donner crédit sur ses avis personnels. Ceux qu’elle ne partagerait pas.
Après avoir navigué (ou plutôt erré à l’aveugle) sur les différentes options de la liaison montante, elle trouva la fréquence personnelle de la radio de la cible. Ruth posa ensuite la centrale sur la table et ouvrit la partie permettant d’accéder aux réglages.
Padilla enregistra la nouvelle fréquence. Le combiné à l’oreille, elle entendit le déclic de l’émission et de la réception, signe que cela fonctionnait.
« Les transmissions qui proviennent d’une centrale sont sécurisées, Capitaine. Il n’y aura pas de risques d’interception. » lui expliqua Ruth en lui tendant le combiné.
« Ok. », répondit-elle en prenant le combiné pour le porter à son oreille, le micro positionné devant sa bouche.
// Bricks ? //
Pedge patienta quelques secondes, sans obtenir de réponse. Elle croisa le regard de Ruth, avant de tenter une nouvelle fois de prendre contact.
// Nelly ? //
// MmmmMmm’Alllo ? // Croassa une voix furieusement endormie. // Hmm...j’dois faire un beau beau, très beau soñar, y’a mi Pedgy qui susurre à l’oreille... //
// Réveillez vous Bricks, ce n’est pas un rêve. //, ajouta Pedge d’une voix posée, sans s’énerver, songeant au fait qu’il était tard, ou tôt, et qu’elle devait dormir.

La texane ne reçut pas de réponse si ce n’est le soupir douloureux de celui que l’on pousse hors du lit. Elle put entendre au travers de la radio les draps que l’on rejetait sur le coté, laissant présager que l’hispanique s’asseyait sur le rebords du lit pour ne surtout pas sombrer dans les rêves.
// Hmmmm // fit-elle plaintive, d’une petite voix. // Mi Pedgy. Tu sais que si c’est pas un rêve...ben c’est que j’suis morte et au paradis. //
Léger silence.
// J’suis mouru ? Sobredosis de nounours en guimauve ? //

De son côté, Ruth entendit quelques bribes de mots. Elle conserva un regard étonné en direction de la texane, découvrant sa part plus conciliante et officieuse. Mais puisqu’elle ne voulait pas se montrer mauvais public, elle décida de s’occuper autrement, se penchant sur la carte et travaillant sur divers calculs pour offrir un semblant d’intimité.

Pedge avait soutenu le regard de Ruth, tout en réfléchissait à ce qu’elle pouvait bien répondre à Nelly. C’était une des raisons pour lesquelles elle ne voulait pas la contacter. Négocier, discuter, et recevoir ce genre de réponse qu’elle ne savait pas traiter réellement. Ça la mettait mal à l’aise.
// Euh, non... Vous êtes bien vivante. J’ai besoin d’un coup de main... // laissa-t-elle flotter histoire d’orienter la conversation.
// Ola ola...attends. //
Nelly se massa le visage.
// Tu me vouvoies, moi, Nelly ? Et tu me demandes ayuda ?!? //
La jeune femme s’angoissa un peu. Sa voix se fit bien plus sérieuse.
// Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu vas bien ? //
// Oui ça va. //, expédia-t-elle, avant d'enchaîner sans rebondir sur les différentes questions de Nelly. // Je cherche un pilote. Mais ça pue. Ce n’est pas pour un vol officiel, c’est pour la manoeuvre que je fais sur le continent. //
// Faut pas être avare en détails, mi Pedgy. Tu veux que je vienne te chercher en secret ? //
// Grosso modo. Me faudrait un Jumper pour prendre mon équipe, exfiltrer un prisonnier et se barrer. Mais je ne suis pas censé procéder de la sorte. Ca sous entend que tu auras des ennuis si tu m’aides. //

La réaction ne se fit pas attendre. Le combiné que Pedge avait à l’oreille transmit la réaction beaucoup trop rapide de Nelly qui sauta de son lit, glissa sur quelque chose avant de s’étaler lourdement sur le sol.
// Mierda ! //
Elle se redressa.
// Heu, c’est pas pour ti que je disais ça. Je vais t’aider bien sûr. Toi t’es bien allée pourchasser el chupacabra qui m’avait mis la tête sous l’eau. Je peux enfin te renvoyer l’aide...je suis contente. //
La jeune femme semblait être en train de s’habiller à la hâte.
// En plus, piquer un jumper en pleine nuit, j’ai toujours rêvé de faire ça !!! C’est vrai ! J’ouvre un peu décolleté, j’fais somnambule devant le garde. Et voilà !!! Je dois venir où ? J’ai combien de temps, mi capitana ?!? //

Pedge secoua la tête faiblement, imaginant plus ou moins la scène, même si le côté enfantin de Nelly ne semblait pas pouvoir produire ce genre d’image… Et pourtant, ça collait bien quand même avec l’hispanique. En tout cas, elle aurait parié son grade que Nelly aurait dit oui avec autant de rapidité.
// Au fortin Natus sur le continent. Quand tu peux. //, fit-elle sans vouloir en savoir plus sur le procédé qu’elle allait employer pour piquer le Jumper. Cela ne plaisait pas vraiment à la texane qui avait plutôt l’habitude de rouler selon les règles, et pas les contournant, mais finalement, quand il fallait se débrouiller, l’excuse semblait accessible. Bah, elle demanderait à Isia de la fouetter trois fois pour expier ses crimes. Elle s’amusa de cette remarque intérieure. // Si dans deux heures tu n’es pas là, je partirai du principe que tu t’es faites avoir. Ok ? //. Il fallait fixer une limite de temps sinon elle pourrait faire le poireau jusqu’à demain matin en se disant qu’elle allait arriver d’une minute à l’autre alors qu’elle n’aurait pas réussi à subtiliser (Pedge préférait dire “emprunter”) le vaisseau lantien.
// Je ne pourrais pas te dire par radio ? // demanda l’hispanique.
// Non, je n’ai plus vraiment de radio. Là je te contacte par un moyen détourné pour éviter… quelques désagréments. //, fit-elle désabusée, toujours vexée par le coup bas de Calahan.
// Je viens, c’est promis ! //

La communication terminée, Ruth cessa de travailler dans le vent pour récupérer la centrale ainsi que son sac. Elle n’eut pas besoin de demander quel était le résultat de la requête puisqu’elle le devina.
« Voulez-vous que j’informe l’équipe deux que nous venons les chercher sans spécifier le moyen de locomotion ? » lui demanda-t-elle en partant du postulat qu’elles n’avaient pas besoin d’être à deux pour transmettre le message.

« Oui s’il vous plaît. »

Ruth reprit ses affaires. Elle prit soin de verrouiller la liaison montante sans l’éteindre, rappelant à la texane qu’elle n’avait qu’à entrer ses identifiants pour pouvoir y accéder. Puis la jeune femme s’apprêtait à la laisser. Quelque chose la démangeait depuis quelques minutes. Alors, le sac sur le dos et la centrale sous le bras, elle s’arrêta à la hauteur de son capitaine sans véritablement la regarder.
« Chef...vous avez les yeux vitreux. Et vous êtes très pâle... »
Pas besoin de sortir de Saint Cyr, l’empoisonnement avait repris de plus belle et l’officier continuait d’être harcelé par son état de fragilité. Il avait suffi de louper la dernière prise et elle n’avait gagné qu’un simple sursis au final.

« Ça va aller Padilla. », répliqua-t-elle aussitôt par soucis de fierté mal placée.
« Je vous recommande de vous reposer. Si je vois un jumper approcher du camp, je cours vous trouver. Ca vous irait ? »
« Je vais travailler, je serai chez le Meneur, faites moi signe. ».

Pedge disposait d’une petite cabine dans le centre de commandement du Meneur. Le lit ne l’appela que trop vite. En se sentant fiévreuse et presque délirante au moment de s’enfoncer dans le sommeil, la texane pensa enfin à s’injecter la dose bon gré mal gré. Le soulagement temporaire lui colla un violent blackout. Elle tomba si profondément que tous ses instincts de combattante s’éteignirent, si bien qu’elle ne sentit pas le temps passer. Une main se posa sur son épaule avec une infinie douceur “quelques instants plus tard” pour la rappeler à la conscience.

Pedge était si épuisée qu’elle n’avait pas senti l’inconnue l’approcher et s’assoir sur le rebords du matelas, à ses côtés. Le contact de la main sur son épaule se transforma en une légère caresse.
« Je savais que tu me mentais... » fit la voix chantante mais angoissée de l’hispanique.

Elle était vêtue d’une chemise à carreaux courte. Volontairement découpée au ciseau pour laisser entrevoir son ventre et ses hanches fines. En haut, elle avait savamment retiré quelques boutons pour permettre une vue plongeante sur son épiderme, laissant deviner l’absence de sous vêtement. Pour agrémenter le tout, Nelly n’avait qu’un petit short en jean plutôt court, de quoi attirer l’oeil et certainement pas de manière accidentelle. L’espagnole avait effectivement mit son plan à exécution pour voler le jumper. Sous son bras valide, elle portait son uniforme roulé en boule, espérant pouvoir profiter de l’intimité de la cabine de Pedge pour se changer. Mais voir son amie dans un tel état venait de changer ses priorités.

« Papa sera super inquiet de te voir comme ça. J’ai pris quelque chose para ti... »
Elle pointa du doigt la gourde réglementaire qu’elle avait déposé sur son chevet. Une odeur de jus d’orange bien frais s’en dégageait.
« Allez, debout amiga... »

Pedge émergeait douloureusement de ce sommeil sans rêve. Il était réparateur sans vraiment l’être, pour la bonne et simple raison qu’il s’arrêtait avec dix heures d’avance. Vivement la fin de ce merdier, pensa-t-elle par devers elle, en laissant ses yeux glisser sur les courbes de Nelly pour finalement se poser sur son visage. Elle aurait dû être surprise de ne pas voir Padilla, comme c’était convenu, mais elle était tellement dans le brouillard que cela ne lui effleura même pas l’esprit. La seule sensation qu’elle avait et qui semblait impérieuse, c’était d’arriver à la fin de ce cauchemar.
« Super. Tu es là. », fit-elle sans enthousiasme, avec son air blasé habituel souligné nettement par ses traits fatigués. « Ça veut dire que j’ai mon Jumper. » C’était un soulagement réel parce qu’elle ne se sentait pas d’aller escalader une montagne. Au meilleur de sa forme, elle serait capable de gravir l'Everest si elle réussissait à mener cette manoeuvre jusqu’au bout dans cet état là. Étant donné qu’elle n’avait même pas eu la foi de se mettre en condition vestimentaire pour son somme réglementaire, elle s’extirpa de la couchette, stabilisant son esprit en même temps que ses pieds.
D’un geste las, elle s’empara de la gourde et l’odeur de jus d’orange lui fit faire une grimace. Trop d’acidité en perspective, elle ne se sentait pas de l’ingurgiter. « C’est gentil, mais je passe mon tour, merci Nelly. » Elle se leva. Il était temps d’aller chercher Brass, puis de boucler tout ça.
Tout en s’avançant vers la porte, elle entreprit de faire un peu la conversation : « J’vois que tu as mis les formes pour obtenir ce Jumper. »
« Ben le garde, j’l’ai déjà entendu dans le vestiaire parler de ses fantasmes à ses copains. C’était presque trop facile... » lui répondit-elle en posant son uniforme sur le lit. Elle entreprit de se changer mais tourna un regard vers l’officier.
« Prohibición de mirar, Pedgy. Tourne-toi ! »
Nelly attendit que son amie s'exécute pour se changer entièrement et remettre son uniforme.
« C’est juste que...j’y suis peut-être allée trop fort, capitana. Parce que el nino m’a suivi jusque dans le jumper quand je faisais spectacle. Du coup j’l’ai enfermé dans la nacelle arrière. Et du coup...ben... »
La jeune femme grimaça tout en enfilant son pantalon.
« Il est ici. C’est tu amiga très intelligente qui le tient pendant que tu viens. On sait pas quoi faire de lui et vu qu’il a pas pu me toucher...il est très très trèèèès colère. »
Pedge tourna ses yeux vers l’hispanique, non pas parce qu’elle voulait mater, mais plutôt pour voir si elle se moquait d’elle gentiment ou pas.
« Héééé ! Regarde pas !!! T’as dit que t’étais comme un garçon alors tourne tes petits yeux ! »
L’air désabusé de Pedge s’accentua et elle poussa un soupir avant de détourner son regard pour le poser sur la porte.
« Ca va, ça va, je voulais juste savoir si tu te moquais de moi… Tu n’as pas emmené ce garde avec toi n’est-ce pas ? », lança-t-elle, avec ce petit sentiment d’espoir qu’il s’agisse belle et bien d’une blague vaseuse de la jeune femme, qui n’était pas la dernière pour faire de l’humour.
Nelly termina de s’habiller. Après avoir enfilé sa veste, elle reprit ses rangers.
« Au début, je voulais le jeter à l’eau. Pas difficile, ouvrir la porte, monter en piqué, arrêter l’anti-gravité et plouf ! En plus ça aurait calmé sa libido. » Elle haussa les épaules. « Mais en fait, je préfère te dire que j’suis venue avec un passager clandestin dans la soute plutôt que de l’avoir noyé à quatre cents mètres de la digue Ouest... »
La jeune femme se redressa.
« Excusa mi Pedgy. Mais c’était ça ou pas de Jumper... »

Pedge se frotta le visage et se pinça l’arrête du nez. Elle était dépitée. Chaque solution qu’elle trouvait apportait un nouveau problème. Néanmoins, il était inutile d’engueuler Nelly qui était déjà là sans autorisation, avec un matériel détourné, et… un type qu’elle avait séquestré. Qu’est-ce qui était le plus grave au final ? La texane haussa des épaules. De toute façon, foutue pour foutue.
« Bon... » Mais quelle idée à la con d’avoir voulu passer Capitaine. Franchement, elle n’avait pas à gérer ce genre de merdier par le passé, et ça lui allait très bien. Limite si Normandie n’avait pas été une promenade de santé.
« Allons voir cet homme. », finit-elle par dire en sortant de la chambre, pour se rendre auprès du Jumper.

L’engin se trouvait sur la place centrale du fortin. Quelques soldats Natus entouraient l’accès de la nacelle arrière, les armes en main, surtout présent parce qu’ils en avaient reçu l’ordre. En passant cette première ligne, Pedge trouva un soldat de patrouille aux mains serflexées. Il était assis sur le banc de la nacelle arrière, rouge comme une tomate, grommelant des phrases incompréhensibles puisqu’il avait été bâillonné pour ne pas réveiller tout le fort.
Le visage défait, Ruth tourna un regard implorant en direction de la texane et pointa son prisonnier du P90 qu’elle avait dans les mains.
« Capitaine...je vous en prie...permission d’ouvrir le feu. »
Le type n’en finissait pas de gueuler, comme si le bâillon qui étouffait ses propos ne lui suffisait pas. Lorsqu’il aperçut Nelly aux cotés du Capitaine, le type se redressa brusquement et deux solides Natus le ramenèrent illico dans le siège.
« J’avais pas le choix... » fit Nelly d’une petite voix, autant pour son officier que pour sa victime.
Avant que la texane ne puisse véritablement prendre une décision, elle vit que le cordon de Natus se détachait pour laisser passer un homme solide. Torse nu, dans un pantalon de toile de jute, le Meneur Jelsok s’approcha pour constater la situation. Son regard migra vers Nelly, la texane, avant d’en revenir au type. Il comprit le plus important.
« Le prochain cube volant se posera à l’ouest de notre frontière dans l'après-midi. Nous l’y escorterons. »
Jelsok fixa le colérique.
« D’ici là, le choix lui appartient. Colère le mènera dans mes cellules. La patience fera de lui un invité bien traité en mes murs. »
Le chef militaire fixa la texane.
« Qu’en dites-vous, Dame Allen ? »
Se faire qualifier de “Dame” n’était pas habituel pour ses standards, mais les Natus avaient ce genre de phrasé habituel et Pedge ne releva pas vraiment… Surtout qu’elle avait cette situation à gérer. En plus d’avoir un type retenu contre son gré, elle avait maintenant une Padilla qui rêvait de lui en coller une. Jelsok et sa proposition étaient donc plutôt bienvenue. Problème réglé !
« Il n’a pas trop le choix de toute façon, et moi non plus. Merci de vous proposer de le garder le temps qu’Atlantis le récupère. ». Pedge laissa traîner son regard sur Nelly, puis sur Padilla, avant de se pencher vers le gars en question en lui mettant une main sur l’épaule. Ses doigts se refermèrent sur le trapèze du type tandis qu’elle le fixait dans le blanc des yeux : « Je te relève de ton tour de garde, et je te laisse comme invité ici. Tu te tiens bien, sinon on se reverra dans mon bureau pour discuter du piètre garde que tu fais. Ok ? », fit-elle, ne s’attendant pas à une réponse verbale puisqu’il était bâillonné. Elle attendit de voir quelque chose dans ses yeux avant de se redresser et de se tourner vers Ruth.
Le type avait effectivement fini par hocher la tête et se soumettre. La colère était passée presque instantanément.
« Woaaaa...comment tu fais ça ? » s’étonna Nelly en ayant constaté la scène. Elle ignora le regard noir du garde pour ajouter : « En plus t’es tellement sexy quand tu habla à un hombre comme ça. Tu m’entraineras ?!? »
« Ça doit être mon côté “bonhomme”. », répliqua Pedge pour faire une petite référence à ce que Nelly avait dit quelques minutes plus tôt.

« Padilla, allez me chercher les deux autres, ça vous détendra. On part dans quelques minutes. »
« A vos ordres. » Répondit-elle en baissant son arme et en quittant illico le jumper.

Ruth se déplaça d’un pas si pressé qu’elle n’était pas loin de courir. Elle eut la présence d’esprit de ne pas entrer trop brusquement dans le baraquement pour éviter un éveil trop violent.
« Matt, Elana. » fit-elle en s’approchant.
La jeune femme posa une main sur eux en les remuant, consciente qu’ils devaient avoir du mal à émerger. Quelque part, elle était contente d’avoir eu tout ce boulot avec l’officier. Si elle s’était arrêtée comme eux dans un lit moelleux et sous des draps, rien n’aurait pu la redresser. Elle insista donc sans les brusquer.
« Debout les amis. Ordre de se présenter au rapport, on vient d’obtenir un jumper et un pilote. Allez... »
Elana était dans un sommeil paradoxal, elle s’était couchée discrètement et était tombé comme un soldat sous une pluie de balles : d’un coup. Son sommeil, était sombre sans rêve et pourtant elle eut un peu de mal à retourner vers le monde réel. La main de Ruth alarma sa défense et elle se redressa brusquement en lui saisissant le poignet. Elle la toisa, clignant des yeux prête à se défendre avant de reconnaître son amie.
« C’est moi, Elana. » la rassura-t-elle en ne retirant pas son bras.
Elle se détendit immédiatement, relâchant la pauvre femme qui n’avait rien demandé.
« Ce capitaine à décidément le bras long... » souffla la caporale qui était en train d’enfiler son uniforme sans plus tarder… elle se demandait bien comment la capitaine Allen avait eu ce gros avantage, il était certain que ce n’est pas un cadeau de Calahan.
« Tu l’auras aussi à force de côtoyer du monde et en te liant d’amitié. » expliqua-t-elle avec le sourire. Elle ajouta avec un petit sourire provoquant : « Tu comptes me dire que tu n’en es pas capable ? »
Elana pouffa un peu, oui elle était pas aussi sociable que ça…
« Promis j'irai suivre les cours de sociabilisation ! » répondit la jeune femme en se levant, alors que Ruth allait voir Matt.
« Non...pas encore. » Grommela Eversman lorsqu’on chercha à le secouer.
« Et si, soldat. » fit Ruth en insistant. « Calahan t’attend avec le café et les croissants...debout ! »
Malgré la fatigue intense, il n’avait pas été capable de s’endormir rapidement et le voilà cueilli en plein sommeil profond. L’insistance de Ruth fut nécessaire pour qu’il ne ferme pas de nouveau les yeux et ne consente à sortir des draps. Les yeux étaient à peine ouverts alors que les pieds rentraient dans les rangers. Tout était prêt, il n’avait plus qu’à enfiler mécaniquement et il valait mieux. S’il avait déjà une sale tête avant d’aller s’endormir, ce n’était guère mieux maintenant. Là, il dormait presque sur place. En ayant conscience, il se rapprocha du seau mis à leur disposition pour se rafraîchir un peu le visage et la nuque. L’eau froide le réveilla un peu, il termina de s’équiper avant de se remettre sur pieds.

« Prêt. » Déclara-t-il tout en effectuant quelques étirements. « Tu as mon précieux, Ruth ? » Demanda-t-il pour récupérer la fameuse couronne qu’il enfila sans un mot. Réfléchir ou même protester ne servaient à rien, il n’en avait pas l’énergie et préférait garder le peu qu’il avait pour la mission à venir.
« On devrait t’épuiser plus souvent Matt. » lui dit-elle en sortant la couronne. Elle la lui posa sur la tête et l’aida à attacher la sangle. « Tu redeviens sérieux, c’est bien. »
« J’ai surtout pas la force de râler. »



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Jeu 5 Sep - 19:24

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Un peu plus tard, toute l’équipe s’était réunie devant le Jumper.
Après avoir discuté avec Pedge de ses intentions, Nelly préparait activement un vol furtif en allant à différents points de son Jumper. Elle faisait sa checklist courante mais rencontra un Matt endormi. Joyeuse et forcément plus énergique que lui, elle lui fit un grand coucou enfantin.
« Si tu voyais ta tête Matt ! Encore une nuit active. En plus, les ninjas ont piqué ton uniforme...vilain garçon ! » S’exclama-t-elle en guise de salut.
« Salut Neeeeeeeeeeeeeeeelly... » Lâcha-t-il dans un bâillement prenant place dans le compartiment arrière se retenant de s’y allonger. « Désolé. »
Elana bailla à son tour par empathie. Elle détestait quand elle ne pouvait pas se retenir de le faire, elle avait tendance à bailler tout le temps dès qu’un abrutit le faisait ou même rien qu’en le lisant ! Elle donna un coup de coude à Eversman
« La main bordel ! » dit-elle en le rabrouant directement. Puis son regard se porta sur la jeune femme qui avait salué de manière humoristique le soldat, elle lui fit un signe de tête. « Bonjour soldat » dit-elle poliment avant de laisser son regard partir sur le jumper… un jumper quoi, elle n’en revenait pas.
« Hola, nina ! » la salua Nelly avant de poursuivre ses contrôles de pré lancement.
Elana ne resta néanmoins pas longtemps à admirer cette prouesse pour se rendre auprès de la capitaine, se mettant au garde à vous.
« Repos caporal. », l’informa-t-elle non sans lui rendre son salut. « J’espère que vous êtes en forme, la journée promet d’être longue encore une fois. »
Elana reprit une posture plus naturelle.
« Il faut bien. » elle jeta un regard au jumper « Belle prise mon capitaine. » dit-elle avec un faible rictus carnassier.

Ruth s’était rapprochée de l’officier, la carte en main.
« Capitaine, il est quatre heures trente huit du matin. Le dernier message de l’équipe 2 signale qu’ils se plaçaient au repos pour récupérer des forces. Equipement et effectif paré pour votre arrivée. »
« Parfait, allons les récupérer, et ensuite on étudiera un plan d’action. ». Pedge comptait bien se servir du Jumper jusqu’au bout, et comme ces trous du cul ne devaient pas s’y attendre, l’effet de surprise serait total. Néanmoins, parce qu’elle avait été échaudée tout au long de la manoeuvre, elle partait du principe que Calahan était au courant, aussi ne baserait-elle pas totalement sa stratégie sur cet effet de surprise.

Padilla demanda l’autorisation de se placer sur le siège copilote. Elle comptait profiter des capteurs du Jumper pour mettre sa carte à jour et ajouter des éléments digne d'intérêt. Nelly ne le vit pas de cet oeil là.
« Ici, c’est la place de mi Capitana ! »
« J’ai besoin de ces informations, Bricks. »
« C’est Nelly. Et c’est MON Jumper, donc moi qui décide ! » répliqua l’espagnole d’un air revanchard. « Cette place, c’est celle de Pedgy ! »
« Ecoutez, madame, je…. »
Un son électronique monta dans la cabine. Une carte locale que les senseurs couvraient se matérialisa sur l’un des sièges arrière du cockpit. La petite espagnole lui sourit tout en levant un sourcil, signe que c’était à prendre ou à laisser, puis elle la laissa s’en aller d’un air réjoui.
« Quand même pas intello de Atlantis qui va faire la loi dans mon coucou à moi ! Hm-hm, nada ! »
La jeune femme fit ensuite signe à son officier que sa place était libre en tapotant le siège. Pedge qui n’avait suivi que de loin la discussion entre les deux jeunes femmes préféra ne pas intervenir. Après tout, si Padilla avait ses infos, c’est tout ce qui comptait. Les querelles de gamin lui passaient au dessus pour le moment, même si la fatigue nerveuse faisait qu’elle avait envie de distribuer des claques assez rapidement.

Elana avait prit place dans le jumper, regardant l’équipement qu’elle avait, de toute manière elle avait prit son matos juste avant et l'installa sur la banquette arrière. Elle releva la discussion entre la pilote et Ruth, tout en zieutant un peu la capitaine qui semblait être proche de cette petite espagnole au ton que trop familier… On dirait une enfant et cela n’était pas très pro, voir même complètement hors temps... Un peu surprise, elle n’en laissa rien paraître et prit place sur l’un des sièges arrière vers Ruth en lui tapotant l’épaule, comme pour lui dire “laisse tomber”. En réponse, la jeune femme lui fit un petit clin d’oeil complice, signe qu’elle ne le prenait pas mal. Elle pouvait travailler et c’était l’essentiel.

Dès qu’elle en donna l’ordre, la pilote reprit tout son sérieux et décolla. Le fortin Natus avait de la gueule vu d’en haut mais la nuit ne l’avala que trop vite. Il ne restait déjà que les foyers des feux de camps, des signaux des gardes communicant avec quelques éléments disposés stratégiquement sur le territoire. Les reliefs se devinaient parce que Nelly ne volait pas haut. Elle prenait très peu d’altitude. L’apparence adulte et raisonné de l’hispanique prit le pas au fur et à mesure de son avancée. Après avoir contrôlé ses divers instruments, elle cessa même de sourire pour se concentrer sur son boulot. Cette facette qu’il n’était pas donné à tout le monde de connaître : la professionnelle.
« J’ai eu une mauvaise surprise en décollant, Pedgy. Ce jumper n’a pas été ravitaillé depuis des semaines. Il conviendra pour la mission, je te l’ai promis, mais notre énergie est limitée. »
D’une simple pensée, la carte se matérialisa sous le nez du Capitaine indépendamment de Ruth qui travaillait dans son coin. Un plan de vol se dessina, contournant largement les emplacements supposés des patrouilles de Calahan. Un point d’arrivée désignait le site de l’équipe deux mais le jumper s’apprêtait à serpenter au travers des reliefs.
« Je vais économiser l’occulteur pour ta mission. On va voler en rase-motte pour se servir des reliefs comme couverture. Tu vas perdre un peu de temps mais la végétation va couvrir le bruit de la propulsion et on restera camouflé. J’ai ton accord ? »

« Affirmatif. », répondit simplement Pedge. De toute façon, il n’y avait pas forcément le choix, puisque le coucou n’était pas opérationnel à 100%. Ça aurait été trop beau. Encore un truc dans lequel elle allait devoir mettre son nez en revenant : la garde des Jumpers et leur entretien. C’était inadmissible.

Sous les commandes de Nelly, le Jumper perdit en altitude et voyagea au ras de la végétation, des arbres et au-dessus des rares sentiers. Il filait comme un hélicoptère silencieux qui se voulait discret. Avec la nuit, l’hispanique se servait beaucoup de ses instruments de vol et des capteurs anti-collisions. Le décompte du plan de vol affichait approximativement dix minutes. Mais arrivé à trois, tandis que le reste de l’équipe affirmait être prête, Nelly fronça les sourcils et tapota l’épaule de son officier.
« Pedge... »
La pilote appuya sur l’une des tuiles de contrôle pour réduire la luminosité à l’intérieur même de la cabine de pilotage. La différence permettait de voir un peu plus l’extérieur et le relief présenta de sérieuses différences. Il était loin d’être aussi calme. L’emplacement supposé de l’équipe deux se nimbait d’éclats de tonnerre et de balles perdues dont les billes rouges se perdaient dans toutes les directions. Certaines allaient même jusqu’au jumper. L’une, en particulier, percuta la verrière sans poser le moindre problème.
« Essaye de nous approcher pour qu’on puisse déterminer qui est qui si c’est possible. »
« Reçu... »

Nelly s’activa. Le jumper glissa derrière une ligne d’arbre pour remonter doucement, comme un périscope de sous-marin, puis elle s’approcha lentement du site. Il y avait un échange de tir sérieux, très nourri, qui se percevait maintenant très bien. Les rafales volaient généralement en direction d’un point fixe, le sommet du relief rocheux, là où se trouvait normalement l’équipe deux. Malheureusement, à cause de la nuit, il était impossible de distinguer les alliés des ennemis.
« Madame l’intello, je te pique l’écran. »
« Oui, pas de soucis... » répondit immédiatement Padilla.
Elle avait rangé sa carte et assurait son arme, l’inquiétude peint sur le visage, en se demandant ce qu’il se passait. Elle avait déjà quelques idées mais son regard venaient régulièrement vers son officier.
Nelly défit illico le réglage des capteurs prévu pour Ruth et les réorienta sur le champ de bataille. Le plan de vol accompli se transforma en une carte locale du site. Trois unités semblaient retranché et rudement encerclé. Ils subissaient un tir nourri mais répondaient avec une hargne palpable. Les différents signes de vie s’organisaient sur des manoeuvres stratégiques standard. Un contournement sur le flanc droit, surement le terrain le plus avantageux pour l’ennemi. Ils semblaient être retenu par des tirs isolés et d’une grande précision. Ca provenait d’un autre spot lumineux plus éloigné et en hauteur. D’ailleurs...une troupe allait droit dans sa direction...sans que le tireur ne s’en rende compte. Un déplacement furtif pour éliminer ce blocus.

Pedge et son équipe arrivait à un moment dramatique. Les renégats de son équipe semblaient avoir été découvert et Calahan avait mis les moyens pour les affronter. Ils se défendaient comme des diables. Il suffisait de voir les signes de vie des attaquants qui les chargeaient au corps à corps avant de s’immobiliser. Ils n’étaient que trois et ils tenaient comme des acharnés.
En étant aussi proche, les balles neutralisantes perdues ricochaient contre le blindage du Jumper sans arrêt, donnant le ton de la sacré bagarre qui se disputait en bas.
« Il n’y a pas de site d'atterrissage avant six cents mètres. » expliqua Nelly en montrant les zones de droppage sur la carte tactique. Un éclaircissement du terrain, l’absence d’arbres hauts qui permettait au vaisseau de s’y poser. « Je peux vous emmener là-bas. Ou il y a des cordes pour largage au sol... »
Elana avait remarqué les tirs, il était évident qu’il avait une bataille sous eux et que cette bataille n’était surement pas une mutinerie du camps Calahan, l’équipe de rebelle du jour était en train de donner tout ce qu’ils avaient pour percer. Les trois rebelles étaient de sacré emmerdeurs et ils avait la hargne, de quoi donner une petite pointe de contentement non négligeable à la caporale. Elle se leva de son siège pour vérifier le matos et voir l’état de Matt. Il était temps de partir à l’action. La fatigue qu’elle avait ressentie juste avant, était maintenant partie, elle leva un pouce en l’air vers Ruth pour qu’elle transmette le message à l’avant, alors qu’elle ordonnait à Matt de s’équiper en arme et de se tenir prêt. La p'tite pilote enfantine qui était maintenant une adulte (une sacrée capacité soit disant au passage) avait parlé de cordes de largage : il allait falloir sauter ! Rien que d’y penser elle avait un sourire, elle était accro au saut et aux sensations qui en découlait.

« Chef. Retour du caporal Ravix : Equipe un paré à l’action. » affirma Ruth à la suite.

On se serait cru dans un film d’action, un genre de Star Wars ou une connerie du genre (Pedge n’étant pas très cinéphile), tellement ça partait dans tous les sens avec des effets lumineux sympa. Pour une fois, c’était agréable de se retrouver dans une boite à sardine et de voir les impacts se dissoudre sur le blindage. Un sentiment de sécurité bienvenue. Quoiqu’il en soit, il ne fallait pas trop s’interposer pour qu’ils ne remarquent pas leur présence. S’ils se faisaient repérer maintenant, le vieux allait mettre les moyens pour se débarrasser d’un Jumper. Stratégiquement, est-ce qu’il ne serait pas préférable de laisser les dissidents se faire désosser et allait chercher Brass pendant que l’oeil du Grand Sauron était ailleurs ? Ca se défendait, surtout qu’ils avaient fait sécession avec son groupe… Mais moralement, c’était discutable. N’était-ce pas sa propre rancune qui lui donnait ce genre d’idée ? Probablement que si.
Il fallait apprendre à lâcher prise et à aller de l’avant, mais quand la texane avait un os dans le museau, elle le rongeait jusqu’à la moelle. Cependant, elle ne pouvait pas laisser ses hommes (car ils le restaient malgré tout), se faire liquider sans ne rien faire.

Et puis franchement, si elle les sauvait, elle aurait tout le loisir de les envoyer au mitard quelques jours (voir quelques semaines), en rentrant au bercail, histoire de leur ôter le goût de la victoire. Ouais, ça c’était un comportement d’officier qui se respecte !

Le pivot central de la défense des quatre fantastiques était Rita. Elle permettait d’empêcher des manoeuvres adverses, et si l’ennemi détaché des hommes sur elle, c’était bien parce qu’elle emmerdait le monde, comme un putain de moustique qu’on entend mais qu’on ne voit pas.
« Bricks, essaie de ne pas rester dans la ligne des tirs qu’on ne se fasse pas repérer. Donne moi des infos sur ceux qui vont sur Monciatti. ». Dans le même temps, elle se tourna vers Padilla : « Installez les cordes et préparez vous à sortir ! »
« A vos ordres. » fit-elle avec un demi-tour rapide.

Sur la commande de Nelly, le spot isolé se décora d’un “M” pour Monciatti et l’écran zooma sur une modélisation en 3D. Pendant ce temps, le jumper avait fait une brusque embardée que les occupants avaient malgré tout senti. L’engin se glissa subtilement entre plusieurs arbres morts pour se camoufler.
« Ils grimpent. » nota Nelly en passant sur un modèle en relief d’élévation. Les quatre hommes venaient tout juste de se séparer en binôme. Le premier prenait le tireur isolé par l’arrière en escaladant littéralement le flanc le plus ardu et compliqué. Les deux autres progressaient lentement, comme des prédateurs affamés, sur le sentier supposé qu’elle avait emprunté. Il était logique qu’ils fassent attention aux pièges qu’elle aurait assurément posé pour signaler toute tentative d’intrusion dans son périmètre.
Rita avait l’oeil trop rivé sur le dispositif qui assaillait ses amis pour se rendre compte de la manoeuvre. Quel que soit le binôme, elle était foutue si personne n’intervenait.
Ok, ce groupe ne s’attendait pas à se faire prendre pour cible par des alliés des types qu’ils étaient venus baiser sur les ordres du Capitaine.
« Nelly, positionne nous vers ceux qui grimpent, ouvre l’arrière face à eux. ». Pedge se leva. Moment tir au lapin. Elle espérait qu’ils ne se feraient pas trop mal en tombant. Mais c’était le jeu, et personne ne faisait de sentiment avec eux depuis le début, il était temps de leur faire sentir le goût de la peur à eux aussi.
« Je bouge... »
« Préparez vous à arroser les deux grimpeurs sur la falaise quand la porte s’ouvre ! », ordonna Pedge aux trois autres derrière.

Le jumper quitta sa cachette pour se rendre sournoisement sur le secteur. Nelly veilla à ne pas attirer l’attention en se déplaçant doucement. Néanmoins, au moment où elle ouvrait la nacelle arrière, les deux grimpeurs les avaient attendu au P90. Le problème de ne pas être occulté et d’entendre la propulsion en pleine nuit. Deux rafales nourris volèrent en direction de la nacelle arrière, certaines balles manquant de peu de les toucher.
« A COUVERT » gueula Eversman en se plaquant au sol, espérant éviter la salve ennemie
Quelques impacts cognèrent même à l’intérieur de la cabine et Nelly hurla immédiatement :
« EN POSITION ! »
Désormais au sol, Matt ne prit pas le temps pour se relever. Au contraire, il disposait maintenant d’un appui conséquent et n’allait pas s’en priver. Ne manquait plus qu’un bipied pour qu’il soit complètement à l’aise. Bien sur ses appuis, l’oeil rivé dans la mire de son arme, Eversman ouvrit le feu pressant la gâchette à plusieurs reprises.

Elana avait suivit le mouvement, tombant aussi à terre pour se mettre à canarder les deux grimpeurs. Elle espérait juste ne pas se prendre un tir en pleine poire, vu la douleur que ça faisait sur un membre en pleine tête cela allait être horrible.

Si l’un des deux grimpeurs tomba mollement sur le sol, celui qui tenta d’esquiver les tirs pour se planquer derrière un couvert se fît faucher. Il hurla en sentant la charge incapacitante l’atteindre de flanc et il tomba dans le grand vide attenant. Il rebondit une fois et, alors qu’il chutait, un flash lumineux le fit disparaître. Il en aurait perdu la vie sans cette téléportation d’urgence. Cet exercice aussi poussé et aussi tordu soit-il conservait certaine limite de sécurité, le Dédale semblait y veiller. Mais pour l’équipe 2 qui s’était retiré leurs balises sous-cutanée...

« Pedgy ! L’autre binôme se rapproche de ton soldat. Alerte de proximité... » fit-elle en ajoutant la modélisation de l’écran à la parole.
Ils avaient franchi les pièges sans se faire remarquer. Ils n’étaient plus qu’à quelques dizaines de mètres, avançant avec une lenteur stratégique et annonciateur d’un mauvais moment pour la tireuse de précision.

Pedge pesta. Elle pensait qu’elle aurait un peu plus de temps au regard de leur progression méthodique. Tant pis, il allait falloir faire vite.
« Même manoeuvre, place nous au dessus de Monciatti, le cul vers eux qu’on les canarde depuis le Jumper ! »
« C’est parti. »
Le vaisseau fît exactement la même manoeuvre. Moins d’une minute s’écoula avant que l’arrière ne soit positionné en face du binôme. Ils étaient planqué dans une bosqué, sur le point de faire feu pour neutraliser Rita. Pourtant, au moment où Matt, Elana et Ruth faisait feu, une grenade au plâtre vola dans leur direction. Sûrement propulsée par un lanceur, elle éclata sur la carlingue sans les toucher.
C’est à ce moment là qu’une alarme se mit à hurler dans l’habitacle. Il n’y avait aucun rapport mais Nelly poussa une plainte angoissée. Son écran s’était modifié pour une série de ligne de code incompréhensible. Mais le message indiquant “ERREUR CRITIQUE” l’était, lui. Déjà, le vaisseau commençait légèrement à se décaler, accentuant fortement la difficulté de tir.

Ne pas se laisser déstabiliser par les stimuli externes : c’était la base lorsqu’on désirait effectuer des tirs lointains. Autant l’attention d’Eversman pouvait être limité lors des briefings, autant il savait s’enfermer dans une bulle lorsqu’il devait tirer et ne prêtait qu’une attention certaine au reste. L’alarme sonore fut perçue mais peu intégrée, la priorité était d’atteindre cet enfoiré qui ne cessait de se décaler et protéger.
« Putain ! » Jura-t-il lorsque le jumper fit une embardée empêchant le tir d’atteindre sa cible. Ne se décourageant pas pour autant, ou ne s’inquiétant pas de ce mouvement, le Ranger demeura au sol à tenter de l’avoir. « C’est ça, bouge… Je vais t’avoir. »

Le sol était mouvementé, Elana essayait de compenser comme elle pouvait pour ne pas trop bouger. Le signal d’alarme l’avait inquiété mais elle devait rester concentré sur le tir pour avoir ce dernier enfoiré !
« Matt, je vais le déloger, tiens toi prêt à lui mettre une balle ! » dit-elle calmement, avant de commencer à tirer dans l'abri du mec pour l’obliger à bouger et à se trouver une nouvelle planque.
« Reçu et prêt à l’avoir. » Fit le Ranger cessant le feu pour se tenir prêt à appuyer sur la gâchette.
En dernier survivant, les quelques rafales le contraignit à baisser d’autant plus la tête. Il attendit qu’elle recharge son arme pour ramper le plus vite possible vers un couvert plus épais. Ses mouvements inhabituels témoignaient de quelque chose de surprenant. Le soldat semblait s’équiper d’une arme bien plus imposante. Soudain, les deux soldats comprirent qu’il s’agissait d’un lanceur de missile, probablement factice, d'entraînement, mais qu’il visait droit dans la cabine. C’était un duel de réflexe puisqu’il avait dû s’agenouiller et s’exposer pour tirer.
« RPG ! » gueula Eversman en le voyant sortir une arme qui n’avait rien d'inoffensif. C’était même la terreur sur un champ de guerre tant les dégâts occasionnés pouvaient être importants. Il n’y avait pas à réfléchir : il fallait abattre cet ennemi et cela immédiatement. Déjà l’autre se mettait en position de tir ne laissant que très peu de temps au militaire pour assurer le tir, les embardées du Jumper n’aidaient pas. La respiration fut bloquée, le fusil bien enserré et la gâche pressée à deux reprises. L’homme s’écroula.
« Cible abattue. » Déclara-t-il à ses partenaires passant aux autres cibles sans plus attendre.
Si l’annonce du petite “bébé” encombrant de l'ennemi fila quelques sueurs froide à la parachutiste elle en fut que grandement soulagé d’entendre que Matt l’avait mit KO.
« Bien joué ! »

Pendant ce temps, l’alarme prit un rythme encore plus fort et inquiétant.
« Se atrevieron! Bastardos! Se atrevieron! » cria-t-elle en tentant de résister.
Nelly commençait à paniquer un peu. Elle poussa des plaintes tout en touchant quelques dalles de cristaux sans parvenir à changer quoique ce soit. Un sursaut se ressentit clairement dans l’habitacle et on aurait cru que la petite hispanique cherchait à fuir le secteur.
« ATLANTIS A PRIS LE CONTRÔLE ! NE RESTEZ PAS LA !!! » Hurla-t-elle par-dessus l’alarme.
Elana se fit la remarque que la cité avait quand même un système pour reprendre le contrôle des vaisseaux… bon ça devait être le cas, pour éviter le vol des jumpers par d’autres petits malins ? En tout cas, ils avaient perdu le contrôle de leur véhicule, qui n’avait été qu’un avantage de trop courte durée.
« TOUT LE MONDE DESCEND PAR LES CORDES !! », réagit Pedge instantanément. C’était pas comme ça qu’elle avait vu les choses mais il fallait s’adapter. De toute façon, un plan ne restait jamais tel qu’il était prévu.
« Reçu ! » Gueula le Ranger en réponse à l’ordre d’évacuation s’empressant de se remettre sur pieds avant de donner un coup de pieds aux cordes préparées qui basculèrent aussitôt dans le vide.
« On peut y aller ! » Dernier coup d’oeil vers l’habitacle afin de vérifier que chacun était debout avant que le soldat ne s'exécute attrapant la corde et ne se laisse glisser le long de celle-ci. Une fois en bas, Matt s’écarta pour laisser la zone libre et s’empressa de se mettre à couvert afin de protéger ses coéquipiers. Un bon fumigène n’aurait pas été de trop pour protéger la manoeuvre.
La caporale décida de passer dans les derniers, comme elle avait l’expérience des sauts critiques en parachute ou à la corde. Ils n'avaient pas d’autre choix que de laisser le jumper, qui allait soit se crasher soit repartir vers la cité comme un bon toutou. En tout cas, il est dommage de n’avoir pas pu dézinguer l’anti-vol de la voiture volante. Mais bon, déjà qu’il avait un vol de mato dans la liste de cette manœuvre. Elle ne savait pas comment les huiles géraient ça. Le culot des soldats en manœuvre d’exercice. Au moins, cela démontrait que l’équipe avait un meneur qui se sortait les doigt du cul pour les faire sentir aux autres ! Elle pressa Ruth et Nelly. L’hispanique restait aux commandes, trop occupé à essayer de combattre le changement de cap. Elle ne réagit pas à l’ordre du caporal. Ruth, de son coté, s’était pressée devant la corde mais elle eut un moment de panique.
« GOGO ! » dit-elle.
« Je...je ne peux pas. Je... » balbutia-t-elle, en difficulté.
« Mais si tu peux ! Tiens prend là ! ! » dit-elle pour la rassurer. Elana lui mit la main dans la corde. « Accroche toi bien, je vais te pousser !! » elle attendit quelques secondes, le temps que la jeune femme ait le réflexe de la faire.
Padilla obéit malgré les mains tremblantes. Quand Elana lui donna l’impulsion pour passer à la corde, la jeune femme poussa un cri mêlant la crainte et la détresse. Les mouvements du Jumper, loin d’être stabilisé, lui donnaient l’impression de s’être lancé sur une montagne russe. Elle se receptionna très douloureusement au sol, rejetant machinalement la corde, de peur d’être emportée plus loin.
« Est-ce qu’un jour, on pourra se poser CALMEMENT ?!? » râla-t-elle, encore sous le coup de l’émotion.

Elana eut un petite sourire satisfaite que Ruth ait combattue sa peur, puisque cela en était clairement une et elle pouvait le comprendre. Son regard se tourna vers la pilote.
« Hey Bricks à toi !! » dit-elle
« PARTEZ !!! » gueula-t-elle en réponse. Elana n’eut pas le choix, elle n’aurait pas le temps d’atraper la co-pilote avant que le jumper ne s’éloigne trop de la zone où avait sauté les autres. Elle adressa un regard à la jeune femme.
« Bon courage ! Si on s’en sort sans aller simple sur terre je te paie un verre ! » dit-elle avant de passer le pas dans les airs.



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Ven 20 Sep - 20:27

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


La réaction fût immédiate. Les équipiers se saisirent des cordes et chutèrent lourdement sur le sol. Puisque le Jumper était en mouvement, Ruth fut trainée sur quelques mètres et la discrétion que Pedge espérait cessa aussitôt. Les deux clampins bien planqué derrière leurs couverts tentèrent de les aligner, profitant largement du fait que le vaisseau semblait les abandonner.
Cependant, alors qu’ils s’organisaient à peine de ce soudain revirement, le jumper émit un bruit très inquiétant. Comme un bang sonore modéré avant qu’il ne se retourne. On aurait cru deux consciences se disputant le contrôle d’un même corps. Le vaisseau leva le nez puis le descendit, se mit à faire des embardées brutales et illogique. C’était à croire qu’un apprenti sorcier tapait comme un boeuf sur les contrôles en espérant le faire voler droit.
Puis après un nouveau sursaut, l’engin débuta une série de tête à queue de plus en plus rapide. Une véritable toupie qui fit un cercle, comme une soucoupe volante devenue folle, et qui revint littéralement dans leur direction. Elle les dépassa d’à peine quelques mètres, soufflant sur un eux un déplacement d’air violent et déstabilisant. Elle arracha le couvert de végétation des deux soldats ennemis qui avaient hurlé en pensant leur mort inéluctable. Et c’est un terrible fracas contre des arbres qui termina ce ballet monstrueux. Un fracas de bois arraché...mais pas un crash.

Pedge avait sauté en dernier du Jumper, tout du moins, en même temps que Ruth. La faiblesse qu’elle éprouvait dans les jambes depuis quelques heures déjà, qui s’était estompée avec la nouvelle dose qu’elle avait prise, se rappela à son bon souvenir quand elle se ramassa lamentablement à la réception, roulant dans les branchages et les roches avant de s’arrêter, coincée dans les talus.

Elana avait sauter s'agrippant à la corde pour descendre rapidement, un tir fit chanceler sa corde et elle atterrit comme elle put sur le sol. Si au début elle était sur ses deux pieds, elle dut tomber une nouvelle fois sur la caillasse et son cul allait lui rappeler de bons souvenirs avec l'hématome qu’elle allait avoir. Mais qu’importe, elle se coucha à terre, profitant qu'elle y était, pour se réfugier vers de la caillasse et tirer vers les deux emmerdeurs.

Comme les autres, Eversman assista au spectacle de rodéo-Jumper le voyant ruer en tous sens. Un duel entre pilote et Atlantis pour la reprise de contrôle avant finalement que cela ne passe à deux doigts de la catastrophe. Pas de crash mais c’était moins une avant qu’il ne disparaisse de leur vue. Au moins avait-elle mise à nue les deux soldats, les privant de leur couvert et il s’empressa de les mitrailler. Leur position n’était pas idéale, ils étaient regroupés et formaient donc une cible idéale.

« Couvre moi ! » Lança-t-il en direction du Caporal attendant qu’elle exécute un tir de surpression lui permettant de sortir de son couvert et de courir en direction du trio infernal. Course qui fut ponctué d’un beau plongeon, le pied heurtant une pierre et l’entrainant à l’avant. Heureusement pour lui la cible était atteinte.

Elana s’était mit en position pour couvrir Matt, cela devenait un peu critique par moment, puisqu’elle ne pouvait pas gaspiller les balles comme elle l’entendait, mais devait viser juste, pour que les cibles en face soient en difficulté sans pouvoir toucher le ranger… qui… plongea comme un pro dans la caillasse !
*Putain Matt sérieux !* ce n’était pas vraiment le moment de faire ce genre de maladresse.

Réaction immédiate du dernier défenseur, il tenta de se redresser juste suffisamment pour pouvoir avoir Matt dans son viseur. L’adversaire se dévoila à tort, attiré par cette cible presque offerte, en prenant le risque d’être touchée par Elana.

Pendant ce temps, Ruth était allée directement vers le Capitaine afin de l’aider à se redresser. Elle se laissa naturellement guider par son chef quand elle lui répondit d’un geste autoritaire l’envoyant sur le couvert le plus proche, elle qui ne faisait pas plus attention à s’être exposée comme ça.

Matt ne vit qu’une courte rafale le frôler avant qu’un choc soudain ne rejette le tireur dans son couvert. ll se révulsa vers l’arrière, touché en plein front par les rares balles bien placées d’Elana. La petite équipe venait de sécuriser les lieux. Automatiquement, ils établirent un périmètre de sécurité pour permettre à leur Capitaine de rejoindre Rita.

L’italienne était restée sur son poste de tir, elle continuait de tirer encore et encore, envahie sur le côté d’une myriade de douilles. La jeune femme n’y était pas allée de main morte avec ses munitions et, même de dos et dans la nuit, on devinait à qu’elle point elle était tendue.

« SALOPARDS DE FILS DE PUTE !!! » Hurla-t-elle avant de balancer un nouveau tir.

Rita avait bien senti l’arrivée des renforts. Elle s’était attendue à être attaquée par une équipe aéroportée, presque certaine d’y passer dans les premières minutes de ce contact. Mais lorsqu’elle avait vu l’échange de tir et ce jumper faire soudainement la toupie avant de s’écraser dans la forêt, elle avait directement fait la conclusion. Cette approche portait la signature de “Charlie”. Et beaucoup moins celle des hommes de Calahan.

La situation était stabilisée au niveau de Monciatti. Maintenant que l’appui feu était de nouveau sûr, Pedge pouvait envisager de sortir les trois autres de la merde avec plus de confiance que lorsque la pièce maîtresse de la défense était en danger. En tout cas, Rita en avait cramé des cartouches, et la texane espérait franchement qu’elle en avait gardé sous le coude. Pour une tireuse d’élite, ça aurait fait mauvais genre de faire du tir gratos, même dans le feu de l’action. De toute façon, l’officier estimait qu’elle n’avait pas le tempérament d’une tireuse de précision. Enfin qu’importe.

« Eversman, assiste Monciatti. ». Après tout, le duo semblait faire des merveilles et plutôt bien fonctionner. En plus, ils étaient un peu de la même spé, ce qui était pour arranger tout le monde. Et s’il pouvait lui assigner des cibles pour qu’elle ne crame pas toutes ses munitions gratuitement, ce serait d’autant plus bénéfique pour tout le monde.
« Les autres, on essaie de rejoindre l’autre groupe et de faire jonction. ». Le sort de Nelly la préoccupait quelque peu, mais pour le moment, sans zone sécurisée, elle ne pouvait rien faire pour essayer de retrouver le Jumper, si tant est si bien qu’il s’était crashé. Peut-être qu’il était reparti sur Atlantis fissa.


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Matt Eversman
Caporal
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√ Date de naissance : 22/01/1990
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√ Messages : 11473

Jeu 28 Nov - 18:36

Matt Eversman

L'enfer by Calahan



MATT ET RITA

« Reçu, Chef ! » Gueula-t-il en retour confirmant la bonne réception des ordres avant de jeter un coup d’oeil vers l’Italienne pour estimer la distance la séparant de lui. A peine quelques mètres mais suffisamment pour se prendre une rafales de balles. Allez une bonne inspiration, le fusil bien calé entre les mains et on se lance. C’est ce qu’il fit réduisant la distance jusqu’à la retrouver.


« Qu’est-ce que tu fous là, toi ? » s’écria l’italienne en le voyant débarquer.
« Toujours aussi aimable toi. Un plaisir de venir t’aider ! » Répliqua-t-il tout en se mettant en position de tir.
Elle visa une nouvelle fois, tira une balle, et râla.
Mine de rien, ça lui faisait plaisir d’avoir enfin de la compagnie. Surtout le mec qui avait fait un putain de tir à deux kilomètres. La chance ! Juste la chance !!! Se disait-elle. Mais en attendant, ça prouvait une chose : Allen et le reste de l’unité était venue.
Ils allaient enfin pouvoir renverser la balance. Que ce soit Matt ou cet officier qu’elle n’aimait pas trop, elle en ressentait tout de même de la reconnaissance.
« J’ai localisé un petit bâtard. Opérateur radio. Il organise les assauts, il se fait livrer du renfort tout frais et des munitions. »
La jeune femme poussa d’un coup de main rapide les jumelles qui se trouvait à côté.
« Vise un peu, azimut 130. J’ai un mal fou à le débusquer cet enfoiré ! Il va finir par bouffer nos copains Matt ! »
« On va l’avoir comme l’autre. »
Si le Rangers s’équipait de la jumelle, il verrait effectivement un homme sur un léger promontoire, bien planqué, qui semblait ne faire que communiquer à la radio. Il était parfois obligé de lever la tête pour voir ce qu’il se passait et donner des corrections d’ordres. Le type restait toujours mobile pour faire une cible difficile. Le nouveau de Rita le manqua de peu...très peu.
« OK. Je le vois. 10 cm à gauche, tu l’avais. Ah l’enfoiré, il se déplace ! »

Si elle n’avait pas deux kilomètres à couvrir, Matt était le mieux placé pour voir le sacré carton qu’elle avait fait. De quoi faire palir de jalousie tous ceux qui auraient voulu faire du chiffre. Sa position était effectivement parfaite pour contraindre l’ennemi à emprunter le goulot d’étranglement sur Will, Danny et Iza. Toutes les autres tentatives se matérialisaient par des corps inertes et allongés au sol. L’Italienne, en fin de compte, avait savamment utilisé ses munitions. Une bonne trentaine de type à ajouter à son tableau de chasse.

Maintenant, il y avait cet opérateur qui représentait un gros danger. Pedge était partie dissoudre le dispositif ennemi mais elle serait dénoncée dès qu’elle agirait. L’ennemi avait un réseau de radio opérationnel, pas eux. Cela risquait de poser un sacré problème aux secours si Matt et Rita ne le faisait pas taire rapidement !

« J’ai plus qu’un seul chargeur. Celui engagé dans mon fusil. » lui expliqua-t-elle. « Je te le confie. Et t’as pas intérêt de bouffer MES balles ! »
« Avoue plutôt que tu avais besoin de moi pour buter cet enfoiré ! » Cet échange de piques lui avait presque manqué. Les jumelles furent rendues et la sangle du P-90 fut retirée afin de procéder à l’échange de fusil.

Elle lui passa son M1 et rapprocha ensuite la boite de cartouche qu’elle avait disposé près d’elle. Rita comptait regarnir quelques uns de ses chargeurs.
Le temps qu’il se concentre, le “clac-clac” des cartouches s’éleva. Et elle lança alors, mine de rien, d’une voix légère :
« J’t’ai battu. J’en ai buté une remorque ! »
« Même pas en rêve.. » Commenta-t-il tout en prenant le fusil en main pour se positionner du mieux possible. Il s’agissait de disposer du meilleur appui possible et surtout de se couper de l’environnement. Rien ne devait plus compter qu’abattre ce type. ça demandait de faire une confiance totale en son partenaire qui s’occupait de la couverture et de le guider dans la réussite du tir. Ils étaient chien et chat tous les deux, ne pouvant s’empêcher de se chercher, de s’embêter mais une alliance détonante quand elle fonctionnaient. Là, ils semblaient sur les mêmes ondes. Les derniers réglages effectués, le Rangers recherchait désormais sa cible.
« Rita. Je le vois pas ! » Lâcha-t-il à sa partenaire.
« Et quoi ? » s’exclama-t-elle brusquement. « Tu veux que j’me fasse un deuxième trou dans le front pour ton p’ti cul ? »
Elle lui fît une grimace évoquant tout l’amour et l’amitié qu’elle avait pour lui, son front alors garni du bandage qui s’était légèrement voilé de sang. Sa blessure de l’époque.
« AZIMUT 130, le bigleux ! »
« Il est plus à 130, bordel ! » Répliqua-t-il d’un ton agacé, l’oeil rivé dans le viseur à la recherche d’un indice concernant sa localisation. Ce mec ne leur facilitait pas la tâche en changeant de position et en multipliant les couverts.
Monciatti claqua le chargeur approvisionné sur le sol puis le déposa à côté de son collègue. Elle crevait d’envie de lui mettre un bon taquet à l’arrière du crâne mais ce n’était pas le moment. Pas pendant la baston.
« Attends moi. J’vais encore te trouver la solution... » siffla-t-elle, carrément provocante, tout en se redressant.
Elle s’éloigna rapidement pour rejoindre l’endroit où les deux types avaient failli l’avoir. Ceux qui s’étaient attaqués au Jumper pendant qu’il jouait la toupie. Elle les retrouva les deux, allongés sur le sol et complètement inconscient. Rita était sanguine mais pas au point d’en vouloir à ces bougres qui, au fina, faisait partie de la même armée. Ils n’étaient simplement pas du bon côté de la barrière.
Sentir leurs souffles régulier la rassura sur le fait qu’il n’était pas blessé et elle fouilla ensuite les alentours. Trouver l’objet dans ce qu’il restait d’une végétation dévastée n’était pas évident mais ses mains percutèrent l’objet métallique. Le regard de Rita étincela immédiatement.

Lorsque Matt termina le chargeur que Rita avait refait, il la vit s’allonger à ses côtés calmement avec un air sanguinaire.
« Tu saurait pas utiliser cette merde Amerloc, par hasard ? » lui demanda-t-elle en exhibant un lance roquette AT4.
Le sourire de l’Italienne s’accentua.
Normalement, les AT4 étaient à usage unique. Mais pour ceux qui servaient à l'entraînement- une fusée au plâtre en réalité - ils pouvaient se recharger très facilement. La tireuse avait fouillé sur le corps du type pour retrouver cette munition et, tout en communicant avec Matt d’un simple regard, elle l’installa dans le tube.
« J’parie que t’es trop mou du bulbe pour sniper un officier à l’AT ! »
Une pure provocation pour lui donner envie de se lancer dans cette mesure complètement disproportionnée...mais tellement cool. Une putain de roquette au plâtre dans la gueule du planqué !

Le fameux clic fatidique se fit entendre, signe qu’un chargeur avait été utilisé en entier sans parvenir à atteindre la cible. C’était des plus agaçants pour un tireur de précision. Certes il n’était pas tireur d'élite mais normalement chaque balle devait atteindre sa cible et là c’était loin d’être le cas. Il n’y parvenait pas. Il avait effectué un tir de 2000 mètres un peu plus tôt mais réussir un autre fichu tir était mission impossible et voilà que Rita ne se ramène avec un bazooka. Cette nana était aussi folle qu’elle était agaçante mais elle avait de la suite dans les idées.
« Force est de constater que la Ritale a dû se trouver un plus gros calibre pour atteindre sa cible. »
Manière de la renvoyer dans les cordes. C’était elle la fameuse tireuse et pourtant c’était avec son fusil qu’il se démenait pour atteindre cette fichue cible.
« Tu attends quoi pour ouvrir le feu ? Que je fasse encore ton boulot ?! »
« Éjaculateur précoce, c’est pas une généralité ! »
Et cette fois, il se le prit son taquet derrière le crâne.
Rita se décala quelques mètres plus loin pour se placer en position.
« T’as intérêt de le chopper s’il se sauve. Paré ? »
« Quand tu veux! » Repliqua-t-il l’oeil rivé dans le viseur avec en ligne de mire la cache de cet officier. Il espérait qu’elle parvienne à faire mouche même s’il s’efforça de le garder pour lui pour ne pas alimenter l’ego de l’italienne.

La jeune femme n’avait jamais été à l’aise avec ce type d’armement. Mais puisqu’elle se tirait la bourre avec Eversman, elle garda également, de son côté, ce fait là. L’oeil sur l’organe de visée du lanceur, elle se ferma entièrement au reste pour se concentrer sur son tir. Elle n’avait le droit qu’à un essai, un seul assaut, mais elle découvrit alors quelque chose qui la perturba. Là, plus bas, des unités cachées venaient de faire feu sur deux personnes.
Difficile de pouvoir discerner quoi que ce soit sans lunette mais elle était presque certaine que ses équipiers étaient en danger.
C’est ce qui la poussa à aller plus vite, à se concentrer d’autant plus pour son tour. Elle actionna le bouton et la roquette trafiquée partit comme une fusée. Un sifflement fort et brutal pour un vol en longueur. Rita avait visé un peu plus haut pour prendre en compte la longue distance. La jeune femme eu le temps de lâcher son arme pour fixer, pleine d’espoir, cette roquette filer au bon endroit.
L’obus explosa un mètre au-dessus de la cache. Mais son panache de plâtre qui s’envola brutalement en parapluie sur tout le pourtour, formant une tâche bien nette dans cette ambiance sombre et ténébreuse, éclaboussa l’objectif. De cette tâche de propre émergea soudainement le coordinateur radio qui s’étala de tout son long, toussant et crachant tant qu’il pouvait le plâtre qu’il avait reçu à la gueule.
Il ramena son pied au sol pour tenter de se relever, s’enfuir, sachant qu’il était à présent en pleine ligne de mire d’Eversman.

Coupé de l’environnement et enfermé dans sa bulle, rien ne venait perturber Eversman qui gardait l’œil rivé dans la lunette et focalisé sur ce putain de rocher qui le dissimulait. Il n’avait qu’une idée en tête : l’abattre. Allez ! Allez montre toi !! Il y eut cette explosion mais surtout l’apparition d’une forme blanche. Il n’y eut pas d’hésitation chez lui. La gâchette fut actionnée à deux reprises avant que la forme n’ait disparue. Abattue ou mise à couvert.
« Je crois que je l’ai eu cet enfoiré ! »
Le doute subsistait chez lui. Il n’était pas certain de l’avoir atteint mais il avait tout fait pour.




@ pyphi(lia)

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Sam 30 Nov - 20:40

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L'enfer by Calahan



Le reste de l’unité composée de Pedge, Elana et Ruth débutèrent la descente de ce nid d’aigle pour rejoindre le lieu de la lutte acharnée. Will, Danny et Iza avaient transformé cet endroit en fort Alamo, si bien que la simple pétarade qui s’échangeait entre les belligérants témoignaient de leur résistance acharnée.
Le lieu avait été bien choisi pour de simple soldat. Le terrain était trop vallonné, couvert de forêt ou accidenté pour être praticable. Le seule sentier à peu près acceptable était celui qui les ramenait sur ce goulot d'étranglement, là où le contingent adverse tentait de renverser les forcenés.

Profitant de la position encore haute, Pedge stoppa la troupe. Il fallait faire en sorte de bien se placer, et surtout, d’analyser la situation pour se rendre compte des forces réelles en présence. Localiser précisément la position de ses hommes serait également une bonne idée pour éviter un risque de tir allié qui serait dommageable. Accroupie dans la végétation, la texane se mit donc en quête de la position de Danny, Iza et Will, pour ensuite orienter sa recherche en fonction des endroits qu’ils canardaient. Ensuite elle mettrait tout le monde en ordre pour aller botter des fesses.

Après avoir activé la fonction infrarouge et adapté le focus, le Capitaine tomba sur une scène de guerre qui aurait valu sa place dans un film. L’ennemi avait monté une mitrailleuse dans un couvert que Rita peinait à atteindre avec l’aide de Matt, ils tentaient de fixer le trio de choc qui continuait de se battre en subissant les rafales.
Au début, elle vit surtout les balles traçantes monter sur eux. C’est en remarquant la suite qu’elle comprit pourquoi ses soldats ne tiraient pas. Sur la pente régulière qui se terminait sur une petite tranchée qu’ils avaient pris le temps de creuser, avec un rebord de branches et de couvert portant la signature de Will, c’était seulement Izabel qui tirait avec son neuf millimètres. Elle offrait à peine une distraction tandis que, en plein dégarni, Will et Danny avait atteint la position de leurs adversaires. Ils avaient rejoint les plus proches, ceux qui s’étaient concentrés et avaient récoltés une dernière bonne rafale de P90 avant de s’endormir.

Ce que voyait Pedge, c’était la récupération des chargeurs de mitrailleurs sur les corps des ennemis. Will les balançaient dans son sac à la hâte tandis que Danny s’était servi du corps d’un adversaire déchu comme d’un bouclier.

Ils se mirent ensuite à reculer très rapidement, Danny gardant une position d’arrière garde pour permettre à son collègue de revenir dans leur tranchée avec le ravitaillement. Will fonça comme un dératé, sa main libre collée contre son flanc blessé et garni d’un large bandage. Le Canadien plongea tête la première dans son terrier comme s’il avait le feu aux fesses. Malheureusement pour le tankiste, il s’écroula juste au bord, visiblement touché à la jambe par autre chose qu’une balle neutralisante. Pris dans l’action, Izabel et Will se levèrent de manière synchrone, comme des spectateurs à la fin d’un spectacle sublime. D’ici, Pedge sentait à quel point ils débordaient d’adrénaline et qu’ils en oubliaient jusqu’à l’exercice, vivant ce moment comme une véritable guerre, un terrible couperet au-dessus de leurs nuque. Ensemble, ils attrapèrent le poids lourd qu’était Danny pour le ramener dans la tranchée.

Will ouvrit son sac rapidement pour redistribuer les chargeurs volés à l’ennemi. Mais puisqu’il rechargeait avec Danny, c’est le médecin de l’unité qui se rendit compte qu’un nouvel assaut se déroulait. Une grenade s’envola en cloche dans sa direction et elle se releva entièrement, devenant la cible préférée de la mitrailleuse qui manqua de la faucher qu’à quelques centimètres. Izabel réceptionna la grenade puis, comme si elle avait eu des années dans un club de baseball, elle le relança aussitôt à l’envoyeur.

VLAMMMMM !!!!!

L’épais nuage de plâtre fît disparaître l’adversaire quelques secondes. Quand il réapparût, les mains levées comme pour les règles de paintball, personne ne retint le tir et il se replanqua aussitôt. Le P90 de Danny et de Will enfin rechargé, ils reprirent la défense au coup par coup. Ils ne lâchaient rien !

Pedge devait maintenant prendre des décisions pour essayer de tirer ses hommes de ce merdier. Ils se battaient comme de beaux diables, rendant coup pour coup à l’ennemi. Elle s’amusa même de voir qu’un gars qui se rendait en étant fair-play avait manqué de se faire quand même fusiller pour l’exemple. A la place des trois larrons, elle n’aurait pas hésité une seconde non plus à lui en coller une.
Le soucis principal venait de cette mitrailleuse lourde qui était positionnée pour les fixer, et que Rita et Matt ne pouvaient pas atteindre du fait de la configuration du terrain.

« Caporal, Padilla. Venez par ici. ». Pedge les fit venir à elle. Elle observait toujours aux jumelles. Elle s’en décolla les yeux, et les passa aux deux jeunes femmes. « Votre objectif, la batteuse qui est déployée la bas. Approche discrète. Si vous pouvez la sécuriser et l’utiliser, faites. Sinon, neutralisez là. Ne prenez pas de risque inutile. Si c’est impossible de la récupérer, vous me la faites péter. Personne ne l’utilisera. »
Ce serait un énorme avantage tactique de récupérer l’instrument pour leur cause, mais si ce n’était pas possible, il était préférable de la neutraliser complètement. Il ne fallait prendre aucun risque quant au déroulé de l’opération et profiter de leur approche dans le dos de l’ennemi. L’effet de surprise devait être totale. Pour sa part, elle s’occuperait de nettoyer les quelques hommes qui restaient entre l’équipe et elle. Discrètement là aussi, dans l’idéal, sans trop montrer qu’elle était seule. Et… dans la limite de ses capacités diminuées.

Ruth avait le souffle profond, signe de son stress et de son angoisse face à cette nouvelle situation de guerre dont elle n’était pas habituée. Elle était à l’aise dans ses cartes, son calepin et ses notes. Mais être l’instrument de libération sur cette mitrailleuse lui faisait peur. Pas de se prendre une balle. Mais peur d’échouer, de décevoir. C’était un comble pour quelqu’un qui avait été lieutenant-colonel face à un capitaine, non ?

« A vos ordres. » fît-elle sans certitudes.

Elle serra son P90 contre elle et avisa un regard en direction d’Elana. Elle était caporal, elle avait besoin de son expérience de terrain.

« Je te suis... »

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ELANA ET RUTH

Elana était fière de voir que l’équipe de rebelle était toujours aussi sauvage et qu’elle donnait du fil à retordre à Calahan. Des ressources importantes pour Atlantis qui avait besoin de ce genre de soldat pour tenir tête à des ennemis chaque jour plus nombreux. Son regard alla sur Allen, se demandant ce qu’elle pouvait ressentir, outre la trahison qu’elle avait écopée, elle devait peut-être se dire qu’elle avait en charge, certes une équipe difficile mais une équipe avec du potentiel. Enfin Elana voyait les choses ainsi et elle se déplaça vers sa capitaine pour recevoir son ordre d’affectation. Silencieuse, elle se contenta d’un hochement de tête. Une pensée alla pour la pilote se demandant dans quel état elle était et si fallait la “sauver” aussi ou si elle était de retour sur Atlantis. En tout cas, elle espérait qu’elle n’aurait rien de la part de la hiérarchie pour son intervention.
Elle disparue avec Ruth, il fallait profiter de la nuit, même si tous les hommes de Calahan étaient équipés des mêmes lentilles de vision. De ce qu’elle avait vu du terrain, elles pourraient se faufiler entre les buissons et les amas rocheux pour atteindre la cible. Néanmoins, il fallait être prudent pour ne pas attirer l’attention sur elle … prendre possession de la mitrailleuse était une solution des plus avantageuse pour nettoyer la zone des ennemis. La caporale se réfugia avec l’intel dans une crevasse garnie de végétaux, elle en profita pour lui demander tout bas :

« Tu as étudié le terrain avec tes cartes non ? Tu as vu des passages particuliers qui nous permette d’évoluer à couvert vers la mitrailleuse ? » Elana voulait recouper ses observations macro avec celles de l’ex-officier.

« Mes cartes ne sont pas aussi précises. » lui confia-t-elle, presque gênée de ne pas pouvoir lui apporter la solution sur un plateau. « Le Capitaine va se faire cueillir si on se dépêche pas. »

Elana hocha la tête, cela aurait été trop facile d’avoir les informations nécessaire sur la carte. Tant pis, il fallait se débrouiller autrement.

Ruth leva un peu la tête.
Elle voyait à peu près où se trouvait la mitrailleuse de section à l’éclat de lumière qu’elle produisait dans la nuit. La jeune femme n’en menait pas large. Le galon de Lieutenant-Colonel ne voulait plus rien dire et il lui semblait tellement inadapté. Clairement, Ruth n’était pas sur son terrain de prédilection et elle se sentait être une bleue envoyée au casse-pipe.
Peu importe. Padilla n’était pas une lâche. Elle serra son P90 encore plus fort et elle prit une inspiration, courte mais profonde d’angoisse, et elle se dévoilà légèrement, dos courbé. Vigilante, comme on l’attendait d’un soldat qui s’infiltrait, elle s’arrêtait parfois à mi-chemin en attendant qu’Elana la rejoigne avant de repartir.
Pourquoi ce n’était pas la française qui faisait l’appât, qui prenait le plus gros risque ?
Parce que c’était celle qui pourrait répliquer le plus vite, précisément, efficacement.
Mais au moment où Ruth pensait être en sécurité, que les deux femmes se trouvaient sur les arrières de la mitrailleuse, un craquement dans les fourrées sur sa gauche lui fit écarquiller les yeux. TROP TARD ! La contre-attaque se fit immédiatement. Des renforts étaient arrivés sans même qu’elle s’en aperçoive. Les deux premiers tirs la frolèrent, la contraignant à la réaction très bête mais naturelle de chercher l’emplacement du problème. Un défaut d'entraînement militaire sur le terrain qui la conduisit à s’offrir, par accident, entièrement à l’ennemi. L’une des billes rouge, le tir incapacitant, la percuta de face avec beaucoup de violence. Ca la jeta immédiatement au sol, sur le dos, l’onde éléctrisante se répandant sur toute la surface de son P90.
Ils avaient tirés dans son arme…

Padilla poussa une longue plainte de douleur en se contorsionnant. Elle n’était pas évanouie mais elle serrait les dents.
« ELA... »
Elle ne parvint pas à prononcer le reste. L’adversaire venait de se rendre compte de son erreur et chercha à l’achever proprement.

Elle touchaient à leur but et ce but était cette mitrailleuse… Autant elles avaient été prudente et la chance semblait leur sourire dans cette aventure, mais c’est sans compter les maîtres de l'infiltration en milieu sauvage qui venait les cueillir comme des cerises bien mûres ! Padilla en bon appât fit son rôle et tomba la première… ce qui était quand même sacrément emmerdant pour Elana, qui se retrouvait seule face aux personnes embusquées. Elle eut juste le temps de s’abriter comme elle put, pour ne pas donner un tir complet à cet enfoiré. Ce même enfoiré qui venait achever sa proie, une occasion en or, pour que le française l’abatte sans aucune autre forme de procès en répliquant dans les fourrées des balles qui fusaient dans sa direction. Elle allait avertir de sa situation à sa supérieur quand elle se souvenue qu’elle n’avait plus de radio… merde, il fallait se démerder seule… tant bien, la batteuse servait d’abri, elle pouvait évaluer le nombre de personne encore dans ses satanées fourrées et les empêcher de toucher Ruth.

@ pyphi(lia)

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Lun 2 Déc - 19:04

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Sur le fort Alamo de fortune, le reste de l’équipe se battaient comme des diables sans se rendre compte de la présence de leurs collègues. Ils étaient pris dans le feu de l’action et donnaient littéralement tout ce qu’ils avaient pour vendre chèrement leurs peaux. Le problème de se retrouver ainsi retranché, c’est qu’il ne pouvait pas descendre les adversaires prudemment placés à couvert. Will et Danny en étaient réduit à tirer au coup par coup, économisant au mieux les munitions durement volées à l’ennemi.
Izabel s’occupait surtout de charger les P90 et les armes de poings. Dès que l’un de ses collègues avaient fini son chargeur, l’annonçant d’une voix forte, ils tendaient la main pour un échange qui leur faisait gagner bien plus de temps que la manoeuvre standard. Grâce à ça, les deux compères ne cessaient pratiquement jamais ce feu peu nourri mais très régulier.

C’était une situation parfaite pour permettre à Pedge de s’inflitrer dans le dos de ses ennemis. En s’approchant, elle passa au-dessus d’une bonne trentaine de soldats endormis, preuve que les défenseurs avaient refusé de lâcher le steack. Calahan avait vraisemblablement mis les moyens pour tenter d’abattre les isolés. C’était une bonne tactique dans le sens où Pedge se serait retrouvée avec la moitié de son équipe en moins. Il ne savait tout simplement pas qu’elle était revenue les récupérer et que le mouvement ennemi se retournait contre eux. D’offensive, ils en étaient à se casser les dents sur la défense avec des actions commandos dans leur dos. Lorsqu’elle parvint à nettoyer une poche de quelques soldats préparant minutieusement des grenades au plâtre, elle poursuivit discrètement vers quelques autres éléments isolés. La jeune femme se sentait dans son élément, dans sa zone de prédilection en bon commando qui se respecte.
Pourtant, lorsqu’elle atteignit son second objectif, elle les trouva déjà à terre et inanimé. Son esprit avait déjà calculé que ses hommes ne pouvaient être responsable de cette neutralisation. Et pile à ce moment là : BAM !! Une masse lui sauta dessus avec la nette intention de l'assommer.
Le premier coup, elle ne pu l’éviter et l’encaissa comme une grande. Pedge était alors aidée par l’épuisement, l’empoisonnement et le stress. Dans l’échange à même le sol, elle se sentit envahir d’une impression profondément malsaine et cruelle. L’esprit de Méda’Iyda était là. C’était elle, son esprit. Tandis que l’homme armait ses poings pour la frapper au visage, elle usa instinctivement d’une technique qui semblait naturelle, parfaitement naturelle. C’était comme l’avoir répété pendant des années, comme pour le reste de son entraînement, ce qui l’amena à plaquer sa cible au sol avec une totale facilité.
Pedge Allen découvrit sa main plaquée contre le torse du sol, les doigts écartés en forme d’étoile, dans une posture parfaite pour la ponction Wraith. Le type entourait de ses deux mains son poignet sans véritablement oser faire le geste.

« Ca...capitaine ?!? » bafouilla Tim, n’osant y croire.
Il avait senti ce geste, il savait combien il était signé Wraith. Le tremblement qui lui avait remonté l’échine était tout aussi véridique que la manoeuvre qu’avait exercé l’officier sur lui. Il savait et il sentait que ce n’était pas une blague, que ce n’était même pas pour lui faire peur. Tim Brass savait que c’était vrai...comme si son officier avait été Wraith.
« Vous...me relâchez ? » demanda-t-il, fortement intimidé.

Pedge le toisa un moment sans le voir. Ce n’était qu’un pathétique humain qu’il convenait de dompter et de dominer. Elle sentait la peur qui irriguait chaque partie de son corps, laissant une agréable odeur flotter dans l’air. Le summum, c’était quand ils se pissaient dessus… Ce n’était pas très propre, mais elle savait qu’à ce moment là, elle était la plus grand prédatrice de l’univers. Puis la réalité revint, claire, limpide, la percutant avec une violence extrême alors que le bourdonnement dans ses oreilles, ce bourdonnement qui l’avait coupé de tout, laissa place aux affres des combats, des rafales d’armes automatiques, des cris, de la guerre tout simplement.
La texane bafouilla quelque chose, et usa de cette main malicieuse pour empoigner Brass et le tirer vers le haut pour le relever. Elle lui tapota l’épaule en signe d’encouragement, et d’excuses. Pas le temps de niaiser, il fallait poursuivre l’affrontement et continuer à prendre l’avantage.

Pendant ce temps, Rita et Matt avaient quitté leur perchoir. En se rendant compte qu’Elana était attaquée par des embusqués, ils s’accordèrent ensemble pour leur sauter sur le poil. Les arroseurs arrosés. Tant Rita que Matt n’eurent aucune pitié à les attaquer dans le dos. Cela offrit enfin l’accalmie que la Française avait besoin pour atteindre Ruth. Elle parvint à s’en saisir et l’attirer jusqu’à son trou de combat.
Padilla n’était pas inconsciente mais elle souffrait. Accrochée contre son amie, elle serrait les dents dans l’espoir vain de dissimuler ses souffles de douleurs. Pudique vis à vis de la résistance de ses collègues.

Le groupe de quatre ainsi recomposé était parfait pour démonter la mitrailleuse. A peine arrivé dessus, les trois soldats en faction comprirent qu’ils étaient encerclés et se rendirent immédiatement en levant les mains. Ruth, néanmoins, était affectée. Elle les arrosa sans la moindre retenue, allant jusqu’à aligner dans le dos celui qui parvint à quitter sa cache pour s’enfuir.

Ca y est. Le dispositif de l’ennemi s’effondrait littéralement.
Rita offrit son fusil temporairement à Matt contre le plaisir d’arroser copieusement l’ennemi avec la mitrailleuse. Et pendant ce temps, Ruth et Elana montaient sur le dernier groupe qui tentait une retraite parfaitement inutile.
La bagarre générale gagna en intensité jusqu’en bordure des défenseurs, là où Will et Danny en étaient venus au main. Même Iza avait balancé un casque militaire en pleine gueule du type qui lui avait pointé un neuf millimètres dessus. En quelques minutes seulement, un silence de plomb revint sur fort Alamo. Les nuages finalement dissipés laissèrent filtrer un éclairage lunaire étonnant. L’équipe se retrouva là, à se regarder dans le blanc des yeux, avant de réaliser qu’elle était belle et bien réunie.
De grands sourires laissèrent place à l’émotion, le plaisir, le sentimentalisme. Rita vint faire une sévère accolade au sergent Brass qui ne s’y attendait pas. Pour Elana, c’était Izabel qui vint jusqu’à elle. La française était heureuse de la revoir et elle lui fit une accolade, en la chariant sur son fameux lancé de casque. Le combat avait été tellement difficile que les petites rancoeurs et autres semblait disparaître, du moins chez elle. Ils étaient tous là et aussi vaillant que pouvaient l'être une équipe de bras cassés qui donne tout ! A cet instant Elana était persuadé que Calahan, malgré ses airs méprisant devait reconnaître qu’ils avaient du courage et que tous méritaient leur place dans cette expédition… enfin après qu’ils aient tous à l’esprit de ne plus jamais trahir un officier. Au final, c’est ce qu’elle pouvait clairement leur reprocher, d’avoir oublié leur place de soldat. Mais bon, ils s’étaient bien racheté.

Quelques mots suffirent à faire monter le ton et, sans attendre, les premiers éclats de rire tintèrent le silence de notes joyeuses.

« Ca fait sacrément plaisir de vous revoir, sergent !! »
« Moi aussi. J’ai eu le droit à une liberté anticipée, bonne conduite. » blagua le sergent. « J’espère que les enfants ont été sage pendant l’absence de papa. »
Un silence pesant et très gênant servit de réponse au sous-officier qui fit la grimace.
« Rita !!! »
Elana esquissa un léger rictus, Brass avait bien cerné l’italienne.
« Quoi !! Je voulais pas vous abandonner. Finalement, je respecte l’adage de la cité ! »
Elle se garnit d’un sourire cruel.
« Et puis...ne plus voir la sale gueule d’Eversman : c’est un vrai plaisir ! »
« Dis celle qui m a offert son précieux fusil ! »
« Vous verriez comment on a galérer pour s’orienter ! Il a fallu demander à des Natus qui passaient par là. »
« J’AI demandé à des Natus, Will. Tu passais ton temps à lorgner leurs seins ! »
« C’est vrai. Tu aurais vu sa gueule, sergent. Sandoval bavait comme un ado !! »
Poussé par l’effervescence des retrouvailles, il le mima :
« Heu...mam’selle, j’suis perdu... »
« C’est faux ! Et j’avais pas cette gueule là ! »
« Ces conversations pleines de bon sens m’avaient manqué. » s’amusa Ruth.
Elle fixa le sergent, n’osant pas vraiment. C’est Brass qui rattrapa le reste du chemin pour lui faire une accolade, la poussant à ricaner, un peu gênée.
« C’est bon de tous vous revoir. Matt, Elana ? Pas d’emmerdes de votre coté ? »

« Une tonne d’emmerdes, Sergent » Lâcha-t-il avec un sourire avant de se frotter les yeux, fatigué alors que ça ne faisait que commencer.
« Je crois que Rita vient de me demander en mariage en m’offrant son fusil. J’ai peur, Chef ! »
« Aucune femme ne veut de ta petite gueule ! Même sous chantage. » tacla Elana qui donna une bonne tape d’amitié à Brass, heureuse de le voir. « Plusieurs mais ce n’est plus important, on s’en est sorti. » conclut la française.
« Ravi de vous voir en aussi bonne forme. » répondit Tim avec sincérité.
Il donna ensuite une tape sur le Rangers pour conclusion.

Pedge était un peu à l’écart.
Elle avait laissé un petit moment aux hommes pour leur permettre de se retrouver. Un léger bruit dans le ciel attira son attention. Elle remarqua l’arrivée du jumper de Nelly, tous phares éteints, comme si de rien n’était. A l’exception de toutes ces branches cassées qui garnissaient le cockpit et les nacelles de propulsion. Le vaisseau fit un petit tour et chercha à se poser sur le promontoire, se maintenant à un certain niveau pour éviter la chute. Il était clair que la jeune femme naviguait à vue. Tout était éteint à l’intérieur.
L’instant d’après, la passerelle s’ouvrit sur Nelly. Son visage était le stéréotype même du garnement pris la main dans le sac. Gênée, elle avait essayé naïvement de dissimuler une belle bosse sous quelques mèches de cheveux. Et elle n’avait manifestement pas remarqué une blessure sanguinolente mais plutôt légère sur son cuir chevelu. Elle vint jusqu’à elle, lui offrant un coucou digne d’un enfant de trois ans qui espère ne pas se faire gronder pour avoir fait cramer le tapis.

« Hola, moman... » lui glissa-t-elle d’un sourire figé. « Pardon si j’ai jeté tout le monde de mon coucou, Atlantis voulait me voler mon larcin...heu...on est d’accord : voler mon vol, ils sont pire que moi, hein ?!? »
Elle se jucha sur la pointe des pieds pour vérifier que le reste de l’équipe était trop occupée pour regarder dans leur direction et elle sauta illico dans les bras de son amie. Une bonne accolade tout en lui murmurant très sérieusement :
« J’ai du débrancher l’ordinateur de navigation en plein vol pour ne pas me faire rapatrier de force. Faut jamais faire ça. Mais je savais ce que je faisais, je te promets que c’était du spectaculaire inutile. »
Nelly se décrocha et lui offrit un sourire d’ange.
« Sinon, tu peux croire que j’ai fais exprès d’avoir un faux crash pour t’arracher ce câlin. Tout fonctionne mi amiga, on repart quand tu veux. »
Pedge resta hermétique à ce câlin. Elle ne pouvait pas se permettre ce genre d’effusion alors qu’elle devait montrer l’exemple… même si elle devait reconnaître que ne pas être une pestiférée qu’on fuit était plutôt agréable. Un peu de chaleur humaine ne faisait pas de mal, mais elle était trop fière pour le reconnaître. Sans parler du fait qu’elle ne se sentait vraiment pas bien du tout. Aussi opina-t-elle juste du chef pour confirmer qu’elle avait bien eu l’information, mais elle ne fit rien de plus. Elle devait s’occuper de l’escouade, de nouveau réunie au complet. Comment traiter cette nouvelle donne ? Elle était bien en peine de savoir, et elle redoutait de faire au feeling de peur de perpétuer les erreurs déjà commises.

Lorsqu’elle progressa vers l’escouade Charlie, le Capitaine Allen entendit plusieurs bribes de paroles. Chacun se partageait pêle-mêle ce qu’ils avaient vécu dans leur coin. Danny semblait affecté d’apprendre que son blindé avait rendu l’âme et il cuisinait copieusement Ruth, ainsi que sa mémoire d’analyste, pour déduire le problème. Will, forcément, s’était rapproché d’Elana pour lui raconter comment il avait héroïquement affronter les adversaires pour aller chercher des munitions. Il était clairement en train d’essayer d'impressionner la Française. Se faire valoir...pas si loin d’une drague active. Will ne se sentait plus. Amusé Elana le laissait s’exprimer durant son moment de gloire qui semblait si important pour lui. Et puis, elle avait ainsi le plaisir d’entendre les histoires de ses compatriotes.

Rita, de son côté, échangeait activement avec Brass. En compagnie de Matt, elle lui relatait l’incroyable histoire du tir à deux kilomètres. Le sergent s’était permis un petit trait d’humour sur le pansement rougeoyant qui garnissait le front de l’Italienne, laquelle fulminait en silence en expliquant cette blessure par “le retard de Matt à la détente”.
« Mais moi je l'ai eu ! » Réitéra-t-il ne manquant pas de le rappeler à sa coéquipière, pas peu fier de son tir.

Le retour de l’escouade Charlie dans ce moment plein de vie et d’émotions ne laissait pas de doute quant au fait que tout le monde considérait la fusion logique, officielle. Pourtant, il ne fallait pas oublier que quatre des éléments avaient déserté pour rechercher Brass. Celui-ci commençait à peine à l’apprendre mais il ne connaissait pas encore les détails les plus dérangeant. Izabel venait de terminer l’auscultation de Ruth et de Will, cette dernière étape ayant été la plus compliquée tant il gesticulait pour mimer sa superbe bataille. Le Canadien développait des trésors de narration pour avoir toute l’attention d’Elana sans devenir un boulet.
Le médecin secoua la tête, peu étonnée par ce soudain retour de vigueur de sa part. Elle tourna ensuite son regard vers le Capitaine et décida de l’approcher.

« Vous ne l’avez pas pris à l’heure...c’est ça ? » devina-t-elle en la sondant d’un regard inquiet. Son expérience médicale suffisait à déduire que son officier était encore sous l’influence du poison. Elle regrettait d’autant plus de ne pas avoir été là pour s’assurer du résultat de l’antidote. « Vous allez encore devoir m’offrir de votre temps chef. Mais avant...je tenais à vous dire que...euh...enfin... »
Elle se mordit la lèvre. Visiblement, elle culpabilisait beaucoup de la déchirure qu’avait subi Charlie. La jeune femme prit son courage à deux mains. Elle se plaça au garde à vous.
« Docteur Isabel Bowers, première classe. Je ne suis pas une lâche madame. Je demande à être réintégrée à l’escouade sous votre commandement. »
« Bonne idée ! » s’exclama Will, qui avait tout entendu.
Il avait levé un doigt pour mettre son incroyable vantardise sur pause. Une main en appui sur ses côtes abîmées, il se dépêcha de rejoindre le flanc du médecin. Il répéta le salut militaire non sans grimacer sous la douleur et se plier un peu. Il n’arrivait plus à lever suffisament le bras pour un salut bien fait.
« Première classe Sandoval, ingénieur. Je demande à réintégrer la troupe ! »
« Première classe Monciatti, pareil. » lâcha l’Italienne en faisant la route.
Ruth rejoignit elle-aussi la ligne. Elle salua militairement comme les autres.
« Première classe Padilla, au rapport. »
« Sergent Brass au rapport... »

Le tankiste était resté en retrait. Il s’était immobilisé face à cette scène, partagé entre l’envie de rejoindre l’unité et celle de faire le fier. Il avait bien conscience de ses actes mais il se rappelait surtout de cet endroit, des efforts incroyable de Calahan pour les briser. Danny soupira et s’approcha, l’air maussade. Il trouva la force de fixer le Capitaine Allen dans les yeux, d’assumer, avant de se placer au garde à vous.

« Première classe Blake, tankiste. Je demande également à réintégrer l’unité. Avec mes excuses... »

Nelly, qui avait observé la scène depuis le début, ouvrit la bouche en détournant son regard vers son amie.
« Ca ne va pas là ! Il y a trop de gens qui t’aiment !!! »
La jeune femme s’écarta et fit de grands pas de gamine, comme lorsqu’on essaie de déranger le moins possible en passant devant la télé. Rapidement, elle vint compléter la ligne pour un garde à vous parfait.
« Première classe Bricks, pilote, moi aussi j’veux jouer !!! »

Le Ranger assista au spectacle, étonné dans un premier temps avant d’être satisfait de les voir demander à rallier le groupe. C’était un bon point de retrouver l’unité au complet. S’il n’avait pas à prouver sa fidélité envers l’officier, c’était le moment de témoigner de son envie d’unité, d’accepter les mutins et donc de passer l’éponge. Ils étaient suffisamment dans la merde pour ne pas accepter leur aide.
Il rejoignit les autres, remarquant le croche pied joueur de l’italienne.
« Raté. »
Il la poussa quelque peu avant de se placer au garde à vous à son tour.
« Aspirant Matt Eversman, premier tireur de précision de l’équipe, au rapport. »
Elana avait attendu que tout le monde prête une nouvelle fois son allégeance à l’officier. Elle était contente que tout le monde revienne, il restait à savoir si Allen allait accepter ou leur faire payer. Elle n’était pas bête au point de refuser, mais son comportement pourrait être clairement plus dur et intransigeant maintenant qu’ils l’avaient trahi. Elle trouva amusant les réactions de la petite espagnole, qui ne c’été pas crasher. Elle lui lança un regard, qui se voulait content de la voir en “bon état” et amusé “par ses facétie”. Ils avaient écopé d’une ressource en plus et cela n’était pas négligeable dans cette mission grandeur nature et plus réaliste que jamais. Voyant qu’elle ne pouvait pas bouger plus, coincée entre Will et Iza elle se mit aussi au garde à vous.
« Caporal Elana Ravix, parachutiste au rapport. » fit-elle droite comme une planche.
Pedge n’avait pas répondu à Bowers. Oui, elle n’avait pas pris son antidote à l’heure prévue, et oui elle en payait le prix maintenant. Au delà de tout ce qui c’était passé depuis le début de la mission, cet empoisonnement était réellement sa principale source d’inquiétude. Finalement, tout le reste pouvait passer au second plan ou presque. Elle était mourante. Ce n’était pas rien, surtout qu’il ne s’agissait que d’une foutue manoeuvre, et pas d’une mission. Pourquoi se faisait-elle si mal ? Pour mériter son grade ? Certainement oui. Pour cette équipe ? Elle n’était pas certaine de vouloir leur dédier sa ténacité. Pour faire chier Calahan et le traiter d’amateur dans quelques jours ? Ça rejoignait ce petit côté fier cul lié à sa carrière et à son grade. Finalement, c’était un peu pour tout ça qu’elle tenait le choc. Même pour ces types qu’elle ne connaisait pas, pour la plupart, avant la nuit précédente.

De les voir se mettre au garde à vous tour à tour lui fit quelque chose. Quelque chose comme une bouffée de fierté. Ouais, elle pouvait maintenant se targuer de commander une unité. Non plus quelques hommes, mais une unité. C’était une sacrée progression, et peut-être qu’elle ne l’avait pas assez “apprécié” depuis qu’elle était sur ce terrain d’opération. Trop aigri, et trop fermée, elle ne s’était pas assez projetée comme un être humain.

« Unité Charlie, repos. Contente de vous voir réunis. Profitez de ce moment pour réunir munitions, armes, tout ce qui pourrait être utile. Le prochain round est pour bientôt. ».

Pedge salua brièvement, et s’éloigna quelque peu. Elle avait besoin de réfléchir à la suite.



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Jeu 16 Jan - 16:45

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Elana reprit une position moins stoïque pour se coordonner avec Brass et organiser l’état des lieux des munitions et s’il avait moyen de détrousser les pauvres bougres qu’ils avaient eu avant que le Dédale ne rapatrie les corps… peut-être avaient-ils laissé quelques armes ou munitions exploitables sur le terrain ?

« Section, sur ordre de l’officier, rompez et récupérez les munitions, armes et explosifs. Gare aux survivants qui pourraient jouer les héros à votre approche ! » ordonna-t-il en rejoignant Elana.
Il fixa un instant l’officier qui s’était mis à l’écart, incapable de s’empêcher de penser à la manière dont elle s’était comportée durant leur combat. Cet éclat dans ses yeux...il ne l’oublierait jamais.
« Elana, je compte sur toi pour équiper les hommes. Veille à ce que chacun ait quelque chose à tirer. On va repartir au feu très vite, il faut partager. »
Il lui tapota l’épaule puis passa au prochain.
« Eversman ? » l’appela-t-il. « Profite-en pour t’équiper d’un gilet tactique sur l’un de ces gars. Prend aussi un sac si tu veux. Mais pas d’uniforme piqué sur un soldat abattu, surtout pas ! Calahan sera trop heureux de pouvoir t’épingler ! »

Elana hocha la tête avant de récupérer les munitions de chacun et de les répartir. Ils n’avaient plus grand chose… Il allait falloir prendre sur les “corps”. Enfin ceux qui n’étaient pas en train de se faire téléporter par le Dédale.
« Will, file moi un coup de main. »
« Oui, m’dame ! »
Le Canadien s’approcha, l’air hilare, et s’empara des épaules de la Française pour débuter un massage.

La jeune femme sursauta de plus belle, non vraiment, elle ne s'attendait pas à ce contact.. mais alors pas du tout.. Elle le repoussa avec force, une lueur d'effroi dans son regard avant de se ressaisir.
« Bordel Sandoval ! Qu’est-ce que tu fous ? »
« Ola ola ! Mais je rigole, ça va...j’suis pas un pédophile ! » lâcha-t-il, tout aussi surpris.
« Un pédophile ? Tu t'entends dire des conneries ? J’ai pas 14 ans. » Dit-elle en secouant la tête. Pourquoi, il fallait qu’il la touche ? C’est plus fort que lui ? Il avait crut à une invitation à moins qu’elle soit si tendue que ça ?

« T’es dure à cerner des fois ! » fît le Canadien en reculant de quelques pas pour lui laisser de la place. « Un moment tu déconnes, l’autre tu me flinguerais... »
« Ne me touche pas. Point. » dit-elle sèchement. Elle arretait pas de flipper avec lui… mais bon, elle ne lui en voulait pas, elle s’en voulait surtout à elle d'être aussi effrayé de chose débile dans ce genre.
Will se vexa profondément cette fois.
Comme un gamin, il enfonça ses mains dans les poches, comme pour se contraindre à ne pas les sortir. Et il lui balança avec émotion :
« Bah t’as qu’à m’accuser de viol tant que t’y es !!!! »
Le jeune homme secoua la tête en s’éloignant.
« T’es plus cool quand tu te bastonnes avec des sangliers... »

Viol ? Elana sentit son coeur s'arrêter en plein battement. Oui, c’est bien ça le problème en fait… et il n’avait pas à patir de ses traumatismes. Il était gentil. Il n’avait rien demandé. Et en plus, elle l’avait vexée… La française se mordit les lèvres pestant intérieurement *mais qu’elle conne ! Elana tu es une grosse conne ! *. Elle se retourna, s’élançant pour le rattraper.
« Will attend ! » Elle lui attrapa la manche.
« Écoute, désolée… Ce n’est pas contre toi… » Elle hésita, elle n’avait pas été sympa avec lui… son regard fuit vers la droite, « J’ai peur … c’est tout ! » dit-elle en murmurant… son regard était fixe sur une pierre avec de la mousse verte.

Le Canadien resta interdit. Il cligna un peu des yeux, plutôt étonné qu’Elana le poursuive ensuite. Puis il se demanda ce qui pouvait rendre aussi émotif quelqu’un qui essayait de ne rien montrer. Le jeune homme avait remarqué qu’elle jouait tantôt le mur, tantôt l’émotive. Il s’était dit que ça faisait un peu son charme d’essayer de se monter le côté terminator. Mais là...
« Peur ?..de... » fit-il inquiet.
Elle évitait de le regarder en plus.
« De moi ?!? J’ai fais quoi de mal ? »
Pourquoi, il ne pouvait pas se contenter de simplement hocher la tête ? Non il fallait qu’en plus il pose des question…elle soupira.
« Non pas de toi. » Elle voulait fuir...cette situation était détestable. « Écoute, il m’est arrivé un truc en mission. Et j’ai du mal quand… on me touche... » elle le regarda « Voilà. »
« Ah ! Tu fais de l’allergie cutanée ? » fit-il, loin de percuter. « Ben ça mérite pas de réagir comme ça. Au pire tu me dis que ça te gêne et je garde mes mains dans les poches. »
Will avait cette tête de naïf, ne comprenant toujours pas la réaction de la Française.

Elana fit de grand yeux de surprise… de l’allergie cutanée ? Il le faisait exprès d’être si naïf ou quoi ? Elle resta interdite quelque instant, avant de sourire et de rire nerveusement. Il était sérieux… sa bêtise lui donnait une porte de sortie, alors, elle la prit tout simplement. Soulagée, même de ne pas a lui avouer les terribles faits.
« Oui voilà...j’ai une allergie. Garde tes mains dans tes poches, ça me gêne oui. » elle lui tapa l’épaule d’une main, passant à côté de lui pour rejoindre les autres. Il était pas croyable...comment un mec si débrouillard en touche à tout pouvait être aussi niais pour le reste ? Un grand mystère.



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Matt Eversman
Caporal
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√ Arrivée le : 08/12/2012
√ Date de naissance : 22/01/1990
√ Gène : Wraith
√ Age : 34
√ Messages : 11473

Jeu 16 Jan - 20:39

Matt Eversman

L'enfer by Calahan



MATT

S’entendre être appelé par son nom et non plus par “Branlot” ou autre terme péjoratif fit un bien fou mais ce fut le fait de récupérer quelques effets militaires qui fit apparaître un sourire sur les lèvres du jeune homme. Les efforts n’étaient pas vains et commençaient à payer. Enfin le début de la normalité.
« Merci Sergent. » Matt le gratifia d’un signe de la tête avant de s’éloigner avec les autres. Tout reviendrait dans l’ordre quand il pourrait de nouveau enfiler l’uniforme d’Atlantis. C’était déjà un bon début !

C’est avec Rita qu’il fit équipe pour récupérer ce qu’il y avait à prendre. A croire qu’elle ne pouvait se passer de lui ou alors qu’on désirait qu’ils ne se quittent plus. Eversman se passa de commentaire, bien trop content de pouvoir récupérer un gilet tactique sur le premier gaillard venu. Serrer les sangles pour l’ajuster : des gestes mécaniques qu’il avait déjà exécuté des centaines de fois et qu’il retrouvait enfin. Un peu de normalité. Il fallait en être privé pour comprendre la valeur et l’importance des objets du quotidien. Rien de tel qu’un gilet pour y ranger du matériel. L’homme fit les poches découvrant un mini-kit de soin ainsi qu’un gel énergétique. C’était déjà ça. Il y ajouta ses quelques possessions, sangla son P-90 avant de rejoindre la Ritale qui était en train de récolter munitions et équipements laissés sur place.

« T’es vraiment qu’un pti merdeux, tu le sais ça ?!? » balança Rita.
Elle fixa Eversman d’un regard intense tout en dépouillant un mec.
« Tu as eu du pot, c’est tout. Ouais, un tir à deux kilomètres, c’est spectaculaire. Et juste pour ce coup de chatte, tu pavanes ! “Premier tireur de précision de l’unité” ? Tu t’es cru où, branleur ?!? »
Et voilà la scène de ménage de l’Italienne. En bonne ritale, il fallait forcément qu’elle en fasse des tonnes et ne l’ouvre en grand. Eversman ne la considéra pas de suite préférant se pencher sur le corps et débuter la fouille.
« J’ai ajouté ça juste pour te faire enrager. » S’il n’y avait pas eu ce croche-pied tenté, il n’aurait peut être pas eu cette volonté t’embêter l’Italienne. Elle l’avait cherché, elle l’avait trouvé. Eversman n’avait pas la prétention de lui voler son rôle. C’était elle qui était considérée comme la gâchette du groupe. Si elle n’avait pas été diminué, elle aurait réussi ce tir. « On peut dire que j’ai réussi. » Ajouta-t-il en lui jetant un regard, sourire malicieux aux lèvres.
« Tu réussis surtout à te gonfler les chevilles. » rétorqua-t-elle.
La jeune femme retourna un homme qui, visiblement, était encore bien conscient. Elle leva le poing dans l’intention de lui mettre en bonne droite dans la face mais celui-ci répondit d’un geste simple : en levant ses mains en signe de reddition.
Il ne parlait, attendant simplement que ça passe. Rita ouvrit son poing avec une expression laissant entendre qu’elle acceptait cet abandon et elle fouilla son gilet comme s’il n’existait pas.
« Tu sais quoi ?!? »
Elle prit le chargeur de P90 entamé et retourna l’homme sur le ventre de son pied. Il obéit sans protester.
« Quand on en aura fini ici, on va se tirer la bourre sur le champ de tir. Je vais te mettre minable avec mon M1. Tu peux toujours sortir ton fusil high tech, rien te sauvera ! »
« C’est ça… Et toi tu auras l’excuse que ton fusil est une antiquité quand je te mettrais une raclée. » La perspective d’un “après” cet entraînement donnait du baume au coeur. Il pouvait y avoir une suite pour lui dans cette expédition. Retrouver son poste tel qu’il l’avait quitté serait impossible mais il désirait simplement pouvoir revêtir de nouveau l’uniforme et avoir cet insigne sur l’épaule. Être utile et ne pas simplement être un boulet, un prisonnier.
« Prends-lui sa gourde. On sait jamais... » Ne plus jamais revivre cet épisode de soif intense.
L’italienne s'exécuta. Elle ouvrit le bouchon pour en renifler l’intérieur, en avala une gorgée avant de lui tendre le contenant.
« Hé ! Toi qui connais suffisamment la patronne pour lui avoir roulé un palot. Elle nous aurait vraiment tiré dessus parce qu’on se barrait ? »
« Ouep ! » Eversman ne doutait même pas de la réponse. « Elle m’a foutu aux arrêts quelques heures après ce patin…Bon ok je l’ai bien aidé avec mes conneries. Je crois qu’il n'y a pas un gradé plus attaché au règlement et aux valeurs militaires qu’Allen. » Il prit une bonne gorgée d’eau avant de la refermer soigneusement continuant de scruter les alentours à la recherche d autres biens.
« Mon cul ! » décréta rita en arrachant la gourde des mains du soldat pour prendre une nouvelle gorgée. « Tu peux pas suivre le règlement à fond. Y’a toujours un truc que t’es forcé de contourner. Par exemple... »
Elle regarda autour d’elle, à la recherche de quelqu’un, avant de pointer la pilote de Jumper.
« Elle sort d’où, elle ? Elle a pas la gueule d’une Natus ! »
« C’est Nelly Bricks, elle est Atlante et certainement aussi timbrée que toi. Tu devrais bien t’entendre avec. » Il lui offre un sourire avant de reprendre la marche.
Rita ricana d’un air mauvais et le choppa par l’épaule. Du genre à lui faire comprendre que, non, ce n’est pas comme ça qu’il aura raison.
« Ouaip. Elle a l’air de piloter aussi bien que tu tires en précision. Et sinon, tu réponds ? Elle fout quoi dans la manoeuvre ? »
« C’est une excellente pilote alors ! » Impossible pour lui de ne pas saisir la perche tendue. Quand à Nelly, il ne disposait pas de beaucoup d’informations. Elle était revenue pour eux, ça suffisait à ses yeux.
« Elle est de notre côté, c’est tout ce que je sais. »
« Moi j’crois que le Capi l’a sorti de sa manche comme un Joker alors que c’est pas autorisé. Donc !!! Ce qu’il faut retenir, c’est qu’elle contourne aussi le règlement. Comme tout le monde. Et que t’es nul à chier en galoche ! »
« Parce que Calahan suit les règles peut être ? »
« J’m’en tamponne de Calahan. Là on parle d’Allen. »
Elle plissa des yeux.
« Ah ok !!! T’as toujours la braque pour elle ! C’est pour ça que tu la montes en miss univers règlement ! »
« Tu me fais une crise de jalousie ou quoi ?. »
« Alors là, mon gars. Si c’est ta réponse à chaque fois qu’on commence à toucher au but, je comprends pourquoi le Capi t’a foutu en taule. Un manque pareil de répartie et de charisme, ça se punit dans le sang ! » rétorqua-t-elle dans un ricanement sadique. Elle le mima ensuite : « Gneuuuu tu m’fais une crise de jalousie ? T’as vu, trop drôle de ouf, parce que chuis un mec et toi une fillllllle. »
« C’est toi qui a un sérieux problème, Rita...Pourquoi tu m’emmerdes avec ça, sérieux ? »
« Parce que j’ai raison. Vu comme ça te fait chier. Et j’adore t’emmerder, branleur ! Si tu voyais ta gueule, ça mériterait une photo ! »
Et avec un sourire parfaitement garce, elle lui tendit la gourde.
« Me parle pas de photos... » Dommage que l’eau ne soit si précieuse, il lui aurait bien vidé le contenu sur le crâne.

Le sergent Brass avait l’impression de renaître. Il continuait tranquillement de distribuer ses ordres pour préparer son unité. La cassure qu’avait subi Charlie ne lui était pas encore parvenu en détail mais il pensait en deviner quelques éléments. Surtout avec le garde à vous de chacun. L’écart de l’officier commençait aussi à l’inquiéter un peu. Tim prenait conscience de son état de fragilité et il savait très bien que Charlie ne pourrait pas survivre sans ses compétences. Ca, mais aussi le fait qu’il fallait quelqu’un pour veiller sur elle, comme l’officier veillait sur eux. C’était aussi ça, un peu, le rôle d’un sergent de peloton.
« Hé, Iza ! » Fit-il en l’alpaguant à la volée.
« J’essaie de choper Matt, chef. Il fuit la palpation de ses reins... »
« Je voudrai que tu ailles voir le Capitaine avant. »
Bowers fixait intensivement Eversman par-dessus l’épaule de son sergent. Son bandeau sur la tête dissimulant ses cheveux coupés lui donnaient des airs de taularde évadée. Et elle lorgnait le Rangers qui devait passer à l’examen.
« Je dois lui faire une nouvelle injection, oui. Mais je dois aussi m’occuper de Ruth, Elana, Will...sans oublier ce foutu Rangers qui s’est encore barré ! Bon sang !!! »
Le médecin de l’équipe engagea deux pas colérique dans le sillage de sa cible avant d’être retenue par le sergent.
« Je suis sérieux, Izabel. J’ai besoin que tu l’examines. »
« Tim... »
Elle secoua la tête par dépit. Elle vérifia que personne ne l’entendait et ajouta, plus sérieusement cette fois :
« Notre officier est mourant, empoisonnée, ça devient grave. Il lui faut un lit confortable dans un abri, un médecin traitant, des infirmières, des soins, et, surtout, de longues, très longues heures de sommeil. Elle est clairement en droit de demander son retrait de la manoeuvre. Visiblement, elle le refuse jusqu’au bout. Donc... »
Izabel marqua une petite pause avant de conclure son argumentaire :
« Je pense qu’on devrait la laisser souffler quelques minutes. C’est plutôt normal, non ? »

Brass était resté silencieux.
Il ne savait pas que l’état de son officier était aussi inquiétant. Ca expliquait peut-être son comportement durant leur pugilat. Mais en réalité, au lieu de le contenter, la confidence d’Izabel le motivait davantage dans sa requête.
« Ce n’est pas physique cette fois. Je peux pas te dire pourquoi mais il faut que tu l’examines. Je te le demande comme un service, d’accord ? Passe voir notre Capitaine... »
La jeune femme soupira. Elle regarda encore une fois dans cette direction, peu inquiète par la discrétion, puis finit par abdiquer.
« Je vous préviens, Tim, si elle me remballe, vous me payez l’année en coiffeur. »
Brass accepta avec le sourire.





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Mar 28 Jan - 18:52

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018


Pendant ce temps…

« Une M60 avec une bande de cent. C’est pas grand chose, caporal. »
« J’ai pas la tronche d’une poule pondeuse donc on fait avec c'qu'on a ! » répliqua avec humour Elana, oui cela était pauvre, mais bon, les munitions commençaient à manquer sérieusement.
« On pourrait pas retourner dans le premier camp où on a été livré en munition caporal ? » proposa Rita en pointant le jumper du doigt. « Mon M1 a la dalle question munition et on peut se déplacer vite maintenant... »
Elana considéra la proposition de Rita, elle ignorait se que comptait aire Allen, ou même Brass, mais Rita percutait le mieux dans cette mission. Elle hocha la tête.
« Je vais voir Brass. Bonne idée. » La jeune femme héla le sergent, lui proposant l’idée de l’italienne, elle ignorait si le jumper pouvait encore se déplacer convenablement et si cet atout allait être pérenne… en tout cas, elle devait en toucher un mot au sergent pour qu’il la valide. Puisque l’officier était en train de se faire ausculter.
« Bien vu Caporal, je transmettrai. Surveille les gars en attendant. » La jeune femme hocha la tête rejoignant le groupe. Quand elle arriva, Danny grimaça de mauvaise grâce. C’est lui qui avait abandonné son char mais, maintenant, il regrettait amèrement son absence.
« Je peux te servir de mitrailleur mais sans mon blindé, je vaut pas une broque... »
« Tu te sous-estimes, Danny. Tu as quand même déserté devant l’un des officiers les plus stricts de cette Expédition et tu es toujours en activité. » s’amusa Ruth. Elle haussa des épaules en ajoutant : « Tu es un survivant. »
« Et elle va me filer une médaille, c’est ça ? »
Il ricana, tout aussi de mauvaise grâce.
« Bah...elle s’occupera de ma gueule au retour. Une bonne cour martiale avec peloton d'exécution. Trois fois rien !... au moins je rentre sur Terre les pieds devants. J’aurai le droit au bandeau sur les yeux au moins ? »
« C’est un exercice. On a tendance à l’oublier tant il est corsé. Ce que tu as fait et vécu, ça te servira de leçon pour ne pas le reproduire sur le terrain. Ce n’est pas si grave Danny... »
« Je te trouve rassurante, je suis sincère. » ponctua Will en retournant un soldat pour lui faire les poches.
Il en retira un chargeur de P90 qu’il tendit à Elana. Danny venait de faire la même chose.
« En tout cas, j’suis content qu’on se retrouve tous. C’était tellement con de s’être séparé... »
La caporale restait silencieuse comme toujours, mais elle était d’accord, oui il était dommage qu’ils aient été séparé, mais bon… il semblait qu’ils n’avaient pas eu le choix au vu des tensions.
« J’dois me sentir visé ? »
« Calahan a quand même bien manié sa barque, il faut le reconnaître. » coupa Ruth. Elle était la seule à ne pas fouiller les corps endormis des militaires tombés au champ de bataille. Ayant récupéré la centrale radio du coordinateur de l’assaut, elle migrait sur les fréquences en cherchant des informations à glaner. Son petit calepin était posé sur son genou replié, y griffonnant parfois quelques notes.
« Il nous a tous contacté par radio dans le dos de notre Capitaine pour nous proposer de la vendre. »
« Putain de fumier ! Il va le payer ce pourri. Jouer avec la vie de mon fils... »
« Moi il m’a proposé une photo d’Elana dans son legg... »
La claque qu’il reçut sur le crâne l’empêcha d’en dire plus. L’onde de choc avait visiblement vibré puisqu’il se tint le flanc en râlant de douleur.
« Sérieux ! Vous êtes pas cool ! J’essaie de cacher une côte fêlée là ! »
« Il n’y a pas que la côte de félée. Au lieu de raconter des conneries, dit-nous ce qu’il t’a proposé... »
Will Sandoval grimaça.
Il se retourna pour tendre une grenade récupérée au caporal puis reprit.
« Ben...en fait...il m’a vraiment dit un truc sur Elana. »
Ruth cessa de griffonner sur son calepin et le fixa, fronçant un peu des sourcils.
« Quoi ? “La touche pas !” ? » plaisanta le tankiste. Les autres rirent.
Sandoval se voûta un peu plus. Il était incapable d’esquiver longuement le regard d’Elana, en tout c’est pour ça qu’il y jetait parfois des oeillades intimidées. La jeune femme le fixait intriguée et à la fois elle avait une sensation désagréable dans le ventre, qu’avait dit cet enfoiré de Calahan ? « En gros, si je vendais pas notre patronne, il dirait à tout le groupe ce qu’il t’est arrivé durant ta dernière mission... »

Personne ne le savait. C’était resté entre Brass et Bowers, le reste de l’équipe ayant été épargné par l’histoire sordide. Forcément, sous la révélation de Will, tout le monde se demanda quel gros dossier pouvait peser sur les épaules du caporal pour que Calahan menace de tout dévoiler.

Un silence gênant commençait à s’installer. Ca imposait la preuve de l’intérêt du Canadien pour le caporal. Le clown de l’unité répliqua alors pour fuir cette réalité :
« J’ai failli accepter, juste par curiosité... » déconna-t-il, pas sérieux.
Danny rigola. Même Ruth s’y autorisa avant de reprendre le combiné à l’oreille.

La française blanchit légèrement, son visage se ferma comme une huître. Il avait osé faire ce genre de chantage ? Mais c’est de l’humiliation, ça ne devait même pas être autorisé ! Cela la fouta clairement en colère. Elle shoota dans un cailloux.
« Il est con ou quoi ? C’est confidentiel ! » Non, il n’aurait pas pu révéler ça, enfin elle espérait que s’il avait eut cette intention, qu’il aurait eu le droit à une belle punition ! Non mais sérieusement… Elle s’éloigna pour masquer sa colère et surtout ne pas exploser, elle se sentait à vif. Plantant tout le monde, pour vider le corps le plus loin.

Will la suivit deux secondes plus tard.
« Heu...le Canada a le droit à la parole ? »
Le regard qu’elle lui lança était un beau “non, dégage”. Mais il semblait en falloir plus pour décourager Will. Surtout quand il s’agissait d’elle.
Il pinça des lèvres et parut très ennuyé.
« Nan mais Elan...Caporal, j’veux dire. Faut pas se mettre dans cet état. J’aurai jamais accepté. »
Le jeune homme secoua des bras, comme si la frénésie de ses gestes allaient définir le sérieux de ses propos.
« Et puis, nous, on s’en fout de ces histoires. On sait que c’est pour nous diviser alors...vu qu’on se retrouve...est-ce qu’on pourrait essayer de ne plus se séparer ? »
Il lui sourit en lui ouvrant les bras, affichant une grimace de clown, qui n’attendait que le calin du pardon.
« Allez quoi, capo. Tu m’as manqué. T’en vas pas maintenant... »
La jeune femme était debout, les poings serrés, le regard fixant le sol. Elle essayait de calmer sa colère et surtout l’humiliante proposition qu’un capitaine avait osé proposer à un membre de son équipe. Elle trouvait que cela allait à l’encontre de toutes les règles… pas comme si Calahan semblait en respecter, mais là, il avait un côté sensible et humiliant. Cet homme n’avait-il aucun respect ? C’est un putain d’exercice pas un hippodrome pour balancer des pierres ! Dégoûtant. Il ne méritait pas les galons qu’il portait si fièrement sur sa veste.
« Ce n’est qu’un connard ! Il y a des choses qu’on ne peut se permettre de mettre en jeu pour un PUTAIN d’exercice de recrutement à la CON ! » finit-elle par grogner en agitant ses bras, tournant le dos à Will. Elle se sentait sale. Même s’il ne le savait pas, elle avait l’impression qu’on venait de lui coller une montagne d’huile de moteur sur la tronche.
« Heu...mais pourquoi tu t’énerves ?... » fit-il, les yeux écarquillés. « Il m’a rien dit ! Je sais rien du tout ! »
Will se mit à sourire comme un adolescent.
« Mais tu me fais marcher l'imagination à fond là !!! »
Oui pourquoi elle s’énerve ? C’est une très bonne question. Les remarques de Will la firent regarder ailleur avant qu’elle se sente toute bête.
« Je m’énerve, parce qu’il a osé proposer ça ! Que je me sens sale, que je me sens humilié et que ce n’est pas autorisé ! » dit-elle en secouant la tête.
« Ben ouais...c’est le but tu sais. »
Will haussa les épaules. Quand il lui parlait, il gardait maintenant les mains dans ses poches.
« Heureusement que j’suis pas comme toi hein. T’imagine, j’pète un boulard parce qu’il me dit qu’il s’en prend à toi ? »
Comme un gosse, Will sortit ses mains pour essayer d’imiter Elana. Sa grimace était loin de lui ressembler, approchant d’un mafieux de seconde zone que sa tête de gamin rendait risible.
« HEUUUU !!!! Calahan il sait qu’Elana m’plait bien. BEUHHHH ! J’suis pas content !!!! Il a pas le droit de faire ça !!! Il me fout l’affiche devant toute la section !!! »
Il agita des bras.
« HEUU PAS CONTENT !!! Il a osé !!! Il m’humilie ! Pas autorisé !!!! HEUUUU !!! »
Puis il fixa sa collègue avec un grand sourire, l’air de dire : “t’as vu comme ça fait con ? Lâche l’affaire !”. Et au passage, s’il arrivait à la faire rire…

Mais au lieu de ça, elle ne rigolait pas. Son imitation digne d’un gamin, ne la fit pas rire, elle l’avait mauvaise… Bien entendu elle nota clairement, qu’il avouait qu’il avait le béguin pour elle… jusqu’a maintenant, elle pensait que c'était une sorte de jeu. Mais non. Elle nota cette info pour plus tard, pour la traiter car son petit cerveaux était trop obnubilé par sa colère qu’elle tentait de refouler.

« Heureusement oui ! Sinon à la place d’avoir le béguin pour ta collègue, tu aurais été violé en mission et BEUUUHHH le vilain Calahan a essayé de vendre cette info à l’un de tes camarades !! » dit-elle cinglante. Cela était sortit tout seul. Elle soupira tapant du pied, ne supportant plus cette vague émotive qu’elle avait au fond d’elle. Elle n’aimait pas ça du tout… il fallait qu’elle se ressaisisse rapidement, ou qu’elle tape sur quelque chose… Non, qu’elle canalise cette énergie destructrice...Putain que c'était dur !
« Ca c’est Calahan qui l’dit ! Pas moi !!! » répondit-il en se focalisant sur le “béguin”, essayant de minimiser tout de suite la réalité. Il ne cachait pas qu’elle l’attirait et qu’il se moquait bien de la loi de non fraternisation. Juste qu’il avait tout intérêt à ne pas se faire gauler par le Capitaine.
Puis il s’interrompit soudainement en captant le message.
« Hein...heu... »
Il réfléchit encore une fois. Son regard s’éclaira et il éclata de rire.
« Complètement ABSURDE ! C’est pas Calahan qui viole Ravix en mission. C’est Ravix qui viole Calahan !!! »
Le jeune homme secoua la tête.
« Mais bon, plutôt space ton humour là... »

Elana ouvrit la bouche… elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer de sa propre bourde de lui avoir dit ça comme ça… ou bien de la réaction de Will. Elle resta sans voix, secouant légèrement la tête.
« Du coup, j’ai réussi, t’es moins en colère ? »
Elle le regarda longuement. « Tu fais exprès d’être crétin Will ? »
« Hein ? Mais... »
Elle secoua la tête et ricana doucement. « Oui, je ne suis plus en colère merci. Viens. » Elle lui fit un signe pour rejoindre les autres.
Il prit la même direction.
« Bien, caporal. »


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Mar 28 Jan - 18:58

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L'ENFER BY CALAHAN
23/07/2018



Quelques minutes plus tard.
« Je crois qu’on a tout piqué. On vient de vider ce coin, caporal... »
« Bien, on retrouve le reste du... » Elana vu arriver Rita en colère.
« Hé, les gars !! » fît Rita en débarquant. « Débarrassez moi de ce gros vantard avant que je lui coupe la b... »
« Ola ola ! Ne nous mêle pas dans tes histoires d’amour sauce rital ! »
« Que dalle, tankiste. Je te le file. Tu dois bien avoir un ennemi à qui tu veux du mal ? » répliqua-t-elle en pointant Matt du doigt.
« Tu ne peux pas te passer de moi. »
En réalité, elle revenait avec lui pour fournir les munitions récoltées à Ravix. Elle se chargerait du partage. La caporale s’approcha pour récupérer les munitions.
« Embrasse le ou ignore le... » fit-elle.
« Sors de ce corps Matt ! »
« Arrête de le chercher alors ! Si tu veux pas être le numéro 521 de sa liste ! » taquina t’elle.
« Mais même pas en rêve, Elana. Je te le laisse ! Par contre, se retrouver tous ensemble, ça fait quelque chose. Même avec notre parasite. » Convint-elle.
Elana ricana amusée, oui mais bien sûr...
« Parasite qui a amplement mérité sa place parmi nous. N’utilise plus ce terme Rita, même pour blaguer. » fît Brass qui arrivait à son tour. Il déposa quelques armes au sol. Il y avait un P90, un fusil de précision à la lunette brisée et un fusil à pompe. Les munitions en prime.
« Choisis ton arme, Matt. Laisse le reste à Elana. »

Un P-90 était déjà sanglé à son torse. Inutile de s’alourdir d’un deuxième. Ce fusil mitrailleur ne faisait pas partie de ses préférés manquant de puissance. A défaut d’un HK, il ferait l’affaire. Forcément l’attention du Rangers était intriguée par ce fusil de précision qu’il prit en main pour l’inspecter rapidement. La lunette était endommagée. Dommage mais l’arme semblait dans un bon état général.
« Je prends celui-là si c’est possible, Sergent. Peut être que Will peut arranger ça... » Dit-il en tapotant la lunette.
« Comme tu veux. Je veux que tu puisses employer ta spécialité sur ce terrain. »
« Rita vous a parlé de mon tir à deux kilomètres ? » Lâcha-t-il jetant un regard amusé vers sa partenaire.
Il se prit automatiquement un coup de pompe dans le cul de sa part.
Brass secoua négativement la tête.
« Hé là. Jeu de main, jeu de vilain. J’ai pas eu le temps d’apprendre ton exploit, Matt. Tu nous le raconteras plus tard. »
« Eh, c’est de l’optique, je suis pas magicien. » répondit le Canadien sans pour autant se montrer désintéressé. Au contraire, c’était un challenge intéressant.
« Tu me démontes ça ? Que je travaille pas sur tout le fusil. »
« Oui, de suite. » Il se mit aussitôt au travail finissant par détâcher la lunette et la tendre au génie. Pendant ce temps, l’homme entreprit une vérification plus poussée de l’arme.
Bien content de pouvoir s’occuper, le Canadien sortit des outils de précision et chercha à démonter la lunette.

« Au fait, chef ! Calahan vous a proposé quoi en échange ?!? »
Une vague de protestation dans le groupe le fît rougir. C’était un manque de tact que tous réprouvait. Le sergent n’était pas un cachotier, il ne prit pas mal cette question qui avait son sens. Il croisa les bras, préparant sa réponse.
« Il sait que ma hantise serait de vous perdre, surtout maintenant que nous sommes au bord de la victoire. »
« Il vous a menacé ? »
« La menace ne marche pas avec moi, Rita. Il préfère me faire douter. »
Il avisa ses troupes restées muettes.
« Si je vendais le Capitaine, vous restiez tous dans Charlie, sans exception. Pas d’éliminations définitive...je vous gardais tous. »
Tout le monde se regarda, perplexe, tant l’offre semblait irrésistible. Cela fît sourire le sergent, de façon un peu jaune, alors il s’approcha et s’installa auprès de son groupe.
« Je vais vous dire...Allen est difficile à cerner, je le reconnais. Elle débarque du coin de la forêt, comme une fleur, et d’emblée : “tout le monde me suit”. La seule chose qu’on a à son sujet, ce sont des légendes de couloirs. Ou ce que Matt pourrait nous en dire. »
Le chef hésita et il ajouta :
« Excepté les clichés photos de ses exploits, bien sûr... »
Rita ne manqua pas la perche pour le chambrer.
Elana prit conscience qu’elle était la seule qui n’avait pas eu le droit à un chantage sur le capitaine… elle se garda bien de le dire.

Quelques secondes filèrent, il reprit :
« J’ai compris qu’elle a prit votre silence, face à ces offres, pour de la traitrise. C’est un malentendu. Un simple malentendu tout con. »
Il sourit et fixa ses hommes.
« Calahan m’a promis de vous garder dans Charlie. Il évite soigneusement de me dire ce qu’il compte faire de l’unité, de ses missions, si j’acceptais. »
« Je nettoierai les latrines... »
« Il cramerait mon fusil pour de bon. »
« Il boierait le remède magique de mon fils sous mes yeux. »
« Il me ferait afficher dans toute la cité la photo compromettante de ma personne. »
Les regards se tournèrent vers elle.
Ruth sourit légèrement, les joues empourprées, avant d’ajouter :
« Eh oui, la Capitaine n’est pas la seule. »
« Bordel de Sicile, tu caches bien ton jeu avec ta trogne de souris toute mimi ! »
L’unité rit un peu.
« Le Capitaine Allen est notre officier, notre commandant d’unité de combat. » reprit Brass. « C’est bien le seul gradé en qui nous pouvons avoir vraiment confiance sur ce continent. Vous en pensez quoi ? »
Il les fixa tour à tour.

Si quelqu’un avait eu un doute que Brass apprenne toute l’histoire de la fracture entre l’officier et Charlie, ce n’était plus possible maintenant. Tim Brass avait profité de la présence de tous pour remettre les choses au point en douceur, à sa façon.
« Vous connaissez mon point de vue sur Allen… Je la suivrais jusqu’au bout. » Fit le Ranger en haussant les épaules continuant les vérifications de son nouveau jouet. Il n’avait pas changé de fusil d’épaule envers l’officier et lui demeurait fidèle coûte que coûte. Ce n’était pas ce discours de Brass qui allait lui faire changer d’avis bien au contraire. L’unité devait se reformer, Pedge en était leur tête et eux le corps. Il avait confiance en elle, il devait par conséquent leur accorder de nouveau sa confiance ce qui n’était pas bien difficile. Ils avaient un objectif commun : Calahan. Lui voulait la tête de l’officier. L’arme étant déclarée opérationnelle, il engagea de nouveau le chargeur dans la chambre avant de s’autoriser un peu de repos prenant appui sur son nouveau sac. Ce ne serait pas de trop vu les valises qu’il trainait sous les yeux avec cette belle nuit blanche. Une de plus au compteur.

Elana n’avait rien dit sur les conséquences, elle s’était mue dans le silence, elle ne disait jamais beaucoup de chose, mais là c'était pire. Néanmoins son regard s’était tourné sur Rita qui avait son lot de casseroles… décidément le capitaine avait des dossiers sur tout le monde, cela était clairement flippant. Pour déboulonner ce mec, il fallait être nickel.
« Il n’y a pas de débat à avoir. On est tous réunis avec un objectif commun. On suit la hiérarchie. » grogna Elana, qui était toujours agacée de la promesse de Calahan pour Will, heureusement que le canadien était quelqu’un de foncièrement bon et respectueux. Une belle personne ce petit Will, beaucoup aurait pu être tenté, même si ce genre d’information était bien trop maigre pour vendre un officier.
« Terminator a parlé !!! » scanda Rita. « Moi j’suis la hiérarchie. Mais je compte quand même faire gaffe à mon cul. Je la veux cette place ! »
« Et les “photos” de chacun n’intéressent que Calahan. Qu’il se les garde. » termina Brass avec le sourire. Il s’assura d’un simple regard que tous comprenait le message, qu’il n’y avait aucune honte à avoir en voyant ses dossiers déballés chez Charlie. Parce que dans son unité, la cohésion et la fraternité allait au-delà de ça. Le but était de ressouder tout ce beau monde, Tim y tenait. Il acquiesça tout en se relevant, espérant son objectif accompli, et il repartit simplement, comme ça.
« A plus, chef ! » cru bon d’ajouter Danny en parlant au nom de tous.
« Soyez sage les enfants. » dit il joyeusement en se dirigeant vers Nelly et son jumper.

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