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La Morsure du Deuil ☨ Solo

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Lun 26 Juil - 22:01

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La Morsure du Deuil

Ft. Solo




Il y a près d'un an, quelque part dans la galaxie de Pégase.


Des chants d'oiseaux. C'était sans doute la chose la plus commune aux galaxies qui ne divergeaient pas tant de ce que l'on voudrait leur prêter. Tel un virus qui se répand dès qu'il en a l'occasion, la vie semblait avoir envahi l'univers plus que l'imaginaire terrien n'avait pu le concevoir, et si une similitude en particulier devait émerger des réflexions infinies découlant de cet implacable constat, c'était celle-ci : la majeur partie des forêts du plus grand nombre de mondes abritant la vie étaient ponctuées par des chants d'oiseaux terriblement communs alors que leurs espèces étaient aussi variées que les constellations d'étoiles.

Une branche jusque là paisible plia soudainement et son extrémité se brisa avec violence au passage brutal de la silhouette imposante du satédien. Il était lancé dans une course endiablée que les quelques écorchures administrées par la dense forêt n'avait su ralentir, le cœur battant à tout rompre et le souffle emporté, aussi rude et sec qu'un buffle. Cela faisait plusieurs dizaines de minutes qu'il s'éprouvait au-delà du supportable pour franchir au plus vite la distance qui le séparait de Saneïda, la ville érigée par les derniers représentants de son peuple. Ronon avait soutenu le gouverneur élu de ce lieu, Charíif, quand il avait exprimé envisager de déplacer ce qui au départ n'était qu'un modeste camp, au bord de l'océan, à plus de trente kilomètres de la porte des ancêtres. Aujourd'hui que son torse pulsait de ses respirations féroces et que ses tripes se nouaient d'une crainte âprement fondée, il se maudissait d'avoir avalisé ce projet.

Les dreadlocks figées malgré l'élan dangereux dans cette forêt où l'on ne voyait rien à vingt mètres tant les arbres étaient presque accolés, entremêlant sensuellement leurs branches généreusement plantureuses, c'était sa longue veste de cuir sombre et l'écharpe à son cou qui épargnaient au satédien davantage d'écorchures ailleurs que son visage, à force de percuter le tout venant de front. Mais porté par une inquiétude amplement torturante, rien n'aurait pu raisonner sa course en ce jour tragique. Une fois de plus, son monde avait basculé et son esprit ne pouvait que céder au pessimisme et à la noirceur, car les restes de ses frères de garde près de la porte des étoiles, exposés avec la plus grande ignominie - démembrés et empalés sur des sculptures de bois et d'os - en un spectacle sinistre n'avaient laissé aucune place au doute. Ils avaient fait cela pour lui, pour le punir, l'ex-Coureur de Sateda, l'allié d'Atlantis, le tueur de Wraiths.

Ca n'avait pu être autre chose qu'un message : quoi qu'il fasse, où qu'il aille, quelque soit le nombre des siens qu'il pouvait retrouver pour espérer de nouveau en un grotesque avenir bienheureux, il lui était interdit d'échapper à ses démons prédateurs et à la souffrance qu'ils avaient décidé de lui imposer envers et contre toutes les surprises du destin, fussent-elles salutaires un temps. Tous les traits de son visage étaient tirés, durcis par un regard tordu de rage et de peine d'avance à savoir ce que l'on avait pu infliger aux siens. Comment pouvait-il savoir ? Il n'y était pas, pas encore. Pourtant tout était limpide et la fresque des ruines de la cité, des rues fantomatiques et des formes squelettiques délaissées ci et là dans les bâtisses, à l'instar de vulgaires déchets que l'on abandonne à même le lieu de son repas ; tout cela, il en avait déjà connaissance, car il l'avait déjà vécu.

C'est pourquoi, quand il en arriva aux derniers mètres de la couverture forestière presque obscure par sa densité devenue étouffante, secouant furieusement la tête une énième fois et frappant de gestes balayés et chaotiques les branchages pour défaire les accroches naturelles de la sournoise verte qui cherchait à capturer les cheveux et la barbe du satédien, il découvrit d'emblée la plage de sable noir dont la frontière d'avec l'environnement sylvestre s'avérait être parfaitement nette. Devant lui, pas de ville, mais l'immense océan aux vagues salées légèrement agitées qui venaient s'étaler sur ce sable pas seulement sombre d'apparence, mais également de sensation et de la chaleur qui en émanait inexplicablement : des cendres. Il s'agissait de cendres.

Les iris bruns du guerrier s'inclinèrent sur cette perspective surréaliste ; il s'était arrêté. Son torse gonflait hâtivement sous l'effet encore marqué de son souffle rugueux et une lueur d'incompréhension se fraya un chemin au travers de son expression colérique et douloureuse. Il n'eut pas le temps de se questionner qu'un cri retenti à une trentaine de pas face au satédien, déformant brusquement ses traits qui tombèrent à l'inverse de son menton se redressant. Il avait d'ores et déjà reconnu la voix en détresse avant que ses yeux ne se posent dessus et quand il vit la jeune femme aux cheveux d'or être tirée violemment dans l'eau par un Wraith à moitié immergé, c'est sa propre intonation grave et rocailleuse qui brisa le souffle mélodieux des vagues.

« Daelana ! »

Le coeur de Ronon se compressa avec virulence et tous ses muscles se contractèrent, frappés de tétanie un instant avant de se mettre à lui brûler les os comme s'il s'agissait de tisonniers. La terreur s'empara de lui et il se projeta comme un diable vers l'avant, cavalant aussi vite que ses jambes et le vent ne pouvaient le porter, néanmoins impuissant à regarder la créature à crinière immaculée et dépourvue de visage, ce dernier remplacé par un masque de matière organique durcie, brutaliser l'adolescente absolument vulnérable sous la poigne de son bourreau qui paraissait si imposant en comparaison. Ronon lui en opposition pouvait s'imposer davantage, malgré tout, sa course semblait truquée puisqu'en dépit de son élan furieux et le claquement déjà percutant de ses bottes sur l'eau cendrée, les deux silhouettes firent moins que se rapprocher, s'éloigner ostensiblement.

« Daelana !! » Criait-il de nouveau, son coffre puissant broyé par un éraillement de désespoir tandis qu'il voyait se lever la dextre dévoreuse de la créature, sa consœur enserrant la gorge frêle de la pauvre fille qui ne pouvait plus appeler son protecteur à l'aide.

Ronon tira de son étui son magnum à particules et le brandit vers le monstre en pressant la détente sans avoir interrompu sa course qui peinait de plus en plus à progresser, ses jambes disparaissant sous l'eau alors que sa veste longue faisait éventail dans son dos, à la surface. Il avait beau être possédé dans ses efforts, l'index comprimant la détente à répétition bien que rien ne surgisse du canon, ses jambes refusant de céder face à la force marine et ses yeux plissés par les éclaboussures exagérées à son passage qui ne quittaient pas l'effroyable vision, il fut incapable d'empêcher l'abomination de percuter sèchement de sa main la poitrine de la jeune femme afin de lui en extirper la vie.

« Daelanaaaa !!! » Rugit-il à s'en déchirer les cordes vocales. Sa mâchoire s'étirait de souffrance et il jetait à l'eau l'arme qui l'avait accompagné toutes ces années, fidèle amie, cherchant à repousser de sa senestre la masse liquide et mousseuse qui le retenait devant lui tout en saisissant de la seconde le pommeau de son épée dans son dos qu'il arrachait aussitôt de son fourreau. La suite s'était passée si prestement et avec une telle obscénité : lui si proche à présent de ce qui n'était plus qu'un cadavre fripé aux cheveux pailleux, hurlant d'une haine indescriptible en abattant sa lame sur le masque de la créature sans regard qui se tournait vers lui ; ensuite, un sursaut.

Ce fut autant la morsure du froid que le paroxysme d'intensité atteint par son cauchemar qui provoquèrent son réveil. Un sursaut qui avait fait tressaillir tous les épais muscles de son corps lourd, allongé sur le flanc, à moitié contre une paroi blanche quelque peu courbée par sa silhouette écrasante. Ses yeux s'étaient ouverts en réponse à son tressaillement avec presque autant de vivacité, bien que ses paupières n'avaient pas dévoilés davantage que la moitié de sa rétine. Il était partiellement prostré contre lui-même, couvert de ses vêtements de cuir habituels, du pantalon au manteau long, une tunique de protection bouillie dessous et une écharpe entourant son cou, avec en supplément essentiel une épaisse peau animale encerclant son buste et faisant poids sur ses épaules, le poil dru et brun semblable à celui d'un ours.

Il n'avait hors de son point de chaleur que son bras droit dont une moitié était enfoncée dans une seconde paroi neigeuse, l'origine de cette morsure froide car sa main était nue dans la matière gelée. Il eut besoin de quelques instants pour comprendre que, animé par ce terrible jeu d'imagination durant son sommeil, il avait inconsciemment lancé son bras en imitation à lui-même qui avait abattu son épée. En réalité, la seule chose qu'il avait coupé, c'était le baume de chaleur qu'il était difficilement parvenu à instaurer. Sa vue demeura floue durant un court moment et sa longue chevelure brune, qui n'avait plus rien des disproportionnées et épaisses mèches sèches, éclaircies par l'absence d'entretien et emmêlées, mais d'une finesse plus commune au volume tout relatif acquis par la quantité, libres d'encercler sa tête et venir couvrir son visage.

D'un geste lourd et rustre qui arracha un léger grognement particulièrement grave sous ses lèvres closes, le satédien retira son bras de la paroi, y laissant un départ de tunnel bon à exploiter pour une créature de la taille d'un rongeur ou d'une araignée imposante. Combien d'heures avait-il passé dans les bras de Morphée ? Il n'en avait pas la moindre idée, abandonné à un épuisement dangereux après trois jours de marche pratiquement sans repos ni repas, il avait usé de ses dernières forces pour creuser un abri de fortune dans la neige ; à peine capable de contenir sa silhouette, suffisamment pour le protéger de la tempête à deux mètres au-dessus de sa tête. Qu'importe, ça lui avait permis de soulager ses os sans périr du froid éternel qui était maître de ce monde isolé où nul n'allait ni ne voudrait être, pas même les Wraiths, car même leur résistance difficilement égalée dans la galaxie et supérieure au satédien - il fallait bien le reconnaître, ne pourrait garantir leur survie à long terme dans un environnement aussi hostile et austère.

Ronon était venu dans cet endroit pour une raison qui le motivait plus que n'importe quoi d'autre dans cette vie à risquer celle-ci, puisqu'il avait fait une promesse qu'il était impensable de ne pas respecter. Ce qui le sauvait d'une mort atroce, outre son accoutrement, c'était sa solidité hors du commun, sa propension naturelle à dégager de la chaleur facilement et pour son visage, l'épaisse pilosité qui la couvrait. Il était loin, ce bouc caractéristique avec une bonne mais raisonnable longueur de barbe. Une belle épaisseur traçait à présent sa mâchoire d'une patte à l'autre, frôlant ses lobes, faisant disparaître toute trace de son menton, pendant que sa moustache digne d'un hussard imposait une doublure en éventail aux creux de ses lèvres qui cachait aisément celle supérieure.

Dans une inspiration un brin sifflante à cause des gelures, les contours de ses narines quelque peu brillants en conséquence, le guerrier au repos ramenait son bras aventurier sous la peau animale protectrice dont la fourrure faisait jonction avec sa barbe, serrant le poing en refermant lentement les yeux, la respiration retrouvant un certain calme et une régularité plus convenable. Il se laissait bercer par le souffle strident du vent enragé par la tempête dont les milliards et infiniment plus de flocons déversés au-dehors venaient reboucher heure après heure l'entrée de son abri, tant et si bien que l'extérieur n'était presque plus visible maintenant. Cela n'avait pas d'importance pour Ronon qui se rendormait, en dépit des maux infligés par son propre esprit morcelé et frôlant la névrose, la fatigue l'emportait et une longue marche l'attendait encore dans les heures à venir.
@DamianVK

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