L'humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d'esprit.

Il savait que ça allait finir par lui tomber dessus. En réalité, cela ne le dérangeait absolument pas. La survie, c'était son truc, et il y avait bien trop longtemps qu'il ne s'était pas fait bazarder en plein milieu de nul part pour se débrouiller tout seul. Il fonctionnait comme ça quand il était en mission chez les SEAL's, mais depuis... il fallait reconnaître que pour les équipes SG, un appui tir n'était pas souvent de rigueur, surtout quand on s'attardait deux minutes sur la composition des équipes. Quatre personnes, la majeure partie du temps. Autant dire qu'on ne pouvait pas se priver d'un ou deux compagnons partis s'installer pépère dans la cambrousse avec la crosse du fusil calé contre l'épaule, l'oeil dans la lunette, à attendre que ça se passe, tout en restant vigilant.

Bref.

Aventurier dans l'âme, et proche de la nature depuis toujours, Warren avait ce petit quelque chose qui faisait qu'il se sentait bien loin des hommes, du béton, ou de tout autre matériaux travaillé par l'homme pour son lieu de vie. Il était bien dans la pampa. Cela ne faisait pas de lui un ermite ou une connerie de ce genre, loin de là, car il ne vivait pas reclus loin du monde des humains. Bien intégré dans la société, et dans l'expédition, il avait surtout besoin d'oxygène de temps en temps, et cette mission lui permettrait de savourer tranquillement, aux frais de la princesse en plus, puisqu'il serait payé pour se planquer sur le continent avec une civile.

Civile qu'il était en train de détailler du regard alors qu'ils étaient maintenant dans le Jumper qui allait les poser dans un coin du continent, duquel ils allaient devoir revenir pour rallier le camp atlante. C'était une expérimentation, pour aguerrir un peu les civils. Expérimentation ou pas, il comptait bien ramener cette femme entière jusqu'au camp de base. Cela allait certainement prendre quelques jours, mais ça devrait se faire sans problème. De ce qu'il savait, le continent n'était pas l'endroit le plus inhospitalier de la galaxie, loin s'en faut. Ils auraient de l'eau, à manger, souvent un abri, et les prédateurs n'étaient pas bien coriaces. Le seul truc qui l'embêtait un peu, c'était qu'il faisait ça pour la première fois dans une autre galaxie. Mais bon... Qu'est-ce qui changeait au final ? Pas de Wraiths à l'horizon sur le continent, des plantes un peu différentes, des bestioles aussi, rien de bien folichon. Ou alors, était-ce le fait d'emmener une civile avec lui ? C'était là aussi une première fois, et en plus une bonne femme. Il espérait vraiment que ce n'était pas le genre à chier avec une tonne de PQ sur la lunette, sinon ça allait être pénible. Elle allait devoir se mettre de côté pour un temps.

Enfin... Il ne jugeait pas. Pas tout de suite. Il aimait bien attendre un peu avant de se faire une idée sur quelqu'un, et Thyra White n'y échapperait pas. Elle démarrait au même rang que tous les inconnus qu'il pouvait croiser : c'était un être humain, et en tant que tel, il méritait d'être découvert et connu avant d'être classé dans une case précise. Plutôt positif comme garçon, il ne s'inquiéta donc pas sur le déroulé de l'entreprise.

« Moi c'est Warren. », baragouina-t-il pour couvrir les bruits ambiants du Jumper. Sa voix rocailleuse aidait fort bien pour cela de toute façon. Ils n'avaient pas trop eut le temps de faire les présentations avant le décollage de l'appareil, le timing étant serré, et le point de rendez-vous était fixé sur la passerelle arrière de l'appareil près au départ. « Ça fait longtemps que tu es sur la cité ? Tu t'es portée volontaire pour ce stage de survie ? », demanda-t-il tranquillement, les deux mains passées dans les sangles qui le maintenait contre le dossier de son siège, détendu et relax. Les cheveux blond en brosse donnait le change à une barbe tout aussi blonde. Il sortait un peu du stéréotype du militaire crane rasé et peau imberbe, mais c'était bien parce qu'il le voulait bien.

Mon expérience avec Matt, enfin euh Eversman fut quelque chose d'assez exceptionnelle dans le sens où si j'avais été seule ou avec quelqu'un de moins performant, je serai morte. Entre la rencontre des habitants qui ne devaient pas exister, les animaux sauvages, le froid et la chute dans l'eau glacée.... autant dire qu'il serait surement utile que je sois formée à la survie en milieu hostile ! Rien que de m'imaginer perdue au milieu de nul part avec ma euh... et mon couteau ca me fout le cerveau en vrac ! Normalement, il ne peut rien m'arriver, je suis avec un pro de la discipline ! Et puis sur Lantia que peut il nous arriver ? Non question bête... il peut nous arriver tellement tout et n'importe quoi.... En plus, avec l'Infinity dans la main, les scientifiques sont assez curieux de voir la réaction qu'il pourrait avoir si j'étais en situation de danger "maitrisé". Il l'ont prévenu à mon instructeur de ça ?

" Moi c'est Warren. Ça fait longtemps que tu es sur la cité ? Tu t'es portée volontaire pour ce stage de survie ? »

Je suis déjà dans le jumper, tout est allé très vite pour être honnête et je me laisse porter. Je ne sais pas à quoi m'attendre et ni même ce que je vais véritablement apprendre et je préfère garder la surprise. Je trouve que c'est plutôt intéressant d'avoir une personne comme lui, assez courageux pour former des imbéciles ignorants comme moi. Quand on arrive sur une planète inconnue, ou même connue d'ailleurs, ou quand la cité se fait attaquer, avoir les réflexes de survies peuvent sauver des vies, ou des situations. J'ai toujours compté sur la mécanique pour me sortir des situations impossibles mais quand je repense à mon escapade avec Matt.... mon savoir en mécanique ne m'a clairement servi à RIEN ! Je déteste me sentir inutile...

" Thyra. Enchantée.

C'est rare de voir des militaires barbu, même si la légion étrangères autorise ce genre de fantaisie, c'est tout de même rare. Il ressemble un peu à ce genre de héro qu'on voit à la TV, l'air décontracté, plein d'assurance, le mec qui sauve tout le monde sans transpirer et avec classe. La, c'est plutôt lui qu'on va devoir sauver.... Miss catastrophe qu'on m'appelle hein, Miss tomate aussi....

" Je suis là depuis plus de deux ans si ma mémoire est bonne. Je me suis portée volontaire sans l'être en fait. J'ai juste dit qu'il fallait pas compter sur moi si c'était pour survivre en extérieur de cette cité et résultat, je suis là."

A croire que savoir tout réparer ne suffit pas, faut aussi savoir jouer au Robinson Crusoé. Bon, je vais prendre cette expérience comme un jeu et bientôt je reviendrai dans mon atelier. Et puis je suis Thyra White et j'aime l'aventure !

" Mais je suis contente de tenter l'expérience avec toi Warren. Tu es nouveau ? Tu la sens bien cette mission ?"

Je lui offre un sourire, histoire d'appuyer mes dires. Car même si j'ai 1000 questions, je suis contente de me retrouver ici finalement.

Le jeune homme acquiesça. Deux ans, ça commençait à faire une bonne durée pour une opération extérieure. Heureusement, il y avait les périodes de permissions qui permettaient de rentrer sur Terre. Encore nouveau dans les parages, Warren n'avait pas encore le mal du pays, loin s'en fallait. Cependant, il entendait pas mal de personne, que ce soit des militaires ou des civils d'ailleurs, dire qu'ils ne pourraient pas rentrer sur Terre et retrouver une vie normale, loin de tout ça. Quelque part, il comprenait, mais d'un autre côté, il était trop attaché à sa bonne vieille planète Bleue pour y renoncer à jamais. Il avait entendu dire que des terriens s'étaient mariés avec des Natus, un peuple avec qui la cité avait mené une guerre totale contre une faction Wraith. Cela l'avait surpris, au titre que cette mission était scientifique, et non colonisatrice. Pourquoi autoriser ce genre de comportement ? On sortait du cadre tout ce qu'il y a de plus expéditif, pour rentrer dans le cadre de la vie quotidienne.

N'empêche, cela le fit marrer un petit peu. C'était bien un comportement digne de l'armée que de balancer quelqu'un quelque part parce qu'il n'était pas bon dans le domaine. Elle avait eu le malheur de dire qu'elle n'était pas bonne en survie, et hop, la voilà.

« Dans l'armée, on apprend à fermer notre gueule. », plaisanta-t-il, et d'ajouter : « Quand le sergent demande qui parle français, le premier qui répond "moi" se retrouve à laver les chiottes. ». Un parallèle qui pouvait fort bien s'appliquer à la situation de Thyra.

Il ne comprenait pas bien le principe de vouloir former les civils à de la survie, surtout que ceux qui devaient rester sur la cité. Quel intérêt ? M'enfin, ce n'était pas lui qui décidait, et très franchement, ça lui allait très bien. Il n'était pas le genre de gars à remettre le monde en cause, mais plutôt à vivre avec celui-ci comme on le lui présentait. On lui disait que c'était vert, alors c'était vert, même si c'était bleu. Ses revendications personnelles, son opinion, son avis, il les gardait pour lui, loin de l'armée.

Il afficha un sourire en demi teinte, ajustant sa position dans le siège, mais conservant ses mains glissées sous les sangles.

« On verra si tu es toujours contente dans quelques jours. », blagua-t-il. « Mais ouais, bien vu, j'suis nouveau. J'suis arrivé y a pas longtemps, renfort d'avril ou mai, j'sais plus. » Il haussa des épaules. Qu'il soit nouveau ou non l'importait peu au final, tant la mission était une routine tranquille, et pas un engagement armé. Après tout, l'expérience dans la galaxie ne jouait pas forcément dans ce qu'ils allaient entreprendre tous les deux, mais cela lui plaisait assez de savoir que la miss était là depuis un moment maintenant. C'était l'occasion d'avoir des discussions sur cette expédition, et sur ce qu'elle avait vécu, et nul doute que ce serait enrichissant. En plus, il aimait bien les histoires !

« Je la sens bien. Pas toi ? Y a pas de raison que ça se passe mal. Ils annoncent pas de mauvais temps, on a des rations de survie, du matériel pour camper, c'est un peu lourd, mais on devrait s'en sortir en prenant notre temps. En plus, on n'a pas de deadline impartie, c'est vraiment une promenade de santé. », ajouta-t-il avec son optimisme légendaire.

Il a cru que j'étais une militaire ou quoi ? Je ne suis qu'une simple mécanicienne moi ! Pas la peine de m'envoyer boulet comme ça.... ce n'est pas parce que je me retrouve parfois en mission impossible que cela fait de moi une militaire ! Ouais, finalement, je ne suis plus très sure d'être contente, j'ai bien peur qu'il se mette à me gueuler dessus comme dans les films américains bien caricaturés. En même temps, à quoi je m'attendais ? A une ballade en amoureux ? Bon, je dois rester positive parce que je ne sais pas combien de temps je vais passer avec lui donc autant rester positive.

" Je la sens bien, mais c'est juste que je suis poisseuse en général et que rien ne se passe comme prévu finalement. Mais je commence à m'y faire donc je ne m'inquiète pas. A croire que c'est la marque de fabrique "Atlantis".

Du coup, je ne sais pas sur quel pied danser avec lui, j'espère qu'il n'est pas bipolaire sinon je risque d'avoir plus de surprise venant de sa part que celle de l’imprévu ! Enfin, je vais apprendre à faire un campement, à écouter la nature, trouver de l'eau, à manger.... à non on a des rations ! Mais alors.... c'est quoi la survie ? Si je lui demande, je risque de passer l'abrutie du coin et de laver les latrines ? Ouais, je vais "fermer ma gueule" vu qu'apparemment, ca fonctionne comme ça dans l'armée. Ca me rappelle de vieux souvenirs d'ailleurs, je suis bien contente d'avoir quitter l'armée ! La mécanique c'est tellement mieux !!!!

" Mais bon, si tu dis que nous ne risquons rien, alors je te fais confiance. Je te suis, j'obéis et tout devrais bien se passer."

Je reste bien installée dans mon fauteuil, même habituée aux déplacements de ce genre je me méfie toujours de ce fameux "imprévu". Et je ne sais pas pourquoi, probablement une déformation professionnelle, mais je reste toujours sur le qui-vive afin d'intervenir le plus rapidement possible en cas d'accident. Vous imaginez bien que le coup du "sautez pour sauver vos vies" ici, c'est pas très recommandé.

Warren haussa des épaules, à dix milles années lumières des pensées de la jeune femme le concernant. Il comprenait cela dit ce qu'elle voulait dire. Sa première mission n'avait pas été un exemple de réussite, sans parler qu'elle ne s'était pas passée comme prévue. En fait, il n'y avait que le passage de la Porte qui s'était déroulé comme prévu. Tout de suite, ça avait été la merde la plus totale, contre toutes prédictions de la hiérarchie. Militaire depuis jeune, toujours débrouillard, peut-être un brin fataliste, il prenait les choses comme elle venait sans trop se poser de question. De temps en temps, il se demandait pourquoi bien entendu, surtout quand c'était dû à une mauvaise préparation, mais bien souvent, la plupart des choses qui se passaient sur le terrain n'étaient dues qu'aux aléas du direct comme il aimait à le dire. L'esprit humain était doté d'un libre arbitre capable de prendre une plaisanterie pour une provocation, et ce libre arbitre était capable de détruire le plus minutieux des plans, parce qu'il rendait l'humain imprévisible.

Même si des profilers de génies pensaient tenir certains schémas de fonctionnement de l'être humain. Ça restait quand même à prouver sur le long terme, et de ce que Warren en voyait, on mettait surtout les gens dans des cases si grandes que finalement, tout le monde pouvait y rentrer.

« L'effet Atlantis. » Il afficha un rictus. C'était amusant pour qualifier la poisse. « Et bien écoute, on verra bien. La nature nous dira quoi faire, et ce sera sûrement pas comme on l'avait décidé. L'adaptabilité, c'est ça la survie. Pour te résumer le concept. J'suis pas doué avec les mots. », fit-il en souriant.
Il ajouta :
« Par contre, c'est moi qui vais te suivre, et pas b'soin de m'obéir, j'ai pas d'ordre à te donner. Tu m'as l'air d'être assez mature pour ne pas être maternée. ».

Il opina du chef, sans se départir de son allure tranquille. Après tout, la fonction de ce stage était de lui apprendre à survivre. Si pour survivre elle devait faire confiance au mec qui s'y connaissait, elle n'apprendrait qu'une chose : faire confiance au mec qui s'y connaissait. Hors, dans le pire des cas, elle ne pourrait sans doute que compter sur elle. Autant apprendre dans le dur directement.

« Mais t'inquiète... », oui il la sentait inquiète, sans doute à cause de ses propos alarmistes, il n'en savait trop rien. « ... les deux premiers jours, ce sera pour se mettre en jambe, d'où les rations. Mais après, terminé, on devra se débrouiller par nous-même. » Il s'ajusta une nouvelle fois dans son siège et d'ajouter :

« Mais j'me fais pas de soucis. »

Il rigola un peu avant de tirer une clope de son gilet, qu'il coinca dans son bec sans l'allumer. Pas dans le Jumper. Mais l'atterrissage était pour bientôt. Il tendit le paquet à Thyra, si éventuellement elle en voulait une.

Le grand bond récupéra son paquet de cigarette avec un haussement d'épaule. Pas de soucis de ce côté là, il le rangea au chaud dans la poche de sa veste. Ce serait certainement la dernière qu'il grillerait avant de revenir sur la cité dans quelques jours. Il n'était pas très fumette quand il était dans la nature. D'ailleurs, parfois, il se demandait pourquoi il continuait à en griller une de temps en temps. Une habitude, qui restait ancrée dans son quotidien... Voilà tout. L'addiction n'était donc pas chimique, mais comportementale. C'était déjà ça de gagné non ?

« On dirait bien. », fit-il en se redressant, dans un soupir bien audible. Cela allait faire du bien de se remettre un peu en jambes ! Dès que le sas arrière du Jumper descendit pour laisser l'air libre s'engouffrer dans la carlingue de l'engin, le soldat alluma sa clope avec son briquet tempête, lequel projetait une belle flamme bleutée.

Pleine forêt, à un endroit inconnu sur le continent. Parfait. Le soldat fit quelque pas à l'extérieur pour contempler l'endroit, avant de retourner récupérer son sac et de faire signe au pilote que tout était ok.

Une grande antenne radio dépassée d'ailleurs du sac, signe qu'ils ne seraient pas tous seuls si vraiment il y avait un pépin, médical essentiellement. Maintenant, si elle pleurait parce que la colonie ne lui plaisait pas et qu'elle voulait rentrer, elle prendrait sur elle comme une grande, Warren ne passerait pas ce genre d'appel. Il fallait avant tout qu'elle en retire quelque chose, et il ne doutait pas que ce serait le cas.

« Alors voilà, nous y sommes. », dit-il en embrassant du regard la clairière dans laquelle ils se trouvaient. Le Jumper était déjà en train de repartir dans son dos, et pour le jeune homme, il n'existait déjà plus. « Nous y sommes donc, mais où ? Bonne question. Tu as une carte ? » Il attendit une réponse positive ou négative, et d'ajouter : « Utile la carte, mais si on ne sait pas où on est, elle sert à rien. Le premier objectif est donc de trouver un point d'observation qui va nous permettre de nous positionner sur la carte. Ceci fait, on trace un chemin, le plus court si possible, vers le camp, et on se rentre. »

Il fourra une de ses mains dans ses poches, l'autre aidant sa bouche à maintenir la cigarette de temps en temps, surtout quand il n'avait justement pas besoin de la tenir entre ses lèvres.

« Tu as des idées ? Là, autour de nous, quelque chose te permettrait d'avoir une vue dégagée, ou quelque chose te semble remarquable et susceptible d'apparaître sur la carte ? »

Ce qu'il fit. Warren rigola légèrement devant le constat de Thyra sur le fait qu'ils étaient bel et bien perdus. C'était le but de la manœuvre après tout. S'ils savaient où ils étaient, ce ne serait plus une expérience de survie, et ça perdrait tout de suite de son charme, il fallait le reconnaître. Il considéra ensuite la souche et l'arbre qu'elle lui indiquait, l'écoutant posément sans la juger. Elle était là pour apprendre, c'était aussi pour ça qu'il la faisait réfléchir, afin qu'elle puisse intégrer les notions.

« Alors on pourrait effectivement marquer les arbres, encore que ce n'est pas pertinent, sauf si nous revenons sur nos pas. Mais normalement, avec la boussole, ça ne devrait pas être le cas. »

Il considéra de nouveau l'arbre et la souche, avant d'ajouter :

« Quant à cet arbre bizarre, c'est une bonne idée, mais il est peu probable qu'il apparaisse sur la carte. » Il afficha un petit sourire avant de rebondir sur son idée de marcher droit devant en espérant tomber sur un cours d'eau par exemple. « La rivière, ça peut le faire, mais faut un coup de bol et tomber dessus, et après faut aussi savoir où qu'on se trouve et à quel niveau. Cependant, y a plus de chance de tomber sur la civilisation près des rivières qu'au milieu d'un désert, je te l'accorde. »

Il se gratta la tête avant de considérer les alentours, comme il l'avait fait en arrivant. En tout cas, elle réfléchissait, ça faisait plaisir, même s'il sentait qu'il allait devoir bien l'aiguiller. Il devait se rappeler que c'était une civile et non une militaire, et même si elle était formée vite fait pour venir dans cette galaxie, ça n'avait rien à voir avec qui il était lui et sa spécialisation. Certes, ce n'était pas sa définition de trouver un point dégagé et en hauteur, mais en l'orientant un peu, elle allait trouver d'elle-même.

« Du coup, là nous sommes dans une clairière, autour de toi il y a des arbres, forcément. Ils cachent la vue, sauf si on prend de la hauteur. Et pour prendre de la hauteur... il faut aller plus haut que les arbres. Logique hein ? », fit-il en ricanant.

Il montra d'un coup de menton le flanc de montagne qui se détachait au dessus des arbres.

« Ça me parait un bon compromis. On ne sait pas par où on doit aller de toute façon, autant se fixer un point remarquable qui semble atteignable qui pourrait nous renseigner. D'ailleurs, sur ta carte, ça doit apparaître, le tout est de savoir où nous nous trouvons par rapport à lui. Et ça, la boussole va t'aider, puisqu'elle vous nous indiquer une direction, celle vers laquelle on marche. On aura un angle grossier de l'endroit où on se trouve, et on affinera au furt et à mesure. »

Il fit une pause, pas habitué à parler autant, mais les explications devaient être fournies, s'il faisait tout lui même, ça ne servirait à rien.

« Tu me suis jusque là ? Du coup d'après toi on serait dans quel secteur sur le carte ? »

A la loupe grossièrement. Et une fois qu'ils auraient déterminé cela, ils pourraient avancer vers cette montagne pour essayer d'apercevoir au delà des arbres. C'était définitivement une bonne entrée en matière.

Il était incapable de savoir si elle suivait ou non. Peut-être qu'elle ne savait pas se servir d'une boussole non plus ? Ce n'était pas un mal, beaucoup de personne ne sachant pas vraiment utiliser un appareil aussi simple, mais qui n'avait plus beaucoup d'utilité aujourd'hui, surtout avec les GPS et compagnie. Les courses d'orientation à la carte et à la boussole, ce n'était plus qu'une mode pour pimenter un jeu. Sauf dans l'armée où il était fréquent d'utiliser ce genre de méthode.

Elle ne semblait pas trop taper à côté au niveau du secteur, même si elle se basait au jugé comme ça. Warren regarda la carte, la boussole, la colline dans le lointain, et estima lui aussi leur position rapidement, avec le peu de précision qu'il y avait à tirer de pareil triangulation.

« Ouaip à peu près par là. » confirma-t-il en acquiesçant, tout en opinant une nouvelle fois de la tête, bien d'accord avec elle. « Ca c'est la montagne qu'on voit devant nous, du coup on serait par là en effet. », crut-il bon d'expliquer en lui montrant sur la carte.

Il lui emboîta le pas. Peut-être qu'ils verraient ce truc là ou autre chose, même si avec les approximations qu'ils venaient de faire, cela lui semblait logique. Impossible de savoir s'ils étaient plus sur la gauche ou plus sur la droite de la montagne. Pour le moment, sortir de la clairière n'était pas bien compliqué, ce n'était que de l'herbe haute sans grande difficulté à négocier. La forêt serait un peu plus complexe. Il y avait des pièges faciles et d'autres un peu moins. Le tout restait de les voir, de marcher tranquillement, et de ne pas courir bêtement, sinon c'était l'entorse assurée avec les racines, les trous et les dénivelés, sans parler des roches à moitié enfouies ou des obstacles naturels.

« Sinon, tu fais quoi de beau sur la cité ? », demanda-t-il en marchant tranquillement dans son sillage. Elle suivait une sente que des animaux avaient tracés en l'utilisant régulièrement, ce qui était une bonne idée. Il fallait juste prendre garde à ne pas dévier du cap qu'ils s'étaient fixés, et il se demandait d'ailleurs si elle s'en était fixée un avant de partir bille en tête comme ça. Si jamais elle déviait, il lui demanderait, histoire de voir, et de lui apprendre un nouveau truc si besoin.

« Ah ben j'aurai ptet besoin de tes services à l'occasion, j'y connais foutrement rien dans tout ça. », répondit-il en opinant du chef à son attention. Ce n'était pas un grand technicien, ses spécialisations allant ailleurs, même s'il se débrouillait plutôt bien dans son domaine. Chacun ses compétences ! Il vit la gamelle arriver, et avant qu'il n'ait pu dire quoique ce soit, la demoiselle se fit emporter par la déclivité du sol et voilà qu'elle dévalait la pente qu'ils avaient à leur droite. Son sang ne fit qu'un tour en la voyant tournebouler dans les fougères et autres plantes, et éviter de peu quelques rochers qui se trouvaient sur son chemin de fortune. Merde, ça commençait bien le stage... L'idée était de reproduire ce genre de truc avec des civils, mais si en quelques minutes, il devait faire évacuer celle qui inaugurait le bal pour cause médicale, c'était foutu d'avance !

Mais loin de ces considérations égoïstes, le jeune homme était déjà en train de dévaler la pente à son tour, de façon plus maîtrisée, soucieux de porter secours à la jeune femme, alors que cette dernière tentait de faire de l'humour, dans un piteuse état. Elle se relevait déjà quand même.

Bon déjà, elle souriait, et elle faisait un peu d'humour, c'est que ça devait aller... ou alors la tête avait tapé fort !

« La montagne ? Ouais, on la voit bien. Sûr. », grogna-t-il en jetant un regard vers ladite montagne. Mais ce n'était pas ce qui l'inquiétait pour l'instant. Elle avait quand même sacrément dévalé la pente et pas que sur les fesses.

« T'es sûre que ça va ? Pas de vertiges, d'envie de vomir ? Tu saignes pas ? Les articulations ? », énuméra-t-il en la toisant, l'aidant à se relever au besoin, avec l'envie de chasser toutes les poussières et autres branchages de ses vêtements, mais ne se permettant pas du reste.

« Tu es toujours un peu gauche comme ça ou c'est pas une habitude ? », ajotua-t-il en souriant en la considérant. C'était un peu pour la taquiner, mais s'il devait apparaître qu'elle était mal dégourdie, et du genre à se casser la figure régulièrement, il préférait le savoir là tout de suite pour essayer d'anticiper, autant que faire se peut, ce genre de mésaventures. Elle avait eu de la chance de s'en tirer si bien presque.

« En tout cas, j'admire ta façon de descendre les pentes, avec classe et brio. » Encore une fois préférant écarter la petite frayeur qu'il avait eu, il allait sur le registre de l'humour pince sans rire pour se détendre, et détendre la jeune femme si jamais elle s'était faite peur aussi, bien que tout avait dû aller très vite pour elle.

Warren afficha un petit sourire en acquiesçant. Ouais, il pourrait vraiment se faire une idée qu'après le stage de survie, pour ça pas de doute, même si ça commençait sur les chapeaux de roues, fallait bien le reconnaître. Il avait du bol qu'elle ne se soit rien cassée dans la manœuvre hasardeuse de cette descente rapide.
« Vendu, on en rediscute. Si tu survies bien sûr. », blagua-t-il pour rester dans le registre de l'humour afin de laisser un peu le côté dramatique de la situation s'envoler. Fallait bien ça pour pouvoir repartir bille en tête vers leur objectif, ce que semblait vouloir faire Thyra, qui déjà reprenait le chemin de la montagne en assurant que tout allait bien.

Il la regarda s'avancer dans la forêt, haussa des épaules, et considéra que ça allait. Si elle se sentait patraque ou pas bien, elle le dirait assez vite de toute façon. Ou il le verrait... Bref, il marchait derrière elle, lui laissant le soin d'ouvrir la marche - et il ne savait pas si c'était vraiment raisonnable du coup mais voilà elle était partie la première - tout en considérant les options qui s'offraient à eux pour la suite de ce périple en terre inconnue. C'est alors qu'elle se retourna vers lui après avoir balancé une blague un peu douteuse.

Il lui adressa un sourire avant de répliquer, en secouant un peu la tête :

« Un bisou magique hein ? », grogna-t-il. « J'sais pas si ça peux fonctionner, mais le froid, ça fonctionne bien. Promis, au prochain cours d'eau, je te laisse faire trempette pour soulager ton auguste postérieur. »

Warren n'était pas un grand bavard, ni un grand discoureur. Il était plutôt franc et direct selon les situations mais il n'était pas dénué d'un sens de l'humour, plutôt bravache et faisant appel aux valeurs de la camaraderie militaire, baignant depuis toujours dans ce genre d'univers. Sur ça, il ne se prenait pas la tête, et il ne voyait pas de mal dans cette forme d'humour que certains militaires, pour ne pas dire certains hommes plus généralement, auraient pris pour une tentative de drague foireuse.

En tout cas, il comptait bien lui proposer au prochain cours d'eau qu'ils rencontreraient, c'était noté. Le chemin continuait dans la forêt et le sol était plus pentu. Tout de suite, ça devenait moins agréable comme randonnée, un peu plus sportif, un peu plus pêchue. Il transpirait aussi, la faute à l'échauffement de son corps, à l'humidité ambiante dans le sous-bois, et à la température relativement clémente, sans parler du sac qu'il portait. Mais il n'était pas du genre à se plaindre de ça, préférant éliminer le mauvais par la transpiration et une bonne séance un peu cardio, que de glander dans le canapé en profitant de la clim.
Mine de rien, elle avait un bon rythme, surtout quand elle ne se retournait pas pour blaguer. Elle avançait bien, et ils allaient atteindre leur point intermédiaire dans les temps, voir en avance. Il ne comptait pas aller beaucoup plus loin que le haut de la colline pour ce matin, et ils déjeuneraient certainement là haut.

« Tu sais, on t'a vendu le fait que je savais survivre et manger des insectes comme celui que tu me cites là, mais c'est peut-être des conneries. », commença-t-il d'un ton neutre, illustrant le fait que ça pouvait très bien rester un talent caché surtout s'il n'existait pas. Il lui fit un sourire avant d'ajouter : « Mais blague à part, je ne saurai pas trop te dire. J'aime bien faire des photos, parait que j'ai l’œil. Et toi, tu as des passions ? », questionna-t-il en retour, histoire de faire un peu plus connaissance.

Un petit renard passa devant eux, se sauvant la queue entre les jambes vers des horizons qui ne concernaient pas les humains. Il posa une main sur son épaule pour l'arrêter dans son élan.

« On va faire un détour de plusieurs mètres, à gauche ou à droite. Regarde. », lui dit-il en montrant un nid de guêpes assez énorme qui pendait sur une branche, à quelques mètres devant eux. Il préférait ne pas risquer le diable, surtout avec ce genre d'insectes pouvant se révéler agressif. Il avait eu de la chance de le voir avant de tomber dessus ou de passer en dessous sans le détecter. Elles ne les auraient pas loupé. Valait mieux prendre large.

En tout cas, le haut de la pente semblait se faire désirer, mais c'était toujours comme ça avec une colline, et c'était pire avec une montagne. C'était long et chiant, pénible et source d'efforts, et raisonner en temps était plus simple qu'en kilomètres, car sur le papier, il y avait moins de ces deniers que le temps ne le laissait penser. Une question de rythme et de vitesse.

« En tout cas, je suis pas souvent venu sur le continent, c'est sympa de le découvrir dans son côté sauvage. »

Pas de doute, il était d'accord avec elle. La photo était un art extraordinaire. Il passait sa vie avec un œil dans un objectif, que ce soit pour le boulot, ou par passion. Cela dit, il n'était pas rare qu'il ne prenne qu'un ou deux clichés, parce qu'au fond, il s'éternisait plus à contempler les choses qu'à les saisir. Le souvenir était plus beau quand il n'était pas sur papier glacé... peut-être pas plus beau, il était différent, songea-t-il. En tout cas, le projet de la technicienne quant à saisir ses collègues en images dans leur métier n'était pas déconnant. En soit, tous ces gens exportés à des années lumières - littéralement - de leur planète d'origine, coincés pour un temps ici, étaient tous des passionnés par leur métier.

« Et qu'est-ce qui t'empêche de le faire du coup ? Ce serait une bonne idée. » rebondit Warren suite à son idée. Un petit reportage photo sur les gens de la cité, créer un album, le distribuer. Peut-être même qu'elle trouverait un soutien au niveau administratif tiens.

« Bricoler, boxer, manger, travailler... » répéta-t-il tranquillement. « Ça me semble suffisant pour une personne. » fit-il avec un sourire, et même si ce n'était pas vraiment des passions mais des activités, au fond, ça permettait pas mal de s'occuper sur la cité en dehors des journées de service. Enfin, pensait-il.

A cause d'un nid d'insectes assez "piquants", ils durent faire un petit détour. Warren préférait prendre large, il ne savait pas si les petites bestioles ailées avaient un rayon d'action assez étendu si elles se sentaient dérangées. Autant éviter d'expérimenter malgré eux combien il était douloureux de se faire piquer par une guêpes ou une abeille du continent lantien. Il y avait des expériences piquantes plus intéressantes que celle-ci !

Il ne pensait pas que sa petite phrase sur le continent et son côté sauvage allait lancer la machine à parlotte, mais il en fut satisfait néanmoins. Quand les autres parlaient, il ne parlait pas, lui, et écouter était un de ses petits plaisirs. Le silence aussi ceci-dit, mais elle n'était pas inintéressante dans ses propos, au contraire. Il comprenait parfaitement son enthousiasme sur le coup, et ce côté expressif et peu blasé dont elle faisait preuve avait tendance à rendre la discussion agréable.

« La Fantastique, rien que ce nom donne envie d'aller voir ce qu'il y a dessus. », fit-il songeur. Il avait déjà commencé les explorations, mais de ce qu'il avait vu, tout ressemblait à la Terre, avec des différences notables certes, mais pas flagrantes non plus. Il songerait à regarder si des tours de gardes ou des missions étaient prévues sur cette planète si bien nommée. Il notait l'info dans un coin de sa tête, espérant ne pas l'oublier, ce qui n'était pas sûr.
« Mais... Une civilisation mécanicienne ? » demanda-t-il enfin après un instant de silence. « Qu'est-ce que tu y as vu là bas ? J'aime beaucoup les autres civilisations, la nature, les autres planètes. J'ai hâte de découvrir ce genre de monde qui semble différent. Au moins dans les propos. »

Il discutait, mais il conservait un oeil sur la direction, et pour le moment, ils se dirigeaient comme il le fallait. La pente grimpait toujours, mais de façon douce qui ne les essoufflait pas complètement non plus. Au moins, le rythme était tranquille, et la conversation agréable. Et puis, leur destination était en directe ligne droite désormais.