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Evaluation psychologique d'un Big Mac

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Lun 4 Fév - 19:08

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Evaluation psychologique d'un Big Mac Chronologie du 16 octobre 2018 à décembre 2018
Co écriture Papi & Clément
Harleen PNJ Clément.


Semaine 1


Secteur carcéral
Cellule 4
USS Dédale


Au début, Scott était parvenu à relativiser un peu en se disant qu’on ne lui fermait pas la porte pour de bon. Le Colonel l’avait dit et il avait pas la réputation d’être un menteur ce vieux débris. S’il se tenait à carreaux, s’il respectait la condamnation, alors il aurait la possibilité de récupérer sa place.
Il le voulait plus que tout, c’était son unique but, alors il s’était soumis.

Les gardes n’étaient pas des connards. Quand il était remonté sur le Dédale, on ne lui avait pas mis les menottes et on l’escortait sans trop d'effusion de rigueur. C’est une chose de se sentir capable de faire la peine, c’est une autre de la voir venir. C’était la première fois qu’il mettait les pieds dans le secteur carcéral du Dédale. Ses nourrices armées l’avait conduit jusqu’à sa cellule qui semblait avoir été faite pour les belles années de Caldwell. Dans les années trente, trois murs métalliques à l’air aseptisé et une façade de barreaux rétractable. Du vieux modèle dont la fiabilité n’est plus à refaire...

C’est là que Greer avait senti cette petite cassure s’opérer dans sa certitude. Il allait passer trente jours dans ce trou à rat. Un lit de camp avec une couverture militaire, un sanitaire, un lavabo. Et un tout petit rangement pour la toilette et la tenue.
Le copilote secoua négativement la tête tandis qu’on l’invitait à entrer. Si sa volonté avait déjà fait machine arrière pour faire appel de la décision de justice et rechercher frénétiquement de quoi lui éviter ça, son corps semblait réagir à l’ordre de lui-même. Dans cette sensation d’angoisse latente et de perdition, il s’avança tout en observant d’un pauvre regard circulaire sa nouvelle demeure.

Le cliqueti du roulement de la porte se termina sur l’affreux bruit de la serrure, dans son dos. Les pas s’éloignèrent et le silence tomba comme une promesse de souffrance et d’ennui. Scott s’installa sur le lit de camp sans s’y allonger et fixa le mur lugubre d’un air absent. Le sentiment d’injustice lui était si violent qu’il en avait mal à la gorge, que ça lui tordait le bide. Dans cette histoire, il n’y avait pas de victimes. Il y avait deux coupables et on le jetait derrière ces barreaux sans la moindre humanité à son égard.

Dans la peine et l’humiliation qui ne le quittait pas, il ne voyait que ça. Après tout, qu’est-ce que Steele et Caldwell pouvait en avoir à cirer de sa gueule ? Une petite signature sur un papier et, hop-là, j’te fous dans le trou et on entends plus parler du pilote qui a mal au cul.
Greer avait l’impression de devenir fou. De tout temps, même quand il faisait le prédateur, il avait toujours su quoi faire. Même si c’était une erreur, même s’il payait les mauvais choix, il en faisait tout de même. Là, c’était comme faire face à un gouffre sans fond. Il ne savait plus comment maîtriser sa conscience qui cherchait sans cesse une justification.

Est-ce que, pour les crimes qu’il avait commis étant plus jeune, l’univers s’était équilibré en lui faisant connaître la même chose ?
Est-ce que c’était mérité, lui qui avait payé sa dette à la société et qui avait fait des tas de sacrifices pour arriver jusqu’à ce poste ?
Et cette salope d’ailleurs ? Comment était-elle punie ? Serait-elle virée ?

Scott se prit la tête entre les mains dans l’espoir d'interrompre ce bouillonnement de pensées mais il n’y parvenait pas. L’isoler, c’était la meilleure façon de le faire ressasser et il aurait de longues journées pour ça. Sans bouger de son lit de camp, le militaire s’enfonça dans la mélancolie et les mauvais souvenirs. Le silence le prit paradoxalement dans une tempête de reproches et de regrets qui l’agitèrent intérieurement. Il jetait la faute à son père pour l’avoir embarqué dans ses crimes, avoir fait de lui le monstre qu’il avait été, et le prix qu’il en payait aujourd’hui. Autant il conservait les apparences en-dehors de ces barreaux, autant ici il était seul avec lui même. D’ailleurs, il ne s’était jamais senti aussi isolé et abandonné. Ca participait à la haine et la colère.

Un très long moment s’écoula.
Il aurait pu s’allonger, tourner un peu en cellule, faire des pompes, n’importe quoi. Mais non, il restait prostré là sans rien dire et sans rien faire, l’esprit turbinant toujours autant. Des bruits de pas le tirèrent des méandres de son auto-flagellation, ça s’approchait de sa cellule et il se tourna d’un quart pour présenter la majorité de son dos. Il se sentait seul, et en même temps, il ne voulait pas de visite. Qui pourrait bien venir d’ailleurs ?

« C’est occupé, revenez quand j’serais plus là. » Dit-il finalement en ayant entendu ces pas s’arrêter devant sa cellule.
« Vous n’aimez pas la collocation ? », balança une voix féminine dans son dos, sur un ton léger et détaché.
Il ne répondit pas, surtout pour la forme et l’hostilité, mais dans le fond il trouvait ça drôle.
Quelque chose en lui le rassura à l’idée qu’il ne se mettait pas à frémir dès qu’il entendait une voix de femme. Il n’était pas aussi traumatisé ou alors le fait d’avoir dormi pendant les actes de Tesh l’avait finalement arrangé.
« Hum, pas de réponse…. J’ai du me tromper de cellule, on m’a vendu Scott Greer comme quelqu’un qui n’hésite pas à l’ouvrir. », dit-elle sur le même ton.
Elle lui arracha un demi-sourire cette fois. Si c’était pas une bonne provoc pour lui faire ouvrir la gueule, ça...
Il soupira et tourna finalement la tête pour l’observer. Une petite brune, elle était habillée en civil, elle faisait pas partie du Dédale.
« Le Zoo est fermé. » lâcha-t-il en se redressant. « Et en plus, vous avez même pas les cacahuètes... »
La jeune femme afficha un sourire amusé. « C’est marrant, j’allais justement vous rétorquer que j’avais apporté les cacahuètes, mais soit. »
En s’approchant lentement, Scott passa ses bras au travers des barreaux et les croisa à la manière d’un vieux prisonnier qui n’était plus surpris de sa prison. Il s’y appuya lourdement, cachant la moitié de son visage sous un bras, sur un geste non-verbal d’observation.
« T’es trop bien fringuée pour venir te rincer l’oeil. Ou alors c’est ton kiff les emprisonnement injustifié. » Lâcha-t-il bien plus familier, sans gêne.
Ca se confirmait là-dessus. Les gonzesses ne lui filaient pas les foies, c’était rassurant et foutrement agréable. Au moins, il pourrait continuer son numéro de claquettes.
La jeune femme s’observa en baisant les yeux vers son chemisier noir, sa veste et son pantalon ample. Quand elle redressa la tête, elle haussa des épaules, un fin sourire sur les lèvres. Elle le scrutait.
« Les femmes bien fringuées n’ont pas le droit de venir se rincer l’oeil et observer celui qui est injustement enfermé ? », demanda-t-elle une certaine forme de curiosité sincère dans la voix. Elle n’avait pas reculé de sa position initiale et elle n’avait pas commenté cette familiarité soudaine. On lui disait souvent qu’elle avait encore un visage de gamine, mais elle n’en avait pas l’allure. Son carré plongeant déstructuré ne lui donnait pas un air sévère, mais plutôt un air soigné. Elle tenait un attaché case dans la main droite, pendu le long de son corps.

Elle ne se reculait pas ? Ah, elle était joueuse celle-là. Même Blue, il lui avait fait faire deux pas en arrière en roulant des mécaniques. L’inconnue, elle, donnait l’air d’être sûre d’elle. Pourtant il lui suffisait de tendre la main et il pourrait chopper sa ravissante petite tête pour l’écraser contre les barreaux. Concours de coq, c’était forcément ça. A qui a la plus longue ? Challenge accepted !!!

Le naturel revenait beaucoup trop vite. Est-ce que c’était pour se rassurer que rien n’avait changé ?
En tout cas, il la reluqua longuement, fronçant un sourcil sur les deux pour ajuster le focus. Toujours dans son attitude sans gêne, il l’examinait pour jauger sa capacité à se rincer l’oeil.
« Ouais, on dirait bien que t’es l’exception. Mais t’as une gueule de fouine, une trombine de juriste... »
L’angoisse le gagna intérieurement. Il essaya de ne rien laisser paraître.
« Ouais, t’es venue pour me faire remplir la paperasse du licenciement. »

La jeune femme patientait en attendant qu’il termine sa petite inspection. Elle n’aurait pas pu trouver mieux comme première approche. C’était parfait. Elle comprenait pourquoi Steele voulait que ce soit elle et pas une autre qui prenne en charge le suivi psychologique de cet homme.
« Et donc, si je suis ce que vous pensez que je suis, c’est la meilleure solution que de me manquer de respect ? », dit-elle moins chaleureusement. « Je ne crois pas que nous ayons trait les vaches ensemble Monsieur Greer, alors ne me tutoyez pas. Il ne me semble pas l’avoir fait, et ça me dérange. ». Elle monta son attaché case au niveau de son buste, le soutenant d’un bras, et elle l’ouvrit de l’autre pour fouiller dedans et en extraire une feuille, qu’elle montra à Scott. Dessus était écrit en titre gras : “EXPERTISE PSYCHOLOGIQUE”. « Je suis Harleen Walker, psychologue rattachée à la cité d’Atlantis, et on m’a chargé de votre suivi. »

Soudain, il arracha la feuille de papier à la volée. Le papier fouetta l’air et Scott se recula pour le lire, bien à l’abri, dans sa cellule. Il se fichait bien du rappel à l’ordre, c’était normal de grogner quand un type venait vous écraser les pieds. Greer prit connaissance du document en le parcourant du regard, passant aussi au verso, avant de se rassoir sur le lit et poser le papier à côté de lui. Il ne voulait pas qu’un psy lui ouvre la tête, d’autant plus qu’il se sentait encore plus menacé qu’elle venait d’Atlantis celle-là. Le problème, c’est que s’il avait bien saisi, c’est elle qui avait sa license de pilote entre les mains. Elle avait un moyen de pression, il allait devoir être sage.
Mais lui...il ne voulait pas...
« Harleen Walker. » Répéta-t-il pensivement en fixant son mur. « On dirait bien que quelqu’un a voulu te punir. T’as dû merder quelque part. »


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Lun 4 Fév - 19:27

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Evaluation psychologique d'un Big Mac Chronologie du 16 octobre 2018 à décembre 2018
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Semaine 1

Harleen le regarda fixement. Elle avait sursauté quand il avait attrapé le papier, et elle ne se sentait plus en sécurité avec lui pour le moment. Il était dans la provoc pure et dure, et ce qu’elle avait lu de son dossier, c’était le type tout craché. Elle imaginait bien le genre de discussion qu’il devait avoir avec celle qui lui avait inséré un coloscope dans le fondement, sans parler du jouet rose. Néanmoins, ce n’était pas parce qu’il jouait les connards qu’il méritait ce genre de chose. La jeune femme aurait été curieuse d’observer cet homme recevoir un psychologue masculin, histoire de voir la différence de comportement.
« Sauf qu’en terme de punition, moi je suis de ce côté là des barreaux. », observa-t-elle. Elle s’était un peu fermée. Elle sentait qu’elle allait devoir s’en tenir à son évaluation et qu’elle n’arriverait pas à faire le suivi post viol. Un homme aurait été certainement mieux pour ça, et elle pouvait toujours mettre un de ses collègues sur le coup pour cela. Après tout, elle avait un rôle ambivalent. Celui d’aider Scott à se remettre, à accepter sa situation de victime et à la dépasser, et celui de lui rendre sa licence de vol. Le premier rôle pouvait la faire entrer dans ses bonnes grâces parce qu’il était altruiste, le second rôle au contraire pouvait le contraindre à ériger ses défenses parce que justement, elle était une partie de la main de la justice, celle qui tenait en son sein sa licence et qu’elle pouvait l’empêcher de continuer sa carrière. « Ce qui sous entend que j’ai tout mon temps. Mon travail n’est soumis à aucune durée limitée, et je peux l’exercer, moi. », insista-t-elle sur le “moi”. « Je peux revenir dans une semaine ou deux voir si vous avez décidé de jouer le jeu, c’est comme vous voulez. Ma liste d’attente est plus longue que mon bras pour une consultation. », fit-elle d’un ton suffisant.
Scott s’enterra dans le silence et baissa la tête, l’une de ses mains venant masser sa nuque pour essayer d’extérioriser sa nervosité. La menace, ben voyons. Le copilote avait été tenté de lui demander ce qu’elle attendait de lui mais il restait calé sur la punition. Elle touchait la bonne corde en plus la garce parce qu’il ne voulait pas rester ici. Mais c’était pas cette inconnue, à qui il ne manquait plus que les talons aiguilles et le manche d’un aspirateur, qui le mènerait à la baguette comme un toutou obéissant.
En réponse, plus dans un élan de douleur que de la violence, le jeune homme fit une boule du papier et l’envoya dans sa direction sans la regarder. Comme s’il lui disait de reprendre sa foutue merde administrative puis il s’allongea sur son lit, croisant les bras au-dessus de sa poitrine dans une posture de négation, fermé, les mains coincée sous ses aisselles. Il fixa le plafond en se demandant comment il allait se sortir de ses emmerdes. Il avait aussi la dalle et il avait sommeil.
Scott ne pourrait satisfaire ni l’un ni l’autre.

Le papier rebondit sur le buste de la jeune femme sans que celle-ci ne cherche à l’esquiver. « Bien, je note donc : agression envers un personnel médical clairement identifié lors d’une procédure d’évaluation psychologique. Finalement, je commence à comprendre ce que vous faites là. », dit-elle sans rien noter du tout. Elle posa son attaché case sur le sol, contre le mur opposé aux barreaux, et elle posa ses fesses dessus pour s’installer, les avants bras sur les genoux. Elle guettait une réaction.
Deux jours plus tôt, Scott aurait éclaté de rire en ayant trouvé ça drôle. Mais là le terme “agression” résonna en lui comme une cloche d’église, assourdissante, lui vrillant les tympas. Il prenait ça au premier degrés et ses bras croisés se comprimèrent quelques secondes sur sa cage thoracique.
« J’suis pas à une tête de plus. » Maugréa-t-il. « Au lieu de bander sur mon dossier, y’a toute une médiathèque sur la cité. Merci d’être passée, doc. »
« C’est pour vous protéger que vous êtes grossier ? », répondit-elle du tac au tac.
« Un peu. Mais c’est surtout pour ramener la femme à sa juste place. »
Il ricana grassement avant tourner un oeil petillant vers elle. « Oh, hé, ça va, je déconne. »
Il reprit sa place et haussa finalement les épaules.
« C’est pas pour me protéger. »
« Je pense que vous êtes macho et grossier pour vous protéger. », enchérit-elle à contre pied. « Sinon pour quoi d’autres ? »
« Pour jouer. J’saurai pas bien décrire. » Avoua-t-il en fixant le plafond. « J’dis à Blue de faire gaffe à ce qu’elle bouffe parce qu’elle prend du cul et que c’est pas bon pour son copain, le regard qu’elle jette c’est du bonheur. Ca me fait marrer cette expression outrée. »
« Hum, d’accord. Vous avez un exemple avec un collègue masculin ? »
« Ca marche pas avec les hommes, j’suis pas gay. »
La psy fit un “ohh” de constatation. « J’suis vraiment désolée ! Je n’avais pas compris que vous étiez en train de me draguer ! », répondit-elle en riant faussement.

Scott pinça des lèvres.
Ouais, ça se tenait pas l’explication, c’était bancal. Mais est-ce qu’il fallait vraiment une explication ? Il était comme ça et puis c’est tout. Mais à la place, il répéta faiblement.
« Je suis macho et grossier pour me protéger...mouais. Tu pourrais faire mieux. »
« Ah mais non, j’ai compris la raison, ne vous inquiétez pas. Vous êtes macho et grossier avec les femmes parce que vous les considérez comme des objets. L’être avec des hommes ferait de vous un gay, donc, quand vous le faites avec une femme, y a une connotation libidinale. », ajouta-t-elle.
« Raté, révise tes cours. » fit-il juste après avoir imité un buzzeur de perdant.
Il souffla pour se redresser et s’adosser contre la paroi en métal.
« C’est quoi pour toi un homme qui prend une femme pour un objet ? »
La jeune femme se redressa un peu elle aussi pour se pencher vers sa cellule :
« Mon avis ne compte pas. Je constate juste d’après ce que vous me dites Scott. J’essaie de vous comprendre, tout simplement. Si vous me dites que ce n’est pas ça, c’est quoi alors ? Un jeu ? Mais est-ce que c’est socialement adapté ? ».
Il pointa un doigt vers elle quand elle parla du jeu. Il validait.
« Hé, Harleen. Dans tes petites chaussures, bien droite dans ton tailleur, t’as jamais eu envie de tout envoyer valdinguer ? De dire à ce ramassis de bisounours que l’humain, c’est pas qu’une série de câlins, de bisous et de colons fend... »
Il ne termina pas sa phrase, rattrapé par la réalité. Scott se passa une main sur la mâchoire par nervosité mais reprit ensuite :
« J’suis pas sérieux. Blue le sait bien et j’irai pas si loin si je voyais que ça l’atteignait dans les tripes. Mais ouais, c’est un jeu. »
« Je ne comprends pas pourquoi vous ne jouez pas avec des hommes alors ? », insista-t-elle, sans répondre à sa demande.
Il ria.
« Mais parce que je suis un gros sexiste incurable, ouais. Qui prends les femmes pour des objets ! Pour ça que j’en ai une pour chef et l’autre qui pilote la carlingue. »
Harleen fit un sourire : « Et une comme psy maintenant. Quel monde de merde. »
« Pas tant que ça... »
Il marqua une pause avant d’ajouter sur un ton plus sérieux.
« Le psy du Dédale, je l’aime pas. Blue est une cheffe sympa. Et ma pilote...elle a une putain de grande gueule. On s’éclate bien. Pour un sexiste, je trouve que j’m’en sors pas si mal. »
« Pas si mal en effet. », fit Harleen, avant d’ajouter : « Qu’est-ce qui se passe quand vous jouez avec une femme, de la façon dont nous venons de parler, et que cette dernière est gênée ? »
« Faut m’en donner plus, si tu veux une réponse. »
« Je ne comprends pas. »
« Bah elle est gênée comment ?!? » fit-il en jouant de ses mains. « Gênée par rapport aux autres qui ont observé ? Parce qu’elle a l’impression que je m’attaque à elle gratis ? Ou bien que la vexe et que du coup elle est pas claire quand je débarque dans le coin... »
« Par rapport à ce que vous dites sur elle, pour blaguer. »
Il se tut en sondant dans sa mémoire.
« C’est pas encore arrivé, j’crois bien. Généralement, je me fais insulter de sale con, de tocard, de sexiste. Enfin, de tous les qualificatifs que j’mérite bien en retour. Mais...ouais...si ça allait pas, je me trouverai quelqu’un d’autre. Je la laisserai tranquille. »
Il fronça les sourcils.
« Hé mais t’es pas en train de me demander si je suis un foutu harceleur là ?!? »
« Ça vous incommoderait si je vous demandais ça ? », répondit-elle naturellement.

Scott demeura le regard rivé sur son mur lugubre. Il se reposait la question dans sa tête. Est-ce qu’il était du genre à harceler ? Première victime potentielle : Pénikett, forcément. Mais c’était en train de devenir un jeu. Au lieu de vouloir la dégoûter et la faire partir, ils se foutaient joyeusement sur la gueule. Ils en étaient jamais venu aux mains. Donc...non…

Blue, il la charriait avec ses réflexions sexistes mais il ne franchissait pas la ligne. Elle dirigeait l’escadrille.

Et...même cette salope, sur le continent, ils se rendaient les coups, jeu de surenchère.

« Je suis un mec lourd mais j’harcèle pas. Si l’autre en face se marre pas en me renvoyant la pareille et que je suis en train de faire mal, je change de cap. » Assura Scott.
Il s’agita.
« T’as pas une clope ? Ca fume les psy non ?!? »

« Je ne fume pas. Et je crois que c’est interdit ici. », ajouta-t-elle en se redressant. « J’peux prendre des notes ? Parce qu’on discute depuis toute à l’heure, mais je ne vais pas tout retenir. », fit-elle en tirant son attaché case à elle.

Greer ne lui accorda pas plus d’attention. Il se leva et s’écrasa contre les barreaux en les secouant.
« Hé !!! J’veux fumer une sèche ! Ca fait des heures que je moisis là-dedans ! »
Il essaya de voir le geôlier mais il ne répondait pas. Cela irrita Scott qui frappa du plat de ses mains sur les barreaux et il s’en retourna au centre de sa cellule, frustré.
« Même pas ça quoi. Sérieux... »

Harleen prit ça pour un oui et elle extirpa des feuilles de son porte document, sursautant une nouvelle fois quand Greer s’emporta quelque peu. Elle le toisa, restant à distance des barreaux. Elle pouvait exploiter son état. Alors qu’elle commençait à noter ce début d’entretien, elle répondit :
« Vous exprimez souvent votre frustration de la sorte ? Par un accès de violence ? »
Il rigola dans un mélange d’ironie et de lassitude. Voilà qu’elle s’y mettait aussi.
« T’inquiète poulette, je frappe pas les femmes. Tu risques rien. »
Enfin, sauf celles qui voulaient lui faire une coloscopie forcée.
Harleen opina du chef. Elle profitait de ce moment pour prendre ses notes.
Il se mit à tourner comme un lion en cage, il en avait déjà marre d’être là-dedans.
« C’est juste que là, j’ai Harleen aux petits tétons qui me dissèque lentement la gueule, au calme. J’suis dans une cage comme si j’étais le vicelard qui venait de disperser Steele aux quatres coins de la cité. Je peux même pas me fumer une clope pour agrémenter cette putain de “détente”...et j’en ai pour vingt-neuf jours et demi : cool !!! »
Il finit par s’assoir au sol, dos contre son mur lugubre. Il changeait de face cette fois et posa nonchalamment ses avants bras sur ses genoux.
« Quand on me sortira de ce trou, je serai devenu un légume. »
« Cool. », fit Harleen en réponse. Elle commençait à en avoir un peu sa claque de ce gars. Elle avait déjà pas mal d’élément pour une première. « Je vais laisser le légume pousser. J’en ai marre de votre grossièreté et de votre familiarité. », dit-elle en s’approchant de la cellule. « C’est marrant, vous dites que vous arrêtez quand vous voyez que ça gène, c’est vachement l’impression que j’ai eu alors que je vous l’ai dit deux fois. A bon entendeur monsieur Greer, et je vous dis à dans une semaine. Au revoir. ».

Harleen disparut de devant la cage où était enfermé Greer. Elle s’en allait, peu importait les protestations s’il y en avait, ou les piques. Mais il ne répondit pas. Surtout par fierté mais aussi pour d’autres raisons, il resta prostré et écouta les pas qui s’éloignait….jusqu’à ce que la porte se ferme.
« A la prochaine... »

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Lun 4 Fév - 19:38

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Evaluation psychologique d'un Big Mac Chronologie du 16 octobre 2018 à décembre 2018
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Harleen PNJ Clément.


Semaine 2

----------- 1 Semaine Plus Tard

Il était environ 15h30 ce jour là quand Greer fut extrait de sa cellule par des gardes. Ces derniers, selon son comportement lors de la semaine précédente, ne l’entravèrent pas avec des menottes. La seule information qu’il eut fut qu’il avait rendez-vous.
Cette fois Harleen voulait voir l’homme en dehors de sa cage. Elle n’était pas super rassurée, mais sa confiance en elle était importante, du coup, cela ne se voyait pas. Et puis… la sécurité était garantie sur ce croiseur. Le rendez-vous était un peu plus classique cette fois, maintenant que Scott ne moisissait plus dans une cellule au cours de l’entretien. Elle l’avait trouvé agressif, mais qui ne le serait pas en étant enfermé de la sorte, surtout quand on était soi-même une victime. Bourreau et victime, la double casquette qui n’était pas simple à porter.

La jeune femme était derrière un bureau qu’on avait bien voulu lui concéder le temps de l’entretien. Une vue panoramique sur Lantia s’étirait derrière une immense verrière qui donnait le tourni. On pouvait voir des parties du Dédale, en dessous, au dessus et sur les côtés. C’était majestueux. De quoi faire réfléchir quelqu’un en s'abimant dans cette immensité. Harleen était déjà satisfaite d’avoir quitté sa vie civile pour oeuvrer avec l’armée, mais elle l’était d’autant plus quand elle voyait la chance qu’elle avait de vivre une aventure aussi extraordinaire.
Cette fois, la jeune femme était habillée d’un chemisier, d’un bleu turquoise foncé, d’un pantalon noir toujours aussi ample, qui cachait une paire de chaussures à talon compensé, et d’une blouse médicale blanche sur laquelle figurait son badge. Ses cheveux étaient taillés en carré plongeant guère structuré.

« Bonjour Monsieur Greer, comment allez-vous aujourd’hui ? », lui demanda-t-elle en guise de préambule.
« Salut... »

Il regarda autour de lui, voyant les gardes s’éloigner pour les laisser seuls, c’était étonnant. Le copilote eut un sourire narquois mais silencieux, se disant qu’elle était en train de jouer avec le feu en étant aussi sûre d’elle, mais il gardait cette pensée pour lui. Ca faisait tellement de bien de sortir de cellule et de pouvoir se dégourdir les jambes. Cette semaine lui avait paru un millénaire, il en devenait fou.

Malgré le fait qu’il connaissait l’heure de rendez-vous, il n’avait fait l’effort que d’un uniforme propre. Sa barbe avait commencé à pousser sans entretien et il avait le teint livide. Depuis une semaine, il essayait de bouffer le plat qu’on lui servait mais c’était en vain. Soit quelqu’un s’amusait à le saboter à chaque fois pour le rendre dégueulasse, soit c’est lui qui n’y arrivait pas. Pourtant, il n’était pas du genre à faire le traumatisé qui impose sa grève de la faim. Mais il y avait un truc…et ça lui donnait une apparence anémiée.
C’était toujours pareil, il prenait deux trois bouchées et il était comme lassé, comme s’il en avait trop ingurgité. Heureusement qu’il pouvait encore boire mais ça l’affaiblissait. Sans oublier le sommeil perturbé, forcément, puisque la sale garce de Lays semblait avoir embarqué avec lui sur le Dédale. C’était à croire qu’elle était aussi dans sa cellule, ça ne le lâchait pas. Mais il n’avait pas plus confiance en la Déesse de la Dépèce. D’ailleurs, si elle avait lu le dossier, elle saurait que c’était une belle provoc de lui foutre du blanc de médecin sous le nez.

« La blouse blanche est un peu exagéré, tu trouves pas ? » Fit-il calmement en s’approchant de la grande baie vitrée.

Il observa l’espace avec une forme d’émotion difficile à cacher. Toute une bataille pour monter dans un F-302 et cette verrière était tout ce qui le séparait de son environnement de confort. Son poste de copilote et de l’espace, rien que ça…
Il songea fatalement à Pénikett qui devait déguster ses vacances avec le remplaçant et le reste de l’escadrille qui se trouvait bien heureux de ne plus l’avoir. Pas une visite, c’était couru d’avance. Et c’était normal vu l’impression qu’il leur avait laissé. Ca le fit tout de même soupirer. Pour une équipe...
Il posa trois de ses doigts contre la surface sur des points précis, trois étoiles qui brillaient un peu plus que les autres.
« On les appelle “Les Morbacs Jumelles”. Elles orbitent si proches l’une de l’autre qu’elles se cannibalisent mutuellement. Mais ça fait un spectacle de dingue, le plasma rayonne et scintille, comme une danse chorégraphique. »
Il tourna un oeil dans sa direction et eut confirmation qu’elle savait pas de quoi il parlait, logique.
« J’y passerai en F-302 un jour. C’est autre chose que de le mater au télescope. »

Harleen l’observait sans répondre. Elle n’avait pas pensé que cette blouse allait lui rappeler son viol, et elle ne l’avait pas mise pour cela. C’était son outil de travail en tant que personnel de l’équipe médicale et elle la mettait régulièrement en consultation. Mais finalement, ce n’était pas un mal. Il allait devoir gérer ce genre de vêtement par la suite, puisqu’il serait amené à revoir des personnes affublées d’une blouse : hommes comme femmes.
Le fait qu’il la tutoie encore lui défrisait les moustaches. Elle se sentait agressée, et cela lui donnait l’impression qu’il ne la respectait pas.
Effectivement, elle ne savait pas de quoi il parlait, et elle en déduit qu’il parlait des planètes ou de quelque chose comme ça.
« Faut encore récupérer votre licence de vol pour ça. Et pour le moment, je ne suis pas disposée à donner mon accord pour ça. », répondit-elle d’un ton sec.
Scott la regarda et eut un petit sourire.
« L’inverse serait étonnant. Je n’aurai ma license que lorsque j’aurai le crâne trépané par ce bon doc Harleen, la cervelle vidée par une paille... »
« C’est vrai que j’essaie absolument de vous faire changer de comportement ou de faire de vous un autre homme... ».
Il s’approcha et alla s’installer en face, reposant nonchalamment ses bras sur le bureau pour la regarder franchement.
« Tu veux entrer dans mon crâne pour me “soigner”. » Fit-il en mimant les guillemets avec les doigts. Il ajouta sans agressivité mais avec un faux humour : « Avec tout un tas d’insinuation sur ma façon d’être et les commentaires sur mes manières. Le tout en agitant ma license de vol comme un os à ronger. Ose me dire que tu me prends pas pour un toutou ?!? »
« Pour un toutou ? ». Harleen fit les gros yeux. « Mais vous me prenez pour qui sérieusement ? Contrairement à vous, j’ai du respect pour vous, votre profession, et votre équipe. Je ne suis là que pour voir si vous êtes apte à reprendre votre boulot, aussi con vous semblez-être. », dit-elle d’une façon franche et un brin agacée.
Il ricana en secouant la tête.
« Eh ben on y est. Je t’ai vexé mon petit docteur ? »
« Vous arrêtez de me tutoyer ou d’employer des qualificatifs mignons pour me désigner. Sinon, je m’en vais, et on en reste là. », coupa-t-elle brusquement.
Il se recula pour s’adosser à la chaise, les bras retombant sur ses genoux.
« Tu sais pourquoi je te tutoie ? Enfin...à part croire que je massacre le respect que j’ai pour ton taff. »
« Exposez votre petite stratégie, allez-y, je vous écoute. », fit-elle de façon aigre.
Il leva les deux bras.
« Mais quelle stratégie ? » Il ria et reprit aussitôt.
« Tu débarques dans ma vie, au beau milieu des emmerdes, en pensant que tout va se régler avec quelques paroles. Tu vois, toi tu fais ça dans mon crâne... »
Il posa ses deux jambes croisées sur le bureau, prenant tout son confort et croisant ses mains derrière la tête.
« Tu te ramène avec tes godillots tout dégueulasse alors que la seule vérité, la seule, c’est qu’il y aura qu’un truc pour résoudre le problème... »
Il était lancé. Scott retira ses jambes et se réinstalla plus poliment, posant un doigt sur le bureau.
« C’est de foutre une putain de balle entre les yeux de Tesh Lays. Sauf que je peux pas si je tiens à ce boulot. Alors je lâche l’affaire et j’accepte d’avoir la nouvelle colocataire dans ma caboche. Quitte à partager le frigo, jusqu’à ce que j’ai ce fichu papier ou la porte de sortie, ben autant oublier les amabilités...c’est pas un manque de respect, toubib. »

Harleen croisa les bras et s’adossa à son siège tout confort. Elle avait la mine fermée et on voyait clairement qu’elle considérait les propos de Greer. Une jambe croisée, elle tenait son bloc papier sur sa cuisse, et un stylo dans une main. Elle prit quelques notes distraitement avant de répondre :
« On va dire que c’est ça, même si j’en doute. », fit-elle. « Vous savez pourquoi j’en doute ? », demanda-t-elle.
Il haussa les épaules, il commençait à monter dans les tours et ça l’énervait d’être sans cesse contredit. Scott lui avait déchargé sa frustration parce qu’elle s’était barrée la semaine dernière en prenant sa familiarité pour de l’agression verbale. Bon...il avait abusé. Mais pas tant que ça non ? Elle le prenait vraiment pour un cleps qui ferait des tours à la demande ?
« Éclaire-moi. »
« J’en doute parce que si j’étais un de vos supérieurs, ayant les mêmes fonctions que moi, vous me traiteriez différemment. Donc vous me prenez pour une merde. C’est comme ça que je le vois. »
« Ok. Je suis un clébard et toi une merde. »
Il acquiesça et se leva.
« “Vous” voulez que je “vous” dise ?!? Je l’ai déjà vu ce putain de film et j’aime pas la fin. Foutez vos fichus tampons sur mon formulaire de renvoi et arrêtez d’me faire mariner. »
Le copilote alla jusqu’à la porte et appuya sur le bouton pour l’ouvrir.
« J’me casse !!! C’est à moi d’endurer ces conneries, la taule et toutes ces merdes après avoir pris UN PUTAIN DE TUBE DANS LE DERCH ! »
Ca marchait pas, il y envoya un coup de pied féroce qui l'inonda brutalement d’une douleur en retour. Il se retrouva à sautiller à pied joint en se tenant l’orteil dont le sang bouillonnait soudainement.
« Et oui, ça fait mal d’être une victime. », fit-elle sans chercher à le retenir, ou sans se lever. Elle regardait fixement la baie vitrée. Qu’il s’en aille, c’était son problème. Elle comprenait sa rancoeur au fond. Même si elle était agacée, elle n’était pas sans coeur, et elle ne faisait pas ça pour rien. Elle testait sa capacité à se remettre en question, à accepter une contrainte imposée par quelqu’un d’autre, comme c’était le cas dans son métier de tous les jours. Elle ne demandait qu’une chose qui était facilement acceptable et qui était une marque de respect, elle ne demandait pas la lune. S’il n’arrivait même pas à passer la dessus, sur quoi allait-il buter par la suite qui demanderait un plus gros investissement personnel ? Il disait s’arrêter quand il voyait que ça gène, hors il ne le faisait pas. Du coup, elle se posait vraiment la question de savoir s’il était adapté à un environnement militaire. Elle avait essayé de cadrer, sans succès. Maintenant, elle avait peut-être été trop vite dans cette démarche sans prendre en compte le traumatisme qu’il avait vécu et qu’il venait de lui jeter à la gueule soudainement.
Elle se mordit l’intérieur de la joue. Elle n’avait pas été pro sur ce coup là, et elle allait devoir rattraper le coup. Il gérait mal sa colère et se sentait agressé, sans parler qu’il se sentait attaqué par ces échanges. Ça n’allait pas être simple et elle allait devoir changer son fusil d’épaule. Mais déjà, elle se faisait une idée du bonhomme et de ses moyens de défense, et malgré tout, elle ne pouvait pas dire que ces deux entretiens étaient un désastres. Autant ne pas regretter et capitaliser sur quelque chose, afin d’avancer. De toute façon, le progrès naît du conflit, et elle ne doutait pas que ça allait s’améliorer.

Il en finissait par avoir mal à la gorge et le regard brillant, au point que ça le mettait de plus en plus mal à l’aise. Heureusement, en entendant le boucan, les gardes ouvrirent la porte et il trouva chez eux une forme de sécurité. En chassant cette putain de poussière dans l’oeil d’un geste de manche, il avisa le premier et parla avec plus de profondeur.
« On a fini, ramène-moi... »
Il s’apprêtait à partir sans tourner le dos et amorça le geste. Sauf qu’au dernier moment, il tapota l’épaule du deuxième garde qu’il reconnaissait un peu plus.
« Sérieux, t’aurait pas une clope ? »
Il la lui fila. C’était de l’or, la plus belle chose qu’il avait pu avoir en une semaine, si bien qu’il la coinça au-niveau de son oreille. La compensation alla plus loin lorsque ce mec sympa lui dit de garder le paquet, la porte se referma alors sur lui, laissant la psychologue à son prochain patient.


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Lun 4 Fév - 19:56

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Evaluation psychologique d'un Big Mac Chronologie du 16 octobre 2018 à décembre 2018
Co écriture Papi & Clément
Harleen PNJ Clément.


Semaine 3

Harleen trainait des pieds. Elle n’avait pas envie, mais elle se devait de faire son boulot. En temps normal, elle aurait refilé le patient ou l’expertise à un confrère, mais elle ne pouvait pas. Elle avait potassé son sujet en relisant ses notes, et elle avait essayé de créer une stratégie d’approche qui serait plus concluante. Elle ne pouvait décemment pas rendre un rapport pour le moment en ne l’ayant vu qu’une fois et demie, sur la base de sa rancoeur personnelle. Elle valait mieux que ça.
Même bureau, même heure, elle patientait pour recevoir Scott Greer, son patient “préféré” du moment. C’était sa punition, à croire qu’elle avait merdé quelque part. Enfin bref, elle allait axer son entretien sur autre chose, histoire d’explorer une autre facette de la personnalité de Greer.

« J’suis vraiment obligé ? » Demanda le concerné qui se trouvait derrière la porte.
Le garde acquiesça silencieusement. Le copilote n’avait pas non plus envie d’y retourner pour la simple raison qu’elle avait bien failli le faire chialer la dernière fois. Et ça, c’était humiliant. Pas qu’il la déclarait coupable mais elle l’emmerdait profondément avec son sens du respect et son jugement direct. La porte s’ouvrit et il la vit, comme la dernière fois, à son bureau.
Il remarqua tout de suite qu’elle avait pas la blouse sur elle. Il se demanda immédiatement si c’était un effort qu’elle avait fait ou pas. En tout cas, à contrecoeur, il se rendit jusqu’à la chaise et s’y installa.
« Salut Doc. » fit-il sans enthousiasme.
Les bras croisés, il regarda en direction de la baie vitrée.

« Bonjour Scott. », fit-elle, avant d’ajouter : « Comment ça se passe la détention ? ». Ce n’était pas dit sur un ton ironique ou qui pouvait s’apparenter à du foutage de gueule, mais plus comme une question intéressée.
« Je deviens fou dans ce piège à rat. » Répondit-il franchement. Il la regarda en ajoutant : « Mais j’suis à la moitié. Encore un peu de patience et je pourrai sortir, faire enfin quelque chose de ma vie. »
Il avait fait exprès de ne pas parler de la license de vol. Ça le travaillait et il s’en souvenait autant que de la bonne engueulade qu’il avait eu au dernier entretien. Il ne se voyait pas passer au vouvoiement, ça lui arrachait la gueule. Alors il allait essayer autrement.
« Je comprends, ce n’est pas facile de patienter dans une cage pendant que le monde continue de tourner sans vous... », observa-t-elle.
« J’ai que dalle, même pas un magazine. Mais hier j’ai eu une surprise.... »
Il avait envie de le partager ça, surement pour lui faire comprendre qu’il n’était pas le pur connard pour tout le monde. Ou qu’il était un connard pas si ignoré au final.
« J’ai eu des nouvelles de ma pilote et de l’escadrille, ils vont bien. J’ai été content qu’ils me répondent. »
« Pourquoi ? Vous pensiez qu’ils n’allaient pas le faire ? »
« Ils auraient oublié Scott le connard ? J’suis capable de me foutre à dos une psy, alors toute une escadrille, c’est du pain béni. J’ai pas eu une visite, je sais même pas pourquoi je m’y attendais. Alors une réponse... »
Harleen afficha un sourire en coin. « Vous savez, je ne vous en veux pas pour la semaine dernière. Je ne dis pas que je n’étais pas contrariée, mais je comprends aussi le fait que vous soyez en colère. Et à mon avis, vous êtes en effet dur à oublier. »
« Ahahaha, ouais, ces enfoirés disent qu’ils dorment mieux sans moi. »
Il acquiesça silencieusement et regarda la doc.
« Je voulais m’excuser au fait. Je suis pas... »
Scott regarda la baie vitrée.
Harleen le toisa, voyant qu’il ne finissait pas sa phrase, elle tenta de l’aider à formuler, même si elle sentait que c’était de la pudeur : « Oui, vous n’êtes pas ? »
Il pinça des lèvres. C’était dur pour la fierté mais il savait que c’était le plus juste.
« Je suis pas...comme ça...d’habitude. »
Il précisa.
« Je peux être con, lourd, usant. Ca me fait marrer mais...je respecte la profession, la femme. Je voudrais pas que vous pensiez le contraire. J’suis pas comme ça d’habitude. Alors...je m’excuse, ouais. »
La jeune femme le toisait, sans le regarder fixement pour ne pas le gêner d’autant plus. « C’est aussi de ma faute, je n’ai pas pris assez en compte le fait que dans cette histoire, vous ne soyez pas que coupable. J’ai peut-être fait un raccourci de pensée, du genre “barreaux de prison” égale “criminel”, et je voulais m’excuser également. ». Elle avait fait exprès de ne pas utiliser le terme de “victime” pour ne pas le placer dans un autre rôle non plus.
« Les sobriquets ont bien aidé faut dire...merci pour votre patience... »
Il ne la regardait pas, préférant la baie vitrée. Ca lui arrachait la figure de se mettre à vouvoyer, l’essai était loin d’être concluant.
« S’il faut en revenir à la semaine dernière, je suis plus à l’aise quand je tutoie. Pas de mur qui sépare le toubib du patient. Mais je comprends. J’ai été habitué à la politesse, c’est assez récent. Et encore, je m’oublie souvent... »
« Je vous donne l’autorisation de me tutoyer dans ce cas. », fit Harleen pour faire un pas de réconciliation supplémentaire.
« Ca m’arrangerait bien...je fais gaffe à pas donner de sobriquet. »
Il avait l’impression de donner les termes d’un armistice, il en sourit un moment avant de se replonger dans ses pensées. Une semaine de plus en taule, ça avait remis des choses en perspective.
« Oui s’il vous plaît. Vous pouvez me tutoyer, mais pas de sobriquets. ». C’était clairement un contrat qu’elle lui proposait, de façon informelle, comme elle aurait dû le faire dès le premier jour. Si les règles étaient posées d’entrée de jeu, celui qui ne les respectait pas pouvait s’en prendre qu’à lui-même.
« Y’a un autre truc qui t’a vexé ? »
Il alla rejoindre la baie vitrée pour regarder les étoiles. Deux F-302 en phase d’appontage passèrent à ce moment là, silencieux et gracieux. Scott eut une réaction soudaine en essayant de les suivre jusqu’au bout, le sourire de celui qui apprécie de les voir voler. C’était vraiment sa passion.
« Tu t’es encore gourré, c’est deux degrés de moins pour compenser... » Commenta-t-il en souriant.
Harleen ne répondit pas à la question, et préféra rebondir sur le commentaire de Scott. Elle préférait laisser de côté la semaine dernière, maintenant que les choses étaient claires.
« Ça vous manque ? »
« Je crois que je préfère. » Répondit-il avec une pointe de tristesse dans la voix. « Au moins, maintenant, je rêve de ça la nuit. »
Il s’écarta en secouant la tête.
« Si tu savais Harleen...envoyer les données, sentir la vibration de la machine. Ce putain de réacteur qui fait passer le chasseur de zéro à six cent mètres seconde. Être les yeux, les oreilles et le coeur du pilote qui t’emmène en ballade. Ca a pas de prix tout ça. Même cette emplumée me manque avec son vocabulaire de charretière. Elle a le pied lourd sur la pédale ! On fonce comme des fous furieux. On est raccord... »

M’ouais. Elle se voyait mal dans ce genre de contexte, mais elle comprenait ce qui plaisait au jeune homme. Elle ne pouvait pas se mettre à sa place, mais elle pouvait faire l’effort de comprendre et d'intellectualiser.
« Chenoa Penikett, c’est bien ça ? », fit-elle pour le relancer sur sa pilote.
« Timber...on la surnomme comme ça. » fit-il en secouant la tête. « Je l’aimais pas trop au début. On m’a appris à détester les amérindiens. Mais elle, elle est différente. Y’a un truc. »
La psy prenait des notes, forcément, mais sans être frénétiquement en train de gratter du papier. Elle écoutait surtout.
« Quel genre de truc qui fait que cette amérindienne là, vous ne la détestez pas ? »
Scott ne savait pas trop s’il pouvait répondre. Mais s’il fermait sa gueule, ils avanceraient encore moins. Son seul danger, c’était de voir cette psy apprendre son passé, peut-être pourrait-elle en savoir un peu. D’ailleurs, Bradford le lui avait lourdement conseillé avant de partir pour son île mais il ne l’avait jamais fait. Le copilote prit une inspiration.
« Je sais pas trop. Comme une sorte d’innocence. »
Il haussa les épaules.
« J’adore l’emmerder, elle démarre au quart de tour. Quand ça se passe, on en a pour dix minutes de blabla. Pire qu’une foutue conférence et avec un vocabulaire qui t’aurait fait perdre tes cheveux. Elle est pas banale et quand on monte dans le F-302…. »
Il avait le regard dans le vague.
« On a la même passion, on s’accorde bien. Et après, on recommence, on s’emmerde mutuellement à l’arrivée... »
Sauf que maintenant, il y avait un type qui le remplaçait. Il y avait un mec qui posait son cul sur SON siège dans SA cabine de copilote. Ca le travaillait parce que si le type faisait l’affaire, pourquoi ne resterait-il pas ?
« Je vois... », fit Harleen, pensive, après quelques notes. Elle releva son regard sur Scott, et demanda : « Diriez-vous que c’est une personne qui compte pour vous aujourd’hui ? Une personne qui serait un facteur de motivation pour réintégrer l’équipe ? »
Sur le moment, Scott ne voulait pas répondre. Ca le gênait. Mais il se rendit compte aussi qu’il ne s’était jamais vraiment posé la question. Il se souvint du jeu de carte où il avait dû lui apprendre les régles, ses ronflements rares mais suffisamment sonore pour être remarqués. Pas mal de petits trucs qui lui manquaient en fin de compte. Comme il l’avait dit, faire râler Pénikett pour l’embarquer dans son propre monologue : c’était fendard.
« Bientôt, ce sera notre cinquième vol. » Répondit-il finalement à demi-mot. « Dans l’escadrille, il y a des coutumes. La cinquième fois qu’on s’envole en binôme, on fait peindre pour l’autre un symbole qui l’identifie sur la carlingue. Et bien sûr, c’est la surprise, on attend de découvrir. C’est pour souder les liens je crois... »
Il ne la regardait pas en face, plongé dans ses pensées.
« J’ai déjà une bonne idée. Et je veux pas laisser ce cinquième vol à un foutu remplaçant. C’est à moi d’y aller, c’est MA place. »
Harleen comprenait sa frustration et son envie de passer ces caps symboliques avec son pilote. Les équipages de F-302 étaient souvent unis et fonctionnaient comme les deux doigts de la main.
« Vous savez, je suis certaine qu’ils seraient venus vous voir, mais ils ont reçu des consignes pour ne pas le faire. », commenta-t-elle. « Si on arrive à bien fonctionner ensemble, vous serez opérationnel pour votre cinquième vol. Ce n’est pas contre vous, mais vous comprenez que nous devons savoir si vous n’allez pas être un danger pour votre pilote et pour vos coéquipiers. Personne ne se relève indemne de ce qu’il vous est arrivé. », commença-t-elle pour lancer le sujet de l’agression qu’il avait subit. Elle guettait ses réactions.

Elle savait y faire, faut avouer. Ils n’avaient pas pris une débutante pour l’envoyer sur la cité, elle causait bien. Lui dire que ses camarades seraient venus le voir malgré l’image qu’il laissait lui fit du bien. Lui dire qu’il pourrait être opérationnel pour le cinquième vol fit souffler un vent d’espoir inconcevable dans son coeur.
Puis le plus dur pour la fin en abordant le fait qu’il ne pouvait pas être indemne…
Scott ressenti un courant électrique brutal dans sa poitrine alors qu’il regardait la psy avec des yeux ronds, surpris, comme s’il s’était persuadé qu’ils ne l’aborderait jamais. Mais elle avait fait l’amorce et le message était clair : il fallait parler sinon tout se retarderait et il verrait le cinquième vol se faire depuis cette baie vitrée.

Le copilote baissa le nez et souffla longuement. Pas un souffle d’ennui, que l’on envoyait à la gueule d’un parent quand on à la face couvert de boutons, mais plutôt une vibration de malaise et de désespoir. L’homme regarda ses mains croisées tout en se décidant s’il allait entrer dans le jeu ou non.
« Nous y voilà... »
Il pinça des lèvres. La blessure se situait sur des sentiers et des sujets qu’il ne pourrait jamais partager. A personne, a per-son-nne ! Il fallait exposer quelques vérités sans sortir le plus gros du morceau. Scott ne savait même pas s’il en serait capable.
« Je...je dois faire...comment ? » Fit-il d’une voix hésitante, toujours sans la regarder.

Harleen voyait que ça le travaillait et c’était normal. Le sujet n’était pas des plus simple mais il fallait en parler. C’était obligatoire.
« Il n'y a pas de bonne méthode pour être honnête. Commençons par, qu'est ce que vous évoque cette blouse blanche. », dit elle en levant la manche de la blouse sur sa chaise.

Scott ne répondit pas tout de suite.
Il vit cette couleur blanche qui lui donna comme un flash. C’était saisissant, piquant, lui rejetant le regard sur le côté par simple réflexe. Pas comme un type traumatisé. Mais c’était gênant, inconfortable. Et... comme dans un film à vrai dire, une image empreinte dans sa trogne et qui ne voulait plus s’en aller. Celle de Teshara Lays qui se filmait sur la dernière seconde après avoir fait l’irréparable.
« C’est qu’une blouse de toubib. Mais ça me renvoie à son visage, celui qu’elle avait à la fin de la vidéo... »
Il ferma les yeux et inspira profondément.
« J’arrête pas de revoir cette expression d’extase et de satisfaction. Elle s’est filmée avec la sonde juste à la fin, pour me sourire et me faire un doigt d’honneur. Trois secondes, juste trois. Mais l’expression de son regard me hante. C’est si...déviant...tellement gratuit. A croire que c’était une formalité pour elle, comme boire un putain de verre d’eau. »
Scott soupira.
« Je suis pas un enfant de coeur. Je peux dire que j’en ai vu des trucs malsains. Mais jamais à ce niveau-là. Avec une aisance pareille. »
Il mentait. Mais Scott ne pouvait pas tout dire et il avait l’impression de rester assez franc malgré tout.
« Je lui ai envoyé une lettre bien salace, bien porté sur la chose, pour la provoc. On s’est écharpé sur le dernier parcours. Mais...ça méritait pas d’aller aussi loin. J’ai passé tous ces jours de prison à essayer de trouver un sens, une explication… savoir où j’ai merdé pour déclencher ça. »
Il s’arrêta de parler. Il n’y avait aucun sens et aucune justification à tout ça.

La psychologue écoutait de façon active pour ne rien louper, prenant des notes si besoin. Pour le moment, elle ne savait pas trop où elle allait, mais elle était satisfaite que Scott ne soit pas dans une forme de réactance complète à son égard à cause des deux premières séances. L’alliance semblait fonctionner, même si elle était quelque peu biaisée par le fait qu’il se sentait obligé d’en passer par là pour récupérer sa licence. C’était une carotte et Harleen trouvait cela déviant de l’agiter pour obliger quelqu’un à se confier. Enfin… C’était le système qui voulait ça, comme si la psychologie pouvait tout régler et qu’on devait la prendre comme un médicament.
Elle n’avait pas vu la vidéo du viol. Elle savait qu’elle existait, mais c’était une pièce à conviction sous scellée et il était impossible de la consulter, même pour elle. De toute façon, elle n’aurait pas pris cette liberté si elle l’avait pu, pour la bonne et simple raison qu’elle savait qu’elle n’aurait pas eu les tripes pour encaisser ça. Il y a des images qu’on ne préfère pas voir, et qui sont choquantes à divers degrés. Et puis… Scott en faisait une certaine description qui confortait la jeune femme dans ce choix contraint.

Il y avait plusieurs choses intéressantes à exploiter dans le discours de Greer. En tant que victime directe de ce genre d’acte, il était difficile de comprendre pourquoi. Une femme qui se faisait violer pouvait encore admettre qu’elle l’avait été parce qu’elle était jolie, désirable, et qu’elle avait provoqué un certain attrait chez son agresseur. Cela ne faisait pas passer la pillule mais ça pouvait être un levier narcissique à exploiter, même si ce genre d’argumentation n’avait pas sa place pour justifier un viol. Un viol est un crime, peu importe les motivations de l’agresseur. Ca restait un acte barbare qu’il fallait punir sévèrement. Ici, l’acte était camouflé par un examen médical, et largement imposé par une haine infinie. La provocation était totalement gratuite, et la volonté d’humilier la victime au delà du viol même était clairement identifiée. Voir des trucs malsains était une chose, les vivres en était une autre. Il y avait même une différence entre les voir, les vivre et les commettre.
Autre chose intéressante, il associait la blouse à son agresseur. Logique quelque part. Elle allait devoir travailler là dessus. Finalement, elle la porterait à chaque rendez-vous maintenant, pour lui montrer que non, une blouse blanche n’était plus son ennemie, et qu’il n’y avait pas que cette femme qui pouvait en porter. Il serait mal à l’aise, mais la discussion finirait par faire tomber le degré d’émotion qui était associée à l’objet.
Harleen devait aussi prendre en compte qu’il s’agissait d’un homme violé par une femme. Les dynamiques et mécaniques qui étaient en places chez lui n’étaient pas similaires à celle d’une femme violée par un homme. Chacun était différent, mais un contexte de genre devait être pris en compte.

« Je comprends que vous cherchiez une explication. C’est tout à fait normal. On veut toujours savoir pourquoi nous et pas un autre, ou encore pourquoi. », commença la jeune femme. « Mais parfois, il n’y a pas d’explication. Vous pouvez tourner le problème dans tous les sens, le fait est qu’elle l’a fait et qu’elle a cherché à vous humilier. Vous n’êtes coupable de rien. C’est elle la coupable. Rien ne justifie qu’on s’en prenne à l’intégrité physique ou psychologique de quelqu’un. Rien. ».

Elle cherchait à l’emmener tout doucement vers un statut de victime. C’était nécessaire pour qu’il accepte ce qu’il lui était arrivé. Bien entendu, il n’accepterait jamais, mais c’était plus dans le sens qu’il accepte que ce soit arrivé, qu’il est une victime de viol, et qu’il devra vivre avec ça, aussi dur que ça puisse paraître. La vie n’était pas foutue, il pouvait rebondir, avec cette cicatrice en plus. Mais pour ça, il devait comprendre qu’il n’y était pour rien. Personne ne fait quoique ce soit pour être violée, pas même cette femme qui met une robe ras la touffe, ou parce qu’elle est jolie, désirable, etc. C’était une explication qui était bancale, anormale, et irrecevable. Il avait peut-être manqué de tact en envoyant cette lettre, mais ça ne justifiait en rien le fait de se faire violer.



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Lun 4 Fév - 20:26

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Semaine 3

Cette situation était si peu commune pour Scott.
D’un côté, ça lui faisait du bien d’avoir une professionnelle qui lui assurait que le tort revenait à l’autre garce. Mais d’un autre, il ne pouvait s’empêcher d’en revenir au passé de Hicks, à ce qu’il avait fait à toutes ces femmes. Est-ce que c’était ce qu’on leur racontait ? C’était si peu probable compte tenu de leur culture et du fait qu’elles étaient à part.

Le copilote regarda la psy avec un brin de reconnaissance. Mais dans le fond, une terrible culpabilité brûlait en lui et il ne pourrait pas la partager. L’homme se sentit pris entre deux feux car il craignait vraiment qu’elle décèle cette culpabilité, qu’elle lui supprime sa license parce qu’il n’en parlerait jamais.

Scott finit par hocher positivement la tête, l’air songeur.

La jeune femme devait commencer à le faire travailler sur lui-même pour avancer dans la thérapie.
« J’aimerai faire un petit exercice pour nos séances à venir Scott. Si vous le permettez, je vais porter cette blouse à chaque fois. Je vous explique le sens de ma démarche. », dit-elle d’une voix douce et aimable. « Vous associez cet objet à cette femme, Teshara Lays, j’aimerai que vous l’associez de nouveau au corps médical et qu’il cesse de vous renvoyer à son visage. Petit à petit, en discutant avec moi, vous ne verrez plus la blouse comme quelque chose qui a participé à votre agression, mais comme un accessoire lambda. Est-ce que ça vous dit ? »

Elle faisait participer le patient en lui demandant son accord et en le projetant dans un processus de résilience. Elle préférait ne pas imposer, se rendant compte que ce mec avait une nette tendance à prendre le contrepied quand on commençait à lui marcher sur les godasses. Elle se demandait encore ce qu’il foutait dans l’armée, mais elle utilisait les premiers rendez-vous pour construire son entretien et ne pas commettre les mêmes erreurs.

Le nom de Teshara Lays prononcé ouvertement le raidit brusquement et il sentit son regard se noircir dangereusement. Heureusement qu’elle continuait de causer sinon il aurait été capable d’envoyer valdinguer tout ce qui se trouvait sur le bureau. Ces deux mots là étaient de bons déclencheurs de haine maintenant et, visiblement, il allait devoir travailler là-dessus aussi.
Sinon...elle voulait remettre la blouse tout le temps ?
Scott ne savait pas trop si allait le gêner de plus en plus ou s’il allait s’habituer. Il comptait être d’accord mais la façon de poser les choses, être bien avenante et mielleuse, dégoulinait d’une gentillesse peu sincère.
Alors forcément, Scott revint en force….forcément…

« Ouais, ou alors, c’est un moyen de me cacher que t’es frileuse. C’est con, je pourrais plus mater tes goûts en matière de fringues. » Il ricana. « Cette façon de mélanger la classe et le pro officiel, faudrait que je dise à Pénikett de prendre des cours chez toi. »

Harleen poussa un soupir bien audible. Et voilà. Elle commençait à le titiller un peu sur ce qu’il avait subit et bim, il levait les boucliers pour se défendre, en se montrant arrogant et vaniteux. Elle essayait d’être agréable et il se braquait, elle ne savait pas trop quoi faire pour parvenir à ses fins. Elle le toisa et ajouta, ne rebondissant pas sur ses propos volontairement :
« Je comprends que ce soit délicat d’en parler, que c’est gênant. Ca touche à la sphère de l’intime, et c’est encore tout frais. Mais je ne suis pas là pour porter un quelconque jugement de valeur, mais pour vous écouter. », crut-elle bon de préciser.
« Je sais. » Lâcha-t-il juste après sa connerie. « C’est juste que...j’sais pas par quoi commencer. »
« Qu’est-ce qui vous est passé par la tête sur ce que je vous ai dis qui vous a poussé à faire de l’humour sur mes fringues ? »
« J’aime bien chicaner sur l’apparence. » Répondit-il à demi-mot. « Je déconne depuis tellement longtemps comme ça que je ne sais plus trop d’où ça vient. Peut-être un héritage familial. »
Il haussa les épaules.
« Les remarques sexistes du paternel étaient fondées, elles, c’était pas que de la blague. Lui il aurait passé son temps à te parler de la taille de tes bonnets et de tes talons aiguilles, ta capacité à satisfaire plusieurs mecs d’affilé ou bien les dessous qu’il te verrait bien porter. »
Scott eut envie de rire mais se retint.
« Ouais, celui-là, tu l’aurais fait attendre plus d’une semaine avant la prochaine séance. Un vrai vicelard. Je suis pas pareil... »
« D’accord. », acquiesça simplement Harleen en se demandant s’il se foutait d’elle. Probablement pas. Mais c’était bien de venir sur son paternel. Elle se réajusta dans son siège et enchaîna : « Vous n’êtes pas pareil, ok. Il compte pour vous ? Est-ce qu’il était une référence ? Un modèle, ou pas du tout ? Pas forcément dans ce que vous venez de me dire, puisque vous me dites que vous n’êtes pas pareil, et je vous crois, mais sur autre chose ? »
« Le paternel, c’est tout ce que je déteste. Si je le croisais, je lui mettrais une balle. Ce serait pas volé. » Lâcha Greer sans la moindre hésitation. « C’était un fumier sur tout et j’espère ne jamais lui ressembler en prenant les rides. »
Il souria.
« Une anecdote ? »
« Je suis toujours friande d’anecdote. », répondit elle avec un sourire, tout en consignant quelques notes pour revenir plus tard sur certain point.
Scott secoua la tête, désabusé, il n’était pas certain qu’elle apprécie celle-là.
« Il se ramène un jour avec une pauvre fille sous le bras. Elle avait crevé, elle était morte de froid, plein hiver. En échange du gîte, il lui demande de faire la bouffe, de nettoyer la vaisselle. Bref : la gonzesse prise pour une chienne. »
Il marqua une pause.
« J’avais quatorze piges mais cette soirée là, je sais pas pourquoi, elle m’a marqué. Dès qu’elle commençait à se défendre, le paternel ouvrait la porte pour lui proposer de se casser. C’était un putain de blizzard dehors. Alors la chienne jouait le jeu...et moi...je regardais sans rien dire. Je savais très bien qu’il y avait que deux lits. Le mien...et celui du paternel. »
Harleen resta silencieuse un moment. Sa condition de femme, et son intégrité d’être humain prenaient un coup avec cette histoire dont elle devinait l’issue. Effectivement, le paternel Greer était un connard. Néanmoins, elle ne pouvait pas juger le fils par rapport au père surtout que ce dernier disait clairement qu’il n’était pas comme lui. Et fort heureusement, sinon il ne serait pas ici dans une unité prestigieuse.
« La nana... » Reprit Greer, le regard dans le vide. « Je l’ai entendu chialer une bonne partie de la nuit pendant qu’il s’occupait d’elle. J’ai même eu la visite du paternel, pour me dire qu’elle était chaude comme la braise, et prête pour ma visite. J’faisais semblant de dormir. Mais tu vois, c’était pas son premier coup à ce fumier. Mais si je me souviens de celle-là plus que les autres... »
Scott secoua la tête, la gorge serrée. C’était surréaliste.
« C’est qu’avant d’être ramenée, avant d’être jetée maintenant que la tempête était finie, le lendemain matin...elle m’a fait des tartines... »
La psychologue resta conne. Elle était en train de trifouiller son stylo pour apaiser sa nervosité, et elle ne s’attendait pas à ce genre de chute. C’était presque comme si elle avait le gamin d’alors devant elle, qui revoyait ses tartines.
« Pourquoi est-ce que ça vous a touché ? », demanda-t-elle simplement.
« Faudrait y être pour le croire. » Répondit-il du tac au tac, les bras croisés, mal à l’aise. « Le paternel lui avait rien demandé, il s’apprêtait à la jeter comme une merde. Mais cette gonzesse a allumé la cuisinière, et avant de disparaître, elle m’a fait des pancakes. Elle me les a donné, presque en souriant, alors qu’elle avait un regard de dépressive et qu’elle avait vécu l’enfer. »
Greer fit la grimace. Il regrettait déjà d’avoir servi cette anecdote mais c’était vrai sur le fait que ça l’avait marqué. Rien que d’en parler, il le revivait.
« C’était sincère Harleen. Désintéressé...je l’avais même pas averti pour les lits putain... » Il soupira. « Je sais même pas de quoi elle pouvait me remercier. »
« D’être un enfant dans cette maison peut-être ? ». Après tout, un gamin dans ce genre de contexte, ça pouvait faire réfléchir. Elle avait certainement eu pitié de lui ou quelque chose comme ça. Ou peut-être qu’elle avait entendu la proposition de son père pour participer à la fête et ne le voyant pas venir, elle le remerciait pour ça.
« Je pourrai passer des jours à te parler de cette enflure. Il en a eu tellement qu’il pourrait s’en faire un bottin téléphonique. »
Il hésita avant d’ajouter.
« Je reconnais, j’ai failli devenir aussi con que lui. Mais je suis tombé sur un flic qui m’a fait voir les choses autrement. Un bon gars. Alors...j’ai cet humour à chier, comme tu peux le voir. Mais c’est pas sérieux. Donc quand je déconne sur le fait que tu es frileuse, forcément, je passe sur l’apparence, les fringues. Et je peux même me comporter en connard en commentant tes petits tétons. »
Ca le gênait même pas cette fin de phrase. Il haussa les épaules.
« Mais je suis pas sérieux. Ma lettre non plus, elle était pas sérieuse, quand je l’ai envoyé à cette garce. J’ai pensé qu’on jouait et, apparemment, je me trompais sur toute la ligne. Je me dis qu’aussi grossier que c’était, ça méritait pas….“ça”. »

La jeune femme acquiesçait à ses propos. Non, ça ne méritait pas “ça”, mais de toute façon, rien ne méritait ça. Donc Greer avait eu un mentor, ou quelque chose comme ça, pour le sortir du chemin tracé par son père et le remettre en selle. Elle se nota ça aussi dans un coin. Pour le moment, elle suivait la discussion, là où Scott voulait bien l’emmener. Elle laissa passer sa référence à ses tétons, y voyant là une façon d’illustrer son propos, et pas une façon de la provoquer comme la dernière fois. En tout cas, ça expliquait pas mal de chose, et elle commençait à cerner un peu le personnage.
« Non en effet. », concéda Harleen, avant de poser une nouvelle question pour faire avancer la discussion : « Je m’avance peut-être, mais est-ce que ce que cette femme vous a fait, vous rappelle votre père ? »
Il ricana.
« Quoi ? Est-ce que Papa m’a fourré le train avec son démonte-pneu ? » Lâcha-t-il presque haineusement. « Son truc, c’était les gonzesses. Il avait une autre façon de s’occuper de moi. »
Il se calma et se replaça sur sa chaise. Intérieurement, il se trouva impulsif, presque agressif. Donc en réponse, il fit un signe de tête comme pour lui dire qu’il s’excusait de la véhémence.
« Non, ce n’est pas ce que je sous-entendais. », s’excusa-t-elle presque. « Je voulais dire, dans sa façon d’être avec les femmes par exemple. Avec la femme de votre anecdote si on veut, ce genre de comportement là. ». Elle ne se sentait pas très clair, mais dialoguer servait à ça.
Il secoua la tête.
« Je sais pas. Peut-être. » Il fit la grimace. « Cette façon de se moquer des règles, d’avoir ce truc qui fait que rien n’arrête, c’est la même signature. J’l’ai menacé de violer son cadavre et d’envoyer la vidéo à son frangin. Ca soignerait n’importe quelle femme ça. Histoire qu’elle me foute la paix et qu’elle n’agisse pas. Et pourtant, ça l’a même pas dérangé...elle m’a... »
Greer poussa un soupir bref, presque ironique, en se disant qu’il aurait dû le voir venir plus tôt. Elle était complètement dérangé cette pétasse, elle avait un pète au casque et s’en était presque flagrant maintenant qu’il en parlait. Alors pourquoi n’avait-il pas pris le large ?
« Elle a dit que son frangin adorait la voir baiser...c’est la même signature. Y’a pas la moindre trace de morale dans le client... »
Harleen n’étudiait pas Lays, mais Greer, et elle avait de quoi rebondir.
« Pas la moindre non, sinon vous ne seriez pas là à discuter avec moi. », affirma la jeune femme. Elle allait dans son sens parce que c’était son patient, mais avec les dires de ce dernier, elle ne pouvait qu’être d’accord. Cette femme ne semblait pas avoir de morale ou de limite. Ce n’était pas commun les viols d’hommes, d’habitude, c’est l’inverse.
« Je peux vous poser une question directe qui risque de vous vexer ? », demanda-t-elle dans la foulée.

Ca le surpris. Il écarquilla un instant du regard avant de la fixer et de répondre du tac-au-tac :
« Tu me vexes, je te fais une remarque façon paternel. Tu prends le risque ? »
La psy haussa des épaules et déclara d’une voix presque amusée : « Bien sûr que je prends le risque, vous me dites vous même que vous ne cherchez pas à lui ressembler. Chaque résistance à sa façon d’être vous en éloigne. ». Elle le toisa pour voir s’il avait quelque chose à répondre.
« Okey….toi, faut pas t’embarquer dans un duel de réparties... »
Cela arracha un sourire à la jeune femme qui opina du chef, avant de reprendre son sérieux avec un petit : « Donc, ce que je voulais vous demander... ». Elle faisait tourner son stylo entre ses doigts. « Vous me rapportez l’avoir menacé de la violer, et de le montrer à son frère. Seulement, les rapports disent que vous êtes allés au delà de la simple menace et que vous avez tenté de le faire. Pourquoi ? ». Elle devait éclaircir ce point. Ce n’était pas rien quand même pour sa future réhabilitation.
« PUTAIN !!! » S’écria-t-il soudainement en se levant et en s’écartant.
Alors ça, il ne l’avait pas vu venir cette question. C’était pas que de la vexation mais une part de lui comprenait le besoin d’éclaircir tout ça. C’est juste que l’autre partie de lui, majoritaire, avant envie de lui souffler dans les bronches. Savoir si elle arbitrait un concours de responsabilité dans ce jeu de merde.
Arrivé au centre de la pièce où il se mit à tourner nerveusement comme un con, il la regarda de façon quasi haineuse, mais il comprenait malgré tout.
« Scott, mon intérêt dans cette question n’est pas de savoir si vous êtes coupable ou non, je m’en fiche. Je veux juste savoir pourquoi. Pourquoi cette solution ? Qu’est-ce que vous vous êtes dis pour en arriver à cette stratégie de défense face à la menace imminente de votre propre viol ? »
Il avait la respiration qui s’accélérait. Scott ne la regardait plus alors qu’elle lui parlait et il se passa une main sur la figure avant de se remettre à tourner. Putain, c’est comme si elle avait allumé ce foutu film en accéléré pour mettre le ralenti au moment où il agissait. Elle mettait le doigt sur un truc qui le marquait plus que tout et qu’il n’avait quasiment jamais connu à l’époque.
Aussi, c’était tellement dur pour la fierté qu’il ne se sentait pas capable de lui dire. Mais il le fallait parce que ce n’était pas que son état qui était en jeu. Mais aussi son putain d’avenir. Et s’il s’énervait en déshabillant Harleen du regard pour lui demander si ça l’excitait ce genre de discours, alors cette garce de Lays gagnerait. Greer hésita longuement. Il atteignit l’un des murs d’acier du bureau où il y écrasa ses deux poings, faisant monter un bruit assez caractéristique, avant qu’il n’y remplace les deux plats de la main...comme pour symboliser des excuses à ce geste.
Il tournait quasiment le dos à la toubib du coup. Et malgré la position, ça l’arrangeait de ne pas la voir dans les yeux. Parce que, bon sang, ça lui donnait envie de chialer. Il en était tellement à deux doigts que ça s’entendrait dans sa voix.
« J’étais foutu ok ? J'ÉTAIS FOUTU !!! »
Il se passa une main sur le visage pour écarter ces foutues larmes inacceptables et il reprit.
« Elle m’a piqué avec je sais pas quoi. On était dans une salle d’examen “bizarrement” bien à l’écart, isolée du reste du personnel. Cette pute à bien joué son coup. Si je me barrais, elle me récupérait en chemin. Même pas besoin de courir, elle aurait juste eu à pipoter pour me faire transporter à domicile. MERDE ! MERDEEEEEEE ! »
Le copilote essaya de reprendre sa respiration. Il reprit plus doucement, presque comme s’il se parlait à lui-même :
« J’étais foutu. Echec et Mat. Dans peu de temps, je prenais un tuyau dans le derch. Alors...il restait qu’un seul truc pour que je sois pas assis devant toi à chialouser comme une femmelette. Le seul truc qui pouvait me permettre de garder la tête haute et mon honneur intact : c’est qu’elle y passe en premier ! Et j’ai pas pu… »
Il insira, tremblotant.
« Je l’ai mise cul nu, je lui ai mis une fessée avec ce putain d’appareil, pour qu’elle panique. J’espérais que ce soit suffisant, qu’elle se sauve pour me laisser pioncer sans me toucher, lui faire suffisamment peur...mais ça marchait pas. Et j’ai pas pu aller au bout. De toute façon...ça a été le trou noir...MERDE ! »



© YOU_COMPLETE_MESS

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Mar 5 Fév - 4:51

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Evaluation psychologique d'un Big Mac Chronologie du 16 octobre 2018 à décembre 2018
Co écriture Papi & Clément
Harleen PNJ Clément.


Semaine 3

Harleen prenait des notes en allant. Elle n’était pas insensible à la détresse de son patient, mais elle avait appris avec le temps à se mettre de côté et à garder une relation neutre et bienveillante, sans mettre ses ressentis au premier plan. Pour ces derniers, elle pouvait elle-même consulter, et se soulager émotionnellement, ce qu’elle n’hésitait pas à faire d’ailleurs. Elle était plutôt sociale, bien intégrée, mais elle avait un peu de mal à se faire des relations amicales sur la cité, pour la bonne et simple raison qu’elle se disait que ce genre de relation, sur son lieu de travail, pouvait un jour se retrouver dans son bureau. Heureusement, elle n’était pas la seule psychologue et ça permettait de brasser quand même, si bien qu’elle avait quelques connaissances plus poussées quand même. Bref. Elle comprenait vraiment l’horreur qu’avait dû vivre Scott. Elle l’intelectualisait parfaitement. Qu’il pleure ne la dérangeait pas plus que ça, elle avait une certaine forme d’habitude de voir des visages déformés par les larmes. Elle se blindait, et voilà, ça passait le temps d’une séance intense.
La stratégie de Greer était bizarre. N’importe qui aurait hurlé, crié à l’aide, aurait essayé de s’échapper, et lui, au contraire, il s’était dit qu’il allait la chopper en premier histoire de lui rendre ce qu’elle allait lui faire, par anticipation. C’était à pondérer avec le fait qu’il disait qu’il avait souhaité lui faire peur, comme s’il avait essayé de lui faire prendre conscience de son acte en initiant la même chose. C’était tordu, mais pourquoi pas…
N’empêche que ça collait pas avec une réaction normale, et ça la dérangeait. Elle ne comprenait pas cette notion d’honneur à violer une femme en premier, même si cette dernière avait en tête la même chose. Il n’y avait pas d’honneur là dedans. Son rapport à la gente féminine était spécial. Elle l’avait noté dès le départ, et ça transpirait dans les rapports qu’elle avait lu : ceux du procès, l’entretien entre le Colonel et la pilote, les remarques qu’il faisait etc. Même s’il ne souhaitait pas être comme son père, il en tenait une certaine couche. Après tout, son vieux faisait passer les femmes pour des objets. Un gosse qui voit ça peut considérer ça comme anormal, mais il reste le fait que la figure paternelle, et donc, éducative, soit un exemple. Quelque part, il traite toujours les femmes comme des objets, et le fait qu’il aille jusqu’à essayer de violer une femme, même en situation de danger, démontrait d’une certaine… misogynie ? Elle n’en était pas certaine. C’était plus complexe que ça, et elle était là pour débrouiller tout ça, et essayer de dresser un portrait de Greer.
Elle avait des tests qu’elle pouvait lui faire passer, pour déterminer son degré de narcissisme, son intellect, ses traits de comportements principaux, mais elle ne pensait pas que ce soit adapté à la situation.
Elle se rendit compte qu’elle méditait ses propos depuis quelques secondes, et elle revint à la réalité, non sans avoir griffonné son cheminement de pensée sur son bloc.

« Si vous aviez pu aller jusqu’au bout, l’auriez vous fait ? », demanda-t-elle, explorant ce qu’il venait de dire.
Scott n’avait pas envie de répondre. Il quitta sa position pour s’adosser au mur maintenant qu’il parvenait à reprendre son self-contrôle.
« Non... »
Ca le foutait d’autant plus en rogne que sa logique, qui pour lui était pas si tordue, tombait littéralement à l’eau.
« Je me disais que je n’avais pas le choix que de l’avoir en premier. Mais j’ai pensé à ma place sur le Dédale et à mon escadrille...je ne serais pas allé plus loin que ça. »
« Ok, je vous crois Scott, mais j’avais besoin de savoir. », fit Harleen qui ne souhaitait pas aller plus loin sur ce sujet là. Non seulement elle était dérangée, mais elle n’était pas là pour faire de lui un connard. Néanmoins, elle avait besoin de savoir cet élément qui allait peser dans son évaluation psychologique. Personne ne voulait d’un violeur dans son escadrille, ni sur son croiseur. A son âge, s’il l’avait violé, ça voudrait certainement dire qu’il n’était pas à son coup d’essai. Quoiqu’il en soit, ce point éclairci, elle ajouta :
« Est-ce que vous souhaitez arrêter pour aujourd’hui ? ». Après tout, elle l’avait bien secoué.
« Pfff... » Lâcha-t-il, mal à l’aise. « Retourner moisir en taule pour repartir sur ce champ de mines la semaine prochaine ? »
Scott chercha un endroit où se poser, pas en face d’elle, mais le divan était une solution pire encore.
Finalement, il se laissa glisser le long du mur pour s’y asseoir, à moitié accroupi.
« On a commencé, on va finir...c’est quoi le prochain pavé ? » Demanda-t-il sans agressivité.
« C’est comme vous le sentez, sinon on peut rapprocher les séances maintenant que nous sommes dans une bonne dynamique. », observa-t-elle.
« J’ai jamais reculé, je m’y mettrais pas aujourd’hui Harleen. On continue... »
« Ok. », dit-elle avant d’observer un moment de silence. Elle cherchait sans doute à continuer la conversation.
Greer aussi profitait de ce silence pour remettre de l’ordre dans ses idées. Il voulait vraiment en rester là mais c’était une occasion qu’il fallait saisir. Il aimait pas le psy du Dédale. Harleen se démmerdait bien mieux que lui et, mine de rien, il l’aimait bien. Elle restait pro et calme. Avec le silence qui filait, le copilote cru devoir ajouter quelque chose. Il se surprit lui-même en s’entendant dire :
« J’ai une bléno... »
Scott ria de cette façon de déclarer une information, comme un cheveux sur la soupe, et il ajouta :
« C’est un cadeau de mon ex femme. En ce temps là, j’avais fait un putain de travail sur moi. Je suivais les conseils du flic. J’arrêtais même mes remarques à la con. »
Il secoua négativement la tête.
« Au début, je balisais à l’idée de devenir père. Mais je me suis rapidement monté des films. Comme, par exemple, lui apprendre plus de respect envers la femme. Qu’il soit pas comme moi quoi. »
Son sourire était jaune, presque narquois.
« Tu la sens venir la tonne de merde, hein ? » Il acquiesça. « Ouais, tu percutes bien toi. Tu sais déjà comment ça se finit. »
Il se redressa en se plaignant silencieusement de l’effort de ses cuisses trop habituées à l’inactivité.
« C’était pas mon gamin. Mais celui du collègue avec qui je bossais. Le petit cadeau vient de lui d’ailleurs...en transitant par ma femme... »
Scott soupira. Il avait failli repartir dans ses travers juste après ça.
« J’ai tout lâché et je me suis engagé à l’US Air Force... »

C’était une particularité des métiers de soins, et le psychologue n’y échappait pas. Il n’y échappait vraiment pas parce que justement, son boulot était de faire parler les gens, et bien souvent, on se retrouvait face à des empans de vies désastreux. Mais ce qu’elle retenait surtout de ce que Scott venait de lui dire, c’était sa dernière phrase. Il avait fait de cette épreuve un moteur pour avancer et s’émanciper. Sur le coup, elle pensait qu’il allait lui annoncer qu’il avait chopé cette MST par le biais de Lays, mais non, il revenait à un épisode douloureux de sa vie d’antan.
« Qui sait, vous êtes encore jeune, je suis certaine que si vous en avez vraiment envie, vous pourrez être père un jour et transmettre des valeurs qui vous tiennent à coeur. », fit-elle en essayant de faire preuve d’optimisme. « Ce que je vois, c’est que vous avez encaissé cette épreuve, et que vous vous en êtes servi pour aller de l’avant. Peut-être que vous ne seriez pas là aujourd’hui si vous n’aviez pas vécu ça. Mais je comprends votre amertume. Cet homme, le policier, il compte beaucoup pour vous ? »
Scott n’y croyait pas vraiment. Et quelque part, quand on prenait en compte le véritable historique d’un Hicks, il valait peut-être mieux pas qu’il ai un gosse pour en hériter. La dernière question d’Harleen l’approchait dangereusement du sujet à éviter mais il y répondit tout de même.
« Josh Bradford. » Détailla-t-il. « C’est le père que j’aurai dû avoir. »
« C’est l’impression qui ressort en tout cas. Il semble beaucoup compter pour vous, et il arrive même à vous discipliner. Le lien que vous avez avec lui est fort. »
« Il a prit le temps de me montrer comment le monde fonctionnait vraiment. A me détacher de ce que le paternel m’imposait comme vision. Josh a cru en moi. »
Scott ne pouvait pas empêcher cette petit émotion dans sa voix. C’était à vomir…
« Je lui dois beaucoup, y compris cette place. »
Harleen lui fit un sourire. C’était une belle histoire même si elle n’avait pas tous les éléments qui la composaient. Mais ce n’était pas son affaire, et ça ne la regardait pas. D’un point de vue personnel, elle aurait pu être curieuse, mais pas d’un point de vue professionnel.
« Y compris cette place. », fit-elle en écho. Elle lui adressa un nouveau sourire, avant de se lever et de marcher jusqu’à la baie vitrée par laquelle elle regarda. Elle ajouta : « Qu’est-ce que ça fait, de voyager dans l’espace dans un F-302 ? », demanda-t-elle curieuse.

Ca c’était une question qu’il lui plaisait d’entendre. Il trouvait que c’était plus d’ordre professionnel que personnel. Harleen sortait des sentiers battus selon lui et, avec tout ce qu’il avait raconté, il appréciait un peu cette proximité qui sortait du cadre habituel. Scott n’était pas du genre à transférer ou ce genre de conneries, faire ami-ami avec la soignante, voir même l’envie de la retourner sur son bureau.
Mais au moins, elle échappait au clivage assez strict de la fonction et ça lui plaisait. Ca montrait que l’attention n’était pas uniquement centré sur l’agression. Pas de projecteur unique. Il sentait chez elle une curiosité qui lui rappelait, avec quelques changements en plus, sa pilote.

« C’est dur à décrire avec des mots. » Assura-t-il, le regard brillant. « Y’a pas de son dans l’espace, c’est le vide absolu. Alors on entend que sa propre respiration, celle de son binôme, et le bruit de fonctionnement du F-302. »
C’était le premier point.
« Ensuite, on se sent glisser. C’est comme de la poésie tu vois, c’est harmonieux. L’engin file sous les commandes de ton pilote, tu peux sentir les mouvements quand l’accélération est brusque, mais c’est toujours léger. Enfin...sauf au combat. »
Il s’était approché tout en poursuivant son monologue.
« Y’a plein de dangers dans l’espace. Mais quand tu sais y faire, quand tu es dedans, tu ne vois plus le temps filer. T’arrêtes pas de papilloner. Parce que voir le Dédale de l’extérieur. Voir une planète et distinguer ses orages à l’oeil nu. Voir les nappes de gaz cosmique, une comète qui passe. Ce que fait l'entraînement, quand tu démontes ta première cible mobile au canon. »
Scott était dans un extase personnel.
« Tout ça, ça à pas de prix. En montant dans un F-302, tu fous la mine à Amérigo Vespucci. Tu rigoles des cosmonautes et leur station à la con. Tu as un sentiment de puissance et une impression de découverte sans égal. »
Il revint un peu sur Terre et lui sourit.
« Sans égal...autant dire que quand tu le vis une fois, tu n’as qu’une hâte : c’est d’y retourner. Tu voles dans les étoiles Harleen, les étoiles ! Du coup, rester emprisonné dans cette boîte de conserve, c’est une déprime assurée. J’suis certain que ça emmerde Timber de pas pouvoir me faire dégueuler. L’autre doit surement chier le règlement du Dédale tous les matins ! »

Harleen constatait qu’il parlait plus facilement de ça que du reste, pourtant il y avait une certaine charge émotionnelle dans ses propos. Il avait donc une certaine pudeur quand ça le touchait de trop près, mais il pouvait parler de son job avec la force de la passion. Il y était surement accroché, tout comme il semblait se préoccuper de son pilote, et de sa place, actuellement occupée par un autre. Il s’en préoccupait au point de lui souhaiter de subir la dureté du pilote.
Elle l’écoutait en regardant la planète en contrebas. Elle voulait bien le croire, ça devait être génial comme sensation. Un sourire s’était figé sur ses lèvres.
« Ca ne vous dérange pas de partager ces moments avec une autre personne, le pilote ? Je veux dire, c’est assez intimiste au final comme situation, quand il n’y a pas de bruit à part celui de la machine et celui de l’autre être humain en cabine. Ca doit être particulier, non ? »
« Ah mais c’est même sûr ! » fit Scott avant de rire. « Je te raconterai jamais le contenu de nos conversations. C’est comme un jardin secret qu’on partage à deux et qui est tout simplement inatteignable. C’est rien qu’à nous, on y fait et on y dit ce qu’on veut : c’est génial ! C’est quasiment comme si on faisait qu’un avec la machine, avec l’entente réciproque. C’est marrant d’ailleurs parce qu’on arrête de s’écharper à chaque fois qu’on allume le moteur...la récré commence ! »
Il revint s’installer en se positionnant un peu de travers, fixant lui aussi la baie vitrée. Il avait remarqué l’expression de la psy qui considérait rêveusement l’extérieur. Ca devait lui donner des envies, Scott pensait le deviner, et il reprit plus doucement avec une forme de simplicité :
« Tu voudras essayer ? »
Scott croisa son regard et précisa :
« Relax ! C’est pas une tentative pour marchander ma license ou pour copiner. Si tu veux, Timber t'emmènera. Ce serait carrément criminel de passer à côté de cette expérience. Et ça sera une bonne occasion de lui demander si je la prends pour un objet ! »

Ce n’était pas vraiment le sens de la question d’Harleen mais elle avait plus ou moins sa réponse. Il ne souhaitait pas partager l’intimité de la cabine, mais cela ne le dérangeait pas d’en partager la place avec sa pilote. Manifestement, une fois dans leur cockpit, ces deux là avaient leur endroit à eux que personne ne pouvait fouler. Sauf que pour l’heure, c’était quelqu’un d’autre qui partageait cette expérience. Après, Greer et Penikett, si elle se souvenait bien de leur dossier, était de jeunes recrues qui commençaient leur véritable formation sur F-302. C’était peut-être encore l’attrait de la nouveauté, ou un véritable duo qui se forme. Elle n’en savait rien.
Elle accueillit la proposition d’en être avec un haussement d’épaule. Franchement oui, ça lui dirait bien d’essayer. Mais n’était-ce pas détourner des ressources à des fins personnelles ? Beaucoup de monde aimerait monter dans un avion de chasse, et ça restait du domaine du fantasme… Quoique des compagnies privées permettaient de faire des baptêmes à des prix exorbitants… Mais c’était du privée et contre rémunération.
« Ce serait avec plaisir, mais non. Ce ne sont pas des jouets mais des appareils de guerre. », répondit-elle en détachant son regard de Lantia, pour se tourner vers Greer.

« Pour ce qui est de mon évaluation psychologique j’en ai fini. Si vous souhaitez qu’on continue de se voir pour votre bien être psychologique… il n’y a pas de soucis. C’est à vous de voir. ».

Une lueur d’angoisse brilla dans son regard à l’idée qu’elle allait rendre son verdict. Est-ce que le choix de continuer ou d’arrêter là ces entrevues joueraient dans la balance ? Et le refus de voler y était lié ?
Scott n’en savait pas grand chose. Il fronça simplement les sourcils avant de répondre :
« J’voudrai pouvoir régler ça comme un grand garçon. Au pire...je prends ta carte ? »
Il crevait d’envie de lui demander s’il allait récupérer sa license ou pas, d’avoir la conclusion de son analyse. Il pouvait même sentir son regard formuler la question mais, rien que par fierté, Scott n’ouvrit pas plus le bec.
« Au pire oui. », fit-elle en l’extirpant de sa poche pour lui tendre.
Scott ricana bien malgré lui en récupérant les informations. Il les parcourut du regard et fit de sa voix bien tendancieuse :
« J’savais que tu avais un faible pour les sexistes, Harleen... »
« J’sais surtout que les patients hommes transfèrent souvent sur leur psy. », répliqua-t-elle du tac au tac.
Il entra dans le jeu, en rangeant la carte dans sa poche.
« Nan, c’est pas mon trip les transferts. Je préfère chasser ailleurs que la nana qui serait capable de me rappeler que j’ai été une femme l’espace de deux minutes... »
« Vous savez, y a des tas d’hommes qui aiment qu’on s’occupe de leurs fesses. Ce n’est pas pour autant qu’ils se considèrent comme des femmes. », dit-elle un peu trop vite.

Le militaire ne pensait pas qu’elle serait aussi cash. Ok, il avait amené le sujet sur lui mais elle avait la réplique à la bonne mesure, ce qui lui plut. Surtout qu’il ne se sentit pas agressé, comme si son épreuve ne revenait pas obligatoirement sur le tapis en parlant de ça. Le fait de ne pas être à fleur de peau, de considérer qu’elle venait de le traiter d’homos par exemple, sur cette partie spécifique le rassura beaucoup, il en fut agréablement surpris. Impossible de savoir si c’est parce que c’était la psy mais l’idée qu’il y ai le devoir du secret professionnel aidait surement.
La consultation prenait fin et il avait l’impression de ne plus parler à la psy. Simplement à une connaissance croisée au coin de la rue…
« Attends, doc. » Fît-il comme pour marquer son désaccord et un avis bien tranché sur la question. « Le mec qui aime se faire fourrer la calandre arrière, c’est une gonzesse qui s’est trompé de corps !!! »
« De votre point de vue peut-être, pas de ceux qui y trouvent leur compte, avec une femme ou avec un homme. Et pour votre gouverne, ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on aime se faire “fourrer la calandre arrière” comme vous dites. Tout ça, c’est une question de goût et d’envie, et on ne peut pas juger cela. ». Elle lui lança un regard entendu avant de repartir vers son bureau pour reprendre sa place.
Scott fit un geste de coup de poing léger, le signe caractéristique du “Eh merde, encore raté !”. Elle l’avait bien mouché et, sur le coup, il préférait le prendre à la blague que d’en ramener les détails à son bon souvenir. Il s’approcha à son tour du bureau.
« J’ai deux trois réponses bien grossières que je te sortirai pas doc. Mais ça me fait pas changer d’avis. Je parle de ceux qui sont conscient et volontaire... »
Il s’asseya et soupira.
« J’en ai encore pour deux semaines à végéter. Tu sais quand j’obtiendrai la réponse de mon avenir suspens ? Après la taule ? Ou une Harleen habillée façon juriste me rendra visite entre temps ? »
« Aucune idée. Il me faut un certain temps pour écrire mon rapport correctement et ensuite, je transmets, et ça se décide à un niveau au dessus. », dit-elle, sans choisir de répondre à la boutade précédente. Il avait son avis sur la question, d’autres en avait un autre, et ça n’allait pas plus loin tant qu’on ne cherchait pas à l’imposer à l’autre.
« Dans ce cas... » il ricana. « J’vais finalement continuer les consultations. Pour ton exercice de la blouse blanche et avoir ma récréation anti-carcérale... »
Il chercha son regard.
« Je parie que t’es pas contre, pas vrai ? »
« De faire mon travail ? Pas du tout, je suis payée pour ça. », répliqua-t-elle directement. Elle préférait resituer tout de suite ce qu’elle faisait là, et pourquoi elle était là.
« Ah, c’est ce que tu te dis dans ta tête quand tu as à faire à des connards comme moi ? » Demanda-t-il, presque ironique.
« Vous valez mieux que ça Scott, ça ne vous ressemble pas de vous dévaloriser de la sorte. ». Elle croisa les bras pour le toiser. Il cherchait à se faire plaindre maintenant ?
« Me dévaloriser ? Non. » Répliqua-t-il en s’appuyant sur le dossier. « Hé, je me retiens de reprendre mes habitudes, mais je te le rappelle, t’as quand même cru que je te prenais pour une merde. Alors je fais le lien, t’as du te dire “courage ma fille, va chercher ton salaire…”. »
« Chaque métier comporte son lot de contrariétés, et vous en étiez une pour moi après notre précédent entretien. Vous ne sembliez pas avoir hate de me retrouver non plus.. »
« Ouais, c’est vrai. Mais je regrette pas finalement. »
Il croisa ses bras, la regardant en silence, puis il ajouta doucement, même si ça collait pas du tout avec ses habitudes :
« Merci Harleen... »

END 05.02.2019

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