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La Troïka : La rond de cuir, le soudard et la traîtresse

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Mer 24 Fév - 19:10

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La troika : la rond-de-cuir, le soudard et la traitresseCaldweel, Steele & Lunienko

Du côté du Dédale…


Erin était aux premières loges. Anxieuse, elle écoutait les conversations en compagnie du colonel et des techniciens. Tendue comme une arbalète, elle ne voyait pas le temps passer, et elle le voyait en même temps. C’était interminable. Tantôt debout, à faire les cents pas, tantôt assise, à attendre en pianotant sur la table. Elle résistait bien au stress habituellement, mais elle était inquiète pour la jeune femme qu’elle envoyait au devant du danger. Et pourtant, c’était la bonne méthode pour qu’elle puisse continuer d’opérer dans l’expédition, mais surtout… pour qu’elle puisse se réapproprier sa vie. La confrontation était inéluctable. Elle était également tendue de savoir si Esfir allait jouer dans leur camp ou non. Le suspens tiendrait jusqu’au bout, et quand cette dernière se décida à essayer de percer le bureau puis le coffre, l’administratrice savait qu’ils avaient réussi à la convaincre de la véracité des propos et des dossiers.
Maintenant, trouverait-elle quelque chose ? Erin n’en savait fichtrement rien.
Et puis, tout s’emballa très vite. Esfir trouva effectivement des dossiers compromettant, mais elle fut surprise par le Général en personne. La confrontation avait enfin lieu et cet enfoiré essayait de sauver les meubles, et de foutre tout sur le dos des autres pays, comme si seule la Russie comptait. Pourtant, l’expédition civile Atlantis était un regroupement de pays, une collaboration internationale, et Erin avait le sentiment qu’elle fonctionnait plutôt bien. Pourquoi diable fallait-il que des gens essaient de saboter ce genre de projet qui dépassait les frontières et les pays, les drapeaux et les nations ? Pourquoi est-ce que tout ne pouvait pas être rose pour une fois ! Entre cet épisode désastreux avec le Commandant, et maintenant ces propos… elle en était à deux doigts de laisser tomber.

Et puis, après l’emballement, ça vrilla. Ils avaient le son, mais aussi l’image, autrement qu’avec des lunettes. Erin s’immobilisa et elle prit à parti Caldwell :
« Il faut la ramener, Colonel, donnez l’ordre !! Il faut la ramener ! Elle va se faire descendre !! »

Steven avait pris du recul depuis le début de l’opération.
Le terrain appartenait à la directrice, les techniciens, la CIS dans son ensemble. Lui revenait seulement la tâche de l'extraction par téléportation, une mission qu’il aurait délégué en temps normal.

Mais ayant été actif dans la proposition de rachat de la jeune Russe, il ne pouvait décemment pas laisser la directrice Steele avec la patate chaude. L’officier prenait donc sa responsabilité personnellement, en contact direct avec le Capitaine LaTour, du centre de com. Le même système qui gérait la téléportation. Pour l’occasion, l’officier en charge s’occupait lui aussi personnellement de la procédure.

Il serait malvenu de rapatrier le cadavre d’Esfir sur le croiseur à cause d’une quelconque négligence. D’une certaine manière, c’était l’image de la CIS qui était engagée, en plus de celle de son commandement. Pas le droit à l’erreur.

Il surveillait donc passivement l’écran. Écoutant et visionnant, avec son air impassible. Le colonel n’eût pas plus de réaction quand il vit s’écarter Lunienko du chemin que lui avait tracé la CIS. Menée par ses émotions, elle profitait de la levée de sa bride pour faire bande à part. Grossière erreur que de vouloir éclaircir le mystère toute seule, en quête d’informations qu’elle avait tenu dans ses mains durant tout le temps de son incarcération. Grâce à cette petite caméra embarquée, il l’observait en train de fouiller ce bureau pour son propre compte. C’était légitime. Mais intérieurement, Caldwell soupira. Cette jeune femme n’écoutait vraiment rien et elle paniquait. C’était trop tard pour faire marche arrière de toute façon.

Inflexible, le colonel observa l’arrivée du général et parrain. L’opération prit progressivement une tournure catastrophique. Ce dernier n’était pas bête, il jouait la carte du parent incompris jusqu’à ce que Lunienko le pousse dans ses retranchements. Mais même s’il reconnaissait certains faits à demi-mots, il n’aurait aucun mal à s’en sortir. La CIS n’avait rien filmé d’intéressant dans le fond, il n’y avait pas d’aveux. Seulement l'hystérie d’Esfir Lunienko qui conforterait parfaitement la défense.

Sans surprise, la sécurité débarqua et la menaça. Lunienko perdit son arme dans la foulée et se retrouva dans une position délicate. Le colonel continua d’observer silencieusement la scène, se demandant si elle allait jouer le jeu. Une nouvelle discussion dans une salle d’interrogatoire avec le général Chekov pourrait aboutir à des informations plus utiles. Mais la directrice le surprit par sa réaction.
« Il faut la ramener, Colonel, donnez l’ordre !! Il faut la ramener ! Elle va se faire descendre !! » lui avait-elle ordonné.
Sur le moment, Caldwell n’en fit rien.
« Contenez-vous, mademoiselle Steele. Ils ne la tueront pas. » affirma-t-il sans hésiter. « Ils voudront savoir qui se cache derrière ce comportement. »

Steven observa de nouveau la vidéo. Leur agent de fortune semblait pétrifié d’effroi. Elle n’obéissait pas aux gardes qui lui répétaient une nouvelle fois de lever les mains, dans un état de prostration végétatif. Est-ce qu’elle avait oublié son fameux mot de passe pour l’exfiltration ou attendait-elle, comme il l’espérait, un moment plus opportun pour reprendre sérieusement sa mission ?

Si la réaction d’Erin lui semblait trop partiale, elle n’était toutefois pas dénuée de sens. Son esprit d’officier opérait déjà un calcul simple. Les Russes n’étaient pas idiots, il ne fallait pas les sous-estimer. En emmenant Lunienko pour interrogatoire, ils commenceraient par fouiller ses affaires, ses vêtements, pour découvrir les dispositifs d’espionnage puis les neutraliser. Ils s’empresseraient ensuite de lui retirer sa puce sous-cutanée pour interdire toute téléportation.
Plus de visuel, plus d’écoute et plus d’extraction.
Échec de la mission.

C’était un risque important et il n’était pas certain qu’il l’aurait pris pour l’un de ses hommes.
Puis, une donnée encore plus simple acheva de le convaincre. Vu l’état dans lequel Lunienko s’était mise, la mission n’était clairement plus d’actualité. Elle n’allait pas connaître un éclair d’illumination et pousser son parent à des aveux plus concrets. Esfir Lunienko avait profité de sa pseudo-liberté pour courrir vérifier des informations quand la CIS lui avait demandé de faire avouer son parent. De les aider à produire une preuve solide.
Erin Steele allait devoir utiliser ses talents pour transformer ce demi-échec en victoire. Ils n’auraient rien de plus, c’était certain.
Le colonel soupira, cette fois de manière bien visible. Il acquiesça d’un signe de tête approbateur à l’égard de la directrice puis appuya sur son oreillette.
//Extraction d’urgence, présence armée.//
Le capitaine confirma.

La téléportation était une belle technologie. Mais comme n’importe quel outil, elle connaissait des limites dans son application. Son déclenchement produisait une source sonore particulière et un flash lumineux à l’échelle de la matière à transporter. Les gardes dans ce bureau pouvaient être susceptibles de faire feu par réflexe, touchant mortellement Esfir avant même que le rayon ne la rapatrie.

Par l’expérience des missions passées, ils utilisaient des procédures type selon la situation sur le terrain. Une extraction d’urgence avec présence armée ne s’effectuait pas de la même manière. Le Dédale téléportait dans un premier temps une grappe de flashbang dégoupillée, la taille du matériel rendant son dépôt bien plus discret que le transport d’un corps humain. Puis, dès la détonation, la véritable téléportation s’opérait.

Les flashbangs apparurent donc dans un endroit discret du bureau, la puce sous-cutanée d’Esfir ayant servi de point de référence. L’un des gardes avait l’oreille, son visage s’était tourné d’un quart mais c’était déjà trop tard. La détonation rendit immédiatement la vidéo illisible, ne montrant des mouvements d’instincts de conservation avant que la friture ne remplace définitivement l’image. L’instant d’après, Esfir apparaissait dans leur salle de contrôle, aveuglée et désorientée. L’un des gardes de la sécurité s’approchait déjà pour vérifier son état tandis qu’on lui confirmait, dans l’oreillette, le succès de la manœuvre.

Caldwell hésita à la faire renvoyer immédiatement en cellule. Il allait lui laisser le temps de récupérer. En fin de compte, ce n’était pas à lui de déterminer si la petite opération avait été satisfaisante ou non ; bien qu’il trouvait tout cela décevant. La directrice Steele subissait déjà toute cette pression, ce pourquoi il lui demanda en voyant le technicien préparer la copie pour son patron :

« Vous pensez pouvoir faire quelque chose de cet enregistrement ? »

La dernière information que lui avait donné le Général lui avait fait l’effet d’une bombe. Alors qu’elle se sentait oppressée dans son propre corps, les poumons broyés par des sanglots qu’elle essayait en vain de refouler, elle implosa de l’intérieur, dévastant le peu de cohérence que conservait encore son esprit, alors qu’au même instant les flashbang aveuglèrent la pièce.

Esfir ne sentit même pas qu’elle avait été téléportée, et lorsqu’elle se rematérialisa, toujours aveugle et désorientée, elle hurla un dernier « Qui ! » Qui avait commandité l’accident ? Qui avait tué ses parents ?
Tout ça faisait trop, trop d’informations inadmissibles pour son esprit, trop d’émotions pour son corps. La jeune femme s’effondra sur le sol froid prise de sanglots incontrôlables, le souffle coupé, cherchant à inspirer de l’air en oubliant d’expirer, agitée se soubressots comme un poisson échoué sur la rive.

Je pense. » répondit-elle d’une voix blanche. La peur lui tenait les tripes mais elle allait mieux maintenant que Lunienko était sortie vivante de ce merdier. Au fond ils n’avaient pas grand chose qu’ils ne savaient déjà mais ils avaient quand même la certitude que la Russie avait demandé de sortir le flacon à un de ses agents et qu’elle trempait également dans des malversations assez conséquentes vis à vis de membres de l’expédition Atlantis. Assez pour faire éjecter Chekov, assez pour exiger des sanctions.

Quant au sort de la russe avachie sur le sol, Erin ferait en sorte qu’elle soit conservée dans l’expédition. Elle s’était d’ailleurs approchée d’elle. Accroupie, elle lui caressa doucement le dos pour essayer qu’elle s’apaise, qu’elle retombe en pression, ou qu’au moins, elle respire de façon plus normalisée.

On trouvera qui... » murmura Erin en essayant de se montrer optimiste. Ce ne serait pas une mince affaire et Chekov avait sous-entendu que c’étaient les ennemis naturels de la patrie russe qui étaient responsables. La stratégie facile des nostalgiques de la guerre froide comme cet homme. L’administratrice était néanmoins soulagée que le vieux briscard de Caldwell se soit rangé finalement en la téléportant d’urgence de cette façon sans qu’elle ne soit finalement obligée de montrer les dents ou de passer une nouvelle fois par-dessus son commandement. Elle ne savait pas comment elle aurait réagi si tel avait été le cas.

Si Erin était préoccupée, qu’en était-il de Esfir ? Cette dernière venait de perdre sa patrie, la confiance de ses pairs. Ses accréditations sur Atlantis allaient être restreintes, c’était une évidence. Elle essaierait de lui épargner le plus d’emmerdes possibles mais sa loyauté serait certainement éprouvée, étudiée, analysée. De sales semaines se profilaient pour elle, le début d’une descente aux enfers.

Impassible, Caldwell observait la scène en silence.
Tous ces stratagèmes, toutes ces manipulations, pour en arriver là. Une vie brisée en morceaux, une série de désillusions. Ça valait vraiment le coup ?
Le Général Chekov ne méritait décidément pas son rang, pensait Caldwell. Un officier digne de ce nom ne devrait pas s’abaisser à de telles manigances, même pour le drapeau.
La situation de Lunienko ne l’émouvait pas parce qu’il ne s’était pas attaché. Cela n’empêchait pas le sentiment humain, toutefois, ni l’aigreur de voir que la trahison ne connaissait pas la limite. Par chance, la directrice Steele était là pour faire ce qu’il n’oserait jamais : prêter son épaule. Elle semblait capable de tirer quelque chose de cette petite opération et c’est tout ce qui comptait. Étant fine psychologue, elle saurait probablement regonfler un peu Esfir et l’amener à reconstruire sa vie.

« Soldat. » lâcha finalement l’officier pour attirer l’attention du garde. « Veuillez reconduire mademoiselle Linden dans ses quartiers, elle est libre. Que le médecin de bord passe vérifier son état de santé. »

L’appeler par son nom d’origine impliquait un double dialogue : le fait qu’il ne lui tenait plus rigueur de toutes les accusations dont elle avait fait l’objet. Reconnaître son choix et sa prise de risque. Vu son état psychologique, il lui fallait du positif. Le colonel ne la voyait plus comme une menace. Et en ne la renvoyant pas en cellule, il laissait à la directrice Steele de la marge de manœuvre pour la suite.

Le colonel Caldwell rechercha l’approbation de cette dernière puis, appelé par ses devoirs, il acquiesça simplement en signe de salut. L’officier quitta ensuite la salle.

:copyright:️ DABEILLE

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FIN DU RP LE 24.02.2021

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