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La Terre.
Ce mot fît frémir Nelly qui se mit à trembler, assise en tailleur, complètement perturbée. Le colonel n’était pas un officier pour son look d’éternel garçon, là ça se sentait un max. Il avait eu une voix tellement tranchante, tellement imposante, tellement officielle que ça ressemblait à une onde de choc. C’était comme si un tremblement de terre venait de franchir la fréquence pour lui éclater les organes et secouer son squelette fragile. Abandonne-les et planque toi, c’est tout ?
Abandonne-les et casse toi...elle avait beau se le répéter, ça marchait pas. Et franchement, le colonel lui filait tellement la frousse qu’elle se demandait si elle allait pas se faire dessus. Il n’y a pas de logique quand on est dans cet état là. Et ce qui la malmenait le plus, ce n’était même pas de devoir se planquer comme une lâche. C’était de subir le regard de ces gens qu’elle avait menacé. Le regard qu’auraient Sheppard et Pedge sur son dos. Le regard de la directrice, du chevalier.
Dire qu’elle était la meilleure copilote dans un F-302...là, qu’est-ce qu’elle était ? Qui pouvait accepter un ordre comme ça ? C’était le colonel ça, avec son coup de bluff ? La Terre, il y avait plus personne qui l’y attendait. Et elle en crèverait. Sa menace de la renvoyer n’était qu’une illusion, de la poudre, du blabla. Elle était déjà renvoyée vu son extrême efficacité professionnelle, oui.
//On sait bien tous les deux que je suis déjà renvoyée, mi coronel. On garde pas un soldat qui mets en danger les autres...// Elle renifla. //Je me mets en route, ordre reçu.//
// Dans ce cas, vous irez demander à Ford, Eversman et Hamilton pourquoi ils sont encore là ! // Ce ne fut pas des plus doux non plus.
//Parcequ’ils savent se tenir en mission et qu’ils n’ont pas peur de leur officier ?// Répondit-elle de manière effrontée. //Je vous recontacte quand j’aurai trouvé ma cachette colonel.//
Nelly se redressa pour aller rejoindre Conan et son groupe. Elle était encore déboussolée, entre le devoir de rester pour sa connerie, et l’ordre de Sheppard. Rien que d’y penser, elle entendait encore cet éclat dans son cerveau. C’était incroyable ce changement, comment un type drôle pouvait être aussi intimidant ? Parce que c’était pas un colonel à la tête des militaires de la cité pour des prunes. Merde, elle voulait vraiment pas être en face de lui.
La petite espagnole trouva le regard de Conan et des autres. Ils discutaient, parlaient des soldats qui passeraient la ligne s’ils étaient aidé de leurs prêtres.
Qu’est-ce qu’elle devait faire ?
Plus Nelly voulait lui dire qu’elle s’en allait, plus ses tripes se tordaient.
Le regard lourd de Conan n’arrangeait rien d’ailleurs. Elle prit une inspiration largement perturbée par ses émotions et elle eut une pensée pour Pedge. Ce genre de problème ne lui serait jamais arrivé. Et quand bien même, elle aurait su gérer, elle n’aurait pas eu peur elle, ni de Sheppard, ni des enfants de coeurs. Pedge aurait assumé donc...pourquoi pas elle.
« J’ai reçu l’ordre d’aller me cacher... » Lâcha-t-elle soudainement, d’une voix presque tremblante malgré tout ses efforts pour la rendre sûre. Elle parvint néanmoins à soutenir le regard de Conan. « Je ne veux pas. Je peux essayer d’aller à la rencontre de ces gens, les attirer ailleurs pour qu’ils vous laissent tranquille. Ou...vous pouvez me capturer et m’échanger contre votre sécurité. Il faut trouver une solution... »
Franchement, ça ne lui plaisait pas du tout de dire ça, ce n’était pas pour jouer les héros. Elle n’avait qu’une envie, c’est de courir pour retourner dans la cité, se recroqueviller dans ses draps et se dire que ce n’était qu’un vilain cauchemar. Mais c’était la réalité. La foutue réalité.
« Va te cacher. Tu ne sers à rien de toute façon. J’ai pas envie que tu empires la situation. Nous allons tuer ces trois là, et personne ne saura jamais rien.» Conan était d’une franchise à toute épreuve. Il se tourna vers ses deux complices. « Ceux dans la forêt ne vont pas tarder à revenir. La complainte est terminée, on ne les entend plus chanter. Il faut les prévenir qu’ils ne doivent laisser approcher personne, et qu’ils tuent tout le monde qui essaie de fuir. »
BAM ! Ca c’était une baffe et bien placée !
Dégage, t’es nulle !
« Bien... » Avait-elle dit d’une petite voix.
C’était un curieux mélange d’être refoulée et de ne plus ressentir de devoir envers eux. S’en était un autre d’être traité par ce type comme le reste de son équipe. Du moins, c’est l’idée qu’elle s’en faisait. Nelly avait fait trois pas lorsqu’elle se retourna :
« Les miens ont parlé d’un village proche d’ici, je peux savoir où il est ? »
Le jeune homme qui était avec celui qui semblait être manifestement le chef, s’éclipsa après les dernières phrases de son supérieur, lequel était en train de se retourner pour répondre à la jeune femme qui venait de lui poser une question.
« C’est le village des hommes là bas.», dit-il en montrant du menton les trois types qui faisaient toujours les cents pas. « Pourquoi les tiens ne viennent pas te chercher plutôt que d’aller chez eux ? », demanda-t-il. Il était curieux de savoir comment ils communiquaient en plus, et si elle n’était tout simplement pas folle. Après tout, elle semblait parler toute seule, toute à l’heure.
« Parce qu’ils cherchent ceux qui portent les mêmes vêtements que moi...d’ailleurs, si tu pouvais dire à tes amis de ne pas nous attaquer. Nous voulons simplement retrouver les notres. »
Un silence pesant s’installa. Nelly avait de plus en plus envie d’aller directement dans ce foutu village. Et c’était pas pour retrouver Sheppard. Mais il y avait autre chose qui la taraudait.
« Conan. Tu en as pas marre ?... » Elle précisa rapidement en voyant son regard. « De devoir te cacher, de cacher les tiens, de tuer pour te protéger... »
Nelly haussa les épaules.
« Mon chef pourra peut-être vous trouver un endroit en sécurité ou vous n’aurez plus à craindre les attaques, les visites. Peut-être qu’il pourra vous aider, je ne sais pas mais...vous allez passer tout votre temps à vous entretuer ? Ca va durer combien de temps ? »
Si ça se trouve, c’était encore une connerie. Mais franchement, ça pouvait pas se régler autrement qu’en se tuant joyeusement ?
Conan la regarda étrangement, comme s’il réfléchissait. Il haussa des épaules avant de se tourner à nouveau vers les trois hommes. L’un d’entre eux se détacha d’ailleurs de la formation. Manifestement, il allait aller chercher des renforts au village. Ils en étaient arrivés à la conclusion que les hérétiques étaient dans ces ruines desquelles ils se protégeaient.
« Je ne peux rien faire si les miens décident d’attaquer les tiens. S’ils existent. » Il soupira. « C’est la vie, c’est notre terre ici, et nous ne voulons pas partir. Peut-être que nous serions mieux ailleurs, c’est sûr, mais j’ai autant le droit d’être ici que ces hommes. »
Nelly hocha doucement la tête. Les mots de Sheppard revinrent percuter son esprit : ce n’était pas ses affaires. Elle s’était impliquée pour eux mais ils n’en avaient rien à cirer, c’était surtout une histoire de chiffonniers au final. Celui qui en alignerait le plus dans le camp d’en face.
« Alors bonne chance. »
Elle lui fît un signe de main, reculant de quelques pas tout en le regardant, puis elle fit volte face avant de s’éloigner dans la direction qu’il lui avait indiqué. Elle avait commencé à marcher de plus en plus vite avant de trotter puis de courir. Si ce type tuait pour ne laisser aucun témoin, Sheppard et Pedge serait peut-être en danger puisqu’ils étaient avec l’un des autochtones. Et peut-être même qu’ils n’avaient pas l’intention de lui laisser quitter les ruines. Mais ils l’auraient déjà tué si c’était le but.
Les douleurs dans les cuisses de Nelly la rappela à l’ordre. Elle ne pouvait plus vraiment courir comme une dingue, autant y aller doucement. Il ne lui fallu que quelques minutes avant d’appercevoir le changement de terrain qui délimitait les ruines de la plaine. Le brouillard était encore plus ou moins présent, pas d’édifice en vue mais c’était bien la direction qu’avait pointé Conan. Le MP5 dans les mains, Nelly se cacha derrière un pan de mur dévoré par les racines d’un grand arbre puis activa sa radio.
// Ici Nelly. Attention, les autochtones se préparent à l’action. Vous serez considéré en hostile au même titre que les enfants de coeurs. Je suis cachée en bordure des ruines, j’ai connaissance de votre position... j’ai la possibilité de vous rejoindre. J’attends vos instructions...//
Elle soupira. La voix de Sheppard allait répondre. Elle voulait pas l’entendre pourtant, ça lui filait les foies.
// On a trouvé un membre de l’équipe. Rapprochez vous du village mais restez planquée //
// Reçu !//
Ce mot fît frémir Nelly qui se mit à trembler, assise en tailleur, complètement perturbée. Le colonel n’était pas un officier pour son look d’éternel garçon, là ça se sentait un max. Il avait eu une voix tellement tranchante, tellement imposante, tellement officielle que ça ressemblait à une onde de choc. C’était comme si un tremblement de terre venait de franchir la fréquence pour lui éclater les organes et secouer son squelette fragile. Abandonne-les et planque toi, c’est tout ?
Abandonne-les et casse toi...elle avait beau se le répéter, ça marchait pas. Et franchement, le colonel lui filait tellement la frousse qu’elle se demandait si elle allait pas se faire dessus. Il n’y a pas de logique quand on est dans cet état là. Et ce qui la malmenait le plus, ce n’était même pas de devoir se planquer comme une lâche. C’était de subir le regard de ces gens qu’elle avait menacé. Le regard qu’auraient Sheppard et Pedge sur son dos. Le regard de la directrice, du chevalier.
Dire qu’elle était la meilleure copilote dans un F-302...là, qu’est-ce qu’elle était ? Qui pouvait accepter un ordre comme ça ? C’était le colonel ça, avec son coup de bluff ? La Terre, il y avait plus personne qui l’y attendait. Et elle en crèverait. Sa menace de la renvoyer n’était qu’une illusion, de la poudre, du blabla. Elle était déjà renvoyée vu son extrême efficacité professionnelle, oui.
//On sait bien tous les deux que je suis déjà renvoyée, mi coronel. On garde pas un soldat qui mets en danger les autres...// Elle renifla. //Je me mets en route, ordre reçu.//
// Dans ce cas, vous irez demander à Ford, Eversman et Hamilton pourquoi ils sont encore là ! // Ce ne fut pas des plus doux non plus.
//Parcequ’ils savent se tenir en mission et qu’ils n’ont pas peur de leur officier ?// Répondit-elle de manière effrontée. //Je vous recontacte quand j’aurai trouvé ma cachette colonel.//
Nelly se redressa pour aller rejoindre Conan et son groupe. Elle était encore déboussolée, entre le devoir de rester pour sa connerie, et l’ordre de Sheppard. Rien que d’y penser, elle entendait encore cet éclat dans son cerveau. C’était incroyable ce changement, comment un type drôle pouvait être aussi intimidant ? Parce que c’était pas un colonel à la tête des militaires de la cité pour des prunes. Merde, elle voulait vraiment pas être en face de lui.
La petite espagnole trouva le regard de Conan et des autres. Ils discutaient, parlaient des soldats qui passeraient la ligne s’ils étaient aidé de leurs prêtres.
Qu’est-ce qu’elle devait faire ?
Plus Nelly voulait lui dire qu’elle s’en allait, plus ses tripes se tordaient.
Le regard lourd de Conan n’arrangeait rien d’ailleurs. Elle prit une inspiration largement perturbée par ses émotions et elle eut une pensée pour Pedge. Ce genre de problème ne lui serait jamais arrivé. Et quand bien même, elle aurait su gérer, elle n’aurait pas eu peur elle, ni de Sheppard, ni des enfants de coeurs. Pedge aurait assumé donc...pourquoi pas elle.
« J’ai reçu l’ordre d’aller me cacher... » Lâcha-t-elle soudainement, d’une voix presque tremblante malgré tout ses efforts pour la rendre sûre. Elle parvint néanmoins à soutenir le regard de Conan. « Je ne veux pas. Je peux essayer d’aller à la rencontre de ces gens, les attirer ailleurs pour qu’ils vous laissent tranquille. Ou...vous pouvez me capturer et m’échanger contre votre sécurité. Il faut trouver une solution... »
Franchement, ça ne lui plaisait pas du tout de dire ça, ce n’était pas pour jouer les héros. Elle n’avait qu’une envie, c’est de courir pour retourner dans la cité, se recroqueviller dans ses draps et se dire que ce n’était qu’un vilain cauchemar. Mais c’était la réalité. La foutue réalité.
« Va te cacher. Tu ne sers à rien de toute façon. J’ai pas envie que tu empires la situation. Nous allons tuer ces trois là, et personne ne saura jamais rien.» Conan était d’une franchise à toute épreuve. Il se tourna vers ses deux complices. « Ceux dans la forêt ne vont pas tarder à revenir. La complainte est terminée, on ne les entend plus chanter. Il faut les prévenir qu’ils ne doivent laisser approcher personne, et qu’ils tuent tout le monde qui essaie de fuir. »
BAM ! Ca c’était une baffe et bien placée !
Dégage, t’es nulle !
« Bien... » Avait-elle dit d’une petite voix.
C’était un curieux mélange d’être refoulée et de ne plus ressentir de devoir envers eux. S’en était un autre d’être traité par ce type comme le reste de son équipe. Du moins, c’est l’idée qu’elle s’en faisait. Nelly avait fait trois pas lorsqu’elle se retourna :
« Les miens ont parlé d’un village proche d’ici, je peux savoir où il est ? »
Le jeune homme qui était avec celui qui semblait être manifestement le chef, s’éclipsa après les dernières phrases de son supérieur, lequel était en train de se retourner pour répondre à la jeune femme qui venait de lui poser une question.
« C’est le village des hommes là bas.», dit-il en montrant du menton les trois types qui faisaient toujours les cents pas. « Pourquoi les tiens ne viennent pas te chercher plutôt que d’aller chez eux ? », demanda-t-il. Il était curieux de savoir comment ils communiquaient en plus, et si elle n’était tout simplement pas folle. Après tout, elle semblait parler toute seule, toute à l’heure.
« Parce qu’ils cherchent ceux qui portent les mêmes vêtements que moi...d’ailleurs, si tu pouvais dire à tes amis de ne pas nous attaquer. Nous voulons simplement retrouver les notres. »
Un silence pesant s’installa. Nelly avait de plus en plus envie d’aller directement dans ce foutu village. Et c’était pas pour retrouver Sheppard. Mais il y avait autre chose qui la taraudait.
« Conan. Tu en as pas marre ?... » Elle précisa rapidement en voyant son regard. « De devoir te cacher, de cacher les tiens, de tuer pour te protéger... »
Nelly haussa les épaules.
« Mon chef pourra peut-être vous trouver un endroit en sécurité ou vous n’aurez plus à craindre les attaques, les visites. Peut-être qu’il pourra vous aider, je ne sais pas mais...vous allez passer tout votre temps à vous entretuer ? Ca va durer combien de temps ? »
Si ça se trouve, c’était encore une connerie. Mais franchement, ça pouvait pas se régler autrement qu’en se tuant joyeusement ?
Conan la regarda étrangement, comme s’il réfléchissait. Il haussa des épaules avant de se tourner à nouveau vers les trois hommes. L’un d’entre eux se détacha d’ailleurs de la formation. Manifestement, il allait aller chercher des renforts au village. Ils en étaient arrivés à la conclusion que les hérétiques étaient dans ces ruines desquelles ils se protégeaient.
« Je ne peux rien faire si les miens décident d’attaquer les tiens. S’ils existent. » Il soupira. « C’est la vie, c’est notre terre ici, et nous ne voulons pas partir. Peut-être que nous serions mieux ailleurs, c’est sûr, mais j’ai autant le droit d’être ici que ces hommes. »
Nelly hocha doucement la tête. Les mots de Sheppard revinrent percuter son esprit : ce n’était pas ses affaires. Elle s’était impliquée pour eux mais ils n’en avaient rien à cirer, c’était surtout une histoire de chiffonniers au final. Celui qui en alignerait le plus dans le camp d’en face.
« Alors bonne chance. »
Elle lui fît un signe de main, reculant de quelques pas tout en le regardant, puis elle fit volte face avant de s’éloigner dans la direction qu’il lui avait indiqué. Elle avait commencé à marcher de plus en plus vite avant de trotter puis de courir. Si ce type tuait pour ne laisser aucun témoin, Sheppard et Pedge serait peut-être en danger puisqu’ils étaient avec l’un des autochtones. Et peut-être même qu’ils n’avaient pas l’intention de lui laisser quitter les ruines. Mais ils l’auraient déjà tué si c’était le but.
Les douleurs dans les cuisses de Nelly la rappela à l’ordre. Elle ne pouvait plus vraiment courir comme une dingue, autant y aller doucement. Il ne lui fallu que quelques minutes avant d’appercevoir le changement de terrain qui délimitait les ruines de la plaine. Le brouillard était encore plus ou moins présent, pas d’édifice en vue mais c’était bien la direction qu’avait pointé Conan. Le MP5 dans les mains, Nelly se cacha derrière un pan de mur dévoré par les racines d’un grand arbre puis activa sa radio.
// Ici Nelly. Attention, les autochtones se préparent à l’action. Vous serez considéré en hostile au même titre que les enfants de coeurs. Je suis cachée en bordure des ruines, j’ai connaissance de votre position... j’ai la possibilité de vous rejoindre. J’attends vos instructions...//
Elle soupira. La voix de Sheppard allait répondre. Elle voulait pas l’entendre pourtant, ça lui filait les foies.
// On a trouvé un membre de l’équipe. Rapprochez vous du village mais restez planquée //
// Reçu !//
La main froide
Pedge / John |
Sheppard ne répondit pas à la manière effrontée de Nelly, il lui en toucherait deux mots, quand elle aura ramené son petit cul ici ! Non mais vraiment, elle était comme ça avec le grand manitou ? Il allait avoir une discussion avec Caldwell ! car pour être dans son précieux dédale faut être exemplaire et surtout respectueux. Le respect, là c’est comme se torcher le cul avec du papier de verre et Sheppard, il est plutôt cool et sympa, mais faut pas trop l’asticoter ! Non mais, elle n’avait pas entendu parler des trois militaires ? Franchement, ils avaient fait pire ! Mais c’est sûr que le blâme elle allait se le prendre et pour se taper un blâme de Sheppard faut être un champion ! C'est Frei la reine du blâme ! Et puis peur de lui ? Non mais maintenant c’est le gros vilain ! Génial cartons pleins la Bricks !
Bref, il était en rogne là. Et il eut la sagesse, grâce à l’âge, (car avant il lui aurait répondu un truc salé) de ne pas lui répondre. L’ignorance est la plus belle des armes ! Une arme qui s’apprend avec les minutes qui vous rides !
Il jeta un regard à Pedge, qui était en train de finir d’attacher son poisson. Et il recula, pour qu’ils se mettent à l’abri vers la forêt. Pas besoin d‘attendre au village, ils vont l’embrocher comme une dinde pour Noël ! Il pressa le pas, restant derrière Pedge, pour couvrir leur retraite.
Seulement voilà, à peine eurent-ils fait quelques pas dans la direction de la forêt, que la rousse tira dans la direction de la longère. Elle ne voulait pas retourner dans la forêt ? Pensa Pedge qui se disait qu’elle aurait dû, au contraire, courir vers l’abri des arbres. Elle savait forcément que les villageois allaient arriver, alors pourquoi est-ce qu’elle voulait retourner là-dedans ? Et elle tirait fort cette conne, Pedge faillit la lâcher ! « Putain… Arrête. Ce n’est pas le moment de la ramener merde. », grogna Pedge entre ses dents. Le boss était en colère, et si elle faisait des siennes, ça allait chier des bulles. Elle se calma, comme si elle comprenait, et soudainement, elle écrasa le pied de la texane qui la lâcha, et elle fila en direction de la bâtisse la plus imposante. La militaire poussa un juron en sentant encore la brûlure sur ses doigts des Serflexs qu’elle tenait pourtant fermement.
« Ne me dites pas qu’elle veut pas revenir les mains vides !»
Sheppard roula des yeux et soupira, s’élança après elle la plaquant lourdement au sol. Il avait rangé son arme. La jeune femme se cabrait et se débattait comme elle pouvait pour entrer dans cette fichue bâtisse. Elle lui faisait des signes de tête pour qu’ils viennent dedans !
« Par Odin ! » Oui cela allait devenir une expression commune du soldat ! Il la dominait, plaquant son corps sur elle et lui clouant les bras. « Pourquoi tu veux entrer là-dedans ? Parle ou je t’assomme et je t’emmène dans la forêt ! » Et elle avait plutôt intérêt car là, il est pas commode le petit Sheppard tout mimi.
Pedge arrivait au pas de course elle aussi, couvrant son supérieur en jetant des regards à droite et à gauche. Elle était prête à lui filer un coup de main pour l'empêcher de ruer comme une dingue. Les derniers mots de Sheppard achevèrent de la convaincre d’arrêter de se débattre. Elle fit un bruit de gorge, comme si elle essayait de parler, sauf qu’aucun son intelligible ne venait, si ce n’était un borborygme de bruit incompréhensible. Elle bascula sa tête en arrière, ouvrant la bouche en grand. Sa langue était quasiment invisible dans sa cavité buccale. « On dirait qu’elle n’a pas de langue...», fit Pedge en réprimant un frisson. Il n’empêche, elle ne comprenait pas pourquoi elle voulait absolument aller à l’intérieur. « Qu’est-ce qu’on fait ? Je vous aide à la tirer dans la forêt ?»
Sheppard soupira … Il en avait marre, maintenant, il avait une nana sans langue avec eux ! Ils n’avaient pas le temps de trop parler donc, il fallait être factuel. Il lui laissait à peine quelques minutes. Il fit quatre avec ces doigts pour dire à Pedge d’attendre ce temps de minutes. La militaire acquiesça, tout en jetant un coup d’oeil à sa montre. Quatre minutes, pas plus. Son côté toqué ne laisserait pas une seconde de plus à la jeune femme.
« Hoche la tête pour dire oui. Tu veux prendre de la nourriture ? »
Elle n’hocha pas de la tête, attendant la prochaine question.
« La forêt est un danger ? »
Encore une fois, elle n’hocha pas de la tête. Elle le regardait fixement, le pressant du regard pour les prochaines questions. Pourquoi est-ce qu’ils lui avaient attaché les mains ? Ce serait tellement plus simple si elle pouvait s’exprimer avec ses doigts.
« 3 minutes 15.», égrenna Pedge.
Cela commençait à gonfler John, si elle est muette elle n’était pas sourde, c’est déjà ça… Et pour s’exprimer c’est d’un chiant de poser des questions… Il regarda les mains, de la jeune femme avec son serflex. Il prit son couteau et trancha le serflex, si elle parle en langage des signes avec des éléments commun, il allait pouvoir comprendre un tantinet ! Là, il perdait du temps, et Pedge qui fait l’horloge parlante ! Mais, elle ne pouvait pas s’enfuir avec un colonel au-dessus d’elle. Enfin c’est sa derniere solution, sinon, ils l’emportent dans la forêt et basta.
« La maison une sécurité ? »
La jeune femme fit aller ses poignets alors qu’elle repassait ses mains sur le devant de son buste. Elle soupira à la question suivante et fit “non” de la tête. Mais elle pointa quand même la porte de la maison, avant de plaquer un index sur la poitrine de John et de tirer sur son gilet tactique. Enfin, elle remontra la maison, et elle fit un bruit de bouche pour accompagner tout ça, afin de le presser semblait-il. Elle le regardait avec intensité et elle essayait manifestement de lui faire comprendre quelque chose, et la panique qu’on pouvait lire dans ses yeux devaient découler du fait qu’elle savait que les villageois étaient sur le retour, tout en ayant la crainte de ne pas se faire comprendre de cet homme.
Bon, il n’y comprenait rien, mais il avait quelque chose dans cette maison… Quelque chose avec son gilet ? Son équipe ? Non ça serait trop beau ! Il se releva, la prenant par le bras, pour la mettre sur ces deux quilles. « Allen, couvrez-moi, je vais voir ce qu’il y a dans cette maison. » Il s’approcha de la porte, tout en tenant la jeune femme.
« Ok.», fit Pedge, qui resta dans l’encadrement de la porte pour guetter toute arrivée, tandis que son supérieur entrait dans la bâtisse avec la rousse. Elle se fit la remarque que les chevelures flamboyantes et le colonel, c’était une grande histoire d’amour.
Ils arrivèrent dans une immense salle assez sombre. Des torches brûlaient ici et là, mais elles étaient sur la fin, et la pénombre était déchirée seulement par les larges fenêtres qui propulsaient la lumière du jour à l’intérieur. En forme de U, des tables longues et immenses faisaient un rectangle, un côté en moins du coup. Il y avait des victuailles sur ces tables, et le couvert était déjà dressé. Celle qui fermait le U en son bout, était surélevée par rapport aux autres, et les sièges qui étaient installés étaient bien plus beaux, bien plus confortables. Sur les murs en rondins de bois trônaient des pièces d’armes, mais il y avait essentiellement des outils d’origine agricole, comme une forme de musée. Il y avait aussi de multiples animaux empaillés, accrochés aux murs. Un âtre immense faisant presque un pan de mur entier, était disposé dans le fond de la pièce, derrière l’estrade surélevée. C’était le seul côté qui était en pierre, pour ne pas foutre le feu à la bâtisse, très certainement.
John observait cet endroit riche, surement la bâtisse du chef ou une salle de réception dans ce goût-là. Gardant toutes sorte de vestiges pour ne pas oublier leurs savoirs ? Il se contrefichait qu’elle mange en même temps. Même si habituellement le poulet l’alléchait il n’était pas du tout enclin à manger, il avait l’estomac retourné par sa colère.
La rouquine attrapa la main de Sheppard et elle chercha à l’entrainer vers le fond de la pièce. En passant, elle se saisit, de sa main libre, d’une cuisse de poulet qu’elle se fourra dans la bouche. Il y avait une porte, normalement barrée par des linteaux de bois. Elle était ouverte, et ce n’était pas fou de considérer que c’était les pilleurs qui l’avaient fait. Un escalier sombre s’enfonçait sous terre, amenant très certainement à un sous-sol.
La jeune femme le lui montra et elle fit les gros yeux en lui disant, avec son index et son majeur luisant de graisse, alors qu’elle conservait le pilon dans sa bouche, de descendre en mimant un bonhomme qui marche. Manifestement, elle ne voulait pas y aller elle, et elle lui lâcha la main.
Oula il n’aimait pas vraiment ça, ça puait le piège… S’ils avaient été trois, cela aurait été plus facile, un qui garde et deux qui explorent… Il n’aimait pas du tout ça ! Il soupira, ils étaient pressés par le temps et il rattrapa le bras de la demoiselle, pour la pousser dans les escaliers.
« Je suis navré Cosette, je suis plus sympa habituellement, mais je ne peux pas te laisser là. Donc prend ton courage et vas-y ! ». La muette descendit quelques marches sous l’impulsion de Sheppard. Elle se retourna en le fusillant du regard, mais elle sentait qu’elle n’avait pas le choix. Il lui fit un regard encourageant, se fichant qu’elle soit contente ou non.
Il alluma la lampe de son arme et fit bipper sa radio.
// Allen, il y a une cave, elle veut qu’on y entre, je vais voir // »
// Bien reçu. Rien à signaler dehors pour le moment. Soyez prudent. //
John eut un rictus dans le vent, le “soyez prudent” était assez amusant, une vraie mère boule cette Allen, sous ces airs froid.
Avec la lumière, Cosette descendit dans les escaliers. Elle trouvait ça plus sûr. Malgré tout, son ombre bien distincte sur les murs semblait l’émerveiller un petit peu, mais elle essayait de ne pas trainer. Elle balança son os dans les escaliers quand elle l’eut terminé. Déjà, le fond se faisait voir tandis que la température descendait progressivement. Il y avait des torches aux murs, des murs en pierre cette fois-ci, certainement pour soutenir la terre autour. C’étaient des geôles et ça puait la mort, l’urine, la merde, et bien d’autres odeurs peu ragoûtantes qui ne laissaient pas les narines tranquilles. John retroussa les siennes, son corps se tendit, il aimait vraiment pas du tout cet endroit et cela ne sentait pas bon, niveau surprise. Il y avait une cellule vide, immense, où on pouvait mettre facilement une trentaine de personnes, en tassant bien. Les barreaux étaient en fers et faisaient un large rectangle, d’un côté à l’autre de la salle. En face, il y avait des portes en bois, avec des montant en fer eux aussi. Il y avait des judas pour voir à l’intérieur de ces cellules individuelles. La rouquine alla vers l’une d’entre elle, et elle lui fit un signe de tête pour lui montrer ce qu’il y avait dedans.
Cela était étrange de mettre des prisons au sous-sol d’une maison… cela avait un côté un peu pervers, d’enfermer des gens chez soi et surtout dans des conditions effroyables, dans le noir. Mais bon au moyen âge en Europe, ce n’était guère mieux.
Il y avait une femme, accrochée au mur du fond par des bracelets de chaînes, par les poignets et par les chevilles. Elle était assise dans la fange, les jambes repliées pour ne pas tirer sur ses liens, et ses bras étaient contraint de rester en l’air tant l’allonge était mince. Du coup, ses poignets étaient entaillés par son propre poids. C’était impossible pour elle de conserver ses membres en hauteur durant des heures. Sa tête était rasée et son crâne penché sur sa poitrine dénudée, présentait de multiples coupures, certainement due à la tonte. La scène était obscène, surtout que le corps semblait avoir été doté de glyphes, à la manière des arbres autour de la Porte. Ses pieds nus étaient en sang et une odeur épouvantable se dégageait de la cellule.
La vue de la jeune femme, arracha un sursaut répugnant au cœur de l’homme… Mais ils avaient un véritable problème avec les femmes ici ! Il grimaça. Qu’avait-elle fait pour mériter d’être à moitié nue et torturée ? Vu l’odeur, elle avait dû se faire dessus, un certain nombre de fois… Il était en train de l’éclairer, ne voyant pas son visage quand la rousse tapa sur l’épaule de Sheppard pour obtenir son attention, et elle lui montra une chaise juste en face de la porte en bois qui fermait la cellule, par le biais de fermeture manuelle basique, des loquets qu’il suffisait de tirer dans des anneaux. Sur cette chaise en boise était posé un haut d’uniforme très familier, ainsi qu’un gilet tactique. Cosette tira sur celui du Colonel, et montra du doigt celui sur la chaise en faisant un bruit suffisant avec sa bouche pour dire « tu vois ! ».
John écarquilla les yeux… Non les enfoirés ! Il fit reculer la jeune femme, et tira avec son arme sur la serrure.« Mon dieu ! » Fit-il en lui lançant quand même un regard reconnaissant.
« Jessy… Jessy… » Dit’il en s’approchant d’elle, après avoir ouvert, la porte.
// Allen j’ai trouvé Jessy McKensy. Elle est dans un sale état, tondue et surement torturée. //
// Besoin d’un coup de main pour la remonter ?? //, demanda aussitôt Pedge.
// Non, il faut quelqu’un qui vigile dehors //
Même s’il aurait aimé être deux, mais il allait se démerder pour surveiller la sauvageonne et porter l’Atlante.
Il regarda la rousse, rangeant son P90, pour secouer un peu, la jeune femme et prendre son couteau de combat et enfoncé la serrure de ces menottes. C’est à ce moment-là qu’il reçut un message radio de la part de Nelly.
// Ici Nelly. Attention, les autochtones se préparent à l’action. Vous serez considéré en hostile au même titre que les enfants de cœurs. Je suis cachée en bordure des ruines, j’ai connaissance de votre position... j’ai la possibilité de vous rejoindre. J’attends vos instructions...//
// On a trouvé un membre de l’équipe. Rapprochez-vous du village mais restez planquée //
// Reçu !//
Son couteau fit péter les deux serrures et le corps de la jeune femme, lui tomba dans les bras. Il la porta du mieux, qu’il put jusqu’à la chaise, pour l'asseoir et lui enfiler son uniforme. Le temps, pressait, fallait, la prendre et la cacher. Ainsi que la rousse.
AVENGEDINCHAINS
Tout partait en vrille.
L’appel de Sheppard pour Pedge ne lui avait pas échappé, elle avait tout entendu. L’image de McKensy, tiré du dossier de la tablette, lui revenait facilement en mémoire. Nelly peinait à se dire qu’elle avait été torturé, à quoi elle devait ressembler maintenant qu’elle était tondue, et dans quel horrible état psychologique elle devait être. C’est comme si le problème qu’elle avait eu avec son supérieur venait soudainement d’être relégué au second plan et la petite espagnole se sentit subitement idiote.
Idiote pour avoir déconné et fait parler d’elle alors que l’équipe disparue était forcément dans le besoin. Nelly mit ses problèmes de cotés pour se mettre à courir à travers les bois, ignorant les gémissements de ses muscles, dans l’espoir d’arriver suffisamment vite. Mais la direction qu’avait donné Conan était vraiment légère, surtout qu’il connaissait le coin par coeur. Pas Nelly.
On ne peut pas conserver une direction droite en passant son temps à esquiver les arbres. Et puis ce brouillard qui était toujours aussi gênant, elle avait parfois l’impression que des démons s’y cachaient. Avec ses enjambées, le battement de ses pieds, le bois qui craquait, les buissons qui s'effeuillaient sur son passage, elle faisait un vacarme d’enfer.
La petite était néanmoins attentive aux échanges radio. Elle regardait un peu autour d’elle en s’assurant de ne pas être suivie lorsqu’elle fût surprise, quelques minutes plus tard, par un groupe d’hommes et de femmes. Ils avaient une apparence sauvage, exactement comme Conan, c’était probablement des gens de son peuple. Ils étaient si discret qu’elle avait dû être grillée depuis un bon moment déjà. Elle les voyait à peine, agenouillés derrière les arbres ou au milieu de l’humus, comme des statues camouflées par leurs peaux. Dans un mouvement de demi-panique, elle braqua son MP5 vers le groupe et s’aida du laser pour les viser.
Nelly ne parla même pas, elle ne les menaça pas de tirer.
Très essoufflée, bien campée sur ses pieds et en position pour mitrailler, elle n’attendait que de voir des armes jaillir dans leurs mains pour vendre chèrement sa peau. Conan avait peut-être été amical avec elle, cela ne signifiait pas que c’était une volonté commune. Il fallait qu’elle rejoigne Sheppard même si elle en avait toujours pas envie.
Et en même temps...elle commençait vraiment à avoir peur d’être toute seule au milieu de ces inconnus...
Les inconnus en question ne portaient pas d’armes bien visibles. En fait, ils avaient les bras chargés de présents, de victuailles, d’objets en tout genre, qu’ils avaient volé dans le village laissé à l’abandon. Seulement, Nelly ne pouvait pas le savoir. Tout le monde restait figé, à s’observer en chien de fayence. Un homme approcha :
« Tu ne dois pas aller vers là bas. »
« Oui tu dois venir avec nous, dangereux pour toi là bas ! », enchérit une femme.
L’arme de Nelly avait immédiatement migré sur son torse, le point lumineux dansant au niveau de son coeur.
Dans le même temps, un type déboula de leur droite. C’était l’homme que Nelly avait vu avec Conan quelques minutes plus tôt. Il tenait dans sa main, par les cheveux, une tête. L’hispanique n’avait certainement pas fait attention à la physionomie de ses poursuivants, mais c’étaient bien l’un d’entre eux que l’homme tenait par les cheveux. Elle se fit violence pour ne pas regarder dans cette direction et maintenir son regard sur le groupe et ce nouveau venu. Elle ne devait pas rester là, ils étaient en train de la retenir et il en était hors de question.
« Cette femme a failli nous faire tous repérer par eux ! », dit-il en brandissant sa tête au dessus de la sienne, pour bien faire comprendre qui il entendait par “eux”. « Mais Fintro ne veut pas qu’on la tue. Il l’a laissé partir. Laissez-la passer. »
La femme qui avait parlé en dernier se posa entre Nelly et l’homme à la tête. L’hispanique, à ce moment là, tentait de calmer sa respiration tout en continuant de se décaler petit à petit. Un pas après l’autre, l’arme toujours en avant, elle progressait de côté pour les contourner tout doucement. Son regard s’était écarquillé en voyant la tête décapitée. L’espace d’un instant, elle fut terrifiée à l’idée qu’il s’agisse de Sheppard, Pedge ou le punisher. Voir même un membre de l’équipe disparue. Mais elle se rappela à un peu plus de logique puisqu’elle n’avait croisé aucun d’entre eux depuis. Nelly était tellement pressée de repartir qu’elle écoutait à peine la conversation.
« Elle ne peut pas aller là bas. On a vu ce qu’ils ont fait à l’une des siennes. Ils vont la torturer. »
« On ne peut pas la contraindre. Fais ton choix, tu es libre. », enchérit l’autre en se tournant vers Nelly, avant de lui balancer la tête à ses pieds, comme pour lui signifier que c’était de sa faute s’il avait pris la vie de cette homme qui s’était approché de trop près de la planque des pseudos sorciers et sorcières.
En temps normal, la jeune femme aurait surement blêmit, sur le point de vomir. Elle se serait confondue en excuses et chercherait à réparer son tort, comme elle avait voulu le faire avec sa fichue tablette. Mais là, c’était vraiment pas le moment. La conversation radio qui résonnait à son oreille l’alarmait, les villageois étaient revenus au village et l’équipe n’avait visiblement pas eu le temps de repartir. Nelly ne répondit pas et parti immédiatement au pas de course en direction des chants. Bien sûr, c’était loin d’être facile avec toute cette végétation et elle avait l’impression de faire un tel vacarme que le cortège l’entendrait par dessus leur propre chant.
// Nelly, il nous faut un appui feu très rapidement ! // , fit la voix de Pedge dans la radio. Le petit bout de femme qui était tendue comme une arbalète courait à en perdre haleine.
// Je...j’y suis presque ! //
C’est un sentiment perturbant que d’être sur le fil du rasoir. Même si celui-ci est altéré par le feu de l’action, du danger ou des films qu’elle ne cessait de se faire dans son esprit, la petite espagnole courait dans les bois de toutes ses forces en ignorant l’état de ses jambes. Cela ne signifiait pas forcément qu’elle aurait été plus rapide qu’un autre, que le colonel ou le reste de l’équipe si les rôles avaient été inversé. Et il ne fallait pas oublier qu’avec ce terrain irrégulier, ces arbres, buissons et ce foutu brouillard : c’était davantage une course au petit trot qui se faisait là. Mais Nelly ne cessait de se dire à chaque secondes qu’elle n’allait pas assez vite. Il fallait parfois s’arrêter, cesser de respirer, juste pour entendre l’écho du chant et vérifier qu’elle ne déviait pas de sa route. Mais malgré les tremblements, le coeur qui martyrisait sa poitrine et la chaleur qui lui brulait les poumons, la jeune femme se refusait à la moindre pause. Franchement, jusqu’où allait s’étaler ce foutu bois encore ? Cela lui paraissait tout bonnement interminable et elle se mettait à maudire une endurance qu’elle trouvait alors trop faible.
Elle allait désespérer, se disant qu’elle serait forcée d’appeler Pedge pour lui dire qu’elle n’était toujours pas là, lorsqu’elle perçu une petite éclaircie en face d’elle. Au début, Nelly cru qu’elle délirait, que son espoir fou de toucher au but lui faisait croire n’importe quoi. Mais le bois se terminait réellement par un début de clairière fait de la main humaine. La jeune femme s’interrompit soudainement sur cette lisière, le souffle irrégulier et bruyant, son regard écarquillé fouillant à travers les différentes bâtisses perceptibles une Pedge ou un Sheppard qui viendrait vers elle. Mais rien !
C’est là qu’elle les vit. Comme un serpent terne et sombre qui ondulait jusqu’à ce qui semblait être une petite place. Un cortège chantant de tout un tas de bonshommes, de femmes et d’enfants à peine visible dans cette nappe opaque.
Craignant d’être découverte, Nelly s’allongea au sol et rampa parmi les feuilles mortes, cherchant un point d’observation. Son mouvement n’avait rien d’un militaire entraîné, là où les autres auraient été particulièrement discret, là, c’est le brouillard qui lui sauvait la mise. Par chance, elle venait d’émerger dans un petit bosquet de lisière qui surplombait plutôt bien le village. D’ici, c’est comme si les batisses se trouvaient dans une cuvette et elle avait une vue plutôt bonne.
Nelly chassa donc les quelques amas de feuilles qui la gênait et positionna son MP5 en recherchant une posture qui lui permettrait de bien contrôler son arme. Mais elle soufflait fort, son coeur ne s’était toujours pas calmé, et elle découvrit que ses mains tremblaient beaucoup. Est-ce que c’était l’effort ? Ou avait-elle la pétoche de voir le reste de l’équipe se faire attraper ? Il se passerait quoi ensuite ?!?
Alors qu’elle sortait sa boussole, la jeune femme ferma les yeux et serra ses phalanges. Il fallait qu’elle arrête ça et qu’elle se concentre. Faire les choses par étapes, ne pas paniquer, arrêter de trembler comme ça et respirer, bon sang, RESPIRER !
// En...en position. Azimut 120 sur la boussole...un bosquet en lisière avec deux arbres. Prête à tirer... // Fit-elle d’une voix tremblante.
Nelly pointa son arme sans utiliser de laser. Elle n’avait pas de lunette mais elle pourrait utiliser l’organe de visée comme on lui avait appris. Et puis, le colonel devait forcément avoir un plan non ? Son regard parcouru le cortège. Mon dieu, ils étaient en train de bouger et ils semblaient être nombreux. Si nombreux.
// Pedge...colonel...ils se dispersent, il y en a partout ! //
Nelly n’avait pas su retenir son air affolé. C’était un tremblement de voix latent et continu, loin d’une quelconque hystérie, qui trahissait sa lutte pour tenter de se contrôler. Seulement, elle voyait tous ces gens se déplacer maintenant que la cérémonie était terminée. Comment allaient-ils se tirer de là ?
L’appel de Sheppard pour Pedge ne lui avait pas échappé, elle avait tout entendu. L’image de McKensy, tiré du dossier de la tablette, lui revenait facilement en mémoire. Nelly peinait à se dire qu’elle avait été torturé, à quoi elle devait ressembler maintenant qu’elle était tondue, et dans quel horrible état psychologique elle devait être. C’est comme si le problème qu’elle avait eu avec son supérieur venait soudainement d’être relégué au second plan et la petite espagnole se sentit subitement idiote.
Idiote pour avoir déconné et fait parler d’elle alors que l’équipe disparue était forcément dans le besoin. Nelly mit ses problèmes de cotés pour se mettre à courir à travers les bois, ignorant les gémissements de ses muscles, dans l’espoir d’arriver suffisamment vite. Mais la direction qu’avait donné Conan était vraiment légère, surtout qu’il connaissait le coin par coeur. Pas Nelly.
On ne peut pas conserver une direction droite en passant son temps à esquiver les arbres. Et puis ce brouillard qui était toujours aussi gênant, elle avait parfois l’impression que des démons s’y cachaient. Avec ses enjambées, le battement de ses pieds, le bois qui craquait, les buissons qui s'effeuillaient sur son passage, elle faisait un vacarme d’enfer.
La petite était néanmoins attentive aux échanges radio. Elle regardait un peu autour d’elle en s’assurant de ne pas être suivie lorsqu’elle fût surprise, quelques minutes plus tard, par un groupe d’hommes et de femmes. Ils avaient une apparence sauvage, exactement comme Conan, c’était probablement des gens de son peuple. Ils étaient si discret qu’elle avait dû être grillée depuis un bon moment déjà. Elle les voyait à peine, agenouillés derrière les arbres ou au milieu de l’humus, comme des statues camouflées par leurs peaux. Dans un mouvement de demi-panique, elle braqua son MP5 vers le groupe et s’aida du laser pour les viser.
Nelly ne parla même pas, elle ne les menaça pas de tirer.
Très essoufflée, bien campée sur ses pieds et en position pour mitrailler, elle n’attendait que de voir des armes jaillir dans leurs mains pour vendre chèrement sa peau. Conan avait peut-être été amical avec elle, cela ne signifiait pas que c’était une volonté commune. Il fallait qu’elle rejoigne Sheppard même si elle en avait toujours pas envie.
Et en même temps...elle commençait vraiment à avoir peur d’être toute seule au milieu de ces inconnus...
Les inconnus en question ne portaient pas d’armes bien visibles. En fait, ils avaient les bras chargés de présents, de victuailles, d’objets en tout genre, qu’ils avaient volé dans le village laissé à l’abandon. Seulement, Nelly ne pouvait pas le savoir. Tout le monde restait figé, à s’observer en chien de fayence. Un homme approcha :
« Tu ne dois pas aller vers là bas. »
« Oui tu dois venir avec nous, dangereux pour toi là bas ! », enchérit une femme.
L’arme de Nelly avait immédiatement migré sur son torse, le point lumineux dansant au niveau de son coeur.
Dans le même temps, un type déboula de leur droite. C’était l’homme que Nelly avait vu avec Conan quelques minutes plus tôt. Il tenait dans sa main, par les cheveux, une tête. L’hispanique n’avait certainement pas fait attention à la physionomie de ses poursuivants, mais c’étaient bien l’un d’entre eux que l’homme tenait par les cheveux. Elle se fit violence pour ne pas regarder dans cette direction et maintenir son regard sur le groupe et ce nouveau venu. Elle ne devait pas rester là, ils étaient en train de la retenir et il en était hors de question.
« Cette femme a failli nous faire tous repérer par eux ! », dit-il en brandissant sa tête au dessus de la sienne, pour bien faire comprendre qui il entendait par “eux”. « Mais Fintro ne veut pas qu’on la tue. Il l’a laissé partir. Laissez-la passer. »
La femme qui avait parlé en dernier se posa entre Nelly et l’homme à la tête. L’hispanique, à ce moment là, tentait de calmer sa respiration tout en continuant de se décaler petit à petit. Un pas après l’autre, l’arme toujours en avant, elle progressait de côté pour les contourner tout doucement. Son regard s’était écarquillé en voyant la tête décapitée. L’espace d’un instant, elle fut terrifiée à l’idée qu’il s’agisse de Sheppard, Pedge ou le punisher. Voir même un membre de l’équipe disparue. Mais elle se rappela à un peu plus de logique puisqu’elle n’avait croisé aucun d’entre eux depuis. Nelly était tellement pressée de repartir qu’elle écoutait à peine la conversation.
« Elle ne peut pas aller là bas. On a vu ce qu’ils ont fait à l’une des siennes. Ils vont la torturer. »
« On ne peut pas la contraindre. Fais ton choix, tu es libre. », enchérit l’autre en se tournant vers Nelly, avant de lui balancer la tête à ses pieds, comme pour lui signifier que c’était de sa faute s’il avait pris la vie de cette homme qui s’était approché de trop près de la planque des pseudos sorciers et sorcières.
En temps normal, la jeune femme aurait surement blêmit, sur le point de vomir. Elle se serait confondue en excuses et chercherait à réparer son tort, comme elle avait voulu le faire avec sa fichue tablette. Mais là, c’était vraiment pas le moment. La conversation radio qui résonnait à son oreille l’alarmait, les villageois étaient revenus au village et l’équipe n’avait visiblement pas eu le temps de repartir. Nelly ne répondit pas et parti immédiatement au pas de course en direction des chants. Bien sûr, c’était loin d’être facile avec toute cette végétation et elle avait l’impression de faire un tel vacarme que le cortège l’entendrait par dessus leur propre chant.
// Nelly, il nous faut un appui feu très rapidement ! // , fit la voix de Pedge dans la radio. Le petit bout de femme qui était tendue comme une arbalète courait à en perdre haleine.
// Je...j’y suis presque ! //
C’est un sentiment perturbant que d’être sur le fil du rasoir. Même si celui-ci est altéré par le feu de l’action, du danger ou des films qu’elle ne cessait de se faire dans son esprit, la petite espagnole courait dans les bois de toutes ses forces en ignorant l’état de ses jambes. Cela ne signifiait pas forcément qu’elle aurait été plus rapide qu’un autre, que le colonel ou le reste de l’équipe si les rôles avaient été inversé. Et il ne fallait pas oublier qu’avec ce terrain irrégulier, ces arbres, buissons et ce foutu brouillard : c’était davantage une course au petit trot qui se faisait là. Mais Nelly ne cessait de se dire à chaque secondes qu’elle n’allait pas assez vite. Il fallait parfois s’arrêter, cesser de respirer, juste pour entendre l’écho du chant et vérifier qu’elle ne déviait pas de sa route. Mais malgré les tremblements, le coeur qui martyrisait sa poitrine et la chaleur qui lui brulait les poumons, la jeune femme se refusait à la moindre pause. Franchement, jusqu’où allait s’étaler ce foutu bois encore ? Cela lui paraissait tout bonnement interminable et elle se mettait à maudire une endurance qu’elle trouvait alors trop faible.
Elle allait désespérer, se disant qu’elle serait forcée d’appeler Pedge pour lui dire qu’elle n’était toujours pas là, lorsqu’elle perçu une petite éclaircie en face d’elle. Au début, Nelly cru qu’elle délirait, que son espoir fou de toucher au but lui faisait croire n’importe quoi. Mais le bois se terminait réellement par un début de clairière fait de la main humaine. La jeune femme s’interrompit soudainement sur cette lisière, le souffle irrégulier et bruyant, son regard écarquillé fouillant à travers les différentes bâtisses perceptibles une Pedge ou un Sheppard qui viendrait vers elle. Mais rien !
C’est là qu’elle les vit. Comme un serpent terne et sombre qui ondulait jusqu’à ce qui semblait être une petite place. Un cortège chantant de tout un tas de bonshommes, de femmes et d’enfants à peine visible dans cette nappe opaque.
Craignant d’être découverte, Nelly s’allongea au sol et rampa parmi les feuilles mortes, cherchant un point d’observation. Son mouvement n’avait rien d’un militaire entraîné, là où les autres auraient été particulièrement discret, là, c’est le brouillard qui lui sauvait la mise. Par chance, elle venait d’émerger dans un petit bosquet de lisière qui surplombait plutôt bien le village. D’ici, c’est comme si les batisses se trouvaient dans une cuvette et elle avait une vue plutôt bonne.
Nelly chassa donc les quelques amas de feuilles qui la gênait et positionna son MP5 en recherchant une posture qui lui permettrait de bien contrôler son arme. Mais elle soufflait fort, son coeur ne s’était toujours pas calmé, et elle découvrit que ses mains tremblaient beaucoup. Est-ce que c’était l’effort ? Ou avait-elle la pétoche de voir le reste de l’équipe se faire attraper ? Il se passerait quoi ensuite ?!?
Alors qu’elle sortait sa boussole, la jeune femme ferma les yeux et serra ses phalanges. Il fallait qu’elle arrête ça et qu’elle se concentre. Faire les choses par étapes, ne pas paniquer, arrêter de trembler comme ça et respirer, bon sang, RESPIRER !
// En...en position. Azimut 120 sur la boussole...un bosquet en lisière avec deux arbres. Prête à tirer... // Fit-elle d’une voix tremblante.
Nelly pointa son arme sans utiliser de laser. Elle n’avait pas de lunette mais elle pourrait utiliser l’organe de visée comme on lui avait appris. Et puis, le colonel devait forcément avoir un plan non ? Son regard parcouru le cortège. Mon dieu, ils étaient en train de bouger et ils semblaient être nombreux. Si nombreux.
// Pedge...colonel...ils se dispersent, il y en a partout ! //
Nelly n’avait pas su retenir son air affolé. C’était un tremblement de voix latent et continu, loin d’une quelconque hystérie, qui trahissait sa lutte pour tenter de se contrôler. Seulement, elle voyait tous ces gens se déplacer maintenant que la cérémonie était terminée. Comment allaient-ils se tirer de là ?
Pedge / John |
La rousse ne comptait pas rester les bras ballants. Elle aida Sheppard à passer l’uniforme sur la poitrine nue de la jeune femme. Elle semblait un peu interloqué qu’il ait réussi à péter les serrures avec sa breloque, mais elle ne disait rien. De toute façon, elle ne pouvait pas dire grand chose à dire vrai. Jessy ne réagissait pas. Elle était complètement amorphe, dans un état de léthargie profonde.
// Colonel, je suis désolée de vous dire ça, mais les villageois sont en train de réinvestir le village. Dans trois minutes maxi ils sont à la bâtisse. Ils sortent de la forêt. //
// Je me dépêche, soyez prête à courir //
Pedge était calme et elle vigilait toujours. Histoire de ne pas se faire repérer par les autochtones tout de suite, surtout qu’elle liait l’état de McKenzy à ces mêmes villageois, elle pénétra dans la longère pour observer depuis la fenêtre. Elle ne resta cependant pas inactive, car elle fouilla un peu le bâtiment tout en jetant un coup d'oeil régulier dehors par les huisseries, pour surveiller les habitants. Pour le moment, ils étaient sur la place du village, autour du char amputé de sa croix. Elle trouva une porte dans la salle attenante, derrière l’espèce d’estrade, qui donnait de l’autre côté du bâtiment, de l’autre côté de la cour. Avec un peu de chance, ils pourraient se barrer par là, avec la longère en guise de protection.
// Nelly, il nous faut un appui feu très rapidement ! // , braya Pedge dans sa radio. Elle espérait que l'hispanique n’était pas loin. Car là, ça commençait à devenir merdique comme situation, surtout s’ils devaient se trainer quelqu’un de blessé.
// Je...j’y suis presque ! //
Du côté de Sheppard, Cosette passa un bras de la blonde tondue par dessus ses épaules, et elle fit mine de l’aider à se relever. En gros, elle disait à Sheppard qu’elle allait aider à la remonter, et à la transporter. Elle lui fit les gros yeux pour qu’il se bouge.
Pas besoin de plus parler, le militaire avait saisi l’urgence et il sentait l’adrénaline dans son corps. Il prit comme il put l’autre côté de la scientifique enfin vêtue. Elle était assez légère et finalement, il se rendit compte, qu’a deux ils mettraient plus de temps.
« Passe devant Cosette, je vais la porter, pour aller plus vite. Prend ça. Tu dégoupilleras le cercle, et le lancera vers les villageois, cela va faire de la fumée pour nous cacher et rejoindre la forêt.»
Il n’avait pas à 100% confiance, mais bon il fallait bien une diversion. Il prit dans ces bras la scientifique et monta aussi vite qu’il put l’escalier de la cave prison et rejoignit Allen, avec Cosette qui ouvrait le chemin.
« On passe par derrière Colonel. Normalement, ils ne devraient pas nous voir avec cette maison entre nous. », fit Pedge, soulagée de voir revenir Sheppard, sentiment qui s’envola quand elle vit l’état épouvantable dans lequel était McKenzy. La sauvageonne rousse était libre de ses mouvement, et elle avait même une grenade à la main. C’était un fumigène. La sous lieutenant fit les gros yeux, mais manifestement, le colonel pariait sur sa coopération. Soit. Après tout, elle leur avait montré où était l’une des leurs.
John hocha la tête, il soutenait la scientifique avec Cosette et vu leur lenteur, il fallait avoir un obstacle pour les camoufler.
« On ne traine pas alors ! .»
Le temps d’arriver à la porte qu’elle avait repéré, la voix tremblante de Nelly se fit entendre dans la radio. Elle était essoufflée :
// En...en position. Azimut 120 sur la boussole...un bosquet en lisière avec deux arbres. Prête à tirer... //
C’était une bonne chose si Bricks était en position, prête à couvrir leur retraite. Il fallait faire diversion, c’était une nécessité. John se sentit aussi soulagé à l’instar de Pedge, elle était pas loin d’eux et prête à les couvrir, enfin, il espérait qu’elle ne merde pas ce côté là de la mission ! Une fois pas deux ! L’hispanique rajouta en panique :
// Pedge...colonel...ils se dispersent, il y en a partout ! //
Cosette semblait attendre, tenant fermement son fumigène dans les mains. Elle ne savait pas quand elle devait le lancer, et elle comptait sur Sheppard pour le lui indiquer. L’objet en question lui filait une peur bleue, car elle ne comprenait pas ce qu’il allait faire. De la fumée ? Comment était-ce possible ? Est-ce qu’il y avait du feu d’enfermé là dedans ?
// Nelly, on sort par derrière la longère, à l’opposé des villageois. On fera un écran de fumée avec un fumi, essayez de les distraire pour qu’ils se regroupent, ou aillent vers un point donné qui nous laissera une marge de manoeuvre. //
// Reçu ! //
Pedge réfélchissait à toute allure, et elle espérait ne pas prendre des largesses de commandements sur les plates bandes de Sheppard. D’un côté, elle ne portait pas Jessy, et elle avait les mains libres, ce qui ne dispensait pas le colonel de réfléchir, bien entendu.
John ne prit nullement ombrage de l’ordre d’Allen, après tout elle est officier et on lui demande de réfléchir et non d’être un bon exécutif comme un simple soldat ! Il était en accord avec cet ordre et avait déjà à faire avec la scientifique. Il fit signe, pour que le groupe longe la maison. Tout allait sur des roulettes, jusqu’au moment… Où personne n’avait prévu, que des soldats avec leur fourches, aient prit de l’avance, où du moins, les soldats qui avaient pourchassée Nelly, revenait en piteux état (avec surement des personnes en moins), par le côté où les Atlantes comptait fuir.
Immédiatement, l’un des hommes, sonna à sa corne pour avertir les autres. John regarda Cosette et prit dans ces bras-là scientifique pour la faire tourner sur son dos, pour la porter plus efficacement. Passant son sac sur le devant, ajustant avec son arme qui se retrouvait plaquée contre le sac. Au pire, il utiliserait son pistolet, mais il ne pouvait pas tout faire.
« Enlève le cercle et balance le fumigène vers eux le plus loin possible !»
La pauvre jeune femme trembla de pieds en cape et dégoupilla du mieux qu’elle put, s’étonnant de la résistance de ce cercle métallique… Dès qu’elle vit de la fumée s’échapper de l’étrange objet, elle le lança vers les soldats au loin. John se mit à courir, enfin essayait avec son poids sur le dos. Il fallait profiter de cet écran au plus vite ! Et le colonel, se mit à courir vers la forêt.
Faire diversion…
Nelly s’était déjà préparé à tirer en aménageant un peu son poste d’observation. En plaçant quelques pierres et ayant dégagé des feuilles mortes pour poser le canon de son arme et stabiliser sa visée le plus possible. Ce n’était certainement pas avec un MP5 qu’elle pourrait jouer d’un tir de précision mais c’était toujours ça de pris pour être au maximum efficace. Elle était en train de disposer un chargeur à portée de main, déjà sorti, lorsqu’elle avait eu cet appel.
Elle se positionna le mieux possible, essayant de se souvenir des conseils de son instructeurs lorsqu’elle avait fait ses classes, ainsi que les remarques lors de son test pour la mutation. L’oeil sur l’organe de visée, elle monta légèrement plus haut pour compenser le trajet de la balle. Ils approchaient de plus en plus, ça lui foutait la frousse, il fallait impérativement les retenir, faire gagner du temps à Sheppard. Alors elle visa devant les pieds des premiers et veilla à ne pas se tromper.
// Diversion en cours : tir ! // Annonça-t-elle à la radio.
Ne pas se presser, être lente mais précise.
Elle bloqua sa respiration et pressa la détente.
Plusieurs rafales montèrent jusqu’à eux pour se planter deux ou trois mètres devant la foule qui sortait du bois. Elle avait visé au bon endroit et elle activa son laser, qui ne servirait à rien malgré la distance, mais qui intéresserait sûrement ces braves enfants de choeurs au lieu de fouiller la longère.
Nelly vida son chargeur de cette façon, rafales par rafales, cherchant à leur interdire toute approche en direction de la position de ses amis. Elle remarqua qu’un des civils s’étaient écroulés en se tenant le flanc, elle avait dû le toucher mais elle ne s’en formalisa pas. Vu ce qu’ils avaient fait subir à McKenzy, elle n’allait pas faire dans la compassion. Elle engagea un nouveau chargeur et balaya une nouvelle fois l’avant de la colonne pour les faire reculer, ou dévier à l’opposé du village. Mais il y en avait de plus en plus au point qu’elle peinait à garder ce troupeau bien uni. Alors qu’elle engageait son dernier magasin et tirait le chien, elle écarquilla les yeux en voyant une patrouille inattendue qui se noyait dans la brume d’une fumigène à peine déclenché.
La jeune femme se revit quelques heures plus tôt, croyant faire peur à la foule lorsqu’elle avait déclenché la sienne. Deux soldats avaient bien failli la rattraper. Son canon dévia alors sur l’écran de fumée, elle voulait y vider son chargeur pour appuyer ses amis mais son doigt s’arrêta à mi-chemin. Pedge allait régler ça, l’ordre c’était de faire diversion et elle avait assez déconné. Alors elle retourna vers le reste de la troupe pour les retenir, visant cette fois-ci les jambes de ceux qui comptaient foncer sur la position de Sheppard. Il ne lui restait plus beaucoup de munitions alors elle tira au coups par coups.
Ses dernières cartouches tombèrent avant le clic fatidique...et c’est là qu’elle entendit un bruit dans son dos...un cri de guerre !
Nelly s’était déjà préparé à tirer en aménageant un peu son poste d’observation. En plaçant quelques pierres et ayant dégagé des feuilles mortes pour poser le canon de son arme et stabiliser sa visée le plus possible. Ce n’était certainement pas avec un MP5 qu’elle pourrait jouer d’un tir de précision mais c’était toujours ça de pris pour être au maximum efficace. Elle était en train de disposer un chargeur à portée de main, déjà sorti, lorsqu’elle avait eu cet appel.
Elle se positionna le mieux possible, essayant de se souvenir des conseils de son instructeurs lorsqu’elle avait fait ses classes, ainsi que les remarques lors de son test pour la mutation. L’oeil sur l’organe de visée, elle monta légèrement plus haut pour compenser le trajet de la balle. Ils approchaient de plus en plus, ça lui foutait la frousse, il fallait impérativement les retenir, faire gagner du temps à Sheppard. Alors elle visa devant les pieds des premiers et veilla à ne pas se tromper.
// Diversion en cours : tir ! // Annonça-t-elle à la radio.
Ne pas se presser, être lente mais précise.
Elle bloqua sa respiration et pressa la détente.
Plusieurs rafales montèrent jusqu’à eux pour se planter deux ou trois mètres devant la foule qui sortait du bois. Elle avait visé au bon endroit et elle activa son laser, qui ne servirait à rien malgré la distance, mais qui intéresserait sûrement ces braves enfants de choeurs au lieu de fouiller la longère.
Nelly vida son chargeur de cette façon, rafales par rafales, cherchant à leur interdire toute approche en direction de la position de ses amis. Elle remarqua qu’un des civils s’étaient écroulés en se tenant le flanc, elle avait dû le toucher mais elle ne s’en formalisa pas. Vu ce qu’ils avaient fait subir à McKenzy, elle n’allait pas faire dans la compassion. Elle engagea un nouveau chargeur et balaya une nouvelle fois l’avant de la colonne pour les faire reculer, ou dévier à l’opposé du village. Mais il y en avait de plus en plus au point qu’elle peinait à garder ce troupeau bien uni. Alors qu’elle engageait son dernier magasin et tirait le chien, elle écarquilla les yeux en voyant une patrouille inattendue qui se noyait dans la brume d’une fumigène à peine déclenché.
La jeune femme se revit quelques heures plus tôt, croyant faire peur à la foule lorsqu’elle avait déclenché la sienne. Deux soldats avaient bien failli la rattraper. Son canon dévia alors sur l’écran de fumée, elle voulait y vider son chargeur pour appuyer ses amis mais son doigt s’arrêta à mi-chemin. Pedge allait régler ça, l’ordre c’était de faire diversion et elle avait assez déconné. Alors elle retourna vers le reste de la troupe pour les retenir, visant cette fois-ci les jambes de ceux qui comptaient foncer sur la position de Sheppard. Il ne lui restait plus beaucoup de munitions alors elle tira au coups par coups.
Ses dernières cartouches tombèrent avant le clic fatidique...et c’est là qu’elle entendit un bruit dans son dos...un cri de guerre !
Environnement |
Si les villageois revenaient tranquillement, en chantant, de leur petite escapade sacrificielle dans la forêt, ils étaient désormais en panique. Des mottes de terre se soulevaient devant leur pied, sans qu’ils ne sachent pourquoi, et certains s’effondraient en voyant leur membre transpercé, voir arraché en partie. Ils hurlaient comme des porcs qu’on égorge, foutant les pétoches aux autres villageois. Certains criaient que c’étaient les sorciers les responsables, qu’ils se vengeaient de ce qu’ils avaient fait subir à l’une des leurs, d’autre que c’était le Démon. Certains priaient sur place, d’autre se couvraient les oreilles en se prosternant sur place, pour échapper au bruit des détonations, quand certains couraient en tous sens pour se réfugier à l’abri. Le fumigène fut l’apothéose du bordel. Cette fois c’était sûr et certain, les enfers se déversaient sur eux et ils allaient tous mourir. Des femmes s’évanouirent, des hommes tentèrent de rentrer leurs enfants dans les chaumières. Très peu furent ceux qui allèrent vers la fumée. Ainsi, Pedge, John, Jessy ne furent pas importunés et ils parvinrent sans encombre jusqu’à la forêt.
Du côté de Nelly par contre, ce n’était pas la même chose. Le cri de guerre dans son dos n’était autre que celui d’un homme imposant, qui voyait les siens paniquer. Il tenait la responsable, il allait pouvoir faire en sorte que tout cela cesse. Il était chauve, la barbe fournie, et il portait une bure marron délavée par le temps, nouée à la taille par une ceinture en cuir défraîchie. A son cou pendait des symboles similaires à ceux gravés dans les arbres, tandis qu’au bout de ses oreilles aux lobes déformés par le poids, pendaient des runes. Il avait les yeux exorbités de voir le démon en face de lui, et il comptait bien se battre avec hardiesse et courage pour le défaire, faisant fit de sa peur, comblant ses appréhensions par son fanatisme divin.
Nelly ne le savait pas encore, mais elle était devant l’entité qui représentait la foi de ces gens. Un prêtre pourrait-on dire, une sorte de messager divin, qui dévouait sa vie à combattre la sorcellerie et l’obscurantisme des enfers. Toute sa vie, il avait attendu un moment comme celui-là. Il n’avait pas d’arme. Simplement ses poings, et sa foi. Il fonça sur Nelly.
Du côté des autres aventuriers, Jessy s’accrocha brutalement à Sheppard, avant de se laisser tomber à plat ventre pour vomir de la bille. Elle éructa et cracha en couinant de douleur, forçant le groupe à s’arrêter.
Ce bruit lui arracha un cri de surprise alors qu’elle se retournait vivement sur le dos, abandonnant son MP5 qu’elle savait vide de munitions, pour porter la main sur la crosse de son arme de poing. Son regard s’était déjà posé sur l’homme qui se tenait devant elle, écarquillant également les yeux tout en faisant l’erreur de le prendre pour l’un des hommes de Conan. Allez savoir ce qui lui était passé par la tête à ce moment-là mais Nelly avait eu une déduction très altérée. Elle s’était dit que cet homme venu dans son dos ne pouvait déboucher que de la même trajectoire emprunté par les sauvages qui ne voulaient pas la laisser rejoindre le village. Son coeur battait encore brutalement dans sa poitrine sous l’effet de la surprise, son regard s’attardant sur les insignes religieuses et la tenue de l’étranger, quand elle comprit l’erreur qu’elle venait de commettre.
Ni une ni deux, le chauve s’élança en direction du sol pour se munir d’une vieille branche, d’un bâton, d’un machin. Peu importe, Nelly essayait fébrilement de tirer son neuf millimètres d’un geste trop tendu pour être précis. Le temps qu’elle comprenne qu’elle n’avait pas retiré la languette de protection, qu’elle tire finalement son arme pour le pointer sur son ennemi, le bois vola et emporta sa main sur le coté. Le coup partit en un énorme “PAHHH” qui se perdit dans les bois, en même temps que l’arme s’enfouissant profondément sous un amas de feuille morte, et le chauve releva son arme sur un revers qu’elle esquiva dans un bond qui tenait presque de l’instinct miraculeux.
« SORCIÈRE ! » Hurla-t-il rageusement tout en fondant sur elle.
Nelly aurait voulu appeler à l’aide. Demander Pedge à la radio, avertir le reste de l’équipe, que la cavalerie débarque pour lui régler son compte. Ce type était deux fois plus grand et quinze fois plus lourd qu’elle ! Nelly avait l’impression d’être une brindille faisant face à un glissement de terrain. La peur était là...ou la terreur, plutôt !...la terreur était là mais endormie sous le sentiment de péril imminent. Dans le feu de l’action, elle se retrouvait tendue à l’extrême, désormais bien consciente qu’un duel à mort inégal venait de s’engager.
Elle tira rapidement son poignard au moment où Brutus (elle l'appellerait comme ça) gueulait de nouveau en fonçant sur elle, la matraque bien en l’air. Nelly se jeta sur lui en mêlant son cri au sien, plantant sa lame dans un mouvement de pic à glace dans l’épaule avant que le coup ne porte. Elle aurait bien voulu répéter l’opération mais une lutte de cette envergure rendait son ennemi très réactif et extrêmement dangereux. Il avait à peine lâché son arme sous le coup de la douleur, sa plainte s’étouffant pour reprendre une pleine vigueur, que ses mains étaient venues enserrer son gilet tactique pour la soulever comme un fétu de paille.
Une terrible douleur irradia dans sa colonne vertébrale et dans son crâne, sa vue s’assombrissant autour de quelques chandelles, et elle comprit tardivement qu’il l’avait brutalement plaqué contre un tronc.
Elle était secouée n’importe comment, il avait une force terrifiante, ça lui semblait insurpassable. Mais Nelly n’avait pas l’intention de se laisser faire, elle tentait d’user des techniques qu’elle avait apprise durant sa formation mais, sans l’automatisme, la force qu’elle tenta d’exercer fût parfaitement insuffisante. Sa formation s’était limité au minimum de base. Pas de spécialisation comme pour un agent de terrain. Celui qui s’améliorait au corps à corps ou au tir ne s’entrainait pas à l’interception missile comme elle l’avait fait. C’était une copilote avec le meilleur ration de destruction, pas une pugiliste qui s’en serait défaite en deux tours de bras. Encore un choc, à se faire écraser contre le tronc d’arbre, et dans sa détresse, elle porta la main jusqu’à ces runes qui lui pendouillait sous le nez. Nelly s’en empara et les tira de toutes ses forces, arrachant une bonne moitié de l’oreille droite du Brutus qui se mit une nouvelle fois à gueuler. L’hispanique remonta alors son genou pour chercher la virilité de son adversaire et le sentit se recroqueviller, libérant enfin son étreinte.
C’était le moment de filer !
La jeune femme fit les premiers pas, engageant sa course en évitant de s’emmêler les pinceaux, mais Brutus semblait plus résistant que ça et il se jeta sur elle, l’écrasant de tout son poids en l’amenant au sol à sa suite. Ils roulèrent ensemble dans les feuilles mortes, les cris et les plaintes se mêlant. Mais ce type avait la taille, le poids et la force pour lui, il était complètement fanatique. Il parvint à lui monter dessus, lui écartant de force les bras pour exposer pleinement son visage, puis Brutus arma son poing et l’abattit sans la moindre retenue.
BAM ! BAM ! ET BAMMM !
Nelly s’affaissa quelque peu, le regard perdu, complètement sonnée, tandis que son adversaire assurait sa position en lui montant dessus à califourchon. Brutus leva le regard vers le ciel, prenant une longue et lente inspiration fervente, puis il la regarda dans un air pleinement dominant. Complétement paralysée, déboussolée, l’hispanique sentit la panique l’envahir. Elle savait qu’il ne fallait surtout pas la laisser gagner, que cela signerait surement la fin de sa vie, mais elle n’y parvint pas. Elle pensait que l’équipe était encore loin, qu’ils devaient s’occuper de McKenzy et qu’elle était sûrement bien peu de chose au final. Bref, Nelly fût envahit par le désespoir.
Elle qui pensait se faire virer par Sheppard. L’officier n’aurait finalement pas besoin de prendre cette peine. Mais dans les méandres de son étourdissement, elle atteignait simplement ce constat lorsque Brutus porta son regard sur elle. Il était en train de psalmodier quelque chose en se munissant de l’un de ses signes religieux. Nelly se sentit se débattre inutilement, l’homme lui écartant une nouvelle fois les bras, avant de lui asséner un coup supplémentaire. Il y avait quelque chose de chaud qui coulait sur sa figure, comme de la boue, ou de la mélasse, un truc poisseux. Elle ne comprenait pas vraiment ce que c’était.
« Chuttttt...tout va bien, ce sera rapide... » Siffla doucement celui-ci d’un air bienveillant et paternaliste, ce qui le rendait encore plus malsain et terrifiant.
Le regard de Brutus la considéra une nouvelle fois alors que sa main s’égara doucement dans ses cheveux emmêlés. Elle glissa ensuite le long de son cou et de sa poitrine pour revenir sur l’encadrure des lourdes jambes de l’agresseur qui délia doucement sa ceinture. L’idée qu’il veuille soudainement la violer lui fît l’effet d’un coup de tonnerre et Nelly s’agita brutalement en s’écriant :
« Pas ça...NON ! PITIÉ ! »
Sa voix s’était étranglée dans une détresse et une panique qu’elle ne se connaissait pas. Les menaces de mort, elle en avait vécu des tas dans le cockpit de son F-302. Mais elle était toujours avec son pilote et dans un tout autre environnement. Là, elle se sentait démunie, exposée, complètement soumise aux idées de ce type. Elle avait beau essayer de bouger, ce poids infernal la privait de tout mouvement, rendait même sa respiration contraignante et difficile. Nelly remua des bras et des jambes comme une forcenée, refusant que Brutus ne la touche, mais elle ne parvenait qu’à l’énerver davantage. La panique la gagna entièrement et elle hurla à pleins poumons :
« SHEPPARD ! PEDGEEEE !!!! »
Brutus lui prit la tête entre ses mains avant de la cogner brusquement contre le sol une fois, puis deux. Le cri de détresse de Nelly cessa immédiatement.
En s’affaissant comme un pantin désarticulé, le visage défiguré dans une expression de douleur muette, elle le vit ôter sa ceinture avec un mouvement lent et presque chorégraphique alors que tout un chapelet de prière se déversait. L’homme passa la ceinture autour de son cou, chassant les bras qui se levait avec une effroyable lenteur, ne défendant plus rien du tout. Le voilà maintenant, entourant les deux extrémités du lien en cuir autour de ses mains pour une meilleure prise, préparant sa strangulation avec une minutie et une intense concentration.
« Les engeances du Démon qui descendent des enfers…RESTENT en enfer... »
Et il serra. Une pression terrible bloqua sa respiration et lui fit mal. Une douleur si horrible que son visage s’étira, prenant la teinte rouge tomate, allant jusqu’à lui faire sortir la langue. Cela lui avait fait expulser le peu d’air qui lui restait dans les poumons mais rien ne vint ensuite. Nelly tendit sa machoire vers le ciel dans le vain espoir de pouvoir happer ne serait-ce qu’une once d’oxygène, ses jambes battant à peine les feuilles mortes, tandis qu’un voile de fourmillement semblait descendre sur elle.
Son coeur cognait à tout rompre, Brutus serrait tranquillement, et elle était là, à l’agonie, incapable de s’en sortir. Ses mains étaient venu accrocher son manteau dans l’espoir de le repousser, de l’éloigner d’elle à tout prix, mais elle était si faible maintenant que sa tentative s’apparentait à des caresses d’un point de vue extérieur. Sa main droite redescendit alors dans les feuilles à la recherche d’une arme quelconque, d’une pierre, quelque chose à lui envoyer dans la figure. Mais Nelly n’était pas dans un film à sensation. C’était la réalité et il n’y avait ni pierres, ni branches.
Alors que cette douleur atteignait un paroxysme inégalé, qu’elle n’avait jamais connu, Nelly fût prise d’un terrible sentiment d’abandon. Ses yeux suppliants ne trouvaient pas écho chez son agresseur et elle était foutue, carrément foutue. Son regard horrifié ne cessait de courir à droite et à gauche à la recherche de ses collègues.
Sheppard, Pedge, le punisher, où étaient-ils ??? Pourquoi n’étaient-ils pas là pour elle ? Pourquoi est-ce qu’ils la laissaient tomber comme ça ?
Nelly se sentit partir. Il faisait de plus en plus sombre et, dans le chaos tumultueux de son esprit, elle eut son dernier trait d’humour en songeant que ce type aurait au moins eu la sympathie de la faire partir durant une mission sur Pégase. Lui évitant de mourir une fois virée sur Terre…
Ni une ni deux, le chauve s’élança en direction du sol pour se munir d’une vieille branche, d’un bâton, d’un machin. Peu importe, Nelly essayait fébrilement de tirer son neuf millimètres d’un geste trop tendu pour être précis. Le temps qu’elle comprenne qu’elle n’avait pas retiré la languette de protection, qu’elle tire finalement son arme pour le pointer sur son ennemi, le bois vola et emporta sa main sur le coté. Le coup partit en un énorme “PAHHH” qui se perdit dans les bois, en même temps que l’arme s’enfouissant profondément sous un amas de feuille morte, et le chauve releva son arme sur un revers qu’elle esquiva dans un bond qui tenait presque de l’instinct miraculeux.
« SORCIÈRE ! » Hurla-t-il rageusement tout en fondant sur elle.
Nelly aurait voulu appeler à l’aide. Demander Pedge à la radio, avertir le reste de l’équipe, que la cavalerie débarque pour lui régler son compte. Ce type était deux fois plus grand et quinze fois plus lourd qu’elle ! Nelly avait l’impression d’être une brindille faisant face à un glissement de terrain. La peur était là...ou la terreur, plutôt !...la terreur était là mais endormie sous le sentiment de péril imminent. Dans le feu de l’action, elle se retrouvait tendue à l’extrême, désormais bien consciente qu’un duel à mort inégal venait de s’engager.
Elle tira rapidement son poignard au moment où Brutus (elle l'appellerait comme ça) gueulait de nouveau en fonçant sur elle, la matraque bien en l’air. Nelly se jeta sur lui en mêlant son cri au sien, plantant sa lame dans un mouvement de pic à glace dans l’épaule avant que le coup ne porte. Elle aurait bien voulu répéter l’opération mais une lutte de cette envergure rendait son ennemi très réactif et extrêmement dangereux. Il avait à peine lâché son arme sous le coup de la douleur, sa plainte s’étouffant pour reprendre une pleine vigueur, que ses mains étaient venues enserrer son gilet tactique pour la soulever comme un fétu de paille.
Une terrible douleur irradia dans sa colonne vertébrale et dans son crâne, sa vue s’assombrissant autour de quelques chandelles, et elle comprit tardivement qu’il l’avait brutalement plaqué contre un tronc.
Elle était secouée n’importe comment, il avait une force terrifiante, ça lui semblait insurpassable. Mais Nelly n’avait pas l’intention de se laisser faire, elle tentait d’user des techniques qu’elle avait apprise durant sa formation mais, sans l’automatisme, la force qu’elle tenta d’exercer fût parfaitement insuffisante. Sa formation s’était limité au minimum de base. Pas de spécialisation comme pour un agent de terrain. Celui qui s’améliorait au corps à corps ou au tir ne s’entrainait pas à l’interception missile comme elle l’avait fait. C’était une copilote avec le meilleur ration de destruction, pas une pugiliste qui s’en serait défaite en deux tours de bras. Encore un choc, à se faire écraser contre le tronc d’arbre, et dans sa détresse, elle porta la main jusqu’à ces runes qui lui pendouillait sous le nez. Nelly s’en empara et les tira de toutes ses forces, arrachant une bonne moitié de l’oreille droite du Brutus qui se mit une nouvelle fois à gueuler. L’hispanique remonta alors son genou pour chercher la virilité de son adversaire et le sentit se recroqueviller, libérant enfin son étreinte.
C’était le moment de filer !
La jeune femme fit les premiers pas, engageant sa course en évitant de s’emmêler les pinceaux, mais Brutus semblait plus résistant que ça et il se jeta sur elle, l’écrasant de tout son poids en l’amenant au sol à sa suite. Ils roulèrent ensemble dans les feuilles mortes, les cris et les plaintes se mêlant. Mais ce type avait la taille, le poids et la force pour lui, il était complètement fanatique. Il parvint à lui monter dessus, lui écartant de force les bras pour exposer pleinement son visage, puis Brutus arma son poing et l’abattit sans la moindre retenue.
BAM ! BAM ! ET BAMMM !
Nelly s’affaissa quelque peu, le regard perdu, complètement sonnée, tandis que son adversaire assurait sa position en lui montant dessus à califourchon. Brutus leva le regard vers le ciel, prenant une longue et lente inspiration fervente, puis il la regarda dans un air pleinement dominant. Complétement paralysée, déboussolée, l’hispanique sentit la panique l’envahir. Elle savait qu’il ne fallait surtout pas la laisser gagner, que cela signerait surement la fin de sa vie, mais elle n’y parvint pas. Elle pensait que l’équipe était encore loin, qu’ils devaient s’occuper de McKenzy et qu’elle était sûrement bien peu de chose au final. Bref, Nelly fût envahit par le désespoir.
Elle qui pensait se faire virer par Sheppard. L’officier n’aurait finalement pas besoin de prendre cette peine. Mais dans les méandres de son étourdissement, elle atteignait simplement ce constat lorsque Brutus porta son regard sur elle. Il était en train de psalmodier quelque chose en se munissant de l’un de ses signes religieux. Nelly se sentit se débattre inutilement, l’homme lui écartant une nouvelle fois les bras, avant de lui asséner un coup supplémentaire. Il y avait quelque chose de chaud qui coulait sur sa figure, comme de la boue, ou de la mélasse, un truc poisseux. Elle ne comprenait pas vraiment ce que c’était.
« Chuttttt...tout va bien, ce sera rapide... » Siffla doucement celui-ci d’un air bienveillant et paternaliste, ce qui le rendait encore plus malsain et terrifiant.
Le regard de Brutus la considéra une nouvelle fois alors que sa main s’égara doucement dans ses cheveux emmêlés. Elle glissa ensuite le long de son cou et de sa poitrine pour revenir sur l’encadrure des lourdes jambes de l’agresseur qui délia doucement sa ceinture. L’idée qu’il veuille soudainement la violer lui fît l’effet d’un coup de tonnerre et Nelly s’agita brutalement en s’écriant :
« Pas ça...NON ! PITIÉ ! »
Sa voix s’était étranglée dans une détresse et une panique qu’elle ne se connaissait pas. Les menaces de mort, elle en avait vécu des tas dans le cockpit de son F-302. Mais elle était toujours avec son pilote et dans un tout autre environnement. Là, elle se sentait démunie, exposée, complètement soumise aux idées de ce type. Elle avait beau essayer de bouger, ce poids infernal la privait de tout mouvement, rendait même sa respiration contraignante et difficile. Nelly remua des bras et des jambes comme une forcenée, refusant que Brutus ne la touche, mais elle ne parvenait qu’à l’énerver davantage. La panique la gagna entièrement et elle hurla à pleins poumons :
« SHEPPARD ! PEDGEEEE !!!! »
Brutus lui prit la tête entre ses mains avant de la cogner brusquement contre le sol une fois, puis deux. Le cri de détresse de Nelly cessa immédiatement.
En s’affaissant comme un pantin désarticulé, le visage défiguré dans une expression de douleur muette, elle le vit ôter sa ceinture avec un mouvement lent et presque chorégraphique alors que tout un chapelet de prière se déversait. L’homme passa la ceinture autour de son cou, chassant les bras qui se levait avec une effroyable lenteur, ne défendant plus rien du tout. Le voilà maintenant, entourant les deux extrémités du lien en cuir autour de ses mains pour une meilleure prise, préparant sa strangulation avec une minutie et une intense concentration.
« Les engeances du Démon qui descendent des enfers…RESTENT en enfer... »
Et il serra. Une pression terrible bloqua sa respiration et lui fit mal. Une douleur si horrible que son visage s’étira, prenant la teinte rouge tomate, allant jusqu’à lui faire sortir la langue. Cela lui avait fait expulser le peu d’air qui lui restait dans les poumons mais rien ne vint ensuite. Nelly tendit sa machoire vers le ciel dans le vain espoir de pouvoir happer ne serait-ce qu’une once d’oxygène, ses jambes battant à peine les feuilles mortes, tandis qu’un voile de fourmillement semblait descendre sur elle.
Son coeur cognait à tout rompre, Brutus serrait tranquillement, et elle était là, à l’agonie, incapable de s’en sortir. Ses mains étaient venu accrocher son manteau dans l’espoir de le repousser, de l’éloigner d’elle à tout prix, mais elle était si faible maintenant que sa tentative s’apparentait à des caresses d’un point de vue extérieur. Sa main droite redescendit alors dans les feuilles à la recherche d’une arme quelconque, d’une pierre, quelque chose à lui envoyer dans la figure. Mais Nelly n’était pas dans un film à sensation. C’était la réalité et il n’y avait ni pierres, ni branches.
Alors que cette douleur atteignait un paroxysme inégalé, qu’elle n’avait jamais connu, Nelly fût prise d’un terrible sentiment d’abandon. Ses yeux suppliants ne trouvaient pas écho chez son agresseur et elle était foutue, carrément foutue. Son regard horrifié ne cessait de courir à droite et à gauche à la recherche de ses collègues.
Sheppard, Pedge, le punisher, où étaient-ils ??? Pourquoi n’étaient-ils pas là pour elle ? Pourquoi est-ce qu’ils la laissaient tomber comme ça ?
Nelly se sentit partir. Il faisait de plus en plus sombre et, dans le chaos tumultueux de son esprit, elle eut son dernier trait d’humour en songeant que ce type aurait au moins eu la sympathie de la faire partir durant une mission sur Pégase. Lui évitant de mourir une fois virée sur Terre…
Environnement |
Personne n’avait entendu le hurlement de Nelly. Personne. C’était la panique dans le village, tout le monde hurlait suite à l’attaque soudaine et des plaies qui apparaissaient subitement sur les membres. Alors un cri de plus ou de moins, cela ne pesait pas lourd dans l’ambiance sonore actuelle. Le prête arrêta la strangulation quand il sentit qu’elle perdait connaissance. Non, il ne comptait pas la finir avec sa ceinture, car là n’était pas sa vocation. Il avait vaincu, il avait capturé une engeance, il appartenait maintenant à la vindicte populaire de la sacrifier. Mais avant toute chose, il fallait qu’il la fasse avouer. Elle devait s’exprimer comme le démon, ainsi, peut-être que son âme reviendrait vers eux au moment de la mise à mort.
Il l’étudia alors qu’il remettait sa ceinture. C’était une belle femme, taillée pour être tentante auprès du mortel, et ainsi l’entraîner vers des affres douloureuses. Il ne se ferait pas avoir, même s’il savait qu’il se masturberait longuement une fois qu’il aurait libéré cette poitrine opulente qu’il avait sous le nez. Tout ça avant de la graver de runes et de glyphes protectrices, comme il avait fait à l’autre blonde. D’ailleurs… Il prit une large poignée de cheveux dans ses mains, et il les laissa filer comme on le ferait avec de l’eau… De la soie. Rien que de la tentation ! Il faudrait la tondre également. Elle portait les mêmes vêtements que l’autre. Elles étaient probablement de la même tribu. Ces gens qui venaient de la Bouche des Enfers ne devaient plus communiquer avec quiconque ici. C’était décidé.
Il se redressa et il la charria sur son dos comme un vulgaire sac de patate, puis il marcha en direction du village. Il s’arrêta au niveau d’un soldat en armure.
« Ekaelle. Organise des hommes. Il faut consolider nos runes et nos glyphes autour de la Bouche. Elle a prit une vie aujourd’hui, et regarde… »
Il tourna d’un demi pied pour montrer le visage de Nelly qui pendait dans son dos. L’autre recula d’un pas en prenant conscience que c’était la sorcière qui les avait attaqué pour sauver son amie qui allait être sacrifiée.
« Elle nous a déjà envoyé une autre de ses représentantes. Les runes ne suffisent plus, organise aussi des gardes. Prévois un messager doté d’une monture svelte pour nous prévenir si d’autres viennent.»
Le prêtre cracha par terre en remettant correctement le poids plume sur son épaule, s’en foutant royalement s’il lui avait bourré l’estomac de son épaule à l’os saillant.
« J’avais dit à Jortard qu’il ne fallait pas laisser partir les autres… Foutu fils de fermier.»
Il s’éloigna du type sans attendre plus de réponse. Manifestement, il faisait figure d’autorité ici. Il pénétra dans la longère, descendit les mêmes marches que Sheppard avait emprunté en compagnie de Cosette. Il plaça Nelly dans une cellule, avant de constater que celle de Jessy était vide. Ses yeux s’agrandirent de stupeur, et sa colère résonna dans le cachot tellement il hurlait ! Il lui avait dit à Jortard qu’il aurait du laisser des gardes, mais ce crétin n’écoutait jamais ce qu’il disait ! Il était temps que quelqu’un le remette dans le droit chemin !
Il vérifia le verrou de la cellule de Nelly et il remonta, la laissant seule.
La main froide
Pedge / John |
La course fut effrénée même si la fumée et surtout la diversion de Nelly avait complètement occulté la fuite des deux officiers, Cosette et la victime. John entendait des hurlements de panique et autre cri d’effroi, Nelly avait foutu un beau bordel ! Très bien ! Pedge était fière aussi, surtout qu’il ne semblait pas y avoir de poursuite à leur endroit. La diversion était donc réussie. Cela ne l’empêchait pas de regarder les alentours tout en courant devant les trois autres.
Après John n’avait pas que ça à faire que de prêter attention aux bruits humains derrière lui, son objectif était de se rendre dans cette fichue forêt, pour se mettre à l’abri et surtout mettre au sol la scientifique, qui lui pesait sur le dos. Et qu’on dise pas que les pilotes ne font jamais de sport avec ça !
Et durant ce marathon, la scientifique reprit ses esprits, s’accrochant sans aucune douceur au cou de Sheppard qui allait avoir des marques ! Et cette fois, ce ne fut pas pour une nuit de folie ! Elle semblait l’avoir reconnu. Par chance, elle n'émit pas de bruit. Manquerait plus qu’elle hurle et que les villageois se radinent, quoiqu’avec le bruit…
Une fois arrivée et à une bonne distance dans l’épais feuillage pour éviter que d’éventuels soldats ne viennent leurs souhaiter la bonne année, John ralenti, soufflant un peu, regardant si tout le monde était là… sa maigre équipe de winner.
« Tout le monde va bien ? » Il regarda tout le monde, même la sauvageonne à qui il sourit, elle avait été courageuse avec la grenade et il n’aurait pas pensé qu’elle les suive vraiment d’ailleurs. En tant que muette, elle devait être attentive aux mimiques et il lui serait facile de voir que l’homme était plutôt sincère et bienveillant. D’ailleurs, elle lui fit un sourire timide, alors que Pedge revenait vers son supérieur, ayant inspecté rapidement les environs sur quelques pas. Elle était rouge d’avoir couru :
« Rien a signaler dans un environnement proche. J’ai l’impression qu’on les a semé. » fit-elle en jetant un coup d’oeil derrière le colonel, pour sonder le sous-bois.
« [color=mediumturquoise] Très bien ! On va se reposer un peu ! ]/color] » Dit-il le visage rougit par l’effort et quelques perles de sueurs sur le front.
Il marcha un peu dans le sous-bois, pour déposer Jessy, sur une souche d’arbre. Elle avait une sale mine, le crâne mal rasé le corps pleins de runes qui ne partiront pas, sauf avec une bonne séance de laser longue et douloureuse… Heureusement et avec l'aide de Cosette il avait réussi à la rhabiller d’une manière plus standard. Elle pouvait se féliciter de n’avoir qu’une paire de seins modeste, puisque sans soutiens gorges, les prochaines aventures lui seront douloureuses. Pourquoi pensait-il à ça ? Cela n’était pourtant pas une pensée perverse ni rien, mais ce fut un constat, quand il avait essayé de lui redonner forme humaine, mise à part une culotte en coton usagée elle n’avait rien eu de plus. Comme si le geôlier avait gardé un trophée ou avait jeté cet objet.
Enfin qu’importe, John souffla rudement détachant son sac et son arme, pour la poser à côté de la souche.
« Allen, surveillez nos arrières, Cosette reste près de Jessy » On va éviter qu’elle se balade et fasse Nelly n°2. En parlant d’elle, elle ne devait pas tarder à les rejoindre. Il lui laisse une dizaine de minutes avant de la contacter. Pedge indiqua qu’elle avait bien reçu et elle s’éloigna de quelques mètres pour surveiller les environs, restant à portée de regard et de parole. Le regard de John alla sur Jessy, se mettant devant elle, pour lui toucher l’épaule dans un signe réconfortant.
« Jessy… Vous allez bien ? » Question très con, mais que pouvait-il dire de plus ? ”La séance de torture était cool ? ils vous ont violé ? vous avez mal quelque part ?” … En une question il lui demandait tout cela et tout ce qu’elle pouvait bien vouloir leur dire. John n’avait jamais nommé la jeune femme par son nom de famille, du moins, pas depuis qu’ils avaient passé une nuit ensemble, il y a trois mois.
Il s’entendait bien avec elle, sans pour autant être des supers copains, il ignorait son existence ou presque il y a environs 5 mois donc bon. Une bonne entente de collègue, qui s‘était finie par un pied égal lors d’une soirée poker un peu trop arrosée organisé par Jessy. Et même si John ne buvait pas à s’en rendre malade il avait bien profité des effluves d’alcool du pays de la jeune femme. Enfin qu’importe, sur le coup, il avait oublié ce moment-là. Il n’avait jamais eu de problème depuis toutes ces années avec ce sujet et celui lui était passé au-dessus de la tête. Une de ses nombreuses conquêtes sans pour autant l’avoir vraiment marqué.
« John… », fit-elle dans un râle douloureux, en tenant le vêtement contre sa poitrine dans la peur qu'on lui enlève à nouveau, ses bras l'enveloppaient dans une protection rassurante comme une maman envelopperait son enfant, alors qu’elle se prostrait sur elle-même, se repliant en position fœtal. Elle semblait souffrir et ce n’était pas son état général qui allait infirmer cela.
« Je suis contente de voir que… », elle toussa légèrement, crachant un caillot de sang coagulé qu’elle devait garder dans sa bouche. D’ailleurs, en y regardant de plus près, il lui manquait des dents, quand elles n’étaient pas cassées… Ses joues étaient tuméfiées, signe qu’elle avait prise des baffes assez violentes pour lui déchausser les chicots en prime. « ....que la cavalerie est là. ». Elle tenta un pâle sourire édenté.
« C’est un peu tard pour moi j’ai l’impression. », dit-elle en fermant les yeux, oscillant entre la conscience, et l’envie de sombrer à nouveau.
John ferma immédiatement son visage, ne voulant pas qu’elle voit l’horreur sur son visage… Elle crachait des dents et du sang. Il n’avait aucune compétence médicale et Allen aussi. Il fallait rejoindre la porte au plus vite. Une tension désagréable alla le long de sa colonne vertébrale… Les fumiers.
Il s’agenouilla devant elle, lui frottant les cuisses, comme pour lui donner un peu de soutien, surtout après cette phrase horrible. Elle souffrait et elle annonçait sa mort en prime.
« On va te ramener sur Atlantis. » Il mettait beaucoup de conviction dans cette phrase pleine d’espoir et de chaleur. « Que s’est-t’il passé ? » Il chercha dans son sac une seringue de morphine pour la soulager.
Mine de rien, les gestes de réconforts, nullement intrusif, à la périphérie de son corps, l’aidait plus que les paroles. C’était agréable de sentir un peu de douceur après le calvaire qu’elle avait enduré. Le type, cet espèce de prêtre fanatique, n’avait jamais manifesté une once de douceur avec elle, restant rigide, inflexible, et sadique. Il ne s’était pas montré comme un pervers, qui pouvait donner, pour reprendre ensuite afin de blesser plus psychiquement sa victime. Non, si bien qu’elle arrivait à associer des gestes de réconfort à de la tendresse, sans crainte qu’on ne la frappe ensuite. La cavalerie était arrivée, comme elle l’avait si bien dit. Elle ne doutait pas une seule seconde qu’ils ne la ramèneraient pas sur Atlantis.
« Je sais. », souffla-t-elle dans un râle sifflant. Elle ouvrit les yeux, pour papillonner sur le visage de John. Il lui sourit simplement.
« C’est de ma faute. Tout se passait bien et… ils ont attrapé cette fille, une rousse. » Ses yeux se firent vague, mais cela ne dura que quelques secondes, avant qu’elle ne se reprenne un peu. « Pommos, elle s’appelait Pommos. »
Ce fut donc la jeune femme qu’ils avaient vu… John baissa les yeux doucement, il n'allait pas lui dire qu’elle était morte, elle devait le savoir.
Elle faisait un effort manifeste de mémoire. « J’ai voulu l’aider, j’ai discuté avec eux, j’ai plaidé en sa faveur, mais ils avaient toutes les raisons du monde de la considérer comme une sorcière… et du coup, je suis devenue moi-même une cible sans m’en rendre compte. Et tout a dérapé… »
Quelques larmes coulèrent sur ses joues, traçant un sillon dans la saleté de son visage. Elles se teintèrent rapidement de rouge en traversant les rigoles de sang coagulé sur ses pommettes, vestiges des ecchymoses qu’elle portait malheureusement sur le visage. Cosette s’était rapprochée elle aussi, et l’air de rien, elle plaqua la tête de la scientifique sur sa poitrine, en geste de réconfort.
Voilà comment était récompensé le don d’empathie chez les Atlantes : par des coups. Cela était révoltant. John ne dit rien, laissant faire Cosette qui avait décidé de faire un câlin à Jessy et cette étreinte semblait salvatrice, puisque la scientifique pleurait à chaude larmes. John se releva, frottant l’épaule de la pauvre, ayant beaucoup d’aigreur d’insister et surtout de lui faire en traitre, la piqure dans la nuque dans une veine visible au milieu de son corps bleuté. La morphine la soulagerait.
Jessy, se détacha doucement des bras de Cosette, pour regarder John, elle ne voulait pas sourire, puisqu’elle avait honte de son rictus édenté… dans quel état allait-elle revenir ? Les médecins n’arriveront jamais à lui refaire un corps comme autrefois, plus personne n’oserait la regarder ou même la désirer et les miroirs ? Allait-elle les briser un part un ? De honte de son reflet… D’autres larmes coulaient une nouvelle fois.
John l’encourageait du regard à continuer son récit… Il toisa Allen, qui toisait les environs et lui fit un geste de moulinette sur son oreillette, pour qu’elle contacte Nelly, pour l’informer de leur position.
Pedge était suffisamment proche pour entendre ce que Jessy racontait, mais suffisamment loin pour ne pas l’étouffer. Elle avait assez de John et de Cosette autour d’elle. Son récit la révoltait plus qu’elle ne le montrait. Si ça ne tenait qu’à elle, elle retournerait dans ce village pour faire le ménage. C’était un peu ce sentiment là qu’elle avait eu sur Ovidae, et elle avait su faire avec. Malheureusement, cette galaxie regorgeait de peuple primitif comme celui-là, et quelque part, c’était aussi une volonté des Wraiths de maintenir les humains, leur troupeau en quelque sorte, à l’ère des consciences obscures. Pas d’élévation de l’esprit, pas de progrès technologique, le strict minimum pour qu’ils pêchent, chassent, fassent un peu d’agriculture, afin de se reproduire et d’engendrer du bétail en plus pour nourrir les ruches.
La militaire jouait distraitement avec une sangle de son gilet tactique tout en guettant les bruits suspects dans les bois, ainsi que l’arrivée éventuelle d’ennemis. Elle capta le regard de Sheppard, qui lui fit comprendre de contacter Nelly.
// Nelly, quel est votre position, vous devriez nous rejoindre maintenant. //
Elle attendait une réponse pour lui indiquer l’azimut. Mais rien ne vint à part le silence. Pedge porta la main à son oreillette pour l’appuyer sur son pavillon auditif.
// Bricks ? Répondez Bricks. //
Le lieutenant fit les gros yeux à Sheppard, lui demandant implicitement s’il l’entendait dans sa radio. Peut-être que son transmetteur déconnait et que le Colonel parviendrait à la contacter, lui.
John fut interloqué et essaya de contacter Bricks en vain
// Bricks ? Bricks vous nous entendez ? // Apparemment non… Cela commençait à être inquiétant, ça se trouve elle était en zone sensible et ne pouvait pas parler sans se faire repérer ? Pourtant tout le monde avait dû rejoindre le village non ?
Jessy de son côté, commençait à s’apaiser sous l’effet de la morphine et des gestes de réconforts. Sans trop se rendre compte du trouble des militaires, elle continua d’ailleurs son récit.
« Ils nous ont invité à manger, et soudainement, on a été pris en otage. Je fus mise aux arrêts, et les autres furent dépouillés de leurs équipements. Néanmoins, les villageois ne les considéraient pas comme des sorciers eux aussi. Moi par contre… » Elle soupira. « Moi par contre, j’avais été séduit par les enfers, en prenant la défense de cette femme, je manifestai un attrait, une corruption, et je devais m’en défaire. Et voilà comment ils procèdent. », dit-elle en se montrant du doigt… Elle n’était pas précise à souhait dans son récit, mais elle faisait du mieux qu’elle pouvait avec les idées qu’elle avait du mal à ordonner.
AVENGEDINCHAINS
Il y avait un goutte à goutte continu.
L’écoulement perlait depuis une hauteur et impactait une flaque en faisant le son caractéristique d’une goutte qui éclate. C’était la signature parfaite du film d’horreur bien glauque et malsain. Des murs en pierre de grés, collés avec du mortiers effrités en divers endroits, et des gravures de ces insignes tribaux bizarroïdes. La pénombre se mêle à la lueur faiblarde et timide d’une bougie qui se meurt sur la table du geôlier, là-bas. Du coup, il n’y a presque rien à voir.
Plic...plic...plic…
C’est bien la seule activité sonore dans le coin.
Pas de toux trahissant la présence d’un gardien enrhumé, pas de bruit de pas d’un garde impatient et pas de tête de curieux venu observer la sorcière qu’elle était. Non...personne.
Ah ? Si...il y a un murmure...un gémissement de douleur. Il est faible et altéré par une gorge abimée, c’est à croire qu’il sort d’un type grippé et sur son lit de mort. Il y a du son et de la lumière, ça veut dire de la conscience. Mais alors pourquoi il est impossible de bouger ?
Nelly entendit de nouveau cette plainte faible et mourante. Elle n’avait pas encore comprit que ça venait d’elle. Encore complètement sonnée, elle ne voyait que la lumière et n’entendait que ce goutte à goutte insupportable. Sa tête était révulsée en arrière, tirée par la gravité qui voulait la contraindre à se renverser sur le dos mais quelque chose l’en empêchait.
La douleur...elle était si violente…
Elle avait mal partout, dans chaque fibres de son corps, et ses poumons s’embrasaient à chaque inspirations. Nelly voulait y échapper alors elle arrêtait de respirer...une seule seconde...avant de se raviser et de se replonger dans ce maelstrom. Pourquoi est-ce que l’image de Pedge s’imposait soudainement à elle ? Vous savez, cette fois-là où elle était si en colère qu’elle avait proposé de lui faire connaître le mal qu’elle avait subi par la torture…
C’était pire que ça ? C’était pire ?
Mais comment était-ce possible ! Comment est-ce qu’on pouvait avoir plus mal que ça ?
Quelque chose lui tomba dans les yeux. Des gouttes chaudes et poisseuses qui déclenchèrent une réaction de crispation sur son visage alors qu’elle s’en écartait. C’est là qu’un éclair de douleur se déclencha dans ses épaules, lui arrachant une plainte, et lui faisant comprendre pourquoi elle ne tombait pas à la renverse. Elle était suspendue par des chaînes qui entravaient ses poignets. D’ailleurs, elle avait fini par saigner et c’est ce qu’elle recevait sur la figure. Mais malgré tout, la douleur la plus importante restait celle de ses poumons.
L’espagnole émergeait doucement. Plus elle reprenait conscience et plus la douleur se faisait vive et violente. Regarder autour d’elle, en essayant de forcer sur les muscles de sa nuque pour redresser son visage, fût similaire à la pénétration d’un fer rouge dans le crâne. Elle serra les dents tout en poussant une longue plainte et elle parvint à observer son environnement. Les chaînes la suspendaient un peu. Elle pourrait se redresser pour soulager ses épaules et empêcher ses poignets de saigner mais ses jambes refusaient de lui répondre. C’était comme deux morceaux de bois morts, ses membres pendaient négligemment en encaissant à peine l’oscillation de ses mouvements.
« A l’aide… » fît une toute petite voix qui s’évaporait déjà dans l’air.
Nelly se racla la gorge et abandonna l’idée de parler. Elle se concentra sur ses jambes et essaya de les bouger encore une fois. Cette fois, ça semblait répondre. Même si ça n’allait pas lui permettre de se tenir debout, fière et bien droite, elle pourrait se soulager un peu les bras. Elle avait fini par intégrer le fait qu’elle avait été emprisonnée et l’image de la sorcière sur la croix, prête à être sacrifiée dans le vortex, lui revint en tête. C’est ce qui l’attendait à coup sûr et...et les autres ????
Nelly écarquilla les yeux a cette pensée. Est-ce qu’ils s’en étaient sorti ? Ou étaient-ils prisonniers comme elle ??? Son coeur se mit à battre plus vite. Que ce soit le cas ou non, elle aurait préféré mourir que d’avoir été un boulet vivant. Au moins, c’était vite réglé.
Il ne semblait y avoir aucun espoir et sa première mission était une catastrophe. Quand elle avait entendu ce qu’il était advenu à Jessy par la radio, il n’était pas difficile de faire un rapprochement et comparer sa situation. La première sacrifiée riait en se voyant placée devant l’anneau, elle avait tellement souffert que la mort devait être une belle liberté pour elle. Nelly prenait-elle le même chemin ?
// Nelly, quelle est votre position, vous devriez nous rejoindre maintenant. //
PEDGE ! C’était Pedge !
Nelly ne pensait pas que cette voix pro et détachée lui manquerait à ce point et son coeur bondit soudainement dans sa poitrine en l’entendant. Alors ce n’était pas fini ???
L’hispanique en aurait surement pleuré si elle n’était pas si harcelée par la douleur. Mais à force de tentatives, ses jambes recommencèrent à répondre convenablement. Elle se servit des chaines pour obtenir un équilibre convenable mais elle faillit chuter à plusieurs reprises. Sa tête lui faisait un mal de chien et elle était convaincue d’avoir quelque chose d’ouvert ou de cassé. Il fallait maintenant qu’elle tente d’approcher ses mains de son oreillette radio…
// Bricks ? Répondez Bricks. //
« Pedge… » Murmura-t-elle de sa voix éraillée en tentant d’activer sa radio tant bien que mal.
C’était terriblement compliqué.
Entre ses mains entravées et ses jambes qui tremblaient de plus en plus, Nelly gémissait en cherchant le capteur de ses doigts. Elle y parvenait lorsqu’une nouvelle voix s’éleva.
// Bricks ? Bricks vous nous entendez ? //
Le visage de Nelly se crispa sur son dernier effort et le bip qui raisonna dans son oreille indiqua qu’elle avait enfin réussi à passer en émission.
//...capturée...// Elle toussa. Sa gorge était toujours douloureuse et ses cordes vocales se rebellaient. //...capturée...// Répéta-t-elle en espérant être comprise.
Son cœur s’était regonflé d’un espoir fou. Sheppard et Pedge l’appelait. Ils étaient forcément en vie et libre. Ils ne l’abandonneraient pas n’est-ce pas ? On abandonne pas les nôtres hein ?
//...capturée...//
L’écoulement perlait depuis une hauteur et impactait une flaque en faisant le son caractéristique d’une goutte qui éclate. C’était la signature parfaite du film d’horreur bien glauque et malsain. Des murs en pierre de grés, collés avec du mortiers effrités en divers endroits, et des gravures de ces insignes tribaux bizarroïdes. La pénombre se mêle à la lueur faiblarde et timide d’une bougie qui se meurt sur la table du geôlier, là-bas. Du coup, il n’y a presque rien à voir.
Plic...plic...plic…
C’est bien la seule activité sonore dans le coin.
Pas de toux trahissant la présence d’un gardien enrhumé, pas de bruit de pas d’un garde impatient et pas de tête de curieux venu observer la sorcière qu’elle était. Non...personne.
Ah ? Si...il y a un murmure...un gémissement de douleur. Il est faible et altéré par une gorge abimée, c’est à croire qu’il sort d’un type grippé et sur son lit de mort. Il y a du son et de la lumière, ça veut dire de la conscience. Mais alors pourquoi il est impossible de bouger ?
Nelly entendit de nouveau cette plainte faible et mourante. Elle n’avait pas encore comprit que ça venait d’elle. Encore complètement sonnée, elle ne voyait que la lumière et n’entendait que ce goutte à goutte insupportable. Sa tête était révulsée en arrière, tirée par la gravité qui voulait la contraindre à se renverser sur le dos mais quelque chose l’en empêchait.
La douleur...elle était si violente…
Elle avait mal partout, dans chaque fibres de son corps, et ses poumons s’embrasaient à chaque inspirations. Nelly voulait y échapper alors elle arrêtait de respirer...une seule seconde...avant de se raviser et de se replonger dans ce maelstrom. Pourquoi est-ce que l’image de Pedge s’imposait soudainement à elle ? Vous savez, cette fois-là où elle était si en colère qu’elle avait proposé de lui faire connaître le mal qu’elle avait subi par la torture…
C’était pire que ça ? C’était pire ?
Mais comment était-ce possible ! Comment est-ce qu’on pouvait avoir plus mal que ça ?
Quelque chose lui tomba dans les yeux. Des gouttes chaudes et poisseuses qui déclenchèrent une réaction de crispation sur son visage alors qu’elle s’en écartait. C’est là qu’un éclair de douleur se déclencha dans ses épaules, lui arrachant une plainte, et lui faisant comprendre pourquoi elle ne tombait pas à la renverse. Elle était suspendue par des chaînes qui entravaient ses poignets. D’ailleurs, elle avait fini par saigner et c’est ce qu’elle recevait sur la figure. Mais malgré tout, la douleur la plus importante restait celle de ses poumons.
L’espagnole émergeait doucement. Plus elle reprenait conscience et plus la douleur se faisait vive et violente. Regarder autour d’elle, en essayant de forcer sur les muscles de sa nuque pour redresser son visage, fût similaire à la pénétration d’un fer rouge dans le crâne. Elle serra les dents tout en poussant une longue plainte et elle parvint à observer son environnement. Les chaînes la suspendaient un peu. Elle pourrait se redresser pour soulager ses épaules et empêcher ses poignets de saigner mais ses jambes refusaient de lui répondre. C’était comme deux morceaux de bois morts, ses membres pendaient négligemment en encaissant à peine l’oscillation de ses mouvements.
« A l’aide… » fît une toute petite voix qui s’évaporait déjà dans l’air.
Nelly se racla la gorge et abandonna l’idée de parler. Elle se concentra sur ses jambes et essaya de les bouger encore une fois. Cette fois, ça semblait répondre. Même si ça n’allait pas lui permettre de se tenir debout, fière et bien droite, elle pourrait se soulager un peu les bras. Elle avait fini par intégrer le fait qu’elle avait été emprisonnée et l’image de la sorcière sur la croix, prête à être sacrifiée dans le vortex, lui revint en tête. C’est ce qui l’attendait à coup sûr et...et les autres ????
Nelly écarquilla les yeux a cette pensée. Est-ce qu’ils s’en étaient sorti ? Ou étaient-ils prisonniers comme elle ??? Son coeur se mit à battre plus vite. Que ce soit le cas ou non, elle aurait préféré mourir que d’avoir été un boulet vivant. Au moins, c’était vite réglé.
Il ne semblait y avoir aucun espoir et sa première mission était une catastrophe. Quand elle avait entendu ce qu’il était advenu à Jessy par la radio, il n’était pas difficile de faire un rapprochement et comparer sa situation. La première sacrifiée riait en se voyant placée devant l’anneau, elle avait tellement souffert que la mort devait être une belle liberté pour elle. Nelly prenait-elle le même chemin ?
// Nelly, quelle est votre position, vous devriez nous rejoindre maintenant. //
PEDGE ! C’était Pedge !
Nelly ne pensait pas que cette voix pro et détachée lui manquerait à ce point et son coeur bondit soudainement dans sa poitrine en l’entendant. Alors ce n’était pas fini ???
L’hispanique en aurait surement pleuré si elle n’était pas si harcelée par la douleur. Mais à force de tentatives, ses jambes recommencèrent à répondre convenablement. Elle se servit des chaines pour obtenir un équilibre convenable mais elle faillit chuter à plusieurs reprises. Sa tête lui faisait un mal de chien et elle était convaincue d’avoir quelque chose d’ouvert ou de cassé. Il fallait maintenant qu’elle tente d’approcher ses mains de son oreillette radio…
// Bricks ? Répondez Bricks. //
« Pedge… » Murmura-t-elle de sa voix éraillée en tentant d’activer sa radio tant bien que mal.
C’était terriblement compliqué.
Entre ses mains entravées et ses jambes qui tremblaient de plus en plus, Nelly gémissait en cherchant le capteur de ses doigts. Elle y parvenait lorsqu’une nouvelle voix s’éleva.
// Bricks ? Bricks vous nous entendez ? //
Le visage de Nelly se crispa sur son dernier effort et le bip qui raisonna dans son oreille indiqua qu’elle avait enfin réussi à passer en émission.
//...capturée...// Elle toussa. Sa gorge était toujours douloureuse et ses cordes vocales se rebellaient. //...capturée...// Répéta-t-elle en espérant être comprise.
Son cœur s’était regonflé d’un espoir fou. Sheppard et Pedge l’appelait. Ils étaient forcément en vie et libre. Ils ne l’abandonneraient pas n’est-ce pas ? On abandonne pas les nôtres hein ?
//...capturée...//
La main froide
Pedge / John |
John commençait à s'alarmer intérieurement de ne plus avoir de nouvelle de Nelly, il lui laissait à peine vingt minutes de plus, avant de faire une reconnaissance. Parfois, il faut attendre un peu, le temps que le danger passe… Son regard alla sur Jessy.
« Et qu’est-il arrivé aux autres ? »
« Comment ça ? » Elle regarda John incrédule.
« Pourquoi vous êtes là si ce ne sont pas les autres qui vous ont prévenu ? » Alors qu’elle terminait sa phrase, la radio de John et Pedge se manifesta :
//...capturée...// fit la voix faible de Nelly, qui toussa en émettant.
//...capturée...// //...capturée...//
John ouvrit de grands yeux, puisqu’il avait entendu les appels de Nelly. Il se redressa, en disant un fuck audible et toisa Pedge, qui lui rendit un regard équivoque. C’est bien leur chance ! Il allait coller une laisse à Nelly, comme ça plus JAMAIS elle s’éloignera de lui en mission ! Oui, ça serait pas mal tiens ! Cette poisse quand même ! Il se tourna vers Jessy, il fallait bien lui répondre la pauvre. Elle était complètement tétanisée en voyant le mouvement du colonel.
« Pour te répondre Jessy, toute l’équipe est portée disparue et on est venue enquêter sans savoir où vous étiez… Et là Bricks s'est fait attraper ! »
La porte des étoiles était à une dizaine de minutes de là… Ils avaient deux urgences : Ramener Jessy au plus vite et sauver Nelly, il leur était impossible à deux militaires de se dupliquer et se séparer serait une connerie, surtout qu’ils n’étaient plus que deux ! Et on ne va pas demander à Cosette de faire une quelconque escorte. D'ailleur, ils allaient en faire quoi ? Bon ce n’est pas important pour le moment ! Cela agaçait John qui était soumis à un dilemme cornélien. Que devait-il faire ? Parfois, il haïssait ce genre de réflexion, préférant se dire que l’armée ce n’est pas fait pour réfléchir, mais cela était faux, étant officier et surtout un homme loin d’être con, il aime se prendre la tête sur des problèmes de Maths, seule matière dans son enfance où il brillait plus que les autres… ça et faire le casse-cou. Mais bon, qu’importe… Il n’avait pas de bonne solution de toute façon. L’adrénaline affluait dans son corps et tous les voyants étaient en rouge !
Il eut une idée horrible, horrible car demander ça à Jessy était tout bonnement inhumain…
« Je suis navré de te demander ça Jessy… Mais, ton bourreau est venu te torturer combien de temps après ta capture ? »
Bricks capturée n’était pas bon pour la suite de leur mission. Cela foutait clairement la merde dans les opérations. Pedge réfléchissait en même temps que son supérieur, et elle en arrivait aux mêmes conclusions. C’était la merde. Ils avaient plusieurs problèmes : Jessy et son état déplorable, qui ne pouvait se suffire à elle-même et qui était trop faible pour se défendre de toute façon : Cosette : ils ne la connaissaient pas, et Pedge ne lui accordait qu’une confiance toute relative. Grosso modo, elle n’hésiterait pas une seconde à lui coller une balle si elle se montrait agressive. À cela venait s’ajouter maintenant la capture de Nelly. Outre le fait que ce n’était jamais un plaisir d’apprendre qu’un dès notre étaient pris en otage par l’ennemi, Pedge craignait pour l’hispanique. Rien qu’en jetant un coup d’œil à la scientifique, qui revenait de là-bas simplement parce qu’elle avait voulue défendre une fille qui avait juste eu le malheur de naître rousse, elle se disait que Nelly avec sa démonstration de force près de la Porte des Etoiles allait se faire détruire littéralement par ces barbares.
« Je n’en ai aucune idée John… Je n’ai plus conscience du temps qui est passé. », fit Jessy, complètement perdue, et qui semblait paniquer légèrement à l’idée qu’on la laisse. John soupira intérieurement… bon il va falloir prioriser alors. L’homme était en train de réfléchir pour optimiser leur temps et surtout il fallait des renforts, des soldats qui sécurisent la porte et qui envoient les blessées rapidement, car les autres avaient disparu et ce n’est pas bon non plus !
Pendant que Sheppard parlait avec McKenzy, Pedge tenta de recontacter Nelly pour faire un point :
// Nelly, on ne vous laisse pas tomber. Tenez bon. Est-ce que vous avez une idée du lieu où vous êtes ? //
Elle était probablement dans les mêmes géoles que Jessy auparavant. Un peuple primitif comme ça ne devait pas avoir trente-six chambres de détentions, même si cela semblait être une constante ici-bas. Pedge approcha de Sheppard en attendant une réponse. Elle détestait ce qu’elle allait dire, mais c’était pragmatique, et elle n’en manquait jamais, de pragmatisme.
« Colonel. Nous devons ramener McKenzy à la Porte pour évacuation. Même si ça me déplait de la laisser pour le moment, la mission, c’est elle. » Elle donna un coup de menton vers la blonde tondue. « Nelly était consciente des risques du terrain, et elle devra tenir le temps qu’on revienne. ».
Et Pedge serait la première à courir comme si les fouets de ses maîtres étaient à ses trousses. Elle ne supportait pas de savoir Nelly enfermée là-bas. C’était quelqu’un avec qui elle avait une relation particulière, et même si elle la trouvait chiante et ennuyante la plupart du temps, cela restait un être humain et un camarade d’armée. Et chez les Forces Spéciales, on ne laissait jamais personne derrière. Elle était prête à proposer de s’occuper de la sortir de là seule, pour laisser Sheppard aller vers la Porte, mais c’était une connerie monumentale. Il ne fallait pas se séparer. C’était bien leur veine que McPherson ne se soit pas sentit bien.
John la regarda, elle avait raison et de toute façon il en était à la même conclusion, allant plus loin, pour gagner du temps. Il détestait dire ça, mais oui, elle tiendrait et espérait que ce connard allait prendre son temps, histoire qu’ils puissent arriver avant qu’elle ne ressemble qu'à une poupée usagée et maltraitée par une petite fille peu soigneuse.
« Vous n’avez pas à vous excuser, j’étais sur la même conclusion. » Il hocha la tête et alla vers Jessy, lui expliquant, qu’elle devait s’accrocher une nouvelle fois. Avec la morphine cela lui était plus aisée et la jeune femme se retrouva sur le dos de John, qui reprit la même configurations sac à dos devant qui bloquait son arme.
« Bon on y va. Cosette, devant moi. » Il ne savait toujours pas quoi faire d’elle, mais vers la porte il avait des soit disante ruines, où Nelly avait rencontré un peuple sauvage, surement le siens, elle pourrait courir dans cette direction après. D’ailleurs, il ne se pria pas pour lui faire remarquer :
« Ton peuple doit habiter près des ruines anciennes, tu pourras courir à travers la forêt les rejoindre si tu veux, une fois devant la porte » Et la petite troupe s’élança au pas de courses pour un second marathon et John sentait qu’il allait quémander un abonnement à Natasha pour des massages à vie ! Cosette restait docile et faisait ce qu’on lui demandait. Au moins, elle ne posait pas de problème pour le moment. Elle regarda John avant de s’élancer devant, comme pour jauger ce qu’il venait de dire. Manifestement, il connaissait le secret de leur lieu de résidence, et ça ne lui plaisait pas des masses.
//...ils vont vous chercher...ils...// Ce qui semblait être une plainte de panique lui coupa la parole avant qu’elle ne reprenne. Le ton sérieux contrastait avec une terreur qui lui était impossible de dissimuler. //...Jessy...je sais...elle peut pas rester.//
Silence.
//...quelqu’un descend...je ne parlerai pas...//
John tressaillit en entendant ça… Ils n’avaient pas vraiment le temps… Ils devaient se dépêcher. Son cœur se serra d’horreur et il ferma les yeux quelques secondes, sentant l’amertume dans sa gorge. C’est terrible.
// Tenez bon Bricks… //
La voix trembla dans la radio sur une plainte qui signait l’insertion d’une grosse clé moyenâgeuse.
//...Pardon colonel...je suis tellement désolée...je...//
Une ouverture de porte.
//Il arrive...Bricks terminé...//
Il n’y eut plus aucune émission.
Elle était touchante de penser à Jessy avant elle. C’était bien la preuve qu’elle avait sa place sur le terrain, au-delà de ce que pouvait croire pas mal de monde. Elle arracha presque un sourire de fierté à Pedge qui sentait son cœur se serrer par ce sens du devoir et du sacrifice. Elle s’excusait, mais quelque part, elle s’était fait attraper en faisant diversion pour qu’ils puissent extraire McKenzy de ce bourbier, donc en accomplissant son devoir. Finalement, elle n’avait joué que de malchance.
// Courage Nelly, dès que vous pouvez, reprenez contact. //, lança Pedge dans sa radio malgré la fin de la conversation. Elle espérait qu’elle l’avait entendu. John n’ajouta rien, il soufflait fort avec la course et vu l’effort il risquait de se prendre un point de côté insultant ! Mais le coeur y était ! Ils cumulent les merdes franchement ! Ils auraient du prendre un stock de patte de lapin !
Il fallait vraiment faire vite maintenant. Qu’ils les cherchent ne lui faisait ni chaud ni froid. Maintenant, la texane avait une bonne raison de retourner dans ce village et d’y mettre le feu. Toute à l’heure, ce n’était pas le cas, même si se venger pour Jessy était une option, elle savait qu’elle ne se laisserait pas guider par ce genre de bas instinct.
La troupe filait dans le sous-bois, pas aussi vite que si tout le monde était sur ses deux pieds, en forme et préparé comme un marathonien, mais l’allure était bonne. Le sens de l’orientation de Sheppard et de Pedge les conduisit en quelques minutes à la Porte des Etoiles. Cosette ne pénétra pas le cercle de runes et de glyphes, comme si elle se méfiait de cet artefact planté là. Ce n’était pas la même peur primaire que chez les villageois, et certainement pas la même association d’idée qui allait avec. Pedge l’ignora et la dépassa, et elle commença à composer l’adresse vers la cité aussitôt qu’elle fut au niveau du DHD.
C’est alors que Cosette prit la tangente, s’enfuyant dans le sous-bois. John jeta un petit regard à Cosette qui filait, mais ne fit rien pour la rattraper, elle avait le droit de rejoindre les siens ! Elle les avait bien aidée, son rôle se terminait là.
Et que des cris se firent entendre, John sursauta et Jessy se mit à gémir sous la peur... John se saisit de son pistolet à sa cuisse. Des hommes en armure légère, dotés d’épée une main et de boucliers, arrivaient vers eux. Ils semblaient dans un premier temps surpris de les voir, mais très vite, ils s’organisèrent. L’un d’entre eux parti à la poursuite de la muette, tandis que les trois autres approchaient.
« Qui va là ?! Au nom de Jortard, identifiez-vous ! », gueula celui qui semblait mener le groupe.
Pedge composait à toute vitesse, et déjà, la Porte cracha son Vortex dans son dos.
Sans plus attendre Sheppard s’était tourné en voyant les soldats et leur tira dessus, pour les obliger à mettre leurs boucliers en protection. Et recula pour plonger dans le vortex, après avoir donner un ordre ferme même si Pedge n’avait pas besoin, pour qu’elle saute avant lui.
Dans sa tête, Pedge comptait rester sur place et ne pas repartir par la Porte, ne serait-ce que pour sécuriser les abords et garder le contact avec Nelly si elle communiquait. D’un côté, si elle le faisait, le Vortex ouvert, les liaisons passeraient. Mais John tira sur les hommes en arme, et il sauta dans l’œil bleuté et irisé. Heureusement, elle avait transmis avec son GDO leur identité, et sans réfléchir plus que ça, elle plongea. Elle arriva en salle d’embarquement en percutant Sheppard et Jessy, et elle se retrouva sur le colonel tandis que la scientifique tombait sur le cul en roulant un peu plus loin. Quelques secondes plus tard, un trait transperçait le vortex, filant vers une rambarde où la pointe se brisa. Heureusement qu’elle avait fait tomber le colonel où Jessy se serait prise la flèche.
« Le bouclier vite ! », gueula Pedge en peinant à se redresser. Les techniciens le fermèrent aussitôt. Faut dire qu’ils n’avaient pas été réactif parce que l’équipe qui était partie était plus garnie au départ… Deux ou trois impacts se firent sur le bouclier, puis ça se calma.
John se releva sans plus attendre et gueula aux militaires présents.
« Une équipe de soins vite ! Il nous faut un jumper en salle d’embarquement maintenant ! Code orange ! » Le code orange était simple : des armes nom de dieux et des soldats ! Là ça va chier pour les soldats ! Comme il avait plusieurs équipes pour ne pas changer, ce fut avec les ressources disponibles, donc trois soldats arrivèrent : Jacobs que connaissait bien Pedge avec Candom et Nilsson. Avec la soldate blonde norvégienne ça allait dépoter grave, puisque sa spécialité étant d’être une tireuse d’élite et a arme lourde !
L’équipe médicale, toujours rapide, arriva et prit Jessy, l’embarquant dans un lieu plus propice à ses douleurs. John était en train de manœuvrer pour ses ordres et organiser la suite. Réactif mine de rien !
Par contre si Jessy était là, où était les autres ? Le mystère commençait à sentir mauvais, les copains de Jortard avaient-t’ils tuer les autres ? Non Cela était étrange, puisque la porte avait émis vers l’autre planète. Il était encore plus étrange que ces personnes ne soient pas revenue sur Atlantis prévenir… Il avait un loup quelque part.
AVENGEDINCHAINS