Po po po po !! Scott venait de se faire jeter comme une vieille chaussette sans qu’un coup de semonce ne soit clairement annoncé ! La jeune femme avait fait les yeux ronds quand le colonel lui avait dit de sortir, après son petit laïus sur le fait que le copilote prenait tout ceci pour une farce. A dire vrai, Chenoa avait la désagréable sensation qu’il faisait tout pour la couvrir pour la faire ressortir de là blanche comme une colombe. Hors, si le vieux avait les enregistrements des boîtes noires, et il les avait forcément, il avait en long et en large les conversations qu’ils avaient tenu, ainsi que les différentes manipulations techniques qu’ils avaient effectué. Pourquoi est-ce qu’il s’amusait à faire ça ? Jugeait-il que sa carrière était foutue de toute façon ?
Ils n’avaient jamais vraiment parlé de son intermède par la case prison. Il avait toujours évoqué des raisons vagues, précises sur les faits concernant une bagarre ou elle ne savait quoi, mais jamais le fond du fond. Est-ce qu’il jugeait qu’après son séjour au trou, il était fini avec cette nouvelle histoire et qu’il ne servait à rien de s’accrocher.
L’amérindienne ne lui jeta qu’un petit coup d’oeil quand il lui bourra l’épaule. Elle ne prenait pas cet entretien comme une convocation disciplinaire, mais comme un débrief où elle risquait de se faire houspiller. Pour elle, ça n’irait pas plus loin que ça, et le but était avant tout de recueillir des informations et des motivations à des instants T de leur aventure. Peut-être qu’elle était trop naïve sur le coup. La mise au placard était pénible, mais elle était légitime. Ils avaient quand même faillit mourir là dedans, et ils avaient ramené un F-302 quasi neuf à l’état de rebus. Ça lui faisait mal au coeur de penser ainsi de Eaglestar, mais c’était la vérité quand on s’y attardait deux minutes.
Et il ne fallait que deux secondes pour dire qu’ils avaient merdé.
Elle se reconcentra sur l’entretien, se remettant encore plus droite sur sa chaise, comme pour donner une nouvelle impulsion à tout ça et pour montrer qu’elle n’était pas intimidée, et qu’elle se démarquait de son collègue.
«
Après le bond PRL, nous nous sommes retrouvés dans un secteur en bordure de la galaxie. Nos instruments de cartographie étaient morts et nous étions perdus. On a tenté de communiquer pour se faire repérer, et on a activé notre balise de détresse. On se pensait tiré d’affaire au moins concernant la créature que nous avions rencontré, mais une partie de celle-ci était en réalité collé à notre aile tribord et elle est rentrée dans le fuselage pour rejoindre ma cabine. J’ai débranché mon ombilical à temps sinon elle serait rentrée dans ma combinaison par cet intermède... » Elle voulait sans doute dire “intermédiaire”... «
et on en a déduit qu’elle en avait après l’oxygène. Enfin, le sous lieutenant Greer en a déduit ça pendant que je me battais avec cette saloperie qui essayait de rentrer dans mon casque par ma verrière en la comprimant fortement. Elle a même broyé mon Zat que j’avais pris pour la neutraliser. Greer est venu m’aider en l’appatant avec des cartouches de réserves à oxygène et il a réussi à la balancer derrière le réacteur de post-combustion du F-302 que j’ai réussi à démarrer. Seulement, mon copilote n’avait pas pris le temps, dans l’urgence, de se raccrocher par le filin et il s’est fait éjecter au moment de l’explosion de la cartouche d’oxygène. J’ai eu le réflexe de pinger la position sur le cadran, et quand je me suis rendue compte que j’avais perdu Greer, je suis retourné le chercher. J’ai fini par le retrouver, il était embringué dans un mouvement circulaire dans plusieurs dimensions dans le vide spatial. Je l’ai récupéré, on est remonté dans l’appareil, et on a tenté un autre bond pour essayer de se tirer de ce coin désert de l’univers. » Elle fit un petit sourire mi figue mi raisin au Colonel, pas du genre à se la péter, et en rentrant un peu la tête dans les épaules de façon inconsciente, elle lâcha un petit : «
Et… voilà. »
Le colonel Caldwell la voyait venir. Il la sonda en silence, comme s’il était tenté de la faire sortir elle aussi pour lui faire côtoyer les barreaux, puis il tira une grille de navigation du dossier d’enquête. Sans détailler, il la déploya sur son bureau pour que la pilote puisse la consulter.
«
Nous sommes parvenu à localiser votre position en examinant le contenu de la boite noire. Vous avez émergé de votre bond sur ce secteur entièrement vide. Comme vous le savez, la juridiction militaire protège la liberté des échanges audio. »
Il laissa la carte à sa disposition pour se rendre compte qu’ils avaient effectué un bond assez impressionnant. L’officier poursuivit. En ayant relevé la simplicité de son vocabulaire et compris les difficultés d’une langue qui ne semblait pas être natale, l’officier décida de vulgariser un peu les propos.
«
En d’autres termes, nous ne pouvons pas écouter pour vous fliquer. Il n’existe que trois cas qui permettent à un enquêteur assermenté de transmettre une bande audio à l’officier commandant. On m’a donc remis ceci... »
Il lui fit passer la tablette après avoir sélectionné un fichier audio prêt à être lu. Comme d’habitude, c’était sa façon d’imposer son contrôle de la situation, de maintenir une forme de pression. L’officier comprenait que cette pilote cherche à omettre quelques réalités, ne précise pas les faits qui pourraient intervenir en défaveur de son copilote. Pour le bien de l’équipage et la cohésion indispensable à l’exploitation du croiseur, cette solidarité était vitale. Il la respectait.
Mais en tant que commandant, et officier supérieur, il ne pouvait pas se permettre de fermer les yeux. Et négliger la situation qui avait été la leur à ce moment précis. Lorsque Pénikett appuirait sur cet écran tactile, elle écoutera l’enregistrement de ses plaintes et de sa lutte contre la créature...pendant que Greer lui promettait de raconter une histoire à sa famille, comme s’il était sur le point de la tuer.
D’ailleurs, le colonel ajouta peu après la fin de l’enregistrement :
«
L’historique des commandes confirme que le soldat Greer a amorcé l’éjection de votre fauteuil au moment des faits. Vous étiez tous les deux dans une situation de crise, je n’ai pas à vous juger là dessus. Mais je voudrai avoir un retour sincère, soldat... »
Chenoa avait jeté un coup d’oeil à la carte. Scott avait rentré des données dans le séquenceur de bond, et elle ne savait pas pourquoi il avait visé au plus loin. Ils étaient en train de se battre contre un truc contre nature, dans la panique, il avait fait au plus vite. On ne pouvait pas vraiment expliquer quoique ce soit là dessus. Elle se demandait alors pourquoi le Colonel sortait l’argument de la juridiction militaire et tout le bordel. Elle pensait avoir fait un résumé fidèle de la situation, et elle n’avait rien omis sciemment.
Forcément, poussée par la curiosité, la jeune femme appuya sur l’écran tactile, mettant en route l’enregistrement, calé à un moment précis de sa lutte contre l’espèce de truc qui était rentré dans le cockpit pour lui bouffer le cerveau.
Elle éteignit l’enregistrement, sachant très bien ce qu’il y avait dessus et pourquoi le Colonel souhaitait revenir là dessus. Elle haussa des épaules en se renfonçant dans son siège.
«
Sur le coup, c’était peut-être le seul plan envisageable si on voulait qu’un de nous deux s’en tire. Ce truc qui s’attaquait à moi ne me lachait pas, et Scott aurait été le suivant à se faire bouffer le cerveau… Et, le fait est qu’il a trouvé une autre idée. Et que je lui avais donné mon accord. » Elle n’était pas revenue là dessus parce que finalement, ce n’était plus que de l’ordre de l’anecdote pour elle, pas d’un fait important de ce qu’il s’était passé. Ils survivaient contre quelque chose d’abominable, et de très tenace, pommés manifestement très loin de tout, comme elle avait pu le juger en examinant la carte.
«
Bien. » fit-il simplement. «
Nous parlons d’un homme qui a passé un mois en détention, qui a un passif d’agressivité manifeste à votre encontre, qui a discutablement levé la main sur vous. Pour finir par cet événement. »
Il marqua une pause.
«
Vous seriez en droit de vous sentir menacée, sous-lieutenant. Pourtant vous accordez encore votre confiance à ce soldat ? »
«
Ben… Est-ce que vous pensez qu’il a de mauvaises intentions me concernant ? », demanda-t-elle au lieu de répondre. Avec son listing, elle se demandait bien où il voulait en venir, et s’il ne savait pas quelque chose qu’elle devrait savoir pour sa sécurité. Après, elle pensait avoir cerné Scott, mais ensuite ?
«
C’est à vous que je pose la question. » Rectifia-t-il immédiatement. «
Ne mélangez pas les rôles ! »
«
Je ne mélange pas les rôles. Vous me donnez l’impression que je dois me méfier de mon copilote. Ok, il a voulu m’éjecter, mais c’était pas gratuit non plus. Je ne dis pas que j’étais heureuse d’en arriver là, mais on n’avait pas trop d’option à ce moment là, et au moins, il aurait pu s’en tirer. »
«
Votre extrême conciliance me surprend. » Répondit-il en récupérant la tablette. «
Bien. Il semblerait ensuite que vous ayez réussi à trouver une solution pour un nouveau bond. Vous avez émergé à cet endroit précis. » Fit-il en pointant une planète sur la carte. Les indications signalait que le Dédale avait fait des recherches dessus pour l’enquête.
«
Cet endroit a été dévasté par un cataclysme. Une série de séismes inexplicable qui ont stérilisé la surface. Que pouvez-vous me dire ? »
Chenoa avait eu envie de répondre quelque chose sur sa supposée conciliance, mais ça n’aurait pas été digne d’un sous-lieutenant ou d’un militaire tout court. Il ne fallait pas qu’elle se braque. Après tout elle était là aussi pour répondre des conneries qu’ils avaient faites. N’empêche, elle allait devoir s’expliquer avec l’autre nazi pour voir ce que le vieux voulait vraiment.
«
On est surtout arrivé en pleine guerre entre des types bizarres et des Wraiths. C’était Bagdad en dix fois pire. », dit-elle pour imager son propos.
«
Nos informations en la matière sont fragmentaires. Quelques clichés déformés et des vidéos trop parasitées, le Cerbère n’était plus fonctionnel. Vous y avez engagé l’ennemi d’après votre rapport. » nota le Colonel en passant sur le vocabulaire familier.
«
Oui, trois darts abattus pour la team Penigreer Colonel ! », lança-t-elle avec un rictus de fierté manifeste. Il fronça les sourcils. Elle se racla la gorge et enchaina en voyant poindre une réplique cinglante à l’horizon : «
Enfin oui, pour vous faire un résumé de la situation, il y avait un engagement entre des vaisseaux ruches Wraiths et une colonie au sol. Les deux camps s’infligeaient des pertes monstrueuses. D’ailleurs, nous sommes sortis de notre bond au beau milieu d’un croiseur en plusieurs morceaux avant de tomber vers la planète. Les darts faisaient la chasse aux autochtones qui avaient des DCA pour se défendre. Ils étaient en train de se réplier et leur soldats essayaient de défendre des gros vaisseaux de transports qui convergeaient vers un portail pour s’extraire de là. »
«
Votre descente en atmosphère était volontaire ? Et pour le portail, vous avez indiqué l’avoir traversé dans votre rapport... »
«
La sortie du bond PRL nous avait lancé à une certaine vitesse. Notre propulsion subluminique était en carafe, et on n’avait plus vraiment de contrôle d’Eaglestar. Il fallait donc manoeuvrer avec le peu de commandes restantes pour faire une rentrée correcte en atmosphère. Donc c’était plutôt dans l’ordre des choses, on y était obligé. Ca nous a permit de récupérer notre moteur à combustion pour maintenir le F-302 en l’air. »
«
Le sous-lieutenant Greer a rapporté l’intelligence manifeste des créatures au sol et le fait qu’ils avaient perdu le contrôle aérien. Selon son rapport, il vous aurait convaincu de combattre les Wraiths, malgré vos avaries, pour se faire de ces inconnus des alliés. Qu’en pensiez vous ? »
Il ajouta presque à la suite, comme pour éviter l’amalgame.
«
Simple question. »
«
Je n’étais pas certaine que ce soit une bonne idée que de se battre avec des darts en bon état vu le nôtre. Mais au final, c’était sans doute le mieux à faire. On ne pouvait pas se poser, l’atmosphère n’était pas viable pour nous, et une fois qu’ils en auraient eu fini avec les humanoïdes, on aurait été la cerise sur le gâteau. »
«
C’est ce qui vous a donc convaincu... » Déduit-il en poursuivant ses notes. «
Pour la suite, il ne nous reste plus que vos déclarations. Vous dites avoir franchi un...je cite...portail en altitude ? »
Chenoa ne s’en rendait pas vraiment compte, prise dans son récit, mais sa jambe battait la mesure. «
En fait… Oui, c’était une sorte de portail, je ne sais pas trop comment on pourrait appeler ça. Une Porte des Étoiles version Super Bowl quoi. Vous savez les Portes c’est le championnat toute l’année, et ça, ben c’est le super bowl. Enfin bon, oui on est passé dedans suite à une invitation des aliens qu’on venait d’aider et ça nous a envoyé chez eux, ou dans un autre colonie, je ne sais pas. On a déboulé en rase motte à hauteur des vaisseaux de transports, et donc on a reprit de l’altitude en constatant avec amertume que l’atmosphère n’était pas plus viable pour nous. Puis, le portail s’est mis à monter dans les cieux pour se caler à notre hauteur de vol, et il s’est réouvert, nous envoyant là où vous nous avez trouvé. Je crois que c’était une façon de nous remercier. Je sais que ça semble dingue, mais c’est ce qu’il s’est passé. Je pourrai faire des dessins de ce dont je me souviens, si vous voulez. »
«
Le CODIR sera intéressé par tout support que vous pourrez leur fournir. » Confirma le colonel.
Il reprit la carte pour lui montrer une ligne. Une succession de bond que faisait le Dédale pour tenter de les retrouver. Le croiseur émergeait, usait de ses outils de détection à puissance maximum, puis repartait sur un nouveau secteur.
«
Cette civilisation inconnue ne vous a pas renvoyé par hasard, lieutenant... »
Il lui montra la croix qui positionnait le chasseur devenu épave. Pile dans l’un des secteurs où le Dédale ressortirait.
«
Vous pouvez logiquement arriver à cette constatation. Vous avez émergé sur l’un de nos points de recherche... »
«
Comment pouvaient-ils savoir…. », s’interrogea Chenoa à haute voix, en regardant la carte… C’était franchement curieux. Elle redressa le nez, coopérative : «
J’suis vraiment désolée pour tout ça Colonel. », dit-elle sincèrement. Elle s’en voulait que toutes ses ressources aient été mises en oeuvre pour leur recherche.
«
C’est un mystère que nous n’éclaircirons peut-être jamais. Quoiqu’il en soit, je vous invite à réfléchir sur les conséquences de vos actes. Le Dédale n’échappe pas à la règle, il n’abandonne pas les siens. »
Il cessa de noter sur son bloc note et le referma.
«
Je vous accorde la faute du débutant, vous êtes une jeune pilote qui rêvez d’aventures et vous serez servie, bientôt. Mais en l’attente, il est vital que vous compreniez que vos choix peuvent impacter l’ensemble du bâtiment et son équipage. En prenant la décision de vous aventurer dans l’épave, vous nous avez tous mis en danger. Les procédures de vol n’existent pas sans raison, vous comprenez ? »
Chenao opina du chef. Elle comprenait parfaitement et ce n’était pas les deux semaines d’attente qui lui avaient fait penser le contraire. C’était tout l’inverse. Elle avait eu le temps de réfléchir à ses actes.
«
Je comprends tout à fait Colonel. ». Elle ne pouvait pas revenir en arrière maintenant, et elle assumait pleinement, mais elle était soulagée d’entendre dire que c’était la fougue de la jeunesse, et que quelque part, il comprenait aussi.
«
Vous comprendrez donc les sanctions qui s’y rapportent. Sous-lieutenant Penikett, veuillez vous lever. »
La jeune femme obtempéra pour se positionner roidement face à son supérieur.
«
Soldat, vous êtes coupable d’avoir manqué au protocole au cours d’une mission de reconnaissance en solo. Vos actions et les éléments rapportés par l’enquête vous dédouannent de tout comportements répréhensibles. Le lieutenant Greer et vous avez oeuvré comme le Programme l’attend de ses pilotes. C’est pourquoi je vous laisse le bénéfice du doute. »
Avant qu’elle ne puisse se sentir tirée d’affaire, il leva un doigt qui traduisait le fameux “mais”...
«
Néanmoins, je vous prive de toutes permissions et vous retire des effectifs de vol de l’escadrille. Vous passerez des cycles doublés à apporter votre aide aux techniciens qui lanceront le chantier de restauration du chasseur 6008. »
Il sondait ses réactions tout en posant les conditions.
«
Vous et votre binome ne retournerez à vos activités courantes que lorsque vous récupérerez votre F-302 en état pour le lancement de vos futurs missions. »
Dire qu’elle n’était pas soulagée d’entendre ça serait mentir. Ses épaules descendirent progressivement en sentant qu’elle échappait à pire. Finalement, cette sanction n’était pas trop mal. Elle était responsable de la casse du matériel, elle pouvait bien participer à le remettre en état… Et puis… C’était comme s’occuper de son bébé non ? Eaglestar était son F-302, ce n’était pas le chasseur 6008. Du coup, elle apprenait qu’elle n’était pas virée, qu’elle n’était pas affectée à la conduite du jet privé d’un général quatre étoiles bedonnant dans elle ne savait quel Etat, et qu’en plus de ça, son appareil était encore dans les starting block et qu’elle reprendrait du service dessus une fois bichonné ! Tu parles qu’elle était contente ! En plus, si elle participait de près aux réparations, elle pourrait mettre son grain de sel, et il était hors de question qu’il sorte des ateliers sans trois tomahawks de peint sous sa verrière !
Elle se mit au garde à vous, en essayant de rester neutre : «
A vos ordre Colonel. »
Caldwell devinait son enthousiasme. Son regard la trahissait.
«
Que cet entretien vous serve d’avertissement. Si je vous reçois de nouveau dans mon bureau pour ce type de manquement, je traiterais votre cas avec une extrême sévérité. C’est enregistré ? »
«
Si vous me recevez de nouveau dans votre bureau pour ce type de manquement, vous traiterez mon cas avec une extrême sévérité. C’est enregistré. », répéta-t-elle.
«
Alors disposez. » Conclu l’officier. Il avait encore le cas Greer à régler et ça allait être plus mouvementé selon lui. Il n’appréciait pas du tout ses libertés et sa façon de réagir, surtout sur ses familiarités éclairs. Un recadrage en règle s’annonçait.
«
Bien monsieur, bonne journée monsieur. », fit-elle mécaniquement avant de sortir.
Quand Chenoa quitta le bureau du colonel, elle trouva Greer qui semblait avoir fait les cent pas durant tout ce temps. Mutin, il n’en eu pas moins une expression outrée en faisant le signe de la montre et en ouvrant grand les bras, comme pour lui faire comprendre à quel point il était frustré d’avoir attendu tout ce temps. Et s’il ne disait rien, c’était aussi pour ne pas être surpris en train d'apostropher Chenoa. Mais forcément, il ne tint pas bien longtemps avant de réduire la distance qui les séparaient.
«
Vite fait, comme un sparadrap ! On fait les valises ou pas ? Oui, non, GO ! »
Et il plissa des yeux, comme en appréhendant une future douleur, attendant la réponse fatidique et tant attendue de son binôme.
Elle chuchota : «
Non, alors tu fermes ta gueule et tu réponds “oui monsieur le président” à tout ok ?! Si tu te retrouves encore en taule parce que tu as fais le fanfaron ou le nazi, je te préviens que tu vas rater quelque chose. Alors fais pas chier abruti et comporte toi comme un officier. » Et paf, elle lui colla une calbote derrière la tête en le poussant vers la porte.
Sauf qu’il avait lui-même amorcé un mouvement en réponse en la prenant dans ses bras, comme un accolade fière d’homme à homme. Il lui tapota l’épaule d’un geste de remerciement tout en lui murmurant en réponse :
«
T’as bien fait d’être passée sous le bureau, tu nous as sauvé ! »
«
Ben ça, je suis la meilleure dans tout ce que je fais connard. », répondit-elle avec un doigt bien tendu.
Il lui abaissa la main.
«
Nan, garde-le pour toi, tu en as besoin... »
Scott était surexcité, il fila une nouvelle tape sur l’épaule de sa collègue avant de tourner la tête. Le garde en faction lui avait fait signe qu’il était attendu. Il angoissa avant de se rappeler qu’il avait des spectateurs. Donc il bomba le torse et prit la route pour sa confrontation avec l’officier.
Chenoa le laissa partir en ayant pris une teinte plus rouge que sa peau rouge ne lui permettait, se demandant s’il savait ce qu’elle foutait la nuit de temps en temps. Sur le coup, elle était tentée, plus par gêne que par esprit de vengeance, de lui faire un croche pied pour qu’il s’étale comme une merde devant le bureau, mais elle se ravisa, jugeant que ça n’en vaudrait pas la peine. Par contre, elle profiterait de son absence pour vider la bonbonne de sel du self dans son plumard. Ouais, meilleure idée.
RP END 11.02.2019