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PéniGreer contre le Monstre du Camping Car

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Lun 11 Fév - 15:49

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Penigreer contre le monstre du Camping Car
Chronologie : Après le 5ème vol


Cela faisait deux semaines.
QUATORZE JOURS !!!
“QUATORZE PUTAIN DE JOUR DE MERDE” comme dirait Penikett.

Depuis que leur licence de vol avait sauté dès le lendemain du cinquième vol, Scott comme Chenoa devenaient complètement dingue. Non seulement cela les rendait infects. Mais en plus de ça, il ne pouvait s’occuper qu’en s’emmerdant mutuellement.
L’ordre était venu en haut-lieu : interdiction de monter dans un F-302 et interdiction d’approcher d’EagleStar jusqu’à la fin de l’enquête.

L’enquête quoi !
La sécurité du Dédale, les ingénieurs, dont Harry “la donneuse”, qui participaient activement à décortiquer les indices sur le chasseur et à examiner la boîte noire. Des putains de rapaces qui collectaient sans cesse des preuves pour “savoir ce qu’il s’était passé”. Comme si leurs rapports ne suffisaient pas.

Scott voyait donc ses camarades partir seuls en mission, les laissant moisir dans le dortoir de l’escadrille tribord. Et comme à chaque fois, le copilote tournait son regard vers Penikett pour entendre l’insulte du jour. C’est comme ça qu’il comptait maintenant.

On ne leur disait rien. Il avait beau essayé, il avait beau insister, on ne lui parlait pas de son chasseur. Peut-être à cause de la pression, de ne pas savoir comment ils allaient être mangé, le copilote avait tendance à occuper le temps avec elle. Il comptait sur elle pour s’oublier un peu des emmerdes et il suspectait que l’inverse était vrai. Même s’ils ne pouvaient pas s’empêcher de se faire des saloperies, par moment, c’était surtout pour extérioriser.
Parfois, il essayait de parler un peu de cette fameuse mission. Il aimait bien ramener certains détails marrant, échanger avec elle les ressentis et anecdotes du côté de son cockpit sur les moments de doute ou d’action. Bien sûr, il prenait un malin plaisir à tenir un compte très valorisant du nombre de fois où il l’avait sauvé. Faire son mâle, battre Timber au jeu de la virilité.

Mais ça n’empêchait pas la crainte de briller dans son regard quand l’amusement tombait comme un soufflet. Ils avaient déconné, tous les deux, en quittant leur trajectoire de vol sans avertir le Dédale. Ils auraient fini par mourir de froid, congelé dans un chasseur à l’agonie, si le bâtiment et son personnel ne les avait pas retrouvé.

Le quatorzième jour, Scott céda encore plus rapidement. Il lui chercha des noises en l’accusant brusquement de lui avoir piqué des chaussettes dans son paquetage. Un bien beau mensonge. Quand la sécurité débarqua dans le dortoir vide, les choses avaient dégénéré. Scott était parvenu à lui agripper une jambe et, de son autre main, à lui mettre un pied à nu. Ils se disputaient comme des gamins en se rendant à peine compte de leur présence. C’est l’un des types qui siffla suffisamment fort pour remettre de l’ordre dans ces chamailleries. Scott se figea, toujours en position pour aller piquer l’autre chaussette, puis il apprit la nouvelle.
Ils étaient convoqués. Dans une heure, ils se rendraient dans le bureau de Caldwell.

Scott déglutit et fixa sa collègue.
« C’est à cause de la bataille de bouffe au mess, c’est ça ? » Fit-il en essayant de cacher son angoisse naissante.
En réalité, il n’en menait vraiment pas large. Il s’attendait à devoir faire face au Premier Lieutenant Ross. Pas tout de suite au Vieux de la galère.


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Lun 11 Fév - 15:53

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Penigreer contre le monstre du Camping Car
Chronologie : Après le 5ème vol


« C’est à cause de la bataille de bouffe au mess, c’est ça ? », répliqua-t-elle en se tenant le front et en adoptant une voix de gamine. Elle s’était tellement relevée rapidement quand elle avait entendu le coup de sifflet qu’elle s’était tapée la tête sur la structure du lit superposé. Elle poussa un soupir avant de se redresser et de chopper la chaussette que tenait encore Scott pour se la remettre au pied.
« Si on va voir le taulier, c’est pour nous remercier et nous faire payer la facture. », lâcha-t-elle amer.

Scott grimaça en ayant une farouche envie d’en rajouter une couche et d’être bien grossier sur le coup. Mais il s’était contenu.
« C’est pour nous remercier et nous faire payer la facture. » Répliqua-t-il à son tour avec une voix de fillette bien moqueuse. La jeune femme lui fit un doigt d’honneur en guise de réponse avec une moue contrariée.
Scott éclata de rire.
« Et alors, Timber ? Elle est passée où ta grande gamelle ?!? J’t’entends plus ! » la provoca-t-il avec le regard qui allait avec.
« Et alors, Timber ? Elle est passée où ta grande gamelle ?!? J’t’entends plus ! J’suis très con, j’suis un gamin, gnagnagna », exagéra-t-elle.

Concernant Chenoa, il lui arrivait régulièrement de regretter d’avoir enfreint les règles. Elle se faisait toujours embarquer dans des aventures à la con, mais jamais au détriment de sa carrière. Et là… Là elle s’était laissée emportée tout court sans penser aux conséquences derrière. Ça devait être une opération de routine, un petit passage rapide dans le nuage pour voir ce qu’il renfermait et retour à la maison. Ok, ils se seraient fait taper sur les doigts, et ils se seraient excusés, mais ça ne serait pas allé plus loin. Mais il avait fallut qu’ils tombent sur un monstre de merde capable de survivre dans l’espace, qu’ils se perdent après un bond foireux, qu’ils parviennent à retrouver un semblant de civilisation en déboulant au milieu d’une guerre totale, pour enfin être retrouvée par le croiseur. Le croiseur complet était parti à leur recherche.

Tout le personnel de bord s’était mobilisé pour les chercher, les deux novices pommés dans l’espace. Pour apprendre quoi ? Qu’ils avaient cherché ce qu’il leur était arrivé et qu’en plus de ça, ils avaient bousillé le chasseur dans lequel ils se trouvaient.
Chasseur qui, cela dit en passant, leur était inaccessible depuis leur retour. Ils étaient consignés comme des parias dans les locaux de l’escadrille tribord, sans pouvoir reprendre de vol ni rien. Chenoa comprenait les mesures, le temps que l’enquête se fasse, c’était normal et ils pouvaient s’estimer heureux de ne pas être tout simplement au trou.
Le temps ne défilait pas rapidement quand on n’avait rien à faire. Alors, elle emmerdait Scott, trouvant un juste retour des choses. La perspective de ne pas savoir à quelle sauce on va être mangé était affreuse. Les jours passant, l’amérindienne était passée par plusieurs phases : soulagement d’être revenu, rédemption, colère, apathie, mauvaise humeur, re rédemption, fatalisme, etc.

Ce qu’elle craignait le plus, c’était de se faire renvoyer, ou déclasser, ou révoquer, ou quelque chose qui ferait qu’elle ne se servirait plus jamais d’un F-302 de sa vie. Elle se consolerait sûrement si elle retrouvait une place dans une escadrille sur Terre dans des coucous plus classiques, mais même ça, elle se disait qu’on allait lui refuser.

Bref, elle se déporta vers son “coin” pour se rendre présentable pour l’entrevue avec le Colonel. Avec une brosse, elle remit de l’ordre dans ses cheveux, qu’elle ramena en queue de cheval, puis elle inspecta son uniforme pour vérifier qu’il n’y avait pas de traces ou de tâches d’une quelconque nature. Elle le lissa à peu près correctement.

« Bien. Allons assumer nos conneries maintenant ! », fit-elle avec une certaine confiance en elle, même si elle n’en menait pas large.
« T’inquiète Timber, on a pas fait de conneries ! » Mentit Scott, également en plein travail sur sa tenue. « Eh, sérieux, il va nous dire quoi le vieux débris ?!? Si on est coupable d’un truc, c’est juste de pas les avoir prévenu. »
Le copilote se renifla discrétos les aisselles, sembla hésiter, avant de finalement décider de changer de chemise. Tout en s’activant, il continuait son monologue qui laissait dubitatif sur son orientation. Cherchait-il à rassurer Penikett ou bien lui-même ?
« On a découvert le PéniGreer je te signale. D’ailleurs...faut baptiser comment la saloperie qui nous a assailli ? Je pensais à...MangeMerde ! »
« C’est le caleçon que tu dois changer, pas la chemise. », raya-t-elle en l’observant. Elle haussa des épaules. Elle ne partageait pas l’optimisme affiché de Scott. « OxigenoDévoreurDel’EspaceIntercosmiquedePégase ! », dit-elle à toute allure, et de reprendre : « l’ODDEIP ! ».
« L’audepe ? » Reprit-il d’un air désabusé. « Mais où est-ce que tu vas chercher ça encore ?!? Tu peux pas faire preuve d’un peu plus d’imagination ? C’est toi l’emplumée, j’te rappelle. Doit bien y avoir un animal à la con pour symboliser ce tas de merde ! »
Il soupira.
« L’audepe...que c’est pauvre comme nom ! »
« C’est le mec qui me propose “MangeMerde” qui me parle de mon imagination ? Laisse moi rire. », fit-elle en secouant la tête de façon négative.

Il referma sa nouvelle veste et se tapota le torse. Goguenard, et presque mauvais, il reprit :
« Je te trouve fatiguée en ce moment. T’as plus de répartie ! C’est le vieux qui te fait mouiller ou le stress qui te fait fermer ta gueule ? »
« Ton haleine de chacal qui m’empêche de respirer. »
« On en parle de tes odeurs de fraîcheur ? Hm ? Je peux t’en faire tout un discours. Tu crois qu’on t’as surnommé Timber pour quoi ? »
Il partit d’un rire sale et ouvrit la porte du sas. La technique du gros vantard, ça consistait à dissimuler le moindre signe d’angoisse, de peur, sous une couche bien épaisse et bien grasse d’arrogance. Scott avait non seulement besoin de jouer le bonhomme, le mec de la situation, mais ça l’aveuglait aussi le temps de recevoir l’addition. La petite prime, c’était de continuer d’emmerder Timber en la faisant passer pour la frêle petite femme ayant besoin d’un homme pour la défendre. C’est tout dans cette optique et les gestes avec qu’il rajouta :
« T’es la seule à baliser. Mais t’inquiète, Cross est là pour te protéger du vilain méchant loup. Tu pourras recommencer à faire la grande fifille quand je lui aurai pété les dents et qu’il se sera excusé en prime de nous avoir dérangé durant notre bataille de chaussettes ! »
Il lui bourra l’épaule pour l’empêcher de passer en première.
« Arrête de flipper et mate le maître de la situation ! Scott est dans la place ! »
Chenao leva les yeux au ciel en secouant la tête, une moue désabusée sur le visage. Il se la racontait tout le temps celui-là. Pire qu’un macho. Le temps qu’il ouvre la porte du sas et elle avait montré ses biceps par un mime pour lui montrer pourquoi on l’appelait Timber. Maintenant, elle le toisait alors qu’il venait de la bousculer.
« On en reparle quand on sera sorti de chez le patron. », répliqua-t-elle simplement.

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Lun 11 Fév - 15:54

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Penigreer contre le monstre du Camping Car
Chronologie : Après le 5ème vol


Toutes les bonnes choses ont une fin.
Naturellement, Scott s’était calmé et son assurance exagérée avait fini en morceaux, dispersé sur sa progression. Sa mine se morcela un peu en atteignant le pont du commandement du Dédale, il n’y était allé que deux fois. S’il trouvait très intéressant que les quartiers du colonel se trouvait à deux petites coursives de la passerelle pour qu’il prenne son poste rapidement, ça cassait un peu le mythe du fameux siège. C’était beau à voir, c’était nul de se dire que le vieux était pas loin.

Greer n’aimait pas le colonel. D’ailleurs, qui pouvait bien l’aimer ?
Que faisait un vieux con de son âge encore en place à un poste pareil ? La sénilité n’était pas loin à ce stade et la prochaine rencontre pourrait bien lui faire faire une crise cardiaque. “Vlà les wraiths colonel !!! ….colonel ??? Viiiiiiiite ! Un médecinnnnn !”.

En y réfléchissant un peu plus, Scott se rendit compte qu’il détestait cet homme pour une tout autre raison. Son passage en jugement interne avec l’affaire Lays. Mais aussi parce qu’il avait le pouvoir de creuser son dossier, peut-être même découvrir son ancienne identité. L’épée de Damoclès avec laquelle il vivait, il ne voulait surtout pas que cet officier soit le premier à la découvrir.

Voilà maintenant une dizaine de minutes que Chenoa et lui traînait devant la porte close de ses quartiers. Le garde en faction leur avait dit qu’il y avait une réunion qui avait pris du retard mais cette attente le bouffait horriblement. Ca les laissait mijoter lentement en pression, les préparant pour qu’ils soient bien mûrs et se liquéfient dès le premier regard dont il avait le secret.

Bien malgré lui, Scott fixa sa partenaire et serra la mâchoire, devinant la même anxiété chez elle. Il se remit à tourner comme un fauve en cage jusqu’à ce que, finalement, la porte se lève. L’accès dévoilà plusieurs personnages emblématique du croiseur et, notamment, le chef Tyrol qui les salua d’un signe de tête. Il n’en fallait pas plus pour déclencher Scott qui se jeta sur lui.
« Chef !!! Je t’ai envoyé un mail, j’ai pas eu de réponse ! »
« Vous parlez surement des vingt-septs courriels que j’ai reçu au cours de ces deux semaines, sous-lieutenant. » Rectifia-t-il en calant sa tablette sous son bras.
Scott regarda Timber puis fit la grimace. Il avait évité de lui dire qu’il harcelait le chef de l’équipe de maintenance à propos de leur chasseur.
« Ouais mais...c’est important pour nous...pas que pour moi... »
« Je n’ai pas le droit de vous parler du 6008. » Lâcha le sergent à contrecoeur. Il contourna Scott pour s’en aller. Le copilote regarda encore une fois sa pilote puis décida de ne pas s’arrêter là.
« Hé ! » S’écria-t-il tout en lui courant après.
Il accrocha son bras suffisamment fort pour lui faire faire demi-tour. Tyrol fixa l’endroit qu’il avait touché et monta son regard vers lui en serrant les dents, manifestement en colère.
« Chef... » tenta-t-il en montrant ses deux mains en signe d’apaisement. « Chef, Timber et moi, on en a chié grave. On avait plein d’occasions de le lourder mais on l’a pas fait parce qu’on y tient. On y tient ! C’est NOTRE chasseur ! Même si c’est devenu un tas de ferraille. On veut juste savoir… »

Scott était vraiment sincère mais c’était pas suffisant. Il se tourna brusquement vers sa partenaire pour lui demander son soutien.

« Pas vrai Timber ? On veut savoir s’il est toujours là notre coucou...si on nous l’a pas jeté... »

Chenoa était restée calme le temps de l’attente. Elle stressait, à n’en point douter, mais elle n’était pas là à faire les cents pas comme son copilote. Les mains dans le dos, appuyée contre la paroi, elle patientait, le menton dans son col et le regard vers le sol. Le Coyote savait ce qu’elle pensait, mais c’était dur pour les autres de le savoir. Puis tout s’accéléra rapidement quand l'huisserie s’ouvrit sur Tyrol.
Scott lui sauta littéralement dessus et il ne voulait pas lui lâcher la grappe, jusqu’à le retenir physiquement pour avoir des nouvelles de leur chasseur. L’amérindienne poussa un soupir, et elle attrapa l’officier par l’épaule :
« T’emmerde le monde Cross, arrête de faire le gamin et ramène ton cul ici. » Chenoa fit un sourire à Tyrol par dessus l’épaule de son comparse d’aventure : « Désolée Chef, il a pas eu sa branlette ce matin. », et elle tira un peu plus fermement sur le bras du concerné pour le ramener vers le bureau de Caldwell. Ce n’était clairement pas le moment de faire des vagues.
« Putain, c’est toi qui me prive de branlette avec... » La voix de Scott se cassa brusquement et il se mit au garde à vous avec une rapidité inhabituelle.
Caldwell était à l’embrassure de la porte de son bureau en train de les observer, le regard noir.
« Vous disiez quelque chose, soldats ? » Demanda-t-il en regardant autant Penikett que Greer.

La jeune femme se crispa instantanément elle aussi quand elle vit Scott se mettre au garde à vous. Ca ne pouvait être qu’à cause de la présence de Caldwell. L’autre fanfaron venait déjà de baisser son pantalon. Elle était loin la fierté de faire le barbouze. Elle se mit au garde à vous et déclara d’une voix blanche : « Absolument rien Colonel ! »
« Je sollicitais des informations, Colonel. »

Caldwell considéra les deux jeunes gens et décala finalement son regard sur Tyrol.
« Vous pouvez disposer, sergent. »
« A vos ordres. » Répondit-il avant de s’éclipser.
Adieu les infos sur le chasseur. Scott était toujours en position mais il l’eut mauvaise. Il était persuadé que le chef aurait laché le morceau si elle avait participé. Non mais elle s’en moquait d’EagleStar au final ?!?
« Vous deux, dans mon bureau ! » Ordonna l’officier d’un ton sans appel.
Scott s’avança la boule au ventre mais il avait à coeur de protéger les quelques restes de sa fierté mal placée. Au moment de franchir l’encadrure de la porte, et étant bien angoissé par le geste qu’il s’apprétait à faire, il pinça la ceinture de Timber et donna un accoup pour procéder à l’échange de leur position. C’est LUI qui entrait en premier, il bomberait du torse en attendant de recevoir sa douche personnalisée.
La jeune femme protesta silencieusement et elle le fusilla du regard, en lui faisant un signe de la main pour lui dire de se bouger à passer cette putain de porte. En réponse, l’homme afficha une mine arrogante dont le regard anxieux jurait affreusement sur le message qu’il faisait passer. Il entra donc en premier en regrettant presque l’avoir fait. S’il le pouvait, et si Timber n’existait pas, il se serait déjà barré à pleine vitesse.
La jeune femme se positionna à côté de lui une fois dans la pièce et s’annonça officiellement comme on lui avait appris à le faire : « Sous-lieutenant Penikett au rapport, Colonel. »
« Sous-lieutenant Greer au rapport, Colonel. » Ajouta à la suite le copilote.
« Installez-vous. » Fit Caldwell en pointant les deux sièges. « L’enquête a été rendu. Je vais maintenant procéder à la collecte de votre déclaration. Qui souhaite commencer ? »
Naturellement, le visage de Chenoa ne bougea pas, mais ses yeux se portèrent du côté de Greer. Est-ce que monsieur fanfaron allait commencer ? Elle attendait qu’il l’ouvre.
« Moi, Colonel. » fit-il après s’être éclairci la gorge. Il avait perdu des couleurs sur le visage. « Où souhaitez-vous que je débute mon rapport ? »
Le colonel ne le regardait pas, affairé à organiser ses papiers et son fameux bloc-note qui avait la sale réputation de contenir tous les torts des mecs qui passaient dans son bureau. Scott avait même pas commencé que trois lignes figuraient déjà.
« Vous allez m’expliquer ceci... » Lâcha finalement l’officier en décalant vers lui une tablette.
C’était une vidéo d’une caméra de surveillance pointée sur le chasseur. Leur chasseur plutôt. Il était neuf et, au détour, Scott se vit apparaître avec une trombine de tueur. Il se voyait chopper Pénikett au vol, une belle prise de gueule, magnifique pour un film de drama. Le son n’y était pas et ça donnait d’autant plus d’effets à son air agressif. Forcément, le passage de l’échelle était le clou du spectacle, quand il l’avait chopé par la peau du cul. En revoyant ces images, étant en dehors de son propre point de vue, le copilote se rendit compte de la position générale de l'altercation. Lui foncièrement mauvais et violent. Timber qui râlait mais finissait une main levée, comme pour se défendre.
Cette fois, il sentit le reste de confiance se fissurer et l’abandonner lâchement. Greer se réajusta sur son siège et regarda Chenoa sans réussir à prononcer un mot.
« Heu...je... »
« Mais encore ? »
« Heu... » Il fit la grimace. « C’est qu’une broutille chef ! Une petite engueulade... »
« Ce comportement n’est pas professionnel. Ces images sont la preuve que vous avez agressé verbalement votre partenaire. Vous avez porté la main. » Jugea directement Caldwell.
« Quoi ??? Mais non !!! »
« Sous-lieutenant Pénikett. Vous n’avez pas rapporté cet écart de comportement comme je vous l’avais demandé. Pourquoi ? »
Scott écarquilla les yeux et fixa sa partenaire.
Elle avait été briefé pour le surveiller ? Ou le balancer ?!?
« J’ai... » essayé de vous appeler depuis la cabine téléphonique dans le F-302 pendant qu’on était pommé mais j’avais pas de monnaie dans mon portefeuille, pensa la jeune femme, mais elle s’arrêta nette dans sa phrase, jugeant que ce serait se tirer une balle dans le pied. Elle se réajusta sur sa chaise, et continua : « Je ne pensais pas que je devais vous faire remonter quoique ce soit en ce qui concerne le sous lieutenant Greer monsieur. ».
« Vous avez la mémoire courte. » Lâcha-t-il. Il pointa la tablette du doigt. « Vous êtes-vous sentie menacée par le sous-lieutenant Greer ? »
« Ola, ola ! Attends mec, c’est pas du tout... »
Chenoa lui colla un coup de genou dans la cuisse en le toisant avec des gros yeux. Putain, elle le couvre là tout de suite et le mec il se montre familier avec le boss !!
Il sursauta, sa phrase se transforma immédiatement en un petit :
« Maladresse, veuillez m’excuser, mon Colonel... »
« Je n’ai pas trouvé sa communication très saine et je lui ai fait comprendre, et maintenant tout va pour le mieux. », s’empressa d’ajouter Chenoa pour éviter que le Colonel ne le démonte directement à cause de son apartée à la con.
Il était sur le point de le faire d’ailleurs. Mais Scott renchérit aussitôt.
« Je me suis excusé après coup, j’ai promis que ça se reproduirait plus. Et...je peux le promettre de nouveau devant vous. »
« Il a promi. », fit-elle en opinant du chef.
« Cessez de vous comporter comme des enfants ! » Trancha brusquement l’officier. « Je ne veux plus voir ce type de comportement à bord de mon navire, qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre. Est-ce que c’est enregistré ? »
« Oui, Colonel ! »
« Je suis de votre avis Colonel. »
Caldwell les fixa quelques secondes avant d’ouvrir un rapport aussi épais qu’un bottin de téléphone. Il parcouru les deux premières pages pour en retenir les informations importantes.
« Mission de patrouille, en temps que nouvelles recrues, vous êtes déployés pour votre cinquième vol en solitaire sur la grille L-9 du secteur Armadia. Vous avez pour tâche, entre autre, d’inspecter un amas gazeux atypique. Vous faites route et disparaissez de nos écrans radar peu de temps aprés. »
« Oui, heu, je voudrai faire une précision...en fait... »
Il se racla la gorge.
« En tant que copilote j’étais en charge de la communication de notre progression et j’ai omis d’informer de notre dégradation du système de com... »
« L’enquête révèle que votre équipement n’était pas défaillant à ce moment-là. »
« J’entends par là que j’ai délibérément gardé le silence radio, Colonel. Quand j’ai voulu faire part de notre première découverte, il était trop tard, nous n’avions plus de liaison. Le sous-lieutenant Penikett ne le savait pas, je tiens à ce que cette vérité soit prise en compte...chef. »
« Oui enfin on a pris la décision à deux d’aller voir ce qu’il y avait dans cet amas sans prévenir l’opérateur je te rappelle... », ajouta la pilote, sans faire trop la maligne pour le coup.
« Sauf que j’t’ai pas dis qu’on pouvait plus les contacter !!! » Rétorqua directement le concerné avec une voix qui semblait lui dire en même temps “Mais laisse moi te protéger putain !!!”
« J’suis ptet pas copilote, mais je sais quand même qu’est-ce qu’il faut faire au niveau du protocole de communication quand on dévie de notre axe ! », enchérit-elle comme s’il cherchait à la faire passer pour une gourde.
« Vous vous êtes affranchi de vos obligations pour dévier délibérément de votre plan de vol. » Corrigea Caldwell en notant. « Vous confirmez ? »
« Je confirme. On avait peur d’essuyer un refus catégorique. »
« Je confirme pas ! » Contre attaqua Scott. « Nous avions d’excellentes raisons de dévier de notre cap et on n’avait pas forcément le temps de contacter l’opérateur ! »
Caldwell regarda l’un puis l’autre.
« Je vous conseille d’arrêter votre petit numéro. Les places sont chères sur mon croiseur, j’ai la possibilité de vous remplacer rapidement. Prenez le comme une menace si vous le souhaitez. Nous allons conduire cet entrevue de façon professionnelle. C’est la dernière fois que je vous rappelle à l’ordre. »
« A...vos ordres... » Fit Greer avec une forte animosité.
« C’est compris. », ajouta Chenoa dans la foulée, non sans jeter un regard à son équipier. Elle ne comprenait pas sa putain de stratégie de merde. Elle savait pas mentir, c’était plus fort qu’elle.

« Bien. Vous approchez donc d’un objet inconnu. Un bâtiment qui semble être assimilable à un transporteur de grande taille d’origine Wraith. Sous-lieutenant Pénikett, peut-être avez-vous été formé sur les dangers d’approche des masses étrangères ? Pourquoi avoir pris le risque de pénétrer à l’intérieur de cet engin inconnu, vous qui teniez le manche ? »

« Les brèches étaient énormes, le F-302 passait largement dedans, il n’y avait aucun danger que je touche et je pouvais faire demi-tour en tenant compte du rayon de braquage de mon appareil. Tout semblait mort, il n’y avait pas de menace avérée, et je tenais compte des préconisations de ma formation sur les dangers d’approche des masses étrangères. ». Elle marqua une pause et ajouta : « De toute façon, qu’on soit à une distance raisonnable ou pas, cette bestiole nous aurait attaqué quand même. »
« Je ne vous demande pas de légitimer les possibilités de navigation. Je vous demande pourquoi vous avez pris le risque de vous aventurer seule dans les entrailles de ce bâtiment abandonné. »
« C’est moi qui lui ai demandé... »
Caldwell posa son regard sur lui, sceptique.
« Je suis sérieux, mon colonel. Nous étions si près, je ne pensais pas qu’un tel danger nous guettait et j’ai influencé ma partenaire pour que nous puissions avoir... »
Il se mordit la langue.
« Que nous puissions avoir notre lot d’aventures. »
« Et de toute façon, il n’y avait pas de risques, donc je pensais pouvoir approcher sans risque. ». Elle jeta un nouveau coup d’oeil à Scott. Il comptait se charger tout le long de l’entretien ou quoi ?
L’officier nota quelques éléments supplémentaires.
« Parlez-moi de ce qu’il s’est passé ensuite, dans la coque de cette épave ? »
« Ensuite, on explorait tranquillement quand quelque chose nous a foncé dessus et a agrippé notre aile tribord. »
« Développez je vous prie. Je vous rappelle que vous êtes les seuls témoins de cet incident. »
« Comme je l’ai noté dans mon rapport, ça ressemblait à… j’sais pas moi, un dragon ou une connerie de ce genre qui se déplaçait extrêmement vite dans l’espace. C’était translucide et ça cherchait clairement à nous attirer dans le vaisseau détruit. Y avait une espèce de gueule grande ouverte qui nous attendait au tournant, alors j’ai utilisé tous les moyens à ma disposition pour nous tirer de là en esquivant les coups de dents. C’était indescriptible pour être honnête. Je ne sais même pas comment une chose pareille est naturellement possible ! On était dans le vide, dans le rien, dans l’univers ! C’est aberrant… Ça n’aurait pas dû nous tomber dessus Colonel. Le Cerbère n’a rien enregistré ? », osa-t-elle demander pour conclure son petit monologue.
« Les enregistrements ont été gravement endommagés, nous n’en avons récupéré que des fragments. » Il reprit. « Vous avez donc engagé un bond d’urgence. Pourquoi ne pas avoir utilisé les coordonnées d’urgence ? »
La question était forcément adressée à Scott qui, cette fois, se sentait capable de répondre.
« On était vachement occupé à survivre, Colonel. J’ai oublié le code de manoeuvre, on avait plus le temps. Cette bestiole voulait nous bouffer, c’est déjà un miracle que Timber l’ai esquivé aussi longtemps. Alors j’ai fais un bond au pif, c’est ma faute... »
« Sortez. »

Greer ouvrit soudainement des yeux ronds.

« Vous prenez cette entrevue pour une farce. Vous passez votre temps à vous charger pour couvrir votre partenaire alors que vous composez un binôme. Une entité unique en mission. Je veux votre retour sincère et ce n’est manifestement pas le cas. Donc, je vais vous recevoir l’un après l’autre pour démêler le vrai du faux. »
Il le regarda avec défi.
« Sortez, c’est un ordre. »
« Nan mais sérieux, colonel... »
« Soldat Greer, vous allez déjà passer la nuit en cellule pour apprendre à ne plus importuner le responsable des équipes technique. Ne m’obligez pas à vous rajouter une semaine pour votre manque de respect. »
Le sous-lieutenant la ferma, le regard noir. Il quitta son siège non sans envoyer une tape sur l’épaule de Chenoa, comme pour lui dire que ça comptait pas et qu’elle l’aurait ce vieux con, puis il se mit au garde à vous avant de quitter le bureau. Il l’avait mauvaise, il ne savait pas ce que Chenoa raconterait et la version risquait largement de différer.
« Que s’est-il passé après votre saut, sous-lieutenant Penikett ? » Reprit Caldwell comme si de rien n’était.

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Lun 11 Fév - 15:57

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Penigreer contre le monstre du Camping Car
Chronologie : Après le 5ème vol


Po po po po !! Scott venait de se faire jeter comme une vieille chaussette sans qu’un coup de semonce ne soit clairement annoncé ! La jeune femme avait fait les yeux ronds quand le colonel lui avait dit de sortir, après son petit laïus sur le fait que le copilote prenait tout ceci pour une farce. A dire vrai, Chenoa avait la désagréable sensation qu’il faisait tout pour la couvrir pour la faire ressortir de là blanche comme une colombe. Hors, si le vieux avait les enregistrements des boîtes noires, et il les avait forcément, il avait en long et en large les conversations qu’ils avaient tenu, ainsi que les différentes manipulations techniques qu’ils avaient effectué. Pourquoi est-ce qu’il s’amusait à faire ça ? Jugeait-il que sa carrière était foutue de toute façon ?
Ils n’avaient jamais vraiment parlé de son intermède par la case prison. Il avait toujours évoqué des raisons vagues, précises sur les faits concernant une bagarre ou elle ne savait quoi, mais jamais le fond du fond. Est-ce qu’il jugeait qu’après son séjour au trou, il était fini avec cette nouvelle histoire et qu’il ne servait à rien de s’accrocher.
L’amérindienne ne lui jeta qu’un petit coup d’oeil quand il lui bourra l’épaule. Elle ne prenait pas cet entretien comme une convocation disciplinaire, mais comme un débrief où elle risquait de se faire houspiller. Pour elle, ça n’irait pas plus loin que ça, et le but était avant tout de recueillir des informations et des motivations à des instants T de leur aventure. Peut-être qu’elle était trop naïve sur le coup. La mise au placard était pénible, mais elle était légitime. Ils avaient quand même faillit mourir là dedans, et ils avaient ramené un F-302 quasi neuf à l’état de rebus. Ça lui faisait mal au coeur de penser ainsi de Eaglestar, mais c’était la vérité quand on s’y attardait deux minutes.

Et il ne fallait que deux secondes pour dire qu’ils avaient merdé.

Elle se reconcentra sur l’entretien, se remettant encore plus droite sur sa chaise, comme pour donner une nouvelle impulsion à tout ça et pour montrer qu’elle n’était pas intimidée, et qu’elle se démarquait de son collègue.

« Après le bond PRL, nous nous sommes retrouvés dans un secteur en bordure de la galaxie. Nos instruments de cartographie étaient morts et nous étions perdus. On a tenté de communiquer pour se faire repérer, et on a activé notre balise de détresse. On se pensait tiré d’affaire au moins concernant la créature que nous avions rencontré, mais une partie de celle-ci était en réalité collé à notre aile tribord et elle est rentrée dans le fuselage pour rejoindre ma cabine. J’ai débranché mon ombilical à temps sinon elle serait rentrée dans ma combinaison par cet intermède... » Elle voulait sans doute dire “intermédiaire”... « et on en a déduit qu’elle en avait après l’oxygène. Enfin, le sous lieutenant Greer en a déduit ça pendant que je me battais avec cette saloperie qui essayait de rentrer dans mon casque par ma verrière en la comprimant fortement. Elle a même broyé mon Zat que j’avais pris pour la neutraliser. Greer est venu m’aider en l’appatant avec des cartouches de réserves à oxygène et il a réussi à la balancer derrière le réacteur de post-combustion du F-302 que j’ai réussi à démarrer. Seulement, mon copilote n’avait pas pris le temps, dans l’urgence, de se raccrocher par le filin et il s’est fait éjecter au moment de l’explosion de la cartouche d’oxygène. J’ai eu le réflexe de pinger la position sur le cadran, et quand je me suis rendue compte que j’avais perdu Greer, je suis retourné le chercher. J’ai fini par le retrouver, il était embringué dans un mouvement circulaire dans plusieurs dimensions dans le vide spatial. Je l’ai récupéré, on est remonté dans l’appareil, et on a tenté un autre bond pour essayer de se tirer de ce coin désert de l’univers. » Elle fit un petit sourire mi figue mi raisin au Colonel, pas du genre à se la péter, et en rentrant un peu la tête dans les épaules de façon inconsciente, elle lâcha un petit : « Et… voilà. »

Le colonel Caldwell la voyait venir. Il la sonda en silence, comme s’il était tenté de la faire sortir elle aussi pour lui faire côtoyer les barreaux, puis il tira une grille de navigation du dossier d’enquête. Sans détailler, il la déploya sur son bureau pour que la pilote puisse la consulter.
« Nous sommes parvenu à localiser votre position en examinant le contenu de la boite noire. Vous avez émergé de votre bond sur ce secteur entièrement vide. Comme vous le savez, la juridiction militaire protège la liberté des échanges audio. »
Il laissa la carte à sa disposition pour se rendre compte qu’ils avaient effectué un bond assez impressionnant. L’officier poursuivit. En ayant relevé la simplicité de son vocabulaire et compris les difficultés d’une langue qui ne semblait pas être natale, l’officier décida de vulgariser un peu les propos.
« En d’autres termes, nous ne pouvons pas écouter pour vous fliquer. Il n’existe que trois cas qui permettent à un enquêteur assermenté de transmettre une bande audio à l’officier commandant. On m’a donc remis ceci... »
Il lui fit passer la tablette après avoir sélectionné un fichier audio prêt à être lu. Comme d’habitude, c’était sa façon d’imposer son contrôle de la situation, de maintenir une forme de pression. L’officier comprenait que cette pilote cherche à omettre quelques réalités, ne précise pas les faits qui pourraient intervenir en défaveur de son copilote. Pour le bien de l’équipage et la cohésion indispensable à l’exploitation du croiseur, cette solidarité était vitale. Il la respectait.
Mais en tant que commandant, et officier supérieur, il ne pouvait pas se permettre de fermer les yeux. Et négliger la situation qui avait été la leur à ce moment précis. Lorsque Pénikett appuirait sur cet écran tactile, elle écoutera l’enregistrement de ses plaintes et de sa lutte contre la créature...pendant que Greer lui promettait de raconter une histoire à sa famille, comme s’il était sur le point de la tuer.
D’ailleurs, le colonel ajouta peu après la fin de l’enregistrement :
« L’historique des commandes confirme que le soldat Greer a amorcé l’éjection de votre fauteuil au moment des faits. Vous étiez tous les deux dans une situation de crise, je n’ai pas à vous juger là dessus. Mais je voudrai avoir un retour sincère, soldat... »

Chenoa avait jeté un coup d’oeil à la carte. Scott avait rentré des données dans le séquenceur de bond, et elle ne savait pas pourquoi il avait visé au plus loin. Ils étaient en train de se battre contre un truc contre nature, dans la panique, il avait fait au plus vite. On ne pouvait pas vraiment expliquer quoique ce soit là dessus. Elle se demandait alors pourquoi le Colonel sortait l’argument de la juridiction militaire et tout le bordel. Elle pensait avoir fait un résumé fidèle de la situation, et elle n’avait rien omis sciemment.
Forcément, poussée par la curiosité, la jeune femme appuya sur l’écran tactile, mettant en route l’enregistrement, calé à un moment précis de sa lutte contre l’espèce de truc qui était rentré dans le cockpit pour lui bouffer le cerveau.
Elle éteignit l’enregistrement, sachant très bien ce qu’il y avait dessus et pourquoi le Colonel souhaitait revenir là dessus. Elle haussa des épaules en se renfonçant dans son siège.
« Sur le coup, c’était peut-être le seul plan envisageable si on voulait qu’un de nous deux s’en tire. Ce truc qui s’attaquait à moi ne me lachait pas, et Scott aurait été le suivant à se faire bouffer le cerveau… Et, le fait est qu’il a trouvé une autre idée. Et que je lui avais donné mon accord. » Elle n’était pas revenue là dessus parce que finalement, ce n’était plus que de l’ordre de l’anecdote pour elle, pas d’un fait important de ce qu’il s’était passé. Ils survivaient contre quelque chose d’abominable, et de très tenace, pommés manifestement très loin de tout, comme elle avait pu le juger en examinant la carte.
« Bien. » fit-il simplement. « Nous parlons d’un homme qui a passé un mois en détention, qui a un passif d’agressivité manifeste à votre encontre, qui a discutablement levé la main sur vous. Pour finir par cet événement. »
Il marqua une pause.
« Vous seriez en droit de vous sentir menacée, sous-lieutenant. Pourtant vous accordez encore votre confiance à ce soldat ? »
« Ben… Est-ce que vous pensez qu’il a de mauvaises intentions me concernant ? », demanda-t-elle au lieu de répondre. Avec son listing, elle se demandait bien où il voulait en venir, et s’il ne savait pas quelque chose qu’elle devrait savoir pour sa sécurité. Après, elle pensait avoir cerné Scott, mais ensuite ?
« C’est à vous que je pose la question. » Rectifia-t-il immédiatement. « Ne mélangez pas les rôles ! »
« Je ne mélange pas les rôles. Vous me donnez l’impression que je dois me méfier de mon copilote. Ok, il a voulu m’éjecter, mais c’était pas gratuit non plus. Je ne dis pas que j’étais heureuse d’en arriver là, mais on n’avait pas trop d’option à ce moment là, et au moins, il aurait pu s’en tirer. »
« Votre extrême conciliance me surprend. » Répondit-il en récupérant la tablette. « Bien. Il semblerait ensuite que vous ayez réussi à trouver une solution pour un nouveau bond. Vous avez émergé à cet endroit précis. » Fit-il en pointant une planète sur la carte. Les indications signalait que le Dédale avait fait des recherches dessus pour l’enquête.
« Cet endroit a été dévasté par un cataclysme. Une série de séismes inexplicable qui ont stérilisé la surface. Que pouvez-vous me dire ? »
Chenoa avait eu envie de répondre quelque chose sur sa supposée conciliance, mais ça n’aurait pas été digne d’un sous-lieutenant ou d’un militaire tout court. Il ne fallait pas qu’elle se braque. Après tout elle était là aussi pour répondre des conneries qu’ils avaient faites. N’empêche, elle allait devoir s’expliquer avec l’autre nazi pour voir ce que le vieux voulait vraiment.
« On est surtout arrivé en pleine guerre entre des types bizarres et des Wraiths. C’était Bagdad en dix fois pire. », dit-elle pour imager son propos.
« Nos informations en la matière sont fragmentaires. Quelques clichés déformés et des vidéos trop parasitées, le Cerbère n’était plus fonctionnel. Vous y avez engagé l’ennemi d’après votre rapport. » nota le Colonel en passant sur le vocabulaire familier.
« Oui, trois darts abattus pour la team Penigreer Colonel ! », lança-t-elle avec un rictus de fierté manifeste. Il fronça les sourcils. Elle se racla la gorge et enchaina en voyant poindre une réplique cinglante à l’horizon : « Enfin oui, pour vous faire un résumé de la situation, il y avait un engagement entre des vaisseaux ruches Wraiths et une colonie au sol. Les deux camps s’infligeaient des pertes monstrueuses. D’ailleurs, nous sommes sortis de notre bond au beau milieu d’un croiseur en plusieurs morceaux avant de tomber vers la planète. Les darts faisaient la chasse aux autochtones qui avaient des DCA pour se défendre. Ils étaient en train de se réplier et leur soldats essayaient de défendre des gros vaisseaux de transports qui convergeaient vers un portail pour s’extraire de là. »
« Votre descente en atmosphère était volontaire ? Et pour le portail, vous avez indiqué l’avoir traversé dans votre rapport... »
« La sortie du bond PRL nous avait lancé à une certaine vitesse. Notre propulsion subluminique était en carafe, et on n’avait plus vraiment de contrôle d’Eaglestar. Il fallait donc manoeuvrer avec le peu de commandes restantes pour faire une rentrée correcte en atmosphère. Donc c’était plutôt dans l’ordre des choses, on y était obligé. Ca nous a permit de récupérer notre moteur à combustion pour maintenir le F-302 en l’air. »
« Le sous-lieutenant Greer a rapporté l’intelligence manifeste des créatures au sol et le fait qu’ils avaient perdu le contrôle aérien. Selon son rapport, il vous aurait convaincu de combattre les Wraiths, malgré vos avaries, pour se faire de ces inconnus des alliés. Qu’en pensiez vous ? »
Il ajouta presque à la suite, comme pour éviter l’amalgame.
« Simple question. »
« Je n’étais pas certaine que ce soit une bonne idée que de se battre avec des darts en bon état vu le nôtre. Mais au final, c’était sans doute le mieux à faire. On ne pouvait pas se poser, l’atmosphère n’était pas viable pour nous, et une fois qu’ils en auraient eu fini avec les humanoïdes, on aurait été la cerise sur le gâteau. »
« C’est ce qui vous a donc convaincu... » Déduit-il en poursuivant ses notes. « Pour la suite, il ne nous reste plus que vos déclarations. Vous dites avoir franchi un...je cite...portail en altitude ? »
Chenoa ne s’en rendait pas vraiment compte, prise dans son récit, mais sa jambe battait la mesure. « En fait… Oui, c’était une sorte de portail, je ne sais pas trop comment on pourrait appeler ça. Une Porte des Étoiles version Super Bowl quoi. Vous savez les Portes c’est le championnat toute l’année, et ça, ben c’est le super bowl. Enfin bon, oui on est passé dedans suite à une invitation des aliens qu’on venait d’aider et ça nous a envoyé chez eux, ou dans un autre colonie, je ne sais pas. On a déboulé en rase motte à hauteur des vaisseaux de transports, et donc on a reprit de l’altitude en constatant avec amertume que l’atmosphère n’était pas plus viable pour nous. Puis, le portail s’est mis à monter dans les cieux pour se caler à notre hauteur de vol, et il s’est réouvert, nous envoyant là où vous nous avez trouvé. Je crois que c’était une façon de nous remercier. Je sais que ça semble dingue, mais c’est ce qu’il s’est passé. Je pourrai faire des dessins de ce dont je me souviens, si vous voulez. »
« Le CODIR sera intéressé par tout support que vous pourrez leur fournir. » Confirma le colonel.
Il reprit la carte pour lui montrer une ligne. Une succession de bond que faisait le Dédale pour tenter de les retrouver. Le croiseur émergeait, usait de ses outils de détection à puissance maximum, puis repartait sur un nouveau secteur.
« Cette civilisation inconnue ne vous a pas renvoyé par hasard, lieutenant... »
Il lui montra la croix qui positionnait le chasseur devenu épave. Pile dans l’un des secteurs où le Dédale ressortirait.
« Vous pouvez logiquement arriver à cette constatation. Vous avez émergé sur l’un de nos points de recherche... »
« Comment pouvaient-ils savoir…. », s’interrogea Chenoa à haute voix, en regardant la carte… C’était franchement curieux. Elle redressa le nez, coopérative : « J’suis vraiment désolée pour tout ça Colonel. », dit-elle sincèrement. Elle s’en voulait que toutes ses ressources aient été mises en oeuvre pour leur recherche.
« C’est un mystère que nous n’éclaircirons peut-être jamais. Quoiqu’il en soit, je vous invite à réfléchir sur les conséquences de vos actes. Le Dédale n’échappe pas à la règle, il n’abandonne pas les siens. »
Il cessa de noter sur son bloc note et le referma.
« Je vous accorde la faute du débutant, vous êtes une jeune pilote qui rêvez d’aventures et vous serez servie, bientôt. Mais en l’attente, il est vital que vous compreniez que vos choix peuvent impacter l’ensemble du bâtiment et son équipage. En prenant la décision de vous aventurer dans l’épave, vous nous avez tous mis en danger. Les procédures de vol n’existent pas sans raison, vous comprenez ? »

Chenao opina du chef. Elle comprenait parfaitement et ce n’était pas les deux semaines d’attente qui lui avaient fait penser le contraire. C’était tout l’inverse. Elle avait eu le temps de réfléchir à ses actes.
« Je comprends tout à fait Colonel. ». Elle ne pouvait pas revenir en arrière maintenant, et elle assumait pleinement, mais elle était soulagée d’entendre dire que c’était la fougue de la jeunesse, et que quelque part, il comprenait aussi.
« Vous comprendrez donc les sanctions qui s’y rapportent. Sous-lieutenant Penikett, veuillez vous lever. »
La jeune femme obtempéra pour se positionner roidement face à son supérieur.
« Soldat, vous êtes coupable d’avoir manqué au protocole au cours d’une mission de reconnaissance en solo. Vos actions et les éléments rapportés par l’enquête vous dédouannent de tout comportements répréhensibles. Le lieutenant Greer et vous avez oeuvré comme le Programme l’attend de ses pilotes. C’est pourquoi je vous laisse le bénéfice du doute. »
Avant qu’elle ne puisse se sentir tirée d’affaire, il leva un doigt qui traduisait le fameux “mais”...
« Néanmoins, je vous prive de toutes permissions et vous retire des effectifs de vol de l’escadrille. Vous passerez des cycles doublés à apporter votre aide aux techniciens qui lanceront le chantier de restauration du chasseur 6008. »
Il sondait ses réactions tout en posant les conditions.
« Vous et votre binome ne retournerez à vos activités courantes que lorsque vous récupérerez votre F-302 en état pour le lancement de vos futurs missions. »

Dire qu’elle n’était pas soulagée d’entendre ça serait mentir. Ses épaules descendirent progressivement en sentant qu’elle échappait à pire. Finalement, cette sanction n’était pas trop mal. Elle était responsable de la casse du matériel, elle pouvait bien participer à le remettre en état… Et puis… C’était comme s’occuper de son bébé non ? Eaglestar était son F-302, ce n’était pas le chasseur 6008. Du coup, elle apprenait qu’elle n’était pas virée, qu’elle n’était pas affectée à la conduite du jet privé d’un général quatre étoiles bedonnant dans elle ne savait quel Etat, et qu’en plus de ça, son appareil était encore dans les starting block et qu’elle reprendrait du service dessus une fois bichonné ! Tu parles qu’elle était contente ! En plus, si elle participait de près aux réparations, elle pourrait mettre son grain de sel, et il était hors de question qu’il sorte des ateliers sans trois tomahawks de peint sous sa verrière !
Elle se mit au garde à vous, en essayant de rester neutre : « A vos ordre Colonel. »
Caldwell devinait son enthousiasme. Son regard la trahissait.
« Que cet entretien vous serve d’avertissement. Si je vous reçois de nouveau dans mon bureau pour ce type de manquement, je traiterais votre cas avec une extrême sévérité. C’est enregistré ? »
« Si vous me recevez de nouveau dans votre bureau pour ce type de manquement, vous traiterez mon cas avec une extrême sévérité. C’est enregistré. », répéta-t-elle.
« Alors disposez. » Conclu l’officier. Il avait encore le cas Greer à régler et ça allait être plus mouvementé selon lui. Il n’appréciait pas du tout ses libertés et sa façon de réagir, surtout sur ses familiarités éclairs. Un recadrage en règle s’annonçait.
« Bien monsieur, bonne journée monsieur. », fit-elle mécaniquement avant de sortir.

Quand Chenoa quitta le bureau du colonel, elle trouva Greer qui semblait avoir fait les cent pas durant tout ce temps. Mutin, il n’en eu pas moins une expression outrée en faisant le signe de la montre et en ouvrant grand les bras, comme pour lui faire comprendre à quel point il était frustré d’avoir attendu tout ce temps. Et s’il ne disait rien, c’était aussi pour ne pas être surpris en train d'apostropher Chenoa. Mais forcément, il ne tint pas bien longtemps avant de réduire la distance qui les séparaient.
« Vite fait, comme un sparadrap ! On fait les valises ou pas ? Oui, non, GO ! »
Et il plissa des yeux, comme en appréhendant une future douleur, attendant la réponse fatidique et tant attendue de son binôme.
Elle chuchota : « Non, alors tu fermes ta gueule et tu réponds “oui monsieur le président” à tout ok ?! Si tu te retrouves encore en taule parce que tu as fais le fanfaron ou le nazi, je te préviens que tu vas rater quelque chose. Alors fais pas chier abruti et comporte toi comme un officier. » Et paf, elle lui colla une calbote derrière la tête en le poussant vers la porte.
Sauf qu’il avait lui-même amorcé un mouvement en réponse en la prenant dans ses bras, comme un accolade fière d’homme à homme. Il lui tapota l’épaule d’un geste de remerciement tout en lui murmurant en réponse :
« T’as bien fait d’être passée sous le bureau, tu nous as sauvé ! »
« Ben ça, je suis la meilleure dans tout ce que je fais connard. », répondit-elle avec un doigt bien tendu.
Il lui abaissa la main.
« Nan, garde-le pour toi, tu en as besoin... »
Scott était surexcité, il fila une nouvelle tape sur l’épaule de sa collègue avant de tourner la tête. Le garde en faction lui avait fait signe qu’il était attendu. Il angoissa avant de se rappeler qu’il avait des spectateurs. Donc il bomba le torse et prit la route pour sa confrontation avec l’officier.
Chenoa le laissa partir en ayant pris une teinte plus rouge que sa peau rouge ne lui permettait, se demandant s’il savait ce qu’elle foutait la nuit de temps en temps. Sur le coup, elle était tentée, plus par gêne que par esprit de vengeance, de lui faire un croche pied pour qu’il s’étale comme une merde devant le bureau, mais elle se ravisa, jugeant que ça n’en vaudrait pas la peine. Par contre, elle profiterait de son absence pour vider la bonbonne de sel du self dans son plumard. Ouais, meilleure idée.

RP END 11.02.2019

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