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Sombrelune et sa région : voyage de découverte [Clive, partie 2)

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Sam 4 Mai - 22:52

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Chronologie : 12/08/18

RP faisant suite à Sombrelune partie 1


Le lendemain matin, Emilia se mit sur son trente et un. Vêtue d’une robe blanche et dorée à l’image des Exceptions, parfaitement coiffée et maquillée, rien n’avait été laissée au hasard. Son retour devait marquer les âmes et elle fit forte impression. Elle fit le bref récit de son aventure, de sa présence sur une ruche puis de sa course. Elle avait senti les dieux auprès d’elle tout au long de son parcours et c’était cela qui l’avait encouragé à accepter les épreuves et à demeurer loin des siens, pour ne pas les exposer au danger mortel des démons. Mais une rencontre inespérée avait mis fin à son voyage, un peuple héroïque qu’elle vanta longuement sans jamais le nommer. Elle laissa seulement échapper que certains de ses représentants seraient présents à la Floraison. Juste assez d’informations pour attiser la curiosité des foules mais pas assez pour trahir la volonté du Conseil de garder le nom des atlantes secret.
Intérieurement, elle se désespérait de devoir raconter autant de conneries à la minute. Les dieux auprès d’elle ? Et puis quoi encore ! Mais il fallait bien baratiner pour ne pas avoir à évoquer la Marche…
Lorsqu’elle rentra chez elle, elle se sentit soulagée d’en avoir terminé avec cette partie. Voilà, elle était enfin récussitée aux yeux du monde. Si la Marche n’était pas informée de son retour cette fois elle n’allait pas passer à côté de son allocution.
De son côté, Darren n’avait pas été chaud bouillant à l’idée de suivre le convoi. Tout ce gratin le mettait vraiment mal à l’aise, plus que lors du voyage pour se rendre à Sombrelune. Il savait qu’il n’était pas obligé de venir, il avait son hollow personnel maintenant, donc il pouvait suivre l’intervention d’Emilia face aux médias. Seulement, il y a ce qu’on a envie, et il y a ce qui est correct. Il était hors de question de se tenir à l’écart. Pas pour une raison de sécurité cette fois, puisque ce serait encore plus encadré, mais par égard pour la princesse.
Darren partit avec eux en travaillant ses règles de politesse, la particule des noms, et pas mal de petites choses qu’il avait eu le temps de demander au Majordome des Eidolas. Comme par exemple dans quelle circonstance l’invité d’une princesse devait saluer avec ce signe particulier d’envol.

Bref. Lorsque vint le moment de la présentation aux médias, Clive écouta le roman qui tenait plus de la salade édulcorée que de la vérité. Il s’amusa brièvement à l’idée que l’outil journalistique n’était pas si différent de la Terre. Et il s’interrogea aussi sur la raison qui poussait la princesse à ne pas évoquer ouvertement Atlantis. Peut-être parce que les Wraiths étaient là, quelque part là haut, en train de les écouter. Il avait levé distraitement le regard pour mirer le plafond, comme s’il était capable de voir au travers pour fixer le ciel.

Il était habitué à Atlantis mais il avait tellement entendu d’histoire d’anciens qui avaient vu des sociétés s’effondrer pendant ou après des pactes. Il ne savait pas quel crédit accorder à ces racontars mais une civilisation d’une telle importance ne pouvait pas se cacher éternellement des Wraiths.
Ils étaient obligés de trouver un arrangement. La Gaëllie n’était pas une ville flottante capable de couler ou de changer de planète en échange d’une grosse masse d’énergie. Donc dans le fond, il comprenait. Il comprenait vraiment. Ca avait beau être une manipulation des masses ou une version qu’elle affectionnait, il savait ce qu’Emilia avait dans les tripes. Et qui elle était réellement. Il l’attendit un peu à l’écart et patienta tranquillement, en silence, d’avoir l’occasion de lui poser des questions.
Pour une fois, il avait laissé ses armes au domaine. Vraiment à contrecoeur mais il ne pouvait pas prendre un risque pareil à ce moment aussi crucial. Il portait la tenue particulière qui faisait de lui davantage un Gaëllien qu’un Atlante. Malheureusement, il ne trouva aucun moment pour parler avec elle en privé. Forcément, avec un tel moment officiel, il y avait du monde et Darren devait se contenter de son rôle, d’être faux. Il échangea quelques mots sans réels intérêts pour faire la conversation. Mais l’occasion se présenta enfin dès que les portes du Domaine Eidolas se refermèrent sur eux. En l’ayant accompagné jusqu’à son bureau, probablement pour qu’elle finisse ses papiers, Clive s’assura que l'assistante ne traîne pas son oreille puis il lâcha enfin :

« Je t’ai trouvé rayonnante à l’écran. Tu fais l’Exceptionnelle. » fit-il en blaguant un peu. Il reprit plus sérieusement. « Tu vas bien ? J’imagine que...ça doit pas être facile. »
– Cela faisait longtemps que je n’avais pas baratiné toute une foule… mais il faut croire que c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas.
Elle posa les yeux sur sa robe… cela faisait tout aussi longtemps qu’elle n’avait pas porté de vêtement aussi beaux… aussi symboliques. Les journalistes avaient bu ses paroles, le peuple seraient pire. Ce que les gens pouvaient être crédules quand un Être d’Exception leur parlait !
« Le revers de la médaille miss. J’imagine que si tu ne t’en charges pas, d’autres moins bien intentionné le feront à ta place. Tu n’as pas le choix au final... »
– L’histoire de ma vie ! plaisanta t-elle.
« Si dur la vie royale... »
Il venait de mettre le doigt sur la raison qui la poussait à endosser ses responsabilités d’héritière alors qu’elle aurait tout aussi bien pu s’installer paisiblement dans un temple loin du monde et des tracas de la politique pour mener sa retraite spirituelle. Si elle partait, qui viendrait prendre sa place ? Son oncle ? Plutôt s’enfoncer le doigt dans l’œil et appuyer très fort que de lui laisser le pouvoir !
« Un mauvais moment à passer... » Débuta Clive en laissant sa phrase mourir lentement. Une main jaillit pour venir lui chatouiller le flanc. « Pour bien d’autres bons moments de vie. »
Il ne parlait pas spécifiquement de lui.
Si la matinée avait été éprouvante, l’après-midi, lui, promettait un grand moment de plaisir. Emilia avait commandé un pique-nique à Eleonore et informé Darren qu’ils partiraient tous les deux pour les sommets après la conférence. Elle lui conseilla de s’habiller confortablement et de mettre un manteau car il faisait froid dans les hauteurs. La jeune femme avait l’intention de lui présenter quelqu’un...
Il n’en fallu pas plus pour faire son bonheur. Darren se mit en quête d’Edna, ou plutôt un de ses servants puisqu’on ne dérangeait pas une telle dame, et il trouva de quoi prendre une nouvelle tenue qui devrait plaire à Emilia. Là encore, il fût assez ennuyé pour placer son équipement et dû se résoudre à abandonner quelques affaires inutiles ici. Mais il voulait prouver l’effort qu’il faisait pour la sortie avec ces nouveaux habits.
Tout du long, son esprit ne cessa de tourner sur le mystérieux individu que la princesse comptait lui présenter. Mais l’idée même de quitter Sombrelune, aussi sympa soit le domaine, lui rendait le coeur léger. Il trépignait comme un gosse au moment où il la rejoignait.
« Hé, tu... »
Quelqu’un passa.
« Son altesse souhaite-t-elle que je transporte ? »
– Que vous transportiez ?
« Un quelconque bagage, sac, contenant, pour l’endroit où nous nous rendons... »

La princesse s’était changée, troquant sa robe d’apparat contre une tunique bleu marine, un long manteau sombre, un pantalon en cuir et une paire de cuissardes. Cela rappelait vaguement une tenue d’équitation, l’élégance zeïn en plus.

-Tout est dans la voiture. répondit-elle. Prenez vos armes, nous aurons l’occasion de nous entraîner là où nous allons… et il n’y aura plus d’escorte au bout du voyage.

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Sam 4 Mai - 22:58

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Il se sentit sourire bêtement. Lentement, il ouvrit le pan droit de sa veste offerte gracieusement par les Eidolas et laissa apparaître le fusil à pompe coincé sur son flanc.
« Je suis fin prêt votre Altesse. Et la sécurité se poursuivra après le voyage. »
Il termina par un petit clin d’oeil entendu. Dans son sac, il avait viré les tenues de rechange pour pouvoir mettre son gilet tactique. Il avait quelque chose à lui apprendre là-dessus aussi. En tout cas, il s’était fait violence pour ne pas déshabiller la jeune femme du regard. Sa tenue était complétement dingue et il attendit qu’elle se retourne pour aventurer son regard. Le militaire ne songeait pas au pouvoir en question à ce moment-là, et même si c’était le cas, il s’en fichait éperdument. Elle était déjà pas mal avec un simple uniforme, maintenant elle avait tout simplement beaucoup de style avec cette espèce de tenue d’équitation.
Clive fit le lien en la suivant jusqu’à la voiture, se demandant s’ils n’allaient pas partir en ballade sur un équivalent d’équidés de Gaëllie. L’idée même de passer du temps entre eux lui plaisait tout autant qu’ils allaient s'entraîner. Il serait son professeur pour les armes, elle serait le sien pour la méditation. C’est avec hâte qu’il monta à l’intérieur, le côté galant lui faisant accéder en dernier, pour voir le domaine s’éloigner ensuite petit à petit.
« A l’aventure ! » S’exclama-t-il gaiement.

Emilia sorti un pendentif dissimulé sous son manteau et le lui montra. Une réplique de celui qu’elle lui avait offert quelques jours plus tôt alors qu’ils se trouvaient plusieurs mètres sous l’eau.
-Cela vous dit quelque chose ? demanda t-elle en lui adressant un clin d’oeil.
« Je connais sa jumelle, oui. Je l’ai emmené avec moi... » Répondit-il en jouant le jeu avec plaisir.
Toujours avoir une fiole de lapis arcus avec soit quand on sort.
« A vos ordres ! »
Pour le prouver, même s’il n’en avait pas besoin, Darren appuya à l’endroit de ses plaques pour laisser deviner le contour du pendentif jumeau en lapis acrus.

La voiture démarra et le chauffeur conduit longuement. Ils n’étaient pas partis sans escorte bien entendu mais cette dernière ne pourrait pas les suivre là où elle projetait d’amener Darren. De toute façon la Marche ne pourrait pas les atteindre non plus là-bas.
Ils roulèrent un bon moment à travers un dédale de tunnels et de route avant de déboucher finalement à l’air libre. Comme à chaque fois qu’elle sortait de Sombrelune, Emilia porta le regard vers le ciel pour s’imprégner des rayons du soleil. La Forteresse dans la montagne était superbe, mystérieuse et bien protégée mais rien n’égalait la lumière d’Anthémis, l’étoile qui éclairait Orzan. Cela faisait du bien de voir autre chose qu’une semi pénombre ou de la lumière artificielle. Il faisait beau et le ciel, parfaitement dégagé était d’un bleu rosé. Parce qu’il en ressentait le même plaisir, Clive ne mit pas longtemps à l’imiter. Il échangea un regard de complicité sur la même sensation agréable en recevant ces rayons naturels. Il souriait de celui qui n’était jamais lassé de découvrir cette vie. Il avait été si pitoyable, façon de parler, en lui proposant de rester sur la cité. Leur voiture finit par s’arrêter au bord d’un chemin discret et Emilia en sortit. Dehors, des soldats s’étaient déployés pour vérifier qu’aucun danger ne se cachaient derrière les arbres mais Emilia ne leur prêtait guère attention, elle était habituée. Il faisait frais, pour ne pas dire froid, mais de cela aussi la princesse se moquait. Elle tripota machinalement le sifflet en bois accroché au bracelet qu’elle portait au poignet droit tout en songeant à l’accueil qu’allait lui faire Léo. Connaissant son caractère, il allait très certainement lui faire payer sa longue absence.
Emilia fit signe à Darren de la suivre tandis que quelqu’un s’occupait de récupérer leur sac de provision et le fit marcher quelques minutes avant qu’ils ne débouchent sur une vaste prairie qui surplombait une falaise. La vue en contrebas était à couper le souffle. La nature sauvage, rien qui ne laissait penser qu’une cité reposait sous leurs pieds.

« C’est l’endroit parfait pour construire une maison... » Lâcha Darren en quittant le giron de la princesse pour observer cette magnifique vue. Il ouvrit les bras en grand, devenant une croix vivante qui appréciait l’espace et la beauté de cette nature, et il inspira profondément.
« Ce monde mérite de survivre rien que pour ça. Vous avez tout préservé...c’est dingue... » fit-il sidéré.
– Nous nous efforçons de nous développer en préservant au mieux notre environnement. Pas vous ?
« On a pas été si sage Emilia... » Confia Darren.
Il abaissa ses bras et vérifia que les soldats des environs ne l’entendrait pas.
« Là d’où je viens, nos différentes maisons ne s’accordent pas sur l’équilibre. Seule la rente compte. »
Il tourna son regard sur ce bijou de la nature et il pointa son doigt sur les éléments.
« La végétation tombe malade et elle se ternit. L’air est vicié. Nous devenons plus agressifs les uns envers les autres. Et on a tellement de tracas qu’on néglige notre nature. Là d’où je viens...ça n’existe presque plus... »
Darren se souvenait de ce que Mademoiselle Steele lui avait conseillé. Il ne lui était pas interdit de lui parler de l’état de sa chère planète bleue.
« Mais on est pas des peureux. On se secoue, on trouve des solutions. Et bientôt on comblera cette énorme avance de respect que vous avez sur nous. »

– Ca a l’air affreux !

Emilia avait bien perçu le mécontentement d’Alexander Hoffman lorsqu’ils avaient évoqué les questions de préservation de la nature sur Terre mais elle n’avait jamais imaginé que c’était si grave. Elle parcourut les lieux du regard, s’imprégnant de la beauté de son environnement. Détruire un tel endroit ? Ce serait de la folie !

– La discrétion, le camouflage, ont été notre gage de survie pendant des millénaires. Nous échappions aux wraiths en nous fondant dans le décor. Même aujourd’hui… le jour où les démons retourneront leurs armes contre nous, seules les cités cachées survivront. La nature est notre meilleure amie car elle nous protège.
« Et c’est aussi celle qui nous fait vivre. » Ajouta Darren en comprenant parfaitement. Elle prêchait un converti. « Disons...que nous n’avons pas été aussi éclairé que les Gaëlliens durant un temps. Maintenant que nous avons conscience de ce mauvais traitement de notre nature, nous commençons tout juste à concevoir des outils, des techniques, et des changements dans notre morale. On aurait pas mal à apprendre du respect de l’habitat qui dissimule ton peuple. »
Il marqua une pause et cru bon d’ajouter.
« S’il y a alliance, on laissera jamais les Wraiths essayer de détruire la Gaëllie. Je m’avance un peu trop. Mais je vois pas mes patrons rester les bras ballants si cette tragédie arrive. »
– Ton jugement est influencé par l’affection que tu me porte. Presque rien ne lie ton peuple au mien. Bientôt peut-être… Je travaille dur pour que cela arrive.
« C’est vrai, oui. » Admit-il. « J’apprends que tu te fait bombarder, je serai le premier à prendre l’arme en demandant quand est-ce qu’on part. C’est normal selon moi...mais je suis un soldat aussi. Je pourrai tenir le même discours pour un monde que je connais pas. Une amie que je n’ai pas. On ne peut pas laisser des Wraiths s’attaquer à un monde comme le tien. »
Il la regarda et sourit, dépassé par l’étendue du sujet depuis sa simple posture de soldat.
« Enfin, c’est juste une opinion. »
Elle lui répondit par un sourire.
– Et… qu’a t-il de particulier mon monde ?
« Eh bien... » Il sourit à son tour. « Je vais te dire qu’il a une belle avance technologique, un bon système de camouflage. Là, tu vas sentir que je suis en train de te baratiner. Donc je vais me sentir con et je vais corriger en disant : c’est surtout qu’il y a une Exception ici. On en revient à ta conclusion pleine de sagesse. J’suis influencé et c’est humain... »
Emilia rit doucement.
– Les deux premiers arguments pourraient pourtant influencer ton gouvernement. Tu as été vaguement témoin de nos possibilités mais crois moi, il y a beaucoup plus. Tout comme je sais que vous êtes très loin de m’avoir tout montré. Nos peuplés alliés, un jour contre les wraiths… peut-être que cela arrivera. J’ai envie d’y croire.
« Je voudrai y croire aussi. » Assura-t-il à son tour. Elle n’était pas seule à fonder des espoirs sur cette possible alliance.
– Tu es le premier atlante a avoir mis les pieds ici et à avoir découvert notre culture. Je pense qu’ils vont écouter ton témoignage avec une attention toute particulière.
« Oh que oui. Ils s’attendront sûrement à ce que je me sois lancé dans du repérage rien que pour leurs beaux yeux avant de se rendre compte que j’y suis pas allé...pour ces yeux là. Ca va faire bien avec le noeud pap qui prend l’habitude de griller son monde. » Ironisa Clive avec le sourire. « Ils sentiront sûrement que je suis influencé mais de tout ce que j’ai pu voir, je ne peux que leur faire l’éloge de ton peuple. »
Il ricana.
« Et moi envers le tien ! Je ne suis pas le plus poli, j’espère ne pas avoir fait tâche dans l’idée que se fait ta famille du premier Atlante à fouler le sol de Gaëllie ! »
Emilia rit avec lui.
– Non, ma mère a pu profiter d’une vue d’ensemble en se rendant sur Atlantis. Elle a éprouvé le CODIR et s’est forgée une opinion en conséquence. De fait, elle t’accorde une attention très relative. Je pense qu’elle perçoit ta présence comme un caprice de ma part.
Il écarquilla un peu les yeux, sentant son âme d’enfant s’embraser.
« Ah ? Et de ton côté, est-ce que tu as mobilisé tes superbes compétences pour faire passer ça comme un caprice, pour que je puisse venir t’offrir cette protection dont tu avais tant besoin ? »
– Je ne lui ai pas présenté comme une requête. Et de toute façon, je pense qu’elle aurait été prête à m’accorder n’importe quoi après nos retrouvailles… elle parait froide en apparence mais je suis bien placée pour savoir qu’elle tient à moi.
Il lui mit une tape sur l’épaule, s’oubliant un peu de la présence des militaires non loin.
« Ca se sent. Elle est H24 dans son rôle et son travail. Mais elle a une façon de te regarder, j'interprète ça comme de l’amour maternel. Je suis sûr que tu fais sa fierté d’être revenue en vie. Et pas seule... »
– Oh… je ne suis pas sûre pour ce dernier point. Je ne crois pas que le Conseil avait l’intention de se manifester à ton peuple… je lui ai un peu forcé la main.
« J’imagine. Il me faudrait un mentor dans les jeux de pouvoirs qui se font dans tes sphères. Mais...tu m’impressionnes. Avec ton feu de Drakonys. Ca m’a bien fait rire, le chevelu qui est reparti en tremblant... »
Maintenant qu’ils étaient seuls et que la situation se prêtait au repos, il pouvait poser des mots sur les pensées qu’il avait eu la veille.
– Ah ?
« Tu as toujours eu cette répartie ? Ou ça s’apprend à l’école des élites ? » Demanda-t-il en taquinant.
– La rhétorique m’a été enseigné dès mon plus jeune âge. Quant au cynisme… hm, ça c’est personnel. Déformation du pouvoir. A force de voir le pire transpirer dans les émotions des autres, j’ai finis par devenir ironique.
« J’espère que je participe à faire changer ton point de vue, sincèrement. » Reprit-il tout en observant la beauté de la nature. Il repata quelques boutons en sentant le froid s’insinuer maintenant qu’ils ne bougeaient plus. C’était surtout une question de confort, il n’était pas du genre frileux et il avait son expérience pro qui le préserverait un peu du temps.
– Peut-être bien, répondit-elle évasivement.
Il lui fit un clin d’oeil, sentant que ce n’était pas un sujet sur lequel s’attarder. Il préféra changer pour conclure avec une voix faussement déçue, presque prétentieuse :
« C’est ce que tu voulais me présenter ? »
– Nop… viens, nous ne sommes plus très loin.
« Ok, je te suis. »

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Sam 4 Mai - 23:01

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Emilia fit marcher Darren pendant une cinquantaine de mètres dans un cadre paradisiaque pour tous les adeptes de randonnée pédestre. Le terrain s’inclina alors légèrement et une construction en bois leur apparurent. La princesse avait prévenu l’employé qui avait pour mission de prendre soin de Léo pendant son absence qu’elle passerait, aussi ne fut-elle pas étonnée de voir le hangar ouvert. Elle devina que de la nourriture avait été entreposé au frais pour le nifgar et que tout ce dont elle avait besoin était à portée de main.
A quelques dizaines de mètres d’intervalle, des grandes structures en bois se dressaient : comme des piliers avec un large bout horizontal. Leur fonction n’était pas évidente à première vue. Clive s’interrogeait tout en inspectant les lieux, curieux de voir ce que la princesse lui réservait.

- Reste ici, je vais m’éloigner. La suite risque d’être un peu spectaculaire, ne t’inquiète pas et tout ira bien, dit-elle à Darren.


Le fait qu’elle lui demande de ne pas s’inquiéter, justement, l’inquiéta un peu. Une légère pointe d’angoisse le gagna alors qu’il s’immobilisait, ne décrochant pas son regard d’Emilia. Il se faisait tout un tas de films et d’hypothèses sans jamais approcher de la vérité.
Emilia marcha une quinzaine de mètres et se figea avant de porter le sifflet à ses lèvres. Aucun son ne s’en échappa, du moins cela en donna l’impression car le nifgar, lui, captait parfaitement le bruit. Elle souffla un rythme parfaitement calculé, un code partagé entre l’oiseau et elle. Maintenant il savait qu’elle était là, ne restait plus qu’à attendre. Et elle attendit. Une minute plus tard, elle recommença à siffler. Les nifgars pouvaient parcourir de très grandes distances et elle ne s’étonnait pas qu’il ne lui apparaisse pas dans l’instant. Même si le son portait loin, il lui fallait le temps qu’il revienne. Si tant est qu’il n’avait pas décidé de faire la tête et de la faire volontairement attendre. Clive regardait alors autour de lui, toujours aussi perplexe.
Deux minutes plus tard, un grand sifflement retentit et une silhouette se dessina dans les nuages puis se rapprocha à grande vitesse. Le militaire s’attendait à tout sauf à ça. Il entendit le froissement des ailes dans le vent et fit de nombreux volte-face sans même pouvoir distinguer la silhouette. Elle se déplaçait avec une telle aisance qu’il se demandait si la créature était vraiment naturelle. C’était Emilia qui l’avait appelé, il le déduisait. Mais cet engin était tellement énorme qu’il se demandait si elle ne s’était pas gourée. Qu’un foutu Drakonys bien affamé n’allait pas débarquer à la place en les écrabouillant tous les deux comme des punaises. Une ombre énorme les survola, le volatile tournayant autour d’eux, puis vint se poser à une dizaine de mètres d’Emilia. Darren ouvrit de grand yeux ronds alors qu’il s’était instinctivement placé en position de combat. Ce coup, il l’avait sorti son fusil à pompe et il le pointait clairement sur le bestiau tout en gardant un peu de logique. C’est la surprise qui l’affolait mais il n’avait pas peur. Il sentait qu’Emilia contrôlait parfaitement la situation alors il abaissa immédiatement son arme vers le sol pour le pas surprendre la créature.
« Putain de merde ! » Jura-t-il sans la moindre retenue en l’observant.
Il était impressionnant et l’on comprenait aisément en le voyant pourquoi il était capable de soulever deux personnes sur son dos. D’un blanc immaculé, immense, majestueux, un grand trait bleu vif semblable à une larme ressortait à la naissance de sa poitrine et venait renforcer la force de son regard. Des yeux d’un bleu roi se posèrent sur la princesse tandis que le nifgar la toisait de toute sa splendeur. Clive fit un pas en avant, son arme était repartie se planquer sous sa veste, lui rendant les mains libre. L’oiseau était...fabuleux ? Non, il n’y avait même pas de mot pour le représenter. C’était la première fois qu’il croisait une espèce différente de ce qu’il avait l’habitude de voir et cette impression de souveraineté des airs le stupéfia. Il serait bien en mal de pouvoir décrire cette rencontre sur un rapport tant cela semblait tout aussi irréaliste que mystique. Parce qu’il y avait un truc avec cet animal et Emilia, une relation particulière.

-Je te présente Léo, lança Emilia sans lâcher l’oiseau des yeux.
« Salut Leo ! » Lâcha-t-il en réponse, la gaieté remplaçant peu à peu la surprise de la découverte. « J’suis jaloux de ta dégaine. »

Un duel de regard venait de se lancer… auquel l’oiseau coupa court en tournant soudain le dos à la jeune femme et en s'asseyant.

- ...Tu boudes mon grand ? Allez ! Regarde moi.

Elle fit le tour pour tenter faire face à la créature mais l’animal se tourna aussitôt pour ne plus la voir.

-Ah, les nifgars et leur caractère ! Soupira Emilia.

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Sam 4 Mai - 23:03

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« C’est tellement cool ! » Répondit le soldat, optimiste.

Il alla aussitôt s’approcher de Léo pour se positionner sur son champ de vision.
« On va voir s’il préfère regarder un étranger ou sa princesse préférée... » fît-il en s’engageant devant lui, usant d’une petite stratégie de position pour qu’il se retrouve en face de sa maîtresse s’il voulait se retourner de nouveau.
« Ta monture est extraordinaire... » Murmura-t-il tout en s’affairant.
Comme pour les chevaux sur Terre, les purs sangs et les plus beaux étaient réservés à l’élite. Celui là semblait avoir été fait, ou selectionné, pour représenter la pureté d’Emilia. Le militaire regretta aussitôt de ne pas avoir travaillé l’apprentissage de son hollow pour la prise de photo parce qu’il ne pouvait pas repartir sans. Il ne pouvait pas laisser passer une si belle image de la princesse aux côtés d’un engin pareil.
Il était tout bonnement monstrueux et, pourtant, ça se voyait qu’il y avait de l’amour entre ces deux là.
- N’est-ce pas ! répondit Emilia, flattée par le compliment.

Bien sûr que Leo était extra-ordinaire ! Il faisait souvent cet effet là aux gens. Les nifgars était une race à part, particulièrement intelligente. Ce n’était pas pour rien que certains militaires s’en servaient comme monture.
Le nifgar pencha la tête en avant pour toiser Darren, l’air méfiant.

En réponse, il rigola tout en montrant ses deux mains, paumes vers le bas. Un peu comme pour un chien qu’on ne devait pas caresser à la main levée quand on ne le connaissait pas, ce genre de petit truc. Clive n’était pas certain de la technique. Et il était encore moins certain de son usage sur le Nifgar. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de relever ce petit défi avec la folie qui faisait sa personnalité. Le militaire toisa l’oiseau de la même manière sans se montrer brusque. Il avait l’impression de jouer le cerf qui montrait ses magnifiques bois pour faire fuir le prétendant et remporter la biche. Enfin...il fallait espérer qu’il ne le prenne pas mal le Léo. Il était sacrément magnifique, si bien qu’il passerait tout son temps à l’admirer sous toutes les coutures.
« Hé. Ta maîtresse est passée par toutes les souffrances imaginables pour revenir te voir... » fit-il en supposant bien que l’animal ne le comprendrait pas. Mais ça l’amusait. Il reprit, taquin, en faisant un petit pas en avant : « Et le bel oiseau fait du boudin ? C’est pas fair-play ça... »

Le nifgar le regardait comme s’il cherchait à comprendre ce que le drôle d’énergumène à deux pattes avait à lui dire, puis toisa ses mains avec un intérêt manifeste, avant de réaliser que le deux-pattes n’avait rien à lui offrir.
De son côté, Emilia eut un sourire, touchée par les paroles de Darren et amusée par sa tentative de copinage. Elle avait sentit sa frayeur et s’était inquiétée de le voir brandir son arme mais sa curiosité avait rapidement repris le dessus sur le reste. A nouveau, elle fut impressionnée par sa capacité d’adaptation. Il l’avait déjà surprise en faisant de gros efforts pour ne pas se faire remarquer sur Orzan, lui qui était d’ordinaire jemenfoutiste avec l’étiquette, et maintenant elle était témoin de son courage. Pas mal. Tout le monde ne possédait pas la force intérieure pour passer de la peur à l’émerveillement, puis au jeu en quelques instants. D’un autre côté, ça ne l’étonnait pas vraiment, elle savait que Darren possédait de nombreux visages.
En ce qui concernait Léo, elle savait déjà comment elle allait regagner son coeur. Son gros gourmand de nifgar ne résistait jamais bien longtemps à l’appel du ventre et à celui du jeu, alors si elle combinait les deux…
Laissant le soldat avec l’oiseau, elle s'éclipsa dans le hangar et en ressortit en poussant ce qui ressemblait à une petite catapulte montée sur roulettes. Puis elle disparu à nouveau à l’intérieur et en ressorti cette fois avec un poisson aussi gros que son avant bras. Un amuse-bouche pour la créature à plumes.

- Léo ! … Léo ! Tu as faim ? Regarde ce que j’ai pour toi mon grand !

L’oiseau risqua un coup d’oeil, avisa le poisson puis se retourna légèrement, comme s’il était partagé entre son envie de bouder et sa gourmandise.

- Atrappe !

Le poisson lévita et tourna un très court instant autour du nifgar avant que ce dernier ne craque et ne l’avale tout cru. Emilia sourit.

- Tu es un estomac ambulant !

Le nifgar siffla et prit une expression contrariée avant d’écarter grand les ailes… et de les poser sur son visage pour se cacher dessous.

- Oh… je t’ai vexée ? demanda t-elle, moqueuse.

Emilia disparu à nouveau dans le hangar et en ressorti avec un poisson deux fois plus gros que le précédent. Elle entreprit de manipuler la catapulte, y installa le poisson et...
Catapulte !! S’écria soudain Emilia avec l’air de celle qui prenait beaucoup de plaisir au jeu.

Le nifgar souleva aussitôt une aile pour regarder à travers et voir le poisson décoller dans les airs à grande vitesse. Quelques instants plus tard, l’oiseau décollait brusquement avec une puissance qui provoqua une bourrasque d’air et projeta Darren en arrière. Il se saisit de la nourriture en vol et revint se poser sur la terre ferme un peu plus loin en engloutissant son poisson, toute trace de bouderie disparue. Léo poussa un cri à mi chemin entre le grognement et le sifflement tout en s’ébrouant l’air de dire “ben alors, vous m’en envoyez un autre ?”. Emilia lança un regard amusé en direction du soldat.

Tu veux essayer ?

De son côté, Clive avait été le spectateur mutin d’un point de vue extérieur. Mais un admirateur secret à l’intérieur. La surprise passée et la joie presque enfantine de découvrir un nouvel animal “de compagnie” présenté par son amie, il en apprécia l'interaction sans s’empêcher d’en faire des comparaisons. Par exemple, voir l’animal s’intéresser aux creux de ses mains marquait très clairement sa gourmandise et le fait qu’il aurait été prêt à accepter une quelconque offrande.
Alors qu’Emilia s’était écartée pour prendre le premier poisson, Clive avait tenté de poser sa main sur son poitrail pour tester la texture et la qualité de son plumage. Il souriait tout en détaillant frénétiquement l’animal, ses courbes, sa façon d’ignorer la princesse. Il n’était pas intelligent comme un homme, plus comme un chien selon lui.
Peut-être que Clive faisait fausse route mais il suspectait une profonde fidélité. Cette façon d’ignorer, c’était un appel à des retrouvailles plus marquées, une preuve que la jeune femme lui avait manqué et qu’il aurait certainement plus mal vécu sa disparition.

Aussitôt, dès que la première gourmandise s’envola, Clive fit un brusque bond en arrière pour éviter que l’animal ne lui retombe dessus. Du moins, il était si impressionnant que le militaire se protégeait comme d’un réflexe de préservation. Ce qui ne retirait en rien son émerveillement. C’était une belle découverte, une belle surprise, et encore un nouveau visage d’Emilia Eidolas. La princesse chevaucheuse de Nifgar.
Le coup de “l’estomac ambulant” ne manqua pas de le faire éclater de rire. Il vit cet espèce de griffon se couvrir la tête de ses ailes et Clive n’en revint pas de ce jeu d’acteur. Oui, comme un chien, qui ne supportait pas le départ du maître parti chercher une simple baguette de pain, qui le reniait en regardant dans le sens opposé pour lui faire comprendre le message.
« Il est sérieux en plus ! » fit-il dans un rire franc et agréable.
Il adorait l’expérience dont il était le simple témoin et s’orientait pour essayer de trouver une faille au travers du plumage, un endroit où il pourrait voir la tête du comique qui jouait parfaitement bien ce numéro de caprice.

Emilia cria “catapulte”, Darren la fixa avec un regard surpris et comprit soudainement le principe. Mais malheureusement pour lui, cette diversion lui accapara l’attention et il ne se recula pas quand Léo fit un bond prodigieux. Le souffle balaya Clive vers l’arrière, lequel s’emméla les pinceaux avant de tomber lamentablement sur le sol.
Généralement, dans ces cas-là, il avait toujours ce petit sentiment d’humiliation avant de se dire que ce n’était rien. Mais là, il ria tout simplement en étant tout aussi surpris que ravi par cette puissance, cette agilité, car c’était la promesse d’un souvenir grandiose pour un voyage dans les airs.

En se redressant sur son séant, Darren chercha du regard le Nifgar et lui fit un signe de tête défiant, l’air de dire qu’il tiendrait bientôt sur son dos. Pas question de repartir sans avoir essayé, c’est bien pour ça qu’Emilia était habillée comme ça non ?
Sacrée princesse…
« Et comment, que je veux essayer, c’est géant ! » S’exclama-t-il en venant vers elle.
Il lui mit une petite tape taquine sur l’épaule.
« Tu ne cesses pas de me surprendre avec tes trésors. Il est super ton pigeon ! »
Le qualificatif était forcément fait pour l’aiguilloner. Il fixa alors la machine tout en sentant une idée un peu folle...mais terriblement tentante. Si tentante qu’elle s’imposa dans son esprit et qu’un sourire de filou lui cisailla le visage.
« Ouais, je vais essayer... » Répéta-t-il en approchant de la catapulte.
Il se sépara de son fusil à pompe qu’il déposa sur le sol. Il vérifia l’attache de son neuf millimètres et, comme ça, de façon tellement naturelle, il grimpa dans le panier de la catapulte.
« Tu peux le régler pour pas que je m’envole dans ce gouffre là-bas ? C’est possible ? » Lui demanda-t-il en s’enfonçant dans la nasse et y prenant des appuis.

Emilia le regarda comme s’il était cinglé.

Pourquoi je ferai ça ? Tu veux essayer de te faire ratrapper par Léo ?
« Et me fait arracher un bras ? Nannn. Je vais essayer de lui tomber dessus au vol !!! »
Et comme pour légitimer son plan, il tenta de mimer le même mouvement qu’il faisait avant d’envoyer la balle de baseball, la jambe en moins.
« Va falloir que je fasse gaffe à la réception mais il va pas le voir venir Léo ! »
Tu… as bien conscience qu’il ne te connait pas et que ses réactions peuvent être imprévisibles...
Clive lui fit un grand sourire.
« Si je suis pas partant pour Léo, je peux oublier le drakonys. »
Il s’immobilisa pour tourner la question autrement et la regarda pour ajouter sérieusement :
« Oh ! Tu as peur que je l’effraie ? Ou que je lui fasse mal ?? »
-J’ai peur qu’IL te fasse mal en jouant, précisa la jeune femme.
« Je l’aurai bien cherché ! » Ajouta Darren, bien loin de reconsidérer son idée folle. Il voyait Léo en train de continuer ses appels pour obtenir un autre poisson. Il allait bientôt avoir le format XXL sur le dos.
« Est-ce que tu t’inquiètes pour moi ? » Demanda-t-il avec une honteuse mesquinerie.
Je sais reconnaitre un plan foireux quand j’en vois un, répondit-elle du tac-o-tac en se demandant si la petite catapulte parviendra à propulser 80kg au minima.
« YESSSSS ! Ca, ça veut dire oui ! » Lâcha-t-il, flatté et victorieux. « Et si je réussis ?!? Je serais forcément un héros ! Le premier mec catapulté sur le dos d’un Nifgar en Gaëllie. Et il est Atlante ! Imagine un peu !!! »
Son regard brûlait d’excitation.
« Tu peux y aller, très chère ! »

Emilia soupira et secoua la tête, un brin blasé mais elle savait qu’il lui serait difficile de lui faire changer d’avis. Elle n’était pas là pour le materner, s’il voulait se faire mal…
– Tu n’auras pas l’occasion de voler avec lui si tu te brises un os. A ta guise, dit-elle en lui montrant la catapulte l’air de dire « vas y ». Elle manipula l’objet et s’efforça de réduire au maximum la puissance… résultat Darren ne décolla pas du tout lorsqu’elle l’activa. Elle réévalua la force et augmenta un peu la pression pour qu’il puisse bondir un peu plus haut...

Cette fois, c’était la bonne, Clive savait qu’il allait s’envoler. Il se voyait partir en arc de cercle pour atterrir pile sur le dos de Léo, se saisir d’appuis pour tenir sur lui et le chevaucher avec un courage indiscutable. L’amorce de la catapulte faite, Darren se sentait comme au bord, au point de bascule, la petite seconde de suspension juste avant la terrible descente de montagne russe. Excité comme jamais, il ricana et ne pu s’empêcher de se vanter familièrement.
« Mate moi ça, bébé, tu vas pas en croire tes…. »
ET PAF ! Le panier le propulsa en lui coupant la parole. Par réflexe, il inspira en émettant un étrange bruit de détresse. Le vide supprima toute son assurance et sa superbe quand les lois de la physique se rappelèrent à son bon souvenir. Comme un vulgaire mannequin de paille, Clive fit en effet un vol plané en cloche mais dans le désordre le plus chaotique. Un vol assez court, et heureusement d’ailleurs, qui lui fit mordre salement la poussière et rouler sur le sol jusqu’au fameux Léo.
Immédiatement, le soldat poussa un gémissement de douleur en se demandant ce qui avait bien pu lui traverser la tête. Il sentait son dos et ses côtes l’incendier d’une douleur fulgurante qu’il réprimait en serrant les dents mais en entrecoupant le tout d’un ricanement idiot. Du genre de celui qui savait qu’il atterrirait dans cet état. Mais il n’eut pas le temps de s’inquiéter davantage qu’un autre élément faisait son entrée. La gueule de Léo dans son champ de vision...il écarquilla les yeux de le voir surgir en gros plan.
L’oiseau avait paniqué aussitôt qu’il avait vu surgir cette énorme masse inconnue ou presque se projeter dans sa direction. Il bondit en arrière et se dressa sur ses pattes en arrière en sifflant. Emilia se précipita alors en avant pour calmer la créature avec des mots apaisants.
« Désolé ! » Murmura-t-il entre deux souffles, se remettant peiniblement sur son séant. « J’ai foiré... »
– Ah bon, lâcha Emilia, sarcastique.
Elle captait l’inquiétude de son nifgar qui observait Darren avec des yeux méfiants et la douleur du soldat dont l’égo avait dû être légèrement froissé avec le reste de ses vêtements.
Clive avait évité les mouvements brusques, il comprenait avoir fait peur à la créature et se disait qu’en se relevant trop vite, il n’arrangerait pas les choses. Dans le même temps, l’homme ne répondit pas à la réplique sarcastique, préférant hausser les épaules pour botter en touche puisqu’il ne regrettait rien personnellement. Encore un peu secoué, il retrouva mollement son équilibre et retourna récupérer son arme. Le tout en remettant ses vêtements en bon ordre. Une petite stratégie pour creuser l’écart avec Léo et essayer d’apaiser cette tentative lamentable.

Emilia se rapprocha tranquillement de son nifgar et glissa une main sur son plumage pour l’apaiser avant de poser sa tête contre la sienne. Elle demeura ainsi un moment avant de se redresser. Léo était plus tranquille, elle lui fit un dernier câlin avant de se tourner vers Darren pour voir ce qu’il faisait.
Il était bien là l’Atlante volant, non loin de la catapulte, en train de tenir son hollow et de vérifier si le cliché qu’il avait pris était bien enregistré. Il l’afficha difficilement, peinant à se rappeler de la manoeuvre, pour examiner ce moment qu’il avait su capturer. Emilia et Léo, une image vraiment parfaite qu’il conserverait si elle lui en laissait le droit. Clive manipula son hollow pour le faire matérialiser en hologramme et il essaya de jouer avec les options pour cumuler les clichés. Il obtenait ainsi comme une mini vidéo de quelques secondes de la princesse et de son Nifgar dans ce moment de tendresse sincère. Il trouvait ça génial ! D’ailleurs, il ne tarda pas à capter le regard de la concernée par-dessus l’hologramme et il lui fit un signe de tête, tout sourire, pour lui montrer combien l’expérience lui plaisait. En la vivant mais aussi en voyant Emilia la partager.

Clive se rapprocha ensuite doucement, un bras comprimant un peu ses cotes douloureuses et tentant de faire bonne figure. Il se souvint qu’elle était en mesure de le percer à jour, qu’il n’y avait pas de secret en quelque sorte, du fait de son pouvoir.
« Ca passera. » Lui dit-il confiant. En plus, elle allait forcément percevoir le vide absolu en terme de regrets. Il avait joué, il s’était tourné en ridicule, meilleure chance la prochaine fois !
Il fixa l’animal, tout sourire.
« Léo m’en veux ? »
– Léo te pardonneras si tu te montre doux avec lui.
« Je vais essayer... »
Clive prit son courage à deux mains. Il se souvenait assez clairement, malgré la douleur, du mouvement de cette créature et de l’image que ça lui avait laissé. On parlait pas d’un simple piaf déplumé égaré dans un ciel vide. C’était un griffon de la taille d’une voiture ! Le soldat ne voulait pas s’en faire un ennemi juste pour avoir jouer la tête brûlée (et le beau jeu !). Il s’avança donc doucement pour rejoindre son amie et avança sa main pour la poser doucement sur son plumage, débutant de douces caresses qu’il espérait traduire sa bienveillance. Emilia sentit d’abord la tension de l’oiseau, puis le retour au calme et les sensations agréable de la main de l’atlante sur ses plumes. L’oiseau finit par baisser la tête pour profiter davantage des câlins et le poussa doucement pour en réclamer plus.
« Encore ? » Demanda-t-il en jouant le jeu.
Il ajouta son autre main pour compléter la flatterie de l’animal.
« Des poissons, des caresses, ta maîtresse...et Léo est heureux. » Confirma-t-il, enjoué, en essayant de déduire convenablement les réactions de l’animal.
Il avait des milliers de questions et c’était trop dur de toutes les retenir.
« Vous avez grandi ensemble, c’est ça ? C’est ta monture depuis que tu es gosse ? »
– Oui on me l’a offert quand je...

“Quand j’ai été adopté”, faillit-elle dire.

– Peu de temps après que j’ai manifesté le don. J’étais un peu… perturbée.
« Ah ? Comment ? Par la beauté de Léo ? » La taquina-t-il. Il savait bien qu’elle parlait de l’apparition de son don. « Il doit être d’un grand soutien pour toi. »
C’est vrai, après tout, il imaginait très bien Emilia fuir l’humain et ses pensées pourries pour s’envoler avec Léo. Dans les airs, la liberté totale, ça devait être indescriptible.

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Sam 4 Mai - 23:27

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– Je te l’ai dis c’est mon âme soeur, répondit Emilia en voyant Léo donner un autre coup de tête pour réclamer plus de câlins. Les humains mentent mais pas les animaux, ils sont “entiers”.
Clive ne répondit pas sur le coup. Il avait ressenti un petit pic au coeur en se disant qu’elle l’incluait forcément dans le lot des “non-entiers”. Mais aussi dur que c’était au vu de ce qu’il partageait avec elle, ce n’était pas faux. Qui sait si une situation ou un événement particulier ne l’obligeait pas à mentir, jouer de faux-semblants, et être exactement comme elle le sous-entendait.
Darren pinça des lèvres en se disant que ça aurait été sympa de lui prouver qu’elle avait tort pour une fois. Qu’il serait entier pour elle. Mais ce n’était pas le genre de promesse qui se faisait comme ça. Il continua de caresser le Nifgar, bien content d’avoir gagné son intérêt par ces simples gestes. De la douceur, comme elle disait...
« Je comprends... » Avoua-t-il, presque à contrecoeur. « Et tu comptes m’emmener loin de Sombrelune à dos de Léo, une fois qu’il sera rassasié, c’est ça ? »
-Bien sûr. Tu as envie de voler, non ?
Il regarda le Nifgar.
« Oui, si Léo ne me croque pas dès que j’essaierai de monter ! »
-Nous monterons ensemble, tu seras passager. On ne monte pas un nifgar seul sans pratique ni connaissances en la matière.
« Je suis assez fou pour me faire catapulter sur Léo. Pas suicidaire au point de vouloir remplacer sa cavalière pour le vol. » Lui sussura-t-il de façon entendue. « J’ai hâte de te voir à l’oeuvre ! »
-Commençons par nous équiper, dit-elle en lui faisant signe de la suivre dans le hangar.

La blondinette lui fit enfiler une sorte de harnais par dessus son pantalon et ses chaussures et lui expliqua que les crochets à ses pieds lui permettrait de s’accrocher à la selle Léo pour ne pas être éjecté en cours de vol. Puis elle lui montra comment le défaire d’un simple geste de la jambe si la situation l’exigeait.
Elle convient d’un code avec lui pour qu’il lui fasse comprendre par des pressions dans son dos ou sur ses bras certains messages car ils ne s’entendraient peut être pas bien parler en hauteur avec le vent et la vitesse. Bon élève, Darren prit cet enseignement avec sérieux et répéta les signes pour prouver qu’il avait bien saisi. Après quoi elle accrocha la selle à Léo et partit à la rencontre de son escorte pour récupérer les affaires et les transférer sur l’animal et prévenir qu’ils allaient faire une promenade. Le militaire insista pour la suivre et l’aider à porter les affaires. C’était par un élan de galanterie qu’il espérait naturel, peu exagéré.

Lorsqu’enfin tout fut près, Emilia fit coucher le nifgar et grimpa sur son dos avant de “cliper” ses pieds sur la structure de la selle pour s’y accrocher. Elle tendit ensuite la main à Darren pour l’aider à monter et s’assurer qu’il avait bien respecté toutes les mesures de sécurité. Lui avait vérifié et revérifié que toutes ses affaires tiennent bien. S’il se retrouvait la tête à l’envers, sait-on jamais, il ne voulait pas voir ses affaires le quitter par effet de gravité. Il accepta la main d’Emilia en notant le changement de rôle par rapport à l’époque, c’était très amusant et il était impatient. Il respecta à la lettre les consignes de sécurité et lui tapota l’épaule pour dire qu’il était prêt. Emilia se sentait tout excitée de remonter après tout ce temps et crevait d’envie de décoller mais il s’agissait d’un baptême pour l’atlante et il allait falloir y aller progressivement.

-Prêt ?
« Plus que prêt !!! »

Lorsqu’il lui répondit par l’affirmative, elle fit décoller Léo qui se propulsa en l’air d’un geste puissant. Clive hurla immédiatement. Un cri qui traduisait sa stupeur et la surprise d’une expérience tout à fait inconnue. Tenter de faire un rapprochement avec un vol de dos de griffon, c’était au mieux songer à du parachutage à l’inverse. Ou le fameux “Sling Shot” de fête foraine. Dans un mouvement réflexe, il avait ceinturé le bassin de la princesse comme s’il s’était trouvé à l’arrière d’une moto lancée à vive allure. A mesure qu’ils progressaient, la mesure du cri du militaire prit une teinte enjouée et euphorique. Ils prirent très rapidement de la hauteur et Emilia entreprit de guider sa monture pour la faire planer tranquillement au dessus de la plaine avant de se poser sur l’une des fameuses structures en bois. Un perchoir.

-Tout va bien ? Vérifia Emilia.

Darren était toujours solidement cramponné à la jeune femme, ventousant son dos de son propre corps en ne prenant pas encore conscience du fait qu’ils s’étaient arrêtés.
« Hein ? » Lâcha-t-il déboussolé.

Ils n’avaient volé que quelques minutes mais elle tenait à s’assurer que son voisin tenait le coup, ressentant la puissance de ses émotions. Il n’avait pas l’air d’avoir peur et cela laissait présager le meilleur pour la suite.

S’il était essoufflé par un rythme cardiaque trop chaotique, qu’il ne pouvait réprimer les tremblements qui se propageaient sur le dos d’Emilia, il n’en restait pas moins enthousiaste, émerveillé. Il se rendit finalement compte de la position assez envahissante et se détacha un peu. Ces quelques minutes de vol avaient été magnifique, indescriptible, le côté naturel offrait une expérience qu’un vol en jumper, ou bien de la voltige, ne pouvait pas reproduire. Une vague de reconnaissance l’assaillit à l’idée que la princesse eût pensé à lui pour partager ce moment, après sa journée de folie, et il le lui fit sentir. Il posa un main sur son épaule droite qu’il pressa avec une forme de tendresse reconnaissante puis il lui répondit :
« C’est trop cool, Emilia ! TROP COOL !!! »
Il reprit, tout excité.
« Lâche-toi, ne me ménage pas ! Je veux voir ce que ça donne quand t’es à fond !!! »
-Tu es sûr ? C’était une petite promenade de santé jusqu’à présent.
« Emmène-moi sur la promenade des pros ! » Lui demanda-t-il avec excitation. Il était certain qu’il réussissait à la tenter, qu’elle mourrait d’envie de se lâcher elle aussi de son côté. Sa requête, quelque part, ne faisait que l’écho d’une formulation polie pour y aller franchement.

Une fois confirmation donnée et rassurée par l’excitation et le plaisir qu’elle ressentait chez lui, Emilia lui intima de s’accrocher et fit décoller Leo. Si Darren voulait des sensations fortes elle allait lui en donner ! Ils prirent rapidement de la hauteur au niveau de la falaise… et puis soudain ce fut la chute libre. Le nifgar se laissa tomber tête en avant et le sol se rapprocha à toute vitesse. Grisée par la sensation de liberté et l’adrénaline, la princesse riait autant qu’elle le pouvait alors que les bourrasques d’air lui fouettait le corps et le visage. Darren s’était de nouveau cramponné à elle. La cascade lui arracha un long “hooooowwww” qui semblait s’accorder à merveille avec le rire de la princesse. Il y prenait également un grand plaisir, sentant son corps devenir léger, flotter, tandis que ses organes internes se décrochaient pour venir provoquer la frontière de sa gorge. Cette expression de joie et de découverte fila longuement, même après qu’elle se soit atténuée par son manque de souffle. Et puis soudain, Léo ouvrit les ailes et redressa sa position pour planer tranquillement dans la vallée plus bas avant de reprendre un peu de hauteur et d'atterrir sur une partie de la montagne dégagée.

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Sam 4 Mai - 23:32

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C’était génial. Clive ne regrettait pas le voyage, il en avait même oublié qu’il était en Gaëllie, loin d’Atlantis. Plus grand chose ne semblait compter maintenant que son organisme était envahi par l’adrénaline. Juste lui, Emilia et Léo. Mais Clive le gérait très bien, ayant été le vétéran d’une guerre et expérimenté de ses anciens affrontements, il savait travailler le rythme de sa respiration pour récupérer une lucidité correcte.
« Tu...tu m’as gâté... » Lui souffla-t-il en remerciement, pour sous-entendre des compliments inutiles à prononcer verbalement.
En quittant l’étreinte de ses bras sur la jeune femme, Clive se pencha un peu pour enfoncer sa main dans le plumage de l’animal et le remercier à son tour.
« On peut pas se lasser d’un truc pareil ! »
-Soit on adore soit on déteste, approuva t-elle. En vingtaine-cinq ans elle n’avait jamais cessé d’aimer les sensations procurées par une telle chevauchée mais tout le monde n’était pas réceptif à la voltige et aux sensations fortes. Allez, il faut se mettre en route si nous voulons manger rapidement, dit-elle avant de pousser Léo a décoller une nouvelle fois.
Ils finirent le voyage à une allure plus tranquille, survolant une longue chaîne de montagne. De temps à autre on pouvait apercevoir l'empreinte de l’humain qui avait transformé le paysage pour y installer des plantations bien apparentes depuis le ciel, mais aussi des dômes et des piliers qui avaient des airs de station à énergie, des éoliennes… mais leur esthétique était bien différente de ce que l’on pouvait voir habituellement sur Terre. Ils survolèrent également un barrage et longèrent la rivière pendant une dizaine de minutes avant de perdre de l’altitude. Le paysage s’était transformé et les arbres étaient moins nombreux, leur essence sensiblement différente. Ils finirent par se poser à une cinquantaine de mètres de la rivière dans un champ de fleurs pour le moins étonnantes… car elles mesuraient, pour certaines, jusqu’à dix mètres de hauteur. La température était meilleure ici, ils avaient quitté les hauteurs. Emilia “déclipa” ses jambes de la selle pour descendre et chancela un peu car ses muscles étaient engourdies. Elle s’étira.

-Devine en combien de temps ces fleurs atteignent leur taille maximum ? lança Emilia en lui montrant les géantes.
Il bougea, les jambes flagada, après avoir remercié Léo par quelques caresses.
« Ola... » fit-il, étonné. « Est ce que c’est leur taille max, ça, déjà ? »
-Les plus grandes mesurent environ douze mètres.
« Douze m...pfouuuu ! »
Il en regarda une et tapota la grande tige.
« Euh...et bien...un an ? »
-Moins d’un jour si les conditions climatiques sont propices. Je te déconseille d’ailleurs de planter ta tente dans ce champ où tu risquerais d’avoir une mauvaise surprise au réveil… cela dit, l’expression “prendre de la hauteur” prendrai tout son sens.

Darren n’en finissait pas de découvrir. A chaque fois qu’il pensait atteindre un summum, Emilia venait ajouter un nouveau point qui l’ahurissait. Parfois, il songeait aux marins qui découvraient pour la première fois des îles inconnues et leurs espèces d’animaux atypique, durant les anciens temps. Voilà, lui il savait ce que ces types avaient ressenti, et il adorait ça.

Amusé, le soldat regarda autour de lui en fronçant les sourcils. Il finit par pointer la tige dans son dos d’un signe de pouce tout en s’interrogeant.
« Mais...ok, en un jour...ça fane après ? Parce que je vois rien au sol là... »

Impossible de ne pas la regarder en même temps qu’il lui parlait. Il la trouvait sacrément mignonne dans cette tenue. Bon, elle l’était toujours dans n’importe laquelle, c’est vrai. Mais là, façon cavalière à l’ancienne, elle en jetait. Il l’imaginait bien sur son griffon en train de faire des pointes de vitesse ahurissante, le sourire sur le visage. Et il se voyait ensuite en train de débarquer à dos de Drakonys.
Bon sang ! Mais pourquoi personne n’y avait jamais songé. Ok, c’était complètement dingue, mais il devait bien y avoir un ou deux Gaëlliens assez tapés pour avoir tenté le coup ?
En tout cas, Clive se surprit à baver mentalement et se ressaisit pour écouter sa réponse.

- Elles vivent quelques temps et se dégradent, comme toute plante, dit-elle en tentant de faire abstraction de ce qu’elle sentait chez lui et de ce qu’il était très certainement en train de penser… elle n’en avait pas une idée parfaitement clair mais elle avait un doute.

D’un geste de la main, elle pointa du doigt une fleur qui se courbait et dont les pétales avaient commencé à tomber.
- Ouvre l’oeil, tu en verras d’autres.
« D’accord ! » Fit-il, content de comprendre le cycle de ces plantes.
« Cet endroit, il a une signification particulière pour toi ? »
Il jeta un oeil du côté du Nifgar. « Tu y allais souvent avec lui ? »
– Non pas vraiment, c’est un jolie endroit pour pique-niquer si on se rapproche de la rivière. Mais ces fleurs me fascinent, elles sont uniques en leur genre sur le plan biologique alors oui, je suis souvent venu ici pour prélever des échantillons.
« J’ai su que...t’étais scientifique. » Se permit-il. « Tu as une spécialité ? La technologie bionique, c’est ça ? »
– C’est une branche qui m’intéresse comme tout ce qui touche à l’étude du vivant mais ce n’est pas ma spécialité. J’ai investi dans le bionique pour faire rentrer de l’argent et développer des recherches non lucratives centrées sur la transformation de l’humain... Mon objectif est de comprendre comment provoquer une ascension artificielle. Etape par étape, nous cherchons à analyser la manière dont le don se manifeste et comment le métabolisme s’adapte à lui. Il n’y a rien de magique, tout est scientifique mais c’est excessivement complexe. Je suis moi-même plutôt spécialisée en biochimie mais je collabore avec des scientifiques aux profils très variés.
Darren avait tendance à décrocher mais il faisait un effort pour suivre.
« Donc...ton projet de recherche est essentiellement...humanitaire ? Pour que tous puissent faire l’ascension un jour ? »
– Bravo ! Tu as tout compris.
« YESS ! » S’écria-t-il avec un excès de fierté.
Il plaisantait mais, dans le fond, la générosité d’Emilia l’étonnait. Ca faisait le lien avec tout ce qu’elle avait pu dire de ses intentions, de son projet de vie, mais il ne s’était pas douté qu’elle avait lancé ce projet pharaonique pour tous et non elle seule. Après tout, avec tout ce fric, c’est plus facile de penser à sa propre personne et d’être l’unique roi du pétrole chez les ascensionnés.
« C’est très...comment on dit déjà...altruiste ! Je trouve. Généreux. »
– Je ne vois pas ça comme ça… le peuple me sert et je le sers en retour en m’efforçant de répondre à ses besoins, c’est juste… normal.
Puisqu’elle n’avait pas les épaules pour répondre aux attentes spirituelles populaires et guider les gens en les accompagnant au quotidien elle s’était naturellement tournée vers un biais qui la passionnait et qui pouvait apporter une réponse efficace à grande échelle : la science.

Le militaire l’écoutait et trouvait sa philosophie assez sage. Au début, il eut vraiment envie de lui demander si elle ne passait pas à côté de quelque chose en tentant de rationaliser scientifiquement à ce point l’ascension. Elle semblait très convaincue de cette dominante cartésienne et il était très mal placé pour lui donner des conseils. N’empêche, du peu qu’il savait de l’ascension, la science ne ferait pas tout à son avis.
Cela, il évita de le dire à son amie. Pour ne pas la blesser, car il était évident qu’elle s’était beaucoup investie, mais aussi par respect pour son travail. Ce n’était pas des cachoteries, songeait-il, ce n’est pas maintenant qu’il allait faire gaffe à ce qu’il pensait : c’était trop tard. Mais plutôt de la décence envers elle et cet échange.
« Je comprends. » Fit-il sincère.
Il se remit à sourire et ajouta :
« Il est pas mal du tout cet endroit. »
– Allons manger, répondit Emilia en décrochant les sacs accrochés à la selle de Léo. Elle avait emporté Le pistolet wraith qu’elle avait soigneusement empaqueté, si jamais Darren voulait faire de l'entraînement au tir. Ce n’était pas bien mais elle l’avait dissimulé à sa mère de peur que cette dernière ne le lui confisque pour le confier à des chercheurs… au fond elle aurait raison de le faire car les opportunités d’étudier la technologie des démons étaient rarissimes mais il lui était difficile de céder l’arme. Elle s’était battue chèrement pour la dérober à l’ennemi et cette dernière lui avait sauvé mainte fois la vie, elle avait noué un lien très particulier avec l’objet.

« Hep là hep là ! C’est moi qui porte !!! » S’empressa-t-il de dire.
Emilia ne se le fit pas dire deux fois et laissa le soldat s’occuper de trimballer les affaires jusqu’au bord de l’eau.
Clive était bien content de pouvoir faire preuve d’un peu de galanterie. Il se laissa guider par la princesse et y déposa les sacs tout en fixant Léo d’un regard pétillant.
« Ce serait cool de pêcher la prochaine fois. » Dit-il. « On mangera du poisson...si ça existe dans ce ruisseau...comme ça ton compagnon aura sa part ! »
– Tu projettes de revenir bientôt ? répondit Emilia avec un brin d’amusement. A cette vitesse, Darren allait finir par adopter la citoyenneté gaëllienne et rester pour de bon. Il avait l’air d’apprécier son séjour. Je ne sais pas pêcher.
Elle avait bien levé quelques poissons pour se nourrir pendant sa course mais elle avait utilisé son pouvoir pour ça…
« Je t’apprendrai ! Et sans le pouvoir...c’est la patience qui fait le résultat. »
Il lui fit un clin d’oeil puis regarda les sacs avant de s’interroger.
« Je te déballe tout ça ou tu veux t’entrainer avant ? »
– Mangeons. Il faut qu’on parle de quelque chose...
« Ah ? » Fit-il avec un pointe d’inquiétude. Il s’installa avec elle et l’aida à tout déballer. Il considéra les différents produits sans les toucher. « Ok, je t’écoute... »
Emilia s’installa et attrapa un pot contenant quelques baies de nuit, celles qui servait à faire le fameux jus que Darren avait goûté. Elle en avala une distraitement.
– Je crois avoir le mobile du ou des commanditaires qui ont envoyé la Marche.

Ca fit un tilt dans l’esprit du soldat et quelque chose changea en lui. Tout ce qui faisait sa joie, sa gaminerie et la petite angoisse du sujet mystère s’éclipsa au profit d’une étrange aura sombre, celui qu’il avait eu lorsqu’il l’avait menacé avec son P90 pour la conduire en cellule.
« Je t’écoute. » Fit-il plus sérieusement.
Il n’avait pas encore touché à la nourriture, beaucoup plus intéressé par les découvertes de son amie.

-Deux Êtres d’Exceptions ont été attaqué au cours des trois derniers cycles. L’un des deux est décédé et la deuxième ne doit sa survie qu’à ses capacités de guérisons exceptionnelles. Je pense que nous pouvons logiquement en déduire que les terroristes portent des revendications religieuses.

Lorsqu’elle avait découvert l’information la veille en jetant un œil à l’actualité, elle s’était empressée de reprocher à sa mère de ne pas l’avoir tenue informée d’une chose aussi capitale. Mais Suëna avait rétorqué qu’elle était trop fragile, qu’elle avait voulu la préserver pour lui laisser le temps de se réinstaller calmement à la maison avant de lui annoncer une nouvelle aussi grave. La situation était dramatique.

« Tu as pu en savoir plus ? Est-ce qu’ils ont été attaqué quand ils se sont éloignés de la Gaëllie ? »

-Non ils se trouvaient tous les deux sur Orzan quand c’est arrivé. Mais ils ne sont pas escortés en permanence comme moi, nous avons des modes de vie très différents d’une Exception à une autre.
« Tu encaisses bien ? » Lui demanda-t-il par compassion.
– Non. Mais il faut avancer.
Ce n’était pas son genre de pleurnicher et d’attendre.
« Ca fait de toi la cible numéro un pour ce groupe. Il faut que tu te protèges. »
– Il y a d’autres Exceptions, je ne suis pas sûre d’être la “numéro 1”. Et je vois difficilement comment je pourrai être mieux protégée… je suis toujours entourée de soldats.
« Tu es celle qui leur a échappé...c’est pas rien. » Insista-t-il doucement. Elle avait pas tort pour la protection, il servait à rien vu ce qui l’entourait.
– Nous sommes deux maintenant, rétorqua la princesse avec un air mauvais doublé d’un sourire satisfait. Intérieurement, elle bouillait d’envie de hurler un “ON VOUS A EU BANDE DE BATARDS!”.
Clive reconnaissait qu’elle n’avait pas tort. Il avait pas mal de questions en tête mais il lui semblait qu’elle avait quelque chose au bord des lèvres.
« Quoi ? » fit-il en se marrant. « On dirait que tu vas me bouffer... »
– Je suis furieuse Darren, ils se sont attaqués à la chose la plus sacrée de notre société. Tuer une Exception… Passe encore qu’ils s’en prennent à moi mais les autres...
Ca lui déchirait les tripes de savoir que les autres étaient pris aussi pour cible. L’un d’entre eux était mort, un homme qu’elle avait connu. Ils se connaissaient tous.
-Je vais les trouver et les pulvériser.
« On les pulvérisera ensemble. » Promit-il. La princesse n’était pas du genre à se livrer aussi ouvertement. Ca tenait du fait qu’ils étaient en intimité et qu’elle savait qu’il l’écouterait, qu’il comprendrait. Clive voulait revenir sur un point, même si c’était superficiel pour elle. « Dis-moi. Pourquoi est-ce que serait acceptable que tu y passes par rapport aux autres ? »
- Pas d’y passer mais d’être prise pour cible… j’ai l’habitude d’être entourée par des requins. Quand on met un obstacle devant moi je cherche une solution et j’avance. J’ai survécu à mon empathie, aux zeïns, à l’assassin, aux wraiths et aux difficultés rencontrées avec ton peuple. C’est ma routine, je sais faire face. Mais je ne peux rien pour les autres.
« Tu ne peux rien pour l’instant. » Voulu-t-il l’encourager doucement. « Là, t’es la mieux placée pour pouvoir arrêter tout ça. Je suis sûr que tu vas y arriver et qu’ils survivront. »
Il plongea finalement sa main, en chassant la sienne pour la taquiner, et prit quelques baies.
« Ce serait sur fond de religion alors. » Répéta-t-il pensivement. « La religion Gaëllienne n’est pas faite pour aider ? Tu y avais passé du temps et tu m’as dis que ça t’a permit de t’en sortir. Quel intérêt un groupe de religieux pour tirer de la mort des Exceptions ? »
- Nombre de mes semblables pensent que l’âme est immortelle et que l’envol est l’ultime étape à franchir après maintes réincarnations pour devenir un Sage… celui qui possède connaissance et pouvoir sous la forme d’énergie la plus pure. Autrement dit un dieu. En exterminant tous les saints qui incarnent une religion et la font vivre au quotidien, tu lui porte un coup dévastateur. Nos dieux ne se manifestent, les miracles ce sont les Exceptions qui les crée.
« Wow. » fit-il en pensant comprendre. « Un coup comme ça et ça deviendra instable ? L’équilibre politique et religieux ? Ca cherche à vous faire changer de mode de vie ? »
- Difficile à dire. C’est possible oui, si cela s’accompagne de manoeuvres politiques. Porter atteinte aux croyances pour gagner en influence c’est une bonne stratégie. C’est un schéma qui se répète souvent dans les sociétés que j’ai étudié sur Pégase et c’est également avéré ici : celui qui a la main sur la religion possède également le pouvoir.

« D’accord. » Répondit-il simplement, plongé dans ses pensées en lien à son explication. Il avait tendance à être un peu largué parce que ce n’était pas un pro de ce genre de magouille. Emilia était dans le milieu et elle avait une meilleure vue sur cette vague d’assassinat. Il la regarda manger en appréciant un peu la scène. En même temps, il arrivait à une déduction très simple, en se disant qu’il la connaissait peut-être assez maintenant. Il arrêta volontairement sa main, alors qu’elle se servait, pour s’accaparer toute son attention. Avec douceur, comme toujours, et incapable de casser ce petit sourire en coin qu’il avait quand il la regardait.
« Allez, dis-moi ton plan, princesse Drakonys. »
Il en souriait, avec l’espoir un peu fou d’être compris dans sa stratégie. Il était certain qu’elle avait déjà médité à son action. Ok, elle lui avait aussi dit que son enquête ne se ferait pas dans un laps de temps si court et qu’il serait reparti depuis longtemps. Mais sa révélation venait de remettre tous les compteurs à zéro.
- Tu veux dire… à part continuer à éplucher l’actualité dans l’espoir de tisser des liens avec notre affaire ? Ou encore harceler Aura pour qu’elle me transmette les dossiers secrets et normalement inaccessibles contenant les registres des personnes ayant franchis la porte ces trois derniers cycles dans l’espoir de reconnaître le visage de mon agresseur ? Et bien… à part ça, je compte sur la Floraison pour me confronter à tous les notables présents et y chercher d’éventuels suspects. Je… fais également jouer mon réseau de connaissances pour mener une enquête plus bas, du côté du peuple. Je ne veux écarter aucune piste.

Darren avait relaché sa main pour l’écouter. Ca le fit sourire de l’entendre dire qu’elle mettait la main sur des informations normalement inaccessibles. Elle était sacrément débrouillarde, il le savait déjà.
« Et si tu as un bon candidat ? Tu as déjà ta petite équipe de “collecte” du renseignement pour la Floraison ? »
- Mon empathie et moi même formons une bonne équipe pour discerner le mensonge et la vérité, plaisanta t-elle.
« Parce que...je connais quelques amis qui pourraient convaincre tes clients de faire quelques petites confidences. » Plaisanta-t-il lui aussi, mais juste à moitié.
- Tu parles d’interrogatoire musclé sur un noble sans preuve de sa culpabilité ? demanda Emilia en se penchant pour se saisir d’un sandwich.
« Oh nooooonnnnnnn ! » Lâcha-t-il faussement outré. « Juste que si ton empathie détecte une mauvaise intention, une petite conversation culturelle en toute discrétion pourrait te révéler pourquoi...après tout...les Exceptions sont plus trop en sécurité maintenant. »
Il prit à son tour un sandwich.
- Une “conversation culturelle”, hein...
« Oui. En tout bien tout honneur bien sûr. Quand on sait y faire, c’est juste quelques mots, rien de physique. » Assura-t-il. « Mais bon, je m’avance un peu, j’imagine qu’une personnalité de ton rang à déjà des agents doués de ces capacités. »
- Tu parles de menacer les suspects ?
« Il faut être sûr de son coup. »
Il ne savait pas bien si elle le prendrait mal. Clive se disait simplement qu’il n’y avait pas de déshonneur à bousculer un peu quelques nobles aux mauvaises intentions.
- Oui il vaut mieux… et j’aimerai autant éviter de mêler ton peuple à ça si cela devait arriver dans un futur proche, pour éviter les incidents diplomatiques et ne pas mettre en péril l’alliance que je me tue à mettre en place.
« Ah oui, je suis d’accord ! » Rectifia-t-il illico. « Faut pas être habillé en Atlante pour ce boulot-là. Et je sais que c’est pas dans ta nature ! Ouais, je le sais bien, je le sens. Mais ça peut te faire une carte à jouer si ça devient tendu... »
- Pas dans ma nature… de menacer ou de frapper ?
« Heu...et ben... »

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Sam 4 Mai - 23:42

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Emilia eut un léger sourire qui en disait long. Il la connaissait mal. Oui elle était de nature empathique et préférait la bienveillance à la violence mais elle était tout à fait capable de prendre les armes quand la situation le demandait. Elle était tombée dans la marmite de la mentalité zeïn dès son plus jeune âge, faire sauter quelques têtes ne la dérangeait pas plus que ça.
Clive n’avait encore jamais vu son amie comme ça, il s’était habitué à sa douceur et sa conciliance. En comprenant que ce n’était pas le cas, il nota l’information dans un petit coin de son esprit.

- Mais je prends note que tu es prêt à te déguiser en voyou pour aller secouer quelques rupins.
« Ca donne l’air vachement moins idiot quand tu le dis. » Plaisanta-t-il.

La jeune femme sourit et attrapa un autre sandwich qui finit comme le premier, au fond de son estomac. C’était plaisant de renouer avec des saveurs de chez elle. Clive se servit à son tour, il expérimentait des saveurs nouvelles et s’interrogeait parfois sur la nature du met en question. Salé ou sucré ? Plat ou dessert ? Il se régalait, tout comme ce sirop qu’il avait partagé avec Emilia à la piscine entre d’autres réjouissances.

- Nous ne rentrerons pas directement… j’ai l’intention de faire un détour par Alicante pour rendre visite à Fidji, l’Exception qui a réchappé de la tentative d’empoisonnement.
« Je suis partant. » Confirma Clive avec un certain enthousiasme. « Mais on s'entraîne avant. C’est toujours prévu, hein ? »
Elle acquiesça. Oui, s’il ne tardait pas trop ils auraient le temps de tout faire.
Darren avala ce qu’il avait dans la bouche pour ajouter :
« D’ailleurs ! Tant que j’y pense, Léo ne risque pas de m’arracher la tête quand il entendra un coup de feu ? »
La jeune femme jeta un oeil du côté de Léo. Ce dernier s’était installé sur le bord d’une rive où l’eau était plus profonde et observait la surface d’un air très concentré. Puis soudain, il plongea la tête et la ressortit en tenant un poisson dans le bec qu’il engloutit goulemment.
- Qui sait ? plaisanta Emilia qui ne s’inquiétait guère. Elle libèrerait Léo le moment venu pour éviter ce genre de problème.
L’homme avait également suivit la scène avec un petit sourire.
« Tant qu’il fait pas ça sur moi... »

Enfin !!! Se disait Clive. Enfin il pouvait compenser ces journées de découverte.
Par reconnaissance mais également pour récupérer le rôle de celui qui faisait le guide, Darren s’activa pour poser les boites qui avaient contenu les fameux sandwich. A des distances différentes, accrochées tant bien que mal sur les tiges des fleurs géantes, il se préparait un terrain d'entraînement de fortune pour l’usage d’armes. La princesse le regardait faire en grignotant quelques baies de nuit acidulée.
Une petite excitation le gagnait à l’idée de jouer de nouveau le professeur. Cette fois, Emilia n’aurait pas mal, il ne la blesserait pas. Ou juste pour un exercice et il comptait lui demander son assentiment pour ça. Dans sa tête trottait et se hiérarchisait les différentes étapes. Il finit par revenir vers elle, une expression confiante sur le visage, alors qu’il détaillait sa façon de se tenir et sa tenue de super héroïne. Elle avait finit par se lever pour aller “discuter” avec son nifgar. Ce dernier avait comprit qu’il avait le droit d’aller vagabonder et ne se fit pas prier pour s’envoler.
« Prête pour la leçon ? » Demanda-t-il avec gaieté. « Ca me manquait d’être ton prof ! »

- Tu aimes enseigner ? demanda t-elle en s’approchant de lui.
« J’aime t’enseigner. » Réctifia-t-il.
- Ca c’est parce que je suis une bonne élève !

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Sam 4 Mai - 23:49

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« Et très patiente. »
Il frappa dans ses mains pour signaler le début de la petite formation.
« C’est parti ! » Lâcha-t-il heureux comme tout.
Darren commença par retirer le chargeur de son arme de poing pour le mettre dans sa poche. Il tira la culasse en arrière pour éjecter la balle engagée et la récupérer au vol. Pas comme dans les films d’actions avec un mouvement bien coordonné, charismatique et vantard. Plutôt dans un geste maladroit en faisant rebondir la munition plusieurs fois avant de la coincer entre sa main libre et sa veste.

Il ne ferait pas l’insulte de lui vulgariser le tout. Étant une scientifique, il savait qu’elle allait très facilement suivre son explication et qu’elle lui demanderait des précisions sur les zones d’ombres. Clive commença par lui montrer cette fameuse balle.
« C’est en trois parties. L’ogive, à l’avant, est le morceau létal. Ejecté de trois cents à quatre cents mètres secondes, il transperce un corps humain sans protection. »
Il désigna de son doigt la seconde partie.
« La douille, elle est remplie d’une charge de poudre noire et d’un calcul d’espace et d’oxygène précis pour la détonation. »
Puis il lui montra l'arrière.
« L’amorce est là. Quand le percuteur tape dessus, l’étincelle produite enflamme la charge. La pression augmente à l’intérieur jusqu’à projeter la fameuse ogive.
Le mécanisme de mon arme étant mécanique, le recul suffit à faire éjecter cette douille pour amener une nouvelle balle.
»

Il lui sourit et lui plaça son arme de poing entre les mains. La jeune femme considéra l’instrument de mort avec curiosité. Elle préférait voir cela comme un jeu plutôt que comme un exercice pour apprendre à tuer des gens. Il lui aurait été difficile de comparer l’objet avec les armes de chez elle car sa connaissance dans le domaine était nulle mais elle écouta attentivement les explications de Darren en songeant qu’elles pourraient très certainement intéresser les Sept. Il n’était pas dit qu’elle leur fasse un rapport mais elle envisageait toutes les possibilités. La suite dépendrait de l’évolution des relations entre les deux peuples.
Puisqu’il avait retiré la balle et qu’il n’y avait pas de chargeur engagé, la culasse restait tirée en arrière. Il lui expliqua rapidement les divers organes importants impliquant la mise à feu, le fait qu’elle était taillée pour être stable et équilibrée. Bref, il passa un petit moment à la lui faire manipuler sans munition. La jeune femme se prêta au jeu et posa des questions de temps à autre lorsqu’un détail lui échappait. Le mécanisme était ingénieux, elle aurait été bien incapable de fabriquer un tel objet mais sa mémoire travaillait pour retenir les particularités de chaque pièce.

Pour lui faire expérimenter la prise en main mais également comprendre comment placer la sécurité, l’enlever, le fait de ne jamais laisser le doigt sur la queue de détente sauf quand elle serait sûre de faire feu. Clive lui fit adopter une position de tir à une ou deux mains, à utiliser le viseur.

Après avoir répondu à ses questions, il prit son chargeur dont il avait retiré toutes les balles. Il n’en laissa qu’une et lui tendit le magasin pour qu’elle charge comme il lui avait prit. C’était l’heure de la pratique. En se tenant de trois quart en arrière, il l’observa respecter la procédure de sécurité à la lettre, impressionné par sa faculté d’intégration. Quand elle termina et qu’elle retira la sécurité, il reprit.

« Ok. Je me doute que tu as déjà dû tirer avec des armes. Mais celle-ci produit un certain recul. Et le bruit surprend un peu. »
- Seulement des armes wraiths, j’ai appris en autodidacte. C’est très différent de ça.
« Je t’apprendrai quelques petites choses utiles sur elles aussi. »

Il pointa du menton les cibles qu’il avait disposé.
« Prend ton temps et vise-en une. N’oublie pas, tu poses ton doigt sur la queue de détente que lorsque tu es sûre de toi... »
Il rectifia ensuite un peu la position qu’elle prenait. C’était très subtil, il jouait le tatillon parce qu’il ne voulait pas qu’elle fasse la manoeuvre parfaite du premier coup. Puis il se recula un peu pour lui laisser le loisir de se concentrer, de faire l’expérience sans perturbation extérieure.
Il y avait toujours un décalage entre la théorie et la pratique et c’était le moment de voir si elle était capable d’appliquer la leçon. Elle prit le temps de faire le vide dans sa tête comme elle savait si bien le faire grâce à des années de méditation, visa et tira. Le bruit et le recul la surprirent, cela n’avait effectivement rien à voir avec les pistolets wraith !

- On dirait un coup de tonnerre... commenta t-elle. Heureusement que vous ne m’avez pas tiré dessus avec ça quand vous avez découvert mes pouvoirs ! ajouta la jeune femme préoccupée en revivant la scène du passé. Elle se félicita de ne pas avoir tenté de résister… si l’arme provoquait autant de dégats qu’elle ne faisait de bruit…
« Nos fusils mitrailleurs sont beaucoup plus puissants. Ils sont conçu pour transpercer les protections et tuer la cible. Mais... »
Il lui tapota l’épaule pour la rassurer.
« Quand on fait une interpellation, on ne vise pas pour supprimer. On fait une sommation et on neutralise avec un tir dans la jambe. C’est pas super, je sais, mais c’est mieux que la mort. »
- Oui c’est beaucoup mieux d’avoir la jambe pulvérisée... maugréa t-elle.
Cela le fit rire doucement. Il la bouscula très légèrement, d’épaule à épaule, pour la taquiner.
« Son Altesse se renfrogne à l’idée d’avoir eu raison de ne pas se rebeller ? » Moqua-t-il gentiment.
- Ce moment ne compte pas parmi les souvenirs agréables que je garde d’Atlantis.
« Ca ne fait jamais plaisir d’être du mauvais côté du canon. » Reconnu Darren. « Surtout que tu n’avais rien fait de mal. Mais c’est notre boulot de s’assurer que la sécurité demeure. »
Il ne cherchait pas à se trouver des excuses, loin de là.
- Je sais. Mais ne parle jamais de mon incarcération aux Sept.
Darren secoua négativement la tête en réponse. Bien sûr qu’il n’en parlerait jamais, c’était assuré que ça entacherait les relations diplomatiques entre Atlantis et la Gaëllie. Dieu sait maintenant combien elle oeuvrait pour que cette alliance voit le jour, il ne fallait pas que ce détail brise tout son travail.
« Heureusement, il n’y a pas eu que du mauvais. » Convint-il en pensant au reste.
- Non en effet, tes dirigeants ont bien manœuvré pour éviter l’incident diplomatique. Et toi… toi tu as réussi à me changer les idées.
Ce dont elle avait terriblement besoin. Si l’on mettait de côté leurs différends, elle avait passé de très bons moments en sa compagnie.
« C’est réciproque. Tu m’as offert de beaux moments aussi. »
Il ajouta d’une voix un peu plus basse et complice.
« Il y en aura d’autres. Et je parle pas forcément d’escalade. »

Il récupéra le chargeur de l’arme pour y engager la totalité des cartouches cette fois. Il lui donna le magasin et considéra la cible qu’elle avait manqué.
« Maintenant, essaie librement. N’oublie pas, c’est deux coups par deux coups. Sinon le recul te fera perdre en précision et tu gacheras inutilement tes munitions. Il y en a quatorze, il faut toujours compter à rebours pour savoir ce qu’il te reste. »
Il s’écarta un peu et l’invita à se faire plaisir, lui laissant le champ libre.
- Vous n’utilisez pas d’arme à énergie ?
« Si. Celles des Wraiths sont bien utiles quand on peut pas se servir de nos flingues. On a apprit à s’en servir. »
- Vos armes sont peut-être plus destructrices mais elles sont bruyantes.
« Avec quelques pièces supplémentaires, on peut réduire ce bruit. Certaines de nos affaires sont construites justement pour être discret... »
- Mais vous êtes limités en cartouches.
« On se débrouille très bien. »
Il fronça les sourcils.
« C’est un concours ? » Demanda-t-il malicieusement.
- Peut-être, répondit-elle avec air faussement condescendant.

Elle manipula quelques instants l’arme pour l’étudier en appliquant les mesures de précautions avant de se mettre en position pour tirer. Il avait dit deux par deux… Prenant une grande inspiration, elle bloqua son souffle, se stabilisa et tira à deux reprises. Elle s’était attendue au recul cette fois mais la sensation n’en restait pas moins désagréable.

Clive se permit parfois de corriger un peu sa position. Il trouvait qu’elle se débrouillait très bien et qu’il ne lui faudrait qu’un bon entraînement pour faire d’elle un soldat efficace. Encore une fois, cette performance le gênait tout autant qu’elle l’émerveillait. C’était une preuve supplémentaire de ce qu’elle était, différente, avec sa voie pour l’ascension. Lorsqu’elle vida entièrement le chargeur, le militaire sourit en lui montrant les quelques cibles qu’elle était parvenue à toucher, l’en félicitant, puis il récupéra son arme.

- Ce n’est pas trop mauvais pour une première ? demanda t-elle en constatant que les balles n’avaient pas tous atteint leur cible.
« Pas du tout. Je pense qu’une fois que tu auras l’habitude du recul, tu feras des merveilles. Tu vois, tu as fais quatre tirs réussis sur douze. Quand j’ai commencé ma carrière, j’en ai pas touché un à cette distance. »
Il enjolivait un peu pour la dragouille et le plaisir de la complimenter. Mais ce n’était pas si loin de la vérité. Pour une première utilisation, elle s’était vraiment bien débrouillée. Ce n’était pas tant pour nourrir son égo mais bien lui faire percevoir qu’elle avait un bon potentiel en la matière.
- Menteur, lança t-elle en sentant qu’il la flattait. Mais son petit sourire fier attestait qu’elle n’y était pas insensible.
« Si tu le dis ! » Rétorqua-t-il, complice.

Il engagea un nouveau chargeur, plaçant celui qui avait été vidé dans l’une de ses poches, puis il rangea le neuf millimètres dans son holster de cuisse. Il lui fit ensuite un cours semblable sur son fusil à pompe en lui expliquant bien l’avantage que ça avait dans ce que l’on appelait le “CQB”. Le combat en milieu urbain.
« Chez nous, des créateurs de films utilisent ces armes avec seulement un petit peu de poudre. Nos civils pensent qu’on peut s’en servir n’importe comment sans l’épauler. »
Il mima des tirs comme s’il eût été dans un film d’action, tendant le fusil à pompe façon terminator sans même le tenir à l’épaule, ou en tournant le poignet. Il s’amusa même à jouer le kéké avec son fusil pour lui montrer combien c’était puéril et incohérent quand on y songeait.
« C’est du calibre 12. Il disperse une nuée de billes en métal que l’on appelle vulgairement “mitraille”. Ca, ça arrache facilement une jambe ou un bras. C’est surtout fait pour “stopper” avec une grande puissance. Un mec qui prend ça dans le bide s’envole sur trois mètres. »
Il lui plaça l’arme entre les mains mais, cette fois, il s’empara des bras de son amie pour veiller à ce qu’elle le positionne bien. C’était pas un simple neuf millimètres cette fois.
« Voilà. Comme ça. Ne tire jamais sans avoir pris cette position avec un fusil à pompe. Dans le meilleur des cas, le pétard s’envole et tu cours le récupérer loin dans ton dos. Dans le pire, tu te fractures carrément le poignet. »
Pour le reste, c’était des règles de sécurité similaire. Darren lui expliqua la distance possible de tir avec les munitions actuelles puis il l’invita à s’approcher. Pour sa première fois, il se positionna dans son dos et plaqua ses deux mains contre l’épaule sensée encaisser le recul. Non pas pour qu’elle soit comprimée mais que ce dit recul soit bien géré.
« Ca va beaucoup te remuer, c’est très violent. Prends bien ton temps et expire bien, ça va aller. » Fit-il sur ces derniers conseils.
- Ca a l’air violent, répondit-elle, un peu inquiète.
« Oui. Et c’est normal. Mais ça te blessera pas. » Il ajouta, un peu provoquant : « Tu as connu pire, t’en fait pas. »
Il avait en tête la fois où il l’avait blessé, où il avait promis de ne plus jamais recommencer. Vu la façon dont un tir de chevrotine allait lui brasser son petit corps, il préférait être trop doux et trop prévenant que pas assez.
« C’est à toi. Quand tu veux... »
Peu rassurée, la jeune femme se mit en position en calant l’arme en essayant de suivre le plus possible les conseils de Darren. L’objet était lourd et, d’après le soldat, le tir allait être spectaculaire. Fort heureusement, l’atlante était là pour l’aiguiller. La détonation fut trois fois plus forte que le claquement du neuf millimètres et une onde de choc violente entra à l’intérieur du corps d’Emilia. Une onde brutale et saisissante qui la remua et ricocha plusieurs fois en elle avant de se dissiper. Sa vue s’était brouillée un instant, si bien qu’elle ne se rendait pas tout de suite compte d’avoir décapité la tige de la fleur géante, et qu’elle tenait le canon pratiquement en direction d’un Darren hilare.
« Emilia…? » Demanda-t-il en lui posant une main sur l’épaule et en lui retirant, de l’autre, le fusil à pompe.

La jeune femme contempla quelques instants les dégâts avec des yeux ronds.

- C’est moi qui ai fait ça ?
« Oui...ça va ? Pas trop secouée ? »
- Mince alors ! Si j’avais eu ça contre les wraiths ! S’exclama t-elle en massant son bras et son épaule endolori. Elle n’aimait pas cette arme : trop violente, trop dure à manipuler. Mais le résultat était aussi effrayant que stupéfiant.
« Oh, tu sais ! C’est très utile mais si tu n’es pas entraînée, tu en auras déjà marre après avoir vaporisé la tronche d’un ou deux Wraiths. » fit-il gaiement. Il rechargea d’un mouvement de pompe et le lui tendit de nouveau.
« Tu as très bien géré ton recul. Tu n’as plus besoin de moi pour ce tir-là. N’oublie pas de bien tenir ton équilibre et ça va moins te surprendre ce coup-ci. »


-Hmm… répondit la jeune femme distraitement.

Elle avait à peine écouté Darren, concentrée sur l’idée qui était en train de naître dans son esprit. Il fallait qu’elle expérimente, voir si cela pouvait bien marcher.
La jeune femme reprit l’arme et attendit que Darren recule avant de se tourner vers une fleur en fin de vie. La perspective d’anéantir gratuitement une autre vie végétale lui faisait mal au cœur. Ouvrant finalement les mains, elle fit léviter le fusil et exerça mentalement une pression sur la gâchette tout en se concentrant pour maintenir l’arme à sa place malgré le recul. Le coup parti et ce procédé lui permis de s’épargner la douleur et de mieux contrôler l’objet. En revanche, il lui était plus difficile de viser.

- Je gère bien mon équilibre ? demanda alors la princesse en regardant Darren avec des yeux rieurs.
Il restait là, bouche bée, partagé entre l’idée que c’était de la triche et celle qu’elle était...putain de sexy !!!!....à jouer avec un flingue comme ça. Il fût obligé de reconnaître que ça marchait mieux quand elle jouait de son pouvoir que lorsqu’elle le faisait manuellement. Clive ne savait pas trop quoi en penser. Est-ce qu’elle serait capable de se concentrer suffisamment bien pour faire pareil au milieu d’un affrontement par exemple ? Ok, elle avait eu à se défendre contre des Wraiths. Mais le coeur battait à fond, l’adrénaline à bloc, et peut-être qu’elle ne serait pas assis précise que ça durant une baston.
Il ne savait pas trop au final.
« Tu déchires ! » Lui dit-il en guise d’éloge. Et c’était sincère pour le résultat. Un peu moins pour la forme.
Il récupéra son fusil à pompe, l’inspectant discrètement en se demandant comment elle arrivait à faire ça, puis il sortit deux cartouches de sa poche pour les replacer dans la chambre.
« Je voudrais t’apprendre quelque chose d’autre, Emy. »
Emilia pinça légèrement les lèvres. Il se reprit aussitôt.
« Non, Emilia, pardon. Quelque chose qui pourrait nous être utile à tous les deux, tu veux bien ? »
- Je t’écoute, répondit la princesse intriguée.
Il sortit son neuf millimètres et le lui tendit.
« J’ai mis la sécurité, le coup ne peut pas partir. » Lui dit-il. Il s’avança devant les tiges, en pleine réflexion, puis il hocha la tête.
« Ok. Imaginons...que cette tige soit soudainement un ennemi. Un type de la marche, un fêlé, n’importe quoi. J’agis... »
Clive pointa son fusil à pompe sur la cible mais ne fit pas feu.
« A chaque fois qu’il y a menace, il faut suivre une tactique simple. Toi, tu choppes le col de mon manteau de ta main libre...vas-y... »
La jeune femme s'exécuta sans comprendre où il voulait en venir.
- C’est vrai qu’elle a l’air un peu menaçante cette fleur, plaisanta t-elle. Mais pourquoi je dois m’accrocher à toi ?
« Tu vas comprendre ! » Renchérit-il sans vraiment rebondir sur la blague. Il avait besoin qu’elle apprenne ça…
« Colle toi un peu plus à moi, penche-toi comme je le fais... » Lui demanda-t-il en essayant de l’attirer de sa main libre. « Voilà, comme ça. Si jamais une menace arrivait, ça, c’est ce que tu dois faire. Là, je deviens ton bouclier ! »
Il garda sa position de combat avec son amie qui le tenait.
« C’est ce qu’on apprend aux personnalités comme toi pour les extraire. Quand tu es en position, si j’avance tu avances, si je recule, tu recules... »
Et comme pour donner l’exemple, il fit ces pas pour qu’elle comprenne.
« Toujours à l’abri derrière mon corps. Fixe-toi cette idée, je suis un bouclier. Et tu as aussi ton utilité... »
Il leva le nez, un sourire goguenard sur la figure.
« T’es pas la princesse en détresse qui attend d’être sauvée. Ta main armée...si tu veux viser une des copines de ces fleurs menaçantes, tu poses ton bras sur mon épaule pour viser. L’arme doit pas être à côté de mon oreille ok ? »

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Dim 5 Mai - 0:06

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Emilia comprenait parfaitement la logique de cette manœuvre qui lui semblait tout à fait pertinente. Mais une part d’elle se disait qu’il lui serait plus facile de se protéger derrière une personne qu’elle ne connaissait pas intimement que derrière Darren... mais ce n’était qu’une simulation, inutile de trop se prendre la tête.

- Comment puis je me placer pour tirer loin de ton oreille ? Vu la position…
« Tu te colles contre mon dos. Ton bras en appui sur mon épaule, tu auras la longueur... » Lui répondit-il en restant dans sa position de combat pour servir de cobaye.
Il la laissa s’exercer jusqu’à trouver la position convenable.
« Une parfaite VIP. » Commenta-t-il.
-C’est un moyen détourné pour avoir un câlin ? plaisanta Emilia qui avait du mal à rester très longtemps sérieuse. Elle avait néanmoins suivi rigoureusement les consignes et simulé un tir avec l’arme de poing de Darren.
« Oui. » Fit-il en entrant dans son jeu avec l’envie de la déranger un peu. « Je te rappelle que j’ai pas encore réussi à te faire crier mon nom ! »
-Je te trouve bien confiant...
Son arme s’envola pour flotter quelques mètres plus loin et elle fit de grands mouvements comme si elle était en train de frapper quelque chose.
- S’il n’y a plus de cartouche je peux toujours la recycler en matraque ! s’exclama t-elle avec humour.
« C’est ça ! Mais le but, c’est de surtout pas d’entrer en contact ! » Reprit-il alors qu’il voyait l’arme s’agiter.
« Si quelqu’un arrive par le flanc ou dans le dos, c’est toi qui me guide, qui me conduit. N’oublie pas cette image de bouclier, c’est essentiel. »
Et sans crier gare, parce qu’il voulait qu’elle puisse le mettre en pratique en ayant l’effet de surprise, il s’enfonça dans le champ de tige avec son arme.
« On agi ! » S’écria-t-il.
Le fait de progresser sans lui avoir laisser le temps de récupérer son neuf millimètres était volontaire. Il voulait voir si elle allait faire l’erreur de se découvrir.
« A gauche, c’est un hostile. » Déclara-t-il pour voir si elle allait le réangler comme il venait de lui apprendre.

La jeune femme s’agaça intérieurement qu’il se mette maintenant en action alors que l’arme de poing était quelques mètres plus loin. Elle s’efforça de se planquer derrière lui tout en faisant prendre de la hauteur à l’arme pour ne pas la perdre de vue et la ramener vers elle. Puis il cria que le danger arrivait de gauche et elle regarda instinctivement dans cette direction, rompant de fait le contact visuel avec l’objet qui tomba au sol. Que devait-elle faire déjà ? Ah, oui, orienter Darren pour que ce dernier se fasse massacrer à sa place. Bien. Elle s’exécuta donc et profita que l’homme ne fasse plus écran pour risquer un coup d’œil sur la droite et ramener l’arme jusqu’à sa main avant de la braquer par-dessus l’épaule du soldat.
« Bien...très bien ! » fit-il, assez content de voir qu’elle avait bien réagi en plus de récupérer son arme.
Pendant un petit moment, il se déplaça en rond dans le champ de fleur géante et sentit Emilia de plus en plus à l’aise dans ce qu’il lui avait appris. Il se souvenait de sa formation à ce sujet, l’instructeur leur avait fait prendre la place du VIP pour “comprendre” ce qu’on attendait d’eux avant d’être le bouclier.
Darren était assez content de voir qu’elle se prêtait au jeu et qu’elle suivait parce que c’était une très bonne technique pour lui. Il stoppa sa progression et passa à la fin.
« Maintenant...le dernier point. »
Il s’effondra sur le sol, se laissant tomber pour atterrir sur le dos.
« Je viens de me prendre un tir, tu es exposée maintenant. » Lui dit-il en la regardant depuis le sol, sans bouger. « C’est humain de vouloir se porter au secours de celui qui fait le bouclier. Mais il faut pas. Si je tombe Emilia, si je suis blessé, tu te trouves un couvert et tu te sauves. »
Il lui sourit doucement.
« Dans ce genre de manoeuvre. Il n’y a pas d’égo ou de fierté qui tienne. Ni de beaux actes au nom de la camaraderie. Le but ultime, c’est la survie du VIP. »
Clive était calme en lui disant ça, en jouant quasiment le mort. Il avait ce vide en lui qui venait de son professionnalisme. Il savait Emilia suffisamment terre à terre pour comprendre ça. Ca ne risquait pas d’arriver étant donné toute la sécurité qui l’entourait. Mais si ça devait arriver et s’il se faisait toucher, il ne fallait pas qu’elle s’expose.
« Donc, si ton bouclier tombe, princesse. Tu ne te préoccupes pas de moi. Tu ne penses pas à la diplo avec mon peuple. Tu ne penses qu’à ta survie et tu te barres. C’est important. C’est le but ultime : la survie du VIP. Parce que sinon, toute la manoeuvre ne sert à rien. Entendu ? »
– S’ils ne sont pas trop nombreux et à portée de vue j’aurai plutôt tendance à essayer de leur arracher leurs armes ou de les forcer à se tirer les uns sur les autres… répondit la princesse.
« Et tu prends des risques qui fera tout échouer. »
Il se redressa sur un coude.
« Tu es forte. Mais t’es pas encore une déesse. Il suffit d’un tir qui te touche et c’est fini. Cette manoeuvre, on l’a fait très régulièrement et elle marche très bien si les deux parties jouent le jeu. Alors tire-toi, ok ? »
– Si tant est que ce soit possible… la fuite revient parfois à s’exposer selon la configuration de l’environnement.
« C’est comme tu le sens. » Abdiqua-t-il finalement.
Sur la même formation, il en avait vu s’offusquer de la même façon. Il ne voulait pas se prendre la tête avec elle sur une manoeuvre qu’ils ne pratiqueraient probablement jamais. Intérieurement, Clive ne savait pas si c’était de la fierté revenant au grand galop chez elle. Du genre une princesse ne fuit pas, elle l’a assez fait devant les Wraiths. Surtout quand on mélangeait son désir de vengeance. Ou si c’est simplement le fait qu’elle tenait à lui et qu’elle refuserait de l’abandonner. Pour ce dernier point, Clive ne miserait pas sa solde là-dessus.

– La fuite si c’est possible, sinon je me cache. C’est noté. Autre chose ? demanda Emilia en lui tendant son arme.
Le soldat acquiesça et se redressa doucement. Il récupéra son arme et remit ses affaires en bon ordre.
« Non. La leçon est terminée. » Répondit-il, bien content d’avoir pu lui enseigner tout ce qu’il voulait.

La blondinette lui tourna le dos pour fouiller dans un sac et en sortit un objet enroulé dans du tissu. Une fois déballé, un stunner wraith apparut et elle se tourna vers Darren.

– Ca non plus tu n’en parle pas aux Sept. Cet objet à une valeur inestimable sur Orzan et je ne suis pas prête à le céder.

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Dim 5 Mai - 0:18

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Il s’approcha immédiatement, intrigué, et l’inspecta.
« Tu l’as pris durant ta fuite ? »
– Oui j’ai réussi à le dérober à un wraith.
Clive songea rapidement qu’elle ne faisait pas que dormir avec un poignard dissimulé dans sa manche. Forcément, elle voyageait aussi avec cette arme.
« Tu sais t’en servir ? Tu es au courant qu’il y a un sélecteur de mode de tir ? »
– Oui j’ai eu beaucoup de temps pour l’étudier...
Il lui pressa joyeusement l’épaule.
« Alors si ça chauffe en allant rendre visite à fidji, tu sais quoi faire ! » Il ajouta : « C’est une bonne arme, elle te sera très utile. T’as bien raison de la garder pour toi. »
– Je sais, répondit la jeune femme avec l’air de celle qui avait largement eu l’occasion de s’en servir. Mon peuple a cruellement besoin d’étudier la technologie de nos ennemis mais… je n’arrive pas à m’en séparer.
« C’est normal. »
Il lui sourit et dessina de son doigt le plissement qu’elle avait sur le bord du nez. Il l’avait souvent remarqué et il trouvait ça craquant.
« Cette arme t’a suivi dans tes galères. Elle t’est personnelle. On connait ça aussi chez nous... »
- Si j’arrive à lui trouver un substitut gaëllien je la laisserai peut-être aux chercheurs.
« Je pense que tu devrais la garder. » fit-il avec sincérité. « Atlantis détient pas mal d’armes Wraiths, ton peuple pourra très bien négocier des échanges commerciaux et t’éviter ce “drame”. »
Il avait terminé en blaguant. Mais pour lui, si elle avait vraiment galéré avec le stunner, c’était normal qu’elle le conserve.

Emilia le regarda pensivement avant d’acquiescer. Il avait raison, ce dilemme pouvait se résoudre facilement si Atlantis acceptait de commercer ce genre d’objet.
-Oui c’est vrai, vous les combattez depuis si longtemps… vous devez détenir énormément d’informations sur eux. Vous avez beaucoup à nous enseigner sur ce sujet.
« Nos deux peuples ont beaucoup à gagner, c’est sûr... » Affirma Clive. « J’apprécie beaucoup de te voir te démener pour que ça marche. C’est une chose que je dirai au CODIR. »

La jeune femme lui sourit, reconnaissante.

– Il faut que ça marche. Cela va bien au-delà de mes interêts pour les Anciens et la cité que vous occupez. Nous ne vivrons pas toujours en paix et nous aurons besoin d’alliés le jour où les wraiths retourneront leurs armes contre nous. Je gage que cela arrivera prochainement, la situation est devenue trop instable depuis que les ruches se sont réveillées. En mutualisant leurs savoirs, nos deux peuples pourraient frapper fort.
« J’en suis sûr. Je veux que ça marche aussi et c’est au-delà de mes intérêt perso de mon côté aussi. On pourra pas les vaincre en restant chacun dans notre coin. »
Sur ces belles paroles, le silence retomba et Clive finit par se racler la gorge.
« Sinon...c’est maintenant que tu m’apprends à fermer les yeux sans m’endormir ? » fit-il pour changer de sujet. Il leva un doigt avertissant. « Faudra pas me punir parce que tu me sens fourmiller de pensées... »
– Oui, c’est un bon endroit pour méditer si tu en as envie, répondit Emilia.
« Bien sûr, il faut bien que je comble l’avance avant de te surpasser. » Lâcha-t-il avec un ton faussement suffisant.
– Oh, oui… qui sait quel genre de pouvoir tu caches en toi ? dit-elle pour le motiver. Elle savait bien que le don le fascinait depuis le tout premier jour où il l’avait vu utiliser son pouvoir. Savoir qu’il pourrait débloquer un tel pouvoir un jour s’il s'investissait suffisamment pouvait être un levier.
« Tu serais pas en train de me motiver avec un profit complètement contraire au but de l’envol ? » Déclara-t-il comme un gamin. « Mon pouvoir….ce serait de voir à travers les vêtements !!! Non...non...trop gênant. Ce serait...de me rendre invisible !....c’est gênant aussi... »
– Et quel est le but de l’Envol ? demanda t-elle avec un sourire amusé.
« Atteindre un idéal physique et spirituel pour transformer son corps en pure énergie et accéder à la dernière étape de l’évolution ! » Récita Clive par coeur. « Mais bon ! Nous on s’en fout, c’est pour chevaucher du Drakonys et jouer aux Dieux ! »
– Et quel est le chemin à parcourir pour atteindre cet idéal physique et spirituel ? poursuivit Emilia pour cerner l’état d’esprit et les connaissances de Darren sur le sujet.
« Oh ben, pas mal de choses. » Répondit-il sans se rendre compte qu’il se faisait passer à la loupe. « Déjà, faut être en paix avec soit-même. Savoir libérer son esprit et le reste...et bien...heu... »
Il la regarda.
« Tu vas me l’apprendre ! Et ce qu’il nous manque, on ira l’apprendre auprès de l’Ancienne dont je t’ai parlé. Ca te va comme réponse ? »
Emilia sourit, c’était comme enseigner à un petit oisillon qui s’ouvrait à la vie. Oh bien sûr, elle-même n’avait pas encore toutes les réponses mais elle avait suivi la voie depuis tant de temps qu’elle se sentait parfaitement légitime pour aiguiller un homme qui n’avait jamais essayé de pratiquer. Cela ne lui ressemblait guère, il était rare qu’elle accompagne un individu sur le chemin, contrairement à certaines Exceptions gaëlliennes qui se dévouaient à ça. Fidji en était le parfait exemple.

– Oui si nous arrivons à obtenir les coordonnées de sa planète.

Elle marqua une pause avant de reprendre :

– Tu as raison, être en paix avec soi même est l’un des principaux objectifs à atteindre et c’est le travail de toute une vie. Nous possédons de nombreux freins en nous, des verrous psychologiques que nous nous imposons sans le savoir. Trouver la clé pour s’en libérer nécessite un long apprentissage. Apprend à te connaitre, à t’accepter et à te libérer de tes angoisses et tu élèveras ton esprit tout naturellement.
Clive hocha la tête sans répondre. Intérieurement, déjà, un vent de défait soufflait. Mais Clive ne serait pas Clive si, justement, ce fameux vent de défaite ne lui donnait pas envie de réussir ce coup d’éclat. Plus un défi était corsé, plus il devait aller s’y casser les dents. Ca faisait partie de l’un des rares traits qui lui convenait très bien et qu’il acceptait. Le coup de la catapulte pour tenter d'atterrir sur le dos de Léo, alors que les lois de la physique et de la cohérence étaient contre lui, formaient cet exemple parfait.
« J’espère que tu es patiente alors. Je suis pas un aussi bon élève que toi. »
Il était à peine sincère en le disant, mélangé entre réalité et petite blague. Il était prêt à s’investir à 100% pour prouver que même un type comme lui, pas le plus cérébral ou le plus performant, pouvait faire une ascension.
– Je ne sais pas si je serai bon professeur mais je ferai mon possible pour te soutenir si tu as vraiment le désir de t’engager sur la voie, dit-elle en marchant vers la rivière.
« Hé, on a fait un marché. » Rappela-t-il en la suivant. « Je prends ça au sérieux, c’est pas de la blague. Je suivrai la voie avec toi. »
–Bien… alors voici une première leçon : pour être en paix avec soi-même il faut d’abord comprendre les autres… ces derniers sont un reflet de nous-même, comme un miroir, ils nous renvoient ce que nous leur offrons. Donne-leur de la gentillesse et ils te la rendront bien souvent et à l’inverse…
Arrivée sur la rive, elle s’installa sur une grande plaque en pierre plate et invita Darren à en faire autant.
Il s’installa à son tour, face à elle, en essayant d’opter pour la même stature.
« Et à l’inverse ? Donc...t’es sympa. Et tu te fais trahir ? »
La lumière se fit tardivement.
« J’ai compris ! Soit bon, tu reçois la bonté en échange. Soit mauvais, ils seront mauvais aussi…? »
– Certains ne comprennent pas pourquoi ils ne parviennent pas à développer de bonnes relations avec leur entourage, au travail par exemple. Ils ne réalisent pas qu’ils projettent inconsciemment de l’agressivité et que les autres sont sur la défensive.
« Je comprends. Heu...c’est mon cas ? »
Il haussa les épaules.
« Parce que j’ai toujours essayé d’être entier, sympa. »
- Je ne sais pas, répondit-elle sincèrement. Je n’ai pas étudié tes relations avec les autres. Ce que je dis est général, je ne cherche pas à t'analyser mais à te donner des clés pour que tu puisses le faire toi même.
« Reçu ! » fit-il en souriant. Il énuméra en se concentrant : « Les autres sont un reflet de moi-même. Je reçois ce que je leur envoie. Je dois les comprendre. »
Tu n’es pas responsable de tous leurs états-d’âme bien sûr, mais tu es co-acteur de tes relations, elles se construisent à deux. Tu me disais que tu avais des difficultés pour être compris des femmes par exemple…
« J’ai mis longtemps à comprendre que c’est moi qui déconne. » Avoua-t-il. « Et au final, j’ai de belles aventures avec toi parce que t’es capable de lire dans ma tête. Sans ça, je t’aurai fait fuir aussi. »
C’était sa petite analyse perso, pas une façon de larmoyer ou de se morfondre. Il se traînait cette sorte de malédiction - basée sur un cocktail détonnant de maladresse et d’un manque de tact - depuis si longtemps qu’il s’y était habitué. Et il le pensait vraiment. Si Emilia n’avait pas eu sa faculté d’empathie, elle l’aurait pris pour un sombre connard et il n’aurait pas eu tout ces petits moments sympa partagé à deux. Et ce n’était pas un point de vue qui se fixait essentiellement sur les moments câlins mais tout le reste également.
-Et… est-ce que tu as envie que les choses changent ?
Sa première idée fût de lui balancer un gros “oui”. Mais il se retint. Déjà parce qu’elle allait sentir venir le pipeau sans avoir le renfort de son empathie mais aussi par respect envers l’exercice qu’ils avaient débuté.
« Je...je suis pas sûr. Si je devais tout dire, je me demande si je me punis pas un peu avec ça. Ca me suit depuis si longtemps que je me vois pas te dire oui, comme ça, comme s’il suffisait d’un mot. Un de ces fameux verrous dont tu me parlais, peut-être... »
-Pourquoi parles-tu de punition ?
« Je vois pas ce que ça peut être d’autre. J’appelle ça une malédiction, mon pouvoir à moi, de faire ça. Mais si c’est pas une punition que je m’inflige à moi-même, je sais pas ce que c’est. »
Il balaya le sujet d’un geste de main, très géné.
« Après je délire peut-être. Mais tu sais de quoi je parle, deux ou trois fois, tu m’en as voulu. Je prenais pas mon pied à te voir contrariée, tu peux me croire... »
Clive eut une petite hésitation.
« Sauf le coup du voyage à l’épaule, ça c’était bien sympa. Avec toi qui me tape dans le dos et qui hurle à l’enlèvement. Cette affaire... »
Emilia fit la moue en repensant à cet évènement qui n’avait pas été du tout vécu de la même manière pour elle et le balaya d’un geste mental. Ils n’était pas là pour parler de ses sentiments.

- Je vais te donner un conseil et j’aimerai que tu essaies de l’appliquer dans ton quotidien. Vois cela comme un exercice pratique. Quand tu parleras à quelqu’un poses toi la question de comment cette personne réagiras à tes propos ou tes actions. Essaie de te mettre à sa place, de faire preuve d’empathie.
« Me mettre à sa place. » Répéta-t-il en songeant à quelques exemples qui auraient pu lui éviter des ennuis s’il l’avait fait. « A appliquer aussi avec toi alors. »

Oui. Même chose si quelqu’un fait quelque chose qui te contrarie essaie prendre du recul, de te demander pourquoi cette personne agit de la sorte : peut-être qu’elle a mal dormi, quelle s’est disputée avec quelqu’un et qu’elle reporte cet état d’esprit négatif sur toi par exemple. Il y a toujours une raison qui motive un comportement.
« D’accord...mais...être toujours aussi compréhensif, ça risque pas de faire de soi une cible pour les autres ? Parfois, c’est vu comme un aveu de faiblesse de ne pas montrer les dents... »
-Certaines conflits sont inévitables mais la discussion peut permettre d’en désamorcer un certain nombre et t’établir des relations plus saines avec les autres.
Clive baissa la tête, le temps d’intégrer tout ça et accepta.
« Je vais travailler là-dessus, c’est promis. »
Elle lui sourit.
-Ca fait déjà beaucoup à digérer pour une première leçon.
Il éclata de rire.
« Ben je dois juste changer un bon morceau de mon comportement, ça refroidi ! » fit-il pour poser des mots sur ce qu’il ressentait. Mais ça ne le décourageait pas tant que ça. Surtout que ça le faisait rire l’idée qu’elle ai reconnu la difficulté de cette première leçon parce qu’elle savait qu’il essayait d’avaler la pilule.
« Tu as mis combien de temps avant de réussir à l’appliquer ? »
- Je ne suis pas un bon modèle de comparaison. Je suis pratiquement née avec le don et mon empathie s’est déclarée quand j’avais quinze ans.
« Ah ? Moi c’est mon acnée qui s’est déclarée à quinze ans. Comme quoi... » Ironisa-t-il en réponse.
Emilia eut un léger rictus.
- J’aurai préféré avoir quelques boutons.
« J’imagine bien. » Sa curiosité le fit démarrer au quart de tour. Il la questionna précipitamment. « C’est quoi la première émotion que tu as capté chez un autre ? Tu étais contente de découvrir ce pouvoir ou effrayée ? Vu que tu ne savais pas comment le contrôler, ça devait...te faire peur. »
Il pinça des lèvres.
« Merde. La leçon ! Euh...c’est une question qu’il faut éviter de poser, c’est ça ? »

Emilia eu un fin sourire. Il était mignon son petit oisillon, fidèle à lui-même mais faisant un effort pour adopter ses conseils. Maintenant habituée à son tempérament franc et à son indiscrétion, elle lui répondit sans éprouver de malaise.

-La souffrance, la terreur... j’assistais à une agression, répondit t-elle du tac-o-tac. J’ai cru que j’allais mourir.
Forcément, ça ne pouvait pas être d’une façon plus sympa qu’en sentant cette agression se produire. Clive eut une petite réaction amer. Elle en avait prit plein la figure et la carcasse. Il se souvenait très bien de son explication, son exemple d’antenne captant de la musique si forte et si envahissante qu’elle pouvait en oublier la sienne.
« Je suis désolé pour toi. »
C’était sincère.

Il eut envie d’apporter quelque chose de plus au fond de lui. Pas qu’il s’en sentait obligé mais parce qu’il en avait vraiment envie. Clive quitta sa posture pour s’approcher d’elle doucement, pas très certain de son coup. Mais s’il appliquait la leçon, dans le pire des cas il se ferait juste renvoyer balader. Bref, il chassa ce petit risque de sa tête et vint à ses côtés pour l’enlacer de ses bras. Il essayait aussi de se mettre à sa place dans le passé, il s’imaginait à quinze piges, la figure enfin débarrassée de cette air de pizza dégueulasse (aux filaments de supplément fromages) mais de gagner, en contrepartie, la capacité de sentir. Une agression qui se déroulait, la violence et la haine d’un coté, peut-être même le plaisir malsain ; la détresse, la panique et l’impuissance de l’autre.
Tout ça, en ne comprenant pas que c’était une aptitude qui lui appartenait. L’enfer…

Darren ne poursuivait pas spécialement un but précis en agissant comme ça. Pas d’élan fleur bleue ou d’envie plus charnelle. C’était l’envie de lui faire sentir qu’elle n’était plus seule même après les épreuves supplémentaires, et plus terrible encore, qu’elle avait vécu. Il n’y avait pas de mal à se sentir enlacé dans une paire de bras par moment, surtout lorsque c’était désintéressé et protecteur, c’est l’effet que recherchait Clive dans son geste. Ce faisant, en l’ayant contre son torse avec la rivière qui coulait et un froissement d’elle qui se faisait entendre au-dessus de leurs têtes, le soldat cru bon d’ajouter avec tout le sérieux du monde :
« T’as raison. Les boutons c’est mieux ! »

Emilia ressentit une pointe de gêne face à cette étreinte motivée par la compassion. Elle n’avait pas répondu pour se faire plaindre mais Darren était ce genre d’homme imprévisible et entier. Très différent des personnes qu’elle côtoyait dans son quotidien.

– Tu sais c’est fini maintenant, je maitrise… à peu près, plaisanta t-elle.

Profitant d'être proche du jeune homme, elle glissa une main contre son torse pour se saisir d'une de ses plaques militaire.

-Qu'est-ce que c'est ?
« On appelle ça des dog tags dans l’armée. » Répondit-il simplement.

Il aimait bien la sentir contre lui mine de rien. Elle diffusait comme une chaleur humaine, une présence, dont il ne se lassait pas. La laisser manipuler ses plaques militaires pour les observer avait un côté très agréable. Il se laissait donc faire de façon bien docile. Pour le contact, encore.
« Nom et prénom. En dessous c’est le numéro de matricule qui m’identifie dans leur fichier. Ensuite mon groupe sanguin. Et puis ma religion, pour les obsèques, car c’est l’armée qui prend en charge. »
Il expliquait calmement tout en penchant la tête pour la regarder sans gêner son observation. Il sentit, aux tiraillements sur la chaîne, qu’elle en était passé à la deuxième plaque.
« Quand un soldat meurt, on lui prends celle-là. Et l’autre reste autour de son cou. C’est dans notre tradition. Comme ça le corps reste tout le temps identifiable même s’il ne reste personne pour le reconnaître. »

-Donc… ces plaques servent à identifier vos cadavres ?
« Oui, sur un point de vue très objectif. Mais tu sais, nous, on voit ça davantage comme un plaisir, enfin un honneur je veux dire. C’est notre appartenance à l’armée. J’ai galéré pour avoir ces plaques ! »

Effectivement, ça avait un côté pratique pour faire du ramassage de masse sur le champ de bataille… mais c’était aussi très inhumain. Comme si l’on reléguait l’individu à un collier, un morceau de métal…
-Et ce n’est pas trop dur de les porter au quotidien en sachant ce qu’elles représentent ?
« Ca s’accroche aux poils de torse, ça pique des fois. » Plaisanta Darren.
Il semblait à la princesse ne jamais l’avoir vu sans. Et elle avait raison Emilia, pour rien au monde il ne retirerait ces dites plaques.
« Pas du tout. Je me sens nu sans mes plaques moi... »
-A cause de l’habitude ?


Clive s’expliquait de manière objective, qu’importe si le sujet était glauque. Il pressa légèrement plus Emilia dans son étreinte pour ajouter :
« Hé. On pourrait faire les tiennes...comme ça ton imposture sera jouée à fond ! Et pas pour le côté “cadavre” attention ! »

Emilia s’écarta un peu, désireuse de limiter ce moment qui prenait des allures un peu trop tendres à son goût. Par ailleurs, la perspective de porter ce genre d’objet était un peu trop glauque à son goût. Darren comprit le signe, il fallait pas abuser non plus et il reprit une position un peu plus courante.

– Pourquoi tu comptes me faire porter à nouveau un costume de soldat atlante ?
« Avoue que c’était quand même bien sympa et... »

Tout à coup, quelque chose cogna doucement contre la chaussure du militaire et se mit à tirer. Profitant que l’homme ait le regard ailleurs, une espèce de gros poulet déplumé aux yeux exorbités avait approché et était en train de picorer sa chaussure, tirant sur la boucle métallique.
Instinctivement, Darren bougea son pied sans trop de violence et découvrit l’animal. Il était déjà bien laid mais, surtout, il se demandait d’où est-ce qu’il pouvait sortir. Il n’était pas trop inquiet vu que les rangers étaient très solide habituellement. Mais là, c’était quasiment un invité gênant. Un peu moqueur, Darren regarda son amie et lui demanda d’un ton faussement sérieux :
« Tu veux un nouveau casse-croûte ? »
– Il est attiré par les objets brillants...

La créature gloussa tout en regardant Darren comme si elle cherchait à le gronder car il l’empêchait d’obtenir ce qu’il voulait, sautilla vers la chaussure et remit un coup de bec sur la boucle.
« Je prends ça pour un “oui”. » rétorqua le soldat du tac au tac en empoignant son neuf millimètres. « Il fait tâche dans le décors, celui là, il s’est paumé ! »

– WOW ! Qu’est-ce que tu fais avec ton arme ? s’exclama Emilia avec des yeux ronds. Il est inoffensif, inutile d’être violent.
Clive éclata de rire.
« J’ai réussi ! » Chantonna-t-il. « Je pense à autre chose et je peux te faire marcher : YES !!! »
Il se pencha dans sa direction.
« Hey, je suis pas du genre à ouvrir le feu gratuitement ! »
Hmm… dit-elle en faisant la moue avant de se lever et de faire de grands gestes avec un “PSSSHHT” pour faire peur à l’animal qui partit en courant tout en secouant ses ailes. Le spectacle avait quelque chose de comique, l’oiseau ne décollait pas de terre. Il finit par se réfugier dans ce qui ressemblait à un terrier.
« Tu me crois pas ? » S’inquiéta-t-il.
La jeune femme se réinstalla.
- Tu expérimentes des choses ? demanda t-elle en rebondissant sur son cri de victoire.
« La portée de ton radar. » Avoua Darren. « J’ai essayé d’imaginer que ce poulet était le Wraith qui avait failli tuer Max pendant la Guerre. Je voulais voir si tu allais vraiment penser que je ferais du mal à une créature sans défense. »
Il leva les sourcils.
« Je t’ai fait marcher. Mais je m'aperçois que c’est pas si drôle maintenant. Mauvais élève, Clive ! »
Le soldat craignait surtout qu’elle se mette à lui en vouloir en faisant un amalgame. En se disant par exemple qu’il cherchait un moyen de tromper les émotions qu’elle recevait par empathie, pour qu’il ne soit pas aussi franc qu’accoutumée. Pourtant il ne changerait pas maintenant que ce secret avait été révélé. Du moins, Darren s’attelerait à ne pas réagir en partant du principe qu’elle “sentirait” les émotions tirées de ses pensées.
Est-ce qu’elle allait s’offusquer en découvrant qu’elle était tombée dans le panneau ?
- Tu essaies d’apprendre à manipuler tes émotions ?
Emilia le regarda avec un air indécis. Elle captait maintenant son regret et en ressentait un brin d’amusement. L’oisillon avait peur de mal faire et de la vexer mais il ne pouvait s’empêcher de laisser exprimer sa personnalité.
- Pourquoi culpabilises-tu ?
Il fallait reconnaître que ça aidait beaucoup la conversation parfois. Il avait eu cette piqûre dans le coeur et elle lui demandait pourquoi l’instant d’après.
« Parce que c’était une blague. Mais finalement, je voudrai pas que tu te fasses une mauvais idée de moi. »
Il laissa filer un instant et il ajouta :
« Je n’ai rien à te cacher. Pour ce qu’on a entre nous, c’est pas un mal ton empathie... »
– Ta curiosité fait partie de toi et mon pouvoir est intriguant. Tant que tu n’agis pas de manière mal intentionnée…
Elle n’allait pas lui en vouloir de tester les limites de ses capacités alors qu’elle même le faisait avec les autres Exceptions.

« Jamais. » Assura Clive, sûr de lui.
Il n’allait pas lui demander de lui faire confiance là-dessus mais il en était intimement persuadé. Il ne se voyait pas, à un moment donné, et même sous la contrainte, avoir des intentions néfaste à son encontre.
Il regarda le cour d’eau puis demanda, pour casser le sujet de façon comique :
« On doit s’attendre à d’autres visiteurs ? »

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Dim 5 Mai - 1:02

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– Probablement, nous sommes en pleine campagne et il n’y a pas de zone habitée aux alentours donc les animaux sont rois. Mais il n’y a pas de grand prédateur ici ne t’inquiète pas.
« Mais je ne suis pas inquiet. » Fit-il de manière mystérieuse tout en se levant. « Enfin, plus maintenant ! »
Et il fit tomber lentement sa veste pour la poser délicatement au sol. Il voulait en prendre soin, étant offerte par la maison Eidolas, puis il posa son fusil à pompe non loin de la rive. Darren la regarda un peu, mesurant le courant qui était très léger, et le fait que l’eau était bien loin d’être sale. Pas de prédateur hein ? Ben c’est génial ça. Bien génial.

Le soldat retira son haut qu’il plia lui aussi soigneusement avant de s’attaquer à ses bottes.
« Ben quoi ? » Demanda-t-il, amusé. « Pas de zones habitées à proximité hein ? »
Il ricana et se sépara hâtivement de ses rangers avant de s’attaquer au reste.
« HE, LÉO, REGARDE PAS EN BAS SURTOUT ! TU VAS AVOIR PEUR ! »

Et sans forcément chercher de vulgarité, il tourna le dos à la princesse pour se séparer de tout le reste. Tout, oui. Darren sentait l’air frais de la nature, l’herbe sous les orteils qu’il remuait, le bruit de l’eau et toute cette foutue nature bien appréciable. Ca faisait tellement longtemps qu’il ne s’était pas permis cette liberté qu’il la prenait de bon coeur. L’homme s’étira un peu et écarta les bras dans un élan de joie. Il ne craignait pas le froid, même s’il sentait la chair de poule l’investir, la fraîcheur longer la surface de son épiderme. Tout comme il n’avait pas peur de se montrer en tenue d’adam à la princesse pour apprécier ce moment de campagne et ce ruisseau qui l’appelait. L’eau serait surement gelée mais il suffisait simplement de s’y habituer. Une question de moral quelque part.
Ce ne serait jamais vraiment pire que ses entrainements dans la boue et l’humidité latente sur le continent.
« Dernière leçon ! » S’écria-t-il joyeusement sans se retourner. « Ca s’appelle une bombe et c’est les gosses de douze ans qui la font ! »
Et Clive s’élança joyeusement, bondissant pour récupérer ses genoux contre son torse avant le contact gelé du ruisseau et le vacarme du plongeon qu’il causa. Impossible de savoir s’il avait éclaboussé Emilia. Sa part aventureuse et gamine le souhaita, l’adulte et ami ++, espéra que non.
– Douze ans… et moi qui te prenait pour un adulte ! plaisanta Emilia en le regardant plonger comme un gosse. Elle fut soulagée de ne pas être éclaboussée, elle n’avait pas le courage de l’atlante. Bien que le printemps pointait le bout de son nez dans cette partie d’Orzan, il faisait encore frais. Beaucoup trop frais pour poser ses vêtements et aller piquer une tête.

Quand il se redressa, il recracha l’eau qu’il avait dans la bouche et poussa un cri mêlant la stupeur, la joie et l’enfantillage.
« Wouh !!! C’est frais !!! »
Darren se pencha ensuite en arrière pour faire une sorte de planche améliorée, ses pieds s’enfonçant dans la vase pour qu’il maintienne sa position.
« J’adore la nature ! » S’écria-t-il en montant son visage vers le soleil. Il ajouta, à moitié sérieux, tout en barbotant : « J’adore la Gaëllie ! Je démissionne et je construis une cabane de fleurs ici ! »

– Un petit enfant comme toi survivrait-il sur la dangereuse Orzan ? demanda Emilia mesquine.
« Ca dépend ! » Répondit-il joyeusement en jouant avec l’eau. « Peut-être autant que la petite Emilia sur la dangereuse cité d’Atlantis !!! »
– Sur Atlantis ce sont les humains qui sont à craindre.
Il regarda autour de lui.
« Je ferai ma cabane ici, l’enclos de mon drakonys là. Et je ferai un nid à Léo, là haut, en tressant quelques fleurs entre elles ! »
– Un grand nid alors. Léo sera ravi.

Le soldat s’enfonça volontairement sous l’eau et revint à la surface en s’ébrouant. C’était froid mais pas assez pour le geler jusqu’aux os. Il se tourna vers la princesse et changea brusquement de sujet.
« Tu sais, l’autre fois, vous avez parlé d’un truc qui me taraude ! »
Il envoya de l’eau en direction de la jeune femme en sachant bien que ça ne l’atteindrait pas.
« Une histoire de programmation et d’une personne qui avait laissé un vide. Ton frère avait même essayé de te faire faux-bond avec cette excuse. »
– En effet. Et alors ?
Avec ses pouvoirs, elle lui envoya un peu d’eau dans la tête pour “contre-attaquer”. Clive s’y était attendu. Il créa un “mur” de défense qui ne fit pas le moindre pli contre les troupes adverses et il ria en se prenant la flotte au visage. Il reprit :
« Je me voyais pas faire l’indiscret devant le reste de ta famille. Mais il s’agit de quoi ? Ca me rend curieux ! De la programmation et un humain ? Vous manipulez des gènes, des trucs dans le genre ? »

– Ben non, c’est l’IA de la maison.
« Quoi, une sorte de Lorraine Eidolas ?!? » Sourit-il en cessant ses gamineries dans l’eau. « Elle est du genre timide en ce moment ? C’est pour ça que tu disais que ça laissait un vide ! »
– C’est Dorian qui l’a codé et j’ai cru comprendre qu’il l’avait désactivé pour procéder à des mises à jour.
Clive s’approcha du bord et y déposa ses coudes pour être à bonne hauteur.
« Quelle est sa fonction ? »
– Toutes sortes de choses. La maison est connectée avec elle, elle nous facilite la vie.
« Ton frère l’a créé, tu dois y être attachée... »
Emilia haussa les épaules.
– Elle fait un peu partie des meubles maintenant, on y est tous habitués.
« Ca fait combien de temps qu’elle a été créé ? »
– Euh… c’est arrivé petit à petit en fait. Dorian a commencé à bricoler la maison et à connecter un objet, puis un autre. Puis il a donné un peu de caractère à son IA qui était encore à un niveau très basique. Et l’IA a gagné en intelligence au fil du temps. Mon frère adore bidouiller la technologie.
« Il est sacrément malin. » Constata Clive. « Et il lui a donné quel nom ? »
– Mayura.

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Ven 14 Juin - 16:58

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Il l’avait déjà entendu au cours du dîner mais il n’était pas bien sûr. Heureusement qu’il faisait un peu répéter de temps en temps d’ailleurs. Il préférait passer pour un imbécile quelques fois plutôt qu’un beauf bien gênant en continue.
« Mayura. D’accord. » Répéta-t-il en apprenant le nom.
Il prit appui sur ses avants bras et quitta le ruisseau. La brise lui faisait sentir que le printemps n’était pas encore là et Clive s’approcha de ses vêtements. Au fond de lui, il se sentait un peu gêné de cette exposition. Bien étrange quand on savait qu’il n’en avait rien eu à faire au début. Sauf que le soldat n’avait pas réfléchi à la fin de sa baignade. Il allait rester un petit moment comme ça, à poil, à attendre que le soleil assèche sa peau.
Tranquillement, Darren alla s’installer à côté de ses affaires et de ses armes. Il regarda le paysage en l’appréciant et demeura allongé de flanc, une jambe en équerre pour rester un tant soit peu correct vis à vis d’Emilia.
« Tu pars voir Fidji pour enquêter ? » Demanda-t-il finalement ? « Tu m’as dit qu’elle avait échappé à une tentative d’empoisonnement. Elle a quoi comme pouvoir ? »
– Tu verras, Fidji est… différente.
Il tourna la tête pour essayer de sonder son regard.
« Différente comment ? »
– Elle est très pure.
« Parce que tu ne l’est pas, l’Exceptionnelle ?? » Questionna-t-il en souriant.
– Non, répondit-elle honnêtement. Fidji a une conception du bien et du mal très différente.... elle est un peu et ici et ailleurs. Je la pense plus près de l’Envol qu’aucun d’entre nous.
« Hm...donc elle ne ferait pas sauter quelques Wraiths avec des paquets surprise ? » Demanda Clive qui respectait profondément l’avis que s’était forgé son amie sur elle.
Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la belle tant l’idée lui semblait saugrenue.

-Je n’en ai aucune idée. Je la verrai plutôt chercher le consensus ou leur faire des câlins, pouffa la princesse. Mais elle me surprendrait peut-être.
Darren souria à son tour. Il se redressa pour commencer à se rhabiller.
« Alors, allons me faire découvrir cette personne ! »

Il était l’heure de partir. Emilia siffla Léo pour l’inciter à venir et entreprit de ranger à nouveaux les affaires dans les sacoches de l’oiseau avant de s’équiper pour le vol et de vérifier que Darren en avait correctement fait autant. Il avait essayé de reproduire tout ce que la jeune femme lui avait expliqué, même s’il restait encore une ou deux erreurs, sur des pièces où il ne distinguait pas l’envers de l’avant.

-Nous allons faire un détour avant d’aller à Alicante. Puisque tu aimes la nature il y a quelque chose que je voudrai te montrer.
« Des détours ? Je suis partant ! »

Ensuite, elle monta sur le nifgar et s’y accrocha avant de tendre le bras pour aider Darren à prendre place. Quelques instants plus tard l’oiseau prenait son envol. Ils chevauchèrent une bonne demi-heure avant qu’Emilia ne conseille à Darren de fermer les yeux pour garder la surprise. Le soldat s’éxécuta, en ayant confiance, et appréciant à la fois le vol à dos de Nifgar. C’était une expérience si agréable ! Trois minutes plus tard ils se posaient. La princesse annonça qu’il pouvait enfin regarder si ce n’était pas déjà fait.

-La mer de nuages ! s’exclama Emilia.

Ils étaient perchés en altitude et l’air était nettement plus vif ici de même que l’oxygène s’était raréfié. Mais ce genre de détail n’importait pas face au spectacle stupéfiant qui se dévoilait en contre-bas. Le nom donné à ce phénomène était bien trouvé : des nuages épais bougeaient à toute vitesse de telle sorte que l’on avait l’impression qu’ils glissaient les uns sur les autres comme des vagues. Le soleil et la couleur du ciel se reflétait dessus et leur donnait une coloration orangée.

Darren avait par moment ses petits côtés fleurs bleue mais ce n’était pas un fana du sentimentalisme. Ou du moins, il n’aimait pas s’étendre sur de grandes démonstrations. Là, par contre, il resta bouche bée en observant ce spectacle météorologique unique. Instinctivement, comme si sa volonté prenait le pas sur la sécurité, Clive assura ses mains sur les deux épaules d’Emilia sans l’écraser de son poids. Il se redressa pour pouvoir regarder au-dessus de sa tête et apprécier le spectacle. Il avait senti Léo réagir à cette différence de posture mais son amie le contrôlait très bien. Darren pouvait donc s’en mettre plein la vue, même s’il avait un peu plus de mal à respirer. En s’enfonçant dans quelques pensées suivant les mouvements gracieux des nuages, le soldat songea que même April n’aurait pu être indifférente.
Ce spectacle, il était le seul Atlante à en être témoin. Sûr qu’il ne devait pas y avoir ce genre de phénomène sur Atlantis et il tapota gaiement les épaules d’Emilia en rythme pour lui faire part de son contentement.
« Je parie que tu t’es souvent amusée à foncer dedans ! On le fait ??? »
Emilia pointa du doigt une direction et lui montra les nuages. Au début il n’y avait rien, puis en y regardant bien, Darren pu distinguer un aileron dépasser, puis la créature ailée à qui il appartenait. Puis un second et un troisième aileron. Et ensuite plus rien… les animaux avaient replongé dans la masse nuageuse.
« D’accooooord. » Devant l’évidence des prédateurs. « Tu leurs a fait la course ? » La taquina-t-il sur sa fixette de la quête du Drakonys.
Tu veux les chevaucher eux aussi ?
« Tu esquives ma question là ! » Lui rétorqua-t-il dans l’oreille en se réinstallant. « La princesse a toujours été sage ?!? »
Disons que j’ai déjà été prise en chasse. Je suis prudente maintenant.
« Je comprends. » fit finalement Clive. « Tu as dû avoir une sacrée frousse ce jour-là ! Léo aussi... »
Et oui ! Donc oui, j’ai fais la course avec l’un d’entre eux.
« Content de voir que tu aimes aussi les sensations fortes. » Ironisa-t-il. « Emilia...tu m’offres un peu de voltige avant d’arriver à Alicante ? Je suis sûr que tu m’as pas montré ce que Léo avait dans le ventre juste pour éviter que je renvoie sur ta belle tunique !!! »
Tu n’as vraiment peur de rien hein...
Et d’un geste brusque, elle fit décoller Léo qui s’éloigna de la mer de nuages avant de se laisser tomber en flèche vers le sol. Darren voulait des sensations fortes ? Il allait en avoir !
Le soldat se colla contre le dos d’Emilia en criant d’un mélange de crainte, de plaisir, de désespoir et de joie.
« Woaaaaaaaaaouuuuuuu ! PLUS VITE !!!!!!!!!!... » Lâcha-t-il sans forcément en vouloir davantage. Son râle se mua en un rire agréable jusqu’à ce qu’il manque de souffle.
La jeune femme joua un moment, reprenant de l’altitude pour se laisser à nouveau tomber. C’était plaisant de renouer avec les sensations fortes mais il ne fallait pas perdre de vue que les heures passaient, elle prit donc le chemin pour se rendre à Alicante.

Alicante n’avait rien en commun avec Sombrelune. La cité comptait parmi les villages cachés d’Orzan et l’on comprenait pourquoi en la voyant… ou plutôt en ne la voyant pas. En survolant la zone, Darren ne pouvait voir que des arbres gigantesques dont la cime s’élargissait considérablement comme de grandes plateformes recourbées. Il aurait été difficile d’imaginer que des maisons se tenaient là, ainsi que des cultures qui étaient plantées à l’intérieur de ces plateformes qui laissaient passer le soleil à travers les feuillages… Le nifgar pénétra dans la forêt et se fraya un passage à travers les arbres puis finit par atterrir sur terre quand il fut trop difficile d’avancer à ailes déployées. Clive avait cru, pendant une petite seconde, que Léo avait eu un malaise et les envoyait droit à la mort en s’écrasant lourdement. Mais non. Il s’était un peu vouté derrière Emilia, très instinctivement, avant d’avoir un peu honte de découvrir qu’il s’était servi d’elle comme bouclier dans l’urgence. Pour un type sensé la protéger…
Le soldat ria de sa propre bêtise et observa autour de lui. Il comprit rapidement concernant la ville et tenta d’en discerner un peu mieux les détails.
« Alicante.... » Murmura-t-il avec admiration.
Une fois atterrit, Darren mit pied à terre et tenta de calmer ses jambes flageolantes. Il ne s’empêcha pas de remercier le Nifgar d’une caresse sur le bec, à défaut d’une reconnaissance mentale à l’égard d’Emilia, et tapota ensuite brièvement sur ses cuisses.
« A chaque fois que je crois avoir vu le summum, tu me montres un truc encore plus dingue. »
C’est un lieu sacré depuis que Fidji y vit.

Elle marqua une pause et ajouta :

-Nous ne montrons pas nos villes cachées aux étrangers d’ordinaire, du moins pas à ceux que nous connaissons à peine, alors évite de mentionner cette visite à ma famille.

Il se sentit flatté. Comment ne pas l’être.
Clive acquiesça silencieusement en la gratifiant d’un fin sourire. Il n’en dirait pas un mot, c’était promis !
C’était plutôt amusant. Lui cherchait à la flatter sur ses compétences. Et elle lui retournait la pareille de manière plus naturelle et désintéressée par l’acte. Elle avait envie de voir Fidji mais elle avait totalement confiance en lui pour qu’il garde ce secret.
Emilia se décrocha et mit pied à terre. Elle retira les sangles qui maintenaient les crochets et les glissa dans un sac avant de se mettre en route. Léo les suivit en marchant, les ailes rétractées contre son dos. De temps à autre, des animaux sautaient de branche en branche ou s’effuyaient devant eux. Ca aussi, Darren essaya de les observer tant bien que mal au passage.

Nous ne croiserons pas d’animaux dangereux ici, Alicante utilise un système d’ultrasons pour faire fuir les prédateurs. Inaudible pour les humains mais dérangeant pour certaines créatures.
« Il y avait régulièrement des intrusions de prédateurs avant ? » Demanda-t-il sur une forme de déduction curieuse. « Des victimes j’imagine, avant qu’ils inventent ce système.... »
-Oui mais nous avons des systèmes efficaces maintenant. Les gaëlliens enseignent à leurs enfants ce qu’il y à savoir sur la faune et la flore dès leur plus jeune âge pour éviter le danger lorsqu’ils s’éloignent des zones protégées.

Les gaëlliens n’auraient pas eu l’idée de dégainer leurs armes pour aller massacrer tous les animaux susceptibles de nuire s’ils pouvaient faire autrement. Darren nota ça silencieusement. Alors qu’il suivait la princesse, il s’assura par une palpation discrète que son fusil était bien dissimulé sous son manteau et que la carte de sécurité était toujours dans sa poche.

Un bruit d’oiseau un peu plus marqué raisonna et Emilia leva la tête.

-Nous avons été repérés, dit-elle calmement.
« J’entends ça... » Répondit-il tout en levant le nez pour essayer de les observer.

Elle continua de marcher. Deux minutes plus tard, les premiers signes de vie apparaissaient : des passerelles suspendues reliant les arbres, des infrastructures fondues dans la flore… la technologie était présente et pourtant, elle se fondait totalement dans le décor.
Quelques personnes traversaient les passerelles pour aller rejoindre une autre plateforme, un escalier ou une cabane. On était loin de la densité des habitations sous la montagne, ici tout était plus calme, serein. Plusieurs paires d’yeux se posèrent sur eux et des villageois se rapprochèrent pour les saluer avec toute la déférence que des tarkis devaient à un zeïn et même plus encore. La nouvelle de son retour sur Orzan avait visiblement circulé par ici car les alicans ne présentaient pas la même stupeur qui avait frappé les gaëlliens le premier jour. Ils avaient l’air sincèrement ravis de retrouver leur princesse divine et lui faisaient bon accueil, à elle et à son ami inconnu.

Une ville suspendue. Une fois de plus, nouvelle page d’un chapitre sur la longue histoire de la découverte de la Gaëllie, le regard du soldat étincela. Il observa l’agencement des structures dissimulées avec un véritable intérêt. Son regard se posa en observateur, dans un silence respectueux, comme l’étudiant dans une bibliothèque d’université qui connaissait pour la première fois la vaste grandeur de ces ouvrages. La façon dont c’était construit, la texture, l’aspect. Cette dissimulation.
Darren goûtait à tout à la fois. Il aima cette forme de simplicité et de communion avec la nature. C’était comme se rendre dans un milieu rural, une simple ville campagnarde, mais avec une âme, un charme certain. L’accueil de la populace lui fit aussi quelque chose. Il s’était détaché un peu en retrait, avec Léo, pour observer avec une certaine forme de passion l’authenticité de cette relation. Le peuple l’aimait, l’adulait, c’était quelque chose de sincère. Cette belle onde chaleureuse donnait l’air d’aller d’un point à l’autre. Ces gens étaient ravis de revoir leur princesse tout comme elle goûtait manifestement cet accueil agréable.
Clive en souriait. Qui ne le ferait pas en pareille circonstance ?

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Mer 31 Juil - 21:59

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Une fillette s’approcha avec un petit panier rempli de fruits et le leur tandis. Emilia sourit, notant que certains alicans revenaient d’une cueillette, ils avaient les bras chargés de fruits aux couleurs et aux formes déroutantes.

-C’est pou’ la princesse et pou’ toa, lança t-elle à Darren.

Le soldat s’approcha et lui fit un petit clin d’oeil.
« Tout ça pour mooooaaaaa ?... » Joua-t-il gaiement en feignant de lui prendre l’ensemble de son panier, ne laissant rien à la princesse.
La fillette le regarda avec des yeux ronds.
-Bah voui !
Emilia regarda la scène avec un léger sourire. Ainsi donc Darren savait y faire avec les enfants. La fillette pouffa avant de repartir en trottinant vers son père.
Amusée, la princesse entreprit de se remettre en route avant que l’attroupement ne grossisse, car cela n’allait pas manquer d’arriver. La jeune femme n’avait pas particulièrement envie de saluer l’autorité locale ni de s’attarder trop longtemps au contact des villageois, elle était venue pour visiter l’Etre d’Exception d’Alicante.

Spoiler:

Ils marchèrent à travers bois, puis finirent par s’engager dans ce qui avait des airs de tunnel végétal. La nature s’était resserrée et tout autour d’eux et il fallait parfois se pencher pour éviter une tige en suspension. Ici, la nature semblait plus verte, plus fleurie et cela se renforçait à mesure qu’ils progressaient sur le chemin.
Et puis soudain, un bruit de clapotis commença à se faire entendre et ils parvinrent enfin au bout du tunnel. Leur champ de vision s’élargit alors pour dévoiler un cours d’eau ainsi que plusieurs petites cascades et un arbre immense et majestueux qui semblait accueillir une construction.

Spoiler:

A quelques mètres d’eux, une créature qui avait des airs de loup s’étira paresseusement avant de se lever pour leur faire face et les considérer d’un regard curieux.

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Mer 31 Juil - 22:00

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L’Exception n’habitait donc pas directement dans la ville de verdure. C’est la constatation que se fit le soldat tout en suivant la princesse calmement, finissant de coincer le fruit qu’il avait récupéré dans sa poche. Parfois, il se retournait pour voir si Léo était toujours là. L’animal les suivait un peu comme un chien, un compagnon parfaitement fidèle et dévoué à cette jeune femme. Le griffon était curieux et il regardait parfois par-dessus les gardes-fous des passerelles suspendues, attiré par une étrange activité que lui seul semblait pouvoir suivre.

Ou bien était-il ce grand gourmand qui aurait voulu goûter quelques poissons étrangers dans cette mare, là, en bas ?

Durant quelques secondes, en se retournant complètement pour observer Léo, alors qu’il marchait à reculons pour rester dans le sillage d’Emilia, Darren avisa un regard circulaire et constata que la foule n’était pas trop envahissante. A partir du moment où la princesse avait décidé de reprendre son chemin, personne ne l’avait suivi comme ces petits poissons parasites collés à l’orque de mer.
Mais en n’ayant que Léo dans sa vue, le jeune homme se surprit à se demander s’il ne se conduisait pas comme un toutou comme cette créature. Attaché, fidèle et serviable...non...il trouvait des tonnes de faits positifs venant contrebalancer l’idée.

Tant de verdure l’étonnait. C’était comme s’il se retrouvait soudainement propulsé dans une jungle tropicale, ou qu’on lui avait fait emprunter une machine à remonter dans le temps, pour lui faire connaître le vietnam. Pendant qu’il claquait sa nuque en apprenant que, même dans ce paysage paradisiaque, les foutus moustiques existaient (et avec deux dards ceux-là, s’il vous plaît !), le soldat trouvait qu’il ne faisait pas si humide et désagréable.
C’était quand même un sacré changement de décors depuis Sombrelune et, vu le tableau, Clive se demandait vraiment s’il n’allait pas tomber sur une représentation iconographique du “peace and love” terrestre. Le tout haut en couleur et avec quelques outils de travail à base de fumettes.
Après tout, l’herbe ne manquerait probablement pas dans un endroit comme celui là.

« Est-ce que Fidji est du genre à prendre des substances pour faciliter son Envol ? » Demanda-t-il dans un préjugé assumé.
Ce n’était qu’une simple comparaison selon lui. Mais pour être aussi proche de la nature, il était probable qu’un peu de réconfort psychotrope ne lui soit pas étranger.

Emilia lui lança un regard mi-perplexe mi-amusé.
- Je ne pense pas… elle n’a pas besoin de cela pour être… enfin… comme je te l’ai dis, elle est particulière.

Le tunnel de verdure faisait vraiment vietnam cette fois.
Sans même avoir vécu cette guerre-là, les films et reportages qu’il avait dévoré étant jeune semblaient assez comparables et représentatifs. Malgré tout un peu nerveux mais aussi très excité par la perspective de cette rencontre, Clive regarda un peu autour de lui. S’ils se rendaient dans un cul de sac, la demeure de Fidji, fuir une hypothétique menace serait très compliqué. Mais en même temps, s’il n’y avait qu’un seul chemin à surveiller, c’était bénéfique.

Il fallait noter ça et le mettre de côté. Après tout, il s’était attendu à ce que son amie se fasse attaquer rapidement et ce n’était pas le cas. Mais son armée personnelle n’était pas là cette fois-ci, raison pour laquelle il se voulait vigilant et alerte. Cela ne l’empêcha pas d’apprécier le spectacle d’ailleurs.
Quand il entendit le griffon s’agiter dans son dos, Darren se retourna et vit qu’il s’empêtrait dans la verdure tant le passage était étroit pour lui.
« Attends, je vais t’aider... »
Le soldat tira les quelques branches qu’il avait pu esquiver en baissant la tête. Pour l’animal, c’était une autre affaire. Seulement, c’est qu’il était un peu branleur celui-là. Il n’avait pas grand chose à cirer de l’inconnu alors que sa princesse s’éloignait. Il força et envoya un bon coup de boutoir qui le dégagea...et manqua de dégager Clive avec. Un sacré bulldozer qui le contraignit à se cramponner pour ne pas passer en-dessous.
« Hé, non ! Pas de rodéo dans le tunnel ! Arrête !!! » S’écria-t-il, alors accroché à son cou par la force des bras. Léo l’ignora, n’ayant qu’en tête de combler le retard sur Emilia. Cette dernière jeta un oeil en arrière et, voyant qu’il n’y avait pas de danger direct pour Darren, se contenta de ralentir la marche sans pour autant aller l’aider. Puisque le soldat espérait adopter un nifgar, il était bon de le laisser se confronter à la bête.

Darren reposa les pieds à terre lorsque le Nifgar cessa enfin son cinéma. La soudaine impression d’espace le renseigna sur le fin que le tunnel avait prit fin. Il se retourna et admira le spectacle époustouflant. Un auteur de fantasy aurait eu du mal à décrire tout ce qu’il voyait. Pour un peu, il en prendrait une photo qui ferait jalouser les botanistes. Il se souvenait que certains surnommaient les paradis naturels comme des “mondes Gaïa”. Darren pensait que la demeure de Fidji n’en était rien de moins que le trône.

« Emilia. » l’appela-t-il en lui prenant l’avant-bras.
D’une pression pas trop brusque mais assurée, il la retint et lui interdit une nouvelle progression. Sa main libre empoignait la crosse de son neuf millimètres mais il ne le sortit pas. La jeune femme cessa de marcher et lui lança un regard interrogateur.
« Tu me fais la présentation à distance avant ? » demanda-t-il, amusé, en pointant du menton l’étrange loup qui s’était mis à les observer.
-Ah… oui, bien sûr.

Darren ne le considérait pas comme une menace. Emilia lui avait dit que les prédateurs étaient écartés par un système technologique et ils semblaient encore sous son aire de protection. Sans oublier que ce n’était pas la première fois que son amie s’y rendait. Sortir le pétard en pensant avoir affaire à une bête sauvage serait stupide.
Seulement, il était l’étranger à l’odeur bizarre, Clive en était persuadé. Alors autant rester prudent. Il aurait mis sa main à couper qu’une rencontre avec le nifgar sans la présence d’Emilia aurait produit quelques flaques de sang.

« Il est à Fidji ce que Léo est à toi, c’est ça ? »
-Pas tout à fait… Enäya s’est invitée au temple un jour et demeure dans les environs depuis. Elle fait un peu partie du paysage... dit-elle en s’accroupissant pour tendre une main prudente vers la créature.

Elles se toisèrent quelques instants, puis la louve fit quelques pas dans leur direction avant de se coucher à deux mètres d’eux, l’air de dire “si vous voulez me toucher c’est VOUS qui faites l’effort de venir à moi”. La princesse se redressa tranquillement et la rejoint pour la caresser sur la tête avant de faire signe à Darren d’approcher.

-Viens si tu veux. Doucement.

Enäya eut un mouvement de recul en voyant approcher l’homme mais ne lui témoigna aucune agressivité. Elle se redressa et le renifla avec curiosité. Comme pour Léo, Darren lui avait présenté le creux de ses mains pour la laisser l’inspecter. Elle le fit avant de se tourner et de trottiner en direction des portes qui se devinaient dans le grand arbre.

- Elle te montre même le chemin du temple, si ce n’est pas beau… ironisa Emilia avant de se mettre en route. Elle salua un homme en tenue cérémoniale qui était occupé à tailler des herbes avant de franchir à son tour les grandes portes.

Léo s’arrêta ici. Il savait qu’il ne pouvait aller plus loin… il avait déjà essayé par le passé et cela n’avait jamais été bien concluant.

Les lieux étaient relativement spacieux si l’on tenait compte du fait qu’ils se trouvaient à l’intérieur d’un arbre. Les lieux étaient décorés avec des étoffes aux couleurs chaudes et le mobilier était en bois. Des escaliers taillés à même l’écorce partaient dans des directions différentes, laissant entendre que le temple ne se résumait pas à cet espace. Néanmoins, la grande statue de pierre qui trônait au centre des lieux et les nombreuses bougies qui la cernaient laissait entendre que l’endroit était important. Celle ci représentait une femme au visage bienveillant qui tendait une main accueillante en direction de l’entrée. Dans un coin, un homme portant le même genre de tenue que celui qu’il venait de croiser était occupé à nettoyer le sol. Lorsqu’il les aperçu, il salua Emilia et son escorte avec la même attitude révérencieuse dont avait fait preuve son homologue. La jeune femme échangea un signe de tête et quelques paroles rituelles avant de se saisir d’une bougie sur un meuble, de l’allumer et d’aller la déposer devant la statue. Elle posa un genoux à terre, fit le geste de salutation traditionnel gaëllien avant de lui adresser quelques mots à mi-voix en langage lantien. Puis elle se redressa et fit signe à Darren de la suivre, se doutant de l’endroit où elle allait trouver Fidji. Elle lui fit grimper un petit escalier, tourner au détour d’un couloir et ouvrit une petite porte qui leur firent accéder à un jardin en extérieur. Ici, la verdure semblait encore plus vivante, l’herbe plus verte, les fleurs plus éclatantes… ils venaient de pénétrer le domaine de Fidji, son trésor.
C’était ainsi que le pouvoir de l’Exception s’était dévoilé. Jadis, ses parents l’avaient placé dans un temple, loin de la civilisation par honte car leur fille ne raisonnait pas comme les autres, à tel point qu’ils en avaient conclu à un handicap mental. Elle semblait déconnectée, complètement décalée, et cela ne pouvait être toléré par les shayens. Fidji s’était plu dans son nouvel environnement et avait embrassé la vie de prêtresse sans porter le moindre jugement à l’encontre de ceux qui l’avaient abandonné. Les années avaient passé, puis la nature avait commencé à gagner en force partout où la jeune fille passait, les autres prêtres qui vivaient à proximité ne tombaient plus malades et ne souffraient plus des désagréments dûs à l’âge…
Les tests scientifiques avaient été formels : Fidji possédait le don. C’était comme si elle rayonnait de vie, littéralement, elle guérissait et fortifiait ce qui l’entourait. Mais l’Exception n’avait pas changé malgré son nouveau statut, elle conservait sa simplicité, son amour des autres. Lorsque ses parents étaient revenus vers elle, regrettant de l’avoir déshérité, elle avait refusé de retourner auprès d’eux et avait formulé son désir de rester à Alicante. Loin du monde, loin de tout, ce petit village lui plaisait, elle l’avait adopté.
Alors c’était le monde qui était venu à elle. Car la nouvelle de ses pouvoirs s’était ébruitée, des gens avaient commencé à venir dans l’espoir de guérir de leur maladie/handicap et en l’espace de quelques mois, le village avait triplé en population. Les instances locales s’étaient alarmées et avait adressé une requête à la souveraine d’Arcadie qui avait autorité sur les lieux. Cette dernière fit le choix de contrôler les flux et déclara deux journées de pèlerinage annuel pour pouvoir rencontrer Fidji qui acceptait de se prêter au jeu. Ainsi, le reste du temps, l’accès au village était restreint pour éviter les débordements.

La bienveillante Fidji était occupée à tailler un buisson de fleurs odorantes dans un splendide jardin. A ses pieds jouaient des petits louvetaux qui auraient parfaitement pu se fondre dans le décors grâce à la couleur de leur dos s’ils n’avaient pas été trop occupé à courir et à se grimper les uns sur les autres. Elle portait une tunique simple clair, sans fioriture, et ses pieds étaient nus malgré la fraîcheur ambiance. Ses cheveux d’un blond cendré presque platine tombaient librement et s’arrêtaient à la naissance de ses fesses. Seule une couronne de fleurs décoraient son front. Il aurait été difficile de lui donner un âge, elle ne semblait guère plus vieille que Darren mais les apparences pouvaient être trompeuses...
Enäya s’était installée à quelques mètres et surveillaient ses petits du regard.

- Emilia ! S’exclama soudain Fidji en apercevant les visiteurs. Son regard était doux, à l’instar du ton de sa voix qui exprimait un grand bonheur.

Elle se rapprocha d’eux, esquivant au passage les louveteaux, pour venir à leur rencontre avec les bras tendus. Elle étreint alors la princesse un bref instant avant de reculer pour la regarder.

- Je savais que tu viendrais !
- Tu aurais acquis un pouvoir de prédiction en mon absence ? plaisanta Emilia.
- Mais non ! J’ai vu Léo dans le ciel, répondit Fidji avec un air espiègle.
Ses yeux rieurs se posèrent sur Darren.
- Vous êtes un ami ? demanda t-elle sans préciser si elle parlait d’une amitié avec la princesse ou s’il se positionnait tout simplement comme un ami au sens large.

Toute cette nature avait tendance à le déboussoler un peu. Le soldat finissait par se demander, en laissant son regard aller d’un endroit à l’autre, si Alicante n’avait pas bénéficié de la technologie des Gaëlliens pour embellir davantage l’endroit. Déjà, il avait été surpris de découvrir un temple à l’intérieur de l’arbre. L’homme était resté très respectueux et, dans le sillage d’Emilia, il avait également allumé une bougie devant la statue. Par contre, n’y connaissant rien en Ancien (et n’ayant même pas compris que c’en était), le soldat se contenta de quelques pensées bien à lui.

Ensuite, c’était un jardin plus vert que vert. Est-ce qu’il existait un espace plus beau encore que celui-là ? C’était si propre, si net, que le bidasse le plus décérébré hésiterait à y faire son barbecue. Quant aux louveteaux, le soldat laissa un petit sourire le gagner en se disant que c’était surement ceux de la bestiole qui gardait la porte d’entrée.

« Hm ? » fit-il en revenant soudainement dans le présent.
Son regard alla d’Emilia à Fidji et il se rendit compte que cette dernière attendait une réponse.
« Je m’appelle Darren Clive, enchanté ! » Répondit-il aimablement en cherchant à lui serrer la main. « C’est un vrai petit paradis ici... »

Fidji serra sa main avec les siennes et lui adressa un sourire rayonnant. De légers picotements remontèrent alors tout doucement dans les bras de Darren, puis dans le reste de son corps et une douce chaleur l’envahit. Toute trace de douleur et de fatigue musculaire qu’il aurait pu ressentir auparavant disparurent.

Vous aimez ? Vous pouvez rester autant que vous voudrez !
Le soldat retira ses mains pour les regarder, étrangement dérangé par cette forme renouvelée.
« Et qu’est-ce que j’y ferai ? » Moqua-t-il sans agressivité. « De la taille de haie ou du balayage dans le temple ? »
Fidji le regarda avec de grands yeux étonnés. Elle avait cet air que prenaient les enfants qui découvraient la vie, comme émerveillé de ce qu’elle voyait. Emilia fronça légèrement les sourcils derrière lui en entendant la remarque.

Si vous en avez envie oui ! répondit Fidji en toute innocence.
- Et pourquoi pas un peu de méditation…
« J’ai beaucoup à apprendre. » Confirma Clive. Mais il ne se démonta pas en ajoutant, glissant ses doigts les uns contres les autres : « Vous m’avez fait quoi ? »
Je vous ai souhaité la bienvenue ? répondit Fidji qui cherchait de quoi il parlait.
« Je ne suis pas sûr. » Joua-t-il en contre réponse. « Comment souhaitez-vous la bienvenue ? »

[color:82f5= Orchid] -Et bien je vous ai serré la main et je vous ai invité à rester, répondit-elle, la mine défaite. Puis elle se tourna vers Emilia avec un air inquiet. Est-ce que j’ai fais quelque chose de mal ?

La princesse secoua doucement la tête de gauche à droite.

– Non.
« Oula, attendez. » coupa Clive en rigolant. « Je vous taquine là, je vous chambre. Je suis pas en train de m’en prendre à vous. Ou reprocher quoi que ce soit... »
Il lui tapota l’épaule et regarda à son tour Emilia d’un air navré.
« Bon, j’ai encore du boulot sur l’humour Atlante/Gaëllien. »

– Je crois qu’il faisait mention à ton pouvoir, précisa Emilia avec un léger sourire. Darren est étranger, il ignore que les gaëlliens ne se serrent pas la main pour se saluer contrairement à son peuple. Et que, ce faisant, tu as interprété son geste comme une demande…

[color:82f5= Orchid] -Oh ça ! s’exclama Fidji avec un air soulagé.
Un grand merci au détail que partageait Emilia. Elle aidait à remettre le contexte en place.
« Oui, comme ça. » fit-il en lui tendant de nouveau la main pour la serrer. Elle joua le jeu et lui tendit la sienne. « D’habitude, nous, on fait la bise au femme. Mais quand on ne connait pas, c’est une bonne poignée de main. »
Il fronça un petit peu les sourcils.
« Sauf que j’ai senti comme quelque chose d’étrange. J’aurai demandé quoi ? »
[color:82f5= Orchid] - Que je vous partage mon don...
Fidji peut soigner, revitaliser. Ca aussi cela reste entre nous, répondit Emilia en regardant Darren avec insistance.
« Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ! » Répondit-il du tac au tac, comprenant son besoin de faire passer le message. Mais elle n’avait pas besoin d’insister dans le fond. Les personnes qui avaient du pouvoir comme Emilia, comme Fidji, avait besoin de rester discrète. A ce stade ce n’était même pas une option.
Si elles ne se faisaient pas attaquer, comme c’était le cas, ça attirerait forcément les convoitises. Comme l’intérêt du CODIR aussi. Avec le matos qui se trouvait sur Atlantis, ils seraient bien tenté d’étudier une Exception non ?

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Mer 31 Juil - 22:10

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Darren comprenait un peu mieux la raison pour laquelle son amie avait réagi assez “vivement” quand il était en train de creuser la couche de vernis. Ce secret, cette réalité, méritait d’être protégée. Il n’y avait que les gens de confiance qui pouvaient savoir ça pour éviter que ça s’évente.
Oui, Clive comprenait. Il n’était pas le champion de l’intellect mais il pouvait respecter ça.
Le regard d’Emilia s’adoucit tandis qu’elle suivait de loin le cheminement de pensée du soldat à travers ses émotions. Elle ignorait à quoi il était en train de songer avec exactitude mais elle sentait qu’il n’avait pas l’intention de trahir son secret.

« J’apprécie votre accueil, Fidji ! » Dit-il pour la complimenter un peu.
Maintenant qu’il avait retiré sa main, il tourna le regard vers les louveteaux et ajouta :
« C’est bien la mère que l’on a croisé à la porte d’entrée de ce temple ? »
[color:ca43= Orchid]– Oui tout à fait, répondit l’alicane en regardant Enäya avec douceur.
« Ils sont très beaux et... »
Il pinça des lèvres. Quelque chose le taraudait depuis tout à l’heure, ça commençait même à devenir sérieux tant il y pensait. Pour ne pas froisser Fidji, il leva un doigt pour lui demander une petite minute et fit demi-tour. L’une de ses mains était posée au niveau de son dos et pressait à travers la veste. Dès qu’il fût sur Emilia, il l’embarqua de sa main valide pour l’éloigner un peu, là derrière la haie, sans vraiment lui demander son avis. Le soldat n’avait pas été violent mais il n’avait pas été des plus doux non plus.
« Hé ! » fit-il doucement.
Il regarda autour de lui pour voir si personne ne les guettait. Comme un balayeur ou un truc comme ça. Puis il tira sur sa veste pour la relever un peu.
« Déshabille-moi le dos, elle m’a fait un truc bizarre ! »

Qui a-t-il ? demanda Emilia qui ne comprenait pas cette soudaine
brusquerie. Il l’avait contrainte à la suivre sans un mot et semblait porter une attention très particulière à son dos… avec douceur, elle l’aida à relever ses vêtements pour dégager sa peau.
« Mon dos... » fit Clive. « J’ai retrouvé la sensation dans mon dos. Tu vois rien ? »

-Hm… Emilia se mordit la lèvre, réfléchissant. Tu avais une grosse cicatrice avant… et bien plus maintenant.
« Quoi ? M’enfin...c’est un putain de blast Wraith qui m’a fait ça ! Et elle m’a retiré mon trophée de guerre juste en me tripotant les doigts ?!? » Demanda Clive à la fois amusé et peiné.
Il rabattit sa veste.
-Cela t’attriste ?
Darren avait ralenti le geste au moment où elle avait posé cette question. Ca lutfi rappela qu’elle pouvait lire en lui, d’une certaine manière, et qu’il ne pouvait pas se cacher.
« Un peu... » avoua-t-il à demi-mot.
Darren soupira et s’approcha d’elle.
« C’était une partie de moi. Pas la plus belle. Mais la preuve que je m’étais démener pour remplir ma mission tu vois...protéger les miens. Tenir les Wraiths ! »
Il souria.
« Bon, j’ai quand même récupéré mon dos et je parie que je n’ai plus ces poils blancs sur mes... »
Pas la peine de finir sa phrase, elle comprendrait.

-Je comprends… mais ce n’est pas cette cicatrice qui fait de toi le héros de guerre que tu es. Personne ne peut t’enlever tes faits d’armes, ils sont gravés dans ton cœur et ton âme… et probablement dans des tonnes de rapports atlante j’imagine, ajouta t-elle avec un brin d’humour.
Il éclata de rire, finissant de replacer sa chemise.
« Si seulement ! Sans la maladresse, j’en aurais profité pour mettre un paquet de conquête dans mon lit, c’est vrai ! »
-Tu n’as plus qu’à apprendre l’art de la rhétorique d’ici la Floraison alors.

Il la remercia d’un petit signe de tête et ajouta :
« Il est complètement dingue son pouvoir, quand même. Ca m’avait fait perdre la sensation dans le dos...elle a rectifié ça en trente secondes, même pas ! »
- Ce n’est pas si simple, elle puise dans ses ressources à chaque fois. Mais son pouvoir est réellement miraculeux.
« Ca veut dire...qu’elle s’est affaiblie pour moi ? » S’inquiéta-t-il.
-Ne t’inquiète pas pour elle, elle est bien plus forte qu’elle n’en a l’air.
« J’imagine oui...merci Emilia, on va éviter de la faire poireauter plus longtemps. »
Il prit le chemin pour la revoir.                    
Il la trouva assise en tailleurs, en grande conversation avec Enäya. Couchée un mètre plus loin, la louve était en train d’allaiter deux de ses petits et accordait une attention distraite à Fidji. La scène n’étonna guère Emilia qui avait l’habitude des excentricités de la guérisseuse. Il lui était arrivée de suprendre Fidji en train de converser seule, de faire des câlins aux arbres ou de s’excuser auprès d’une plante parce qu’elle lui avait marché dessus. Certains fidèles étaient persuadés que l’Exception entendait la voix des dieux. Emilia ne savait trop quoi penser de cette théorie.

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Mer 31 Juil - 22:13

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« Bon...merci beaucoup pour les soins. C’est...vraiment impressionnant ! »
- Est-ce que tout va bien ? demanda l’Exception, toujours assise.
« Pourquoi ça n’irait pas ? » Rétorqua-t-il gaiement en ouvrant les bras. « Il se trouve que vous m’avez fait peau neuve ! »
Le soldat s’approcha et décida de s’assoir à son tour. Il préférait garder une petite distance de sécurité avec la louve, étant donné qu’elle était avec ses petits, et qu’il valait mieux rester prudent. Sur Terre, une louve similaire n’hésiterait pas à attaquer un inconnu s’approchant de la progéniture. Emilia et Fidji, ça passait, mais lui pas sûr.
« Un Wraith m’a tiré dans le dos. Je ne sentais plus rien sur cette zone et là...ben c’est revenu. Et plus de cicatrices. Merci ! »
Il hasarda un petit coup d’oeil vers Emilia. Impossible de lui échapper, elle sentirait qu’il n’était pas totalement franc. Mais avoir le privilège d’être soigné par quelqu’un qui en a le don et qui passe pas loin de l’Ascension, ce serait encore plus injurieux de se dire vexé non ?
Clive pensait lui transmettre ça d’un clin d’oeil complice.

Emilia échangea un regard entendu avec Darren et hocha brièvement la tête pour lui témoigner sa satisfaction. Elle sentait qu’il n’était pas tout à fait sincère mais il avait choisi de cacher sa contrariété pour épargner Fidji et c’était la bonne chose à faire. Accabler l’Exception suite à ce malentendu aurait été très malvenu.

Elle-même avait également profité des services de Fidji lorsque cette dernière l’avait prise dans ses bras. Emilia ne lui avait rien demandé mais elle avait senti son pouvoir. L’alicane avait dû apprendre ce qui lui était arrivée et avait prit l’initiative de l’aider comme elle le pouvait. Et en effet, toutes les tensions nerveuses dans son corps avaient disparu miraculeusement, de même que certaines petites cicatrices, bleu ou égratignures qui lui restaient de sa course. Inutile non plus de vérifier l’état de son dos… la cicatrice de l’opération d’Isia Taylor Laurence pour retirer le traceur avait également dû laisser place à une peau immaculée. Pour cela, Emilia se sentait profondément reconnaissante envers sa concitoyenne. Effacer les stigmates ne supprimerait pas les souvenirs, mais cela l’aiderait à tourner la page et à se reconstruire.

– Un wraith ? Vous étiez avec Emilia quand ils ont procédé à une sélection ?
« J’aurai aimé. » Avoua-t-il, rien que pour la baston. « Je me suis battu contre les Wraiths de mon coté. »

Par la suite, Emilia s’efforça d’en apprendre un peu plus sur l’agression de Fidji, son ressenti sur la chose, mais l’Exception paraissait totalement déconnectée, comme si elle n’était pas la victime mais un simple témoin. La princesse se demanda si c’était une manière de se protéger ou si la situation glissait réellement sur l’alicane. En tout cas, elle apprit que Fidji était en séjour dans une cité du royaume de Deltora lorsque l’évènement avait eu lieu. Elle n’avait rien vu venir. Elle menait une cérémonie dans un temple, avait demandé à boire et s’était etouffée avec sa boisson. Le prêtre qui avait porté à boire avait été mis hors de cause mais d’autres personnes avaient été suspectées et entendues par les forces de l’ordre. Fidji n’en savait pas beaucoup plus sinon que l’Empire avait souhaité mettre à sa disposition des soldats pour la protéger. Elle avait subi leur présence pendant le reste de son séjour et avait refusé qu’ils la suivent à Alicante. Il n’y avait pas eu d’autres incidents depuis ce moment-là.
C’était peu, mais Emilia savait désormais que les enquêteurs avaient interrogés des suspects… il lui faudrait vérifier où en était l’enquête et si ces personnes avaient été mise hors de cause. Par ailleurs, ce fait corrélait l’hypothèse du fanatisme religieux. L’assassin avait frappé pendant une office, il avait souhaité que son geste soit vu.

« Fidji, ça ne vous ennuie pas qu’on creuse un peu ? » Demanda le soldat qui n’avait pas perdu une miette du témoignage. « Vous avez l’habitude de consommer quelque chose avant vos trucs ? Je veux dire...on vous l’a proposé directement, ce verre, ou vous l’aviez demandé ? »
– Je l’avais demandé… mais il m’arrive fréquemment de boire pendant les cérémonies, c’est un peu une habitude.
Darren ne voyait pas trop où il allait sur ses questions donc il cessa de creuser. Il songea qu’Emilia avait dû décortiquer la situation avant lui et qu’elle aurait déjà posé les bonnes questions au cours du témoignage de Fidji. Si elle ne l’avait pas fait, c’est qu’elle présumait que ça ne donnerait rien.

Il était tenté de lui demander si elle ne serait pas contre leur présence la prochaine fois qu’elle aurait envie de boire en public. Mais il avait déjà une Exception à protéger, ce n’était pas pour s’occuper de la deuxième. D’autant plus que la tentative n’allait pas se répéter stupidement comme ça.

Clive préféra laisser tomber. Il poursuivit l’échange et vécu ce petit moment comme il était, avec la personnalité très particulière de Fidji, jusqu’à ce qu’il soit temps de repartir. Une fois n’est pas coutume, Darren prit son pied à vol de Nifgar. Il n’avait pas spécialement envie de rentrer au domaine parce qu’il devrait reprendre son rôle, jouer la prudence et veiller à ne pas faire de conneries. C’est qu’il pouvait lâcher un peu la bride quand ils étaient ensemble…
Un peu avant de se relancer dans la comédie, Darren lui glissa ses remerciements. Il avait beaucoup apprécié la journée et lui était reconnaissant, quelque part, de ne pas l’avoir laissé sur le bord de la route. C’était aussi la preuve qu’il comptait, elle le lui avait dit. Mais le vivre, c’était encore plus cool.

Des voix filtraient derrière la porte de la véranda. Il était possible de cerner quelques mots ou morceaux de phrases en tendant l’oreille. Le père, la mère et la fille échangaient à propos de la Marche. Reine et princesse ne semblaient pas d’accord sur la marche à suivre et le père tentait de raisonner les deux et de trouver un consensus. Puis la conversation prit une tournure inattendue : si le ton était calme de primes abords, des éclats de voix commencèrent à se faire entendre. La fille semblait reprocher quelque chose à sa mère.

- Et il a fallu que ta propre fille manque de se faire tuer pour que tu le comprennes ?!! s’exclama soudain la princesse avec colère.

Des bruits de pas retentirent en direction de la porte et cette dernière s’ouvrit sur une Emilia furieuse. La jeune femme se figea en tombant nez à nez avec Darren et ouvrit des yeux ronds, réalisant qu’elle venait de se donner en spectacle. Elle n’avait pas senti sa présence, trop concentrée sur sa conversation. Qu’avait-il entendu ?

- Emilia ! Reviens ici tout de suite ! s’exclama Suëna en s’approchant.

Aussitôt, le visage de la blondinette se ferma et elle tourna la tête vers sa mère… puis utilisa ses pouvoirs pour lui claquer violemment la porte au nez.

- Suëna, attends ! Il faut qu’on parle ! lança la voix d’Aaron derrière la porte. Il était calme mais ferme.

La princesse n’attendit guère de savoir si la reine allait rester en arrière pour parler avec son maris ou lui courir après, elle snoba superbement Darren et se précipita dans le couloir pour s’éloigner de la véranda, direction sa chambre.

Généralement, Darren se débrouillait pour ne dormir que d’un oeil. Trouver un petit flottement entre un repos léger et peu profond, histoire de rester alerte pour sa mission. Mais là, cette nuit, il s’était carrément oublié, à tel point qu’en se réveillant le lendemain : il ne savait pas s’il était tôt ou tard. Heureusement, il y avait un système d’horloge sur l’holosphère qui était assez similaire aux leurs. Clive était satisfait de ne pas avoir trop tardé et il s’équipa rapidement, après une toilette complète, pour aller faire le pied de grue devant la porte de la princesse.
Il salua les gardes qui passaient d’un signe de tête et trouva le temps assez long. C’était pas dans le genre d’Emilia de se prélasser dans les couettes jusqu’à pas d’heure. Du moins le supposait-il en faisant les cents pas. Il avait loupé le coche, c’était l’hypothèse la plus logique.

Du coup, après avoir attendu qu’il n’y ai pas trop de monde dans les environs, il ouvrit la porte de la suite d’Emilia en espérant ne pas la trouver à poil. Pas que ça le rebuterait, bien au contraire, mais il valait mieux éviter le scandale au beau milieu du domaine.
Devinez quoi ? Lit parfaitement rangé, pas âme qui vive.
C’est le majordome qui le guida un peu. Au début, le soldat avait pensé qu’elle s’était faite la malle, un peu trop agacée par sa présence. Mais d’un autre côté, il se disait qu’elle le lui aurait dit franco. Au final, elle se trouvait à la véranda avec les parents.
Clive leva les bras, un peu excédé par la situation, et décréta qu’il attendrait devant la porte. Y coller son oreille le démangea mais il se fit violence. Déjà parce que la blondinette sentirait son esprit curieux au travers du bois. Mais aussi par respect.

C’était sans compter les cris qui filtrèrent bientôt et qui le surprirent. C’était bien la voix de la princesse ça, non ? Il se sentit sourire alors qu’il décrochait son dos du mur et se tournait vers la porte qui s’ouvrait en grand. Oui, c’était bien elle.
En le voyant aussi étonnée, il ne pu s’empêcher de faire le con et lui balança de façon comique :
« Tu sais qu’t’es belle quand t’es en colère ? »
Réplique de film culte qui lui valu une ignorance parfaitement bien jouée. Et le coup de la porte claquée au nez de la mère Eidolas, c’était du grand art, carrément. Darren rigola discrètement en la voyant s’éloigner. Il comprenait qu’elle n’appréciait pas d’avoir été découverte en plus de la frustration qu’elle devait ressentir. Embrouille avec la matriarche seulement quelques jours après les retrouvailles : CHOUETTE.

Clive décida de la suivre à distance, histoire de voir où elle allait. Il leva ses deux sourcils quand il comprit qu’elle s’enfermait dans sa chambre. Emilia boudait ?!? C’était mignon comme tout !!
Ca le faisait rire d’un côté. Mais de l’autre il était inquiet pour elle. Sa main se posa sur la poignée de porte mais il se ravisa. Il valait mieux la laisser respirer un peu. Le pot de colle, ça va bien. Autant trouver un autre moyen de communiquer.

« Bon, ça marche comment ce merdier déjà ? » Murmura-t-il en cherchant la messagerie sur son hollow.

Ce sont les quelques messages non lus des servants lui rappelant qu’ils étaient à son service qui le mirent sur la bonne piste. Il finit par trouver l’adresse personnelle de la princesse, soupçonnant qu’elle l’avait bien voulu puisqu’elle ne devait pas être si accessible pour un Gaëllien. Puis il nota :

//Un ptit tour d’épaule, ça te dit ? Le portier de ta chambre.//

Et il envoya le message.

De très longues minutes s’écoulèrent avant que Darren ne reçoive un message en retour. Deux simples mots : « pas maintenant ».
Le soldat essaya alors de compter à peu près la même durée séparant les messages. Il se servit de la différence entre heure de réception et heure d’émission, vérifia l’horloge sur son hollow et renvoya à la seconde près :
//On respire mal dans ta chambre. Je t’escorte ailleurs.//

Nouvelle réponse, quelques instants plus tard.
« Laisse-moi tranquille, Darren ».

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Mer 31 Juil - 22:14

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Debout, au milieu de sa chambre, la jeune femme fixait le sac de voyage et les quelques affaires qu’elle avait sortit à la va-vite, poussée par son instinct de préservation qui lui disait de fuir cette maison. Mais sa raison la faisait hésiter et elle se ressassait la conversation qui s’était tenue quelques instants plus tôt dans la véranda. Elle aurait du se douter que sa mère frayer avec la Marche alors pourquoi elle se sentait aussi trahie ? Peut-être parce Suëna avait gardé le secret, que c’était elle qui avait tout découvert grâce à son sixième sens et par le plus grand des hasards.

Derrière la porte, le soldat soupira. Il commençait à s’inquiéter de plus en plus. Plus de quoi rire cette fois parce que, manifestement, elle lui faisait la gueule aussi. L’homme respectait le fait qu’elle ai besoin de s’isoler. Mais elle en était d’autant plus vulnérable. Arrivé à ce moment de sa réflexion, il ferma les yeux et grogna.
« Sérieux, pourquoi j’ai pas le décodeur aussi. Non c’est non, ou non c’est peut-être, dans ce pays ! »
Et il envoya à la volée :
//Ouais promis !//
Puis il tenta d’ouvrir la porte.

Dans un premier temps, Emilia se maudit de ne pas avoir fermé sa porte à clé, puis sa colère se déporta sur le pot de colle qui lui servait de garde-du-corps et qui ne savait pas obéir à un ordre. Darren découvrit donc une princesse debout dans sa chambre non loin d’un lit sur lequel trainait un sac à moitié rempli. Elle avait la main crispée sur son poignard rangé dans son étui. Darren l’avait interrompu pendant qu’elle se demandait où elle allait dissimuler l’arme wraith si elle décidait de quitter Sombrelune pour Bréciliane.
Elle lança un regard sombre en direction du nouvel arrivant.

-Vous avez tous décidé de me pourrir la vie aujourd’hui !!! S’écria t-elle. Dehors !! … bon dieux… sa voix perdit de sa force et trembla. Fichez moi la paix…

Elle se retourna par pudeur, ne voulant pas craquer devant témoin.

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Mer 31 Juil - 22:16

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Clive s’approcha doucement en essayant de faire la sourde oreille. Mais en vérité, ça lui allait droit au coeur qu’elle le mette également dans le panier à salade. En lui reprochant de participer à son malheur, il haussa un peu les épaules d’un air désolé mais ne recula pas pour autant. Son regard se posa sur le sac de voyage et il comprit soudainement qu’elle avait l’intention de mettre les voiles.
Mais qu’est-ce qu’ils avaient pu se dire pour qu’elle en arrive à cette extrémité ? C’était une simple intimidation, histoire de dire qu’elle pouvait disparaître, ou elle hésitait vraiment à couper les ponts ?

Clive ne chercha pas plus loin. Il voyait bien qu’elle était dans un état de vulnérabilité. La princesse bien droite capable d’aligner des taules à tous les opportunistes qui avaient profité de son absence n’en était pas moins humaine. Il y avait un truc qui l’avait blessé sacrément et il n’y avait pas besoin d’avoir un pouvoir pour le comprendre.
Darren se souvenait d’un truc qu’April lui avait dit un jour. Qu’il n’y avait pas plus accessible qu’une femme dans la détresse et la vulnérabilité. C’était moche mais véridique selon elle. Alors le militaire allait en profiter.

Il continua de s’approcher, sourd à ses remarques et sa colère qu’il estimait plus dirigée vers sa famille que sur lui. C’est juste qu’il était là et qu’il servait de divertissement. Dans le fond, ça ne le dérangeait pas. Clive grignota les derniers mètres.
« T’es déjà restée seule trop longtemps Emy... »
Merde, la familiarité lui avait échappé. Mais rien à cirer.

Il alla la prendre dans ses bras en ignorant la lame qu’elle avait dans ses mains. Il se colla contre son dos et l’enserra de ses bras, en voulant la rassurer, ses pensées allant sincèrement dans le même sens. Elle n’allait pas le tuer pour une intrusion mal placée. Un peu de chaleur humaine lui irait surement plus que de ronger son frein. A moins qu’elle ne le rejette dans un éclat de colère, il comptait affermir son petit calin pour de bon quand il la sentirait fondre.
Ensuite, ils parleraient voyage.

Une larme roula sur la joue de la jeune femme dans le plus grand silence. Ce n’était pas son genre de se laisser atteindre et de pleurer sur son sort mais il fallait croire qu’elle était plus vulnérable qu’elle ne voulait bien le croire. Il allait falloir qu’elle se ressaisisse et vite.

Mais elle avait craqué et un étranger était en train d’essayer de la consoler avec des paroles réconfortantes et un câlin tandis que sa propre mère avait provoqué cet état de douleur.
Quel monde étrange !

Elle fut tentée de le repousser et eut d’ailleurs un geste en ce sens mais Darren n’était pas du genre à écouter alors elle finit par lui céder. Au moins il n’essayait pas de la regarder droit dans les yeux et d’exiger des explications. Elle prit de grandes inspirations et retrouva peu à peu son calme avant de repousser le soldat.

– Tu sais, quand une femme te demande de rester dehors tu n’es pas censé forcer sa porte… lança t-elle, blasée.

Darren se décrocha cette fois, reculant de quelques pas tout en pouffant un peu.
« Des jours je suis une bénédiction. Et d’autres j’suis la malédiction usante...c’est pas de chance décidément. »
– Non, pas de chance… dit-elle en le toisant pour savoir ce qu’il lui voulait.
« On va quelque part ?... » Demanda Clive en pointant le sac du menton et en ayant donné une intonation amusée à sa question.

– J’envisage de passer quelques jours à Bréciliane.
« Ou tu iras, j’irai. » Répondit-il du tac au tac. « Je serais toujours là pour te soutenir, tu sais. Et c’est dommage pour toi, ça passe aussi par le forçage de porte. »
Il lui sourit.
« Quels sont les ordres, votre altesse ? »

Emilia réfléchit quelques instants, se demandant ce qu’elle avait bien pu faire pour mériter un tel dévouement de la part de ce soldat étranger. Certes, il était parfois envahissant et agissait bizarrement mais il s’investissait à fond pour l’aider.
Le problème c’était qu’il avait peut-être entendu des choses qu’il n’aurait pas dû et il fallait qu’elle fasse le point à ce propos.

– Je veux savoir ce que tu as entendu tout à l’heure.
« C’est si gênant ? » Demanda-t-il doucement. Il répondit à la volée : « Que ta mère est mouillée dans quelque chose, visiblement. Et que ce que tu as subi est lié. Enfin...j’me dis que c’est ça. »
Il la regarda silencieusement et ajouta :
« J’ai pas écouté à la porte si c’est ce que tu veux savoir. Je regrette un peu d’ailleurs, tu veux pas m’expliquer ? »

-Qu’est-ce que tu faisais derrière cette porte ? soupira t-elle.
Il avait capté juste assez d’informations pour être intrigué mais pas assez pour avoir le fin mot de l’histoire… c’était fâcheux qu’il se soit trouvé là à ce moment précis. La Marche était une organisation interdite, elle ne pouvait pas lui révéler que sa mère les entretenait secrètement en recourant à leur service de temps à autre.
« Mon travail, bien sûr ! » fit-il presque gaiement, usant de ce ton pour la taquiner. « Et le fait que ça te plaise pas, que tu évites le sujet, ça me rend encore plus curieux. Mais j’allais pas traîner dans mes draps en te laissant sans surveillance. »
Il ouvrit les bras.
« Malédiction, je te l’ai dis... »

Le silence retomba comme un couperet. Darren soupira et s’approcha pour écarter d’une main les bords du sac de voyage. C’était un départ à la va-vite, pour quelques jours, la signature de quelqu’un de pressé et qui n’est pas vraiment sûr de son coup.
« Ok. » dit-il finalement en se retournant, lui faisant face. « T’as appris quelque chose qui t’a pas plu. Qui t’a fait mal. Ca, c’est limpide comme ta cascade. Je mettrai ma main au feu que ça a un lien avec toute ta mésaventure. Mais c’est aussi pour ça que t’es revenue non ? Pas que pour ta qualité de vie : pour savoir. »
Il mira le sac.
« Et en fait, tu t’en vas... »
Le soldat lui sourit, plus confiant, et il lui posa une main sur l’épaule.
« Il y en a d’autres des solutions. Tu peux continuer de me faire confiance, me raconter ce que tu sais et on agit ensemble. Pour faire payer ce que les innocents ont subi. Comme toi, comme Fidji : des personnages admirables. Même si l’ennemi est dans cette maison, on s’en fou. »
Il pencha la tête.
« Ou on se barre tous les deux pour que tu respires. Mais quand tu reviendras, le problème sera toujours là, il aura pas disparu...l’avantage, c’est que je suis pas un Gaëllien et qu’Atlantis tient à toi. Ici, j’ai pas de maîtres. Je ferais tout pour te protéger, c’est mon boulot. »
Clive marqua une pause.
« Alors on peut rester et régler cette affaire une bonne fois pour toute, je suis ton homme. »

-Tu te frottes aux secret de l’Empire, Darren…
« Je me frotte aux secrets d’Emilia, nuance. » Ajusta-t-il exprès.

Elle poussa son sac et se laissa tomber sur le lit en soupirant. Tout ça prenait des proportions énormes et elle n’était pas certaine que d’y mêler un étranger était la bonne solution. Surtout un étranger issu d’un peuple qui se préparait à établir une alliance avec le sien. Mais il avait le mérite d’être extérieur à tout ça, un bon point pour lui. Enfin… un bon point s’il ne s’empressait pas de balancer tous les secrets qu’elle lui livrait à ses patrons.

– Je suis dépassée.

Il s’installa à ses côtés, assis, loin de savoir quel avis elle avait sur lui à ce moment là. Il ne s’en souciait pas.
« Je sais. Je voudrai pas être à ta place. Mais... »
Il lui offrit un petit sourire taquin.
« Tu es une Exception. “Un problème banal ? Connais pas !” »
– Et ça te plait de te frotter aux intrigues et aux problèmes d’une aristocrate “exceptionnelle” ? le chambra t-elle.
« Oh ouais !!! » S’écria-t-il, enthousiaste. « Les mecs ont pas de foi à aller attaquer les Exceptions en lâche. Mais quand t’y retournes pour toquer à leur porte, c’est carrément jouissif. »
Il s’était un peu emballé. Clive se calma un peu, juste un peu, et ajouta en la regardant, des étoiles dans les yeux :
« On a fait ça pour les Wraiths, tu sais ? Ils pensaient qu’on allait se planquer, qu’on avait peur. On a attaqué les forces qu’ils étaient en train de nous envoyer pour leur faire passer un message. NOUS AUSSI, on peut le faire ! »
– Tu as l’art de motiver les troupes… rappelle moi pourquoi tu n’es pas gradé ? le taquina t-elle en s’abstenant de lui dire que les wraiths et la Marche étaient deux genre d’ennemis très différents.
« Donner l’ordre à mes camarades d’aller risquer leurs vies ? »
Il avait posé la question sur un ton de pur rhétorique, comme si ce fait et “Clive” étaient diamétralement opposé.
– Ou faire les bons choix pour les sauver.
« Je préfère protéger des Exceptions. J’ai de bons chefs pour le reste. » Lâcha-t-il pour balayer en touche.
– A ce rythme, tu vas finir par prolonger ton séjour.
« Et tu essaies encore de me dévier du sujet principal, non ? »
Un léger sourire en coin vint étirer les lèvres de la belle.
Il se pencha dans sa direction.
« Je m’habitue, c’est mauvais signe pour toi. »
– A la Gaëllie, ou à mon sens de la rhétorique ? plaisanta t-elle.

Le soldat se sentait d’humeur plus badine et provocante. Il se pencha un petit peu plus, histoire d’aller agresser un peu ses frontières personnelles, et il joua le jeu en rétorquant :
« A Emilia, l’Exception. »
Elle lui colla une pichenette sur le front.

– J’ignore si c’est une bonne chose pour ta santé mentale.
« Parce que j’en ai encore une ? » lui demanda-t-il en l’envahissant sur les derniers centimètres, joueur.
« Et la tienne, de santé mentale ? »

La jeune femme soutient son regard sans ciller, se demandant jusqu’où il comptait aller dans son petit jeu.

– J’ai dû en laisser une partie dans le ciel… si tu la croise avec l’une de vos machines volantes, merci de me la ramener.
« Hm...pas sûr ! » Lâcha-t-il avant de finir son petit pari par un baiser et d’en connaître le résultat. « Chez moi, quand tu trouves quelque chose, tu peux le garder... »

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Mer 31 Juil - 22:19

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Du flirt… curieuse manière de rebondir sur un interrogatoire. Il comptait l’inviter à une partie de jambe en l’air pour la détendre et/ou la mettre en confiance ? Elle n’était que moyennement d’humeur à ça, même si son sixième sens et ce qu’elle captait des envies de Darren ne la laissait pas complètement indifférente.

– Oh… tu as raison, garde la. Tu en as peut-être plus besoin que moi, le taquina t-elle. Tu as de curieuses manière de faire parler les gens.
« Qui te dit que je veux te faire “parler” ? » Lâcha-t-il par sous-entendu. Il l’embrassa encore une fois, doucement, avant d’ajouter avec une suffisance surjouée. « Pour les confidences, j’ai juste à attendre. Quand tu es en forme, tu m’en parles...mais en attendant... »

– Je ne suis pas sûre d’être de bonne compagnie ce matin… par ailleurs, ma mère pourrait bien arriver d’un instant à l’autre pour s’expliquer.

Elle aurait dû s’éclipser à Bréciliane pour de bon. Au moins quelques jours pour se laisser le temps de réfléchir. Il n’était peut-être pas trop tard d’ailleurs.

« Je te trouve de bonne compagnie. »
Il contrait en étant sûr de lui. Il lui fit un petit clin d’oeil et revint à sa position d’origine. Invocation de maman, joker de la partie, match nul. Le soldat se retourna gaiement pour se remettre sur pied et lui tendre la main.
« Donc !!! On file ou on reste ? J’suis prêt dans les deux cas ! »
– Ca te dirait de marcher un peu en ville ? On s’éclipse discrètement quelques heures, le temps de respirer un peu.

« J’adore marcher. » Répondit-il, bien content de voir qu’il était de retour dans la catégorie des personnes supportables. Sans lui demander son avis, il s’asseya sur le bord du lit et lui agrippa doucement une cheville, s’orientant de sorte qu’elle repose sur sa propre cuisse. Emilia le regarda faire en fronçant les sourcils. Qu’est-ce qu’il fabriquait encore ?
Il se tortilla pour aller prendre le poignard et le fourreau qui trainait pas loin, sa joue se collant pratiquement sur le ventre de la princesse. En voulant faire les deux choses en même temps, il avait adopté une position rocambolesque semi-allongé. La recouvrant quasiment.
« Ne bouge pas...je suis pas le pro de la souplesse. » Moqua-t-il en atteignant l’objet et en reprenant une position plus convenable.
– Le moment est peut-être mal choisi pour faire de la gymnastique... lança la princesse en se demandant toujours ce qu’il trafiquait.
La cheville toujours sur sa jambe, maintenant qu’il n’avait plus à faire le contorsionniste, il défit un peu la bottine puis releva le bord du pantalon pour découvrir son tibia.
« Mais qu’est-ce qu’il fait encore celui là, à me tenir la jambe, sans me demander la permission... » Claironna-t-il, en plaisantin, tout en laissant glisser sa main valide sur son épiderme. « Si maman me voyait comme ça. »
– Et moi qui croyait que tu voulais me faire un massage… tu parles souvent de toi à la troisième personne ? le charria t-elle, ironique. Il est vrai qu’elle avait précisément pensé à ce qu’il venait de dire à voix haute… mais elle ne risquait pas de le lui dire.
« Seulement quand je blague. Et tu viens de refuser ton massage il y a trois minutes ! »
Cela dit, elle fit tourner la clé dans la serrure pour fermer la porte à l’aide de son pouvoir. Juste au cas où. Darren capta le déclic et il rigola de bon coeur en interprétant la pensée de son amie. Elle ne voulait pas se faire surprendre avec son garde du corps lui tripotant une jambe.

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Mer 31 Juil - 22:20

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Darren posa le poignard en passant la pointe de l’étui dans la bottine et laissant le reste ressortir. L’homme avait prit de sa main libre un bandage dans sa poche intérieure de veste. C’était un drap qu’il avait manifestement déchiré sur la longueur, présumant qu’il n’avait pas assez de son propre matériel. Ca servirait pour autre chose maintenant.
– Je ne veux pas savoir où tu as mis la main sur ce tissu... lui dit-elle en le regardant s’affairer sur sa jambe.
« Ca trainait dans un meuble... » Mentit Clive en la regardant dans les yeux. Il lui fit un petit sourire et reprit son ouvrage. La jeune femme secoua doucement la tête en levant les yeux au ciel.
Un poignard accroché sous son pantalon… ingénieux. Pour un peu elle aurait pu se croire dans un livre d’action.
L’homme se concentra un peu sur son petit travail et cessa de faire le clown. Il banda le fourreau tout autour de la jambe d’Emilia, encerclant aussi un peu sa cheville.
« Je ne te fais pas mal ? C’est pas trop serré ? » Demanda-t-il en passant son doigt entre quelques bandes, histoire de vérifier que la pression était parfaite. Il rabattit ensuite le pantalon par-dessus le manche et épousseta le tissu. Maintenant, plus qu’à se reculer et admirer le travail. La lame ne se verrait pas, c’était parfait.
– Non ça va… je pense que je l’accrocherai à ma cuisse pour la Floraison, sous ma robe, dit-elle en tentant de s'asseoir pour admirer un peu mieux le travail.
« Si le fourreau tient bien, tu pourrais lui mettre la tête en bas, la lame sera plus accessible. » Nota le soldat en la regardant faire. « Je t’apprendrais. »
Il venait bien de lui dire qu’il lui montrerait comment s’attacher une arme à la cuisse, oui, à croire qu’il s’invitait à la tripoter. C’était pour une bonne raison cela dit. Il le justifia rapidement :
« Faut pas rigoler avec ça. Si c’est trop serré, et que tu ne le sens pas, tu peux te tuer. »
– Heureusement que tu es là alors, le charria t-elle, toujours avec son ton ironique.

Néanmoins, quand la princesse se redressa, il posa sa main sur elle et la repoussa sur son propre lit, la faisant mollement rebondir sur le matelas.
« C’est pas fini. » Fit-il, toujours aussi comique, un doigt levé en signe d’avertissement.
– Hé ! s’exclama t-elle mécontente.
« Hé quoi ? » La taquina-t-il. « Tu vas me faire gicler un oeil ? »
– Ne me tente pas !
« Alors soit ! »
Il porta la main à sa ceinture et mima le type s'apprêtant à lui offrir le spectacle du siècle. Il se dandina d’un pied sur l’autre en murmurant le célèbre air d’un Strip tease. Le but ? Simplement de la faire marrer. C’était logique qu’elle ne comprendrait jamais la référence mais Darren avait envie de la faire sourire par sa folie. Emilia l’observa pendant qu’il chantonnait avec des yeux ronds. Clairement, la référence la dépassait et son manège aussi.
« Prochain massage, je t’apprends ce que c’est le “streap tease”. » Balança-t-il avec assurance.

Il ne déboucla que sa ceinture pour retirer son holster de cuisse. Il en sortit le 9mm qu’il glissa à sa ceinture, dans le dos, alors qu’il tenait le rangement en tissu entre ses dents. Le murmure de sa musique en était encore plus décalé et ridicule. Puis il s’approcha.
« Dernière étape, votre altesse boudeuse ! »
Son holster disposait de plusieurs sangles qui permettait de le régler selon la taille de l’arme. Sa petite idée n’aurait jamais été applicable sans ce système. En rendant le logement beaucoup plus spacieux, il vint réclamer l’arme Wraith de son amie et le plaça à l’intérieur, l’enfonçant suffisamment pour que la lueur de ses cristaux disparaisse sous les bordures.
Il entreprit ensuite de l’accrocher à la ceinture de la jeune femme puis à sa cuisse tout en faisant les différents réglages. Il murmura en s’appliquant d’une voix faussement efféminée et outragée :
« J’vais me déplacer avec ça ? Ce truc ?!? J’ai juste dis qu’on se baladait !!! »
– D’abord tu m’imites très mal ! Ensuite… ce n’est pas très discret...
Il la fixa et hocha la tête à plusieurs reprises.
« Au pire, on colle un tissu pour faire rabbat, histoire de ne pas attirer les regard curieux. OK !!! »
Il se recula pour admirer son oeuvre.
« Wouaaaahhh, une vrai guerrière. Tu en dis quoi ?!? »
La jeune femme se leva pour aller s’admirer dans le miroir. C’est vrai que ça avait plus de gueule que les bricolages de fortune qu’elle s’était fait pendant sa course. Elle aimait bien, l’air de rien c’était tranquillisant de se promener avec ce genre d’équipement. Cela dit, il allait falloir bien la dissimuler. Sauf dérogation, les armes à feu n’étaient pas admises dans les cités gaëlliennes, sans compter qu’elle tenait à cacher celle là à son entourage.

– Oui, il va falloir la dissimuler aux regards. Ca devrait aller si j’ajoute une veste en plus du reste...

Elle se retourna pour lui faire face.

– Ca te plait ?
« Heu...non, enfin... »
Il se sentit sourire comme un gamin. Pourquoi elle lui posait la question alors qu’elle devait se faire envahir de ses pensées ? Des plus simples jusqu’aux plus osées que lui inspirait la princesse avec plusieurs pièces d’équipement en mode warrior ?
Oh et puis merde, il n’y avait pas de mensonge avec elle.
« Si. Ca fait femme fatale, t’es super sexy avec tout ce matos ! »
– La “femme fatale” c’est quelque chose qui plait aux hommes de ton peuple ? demanda t-elle avec curiosité, flattée par la réponse de Darren.
« Oh, ben ça dépend des goûts du mec. » fit-il en s’approchant. « C’est pas une généralité. Mais il y en a qui préfère les femmes délicates, qu’on protège, comme une fleur fragile. Et d’autres qui préfèrent les femmes d’action. »
Il dessina l’ensemble du corps d’Emilia de ses deux mains, comme s’il caressait son aura, l’image qui émanait d’elle.
« La femme fatale, c’est une icône. C’est la femme prête à en découdre, armée, forte. Mais une femme quand même, qui mêle son charme au côté guerrier . Comme toi quoi, tu déchires. Une embrouille, on sort nos pétards avec la technique que je t’ai appris et on fait le ménage. Un putain de duo quoi, on fait la paire. »
Il se recula pour l’observer avec un peu de retrait, amusé et sincère à la fois. Il y avait ce petit côté gênant où il lui avouait qu’habillée comme ça avec son matériel, ça ne le laissait pas indifférent. Mais comme toujours, avant même qu’il n’ouvre la bouche, c’était des pensées qu’elle avait déjà capté et interprété. Donc bon, à ce stade, il n’avait plus qu’à le dire ouvertement, comme ça :
« Emilia l’Exception, t’es carrément dedans. Un peu que ça me plait. »

Un sourire apparut sur les lèvres de la belle. Les paroles et les sentiments de Darren étaient corrélés, il pensait vraiment ce qu’il disait. Comme beaucoup de gens, elle était sensible à la flatterie et elle savait maintenant ce qui lui faisait de l’effet. Ce n’était pas la première fois qu’il avait ce genre de pensée d’ailleurs, la tenue de militaire qu’elle avait enfilé sur Atlantis lui avait bien plu.
Si elle n’avait jamais douté de sa force mentale, elle commençait peu à peu à se découvrir aussi des ressources physiques et ce n’était pas pour lui déplaire.

– Et toi tu es un guerrier donc tu es « homme fatal » ? Cela se dit ?
« Hm...c’est différent. On utilise un terme pour le mec qui veut dire à peu près la même chose. Je suis un homme “badass”. Et pas forcément besoin d’être un guerrier. Tu peux aussi le faire croire ! »
Il roula exprès des mécaniques, se dandinant comme un rappeur, histoire de se marrer. Mais il reprit ensuite :
« Les femmes aiment les mauvais garçons, les “bad boys”. En gros, ça leur permet d’avoir pleins d’histoires, de crises en tout genre, mais de se sacrifier pour l’amour avec le grand A. Des fois ça marche. »
Il haussa les épaules.
« Et d’autres, c’est la séparation douloureuse avec un môme dans les bras. »
– Et toi alors, tu es un “homme badass” ou un “mauvais garçon”? demanda Emilia, perdue dans toutes ces expressions bizarres. C’est compliqué chez vous… nous les zeïns nous marions généralement par intérêt et nous sommes ensuite libre de collectionner les amants.
« Des libertins, encore !!! » S’étonna-t-il. « Ouais, non, chez nous, quand tu choisis quelqu’un c’est à vie généralement. Mais c’est en train de changer pour ce que tu me dis. »
– Vous vous liez à vie ? Le temps doit être long…
« A l’époque, des couples restaient ensemble à vie. C’était beau ouais. Mais les habitudes ont changé. Après...je peux pas parler d’expérience, j’ai pas connu ça. »
– Ah non ? Parce que tu es un “bad-boy” ?
« Parce que je foire tout surtout. » Fit Clive en ricanant. « Je t’expliquerai plus en détail durant la balade si tu veux... »
– As-tu laissé quelqu’un sur Terre ? Un enfant ? demanda t-elle, curieuse. Après tout c’était lui qui avait parlé de femmes au coeur brisé et de progéniture. Le sujet n’était peut-être pas arrivé sur la table par hasard.
« Mes parents. » fit-il simplement. « Ma famille, c’est le D4. Mais je pense régulièrement à mes parents. Je me dis souvent que je vais rentrer pour les voir mais je saute mes permissions. Je reste sur Atlantis. Je saurais pas quoi leur raconter tu sais... »
– Vous avez des problèmes de communication ? demanda t-elle sans se douter que la Porte des Sages était dissimulée aux yeux du reste des terriens.
« On est pas tous empathiques. » Remarqua-t-il doucement.
– Cela ne résout pas tous les problèmes... dit-elle sur le même ton.
« C’est pour ça que les amis existent. Pour divertir les femmes fatales de leurs problèmes. »

Clive la reluqua encore un peu, pour le plaisir des yeux. Il retourna sur le précédent sujet :
« En fait, même s’il y a ces catégories, c’est la façon de voir l’autre. Moi je te vois comme une femme fatale. Mais toi, t’es pas obligée de me considérer comme un badass. Tu peux tout aussi bien me voir que comme un larbin tapé du ciboulot et un peu trop investi. C’est possible aussi ! »
- “Un badass un peu tapé du ciboulot”... répéta t-elle, à nouveau dépassée par les expressions terriennes.
Il ria.
« Oui, on est un peu compliqué, j’avoue. Mais tu me cernes bien ! »
Il marqua une petite pause avant d’ajouter :
« Je trouve ça flatteur. »
- Qu’est-ce que cela signifie ? demanda t-elle en ouvrant la porte de son dressing à la recherche de quelque chose à mettre pour dissimuler son arme.
« Être flatté ? »
- “Être tapé du ciboulot”... lança t-elle depuis l’intérieur de son dressing.
« Oh ! Et ben...être fêlé, cinglé. Faire connaître à un beau petit bout de femme la strangulation pendant un entraînement. Ou la kidnapper sous le nez de tout le cantonnement. Lui installer de l’équipement sans lui demander son avis. Ce genre de truc... »

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Mer 31 Juil - 22:24

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- Ah oui… c’est vraiment tout toi, dit-elle en ressortant de la pièce vétu d’une veste à capuche. Près pour l’escapade ?
Clive assura ses vêtements, vérifiant qu’il avait bien tout sur lui, puis il leva les bras.
« Toujours ! »
- Il va falloir être suffisamment discret pour esquiver ma famille… et si possible ne pas se faire suivre par les gardes, dit-elle avec un air amusé. Je jouais parfois à ça quand j’étais plus jeune, en étant bien concentrée j’arrive généralement à sentir les autres approcher. Le lien est plus fort si je les connais.
« Ca me parle ! » fit-il avec un air de gamin. « Comme quand je t’ai emmené au concert... »
Il leva la main pour l’inviter à prendre la tête.
« Après toi ma chère ! »

Darren s'apprêtait à la suivre, comme il le disait, mais il s’interrompit soudainement en se disant quelque chose.
« Ah oui ! Donc je dois me faire petit dans ma tête c’est ça ? Pour te faciliter la détection ? »

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la princesse. Elle imaginait bien cette tête brulée essayer d’arrêter de penser et de ressentir pendant quelques minutes… aucune chance qu’il y parvienne !

-Et comment comptes-tu t’y prendre au juste ?
« Il y a des techniques... » Songea-t-il à haute voix. « Ne pas te mater, déjà... »
Il leva le regard, plongé dans sa réflexion, puis la lumière se fit dans sa tête.
« Ah ! J’ai aussi eu une toute petite formation dispensé par une Exception pour faire le vide dans ma tête. Ca vaut le coup d’essayer à ma sauce ! »
Le jeune homme, qui la fixait tout en faisant ce petit monologue, voyait bien qu’elle ne le croyait pas avec son petit sourire. Ca réveilla son petit côté compétitif et il ajouta, presque narquois :
« J’y arrive et t’as un gage ! »
-Personne ne peut totalement s’émanciper de ses émotions, jeune homme. C’est humain, dit-elle en glissant quelques affaires dans ses poches.
« Ouais mais je peux réduire un peu tout ça ! Tu tiens le pari ? Ma “musique” se fera discrète ! »

– D’accord, dit-elle en se rapprochant à pas de loup de lui je te laisse réduire « tout ça » alors… susurra-t-elle en glissant un main sur son torse et en se rapprochant de lui malicieusement. Ben quoi ? Il n’avait pas le monopole de la sournoiserie !

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Mer 31 Juil - 22:26

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« Oh nan, ça c’est tellement moche ! » se plaignit-il en relevant forcément le sous-entendu. Il ferma un peu les yeux, en sentant le contact et la proximité de la jeune femme, et il déploya toutes ses ressources pour lui résister.
La princesse n’avait pas besoin de faire grand chose pour le faire démarrer. D’ailleurs, il avait toujours sa petite mission libidineuse qui visait à lui faire gueuler son nom. Clive comptait bien la remplir avant son retour sur Atlantis. Il trouverait les bons leviers d’ici là et l’occasion se représenterait. Là, c’était juste pour le faire échouer. Il la trouvait garce et c’était encore plus sexy vu sous cet angle.
Mais pas maintenant, il essaya de faire le vide comme elle le lui avait appris, histoire de se dégager un peu de la sournoiserie et de “réduire sa musique”. Il pensait même y arriver un peu. Il ouvrit alors une paupière pour l’interroger de son seul oeil ouvert.

La princesse ricana et s’amusa de ses réactions. C’était fou de voir à quel point il partait au quart de tour dès qu’elle le cherchait un peu… et même quand elle ne le cherchait pas. Pourvu que cela reste de l’ordre de l'intérêt physique.

– Comment tu as appelé ça tout à l’heure ? « libertinage » ? souffla-t-elle à son oreille avant de déposer un baiser dans son cou.

C’était sadique, d’autant qu’elle ne comptait pas aller plus loin dans l’immédiat mais il avait dit qu’il aimait bien ça non ? Les « femmes fatales », celles qui étaient fortes, guerrières, dominantes.
Il essayait de s’extraire de la situation pour faire le vide dans sa tête et c’était tout à son honneur mais elle n’allait quand même pas lui faciliter les choses. Lui l’avait étranglé sur le tatamis et elle éprouvait ses nerfs. Chacun son truc.

« Ceux qui mangent dans toutes les assiettes, oui... » Murmura-t-il en réponse, alors en pleine lutte.
– Cela semble bien péjoratif dit ainsi.

Darren ne lui répondit pas. Il savait qu’elle était de ce genre. Il le devinait tout du moins. Et son avis était vraiment partagé sur la question. D’un côté il trouvait ça pas si mal. Mais d’un autre ça dénaturerait à mort ce qu’était le sentiment et la fidélité selon lui. Au final, ça n’était plus de l’amour mais des plans culs dans les quatre coins du quartier. C’était un avis vieux-jeu bien arrêté.

Le soldat n’était pas stupide, il savait bien que ces petites distractions avec Emilia étaient du même ton. Ils en avaient déjà parlé une fois. Le jour viendrait où elle s’ennuierait surement de cet exotisme, se taper un Atlante, et elle irait vadrouiller ailleurs. C’était comme ça, du physique, et pas une question de sentiment. Il s’y fera le moment venu.

Mais bon, même si elle pouvait ressentir ses pensées, elle saurait qu’il n’allait pas lui en parler parce qu’il la blesserait par son entêtement. Il n’avait pas une très belle image des libertins mais voilà, “étrangement”, ça le dérangeait pas concernant la princesse.
Non, valait mieux ne pas répondre. Ne pas penser d’ailleurs, c’était le but du jeu…

Son geste, c’était juste un petit début mais, bon sang, que c’était agréable. La perspective de la voir monter à l’attaquer ; à le harceler juste à minima d’un petit bisou savamment placé, juste pour le détourner ; c’était un petit jeu bien plaisant. Darren sourit et se laissa faire tout en poursuivant sa concentration. Il savait que son niveau devait être dérisoire. Peut-être même qu’il n’arrivait pas à penser d’ailleurs. Ou qu’il pensait “ne pas penser”. Quoi qu’il en soit, le soldat essaya de trouver le même point que la princesse lui avait enseigné sur le bord de ce cours d’eau, même s’il avait bien envie de se laisser avoir.
« T’as pas grand chose dans le ventre... » lui balança-t-il pour provocation. « Je tiens le cap. »

Emilia rit doucement et finit par battre retraite.

– Parfait alors, allons y.
« Yesss ! J’ai gagné ! » Déclara-t-il. « Maintenant la pratique à balles réelles ! »

La clé tourna toute seule dans la serrure et la porte s’entrouvrit. Emilia s’approcha alors pour jeter un bref coup d’œil dans le couloir… personne. Parfait. Soit son père et sa mère étaient toujours en train de parler, soit la reine avait décidé de la laisser en paix pour un moment. Tant mieux, elle ne souhaitait pas que la confrontation arrive trop vite, elle risquerait de lui dire des choses qu’elle regretterait.
Elle finit par sortir et tandis son esprit aux alentours, le regard dans le vague, pour tenter d’accrocher les liens des personnes près d’elle. Cela ne fonctionnait pas toujours. Autant il lui était facile de repérer un proche, même si ce dernier se trouvait dans une autre pièce de la maison, autant les inconnus ou quasi inconnus étaient plus difficiles à capter sans les avoir en visuel. Ainsi, elle les conduit à travers la maison, les arrêtant parfois pour leur faire faire demi tour et se cacher dans une pièce, jusqu’à ce qu’ils parviennent enfin à accéder au jardin par une porte de derrière. C’était un comportement digne d’un cambrioleur mais elle s’amusait bien.

Se faisant, Darren la suivait de son côté et il s’evertua à calmer ses pensées comme il le lui avait promis. Il doutait encore de l’utilité, vu ses capacités à la concentration, surtout en ayant une Emilia Ninja se déplaçant devant lui. Mais Clive faisait des efforts. Quand les choses commencèrent à devenir intéressante et qu’ils avaient approché de quelques gardes, l’homme avait réagi en posant une main sur l’épaule de la jeune femme. Elle remarquerait surement la technique qu’il lui avait enseigné sauf que, cette fois, les rôles étaient inversés. Elle allait surement “vivre” ce que ça faisait d’avoir quelqu’un entraîné à suivre les gestes sans gêner l’élément moteur.

Docile, réactif, le soldat oeuvrait avec une forme de symbiose volontaire pour que ce petit jeu soit une réussite. Il ne s’était pas rendu compte à quel point la princesse s’amusait. Mais lui était carrément aux anges en voyant qu’ils approchaient de l’objectif sans s’être fait griller. Lorsqu’ils furent enfin dehors, Darren fit un signe trahissant sa joie et sa victoire. Au nez et à la barbe de tous, c’était tellement fendard !

« J’parie que les domestiques te cherchaient pendant des heures quand tu étais gosse ! » lui murmura-t-il d’un ton enjoué.
Il eu droit à un rire étouffé pour seule réponse. Effectivement, elle en avait fait voir des vertes et des pas mûres à ces précepteurs lorsqu’elle était adolescente. Mais c’était un moyen comme un autre d’apprendre à contrôler son pouvoir !
Le manège se répéta dans le jardin. Ce n’était pas toujours évident d’éviter les gardes mais Emilia connaissait chaque recoin, chaque cachette. Elle avait volontairement choisi d’éviter la grille principale pour passer par une porte dérobée. Cette dernière était habituellement fermée mais le jardinier avait la clé. Elle fit donc un crochet pour aller à sa rencontre, puis lui demanda, après qu’il leur eût ouvert la porte, de garder secrète leur petite escapade. Habitué, l’homme les laissa filer sans rien dire.
Une fois dehors, la jeune femme éclata de rire.
– Ca faisait longtemps que je n’avais pas fait ça !

Darren était agréablement étonné de sa capacité à filer. Non pas qu’il en doutait si on se penchait sur le drame qu’elle avait vécu avec les Wraiths. Mais lorsqu’elle s’amusait comme ça, elle ne s’y mettait pas à moitié. La voir profiter des couverts, des cachettes et des divers ornements de jardinerie faisait la preuve de ce qu’il voyait en elle. La femme fatale. Et ça le faisait d’autant plus rire qu’il y prenait son pied lui aussi. Il n’y avait que le jardinier qui était au courant au final, et vu la tête qu’il avait affiché quand la princesse lui avait demandé de leur ouvrir, c’était un tel habitué que son silence semblait couler de source.
« Moi aussi... » Murmura-t-il plus pour lui même en pensant à sa soeur. La dernière partie de “cache-cache”, si on pouvait le voir comme ça, remontait à un sacré bout de temps. Et c’était avec elle.
Son regard se reporta sur son visage enjoué. La voir souriante...voilà. C’était quand même sacrément mieux que l’heure passée. Ca lui faisait plaisir de la voir comme ça et partager cet enfantillage. Darren lui bourra gentiment l’épaule en réponse, partageant copieusement avec elle l’exaltation de cette évasion, puis il répondit :
« T’es prête pour les manoeuvres commandos à ce train là ! »
– Tu tiens vraiment à faire de moi un soldat !
« Oh...j’dis ça...j’dis rien. »
Il fit mine de s’enterrer dans le silence ou de se désintéresser du sujet. En vain.
« T’as quand même la dégaine d’une guerrière. »
–Je suis appelée à régner… c’est aussi une forme de combat en un sens.
« J’te le fais pas d... »

Le regard de Clive s’écarquilla soudainement. Il apperçu du mouvement beaucoup plus loin, au-dessus de l’épaule de son amie, et c’est le soldat qui prit le relais. Sans vraiment savoir pourquoi, peut-être parce qu’il s’était un peu trop embarqué dans le jeu, il saisit le risque d’être repéré et il agrippa Emilia sans ménagement. Pas de façon barbare, bien sûr, mais ils n’avaient pas le temps pour les formes et la tendresse. Il l’attira rapidement vers le mur depuis lequel coulait du lierre tombant. Les feuilles en pointes réagissaient néanmoins à leur présence, une curiosité qu’on ne rencontrait pas sur Terre, mais Clive n’avait pas le temps. Une moitié de rire étouffé pour le dernier frisson du jeu, il pressa son amie à passer derrière le frêle écran. Vu la saison, ce n’était pas assez touffu pour les recouvrir entièrement mais il n’y avait rien de mieux.

Il se colla dos au mur, aux côtés de son amie, et cessa tout mouvement. Même les yeux, il ne bougea strictement rien pour se fondre dans le décors, appelant mentalement Emilia à un mimétisme. La pression grimpa alors qu’il entendait la patrouille s’approcher, il aurait dû se douter que quelques uns passeraient le long des murs pour vérifier qu’aucun plaisantin ne s’amuser à escalader le lierre.
Pourtant, à mesure que le binôme s’approchait, l’échange rythmé sur le retour de l’Exception entre un père et une fille le laissa pantois. Le temps qu’ils dépassent leur cachette sans même jeter un coup d’oeil dans leur direction, Darren comprit finalement que ce qu’il avait prit pour une patrouille du domaine n’était qu’au final deux badauds se promenant tranquillement.

Clive expira longuement par le nez et tourna son regard vers la jeune femme, désolé.
« Je ne t’ai pas fait mal ? »
–Non, lui répondit-elle tranquillement en retirant des feuilles mortes qui s’étaient accrochées à ses cheveux.
« J’ai cru que c’était une patrouille. J’ai fait le nerveux. »
Il se sentait obligé de se justifier. Il vérifia qu’il n’y avait personne d’autre et il ouvrit le lit de lierre d’un large geste de la main, histoire de lui offrir la sortie avec un peu de galanterie. Pour compenser sa brusquerie.

Emilia lui adressa un clin d’œil avant de sortir de sa cachette. Elle attrapa une paire de mitaines noires en tissu léger de sa poche et l’enfila pour dissimuler sa marque. Après quoi elle mit sa capuche une fois ses cheveux parfaitement nettoyés. Darren en avait profité pour lui retirer quelques feuilles qui avaient échappé à sa vigilance.

–Tu veux voir la cascade de près ?
« Bien sûr ! Faudra pas te plaindre si je me baigne par contre ! »
C’était une petite boutade lui rappelant son saut dans l’eau gelée de la rivière la veille.
Darren suivit la princesse désormais incognito dans les rues et prit de la hauteur avec elle. Il nota qu’ils se trouvaient dans un quartier huppé. Les différentes maisons n’avaient pas vraiment la même classe que le domaine Eidolas mais il était évident que ceux qui vivaient là n’étaient pas des petits. Parfois, au travers des grilles, le soldat remarquait des jardiniers en plein boulot avec des outils originaux. Des gardes aux portes qui le toisaient en se questionnant sur son identité. Même à un moment, sur une ouverture un peu plus large d’une maison modeste, trois enfants qui sautillaient joyeusement en jouant avec une domestique.

Le schéma avait l’air de se répéter même s’il manquait le côté royal. Les rues, la décoration, tout était à base de nature. Il y avait de la verdure partout, si bien qu’il se demanda s’ils savaient ce qu’était le ciment. Parfois, Clive s’arrêtait un peu pour laisser parcourir son regard. Il posait quelques questions, comme un ou deux signes étranges gravés au-dessus du porche des dernières maisons. Sombrelune était bien plus grand qu’il ne l’avait imaginé. C’était comme se trouver à l’intérieur d’un volcan dont on avait tout retiré sauf l’enveloppe. Le cratère était devenu un puit de lumière agréable. La cascade y tombait depuis un versant et elle était vraiment magnifique. Mais pour pouvoir l’apprécier véritablement, il fallait trouver un bon point de vue.

Est-ce qu’Emilia l’avait senti dans son esprit ?
Est-ce que c’était son idée, à la base, en lui proposant d’aller voir la cascade ?

Peu importe.
Ils atteignirent tous les deux un aménagement pour servir de point de vue. C’était une sorte de corniche qui dominait les différents niveaux de quartiers qui descendaient jusqu’au fond du “volcan”. Le tout était entouré par de simple gardes-fous. La première idée du militaire était d’observer ce puit sans fond tant il semblait s’enfoncer toujours plus bas. Ainsi, il se rendait compte que le domaine Eidolas n’était pas le rez-de-chaussé, logique, surtout qu’ils avaient été déposé en voiture.
Mais quelque chose capta son attention. Plus les niveaux s’abaissaient dans l’ombre, plus les structures semblaient pauvres et ternes. La végétation moins travaillée, moins harmonieuse. Ca sentait vraiment pas le luxe, là, en bas. Peut-être était-ce le quartier des Tarkis non ? Après tout, comme partout, les puissants se prenaient les plus belles places, généralement en hauteur, en dominant les plus modestes…

Clive s’intéressa forcément au niveau le moins élevé que son regard pouvait examiner et il découvrit que la nature semblait comme avoir…“recouvert” des maisons entières. Ce n’était pas facile de déduire à cette distance, et ce point de vue, s’il s’agissait de ruine en devenir. Ou si c’était simplement des quartiers désaffecté. Il sentait juste que cette nature ne témoignait pas d’un abandon vraiment drastique. C’est comme si les Gaëlliens avaient permis à la verdure de reprendre ses droits ici vu que plus personne n’y habitaient.

Une bonne centaine de question tourbillonaient dans l’esprit de l’Atlante. Il se promit d’envahir Emilia de ses interrogations quand la situation se présenterait. Mais en attendant, il y avait cette cascade qui l’intriguait de plus en plus. Elle était véritablement magnifique, surtout vu d’ici. Les remous, la chute, les embruns perceptibles sur cette magnifique nappe qui descend jusqu’à la rivière. Une telle hauteur...ça devrait faire un vacarme de tous les diables non ?

C’était un mystère qui le rendait curieux. Trèèèèèès curieux !
Darren enjamba le garde-fou, soigneux à l’endroit où il mettait ses pieds pour éviter de faire un accident des plus stupides, puis il s’installa sur les barreaux. Maintenant en équilibre, il croisa ses mains en appui sur ses jambes et l’observa longuement.
–Darren, qu’est-ce que tu fais ? C’est dangereux ! s’exclama Emilia en le voyant faire son numéro.
« Ouaip ! Si je finis en bouillie, je te lègue ma guitare ! »
Il retourna à son observation, amusé.
« C’est magnifique, vraiment ! »
L’homme n’était pas en extase. Mais franchement, c’était pas loin.
Tout semblait parfait, travaillé. Si bien que ça lui semblait “trop” pour être naturel. Mais il n’avait comme point de référence qu’une cascade d’eau assez raide vue dans son enfance sur Terre. Là, sur cette planète, il n’y avait rien de comparable. C’était même à mille lieux.
Clive continua son examen, s’arrêtant sur l’aura que produisait la rencontre de la lumière du puit sur la surface de la chute. Il secoua alors sa main, un doigt tendu comme s’il grondait un gamin, et il déclara :
« Y’a un truc pas net avec cette cascade ! »
Il se pencha un peu vers la princesse à capuche et mitaines noire, une belle sinistre. Il essaya même de l’imaginer en gothique pendant quelques secondes avant d’ajouter :
« C’est normal qu’elle ne fasse pas de bruit ? Une chute d’eau, ça envoie toujours dans les oreilles. »

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Mer 31 Juil - 22:31

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Emilia observait également la beauté du paysage avec des yeux amoureux. Son retour miraculé chez elle lui faisait réapprécier les choses les plus simples qu’elle avait l’habitude de cotoyer tous les jours.

– Elle n’est pas réelle, c’est un hologramme. Par contre, le cours d’eau est authentique. dit-elle en se penchant pour lui montrer du doigt un ruisseau qui serpentait plus bas dans la montagne et s’enfonçait peu à peu dans les entrailles de la terre. La cascade donnait l’illusion de s’y jeter à un endroit où l’eau formait un bassin assez large.
« Les artistes Gaëlliens savent y faire... » nota-t-il silencieusement.
Le jeune homme repartit sur une réflexion en faisant une comparaison avec la Terre. Un sourire lui étira les lèvres et il se pencha pour ajouter sur un ton plus taquin :
« Avoue. C’est le coin des amoureux ici, non ? »
– Des artistes. Il y a souvent des peintres par ici.

Mouais, mouais, mouais. Darren voyait mal les Gaëlliens se passer du côté romance qu’offrait ce superbe point de vue. Surtout qu’elle lui avait dit qu’ils se mariaient par intérêt et qu’ils sortaient à droite, à gauche. Peut-être qu’elle éludait en pensant qu’il faisait un rapprochement, ou qu’il était encore en train de la draguer. C’était pas le cas. Pas cette fois en tout cas, il était joueur mais sur un autre délire.

Donc il y avait aussi des peintres ? Est-ce que c’était comme sur Terre, avec un petit chevalet en bois et un gaillard à la barbichette blanche, mesurant la distance de son pinceau ? Ce serait le concours de l’artiste qui arriverait à dupliquer le plus fidèlement cet hologramme ?

Vu la gueule que ça donnait à Sombrelune, rien que les concepteurs de cette fausse cascade devaient être des putains d’artistes. Le militaire se demandait même ce que ça devait donner durant la nuit.
A ce point de son petit cheminement, il en arriva à une nouvelle interrogation. Il entendit néanmoins son ventre gargouiller un peu et il songea à Emilia, sa dispute dans la véranda. Peut-être qu’elle n’avait pas mangé elle-aussi ? Surtout qu’elle avait le coup de fourchette à faire pâlir un boeuf.

« Est-ce que tu as faim ?! »

Il se tourna vers elle, repassant l’une de ses jambes du bon côté du garde-fou.

« Je t’aurai bien invité mais vu ton appétit, si je fais du troc, je reviens en slip au domaine...tu as une idée ? »

L’image s’imposa à l’esprit de la belle qui se mit à rire doucement. C’était un trait de personnalité qu’elle appréciait chez Darren : son humour franc, décalé, pas toujours socialement adapté (pas à son milieu aristocrate du moins) mais c’était précisément ce qui faisait son charme. Il ne s’encombrait pas de l’étiquette ; c’était parfois agaçant mais globalement elle trouvait ça plutôt rafraîchissant.
Effectivement, elle captait la faim de Darren. Elle même avait grignoté ce matin mais sa dispute avait écourté son repas.

– Il y a un salon de thé non loin. J’y suis allée une fois ou deux, le cadre est agréable.

Emilia prit la tête de la marche et l’accompagna jusqu’au petit restaurant construit tout en pierre et joliment décoré de l’extérieur avec une vitrine dans laquelle des hologrammes montraient tour à tour les différents mets et boissons de la carte. L’intérieur était coloré et cosy. Derrière le comptoir, une grande affiche dédicacée montrait une jeune femme aux yeux et aux cheveux bruns. Elle regardait sur le côté avec un air provocateur tandis qu’une flamme flottait au dessus de sa main droite qui portait la marque des Êtres d’Exception.

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Mer 31 Juil - 22:34

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-Messieurs dames, s’exclama le patron en sortant de son comptoir pour venir à leur rencontre. Il n’avait visiblement pas reconnu la princesse. Vous souhaitez vous installer en terrasse ou à l’intérieur ?
« À l’intérieur. » Répondit Darren sans vraiment demander l’avis d’Emilia.
Il suspectait qu’en terrasse, elle aurait plus de chance d’être reconnue par des promeneurs. A l’intérieur, même s’il y avait toujours du monde, ça resterait limité. Le soldat avait une faim de loup et il avait hâte de goûter la restauration Gaëllienne. L’impression du déjà-vu, mais avec une inversion de rôle, le rendait tout guilleret. Clive conserva néanmoins son petit côté galant en tirant de lui même la chaise pour ouvrir la place à son amie.
Il s’installa ensuite et attendit que le gérant disparaisse pour se pencher vers elle.
« Est-ce que c’est une amie à toi ?! » lui murmura-t-il discrètement en pointant, d’un coup de pouce en l’air, le portrait de miss flammes.
– Shiren… le mot “amie” n’est pas approprié mais je la connais bien oui. dit-elle en jetant un oeil par la fenêtre depuis laquelle on voyait bien la cascade.
« Le feu c’est dépassé, elle t’arrive pas à la cheville. » balança-t-il pour voir si elle allait réagir.
Clive avait l’impression qu’elle n’aimait pas trop cette Shiren. Après tout, toutes les Exceptions n’étaient pas obligés de s’entendre. Et la trombine imprimée sur poster avec mention “Attention, boule de feu dans ta gueule”, c’était pas vraiment dans la lignée d’Emilia. Et surement encore moins celle de Fidji.
Alors ? Allait-elle s’agacer ou la protéger ? Il y avait bien la petite flatterie au passage mais c’était aussi pour capter son attention.
Un léger sourire en coin étira les lèvres de la jeune femme.
– Nous ne sommes pas en compétition.

Quelques instants plus tard, le serveur revint avec deux tablettes (le même genre qu’Emilia utilisait et prêtait à Darren) sur lesquelles était inscrite la carte avec des photos. Il y a avait des pâtisseries et des boissons, mais aussi des plats légers et salés. L’homme s’éclipça pour leur laisser le temps de choisir.

« Mais si tu la croisais, tu lui sauterais pas au cou façon Fidji, c’est bien ça ? »
Il lui fit un petit sourire.
« Oh, allez...il doit bien y avoir quelques Ex...hum...quelques “frangines” qui te rebutent non ? »

– Bien sûr, nous ne sommes pas tous proches, loin de là.
« Elle t’a fait quelque chose ? »
Il pinça des lèvres.
« Tu m’as rendu curieux. Jveux savoir ! »
– Non, nos personnalités s’accordent mal c’est tout. Shiren est imprévisible, comme l’élément qu’elle maîtrise. Elle est excentrique. Mais nous ne sommes pas en mauvais termes pour autant. C’est différent avec son frère jumeau, nous ne nous entendons pas.
« C’est une Ex...un “frangin” lui aussi ? Ou il a été trèèèès avenant ? » Questionna-t-il en jouant distraitement avec sa carte de consommation.

– Oui, c’est un… “marqué”, répondit-elle après avoir hésité sur l’adjectif.
Darren ouvrit des yeux légérement plus ronds et finit par en sourire.
« Oh ! »
Il regarda un peu autour de lui puis se pencha.
« Mais...pourquoi on est pas allé lui rendre une petite visite pour lui poser deux trois questions alors ? Ca se trouve, il nous aurait chanté une chanson trèèès intéressante... »
– Pense au mobile des agressions, ce ne serait pas cohérent.

Il s’avoua vaincu.
Parfois, Emilia avait ce troisième pouvoir de formuler une évidence telle qu’il se sentait très con. Le jumeau était un marqué. Mais la jumelle était une Exception. Evidemment que celui-ci n’irait pas prendre ce genre de mission et de risque. Le soldat pencha la tête face à cette évidence et se racla la gorge.
Son sauveur se présenta sous les traits du gérant qui revint pour prendre leurs commandes. Clive se pencha sur la carte et selectionna ce qui le bottait le plus. Surtout au visuel. Puis il regarda également la cascade. Emilia commanda une boisson et une pâtisserie… puis après réflexion, opta également pour une salade. Bah quoi, il fallait bien mixer les plaisirs, non ? Le serveur prit note, récupéra les tablettes et s’éclipsa.
« J’ai pas osé te demander mais la curiosité me bouffe. » Lâcha-t-il lentement. « T’as déjà été mariée ? »
– Non, je n’ai pas envie de m’engager sur ce terrain là.
« Alerte ! Zone rouge ! Marche arrière toute ! Zone rouge ! » Chantonna-t-il en forme d’alarme.
« M’enfin, ça veut dire oui... »

Le soldat ne pouvait pas s’empêcher de l’aiguilloner un peu. Mais il s’arrêta là parce qu’il ne voulait pas qu’elle regrette de l’avoir embarquer, surtout avec sa dispute du matin. Ca ferait quand même un sacré paquet de colère et frustration. Ils n’étaient pas là pour ça.

Emilia secoua doucement la tête d’un air faussement blasé.

– Je devrai m’y résoudre un jour. Mais le plus tard sera le mieux.
« Hm...tu m’avais dit que ta mère était heureuse avec ton père. Elle l’a pas épousé pour le pognon...peut-être que tu auras aussi cette occasion. » Voulut-il positiver.
– Ma mère n’est pas empathe, son pouvoir ne pourrit pas toutes ses relations sociales, répondit-elle du tac-o-tac.
« Oh….heu...vraiment toutes ? »
Emilia haussa les épaules et porta son regard vers la fenêtre pour observer le paysage.

Donc...lui aussi.
Clive avait songé pouvoir échapper un peu à cette forme de malédiction. C’est vrai que la jeune femme ne devait pas avoir la vie facile en recevant en retour, et en étant la seule à recevoir, les émotions des autres. Mais en la voyant ne pas nier que c’était bel et bien “toutes” les relations qui se voyaient impactées par ce pouvoir, Darren se sentit un peu déçu. Et forcément, ça aussi, elle le capterait.
Il ne pouvait pas aller contre nature, c’était surement une tendance qui s’appliquait malgré ses efforts pour ne strictement rien changer. Enfin, lui, il pensait ne pas avoir changé après avoir su qu’elle était empathe. Une part de lui avait envie d’insister, de la convaincre que c’était différent. Mais il sentait qu’il ne maitrisait pas bien le sujet et qu’il risquait de faire encore plus de casse s’il ramenait sa science.
Le soldat opta plutôt pour le silence. Peut-être que la princesse le percevrait différemment un de ces quatres.

« Tu sais à quoi elle me fait penser cette cascade ? » dit-il pour amorcer un changement de sujet. « Une fontaine qu’on avait en bas du village. Elle jaillissait depuis le sol et quelqu’un avait taillé la pierre autour. Je partais à vélo avec ma soeur, elle chargeait mon sac de bouteille vide. Et on allait ensemble prélever de l’eau pour la remonter à nos grands parents. On dinait avec les bouteilles que les ptis-enfants RAPPORTAIENT ! Attention, qu’est-ce qu’on était fier de nous !! L’eau abondait, c’était pas rare pourtant. »
– C’est mignon, lança t-elle avec un sourire.
« C’est ma petite soeur qui avait eu l’idée mais elle avait peur de partir seule. Une fois elle a voulu me suivre quand on a fait un pic de vitesse en descente. J’allais forcément plus vite. Il y avait beaucoup de gravier et avec le vent je n’entendais rien. Et puis, j’ai vu un véhicule en face qui me faisait des appels de lumières, des signes et du bruit. Ma soeur était tombée, je l’ai ramené sur mon dos tellement elle s’était écorché les genoux. »
Il ne lui racontait pas ça pour se faire mousser mais en arriver à la conclusion.
« On a été inséparable en vélo depuis. Et on partait tout le temps tous les deux au cas où un de nous faisait une chute ! »
– Il n’y avait pas d’eau courante là d’où tu venais ?
« Oh si ! On était dans un coin qui ne souffrait pas de manque. Mais on voulait faire plaisir à nos grands parents en apportant de l’eau naturelle. Pas industrielle. On a des usines qui placent l’eau en bouteille pour des régions entières. On y perd en qualité et en...jsais pas...authenticité je dirais ? »
– Vous ne pouvez pas puiser directement dans vos rivières ?
« Les agriculteurs le font. Mais on est pas aussi soigneux qu’ici tu sais. On connaît parfois des sécheresses. Et pour avoir plus, toujours plus, toujours toujours plus, on utilise des produits qui accélère l’efficacité et la production des cultures. Sauf que ça contamine les rivières donc... »
Il pinça des lèvres. Il ne lui aurait pas parlé de cet aspect de la vie sur Terre s’il n’avait pas pu en discuter avant avec Steele. Mais elle lui avait donné une règle très simple et imaginée en terme de ligne à ne pas franchir. Si Emilia savait dessiner le plan de coupe d’un E2PZ en ne l’ayant vu qu’une fois exemple.
« On aurait bien des choses à apprendre des Gaëlliens question respect de la nature. Mais on fait des efforts. Rien que sur Atlantis, on reproduit pas nos conneries tu vois... »
– C’est vrai... répondit Emilia pensive. Alexander Hoffman ressentait de la contrariété lorsqu’il avait évoqué la nature chez vous.
« On est humain. Les qualités, on les mets en avant. Mais on a aussi nos défauts. Il nous a fallu trop longtemps pour comprendre qu’on pouvait pas piller notre nature comme ça. Maintenant c’est trop tard et on le paie. C’est aussi pour ça qu’on est là, pour trouver une autre façon de vivre. »
Il lui sourit franchement.
« Mais on est sur la bonne voie, c’est ça qui est cool ! »
– Et vous ne pouvez pas vous installer sur une autre planète ?
« Ben...ça nous demanderait trop de ressources. Et franchement, il y a pas mal de gens qui se pensent seuls dans l’univers. Leur dire qu’il y a une route pour d’autres planètes, ils y croiraient pas. »
– Mais si vous avez lancé une expédition ici cela signifie que vous avez acquis depuis longtemps la capacité d’utiliser la Porte. Je ne comprends pas comment ton peuple peut-être dans l’ignorance ?
« Nous ne sommes pas prêt à accepter la vérité, c’est tout. »
Il soupira et secoua la tête.
« C’est une zone rouge. Si tu veux savoir pourquoi on reste discret avec notre propre peuple, il faudra le demander à Hoffman, ou Steele, voir Woosley. D’acc ? »

– Hm… répondit Emilia en faisant la moue.

Elle reporta son regard sur l’extérieur, songeuse. Il était rare que Darren refuse de lui parler mais elle ne l’interrogeait pas souvent sur sa planète. Les atlantes étaient plutôt réservés quand il s’agissait d’évoquer la Terre.

Les consomations arrivèrent et Darren se laissa servir en silence. Il se demandait pourquoi elle était distraite comme ça, à papoter puis se détourner, et repapoter avant de regarder de nouveau. Est-ce qu’elle attendait quelque chose ou quelqu’un ?

« J’ai l’impression qu’il y a un truc qui te travaille...tu veux pas m’en parler ? »
Il lui tendit son verre dans le but de trinquer comme il le lui avait appris lors du resto. Elle l’imita.

– Est-ce que ta famille fait partie de ces personnes qui se croient seules dans l’univers ?
Son sourire s’effrita un peu.
« C’est ça qui t’intrigue ? » Demanda-t-il en reposant un peu son verre, mi-figue mi-raisin.
–Est-ce qu’il y a un soucis ?
« Peut-être...tu me réponds par une autre question. Tu peux aussi me dire que tu veux pas me parler et je passe à d’autres anecdotes sympas. »
–Comme à chaque fois que tu fais des mystères je m’interroge sur le pourquoi. Cela t’étonne ?
« Oh non. C’est juste que je pensais que t’essayais d’esquiver ma dernière question. »
Il but une gorgée de sa boisson. Le goût était vraiment étrange, parce qu’il ne le connaissait pas. Pas la moindre comparaison possible mais ce n’était pas mauvais. Il adorait ce genre de découverte.
« Mes parents...c’est...possible qu’ils me croient morts. Ou que je ne suis pas leurs fils, c’est au choix. »
–Pourquoi ?

Clive expira lentement par le nez.
Il préféra quitter le regard de la princesse et fixer ses couverts.
« Une maladie qui provoque la démence. Tu deviens fêlé. Pas comme moi. Pire, vraiment pire. Tu oublies qui sont tes parents, tes enfants, tu confonds les noms quand c’est un bon jour. On appelle ça l'Alzheimer. »
Le soldat secoua négativement la tête.
« C’est pour ça que je t’ai dis que je saurai pas quoi leur raconter si j’allais les voir. Et puis...j’ai envie de garder une bonne image d’eux. J’veux pas les voir sénile après la vie de rudes boulots qu’ils ont eu. Tu trouves ça lâche ? »
- Ca doit être très dur à vivre… pour eux et pour toi.
« Ils sont dans une maison qui est spécialisée pour les aider à vivre. Ils se servent sur ma solde. J’ai essayé de faire en sorte qu’ils soient très bien traités. J’peux pas faire mieux... » Maugréa-t-il. Il reprit aussitôt plus de pèche. « Hé ! Mais faut positiver aussi ! Ils ont eu une sacrée vie. Et moi, je découvre des trucs géniaux ici, je fais la mienne. »

S’il y avait une chose que Darren pouvait reconnaître envers son amie, c’est qu’elle avait les reins solides. Et c’était un constat sans sous-entendu. Même si elle avait gardé son air un peu boudeur et qu’elle était douée pour maintenir la conversation plus de son côté de la vie que du sien : Emilia Eidolas avait su se refaire une santé.

En quittant le petit resto incognito, elle lui donnait l’air de s’être ragaillardi un peu. Pas seulement de sa présence, même s’il était une bonne attraction comme elle le lui avait avoué. Mais c’est vrai que c’était très agréable de pouvoir apprendre d’une culture et d’une autre. Un échange constant. Et c’était sans parler des petits moments plus charnels qu’ils s’offraient par moment.

Emilia n’avait pas fui finalement.
Ils avaient pris leur temps pour se balader, découvrir, plaisanter. Darren avait même tenté, à un moment, de la défier au cache-cache. Ce jeu purement puéril où il se vantait de pouvoir la trouver malgré son pouvoir, d’avoir les sens plus aiguisés que les gardes du domaine.
C’était, dans un sens, un colossal pipeau simplement utilisé pour l’entrainer à lâcher prise. A se conduire comme une enfant, chasseur et chassée, s’amuser un peu en oubliant sa condition de princesse deux minutes et de ce qui l’attendrait une fois de retour au domaine.

L’avantage de s’être habillée pour rester discrète, ça l’aidait à insister dans ce sens. Pour la déconne et partager un moment de plus. Même s’ils étaient paradoxalement des étrangers l’un pour l’autre.
Les jours s’enchainèrent et filèrent beaucoup trop vite au goût de Darren. Il prit peu à peu ses marques pour savoir comme se comporter, s’adapter, rester présent pour Emilia sans pour autant la mettre à défaut. Pourtant, le côté pot de colle, job d’escorte oblige, elle n’y coupa pas. Le soldat se demanda longuement si c’était un trait de patience très bien travaillé ou si, tout simplement, ça lui plaisait dans le fond. De son côté, la jeune femme régla ses problèmes familiaux avec toute la discrétion et la subtilité dont elle savait faire preuve lorsqu’elle le voulait.

Grâce à elle, Darren en appris un max sur la Gaëllie. Une semaine écoulée et malgré ce bourrage de crâne, toutes ces expériences exceptionnelle, il sentait qu’il avait à peine gratté la couche de vernis. Toute la partie moins joyeuse comme l’hypothétique pacte avec les Wraiths demeurait bien à l’écart de son regard.
Mais il s’en foutait. Simplement parce qu’il comptait faire un retour impartial. Ce n’était pas grand chose pour tout ce qu’il avait vécu durant ces “vacances” spéciales.

Le jour J, Darren reparti seul en direction de la Porte des Étoiles. Il s’était davantage résolu dans son devoir de protection et s’était fait d’un but personnel de la revoir.
Rien de moins qu’une princesse d’un autre peuple : Emilia Zeïn Eidolas.

Partie remise, Darren. Partie remise.
La Floraison attend...c’est la prochaine étape...



FIN DU RP LE 31/07/2019

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