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Le pouvoir des mots [Sidney Patrick]

 :: Cité d'Atlantis :: Niveau 3 - Zone de Restauration et de Loisirs :: La salle des écumes
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Mer 23 Jan - 18:31

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Emilia Zeïn'Eidolas


La jeune femme avait passé une bonne soirée avec Darren. Le soldat avait rivalisé d’inventivité pour la distraire toute la journée. Il s’était parfois montré maladroit mais l’intention était là. Puis était venu le temps où chacun devait se quitter et elle avait senti des émotions fortes chez lui au moment de se séparer : déception, regret… Cela lui avait serré le cœur. Elle ne l’avait toutefois pas retenu. Elle ne pouvait se permettre de lui faire croire que quelque chose de plus sérieux pouvait se tisser entre eux.

La jeune femme était donc partie se coucher tout en se préparant mentalement à la matinée du lendemain. Elle allait devoir brieffer des étrangers en très peu de temps, aller droit à l’essentiel… difficile de résumer une culture en quelques minutes. Il ne s’agissait pas d’imposer un code de conduite aux atlantes mais de leur donner des outils qu’ils seraient libres d’exploiter le moment venu s’ils le souhaitaient. Si cette alliance leur tenait vraiment à cœur, s’ils voulaient donner très rapidement une bonne image d’eux aux bonnes personnes alors ces outils leur seraient utiles.

Et puis ensuite viendrait la prise de contact avec sa planète, avec sa mère, sa famille, son peuple… elle aurait une montagne de travail pour reprendre ses affaires en main, gérer les médias, l’alliance avec Atlantis… c’était l’une des raisons pour lesquelles elle avait accepté de faire durer ses promenades avec Darren. Sa compagnie et les activités qu’il proposait étaient synonymes de vacances au regard des responsabilités qui lui incombaient dans son monde.
Ainsi donc, la belle avait regagné ses quartiers, désireuse de dormir quelques heures pour être en forme le lendemain. Elle fit la crêpe pendant un moment avant de sombrer dans le sommeil… et de se réveiller avec des sueurs froides.
Les wraiths, toujours les wraiths ! Dès qu’elle s’endormait ils revenaient la hanter. Elle se réveillait régulièrement en sursaut, persuadée d’être en danger. Son corps était tendu, prêt à se remettre à courir…

Il lui fallut quelques minutes pour se convaincre qu’elle ne risquait rien et nettement moins pour se lever et se rhabiller. Pas question de se replonger dans le sommeil avec les images qu’elle avait dans la tête, il fallait qu’elle se change les idées. Marcher pourrait lui faire du bien, sortir de ce placard appartement, aller respirer… Elle attrapa une bande dessinée que lui avait prêté le docteur Taylor Laurence, X-men, et quitta la salle pour se diriger vers un lieu qu’elle avait découvert récemment : la salle des écumes. Un lieu tranquille, qui, à cette heure-ci, serait probablement désert. C’était parfait.
La princesse ne s’était pas trompée, les lieux étaient pratiquement vides. Il n’y avait qu’un homme dans un coin occupé à lire. Elle répondit à son salut par un simple mouvement de tête avant d’aller se lover sur une chaise suspendue un peu plus loin.

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Mer 23 Jan - 21:42

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Le docteur Sidney n’était pas le genre d’homme à avoir le sommeil perturbé. Il était réglé comme du papier à musique. Une fois ses consultations passée et la permanence terminée dans son bureau, il prenait une douche, dînait avec le Colonel Caldwell et lisait quelques pages d’un livre avant de s’endormir. Généralement, il se réveillait avec l’ouvrage encore posé sur sa poitrine, quelques minutes avant son radio-réveil. Le médecin continuait d’activer l’alarme par mesure de sécurité, pour le “on ne sait jamais”. Mais étonnamment, depuis qu’il oeuvrait sur le Dédale, il n’avait plus eu besoin de ça. Son horloge biologique faisait qu’il se réveillait toujours un peu avant pour reprendre un travail qui le passionnait, et qui ne cesserait jamais de l’attirer.

Seulement, il n’était pas rare que le docteur soit invité à rejoindre un bureau généreusement fourni par le CODIR afin de soulager le personnel de la cité. La guerre avait encore beaucoup marqué les esprits et les patients ne manquaient pas, même en-dehors d’Atlantis. Sidney dormait dans une chambre de la cité durant ces petites “mobilisations” et le confort de son sommeil changeait. Du silence total du vide spatial et de mur lourdement blindé, il allait dans une petite chambre d’étape dans un immeuble fourmillant de vie.

Lorsque son esprit avait décidé de faire la grève du sommeil, Patrick ne luttait pas. Il se levait simplement, remettait consciencieusement son costume cravate en soignant chaque détails puis il partait pour un secteur de la cité. Sa décision se prenait au hasard alors qu’il marchait avec sa sacoche. Le mess, la digue, la salle de repos, la bibliothèque.
Ce soir là, son choix s’était porté sur la salle des écumes. Il voulait tester les sièges atypiques mais confortable qui s’y trouvaient. Ainsi, il déplait ses dossiers et préparaient minutieusement les prochains rendez-vous de ses patients les plus troublés. Comme un duel qui se jouait entre le traitement et l’affliction, Sidney préparait ses prochaines armes, ses prochains terrains de discussion.

Il appréciait ne pas baser l’ensemble de ses consultations sur de l'improvisation. Il était nécessaire de connaître le patient, connaître ses drames endurés par le biais des rapports dont il avait accès, pour préparer son prochain entretien. Avec un crayon à papier, il griffonait sur son bloc note, montant des prévisions et des hypothèses. Quel manoeuvre semblait la plus risquée qu’une autre, quel type de dialogue à adopter.
Il faisait ça tant que le sommeil ne venait pas le chercher et le ramener jusqu’à son lit plusieurs heures plus tard.

Sidney avait l’habitude de croiser quelques insomniaque comme lui mais ça restait très ponctuel. Comme à chaque fois, il les saluait d’un sourire bienveillant. Ce fût le cas d’Emilia Zeïn Eidolas lorsqu’elle apparut dans son champ de vision.

« Bonsoir Mademoiselle. »

Et il se replongea dans la préparation de l’examen d’un traumatisé de guerre au comportement autodestructeur. Son sous-officier avait requis une démobilisation immédiate après l’avoir vu gratter frénétiquement le sol de ses doigts après la détonation d’une charge d’essai. C’était sur le terrain des artificiers, ce qui supposait que le militaire était bien conscient de la manoeuvre à venir. Pourtant, cette explosion, forcément signalée, lui avait fait lâcher son matériel et poussé à gratter la terre avec ses ongles.
Pour se faire un trou. Pour se cacher…
C’était trop soudain et spontané pour être une farce. Ou un malade imaginaire. Non...le traumatisme avait fini par rejaillir selon lui. Il couvait depuis longtemps. Le soldat était gardé à l’infirmerie dans un état second et une volonté fébrile de reprendre le service. La peur d’être démobilisé et renvoyé sur Terre le faisait trembler de la tête au pied. Vu les premiers indices des examens préliminaire, le jeune homme avait raison de s’inquiéter.
En relevant son regard du bloc-note, Sidney constata que la jeune femme s’était installée non loin. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres et il étudia, par déformation professionnelle, les micros expressions de son visage, son regard, la façon de se tenir. Il lui semblait que cette bande dessinée était pour elle une curiosité. Simple hypothèse. Mais qui ne connaît pas les bandes dessinées si ce n’est des personnes extérieures au Programme ? Le psychologue eut envie de savoir si sa déduction était fondée ou s’il était complètement à côté.

« Est-ce que vous lisez ? Ou bien étudiez-vous ? » Lui demanda-t-il gentiment.

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Mer 23 Jan - 21:48

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Emilia Zeïn'Eidolas


Emilia avait déjà eu l’occasion de lire quelques aventures des super-héros terriens et elle trouvait amusant que le docteur Taylor Laurence ait décidé de la surnommer avec le nom du Phoenix sans même connaître ses pouvoirs psychiques. C’était un hasard mais c’était bien vu. Du fait de la ressemblance entre leurs capacités, Emilia s’intéressait beaucoup au personnage, elle s’y était attaché.
L’homme présent non loin l’arracha à la contemplation des images, il semblait désireux de faire la conversation.

– Un peu des deux… répondit-elle.
« Il n’y a pas d’heures pour faire un peu des deux ? » Demanda-t-il avec un peu de malice.
Elle le toisa un instant avant de répondre :
– Vous non plus.
Sidney la gratifia d’un sourire avenant. Oui c’était réciproque.
« Ma chambre me semble trop étroite. » Reconnu-t-il.
Sa main migra pour balayer l’ensemble des lieux.
« Cette cité est magnifique. Mais ses murs ont tendance à se réduire, à étouffer. »
Emilia lui lança un regard compatissant. Il est vrai que les Ancêtres avait misé petit sur les espaces personnels… son dressing à Sombrelune était plus grand que l’appartement que lui avait prêté le CODIR. Elle ne s’en était jamais plaint cela dit, au moins elle dormait au sec et dans un lit chaud. De toute façon tout cela était temporaire.
–Vous n’êtes pas d’ici ?
« Je ne suis que de passage. » Répondit-il en lui souriant.
Il chercha à voir s’il ne l’agaçait pas avec ses questions et ajouta un petit :
« Et vous ? »
–Moi aussi, de passage.
Elle arborait un air neutre, las. De jolies petites cernes s’étaient formées sur son visage mais elle se savait capable de tenir le coup. Avec ce qu’elle avait englouti ce soir en terme de nourriture, son organisme pouvait carburer un moment. Néanmoins, elle n’avait pas encore totalement récupéré de sa course folle à travers les mondes.

Patrick referma son bloc note et le posa sur ses genoux. Il avait capté cette expression de fatigue sur son visage et avait envie d’aborder le sujet, par curiosité, mais aussi pour faire la conversation. Généralement, la position empruntée naturellement par le patient témoignait de son approche sociale. Si Emilia était allée au loin, c’était un désir d’isolement. Plus près, une ouverture au autres. Sidney la situait entre les deux, la jeune femme semblait simplement vouloir un coin pour pouvoir lire. Si le psychologue se permettait d’échanger, il ne le ferait que s’il s’avérait plus intéressant que sa lecture. Sinon il s’en retournerait à son travail.
En l’ayant observé encore un peu, il reprit d’une voix douce.

« Les murs se resserrent-ils aussi pour vous ? »
– L’architecture et l’aménagement des lieux sont simplement différentes de ce que j’ai l’habitude de voir… répondit-elle en éludant le sous-entendu qu’elle semblait percevoir dans la question de son voisin. Elle n’avait pas particulièrement d’étaler son état d’esprit ou ses problèmes de sommeil à cet homme qu’elle ne connaissait pas
« Oh ? Vous venez d’une autre civilisation ? »
L’intérêt venait d’être décuplé. Patrick appréciait toujours rencontrer de nouveaux représentants et apprendre d’eux, déceler et examiner leur structure psychologique, sur quoi s’appuyait leur stabilité. Bref, ces nouvelles rencontres l’aidaient toujours à perfectionner son métier. Il n’y avait, selon lui, jamais de limite et d’âge pour en apprendre plus.
« Pardonnez-moi, jeune femme. Peut-être que je vous importune avec toutes ces questions. La faute à ma profession. Je m’appelle Patrick Sidney. »
Une profession qui obligeait les gens à parler ? Curieux travail. C’était une bonne chose qu’il aborde le sujet en tout cas car elle s’apprêtait à lui demander qui il était.
– Votre profession ? demanda t-elle laconique.
« Je travaille au service de santé, je suis psychologue. » Répondit-il en examinant sa réaction.
– Ah. Un petit air de surprise s’afficha sur le visage de la belle, rapidement remplacé par un sourire moqueur. Un analyste.
Elle se demanda l’espace d’un instant si les gouverneurs avaient provoqué cette rencontre avant de chasser cette idée de son esprit. L’analyste était déjà installé avant qu’elle n’arrive et ses émotions l’auraient trahi s’il avait été ici pour l’étudier. Non, tout cela relevait du hasard. Un malheureux hasard car elle n’avait jamais beaucoup apprécié les analystes.
Cette réaction amusa Sidney qui posa une main sous son menton, son index accrochant ses lèvres dans une configuration pensive.
« C’est ainsi que vous nous appelez dans votre monde ? Est-ce un terme péjoratif ? »
– Non, c’est le nom d’une profession.
Il n’y avait rien de péjoratif, les analystes étaient plutôt appréciés… mais pas par elle.
Il lui sourit. « Ces pratiquants ne donnent pourtant pas l’air de vous satisfaire. »
La jeune femme marqua une hésitation. Elle ne voulait pas se montrer vindicative ou trop blessante et risquer un incident diplomatique à la veille de son départ. Il allait falloir bien réfléchir à la tournure de ses phrases.

– Non en effet, ils… ne m’ont jamais été d’aucune utilité dirais-je.

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Mer 23 Jan - 23:18

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Le psychologue acquisça, compréhensif.
« Il est de notre hantise, et plus personnellement la mienne, de n’avoir aucun impact bénéfique à la santé de mes patients. J’ai déjà eu par le passé ces reproches, je les comprends. »
Il fît une petite grimace taquine.
« Le fait d’omettre votre identité et votre profession a-t-elle un lien avec cette confidence ? »
Un nouveau sourire moqueur étira les lèvres. Éphémère, il disparut rapidement. C’était plus fort qu’elle.
– Emilia zeïn’ Eidolas , répondit-elle sans aller plus loin. S’il avait lu le communiqué du CODIR, il devait savoir qui elle était et connaître certaines de ses particularités et elle n’avait pas besoin d’expliciter. Dans le cas contraire elle ferait un effort pour se présenter plus longuement. Je ne me cache pas. Mais Je ne comprends pas les gens de votre profession. Vous apprenez à analyser les individus et vous vous privez, de fait, de la spontanéité des relations humaines. Pourquoi ?
Il ouvrit la bouche en formant un petit “oh” d’une surprise agréable. Il savait manifestement qui elle était et son faciès montrait qu’il était satisfait de la rencontrer Le psychologue l’écouta tranquillement et analysa ses propos. Un sourire bienveillant illumina son visage et il ouvrit les bras en répondant :
« Ais-je l’air de me priver de la spontanéité de notre rencontre nocturne, jeune princesse ? »
Un fin sourire éclaira le visage de la belle, celui-ci était sincère. Enfin quelqu’un qui la connaissait et qui la respectait, c’était plaisant.
Il marqua une pause et ajouta :
« Je vous ferais certainement un plaidoyer que vous avez déjà entendu et auquel vous n’accordez aucun crédit. Ne pensez-vous pas ? »
Qui sait ? Deux cultures… peut-être deux avis ?
« Qu’il serait très intéressant de partager. Votre avis, même défavorable, sera forcément constructif. Vous souhaitez commencer ? » Lui demanda-t-il poliment.
Je vous écoute.
Il était compliqué pour elle d’exprimer un avis constructif sans dévoiler son pouvoir, or, elle s’était mit un point d’honneur à le cacher à Atlantis. Les terriens avaient déjà mal réagi à la télékinésie… comment se comporteraient-ils face à quelqu’un capable de pénétrer au coeur de leurs émotions, de découvrir les secrets qu’ils voulaient lui cacher ? Au fond, elle savait que les atlantes le découvriraient tôt ou tard, c’était une question de temps mais elle préférait que cela arrive une fois la prise de contact avec son monde faite, quand elle serait bien au chaud et en sécurité sur sa planète. Non pas qu’elle craigne pour sa vie mais elle ne voulait pas susciter plus de méfiance qu’elle n’en soulevait déjà.
« Avec plaisir. » Dit-il en rangeant finalement son bloc note dans sa serviette. Le docteur Sidney se redressa sur son siège et croisa les mains. Il donnait clairement l’air stéréotypée du savant qui s’apprêtait à déployer un argumentaire. Un argumentaire qui viserait à convaincre, certes, mais dont le loisir était l’échange et le respect des convictions de chacun. Il trouvait ces échanges humains, agréables, preuve de la diversité du genre humain.
« Pourquoi un patient confierait-il sa santé et, fatalement, un accès à son intimité à un homme qui n’aurait pas pris la peine d’étudier ? » Il fit un geste de la main qui chorégraphiait le début de son exposé. « Il semble légitime qu’un analyste étudie et intègre le mécanisme de la pensée humaine pour comprendre le mal, le situer, et le traiter. Cela le prive certes, de la spontanéité, et probablement de la franchise de sa démarche. Mais demeure dans la recherche de l’efficacité d’un traitement reconnu...pour le seul bien du patient. »
– Et votre bien à vous ?
« Vous pensez que l’exercice de ma profession me rend malheureux ? »
– Quel bien cela vous apporte t-il de voir continuellement le pire chez les autres ?
« Seul un sadique peut éprouver du plaisir au contact du mal-être de ses patients. » Corrigea Sidney. « Et ce faisant, il ne serait pas un médecin selon moi. »
Il marqua une pause. La conversation était très intéressante et les questions de la jeune princesse, même si elles avaient tendance à centrer le sujet sur lui, dénotait la profondeur de son jugement à l’égard de ces analystes.
« En revanche, si votre question porte sur la motivation d’un soignant, l’altruisme est généralement un bon moteur. Vous pouvez également trouver des praticiens désintéressés. La véritable maladie de notre ordre serait surtout, en mon sens, que la routine transforme de bons médecins en des imposteurs blasés. »
Il pencha la tête dans sa direction.
« Et c’est généralement ce type d’individu qui laisse une si mauvais image à des personnes telle que vous. Peut-être en avez vous fait la mauvaise expérience ? »

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Jeu 24 Jan - 19:45

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Emilia Zeïn'Eidolas


– Ce ne sont pas les compétences des analystes - ou des psychologues puisqu’il semble que les métiers aient des points communs - que je remets en question.

Non, elle ne remettait pas leurs compétences en question, elle était juste meilleure qu’eux pour analyser les autres. Mais cela s’arrêtait là, elle n’aspirait pas à soigner le mal-être des gens.

– Je ne comprends simplement pas comment l’on peut s’épanouir en côtoyant des individus en souffrance à longueur de temps, en entrant dans leur intimité…

Pour sa part elle n’y était jamais parvenue.

– D’autant que les compétences d’analyse que vous acquerrez deviennent des automatismes, vous devenez capable de voir ce mal partout, y compris dans votre vie privée.

« C’est un risque, en effet. » Reconnu Sidney. « Et un héritage de notre fonction. Voyez-vous, en vous observant, en examinant votre expression et votre état de fatigue, je suis tenté de percevoir chez vous un état de stress avancé. »
Il haussa les épaules en souriant.
« Mais vous pouvez tout aussi bien être une brave jeune exploratrice de bande dessinée qui veut son quota d’aventure avant d’aller dormir ? »
– Détrompez vous, cela fait des cycles que je n’ai pas été aussi détendue, plaisanta-elle.
Elle le devait à Darren et à sa ténacité pour lui découvrir toutes les merveilles d’Atlantis qu’il pouvait lui montrer en deux jours. L’angoisse était toujours présente en elle et marquait son visage mais elle était bien moindre comparé à la veille.
« Voilà qui étaye votre argument. »
Sidney attendit un peu avant de lui poser une autre question.
« Voulez-vous connaître ce qui m'épanouit en tant “qu’analyste” ? »
– Je vous écoute.
« Les expériences pratiques, réelles, que je vis auprès de mes patients lorsqu’ils n’ont plus besoin de moi. Lorsque je me vois être une force au service de leur stabilité et qu’ils repartent enfin guérit de leurs mots : c’est une satisfaction personnelle. »
Il ne pu s’empêcher d’ajouter en blaguant :
« Et d’avoir un minimum de patients insatisfaits de votre acabit. Le zéro absolu, cet impossible, étant évidement mon fantasme personnel. »

– Oh, croyez moi vous ne me voulez pas comme patiente, dit-elle en riant. Par contagion, Sidney ria de bon coeur avec elle. Emilia reprit plus sérieusement : Vous ne devez pas manquer de travail ici… mais vous disiez n’être que de passage ?
« Je suis un itinérant. » Dit-il simplement. « Je travaille à deux endroits. »
-Ici… et sur Terre ?
« Et sur un navire. » Rectifia-t-il.
-Un bateau ? demanda t-elle intriguée.
Il acquiesça.
« Je ne suis pas tenu de vous révéler les détails, ma jeune enfant. Peut-être lors d’une discussion future, lorsque nos peuples seront amis. »
La princesse acquiesça. Encore un secret qu’il lui faudrait éclaircir.
Le psychologue fixait doucement la jeune femme avec ce petit sourire de malice, un peu paternel. Le genre qui voudrait laisser entendre que ce n’est pas au vieux singe que l’on apprend à faire la grimace. Son expression s’agrandit un peu alors qu’il se faisait une déduction.
« Vous aimez jouer avec vos soignants, n’est-ce pas ? »
Pour toute réponse, Sidney eut droit à un sourire taquin.
« Je serais très intéressé de connaître votre motivation profonde. Ce qui vous épanouit à ce type de relation. »
Emilia imprima un mouvement de balancier à sa chaise, elle se laissa bercer par le mouvement apaisant du meuble suspendu.
- Je suis quelqu’un de… compliqué.
Sa position lui offrait un point de vue sur une partie de la salle et elle décida d’appuyer sa tirade d’une courte démonstration. Quelques chaises se déplacèrent ou lévitèrent brièvement. Cela ne lui demandait guère d’effort, tout cela était relativement léger mais cela montrait au psychologue où elle voulait en venir.
- Les analystes ont rapidement été dépassés par mon cas de figure. Nous ne nous sommes jamais compris eux et moi.
Ils auraient probablement pu gérer s’il n’y avait eu que la télékinésie. Mais l’empathie… c’était une autre paire de manche.

Sidney était à la fois surpris et impressionné mais il ne le montra que très peu. Son regard passa de ces chaises à la jeune femme en faisant la déduction logique et il l’écouta calmement. Il ne se sentait pas en danger ni même menacé.
« Souhaitiez vous être comprise par des praticiens qui ne peuvent comprendre votre vécu ? » Demanda-t-il simplement.
- Je n’ai plus besoin d’eux aujourd’hui.
« Vous conviendrez que vous éludez volontairement ma question. » Répondit-il doucement du tac au tac. Il intégra les informations qu’il déduisait de sa remarque. « Vous, ou une tierce personne, a estimé que vous aviez besoin de ce soutien fusse un temps. Mais étiez-vous prête à l’accepter ? »
– Mon pouvoir a failli me tuer quand j’étais adolescente, j’avais désespérément besoin d’aide… mais je l’ai trouvé ailleurs que parmi vos équivalents gaëlliens.
« Ce vécu vous a fait perdre confiance envers vos analystes, je suppose. »
La jeune femme haussa les épaules. Cette déduction n’était pas bien difficile à faire.
« Il est curieux de constater qu’aujourd’hui encore, c’est un sujet que vous peinez à aborder. Malgré le fait que vous le fassiez de bonne grâce à l’inconnu que je suis. Diriez-vous que ce drame place l’ensemble de vos analystes, moi compris, dans la catégorie des incapables ? »
– Pensez vous que cela fait de vous tous des incapables de ne pouvoir me comprendre et m’accompagner ?
« Absolument pas. Je m’en estimerais tout à fait capable puisque j’apprends toujours de mes patients. Les schémas sont utiles mais ils ont leur limite avec la variété de la psychée humaine. » Il pointa de ses doigts joints la jeune princesse. « Et de ses exceptions. »
Il sourit en ajoutant :
« Mais vous avez l’art de retourner l’analyse sur vos interlocuteurs. Il ne s’agit pas de mon jugement mais du vôtre. »
Une lueur d’amusement brilla dans les yeux de la belle. C’était toujours drôle d’échanger avec un analyste et de se renvoyer la balle. Ils faisaient de bon partenaires d’échanges grâce à leur capacité d’analyse exceptionnelle.
– Vous aidez, semble-t-il, le commun des mortels. C’est la preuve même que votre profession est utile, non ? Mais me concernant, malgré votre confiance débordante, j’ai perdu espoir depuis bien longtemps d’être comprise par qui que ce soit.
« N’y a-t-il pas un soignant qui ai désiré de comprendre la représentante de ce qui n’est pas “le commun des mortels” ? » Demanda-t-il en appréciant tout autant l’échange. L’amusement de la princesse l’aidait à poursuivre dans ce dialogue.
– Je me suis enfermée trois années durant dans un temple. Prêtres et prêtresses ont su m’offrir ce dont j’avais besoin, une manière d’être et de penser qui m’ont permis de prendre le dessus sur ce qui me détruisait. Je n’ai pas besoin des analystes maintenant, je suis capable de me gérer moi-même.

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Jeu 24 Jan - 20:58

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Pour Sidney, cela voulait dire non et il trouvait ça dommage. Il n’apprécia pas beaucoup ce qui suivi. Peut-être que la religion disposait d’outils permettant à cette jeune femme d’obtenir une stabilité mais elle oubliait un élément fondamental.
« La base du travail d’un analyste devrait être de permettre à son patient d’atteindre cette stabilité par ses moyens, sa volonté. Et non d’être conditionné par la religion. Je regrette que l’échec de mes pairs vous ai conduit à ces trois années d’isolement. C’est, semble-t-il, tout autant de privation en terme de relation sociale. »
Emilia lui lança un regard compatissant. Il aurait pu la blesser avec ses propos mais elle ne lui en voulait pas pour son ignorance, il ne savait pas de quoi il parlait. Elle nota cependant que le concept de religion était fortement connoté chez certains atlantes.
– Pas moi, je ne regrette rien. Les prêtres m’ont enseigné à penser différemment, à contrôler mes émotions. Ce faisant, ils m’ont aidé à progressé sur la Voie.

Sidney acquiesça.
Il ne comptait pas démonter farouchement son argumentaire. D’autant plus que, comme le songeait la jeune femme, il ignorait tout de la religion Gaëllienne en n’ayant que ses expériences pour repaires.
« Peut-être aurez vous la volonté d’offrir de nouveau votre confiance un jour. » Spécula-t-il. « Vous avez dit être de passage. Il me semble que vous rentrez chez vous dans quelques heures. Cela vous rassure un peu ? »
Elle s’étonna du niveau de connaissance du psychologue. Il avait dû tendre l’oreille et s’intéresser à son cas de figure pour apprendre que son départ avait été programmé le lendemain matin.
– Je suis heureuse à l’idée de retrouver mon foyer.
Ainsi que ses repères, son confort...
– Et vous… la Terre ne vous manque pas ?
« Je n’y ai plus d’attaches. » Avoua-t-il sans détour. « Les relations que j’entretiens ici et sur le navire me conviennent parfaitement. »
Sidney la regarda et ajouta avec un air taquin :
« Votre retour influence-t-il votre manque de sommeil ? »
–Oui, mentit-elle. Je suis impatiente.
“Désolé docteur”, pensa t-elle, “je n’ai aucune envie de commencer une thérapie maintenant. Surtout pas avec un étranger alors que nos deux peuples ne sont même pas alliés…”.

C’était une petite réponse.
Sidney ne savait pas vraiment si ce peu de développement cachait quelque chose ou si c’était simplement dans le naturel de son interlocutrice. Étant donné qu’elle se donnait du mal pour discuter un peu avec lui, en pleine nuit, au lieu de se plonger dans sa BD : le psychologue n’avait pas envie d’être plus contrariant. C’était une voie de garage, autant changer de sujet.
« Je sais que vous avez été contrainte de vivre de manière particulièrement “rude” en extérieur. J’espère que notre cité et nos soins auront suffi à compenser cette déplaisante aventure... »
Il était sincère en le disant. Personne ne méritait d’être chassé de cette façon par les Wraiths.

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Sam 26 Jan - 13:56

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Emilia Zeïn'Eidolas


Compenser des cycles de courses en quelques jours et ô combien mouvementés pour certains « grâce » au Colosse ? Cela paraissait bien présomptueux… il lui faudrait bien plus de temps pour tourner la page sur cette affreuse expérience. Aujourd’hui elle n’aspirait plus qu’à rentrer chez elle, retrouver des repères solides et son confort. Pour une obscure raison, Clive semblait déterminé à la suivre. Il semblait s’être attaché à elle, à vouloir la protéger coûte que coûte. Curieux quand on savait dans quelles circonstances ils s’étaient rencontrés tous les deux, le ton froid avec lequel il lui avait parlé de prime abord, cette arme qu’il tenait dans ses mains et qu’il aurait retourné contre elle sans hésiter. Elle gardait tout cela en mémoire. Et pourtant, elle avait découvert peu de temps après un individu attachant, têtu, déterminé à l’aider, un homme qui n’avait pas été indifférent à son charme… étais-ce cela qui avait fait la différence ? Une attirance ?

Les gens possédaient tous leur part d’ombre et de lumière. Ils étaient changeants, au gré de leurs émotions, de leurs pensées. De fait, la princesse avait l’habitude d’accepter les gens tels qu’ils étaient sur l’instant sans se projeter, en amitié comme en amour, car elle était mieux placée que quiconque pour savoir à quel point les humains n’étaient pas stables dans leurs sentiments. Ceci étant, Emilia se demandait quel visage représentait le mieux Darren : le dangereux et obéissant militaire ou le compagnon amical et altruiste ? Et surtout, si Atlantis se retournait un jour contre elle, quel visage dominerait de prime abord ? L’ami… ou le soldat ?


– Avez-vous déjà rencontré un wraith ? demanda-t-elle à Sidney pour essayer de comprendre sa vision du monde et adapter sa réponse en conséquence.
« Pas encore mais je sais que cela viendra. » Avoua-t-il. « Ce que je sais des Wraiths me vient exclusivement des différents rapports et des témoignages de mes patients. »
Il acquiesça.
« J’aimerai avoir l’opportunité d’une rencontre malgré le danger que cela représente. Je voudrais pouvoir étudier la psyché de l’ennemi. Qui sait si cela m’aidera à soigner plus efficacement mon prochain... »

Dommage qu’elle ait prit le parti de taire ses pouvoirs, songea Emilia, car elle aurait pu apporter des éléments de réponses au docteur. Hélas, les wraiths étaient assez proches de l’humain pour qu’elle soit capable de capter leurs émotions… et elle avait pu profiter de leur présence sur le vaisseau ruche et pendant sa course. Certes, elle se trouvait systématiquement en posture de proie mais elle savait ce que ces monstres avaient ressenti à ce moment là. Le souvenir qu’elle en gardait était une faim dévorante, douloureuse, un immense sentiment de supériorité à son égard et beaucoup d’autres choses de ce genre.

– En quoi cela vous aiderait-il ?
« A affiner et faire évoluer mes pratiques. » L’assura-t-il tout en souriant. « Comment apporter son aide à la victime d’un Wraith si je ne m’y intéresse pas ? »

Emilia s’accorda quelques instants pour réfléchir. Trouver les mots juste sans trop en dévoiler, donner l’impression qu’elle faisait part d’une réflexion et non d’un ressenti lié à un quelconque pouvoir… c’était d’ailleurs le cas, au ressenti s’ajoutait son interprétation.

– Les wraiths sont des créatures cruelles… commença-t-elle. Mais… j’ai vu certains peuples humains se comporter comme eux avec leur propre bétail… Ils se pensent supérieurs à nous tout comme certains d’entre nous se sentent supérieurs aux animaux. Nous ne sommes pas si différents en fin de compte.
« Mais... »
Il chercha à son tour ses mots avant de partager son idée.
« La nature n’est-elle pas cruelle ? Nous n’avons pas inventé la chaîne alimentaire. Nous avons simplement découvert le prédateur du genre humain. Peut-être nous rachetons-nous, au détriment du Wraith, par notre tentative de nous conduire de façon civilisée. »
Sidney rigola doucement.
« Je dois reconnaître que c’est cette pensée qui me conforte dans cette “différence”. »

– Meurtre, guerre, viol, domination, destruction… assurément, l’humain est un être profondément civilisé, railla t-elle.
« Art, altruisme, sciences, actes désintéressés de générosité. L’homme peut compenser. Pas tous, peut-être, mais la condamnation de notre espèce est bien moins simple qu’il n’y parait ma jeune amie. »
– Aucun acte n’est désintéressé, il y a toujours une contrepartie, au moins symbolique, le contredit-elle. Quant aux wraiths, ils sont organisés, hiérarchisés… « connectés »… Ils n’ont rien de bêtes sauvages. Si “être civilisé” est votre critère pour marquer la différence avec l’humain alors il n’y a point de différence. Les deux “civilisations” sont justes différentes. Entendons nous bien, je ne les défends pas je les exècre… mais il me semble hâtif de jauger une race à l’une des rares choses que vous savez d’eux, à savoir leur tendance à jouer avec l’humain et à s’en nourrir.

La princesse s’étira paresseusement avant de se laisser glisser de la chaise pour se lever.

Il se fait tard, il est temps que je vous quitte. Bonne nuit monsieur.

Et après avoir échangé les dernières politesse elle s’éclipsa pour retourner dans ses quartiers.


[FIN]

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