Vendredi soir, tout est permis !

Seok vit son ami revenir avec soulagement. Il avait stoppé la boisson mais les effets de l’alcool ne s’étaient pas encore dissipés, et il restait plutôt triste. L’évocation de la perte de leurs homologues lui rappelait douloureusement le sacrifice de Winchester, et sans autre raison particulière, il se mit regretter Busan, ce qui ne lui était presque jamais arrivé ! La musique avait repris, déchirant de nouveaux ses tympans. Il décida qu’il devrait se mettre en quête d’une guitare ou d’un instrument, quel qu’il soit. Il ne devait pas perdre ses connaissances dans ce domaine, après avoir pris tant de risques plus jeune contre ses parents. Aaron, qui semblait lui aussi devenir raisonnable niveau alcool, lui demanda s’il avait fait connaissance avec des filles, ce qui provoqua l’hilarité du Coréen. Il décida de lui présenter les choses telles que lui, les percevait :

« Alors, déjà, je suis quasi certain qu’aucune fille ici ne s’intéressera à moi parce que je suis asiatique, tu vois. Mes origines sont une barrière pour nombre d’entre elles. Ensuite, je vais t’avouer quelque chose, je suis complètement novice en matière de relations féminines. Je ne sais même pas comment on peut les approcher. Et toi, comment tu te débrouilles ? »

Visiblement la remarque d'Aaron concernant les femmes fit bien rire le diplomate. Ce dernier donna quelques explications. Le Caporal leva les yeux au ciel, enfin au plafond, quand Seok annonça que ses origines étaient une barrière.

" -Ecoute. On ne se connait pas depuis très longtemps. Enfin encore, le temps c'est relatif. Bref... Si une femme considère que c'est un rempart, alors elle est débile. Pour rester poli. De plus, c'est qu'elle ne te mérite pas."

Aaron qui donnait des conseils avec les femmes, cela ne lui arrivait pas souvent. Il n'était aussi doué que certains hommes avec la gente féminine et il n'avait pas eu des ribambelles de copines, mais le Caporal ne supportait pas que l'on se base sur des critères pareils. Il écouta la suite des paroles de son nouvel ami.

"- Tu sais, je suis moyennement doué. Ce n'est pas pour autant que je renonce. Comme disait mon cher grand-père : qui ne tente rien n'a rien !"

Une petite idée germa dans l'esprit d'Aaron, mais il décida d'attendre un peu...

Aaron était bien un Occidental... Bien sûr, ces derniers temps, étrangement, les choses changeaient mais pour de mauvaises raisons, et Seok n'était pas dans la bonne tranche d'âge. C'était en effet simple de se dire qu'une fille qui s'arrêtait à ce genre de choses ne valait pas la peine d'être connue mais c'en était une autre de s'endormir seul le soir... Enfin, il ne répondit pas sur ce sujet. Il aurait eu beaucoup trop d'exemples, comme cette attachée de presse à l'ONU qui ne lui adressait même pas la parole, ne s'intéressant qu'aux supposés dépositaires de l'autorité américaine ou anglophone. Ils avaient assisté aux mêmes réunions pendant des mois sans qu'elle ne daigne même le saluer une fois. Cela n'aurait pas changé grand chose, elle n'était pas son genre. D'ailleurs, Seok se demandait parfois ce qu'était vraiment son genre.

Il sourit en entendant que son ami ne voyait pas les choses sous le même angle, apparemment lui ne renonçait pas. Il prenait le risque de tenter sa chance, ce que Seok ne se voyait absolument pas faire, bien trop timide et trop lâche pour adopter cette attitude. Même s'il savait que Aaron avait raison, il ne pourrait jamais parvenir à agir de la sorte. Aussi il reprit en souriant:

« Ton grand-père était un homme sage, mais avec le goût du risque. Le mien a marié mon père avec la fille d'un concurrent... Et mon père avait aussi de mauvaises intentions à mon égard... Les mariages arrangés sont encore courants. Et les aventures restent mal vues, un flirt est toléré mais une relation libre choque nos anciens. Mais nous progressons, même si moi j'en suis encore loin. Je ne me vois pas ramener une fille pour une nuit, bien que je t'avoue que parfois, j'aimerais bien. »

Il s'arrêta un instant puis termina :

« Alors, tu vas suivre les conseils de ton grand-père ce soir ? »

Aaron sourit à la question de Seok. Il lui répondit sincèrement.

- Franchement, pas trop pour ce soir. Une prochaine fois surement. Je vais pas te laisser tout seul non plus !

Le Coréen avait parlé des mariages arrangés. Le Marine connaissait parfaitement ces pratiques, et il trouvait cela assez moyenâgeux. Mais ce n'était pas à lui de porter un jugement sur une autre culture. De par ce fait, il ne fit aucun commentaire à ce sujet. Aaron était très heureux d'en apprendre un peu plus sur son nouvel ami. Il parvint par ailleurs à la conclusion que la vie affective du diplomate était assez limitée.
Pour changer un peu de sujet, il demanda :

- Tu travaillais où avant de changer carrément de galaxie ?

Seok lui avait dit un peu plutôt dans la soirée qu'il avait été envoyé ici, mais il n'avait pas précisé qui l'avait envoyé.

Seok apprécia que son ami ne se jette pas sur la première fille qui passerait, au contraire d’autres individus dont il avait observé le comportement, et d’ailleurs il avait pu noter que certaines n’étaient pas en reste non plus. L’égalité des sexes était une notion qui s’appliquait ici avec efficacité. Surtout, il avait été habitué à rester seul au bar pendant que Donghyun et les autres se trouvaient sur la piste de danse. Aaron lui demanda quelles étaient ses occupations avant de rejoindre la Cité. Le Coréen se dit qu’il allait probablement devoir expliquer certaines choses, peu connues, afin de mieux lui faire comprendre.

« J’ai passé plusieurs années aux Nations Unies, mon dernier poste était au Bureau des Affaires Spatiales. J’étais chargé de surveiller les différentes publications qui étaient faites. En réalité, je suppose que l’on peut qualifier cela de nettoyage et de censure. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais cela me paraît nécessaire de laisser pour l’instant nos populations dans l’ignorance de ce qui se passe au-dessus de leurs têtes. »

Il fit une pause, et essayant de couvrir la musique qui hurlait toujours, reprit :

« Mais tu n’es pas sans ignorer que mon pays est coupé en deux, et que nous vivons sous la menace d’une invasion et d’une possible attaque nucléaire constamment. Aussi nous devons tous effectuer un service militaire de deux années, obligatoire. J’ai suivi des classes classiques mais j’ai été nommé à la CIS, comme correspondant pour mon pays. Et un jour, brutalement, ils m’ont envoyé ici. Et toi, quelle est ton histoire ? »

Aaron écouta attentivement son ami lui parler des postes qu'il avait occupé avant d'arriver sur Atlantis. Il avait travaillé à la surveillance des publications. Comment pouvait-on appeler cette organisation ? Seok expliqua d'ailleurs son point de vue sur la question. Le Marine lui répondit, comme à son habitude, en toute franchise.

- Je suppose que c'est mieux ainsi. Mais on ne pourra pas leur cacher encore longtemps. C'est peut être mieux de le faire un jour tout de même.

Pour rejoindre les derrières paroles du diplomate sur la guerre entres les deux Corées, il ajouta avec conviction.

- Et justement, peut être que si on rendait cela publique, les gens se rendraient compte que de tels conflits sont ridicules par rapport à la menace qui plane sur la Terre. Je ne parle d'ailleurs pas que de ce conflit, mais de tous. Vu à l'échelle de l'univers nos différents conflits sont ridicules.

Seok lui retourna alors sa question.

Crois-le ou non, mais j'avais débuté des études de droit en France avant de les abondonner et de rentrer dans l'armée, chez les Marines. J'ai fait ma formation et j'ai servi plusieurs années. Ma dernière mission n'a pas été un véritable succès... Puis on est venu me demander si j'étais intéressé pour participer à un projet d'ordre mondial.

Il marqua une petite pause avant de demander

- Donc, si j'ai bien compris, tu n'avais pas trop le choix ? Tu vas demander ton rapatriement une fois des deux années atteintes ? Tu en as déjà fait combien ?

Seok haussa les épaules, l’air attristé et défaitiste. Oui, sur le principe, Aaron avait raison. L’Humanité devrait s’apercevoir que les conflits terrestres étaient ridicules en apprenant que des combats bien plus importants avaient lieu au-dessus de leurs têtes. Mais Aaron n’avait jamais entendu les discours belliqueux de Kim Jong-il. Peut-être que son fils Kim Jong-un, actuellement à la tête du pays, allait réellement faire suivre en actes ce qu’il avait déclaré, c'est-à-dire œuvrer pour un cessez-le-feu. Mais tant que les essais nucléaires continueraient, il n’y aurait pas d’espoir… Seok reprit alors :

«Je ne crois pas que cela changerait quoi que ce soit. Certains chercheraient même à s’allier avec telle ou telle autre race afin de pouvoir vaincre le voisin. L’union sacrée, je n’y crois pas. Je n’y crois plus. Tout n’est que pouvoir et contrôle. »

Il se tut et regarda une fois de plus les danseurs, comme hypnotisé par les mouvements et le son, puis répondit à son ami :

« Je n’avais pas le choix, non. Sinon c’est la prison directement, chez nous. Nous sommes une démocratie mais certaines choses sont encore très codifiées et les interdits sont nombreux. Il me reste 6 mois à faire, seulement 6 mois et me voilà ici. Pour être franc, en cas de nouvelle attaque, je ne sais pas comment je ferai pour survivre. Je ne peux pas dire que je sache me battre et la dernière fois, cela a coûté la vie à quelqu’un. Toi, tu es parti pour faire carrière ? Et dis moi, pourquoi avoir ainsi abandonné tes études ? »

Aaron était attristé par les paroles de son nouvel ami. Ce n'était pas vraiment sur ses paroles, mais sur le fait qu'il avait raison. Il a toujours existé des personnes dont le seul objectif étaient leur propre vie, le pouvoir, qui étaient égoïstes. Il y avait bien plus de défaut encore que l'Humanité possédait. Mais, le Marine croyait en l'amélioration des choses. Cela pouvait être considéré comme optimiste, voire naïf mais il y croyait dur comme fer. Durant sa vie, il avait rencontré bon nombre de personnes correctes, sincères et altruistes. Il espérait seulement que plus de gens soient comme cela. Il ne formula que ces quelques mots en réponse.

- Tu as sans doute raison. Mais j'ai bon espoir que les choses évoluent un jour. Et pas seulement parce que des menaces pèsent sur la Terre.

Il écouta avec attention, comme toujours, les paroles du diplomate concernant son enroulement dans l'armée Coréen. Il était désolé que son ami ait à subir cela. Seok semblait loin d'être ravi de se retrouver sur Atlantis. S'il n'avait pas eu le choix, le militaire se demandait comme il aurait réagit à son arrivée. Aaron constata le regard de son ami s'assombrir lorsqu'il parla de la personne qui s'était sacrifiée pour le sauver. Il nota que le diplomate n'avait pas répondu à la question concernant le rapatriement. Il décida pour le moment de ne pas le relancer dessus.

- Tu sais, on fait notre boulot. Je suppose que tu ne souhaites pas entendre ça, mais je suis prêt à effectuer le même sacrifice si cela peut te sauver. D'ailleurs, même si cela peut sauver n'importe qui.

Marquant une pause avant de poursuivre pour répondre à la question de Seok, Aaron en profita pour se redresser un peu sur sa chaise.

- Je suis venu pour aider. Faire carrière n'est vraiment pas une de mes priorités. Protéger les populations, aider les gens. Voilà pourquoi je suis venu. En ce qui concerne mes études, je ne me sentait vraiment pas à ma place, comme si j'étais destiné à faire autre chose. Entrez chez les Marines m'a donné une partie de ce que je cherchais. Les autres les connais, ce sont les mêmes qui m'ont poussé à venir.

Pour tenter de remonter le moral de Seok, et en espérant ne pas produire l'effet inverse, il lui demanda :

- Il doit bien y avoir un point positif à ta venue sur Atlantis ?

Apparemment, Aaron faisait parti de ceux qui voyaient les choses du bon côté, qui pensaient que la nature humaine pouvait changer et que tout finirait par s’arranger. Seok jugeait cela un peu naïf, car de ce qu’il avait vu à l’ONU, aucun acte n’était gratuit et généreux. Surtout à cause de ces maudits Américains. Mais ce n’étaient pas les seuls, évidemment, à porter la responsabilité de l’embrasement de conflits sur la planète. Cependant, le Coréen ne les appréciait pas, et c’était étrange que l’un d’eux soit avec lui ce soir, mais c’était probablement dû aux origines européennes qui se mêlaient chez Aaron.

Son ami semblait porter un grand intérêt aux autres puisqu’il parlait d’aider les autres comme principale motivation pour le choix de sa vie professionnelle. C’était tout à fait respectable et honorable. Seok n’en fut pas étonné, il avait vu Aaron aller porter un toast à la mémoire des disparus et il paraissait en effet s’intéresser à la vie des autres.

Son ami se déclara prêt à se sacrifier pour sauver sa vie, ou celle de quelqu’un d’autre. Mais le jeune homme s’était fait la promesse que cela ne se reproduirait pas. La prochaine fois, ce serait lui qui mourrait et ce serait une délivrance. Il se surprit à avoir de telles pensées mais après tout, que pouvait-il bien attendre maintenant ? D’ailleurs Aaron lui posa la question.

Un point positif à sa venue sur Atlantis ? Seok le regarda l’air hagard. Que pourrait-il bien trouver de positif à son arrivée ici ? Il n’avait jamais pensé venir ici, il n’avait jamais voulu venir ici. Il n’y connaissait personne, ne servait à rien et avait même provoqué un décès à peine parvenu sur la Cité. Alors il fallait vraiment chercher pour trouver le moindre aspect qui pourrait lui donner envie de rester ou de voir les choses sous un angle optimiste. Il décida de répondre de manière ironique :

« Oui, je vais sûrement rencontrer la femme de ma vie… »

Puis il haussa les épaules, et reprit un peu plus, voire un peu trop, sérieusement :

« A part avoir fait ta connaissance, je n’en vois réellement aucun. »

Mais Seok n’alla pas plus loin. Le secret qu’il gardait était culturellement impossible à partager. Aussi il était inutile d’évoquer ce qu’il avait perdu, d’autant qu’il avait même peut-être été trahi par cette personne. Ce qui le plongea dans un mutisme total.

- On sait jamais !

Telle fut la réponse du militaire lorsque Seok parla de rencontrer la femme de sa vie. D'ailleurs, il était à moitié sérieux en disant cela. La vie pouvait réserver biens des surprises, elle pouvait être terrible ou agréable. Il trouvait que le Coréen partait de manière un peu trop défaitiste. Aaron regarda son ami réfléchir pendant plusieurs secondes à sa question concernant un point positif à sa venue sur Atlantis. Il fut d'ailleurs assez surpris par la réponse du diplomate, il ne laissa rien paraitre à part un sourire (mais pas un sourire moqueur, loin de là !). Il était heureux de s'être fait un nouvel ami.

- Ecoute, tu ne vois peut être pas de points positifs mais moi j'en vois au moins un. Il n'y a pas que des Wraiths dans cette galaxie et on aura sans besoin à un moment ou un autre de tes incroyables talents de diplomate !

Avoir le regard de son ami, ce dernier n'en semblait pas certain.

- Je me doute que tu n'y crois pas plus que ça, mais je suis sûr que tu trouvera quelque chose ici. Un objectif concret.

Par ces paroles sincères, le Caporal espérait faire remonter un peu le moral du Coréen. Qu'il eut été envoyé ici sans qu'on lui laisse le choix, ou d'une quelconque autre manière, Aaron était certain d'une chose : les membres du SGC et le Docteur Weir n'auraient sans doute jamais accepté s'ils ne voyaient pas du potentiel en Seok et que le diplomate soit utile.
Le Marine repensa aux paroles de son ami concernant ses aptitudes au combat.

- J'ai un marché à te proposer. Si tu es disponible demain, et qu'on ne soit pas en trop mauvais état après avoir bu cette mixture, on pourrait se rejoindre au gymnase. Si l'occasion se présente, je pourrai peut être voir comme tu te débrouille. En échange tu n'auras qu'à me donner des cours de guitare ou m'en apprendre un peu plus sur la culture Coréenne. Ou même les deux ! Enfin, si tu me considère apte à apprendre quelque chose...

Aaron attendit la réponse de Seok en espérant qu'il réponde à l'affirmative pour leur petite séance de sport.

Seok sentait bien que son nouvel ami était vraiment attristé de voir le Coréen considérer chaque chose d’un point de vue sombre et sinistre. Mais les évènements ne l’aidaient pas à positiver la situation, et l’absorption d’alcool aggravait la mélancolie du jeune homme. Il décida de faire bonne figure et de ne pas montrer son désarroi. Aaron avait l’air de croire que tout était possible ici, et bien que Seok pensât que la seule chose susceptible de lui arriver était de mourir d’ennui, il répondit de la manière la plus enjouée possible :

« Oui, tu as probablement raison. Si je laisse les Américains explorer la galaxie et tenter de nouer des contacts avec des peuples étrangers, cela sera un véritable massacre. Vous négociez à coup de fusils mitrailleurs et de tatouages… Un peu de subtilité ne fera pas de mal ! »

Il avait dit cela en plaisantant, mais cependant, il avait pu observer longuement les manières américaines à l’ONU et elles ne lui avaient pas particulièrement plu… Il espérait qu’ici, les personnels qui dirigeaient la cité avaient d’autres objectifs que l’asservissement et l’enrichissement personnel.

Puis Aaron enchaîna en lui proposant un curieux pacte… Mais très intéressant et surtout très amical. Seok se contenta de sourire, puis répondit sur un ton sérieux :

« Je serais heureux et fier d’apprendre à tes côtés. Je ne suis pas un grand sportif, loin de là. Mes classes furent courtes et sachant où j’allais être affecté, je ne me suis pas donné beaucoup de peine pour les réussir, je l’avoue honteusement. Aussi j’ai besoin que quelqu’un m’apprenne. Et ce sera avec joie que je te parlerai de mon pays. Peut-être même, si je trouve de quoi faire, je te préparerai un plat de chez moi. Mais pour cela, tu devras déjà avoir digéré l’alcool que nous avons ingurgité ce soir ! »

Il s’inclina devant son ami, signe de respect et de remerciement envers sa proposition. La nuit avançait à grand pas, et il se faisait tard.

Bien que son nouvel ami semblait reprendre du poil de la bête, Aaron semblait distinguer que ce n'était pas vraiment le cas. Seok tentait de la masquer mais malgré le fait qu'il soit presque tombé dans le panneau, il vit bien que ça n'allait pas fort. Néanmoins, il ne fit aucunes remarques à ce sujet. Un grand sourire marqua le visage du Caporal à la réflexion du diplomate sur les Américains. Il y avait du vrai dans ces paroles, bien que le militaire considérait que le docteur Weir n'était pas de ce genre. Même s'il n'était là que depuis relativement peu de temps, le chef de l'expédition d'Atlantis lui avait laissé cette forte impression.

Aaron fut heureux d'entendre que Seok acceptait son petit "marché". Il lui promit d'ailleurs de lui en apprendre un peu sur la culture Coréen et même de lui faire goûter un plat s'il y avait les ingrédients ! C'était une excellente idée. Au cours de sa vie, les seuls plats asiatiques que le militaire avait mangé étaient soit Chinois, soit Japonais.

- Très bien, marché conclu !

Comme pour répondre à la dernière phrase du diplomate concernant l'alcool, le Franco-américain ajouta :

- Prenons un verre pour arroser cette accord.

Aaron fit un petit signe à la personne qui s'occupait du bar pour qu'elle leur serve un petit verre. Finalement, plus on buvait de cette mixture, plus elle paraissait moins mauvaise. D'un autre côté, il n'y avait pas grand chose d'autre à boire. Il regarda rapidement sa montre, il commençait à se faire tard. Ils n'allaient pas tarder à devoir se séparer si les deux hommes voulaient se réveiller le lendemain matin. Une fois leur verre remplit, il leva le sien attendant son ami.

- A une nouvelle amitié.

Seok fut soulagé que Aaron ne remarque pas son état de tristesse, ou en tout cas, le respecte assez pour ne pas aborder ce sujet avec lui. Le jeune homme avait quelques secrets qu'il préférait taire à jamais et la solitude mêlée à l'alcool ne faisait pas bon ménage avec ce genre d'informations cachées. Il avait cru qu'avec le temps, la mémoire lui ferait défaut et il oublierait mais ce n'était malheureusement pas le cas. La souffrance était toujours là et le remords le taraudait. Il se demandait même si ce n'était pas ce secret qui au final, l'avait expédié ici, loin de tout... Il chassa ses pensées de son esprit rapidement, car il savait que jamais il ne trouvait de solution, puis sourit à Aaron.

Il accepta sans hésiter cette fois le verre proposé par son nouvel ami, et il trinqua avec lui de bon coeur à leur relation fraternelle naissante. Il avait eu de la chance de le rencontrer, et de pouvoir sympathiser avec quelqu'un, lui qui était pour le moins solitaire depuis son arrivée sur la Cité. Au moins, le Coréen se sentait déjà un peu moins isolé en ce soir de relâche et il avait pu échanger suffisamment de propos avec Aaron pour penser qu'il s'agissait d'un homme loyal et brave. Il leva donc une dernière fois son coude, comme disaient les Occidentaux, tout en répondant de la même manière:

"A notre amitié."

Puis il nota le geste de son ami et put s'apercevoir qu'en effet, il se faisait tard. Il lui fit un signe de tête en lui montrant la sortie:

"Je vais rejoindre mes quartiers. Il vaut mieux si je veux tenir ne serait-ce qu'au moins 5 minutes face à toi lors de cet entraînement. Alors repose toi et on se voit demain!"