Search and Rescue

√ Arrivée le : 25/08/2020

Search and Rescue

Matt Eversman - Warren Butler - Shaun Kelly

Un bref instant, Shaun commença à se demander s’il ne regrettait pas l’Afghanistan. Peu importait le merdier que ça pouvait être là-bas, les stratégies pouvaient toujours tenir compte d’éléments fiables et sûres tel que les moyens technologiques, et la putain de certitude que ça serait rien d’autre que des humains en face. Pas un monstre écailleux gigantesque capable de cracher trois tonnes de napalm en une fraction de seconde.

Arrivé devant le ruisseau, le Ranger s’était arrêté, dérapant dans sa course qu’il avait réussi à tenir malgré un incroyable acouphène qui lui vrillait parfois les tympans, et un mal de crâne tout juste supportable pour continuer d’avancer, sur quelques cailloux en bordure. Le lit semblait assez profond, à première vue en tout cas, et tombait assez raide sur les bords pour ne pas laisser de place à l’indécision. S’ils se jetaient là-dedans, aucun d’eux ne pourraient remonter sur les berges, ni d’un côté, ni de l’autre.

Ils étaient comme des souris qui avaient le choix entre la gueule du gros vilain chat juste derrière, ou la tapette devant. Croqué ou écrasé ? Ou plutôt, dans sa remise en contexte, noyé ou cramé ? Un putain de choix de bâtard que son instinct de survie sélectionna à sa place, poussé par les deux alertes qu’il reçu venant de ses camarades. Il eut à peine le temps de saisir le pli de vêtement d’Eversman à son épaule juste à côté de lui en gueulant un « Saute ! » de circonstance alors qu’il l'entraînait à sa suite, à moins que ce soit l’inverse ? La finalité fut de toute manière la même.

L’officier s’élança dans l’eau glacée, le corps aussi lourd qu’une pierre jetée et coulant un instant dans le fond avant d’être secoué par le courant qui l'entraîna vivement. Il n’avait plus aucune maîtrise de son corps, son regard s’ouvrant dans l’environnement transparent qui étincelait d’un feu pétillant sous les projections de flamme de la créature. Le bruit sous la surface résonnait en écho, des pierres charriées par la vitesse, des bulles d’oxygène qui s’échappaient de poumons en détresse. Sa main avait lâché dès l’entrée dans la rivière, l’uniforme de son ami, ne percevant de lui, ou d’un autre, qu’une masse informe et flou non loin avant de le perdre littéralement de vue. Poussant sous ses godasses vers la surface, il tenta de regagner l’air pour reprendre son souffle, inspirant durement la moindre bouffée qu’il pouvait grapiller avant d’être entraîné malgré lui vers le bas.

C’était une espèce de lutte contre l’insaisissable, où ni ses jambes ni ses bras ne pouvaient se raccrocher à quoi que ce soit pour espérer une meilleure stabilité. Juste avant le grand saut, il sentit son dos percuter une roche qui dépassait en surface, son corps raclant sur la rocaille aux bords abruptes avant d’être littéralement projeté dans le vide. Il sentit les trombes d’eau continuer de le chahuter alors même qu’il n’avait même plus la sensation d’être immergé, ne pouvant que prendre une dernière bouffée d’air avant l’impact.

Il s’imaginait déjà le corps brisé en morceau, s’écrasant sur une pléthore de pierres aiguisée qui l'accueilleraient en bas, achevant sa vie au fond de l’eau à lui qui avait voulu les étoiles. Au lieu de ça, malgré l’intensité de l’impact qui fit trembler son corps quand il retrouva la surface, il se sentit s’enfoncer encore davantage, les profondeur de la cuvette de chute plus haute encore qu’espéré. Mais pas le temps d'envisager même qu’il puisse s’agir là d’un miracle, il sentait qu’il étouffait, son corps désirant tousser pour remplacer l’eau avalé par de l’air pur, mais ne trouvait à la place qu’encore et toujours de l’eau.

Son corps fut repoussé sur la rive alors qu’il reprenait enfin cette bouffée tant espérée, captant une inspiration aussi douloureuse qu’inespérée. Il y eut à ce moment précis un flash lumineux d’une rare intensité, comme si quelqu’un avait lancé un flashbang sans préavis au milieu de tout ce bordel. Une projection qui ne dura qu’une brève seconde avant de se dissiper dans une vague évaporée. La créature venait de disparaître, comme si elle n’avait été qu’une illusion sans réalité ni consistance.

Les membres de Shaun accrochèrent la boue et la vase sous ses mains tremblantes, peinant à se hisser sur le rebord, rampant plus qu’il ne se déplaçaient, chaque mouvement lui demandant un effort supplémentaire en arrachant à sa gorge nouée un grondement douloureux. Et puis son corps lâcha prise, ses muscles se décontractant brusquement, son visage s’écrasa sur le sol herbeux où il venait de surgir, n’étant plus retenu par ses bras. Ses jambes flottaient encore dans la rivière, doucement batollées par les ondes provoquées par la chute d’eau, et son buste, comme son visage, reposait au sol, la joue contre. Black out.

√ Arrivée le : 08/12/2012

Search and Rescue

Feat Warren & Shaun

Sauter ou servir de brochettes pour Dragon. Il n’y avait pas vraiment de choix, la solution s’imposait d’elle même. La poigne de Shaun sur son épaule se renforça quelques instants avant le plongeon. Rien à voir avec le plongeon gracieux effectué dans le but d'impressionner les demoiselles, plutôt un grand plat où la première sensation ressentie est la température peu élevée de l’eau. Ce liquide qui s’infiltre partout, alourdissant tout ce qu’il pouvait porter et l’entrainant dans son sillage. S’il tenta dans un premier temps de lutter contre le courant, le Ranger se rendit bien vite compte de ce vain combat. Shaun n’était plus avec lui, décroché dès les premières secondes. Warren non plus. L’indigène n’en parlons même pas. Eversman luttait tout simplement pour demeurer en vie, à flot essayant de s'agripper à ce qu’il pouvait mais rien n'y faisait. Lianes, branches ou même rochers. Rien ne parvenait à stopper cette course folle jusqu’à la fatidique cascade.

L’absence soudaine de gravité le fit hurler à plein poumons avant une chute brutale. La violence d’un choc sur le flanc le sonna à moitié. Le corps n’était qu’une simple poupée de paille, ballotée en tout sens contre les multiples rochers parcourant de multiples mètres avant de se figer soudainement. L’une des sangles du sac était prise empêchant son propriétaire de regagner la surface le clouant littéralement. Tout n’était qu’eau. L’eau n’était pas son domaine de prédilection, loin d’être une grenouille SEAL. Gigoter comme un beau diable n’aidait pas. Impossible de se délivrer. L’oxygène manquait, les forces également. Place à la panique. Il gigotait d’autant plus, il lui fallait de l’air absolument. Dans un éclair de lucidité, il pensa à déclipser le sac du gilet tactique lui permettant enfin de se dégager poussant d’un bon coup sur le sol pour regagner la surface.

De l’air, bordel. Enfin de l’air circulait dans les poumons. C’était violent mais sensation ô combien plaisante. Agréable encore quelques instants avant que la douleur ne vienne des côtes, touchées.

« Fais chier... » Jura-t-il buvant à moitié la tasse avant de parcourir les derniers mètres le séparant de la berge comme il le pouvait finissant à quatre pattes. Il n’était pas seul : la Grenouille était sur pieds en train de sortir de l’eau un corps dont les longs cheveux lui barraient le visage. Un autre gisait un peu plus loin, immobile. Ça ne pouvait qu’être Shaun. De nouveaux jurons lui échappèrent avant qu’il ne cherche à le rejoindre en titubant finissant par s’écrouler à ses côtés.

L’officier fut retourné péniblement sur le dos. « Allez.... » Chaque mot lui coûtait, les baffes fusaient pour tenter de le réveiller. « Shaun ! » Continua-t-il sans davantage de succès. Matt chercha à prendre son pouls appuyant sur sa jugulaire mais il ne savait s’il percevait le sien qui semblait battre fortement ou si c’était celui de son ami. Toujours aucune réaction. Le Ranger finit par se baisser pour vérifier s’il percevait une respiration. Le torse était agité par de faibles mouvements, preuve que Shaun respirait. Il en soupira de soulagement, se laissant retomber à côté. La douleur devenait lancinante, piquante. Une main réflexe vint comprimer le flanc droit par dessus l’uniforme ne le soulageant pas vraiment.

Une silhouette s’approchait. Warren. Il semblait aller bien, enfin aussi bien qu’on pouvait l’être après un tel événement, guère épargné par diverses coupures et coups.

« Tu... » Les mots suivants furent éclipsés par un rictus, la douleur lui coupant le souffle. Quelques secondes furent nécessaires, le temps de gérer cette information nerveuse et ouvrir de nouveau les yeux. Il pesta avant d’attraper Shaun par le gilet jetant un coup d’œil au SEAL espérant un peu d’aide pour le sortir de l’eau et le mettre ensuite à l’abri.

Ce moment lui rappelait les stages d'entraînement où il avait pu se retrouver à plonger dans une eau dégueulasse et glacée. Ce n’était que le début. La mission ne s’arrêtait pas là. Ils étaient toujours en territoire hostile. Ils leur fallait se mettre à l’abri, se réchauffer et faire le point. Déjà se mettre à l’abri, ce serait un bon début. Eversman se laissa guider trainant l’officier jusqu’au lieu indiqué. L indigène les rejoignit sans un mot, il n’y accorda pas la moindre attention s’attaquant à défaire l’équipement du blessé pour lui permettre de mieux respirer et de visualiser une éventuelle plaie ou déformation.

awful

Search & rescueKelly, Eversman & Butler

Le soldat avait l’impression d’être passé dans une machine à laver. Il se sentait fébrile, mais vaillant. L’ours tenait le choc même s’il devait avoir ramassé tout aussi sévèrement. De voir Matt en train de retourner Shaun sur le dos, gisant là dans une marre de boue, acheva de lui donner un regain d’énergie et d’adrénaline. Le pire était à envisager. Le temps qu’il arrive, il vit qu’Eversman semblait soulagé.

« J’vais bien. » grogna-t-il, pensant qu’il voulait lui demander ça. Il l’aida ensuite à transporter Shaun, au moins au sec sur la berge. Il fallait trouver un abri pour se replier pour se refaire une santé. Heureusement, c’était plutôt dans ses cordes, au SEAL. Une fois l’officier adossé à un arbre, Warren laissa faire Matt pour ce qui était des premiers soins.

« J’vais essayer de nous trouver un truc un peu plus confort et moins exposé. Je reviens. Dorlotte le bien. »
« Ok... »
Il se tourna vers l'indigène :
« Tu restes là. »

Il pointa du menton les deux larrons de l’équipe pour qu’elle pige et il s’éloigna. Il n’avait pas perdu son arme dans l’histoire, et heureusement, sinon un sergent instructeur se serait matérialisé près de lui pour le pourrir comme un monceau de merde. Un commando ne devait jamais la perdre, c’était la règle. L’arme en main, il s’enfonça dans la forêt qui bordait la berge. Il ne fallait pas trouver un camp déjà établi mais quelque chose, quelque chose qui pourrait faire l’affaire et qui serait défendable s’ils étaient repérés. Impossible de savoir pour le moment.

Il dû s’éloigner pas mal avant de trouver son bonheur. Un bosquet de connifère en demi arc de cercle qui offrait un abri au vent, et qui permettait de se garder un côté à vigiler tout en protégeant l’arrière. Petit point bonus, on pouvait se glisser entre les racines et s’offrir un abri relatif où faire un feu qui ne serait visible que par sa fumée, autant dire qu’avec la brume relative à la présence proche du ruisseau, qui était en train de se lever avec la température qui monte, cela allait passer inaperçu.

Warren revint donc quelques minutes plus tard.

« Y a un coin plus loin où on pourra s’établir et faire du feu pour se réchauffer si besoin, sans attirer l’attention. Comment il va ? »

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√ Arrivée le : 08/12/2012

Search and Rescue

Feat Warren & Shaun

Pour la douceur, mieux valait repasser. Le gilet tactique et la veste furent ouverts d’un geste rapide permettant une inspection efficace. Aucune perforation, saignement ou de déformation de repéré. Par mesure de sécurité, il vérifia qu’il continuait bien de respirer et le plaça en PLS. En attendant que la Belle au Bois Dormant veuille bien se réveiller, l’homme se permit quelques instants salvateurs pour simplement souffler. Pour une mission qui devait se dérouler sans accrocs, c’était le fiasco total…

CRAC. Le craquement le fit bondir, le Zat aussitôt saisi avec l’optique de riposter mais ce n’était que l’Indigène qui venait s’asseoir à ses côtés.

« C’est toi... » Lâcha-t-il difficilement en rangeant son arme ayant presque oublier sa présence s'apprêtant à retourner en position assise mais stoppa son geste en remarquant le visage perlé de larmes silencieuses. Les lèvres étaient pincées, retenant certainement les plaintes et le regard se baissa jusqu’à ce bras qu’elle soutenait. L’angle n’avait rien de naturel, si bien qu’il eut un doute en vérifiant sur sa propre articulation avant que la conclusion ne monte jusqu’au cerveau : un bras pété.

« Merde. »

C’était pas bon ça… Matt se déplaça jusqu’à elle pour avoir un meilleur rendu. Pas de fracture ouverte, c’était déjà mais il n’était pas du tout qualifié pour ça. Il déglutit essayant de penser à un moyen de lui venir en aide. Déjà la soulager à l’aide d’une pipette de morphine présente dans son gilet tactique avant d’utiliser sa veste détrempée pour faire une écharpe de fortune le plus délicatement possible. Il en était là quand Warren revint annonçant la découverte d’une cache.

« Il respire... » Commença-t-il en prolongeant d’un signe d’épaule montrant qu’il n’en savait pas plus, ce qui tira sur les côtes et fut forcément douloureux. « Côtes touchées. » Déclara-t-il tout en posant sur la partie lésée avant de montrer l’indigène de la main. « Bras pété. Et toi ? » Demanda-t-il au seul debout de cette équipe en triste état.

Le soldat considéra tour à tour les différents protagonistes ainsi que Matt lui-même, alors que ce dernier lui faisait un petit rapport rapide de l’état de santé de chacun. Ils étaient dans une sacrée merde.
« Juste le slip de mouillé. » fit-il avec un hochement de tête. Globalement, il s’en tirait bien. Des bosses, des ecchymoses, des éraflures et autres coupures, mais rien de bien méchant comparé à tout le monde. Shaun avait l’avantage d’être inconscient pour gérer la douleur, la bonne femme devait souffrir le martyr et les côtes de Matt allaient considérablement les ralentirs. Ouais… Ils étaient dans une sacrée merde. Mais chaque chose en son temps.

C’est avec son aide seulement qu’ils parvinrent à remettre l’officier sur pieds supportant ce bon poids lourd humide jusqu’à la cache, le plaçant à l’abri des racines avec l’indigène à moitié sonnée avec la dose de morphine.

Eversman se délaissa des armes à feu possédées, plus utilisables depuis leur passage sous l’eau ne pouvant désormais compter que sur le zat et le poignard possédé.

« Je vais voir ce... que je peux faire avec ça....Envoie les tiennes...» Pas sûr que quelque chose soit réparable tant elles avaient l’eau mais pas le choix. Il s’attaqua au démontage de son fusil d’assaut.

«Tu fais le feu ? Faut qu’on se sèche... »
« Je m’en occupe. » fit Warren après lui avoir refilé ses armes. Elles n’étaient pas spécialement conçu pour la flotte. Si le mécanisme devait encore fonctionner, les munitions avaient peut-être pris l’humidité et l’explosion ne se ferait pas pour expulser la tête de la balle. Emmerdant tout ça, mais contre un dragon de toute façon… Enfin, il restait les humains à gérer aussi.

Il se concentra sur le feu. Heureusement, il avait son briquet tempête avec lui qui lui permit d’allumer un petit monceau d’herbes séchées, agrémentées de morceaux de bois. Une senteur de pin s’éleva dans l’air quand les premières volutes de fumées dansèrent.

awful

√ Arrivée le : 25/08/2020

Search and Rescue

Matt Eversman - Warren Butler - Shaun Kelly

Sa bascule sur le dos se fit très vivement, sans doute empreint encore des brumes de son inconscience qui l’avait gardé captif des eaux tumultueuses. Ça lui en ficha le tournit et fit vriller sa tête en ramenant, comme une vague, les dégâts de son corps endoloris. Il avait l’impression que son crâne allait exploser tant la pression qui s’exerçait sur son lobe temporal était forte. Il n’avait pas encore réellement conscience d’où il se trouvait, ni d’avec qui il était, mais la seule chose dont il était à peu près sûr, c’est qu’il était hors de l’eau, et hors d’un danger immédiat.

Il avait grondé à son réveil, d’un son assez guttural qui s’était arraché de sa gorge rapeuse, l’obligeant l’instant d’après à tousser à plusieurs reprises. Il se sentait lourd, et pour cause, outre les blessures que son corps avait subi - en majorité des coups et des hématomes d’ailleurs, tout son équipement lui pesait une tonne. Du moins celui qui lui restait. On avait prit soin de le débarrasser de son sac et de son arme, bien qu’il sentait que cette dernière était juste à côté, tandis qu’il lançait sa main sur son flanc, frôlant la surface métallique de l’objet. Mais le reste, son gilet à moitié arraché sur l’avant, et tout son treillis s’était imbibé de flotte doublant presque le poids de la carasse déjà bien lourde de l’officier.

« Tu m’traites de princesse, p’tit con, et j’te refais ta tête en cube.»

avait-il finalement pu prononcer dans un élan soudain de conscience alors qu’il redressait sensiblement la tête pour voir ses collègues non loin, avant même que l’intéressé n’ai prononcé le moindre mot, par anticipation.

Sa vision n’était pas encore tout à fait nette, l’obligeant à cligner des paupières à plusieurs reprises pour en récupérer le confort, mais c’était bien sur ce qu’il devinait d’Eversman qu’il avait adressé cette première phrase, sur un ton des plus sérieux mais que sans doute seul le concernait pouvait savoir qu’il n’y avait là aucune réelle agression.

« Reçu, Cendrillon. »

Répondit Eversman, soulagé de le savoir de nouveau avec eux.

Il se laissa retomber sur son tapis de mousse au sol, la tête en arrière, pour souffler un peu plus longuement et river son attention à une étendue bleue du ciel au-dessus de lui, presque entièrement camouflé par la frondaison des arbres qui les abritaient. Il ignorait combien de temps s’était écoulé depuis son inconscience, la douleur à son arcade se ravivant sensiblement en forçant son visage à se grimer d’une ultime grimace, mais il savait que ça n’avait pas été bien long.

Ses yeux clignèrent sensiblement alors qu’il tentait de remettre ses idées en place, de se remémorer la série des événements qui les avaient conduit jusque là, se concentrant sur ses faits passés car dans l’impossibilité de faire appel à toute sa lucidité pour établir la suite du plan. Sa dextre s’éleva pour venir se passer sur son visage, abîmé, boueux, sale de sueur collée, avant de passer par le haut de son crâne et ses cheveux, trempé et en bataille malgré leur courte longueur, esquivant la zone sensible de son front.

Et puis, la réalité de l’urgence lui revint en pleine face, pivotant ses iris d’un côté puis de l’autre de lui-même en demandant d’une voix un peu plus assurée.

« Putain de lézard. Il est passé où ?»

Search & rescueKelly, Eversman & Butler

« Il nous a lâché les basques après notre grand plongeon. Pas fan de la flotte on dirait. Content de te voir revenir parmi nous Lieutenant. » commenta le SEAL occupé à faire en sorte que son feu de fortune prenne. Il espérait ne pas attirer la bête avec ce point chaud, mais ce serait vraiment fort de café.
L’indigène vint se positionner près du feu, apportant un peu de petit bois qu’elle avait ramassé d’une main, sans chouiner, ce qui était un exploit. Certes, le bras en écharpe devait la soulager un peu, sans parler de la morphine. D’ailleurs, ses yeux étaient dilatés, et elle semblait plus sereine, signe que la drogue faisait son effet sur son organisme peu habituée à ce genre de médecine.

Tout le monde avait besoin de sécher un peu et de reprendre ses esprits après cette grande cavalcade digne d’un film. Il ne savait pas trop comment essayer de faire comprendre à la jeune femme qu’elle avait un lien avec la lumière, à cause de la barrière de la langue. C’était un peu frustrant, il fallait le reconnaître.

Enfin, pour l’heure ils avaient un peu plus à faire que ça.

« Topo sur le matos ? » demanda-t-il avant d’énumérer ce qu’il lui restait : « Quelques barres énergétiques, j’ai bon espoir qu’elles soient encore bonnes, ma gourde a foutu le camp comme le sac à dos. Arme trempée, chargeur de rechange aussi. Pas grand-chose pour l’autonomie sur le long terme même si on peut trouver de quoi faire dans ces bois je pense. » observa-t-il.

« Deux gels. » Commenta-t-il en vérifiant les poches du gilet tactique posé à côté. « Une flash bang... » Et encore vu la déformation, pas sûr qu’elle soit encore opérationnelle. Il continua de faire l’inventaire sortant une paire de lunettes brisée, un kit médical dont les deux bandages étaient détrempés. « Radio HS. Plus de gourdes, ni de sac… Inventaire des armes en cours mais… ça pue. » Des armes qui prenaient l’eau, ce n’était jamais bon. Son propre fusil est hors service le canon ayant été déformé lors de la balade aquatique mais peut être qu’il pourrait récupérer des pièces. Pas évident d’effectuer ce travail de précision avec cette humidité et donc ce froid, la chaleur du feu était la bienvenue.

Quand les deux autres soldats évoquèrent l’état de leur matériel, et aussi des armes et munitions, Shaun entreprit de prendre appui sur un de ses bras, pour se placer de flanc, essayant de trouver la posture la moins douloureuse possible, avant de se saisir de son fusil et l’inspecter. « Ok. J’avoue qu’on est pas vraiment dans une situation des plus agréables… mais on a pas encore tout donné.» laissa t-il filer avant de laisser échapper un grondement léger. « Y’a de la terre dans le canon et le magasin est rempli de flotte. Plus de gourde. Plus de jumelles.» Il laissa glisser la pointe de sa langue sur ses lèvres asséchées avant de venir traîner le sac jusqu’à lui et le pousser en direction de Butler. « Vérifie ça.» Il en profiterait de son côté pour retrouver un maximum de ses forces et commencer à cogiter pour la suite.

Warren réceptionna le sac. L’inventaire rapide qu’il avait proposé n’était pas réjouissant. Ils étaient fortement limités en matos et le séjour dans la rivière avec la fuite forcée n’avait rien arrangé sur ce qui avait pu être emmené dans la précipitation d’échapper à un saurien ailé.
« Tout a pris la flotte aussi. » commenta Warren, même si cela semblait évident. Il vira un rouleau de PQ en piteuse état, le duvet roulé était trempé, mais il finit par trouver quelques rations, intactes.
« Deux boîtes de rations, les pastilles purifiantes sont ok aussi. Les barres énergétiques, à voir. Le reste est foutu. » Il installa le maigre butin devant eux.

:copyright:️ DABEILLE

√ Arrivée le : 08/12/2012

Search and Rescue

Feat Warren & Shaun

C’était la merde… La conclusion s’imposait dans l’esprit d’Eversman et certainement pour chacun des coéquipiers. Pourtant aucun ne vint s’en plaindre, rompu aux missions difficiles et périlleuses. Tant qu’ils n’étaient pas raides morts, aucun n'abandonnerait la mission. Le crépitement du feu était un bruit agréable, réconfortant et rassurant. C’était important pour le moral de se focaliser sur les quelques points positifs. Il s’en berça tout en continuant son laborieux travail de démontage, d’inspection, de nettoyage avec les moyens du bord avant de remonter le tout. C’était un bon moyen d’occuper l’esprit. Chacun sa tâche : lui aux armes, Slip Mouillé à la survie et le Chef à jouer les princesses endormies.

« On a un fusil et un berreta en état... Deux chargeurs pour chaque... et encore... j’ai un doute sur le dernier du berreta. » Finit-il par déclarer au terme de plusieurs pauses nécessaires pour reprendre un souffle réunissant les armes valides d’un côté, le reste qu’il balança un peu à l’écart, inutilisable dans l’état. « J’ai mon Zat aussi… Aucune idée si ça fonctionne... après son passage dans l’eau... »

Ce n’était pas brillant côté armements. Les munitions étaient comptées et même si les armes devaient être en état de marche, rien ne garantissait qu’elles ne déconneraient pas à un moment donné.

Eversman soupira longuement avant de se masser le crâne le frottant négligemment comme pour se réveiller un peu, geste qui ne fit que raviver la douleur des côtes. Ça risquait d’être problématique ça et chaque ennui se devait d’être réglé. Il n’était pas docteur, loin de là même mais ce n’était pas ses premières côtes malmenées en mission. La procédure était des plus simples.

« Boss... » Lâcha-t-il pour attirer l’attention de Shaun. « Tu m’files un coup de main stp ? » Cette familiarité n’enlevait pas le respect du gradé, ils étaient dans la même merde de toute manière.

« Tu m’aide à retirer ça ? » Montra-t-il en tenant le col de son t-shirt détrempé et donc des plus moulants. C’était désagréable de rester ainsi humide, rien de mieux pour attraper la crève mais il n’était pas parvenu à le retirer seul. C’est au prix d’un bel effort collectif, de pas mal de douleurs et de jurons pour lui qu’il fut enfin retiré dévoilant un flanc droit ayant pris des couleurs bleutées. Ça ne pouvait pas être un bon signe : fracture, coup, épanchement sanguin… Beaucoup de possiblités pouvaient en être à l’origine et aucun d’entre eux n’avait les compétences pour le diagnostiquer.

Matt eut besoin d’un peu de temps pour se remettre des manipulations avant de passer à la deuxième étape.

« Utilise un bandage et serre bien… ça comprimera la zone. »

awful

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

Le regard du Lieutenant s’attardait sur la femme, la seule du groupe, l’indigène qu’ils avaient receuilli, davantage par nécessité et sauvegarde de leur discretion, mais que la présence était peut-être responsable de l’effet inverse. Avait-il vraiment pris la bonne décision en l’embarquant avec eux ainsi, plutôt que de la jarter dès qu’ils en avaient eu la possibilité ? Il avait espéré qu’elle soit plus bavarde et loquace sur le sujet, celui qui avait nécessité leur venu sur cette planète, mais ce n’était pas encore perdu.

Il s’était redressé en passant une main à son crâne douloureux. Le sang avait cessé de couler, mais le choc y avait laissé une empreinte notable : il sentait qu’il avait des difficultés à organiser ses pensées et chaque morceau de lumière un peu plus intense qui passait dans son champs de vision rendait ses sensibilités exacerbées. Rien que contempler le feu de camp qui glanait un peu de chaleur bienvenue le foutait en vrac. Il s’en massa plusieurs fois les yeux d’ailleurs, grimaçant non pas de douleur, mais de cette perte de contrôle qu’il n’arrivait pas à régler.

Shaun s’était redressé, assis à ressembler ses idées comme il pouvait, les deux genoux redressés, ses bras en appui au-dessus, avant que l’invective d’Eversman ne lui fasse reprendre pied dans la réalité. Il avait eu un moment de flottement entre sa demande et les réactions de son corps en réponse, mais finalement, un léger grondement s’était extrait d’entre ses lèvres closes, alors qu’il allait prêter assistance au Ranger, arguant des « Tiens toi tranquille.» quand l’homme jurait un peu trop.
« Cause... toujours, Cendrillon. » Pesta-t-il en retour serrant les dents, tandis que Shaun répondait de son côté en tirant un peu plus fort ce qui le fit taire.

Mais c’était bien un juron qui sortit de ses lèvres lorsqu’il observant enfin la blessure d’Eversman, qui n’avait rien de bénigne. Non, clairement, il ne pouvait pas faire prendre plus de risque à son groupe. Ils n’étaient pas assez équipés pour affronter ça. Dans tous les cas, il l’avait mauvaise. Ce peuple de primitif moyennageux c’était bien foutu de leur gueule en omettant de leur parler d’un truc aussi gigantesque, et il sentait déjà sa colère froide monter d’avoir masqué ça.

« On va aller demander des comptes à notre cher Roi Welf. » avait-il fini par déclarer en ouvrant le kit médical qui avait été sorti par Matt lors de l’inventaire, venant essorer d’une compression de la main ces derniers, laissant l’eau s’échapper de sa poigne rigide.

Il aurait bien aussi jeté Eversman au passage à travers la porte des étoiles, mais il connaissait le bougre, il n’était pas du genre à renoncer, et honnêtement lui non plus, car les deux Rangers étaient tous deux dans un sacré état.

« Mais à notre invitée avant toute chose. » avait-il continué après une brève pause tandis que son regard s’axait sur l'autochtone qui, même si elle ne comprenait pas leur langue, semblait avoir bien supposé qu’il parlait d’elle en l’instant. « C’était quoi, ça ? » interrogea t-il sur un ton assez dur, envoyant d’un même temps son index vers le ciel, en arrière.

Elle était moins farouche, maintenant que ces évènements étaient passés, et même si la médication la shootait quelque peu, c’était étrange de la voir participer à cette “remise en forme” et apporter grain au moulin. Lentement, il déroula les deux bandes. Y’avait de la surface à recouvrir et il voulait faire ça efficacement. Il resta concentré par la suite sur sa tâche, emballant le thorax de Matt de manière assez serrée, utilisant toute la largeur des bandes pour ne pas provoquer de serrage lacérant, aidé par l’humidité des tissus qui collèrent immédiatement à la peau. Ça prit du temps, mais ça soulagerait un temps soit peu la douleur que le gaillard ressentait.

« Smok. » répondit-elle sur une voix assez basse, flottant un peu grogui entre deux mondes, comme épuisée. « Ochronny Smok. »

Ce bandage n’avait rien d’agréable mais la zone lésée se retrouvait comprimée et c’était par conséquent plus gérable. Rien ne bougerait grâce aux compétences de l’infirmière Joëlle même pas lui, du moins il l’espérait. Quand Shaun conversa avec l’Indigène, forcément Eversman écouta.

« Hey Warren. Tu avais...pas parlé d’un truc lumineux ? » Demanda-t-il en se mêlant à la discussion, se tournant vers le SEAL du groupe qui faisait office de sentinelle pour le moment attendant la confirmation.
« Ouais, ça brillait au niveau de son torse. » répondit le jeune homme qui montait la garde pendant que les deux rangers se faisaient des papouilles.
« Montre ton truc là. » Demanda-t-il ensuite à l’Indigène en montrant les plaques d’identification qu’il portait avant de la montrer du doigt espérant lui faire comprendre. Il réitéra à plusieurs reprises les gestes pour enfin là voir sortir le pendentif qui aurait dû luire de la même lumière que le dispositif aperçu par l’officier.

@DamianVK

Search & rescueKelly, Eversman & Butler

Ils n’avaient plus qu’un maigre butin à faire valoir pour survivre. Pourtant, personne n’avait encore parlé de rentrer au bercail. Shaun les avait un peu remotivé par quelques mots, mais pour le moment, Warren n’était pas encore assez miné pour se dire qu’il valait mieux abandonner l’idée de retrouver cette princesse. Cependant, il était clair qu’ils n’avaient pas eu toutes les informations. Un dragon, ça méritait d’être abordé comme données, quand on était allié avec quelqu’un, non ? Après… Peut-être que l’animal en question était tellement ancré dans le paysage qu’il était banal. Après tout, est-ce qu’on irait dire que la Terre avait des Lions ou des Tigres pour négocier ? C’était complètement con.

Le SEAL était naturellement curieux pour ce qui était de l’apprentissage des langues. Il adorait découvrir les dialectes, les patois, et en apprendre quelques mots. Il n’avait pas pris le temps avec la jeune femme, parce que la situation ne s’y prêtait pas tellement. Pourtant, il fallait bien convenir qu’elle devait être une source d’information précieuse pour toute cette affaire.

« A mon avis, “Smok”, c’est Dragon. » dit-il. Le terme était revenu assez souvent, surtout en braillant quand le lézard volant était dans les environs.

Elle extirpa un pendentif. Il ne brillait pas ou plus, parfaitement terne, il ressemblait à une grosse larme en verre striée d’or avec quelque chose qui semblait flotter dedans, comme figé mais sans vraiment l’être. C’était flou à cause de l’enrobage, donc impossible de savoir vraiment ce que c’était.

« Zab Smoka. » dit-elle en exhibant le pendentif. Elle regarda Matt et répéta. Cette fois Warren en pouvait que déduire que c’était en rapport avec le dragon, mais sans savoir quoi exactement.
Devant l’air de poisson rouge d’Eversman, elle répéta : « Zab Smoka. » puis elle ouvrit la bouche, et passa son pouce sous son incisive comme pour la pousser hors de sa cavité buccale. Très franchement, vu la gueule de sa dentition, si elle poussait un peu trop fort, il y avait de forte chance que la dent saute toute seule ! Pour le coup, Warren était content de ne pas être en face d’elle.

« Y aurait une dent de dragon là dedans. Hum… Elle a un lien avec la créature, mais lequel ? En tout cas, elle semblait paniquée quand elle l'a vu, ça ne doit pas être un lien très amical sinon elle n’aurait pas fui. »

« Ochronny ząb smoka. Moi ludzie hodują smoki! » ajouta-t-elle.

« Et si ce collier était un mouchard ?!» Lâcha Eversman, beaucoup moins enthousiaste que le SEAL, le visage fermé et le regard rivé sur l’indigène.
« Il nous suivait…. à travers la végétation. » Justifia-t-il se rappelant des cris gutturaux, du brasier déclenché mais surtout de cette traque malgré l’épais feuillage. Il n’y avait rien de normal là dedans.
« Tout a dérapé… depuis sa rencontre… » Continua-t-il rappelant leur aventure. Les débuts avaient été idylliques, l’infiltration presque parfaite jusqu’aux cris de la demoiselle et le début de la course poursuite. Cela n’avait plus été qu’un enchaînement d’emmerdes ensuite.
« C’est quoi ces conneries putain... » Shaun se massa sensiblement la tempe, de sa main frottant son front. « Moi, la question que je me pose surtout, c’est dans quel but ces putains d’enfoirés ont appelé cette créature ? Et surtout… elle est qui, elle. Réellement. » Il avait pointé son index dans la direction de la femme, l’observant toujours avec cette même sévérité où seul son état le retenait d’aller la faire parler, de gré ou de force.

« Le dragon a peut-être été lâché pour la retrouver... » Ce qui revenait à son idée de collier associé à un mouchard et donc de danger imminent. L’agacement était palpable, la situation tendue. La fatigue n’aidait pas mais chacun des hommes présents avait appris à ne pas y céder, à demeurer lucide le plus longtemps possible.

« Peut-être… C’est possible. On a vu un truc qui brillait avec le Lieutenant, qui était escorté par des mecs armés. Il était dans un chariot. Si ce truc qui brille appelle le Dragon, alors c’est possible que le truc qui brille autour de son cou l'appelle aussi. Mais pourquoi le garder si c’est ce qui l’attire ? » s’interrogea Warren. Malheureusement, impossible de vraiment débrouiller tout ça sans un putain d’interprète. Même en la brutalisant, elle ne parlerait que dans sa langue, ce qui n’avancerait à rien.

:copyright:️ DABEILLE

√ Arrivée le : 08/12/2012

Search and Rescue

Feat Warren & Shaun

Voilà maintenant qu’il existait d’autres dispositifs brillants ce qui le fit soupirer longuement. Ils étaient mal barrés, clairement. Pourquoi les missions merdiques, c’était toujours pour sa pomme ? Il avait un don particulier pour s’attirer les ennuis. La meilleure solution semblait de se débarasser de ce collier pour ne plus avoir le volatile sur les pattes mais ils pouvaient peut être l’exploiter autrement.
« On pourrait s' en servir... pour l' amener à un point. » Rien de bien innovant en exploitant un atout de l’ennemi pour le retourner contre lui. Avec une bonne baliste et un tir entre les deux yeux, l’abattre pouvait être envisageable mais vu le peu de puissance offensive dont ils disposaient, ça paraissait suicidaire. Si déjà ils pouvaient l’écarter d’eux, ce serait déjà très bien. Pour ça, rien de plus simple, ils disposaient d’une rivière avec un bon courant juste à côté.

« Mais pourquoi… il est pas déjà… sur nous la ? » Début d’un silence certain où Eversman ne put s’empêcher de scruter le peu de ciel visible s’attendant presque à le voir débouler dans la seconde.

Shaun finit par se redresser, même s’il restait sur ses genoux au sol, tout en prenant un temps supplémentaire pour laisser se tasser le tournis qui en avait résulté, avant de se diriger vers la vagabonde. Il s’était planté devant elle, le regard assez sérieux qui la fixait avec une intensité rude, captant ainsi son attention nimbée d’une lueur de crainte dans le regard.

« La créature. Smok. » prononça-t-il de sa tonalité grave voir un peu plus qu’usuellement, détachant chaque mot pour qu’ils soient audible. « Comment on la tue ? Tuer Smok. Comment ? »
Il avait escorté ceci de quelques gestes qu’il espérait équivoque, désignant le ciel de sa main droite quand il prononçait le mot Smok avec un accent terriblement américain, et faisant une croix de ses bras au mot tuer.

La jeune femme semblait craindre Shaun. Elle s’était tassée sur elle-même. En même temps, c’était le moins sympa de la bande. Personnellement, Warren ne se plaignait pas de ne pas voir le dragon dans les parages. C’était tant mieux !
Elle secoua la tête :
« Nie ! Nie zabijaj ich ! » dit-elle en secouant la tête de plus belle. Elle extirpa son os de son décolleté et l’exiba. Il ne brillait plus. Elle le tenait d’une main, et de sa main libre, elle mima quelque chose qui pulsait. Certainement la lumière que Warren avait vu toute à l’heure.
« Kiedy kość świeci, smoki szaleją! » Elle y associa du bruit pour augmenter l’effet, puis elle se tapa sur la tête.
« Zwariowany ! » répétait-elle en se tapant sur la tête. « Smok, zwariowany, zwariowany ! »

awful

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

L’officier avait maintenu son regard attentif sur la jeune femme alors qu’elle se repliait un peu plus sur elle-même à son approche. Ça ne le contraria pas le moins du monde, et même s’il n’en éprouvait aucune fierté, en réalité, il s’en fichait royalement. Inspirer la crainte avait parfois ses avantages et il fallait bien avouer qu’il ne faisait aucun réel effort pour se faire apprécier. Il était ainsi, dans sa nature la plus pragmatique. Ca ne signifiait pas qu’il était incapable de compassion ni d’empathie, bien au contraire, mais c’était une chose qu’il avait apprit à mettre entre parenthèse quand sa vie ou celle de ses hommes étaient menacées. Et dans le rôle du bon flic, méchant flic, il se complaisait dans sa froideur.

Il l’avait observé mimer ses gestes sans même comprendre le sens de ses mots, mais le tout prêtait à confusion. Il pensa au début qu’elle affirmait que la créature ne pouvait être tuée, mais il eut un doute sur la suite de ses mots, se laissant perplexe quand elle se tapa sur la tête. Ceci le contraria d’autant plus, que cette barrière de langue les empêchait de comprendre ce qu’elle expliquait alors qu’il savait pertinemment que les informations qu’elle possédait étaient des plus importantes.

Les lèvres plissées et retroussées, son attention descendait sur le fameux pendentif, se remémorant la pulsation importante qu’il avait vu dans sa binoculaire, mais quelque chose lui échappait. Toujours en face de la femme, sans bouger d’un pouce, il avait dévié son regard sur ses deux acolytes en arrière de sa posture.

« Soit elle est en train de dire que la tête est son point faible, soit que ce pendentif leur fait du mal, mais si c’est ça, j’ai toujours pas compris pourquoi elle le garde. »

Son mécontentement augmenta d’autant plus. Il se sentait hors contexte de la mission qu’on lui avait confiée. Retrouver une putain de princesse, c’était pas si compliqué, non ? Sa dextre se leva à ses yeux alors qu’il redirigeait son visage vers le sol, se massant les paupières d’une pression du pouce et de l’index en pince, son souffle s’exprimant brièvement de ses lèvres, avant de se reprendre. De sa main, il balaya la terre, dans l’espace qui le séparait de l’autochtone, retirant brindille et feuilles mortes, arrachant plantes et herbe qui y trônait pour n’y laissait qu’une zone plane de terre.

« On va reprendre depuis le début. » Laissa-t-il entendre d’une voix un peu plus basse, ses doigts terreux et poussiéreux venant s'emparer d’une brindille assez rigide.

Il n’avait jamais été doué en dessin, surtout lorsqu’il s’agissait de représenter des objets, ou des personnes, bien plus à l’aise dans le dimensionnement de plan stratégique griffonné à la va-vite. Là, il s’agissait de jouer à un pictionnary version Moyen-Age.

« Welf. » déclara-t-il, estimant que le nom ne devait pas changer d’une langue à l’autre en dessinant une vulgaire couronne faite d’un trait plat en dessous et de pointe en hauteur. Puis, il enchaîna sur un bonhomme bâton aux cheveux longs, vêtu d’une robe. « Sa fille. Danica. »

Il leva les yeux sur elle, espérant y lire la compréhension de ce qu’il baragouinait. Malgré sa crainte, toujours prostrée sur elle-même alors qu’elle se ceinturait le buste de son bras valide dans cette posture défensive évidente, ses yeux s’étaient dirigés vers Shaun et ses dessins, hochant simplement la tête à son attention. L’officier enchaina.

« Helm. » reprit-il en dessinant une autre couronne séparée de la première par un trait bien distinct. Puis, entourant la fameuse princesse dessinée, il traversa la frontière avec une flèche.

« Niemożliwy. » dit-elle d’une voix un peu plus assurée. « Przekraczanie granicy w czasie przesilenia jest zabronione. »

« Wooo-wooo. On se calme là. C’pas parce que t’as pigé trois dessins sur le sol qu’on s’est mit à comprendre ton charabia. » avait-il lâché sur un ton un peu plus grondant, ce qui força la jeune femme à reculer un peu plus, avant qu’elle ne voit le bâton tendu par l’officier vers elle.

« A toi. »

@DamianVK

√ Arrivée le : 08/12/2012

Search and Rescue

Feat Warren & Shaun

————— WARREN

Ce n’était pas bête de passer par le dessin pour essayer de trouver un terrain d’entente sur les termes que ni les soldats, ni la jeune femme, ne pouvaient trouver verbalement pour le moment. C’était bien leur veine de tomber sur une autochtone qui ne parlait pas la langue. Après tout, les gens du roi la parlaient très bien mais vu ses frusques, elle n’en faisait pas partie. Au moins ça donnait un peu de profondeur à leur aventure en terre inconnue.

Warren restait silencieux, ne serait-ce que parce qu’il montait la garde en observant les alentours tout en gardant une oreille et un oeil sur ce qu’il se disait. Il essayait aussi d’interpréter ce qu’elle racontait sans vraiment parvenir à extrapoler quoique ce soit de bien concret. Oui peut-être qu’elle leur disait que la tête était le point faible du dragon, ou peut être que l’objet agissait sur la tête du même dragon. Mais pourquoi et comment ? Les types qui se promenaient avec l’artefact brillant s’étaient éloignés sous bonne escorte de la cité et la créature était arrivée dans la foulée quand ce machin s’était mis à briller.

Est-ce que ça l’appelait ? Est-ce que cette escorte n’était pas destinée à les protéger du dragon mais d’autres personnes susceptibles de vouloir prendre cet objet ? Tellement de questions, et les reponses se trouvaient certainement dans les propos incompréhensibles de la jeune femme.
Cette dernière tendit la main avant de se raviser, avant d’hésiter une nouvelle fois, le regard craintif. Finalement elle attrapa la bâton du bout des doigts et quand elle sentit qu’elle n’allait pas en prendre un coup, sa prise fut plus ferme. Elle revint en se traînant sur ses genoux vers le dessin et elle chercha à formuler sa pensée en la transcrivant sur le dessin.

Elle repassa l’extrémité du bâton sur la ligne qui marquait la frontière, l’accentuant par sa profondeur. Elle dessina ensuite ce qui ressemblait à un dragon entouré d’un gros rond dont partait des traits perpendiculaires. A première vue, un soleil, puis elle vint effacer la flèche et elle l’arrêta à la frontière. « Niemożliwy. »
Elle fit une croix à la pointe de la flèche, la complétant de façon à représenter des épées.
« Qu’est-ce qu’elle raconte, bordel... » avait lâché Shaun en accentuant la profondeur de ses traits, son regard passant sur le dessin qu’elle venait de compléter. « La frontière est gardée, ça on sait… et le soleil ? Le dragon sort au levé du jour… ? J’pige que dalle. » finit-il en reportant son attention vers l’arrière, espérant de l’aide des deux autres Atlantes.

« J’sais pas si on va arriver à en tirer quelque chose... » observa le soldat. Ça le bottait toujours bien d’apprendre des langues mais habituellement y avait la possibilité de passer par l’anglais pour commencer à démêler le merdier. Mais la…. à se demander comment les premiers hommes avaient fait pour se comprendre, surtout d’un point de vue grammatical.

La jeune femme voyant que les trois crétins ne comprenaient rien, poussa un soupir. Elle ramena son bâton sur la couronne de Welf :
« Welf. » repeta t elle. Puis elle dessina un trait jusqu’au dragon. « Smok. » Enfin, elle effaça le trait situé dans la partie du roi Helm, et elle se cacha les yeux. Puis, elle passa plusieurs fois son bâton sur la frontière pour en faire une limite.

Warren pipait pas grand chose à part que : « Welf il en a jamais vu quoi… hey franchement Lieutenant, on se payerait pas le culot d’aller poser la question à l’un ou l’autre des deux rois ? »
« Ouais. » trancha t-il finalement, son attention portée aux nouvelles précisions. « C’est carrément c’qu’on va faire. »

---------------------- MATT

« J’y comprends plus rien... » Finit par avouer Eversman après un contact visuel avec l’un de ses coéquipiers. Ce n’était pas faute d’essayer, de suivre les échanges et tenter de comprendre les propos de l’Indigène. Il avait réussi à établir une certaine confiance avec elle en nouant le dialogue un peu plus tôt. Cela n’avait pas été sans difficultés, la barrière de la langue rendant le tout compliqué.

Pourquoi n'avait-il jamais de linguiste quand il le fallait ? Là, il aurait été utile pour échanger avec elle sur des faits plus complexes. Une chose qui le rassurait, c’était que les deux autres n’avaient pas l’air d’en comprendre davantage. Matt soupira avant de frotter les yeux essayant de se maintenir vigilant et concentré. Le temps ne jouait pas avec eux. Même si personne ne parlait, chacun avait conscience de l’état de l’équipe et par conséquent des possibilités limitées.

Warren lança l’idée d’une visite aux couronnées, validée aussitôt par l’officier. Pour la discrétion, c’était déjà fichu donc pour maintenant, autant aller directement au but.

« Welf ou Helm ?» C’était bien là la seule décision qui leur restait. Soit on allait frapper à la porte du Papa éploré ou bien on allait directement voir son ennemi en lui demandant s’il n’avait pas la fille de son rival, tout ça sans se faire dévorer par le dragon. Un bon scénario de film qu’il aurait adoré suivre en temps que simple spectateur. C’était beaucoup moins drôle en tant qu’acteur principal.

« Welf. Nie nie nie ! » Répéta-t-elle plusieurs fois faisant des signes négatifs de la tête.
« Toi et Welf ?» Essaya-t-il de comprendre en montrant la vague couronne dessinée et la demoiselle.
« Nie tam ! Nie tam ! » Continua-t-elle ce qui commençait à agacer le Ranger. Il n’y avait pas dix mille solutions pour comprendre ce qui clochait avec Welf. Cet homme était censé être allié à Atlantis, c’était lui qui avait fait appel à eux pour retrouver sa fille.
« Welf ?» Proposa-t-il en échangeant avec les deux hommes.
« Welf. » Confirma Shaun tout en conservant son regard dégageant une certaine froideur sur la femme, davantage porté par ses doutes que pour un réel ressentiment à son égard, avant de continuer. « On bifurquera par la Porte juste avant pour faire un compte-rendu. »
« Quelques fusils ne seraient pas de trop... »

La prochaine question logique aurait été de demander quand allaient ils se mettre en mouvement. Cela aurait été possible s’ils disposaient encore de l’équipement du début de mission. Un dragon et une indigène plus tard, le temps n’était plus un allié. Les vivres étaient limitées, les armes réduits au minimum et l’état de l’équipe désastreux. La mission ne pouvait durer une éternité. C’était presque un miracle qu’ils soient tous encore tous en vie. Le gilet tactique fut attrapé et enfilé avec des gestes lents par Eversman, la compression exercé par ce bandage le soulageant pour le moment. Un zat en guise d’arme principale, il avait connu mieux mais c’était déjà mieux que rien. Il fallait s’en contenter et espérer que les Dieux seraient avec eux pour changer un peu.

awful

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

Si Shaun se repérait assez bien en tant normal, la situation avait de quoi lui laisser quelques doutes, mais il y avait un point de repère non négligeable : la rivière. Ils avaient eu à la franchir pour rejoindre leur emplacement repéré, et selon ses calculs, si ce foutu mal de crâne ne lui avait pas fait vriller dans sa réflexion plus qu’il ne le pensait, ils n’auraient plus à la franchir de nouveau, ayant atterri du bon côté du versant. Maintenant restait à savoir comme s’axait la frontière dans l’histoire. Un plongeon plus tard, et les quelques photographies qu’il avait prises avec lui s'étaient juste échappées dans le courant. Ils allaient devoir faire de mémoire.

Alors qu’il passait à nouveau son sac sur son dos, déchargeant un maximum Eversman de son poids d’équipement - du moins pour ce qu’il en restait, pour ne pas qu’il se blesse davantage, le Lieutenant avisa la jeune femme qui les avait accompagné bon gré, mal gré, dans ce periple roccambolesque. Vu la vigueur qu’elle avait eu à protester sur le choix de Welf pour leur prochaine visite, à coup de “Nie” intempestif et acharné, il était plus qu’évident qu’elle ne souhaitait pas les accompagner dans cette histoire.

« Tu peux partir. » avait simplement dit l’officier à son encontre, jetant un mouvement de menton au loin pour appuyer ses mots. « Rentre chez toi. T’es libre. » Mais elle resta plantée là, au milieu de leur campement de fortune qu’ils avaient enterré, jetant sable et terre sur le feu de camp pour l’éteindre, l’air ahuri et incrédule.

Son fusil avait pu être sauvé de la noyade, si on pouvait dire cela ainsi, tout comme son chargeur, même s’il n’était pas à l’abri d’un problème lors d’un tir. C’était tout le risque avec les armes qui avaient pris un peu cher, même si le mécanisme semblait fonctionnel, le moindre problème pouvait rendre ses dernières merdiques à l’usage, et autant dire qu’engager un tir au coup par coup en réarmant manuellement l’arme à chaque fois n’était pas des plus optimiste pour la suite.

Il patienta de voir les autres gars prêt, en profitant pour faire un tour d’horizon pour estimer leur prochaine direction, d’un côté ou de l’autre, aidé par sa boussole. Sa montre avait tenu le coup et pour cause, ce matériel-là était au moins adapté pour résister aux situations difficiles. Certes, il y avait une légère fêlure sur le cercle de verre, mais le mécanisme lui, était toujours en état.

« On va remonter la rivière et suivre son lit jusqu’au pont de singe. On reconnaîtra l’endroit facilement. De là, ça sera plus facile de remonter le sentier jusqu’à la porte. Faudra peut-être s’attendre à un poste frontière au bord d’eau, ou à une espèce d'écluse, j’en sais rien. Ensuite, ça ne sera plus que de la marche. Je passe en tête. Eversman, tu restes bien derrière moi. Butler fermera la marche.»

L’autochtone continuait à les observer, sans savoir quoi faire de son côté. Elle passait son attention sur la rivière, les bois, puis les trois hommes. Elle s’approcha d’autant plus du Caporal, cherchant à attirer son attention.

« Nie idź tam nisko. Nie zostawiam samego. » dit-elle d’une voix suppliante.

@DamianVK

√ Arrivée le : 08/12/2012

Rien de tel qu’un peu d’urine pour éteindre un feu. Ça soulageait en plus. Que demander de mieux ? Bon ok le sable et la terre fonctionnaient un peu mieux. L’important était d’effacer les traces du campement de fortune, de ne pas laisser d’indications de leur passage et encore moins de la direction prise. Le Ranger se rapprocha du Lieutenant, prêt à se mettre en marche.

Ne restait plus qu’un seul élément : Laklos qui ne semblait pas décidé à les quitter de sitôt. Laisser une prisonnière avec un bras en écharpe n’était pas très gentleman, ces chances de s’en sortir n’étaient pas très grandes. Cela n’enchantait pas Eversman mais il fallait être réaliste. L’équipe avait déjà suffisamment à faire pour traîner davantage un poids avec eux. C’était le mieux à faire.

« Rentre chez toi, Laklos. » Repéta-t-il en lui faisant signe de la main essayant de se faire comprendre mais l’Indigène semblait avoir d’autres idées en tête.

« Je ne... comprends pas. » Dit-il, las de ne pas être en mesure de pouvoir échanger avec elle. Les langues étrangères n’avaient jamais été son fort, la patience non plus.
« Nie idź tam nisko. » Répéta-t-elle en attrapant son gilet tactique de sa main valide cherchant son attention.
« Nie... quoi ? » L’homme ne comprenait toujours pas où elle voulait en venir jetant un coup d’oeil au duo en espérant un peu d’aide mais les deux ne semblaient pas comprendre où elle voulait en venir.

« Nie idź w górę rzeki. »
Laklos ne s’arrêta pas là montrant la direction d’où ils venaient et se répéta à plusieurs reprises espérant certainement qu’en le redisant plusieurs fois, ils finiraient par y capter quelques mots.
« Nie idź w górę rzeki. »
« Pas par là ?» Tenta-t-il avant de soupirer longuement passant sur une main agacée sur les traits de son visage. Cette discussion était inutile, car incompréhensible. C’était agaçant, vraiment. Voyant qu’elle n’arriverait à rien avec Eversman, Laklos tenta sa chance auprès de Warren l'agrippant à son tour.

----------- WARREN

Mais Warren, plutôt silencieux jusque là, toisa la jeune femme qui l’aggripait. Il avait bien suivi les échanges, et il voyait bien qu’elle ne voulait pas qu’ils aillent voir Welf, mais il ne comprenait pas ses motivations…

« Welf, c’est censé être notre pote. Ne t’en fais pas. » tenta-t-il de lui expliquer. En vain, elle répétait les quelques mots dans sa langue inlassablement. Il aurait été seul qu’il aurait suivi l’indigène, mais il ne l’était pas et la décision d’aller voir Welf était prise et enterrée.
Son instinct lui disait qu’elle avait certainement une crainte fondée, mais il fallait bien commencer par quelque part, et le plus logique était de se tourner vers ses alliés.

« Nie idź w górę rzeki. » dit-elle en tirant encore plus fort. Warren soupira, et fit non de la tête, en plissant les lèvres pour lui faire comprendre qu’il était désolé, mais que c’était comme ça.

Son équipement était prêt, du moins ce qu’il en restait, le feu était éteint, ils pouvaient s’en aller sans se retourner. Le grand blond espérait qu’ils auraient assez de chance pour remonter la rivière sans tomber sur un os, ou sur un dragon. Limite, il préférait encore se faire des humains.

Il était en bonne condition, comparé aux deux autres, aussi se chargea-t-il un peu plus. Il fermerait donc la marche.

La jeune femme n’insista pas et lâcha l’équipement de Warren. Ce dernier lui indiqua les bois, pour lui signifier qu’elle pouvait s’en aller.
« Tu es libre. Va faire ce que tu voulais faire avant qu’on te tombe dessus. » baragouina-t-il en attendant que les deux autres se mettent en marche.

Si Warren ne dit rien, c’était sans doute parce qu’ils partaient dans la bonne direction, ne sachant pas que son officier pouvait éventuellement douter. Doté d’un bon sens de l’orientation, il n’était pas assez chamboulé pour ne plus savoir d’où ils venaient, et ils allaient à coup sûr tomber sur le pont de singe qu’ils avaient dressé. Ensuite, plus qu’à tailler dans le bois pour repartir vers la Porte.

Se trouver un moyen de locomotion ne serait pas un luxe, mais ce serait difficile de soustraire une carriole attelée à des types du coin sans attirer l’attention, sans parler du fait qu’il n’avait pas le permis charette. L’air de rien, ça ne devait pas être simple à conduire, ce truc là.

« Elle nous suit chef, je vais la mettre derrière Eversman pour l’avoir à l’oeil. », lança Warren en voyant qu’effectivement, Laklos s’était mise en tête de suivre la procession, en se tenant le bras mais sans rien dire. Par contre, elle tirait une gueule de contrariée, et pas besoin de parler la langue pour le voir.

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

L’officier avait entamé sa marche en rattrapant le bord de rivière et en commençant à le descendre d’un pas mesuré. Il n’avait pas l’allure de marche la plus athlétique, mais il se mettait en tête de parvenir à maintenir un rythme suffisant pour ne pas traîner outre mesure. Bien que son attention était portée au devant, que ce soit d’un côté ou de l’autre de la rive qu’ils longeait, il gardait un coup d’oeil régulier à Eversman qui le suivait. Sa blessure était des plus inquiétantes, bien plus que la sienne toute perte de connaissance qu’il pu avoir enduré, l’aspect des côtes du Ranger n’augurait rien de bon. Il commençait même à réfléchir à ordonner au Caporal de se replier sur Atlantis lors de leur prise de contact intermédiaire qu’ils feraient avant de se diriger vers la demeure du Roi Welf. Il se doutait bien que le gaillard ne serait pas de cet avis, et pour ce coup-là, l’autorité de son grade allait lui servir, ami ou non.

Mais alors qu’il tournait rapidement son regard en arrière, glissant du Ranger au Seal qui fermait la marche, Butler l'interpella pour lui signifier la présence de la paysanne. Son attention se porta aussitôt sur la jeune femme que le marines plaça devant lui, à suivre leur procession qui s’était engagée.

« C’est pas vrai … elle est pire qu’une sangsue en plein milieu de l’amazonie. » gronda alors l’officier qui en secouait la tête de dépit, ne se sentant pas l’âme de l’attacher à un arbre comme un chien qu’on abandonne sur le bord de l’autoroute. De toute manière, elle ne passerait pas le pont de singe et il leur suffirait de couper la corde une fois tous trois de l’autre côté pour s’assurer qu’elle dégage finalement.

Un grondement féroce se fit entendre en écho lointain, qui n’était pas sans rappeler la présence de l’animal ailé dans la région. Cet élan n’était sans doute pas à leur attention, le son leur étant parvenu d’assez loin pour n’être qu’une brève manifestation par dessus le clapotement de l’eau à leur côté, mais ça n’empêcha pas Shaun de presser un peu le pas. Aucun d’eux ne survivrait à une rencontre supplémentaire avec la créature, et il ne tenait pas à jouer les dés du destin si cela devait arriver.

Les roches, branches et autre menus obstacles étaient écrasés ou écartés de ses pas, tandis que le bord de rive prenait de plus en plus de hauteur, se dressant au dessus du lit d’eau à quatre bon mètre d’à-pic, avant que cela ne redescendent à nouveau, en pente légère. Régulièrement, la rivière prenait quelques tournant, rallongeant d’autant plus le parcours que s’il avait tracé une belle ligne droite, mais c’était l’assurance de tomber sur ce qu’ils cherchaient, sans prendre le risque de le louper.

Un dénivelé plus abrupte les forcèrent à se donner mutuellement quelques coups de main, Butler s’engageant le premier pour réceptionner l’emmerdeuse, le reste de l’équipe avec plus de retenue pour ne pas s’infliger plus de dégât encore. Par chance, pour une fois dans ce putain de bordel, ils ne rencontrèrent pas d’obstacle supplémentaire pendant leur heure de marche, ni d’hommes d’ailleurs, comme si la présence du reptile géant avait agité quelque peu la région, ou du moins, presque. Car ce ne fut pas au pont de singe qu’ils arrivèrent en premier lieu, mais à tout autre chose.

Si un pont s’était trouvé en aval de leur cordage, repéré au premier passage, un second semblait avoir été construit en amont ce qui entourait leur point de repère de ces deux postes frontières établi. Une halte fut ordonnée, et d’un premier regard attentif, à couvert des fourrées à la lisière de la forêt qu’ils avaient également longé, Shaun aperçu la ligne renforcé sur le pont de bois en la présence de trois hommes en armure qui observait au devant, et donc pas dans leur direction.

« Soit on les neutralise en arrivant dans leur dos et on traverse plus tranquillement que par la corde, soit on se tape un détour par l’intérieur, avec le risque de croiser notre ami écailleux, pour rejoindre le pont de singe. » informa Shaun en direction de ses camarades. « Ca va dépendre de ton état, Eversman. »

@DamianVK

√ Arrivée le : 08/12/2012

--------------------------- MATT

Laklos choisissait de les suivre, le bras toujours maintenu par une précaire écharpe composée d’une veste. C’était une costaud, beaucoup d’hommes auraient été en train de chouiner pour une telle blessure. C’était surprenant qu’elle ne saisisse pas l’opportunité de retrouver sa liberté, les siens mais Eversman avait bien d’autres préoccupations pour s’en occuper.

« C’est ça l’amour... »

Ce trait d’humour lui valut un début de toux ce qui se répercuta dans les côtes et l’incita à la fermer pour la suite. Mieux valait garder le souffle pour la marche d’autant que la progression n’était pas toujours aisée. Quand il fallait dégager la voie, Eversman se portait aux côtés du Chef afin de le couvrir, le Zat en main et le regard vigilant. Le grondement féroce qui se répercutait à intervalle régulier les rappelait à l’ordre, l’ennemi volant était toujours là. Ils n’étaient pas de taille à l’affronter et le fuir ne serait pas une mince affaire. Shaun et Warren avaient beau semblé en forme, le premier avait perdu connaissance après un violent choc et le second ne pouvait à lui seul porter l’équipe.

Le poing de l’officier se leva attirant l’attention du Ranger qui stoppa la progression, jetant un coup d’oeil dans la direction indiquée tout en posant un genou au sol. Un pont gardé par trois hommes en armes, focalisé sur ce qui devait être la frontière. Quelques instants de réflexion avant que Shaun n’annonce la couleur énonçant les possibilités. Le choix lui revenait. C' était facile à prendre.

« Option 1, Lieutenant. »

Faire au plus vite et au plus court était un facteur décisif mais il était aussi conscient de son état. Devoir se hisser à la force des bras et se tracter, mieux valait oublier. Il n’oublia cependant pas qu’ils étaient une équipe et jeta un coup d'œil à Butler vérifiant qu’il approuvait la manœuvre avant de le confirmer en croisant le regard de l’officier. C’était lui qui aurait le dernier mot.

La décision validée, il y eut un bref briefing. L’équipe ne disposait que de peu d’armes, il fallait donc jouer sur l’effet de surprise et la neutralisation simultanée. Un tireur de manière à neutraliser un éventuel fuyard, les deux autres au contact. Le poste de tireur s’imposait pour Eversman qui tendit son zat au Seal en guise d'échange, récupérant le seul fusil encore en état de marche. C’était le plus raisonnable. Il n’avait guère envie de prendre un coup dans les côtes.

Laissant les deux échanger sur la manière de procéder, Eversman se retourna vers l’Indigène qui les observait, les yeux plissés à essayer de comprendre ce qu’ils préparaient. Il lui fit signe de ne pas faire de bruit en posant un doigt devant la bouche et lui faisant comprendre de suivre. Il se déplaça de quelques mètres sur le côté demeurant à couvert avant de se mettre en position, voyant dans la lunette le duo progressait vers l’ennemi.

------------ WARREN

L’idée de couper au plus court plaisait plutôt à Warren. Ce n’était pas de la flemme ou de la fainéantise, mais plutôt du bon sens. Ils étaient dans un sale état, il ne fallait pas se leurrer, et la sauvageonne qui suivait ne pouvait pas prétendre à mieux. Un combat n’était peut-être pas la meilleure option non plus, mais au moins, cela leur permettrait d’aller au plus court sans faire des acrobaties au-dessus d’un torrent rapide. Et puis… s’ils s’y prenaient bien, cette affaire de garde serait vite expédiée. La solution de facilité était de tirer dans le tas pour neutraliser ce petit monde, mais comme ils étaient des gentils, y aller au corps à corps sembla être la meilleure option.

Warren n’était pas trop amoché, mais Shaun avait déjà pris un sacré coup dans la gueule, il ne faudrait pas qu’il reprenne une salade de phalange dans les narines sous peine d’y laisser vraiment son cerveau. Du coup, le grand blond était en train de se dire qu’il allait essayer de neutraliser au plus vite les mecs pour préserver son lieutenant.

« Ok, on y va tranquille. »

Matt couvrait leurs arrières et la jeune femme qui s’était tapée l’incrustre désormais, restait avec lui. Warren et Shaun n’avaient qu’à penser à ces trois mecs. Il allait falloir agir vite et bien pour en neutraliser un rapidement, histoire de rétablir l’équilibre en nombre assez vite.
La progression fut lente pour ne pas faire de bruit. Le pont offrait un angle de vue dégagé sur les environs, et la chance voulait que les types regardaient de l’autre côté, du côté de la frontière qu’ils étaient censés surveiller, ce qui était parfaitement logique. Normalement… la menace ne devrait pas arriver dans leur dos. Grave erreur, car c’était précisément de là qu’elle venait.

Mais quelle menace ! Alors qu’ils approchaient de la ligne renforcée sur le pont, un quatrième homme se redressa. Leur regard se croisèrent, avant que Warren, vif comme l’éclair, ne lui saute dessus pour ne pas lui laisser l’avantage. C’était le début des emmerdes et du bordel. Le soldat passa par dessus la rambarde en bois tout en agrippant virilement l’homme en brigandine en cuir clouté. Pour ce qui était de l’approche discrète, c’était foutue.
Le SEAL pouvait compter sur son entraînement physique pour essayer de prendre le dessus. Mais le médiéviste n’était pas sans ressources. Plus petit, plus trapu, ce cube sur patte bien endimanché dans sa protection en cuir, encaissait comme un taureau. Il avait l’avantage du poids et du muscle. Les deux hommes échangèrent quelques coups après avoir roulé au sol. Coincé contre le parapet, Warren devait encaisser une avalanche de claques monumentales. Il espérait que le type, devant quand même bouger son armure en cuir, allait se fatiguer, mais il semblait galvanisé par cette attaque et bien décidé à prendre l’avantage. Un coup supplémentaire fit craquer le bois derrière Warren, et soudainement, le parapet gauche s’étiola avant de s’effondrer, emportant avec lui le SEAL et son adversaire dans les tumultes du torrent en contrebas.

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

« Ok. » avait confirmé Shaun d’un souffle à peine audible à la décision d’Eversman, ou plutôt la confirmation que son état ne lui permettrait pas de traverser le pont de singe. C’était la principale raison qui l’avait poussé à sonder son avis.

Son regard retourna aux trois gardes, alignés sur ce pont, le plan montant en tête. Tout simple sur le papier, incluant des variables bien anarchiques dans la pratique, avec en tête de liste, des blessures plus ou moins importantes. Quelques craquements d’os plus tard, l’officier prenait la route en compagnie du SEAL, laissant derrière le plus sérieusement blessé des trois avec entre les mains leur seule arme valide qui leur restait, et la paysanne qui traînait à leur patte comme un boulet malheureux.

L’approche se fit avec aisance. Butler connaissait son domaine, il n’y avait rien à en dire à ce sujet. Les marines étaient connus pour être des hommes efficaces, si on omettait leur fâcheuse tendance a y aller trop franco par moment. Un jugement basé sur une expérience malheureuse plus que fondé sur les rumeurs, mais ça renforçait seulement ces dernières. Et puis le facteur inconnu arriva. Ou du moins, le soldat impromptu. Voilà… c’était à ça que servait sa réflexion en temps normal. A penser à tout, à prévoir tout à s’attendre à tout. Mais elle était partie en même temps que de multiples chocs à la tête avait fini par lui faire perdre connaissance. Depuis c’était l’anarchie.

Bulter fonça en premier pour ne pas laisser le temps à l’homme d’avoir une avance quelconque, avant même d’essayer même de discuter, mais le mal était déjà fait. En arrière, les trois hommes s’étaient retournés, alertés par l’altercation. Et autant dire que les trois autres étaient, eux, au taquet. Il n’avait pas le choix, il devait faire gagner du temps au marines avant que les trois autres n’arrivent à son contact et ne fasse basculer la balance de force. Il savait pertinemment qu’à trois contre un, il n’avait absolument aucune chance, surtout l’effet de surprise passé, mais dans sa tête, il espérait déjà que Warren pourrait s’en débarrasser vite, et qu’à défaut, Matt qui donnerait main forte.

L’un des trois arriva plus rapidement à son contact, laissant ses compères avec un temps de retard en arrière, traînant davantage la patte au regard du poids de leur équipement. Mais quand il dégaina sa lame, le tranchant effilé se dressant déjà en menace brutale, Shaun décida qu’il y avait sans doute quelque chose de moins suicidaire à jouer. Il s’était déjà avancé d’assez de pas dans leur direction pour ne pas qu’ils tombent sur le SEAL immédiatement. Les deux mains en évidence devant lui, paumes ouvertes, il s’était arrêté rapidement, dévoilant le peu de menace qu’il pouvait représenter, tandis que les grondements des coups et douleurs se propageaient tout à côté.

« Attendez, attendez. On veut pas de problème. » avait-il lancé tout en faisant mine de poser un genou à terre en signe de reddition. Bon, certes, l’attitude de son camarade n’allait pas en sa faveur, mais ça donna au moins aux trois hommes un temps de réflexion.

« Rend-toi ! » avait ordonné en rugissant le premier d’entre eux.

Ils l’avaient rapidement encerclé, un devant, un de chaque côté, toutes armes déployées, ce qui força le Ranger à mettre un deuxième genou au sol, les mains s’élevant d’autant plus. Sa droite d’ailleurs, s’agitait d’un signe qu’il essayait de maintenir incompréhensible des médiévistes, mais bien compréhensible de son tireur resté en arrière. Tout reposait sur lui.

La chute de Warren, aussi surprenante fut-elle, eut au moins l’occasion d’attirer l’attention des trois autres. Lui-même se tenait prêt à réagir dès que possible.

@DamianVK

√ Arrivée le : 08/12/2012

Le canon du fusil était posé sur le bras, le chargeur bloqué dans le creux du coude qui lui était posé sur le genou pour un maximum de stabilité. L’oeil était vissé dans la lunette de visée gardant en ligne de mire les trois gardes, couvrant la progression des coéquipiers. Le doigt était sur la gâchette, prêt à l’actionner. Cela ne devait être qu’une promenade de santé mais comme tout dans cette mission, rien ne se déroulait correctement. Warren débusqua un quatrième homme livrant de suite bataille, Shaun se ruant sur les autres afin de les ralentir et se retrouva bien vite encerclé.

« Bordel...»

Warren et son adversaire se battaient comme de beaux diables ne cessant de gesticuler et de ruer rendant le tir difficile avec un fort risque de tir allié. Trop risqué. Eversman changea de cible repérant le signe de l’officier et alignant aussitôt la cible désignée, le premier homme à droite. L’officier lança un silencieux décompte, interrompu par la baignade subite des deux amoureux.

PAN !

La balle se ficha dans la nuque du soldat, pile dans l’espace de peau nue entre l’armure et le casque le fauchant aussitôt. La première cible abattue, il passa à la deuxième visant la main qui venait de lever une épée pour s’abattre sur Shaun. PAN ! L’instant d’après, des doigts étaient arrachés et l'armée lourde tomba au sol. Il n’eut pas besoin de se charger du troisième, déjà neutralisé par le Ranger. Warren avait disparu. Il avait beau scruter l’eau, il n’y avait rien en vue. Rien ne servait de rester là, Eversman se remit sur pieds ayant le réflexe de porter une main à son oreillette radio pour prendre contact redécouvrant qu’il n’en avait plus le faisant jurer.

« Il manque Butler. » Dit-il à l’indigène qui n’avait rien loupé de la scène et s’était déjà précipité au bord de l’eau. Lui rejoignit l’officier qui avait neutralisé les gardes, ils n’avaient pas d’autres choix que de suivre le courant et espérer qu’il s’en sorte.

« Une vraie sirène... » Grogna-t-il essayant de suivre la cadence imposée. Il cessa bien vite de grogner, essayant de garder un souffle ce qui s’avéra vite compliqué.

-------------------- WARREN

Premier surpris par cette chute dans l’eau, Warren avait battu bêtement des bras pendant le petit plongeon avant de sentir la morsure enveloppante de l’eau qui se refermait autour de lui comme un écrin. Ses réflexes prirent rapidement le dessus et alors que des débris de pierres et de bois continuaient de tomber autour de lui, le manquant de peu. Mais c’était là le cadet de ses soucis. En effet, dans la bagarre, quelque chose sur son gilet tactique s’était coincé dans la brigandine du garde, l’entraînant avec lui par le fond. Le type en question, voyant bien que Warren était la seule bouée digne de ce nom dans les environs, avait profité de cette proximité non voulue pour s’accrocher au SEAL avec une poigne d’ours mal léché qui n’arrangeait rien à la situation.

Il y avait fort à parier que cet homme ne savait pas nager, et quand bien même, avec son équipement assez lourd, il était naturellement entraîné par le fond. Qu’ils ne tardèrent pas à toucher de toute façon, répandant un volute de vase qui réduisit la visibilité dans l’eau à quelques centimètres.

Il n’y avait pas trente six solutions dans un cas comme ça. Warren était un plongeur et on les avait briefé sur le risque de se retrouver dans l’eau avec quelqu’un qui panique ou qui ne sait pas nager. Il était tout simple : prendre un mauvais coup et se noyer avec la personne. On leur racontait d’ailleurs que les sauveteurs étaient susceptibles de calmer une personne en l’assommant si besoin était mais il ne savait pas si c’était une légende urbaine ou une réalité. Toujours est-il que le temps jouait contre lui, alors il n’en perdit pas plus que ça.

Il tâtonna le long de sa cuisse pour se saisir du couteau de combat, espérant qu’il n’était pas parti faire un tour dans toutes les emmerdes qu’ils avaient rencontrées jusqu’à présent. Ses doigts se refermèrent sur le manche. Il fit sauter la pression qui le retenait. Il lui fallait conserver toute sa lucidité et son calme de gros nounours pour ne pas céder à la tentation de planter le couteau directement dans le lard du mec. Cela aurait été parfaitement inutile avec quelqu’un en armure de cuir comme c’était le cas. Sauf que cela rendit son mouvement plus visible, et l’homme le lâcha pour tenir son poignet, s’engageant dans une lutte sous marine terrible qui achevait leur réserve d’air. Focalisé sur le couteau, le cube médiéval ne vit pas le coup de poing venir qui lui écrasa le nez avec une force modérée par la résistance de l’eau. Il lâcha quelques bulles, laissant une ouverture au marin.

Alors, il le planta au niveau de la gorge, ajoutant à la vase et au limon qui les entouraient des nuages de sang rouge. La mort fut rapide et le type se détendit dans ses bras. Ne cherchant pas midi à quatorze heures, il se défit prestement de son gilet tactique plutôt que d’essayer de trouver le “lien” entre eux. L’air commençait à lui manquer sérieusement. Le SEAL abandonna le cadavre dans la flotte et remonta à la surface à toute vitesse, sentant que son corps avait besoin d’air de toute urgence, et qu’il approchait de ce réflexe terrible qui allait annihiler sa résolution de ne pas respirer et qui gorgerait ses poumons d’eau en une seconde. Heureusement pour lui, le cours d’eau n’était pas très profond et il creva la surface assez rapidement.
Quand il émergea en prenant une inspiration terrible, le pont n’était plus qu’un petit point dans le paysage, le courant l’ayant fait dévier fortement même sous l’eau, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte en étant pris dans la bagarre sous-marine.

Quelques mouvements de brasse plus tard, et il remontait sur la berge à quatre pattes. Il n’en pouvait plus. Les précédentes chutes, la bagarre, les coups qu’il avait pris, l’apnée prolongée, tout cela commençait à lui tirer sur la couenne sérieusement. Il observait le sol, l’eau dégoûtant de son nez, de ses cheveux hirsute et de sa barbe, en petits plocs sur le sol.

Quand il entendit des bruits de pas qui se rapprochaient, il avisa l’équipe qui arrivait au complet. Ils étaient tous du bon côté maintenant, et manifestement, il n’y avait que lui qui avait pris un bain. Le lieutenant avait triomphé des trois autres types, certainement avec l’aide de Matt. Il se redressa péniblement avant qu’ils ne soient à sa hauteur. Hors de question que deux rangers le trouvent à quatre pattes pataugeant dans l’eau. Pour un SEAL, un petit bain forcé était une promenade de santé, bordel !

Bordel…
Bordel !

« Les gars !! Derrière vous !! Il se ramène !!»

Warren pointa du doigt l’immense forme noire qui battait des ailes et qui arrivaient vers eux dans leur dos. Attiré par le bruit des détonations et du sang, le reptile volant rappliquait dans les environs. Il fallait vite retrouver le couvert de la forêt. L’autochtone se retourna et gueula :

« Smok Smok !!» mais tout le monde avait compris. Alors plutôt que des les attendre, Warren commença à avancer en diagonale, allant vers eux tout en tirant vers la forêt. Plus loin, dans un grand fracas, le dragon se posa sur le pont, achevant de détruire le parapet autour de lui. L’édifice ne tint d’ailleurs pas longtemps avant de s’effondrer, embarquant avec lui la bête surprise qui se retrouva dans l’eau. Mais pour combien de temps ?

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

Le coup de feu fut le signal. La chaire du malheureux désigné explosa en une légère gerbe de sang alors que le soldat basculait en arrière, expérimentant la sournoise morsure d’une balle véloce qui allait le priver de sa vie. S’il avait eu le temps d’y penser, Shaun aurait trouvé ça assez injuste pour le gaillard qui n’avait rien demandé et qui ne faisait qu’accomplir son rôle et son devoir. Il était soldat lui aussi, mais il savait que dans le métier, s’ils étaient prêt à prendre des vies, c’est qu’ils étaient tout aussi prêt à la donner. L’un n’allait pas sans l’autre. Cela ne signifiait pas qu’ils étaient sans peur, et le regard de l’homme qui s’écroulait au sol en s'égosillant d’un gargouilli grotesque en était bien la preuve, mais c’était un consensus. Il n’y aurait pas de haine, pas de rancoeur.

Les deux autres furent fauchés par la surprise, basculant leur regard vers l’infortuné sans pouvoir rien y faire, et comprenant que quelque chose qui leur échappait venait de se produire. N’importe quel terrien en aurait immédiatement conclu à un tireur embusqué, mais l’effet de l’inconnu forcèrent les soldats à rabattre leur fixation sur l’homme qui se tenait face à eux. L’un d’eux brandissait déjà son épée pour abattre le belliciste qui avait profité du flottement pour se jeter sur son camarade, un peu moins attentif. Mais un autre coup de feu avorta sa tentative meurtrière, hurlant d’une indicible douleur au déchirement que sa main venait de subir. Il tomba à la renverse, tenant le morceau de chaire déchiqueté dans son autre main, les yeux exorbités à ce spectacle douloureux, la bouche grande ouverte qui ne pouvait faire autre chose que d’hurler de manière continue.

De son côté, l’officier s’abattait de toute sa masse sur le dernier, envoyant son épaule vers l’avant, rentrant sa tête et sa nuque pour faire effet de bélier brutal en emportant le corps de son adversaire dans sa chute. L’une de ses mains maintenait le poignet armé qui tentait de se défaire de l’emprise dans un jeu de lutte diabolique. Dans sa défense, l’homme armuré d’une tenue en cuir bouillie flanquant à deux reprises son genou dans le flanc de celui qui cherchait une prise de verrouillage, avant de voir, un poing véloce s’abattre son son visage, lui faisant sauter le chicho déjà abimé de sa dentition. Mais il n’avait pas dit son dernier mot, et plutôt que se s’entêter à garder la poigne sur la garde de son épée, la main se faisant martyriser pour qu’il la lâche, il le fit volontairement pour gagner d’élan et renverser le combat.

La suite ne fut qu’un échange de coup, cherchant à sonner plus qu’à détruire pour parvenir à reprendre l’ascendant, mais cela ne dura que peu de temps en réalité, le temps à Shaun d’arriver à accrocher sa prise, ceinturer le gaillard dans son dos de ses jambes pour le maintenir au sol et étouffer sa gorge d’une prise de bras rude. L’homme se débattit, sa tête en devient rouge sanguin et bientôt, il sombra. Le pantin désarticulé dans son inconscient se fit brusquement repoussé sur le côté, l’homme à la main charcuté ne parvenant pas à retrouver une lucidité correct, en état de choc à quelques pas de lui. Le Lieutenant s’était relevé dans la précipitation, regardant d’un côté, puis de l’autre du pont vers lequel il avait vu son camarade tomber.

L’instant d’après, Eversman avait rejoint sa position, suivie de près de l’indigène qui n’avait toujours pas trouvé raison suffisante pour les quitter, comme une lente accrochée à un cuir chevelu gras.

« Dépêchons. » avait lancé Shaun qui s’empressait de cueillir le blessé, échangeant alors les rôles de leur dernière cavalcade dans les bois en se faisant soutiens de son homologue Ranger.

Bras dessus, bras dessous, ils traversèrent le pont pour atteindre le versant désiré et remonter copain-clopant le bord de rive à la recherche du dernier membre de leur équipe. Ils virent rapidement son corps s’échouer sur la berge, rampant d’un souffle d’effort d’une lutte livrée dans l’eau, mais avant qu’ils n’aient pu l’atteindre, ce dernier leur beuglait la sentence qui leur pesait sur les épaules depuis un moment. Un cri bref, déchirant, mais qui fut interrompu par le déchirement de de coups de dents parvint à leur oreille. Les blessés restés sur l’édifice venait de subir l’assaut ravageur de la créature avant que le poids de l’animal provoque la chute de ce dernier.

« Fait chier, putain. C’est pas vrai ! Il nous lâchera jamais cet enfoiré ! »

Shaun bifurqua à son tour dans la forêt, gagnant l’intérieur des terres et le couvert des arbres, espérant que la créature soit bien trop empêtré dans sa chute, ou occupé avec les cris de soldat entre ses pattes pour seulement s’intéresser à eux. Il suivait une trajectoire diagonal, miroir à celle du SEAL, empressant son pas en soutenant du mieux possible la démarche de son pote, la jeune femme non loin à leur talon.

La progression était de plus en plus difficile, ils s’engageaient dans une portion chargé de la forêt, obligé à contourner des troncs affalés, des racines faisant obstacles et des buissons d’épineux de plus en plus conséquent. Mais à son sens, c’était pas le pire. Ils s’engageaient un peu à l’aveugle et perdait un point de repère précieux pour les guider jusqu’à la porte des étoiles.

« On nas nie śledzi. » confiait Laklos en jetant un oeil en arrière. « Nie śledził nas. »

Même s’il ne les comprenait pas, cela attira l’attention de l’officier qui pivota pour observer en arrière, la lisière ayant disparu de son regard immédiat.

« Ca devrait être bon. » Et parce qu’il était bien trop porté sur l’effort, il descendit seulement son regard sur Eversman qu’il relâchait sensiblement. « Ca va, mec ? »

@DamianVK

√ Arrivée le : 08/12/2012

La grenouille au nez sanglant et peu droit retrouvée, il fallait maintenant que le Dragon se pointe pour lui rôtir les cuisses. Pourquoi rien ne pouvait se passer normalement ? Certaines équipes procédaient à des missions qui se déroulaient comme le briefing l’annonçait. Non eux, cela avait été un enchaînement de merdes. Aucun membre de l’équipe n’était à blâmer, loin de là.

Shaun l'agrippa pour imprimer une cadence rapide qu’il n’aurait pu maintenir seul et lui offrant surtout une certaine lucidité pour contourner les obstacles et éviter qu’il ne se prenne le pied dans une racine, un trou… Matt n’avait plus qu’à regarder droit devant, tenir le fusil d’assaut et tâcher de respirer. C’était presque le plus difficile. Chaque cycle respiratoire était laborieux mais il faisait bonne mesure, tâchant de s’accrocher et d’avancer au mieux.

Une quinte de toux le prit et le plia en deux. Il eut encore le réflexe d’en protéger ces camarades de sa main et eut la désagréable surprise d’identifier quelques traces rouges au creux de la paume. Ça ne pouvait être un bon signe. Personne n’était plus en état dans cette équipe, même la pièce rapportée se trimbalait avec le bras en écharpe de fortune, une plaie ouverte en guise de cadeau pour avoir croisé la route des Atlantes. Si elle parvenait à tenir, il se devait d’en faire de même. La main fut essuyée sur le treillis qui n’était plus à ça près passant l’incident sous silence. Certains éléments se devaient de ne pas être rapporter, du moins pas de suite. Ça ne changerait pas grand chose. Ils étaient tous dans un mauvais état et l’hypothèse de rejoindre l’allié commençait à battre de l’aile.

« Pas vraiment... » Répondit-il au point santé de Shaun, jouant sincère sur ce coup-là. Il avait beau vouloir accomplir la mission jusqu’au bout, plus le temps passait et plus les chances qu’il devienne un boulet de plus en plus lourd s’imposaient. Respirer devenait laborieux, le souffle était sifflant et par conséquent il n’arrivait plus à assurer la base de son métier. Vigilant, il pouvait l’être comme actuellement en scrutant une zone définie mais ça s’arrêtait là. Il n’eut pas à cœur de se moquer Warren et du fait qu’il était plus beau ainsi.

Matt en vint à sortir d’une poche de son gilet la carte tactique définie avant de partir. Elle était dans un sale état après leurs aventures. Il devait normalement se situer dans l’immense zone boisée qui entourait la porte des étoiles mais encore fallait-il savoir dans quelle direction aller. Difficile de se repérer entre des arbres et encore des arbres. Lui n’y parvenait plus. Il interpella les deux qui étaient à ses côtés, soufflant après les péripéties qu’ils avaient pu vivre.

« Vous savez ...où on est ? » Il y avait bien la rivière mais après certaines indications avaient été lessivé après leur baignade. Laissant la carte afin qu’il se repère, Eversman tenta sa chance auprès de la locale.

Shaun récupéra la carte tendu, son regard passant sur son ami qui était au plus mal. Il ne pourrait pas se permettre d’achever cette mission. Toute fierté qu’il avait, il la rembalait volontier quand il s’agissait de ses hommes, plus encore du Ranger. Non, c’était décidé. Ils se replieraient vers la porte plutôt que d’y passer un message. Cette mission n’était pas encore un échec, mais ça le serait un cuisant si la gravité des blessures de Butler ou d’Eversman allait en s’empirant. D’un coup d'œil rapide sur la carte, ainsi que sa montre qui lui indiquait la direction du Nord, posant un genou en appui au sol dans leur halte momentané, il chercha à se repérer.

« Guide nous ...vers la porte… » Forcément elle ne comprit pas un mot et se mit à baragouiner dans son langage. Il n’avait pas le courage de chercher à comprendre essayant de mimer l’anneau de la porte et de faire le bruit de l’ouverture. C’était franchement mauvais, pitoyable même mais on ne sait quel miracle elle comprit levant les yeux et farfouillant en tous sens avant de répondre.

« Tam ! Tam ! » Montra-t-elle dans une direction. Sa manière de se repérer était inconnue. Dubitatif, Eversman jeta un coup d’oeil à son collègue espérant qu’il confirme ou infirme l’indication. Il n’avait pas vraiment le choix de toute manière se remettant sur pieds ne pouvant se permettre une pause plus grande avec un dragon aux fesses. D’ailleurs moins il le voyait celui-là, mieux c’était…

« Ça me semble correct.» Il repliait le papier, tout en raccordant vers Matt, devenant sa béquille attitrée.

Ce fut un nouveau parcours de combattant pour rejoindre la zone de la Porte des Etoiles, l’équipe découvrant que la sécurité du secteur ayant été fortement renforcée avec de nombreuses patrouilles, Eversman manqua de les faire repérer avec une nouvelle quinte de toux permettant à son porteur de découvrir l’aggravation de son état. La zone de la Porte était désormais protégée. Visiblement leur cher Allié avait préparé un beau pot de départ avec de très nombreux hommes pour les saluer…

----- WAWA

Décidément, cette situation ne faisait qu’empirer et Matt était dans un sale état, sans parler du lieutenant qui n’en menait pas plus large qu’eux. Il avait quand même pris un sacré coup sur la tête et ce n’était pas anodin, tout néophyte qu’était Warren dans le domaine de la médecine. Lui-même n’était pas en grande forme. Il préférait ne pas trop regarder de plus près l’ensemble de ses plaies et des hématomes qui devaient courir sur son corps suite à sa chute dans l’eau et aux autres péripéties de l’aventure. Même l’autochtone locale était dans un état lamentable. Il fallait se rendre à l’évidence, l’unité n’était plus opérationnelle. Le mieux était de se tirer de là fissa avant que le saurien volant ne se décide de les rôtir pour de bon ou qu’une bande de chevaliers tout en armure ne se décide à les occire tout aussi surement.

Cela n’était pas dans les habitudes d’un SEAL, et cela ne devait pas plus être dans les habitudes des Rangers. Cependant, toute la fierté du monde ne pouvait pas les faire devenir des surhommes prompts à régler les problèmes de cette planète à la force de leur mental. Le corps ne suivrait plus très longtemps, et s’ils étaient tous les trois sur entrainés, c’était aussi pour savoir quand les limites étaient largement franchies.

Un problème de taille s’imposa de nouveau à eux quand enfin, ils purent retrouver le chemin de la Porte. Warren faisait ce qu’il pouvait pour aider, mais la charge de porter Matt revenait plus au Lieutenant pour le moment, aussi le SEAL avait récupéré l’arme pour assurer la défense du convoi, non plus militaire, mais sanitaire. Il y allait y avoir du boulot à l’infirmerie quand ils arriveraient à rentrer, s’ils y arrivaient. L’ami, ou l’ennemi, Warren ne savait plus, avait disposé des troupes tout autour de la Porte pour la garder. Nul doute que s’ils se pointaient en montrant patte blanche en arguant être envoyés par le bon roi pour sauver sa jolie jeune fille, ils se feraient déglinguer. Ça sentait quand même bien l’entourloupe à plein nez cette histoire.

« Je crois que je suis le seul encore capable de faire une diversion pendant que vous atteignez la Porte... » confia Warren en étudiant la situation sous le couvert de la végétation. Il ne fallait pas se leurrer, ce n’était pas Matt qui allait jouer les troubles fêtes, pas plus que le Lieutenant. De toute façon, la tête pensante devait rentrer, filer des ordres pour renvoyer la cavalerie. En bon SEAL qui se respecte, il survivrait le temps qu’il faudrait à ce qu’on vienne le chercher.
« Sinon, faudrait attirer le dragon par ici, mais c’est à double tranchant, sans parler du fait que je ne sais pas comment on pourrait faire pour le faire venir docilement… Et manquerait plus qu’il pète la Porte... »

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

« C’est quoi ce putain de bordel... »

Le Lieutenant avait trouvé posture derrière un épais buisson épineux, encore assez feuillu pour lui assurer un couvert respectable tout en se tassant derrière. Cela offrit d’un même temps la possibilité à Eversman de trouver un instant de repos sur le versant d’une large racine de l’arbre près duquel ils se tenaient. Il n’avait pas pour autant relâché son bras, qui passait toujours autours de ses épaules et que l’une de ses mains, épaisse et calleuse, en agrippait le tissu de manche pour le maintenir, l’autre ceinturant la taille sans serrer sa prise pour ne pas malmener l’homme davantage. Shaun avait murmuré ces derniers mots au constat des troupes qui gardaient maintenant la porte et qui les empêchait de joindre les leurs et coupaient leur repli. A l’instar de ses camarades, l’officier n’était pas dupe quand à la présence de ces forces en place : leur prétendu allié venait de leur mettre un couteau sous la gorge, et si aucun d’eux évoquait cette conclusion, y’avait qu’un coup d’oeil à jeter dans leur direction pour en attester de cette certitude.

La quinte de toux du Ranger alarma d’autant plus l’officier qui découvrit rapidement le filet sanguinolent que son expectoration avait fourni, mêlé à quelques résidus de salive. Butler avait raison, il était le seul à être capable de tenter quoi que ce soit pour résoudre cette affaire, et ça urgeait. Il n’aimait pas particulièrement cette idée, de laisser un homme seul sur le terrain, quand bien même il serait tout à fait capable de semer les soldats qui leur faisait face, leur moyen de défense avait atteint un stade ridicule, et la présence du reptile non loin faisait drastiquement diminuer leur chance.

Il avait beau réfléchir et analyser la situation, en dépit du mal de crâne que cet exercice lui prodiguait, il ne voyait pas d’autre alternative. Ils devaient absolument rentrer ou au moins parvenir à joindre Atlantis pour informer de la situation, et surtout de la trahison de Welf. Était-ce ce que l'autochtone avait voulu dire quand elle s’était prise d’une certaine panique à la prononciation de son nom ? Au regard du comportement des hommes, du bivouac qu’ils avaient installé non loin du DHD et à l'abri duquel certains avaient trouvé repos, et des résidus de feu de camp qui trainaient dans la clairière, ils venaient pas d’arriver depuis la minute.

« Ils ont dû prendre place peu après notre arrivée. »

Un bruit de pas coursé força l’américain à se ratatiner d’autant plus et éveiller sa vigilance à son maximum, son regard s’étirant dans la direction où il venait de percevoir le mouvement rapide. Il avait fait signe à ses camarades de ne pas bouger, plaçant sa senestre à plat à l’horizontal en s'abaissant vers le bas de petits mouvements avant de récupérer la manche de son camarade. Le bruit n’était pas à proximité, et même dans l’emplacement opposé, leur permettant garder le couvert effectif en détournant l’attention de la petite troupe qui montait la garde dans la direction. Eux aussi avaient entendu l’approche, tirant leurs armes de leur fourreau, l’un d’eux possédant même une arbalète, engageant sa visée au loin.

« C’est un messager ! » s’époumonna aussitôt le garde le plus au loin dès qu’il eut identifié sa cible, pour empêcher ses camarades d’engager le combat par erreur.

Le jeune garçon, un adolescent tout au plus, brandissait un petit fanion coloré de rouge et estampillé des armoiries du roi local.

« Un message du Roi Welf, Monsieur. » adressa le garçon à l’un des hommes qui se tenaient là, sans doute le plus gradé. « La Bête des Cratères a été aperçue près de la frontière. Le Roi pense que les Atlantes ont réussi à s’échapper Monsieur. »
« Le bouclier d’os est tombée ? » Questionna le garde en grondant d’un air insatisfait.
« Non, Monsieur. Il est toujours en place. Il demande à ce qu’ils soient tués avant qu’Atlantis envoie des renforts. »
« Fait passer le message au Roi qu’on a besoin de renfort. » Son intonnation gronda un peu plus fort, braquant son index vers le bivouac. « Et réveillez-moi ces deux fainéants ! »

« Il faut capturer le gamin... »

@DamianVK

√ Arrivée le : 08/12/2012

Butler se proposait pour la diversion. Sûr que c’était le seul en état et qu’il était capable de survivre seul le temps que les renforts soient là mais Matt accueillit ce plan avec un signe négatif de la tête. On n’abandonnait personne derrière, pas même les corps des soldats tombés au combat. Ce dragon lui semblait presque une solution idéale mais forcément il ne se pointait jamais quand il le fallait. Cette porte était si proche et pourtant pour l’atteindre, il y avait une sacrée opposition. Un dernier effort avant de rejoindre la maison. Les voyants étaient au rouge mais Eversman ne pouvait se permettre de se flancher maintenant.

La décision ne lui revenait pas mais cela ne l’empêchait pas de pouvoir proposer une action scrutant le campement pour y repérer les différents hostiles. Beaucoup étaient situés derrière des barricades mais on pouvait se douter que d’autres étaient dissimulés. Leur position ne leur offrait nul autre avantage que la surprise.

« Je peux vous couvrir d’ici. » La proposition s’accompagna d’un regard en direction du Chef de groupe témoignant qu’il était en état de le faire. S’il fallait sprinter, Matt passait son tour mais effectuer des tirs précis demeurait sa spécialité. Pour avoir un ordre d’idées du nombre de cartouches disponibles, il dégagea le chargeur du fusil avant de l’annoncer aux deux autres.

« Il me reste un... demi-chargeur engagé...un en plus et ça. » Un flashbang fut délogé du gilet tactique, montré au trio avant de le tendre vers le Chef d’équipe. Cela aurait pu être une bonne nouvelle s’il n’était pas fortement déformé et par conséquent déclaré dangereux pour n’importe quel militaire. Seulement là, ils ne pouvaient se permettre de jouer la prudence. Les armes étaient réduites à un fusil, un zat et une arme de poing.

L’arrivée de ce messager rabattit les cartes les pressant d’agir sous peine de voir la zone se renforcer.

« C’est quoi… ce bouclier ? » Demanda-t-il aux deux autres ayant de plus en plus de mal à suivre. Une chose qu’il avait bien compris, c’était que ce messager ne pouvait leur échapper, gamin qui était en train de s’abreuver avant d’engager le retour. Il pouvait proposer un tir de neutralisation mais à travers cette épaisse forêt et avec une cible mouvante, cela ne semblait la meilleure option.

La solution s’imposa à eux.

Laklos allait au devant de ce messager, de sa démarche boitillante usant de son bras valide pour attirer son attention multipliant les gémissements. Le gamin interrompit sa course, étonné et rapidement effrayé par cette femme sortant des bois.

√ Arrivée le : 25/08/2020

SEARCH AND RESCUE

Ft. Shaun & Warren & Matt

Plus le temps passait et moins de perspective se dégageait de cette scène. Ils auraient pu faire un carnage, tout demi-chargeur possédé, réduisant à néant la vie d’une quinzaine d’entre eux, ça aurait été suffisant pour faire fuir le reste, mais s’il s’agissait ça de la stratégie de la dernière chance qui restait fiché dans un coin de l’esprit du Lieutenant, elle n’en demeurerait pas la seule carte à abattre dans ses mains. C’était son rôle de s’assurer - en plus de la sécurité de ses hommes, qu’un moindre dérapage soit commis. Aussi attira t-il l’attention de ses camarades d’un geste de la main, son regard d’acier ne quittant pas les différents protagonistes qui s’agitaient plus loin, dans leur campement de fortune au pied du grand anneau.

« Désolé Matt, j’aurais tenu compte de ton avis si j’avais eu une meilleure perspective de réussite, mais Butler sera notre joker. »
« Un putain de… Joker oui. » Répliqua Eversman assurant les deux de son soutien. Il gratifia le futur appât d’une tape dans l’épaule.

Le Ranger n’avait pas aimé l’idée du Seal de faire diversion, et il comprenait aisément pourquoi. La seule perspective d’offrir un allié sur un plateau d’argent avait don de le révulser. Et s’il aurait préféré échanger leur place, son état assurait un moins bon taux de chances sur le tableau des hasards. Pouvoir de décision lui appartenait contre toute protestation et c’est ce qu’il fit, endossant ses responsabilités comme il le devait.

« Butler. Il va falloir que tu nous ouvres une fenêtre assez large et que tu t’assures qu’un maximum d’entre eux te colle au cul. Méfie toi, certains ont des arbalètes, et ne tirent pas comme des brêles. Vingt minutes. C’est la fenêtre maximum que je te donne jusqu’à l'arrivée des renforts. C’est rien et toute une vie à la fois, alors tu t’assures de mettre ton cul à l’abri si ça commence à chauffer, et j’parle pas de l’autre putain de truc volant. Capté ? »

« Jamais hors combat, Lieutenant. » Confirma Warren avec un léger mouvement de retrait, s’empressant de s'emparer du matériel restant auprès de ses camarades, en citant l’une des célèbres devises des Navy Seals.

Une frappe sur l’épaule du plus gradé des trois atterrit amicalement d’un intention encourageante, tandis que Shaun lançait le chronomètre à sa montre après un fin réglage des boutons.

« On garde la flashbang. » lança- t-il après un bref coup d'œil entre les échanges de matériel.

L’autochtone avait sans doute depuis le temps rattrapé le jeune garçon, évitant ainsi à Butler de se retrouver avec une horde de renfort pendant sa cavalcade. Malgré les incompréhensions qui avaient régné entre eux, elle ne semblait pas demeurée au point de ne pas avoir mesuré les enjeux, et sans doute pensait-elle que ce serait un pass pour une meilleure vie.

Warren se redressa après une dernière esbroufe et s’échappa sur leur flanc, rapidement hors de la portée de vue de ses camarades tandis que ces derniers restaient repliés derrière leur buisson. L’officier n’entendait pas les claquements tintants de l’aiguille de sa montre dans son cadran, mais mentalement chaque seconde était désormais décomptée en une ligne de prière adressée à n’importe quel Dieu, tout univers confondu. Ses hommes comptaient bien plus que la mission, que son grade ou que toute réputation.

« Dès que le gros des troupes est parti, je compte dix secondes, je lance la bang au milieu du tas restant et on fonce vers la porte. Je m’occupe de neutraliser les vigies et toi, tu composes l’adresse sur le DHD. Ça ira ? »
« ça va le faire… » Peu importe les efforts à fournir, Matt les ferait. Un appui permit de retirer le chargeur à demi-vide le laissant tomber au sol alors qu’il engagea le plein, le dernier en leur possession. Le fusil ne lui étant plus utile, les fixations le reliant à la sangle ventrale furent déclipsées lui permettant de tendre l’arme à l’officier.

C’était davantage pour la formulation qu’une vraie question. Eversman n’avait pas vraiment le choix, mais si forcer sur son état pour assurer sa survie et faire au mieux pour celle des autres qui l’accompagnait était la seule chose à faire, Shaun savait qu’il le ferait sans rechigner. C’était un dur à cuir et pas le premier à se plaindre ou chouiner, loin de là. Alors il s'empara de l’arme, leur dernier soutien.
« ça va le faire… »

Le coup d’envoi fut donné. Là-bas, au loin, Butler avait réussi à faire tout le tour de la zone pour aborder le campement à l’opposé de la position des deux autres et si la distance jouait fortement sur le dialogue qui commençait à s’engager entre lui et les gardes qui l’avaient aperçu, le Lieutenant n’eut aucun mal à interpréter ce qui devait se dire. Les médiévistes s’avançaient de lui, se regroupant suspectement autours de lui en arc de cercle, tandis que le militaire reculait, petit à petit, son visage feignant l’incompréhension d’une situation. Sans doute avait-il clamé que son unité s’était faites décimé et qu’il était le seul survivant pour aller chercher des secours, se demandant pourquoi on lui interdisait l’accès à la porte. Mais quand il fut satisfait de la proximité acquise - tout comme de l’éloignement provoqué entre lui et ses comparses, il détala aussi vite que possible, se jeta rapidement derrière un arbre pour sortir de la ligne de mire d’un des archers qui l'avait encoché.

« Attrapez-le ! Tuez-le ! » rugit alors le chef en dégainant sa lourde épée de son fourreau et se lançant dans sa brigandine de cuir à la poursuite du fuyard.

Deux étaient restés sur place, guettant, dos tourné aux Atlantes, la course de Butler.

« Dix… neuf… huit… » commença à décompter Shaun à voix basse, son regard porté au devant sur leurs objectifs respectifs.

@DamianVK