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L'enfer Pedgien by Calahan

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Mer 3 Avr - 16:35

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L’enfer by Calahan // Chrono 23/07/2018


[Intermède du RP L'enfer by Calahan]
Co-écriture : Steven Caldwell

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Son souhait venait d’être exaucé dans un beau flash de lumière. Mais cela ne la consolait en rien de ce qu’il venait d’arriver. Elle en voulait à la Terre entière, et avant tout à elle-même. C’était un échec, un échec cuisant, un échec rabaissant, un échec humiliant. Elle en était même à se dire que ces connards étaient payés pour être des traîtres, qu’ils étaient là à faire un jeu d’acteur ou elle ne savait quoi, qui pourrait expliquer un comportement pareil. Elle se remettait en question bien entendu, ne cherchant pas à leur mettre essentiellement la faute sur le dos, mais les faits étaient là. Ils avaient désobéit à un officier, à un capitaine, et ils étaient partis. C’était tout bonnement intolérable.

Pedge prit conscience qu’elle était dans la salle de téléportation et que personne ne l’attendait. En même temps… Elle s’attendait à quoi ? A une haie d’honneur ? Non peut-être pas, mais au moins à l’air de belette de Calahan, en train de la toiser et de lui dire dans le creux de l’oreille ses quatre vérités.
Elle dénotait dans le paysage. Crade, couverte de poussière, de terre, d’immondices, elle se sentait sale, mais ce n’était pas tant par ses habits que par ce qu’il venait de se passer.
Bref du coup, de se retrouver dans ce lieu familier sans personne pour lui dire quoique ce soit, sa colère tomba comme un soufflet. Que faire ? Ce n’était pas courant de ne pas avoir de directive, surtout en sortie de manoeuvre. En plus, elle était partie sans récupérer son antidote, c’était stupide… Infirmerie alors ? Ce ne serait pas une mauvaise idée.

En réalité, elle avait bien envie d’aller prendre une petite douche au quartier de ses techniciens préférés, mais elle n’avait pas envie de se montrer, tout simplement parce qu’elle avait honte et qu’elle ne supporterait pas les piques de Marta ou de Franck. En plus de ça, ils ne manqueraient pas de lui dire qu’ils avaient failli se faire chopper (à moins qu’ils s’étaient fait chopper tout court), à cause d’elle, pour une manoeuvre qu’elle avait lâchement abandonné. Maintenant qu’elle était là, plantée au milieu de la zone de téléportation, elle était en train de se demander si c’était une bonne idée que d’avoir lâché l’affaire. Cela ne lui ressemblait pas. Est-ce que pour la première fois de sa vie elle avait craqué ?
On dirait bien que oui.

« Bon… Aller ma grande. Reste pas plantée comme une conne. »

Le mieux à faire était de retourner sur Atlantis, donc elle devait se rendre au polecom pour demander son transfert… Ouais sauf qu’elle n’y était jamais allée en réalité. Le désir de retourner sur la cité commençait à se faire impérieux. Elle pourrait voir Isia, lui demander un avis médical, et la déglinguer sur sa table d’auscultation. Ce serait une bonne façon de se remettre en selle, non ? Non… Isia aurait honte d’elle aussi.

Quelle humiliation.
C’était limite si elle ne se sentait pas encore plus mal que quand elle avait appris pour le Morphéa.
Sa fierté était tombée. Son cursus impeccable aussi. Sa confiance en elle venait de manger un pain dans la gueule.

En fait, elle voulait retourner sur la cité pour se cacher, c’était surtout ça. Fatiguée, elle se dirigea vers un endroit qu’elle connaissait, pas pour l’avoir régulièrement fréquentée parce que les Poètes du Cambouis avaient leur propre système de restauration, mais elle savait quand même où c’était : le mess. Elle se prendrait un bon café chaud. Ca lui réchaufferait les tripes, les jambes, et le coeur. Avec un putain de gros muffin, ou un donut, ou une merde dans ce genre. La bouffe, pansement du coeur. Ça ne lui ressemblait pas ça non plus. Mais merde, elle avait faim, et un peu de malbouffe ne ferait pas plus de mal à son état général que le poison qui coulait dans ses veines.

Fidèle à son poste, le cuisinier à l’air de rustre vit entrer une texane dans un état lamentable. Alors que ses quelques commis s’activaient ici et là à préparer le repas du soir, celui-ci posa ses poings sur ses flancs comme un père attendant le garnement de pied ferme. Il reluqua la jeune femme de bas en haut avant de la gratifier de son franc parler.

« Bah ! Quel monde, tiens ! Vla qu’on envoie les galonnées nettoyer les fosses septiques maintenant ! »

Il la pointa d’un doigt inquisiteur.

« Pas bouger ! »

Et il fit un brusque demi-tour pour s’enfoncer dans sa chambre froide. Le claquement brutal de la porte et l’esquive très soudaine d’un commis au retour avait de quoi lui rappeler des souvenirs. Le cuisto se porta à sa hauteur et lui fourra une tablette de chocolat au lait dans les mains.

« V’la déjà pour ta face ! J’te sers quoi lieutenant ? »

Ce type n’avait pas changé, songea Pedge en le voyant disparaître dans sa remise réfrigérée. Il en ressortit avec un beau coup de latte dans la porte, esquivée habillement par un garçon de cuisine qui devait avoir perdu quelques neurones depuis le début de son intégration en se prenant quelques portes. Maintenant, conditionné à la Pavlov, il voyait le danger arriver et il répondait avant d’avoir le stimulus négatif en pleine face.
Pedge receptionna la tablette de chocolat au lait. Il n’avait pas oublié qu’elle préférait cette saveur. Néanmoins, elle n’était pas très chocolat, surtout comme ça juste en tablette.

« Merci Goose. », fit-elle de son air laconique, en laissant tomber son bras le long de son corps, la tablette dans les doigts. « Un bon grand café chaud…. », le modèle préféré des américains, du genre dans un grand gobelet en plastique style boisson mcdo, qu’on pouvait se taper à la paille… « Et si l’cuistot à un muffin ou un donut, la galonnée ne serait pas mécontente non plus. », fit-elle en opinant du chef.
« T’sais bien que je laisse personne crever la dalle dans MA cuisine ! » baragouina-t-il en s’essuyant ses mains déjà propres sur son tablier. « Installe-toi...et m’fait pas fuir la clientèle ! »

Il n’y avait pourtant personne au mess à cette heure.
Goose se retira de sa démarche de boeuf tout en maugréant dans sa barbe des insanités contre une entité inconnue. Probablement l’incarnation déifique de celui qui l’avait mise dans cet état à défaut de cibler Calahan personnellement.

La texane se retrouva donc en solitaire à une table, les autres chaises et bancs encore levés, comme si le mess n’avait ouvert que pour elle. Elle pouvait entendre les casseroles tinter, le bruit de la cuisson sur grill s’accompagner de toutes les bonnes odeurs du plat réservé pour la soirée. Du classique : saucisse purée. Avec une excellente sauce auquel Goose veillait au grain. Parfois, comme pour rappeler qu’il n’avait pas disparu, elle l’entendait gueuler quelques ordres ou ne pas mâcher ses mots sur une connerie faite par l’un de ses commis.

Il réapparut dix bonnes minutes plus tard avec un plateau. De sa gueule de pirate et sa respiration ronflante, il posa la plaquette sur la table et lui distribua plusieurs effets. Son fameux gobelet prit la forme d’un grand bol fumant, un café dont l’odeur montait délicieusement et qui venait très certainement d’être fait à l’ancienne, à la casserole. Le sucre était à part.
Une petite assiette présentait un muffin au chocolat coupé en deux. Il y avait ajouté un petit ramequin de crème anglaise dans le cas où elle aurait voulu le manger comme un fondant. Et pour son café, il y laissa quelques petites cigarettes russes.

Il était comme ça le barbare. Quand il ne courait pas, il aimait bien s’occuper de ses “clients” comme il disait. Ca aurait pu être n’importe qui, Tyrol, ou bien un parfait inconnu, il aurait agi de la même façon. Pedge n’était pas choyée pour avoir été des techniciens mais simplement une affamée en-dehors de l’heure de restauration.

« J’suis à coté ! » L’informa-t-il en disposant ses couverts, afin qu’elle n’hésite pas à l’appeler au besoin.

Goose considéra l’agencement de son service. Il grogna dans sa barbe, satisfait, puis repartit dans ses cuisines. Le vacarme brutal d’une taule qui venait de chuter au sol et les réprimandes du cuisto signèrent l’échec d’un des réflexes pavloviens.

Pedge avait remercié le cuistot silencieusement. Il avait fait les choses avec convictions, et avec classe. Il était comme ça le Goose. Elle se souvenait de la réglisse pour Tyrol, et le fait qu’il avait toujours une petite attention, malgré ses airs de loubards. Elle savoura le silence du mess, et quelque part, elle n’était pas mécontente d’être seule au monde, à siroter un café qu’elle n’avait pas sucré, et à tremper son muffin dans la crème anglaise. Ce n’était pas une mauvaise idée. Ce type était de ceux qui pensent que la nourriture soigne les maux du corps et du coeur, et il avait sans doute raison. Cela requinqua la jeune femme, même si ça ne l’empêchait pas de ressasser.
La pression était en train de descendre significativement et elle sentait qu’elle avait pris la mauvaise décision. Elle était le genre d’officier qui laissait tomber. Elle venait de faire prendre un tournant à sa carrière, un tournant qu’elle n’aurait jamais cru possible. Au final, elle se demandait si elle avait réellement le droit d’être capitaine, si sa limite n’était pas là.
Elle en avait gros sur la patate, et elle regrettait amèrement son départ. Elle avait laché le terrain aux mutins… et elle avait fuit. Franchement, elle aurait dû…. Elle aurait dû quoi ? Elle ne le savait même pas elle-même. Que faire dans ce genre de situation ? Si elle s’était réellement trouvée sur une planète, coupée de tout, qu’aurait-elle fait ? Elle aurait rassemblé Eversman, et Padilla, et elle serait partie vers le fortin Natus, c’était la seule option, en adoptant une stratégie commando pour ne pas se faire attraper par les mutins.

Mais non, elle avait préféré s’en aller, et baisser les bras. Parce que c’était une manoeuvre ? Elle pourrait toujours se cacher derrière cet argument, mais les faits parlaient d’eux-même. Pourtant, elle estimait qu’elle n’avait rien à prouver, qu’elle avait déjà donné beaucoup à l’expédition et plus largement à l’armée. Ses faits d’armes parlaient pour elle. Et pourtant, aujourd’hui, dépassée, humiliée, en colère, vexée comme un pou, elle avait abandonné le centre, elle avait laissé tomber ceux qui en valaient la peine, parce que deux grandes gueules, et deux soumis, s’étaient tirés et l’avaient défiés dans son commandement.

Ses valeurs martiales en prenaient un coup. Comment pouvaient-ils se dire militaire en défiant un officier comme ça ? Dans quelle armée du monde faisait-on ça ? La hiérarchie, la hiérarchie était à la base de toute armée. Sans hiérarchie, ce n’était qu’un groupe ayant des intérêts communs l’espace de quelques heures et qui ne se connaissait plus ensuite. Sans hiérarchie, on ne faisait rien des hommes. Sans hiérarchie, ils n’iraient pas se faire tuer pour des idées, ou des objectifs qui dépassaient leur petite personne. De tout temps, l’homme essayait d’imposer une hiérarchie à ses troupes, que ce soit par la peur, le respect, la formation, ou autre. Ici, c’était leur putain de métier ! Ce n’était pas des conscrits, ce n’étaient pas des appelés, c’étaient des volontaires, des gens qui avaient signé, qui avaient dit oui à tout ça !

Elle sentait la colère revenir. Elle était en colère oui. Contre elle, contre eux, contre Calahan, et contre le monde entier en fait. Elle était en colère d’être une Wraith dans son ADN, elle était en colère d’entendre Méda’Iyda dans sa tête, elle était en colère d’être en colère, d’être bouleversée, humiliée, bafouée, rabrouée, défiée,... Et plus encore, parce que les hommes ne lui avaient pas fait confiance. Parce qu’ils s’étaient méfiés d’elle. Parce que la famille avait dit que non, elle n’en était pas digne d’en diriger quelques membres.
Pedge se sentait seule, et démunie. Sans réponse, sans accusation, sans rien. Elle était là, comme ci de rien n’était. Seuls ses habits trahissaient qu’elle sortait d’une manoeuvre. Pas de débriefing, pas de Calahan à l’arrivée, rien. Elle n’avait jamais existé en fait. Elle ne comprenait pas le sens de tout ça. Elle avait besoin de donner du sens, elle avait besoin que quelqu’un de plus expérimenté, de plus gradé lui tape sur les doigts, ou lui dise qu’elle avait bien agit. Une réponse quoi. Savoir quoi faire ? Ou ce qu’elle aurait dû faire ?

Elle enrageait de nouveau sur sa chaise et elle était tentée d’aller se défouler dans la salle de sport. Mais elle devait régler son retour sur Atlantis, et faire ça proprement, tout en cherchant des réponses. Du coup, elle devait voir un officier supérieur, et le taulier de ce rafiot volant ferait bien l’affaire. C’était un vieux loup de mer et la mutinerie, c’était bien quelque chose de marin à la base. Goose lui montra les combinés câblés pour communiquer avec le pôle com. Fébrilement, elle s’en empara, non sans avoir déposé son plateau à un endroit prévu pour cela. Elle n’allait pas laisser l’endroit dégueulasse non plus.

« Allen à pôle com. J’aimerai solliciter une rencontre avec le Colonel Caldwell. », dit-elle au combiné. Elle n’avait pas l’habitude de prendre des chemins détournés. Quand elle avait essayé de le faire pour présenter les choses aux autres abrutis de la manoeuvre, cela n’avait fait qu’empirer les choses. D’aucun ne pourrait dire qu’elle n’était pas sortie d’elle-même pour essayer de les bouger et de les motiver cela dit.
La réponse tomba deux minutes plus tard.
« PôleCom à Allen, requête accordée. Présentez-vous au rapport sans délai. »

Ca avait été rapide, d’un coup, comme ça, elle avait eu son rendez-vous.
Le vieux loup semblait toujours informé des nouveaux arrivants sur son croiseur et il avait donné son aval pour l’entretien. En s’y rendant sans pouvoir changer de tenue, elle comprendrait rapidement pourquoi. Le colonel Caldwell était déjà en réunion. Lorsque celle-ci s’acheva quelques minutes après son arrivée, les gardes de factions lui indiquèrent qu’elle pouvait entrer. La porte sécurisée se leva en dévoilant subitement l’image du Capitaine Calahan. Celui-ci mira l’aspirante avec une étonnante simplicité. Un faciès naturel, sans jugement ni amertume.
« Capitaine... » fit-il simplement en signe de salutations.
L’instructeur reprit le couvre-chef qu’il avait coincé sous son aisselle et le chaussa tranquillement sur son crâne. Il s’éloigna sans rien lui dire d’autre, tranquillement, les mains croisées dans le dos. Il prenait son temps à quitter le croiseur sans laisser la moindre information sur sa présence, ni ce que ça présageait. Le mystère complet.
« Capitaine Allen, entrez. » l’appela la voix du colonel.

Imperturbable, comme toujours, le maître de la galère était derrière son bureau, repliant plusieurs dossiers pour en faire une petite pile sur le centre de son bureau. Il y croisa ses mains, acceptant le salut de rigueur de la texane puis l’invita à s’installer sur le siège d’en face.
L’instant d’après, le sas du bureau se fermait en les laissant seuls.

« Bien. » fit-il en plaçant ses lunettes. Il prit son fameux bloc note qu’il posa par-dessus les dossiers et prépara son stylo. « Avant de débuter, soyons clair. Vous sortez d’une manoeuvre éprouvante et vous agissez “à chaud”. Nous avons l’heure qui suit pour traiter du motif de votre entretien, j’attends de vous que vous profitiez de ce temps pour en faire un échange constructif. »
Il avait parlé lentement tout en inscrivant quelques notes. Des mots clés d’éléments de rapport qu’il adresserait au colonel Sheppard puisqu’il était l’officier direct d’Allen.
« Je vous écoute. »

Pedge était plutôt satisfaite que ça soit allé aussi vite. Elle se demandait bien ce que foutait Calahan dans le bureau de Caldwell, même si ce n’était pas très étonnant en réalité. La manoeuvre semblait se faire conjointement. Elle brûlait d’envie de lui demander des comptes, mais elle se contenta de répondre par un petit salut de tête sans interrompre sa marche.
Bientôt, elle se retrouva seule avec Steven, qu’elle avait salué de façon plus protocolaire. Elle posa ses fesses dans le siège, et accueillit les quelques paroles de l’officier avec placidité. Il était au courant de ses travers, et les quelques mots suffisaient à renforcer la honte qu’elle ressentait.
« Je me suis calmée, j’ai pris le temps de me poser avant de solliciter un entretien avec vous. Avant tout de chose, je n’ai pas demandé au Capitaine Calahan car ce dernier ne m’a pas répondu lors de ma dernière demande. Il était probablement occupé. », fit-elle, comme si elle voulait le dédouaner, même si c’était une question de rhétorique cherchant à connaître le motif de sa visite, du moins dans les grandes lignes, l’air de rien. « Ce n’était pas une volonté de l’écarter, mais comme il semble assez sélectifs dans ses prises de parole et ses réponses... », finit-elle, quelque peu amer.
« Le Capitaine Calahan fait très exactement ce qu’on attend de lui. » Trancha Caldwell sans agressivité. « Vous avez été intégré dans un environnement, un scénario dans lequel il n’y a aucun appui supérieur, aucun ordre, aucune structure. Si ce n’est la vôtre...ceci pour connaître vos réactions spontanée en qualité d’officier engagé sur le terrain. »
Il la fixa un instant avant d’ajouter avec précision :
« Tout au long de votre périple. Sur ces circonstances, le Capitaine n’a pas à vous répondre puisque vous êtes censée être seule. »
« Oui enfin quand la manoeuvre part dans tous les sens, on peut s’attendre à ce que ce soit encadré un minimum quand même... », observa-t-elle.
« Qui doit l’encadrer dans cette situation ? »
« L’officier référent, celui qui encadre la manoeuvre, comme on le fait toujours. Ça reste un exercice. »
« Pas cette fois... »

Il marqua une pause. En profitant pour l’examiner, son air affaibli, son état de fragilité et la colère qu’il pensait deviner en elle.
« Pensez-vous vraiment qu’il s’agisse d’une manoeuvre classique… “comme on le fait toujours” ? »
« Je n’ai eu aucune information, donc je pense que non... », avoua-t-elle.
« Que savez-vous du test dit du “cobaye Ishimaru” ? »
« Qu’il est impossible de le réussir entre autre. »
« En plus complexe. »

Le colonel Caldwell la sonda un instant de plus avant de se lever. Il quitta son siège pour le libérer et le lui présenta d’une main.
« Installez vous là, Capitaine. »
Pedge se leva. Elle se sentait percluse de douleurs, et elle sentait que le poison luttait toujours pour reprendre le dessus sur l’antidote. Néanmoins, elle contourna le bureau et alla s’asseoir sur le siège du Colonel. Dommage que ce ne soit pas son siège de commandement dans la salle de contrôle, elle aurait pu réaliser le rêve d’Eversman. Elle l’interrogea du regard une fois assise.
« Regardez autour de vous, faites comme si je n’existais pas. » lui conseilla-t-il. « Fixez ces écrans de contrôles. Et dites moi ce que vous voyez... »
La vie fourmillante du Dédale...mais pas seulement.
Pedge posa ses yeux sur ce que le colonel lui montrait. La perspective de ce côté était inédite. « Des données, des informations, tout un tas de choses à traiter, des hommes, des femmes, des responsabilités... »
« ...perdu entre deux galaxies, deux cents âmes doués d’un libre arbitre, avec des motivations diverses et des convictions propres. » ajouta doucement l’officier. « Pensez-vous qu’une part de ceux là n’ont jamais été tenté de me tourner le dos ? »
Il fit le tour pour s'asseoir du côté qu’elle occupait précédemment.
« Vous êtes-vous demandé si je n’avais eu qu’à agiter mon galon de colonel pour former l’équipage le plus discipliné de l’US Air Force ? »
« Ce n’est pas pareil Colonel… Vous avez une structure, une hiérarchie, et les moyens de faire observer la discipline, sans parler des règles et des devoirs. Qu’est-ce que j’avais là bas en bas ? Même pas la légitimité de mon arrivée. »
« Vous mettez le doigt sur le fondement de votre manoeuvre. Calquez vos propos sur une mission en extérieure qui tourne mal...structure ? hiérarchie, moyens ? »
Il marqua une pause.
« Juste un leader d’équipe d’exploration qui devient isolé une fois que la Porte des Étoiles se coupe. Vous. »
« Je le conçois. Mais quand on démarre une mission, on la démarre avec les hommes directement, on avance avec eux, on fait les choses ensembles et c’est clair dès le début. Là, je suis arrivée à l’improviste, je ne savais même pas si je devais les rejoindre ou non, et résultat, je n’avais aucune légitimité. Et franchement, je doute qu’un Wraith ou un Génii ne balance une photo de moi en train de me faire embrasser par un soldat déchu. Alors non, je ne trouve pas ça comparable. ». Elle soupira. Même si elle pouvait débattre de ce sujet pendant un moment encore, elle préféra aller sur ce qui la tracassait vraiment, du coup elle ajouta après son soupir : « Surtout si on se retrouve avec la lie des militaires. J’sais même pas comment ils sont arrivés dans ce programme... J’souhaite bien du courage au capitaine Calahan pour en faire quelque chose. Traite un jour, traître toujours. », pesta-t-elle. Elle avait peut-être dit qu’elle s’était calmée, mais en réalité, elle était toujours en train de ravaler son humiliation, et elle n’avait que la colère pour ne pas subir la honte de plein fouet.

Caldwell gardait les mains croisées, du mauvais côté du bureau, en la sondant silencieusement. Il n’était pas étonné de la voir chipoter sur les circonstances, reprocher les détails et les bases de la simulation en les trouvant vaseuse. Le jeune officier pointait du doigt le manque d’inconfort et un encadrement d’intronisation qui n’avait pas été appliqué. Si Calahan et lui n’avaient pas débrieffé l’heure passée, il aurait été en droit de se poser des questions également.
Mais Allen cernait mal l’examen dont elle avait fait l’objet.
« Vous attendiez que l’on vous mouche le nez en somme ? » Questionna-t-il simplement. « Que l’on vous place à la tête d’une unité exercée. Que vous n’ayez qu’à “disposer” en distribuant les ordres...ça ne fonctionne pas comme ça. »
Il acquiesça.
« Qui est le soldat Monciatti pour vous ? »
Cette fois, elle sentait bien qu’elle n’arriverait pas à dissimuler parfaitement le fait qu’elle soit vexée. Elle avait envie de répondre, de faire sa forte tête, d’arguer dans le sens que dans une expédition comme ça, on était en droit de disposer de l’élite et de la commander, et pas de se retrouver avec loubards de secondes zones à former. Mais elle savait que ce serait puéril et pas constructif, et elle devait prendre sur elle, même si tout ça commençait à être un peu gros pour son égo.
« Je suis juste en droit d’attendre le même professionnalisme que je fournis. C’est tout, quant à Monciatti… Je ne sais pas qui c’est, et franchement, j’aurai bien aimé en savoir un peu plus sur elle si elle m’en avait laissé le temps. »
« C’est à vous de dégager ce temps. » Déclara Caldwell, un peu plus sèchement. Il donna la réponse : « La sixième unité féminine la plus décorée des Forces Spéciales Italienne. Avec une citation pour le record de survie en zone attritive. Le soldat Sandoval ? »
Pedge avait envie de foutre le camp. Elle sentait que c’était devenu personnel entre elle et eux. D’apprendre ça ne lui fit ni chaud ni froid, tout comme elle n’avait suscité aucune réaction quand elle avait évoqué rapidement ses propres faits d’armes auprès de l’équipe. Personne n’en avait rien eu à foutre, Blake et Monciatti les premiers, alors de savoir que cette connasse était décorée ou la plus forte à qui pouvait boire sa pisse, ça lui passait bien au dessus. Elle savait que c’était juste de la rancoeur, de la mauvaise foi pure et dure, mais elle n’arrivait pas à le dépasser.
Seulement, elle était face à un gradé, et elle pouvait pas se permettre de laisser libre court à sa frustration la plus primaire. Pas elle.
« Je suppose qu’il a un CV extraordinaire lui aussi... », souffla-t-elle.
« Négatif. Il n’est jamais sorti du pays. Il démontre une excellente faculté de polyvalence. Ce qui ne fait pas de lui qu’un simple ingénieur capable de monter des ponts... »

Caldwell soupira.
« Vous êtes tombé tombée les deux pieds dans la piège, Capitaine. Nous vous attendions au tournant. »
Il marqua une pause.
« Vous avez vaincu la menace la plus importante de la galaxie et mené une armée entière sur un théâtre d’opération. Vous avez été décoré pour ça. MAIS...cela ne fait pas de vous une spécialiste. Ce n’est pas un avenir de conquêtes, de gloires et de victoires qui s’ouvrait à vous. »
Il sortit les quelques dossiers qu’il avait piégé sous son bloc note au cours de l’entretien et lui plaça dans les mains.
« Vous avez été volontairement isolée et malmenée, sans cadre directif, pour que nous puissions observer votre comportement en cas de rupture complète avec le commandement. En vous fournissant d’excellents éléments de nos bases sur Terre...mais entièrement novice quant au terrain opérationnel de Pégase. »
Le colonel attendit qu’elle intègre l’information avant d’ajouter.
« Puis nous vous avons tous attaqué. Sur le terrain d’une part. Et sur le domaine psychologique de l’autre. En y appliquant une pression progressive et des influences relative à vos vies personnelles. Comme il est possible de trouver sur le terrain pour diverses raisons. »
Nouvelle pause.
« Vous avez perdu patience Allen. Et de par cette simulation, vous avez abandonné sur le terrain quatre pleurnichards égarés et trois éléments restés loyaux. Les laissant vulnérable aux tactiques opérationnelles ennemies. Quant à vous, votre faiblesse, votre faille : c’était exactement ça. Voir son commandement s’effondrer sur le terrain. Face à un ennemi aguerri, plus nombreux, plus puissant, avec une longueur d’avance, de meilleurs moyens. »
Il restait calme en énumérant tous ces éléments.
« Un enfer que tout leader d’équipe est potentiellement capable de rencontrer durant ses missions d’exploration. »

Fermée comme une huitre, elle avait croisé les bras en écoutant le Colonel. Elle savait au fond qu’il y avait une part de vérité dans ce qu’il disait, mais elle n’arrivait pas à concevoir que ce soit sa faute. Elle laissa quelques secondes s’écouler, sans rien dire, la mâchoire bloquée.
« Au moins maintenant… vous savez ce qu’il en est me concernant, et concernant les mutins. L’objectif est rempli. ». Il n’y aurait rien de plus concret à tirer de la texane pour le moment. Elle était trop aigrie, en colère et rancunière pour parvenir à se sortir de l’idée que tout cela était juste tourné pour la voir se planter en beauté, voir pour l’humilier. Elle en était presque à se dire qu’on avait juste voulu lui couper les jambes dans son ascension, histoire de la laisser à sa place. Qu’elle dérangeait quoi.
« Je tiens juste à souligner… que vous avez construit votre exercice sur le fait que je me pensais au dessus des autres. Peut-être que oui. Mais jamais je n’ai eu la prétention de croire que parce que je m’étais mutilée pour vaincre Méda’Iyda, j’étais la meilleure de nous tous. Ou la plus expérimentée, ou je ne sais quoi d’autre. Tout ce que j’ai fait dans cette expédition, et dans ma carrière, je l’ai fait pour mon drapeau Colonel, et je ne vous laisserai pas croire le contraire. ».
Non elle n’avait pas perdu contre un ennemi plus aguerris, plus nombreux, mieux équipé. Elle n’avait rien lâché. Rien de rien. Elle avait perdu quand les hommes qu’elle commandait avaient décidé de capituler face à ce même ennemi. Pas elle, eux. Ok, elle devait payer parce qu’elle était le leader, mais elle n’allait pas en flinguer un pour l’exemple afin que tout le monde suive. Elle trouvait tout cela parfaitement injuste. Elle n’en voyait pas la leçon, elle ne voyait que l’humiliation. Comment aurait-elle pu prendre le temps de les connaitres ? A peine arrivée, a peine attaquée par Wakks. Ensuite, c’était la détention, et la captivité, suivi de scène de torture psychologique. Puis la phase de repos pendant laquelle elle agonisait à moitié. Alors oui, si les journées avaient été de 48h au lieu de 24h, peut-être qu’elle aurait pu prendre le temps de parler. Hors là, elle était dans un contexte d’efficacité, parce que la situation l’imposée. Seulement, ils n’ont pas suivi, ils ont juste craqué avant elle, dans leur tête.
« Je suis désolée Colonel, mais là, je ne vois pas la leçon. J’encaisse pas. », elle secoua la tête et elle se frotta le dessous du nez. « Je suppose que c’était voulu, sinon vous ne m’auriez pas parlé du cobaye Ishimaru, mais c’est allé trop loin, et je ne me sens pas concernée, juste humiliée, piégée, et vexée. C’est dégueulasse. »

« C’est normal. »
Caldwell se leva.
« Comme je vous l’ai dis, vous réagissez à chaud et n’y voyez qu’un échec. Vous devez intégrer le fait, en entrant plus activement dans le monde d’officier, que la réussite ne dépend plus de vous maintenant. Mais d’un ensemble. »
Il se porta à sa hauteur.
« Vous voyez des mutins qui ont sabré votre commandement. Qui vous ont amené à la défaite malgré vos efforts. Et ? Qu’avez-vous prévu capitaine ? Un autre gâteau ? »
« Et quoi ? La manoeuvre s’arrête là pour moi de toute façon. Je n’aurai pas mon grade, mais ce n’est pas grave. Je suis restée intègre et fidèle à qui je suis depuis toutes ses années. »
« La manoeuvre se poursuit. » Rectifia Caldwell. « Cette simulation ne s’arrêtera pas parce que vous nous faites une crise de fierté. Vous vous moquerez probablement d’apprendre que vos trois sujets restés loyaux font actuellement route pour le camp allié. »
Il marqua une pause.
« Quand aux quatre autres. Nous avons reçu une alerte automatique. Ils ont retiré leur balise sous-cutanée sur le chemin du camp ennemi. Je ne vois qu’un abandon pour le moment et il est devant moi. »

Caldwell ne lui laissa pas le temps de protester.
« En somme, votre équipe se bat encore. Alors allez vous reposer pendant ce temps. Pensez à vous rendre au secteur carcéral où un tiers de l’équipe technique végète pour leur demander si la sympathie qu’ils ont pour vous tiens de votre fierté. »
Il tendit la main.
« Et rendez-moi mes dossiers...puisque vous n’en avez manifestement aucun intérêt. »

Pedge se leva. Elle ne savait pas si c’était du lard ou du cochon pour la dernière réplique de Caldwell, et s’il faisait de l’humour, elle n’y goûtait que très peu, piqué à vif dans sa fierté. Jamais elle n’aurait pensé entendre un jour qu’elle serait la fille qui avait abandonné et qui avait largué tout le monde dans la cambrousse. Jamais.
« Il y en a qu’un de loyal, et c’était celui qui avait une couronne sur la tête pour le stigmatiser. C’est ironique je trouve. », lâcha-t-elle sans attendre spécialement une réponse du colonel. D’ailleurs, elle se tourna vers lui et enchaîna : « Je suis prête à y retourner, vous pouvez m’envoyer là bas de suite. ». Business is business. Ça la faisait clairement chier, mais c’était les ordres. Alors soit, autant y retourner tout de suite et boucler cette affaire au plus vite, même si elle avait un sentiment de honte profond et dégoûtant.
« Contenez-vous, Capitaine. Vous ouvrez la bouche pour faire du bruit, vous abusez de ma patience. Vous allez sortir de mon bureau. Et vous me ferez part de votre décision quand vous aurez retrouvé un tant soit peu de raisonnement. »
« A vos ordres colonel. », répondit-elle sèchement, se forçant à ne pas ajouter quelque chose de désobligeant à nouveau. « Je peux étudier ces dossiers en attendant ? », fit-elle en tapotant dessus.
« Faites. »
« Merci. Puis-je disposer ? »
« Rompez. »

Pedge salua une dernière fois et disposa. Elle pris le temps de sortir calmement du bureau, avant de foncer comme une bombe dans les coursives. Elle avait des envies de tarte dans la gueule et de se défouler un bon coup. Pour un peu, et elle aurait aimé se faire les quatre pimpins à la suite, ou en même temps, histoire de leur apprendre qui était maman et qu’on ne se foutait pas de sa gueule impunément. L’entrevue ne lui avait pas remis les idées en place, bien au contraire. Elle était vraiment remontée, vexée, et d’autant plus humiliée. Le pire dans tout ça, c’était qu’elle savait qu’elle avait lâché la banane trop vite et qu’elle était dans cette situation par sa faute. Et elle n’avait même pas demandé ce qu’il aurait convenu de faire dans une situation similaire tiens. Rien de rien, elle était restée focalisée sur les aspects négatifs et sur les piques qu’elle prenait personnellement. Comme elle l’avait souligné, elle ne voyait pas la leçon.
Sans trop savoir où elle se dirigeait au départ, elle se rendit compte qu’inconsciemment, elle s’était ramenée non loin du mémorial. Ce dernier devait avoir accueilli de nouvelles âmes sur ses murs avec Normandie, c’était quasiment certain. Ce serait un bon coin pour étudier ces dossiers, même si elle n’en avait pas envie, mais elle en vint à se dire que ce serait quand même déplacé. Aussi avait-elle cru comprendre que ses amis les Poètes étaient au gnouf, du coup, le dortoir serait certainement vide. Elle pourrait se poser là pendant vingt minutes, et retourner voir le Colonel pour lui dire qu’elle était prête.
En fait, elle sentait l’urgence maintenant. Plus elle restait longtemps sur la touche, plus elle passait pour une faible aux yeux des autres. Si elle y retournait maintenant, elle pourrait prétexter n’importe quoi. Plus le temps passait, et moins elle pourrait se justifier, et elle devrait assumer de leur avoir tourné le dos. Ce n’était pas le genre de femme à ne pas assumer ses erreurs et ses conneries, mais comme là ça touchait à sa fierté, à son arrogance, et à son égo bien développé, la couleuvre était dure à avaler.

Il y avait effectivement personne dans le dortoir. La vie quotidienne s’était figée au moment même où ils avaient dû être arrêté. Arrêté pour elle. Ça faisait bizarre de voir l’endroit désert. Elle avait quand même chié sur toute la ligne en quittant le terrain d’exercice. La sécurité avait dû chercher des preuves de leur implication, car tout était en bordel. Pedge bazarda les dossiers sur la table, et entreprit de remettre un peu d’ordre, du moins pour ce qui était du bordel le plus gros, parce qu’elle n’aurait pas le temps de donner une virginité au dortoir. Elle constata d’ailleurs que sa couchette était toujours là. Ils n’étaient pas encore passé à autre chose, et cela lui fit plaisir plus qu’elle ne voudrait l’admettre. De se retrouver dans ce lieu familier eu tendance à la calmer un peu. Elle redescendait dans les tours, mais elle continuait à penser qu’elle avait été sali gratuitement.
La douche chaude termina de la calmer. Elle avait renoncé à faire vite. De toute façon, ce n’est pas ce que le Colonel attendait d’elle, et elle avait encore ces dossiers à étudier. Elle emprunta des sous-vêtements à Marta, histoire de la faire chier, et elle renfila son uniforme dégueulasse et déchiré. Qu’importe, au moins elle était propre sur elle, et cela lui avait remis les idées en place. Elle faisait tourner l’anneau d’Isia autour de la chaîne de ses plaques tout en réfléchissant, et pour le coup, l’envie de lui faire l’amour lui revint en plein… C’était bon signe non ? Depuis qu’elles s’étaient éloignées un peu suite aux révélations sur son échange de fluide avec un Morphéa qui avait pris sa place, elles ne s’étaient pas spécialement revues pour un entretien physique et sportif.
En fait, elle ne se l’avouait pas, mais elle avait juste besoin de casser cette rigueur militaire et d’avoir un peu de réconfort. Elle était mal, très mal.
Qu’est-ce qu’elle foutait putain ? Elle venait de tout plaquer alors que ses amis, les Poètes, étaient en détention pour lui filer un coup de main sur cette manoeuvre et voilà qu’elle jetait tout aux orties… Qu’elle conne. Tout ça parce que ces connards l’avaient humilié. Le pire dans tout ça, c’était la deuxième couche que Caldwell lui avait mis dans la gueule. Elle le trouvait vraiment injuste. Est-ce qu’elle faisait si arrogante que ça ? Est-ce qu’elle était si prétentieuse que ça ? Franchement, elle n’avait pas combattu cette reine pour une promotion. Elle avait des valeurs qui allaient au delà ça. Sous entendre qu’elle se pensait elle-même une reine était vexant. Elle le prenait assez mal.

Oui elle avait abandonné, elle avait craqué. Elle pouvait l’accepter, difficilement, mais elle pouvait. Mais le reste, non. Elle ne se reconnaissait pas dans le portrait qu’on dressait d’elle.
Bon. Le fait qu’elle retourne sur le continent était acquis. Elle ne pourrait pas y couper, c’étaient les ordres. Maintenant, il fallait qu’elle sache quoi faire une fois sur place, qu’elle profite de cet intermède pour se refaire et repartir du bon pieds. En tout cas, elle s’était faite une raison : Bowers, Blake, Monciatti, et Sandoval, ils étaient out pour elle. Qu’elle recroise leur chemin et elle les traiterait comme des ennemis. Elle mettrait les choses au point avec Ravix et Padilla pour qu’il n’y ait plus de problème. Ils avaient fait leur choix, grand bien leur fasse. Le problème majeur qu’elle avait, c’était qu’elle ne savait pas qui avait l’intel pour l’objectif. Avant toute chose, elle irait récupérer Brass en suivant le plan initial, prouvant aux quatre décérébrés qu’elle était plus efficace que leur anarchie à deux dollars.

‹c› Vanka

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Mer 3 Avr - 16:36

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L’enfer by Calahan // Chrono 23/07/2018


[Intermède du RP L'enfer by Calahan]
Co-écriture : Steven Caldwell

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Elle ouvrit le premier dossier, celui de Blake. Elle préférait commencer par les vers dans la pomme.

Le format papier était tamponné du secret défense et débutait par une série de photographies. Devant une rangée de chars Abrams. Seul ou en cantonnement. Son historique d'entraînement le faisait passer par tous les rôles dans un char, jusqu’à en devenir chef de poste. Le soldat témoignait de bons états de service malgré une propension à répondre ouvertement à ses officiers. Il détenait plusieurs citations pour son courage et, notamment, pour avoir ramené une colonne de blindés à son port d’attache après rupture des liaisons radios. Le chef d’unité avait été tué, plusieurs embuscades sur le chemin à base de mines anti-char, d’escarmouches et de tirs au RPG, Blake s’était démené pour ramener tout le monde, et en particulier son tank estropié, jusqu’à la base.

Il alignait à son palmarès six rotations opérationnelles de sa division blindée en Irak et deux autres en Afghanistan. Temps durant lequel il ajouta à son brevet de chef de char celui d’ingénieur tankiste. Trois citations pour fait de guerre, deux attributions au mérite et une médaille pour blessure de guerre. Le tout était assombri par une demi-douzaine de sanctions pour insubordination. Le dossier perd subitement en intérêt et se dégrade à partir du moment où il apprend que son fils est touché par la leucémie. Les évaluations rapportent que le soldat en fait sa priorité et s’est obnubilé par le désir de le sauver.

De par ses compétences, il est approché par le SGC afin de l’inclure à un concours d'ingénierie parmis une quarantaine de candidats. Le meilleur plan verra son concepteur de terrain être mobilisé sur le site. Beaucoup de consignes sont données sans aborder les données du secret défense entourant le Programme. Danny Blake est à l’origine du système escamotable permettant au MALP en version blindé avancé d’entrer dans la cabine du jumper pour transport. Il est également le seul à être parvenu à faire monter un canon de 75 raccourci en y attribuant son système de rechargement au ventre. Une fois nommé, il suivit son élaboration au SGC, après son intégration, et le baptisa Divorce lorsqu’il apprit qu’il suivrait son invention sur le terrain sur Pégase. Il a émis plusieurs requêtes afin de rester sur Terre, évoquant sa situation familiale. Toutes refusées. A contrecoeur, Blake et le Divorce embarquent pour Pégase.

Les dernières évaluations, notamment psychologique, indiquent qu’il oeuvre essentiellement dans le but d’obtenir les traitements expérimentaux qui pourraient sauver son fils. C’est ce qui motive ses actes. Une fois par semaine, le tankiste contacte l’administration afin de savoir quand est-ce que sa famille pourra être intégrée au contrat de non-divulgation et profiter des traitements de pointe.
Une réserve majeure est apposée à son recrutement dans les équipes d’exploration à cause de la faiblesse qu’il présente sur ce conflit d’intérêt et le moyen de pression que cela constitue sur sa personne.


Le dossier de Monciatti commence par un casier judiciaire long comme le bras.
Isolée dans les montagnes, elle est reconnue par les autorités Italienne comme une délinquante particulièrement active. Elle se rend coupable de bagarre régulière, notamment avec les policiers, et s’est retrouvée trainée en justice par des associations de protection animalière. Jugée pour avoir abattu des animaux domestiques et d’élevage pour “s’entrainer” au tir. La justice Italienne lui permet d’éviter la prison contre une rééducation militaire stricte. Malgré plusieurs réserves, son tempérament sanguin et violent est jugulé par ses instructeurs. La jeune femme devient plus raisonnée et se lance dans la carrière militaire. Sa connaissance particulière des montagnes et des sentiers déguisés attirent l’attention des Arditis qui l’intègrent rapidement dans leurs unité d’élite.

Les premiers problèmes éclatent, notamment lorsqu’on lui reproche son manque de performance. Le retard est marqué, ses mauvaises notes demeurent. Elle démontre néanmoins une aptitude exceptionnelle au tir de précision et elle est régulièrement cité au cours des manoeuvres de survie. Les Arditis affinent son champ d’expertise et les résultats deviennent bien vite meilleurs.

Rita Monciatti est ensuite décorée pour son exceptionnelle endurance sur les terrains accidentés. Elle se lance dans diverses missions sur les quatre coins du globe en occupant le poste de tireur d’élite. Ses résultats en font rapidement la sixième femme la plus décorée des Forces Spéciales Italienne. Elle gagne un poste permanent dans une section de réaction rapide et reste dans les petits papiers de ses supérieurs un bon moment.
Elle est affectueusement surnommée “Tomate” par ses comparses à cause de son tempérament nerveux et sanguin qu’elle a toujours démontré. Son visage deviendrait rouge tomate quand elle s’y met... Il y a régulièrement des sanctions à son égard pour ses réponses à l’emporte pièce ou ses injures soudaine lors des moments de stress.

Tout s’arrête néanmoins lors de son retour au Pays quand l’avion qui transporte son unité s’écrase dans les montagnes Italiennes. La jeune femme, ainsi que l’escouade entière, est présumée morte. Les recherches ne donnent rien.
Deux cents douze jours plus tard, des randonneurs déclarent avoir vu des signaux de détresse lumineux depuis le versant d’une montagne éloignée. Lorsque les secours arrivent, il déclarent retrouver le soldat Monciatti pressé d’effacer ses traces. Comme si elle avait des choses à cacher. Anémiée, malade et physiquement amoindrie, elle est conduite à l'hôpital militaire de son camp de base. La police militaire prend également l’affaire en main.

Les rapports qui suivent dans le dossier proviennent surtout du comité du SGC qui s’intéressait déjà à son profil à l’époque. Le rapport final indique qu’au moins trois éléments de la section d’assaut auraient survécu au crash sur ce versant. Le secteur géographique et le nivellement du terrain ne permettant de redescendre sans des moyens techniques appropriés, les trois soldats s’étaient retrouvés piégés en terrain accidenté. Les études révèlent aussi que les apports calorique et en eau étaient clairement insuffisant pour la survie d’une seule personne.

Avec les résultats sanguin révélant les caractéristiques du cannibalisme, Rita Monciatti fut très rapidement accusée et questionnée. Refusant de lâcher le moindre mot sur le drame qui fût le sien, l’interrogatoire s’intensifia. Le SGC présume qu’avec l’extrême sévérité des Italiens, elle serait passée plusieurs fois sur des séances de coxage. Cette hypothèse tant à légitimer l’étonnante déclaration qui fait soudainement suite dans le dossier, selon laquelle Rita reconnaît avoir abattu ses collègues pour s’en nourrir.

Le SGC profite de l’occasion pour récupérer le soldat. Ses capacités d’adaptations sur les terrains accidentés et son endurance en font un candidat recherché. D’autant plus avec un entraînement de forces spéciales. Les Italiens acceptent, convaincus qu’il ne s’agit plus que d’une épave qui fait office de bombe à retardement. Avant son transfert pour Atlantis, la jeune femme bénéficie d’une prise en charge complète et d’un traitement adapté. Elle est remise dans le circuit et le comité avalise son recrutement pour Pégase.

Une réserve majeure est néanmoins apposée au dossier. Si les contrôles psy sont tous concluants, ils révèlent tous d’une “peur animale” restant ancrée dans son comportement. Notamment en présence de Capitaines. (Le leader de la section d’assaut était un Capitaine. Tout comme celui qui conduisit les séances de Coxage visant à obtenir la vérité).
Il y est également indiqué son attachement très particulier pour son fusil et les risques engendrés en cas de perte de l’arme sur le terrain.


Will Sandoval.

Son dossier est d’une simplicité déconcertante. Enfant unique élevé par une grand mère au Canada, il est signalé pour de multiples fugues. Il est pourtant régulièrement retrouvé aux bords de ponts et de grandes routes. Au début pris pour un enfant suicidaire, il est en réalité passionné par l’architecture. Toute sa scolarité et son cursus se basent sur le génie civil. Ce qui attire le SGC sur ce profil, c’était surtout la polyvalence du jeune homme qui ne s’est pas contenté d’un secteur en particulier. Il s’est diversifié sur l'électronique, le balisage du terrain, la construction, un peu moins sur la démolition.
Sa compréhension des structures et des environnements pousse l’armée Canadienne a fermer les yeux sur sa stature chétive et ses résultats de tirs très médiocres. Il se spécialise ensuite dans le génie militaire et se fait régulièrement remarquer pour s’intéresser à des secteurs qui ne le corresponde pas.
Dans son dossier, de multiples sanctions lui sont adressées en le faisant passer pour un ingérant. Mais les rapports collectées par les chefs de dortoirs et les sergents de peloton affirment qu’il est d’une polyvalence très appréciée au camp.

Will ne semble néanmoins pas capable d’initiative personnelle et il végéte sans poursuivre d’ambitions. Il aide à la construction d’un pont lorsqu’on le lui demande. Il parvient à assister les officiers lorsque ceux-ci oublient de prendre en compte les engins de travaux et les consommations de carburants. Mais il ne se lance pas de lui-même.

Du fait de cette polyvalence, le Programme Porte des Étoiles s’intéresse à lui. Ils s’accordent avec le Canada pour le tester et, une nuit, un village est coupé de son réseau téléphonique, de ses routes et de son alimentation hydrique. L’armée lui demande de rétablir ces trois domaines en moins de quatre jours, prétextant qu’ils ne peuvent assurer le ravitaillement aéroporté de l'hôpital qui tourne sur générateur.
Sandoval, sous pression, ne parvient pas à se faire meneur d’homme. Mais il s’entend avec les éléments du génie par sa sympathie et parvient à mettre en place son expertise. Le défi est remporté avec huit heures d’avance.

Le comité du SGC propose un contrat a Sandoval qui l’accepte dans la foulée. Mais elle appose néanmoins une réserve majeure en raison de sa personnalité très influençable et de son manque d’initiative.

Izabel Bowers

Médecin généraliste affecté à la base de Cheyenne Mountain, rattaché à la branche médicale du SGC, elle détient une spécialisation des interventions en terrain hostile et une pratique du dropage médical aéroporté. La jeune femme reste néanmoins basée au centre médical du SGC avec, pour tâche, le suivi sous accréditation du secret défense. Elle s’occupe surtout des basses besognes, des examens et des consultations. Elle produit les certificats et les autorisations, ce qui fait de sa spécialité un élément non exploité.

Le dossier témoigne d’un engagement acharné et particulièrement investi. Le docteur est reconnu pour avoir les consultations les plus longues, se déplacer jusqu’au chevet des patients après les opérations et procéder à un travail de fond. Ses supérieurs indiquent qu’elle ne se contente pas que de traiter la maladie, elle s’inquiéte de l’état mental du patient et le suit encore un peu après que celui-ci soit traité. L’officine la remercie régulièrement pour les lettres qu’elle adresse aux confréres pour les aider lorsqu’elle obtient des informations en ce sens. Si ce n’est pas un médecin qui se démarque par ses aptitudes professionnelle et son savoir, elle est réputée très humaine.

Avant que n’arrive sa candidature pour Pégase, elle est arrêtée par la police militaire. Ses quartiers font l’objet d’une perquisition musclée, le SGC suspectant des activités d’espionnage de sa part. Ils découvrent en réalité un cabinet d’auscultation clandestin. Elle recevait en “préconsultation” des soldats qui craignaient d’être démobilisé et les aidait à passer les contrôles. La police militaire enquête et découvre que, malgré son important engagement auprès de ses patients, elle n’a jamais triché. Il semblerait qu’elle tentait simplement de sauver le plus de monde possible.

Le comité du SGC souligne que la candidature de Bowers n’est pas seulement motivé par son besoin d’aventure mais également pour suivre sa soeur jumelle, seule famille, qui est dores et déjà acceptée comme radiologue technique sur Atlantis.
Sa demande de mutation est acceptée mais une réserve majeure s’y ajoute du fait de son empathie très prononcé et de ce qu’elle est prête à faire pour protéger la vie de son patient.


RUTH PADILLA

Le dossier de Ruth était étonnamment léger pour celui d’un lieutenant-colonel.
Pedge découvrira rapidement que toute son activité au NDI a été retiré au profit de deux pauvres petites pages largement censurée par des coups de marqueurs.

Comme pour Danny, plusieurs photographies présentent la jeune femme. La première provient d’un vieil article de journal où elle reçoit un prix, à huit ans, en détrônant des adultes sur un jeu télévisé. Son dossier parle d’un talent intellectuel qui lui valut la renommée dans son village. Surnommée “Einstein Girl’s”, elle saute plusieurs classes et déstabilise ses professeurs par une capacité d’intégration sans précédent. Malgré sa jeunesse, elle se lie d’amitié avec un mathématicien qui lui oppose régulièrement des problèmes chiffrés. Ne comprenant pas encore et en y voyant que des “devinettes”, elle décrypte plusieurs codes Américains de la Seconde Guerre Mondiale. Elle est rapidement évaluée, son QI estimé bien au-delà de la moyenne, et elle est naturellement envoyée dans les grandes écoles. Elle fréquente les grandes structures de l’Alliance comme le MIT, se déplace dans plusieurs pays et sort première de sa promotion au grade de Premier Lieutenant. Elle est considérée comme une experte du chiffre, ce qui la rend très convoitée par toutes les organisations.

La petite note suivant ses évaluations psys rapportent, néanmoins, que sa vie personnelle est un champ de ruine. Si bien qu’elle a perdu la notion séparant la profession de la vie personnelle. Le Premier Lieutenant ne vit alors que pour son travail.

Elle est déjà abordée par plusieurs organismes gouvernementaux mais le SGC rafle la mise dès qu’elle obtient ses certifications. Ruth est présente à l’ouverture du NID et seconde le général Benton avec une efficacité très appréciée. Elle gagne également en responsabilité, son supérieur lui déléguant beaucoup de tâches. Lorsqu’elle passe Lieutenant-Colonel, Padilla gère tous les dossiers du service de renseignement défensif de Pégase. Elle a accès à toutes les informations, tous les rapports, tous les éléments depuis le début de l’expédition Atlantis. Elle est régulièrement sollicité, entre autre, pour préparer des profils et des prévisions de risques.
Le nom d’Allen et Eversman apparaît sur une feuille volante. Une mission de prévision concernant le dossier “Magna - Première Guerre”.

Il n’y a aucun détail supplémentaire.

Ensuite, le peu qui est permit de lire entre les diverses censures indique qu’elle a été touché de plein fouet par l’infiltration Goa’uld qui eut lieu au NID. Elle a été longuement accusée de connivence avec le Général Benton, alors infecté par un Goa’uld, et Padilla peine à s’innocenter. Quand elle y parvient, sa réputation est brisée au point qu’elle subit un mépris systématique dans toutes les couches militaires du SGC.

Le rapport psy révèle qu’elle s’était accidentellement amourachée du Goa’uld contrôlant le colonel, pensant qu’il s’agissait de lui. Après sa mort, elle s’est évertuée à redresser le NID en y laissant beaucoup de sa santé. L’information de ses sentiments a fuité depuis une source inconnue, favorisant un acharnement contre sa personne. La rigueur militaire demeure malheureusement impuissante, les menaces en lettres et graffitis sur la porte de ses quartiers s’accumulent. Le lieutenant-colonel, en professionnelle, demande alors un entretien auprès de l’Etat-Major en vue de son remplacement.

C’est la photographie suivante où elle siège auprès de nombreuses tête connue, dont le comité, probablement pour préparer son transfert. Sur le prochain document, signé de chacun de ces membres, et aussi d’elle-même, il y est décrit les conditions qui lui sont imposées.

Le CODIR a besoin d’un réseau d’espionnage, et de contre-espionnage, afin de se garantir des activités Geniis. Et d’autant plus avec l’infiltration des Morphéas à l’époque. Ruth Padilla sera amenée à créer ce réseau directement sur le terrain. L’Etat-Major accepte donc de la transférer sur Atlantis et de lui laisser les pleins accès aux informations sensibles. Son grade étant néanmoins incompatible aux activités sur place, et afin d’éviter une prise de commandement inadapté, Ruth est contrainte d’abandonner ses galons. Elle accepte de devenir première classe.

La fin du dossier est un certificat secret défense de haute accréditation, dont Pedge n’était probablement pas censé obtenir l’accès. Le document indique que la jeune femme est porteuse d’un dispositif d’autodestruction implanté dans sa boîte crânienne. Afin de garantir toutes les informations sensibles, tant du NID que du SGC, et celles d’Atlantis. Ce système s’appuie sur le fonctionnement d’une balise sous-cutanée.

Dans le cas où la jeune femme serait contrainte de livrer des informations sensibles à l’ennemi, la balise intérprétant la différence entre échange et torture par la chimie de son cerveau : elle déclencherait une brutale surcharge synaptique. Ce qui la transformerait instantanément en légume.

La fin du document prouve que le lieutenant-colonel Padilla est personnellement à l’origine de la procédure.


Tim Brass

Son dossier est aussi lourd qu’un bottin téléphonique.
Réputé être un excellent sergent dans les camps d'entraînement de l’US Army, il est abordé par le SGC et intègre rapidement l’aventure. Il passe les différents examens haut la main et entre dans l’unité de SG-10. Les membres viennent et repartent mais le sergent Brass reste dans l’unité de longues années. Ses supérieurs lui reconnaissent un bon investissement et des qualités humaines indéniables. Le profil psy souligne son aisance à parler aux hommes et à s’adapter aux comportements de chacun. Il est néanmoins sanctionné à quelques reprises pour avoir tenus des reproches virulents envers sa hiérarchie. Notamment de faire de SG-10 “la benne à ordures” de la Voie Lactée.

Toutes ses évaluations sont positives et il est régulièrement détaché pour seconder les instructeurs lors des séances d'entraînement. Mais tout chavire soudainement lors d’une mission qui tourne mal, lorsqu’il connaît enfin de l’action. Le leader d’unité neutralisé, Brass panique et abandonne un soldat qui trouve la mort sur le terrain.

Il s’agit du seul point noir d’un dossier pourtant impeccable. Mais celui-ci lui vaut les foudres d’un certains nombre d’officiers qui, depuis lors, font barrage à chaque fois qu’il approche de la promotion. Cet acte, malgré toutes ses tentatives pour se racheter, lui a fait perdre la confiance de ses pairs. Tim Brass finit par obtenir son transfert pour Pégase par les voies protocolaires habituelles.

La suite des rapports ont été fait par Calahan. Il y est indiqué que le sergent présente toutes les capacités à l’exercice de l’exploration du fait de son expérience. Et que ses aptitudes font de lui un excellent second pour tout leader d’équipe. Savoir parler aux hommes y est encore une fois souligné. Contrairement aux autres recrues, le sergent est présent sur la cité depuis plus longtemps. Mais Calahan requiert du colonel Sheppard de retenir son affectation un peu plus longtemps.

En effet, selon lui, Brass présente une lacune importante : l’absence d’un supérieur le déstabilise. Le sergent entre alors dans une logique de préservation des troupes qui l’empêche de poursuivre la mission. S’il est très opportun en l’attente de renfort, cela pourrait également avoir l’effet inverse en les menaçant par ce manque d’action.
Actuellement, le Capitaine Calahan tente de lui faire franchir cette hésitation.

Tim Brass est un élément très expérimenté qui a obtenu de nombreuses distinctions de service. Notamment sur la variété des terrains explorés.
Aucun autre point noir si ce n’est cet abandon.

La citation la plus récente lui a été attribué par le Lieutenant Jacobs qui reconnaît sa capacité de second au cours de l’Opération Normandie. Elle salue, dans son rapport, son grand professionnalisme pour la seconder dans la mission de sécurisation de la ZA. Et le fait qu’il a relayé à merveille les ordres qu’elle imposait au cordon défensif.

Pedge referma les rapports. Elle en savait maintenant plus sur l’escouade en question. Elle avait parcouru celui de Ravix dans la foulée, faisant l’impasse sur celui d’Eversman qu’elle pensait suffisamment connaître. Elle aurait peut-être appris des trucs intéressants dedans, mais elle n’avait plus spécialement envie de lire. Elle se posa deux secondes, songeuse, fixant un point neutre dans l’environnement qui l’entourait.
Est-ce que sa perspective de ces mecs avaient changé en apprenant ça ? Pas vraiment. Ils restaient, à ses yeux du moins, des traitres, des types qui s’étaient montrés déloyaux. La loyauté… Ce concept était en réalité la partie qui lui faisait défaut dans son raisonnement les concernant depuis leur désertion. Ils n’avaient pas été loyaux avec elle.

C’était ça qui la contrariait le plus.

« Je n’ai pas été à la hauteur... », murmura-t-elle pour elle-même, dans le silence assourdissant de la salle de vie des Poètes. Elle était contente qu’ils ne soient pas là, car indépendamment du fait qu’ils voudraient savoir des trucs, ils jugeraient forcément sa prestation. Elle soupira, et se leva, tout en prenant soin de bien ranger les dossiers et de ne rien laisser trainer.
Elle avait commencé par celui de Blake en premier car c’était celui qui lui posait le plus problème. Il n’était pas à son coup d’essai, comme Monciatti et Sandoval. Pour Bowers, c’était un peu plus dur à comprendre, plus complexe. Elle se laissait guider par sa personnalité de médecin. Pour les autres, ils n’étaient que des tares, et ils n’auraient jamais dû continuer dans l’armée, aussi bon soient-ils. C’était dommage, mais le génie ne faisait pas le soldat, et elle en avait l’exemple devant les yeux. Si la forme et le fond n’allait pas, qu’ils fassent carrière dans le civil, et qu’ils ne profitent pas du cadre et des moyens qu’une armée pouvait leur donner.

Non, finalement, son jugement sur ces personnes n’avait pas évolué d’un pouce. Elle avait eu de la matière pour se questionner, mais ça ne changeait rien au fait qu’ils avaient été déloyaux. Déloyaux envers la femme qu’elle était, mais plus largement, déloyaux à l’expédition. Car Pedge était un symbole, le symbole de l’USAF qu’elle représentait au travers de son grade et de son uniforme. Alors qu’ils le veuillent ou non, ils étaient des traîtres.
Elle se dirigea vers un combiné pour décrocher et communiquer avec le pôle com.

« Ici Pedge Allen, parée à retourner sur le terrain. »
« PôleCom à Allen, requête refusée. Accord officier nécessaire. »
« Alors il me faut un nouveau rendez-vous. »
« Vous êtes notifiée prioritaire par l’autorité compétente, présentez-vous dès que possible. »
« Ok merci, Allen terminée. »

Sur ces quelques mots rapides, elle raccrocha le combiné. Elle se doutait un peu qu’elle allait devoir repasser par la case officier, et elle voulait traiter ça rapidement. Elle était maintenant dans une optique d’efficacité, et elle voulait en finir avec cette manoeuvre infernale. Alors, comme elle savait qu’elle ne pouvait pas y couper, et qu’elle devait s’assumer, autant y aller et finir le job.
Aussi se présenta-t-elle au bureau de Steven Caldwell dans la foulée. Elle s’annonça et patienta peu de temps avant d’être appelée.

Cette fois, le colonel se trouvait à hauteur de sa table basse, devant deux différents chapitres de livres qui semblaient lui apporter de la matière. Ces vieilles pages cornées accompagnaient quelques dossiers qu’il referma lentement en la voyant se présenter dans son bureau. L’officier attendit qu’elle salue, lui indiqua le siège d’en face et reprit calmement son travail comme si l’affaire Allen était devenu anecdotique.
« Vous me semblez déjà plus calme, Capitaine. »
Il rechercha un nouveau chapitre dans son vieux bouquin, il semblait traiter des grands généraux de l’Histoire. Une fois à la bonne page, il en consulta quelques lignes puis le posa à plat.
« Quelles sont vos décisions ? »

Pedge se contenta d’opiner du chef pour répondre par la positive au Colonel. Elle ne comptait pas être bavarde et rebondir sur ce qui s’était passé avant. De toute façon, elle savait qu’elle n’aurait pas le dernier mot. C’était l’armée, et elle représentait beaucoup l’esprit de cette institution dans sa vie de tous les jours, donc elle le comprenait aisément. Elle ne se comporterait pas comme le dernier des tankistes en mal d’autorité en se montrant effrontée devant un officier supérieur.
« J’aimerai retourner sur le terrain rejoindre l’équipe qui m’était restée fidèle en partie. », observa la jeune femme d’un ton décidé.
« Et pour les autres ? », questionna l'officier.
« J’aviserai une fois sur le terrain. », éluda-t-elle.
« Très bien... »

L’officier décrocha son combiné pour autoriser le dépôt du Capitaine sur le fortin Natus. Il raccrocha et reprit son travail calmement.
« Vous êtes un excellent élément, Allen. Vous avez du potentiel. Mais votre fierté est un danger. Une faille. »
Il la fixa droitement dans les yeux.
« Prenez ça pour un conseil avisé. Des questions ? »

Sa fierté lui dictait que non, elle n’avait pas de question. Pourtant, une question lui taraudait l’esprit plus qu’une autre depuis cette histoire. Elle acquiesça, histoire de faire comprendre qu’elle avait compris l’avertissement, et elle se lança :
« Qu’est-ce que j’aurai dû faire face à la mutinerie ? J’étais prête à leur tirer dessus s’ils ne se laissaient pas arrêter vous savez... », avoua-t-elle sans une once d’arrogance. C’était plutôt l’officier dépité qui primait sur le reste pour le coup.
« Asseyez vous. » Fit Caldwell sur le ton de la recommandation.
Il attendit qu’elle s’éxécute et la fixa, les jambes croisées, les bras alignés sur son siège.
« Oubliez l'entraînement et transposez ça sur une situation réelle. Pointer son arme sur des séditieux, les placer aux arrêts, lorsque l’on est seul et isolé sur une planète est loin d’être la meilleure solution. Vous êtes la seule garantie de stabilité dans cette section. La seule source d’inspiration des hommes. Si vous soutenez la division, si vous entretenez la faille pratiquée par l’ennemi, vous vous retrouvez inévitablement dans votre cas. »
Le colonel ajusta sa position.
« Cette situation se répétera, Capitaine. Ce n’est pas la dernière fois que vous affronterez des rebelles. Parfois pour de bonnes raisons : une technologie qui les influence, des circonstances très particulières. Et parfois de mauvaises : avec des néophytes qui s’aiment à jouer les petits caïds. Le colonel Sheppard peut vous dresser une longue liste d’exemples qu’il a été contraint de gérer et aucun n’est resté sur le terrain. Parce que dans les deux cas, vous devez les ramener au bercail. Ce n’est pas une option, jeune femme, c’est ce que l’Etat Major attend de ses officiers. »
Le colonel examinait sa réaction durant son monologue. Il ponctua sa description d’un instant de silence avant de poursuivre.
« Je vous ai permis d’examiner ces dossiers pour vous permettre d’obtenir des leviers, des moteurs, afin d’influencer et mener les hommes. Vous avez des problèmes avec eux ? Ils se mutinent ?...bien. Ne vous accrochez pas, ne jetez pas d’huile sur le feu. »
Il parlait d’expérience. Non pas sur le terrain mais son bâtiment. Il usait d’un ton synthétique et détaché, cherchant à donner à ce jeune capitaine les outils qu’elle ne semblait pas encore avoir acquis. Ou du moins, ceux dont elle ne suspectait pas l’importance.
« Pas besoin de ramper, restez tel que vous êtes et trouvez simplement une entente. Fédérez-les. Et enfin, lorsque vous serez rentrée, vous pourrez traiter leur manquement avec toute la sévérité que vous jugerez nécessaire. Je ne doute pas que le Capitaine Calahan vous délègue les notations de cette unité à la fin de la manoeuvre. »
Il marqua une pause
« On abandonne personne sur le terrain, vous vous souvenez ? Cela fonctionne dans les deux sens, Allen. Si vous abandonnez les vôtres à leurs chimères, si vous les abandonnez à Calahan, ils ne se sacrifieront jamais pour vous. Questionnez vous sur ce que Sheppard aurait été prêt à faire si vous étiez la victime de pressions, si les rôles étaient inversés. »
Nouvelle pause avant de conclure.
« Vous voulez une unité parfaitement obéissante ? Construisez-là. Ces hommes ont du potentiel. Vous pouvez faire de ces mutins la meilleure unité d’exploration sous votre commandement. Parce qu’au final, tout dépend de votre politique. Je ne doute pas de ce que vous êtes capable de faire avec leurs compétences. »

Pedge écouta sans moufter. Elle restait de marbre, et même si elle ne semblait pas être plus attentive que ça, elle était tout ouïe. Cette réponse ne lui plaisait qu’à moitié, mais elle était pleine de bon sens. Elle comprenait ce que voulait dire le Colonel, et pourtant, ce n’était pas sa vision des choses. Sur le terrain, tout le monde devait respecter l’objectif et la personne qui était là pour l’atteindre en coordonnant les compétences.
Elle voulait bien les utiliser, pour arriver à ses fins, et à celle de la mission, mais ils ne lui avaient pas vraiment laissé le temps. Maintenant que le mal était fait, elle savait qu’elle aurait extrêmement de mal à passer outre, et elle était persuadée que si ça avait été une mission réelle, comme Normandie, elle n’aurait pas hésité une seconde à les descendre, comme elle l’aurait fait avec Hamilton s’il n’avait pas posé son arme
« Merci pour vos conseils Colonel, je tâcherai de les garder à l’esprit. ». Elle n’aurait d’autre choix que de s’adapter à la situation, et faire avec. Elle voulait bien ramener tout le monde à la maison, mais si le monde en question ne souhaitait pas rentrer, comment devait-elle s’y prendre ? Elle n’allait pas leur lécher le cul, ou s’abaisser à leur niveau. Tout cela restait insoluble, pour la bonne et simple raison qu’il n’y avait pas de solutions miracles, ni de manuel expliquant pas à pas comment on devait s’y prendre. Ça restait de l’humain, et c’était aléatoire. Finalement, elle se demandait si elle était fait pour gérer une classe de grande section de maternelle, ou si elle n’était pas mieux chez les primaires à suivre les ordres, en laissant ces novices se faire entraîner par d’autre. Quelques jours avec des athosiens qui souhaitaient apprendre eux, leur aurait fait du bien…. Et encore.
« Je suis prête à y retourner. »

Satisfait, Caldwell se releva et répondit au salut militaire.
« Vous faites vos armes d’officier de terrain. Je vous souhaite bon vent. »
« Merci Colonel. », fit Pedge en se levant et en saluant l’officier.

END 03.04.2019

‹c› Vanka

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