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Perdition Martiale

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Mar 24 Juil - 18:10

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Equipe soir:


Les deux sacoches en bandoulières nécessitaient d’être disposées dans une desserte particulière. Peter avait tendance à regarder de l’autre côté, comme si le “vide” de la salle était beaucoup plus intéressant que la présence de la texane en train de remplir la barge de manutention qu’on leur enverrait juste après. Elle avait un peu l’apparence d’une torpille montée sur chenille à grand diamètre, ouverte sur le dessus et muni de toute une série d’attaches pour éviter de perdre ses outils dans l’espace. C’était assez complet, à croire que l’on déménageait le plus important d’un garage de mécanique de pointe dans le vide spatial. Le fonctionnement était si ergonomique et simple que Pedge n’avait même pas besoin de poser des questions.

Matty profita de cette occasion pour aller voir le nounours timide de l’équipe. Elle lui agrippa son avant-bras blindé et l’attira un peu à l’écart. Deux nouveaux techniciens venaient d’entrer sur la plate-forme et ils démarraient l’habillage de Chambers et de Malarkins. Tyrol avait été rappelé à son management et un gros problème semblait être survenu sur l’un de ses chantiers. Un incident suffisamment grave pour qu’il décampe à toute vitesse, la main posée sur l’oreillette, en n’ayant laissé que les consignes les plus importantes sur son départ. La technicienne, donc, était en train de parler à son collègue en se voulant rassurante. Elle était passée par un autre canal radio, plus privé, celui de Peter, afin de veiller à ce qu’il ne vive pas mal la présence de Pedge.
Il avait dit oui. Mais il fallait ensuite l’assumer et la jeune femme savait que c’était loin d’être aussi simple pour lui. Là où nombre de comparses avaient expérimenté la timidité et s’en étaient trouvés défavorisés, presque handicapés, mais sans plus ; c’était une véritable maladie chez cet homme.
Il exerçait depuis la sortie du Dédale de l’usine d’assemblage et, même encore maintenant, il détournait les yeux quand Matty cherchait son regard. Des années passées à ses côtés et il se faisait à peine à sa présence régulière en tant que collègue mais aussi en tant qu’amie. Elle le comprenait, elle parvenait à saisir le problème que posait cette affliction. Et lui donna des conseils et un recours avant de le libérer.

Peter hocha la tête silencieusement.
Peut-être avait-il parlé dans sa radio car sa mâchoire s’animait parfois. Mais il finit par se désolidariser et prendre le chemin du sas. Il s’arrêta à coté de la texane, murmurant un bref et poli //Tu viens ?// . L’ours regarda une dernière fois Matty, celle-ci restant à l’écart avec un sourire bienveillant à son égard. Puis il gronda dans sa gorge avant d’entrer dans le sas. Morfalou n’arrêtait pas de faire des mouvements soudain de droite-gauche, haut-bas, se portant à hauteur du hublot pour voir l’espace, trop impatient d’aller se dégourdir. Mais avec les semelles magnétiques d'activées, c’était comme patauger dans des sables mouvants, dans une nappe de ciment encore frais. Un pas après l’autre, chaque mouvements pour l’arracher au sol et le reposer faisant remonter un bruit particulier de résonnance dans la combinaison. Entre la respiration, le mouvement du tissu, les battements du coeur, une véritable atmosphère de “scaphandre” se mettait en place. D’autant plus que le mouvement du visage était indépendant du casque et de la verrière. Il y avait donc une progression particulièrement mécanique et lente de la texane, comme du technicien, pour prendre place dans ce sas.
Il se retourna de plusieurs pas, fait sur place, comme un dinosaure qui cherchait à faire un demi-tour tout en restant au même point.

//T’es prête ?//

Peter avait dit cela par politesse.
Il ne la regardait pas, se penchant en direction du mur où se trouvait différents cadrans avec des boutons, des leviers et des manivelles assez épais pour être activé avec les gants. L’homme appuya sur deux d’entre eux. Il parlait comme s’il révisait des cours avant une interrogation finale, comme si ces informations étaient adressées à lui-même. Qu’il se rabachait une leçon. Il usait en réalité de son seul moyen d’échanger avec Pedge sans se dire qu’il avait une femme dans son dos et sous sa responsabilité.

//Dépressurisation du sas. Faut jamais ouvrir sous atmosphère sinon...c’est comme allumer un canon. Éjecté comme un boulet, tu t’envoles. Vite et loin. Trop loin. //
Sa main migra sur un levier. Un poignée reliée à une base double qu’il fallait abaisser et maintenir.

//Activation//

Là, une vague de tremblements et de vibrations vint remonter le long de toute la combinaison de Pedge. Inconsciemment, et étonnement, elle su que cette impression correspondait au retrait de l’atmosphère pour faire le vide. Même si c’était la première fois, la déduction en était très simple. Peter, pointa un nouveau bouton du doigt et appuya dessus, signalant le retrait de la gravité dans cette pièce. Puis, enfin, il avança un peu pour commander l’ouverture du sas extérieur, celui qui menait à l’espace.
L’imposant panneau métallique qui se leva exactement comme dans un film de science fiction ne fit pas un seul bruit. Pas même un couinement ou un grincement. Le mouvement avait été net et fluide, comme un rideau de théâtre que l’on voyait s’ouvrir lentement et régulièrement sans la moindre bruit.

Marfalou était déjà parti en faisant un // Buhaaaaaaaaaaa ! // particulièrement joyeux. Il disparut dans la seconde tandis que Peter progressait et posait le pied sur le blindage en trinium du Dédale. Il attendit que Pedge le suive, tendant sa main vers elle sans tourner sa tête dans sa direction, cherchant à l’aider à garder un appui. Il savait qu’elle allait avoir du mal à faire ses premiers pas sans un appui supplémentaire. Il n’y avait plus de parois sur lesquelles s’appuyer. La sensation allait être déroutante d’emblée pour elle. Comme une impression de marcher au fond d’une piscine, le moindre geste étant soumis à un élan qu’il fallait compenser par opposition ensuite. Juste avec ses jambes.
Si elle ne faisait pas attention, elle allait être comme ces bonhommes en plastiques que l’on collait contre les murs pour les voir dégringoler par les pieds et les mains. Son propre élan l’emporterait jusqu’à se coucher ventre sur le blindage. Les pieds étaient magnétisés, autant dire que cette erreur de débutant était particulièrement déplaisante et Peter, galant malgré tout, comptait le lui éviter.

Le binôme se trouvait au sommet du hangar babord. En se retournant sur la droite, on appercevrait facilement ne nez de l’appareil qui s’étirait plus avant. Et au-dessus de soi, la couverture blindée qui faisait le toit du Dédale avec sa tour de porte-avion qui en dépassait. Après avoir eu la main de Pedge dans la sienne, l’homme faisant des efforts désespérés pour s’imaginer que c’était simplement un de ses collègues (comme Matty le lui avait conseillé), Peter pointa la tour de sa main valide. On pouvait apercevoir, malgré la distance, des petites ombres se détacher dans la lumière des différentes verrières. Des gens qui bougeaient à l’intérieur, peut-être inconscient de la présence des techniciens à l’extérieur.

//L’observatoire du Dédale. Tout l’équipement pour surveiller. Espace, planètes...ce sont ses yeux. Et ses oreilles aussi, avec les communications longues portées.//

Il pressa sa main pour l’attirer devant lui, la faisant marcher sur la couverture épaisse qu’était le blindage du croiseur. Un plancher de métal parfait, sans la moindre imperfection. Pas de bosses, pas de rayures, pas de crevasses. Des carrés entiers de ce métal s’alignaient parfaitement avec des escortes entières de boulons bien alignés, de soudures et de jonctions solides.

// Buhaaaaaaaaaaawaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! //

Le drone passa très loin devant eux. Il était devenu ridiculement petit avec la distance, n’ayant pas peur de voler bien au-delà de l’appui que fournissait le Dédale, se noyant dans ce vide impressionnant sans matière, sans rien pour s’accrocher. Un vide comme personne ne pouvait concevoir avant d’y être exposé. Comme être face à un gouffre sombre et inquiétant...et que l’on sait véritablement sans fin.
Si Morfalou avait pu être vu, passant au loin comme un chien qui partait au galop dans un immense champ noir, c’est parce que la planète se dessinait en face. Elle était tout simplement gigantesque, d’un bleu cristallin difficile à décrire, son continent bien visible en jurant dans l’immensité océanique. Puisque le Dédale était en orbite géosynchrone, rien ne bougeait. Tout semblait figé mis à part Morfalou et les deux techniciens.

La torpille sur chenilles vint dans leurs dos, télécommandé à distance.
Peter regarda sa collègue pour la première fois, respirant calmement dans sa combinaison de par son habitude, et vérifia que la texane n’était pas trop perdue. Il déclara alors de son air bourru :
//Faut sauter. Pour ton test.//
L’homme n’attendit pas de connaître la réaction de Pedge. A l’image même d’un brancardier qui emmenait le patient sur le billard, indifférent à ses suppliques d’obtenir “une seconde de plus”, Peter resserra son emprise pour accèder à l’avant bras de la texane puis désactiva lui-même ses semelles magnétiques. Elle se mit immédiatement à léviter à quelques centimètres au-dessus du blindage. Le vide et le flottement qui prenait la place de la solidité extrême du métal se faisant immédiatement sentir.
//Fait attention. Je te lance...//
La seule attache de la jeune femme, la seule chose qui la retenait du précipice éternel : c’était Peter, ses bras puissants qui l’empoignaient sur deux points précis de sa combinaison. Allen l’entendit prendre une grande inspiration puis il la poussa, la projeta en direction de la planète. Comme pour le phénomène de la piscine, sauf que cette fois, on y ajoutait la façon qu’avait le trottoir de défiler sous nos yeux lorsque l’on était en voiture. La plaque de blindage du Dédale se déroula sous ses yeux avant de disparaître pour le noir ultime. Et Pedge se retrouva alors complétement entourée par le vide, sans la moindre attache, sans le moindre support. Pas d’accroches, pas de repères, rien. Strictement rien hormi cette immense planète devant elle et la sensation soudaine d’être en train de faire un saut de parachute…mais..

...sans parachute…
...sans lumière…
...sans frottement de l’air...
...sans sol…
Et surtout...dix milles fois plus vite !
Une chute éternelle, perpétuelle. Une émotion qui ne prenait jamais fin et à laquelle il fallait apprendre à s'accoutumer. La première expérience de Pedge en sortant dans l’espace, sans aucun doute, serait un souvenir inédit comme elle n’en revivrait plus.

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Mar 24 Juil - 18:11

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// Oui j’arrive. //

Pedge comprenait assez facilement comment on disposait les objets sur la desserte mobile sans que ces derniers ne se fassent la malle quand elle serait dans l’espace. C’était ergonomique et pratique, bien pensé, et il n’y avait qu’à faire preuve d’un peu de logique, une qualité dont elle n’était pas dépourvue. Elle emboîta le pas de Peter, et c’était le cas de le dire, car il était lourd de déplacer pleinement la combinaison avec les semelles magnétiques. Elle se traîna jusqu’au sas, enviant presque la mobilité impressionnante de Morfalou qui voletait dans tous les sens comme un chien vraiment excité à l’idée d’aller se promener. La texane opina du chef dans son scaphandre pour signaler qu’elle était prête, mais l’ours ne la regardait même pas. Il enclencha les différentes manivelles et bouton pour ouvrir la carlingue du Dédale sur l’espace.

// Comme dans les films. // répondit Pedge, qui imaginait très bien ce que ça pouvait faire. L’air était aspiré par le vide dans un souffle violent, un peu comme dans un avion à très haute altitude finalement, mais la sensation n’était pas pareille. Elle avait déjà sauté en parachute, et c’était limite plus secouant que là.
La sensation était curieuse, son corps semblait être dans un autre corps. En effet, elle était indépendante dans la combinaison, mais elle était quand même suffisamment confinée pour ne pas l’être. Du coup, ses mouvements se faisaient quand même. Néanmoins, elle pouvait tourner la tête sans que ce ne soit le cas vue de l’extérieur. C’était un peu déroutant mais on s’y faisait vite. Et puis… il y avait quand même plus intéressant sur quoi se focaliser. En effet, le rideau se levait, dévoilant un spectacle saisissant de beauté. Et un peu intimidant aussi. Pas pour Morphalou qui s’éjecta dans l’espace en gueulant joyeusement. Il allait pouvoir se dégourdir les panneaux. Ce devait être marrant de jouer à la baballe à l’extérieur avec lui. De toute façon, elle verrait rapidement ce dont il était capable car elle était pratiquement certaine de perdre une fois ou deux un outil, un peu malhabile engoncée dans cette armure.

Bon, il fallait marcher maintenant. Peter lui tendit la main, une galanterie qu’elle n’imaginait pas possible venant de ce nounours un brin trop complexé par la présence d’une femme dans les parages. Mais peut-être que de voir Pedge dans une armature d’acier lui faisait oublier qu’elle avait une paire de seins. Quoique, quoique. Il n’était pas non plus franc du collier, en cherchant à la regarder ou pas. En gros, il lui tendait son bras en mode “vient la grosse” et advienne que pourra. Cela amusa un peu la texane, qui déchanta rapidement quand elle se sentit entraînée par son propre poids à son premier pas et qu’elle manqua de s’écraser sur le bonhomme. Heureusement qu’il lui tendait son bras d’ailleurs, car elle se rattrapa un peu gauchement dessus. Merde, la sensation était vraiment bizarre. C’était un peu comme si elle devait retrouver son équilibre, qu’elle avait perdu ses qualités proprioceptives et qu’elle n’avait plus conscience du poids de son corps. Bref, qu’elle devait réfléchir pour faire un mouvement que son système limbique avait depuis longtemps enregistré afin qu’elle puisse le faire sans même y penser.

// Désolée... //, marmona-t-elle en se redressant. Elle devait jouer sur tous ses muscles, et sans trop connaître la fameuse erreur du débutant, elle en vint à se dire que si elle se cassait la figure vers l’avant, elle n’arriverait pas à se retenir avant de s’étaler sur le ventre comme une merde…. Et autant dire qu’avec les semelles magnétiques qui elles, n’allaient pas bouger, elle risquait de se faire mal en se tordant les genoux. Elle préférait éviter ce genre de désagrément inutile. La main de la texane s’emboita dans celle de Peter, et ils avancèrent. Le décorum s’installait progressivement dans le champ de vision de sa verrière de scaphandre, et c’était magnifique. Figé, mais magnifique. Hormis Morphalou dans le lointain, tout semblait immobile, et étrangement calme. C’était apaisant en fait. L’homme lui montra quelques structures visibles, mais l’oeil de la jeune femme était vraiment attiré par cette énorme boule qui se détachait sur un fond obscur et qui pétillait de ses couleurs tranchantes. C’était quand même sacrément plaisant que de regarder une planète depuis son orbite. Un rêve que partageaient beaucoup de gens.

Quand Peter se tourna vraiment vers elle, la texane sentit le “hic” arriver. Une attitude soudainement aussi directe annonçait un problème. Mais lequel ?
// Quoi ? // Il voulait qu’elle saute maintenant ? Le test du Vertigo… Elle pensait qu’elle aurait eu un peu plus de temps pour se faire à l’idée d’être dans le vide, mais manifestement, elle n’eut pas le loisir de protester un peu plus qu’il venait de désactiver ses semelles. Heureusement, il la tenait encore.
// Tu sais, tu n’es pas obligée de faire ça tout de... //
Il la lança après une brève inspiration, n’en ayant rien à faire de ce qu’elle avait à dire. Et Pedge ne put s’empêcher de finir sa phrase en partant dans le tréfond :
// suiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiteeeeee // qu’elle conclua par un // putain // à bout de souffle.

Ca allait vite, très vite, trop vite.
Elle sentait ses organes remonter comme en chute libre, mais la sensation ne semblait pas s’estomper tout de suite. Pourtant, une fois qu’elle n’avait plus cet effet “trottoir” sous les yeux, et qu’elle n’avait plus que le vide et la perspective de cet énorme rond en face d’elle, la sensation de chute fut moindre. Si elle se concentrait sur la planète, elle n’avait pas l’impression de tomber, mais plutôt le sentiment de voler et de pouvoir planer indéfiniment. C’était sacrément bizarre. Elle était dans l’eau sans eau, et pourtant elle était infiniment plus légère, alors qu’elle était super lourde dans cette combinaison. Devait-elle risquer un regard en arrière pour s’apercevoir de la distance qui la séparait du Dédale ? Elle ne savait pas trop, elle craignait que cette vision d’éloignement ne la fasse paniquer, alors que là, elle était plutôt bien. Certes, elle avait l’impression que la planète était en train de l’attirer, de l’aspirer, qu’à un moment donné, elle allait la rejoindre, mais que ce moment pouvait s’étirer sur des années. Tout son champ de vision n’était composé que de Lantia, entourée de son fond sombre et infini.

Elle ne risquait rien, elle en était certaine. On ne balançait pas quelqu’un dans l’espace sans quelques précautions. Pourtant, elle se sentait vivante, en pleine conscience, focalisée sur son expérience de vie unique. Cet état n’était que le reflet de son taux d’adrénaline qui était monté en flèche dans son sang et qui excitait ses muscles, à commencer par son cerveau. Du coup, elle prenait un bon shoot qui lui fouettait les veines et vivifiait son esprit. D’ailleurs, son souffle court provoquait un peu de buée sur sa verrière mais ce n’était pas encore trop dérangeant. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle reprenne possession de son état et de ses moyens. On aurait dit une adolescente qui allait se faire dépuceler le soir de la kermess par le plus joli garçon de l’école. Elle n’en pouvait plus.

Morfalou fut bientôt en vue. Il passa à côté d’elle en beuglant quelque chose de joyeux dans sa radio, il faisait des looping. La voix de Matty l’appela alors :
// Pedge ? Alors...c’est comment ? //
Ce fut une Pedge qui semblait avoir courru un sprint qui s’exprima dans la radio :
// C’est pas mal. //
Ok, ce n’était pas vraiment l’expression de ce qu’elle ressentait, mais ça restait Pedge. Toujours aussi pudique face à ses émotions qu’elle n’hésitait pas à minimiser.
Matty éclata de rire, on pouvait entendre le reste de l’équipe faire de même dans son dos.
// Pas mal ? C’est mieux que tout, même mieux que les galipettes ! Est ce que tu te sens déprimée ou joviale ? Tu dois nous dire ce que tu ressens... //
// Ouais… Mieux que les galipettes... //, fit-elle dans un soupir, avant d’essayer de répondre quelque chose qui ne la gênait pas, surtout qu’elle avait entendu tout le monde se marrer : // Je me sens bien, peut-être un brin… contente ? //
// Une envie de courir sur tout le monde pour faire le bisous ? De sortir la chaîne stéréo pour faire la java ? De courir dans tous les sens en criant sa joie ? //
// J’ai envie de faire une statue de la liberté en scoubidou. Ca compte ? //, fit Pedge en se retenant de rire pour le coup. Elle imaginait trop la tête de Matty de l’autre côté.
// Euh...c’est à dire ? // fit sa voix soudainement plus angoissée. // Dans l’espace ? //
// Dans l’espace ? Non, sur Terre ou dans le croiseur, ou sur Atlantis. Je ne sais même pas si je pourrai tenir deux fils avec ces grosses mains là... //
Il y eut un long silence avant que la conversation ne reprenne.
// Ok, Pedge, tu veux...faire une statue de la liberté...en scoubidou...avec ton armure Athéna. C’est ça ? //
La texane marqua un temps de silence elle aussi. Elle disait de la merde ou quoi ?
// Ben… Non, justement, ce n’est pas pratique avec l’armure… C’est ce que je voulais dire. Enfin, laisse tomber, ça va. //
// Pour l’humour, ce sera à faire en-dehors du test du vertigo, Pedge. Tu m’as fait peur !!! // S’écria-t-elle. // Bon. Tu veux pleurer devant un pot de nutella, hurler de joie et rire comme jamais, ou ni l’un ni l’autre ? //
Pedge faisait rarement de l’humour, et quand elle s’y essayait, et qu’elle se prenait un bide comme ça, ça avait une nette tendance à la vexer et à la refroidir.
// Ni l’un ni l’autre. //, répondit-elle de façon morne pour le coup.
// Très bien Pedge...c’est parfait. Bon...euh...voilà. Tu vas rester ici un petit moment, il y a eu un souci avec ton fil d’ariane. Mais t’en fait pas...enfin...voilà. //
// Je pensais que l’humour, c’était en dehors du test, Matty ? //, reprit Pedge.
// Oeil pour oeil... // Lâcha-t-elle malicieusement. // Tu es apte aux travaux extravéhiculaire, félicitations. Tu veux rester un peu ou Peter te ramène ? //
// Je comprends mieux les blagues que toi. //, répondit Pedge de son air boute en train. Avant d’ajouter : // Peter peut me ramener. //
La sensation était toujours là, mais moindre, maintenant qu’elle avait fait aller son cerveau. Le cognitif avait pris le dessus, et puis.. Elle n’était pas là pour faire bronzette dans l’espace mais bien pour bosser. Au moins, elle avait le meilleur panorama depuis le début de sa carrière pour travailler.

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Mar 24 Juil - 18:12

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Equipe soir:


Pedge creusa son trou comme ça durant ses deux semaines de service.
Petit à petit, elle apprit aux cotés de chacun des membres des techniciens de l’équipe nuit, les poètes du cambouis, affectée sur divers chantier. Le chef Tyrol lui proposa de nombreuses sorties pour des travaux en espace, toujours accompagnée de quelqu’un choisit au hasard. Elle ne connut jamais les travaux à risque, la valse, qui faillit mettre fin à la vie de Kate et d’Eugène la semaine suivante. Mais à chaque fois on lui proposa de passer un peu de temps dans le vide avec le fil d’ariane pour seul appui.

Le chantier du Dédale fut vécu comme une véritable course contre la montre, un travail de titan avec des deadlines toujours plus serrées. L’équipe, pour quatorze jours, avait vécu dans l’épreuve, ce qui avait davantage renforcé les liens entre chacun. Et quand Pedge n’était plus de service, elle se retrouvait avec Sidney, animant un groupe de parole dont elle était devenu un élément moteur.

Les mauvaises réactions de Marta avaient fini par la conduire à ce même groupe, n’arrangeant en rien l’hostilité qu’elle lui vouait. Elle l’avait même attaqué dans le vestiaire des femmes, profitant qu’elle soit seule, sans n’avoir pu la toucher la moindre fois. La texane, ce soir-là, avait appris la vérité la concernant. Mac et elle s’aimaient comme un père et une fille soudé. Un sentiment d’attache familial pur et authentique, si véridique qu’ils avaient prévu des documents d’adoption, simplement pour marquer le coup, rendre l’élément officiel.
Il était mort le lendemain de la signature, lors de l’abordage des wraiths dans le croiseur.

La vie de Pedge au sein de cet équipage fut aussi appréciable que difficile. Si elle se lia d’amitié avec nombre d’entre eux, voyant bien qu’ils l’avaient intégré comme un membre à part entière de leur équipe, il y avait parfois de tels moments éreintants que les nerfs étaient mis à rude épreuve.
Les jours filaient à une vitesse toujours plus rapide. L’état de fatigue de tous les hommes empiraient. Il y avait eu parfois quelques querelles stupides, des pleurs, des crises de nerfs dissimulées. A chaque fois, le chef Tyrol se montrait dans un état plus déplorable encore, ravagé par ses migraines et ses privations de sommeil.
Mais malgré les certitudes du lieutenant, pas un seul membre ne céda au cours de ce marathon. Personne ne baissa les bras.

La veille du dernier jour, le chef organisa lui-même le repas. Un véritable gueuleton comme Pedge ne pouvait l’imaginer dans un simple croiseur de combat. Et une véritable ovation générale avait signé ce qu’il représentait : l’épreuve était terminée.
Les autres équipes procédaient aux vérifications mais le Dédale était enfin capable de repartir sur Terre par voie hyperspatiale. Ils avaient tous réussis.

Le lendemain fut un jour de fête et de repos. Le premier véritable “quartier libre” depuis que Pedge s’était présenté dans les bureaux de Caldwell. L’humour allait bon train, tout le monde s’occupait joyeusement tout en étant fier d’avoir atteint l’objectif. Malgré tout, par moment, on découvrait les petites angoisses et des expressions tristes fugitives quand au fait qu’Allen les quitterait. Elle avait refait son barda et avait rendez-vous dans le bureau de Caldwell tard, à la fin de sa journée.

Le dernier repas se devait être mémorable. Et malgré le fait que la texane n’aimait pas voir les projecteurs braqués sur elle, c’était bel et bien le cas. Le dernier repas auprès des poètes du cambouis était pour elle : un grand merci qui lui était adressé. Pour sa patience, sa participation, son implication.

Il y avait des habitudes que chacun prenait pour manger, discuter avec elle. Même Morfalou, le drone volant qui ne l’avait plus quitté depuis sa première sortie spatiale, se baladait dans le dortoir en piquant par moment les fourchettes et les cuillères des imprudents. Il faisait le tour de la table comme un chien qui chassait les morceaux de pain et la générosité des fêtards. Ils avaient d’ailleurs, pour l’occasion, placé les vieilles pièces de métal sur une coupelle pour en distribuer.
Le chef Tyrol sorti une bouteille de champagne d’on ne sait où. Franck fit le service dans de vraies coupe en cristal puis, au moment fatidique du discours, le chef se leva avec sa coupe pour déclarer :

« Pedge, tu as été un excellent élément et d’une très bonne compagnie auprès de nous. »

L’équipe se mit à siffler et à la charrier. Gallen rigola et fit signe à ses gars de se calmer.

« Tu fais partie des nôtres et nous allons regretter ton départ. N’oublie jamais que les poètes du cambouis t’ouvriront toujours les bras. Tu seras toujours chez toi ici. »

Une nouvelle volée de boutade entoura l’assemblée bien enjouée. Même Marta, qui avait fini par s’habituer à Pedge et accepter une paix relative qu’elle peinait à reconnaître, s’était mise à rigoler.

« Et donc. Pour conclure cette belle soirée en beauté, l’équipe entière a quelque chose pour toi Pedge. Un cadeau, si on peut dire, veux-tu bien te lever et te placer au centre de la salle ? »

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Mar 24 Juil - 18:13

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La texane n’était pas très à l’aise dans le rôle de première Dame mais elle comprenait que les copains voulaient fêter dignement son départ. Elle y mettait du sien, et puis, il fallait reconnaître que la promiscuité des jours passés avait quand même contribuée à la rendre moins froide vis-à-vis de tout le monde et qu’elle s’était faite sa petite place. On respectait son naturel, comme on respectait celui de Peter au final, et c’était une force qu’avait ce groupe là que d’intégrer des gens au spectre comportemental différent. Une vraie unité militaire dans toute sa splendeur, source de mixité sociale et de diversité. C’était là la réussite de l’armée que de réunir des hommes et des femmes qui, dans le civil, ne se seraient sans doute jamais adressés la parole.
Sous les sifflets des membres des poètes, la militaire qui allait bientôt retrouver son grade, s’était contentée de lever un peu son verre de champagne pour saluer tout le monde. A la deuxième déclaration du chef, elle inclina un peu la tête de façon positive. Elle se sentait bien ici, et elle ne perdrait pas une occasion de reprendre des nouvelles une fois qu’elle serait de retour sur Atlantis… Oui, toute envie de s’immoler par le feu de la démission s’était envolée au fil des deux semaines, un coup de poker du vieux roublard de Caldwell qui avait merveilleusement bien fonctionné.

Bon le coup du cadeau, elle ne s’y attendait pas. Elle n’était pas fan de se retrouver devant une ribambelle de regard, encore qu’elle y était habituée, étant quand même formatrice de profession secondaire. Mais là, ce n’était pas un environnement professionnel. Néanmoins, et parce qu’elle avait suffisamment confiance en elle pour encaisser sans broncher toute forme d’émotion trop positive (ou trop négative), elle se leva et alla se placer à l’endroit que Tyrol lui indiquait, en l'occurrence le centre de la salle.
« C’est le moment où Peter me montre que c’est un excellent danseur, c’est ça ? », fit-elle pour essayer de se détendre, tout en y allant de sa petite blague. Celui-ci regarda ailleurs en grognant, mordillant son cigare, les joues rouges.
« Ou la déclaration d’amour d’Harry !!! » fit Lipton avant une nouvelle volée de brimades bon enfant.
« Ah il est amoureux ? », déclara-t-elle avec tout son aplomb habituel.

L’homme bafouilla une série de phrases incompréhensibles avant de baisser la tête, les mains dans les poches. Les gars lui firent des tapes sur le dos pour essayer de lui faire oublier sa gêne.
Elle aimait bien l’homme ours. Quelque part, il avait un comportement qui plaisait à Pedge, dans le sens où il était vrai dans sa timidité toute maladive. Il faisait des efforts pour la surmonter de temps à autres, et c’était appréciable, et puis, quand on voulait être tranquille, on pouvait compter sur lui pour ne pas venir emmerder le monde. Qui plus est, il allait toujours à l’essentiel sans se montrer envahissant, bien au contraire, et, un peu comme ces chats qui vont toujours vers la seule personne qui ne les aime pas dans la salle, la texane avait quelques affinités avec le bonhomme, sur un plan purement amical bien entendu.

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Mar 24 Juil - 18:14

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Equipe soir:


« Bien...Matty, Kate ? C’est à vous. »

Les deux jeunes femmes se levèrent avec un sourire étrange. Elles s’approchèrent de la texane et déboutonnèrent ses épaulettes. Dans les mains de Kate se trouvait une boite de galons, la même couleur que celle dans laquelle elle avait déposé les siens deux semaines plus tôt dans le bureau de Caldwell.
Dans un silence révérencieux suivi de tous les autres membres de l’équipe, Kate et Matty replacèrent les galons de sous-lieutenant sur les épaules de Pedge.

L’équipe technique avait récupéré les insignes de la texane et lui rendait son grade d’eux-même. Dans une symbolique très forte et très émouvante, les deux amies étaient en train de lui rendre son existence passée, sa fonction. Dans ce plus grand silence, elle dessinait l’aboutissement de toute une épreuve que Pedge avait traversé.

Une symbolique clair. Ce n’était pas Caldwell qui rendrait les galons à la jeune femme, ni elle qui viendrait les réclamer. Les techniciens lui remettaient sur ses épaules ce qui lui appartenait de droit.

Les deux jeunes femmes se reculèrent, Matty ayant une larme discrète qui roula sur le côté du fait de son émotion. Le chef Tyrol posa sa coupe pour la rejoindre. Il lui fit un sourire compatissant, posant une main sur son épaule tandis que Kate venait la soutenir. Le chef Tyrol déclara ensuite de sa voix de patron :

« Officier sur le pont. Section, garde à vous ! »

Tout le monde s’était redressé, au garde à vous, sourire sur les lèvres.
Le sergent-chef sortit de sa poche une boîte plus petite qui contenait une médaille. Et non, ce n’était pas fini. Il récupéra la décoration, fourra la boite dans la poche de la veste de Pedge puis entreprit de lui accrocher avec gravité.

« Nous nous sommes dit que cette étape aurait plus de valeur pour toi si elle venait de nous. »

Cela expliquait surement le paradoxe. C’était les supérieurs qui discernaient les distinctions à leurs subordonnés et non l’inverse. Caldwell avait fait le nécessaire sur le papier et laissé les techniciens se charger du reste dans l’ombre. C’était une reconnaissance de la part de toute l’unité, ils s’étaient tous concertés, dans le dos de la texane. Le chef termina d’accrocher la médaille et ajouta d’un ton moins officieux, chargé de sincérité :

« Tu n’as pas été et ne seras jamais coupable à nos yeux. Grâce à ton aide, deux cents gars vont pouvoir rentrer chez eux en sécurité, embrasser leurs enfants et leurs familles. Merci Allen... »

L’homme se recula pour la saluer au garde à vous.

« Lieutenant, au nom de mes hommes et de moi-même : la médaille du service technique en milieu extravéhiculaire. Félicitations. »

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Mar 24 Juil - 18:14

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Pedge se laissait faire. Elle était raide comme un piquet, et elle n’aimait pas tellement le côté officiel que prenait les évènements. Néanmoins, en bon soldat, déjà décoré, elle prenait fièrement la pose, le dos droit, et le menton projeté en avant. Son coeur battait la chamade, même si elle restait de marbre. Les deux filles l’encadrèrent et elles défirent ses épaulettes pour les remplacer par celles d’officiers qu’elle avait perdu en allant dans le bureau de Caldwell.
Bon en fait, elle aimait bien ça. C’était toujours un plaisir que de recevoir une décoration, d’être fière, d’avoir le sentiment du travail bien fait, d’être méritante. La symbolique était émouvante. Son équipe était en train de lui dire au-revoir à leur façon, en effaçant de son uniforme son appartenance aux techniciens, pour lui rendre ses galons d’officiers de la cité Lantienne. Elle allait quitter le service du bord pour retrouver le sien.
La texane était nettement mieux dans ses baskets, elle se sentait vivante, rassérénée, et elle n’avait plus d’idées noires ou d’envie d’auto destruction. Le mal que Méda-Iyda lui avait fait subir était ancré dans sa chair, et gravé au fer rouge dans son âme, mais elle en tirait une forme de force, et plus une faiblesse. Elle ne voulait plus s’en aller, elle ne se considérait plus comme responsable, et ces deux semaines passées ici lui avait redonné foi en elle-même, et son humanité était restaurée désormais.
La larme discrète de Matty n’échappa pas à Pedge, qui lui fit un petit signe de tête grave et entendu. Elle comprenait l’émotion de la jeune femme. Elle-même était assez émue même si elle ne le montrait pas, et une forme de soulagement et de gratitude l’envahissait maintenant qu’elle redevenait un officier plein et entier.

Tyrol vint en soutien de sa subordonnée et amie, et il ordonna à la section de se placer au garde à vous comme il était de rigueur en présence d’un officier. Pedge, si cela était encore possible, se raidit d’autant plus pour afficher une mine droite et posée, détaillant tour à tour les visages souriants de ses camarades.
Le chef approcha avec une médaille, et même si le protocole était piétiné par ces libertés, la symbolique était là.

« C’est le cas... », murmura Pedge en dévisageant Tyrol. Ce mec allait monter en grade s’il le voulait. On ne pouvait pas être dévoué autant à ses hommes et être aussi charismatique et stagner. En tout cas oui, cela avait énormément de valeur pour Pedge. Cette dernière avait toujours mis un point d’honneur à bien s’intégrer dans une unité et ce fonctionnement lui avait manqué. Sur Atlantis, ce n’était pas pareil ; ce n’était pas vraiment une vie de militaire en communauté. Ok, la cité était en vase clos, mais la cité portait bien son nom : c’était une cité. Ca n’avait rien d’un casernement, d’une base militaire, ou d’un dortoir comme ici. Et ça, ça lui manquait, car c’était là l’essence même d’une armée. Du coup, on assistait à des affirmations individuelles qui n’étaient pas pour plaire à la jeune femme, qui ne sentait plus planer un esprit militaire pur et dur. Ça manquait de fermeté. Bref.

En tout cas, les paroles du chef furent touchantes pour elle. Elle n’était pas coupable. Elle ne se sentait d’ailleurs plus coupable du tout. Elle ne pouvait pas l’être… Elle avait tenu bon, elle avait essayé de résister, mais comment faire quand la mort était si douloureuse ? Et si récurrente qu’elle n’était pas unique ? La jeune femme opina du chef, touchée par les propos du sergent-chef. Il se recula après avoir attaché la médaille, une petite fierté supplémentaire dans sa carrière.

Pedge salua elle aussi le sous officier, puis la section et d’une voix qui n’était plus morne mais affirmée :

« Section, repos. »

Elle s’avança d’un pas, puis elle estima qu’elle devait dire quelques mots elle aussi, histoire de rendre le moment vraiment solennel.

« J’ai passé deux semaines difficiles je ne vous le cache pas, mais elles auront été bénéfiques pour moi. J’ai trouvé une autre famille en venant servir ici, et même si nos débuts ont été un peu… chaotiques, la suite valait largement la peine. Vous valez largement la peine d’être connu les gars. », ajouta-t-elle en s’avançant vers eux pour aller leur serrer la main. Mais finalement, cela fut moins protocolaire que prévue, et elle s’autorisa même à prendre ceux qui le souhaitaient dans ses bras.

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Mar 24 Juil - 18:15

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Equipe soir:


L’au revoir n’était pas définitif mais il fut douloureux.
Chacun y était allé de sa remarque bienveillante. Entre des “prends soin de toi”, “reviens-nous vite”, “Bonne continuation”, “On veut te revoir”. Toute l’équipe avait fait des adieux émouvants. Matty avait finalement cédé durant l’accolade, étant la plus sensible à ce genre de moment, soutenue par Kate qui avait également les yeux qui piquaient. Franck, Eugène, Harry, Donald, Carwood, lui avaient tous serré la main avec gravité et compassion, ajoutant aux formules de politesse une profonde sincérité. Les poètes du cambouis n’était pas en morceaux mais le départ de Pedge était tout aussi félicité, pour son accomplissement, que source de regrets.

Même Peter, qui s’était d’abords refermé comme une huître en trouvant de l’intérêt à faire la vaisselle à ce moment précis pour l’ignorer, avait soudainement rattrapé la texane dans la coursive. Il avait attiré son attention en tapotant son épaule d’un doigt puis, en rencontrant son regard, il s’était réfugié en fixant le mur d’à côté. D’abord très gêné, il lui avait tendu la main pour la lui serrer. Il vérifia alors que la coursive soit vide et l’entoura soudainement de ses bras. Contre toute attente, Peter lui fit une accolade d’ourson, la soulevant littéralement du sol, lui faisant pendre les pieds dans le vide. Le contact physique, venant de lui, tenait quasiment d’un sacrifice. Quand il la relâcha, il était devenu rouge tomate et lui tournait le dos de trois quart.

« Humffffff...au revoir. » grogna-t-il, très géné.

Il machouilla son cigare en regardant le vide à l’opposé de la coursive, hochant la tête comme s’il s’était dit que le message était bien passé, qu’il ne serait pas mal pris, puis il s’en alla tout simplement de sa démarche bourrue. Le sas se referma dans son dos sur l’éternel chant du jukebox recouvrant des éclats de voix qui le félicitaient de son effort. La vie continuait sur le pont technique, avec un nuage noir de tristesse, mais la fête se poursuivait néanmoins. Les techniciens pourraient enfin retrouver des cycles horaires plus clément, cesser de prendre des risques sur “la valse”.

Du côté de Pedge, il lui restait une affaire à régler. Elle avait toujours rendez-vous chez Caldwell dans les dix minutes qui suivaient. Bardas sur le dos, elle le trouva comme il l’était convenu à son bureau. L’officier était en train de remplir un formulaire, les lunettes sur le nez, lorsqu’il vit le lieutenant Allen se présenter au rapport. Il laissa temporairement son travail de côté pour la détailler de bas en haut.
On devinait malgré le masque un air satisfait. Notamment en s’attardant sur les galons et la médaille épinglé sur son uniforme.

« Repos, lieutenant. Installez-vous. »

L’officier lui montra le même siège sur lequel elle s’était trouvée deux semaines plus tôt. Caldwell ouvrit son tiroir pour sortir l’enveloppe qui contenait son avis de démission. Il en sortit la feuille de papier qu’il déplia lentement pour la parcourir rapidement des yeux et il la déposa ensuite sur son bureau, pile entre eux deux.

« Nous y voilà, les deux semaines sont écoulées. »

Il posa sa main sur le courrier déplié qu’il fit glisser dans sa direction.

« Comme nous l’avions convenu, lieutenant. J’ai obtenu l’aval du colonel Sheppard pour accorder votre démission si tel est toujours votre cas. Je vous souhaite d’avoir mûri votre choix. »

Caldwell avait déclaré ces derniers mots en déposant un stylo à côté de l’avis de démission. C’était le grand jour...

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Mar 24 Juil - 18:19

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Non, ce n’était pas un au revoir définitif. Pedge ne le vivait pas mal, bien au contraire. Elle avait passé un excellent moment en leur compagnie, suant eau et sang pour parvenir à réparer ce foutu rafiot, et elle n’était pas mécontente d’elle. L’intégration n’avait pas été simple, mais maintenant, tout allait pour le mieux ou presque. Néanmoins, elle était contente de retrouver son train train quotidien sur Atlantis et de reprendre sa vie. Elle avait une blonde à séduire définitivement, et son entraînement à reprendre. Niveau forme physique, ça allait pas trop mal : les conditions de travail avaient de quoi entretenir un homme, même si elle avait quelques courbatures sur des muscles qu’elle n’avait pas l’habitude de solliciter. Tout de même, elle avait beaucoup de respect pour ces techniciens, gens de l’ombre qu’on ne voit que rarement mais qui sont indispensables à la bonne marche du croiseur. Sans eux, pas de combat dans l’espace, pas de voyage, pas d’Atlantis tout simplement. Personne ne s’en souciait réellement, surtout les passagers, mais ils venaient déjà de gagner une femme à leur cause, qui n’oublierait jamais.

L’adieu le plus surprenant vint de Peter. C’était surprenant, sans vraiment l’être. Elle s’attendait à ce que le nounours tente quelque chose, à sa manière, pour lui dire au revoir : une claque amicale et bien bourrue sur l’épaule ; un petit grognement ; un regard plus appuyé, moins fuyant ; mais un câlin de la sorte, non !
Cela toucha Pedge. L’air de rien, elle avait passé du temps avec ce grincheux de timide, et c’était lui quelque part, qui l’avait dépucelée pour sa première dans l’espace. Il avait été le coup de rein qui l’avait envoyé valser dans le vide intersidéral, pour lui faire expérimenter une myriade de sensations fortes. Peu d’hommes pouvaient se gargariser d’avoir fait crier la texane de la sorte.

Comme c’était prévu, elle se rendit chez le Colonel du bord pour mettre fin à son affectation, et régler un dernier problème en attente. Sa démission. Au garde à vous, elle attendit qu’il lui permette de s’asseoir, ce qu’elle fit, toujours aussi droitement. Aussitôt, n’y allant pas par quatre chemins, le vieux briscard tira de son bureau la lettre qu’elle lui avait remis deux semaines auparavant, jour pour jour.

« J’ai mûri mon choix mon Colonel. », répondit Pedge d’une voix neutre. Son regard blasé aux paupières tombantes fit un aller retour entre le papier et la trogne du gradé. « Je ne souhaite plus quitter le service, et je tenais à m’excuser pour ce caprice d’adolescente. Cela ne se reproduira plus. »

« Si cela avait été un caprice d’adolescente, vous seriez descendue de mon croiseur plus vite que vous n’y étiez montée. » fit tranquillement le colonel. « Vos excuses ne sont pas nécessaires. »

L’homme récupéra le papier et déchira le tout sous les yeux de la texane.

« Vous êtes un bon élément, sous-lieutenant Allen. Votre petit passage à vide a attiré l’attention de vos supérieurs hiérarchique, militaire comme civil, sans compter les multiples visites du chef ingénieur qui voulait vous voir rester à bord. Vous ne devez tout cela qu’à vous. »

Il acquiesça.

« Vous avez de l’avenir au Programme. La prochaine fois, rappelez-vous de ces deux semaines avant de rédiger un avis de démission. Et n’hésitez pas à revenir au besoin. »

Pedge opina du chef humblement. Elle était plutôt contente d’entendre ce genre de propos dans la bouche d’un si haut gradé, surtout venant de quelqu’un comme Caldwell qui n’était pas connu pour être le plus aimable de tous.
« Il y a de forte chance que je me souvienne de ces deux semaines mon Colonel. Je n’hésiterai pas. », fit-elle pour conclure. Elle préférait ne pas rebondir sur ce qu’il venait de dire, prenant les compliments pour elle et préférant ne pas les commenter.

Le colonel Caldwell se leva de son siège. Un opérateur venait de faire une entrée discrète dans son bureau et il essayait de se tenir à l’écart, tout en se dandinant d’un pied sur l’autre. L’officier lui fit un signe de tête puis déclara ensuite :

« Bien. Dans ce cas rompez, bonne continuation. »

C’était fini.
Pedge connaissait suffisamment le vaisseau pour savoir comment procéder. Le Pôle-Com avalisa sa requête et elle fut téléportée sur la cité, bardas sur le dos, apparaissant au beau milieu de la salle d’embarquement. Il faisait tard et la cité était soit en train de manger, soit en train de dormir.
Pour la première fois depuis deux semaines, la texane reposait les pieds sur Atlantis. Dans un milieu bien moins confiné en laissant sa “section” a des dizaines de kilomètres au-dessus de sa tête.

Welcome Home.

RP END 24.07.2018

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