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Sombrelune, la cité royale cachée sous la montagne [Clive, partie 1)

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Sam 2 Mar - 18:36

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Chronologie : 10/08/18

RP faisant suite à "Retour à la maison"


Emilia Zeïn'Eidolas


Un air vif les fouetta aussitôt qu’ils eurent traversés la Porte. De l’autre côté, l’hiver laissait doucement la place au printemps mais la température était encore fraîche. Un grand soleil éclairait un ciel bleu rosé tirant sur le violet. En levant les yeux on pouvait apercevoir Mayla, l’une des deux lunes d’Orzan, à moitié transparente et bien plus grosse que le satellite gravitant autour de la Terre.

La Porte se trouvait au centre d’une prairie. Son accès avait été aménagé pour faciliter la circulation de véhicules de transport. De fait, on y trouvait une rampe ainsi qu’une route qui se perdait dans la forêt un peu plus loin. Un esprit inventif aurait pu facilement imaginer qu’un artiste avait pu se perdre là et balancer de grands coups de peintures dans les arbres tant la nature était colorée. De ci et là se trouvaient tantôt des arbustes aux feuilles rouges flamboyantes, tantôt des plantes vertes plus classiques aux fleurs multicolores. Mais ce qui sautait le plus aux yeux étaient le feuillage bleu électrique des arbres qui ne semblait souffrir que modérément du froid. Des bourgeons commençaient à apparaître de ci et là. Un œil particulièrement vigilent pourrait apercevoir des protecteurs dissimulés dans les arbres et les végétaux. Leurs tenues ainsi que leurs armes étaient parfaitement adaptées pour se fondre dans leur environnement.
Moins discrets, d’autres protecteurs encadraient la Porte. Ceux là, bien visibles, étaient mis en évidence pour dissuader les voyageurs qui seraient tentés de forcer le passage. Par ailleurs, ils attiraient l’attention sur eux, renforçant ainsi l’effet de surprise des hommes et femmes postées dans leurs cachettes.

Emilia avisa les lieux avec un sourire. Étrange sentiment, c’était comme si elle n’était jamais partie et en même temps, elle avait l’impression de revenir de très loin… Cet endroit elle commençait à bien le connaître entre ses voyages diplomatiques sur les autres planètes et les fouilles archéologiques. Elle avait même mémorisé le nom et le visage de certains protecteurs alors qu’elle n’accordait généralement aucune importance aux soldats, c’était dire !
Bien entendu, aucune arme n’étaient pointées sur eux. Elle sentit à travers les connexions émotionnelles la stupéfaction des militaires du Protectorat présents et songea qu’elle allait devoir s’habituer à ce genre de réactions. Aux yeux de tous elle était morte et sa « résurrection » n’allait pas manquer de faire jaser. Il allait falloir la jouer habilement pour ne pas perdre totalement le contrôle sur les rumeurs… elle pourrait peut-être exploiter ces dernières à son avantage. Elle ne sentit aucune intention hostile, ce qui la rassura. Personne ne lui voulait du mal parmi les individus présents. Darren suscitait un peu de curiosité : un étranger qui escortait une revenante ce n’était pas commode. Tous les gaëlliens, y compris la commandante Yärdinn et la reine, portaient ce qui semblait être un parfait mélange de technologie imbriqué dans un bracelet enroulé de leur poignet et d’une partie de leur avant-bras. Celui de Suëna zeïn’ Eidolas était toutefois plus travaillé et bien plus esthétique, tandis que ceux des militaires étaient plus rudimentaires et fonctionnels.

Soldat Clive


En sortant, Clive écarquilla les yeux.
Mais ce n’était pas pour le paysage ni pour la Gaëllie. Pour l’instant, il ne voyait rien de tout ça. Il ne l’avait jamais dit à Emilia et il ne le dirait jamais : c’était son premier voyage par la Porte des Étoiles. Il avait eu à coeur de conserver les apparences, ne voulant pas se montrer hésitant au passage de la Porte après avoir tant insisté pour l’accompagner. Mais l’expérience était si atypique et unique qu’il lui fallut quelques secondes pour récupérer. Le Dédale l’avait emmené sur Atlantis. Les jumpers sur le continent. Il s’était même rendu dans le laboratoire sous-marin une fois. Mais la Porte, ça y est, et il venait de le faire en bonne compagnie.

Sa planète avait de la gueule, c’était peu dire. Le temps hivernal était pas si désagréable, ce n’était pas comme un froid humide qui s’infiltrait au travers de tout l’uniforme. Et contrairement à la Terre, la Gaëllie n’avait pas l’air de vouloir faire dans le morne et le lugubre. Clive était simple dans son observation, il commença juste par la Porte qui s'éteignait dans son dos et il salua naïvement les gardes de la main façon “Hey ! La forme ?”. Mais après, c’était un véritable papillonnage. La flore environnante, le ciel, la lune, même l’odeur. Il découvrait tout autour de lui ce qui était le plus anodin pour les autres. Darren était devenu un explorateur pour cette mission et il comprenait alors pourquoi les places étaient si chers.
La découverte de tout un monde, d’une autre culture, rien qu’à cet instant, offrait des sentiments peu communs. Le militaire releva sa casquette pour s’attarder sur la lune qu’il observa. Il aurait bien demandé à son amie lequel c’était des deux. Mais la maman Eidolas était dans le coin et il préférait être prudent, ne pas les offusquer par son ignorance.

Clive suivit tranquillement le groupe. Ses deux mains se refermaient sur son fusil à pompe pour y prendre appui, le dissimulant de moitié, sur une posture qui n’avait rien de méfiante. Darren était prudent mais pas méfiant pour autant, Emilia avait l’air sereine, en sécurité. Et si elle se sentait en sécurité, alors c’est tout ce qui comptait. Au cours de son observation, le militaire cru voir un mouvement fugitif dans le bois, au fond. Mais il mit ça sur le compte de son papillonnage et de la découverte, ne pensant pas que des soldats y étaient camouflés efficacement.

Darren resta un peu en retrait vis à vis d’Emilia, de la reine et de la commandante. Il était encore en train de se répéter mentalement qui était qui, le nom, la particule, pour réviser sa leçon. Mais au passage, il ne pouvait se laisser aller à la satisfaction qu’Emilia était enfin chez elle et qu’elle pourrait reprendre le cours de sa vie. Une piqûre au coeur, forcément, puisqu’il aimait bien déconner avec elle sans se préoccuper de la couche de miel. Mais là il allait bientôt connaître son monde à elle, c’était un juste retour.

« Votre planète est une merveille. » Se permit-il de complimenter sans cibler quelqu’un en particulier.

Emilia se tourna légèrement pour lui sourire, flattée par le compliment qu’elle savait sincère.

– Et ce n’est que le début.

Une petite lumière se fit dans son esprit en constatant qu’il était le seul homme du gratin. Tous les autres composaient l’escorte militaire. Les responsabilités semblaient davantage attribué aux femmes, cette “parité” l’amusa. Au fond de ses tripes, une impatience de gamin scandait mentalement un provoquant “Ah ouais ? Ah ouais ?!?”. Mais il se retenait, n’affichant que ce sourire de satisfaction à la découverte d’un Nouveau Monde.


Emilia Zeïn'Eidolas


Aura pris la tête du groupe et les invita à la suivre. Une centaine de mètres plus loin, la végétation s’éclaircissait pour laisser place à un immense talus couvert d’herbe et de végétaux. En s’approchant et en regardant attentivement, on devinait à l’intérieur, des portes et des fenêtres parfaitement invisibles depuis le ciel. Le camouflage était une seconde nature chez les gaëlliens. Des millénaires de perfectionnement en la matière leur avait permis d’obtenir un très bon niveau dans ce domaine. Avant d’établir un Pacte avec les wraiths, leur civilisation avait très longtemps compté sur ses capacités à se fondre dans son environnement pour échapper aux prédateurs du ciel. Aujourd’hui encore, malgré l’absence de danger, de nombreux gaëlliens continuaient à vivre dans des villages cachés et prenaient d’immenses précautions pour demeurer invisibles malgré le développement de leur technologie. Il fallait rivaliser d’inventivité pour vivre caché sans se priver de confort.

Le groupe fut invité à entrer dans le bâtiment et Darren et Emilia furent cordialement invités à procéder à des analyses médicales pour s’assurer qu’ils étaient en bonne santé. Aura shay’ Yärdinn s’était montré intraitable sur la question, les atlantes devaient se soumettre à ces tests pour pouvoir pénétrer sur le territoire gaëlliens. Darren eut ainsi droit à une prise de sang et de ses empruntes pour lui constituer une carte de visite et le ficher dans la base de données, ainsi il pourrait circuler librement sans être ennuyé par les forces de l’ordre.
Il n’y eut guère de relève et séquençage ADN selon les accords établis avec le CODIR. Ainsi, Darren n’aurait guère le droit d’accéder au Refuge, ces immenses souterrains secrets qui sillonnaient la planète et qui avaient pour fonction d’abriter la population en cas d’attaque. Les scientifiques y menaient également certaines recherches que l’Empire voulait cacher aux wraiths.

L’intelligence artificielle qui protégeait les lieux abattait à vue ceux qui tentaient de pénétrer dans le Refuge sans y être autorisé. D’ordinaire, le Protectorat séquençait l’ADN des étrangers alliés et leur donnait le niveau d’accréditation minimum pour qu’ils puissent accéder à certaines zones du Refuge afin qu’ils puissent également profiter de la protection si les démons bombardaient la surface. Certaines zones du refuge étaient plus sûres que d’autres car renforcées par du lapis arcus, certaines abritaient des bunkers et des vivres, d’autres nécessitaient des accréditations particulières… Seul le gouvernement savait réellement ce qui se passait dans certains secteurs des tréfonds et des tas de rumeurs circulaient sur des expériences bizarres qui pourraient y être menées à l’instar de la zone 51 sur Terre.

Soldat Clive


Au début, Clive s’était dit que l’énorme butte devait avoir une valeur culturelle ou religieuse. Que ça avait un lien avec l’Envol et qu’il fallait monter au sommet, faire une preuve de respect ou un quelconque signe de passage avant d’entrer dans le vif du sujet. Il n’était pas du genre à s’extasier de la verdure mais il aimait particulièrement le côté respect de la nature. Il n’y avait pas de grosses traces d’ornières d’un camion bâché, un panneau publicitaire où la tête d’Emilia apparaîtrait avec une récompense à qui retrouverait son corps. Pas de gros buildings ni de technologies de camouflage rutilantes tirés des racontars de soldats.
Il s’y attendait pourtant. Mais en fin de compte, ce qu’il prenait pour des décos et des offrandes à la butte devinrent des portes et des fenêtres. Le building, il était sous la couche de verdure.
« Dingue ! » Commenta Clive à voix basse pour lui-même.
Il voyait déjà les réactions de ses camarades. Jim demanderait surement, juste par curiosité, si les plantes étaient rares ou commune sur cet amoncellement. Pendant que Max serait en train de les cueillir comme un lourdaud pour les offrir à April, sachant bien combien elle détestait ça.

Quelqu’un proposa d’entrer mais le soldat était tellement pris dans son observation qu’il ne sut pas vraiment qui avait parlé. Pas la reine, c’est certain, elle avait quand même un standing à faire paraitre. Mais qui ?
Clive les laissa faire juste un instant et marcha sur l’irrégularité de la végétation pour porter son regard sur une fenêtre. Il croisa le regard étonné d’un type, surement un médecin, un chercheur ou quelque chose comme ça. Un peu gêné, il lui fit un signe de main, le genre à dire “T’inquiète, je disparais.” puis il rejoignit fissa la troupe pour entrer à leur suite.

La visite médicale obligatoire, c’était aussi un concept chez eux. Clive laissa la commandante s’exprimer, la laissant volontairement lui démontrer à quel point elle pesait dans le milieu, puis il répondit en haussant les épaules :
« Votre Monde, vos règles, Shay’Yardin. »
Il avait bien prononcé ? Il espérait en tout cas, ne serait-ce que pour soigner son petit effet.
Aura ricana en entendant sa réflexion. Celui là avait bien appris sa leçon, quelque chose lui soufflait que la princesse n’était pas étrangère à ses bonnes manières. Les occasions d’être appelée par son nom était rare depuis qu’elle avait accédé à son poste de commandement.

– Quel est votre grade et votre fonction, soldat ?
« Soldat de première Classe Darren Clive. Faisant fonction de garde et escorte. » Répondit-il simplement.
La commandante avait un sacré charisme. C’était l’effronterie planquée de Clive sous la couche de diplomatie qui lui évitait de se faire bouffer par cette impression. Les meneurs avaient souvent cette sorte d’aura autour d’eux, ce qui donnait envie de les suivre, et ce qui faisait un peu frémir quand l’attention tombait sur soi. Un peu nerveusement, et sans le vouloir, le militaire tapota ses doigts sur la surface de son fusil. Il s’en servait encore comme support sans le prendre à pleines mains. C’était un petit geste distrait.
« Je sers d’exemple standard. » Fit-il pour tester l’humour de la commandante. Shay, c’était bien la particule d’un noble non ? S’il faisait une comparaison avec la Terre, il faisait face à une duchesse ou un truc dans le genre. Ne pas aller trop loin dans le test dans ce cas...
– Votre peuple vous a choisi pour être le premier à entrer en terres gaëlliennes et suivre de près un être exceptionnel. Il me semble que cela fait effectivement de vous un exemple mais pas dans le sens que vous l’entendez.
La nervosité monta d’un cran. Sa capacité de déduction était limité, surtout en étant en terre inconnue. Loin de son environnement de confort et face à la commandante, il n’arrivait pas à déduire si elle le complimentait. Ou si, au contraire, elle le snobait.
« Pour moi c’est un honneur. J’ai eu l’opportunité de côtoyer un être d’exception et je ne peux qu’avoir un bel aperçu de la civilisation que je vais bientôt découvrir. »
Bon. On botte un peu en touche Clive, ne pas demander bêtement ce qu’elle entend. Et complimenter un peu. C’était d’autant plus sincère que Darren comprenait vraiment la chance qu’il avait d’être le premier à visiter la Gaëllie. Au passage, il avait insinué avoir commencé à connaître Emilia mais il regrettait presque déjà, se disant que ce n’était pas un sujet à se vanter.
– En effet, première classe. Escorter une Exception est une chance que beaucoup vous envieront. Gardez le bien à l’esprit, le prévint-elle. C’était une manière subtile de l’avertir qu’il pourrait susciter des jalousies et qu’il avait intérêt à se montrer prudent s’il affichait un peu trop son amitié avec la princesse.
« Je suis bon élève. » Mentit-il. « Merci pour le conseil, commandante. »
Il avait été un cancre lors de sa scolarité. Mais il allait faire un putain d’effort ici. La jalousie des autres ne lui faisait pas peur. Au contraire, ça le faisait même marrer intérieurement cette faiblesse d’âme. Juste qu’il espérait ne pas faire d’erreur, on ne le louperait pas. Et probablement que la commandante parlait d’elle aussi. Elle l’aurait à l’oeil le visiteur égaré.
–Bien, dit-elle en le gratifiant d’un léger sourire. Je crois que vous êtes attendu, conclu t-elle en lui montrant d’un signe de tête la porte qui menait à l’infirmerie.

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Mer 27 Mar - 21:50

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Chronologie : 10/08/18

RP faisant suite à "Retour à la maison"


« Des prétendants, déjà ?!? » Ne put-il s’empêcher de dire pour déconner. Il salua la commandante d’un signe de tête et s’avança. Il eut un petit temps d’arrêt cependant en découvrant l’épée qu’elle avait dans le dos. Ca se voyait bien pourtant mais il ne l’avait pas remarqué. Est-ce que c’était aussi tranchant que ça en donnait l’air ?!? Et est-ce qu’ils se battaient à la lame de la même façon que sur Terre.
Encore tant de questions et de sujets d’intérêts. Il se rendait compte qu’il ferait pâle figure avec sa vraie-fausse strangulation au cours de l’unique entraînement avec Emilia. Surtout si elle se trouvait un maître d’arme digne de la commandante. Ca se sentait qu’elle n’avait pas l’assurance juste pour le paraître et le prestige. Ca l’intéressait tout ça...vraiment.

Le militaire entra en remerciant la personne qui lui désignait l’endroit, ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. Emilia pourrait surement s’en étonner ou voir qu’il faisait des efforts d’emblée. Déjà que le CODIR avait accepté de le laisser s’y rendre, il avait intérêt d’y laisser une bonne image. Juste avant d’entrer, le jeune homme avisa un regard en direction de son amie. Ca lui plaisait pas des masses de ne plus l’avoir en vue mais, comme il se l’était déjà dit, le but n’était pas de s’y coller comme une ventouse. Il s’avança après une petite hésitation, dissimulant une légère angoisse tiré de l’inconnu.

Les types à l’intérieur était...propre. Autant ça semblait logique en croisant le commun des mortels, autant là ils tiraient clairement la bourre au Monsieur Propre. Darren eut clairement l’impression d’avoir en face de lui les pros de l’hygiène personnelle, si bien qu’il était un peu intimidé en se sentant moins bien “miroitant”. Les peintures lui sauta aussi aux yeux. Lui qui pensait que c’était reservé qu’aux militaires, comme une sorte de camouflage, ça avait l’air aussi culturel.
Franchement, Clive n’aimait pas la culture générale. Il lisait rarement, sauf quand on lui offrait un bouquin comme celui qu’Emilia pour noël. Mais en découvrant toutes ces petites choses, il avait des milliers de questions qui lui venaient en tête. Il se promit de les poser à la princesse quand elle aurait un moment à lui accorder, bien conscient qu’elle ne revenait pas chez elle pour prendre des vacances.

Distraitement, Clive s’installa et déboucla son gilet tactique. Il posa son arme sur la table d’auscultation, juste à sa droite, puis obtempéra sur leur consigne...sauf quand l’un d’eux voulut lui écarter son fusil. Il posa une main lourde dessus pour interdire le geste et leva ses deux sourcils, un petit sourire excité sur les lèvres.
« Je déprime quand je m’en sépare. C’est grave, docteur ?!? »
C’est le syndrome du soldat. Vous dormez avec vos armes et nous avec nos bandages, répondit le médecin faussement blasé. L’homme avait la quarantaine, des cheveux bruns légèrement bouclés. Comme tout le personnel soignant il portait un uniforme et des marques de peinture bleues sur le visage. Il ne s’agissait effectivement pas de camouflage mais d’une habitude. Quand on commençait à travailler avec les protecteurs on adoptait vite leurs coutumes, c’était un monde à part.
Le soldat sourit. Ouais, celui-là avait de l’humour. Ce serait un bon candidat pour les premières questions mais il ne voulait pas griller les étapes.
« Je suis content de voir qu’on se comprend. Je m’appelle Clive, vous voulez que je retire la veste ? »
Vous pouvez m’appeler Joakim. Oui retirez veste et t-shirt, que nous jetions un coup d’oeil.
« Joakim, enchanté. » Dit-il en retirant ses affaires. Le fusil, il restait là où il était, spécialement à côté de lui. Pour le reste ça allait.
Le coup de la prise de sang l’avait un peu surpris mais il n’avait pas le gène ATA, c’était bien la seule chose qui l’aurait inquiété. Si les Gaëlliens voulaient se rendre compte de quelque chose sur les analyses, c’était surement qu’il avait trop bien mangé la veille vu le taux de triglycérides. Darren se laissa faire docilement, observant leur matériel et leur façon de procéder. Joakim fit quelques manipulations avec des machines qui ressemblaient à celles de la Terre pour certaines et d’autres qui n’avait pas grand chose à voir. Ce faisant, il pris le pouls du jeune homme puis analysa l’échantillon sanguin qu’il lui avait prit.
Hmm… pas de gêne FL… c’est assez courant chez les étrangers. Nous pourrons arranger cela si vous le souhaitez, dit-il amicalement. Il semblait vraiment désireux de l’aider sans toutefois lui mettre de pression. Pour les gaëlliens, posséder le gène des anciens était un droit légitime.
« Merci, c’est sympa. Dites, c’est Joakim comment ? Shay’quelque chose ? »
Oh non, je ne suis pas noble, répondit le médecin avec un léger rire. Joakim Zerus.
Le médecin manipulait des machines dont les écrans étaient orientées de telle sorte que Darren ne pouvait voir ce qu’il s’y passait. Clive, néanmoins, évita de faire le curieux. Il se faisait l’hypothèse que les toubibs en profiterait pour étudier un peu ce qu’il représentait, ses gènes, de la même façon que le service de santé d’Atlantis s’était permis pendant les soins d’Emilia. Juste retour des choses à son avis.
« Ok, Joakim Zerus, vous pouvez juste me dire ce que représentent vos peintures ? »
Clive s’était permis. Il avait tourné la phrase longuement dans sa tête pour la monter de manière aussi poli. Évitant un désastreux : “C’est quoi le bleu sur ton visage”.
– Ah, les peintures du Protectorat ! A la base les soldats se badigeonnaient de peinture pour se fondre dans le décors mais avec le temps elles sont devenues le symbole du corps d’armée. Ca fait toujours son petit effet avec les étrangers.
Clive rigola.
« Attendez de voir les miennes, on comparera... »
– Elles sont bien cachées alors... répondit le médecin en cherchant du regard les fameuses marques.
« Avant de partir au combat... » Rectifia Darren. « Nous, on les mets juste avant la bast...le combat. »
– Ah oui bien sûr, je comprends.

Il fit quelques pas pour retourner près de lui et glissa ses mains sur le dos de Darren puis ses côtes pour palper rapidement et voir si tout était normal.
– Vous êtes chatouilleux ?
« A cet endroit, plus vraiment... » Répondit-il en faisant la grimace.
Il en avait oublié la large cicatrice qui couvrait une bonne part de son dos, un cadeau d’un Wraith qui lui avait déchargé sa lance durant une attaque sur la cité. Son gilet tactique avait fondu au travers de l’uniforme. Le soldat soupira en espérant que le médecin Gaëllien ne s’y attarde pas trop. Ce n’était pas un très bon souvenir, même s’il vivait bien avec. Il ne voulait juste pas que ça s’intéresse de trop sur la sale gueule de sa brûlure cicatrisée.
– Vous m’avez l’air en bonne forme, répondit le médecin sans s’attarder sur les cicatrices. Il en voyait beaucoup d’autres vu le poste qu’il occupait et il connaissait assez bien les soldats pour savoir qu’il valait parfois mieux ne rien demander.
« Je fais la connaissance des Gaëlliens. Un peu, que je suis en forme ! » Lâcha-t-il, enjoué.

Mais lorsque vint le moment de la piqûre mystère, la main de Darren revint se poser sur le canon. Il battit brièvement des pieds comme un gosse et déclara avec humour :
« C’est pour me rendre beau, fort et riche ? »
– On va laisser ça aux zeïns, répondit Joakim sur le même ton d’humour. C’est un cocktail de vaccins. Quand on est pas coutumier d’un monde, le moindre virus anodin peut nous tuer. On essaie de protéger nos visiteurs en prévenant ce genre de “désagréments”.
« Donc si je perds mon nez et mes deux oreilles après avoir éternué, c’est à vous que j’dois me plaindre. C’est noté ! » Railla-t-il en retirant la main de son arme. « Je comprends la procédure, on a la même chez nous. »
Voilà, tout à fait. Heureusement, on est plutôt doué avec la chirurgie esthétique. La princesse donne dans la bionique d’ailleurs, elle sera bien placée pour vous conseiller si vos bras se mettent à tomber.
« La quoi ? »
Mmmh… comment expliquer ça… le terme biomécanique vous parle peut-être d’avantage ? C’est une science très neuve mais qui donne déjà d’excellents résultats.
« Je crois comprendre. Les prothèses intelligente, des sortes d’implants ou de pièces détachés pour Gaëlliens ? »
Oui voilà, tout à fait.
Clive répondit par un frêle sourire tant ça le plongeait dans la réflexion. Il sentit à peine l’injection se faire alors que son esprit dérivait sur la dame. Emilia...elle avait inventé ces trucs ? Ou elle les commercialisait ?
Ca alors. Il se rendait compte un peu naïvement qu’il était loin de faire le tour de la personnalité de son amie. Le jeune homme savait déjà qu’il avait affaire à une tête, elle était pas banale comme nana. Mais là c’était une petite surprise supplémentaire. Elle cachait bien son jeu mine de rien. Il faudrait qu’il lui pose la question si elle était disposée à en parler à un moment. La visite achevée, le médecin prit une photo de Darren et le laissa partir.

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Mer 27 Mar - 21:53

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Emilia Zeïn'Eidolas



Emilia eut également droit à sa propre visite médicale dans une autre pièce. Sans grande surprise, elle découvrit qu’elle n’était pas malade malgré les conditions de vie épouvantables de ces derniers mois. En revanche elle avait perdu beaucoup de poids et sa tension était plus forte que d’habitude, ce qui lui faisait atteindre des records. Ca aurait pu être alarmant pour un humain normal mais la princesse n’était pas tout à fait comme les autres sur le plan physiologique. Elle ressortit de là et rejoint sa mère qui était au téléphone… comme d’habitude. Son bracelet renvoyait l’appel vers une petite oreillette nichée au creux de son oreille de telle sorte que l’on aurait pu croire qu’elle parlait seule si l’on n’était pas coutumié de ce genre de technologie. Contrairement à tous les autres, Emilia ne possédait pas de tel instrument pour une raison simple : l’essentiel de son équipement était resté dans sa cabane puisque la sélection avait eu lieu en pleine nuit… elle ne le portait pas sur elle à ce moment-là. La jeune femme attendit donc patiemment la sortie de Darren pour qu’ils puissent rejoindre le transporteur et décoller pour Sombrelune.

Soldat Clive


Darren sortit en ajustant les bretelles de son sac puis en repassant la lanière de son arme autour de ses épaules. En changeant cette façon de la porter, il passait d’une arme visible à la poitrine à une arme moins visible sur le flanc. Il n’avait pas envie de donner l’air de cowboy même s’il avait quelque peu fait comprendre à Joakim qu’il ne valait mieux pas l’embourber. Clive ne se disait pas qu’il allait se faire respecter dans toute une civilisation bien hiérarchisée mais il voulait aussi se protéger un peu. Du coup, quand il termina sa petite installation en regardant autour de lui, il fût assez content de rencontrer le regard d’Emilia. Malgré le retour chez elle, les retrouvailles, et peut-être la pression que ça engendrait : elle lui gardait du temps et de l’attention. C’en était presque mignon.
« Bon pour le service. » Fit-il en se tapotant le torse.
Il s’approcha et découvrit la mère Eidolas en pleine conversation avec un fantôme. Il se fit la déduction assez rapidement qu’ils disposaient d’une sorte de kit main libre très élaboré et observa, tout comme la princesse auparavant, la démarche et l’occupation de cette dernière. Darren avisa un regard circulaire, vérifiant qu’il pourrait se permettre un petit commentaire sans se donner en spectacle, puis il glissa à la jeune femme à voix basse :
« Hé, la femme d’affaire est à bloc ! »
-Elle ne s'arrête jamais… soupira t-elle. Tu es prêt ?
« Paré à vous suivre, votre Altesse. » Répondit-il avec un petit sourire en coin. Il avait des tas de questions se bousculant dans sa tête mais chaque chose en son temps. Il appréciait aussi de la voir de retour dans son élément. Elle lui semblait comme sereine, c’était agréable. « J’ai hâte. »
Mais avec ce petit moment de suspension, Darren tiqua un peu sur la réponse de son amie. Elle avait soupiré un peu, c’était assez marqué pour le relever malgré la subtilité. Il se demanda si ça ne lui manquait pas de voir sa mère aussi occupée, si elle ne voulait pas plus d’attention mais s’était résignée à apprécier que ce qu’elle lui accordait. Là, c’était zone privée le sujet, sûrement la pente savonneuse où il ne valait mieux pas s’aventurer. En restant tout aussi enjoué et ragaillardi par les prochaines découvertes qui s’annonçaient, le jeune homme gardait ça dans un coin de son esprit.

Emilia Zeïn'Eidolas



Pendant son attente, Emilia avait eu le temps d’observer les allers et retours des personnes, leur comportement. Elle avait ainsi vu la commandante s’enfermer dans une pièce avec Kaël pendant un bon moment, puis ressortir pour échanger à voix basse avec sa mère pendant que l’autre protecteur sortait du bâtiment, probablement pour retourner à son poste. Puis les femmes s’étaient séparées, sa mère était retournée à son téléphone et Darren avait finit par sortir de sa longue visite. Alors que le jeune homme lui parlait, le médecin sortit de son cabinet pour se diriger vers le bureau de la commandante. Elle reporta finalement son attention sur Darren qui s’enthousiasmait de sa visite, il semblait aussi heureux de découvrir son monde que de lui montrer le sien.

- Un peu de patience, la commandante va bientôt donner son aval et nous pourrons y aller. Tu te souviens de ce que j’ai dis à propos de Sombrelune ? Si tu as des questions c’est le moment de les poser.

La jeune femme savait que Darren se contenait, qu’il se sentait intimidé par la présence écrasante des deux femmes de pouvoir qu’il connaissait à peine. Elle appréciait sa retenue, jusqu’à présent il n’avait commis aucun impair, mais il devait être perdu dans cette culture étrangère. Ils avaient peu de temps mais elle pouvait répondre à une ou deux questions.

Soldat Clive


Est-ce que les gens étaient sympa parce qu’il était l’invité ou ils étaient toujours comme ça ? Le toubib, Joakim, passa pour aller dans un bureau. L’espace d’un instant, Clive se demanda s’il n’allait pas le balancer pour son petit jeu de méfiance mais il se rappela que c’était négligeable. La question d’Emilia manqua de le prendre de court. Quand son cerveau se connecta sur le moteur de recherche en tapant sombrelune, il recevait le message “Cette page n’est pas disponible, veuillez essayer ultérieurement”. Le soldat se sentit soudainement très con de ne pas se souvenir de l’endroit qu’il allait visiter, surtout qu’il se souvenait TRÈS BIEN qu’Emilia en avait fait une description quand il l’avait interrogé à la réunion.

« Heu…. »
Son regard s’en alla sur les environs avant de revenir sur la princesse. Il débuta par la déduction la plus stupide du siècle.
« C’est chez toi... »
Il se mit ensuite une belle baffe pour essayer de récupérer le coup.
« L’une des deux capitales ? »

– La capitale politique oui. Les grands Maisons y ont toutes un domaine. Sombrelune a été bâti dans une chaîne de montagnes… j’espère que tu n’es pas claustrophobe.
« Mais c’est génial ! Les habitations sont à l’intérieur j’imagine ! Comme pour ce centre d’accueil pour invité ? »
– Mhh… oui et non… tu verras c’est très particulier.
« J’ai hâte. » Trépigna-t-il en pinçant la fermeture de son gilet tactique nerveusement. « Est-ce qu’il y a une consigne précise ? Me prévenir de ne pas faire quelque chose par exemple ? » Demanda-t-il finalement avec un petit sourire.
L’antre de tout le gratin, rien que ça...il préférait passer pour un pignouf en prenant les devants.
– Comporte toi comme tu l’as fait jusqu’à présent et tout devrait bien se passer.
« J’y veillerai. »

La porte du bureau de la commandante s’ouvrit et Aura se dirigea droit vers Darren pour lui tendre une carte plastifiée et magnétique sur laquelle figurait une photo d’identité avec le nom du soldat et son origine. Les forces de l’ordre pourraient, en la bipant, avoir accès au reste du dossier s’ils le souhaitaient. Clive la prit poliment et la détailla en laissant un sourire goguenard envahir son visage.
« Mon Dieu, qu’il est laid celui-là ! »

- Vous êtes désormais libre de circuler sur Orzan. Votre carte a une validité d’une semaine, si vous souhaitez rester plus longtemps il faudra que l’une des dames Eidolas nous contacte pour que nous procédions à une mise à jour.
« Merci, Shay’Yardin mais je ne vais pas abuser de l’hospitalité des Eido...Zeïn. »
Il se mordit la lèvre et rangea sa carte dans la poche avant de son gilet tactique, feignant l’indifférence.

La commandante le regarda d’un air blasé et Emilia failli lever les yeux au ciel. Chassez le naturel et il revenait au galop.

- Merci, commandante, dit Emilia.

La cheffe militaire acquiesça sobrement.

- Bon retour chez vous, altesse. Je vais vous raccompagner jusqu’à votre transporteur.

Pour une commandante, elle donnait l’air plus accueillante et vivante que les pitbulls qu’il avait pu apercevoir de loin durant sa carrière militaire. Il s’interrogea assez naturellement sur le fait que la dame semblait contente d’avoir retrouvé Emilia vivante, une émotion palpable. Pour être la “gardienne” de la Porte...non… “DES” portes, s’il se souvient bien, c’est qu’elle devait surement côtoyer plus spécifiquement cette famille. En tout cas, Emilia lui avait dit qu’elle avait voyagé plusieurs fois pour ses recherches. Y avait-il une amitié qui s’était tissée au fil du temps ? Ca le rendait curieux.
Docile, il resta là en attendant de suivre le mouvement et de découvrir ce fameux transport. Il pariait sur une sorte d’avion...

Emilia Zeïn'Eidolas


Le groupe se mit en marche. Ils sortirent du bâtiment et parcoururent un petite distance avant d’arriver à une ère d’atterrissage sur laquelle était installé un joli petit avion ouvert qui attendait patiemment son chargement humain. A ses pieds attendaient tranquillement deux hommes, le pilote et le copilote en tenue de militaires. Ils s’inclinèrent devant les dames sans dissimuler la stupéfaction que représentait la vue d’une princesse supposée morte et saluèrent de manière martiale la commandante une fois le calme revenu. Des adieux courtois s’échangèrent avec Aura qui s’éclipsa peu après, pressée de retourner à son travail. Clive s’était permis de lui faire une reproduction hasardeuse de leur salut militaire, pensant bien faire, dans une démarche de respect. La reine pénétra la première dans le véhicule, puis Emilia adressa un sourire encourageant à Darren avant de monter à sa suite. Il avait le regard qui trainait un peu dessus et il n’était pas spécialement rassuré. L’inconnu, ça faisait toujours un peu peur. Le reste des soldats s’engouffrèrent derrière eux une fois que l’atlante eut grimpé. L’intérieur avait des airs de jet privé : fauteuils et canapés en cuir blancs, table pour manger, écran… La reine s’installa sur un fauteuil, Emilia s’assit sur le canapé en face et invita Darren d’un geste à prendre place à côté d’elle. Il était bien sûr toujours gêné mais le geste de la princesse le partagea brusquement entre le cran supplémentaire et une ironie guillerette de faire face à la reine. Ca faisait vraiment bizarre. Darren acquiesça et s’installa sur le bord du canapé. Il avait ramené l’arme suspendue entre ses jambes pour ne pas abimer le cuir. Ce luxe…
L’escorte militaire se répartit sur des sièges plus loin, les pilotes s’éclipsèrent et l’appareil se mit en branle. Quelques instants plus tard il décollait.

- Le magistère nous rendra visite au domaine cet après-midi pour prendre acte de ton retour.
- Vraiment ?

Le magistère incarnait la plus haute autorité judiciaire à Sombrelune. Le genre de personnage qui ne se déplaçait normalement pas à la demande des gens… même celle de sa mère. Cette dernière avait dû se montrer particulièrement persuasive, comme toujours. Elle commençait à comprendre les coups de fil qu’elle passait un peu plus tôt. Pragmatique et efficace, deux mots parfaits pour résumer Suëna. Une fois passée l’étape du magistère, Emilia serait déclarée officiellement « vivante » et retrouverait les pleins droits sur ses possessions et son titre. Clive écouta, intéressé, en reléguant à plus tard la définition du Magister. De toute façon, s’il continuait de suivre la princesse, il allait forcément le rencontrer.

- Il n’est pas question de te laisser te promener en ville tant que l’Empire ne t’aura pas reconnue comme étant vivante.
- Vous craignez pour ma sécurité ?

Clic ! Ca y est, le mot était lâché, ça venait de faire pression sur le bouton “on” de l’aspect militaire de Clive. Il prêta une oreille encore plus investie.

- Tes détracteurs pourraient sauter sur l’occasion pour s’attaquer à toi. Tu seras vulnérable aussi longtemps que l’administration te considérera morte.

« Détracteur »… un joli terme pour parler de la Marche sans la mentionner directement. Tout comme Emilia, Suëna se méfiait des oreilles indiscrètes, elle ne tenait pas à rependre des rumeurs.
Le jeune homme inspira. Il avait eu une soudaine montée tentatrice. La reine, la princesse, le luxe, tout cet environnement participait à sa concentration pour ne pas faire d’impair. Il savait en avoir déjà fait un juste pour avoir fourché sur la particule de noblesse. Mais là, il aurait bien tapoté son foutu fusil à pompe avant de raconter à la reine que le premier qui tentait un truc pas net goûterait au plomb Atlante. Il comprenait encore mieux pourquoi Emilia n’avait pas voulu du D-4 dans son ensemble. Max aurait démarré au quart de tour et April aurait fait un cours instantané de dissection de bourses…
Clive opta pour le silence mais il n’était pas moins concentré et observateur. Peut-être devenu un brin trop sérieux sur son faciès. Il nota qu’il devrait se montrer prudent, pour la protection d’Emilia, jusqu’à ce que la procédure avec le Magister soit terminée. Cela dit, c’était le domaine de cette famille, il devait y avoir un système de sécurité d’enfer. Sans compter le fait que tous les soldats Gaëlliens qu’il avait croisé jusque là assuraient un max.

- Il va de soi que tu feras un effort vestimentaire pour le magistere. J’ai demandé à Edna de nous rejoindre au domaine.
- Les vêtements atlantes ne vous sieds guère madame ? demanda Emilia d’un air ironique.
Ce sourire le contamina. C’est vrai que les fringues Atlantes mettaient l’accent sur la fonctionnalité. L’esthétique partait directement à la poubelle.

Emilia comprenait parfaitement l’exigence de sa mère. Les gens allaient se poser des questions à propos de son retour miraculeux et elle devait renvoyer une image positive d’elle, celle d’une femme forte, charismatique… bref, vendre du rêve pour mieux manipuler les foules. Son quotidien.
La reine leva les yeux au ciel en réaction à sa question. Le soldat ricana intérieurement. Il y avait une petite alchimie bien visible derrière ce jeu de protocole. Le coté famille se sentait bien.

- Et si notre « invité » veut également profiter des talents d’Edna…
- La styliste de la Maison Eidolas, précisa Emilia à ce pauvre Darren qui ne devait pas comprendre grand-chose. Elle espéra qu’il ne se sentirait pas trop insulté par le sous-entendu.
« Ah... » fit-il, enthousiaste de l’apprendre.
La première réaction, c’était l’élan patriotique. Il avait son uniforme Atlante, il ne le quitterait pas. Mais juste après, il se rappela avoir habillé la princesse de la sorte pour la forcer à l’imposture, ce serait tellement amusant d’inverser les rôles. Mais juste avant, il voulait retenter un trait d’humour, juste pour le beau jeu. Pourvu que ça ne soit pas maladroit…
« Je vexerais Edna en conservant mon gilet par-dessus son magnifique travail ? »
- Je le crains… Edna est pire qu’un drakonys quand il s’agit de mode, plaisanta Emilia en faisant une grimace.
« Oula. Je ne vais pas lui faire l’affront alors. Ce sera avec plaisir... » Répondit-il avec humour et terminant sur une notre plus sérieuse.

Emilia lui sourit. La reine hocha la tête d’un air satisfait.
- Bien. J’ai du travail qui m’attends, annonça Suëna en se levant pour aller s’installer plus loin sur une table.

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Mer 27 Mar - 21:55

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Ca le rassura de voir la mère Eidolas s’écarter. L’avoir en plein viseur juste en face avait le don de le stresser, d’autant plus qu’il se surveillait pour ne pas déconner. Quand une certaine distance de sécurité s’installa, le militaire souffla longuement mais discrètement avant de sourire. Il murmura d’un coin de lèvres :
« Hé...j’ai pas encore déclenché une guerre entre nos peuples...c’est bon signe nan ? »

- Bravo, murmura également Emilia.
« J’ai tellement de questions. » Fit-il en continuant les messes basses. « Aura, c’est ton amie non ? Elle avait l’air sacrément contente de te revoir sous le côté commandante badass ! »
- Nous l’avons été avant qu’elle ne soit promu à ce poste.

De la musique s’éleva soudain de l’avion, un son qui ressemblait de très près à du piano. Un coup d’oeil apprit à Emilia que sa mère était à l’origine de la manipulation. Elle devait certainement estimer que le silence mettait tout le monde mal à l’aise et la mélodie avait le mérite de couvrir les chuchotements.
Darren leva le nez et se marra cette fois. C’était tout aussi sympa que le cheveux dans la soupe “ok les gars, j’ai compris, je vous donne l’intimité de la discussion”. L’air était pas mal mais il préférait la discussion.
« Vous l’avez été, c’est terminé ? L’amitié n’est pas possible entre une Shay et un Zeïn ou c’est une histoire de géographie ? »
- Le commandant des protecteurs se doit d’être impartial et ne favoriser aucune Maison. Nous avons fait le choix de prendre de la distance pour que personne ne puisse lui faire de reproche.

Un soldat se rapprocha de la reine et ils échangèrent à voix basse. Il la prévenait qu’il avait prit les mesures nécessaires pour que leur arrivée se fasse dans les meilleures conditions de sécurité possible. Après un rapide échange sur la nature de ces mesures, le soldat regagna sa place et la reine se replongea dans son travail.
Méfiant, le soldat suivit du regard son équivalent aller s’adresser à la reine et ses mains gagnèrent un peu son fusil l’air de rien. L’avion, c’était aussi un moment prisé pour le terrorisme sur Terre. Pas forcément en vol. Mais le décollage et l'atterrissage, c’était des moments parfaits pour shooter le véhicule. Et pendant l’envol, c’était un ver dans le fruit, généralement le seul à porter une arme.
Clive ne répondit pas tout de suite, concentré sur l’idée qu’il peut-être...mais alors “peut-être”...un peu trop nerveux. Le zèle tue la profession, il fallait qu’il se calme là.
« Un sacrifice pour le boulot, je connais ça. Elle te manque ? »
Il fit la grimace.
« Question maladroite ? »
Emilia haussa les épaules.
- Comme tu l’as dit, les responsabilités nécessitent parfois des sacrifices. J’ai l’habitude.
« Je comprends. » Il regarda brièvement dehors avant de reprendre. « Et pour le Magister, ça va se passer comment ? »
- -l va venir constater que je suis toujours vivante, me faire passer des tests peut-être pour prouver mon identité… je ne sais pas trop. C’est une figure influente, ç’aurait dû être à moi d’aller à sa rencontre mais ma mère ne fait rien comme les autres.
« Un magister est supérieur à un Zeïn alors ? » Demanda-t-il intéressé.
- Non, c’est un zeïn mais il m’est inférieur par le rang. Il n’en reste pas moins un homme fort occupé qui n’a pas le temps de traiter les cas un par un…
« Qu’est-ce que ta mère lui a proposé pour le convaincre de se déplacer ? »
- Je l’ignore… peut-être rien. Peut-être qu’il est seulement curieux d’avoir le privilège de faire parti des premiers à voir l’Être d’Exception qui a “ressuscité”. Mon retour va faire beaucoup de bruit.
« Du bruit... » nota-t-il. « Des festivités ? »
- Oui peut-être que certains feront la fête… mais je pensais plus à des rumeurs. Tu sais ce que je représente pour le peuple sur le plan religieux. J’ai survécut aux démons et à leur sélection, je ressurgit des cycles plus tard alors que tous me pensent morte… cela va renforcer la ferveur de certains. Et en agacer d’autres, conclut-elle en faisant mention à la Marche.
« J’imagine...tout le monde n’aura pas le sourire facile en te voyant revenir. » Fit-il dans une pure rhétorique. « Sombrelune, toutes les familles ont leur terrain là-bas. Nos lascards aussi ? »
- Si je savais où habitaient mes ennemis je ne serai pas tranquillement en train de discuter sur ce canapé.

Et bim, capitaine Obvious, maître de l’évidence. Cela le fit sourire et il secoua la tête en se disant qu’il ne valait mieux pas développer ce qu’il avait insinué. Ce serait très étonnant que La Marche n’ait pas un repaire, un QG planqué, un squat, quelque part dans cette capitale politique. Un endroit à partir duquel il pourrait opérer si la menace était là.
« Bien, votre altesse. » Fit-il, amusé.
- Ils ont mené leur attaque au nez et à la barbe du Protectorat. Au moins un de leur agent est passé… la seule chose dont je suis sûre c’est qu’ils sont très bien organisés.
« Ce qui implique le soutien du famille ou d’une faction bien installée ? Une police va mener l’enquête ou tu vas les poursuivre toi-même ? » Renchérit-il avec un peu d’humour.
- Oui... je suspecte le fait qu’ils soient appuyés par des personnes influentes. La police va mener l’enquête… et moi aussi. Je possède des armes que la police n’a pas.
« Et le dernier cri en matière d’implants. » Ajouta-t-il, presque fier de pouvoir poser l’info. « Ca doit faire quelques jaloux en plus. »
Il se rappelait en avoir parlé un peu pendant la symphonie, les raisons qui motivaient sa disparition étaient multiples.
Emilia lui lança un regard surpris. D’où tenait-il cette information ? Elle ne lui avait jamais parlé de ses activités professionnelles et économiques. Mais elle se reprit rapidement et répondit sans se démonter, avec un brin de moquerie :

- S’il n’y avait que les implants !
« Ce serait triste de s’arrêter à ça. » fit-il en feignant une conviction totale. « Je suis sûr que tu es curieuse de savoir quels sont les opportunistes qui ont lancé des affaires pile au moment de ta disparition. Même légèrement avant... »
- Précisément. Et je compte bien mettre la main sur la liste de toutes les personnes qui ont traversé la Porte ces derniers cycles. J’y trouverait peut-être un visage familier...
« Ou une entité redondante sous forme d’un fameux symbole déjà vu. »
Il hocha la tête.
« Je me ferai une joie de t’aider si tu as envie. »
Sa mission principale restait sa protection, il le lui avait promis et il ne comptait pas se disperser en chemin. Clive ne se sentait pas en vacance, loin de là, mais s’il pouvait prêter une paire de main supplémentaire, pourquoi pas.
La jeune femme hocha la tête.
- La Floraison va être l’occasion de regarder droit dans les yeux de nombreux zeïns… cet évènement va être… intéressant.
Clive rigola un peu plus naturellement, il se détendait.
« Ohohoho….nan... » Il écarquilla les yeux, l’air interrogatif. « A coup de radar ?!? »
La jeune femme tiqua.
- De radar ?
« Ce truc bizarre que tu as. Comme toujours avoir une longueur d’avance. Rarement surprise. Tu as un radar dans la tête. Euh….un déte... »
Il se rendit compte qu’il avait élevé la voix. Il se reprit et baissa le volume d’urgence.
« Comme un détecteur, un machin comme ça... » Il regarda brièvement du côté de la reine et ajouta discrètement mais surexcité dans le fond :
« Tu vas aller voir lequel te regarde avec ses petits yeux d’ange innocent, c’est ça ?!? »

- Un détecteur hein… et un détecteur de quoi au juste ? demanda la princesse en mimant un air amusé. Mais intérieurement, elle était en train de se demander si elle avait interêt à mentir ou à dire la vérité. Darren était en train d’élaborer des théories qui n’étaient pas si loin de la réalité… si elle voulait le baratiner elle allait devoir s’y prendre maintenant.
« Ahaha, tu me pousses à la devinette hein ? J’ai eu le temps de réfléchir la nuit dernière. Tu es...perspicace...mais niveau top plus ! Je veux dire... »
Il abdiqua.
« Mais comment ça se fait que je me sois pas pris une taule avec les quelques... » Personne ne regardait ? Bon. « Les quelques conneries que j’ai faites. Il y a des tas de trucs où tu as l’air de le capter d’avance, comme si tu sentais les choses. »
Une petite lumière éclaira son regard. Celui d’Emilia, en revanche, était devenu méfiant. Clive ne se rendait pas compte, il était embarqué dans son analyse personnelle sans même savoir où il allait. C’était un mélange d’impression personnelles et de constatations impulsives sans la moindre preuve.
« Que j’suis con...tu es...hé... » Un petit sourire lui vint. « T’es pas forcée de savoir seulement faire voler les bottes. Tu fais dans la divination aussi ?!? »
Emilia écarquilla les yeux avant de se prendre un bon gros fou rire. C’était pas possible d’être à la fois aussi proche de la vérité… et autant à côté de la plaque ! Elle s’était attendue à un « télépathe » car c’était quelque chose de plus facile à concevoir que l’empathie, bien plus abstraite. Mais certainement pas à sa proposition. Quelques paires d’yeux curieux se posèrent sur eux, puis finirent par se désintéresser et retournèrent à leurs occupations.
« Ben...oui... » insista Darren d’une voix mourante en la voyant hilare. Il ne savait pas s’il avait réussi la blague du siècle, ce qui lui ferait plaisir d’être à l’origine de son rire et de son sourire.
Ou si elle était tout bonnement en train de se foutre de sa gueule. Ce qui était nettement moins agréable. Il ne s’était pas senti dérangé par les regards a ce moment-là. Il levait ses deux mains un peu au-dessus de ses jambes pour illustrer son incompréhension et l’attente hasardeuse d’une réponse.

- Je laisse ce talent à l’autre abruti.
« L’autre abruti ? » Est-ce qu’elle parlait de lui ?
Non, quand même pas. Qui ça...N - A - A - L - E - M.
Il ricana à son tour, essayant de ne pas être trop voyant pour les autres.

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Mer 27 Mar - 21:58

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Emilia Zeïn'Eidolas



Elle reprit plus sérieusement lorsqu’elle parvint à s’arrêter de rire.

- As-tu fait part de tes observations à ton gouvernement ?

Le sourire de Clive se cassa petit à petit.
« T’es en train de me dire que je suis dans le vrai ? » Demanda-t-il, un brin amusé.
- Non, je ne prédis pas l’avenir.
« Ah. Dommage...tu m’aurais dis la bonne aventure. Richesse et bonheur prochainement ! »
Il lâcha un reste de son rire et répondit à la question d’origine.
« Je t’ai pas servi de guide pour leur faire un rapport de tous tes faits et gestes. Je garde mes commentaires pour moi. Enfin...jusqu’à maintenant. »
Dans un élan d’excitation, il se replaça sur le canapé, se décalant de côté.
« Mais je suis sûr qu’il y a un truc ! »
- Et… s’il y avait “un truc”, tu n’envisagerai pas le fait de le rapporter à tes supérieurs ?
« Pourquoi ? » Fit-il le plus simplement du monde. Il retrouvait la complicité et la petite nostalgie du moment dans l’intonation de sa voix en développant. « Je t’ai déguisé et fait fuir la police militaire. On a fait une belle petite mission d’infiltration. Ca ne fait pas de moi le meilleur candidat pour rapporter les petits trucs de mes amis, tu sais. »
- C’est une chose de boire et de faire des bras de fer pendant une soirée et s’en est une autre de jouer avec des forces supérieures que beaucoup ne comprennent pas. Ce n’est pas une critique, mais tu es un soldat et les soldats obéissent aux ordres et protègent leur patrie. J’ai juste besoin d’être sûre...

Soldat Clive


Le sujet avait pris de l’importance. L’allure un peu détendue que donnait l’excitation du jeune homme cessa au moment où elle lui parlait franchement, comme à coeur ouvert. Du moins, c’était l’impression qu’il en avait sur l’instant. Clive se redressa un peu pour l’écouter, tendant l’oreille pour ne pas perdre une bribe de parole au travers de la musique qui leur servait d’écran sonore. Il pinça un peu des lèvres, comprenant à quel point elle avait raison. En échangeant les rôles, il aurait surement eu des doutes lui aussi.
« Je ne vois pas l'intérêt de raconter les secrets de mes amis à mes patrons. » Insista Clive en cherchant comment il pourrait lui prouver qu’il était sincère. « C’est possible, c’est vrai. Mais pour que je leur en parle, il faudrait que ça menace les vies qui se trouvent sur cette cité. Il faut que ce soit grave et menaçant. »
Il lui fit une moue mi-figue mi-raison.
« C’est vraiment hors sujet te concernant. Et je pensais que tu avais confiance en moi. »
Il y avait cette petite pointe de vexation mais ce n’était pas violent. Il se mettait un peu à sa place, ce n’était pas évident. Après tout, elle ne connaissait aucun être comparable. Elle était seule avec son pouvoir de faire voltiger les bottes et ce radar qui prenait de plus en plus le chemin d’une révélation.
Il secoua finalement la tête, prenant un ton étonnement distant pour se remettre dans le contexte du respect envers la princesse. Ils n’étaient pas seuls dans cet avion, il ne fallait pas l’oublier.
« Excusez-moi, je n’aurai pas dû poser la question, votre altesse. »
« Oh Darren, si tu savais à quel point je n’ai confiance en personne… », songea Emilia. Les humains étaient trop instables pour qu’on puisse leur accorder une confiance aveugle, surtout quand cela concernait des secrets d’Etat. Ils se connaissaient depuis quelques jours à peine et c’était un étranger, autant de choses qui renforçait la méfiance qu’elle éprouvait. Elle s’était confiée à lui sur des sujets très personnels mais ces informations ne pouvaient pas la compromettre auprès des atlantes. Là c’était différent, on parlait d’un pouvoir puissant qui lui permettait pratiquement d’entrer dans la tête des gens.

-Tu es vexé, affirma t-elle.

Sans déconner, il se remettait à la vouvoyer tout à coup ? C’était sa manière de bouder ?

« Nan ! » Mentit-il.
Il ne parvint pas à garder son regard dans le sien, le défi était perdu d’avance.
« Un chouilla alors... »
Clive se sentait con sur le moment. Il tenta de botter en touche en faisant la conclusion.
« C’est humain. Et je voulais pas t’embêter avec ça, navré. C’est ta vie privée, j’ai pas à y mettre les pattes. »

- Menteur, glissa t-elle avec un léger sourire en coin et des yeux amusés. Darren était quelqu’un de curieux qui n’avait jamais hésité à lui poser des questions personnelles. Pour elle ce n’était que partie remise, il reviendrait à la charge tôt ou tard.
« Toi d’abord ! » Contra-t-il avec le même sourire. « Attention hein ! Sinon la fin du voyage se fait à l’épaule... »
- Sois sage mon grand, ou c’est toi qui va finir sur l’épaule de mes gardes-du-corps !
Darren répondit d’une grimace pour la narguer.
« C’est moi le garde du corps. »
- Jaloux ! répliqua t-elle, moqueuse.

Emilia Zeïn'Eidolas


Des paysages défilaient à l’extérieur et une bonne heure et demi s’écoula avant que le transporteur ne se mette à survoler une zone montagneuse. Un moment plus tard, il commença à perdre de l’altitude et se dirigea droit sur une paroi rocheuse… qui s’ouvrit pour lui permettre de pénétrer dans une vaste salle d’embarquement souterraine. La paroi se referma derrière eux, la montagne venait de les engloutir. L’engin se posa, la porte s’ouvrit, ils pouvaient sortir.

Une fois descendu du transporteur, le groupe fut accueilli par des hommes et des femmes en armes. Certains portaient des uniformes en tout point similaires à ceux de l’escorte de la reine, d’autres, représentant l’autorité du Conseil et de la Triarche, se distinguaient par une autre tenue. Les couleurs n’étaient pas si différentes mais il y avait des distinctions entre la forme des vêtements, les blasons et les décorations accrochées. Emilia ne s’était jamais intéressée à l’histoire des différents corps d’armée et la symboliques des médailles et autres trucs de militaires mais elle savait au moins distinguer et rattacher chaque uniforme à son autorité. Chaque royaume avait son armée, à laquelle venait s’ajouter celle de la Triarche et chacune de ces armées se déclinait en de nombreux corps de spécialisations…

C’était donc des arcadiens et des soldats de l’armée régulière qui s’étaient déployés pour sécuriser le périmètre. En effet, le chef de la sécurité n’avait pas mentit en disant à la reine d’Arcadie qu’il avait pris les mesures nécessaires. C’était l’avantage d’être une Exception, toutes les armées sans distinction avaient l’obligation de vous protéger si vous en faisiez la demande… le problème c’est qu’officiellement, Emilia était morte. C’était la raison pour laquelle sa mère voulait déclarer son retour au plus vite, pendant ce laps de temps elle ne bénéficiait plus de la protection de son statut.

Des commentaires à voix basse et des regards stupéfaits furent échangés alors que la princesse débarquait. Emilia avait l’habitude d’être au centre de l’attention mais ces élans de surprise et tous les sentiments qu’ils engendraient commençaient à la fatiguer. Elle avait envie de crier : «et oui les gars ! Je suis vivante !! ».
Lorsqu’il descendit, Darren put remarquer qu’il se trouvait enfoui dans les entrailles de la terre. La lumière présente était artificielle et éclairait les parois qui, selon l’angle de vue, formaient des arcs en ciel. De ci et là, les murs brillaient comme s’ils étaient piquetés d’étoiles… une manifestation classique de la présence de lapis arcus. Les lieux étaient suffisamment spacieux pour accueillir un certain nombre de transporteurs et il était clair que cet endroit servait de zone de départ et d’atterrissage. Le groupe et son escorte renforcée traversa l’aeroport pour se diriger vers la zone de transition où des individus contrôlaient les passages. Alors qu’ils approchaient de la sortie, un hologramme s’activa soudainement à l’approche des personnes.

- Bienvenue à Sombrelune ! S’exclama une femme. Jeune, belle, avenante, elle avait tous les critères pour mettre en confiance. L’hologramme donna son nom, Lorraine, puis indiqua la date, l’heure et la température des lieux avant d’expliquer qu’elle avait été programmée pour renseigner les personnes et qu’elle se tenait à leur disposition pour répondre à leurs questions.

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Mer 27 Mar - 21:59

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La vexation dura un bon moment comme une empreinte désagréable et difficile à retirer. Sur ce qu’il restait du voyage, Clive ressassa la conversation en essayant de comprendre en quoi son secret, puisqu’il s’agissait bien de ça, était si dangereux ou qu’il ne méritait pas de le savoir.
Emilia et lui ne se connaissait que depuis quelques jours, c’est vrai, ça faisait tôt. Mais d’un autre coté, ils avaient partagé pas mal de bons moments et il ne parlait pas que de la nuit. Quarante-huit d’aventures, ça marque quand même un peu, pourquoi ne pas en tenir compte ?

Du coup, forcément, ce manque de confiance blessant lui faisait demander si son offre de la protéger n’était pas surtout une manoeuvre diplomatique pour l’avenir. Le genre à prendre le traine-patin, lui mettre un tas de luxe sous le nez, et qu’il retourne raconter que tout est beau et joli.
Irrecevable. Il faisait pareil en faisant des efforts pour que l’image d’un Atlante soit synonyme de respect. Si ses collègues du D-4 le voyait, il n’y aurait pas assez d’une vie pour le charrier.

Non, il y avait bien un truc. Emilia faisait peut-être aussi sa princesse exceptionnelle maintenant qu’elle était de retour chez elle. Si les autres savaient qu’elle avait voyagé sur son épaule comme un sac à patates, l’Exception aurait une image moins exceptionnelle soudainement. Mais ce n’était pas une idée malveillante qu’il avait là, seulement un constat.
Le militaire soupira. Il crevait d’envie de savoir mais il prenait son mal en patience. En deux jours, il avait déjà eu de beaux doutes, alors il fallait continuer d’observer silencieusement. Et surtout ne pas continuer de faire son rustre buté en restant enfermé dans le silence comme ça. Ca faisait vraiment le caprice d’adolescent. C’était une chance qu’ils soient sur le point d’arriver sur...un flanc de montagne ? Ils voulaient crasher l’engin ?!?

« Hé ! » Lâcha-t-il d’abord comme s’il s’apprêtait à gueuler au feu.
Mais il vit finalement toute la paroi s’ouvrir et il eut exactement la même réaction qu’en était témoin de la lévitation de la botte. Il se leva de son siège pour s’approcher de la vitre, essayant de se contorsionner pour pouvoir s’en mettre plein la vue.
« Aha, les Gaëlliens et la médiocrité, ça fait deux. » S’exclama-t-il pour lui même. L’avion passa trop vite pour qu’il puisse bien voir le système qui permettait le déplacement et le verrouillage de ces deux parois en roche. Il en lâcha tout de même un mot : « Ingénieux... »

Au moment de descendre, Clive remarqua le nombre de militaires. Forcément, par déformation professionnelle, il jeta un regard sur leur équipement pour voir de quoi ils étaient armés, si ça semblait à base d’énergie ou pas. Tenues différentes, distinctions, grades, il essayait de déterminer un peu la base alors qu’il suivait les autres. Par soucis de sécurité, il avait évité de toucher son arme pour la chasser sur le côté. Il n’irait pas jusqu’à lever les mains mais il se rappelait être l’étranger invité par la princesse, autant éviter de créer des nérvosités supplémentaires, surtout qu’Emilia faisait sensation.

Il continuait d’observer son environnement, jamais blasé de découvrir tous les petits détails, mais il sursauta brusquement quand il entendit une voix de femme. Il se rendit compte qu’il avait le fusil dans les mains, récupéré par réflexe, et redescendit aussitôt le canon en voyant que c’était un hologramme. Il se pencha d’un côté et de l’autre pour l’observer, hésitant à y passer la main, puis il se détendit. Le sourire était revenu.
« Une IA spécial touriste ? C’est malin ! »
Il nota la position du reste du groupe, ne voulant pas les faire attendre, surtout pas la reine. Mais il eut envie de tester l’intelligence de l’hologramme pour voir si elle était élaborée.
« Salut Lorraine. Si mes amis étaient là pour te parler, ils auraient pas pu s’empêcher de t’appeler “Quiche” en retour. C’est un plat qui porte le même nom. Tu leur répondrais quoi si ça se faisait ? »
Il s’attendait à entendre une réponse du genre “Votre requête ne peut aboutir, veuillez vous adresser à un humain”. Ce serait un crime de ne pas jouer une petite minute avec cet hologramme qui présentait super bien.

- Sombrelune est réputée pour certain de ses restaurants très appréciés du public. Souhaitez-vous des recommandations ?

D’un mi-sourire, Clive tenta de décortiquer la réponse pour savoir si c’était de l’humour ou la limite de l’intelligence artificielle de ce guide. Après tout, peut-être que Lorraine fonctionnait par mot-clés et répondait exclusivement sur le sujet du “plat”.
Ca n’empêchait pas Darren d’être très admiratif et d’observer ce que les Gaëlliens avaient choisi pour représenter leur guide interactif.

« Pour ça, me faudrait de l’argent. Parle-moi du système monétaire Gaëlliens et des pratiques de rente les plus utilisées par vos visiteurs étranger, tu veux ? »

- Bien que le troc soit une pratique courante, notamment dans les zones les moins peuplées, l’Yre est la devise de l’Empire et est acceptée sur tout le territoire gaëllien. Sur Orzan, l’immobilier semble être une valeur sûre si vous souhaitez investir car l’Empire n’a connu aucune guerre sur son territoire depuis plus de soixante-dix-ans. Le placement dans la recherche médicale ou dans certains secteurs d’entreprise se pratique également par les étrangers mais mes connaissances sont limitées sur ce sujet. Souhaitez-vous que je vous transmettre les coordonnées hollow ou l’adresse d’un spécialiste ?

- Darren ! S’exclama la voix d’Emilia, un peu plus tôt, qui lui faisait signe d’avancer. Le groupe avait terminé de parler avec le personnel de l’aéroport et était en train de s’éloigner.

Cet appel lui mit le feu aux fesses. Clive s’apprêtait à s’en aller au pas de course mais il se ravisa pour demander avec empressement.
« Hé ! Nid de Drakonys sauvage connu le plus proche d’ici ? »
- A 1258 km au Nord-Est sur la chaîne de volcans des Merynes.
« Cool, merci Lorraine, à plus ! » Lâcha-t-il à la volée avant de s’élancer en direction d’Emilia.

- Au revoir.

Il les rejoignit et sourit poliment, préférant avoir l’image du touriste qui ne peut s’empêcher d’apprécier tout ce qu’il découvre de Sombrelune.

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Mer 27 Mar - 22:01

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Emilia Zeïn'Eidolas



Un temps plus tard, le groupe quitta la zone pour pénétrer dans un parking où les attendaient plusieurs véhicules. Suëna, Emilia et Darren prirent place dans l’un d’eux avec un chauffeur et les militaires se dispersèrent dans les autres.
Cela faisait longtemps qu’Emilia n’avait pas voyagé avec pareille escorte, sa mère prenait vraiment sa sécurité très au sérieux… ou tenait à faire une arrivée remarquée. Parce qu’en terme de discrétion on avait connu mieux. La jeune femme aurait été bien en peine de savoir ce que Suëna avait derrière la tête… la reine ne laissait jamais rien au hasard.

Les engins démarrèrent et ils se mirent en route en direction du domaine des Eidolas. Encadrés par les autres véhicules, la vision de Darren était limitée mais il pu noter qu’ils ne sortaient pas de terre et semblaient remonter vers la surface. Au bout d’un moment, ils débouchèrent sur une immense cavité et la lumière artificielle laissa place au naturel. Quelques minutes plus tard, les voitures s’arrêtèrent et Emilia ouvrit la porte pour sortir.

-- Nous sommes arrivés.

Le « puits de lumière » de Sombrelune avait tendance à décrocher la mâchoire de tous ceux qui le voyaient pour la première fois. C’était comme si la montagne avait été creusée de l’intérieur et que le sommet avait été découpé pour laisser passer le soleil. Ils se trouvait dans une cavité véritablement gigantesque dans laquelle toute une ville avait été construite. Et quelle ville ! Les habitations étaient travaillées, elles étaient immenses, des merveilles d’architectures reliées par un réseaux de routes qui s’intégraient parfaitement dans le paysage. Du sommet du cratère de la montagne s’écoulait une cascade qui n’émettait aucun son, un gigantesque hologramme présent pour accentuer la beauté des lieux. Pourtant, l’eau dans laquelle semblait s’écouler la cascade était bien réelle et circulait aux pieds de la ville. La verdure était partout à l’intérieur de la montagne malgré la lumière naturelle limitée. Soit les plantes n’avaient guère besoin du soleil pour se développer soit elle se contentait des faibles rayons et des lampes artificielles. Les grands domaines paraissaient avoir été battis au plus près de la surface pour bénéficier de la lumière et les maisons se faisaient de plus en plus modestes à mesure que l’on descendait. Pour avoir brièvement circulé à l’intérieur d’un réseau souterrain, parce que des tunnels s’enfonçaient de ci et là en dehors du « puits » et parce qu’Emilia lui avait parlé d’une chaîne de montagnes, Darren pouvait facilement s’imaginer que la ville s’étendait au-delà du cratère ouvert. Mais c’était ici qu’ils s’arrêtaient. Ils étaient arrivés au domaine Eidolas.

- Bienvenue à Sombrelune, le trésor de la Gaëllie ! s’exclama Emilia avec fierté.

Les voitures s’étaient arrêtée à l’entrée d’un domaine. Une splendide demeure dont l’architecture faisait vaguement écho à la Grèce antique se dressaient à une dizaine de mètres, au-delà d’un portail.

Soldat Clive



En ce qui concerne Darren, ça lui décrocha aussi la mâchoire.
Il reconnaissait que l’endroit était magnifique et que ce n’était pas étonnant qu’une élite s’installe ici. D’ailleurs, il faudrait éviter que les patrons voient ça sinon ils allaient vouloir immigrer. Le militaire, néanmoins, ne comprit pas que la cascade était un hologramme tant c’était bien fait vis à vis de la source en-dessous. Il était là en train de faire un massacre de lèche-vitre tant il s’y penchait, s’attardant sur différents détails comme un gosse qui découvrait pour la première fois ce qu’était un parc d’attraction.

Il essaya à un moment de voir le ciel puis reprit son observation captivée. Lorsque les véhicules s’arrêtèrent, le militaire sortit de lui-même sans attendre qu’on l’ouvre. La beauté des lieux était à couper le souffle et il s’oubliait un peu, faisant quelques pas en retirant sa casquette pour voir le domaine Eidolas. Il avait une classe pas possible avec ces décos et cet esthétisme digne de la mythologie. Les Gaëlliens n’y allaient pas avec le dos de la cuillère pour le luxe. C’était beau mais aussi dérangeant, il craignait quasiment de salir rien qu’en y posant les pieds.
Mais alors qu’Emilia sortait en s’exclamant, il lâcha un long sifflement admiratif.

« C’est particulier, c’est vrai. Tu as... »
***Attention, grand couillon, il y a plus de musique et tout le monde sort.*** fît sa conscience.
« Vous avez grandi ici, votre altesse ? Ou le domaine est une résidence pour le travail ? »
- C’est ma résidence principale, répondit Emilia avec une voix étrange. Elle se sentait submergée par l’émotion. Cet endroit, elle s’était souvent demandé si elle allait le revoir ces derniers cycles. Rentrer enfin chez elle c’était comme un rêve qui devenait enfin réalité.

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Mer 27 Mar - 22:13

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Clive eut un petit pincement au coeur du genre joyeux et peiné. Joyeux parce qu’il sentait bien cette émotion chez elle, il pensait la lire sur ses traits et la deviner dans sa réponse, en elle, par projection. Mais également peiné parce que ce plaisir était tiré d’un épreuve plus difficile. Le soldat déduisait, d’après le peu d’aveux qu’elle lui avait fait, qu’elle s’était trouvée désespérée, presque résignée. Rendue à un tel point que son retour chez soi était devenue extatique.
S’il n’y avait pas eu la reine et toute la clique capable de les observer, le militaire lui aurait posé une main sur l’épaule. De manière chaleureuse, compatissante, compréhensive. Un geste de douceur et d’humanité qu’il aurait eu pour n’importe quel membre du D4 qui aurait pu se trouver dans la même position qu’Emilia.
Mais il n’en fit rien, se contentant d’observer et d’acquiescer dans un silence révérencieux.

Un peu plus loin, Suëna remerciait les soldats de l’armée régulière qui les avait escorté de leur plein gré et ces derniers repartirent. La reine interpella alors les « jeunes » pour leur dire de rentrer et prit elle même la direction de la maison. Le grand portail d’entrée se referma derrière eux tandis qu’ils s’avançaient. Darren put noter la présence d’un jardin bien entretenu qui semblaient contourner et s’étendre derrière la demeure mais il n’eut guère le loisir de s’y promener car Emilia se dirigea droit vers la porte d’entrée. Ils furent accueilli par un homme d’âge mur à l’allure impeccable : cheveux blanc mi-long, vêtements de qualité. Le majordome salua la reine avec une révérence et se figea en voyant Emilia avant de se ressaisir et d’en faire de même avec elle.

- Bon retour chez vous mademoiselle !

La princesse s’étonna. Elle ressentait une vive émotion émaner de lui, positive, il était touché de la revoir saine et sauve, mais pas surpris. Pas le même genre d’incrédulité qu’elle avait capté chez bon nombre de soldats du moins.

- Vous saviez que j’allais venir. Affirma t-elle avec un brin de surprise.
- Son excellence m’a prévenue il y a peu pour que je prenne les dispositions nécessaires.

Emilia imagina alors le personnel de la maison en train de courir dans tous les sens. Suëna avait dû attendre la dernière minute pour les avertir, ce qui expliquait probablement pourquoi la maisonnée n’était pas là pour l’accueillir. Ca lui allait tout aussi bien, des retrouvailles larmoyants l’auraient mise mal à l’aise. Certains domestiques travaillaient ici depuis toujours ou presque, ils faisaient partis des meubles et un attachement s’était créé au fil du temps.

- Et vous devez être l’invité de mademoiselle. Enchanté, je suis Altan Gregson, le majordome de cette maison, dit-il en s’inclinant légèrement tout en portant une main à son coeur pour mimer le geste qu’Emilia faisait souvent en guise de salutation.

Lui avait encore l’esprit tourné vers le jardin. Il lui semblait avoir entrapperçu des plantes tout à fait inédite qu’il ne concevait pas. Naturellement, il avait suivi Emilia tout en gardant un oeil sur elle mais il reconnaissait que le majordome n’était pas le centre de son intérêt à ce moment là. Ce n’est que l’expression surprise de la princesse qui le fit tiquer un peu. Est-ce qu’elle pensait que ce type là la détestait, qu’il ne comptait pas la revoir de sitôt, ce genre de chose ?
Sans forcément être paranoïaque, il le sonda de son regard, avec son allure impeccable et son jeux d’acteur à fendre l’âme. Ce type là pourrait faire un très bon allié de la Marche, pourquoi pas ? Bon, c’est vrai que c’était sacrément tiré par les cheveux puisque la jeune femme l’aurait grillé depuis longtemps au radar et que la reine n’était pas du genre à laisser n’importe qui se balader dans la demeure familiale. Mais quand même, c’était presque...intéressant...de se poser cette question.

« La plaisir est mien, Altan. » Répondit-il en copiant cette tirade entendue dans un film. « Je m’appelle Darren Clive, vous servez la famille Zeïn’Eidolas depuis longtemps ? »

Il avait remarqué le salut que faisait souvent Emilia. Malheureusement, Clive ne se souvenait plus s’il devait en faire autant entre un invité de la princesse et le majordome de la maison. Dans le doute, le jeune homme avait préféré se caler à la princesse par mimétisme. Elle n’avait pas répondu par le même signe, elle avait simplement échangé quelques mots donc Darren en faisait autant.

- Une vingtaine d’années.
« Bel historique. »

De son côté, Emilia s’étonnait de ne pas voir signe de son frère. Parce que sa mère le lui avait expliqué un peu plus tôt dans la voiture, elle savait que son père était en déplacement sur une autre planète et qu’il lui faudrait du temps pour revenir mais son cadet n’avait pas d’excuse.

- Où est Dorian ?
- Je lui ai envoyé un message tout à l’heure mais je n’ai guère eu de réponse.
- Le jeune maître est rentré en fin de matinée. Il s’est enfermé dans ses quartiers et a demandé à ne pas être dérangé, répondit le majordome.

Suëna soupira, l’air blasé. Emilia, elle, paraissait agacée. Il fallait croire que sa disparition n’avait pas beaucoup fait changer les habitudes festives de son frère. Elle avait mainte et mainte fois reproché à ses parents d’être beaucoup trop laxiste avec lui mais cela n’avait jamais rien changé.

- Est-il rentré seul ?
- Oui ma dame.

La jeune femme afficha un air pensif, puis finit par hausser les épaules avec un léger soupir. Même les mauvaises manies de Dorian ne pouvaient entacher sa bonne humeur très longtemps aujourd’hui. Au moins cette fois il n’avait pas ramené de conquête avec lui. Non pas que sa vie sexuelle la dérangeait, elle ne valait pas forcément mieux sur ce plan-là, mais Dorian se désintéressait des responsabilités inhérentes à la royauté pour se consacrer pleinement à ses loisirs en vivant un rythme de vie décousue et cela la contrariait.

- Je vais aller chercher quelque chose à manger en cuisine avant de le réveiller alors. Edna n’est pas encore arrivée ?
- Non ma dame, pas encore. Voulez-vous que je fasse appeler le jeune maitre ?
- Non laissez, puisqu’il n’a pas consulté son hollow je lui ferai la surprise de ma visite.

Altan répondit par un hochement de tête très sobre avant de tourner la tête vers Darren.

- Si vous le permettez, je vais faire monter vos bagages dans votre chambre.
« Oh, c’est très gentil Altan mais ces objets sont greffés sur ma peau. Ils restent avec moi. » Fit-il avec humour en faisant comme s’il ne pouvait pas se détacher de son sac à dos. « Sympa d’avoir proposé. »

La majordome afficha un air surpris mais répondit par politesse :

- Comme monsieur le voudra.

Darren tourna le regard et vit la reine partir de son côté. Il se demanda ce qu’elle était partie faire, se doutant qu’elle avait encore des devoirs royaux à s’acquitter. Comme Emilia disait : “elle ne s’arrêtait jamais”, même quand la fille chérie revenait d’entre les morts. Le militaire fit une tape sur l’épaule du majordome et fila à la poursuite de la princesse.

Emilia partait en direction d’un couloir et pénétra peu après dans une vaste cuisine de laquelle s’échappait une douce odeur de brioche en train de cuire. L’odeur la fit sourire, elle lui rappelait des souvenirs. Enfant, son frère et elle partait souvent à l’aventure dans la cuisine pour aller chaparder les délicieux gâteaux d’Eleonore. Dorian, plus petit en taille et plus discret, prenait la tête du groupe jusqu’à l’entrée de la pièce et s’assurait que personne ne les voyait avant de donner le signal. Emilia utilisait alors ses pouvoirs pour faire léviter discrètement deux gâteaux jusqu’à eux, puis ils prenaient leur jambe à leur cou. En grandissant, Emilia avait commencé à suspecter la cuisinière en chef de laisser intentionnellement quelques pâtisseries sur le bord de table à leur intention. Même si, pour se donner bonne conscience, la domestique les grondait quand même lorsqu’ils n’étaient pas assez discrets.

- Par Nibel ! Votre altesse !! S’exclama une femme légèrement rondouillarde âgée d’une cinquantaine d’années. Elle portait un tablier et s’affairait au milieu de différents ingrédients et plats répartis sur un vaste plan de travail. Lorsqu’elle les aperçus, elle abandonna ce qu’elle portait sur la table pour venir à leur rencontre, l’air radieuse. Les dieux vous ont ramené à nous, c’est merveilleux !!

Elle tourna la tête vers Darren, le dévisageant avec bienveillance.

Et en plus vous nous ramenez un homme ! s’exclama t-elle, espiègle.
Clive sentit son sourire s'agrandir au moment où il avait entendu cette réplique. Il y trouvait un côté flatteur.
« Enchanté, je m’appelle Clive. C’est vrai, la princesse m’a empaqueté dans ses bagages, je suis sorti de la valise il y a même pas une heure. »
La domestique le regarda quelques instants avant d’hocher la tête l’air complice, les yeux rieurs.
- La princesse fait souvent cet effet là aux hommes, plaisanta t-elle.
Le rire discret d’Emilia vint faire écho à celui d’Eleonore.
« Je suis pas étonné... »
- Le soldat Darren Clive viendra renforcer ma garde personnelle pendant quelques jours. Il est originaire du peuple qui m’a secourue et est étranger à nos coutumes, je vous demanderai donc de l’aider s’il rencontre le moindre problème ici, précisa Emilia pour recontextualiser en éludant le véritable grade militaire qui ne trouverait pas écho chez sa voisine.
En réponse, l’homme lui fit un petit sourire pour valider ce fait. Renforcer la garde personnelle, ça en jetait. Darren bomba légèrement le torse pour corriger un peu sa position.

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Mer 27 Mar - 22:40

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Emilia Zeïn'Eidolas



Le regard de la cuisinière se fit plus appuyé tandis qu’elle regardait Darren d’une nouvelle manière, plus respectueuse. Par cette simple phrase, la princesse venait de le présenter comme étant l’un de ses sauveurs, autant dire qu’il venait de gagner la sympathie de tous les domestiques de cette maison qui travaillaient ici depuis assez longtemps pour concevoir un attachement pour Emilia. Il fallait juste laisser le temps à Eleonore de répandre l’information. La princesse capta ce subtil changement dans les émotions de leur interlocutrice et en fut satisfaite, c’était exactement la réaction qu’elle avait voulu susciter. Elle captait aussi de la curiosité impatiente, signe que la cuisinière se retenait difficilement de lui demander quelque chose. Il s’agissait certainement des circonstances de sa rencontre avec les fameux étrangers dont faisaient partis Darren et toute son aventure jusqu’à son retour ici. Mais il était trop tôt pour qu’elle entre dans ce genre de détails, elle n’avait pas encore convenu avec sa mère de ce qu’elle devait révéler et ce qu’elle devait taire, or, si Eleonore était une véritable boule de gentillesse, elle était aussi du genre démonstrative et incapable de garder un secret de cette importance.

- Vous pouvez compter sur moi ma dame ! Vous êtes le bienvenu ici Darren, n’hésitez pas à demander après moi si vous avez besoin de quoi que ce soit. Je m’appelle Eleonore ! Néanmoins… Elle posa les yeux sur le fusil à pompe que portait le soldat. Aah ces soldats, toujours à se balader avec leurs gros attirail… pas besoin de ça dans ma cuisine mon garçon ! Mes brioches ne vont pas vous attaquer, lança-t-elle en lui faisant signe de déposer son arme à feu sur une chaise dans un coin.

Eh oui, c’était sécurisant d’avoir son arme avec soit et il n’était pas là juste pour la visite touristique. Darren avait bien envie de le dire, comme une petite piqûre de rappel, un peu sur le coup de sa nervosité. Il était en environnement étranger, sa confiance ne se limitait qu’à la princesse et il était buté. Il lui avait promis de la protéger le temps qu’elle soit certaine que la menace n’était pas aussi proche. C’était son outil de travail ce fusil. Clive se dériderait plus tard mais, pour le moment, il avait bien envie de garder son arme sur lui. C’est juste qu’Emilia ne donnait pas l’air d’être contre et qu’il se devait de conserver un minimum de bon sens. Ces gens, qu’elle connaissait depuis sa jeunesse, avaient sa confiance. Comme lui l’avait gagné sur la cité. Il jeta un coup d’oeil vers elle et elle lui renvoya un sourire rassurant accompagné d’un hochement de tête pour lui signifier qu’il n’avait rien à craindre. Il répondit finalement.

« J’espérais justement être attaqué par vos délicieux chefs d’oeuvres. Je n’aurai pas eu d’autres choix que de me défendre en les dévorant. » Plaisanta Darren en se séparant de son fusil à pompe.

Il le déposa contre le mur, pas loin, et ouvrit les bras comme pour lui montrer sa bonne obéissance. Il espérait juste qu’elle n’allait pas étendre la règle à son neuf millimètres. Il vivait de plus en plus la situation d’Emilia étant invitée sur la cité d’Atlantis. Le militaire la savait très patiente et conciliante mais il avait dû mal à faire pareil. Il faisait des efforts pour ne froisser personne mais, contrairement à Emilia, lui était là pour une mission précise. Il l’avait dit : sa protection était une affaire professionnelle.

Cela parut suffire à la cuisinière dont le visage s’éclaira. L’argument avait fait mouche et elle se sentait flattée par la réplique de Darren, nota Emilia qui observait attentivement le comportement de l’atlante et la réaction de ses interlocuteurs. Il n’aurait probablement aucun mal à s’entendre avec les domestiques s’il poursuivait de la sorte mais elle savait que la vraie difficulté pour lui serait de se confronter à la noblesse.

Vous avez faim ? Mais il fallait le dire tout de suite ! Je vais vous préparer un goûter de roi !
« Heu... »
Ce n’était pas ce qu’il avait voulu insinuer. Darren suspectait la servante de saisir les occasions pour leur offrir ces douceurs. Après tout, elle n’avait pas vu Emilia depuis longtemps, elle la pensait morte et la voilà de retour. Même lui sauterait sur l’occasion pour sortir le petit pineau qui va bien et partager le verre.
Eléonor commença à s’activer pour sortir des choses des placards avant de disparaître dans une arrière salle.

- Maintenant tu sais ce que j’ai ressenti quand tu m’a demandé de porter ce champ de force, murmura Emilia qui avait parfaitement senti la tension de Darren lorsque Eleonore lui avait demandé de poser son fusil. Et encore, elle n’avait pas insisté pour le désarmer intégralement.
« Sauf que moi j’obéis, princesse ! » Fit Darren en profitant de ce petit moment entre quatre yeux pour déconner. Il ajouta en lui donnant un coup d’épaule discret, vérifiant son environnement d’un petit regard juste avant : « Je fais pas ma petite capricieuse... »

Emilia prit un air faussement outré et le poussa.

- Ah oui et c’est quoi ça ? lança-t-elle en tendant une main pour toucher son arme de poing.
« Ca ? Mais c’est juste une babiole ! » Fit-il à la légère, poursuivant la blague par surenchère. « Une toute petite assurance pour que tu puisses continuer de faire ta princesse capricieuse jusqu’à ton Envol. Ca compte pas ! »
- Tu me montreras comment ça marche ? demanda t-elle plus sérieusement.
« Si tu me promets de respecter les consignes qui vont avec. » Lâcha-il sérieusement. « Et si tu acceptes que je t’apprenne quelque chose d’autre concernant mon gilet. »
Il leva un sourcil.
« Bonne affaire, altesse ? »
- Si cela ne nécessite pas d’étranglement ou autre mauvaise surprise du genre je suis partante.
« Je t’ai fais une promesse, princesse. C’était nécessaire. Maintenant je ne te ferais plus jamais de mal. Ca marche ? »
Emilia acquiesça. Elle le sentait sincère.
- Ca marche.
Cette réponse l’enjouait beaucoup. Une nouvelle leçon pour la princesse.
« J’imagine que cette brave dame est à l’origine de tout un tas de bons souvenirs de régals, votre altesse. »
- C’est une excellente cuisinière. Elle sert notre famille depuis toujours, son père travaillait aussi ici jadis, elle a prit sa suite.

La cuisinière revint peu après avec un plateau chargé de boissons en bouteilles, de confitures et autres joyeuseries appétissantes pour accompagner différents gâteaux maisons. Elle posa sa charge sur la table avant de se tourner pour sortir des brioches fumantes du four. Emilia sourit.

- Nous n’aurons plus d'appétit pour le repas.
Promis, la cuisinière ne se plaindra pas si vous boudez le dîner, plaisanta Eleonore. Mais vous connaissant Emilia zeïn, je ne m’inquiète pas beaucoup. Qu’est-ce que je vous sers à boire ?
Clive ne pu s’empêcher de ricaner.
« Je confirme que son altesse rend honteux le plus gourmand des Atlantes. Elle fait aussi cet effet là sur les hommes... »

Emilia le regarda en plissant légèrement les yeux, se demandant comment elle devait interpréter cette réflexion.
« Vexée ?... » Murmura-t-il aussitôt.
- Nous parlons bien de nourriture ?
« Je blaguais sur ton appétit, oui...t’as cru quoi ? »
Son regard s’éclaira. Il pensait l’avoir grillé.
« Une remarque sur l’escalade de tour ? »
- Hm… faites goûter le jus de baie de nuits à notre invité à la langue bien pendue, lança soudain Emilia à Eleonore qui ne perdait pas une miette de leur conversation.
Clive s’interrogea sur le fait qu’elle ne répondait pas à la question. La servante ne comprendrait pas le sens de l’escalade si ? Ou bien elle allait largement romancer le tout ? Le soldat quitta sa posture d’échange de messes-basses pour goûter le fameux jus de baie de nuits. Un alcool fort ? Ou à base d’un fruit particulier ?
« Bien...s’il faut... » Dit-il dans un élan de fierté masculine.

Il goûta le liquide qu’il trouva très bon. Il le dégusta jusqu’à la fin du verre et hocha la tête de manière positive.
« C’est très bon ! »

Une grosse marmite était en train de mijoter sur des plaques de cuisson et répandait une bonne odeur salée qui n’arrivait pas à surpasser celle de la pâtisserie. Le militaire ne reconnaissait rien de tout ça. Lui, il trouvait l’odeur très particulière mais il songea que ce serait très intéressant de goûter. D’autant plus que c’était du local, de l’artisanat, du fait main. Dès son entrée, il avait trouvé très appréciable l’odeur rémanente qui donnait une identité à ce lieu et renforçait l’aura de cette éléonor. Comme si toutes ses cuisines depuis des années avaient empreint les murs qui diffusaient alors quelque chose de bénéfique, apaisant, et gourmand à la fois. L’Histoire gustative des Eidolas en quelque sorte.

Emilia s’apprêtait à répondre lorsqu’un bruit de verre brisé retentit soudainement. Le réflexe de Clive se manifesta assez violemment. Le fait qu’il n’avait pas réfléchi l’amena à faire un demi-tour en agrippant la crosse de son neuf millimètres. Il ne le retira pas de son holster de cuisse cela dit. Il s’interrompit en découvrant une seule silhouette en face avec les mains vides. Se voulant discret, Darren retira lentement sa main tout en observant poliment et redevant plus “touriste” que “militaire”. Le bruit l’avait surpris bien comme il faut.
La jeune femme tourna la tête et aperçut un jeune homme qu’elle connaissait bien. Jeune, les cheveux chatains, une barbe de quelques jours et la chemise mal fermée de celui qui venait de se lever et qui se foutait de la tenue dans laquelle il se promenait chez lui, le garçon avait les yeux braqués sur sa soeur et il avait l’expression de celui qui venait de voir un fantôme. A ses pieds gisait un verre explosé et son contenu, de l’eau, qui s’était répandue par terre. L’objet lui avait échappé des mains mais il n’y prêtait guère d’attention.

-Emy... lâcha t-il, stupéfait. Tu es vivante ! S’exclama t-il en se précipitant pour la serrer dans ses bras.

- Doucement Dorian, tu m’étouffes ! lança Emilia en riant.

De son côté, la cuisinière s’était glissé derrière eux pour ramasser les débris de verre en souriant.
La jeune homme s’écarta brusquement pour regarder sa soeur dans les yeux en la tenant fermement par les épaules, l’air grave.

-Tu n’es pas devenue une Sagesse, hein ?
Emilia éclata de rire face à ce revirement émotionnel. Dorian était en train de passer par tous les sentiments inimaginables et elle captait chacun de ces changements avec un certain plaisir.

- Non petit frère, je ne suis pas une déesse.

Le prince poussa un soupir de soulagement et glissa une main sur ses yeux pour chasser les larmes provoquées par l’émotion. C’était déjà assez compliqué d’avoir une demi-déesse pour soeur alors si en plus elle avait fait son Envol… même si ça aurait été assez dingue de pouvoir parler avec un Sage, ne serait-ce que pour savoir ce qui se cachait derrière les portes de Nibel. Mais… pas sa soeur. Non, Emilia était mieux sous sa forme humaine.
Il réalisa tout à coup qu’un parfait inconnu se tenait non loin et le toisa de bas en haut l’air de dire “t’es qui toi” ?

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Mer 27 Mar - 22:52

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« Dorian Zein’Eidolas, je suppose ? Enchanté... » fit aimablement Darren en regardant la servante s’écarter avec les morceaux de verre. « Je suis de passage. »

- Et vous êtes ? demanda le prince qui ne reconnaissait pas l’uniforme de cet inconnu qui avait pourtant tout l’air d’un soldat.
« Darren Clive. » Répondit-il avec une petite pointe de défi, le genre à lui dire qu’il est bien là et qu’il sera prêt à ne pas se faire écraser. « T’es...vous appréciez les jeux il me semble. J’ai un ami qui a entendu parler de vos talents et qui n’a qu’une hâte : vous défier pour le plaisir partagé. »

Et… qui est cet ami au juste ?

Darren Clive... un nom de roturier, une allure de soldat… mais aucun sens du respect. Dorian se demanda d’où sortait ce mec qui se comportait avec l’assurance d’un sang-pur et pourquoi il était toléré ici. Un ami à sa sœur ? Pourtant Emilia n’était pas du genre à fréquenter la plèbe d’ordinaire.
« Un frère d’arme qui a appris votre amour pour les jeux fictifs et qui pense avoir la même passion. Il s’appelle Max. »
Darren avait ce petit coté méfiant. Mais dans le même temps, il sentait la pareille chez le prince et le fait qu’il ne serait probablement pas le bienvenue de part son point de vue. Cela allait surement être un problème s’il s’accaparait la princesse au nom du bon vieux temps et le reléguait au fin fond de la demeure loin de la portée du regard. Clive ne savait pas trop comment il devait réagir. Il se disait qu’esquiver son regard et baisser les yeux seraient largement contre-productif alors il valait mieux faire l’inverse. Quitte à se faire corriger par Emilia juste après. En tout cas, il avait été le spectateur de ces retrouvailles et il ne pouvait s’empêcher d’avoir cette petite pointe de jalousie et de peine entremêlée. Dorian retrouvait sa soeur et la serrait dans ses bras.
Lui avait perdu sa soeur jeune, il ne pourrait jamais connaître cette surprise, cette joie, et l’émotion si pure et sincère qui semblait s’être joué sous ses yeux. Le soldat en était encore à attendre de voir si une rivalité se jouerait entre eux deux. Mais il sentait que, dans le fond, le frère Eidolas était un bon gars. Le genre fêtard et pas très prudent comme l’avait été sa soeur autrefois.

- Il parle de jeux-vidéo, intervint Emilia qui sentait l’agacement de Dorian fasse aux réponses évasives de Clive. Ce dernier faisait-il exprès ? Elle captait d’étranges sentiments d’un côté et de l’autre mais elle se refusait à interpréter trop vite cette curieuse jalousie qu’elle sentait chez Darren. Le soldat Darren Clive est originaire du peuple qui m’a secourue et va rester ici quelques jours.

Elle poursuivit en lantien pour être sûre que seule son frère comprenne car elle ne pouvait se permettre qu’Eleonore entende la suite de son discours :

- Il y a trois cycles, juste avant la sélection, un assassin a tenté de me tuer, il portait la marque d’une organisation clandestine gaëllienne. Quand les wraiths ont fait de moi une courreuse j’ai décidé de faire profil bas de peur que mes ennemis humains profitent de ma faiblesse pour me nuire mais les wraiths ont fini par me trouver. Le peuple de Darren m’a secourue, leur niveau technologique est au moins égal au nôtre.

Dorian s’était décomposé à mesure qu’elle parlait. Il n’était pas nécessaire de savoir lire dans les coeurs pour voir sa stupéfaction.

- Il s’agit d’Atlantis, la cité qui résiste aux démons.
-Pardon ?! S’exclama le prince en répondant dans la même langue que sa soeur.

De son côté, Eleonore avait posé ce qu’elle tenait et regardait la scène avec un intérêt manifeste même si elle ne comprenait strictement rien à ce qui était en train de se dire.

-Le soldat ici présent a tenu à m’escorter sur Orzan pour s’assurer de ma sécurité et je lui en suis reconnaissante. J’ai de l’estime pour lui et j’attends de ta part que tu le respecte comme l’invité de marque qu’il est. Il est le premier atlante à pénétrer sur nos terres et il est indispensable qu’il reparte avec une bonne opinion de nous. D’accord ?

Dorian s’était figé et reprenait doucement contenance. Ca faisait beaucoup d’informations à digérer en peu de temps…

- D’accord pour le soldat. Il avait l’habitude de voir défiler des diplomates ici, il savait comment se comporter avec eux. Mais toi, ton histoire… tu ne vas quand même pas te contenter d’un résumé aussi court ? Raconte moi tout et en détails ! Tu as vraiment été une proie ? Alors ça veut dire que tu es allée sur leur vaisseau ?!

-Je n’ai pas le temps, Dorian, reprit Emilia en langue commune pour lui signifier que la conversation était close. Le magistere va passer, je dois aller me préparer. Je te raconterai tout plus tard, d’accord ? dit-elle en tendant la main pour atrapper une brioche.

Dorian fit une moue contrariée mais n’argumenta pas plus. Il avait l’habitude avec sa soeur, quand elle disait non il ne pouvait plus rien tirer d’elle. Son regard se posa sur Darren qu’il toisa à nouveau par réflexe avant de réaliser son geste. Il se sentit soudain mal à l’aise.

Euh…alors comme ça votre ami est un amateur de jeux électroniques ?
« C’est ça. » Répondit Clive qui ne s’était pas offusqué de l’échange en langue étrangère. Il comprenait que l’un et l’autre avaient peut-être besoin d’intimité et, dés qu’il avait compris le but de ce changement de langue, il s’était un peu écarté pour observer les marmites. Par contre, il comprit que la servante, aussi sympathique soit-elle, était aussi sacrément indiscrète en les matant comme ça. Pour un peu, il lui saisirait l’épaule pour la reculer et lui rappeler des règles de corrections originaire d’Atlantis.
« L’un de mes amis. Il excelle en agilité sur ces jeux. Quand il a appris votre passion, il s’est rapidement mis en tête de vous défier. Pour le beau jeu, votre altesse, la compétition. Il espère un jour avoir cette occas... »

Des éclats de voix parvinrent jusqu’à eux depuis le hall d’entrée, Dorian se tourna vivement vers Emilia.

-Edna est ici ?!
- Il semblerait. Mère l’a appelé pour me rendre plus présentable devant le magistère.
-Oh dieux... lança Dorian avec une grimace en reboutonnant précipitamment sa chemise et en tentant d'arranger ses cheveux avec ses doigts. Edna était tyrannique quand il s’agissait de mode.
Ce n’était pas pour rassurer Clive. Le prince semblait craindre quelque chose sur sa tenue comme s’il risquait bien pire que de se retrouver cul nu devant sa populace. Tout en se posant des centaines de questions, il attendit de voir ce qui allait se passer et nota que le nom ne lui était pas inconnu. C’était la styliste, lui semblait-il. Et forcément, elle allait surement vouloir lui refaire le portrait.
C’est trop me demander au réveil ! Je tire ma révérence. Emy, fais moi signe quand elle en aura fini avec vous ! dit-il avant de s’éclipser de la pièce.

Emilia eut un léger sourire avant d’atrapper une brioche pour la tendre à Darren, l’air de dire “finit la pause goûter, profite en tant que tu peux”.

- Allez, prépare toi à affronter le drakonys de la mode.
« Elle t’arrive pas à la cheville. » Répondit Clive dans un réflexe en faisant mine d’avoir trop souvent répété cette phrase.
Il lui fit un clin d’oeil et attaqua un bout de brioche en attendant de voir la suite du spectacle. Mais pour que le prince se sauve en abandonnant une soeur fraîchement retrouvée, c’est que ça valait le détour.

Emilia quitta la cuisine pour retourner dans le hall où les attendait une femme d’âge mûr et de très petite taille, les cheveux noirs ébène coupés en carré court, ainsi que son équipe nettement plus jeune qui trimballait des valises. Clive suivit un peu en retrait, remettant la bretelle du fusil à pompe autour de son épaule avant de dissimuler l’arme un peu sur le côté. Attention ? Et….ACTION !

- OOOH DARLIIIING !!! S’exclama une Edna ravie en voyant Emilia. Allez allez, montez moi tout ça ! On se dépêche ! dit-elle à ceux qui l’accompagnaient et aux domestiques qui avaient le malheur de passer dans les parages.

- Bonjour Edna !

- Quel bonheur de te voir en vie ma belle ! lança Edna avec un superbe accent bourgeois tel qu’on en voyait dans les clichés terriens. Mais il y a une mooooontagne de travail et nous n’avons pas le temps de discuter. Allez, hop hop hop, tout le monde là-haut ! … et qui c’est celui là ? lâcha t-elle soudainement en voyant Darren suivre le mouvement.

« Un touriste égaré. » Fit-il, hilare.
L’Edna en question n’avait pas démérité les quelques retours que lui en avait fait la princesse. C’était la première fois qu’Emilia se faisait tutoyer par quelqu’un qui semblait extérieur à la famille, ou qu’il s’en rendait compte, et ça le surprenait presque comme si c’était pas naturel. Il observa ce ballets de serviteurs et sourit en voyant comment la princesse semblait être embarquée.
« Je peux me joindre à vous pour profiter de vos talents ? » Demanda-t-il en souriant.

Edna toisa Darren de bas en haut en étudiant chaque partie de son anatomie sans la moindre gêne.

Hmm, oui oui. Tu es le jeunot étranger que Suëna zeïn m’a demandé de relooker en plus d’Emilia mmmmh ? Du travail, du travail !
« Et quel travail ! » Ironisa-t-il en se laissant sonder. « Il y a tout à refaire là... »

Elle fit quelques pas et lui tourna autour pour le regarder davantage sous toutes les coutures. Elle sortit un mètre de sa poche et entreprit de mesurer rapidement le tour de hanche et le torse de Darren, maugréant quelques paroles pendant qu’elle s’activait, avant de remettre l’outil à sa place. L’homme avait joué le jeu en levant les bras lorsqu’il le fallait, songeant immédiatement à Max et April s’ils avaient été à sa place.

-Bien bien, en troquant ces… choses contre de vrais vêtements, en retouchant un peu les cheveux… Allez allez, on s’active !
« Quoi mes cheveux ? »

Et elle entreprit de grimper les escaliers à la suite de son équipe. Darren secoua négativement la tête, se disant qu’il y aurait encore pas mal de surprises. Il suivit la petite troupe, prenant même un bagage plutôt lourd qu’un des servants semblait peiner à monter dans ces escaliers. Il eu droit à un regard reconnaissant de ce dernier.

Le hall ouvrait sur un vaste espace d’où partaient plusieurs couloirs (dont l’un d’eux menait à la cuisine) ainsi qu’un bel escalier en pierre recouvert par un épais tapis rouge. C’est ce vaste escalier qu’ils entreprirent de grimper rapidement pour suivre le rythme imposé par le drakonys de la mode, la très célèbre Edna. Edna zeïn’ Asygar était ce genre de femme terriblement sûre d’elle et intraitable avec ce qu’elle considérait comme relevant de son domaine de compétence. Son nom avait été un beau tremplin pour lancer sa carrière mais son talent avait largement construit sa réputation. C’était une femme caractérielle mais douée et les gens se disputaient ses services malgré son tempérament extravagant. Edna se foutait royalement de l’étiquette et des protocoles et avait le tutoiement facile. Attention, cela ne signifiait pas qu’elle copinait avec n’importe qui, non, elle ne fréquentait que la haute société, mais regarder un monarque dans les yeux ne lui faisait pas peur. Certains disaient que c’était parce qu’elle avait une très haute opinion d’elle-même et ils n’avaient peut-être pas torts. Pour autant, Edna n’avait jamais montré le moindre intérêt pour la politique, son domaine était la mode, point barre. De fait, les monarques ne s’étaient jamais sentis menacés par elle et toléraient pour la plupart son caractère.
Pour une raison qu’Emilia n’avait jamais pu expliquer tant elles étaient différentes, sa mère et Edna étaient amies. Une amitié un brin superficielle comme l’on en voyait beaucoup dans la haute société, mais elles s’appréciaient l’une et l’autre. C’était probablement la raison pour laquelle la grande Edna était devenue la styliste officielle de la maison Eidolas et qu’elle avait accourue au domaine en un temps record pour s’occuper d’Emilia et de son invité avant l’arrivée du magistère.

-Oooh, daaaarling, tu as maigri ! Mais que t’ont fait les wraiths ? S’exclama Edna affligée en regardant Emilia sur le trajet. Et tu as une mine affreuse. Ces ceeeeernes ! Mais ne t’inquiète pas mal belle, il n’est rien que le maquillage ne puisse camoufler.

– Si tu m’avais vu il y a quelques jours… maugréa la princesse en repensant à tous les bleus et blessures qui maculaient son corps et son visage. Tous n’avaient pas disparu, elle portait encore des stigmates de sa course. Par chance cela dit, la plupart de ses blessures légères étaient dissimulées sous ses vêtements à l’abri du regard.
En retrait, Darren les écoutait d’une oreille un peu distraite. C’était le moment femme, fringues et livraison de style à domicile. Il n’échappait pas à la règle du genre en y étant désintéressé mais il suivait tout de même en notant les détails, la décoration, l’agencement des lieux.

- Ta mère m’a demandé de te rendre ta superbe d'antan.
– Je sais, il n’y a pas de place pour la faiblesse dans la royauté, répondit Emilia qui était la première à partager cette valeur. C’était d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle elle avait attendue une semaine avant de recontacter Orzan… le temps que les marques sur son visage s’effacent. Je compte sur toi Edna.

- Oui oui. Pas le temps de fabriquer de nouveaux vêtements sur mesure, il va falloir bricoler avec ce que l’on a déjà.

Le groupe venait de traverser deux couloirs et s’arrêta devant une porte.

- Darliiing, si tu veux bien nous ouvrir, demanda Edna par politesse.

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Mer 27 Mar - 23:40

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Emilia Zeïn'Eidolas






Emilia se glissa jusqu’à la porte et l’ouvrit avant de pénétrer à l’intérieur. Aussitôt, elle fut assaillie par un sentiment double : d’un côté elle était émue de renouer avec ses appartements, son lieu intime par excellence, de l’autre elle regrettait de ne pouvoir savourer ce moment dans le calme et la solitude. Emilia n’avait pas eu une minute à elle depuis son retour, elle courrait sans jamais s’arrêter. Encore.

Elle s’avança pour laisser les autres entrer tout en parcourant les lieux du regard, s’accrochant à chaque détail. Il y avait son lit, double, spacieux, ses chevets et sa bibliothèque personnelle non loin qui comportait quelques livres de fiction mais surtout des ouvrages scientifiques portant sur son domaine de prédilection. Plus loin, une fontaine murale par dessus laquelle se trouvaient un véritable arbre artificiel, en partie encastré dans le mur. Plus loin encore, un bureau et un siège confortable. La chambre donnait sur une seconde salle, les deux pièces n’étant, à première vue, séparées par aucune porte. De l’autre côté l’on pouvait voir un salon cosy, confortable et moderne. Une autre pièce encore donnait sur une salle de bains high tech. Une autre sur un dressing immense. La décoration de la suite était travaillée et oscillaient entre moderne et nature qui était sureprésentée : partout des plantes, fleurs ou, tableaux. C’était sans compter sur les murs de la chambre sur lesquels on pouvait, en manipulant une commande, faire apparaître des paysages différents. Tantôt nous nous trouvions dans la forêt sauvage, tantôt au bord de la mer ou sur une falaise… Tout était fait pour oublier que l’on était au coeur d’une montagne. Et si cela ne suffisait pas, une porte vitrée ouvrait sur une terrasse qui donnait sur le jardin.  

Emilia ouvrit de grands yeux étonnés en apercevant un bracelet sur son chevet, relativement similaire à ce que tous les autres gaëlliens portaient à quelques détails esthétiques près. Un sourire se dessina sur son visage alors qu’elle réalisait que sa famille avait réussi à récupérer son hollow. La police avait dû l’examiner en long en large et en travers avant de le restituer mais le fait que ses proches l’aient déposé sur son chevet la touchait. L’objet l’attendait là, comme si elle devait bientôt revenir… ainsi certains membres de sa famille n’avaient jamais cessé d’espérer son retour. Elle eut également la surprise de retrouver sa dague, présente sur le promontoir d’exposition où elle la laissait lorsqu’elle ne l’emportait pas avec elle en voyage. L’objet, forgé avec un alliage de lapis arcus avait une valeur monétaire considérable. Ce genre de lame avait le mérite d’être incassable et de ne jamais perdre son tranchant, hélas, les individus capable de forger une telle merveille se comptaient désormais sur les doigts de la main. C’était un savoir-faire qui s’était peu à peu perdu avec l’arrivée des armes à énergie, beaucoup plus puissantes. L’un de ces maîtres forgerons lui avait fait présent de cette dague pour son vingtième anniversaire et elle avait prit l’habitude de l’emporter avec elle à chaque fois qu’elle quittait Orzan. Ce gros couteau lui avait sauvé la vie lorsque l’assassin avait pénétré dans sa chambre, elle le lui avait planté dans le dos. Cet objet aussi la police avait dû l’examiner sous toutes ses coutures et c’était stupéfiant que sa mère ait pu le récupérer. La princesse prit note pour la énième fois de ne pas sous-estimer la reine d’Arcadie.

Pendant sa contemplation, Edna n’avait pas perdu de temps et avait aboyé plusieurs ordres. Un jeune homme était donc en train de déballer les affaires et d’installer divers outils, palettes de maquillage et de coiffure, pendant qu’une demoiselle avait sortit le mètre pour prendre les mesures précises de Darren et une autre celles d’Emilia. Cette dernière se laissa faire, profitant de ce laps de temps pour accrocher son hollow à son poignet, glisser une oreillette à son oreille, et reconfigurer brièvement son appareil. La demoiselle qui s’occupait de Darren fit son possible pour faire son travail en évitant les armes qui la gênait clairement.

« Ca va, ça va, un instant. » fit-il, légérement agacé par cette animation soudaine pour sa poire. Le militaire déposa son sac et son fusil à pompe puis entreprit de retirer son gilet tactique. Il déposa le tout près de lui. L’un des laquais entreprit de s’en charger, surement pour le placer ailleurs ou le ranger, bref, faire son boulot. Mais Clive eut une réaction réflexe en lui choppant le poignet et en lui faisant bien comprendre du regard qu’il avait pas intérêt d’y toucher.
Il se redressa ensuite pour reprendre une posture ouverte et accessible à la jeune qui se remit à prendre les mesures. Darren en profita pour observer la princesse. Le coup de l’oreillette capta son attention et il essaya de déterminer à quoi servait tout le reste.

Désireuse de connaître ses limites pour travailler, la styliste lui demanda s’il souhaitait une nouvelle coupe de cheveux. Clive pinça des lèvres, prêt à dire non. Puis il se rappela que ce serait stupide de ne pas essayer puisque, forcément, ça finirait par repousser. Alors il céda finalement en acquiesçant d’un signe de tête. Il était content qu’on lui fasse découvrir la mode Gaëllienne mais ce n’était pas vraiment ce qui l’intéressait dans tout ça.
L’heure suivante fut occupée à choisir des vêtements, se faire coiffer et maquiller. Tel un chef d’orchestre, Edna était derrière pour commenter, ordonner, conseiller. Quand fut venue l’heure des essayages, Darren fut cordialement invité à rejoindre sa propre chambre où le suivi une petite partie de l’équipe.

Le militaire n’était pas très à l’aise. Il ne se voyait pas quitter son uniforme mais il le fallait bien. Déjà parce qu’il l’avait assuré à la mère Eidolas mais également par correction envers Emilia. Elle lui avait faite sa remarque d’ailleurs, sur le fait de quitter l’équipement, et il fallait reconnaître que c’était tellement plus dur quand on se trouvait du mauvais côté de la barrière. Son sac suspendu à une épaule, le reste de ses affaires dans les bras, Clive se rendit dans ses quartiers en notant mentalement la route qui séparait les deux chambres.
L’équipe masculine d’Edna lui proposa ensuite les tenues et il ne put s’empêcher d’éclater de rire en les voyant.

Spoiler:

« Hé les mecs, il y a un truc à fêter ? C’est le carnaval ? »
Ils avaient les regards ronds. Le genre de situation où les types étaient parfaitement sérieux, la blague n’étant pas du moment. D’ailleurs, il semblait bien qu’aucun de ceux-là ne se voyaient retourner auprès d’Edna pour lui apprendre que l’étranger préférait son uniforme plutôt que de se la jouer Matrix.
Il écopa de regards surpris et on lui sortit d’autres vêtements dans l’espoir que quelque chose lui plaise. Toutes ces tenues étaient des créations d’Edna et valaient une petite fortune.
Finalement, Clive secoua la main pour chasser sa réaction qui pourrait les vexer, voir les braquer. Il s’approcha des différentes tenues et chassa d’emblée la dernière, ne voyant pas du tout comment y appliquer son équipement. Avec l’aide des serviteurs, il examina attentivement la première et tenta de la porter. Il chassa les paires de main pour s’approcher de son équipement et essayer d’y mettre quelques affaires...mais en vain. Sans oublier que le machin manteau se portait fermé. Ca l’obligeait à mettre son canon au rencard et il n’en était pas question.

Finalement, la deuxième, qui ne le bottait pas vraiment à l’origine, lui semblait beaucoup plus fonctionnelle. Il se changea intégralement et plaça son holster de cuisse en l’adaptant au passant de la ceinture. Ca c’était bon. Ensuite, il s’habilla de son gilet tactique et y passa le manteau par dessus. Ce n’était pas si gênant. Très bizarre mais pas gênant.
Bien sûr, l’un des laquais, le plus courageux, lui apprit que c’était la porte ouverte aux remarques d’Edna. Forcément, faire passer son gilet par-dessus n’allait pas lui faire plaisir. Alors Darren se fit patient et il le retira. Son kit de secours dans une poche, les cartouches de fusil à pompe dans l’autre, il plaça finalement son fusil en bandoulière et le coinça sur son flanc droit. En ajusta un peu la veste tout en la gardant ouverte, il s’avança vers le miroir et se sonda avec un terrible malaise.

Ca avait de la gueule, il fallait reconnaître, mais ce n’était tellement pas...lui. Il fît un quart de tour pour interroger les gars du regard, ils semblaient valider aussi de leur cotés. Alors Darren accepta de cette tenue et les remercia de leur patience, de leur investissement. C’était surtout par politesse. En attendant, avant de repartir, il fit en sorte que les affaires qu’il laisserait derrière lui n’était pas importante. Si on lui piquait son sac ou son gilet, ce ne serait pas une trop grande perte. L’important était là : le flingue à la cuisse, le canon planqué tranquillement sous le manteau ouvert. Et le matos dans les poches.
Encore une fois, Darren se regarda dans le miroir, se tournant et veillant à ce que ses petites affaires ne soient pas trop grillées. Non...ça semblait bien tout ça. Il était temps d’y aller et de voir comment le Drakonys et la princesse le trouverait.
Allez savoir pourquoi il avait cette petite appréhension à l’idée de les voir éclater de rire toutes les deux ?

Lorsqu’ils se retrouvèrent un moment plus tard, l’un et l’autre étaient métamorphosés. Emilia avait opté pour un ensemble simple bien qu’élégant (de toute façon elle n’avait que des vêtements luxueux), renonçant aux robes très habillées qu’elle portait habituellement pour ce genre de rencontre. Ces dernières ne lui allaient plus, elle avait perdu trop de poids et la retouche de ce style de vêtement très sophistiqué aurait pris trop de temps.
Bien maquillée, les cheveux relevés et parés de bijoux de valeur, la jeune femme n’en était pas moins méconnaissable.

exemple:

Clive sentit son regard pétiller et trahir le fait que ça le rendait pas vraiment indifférent de voir Emilia sur son trente et un. Forcément, sur la cité, elle n’avait eu qu’un uniforme de base. Et porter celui d’April lui allait bien, elle était sexy en mode militaire Atlante. Mais façon princesse, ce modèle-là, il ne l’avait jamais vu. Pour un peu, il en aurait ouvert la bouche tout en subissant une mort cérébrale instantanée. Heureusement, cette brave Edna était là dans ses gestes d’orfèvres et ça le ramena un peu sur le plancher des vaches.

« Woaw. » Fit-il simplement. Il ouvrit le bec pour ajouter quelque chose de très naturel, donc avec un tutoiement et une familiarité à faire pâlir, mais il se corrigea juste avant. « Son Altesse est magnifique. »

Il appuya cette sincérité d’un sourire tandis qu’il tirait sur les deux pans de son manteaux, très mal à l’aise maintenant qu’il ne portait plus son uniforme. Il avait vraiment l’impression d’être un clown dans cet accoutrement mais ça allait passer. C’était simplement le temps de se familiariser et d’en prendre l’habitude. Machinalement, il appuya au niveau de son coeur, là où se trouvait la poche intérieure pour vérifier la présence de la carte de sécurité. Il fallait surtout pas qu’il s’en sépare de ce truc-là.

Emilia gratifia Darren d’un grand sourire, flattée par sa réaction. Elle-même avait été surpris en le voyant porter les vêtements de la célèbre styliste, ça le changeait énormément de son style habituel. Sans compter ses cheveux qui avaient été légèrement coupé et coiffés à la mode gaëllienne. Ca lui allait bien, vraiment très bien.
Merci. Vous n’êtes pas mal non plus !  
- C’est vrai c’est fouuu comme le costume change un homme ! s’exclama Edna.
« Ah ? Je ne donne plus l’air d’un touriste égaré, Edna ? »
- Non tu as l’air d’un homme à la pointe de la mode !

Le travail accompli, Edna et toute sa clique repartirent en emportant au passage quelques habits de la demoiselle pour les retoucher dans les plus brefs délais. Edna avait promis LA robe du siècle à Emilia pour la Floraison et demandé au passage si ‘l’autre minos” serait aussi dans les parages pour l’occasion. Quelque chose lui soufflait que, si elle en avait le temps, Darren hériterait aussi d’un vêtement sur mesure pour les célébrations du printemps.

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Mer 3 Avr - 22:49

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« Elle m’a traité de minable là ? » Demanda Darren en pensant avoir mal entendu.
Non c’est… juste une expression pour qualifier les tarkis. Les roturiers. Il se pourrait qu’Edna te fabrique une tenue sur mesure pour les festivités, si tu en as envie.
« La meilleure styliste du Pays qui me fait une tenue ? Je vais pas refuser, c’est trop d’honneur. » Répondit Clive avec une légère d’ironie. Il ajouta en murmurant : « Et tu m’as tutoyé... »
Emilia haussa les épaules et regardant l’équipe qui était en train de s’éloigner. Personne n’avait réagi, il n’y avait pas de domestique collés à eux.
Mon cher, libre à vous de participer à la Floraison avec votre uniforme.
« Ma chère. » Fit-il en reprenant exactement le même ton. « Ce serait insulter cette brave Edna et vous manquer de respect. Si la tenue fait de moi un bon invité pour la Floraison, je vais faire chavirer les coeurs !!! »

La maison Eidolas sera ravie de vous offrir ces vêtements alors, sourit Emilia. Et pas de doute que la Floraison sera pour vous l’occasion de faire des rencontres, surtout si vous vous prêtez au jeu de la mode gaëllienne.
« La maison mina-machin vous exprimera toute sa gratitude pour ce cadeau. Mais sans vouloir abuser, il va lui falloir quelques cours pour connaître les règles du jeu ! »
Mina-machin ?
« Ben la façon dont Edna m’a appelé... »
Il regarda un peu autour de lui et ajouta de façon bien plus naturelle pour lui :
« Hé, tu connais la chaîne de volcans des Merynes ? »
Emilia écarquilla les yeux, étonnée de l’entendre mentionner ce nom.
Tu t’intéresses à la géographie Orzanienne maintenant ?
« Oui...ou...plutôt...à sa faune locale. » fit-il de façon énigmatique.
-Oh mes dieux ! s’exclama Emilia. Tu cherches les drakonys !
« Hé... » fit-il en haussant les épaules, montrant bien qu’on ne le changerait pas. « Faut bien que je commence à me renseigner, voir à quoi ça ressemble quand c’est en vie. Vos jets, là, ça survole bien les volcans ? »
N’y pense même pas ! ...mais je te montrerai des hologrammes plus tard, si tu veux, dit-elle en regardant machinalement son hollow.
« Allez... » fit-il, enjoué. « T’as jamais eu envie d’en voir un de près ?? »
Non. Cette planète compte un certain nombre de très grands prédateurs que je n’ai aucune envie de voir de près…
« Bon..bon...d’accord... » fit-il comme s’il abandonnait la question. Mais en vain…
« Donc vos engins aériens, c’est capable de survoler les volcans ? »
Tu n’abandonne jamais, hein ?
« Chez nous, il y a un dicton qui dit “qui n’ose rien, n’a rien”. J’aurai pas osé sous le ciel étoilé, j’aurai pas eu... »
Il eut un petit sourire sans terminer sa phrase.


La rencontre avec le magistère se fit à huis clos dans le petit salon. Un domestique leur servit boissons et petits fours avant de disparaître. Le notable était un homme d’un certain âge, vêtu élégamment, il semblait relativement à l’aise dans cet environnement, quoiqu’un brin nerveux en parlant à Emilia. Suëna était présente pour s’assurer du bon déroulement de la séance, ainsi que Dorian qui n’avait rien de particulier à faire ici si ce n’était profiter de la nourriture et de la présence de sa soeur.

Sombrelune, la cité royale cachée sous la montagne [Clive, partie 1) Atf10

Si le magistère évoqua la possibilité de faire une analyse génétique pour respecter les procédures et s’assurer de l’identité de la prétendante au trône d’Arcadie, une petite démonstration du pouvoir de la princesse le fit vite revenir sur sa position. Il regarda avec des yeux ronds la plupart des objets légers de la pièce léviter et conclut avec un petit :

-Bon retour parmi nous votre altesse.

Quelques documents signés plus tard, Emilia zeïn’ Eidolas était officiellement de retour parmi les vivants.

-Les objets qui décollent ça fait toujours son petit effet, plaisanta Dorian peu après le départ du magistère.

Ne sachant trop où se positionner, et vu la présence de la famille royale qui entourait son amie, Darren préférait se faire discret. Il avait ajusté sa veste et vérifié sa tenue avant l’entrevue dans le désir d’être impeccable dans sa présentation et ne pas faire tâche dans le décor. Mais les sièges étaient trop rapprochés les uns des autres selon lui. Il se sentait être rapidement de trop, comme un cheveux sur la soupe à peine toléré, et tenta de faire une analyse plutôt cohérente de la situation.
Si personne n’avait voulu de lui, on l’aurait laissé à la porte. D’autant plus qu’Emilia lui avait dit que le type ne se déplaçait pas ordinairement. C’était un beau gratin qui se trouvait là.
Pas défaitiste mais dans une optique humble et respectueuse, Clive choisit de ne pas s’installer avec eux. Il s’adossa contre le mur, un peu au fond de la salle, et observa silencieusement le retour officiel de la princesse.
Ca lui fit un petit quelque chose au coeur, mélange d’on ne sait trop quoi, en étant témoin de l’officialisation de son rang (et de sa grandeur) retrouvé. Autant de plaisir qu’un zest de tristesse. Par moment, il observait Dorian ou bien la reine, dans leurs comportements et leurs attitudes, pour essayer d’en prendre de la graine.

Par contre, c’était trop lui demander de rester impassible quand un bon morceau du mobilier se mit à léviter autour du vieux grigou. Darren ne pu s’empêcher de rire, aussi discrètement que possible, tout en constatant l’aval de cet homme si important. Qui pourrait bien se faire passer pour la princesse Eidolas sans le super pouvoir de faire voler les bottes ?!?
A la fin de ce retour bien symbolique, le soldat se décida enfin à se détacher du mur et séparer ses bras croisés. Il avait eu conscience, un brin tardivement, d’avoir joué les agents de sécu. Il ne lui avait manqué que l’oreillette discrète glissée à une oreille.
Le jeune homme ne prit pas la première place, ne pouvant qu’adhérer au commentaire de Dorian, lui laissant tout le plaisir d’interagir avec sa soeur, auquel il ajouta ensuite :
« J’ai bien cru faire une attaque cérébrale quand je l’ai vu la première fois ! »
-C’est impressionnant, hein ! Mais on finit par s’habituer, répondit le prince.
« Au bout de combien d’années ? » Demanda-t-il en levant un sourcil interrogateur, se voulant comique.
-Euh...
-Bien, une bonne chose de faite, coupa Suëna. Il est tard, allons manger.
-On dirait que j’arrive à temps ! s’exclama une voix grave depuis le pallier de la porte adjacente.

Le regard d’Emilia s’éclaira tandis qu’elle se retournait pour faire face à un homme de taille moyenne, châtain, le visage souriant.

- Père ! S’exclama-t-elle en se jetant dans ses bras.


Le rire du père et de la fille se mêlèrent tandis qu’il la faisait tournoyer dans les airs comme si elle ne pesait rien. Puis il la reposa pour mieux la regarder et lui posa toute sorte de question en l’examinant : allait-elle bien ? Était-elle blessée ? Avait-elle été bien nourrie ?
-Et voilà, toute la famille réunie. Si c’est pas beau... lança Dorian près de Darren, les bras croisés, un brin ironique.
Le militaire laissa un petit sourire amusé le gagner en retour.
« C’est un aboutissement. » Confia-t-il en observant la scène avec une modeste émotion. « C’est mérité. »
- C’est miraculeux dans tous les sens du terme, dit-il en observant la scène. Il fallait au moins une résurrection pour forcer chacun d’entre eux à interrompre ses activités pour se retrouver tous ensemble. Mais c’était plutôt cool.
« Ce sont pas vraiment mes affaires, votre altesse, mais par curiosité, votre famille avait-elle débuté ses funérailles ? »
Le regard de Dorian se voila douloureusement.
- Selon la loi, une personne disparue n’est officiellement déclarée morte qu’après six cycles… mais les circonstances ne laissaient guère de place au doute. Nous avons procédé à une cérémonie d’adieu.
Darren n’était pas habitué au langage soutenu. Il savait déjà ce qu’il voulait dire avec ses propres mots. Mais le traduire pour rester poli lui demandait un peu plus de temps. Il essayait de prendre son ami Jim pour exemple, de se rappeler de sa façon de parler, pour ne pas froisser le frère. Une fois les mots sélectionnés avec soin, il répondit.
« Excusez ma maladresse. » Murmura-t-il sans le regarder. « J’ai perdu ma soeur dans sa jeunesse. Je ne voulais pas rester ignorant de la douleur qu’a dû traverser votre famille. Je suis content que ce soit enfin terminé pour vous. »
- Vous êtes bien placé pour comprendre alors, répondit Dorian laconique.
Darren n’en rajouta pas davantage. Il resta là à regarder ces retrouvailles se produire. Emilia lui avait parlé de son père, l’homme qui avait séduit le coeur de sa mère par la musique...ainsi c’était lui...

Quelques minutes plus tard, après qu’Emilia ait réussi à rassurer son père et à lui faire comprendre qu’elle était de retour en un seul morceau et que tout irait bien désormais, le musicien et sa fille retournèrent près des autres. Aaron zein’ Eidolas se rapprocha alors de sa femme pour déposer un baiser sur sa joue et échanger un regard tendre avec elle. Puis il avisa son fils et lui fit une accolade avant de se tourner vers Darren et de le considérer avec curiosité. Qui pouvait bien être cet homme habillé avec élégance mais aux armes apparentes et physiquement si proche de son fils ? Les militaires de la maison restaient généralement à distance.

- Vous êtes un nouvel employé du domaine ? l’interrogea-t-il sans se départir de son air sympathique.
« Détaché temporairement au service de son altesse Emilia Zein. » Précisa-t-il avec un fin sourire. « C’est un honneur de vous rencontrer, Monseigneur, je m’appelle Darren Clive. »
Il hésita avant d’ajouter.
« Atlante. »
- Atlante ? Les sourcils de l’homme se froncèrent tandis qu’il paraissait chercher dans sa mémoire. Comme la chanson ?
Le rire de la princesse retentit.
- Non ça c’est zatlante !
-Ah bon...
Clive avait également sourit.
« Son Altesse Emilia’Zein sera peut-être heureuse de vous détailler la nouvelle chanson à la mode. » Tenta-t-il pour humour.
- -Oh allez Darren, ne soyez pas si modeste !
Il n’était pas vraiment à l’aise. Il avait devant lui toute la famille Eidolas et, ce qui lui revenait étrangement en tête à ce moment précis, c’était la nuit qu’il avait passé avec la fille. Il se surprit à espérer qu’aucun de ceux-là n’avait dissimulé le pouvoir de lire dans l’esprit ou un truc dans le genre. Aussi, il rencontra le regard de la princesse et y trouva son invitation à détailler un peu plus. Il acquiesça finalement, comme s’il était à ses ordres, et il l’était d’ailleurs…
« Je suis, comme ma communauté, un héritier du peuple des Anciens. Nous vivons sur la cité mythique, là où nous avons abrité et reçu Emilia Zeïn, le temps pour elle de se remettre et vous retrouver. Je me suis proposé pour accompagner son altesse jusqu’à son retour au sein de sa famille. »
Il sourit.
« Je suis heureux de voir que c’est fait. »
- - C’est exact. Darren va séjourner quelques jours ici jusqu’à la Floraison où une délégation atlante le rejoindra pour discuter plus en détails d’une possible alliance entre nos peuples, compléta Emilia.

Suëna acquiesça et ajouta d’un air neutre à l’intention de son mari, de telle sorte qu’il était difficile de savoir ce qu’elle pensait de la situation :

Ta fille souhaitait continuer à bénéficier d’une protection extérieure, ce jeune homme l’accompagne donc dans tous ses déplacements.
-Et ben… quelle histoire ! Une cité mythique vous dites ?
- Et si on allait parler de tout ça en mangeant ? lança Dorian qui, malgré sa curiosité, commençait à sentir son estomac gargouiller.

Le petit groupe finit par prendre doucement le chemin de la salle à manger. C’était une salle taille moyenne, cosy, qui, à l’instar du reste du domaine, respirait la végétation. Le couvert avait été mis avec une assiette en plus pour Darren (Emilia avait donné des consignes aux domestiques). La jeune femme montra à Darren où prendre place et chacun s’installa. Il n’y avait pas eu de protocole marqué, ce qui aurait été le cas en présence d’autres invités gaëlliens. Les Eidolas mettaient de côté, quand ils le pouvaient, les rituels longs et pénibles qui accompagnaient les zeïns tout au long de leur vie. Ce soir il n’y avait qu’une famille, simple, désireuse de partager un bon moment. Bien sûr, le comportement verbal et non verbal de chacun, la qualité du mobilier et des décorations sur la table et le passage régulier des domestiques étaient là pour rappeler le rang social des hôtes de la maison.

Un serviteur entreprit de servir à boire pour ceux qui le voulaient : de l’eau ou du vin. Il s’éclipça ensuite pour revenir servir les entrées : de la salade verte, quelques légumes et un peu de charcuterie, le tout dégageant une forte odeur d’épices.

Darren n’allait pas refuser l’idée de se restaurer. Il trouvait le père très aimable et accueillant pour un roi, ça collait assez bien à l’image que lui avait dépeint Emilia en parlant de lui. Un homme du peuple, excellent musicien, qui avait gagné le coeur de la volcanique Suena Eidolas. Mais sous cet air charismatique, qui donnait envie de se livrer, Clive suspectait son habilité dans les interactions et les manoeuvres politiques. Emilia n’était déjà pas à plaindre sur le sujet mais il avait tendance à se méfier dès qu’il abordait le détail.
Du coup, le frangin fût d’une aide miraculeuse quand il offrit cette diversion.

Le roi et la reine. Ces deux-là étaient de nouveau dans le cercle de façon régulière. Darren se sentit contraint d’être deux fois plus prudents dans ses réactions et ses réponses. Et surtout ! Dix fois plus prudent sur l’interaction qu’il pouvait avoir avec la princesse.
En d’autre termes : il ne devait pas se viander !

Le soldat suivit docilement la petite troupe en gardant volontairement une certaine distance entre lui et la jeune femme. Il apprécia pendant un petit moment la décoration puis sentit une petit angoisse poindre en lui au moment d’attribuer les places. Ok, c’était déjà un soulagement de voir que son couvert avait déjà été compris. Mais s’il se retrouvait isolé entre la reine et le roi, ça n’allait pas le faire, surtout s’il se faisait cuisiner sur Atlantis.
Deuxième aide miraculeuse en moins de vingt minutes, Emilia lui désigna sa place et s’installa à ses côtés. C’était inespéré.
« Tu connais la technique du coup de pied sous la table ? » chuchota Darren sans trop se pencher vers elle pour ne pas paraître familier.
- - Ca fait mal ? plaisanta Emilia en chuchotant à son tour.
« Oh, heu...ça c’est toi qui voit. C’est si je raconte une connerie et que je dois me taire, tu m’envoies un coup... » Il se racla discrètement la gorge avant d’ajouter. « J’espère que tu vises bien... »
La jeune femme le gratifia d’un sourire en coin.
Darren adora cette expression. C’était pratiquement la promesse de le découvrir sur le terrain à ses risques et périls. Et il en était fan, lui, du risque et du péril.
En prenant sa place, il ramena son fusil à pompe entre ses jambes en espérant ne pas être vu et ajusta le pan de sa veste par-dessus. L’odeur de la bonne nourriture artisanale lui mit littéralement l’eau à la bouche. Son ventre en gronda.
« Eléonore a sévi on dirait... » Plaisanta-t-il.
- Et encore, c’est de l’improvisé, rétorqua Dorian. Après tout la famille n’était pas censé être au complet ce soir, la cuisinière avait certainement dû bricoler quelque chose à toute vitesse. Mais cela passait un peu au dessus de la tête du prince, pour lui tout ce qui comptait était d’avoir une assiette pleine quand il le voulait, la manière de la remplir et les difficultés rencontrées importaient peu.

-Alors… où en étions-nous ?
« Nous en étions au sujet de l’hospitalité. » plaisanta à moitié Darren. « Je vous remercie pour la vôtre, d’ailleurs, Edna fait des merveilles. »
- J’ignorais qu’Edna était propriétaire de ce domaine, répondit Suëna en arquant un sourcil.
- -Il parle des vêtements que tu lui a offert, mère, contre-attaqua aussitôt la princesse en abandonnant le vouvoiement.

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Ven 5 Avr - 14:48

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Soldat Clive



Dorian soupira et planta sa fourchette dans un légume orange.
Le soldat n’avait pas encore touché à son assiette, relevant le ton de la reine. Depuis qu’il était arrivé, elle avait ce côté un peu sec mais il ne se formalisait pas. Après tout, il pouvait très bien être perçu comme un parasite pour certains membres de la famille. Ou comme un chien perdu que la gamine avait ramené à la maison en promettant de le libérer le lendemain. Ce léger manque d’égard, si c’en était un, n’allait pas le vexer. Dans le fond, il comprenait.
Un bon paquet de monde dans cette baraque devait se demander ce qu’il foutait encore là. Darren préféra ignorer soigneusement tant la reine que le frangin, se disant que c’était mieux de ne pas rebondir. La réponse d’Emilia ne le rassura qu’à moitié. Est-ce qu’elle le défendait là ? Ou remettait-elle son compliment dans le contexte ?

- Hum hum, c’est un plaisir. Mais dites moi donc, vous et Emilia êtes…. ? Amis ? S’enquit Aaron.

***Tout à fait, beau papa, relax, il y a que dale ! Juste une tite visite nocturne inopinée.*** Avait-il songé étrangement sur l’instant.
La seconde d’hésitation le poussa à contrer illico avec tous les moyens à sa disposition pour être sérieux.
« Un simple garde. »
Pour ne pas dire clairement un tarkis, un bouseux à la table des rois.
« J’ai partagé ma culture à Emilia Zeïn et elle me partage aujourd’hui la sienne. Comme un échange, le prémisse sur lequel va surement se construire cette future alliance. »
Darren songea qu’il s’avançait peut-être un peu et rectifia par un petit :
« Si elle se fait... »
- Envoyer un soldat, c’est une manière originale d’établir un premier contact, constata le père sans animosité. Il cherchait simplement à mieux situer la personne qui se trouvait en face de lui.
- - Le soldat Clive a omit de préciser que c’est moi qui ait demandé une escorte atlante. Tu dois savoir que les démons ne sont pas mes seuls ennemis… c’est une présence rassurante.
- Hum, oui je sais. Avec tout ce qui se passe i...…
Aaron sursauta et s’interrompit brusquement pour regarder sa femme qui le toisait durement. Quelqu’un d’un peu observateur pouvait imaginer que Darren n’avait pas l’exclusivité de la technique du “pied sous la table”. Emilia leur lança un regard interrogateur en sentant qu’ils lui cachaient quelque chose.
- Je veux dire qu’il vaut mieux pécher par excès de prudence que par manque.
- Vous avez donc “partagé votre culture” à Emilia ? enchaîna Suëna.

Clive n’avait pas répondu à la suite. Il avait bien remarqué cet échange de regard entre les parents mais n’avait pas compris que sa technique était utilisée. La salade à moitié machée dans la bouche, excellente d’ailleurs, il s’empressa d’avaler tout ça pour répondre à la suite de l’interrogatoire. Il s’en amusait, à marcher comme ça sur des oeufs, et à faire des efforts démesurés pour ne pas sortir un “ben ouaiiis” bien gras et bas de plancher. Il ressentait encore pas mal de reconnaissance pour le soutien de la princesse et, surtout, ce qu’il prenait pour un compliment. C’était un brin gênant. Mais c’était aussi tellement bon à entendre. Il était une présence rassurante...
« Après ses soins, j’ai été affecté à son escorte sur la cité. Je me suis improvisé guide et ai permis à son altesse de visiter à sa guise. Connaître les mets Atlantes par exemple, ou les entreprises de ses membres, pour qu’elle puisse déterminer librement l’avis qu’elle se ferait de nous. » Mentit-il honteusement.
- Et si on arrêtait les politesses un peu ? Je crois qu’on mérite de savoir ce qui t’es arrivé ces trois derniers cycles…Bons dieux nous t’avons cru morte emy !!! explosa soudain Dorian. Ne me dis pas que tu étais dans cette cité pendant tout ce temps !

Emilia Zeïn'Eidolas


Un gros silence gênant emplit soudain les lieux. La princesse avait les yeux braqué sur son assiette et la main crispée sur sa fourchette.
Darren se sentit concerné. Ne sachant trop pourquoi, dans un mélange de volonté entre la protection d’Emilia et le retour de l’ascenseur, il hasarda un regard vers elle. Elle n’avait pas l’air de vouloir répondre et il comprenait tellement. Elle n’était pas venue compter l’histoire de son calvaire le premier jour de son retour. Quelque chose au plus profond de ses tripes lui donnait des envies d’action splendides. Il l’aurait placé derrière son dos pour la protéger, non en victime faible, mais parce qu’elle méritait tellement de profiter de sa famille sans avoir à revenir sur sa longue errance. Il ne pouvait pas rester muet. Et il n’avait pas peur de mettre les pieds dans le plat pour se frotter un peu au frangin.
« Sa survie devrait être le plus important, non ? »
Le soldat reposa sa fourchette et il reprit en espérant adopter le ton le plus diplomate possible.
« Quand quelqu’un arrive chez nous, mes patrons leurs donnent un statut de réfugié. Ils soignent, offre l’hospitalité, ils envoient une équipe sur la planète où il y a eu problème, et ensuite, ils vérifient que le réfugié peut rentrer chez lui en toute sécurité. Ca prend du temps tout ça...on est pas loin des trois cycles...du moins si on oublie les politesses. »
- -Suffit Darren… j’apprécie votre aide mais le mensonge n’est pas la voie.

“Suffit” avait dit la princesse. Un gros “ferme ta gueule” lui raisonna dans la tête par traduction et il se concentra sur son assiette, préférant laisser la famille royale régler ses affaires. Il n’était pas vexé, surtout qu’elle savait y faire question diplo pour le remercier au passage, mais il regrettait de ne pas avoir pu l’aider mieux que ça. Mais quelle ambiance ! Il fallait espérer que ça s’apaise après que l’abcès soit percé.

Emilia prit le temps de mâcher un morceau de salade avant de répondre :
- -Je ne suis restée que quelques jours sur Atlantis pour me remettre d’aplomb. Le reste du temps s’est divisé entre séjour sur la ruche et course d’endurance. Je ne pouvais pas rentrer et je t’ai déjà dis pourquoi.

-Mais tu aurais pu nous faire juste un signe et…
- -Et crier ma position à l’ennemi humain. Ce n’était peut-être pas le bon choix, peut-être que j’aurai dû revenir directement ici, mais il fallait prendre une décision et je l’ai prise.
-C’est pas juste ! S’exclama Dorian affligé.
- -La vie ne l’est pas. Je sais que tu m’en veux Dorian… s’adoucit la princesse en captant le sentiment d’impuissance qui rayonnait chez son frère. C’était un beau foutoir dans son cœur et elle avait du mal à savoir si son ressentiment était dirigé contre elle ou s’il exultait contre autre chose.

-Non… Oui, je suis en colère. Mais…

Aaron posa une main bienveillante sur l’épaule de son fils.

– C’est terminé maintenant, les choses vont rentrer dans l’ordre. Emilia, souhaites tu nous raconter des anecdotes de ton aventure ?

La princesse considéra le roi consort avec une moue blasée. C’était bien son père ça : toujours chercher le positif et l’épique plutôt que de se morfondre. Un vrai barde !

- -Hm… il y a bien cette fois où j’ai fais sauter un wraith avec une bombe artisanale…

Trois paires d’yeux incrédules se braquèrent soudain sur elle.

- -Ben quoi ?
« J’veux l’entendre cette histoire ! » Fit Darren, les yeux brillants.

Emilia soupira. Elle n’avait pas particulièrement envie de se vanter de ses exploits, surtout devant un soldat comme Darren qui avait du tuer de nombreux wraiths de manière beaucoup plus impressionnante mais bon… elle avait fait exprès de lâcher quelque chose de gros pour que son frère arrête de penser au pire et envisage la partie « sympa » de l’histoire et ça avait l’air de marcher. Maintenant ils voulaient des détails.
… et Darren aussi. Sérieusement, le militaire aussi voulait entendre un récit de guerre ?

- – C’est arrivé plusieurs fois en fait. Quand j’ai pris la décision de rester loin d’Orzan j’ai du être très inventive pour survivre. Heureusement, j’avais quelques connaissances en botanique et en chimie, j’ai réuni des matières premières et j’ai commencé à fabriquer des pièges, des fumigènes, des explosifs… c’était un peu comme les
pochettes surprises, ce n’était pas toujours très concluant mais parfois ça faisait de gros BOOM.

Le soldat parut gêné un moment.
« Heu... »
Il regarda brièvement les autres interlocuteurs avant de les oublier volontairement.
« Donc le Wraith tronc qui a été récupéré dans les branches par les copains, c’était toi ?!? »
- – Euh… sur la planète où Lays et Sandon m’ont secourue ?
Darren hocha frénétiquement la tête. Embarqué dans cette odieuse diversion, il avait jeté les règles de politesse à la baille et oubliait littéralement les spectateurs.
« Ben tu sais que les gars y sont retournés. Y’avait du bruit et ils ont trouvé un Wraith cul de jatte pendu à un arbre. Il a surement du faire la fusée avec ton paquet surprise... » Expliqua-t-il.
- – Ah… et bien oui, ça doit être moi... répondit-elle un peu mal à l’aise. D’abord parce qu’un atlante avait perdu la vie dans cette explosion et ensuite parce qu’elle sentait que sa famille avait réagi au tutoiement soudain de Darren.

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Sam 4 Mai - 20:02

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« Je ferais taire les rumeurs alors... »
Il y avait eu pas mal d’hypothèses assez originale sur la façon dont le Wraith s’était retrouvé là. En migrant vers son assiette, il rencontra le regard de la famille royale et, surtout, leur silence oppressant. Forcément, Darren sentit que ce n’était pas sain et l’inconfort de sa situation l’amena à se braquer un peu.
« Oui ? » Demanda-t-il avec une légère insolence, comme s’il voulait leur demander s’ils comprenaient que le spectacle était fini. Il n’oubliait pas à qui il avait à faire cela dit. Mais...pourquoi ce silence insistant ? Et ces regards ? Emilia était une putain d’héroïne tenace, elle méritait les félicitations selon lui.
- Et… il était en encore en vie ? demanda Dorian, plus troublé par le récit que par le manquement aux règles de politesse.

Suëna, elle, appréciait un peu moins ce manquement. Cela dit, cela corroborait l’une de ses théories sur sa fille et cet énergumène qu’elle avait ramené sur Orzan.
De son côté, Aaron était partagé. En tout cas, vu le naturel de l’échange qui venait d’avoir lieu, l’excuse du simple garde du corps venait de fondre comme neige au soleil. Il ne s’en formalisait pas plus que ça. Tant mieux si sa fille nouait des amitiés avec des étrangers, surtout s’ils venaient du peuple. Cela ne lui faisait pas de mal de sortir un peu de sa bulle de zeïns.
« Les Wraiths sont très résistants. Ca dépend s’ils ont mangé ou pas... » lui expliqua Darren sans se rendre compte du jugement des parents à son égard. « Mes collègues ont eu le temps de le décrocher mais il a eu un “accident malencontreux” à l'atterrissage. On peut dire que celui là ne fera plus de victimes innocentes. »
Et accessoirement, un vampire de moins sur la conscience d’Emilia.
- – Quel dommage...
- Qu’avez-vous fait du corps ? demanda Suëna.
« On les étudie. Toujours. » Répondit Darren.
Il avait envoyé une petite oeillade discrète, du moins l’espérait-il, à ce “quel dommage” qui lui semblait plus tenir du “bien fait” que d’autre chose.
« On apprend à les combattre en prenant en compte leur capacité de guérison accélérée. Les scientifiques ont vachement bien travaillé. Quand on est bien formé et qu’on fait face à un Wraith, il y a des signes et des repères visuel. Ca détermine s’il est bien nourri ou pas et on vise en conséquence. »
Il était lancé. C’était son terrain ce sujet là et il ne fallait pas être Einstein pour utiliser ce principe.
« Un sbire bien nourri, c’est plus utile de le coucher. Il ne faut pas s’acharner. On prend l’objectif et on décampe, c’est trop risqué sinon. Mais un Wraith fatigué, on peut le terminer en touchant ses organes vitaux. En le blessant plus que son énergie vitale ne lui permet de récupérer. »
-Et ces points vitaux sont les mêmes que ceux des humains ?
Emilia acheva de terminer son entrée, satisfaite de voir la tournure que prenait la conversation. Sa mère était en train de prendre conscience, si ce n’était pas déjà fait, du savoir des atlantes à propos des wraiths. La preuve, elle commençait à tirer les verres du nez à Darren.
D’ailleurs il le savait, on ne lui demandait pas ces informations juste pour le faire mousser ou bien voir, alors qu’il avait le droit un petit fond de dédain de la part de la reine depuis son arrivée. Il lui était plus facile de répondre à Emilia, c’est sûr, mais c’était un sujet intéressant pour tout le monde.
« Hm hm » fit-il négativement. « Nous on se prend une balle dans la tête ou le coeur, c’est terminé. On case trente cartouches dans la face d’un Wraith bien portant, la minute d’après il est sur pied. »
Il posa son index sur certains points particulier de son corps, notamment dans un coin particulier des biceps.
« Ils ont peut-être une forme humanoïde mais ils ont des trucs en plus. On appelle ça des “poches à enzymes”, ici...et là, ici. »
Il acquiesça, sûr de son coup.
« Première chose à faire, c’est de les percer, il perd la moitié de ses facultés de régénération. Et ensuite, tu vises le coeur, la tête. Mais nous, généralement, on commence par les genoux pour qu’il ne se relève pas trop vite. »
Darren eut un petit sourire en n’allant pas plus loin. Il ajouta simplement, presque fier de ce qu’il allait dire :
« Si nos peuples s’allient, vous pourriez avoir accès à ces informations. Même la coupe anatomique des Wraiths. Un originel, c’est comme ça qu’on appelle les Wraiths aux cheveux blancs, il est fait encore différemment. »
- Si cet accord se conclut je serai la première à disséquer ces monstres pour regarder ce qui se cache dans leurs entrailles, répondit Emilia.
« Je comprends. Nous ça fait un moment qu’on s’y met et il y a encore des trucs qu’on comprend mal chez eux. C’est pour ça qu’on récupère les corps autant que possible. Ils ont plus de dix milles ans d’existence ceux-là ! »

– Dix-mille ans c’est peu de chose au regard du développement de l’humanité. Cela dit… il est vrai que vos connaissances sont intéressantes.
– Mais je ne comprends pas… vous combattez ces monstres ? s’exclama Aaron, un peu largué. Puis son regard s’éclaira. Oh!
- Ah… ça y est, tu as compris ? Ricanna Dorian.
« On ne rencontre pas des peuples comme la Gaëllie en restant caché derrière ses murs. » Ajouta Clive avec un petit sourire pour ponctuer la prise de conscience.
-Vous êtes ce peuple qui a réveillé les wraiths ! s’exclama Aaron très spontanément.
Un fin sourire se dessina sur les lèvres de la reine qui s’amusait de la naïveté de son époux.
Discrètement, un domestique récupéra les assiettes vides sur la table, remplit les verres et s'éclipsa.
« ”Accidentellement” réveillé ! » Corrigea Clive en levant le doigt. « On était simplement venu leur dire que nos copains étaient indigestes quand ils nous les ont prit et il a fallu que l'hôtesse envoie le signal à toutes les ruches. »
Il secoua la tête, un peu gêné de se justifier au nom des Atlantes.
« N’importe quel militaire courageux serait tombé dans le même panneau. »

– N’empêche, vous avez fichu un sacré boxon.
– Ce qui est fait est fait. Mieux vaut se projeter dans le futur que dans le passé. Une alliance pourrait, en effet, se révéler fructueuse pour les deux partis.
« Je le pense aussi. Mais ce sera à voir avec la délégation...heu...la floraison, c’est ça ? »
- La fête du printemps. Savez-vous pourquoi nous l’appelons Floraison ?
Le serviteur revint dans la pièce avec son petit chariot pour déposer les assiettes sur la table. Un morceau de viande avec une sauce rouge et une purée d’un violet criard.
« Eh bien... » fit-il en se laissant servir et faisant marcher sa cervelle. « Vous avez une flore qui est belle, en couleur, mais un peu terne. Sûrement à cause de la saison. Je n’ai pas vu d’arbres dépouillés...alors je dirai...un changement soudain de la coloration de la nature qui marque votre saison du printemps. Et vous le fêtez... »
– Il n’est pas loin ! s’exclama Dorian en passant une main dans ses cheveux pour se recoiffer. Un geste machinal qu’il faisait de temps à autre.
- Les yästries sont des arbres très particuliers. Quelques soient les conditions météorologique et géographique, ils fleurissent une fois dans l’année à jour et heure fixe. Tous en même temps. Ils sont devenus le symbole de l’arrivée du printemps.
« Presque... » S’était-il dit, regrettant de ne pas avoir fait la bonne déduction. « Les patrons vont adorer ça, ils aiment bien les couleurs... » Moqua-t-il légèrement.
- -C’est un spectacle envoûtant.
– Très poétique.

Il eut un petit élan malicieux et il ajouta :
« Et les drakonys ? Ils vivent la Floraison comment ? »
- -Désolé… les yästries ne poussent pas près des volcans.
« Ah...dommage. »
Il ria silencieusement, un rictus agréable lui déformant la bouche alors qu’il testait la texture de sa purée avec la fourchette. Il goûta cette dernière et son regard s’éclaira. C’était délicieux, fait maison, fait main, avec des légumes qui le goutaient pas aux pesticides. Non pas que c’était le cas sur Atlantis mais, là, il sentait qu’il allait se régaler.

Le repas se poursuivit au gré des conversations et Emilia fit le récit de certaines de ses expériences avant d’interroger ses proches sur l’actualité. Le dessert arriva tandis que Dorian entreprenait de décrire les améliorations qu’il était en train d’apporter à Mayura. A bien l’entendre, il semblait qu’ils étaient en train de parler d’un être humain, et pourtant, il en ressortait des notions de programmation.

Le militaire se régalait mais il évitait de laisser mauvaise impression. Il écouta les échanges sans se montrer trop intéressé. Il se demanda un instant pourquoi ils parlaient de ces sujets devant lui. D’un côté, il doutait fortement avoir gagné leur confiance au point de connaître les petits secrets de la famille. Et de l’autre, si ce n’était pas un test pour voir s’il allait tout répéter comme un brave toutou au CODIR. Cette notion de programmation et d’humain alimentait son esprit en scénarios. Tous plus fous les uns que les autres. Mais au lieu de demander ouvertement une explication, Darren relégua ça dans un coin de son esprit.
Rien ne l’empêchait de poser la question à Emilia, entre quatre yeux. Elle saurait lui dire avec une diplomatie plus agréable qu’il n’avait pas à s’en mêler.

-Je comprends mieux pourquoi elle ne se manifestait pas, lança Emilia. Ca fait un vide.

Une fois le repas terminé, Aaron proposa à la famille d’aller s’installer dans le salon de musique et Emilia accepta avec enthousiasme. D’abord parce qu’elle mourrait d’envie de reprendre pied avec son instrument de prédilection et ensuite parce que cela lui permettait de continuer à profiter de la présence de son père avant que chacun ne retourne dans ses quartiers.
« Un salon de musique ? » Demanda Clive, le regard brillant. « Avec vos propres musiciens ou vous exercez aussi cet art ? »
Bon, en réalité, il adressait davantage la question à Emilia. Mais pour éviter le côté trop “proche” et ne pas laisser les autres sur la touche (que c’était dur de trouver un juste milieu de comportement !!) : il préférait poser la question de façon générale.
– Il y a assez de musiciens dans cette maison, plaisanta Aaron. Il n’y a que nous ce soir.

Clive sourit.
Oui, c’est vrai que le père était musicien. Emilia le lui avait dit et, comme un idiot, il avait omis de s’en souvenir au moment où il posait la question. Est-ce que Aaron allait leur faire une petite soirée en musique ? Le soldat avait hâte, étant un guitariste en herbe, mais aussi désireux de découvrir les instruments de la Gaëllie.

« J’ai hâte d’entendre ça ! »
– Mouais, je crois que je vais vous abandonner ici, lança Dorian.
« Ah ? » Répondit aussitôt le soldat en le regardant. « Je peux aussi m’éclipser pour permettre à toute la famille de se retrouver. Loin de moi l’idée de gêner les retrouvailles en faisant l’intrus, votre altesse. »
– Non non, peu importe, répondit-il en balayant l’air de la main. J’ai du travail si je veux redresser Mayu’.
Un prétexte pour s’échapper peut-être mais il n’avait plus tellement l’habitude de jouer à la famille modèle et unie. Rester aussi longtemps avec les uns et les autres manquait presque de naturel.

Darren le fixa un instant. Il ne savait toujours pas ce qu’était Mayu, le programation ou le sujet qui était passé sur la table. Mais c’était tellement grillé qu’il lui aurait bien envoyé April ou Max pour lui réapprendre à embobiner le monde. Le soldat espérait vraiment qu’il ne faisait pas fuir le frangin, surtout par dédain ou inconfort, parce qu’il restait dans le groupe. Ca ne le gênerait pas ordinairement. Mais il trouvait ça quand même bizarre, après autant d’absence d’Emilia, une journée et c’était déjà la poudre d’escampette.

Clive ne jugeait pas le comportement. Il ne savait rien de la famille Eidolas et de leur relation. Surtout qu’il avait reconnu être en colère contre son amie. Mais c’était étrange comme comportement selon lui. Alors il préférait ne pas s’attarder dessus, juste attendre de voir si c’était bien lui le problème ou une toute autre réalité qui lui échapperait.

Emilia se glissa derrière Dorian et lui tira l’oreille.
- Aïe aïe aïe !
- Prends ta tablette si tu veux coder mais reste avec nous.
- Mais...
Emilia tira plus fort.
- Mais aïeeeeeuh ! Arrête ! Tu vas me l’arracher ! … D’accord d’accord, tu as gagné je reste !
La princesse relâcha la pression.
- Sorcière ! maugréa Dorian en massant sa peau meurtrie.
- A ton service petit frère !

Le prince fit une grimace. Il tint néanmoins parole et ramena sa tablette pour travailler alors que tout le monde s’était installé dans le salon de musique.

Il s’en était fallu de peu que Clive éclate de rire en voyant cette scène. Un peu touché dans le fond de ses tripes parce que ça lui faisait penser à la relation qu’il avait avec sa soeur autrefois. Mais il trouvait ça tordant et agréable. A une distance inimaginable de la Terre, dans une autre monde, une autre culture, une autre façon de penser et de vivre, on pouvait trouver la même chose. Le relationnel humain, familial.
Darren lança un regard amusé au frangin.
« C’est donc la soeur qui commande... » Blagua-t-il.
- Ne vous laissez pas avoir par son jolie visage… c’est un monstre ! s’exclama t-il.
Il rigola cette fois, sans retenue. Il leva un peu le ton pour qu’Emilia puisse l’entendre.
« Le conseil arrive un peu tard, je le crains ! »
L’intéressée tourna légèrement la tête et fit un mouvement de tête l’air de dire “et ouais, sois pas deg!”.

Le salon de musique portait bien son nom en ce sens qu’il était à la fois confortable et musical. Plusieurs instruments de musique de différentes tailles étaient agencés de ci et là et plusieurs sofas étaient disposés pour que l’on puisse s’installer confortablement pendant que d’autres jouaient. Darren poussa un “wow” surpris et se détacha du groupe pour observer les instruments. Ils étaient magnifique, luxueux, d’autres plus modestes. Il y en avait même un qui ressemblait à une guitare. Le regard rond, le soldat s’en empara et tenta de la porter à sa façon, comme il le faisait avec une guitare classique sur Terre.
Ce n’était pas du tout la même chose, pas le nombre de corde, et manifestement pas la même façon de la tenir. Au final, c’était un violon extraterrestre ce truc ?
Darren y fit glisser ses doigts et explora les notes à l’oreille. Il trouva bien vite un ou deux accords et, le massacre du début, devint peu à peu quelque chose d’acceptable.
« La Gaëllie va faire des jaloux chez nos musiciens !!! Il est sympa cet instrument ! »

De son côté, Emilia s’était rapprochée de ce qui ressemblait de beaucoup à un piano et regardait l’instrument d’un air langoureux.
– Ah oui ? demanda la jeune femme.
« Et comment ! » Il remarqua son expression. « T...Vous m’accompagnez ?!? »
– Je ne vous savais pas musicien, Darren.
« Je ne vous savais pas musicienne, Emilia Zeïn ! » Répliqua-t-il aussitôt, excité comme un gosse.
– Bien sûr que si, répondit-elle à ce petit brin de mémoire courte avant de s’installer derrière le piano et d’en caresser les touches.

C’était un vrai bonheur de renouer avec son instrument.

– Je vous suis, lança t-elle, prête à improviser.

Il rechercha aussitôt les accords permettant d’avancer les premières notes de “Seven Nation Army”. Et dès qu’il les découvrit, il leva un regard amusé vers son amie pour en jouer le début au travers de quelques fausses notes bien senties.
« Rock’n’roll ! » Envoya-t-il à la volée.
Et il commença à jouer avec un rythme un peu plus soutenu, évitant de s’arrêter sur les fausses notes qu’il faisait régulièrement et les cordes en trop où il s’emmélait parfois les doigts.

D’humeur joueuse, Clive se balada pas très loin de la princesse tout en jouant. Il finit par passer devant son piano, de sorte qu’elle ne puisse voir que le haut de son corps, et il mima la descente d’un escalier tout en descendant en rythme dans ses notes. Le voyant faire, Emilia accéléra le rythme. Clive remonta son faux escalier en réponse et grimaça en tentant de soutenir le nouveau tempo. Il braqua son regard sur elle, lui demandant silencieusement si elle voulait la jouer comme ça, et il se noua les doigts dans les cordes. La mâchoire serrée, il relevait le défi en partant dans une surenchère qui, fatalement, l’aménerait à l’échec. Il aurait dû venir avec sa propre guitare au lieu de son fusil à pompe ! Mais il tint bon en cherchant à faire monter de nouveau accord.
Une nouvelle mélodie vint les rejoindre avec un troisième instrument, le père d’Emilia venait d’entrer en scène en ajoutant quelques percussions. Clive le salua d’un signe de tête entendu et tenta de faire cadrer ses accords en rythme avec la mélodie d’Emilia et les percussions. Au bout d’un moment, il hasarda un regard du côté de la reine. Il se demandait si son regard avait changé. Pas sur lui, bien entendu, mais sur le père qui l’avait séduit avec ses instruments. Il était curieux de savoir si la musique de son époux avait tendance à l’assouplir un peu.
La reine s’était lovée sur un canapé et regardait le spectacle avec un sourire bienveillant. A cet instant elle paraissait sincèrement heureuse, ses traits avaient perdu de leur dureté. Voir sa fille de retour et sa famille réunie à cet instant avait quelque chose de magique. Les dieux avaient peut-être entendu ses prières...

Encouragé par l’échange musical et le côté étonnamment humble du père Eidolas, Clive fit un jeu de jambes connu dans le monde du Hard Rock. Tous ceux qui écoutaient de l’ACDC ne pourraient se tromper, il s’agissait du “walk duck” dont Angus restait le maître incontesté.
En ayant accroché le regard du paternel, le soldat se plaça à ses côtés pour lui apprendre le geste tout en jouant, amusé par cet échange irréaliste.
Walk Duck D'Angus.
Amusé, le paternel se prêta au jeu, avant d’envoyer ses baguettes en l’air, de les réceptionner et de crier un “wohooo”. Emilia éclata de rire : ils faisaient la paire tous les deux ! Dorian continuait à taper sur sa tablette en jetant un oeil de temps à autre avec un sourire amusé, quant à Suëna, elle observait son invité avec curiosité, se demandant si son comportement était représentatif des atlantes de sa condition. Ils jouèrent ainsi un moment avant qu’Emilia ne finisse par bailler. Elle souhaita une bonne nuit à tout le monde et s’éclipsa pour rejoindre ses quartiers. Darren souhaita aussi bonne nuit en la laissant filer, sans faire d’histoire, en ayant un début d’idée en tête. Une fois sa toilette faite, Emilia savoura son tout premier instant d’intimité depuis son retour chez elle. C’était tellement agréable ! Elle fit le tour de sa suite, s’attardant sur les détails avant d’activer le plafonnier qui générait un hologramme de ciel étoilé très réaliste. Puis elle se saisit d’un livre et décida de bouquiner un peu avant de dormir… mais le sommeil ne tarda point et elle se sentit sombrer peu à peu.

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Sam 4 Mai - 21:41

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Soldat Clive


Bon, on peut dire que la journée avait été sacrément remplie. Il y avait eu tant de choses à découvrir, à intégrer, à mettre en pratique, que Darren avait l’impression d’avoir subi un lavage de cerveau. Il ne le regrettait pas cela dit. Le rapport qu’il pourrait écrire de son expérience pour le CODIR ferait des dizaines de pages même si l’écriture n’était pas son fort. C’était plaisant tout ça. Et il avait pas mal de reconnaissance envers Emilia qui lui accordait de son temps et de l’attention. Lui qui pensait ne devenir qu’un simple “suiveur” en retrait s’était retrouvé catapulté dans l’expérience pure de cette nouvelle civilisation. Ca lui donnait des envies de concourir pour faire dans l’exploration.

Après...il était évident que ce n’était pas désintéressé. Les Gaëlliens montraient aux Atlantes qu’ils étaient capable de bien traiter un de leurs visiteurs. C’était aussi une affaire diplomatique entre grands pontes. Clive était du genre naïf mais pas à un tel point. Il en retirait simplement son intérêt, son épingle du jeu, tout comme Emilia. C’était d’ailleurs un procédé similaire lorsqu’ils avaient partagés 48 heures ensemble sur la cité.

Débarrassé de ses fringues transpirants le luxe, Darren se rhabilla de son uniforme et eut l’impression de revivre. Il referma son gilet tactique, revérifia ses armes, endossa son sac puis il quitta sa chambre. Le soldat se rendit vers celle d’Emilia sans la moindre gêne, il croisa des gardes en patrouille qu’il évita consciencieusement mais sans adopter d’attitude louche. D’ailleurs, les armes étaient bien rangées et pas à portée de main. C’est juste qu’il l’avait suffisamment perdue de vue comme ça.
Il y avait bien un truc qui pouvait foutre un bazar entre les deux pays mais il s’en moquait bien. Le soldat parvint devant la chambre de la princesse et posa sa main sur la poignée, l’ouvrant doucement avant de s’y engager.

Il referma doucement derrière lui, respectant le silence le plus minutieux, puis observa l’intérieur. C’était une suite complètement dingue. Des hologrammes sur les murs donnaient un paysage à couper le souffle. La nuit étoilée était soit représentée, soit retransmise, affichée sur le plafond. A l’intérieur, une immense bibliothèque qui rappelait que la princesse était une tête puis son bureau, une table basse.
Clive nota tout de suite le nombre de fenêtres qui donnaient sur une terrasse et la présence de trois portes. Il n’avait pas pu bien étudier les lieux avec Edna et sa passion du tout-clinquant mais il trouvait que cet endroit était un peu trop...accessible. L’homme s’était immobilisé depuis un petit moment déjà, il trouva un endroit convenable pas trop loin du lit de la princesse qui pourrait lui permettre de surveiller autant les fenêtres que ces portes d’entrées. Mais ça faisait beaucoup sur le coup.

En approchant lentement, ne sachant pas vraiment si Emilia était toujours éveillée ou non, Darren récupéra le fauteuil du bureau et le souleva pour le positionner sur son poste d’observation. Il s’interrompit tout de même, plutôt surpris, en découvrant une fontaine murale ainsi qu’un nombre important de plantes vertes. Au moins, la course de la princesse avec les Wraiths au train ne l’avait pas dégouté du vert, c’était une bonne chose.
Se voulant toujours discret, Clive entreprit de positionner le siège à cinq ou six mètres du lit, contre un mur, avec la vue dégagée sur le reste de la suite.

Il s’inquiéta du fait qu’il y ai une lumière allumée sur la table de chevet. Darren pinça des lèvres puis retira son sac pour le poser sur le sol. Il tourna finalement son regard en direction du lit, s’y refusant au début puisqu’il ne savait pas comment était la princesse, mais la découvrit endormie avec un livre entre les mains, reposant sur son ventre. Un large sourire le gagna sur l’observation de sa posture et il s’installa sur le siège, expirant lentement et silencieusement.
Le soldat posa ses deux pieds, croisés l’un par dessus l’autre, en appui sur son sac. Il se mit la casquette sur la tête d’une main et l’abaissa à la limite de son regard. L’autre entoura le neuf millimètres de son holster pour ne plus le quitter. L’homme chercha alors à approfondir le confort de sa position et trouva un bon compromis.
« Bonne nuit, miss. » Murmura-t-il avant de se laisser glisser dans une semi-conscience bien travaillée par des années d’exercice de terrain.

Un choc brutal le sortit soudain de sa rêverie : il venait de se manger un livre dans la tête : «Peut-on se libérer de ses gènes ? L’épigénétique » (celui là même avec lequel s’était endormie Emilia). Une blondinette était tranquillement assise sur son lit les bras croisés et le regardait l’air de dire : « mon grand, tu as deux minutes pour m’expliquer ce que tu fous là ».
« Aïe. » Fit-il simplement avant de regarder où était tombé sa casquette.
Ca l’avait bien surpris et, en rencontrant son regard, une pointe d’angoisse le gagna.
« Quoi ? » Demanda-t-il sur un ton parfaitement innocent. « Je prends pas beaucoup de place et je me fonds dans le décor. S’il y en a un qui se sent l’âme aventureuse pour te refaire une petite intrusion surprise... »
Il ne termina pas sa phrase. Darren ne voyait pas ce coté intrusion et il pensait qu’elle lui faisait confiance. Mais après tout, qu’est-ce que les autres diraient en le voyant dans la chambre de la princesse ? Ca allait jaser dans tous les sens et il en avait strictement rien à cirer. La dernière fois qu’elle s’était faite attaquée, c’était pendant son sommeil, alors pourquoi pas se permettre en plein dans la demeure familiale ?
La paranoïa ou la prudence ? Il soupira.
« Je voulais pas te faire peur, j’me casse si tu veux. » Fit-il simplement avant de retourner son regard vers l’entrée de la suite.

– Et ça t’aurait tué de me demander l’autorisation avant de t’infiltrer dans mes quartiers pendant que je dormais ? Elle soupira. Evidemment que tu m’as fait peur !

Il regrettait déjà.
« Ben au moins, tu sais qu’un type peut se ramener dans ta chambre et te faire peur pour de bon... » Il délia ses jambes et se leva. « Je suis le roi de la maladresse mais ça me semblait...une bonne idée sur le coup. »
Clive secoua la tête. Il lui avait fait peur, c’était même pas le but. Il se souvenait avoir reproché à Max de ne pas avoir de tact. Il était guère mieux.
« Hé, désolé. »
Il essayait de se montrer le plus sincère possible. C’était un soldat, pas un spécialiste de la protection pour des VIPs. Il mobilisait ce qu’il connaissait, sur ses expériences propres, quand il fallait protéger un civil par exemple. Mais celui-ci se conformait aux règles du groupe, ils dormaient ensemble en bivouac, ils tournaient, se surveillaient mutuellement.
Et ce bon Clive avec ses grandes godasses qui pense appliquer ce même système dans la chambre d’une princesse, il savait que ça dérangerait mais il en trouvait surtout une utilité.
Après s’être penché pour ramasser son sac et récupérer le bouquin au passage, il posa l’ouvrage sur sa table de chevet et lui sourit.
« Je vais faire gaffe à plus t’importuner comme ça, promis. »
Après tout, elle était chez elle. Il avait vu des gardes patrouiller dans la baraque et d’autres tourner dans le jardin. Peut-être que c’était une erreur finalement. Il s’attendait à un danger qui n’arrivait pas et ça le frustrait….tout simplement parce que ça le faisait passer pour un con.

Emilia Zeïn'Eidolas



Se réveiller avec le sentiment de ne pas être seule, apercevoir quelqu’un dans sa chambre, avoir peur… et réaliser qu’il s’agissait d’un visage connu. Elle s’était tapée une bonne dose de frayeur avant de comprendre de qui il s’agissait. Heureusement pour lui que la lumière était allumée et qu’il se tenait à bonne distance car elle aurait pu avoir un très mauvais réflexe.

– Le dernier type qui a fait ça est mort, dit-elle en le regardant s’approcher pour déposer le livre sur son chevet.

Elle souleva la manche un peu large de son peignoir en soie pour lui montrer la dague qu’elle tenait dans sa main.

- Assied toi, dit-elle en lui indiquant le lit du menton. Elle attendit qu’il obéisse avant de reprendre :Tu sais que je ne suis pas tout à fait comme les autres et tu sais ce que j’ai vécu récemment. Je ne dors plus sans protection, même ici. S’il n’y avait pas eu la lumière et si tu ne t’étais pas tenu à bonne distance de moi… bons dieux Darren, j’aurai pu te faire du mal en te prenant pour ce que tu n’es pas !

« C’est le risque. » Répondit-il lentement en regardant le poignard. Ca le fit sourire un peu. Prévoyante, maline, comme d’habitude.
Il détourna le regard en restant un peu de côté. Il observa un petit instant de silence et annonça, un air d’espièglerie sur le visage :
« Oh, votre Altesse. Permettez-moi de vous demander devant tout ce tas d’observateurs au jugement facile si le trou de balle que je suis peux dormir dans votre suite. En tout bien tout honneur hein ? C’est juste si un couillon débarque en pensant profiter de la surprise du culot total... »
Darren secoua négativement la tête, l’air pensif. Il était complètement largué de toute façon. Dans sa tête, il préférait encore s’être introduit discrétos et attendre la menace qui ne viendrait pas. C’était sympa cette visite guidée. Mais il n’était pas là pour visiter la Gaëllie, c’était un écran. Là, il vérifiait qu’il ne lui arrive rien le temps qu’elle reprenne ses marques et qu’elle vérifie son entourage au radar. Après, il ne servirait plus à rien et il s’en retournerait dans la cité.
- Je doute que cela arrive. S’ils avaient pu m’atteindre ici ils n’auraient pas attendu que je sois en situation de faiblesse sur une autre planète, répondit-elle en s’étirant. En tout cas je n’ai pas senti d’hostilité chez les employés du domaine.
« Tu me trouves paranoïaque ? » Lui demanda-t-il franchement en souriant.

Je te trouve très prévenant. Certes, un peu original dans tes méthodes mais prévenant quand même. Mais à moins que tu ne m’entendes hurler, je ne veux plus que tu pénètres dans mes quartiers sans frapper ou sans m’avoir demandé l’autorisation au préalable. C’est clair ? demanda t-elle très sérieusement. Elle faisait son possible pour se montrer compréhensive face au décalage culturel et aux initiatives parfois très farfelues du soldat atlante mais elle renouait enfin avec sa maison, sa vie privée et son intimité et ce n’était pas pour se laisser envahir. Qui sait dans quelle posture il aurait pu la retrouver si elle ne s’était pas endormie en lisant ? S’il l’avait trouvé dans son bain ou si elle dormait nue ? Certe elle avait partagé un moment d’intimité avec lui mais cela ne signifiait pas qu’elle acceptait de tout lui montrer en permanence.

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Sam 4 Mai - 21:56

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Soldat Clive


Quelle horreur.
Il n’avait qu’une seule hâte, c’était de se casser en quatrième vitesse et de disparaître pour de bon. De se tirer de ce pays et de rentrer fissa au D4. Forcément, les autres lui tireraient les vers du nez. April se moquerait de lui en disait qu’il avait joué les pervers venus se rincer l’oeil, histoire de bien remuer le couteau, Max l’aurait beaucoup rassuré en donnant un exemple mille fois pires. Et enfin, Jim aurait calmé tout le monde en ramenant sa science et sa faculté d’analyse bien plus poussée que la sienne.

Alors qu’Emilia était en train de lui faire la leçon comme un gamin, l’ayant d’ailleurs fait asseoir sur le bord de son lit pour mettre les choses à plat, il se sentit décrocher volontairement. Peut-être parce que, même s’il n’était pas spécialement timide, cette situation était potentiellement humiliante pour lui. Ouais, bien sûr que ça se faisait pas de se ramener comme ça. Mais d’un autre côté, il se voyait mal le demander ouvertement.

C’était le problème. Lui, il était pas là pour passer des vacances en Gaëllie et se la couler douce. C’était super sympa de lui montrer sa vie, son luxe et son entourage. Mais ce n’était pas ce qu’il était venu chercher, ce n’était pas ce qu’il voulait. Il se répéta mentalement que c’était professionnel. Il tenait à Eidolas, c’est vrai, et il mettait ses compétences pour la sécuriser le temps qu’elle s’assure d’être peinarde. Elle avait dit ne pas avoir senti d’hostilité chez le personnel, c’était un bon point. Une fois qu’elle aurait fait le tour, sa mission serait terminée et il pourrait foutre le camp de ce pays.

C’était dur de ne pas se braquer. Emilia restait cool parce qu’elle aurait pu gueuler et le faire jeter par sa garde, le renvoyer illico sur Atlantis. Vu ce qu’elle lui disait, et avec diplomatie s’il vous plait, il avait le sentiment qu’elle le jugeait. Comme s’il se donnait des droits ou qu’il faisait l’amalgame avec leur nuit passée peut-être. Bref, Clive se ferma et se braqua, plus pour se blinder contre ce sentiment d’humiliation que de la politesse manifeste de la princesse à son égard.
Il s’était mis en mode soldat et c’était le vide cérébral. C’était à dire réfléchir après coup, encaissé, et attendre que ça se termine. Il entendit bien la règle et c’est assez naturellement qu’il répondit à la suite.

« C’est très clair. Normal même. »

Il se redressa juste après et se récupéra intérieurement. Sac sur le dos, les affaires, rien oublier. Le siège, il le laissera là. Tout est bon. Il se retourna pour ajouter poliment.
« Désolé. Je retourne dans mes quartiers. »

Un petit signe de tête et, bordel, on se casse de là !!!
Darren se mordit la lèvre, comme si ça allait le soulager un peu du malaise, puis il prit le chemin pour aller ouvrir la porte. Il y alla lentement, comme la dernière fois, pour l’entrebailler et regarder à l’extérieur. Le jeune homme voulait éviter au possible de se faire griller en train de sortir de sa suite en pleine nuit.

Tu ne veux plus monter la garde sur mon fauteuil ? demanda Emilia, une lueur d’amusement dans le regard.

La jeune femme utilisa son pouvoir pour repousser la porte et la fermer.

Tu m’a réveillée, maintenant assumes et reste.

Clive n’avait pas bougé son bras. Il restait maintenant en lévitation alors que la porte était désormais close, manquant de lui arracher le nez au passage. Le militaire resta immobile un instant, hésitant entre l’idée d’arracher cette foutue porte de ses gonds ou bien revenir vers la princesse. Il se tourna lentement vers elle, encore en proie au doute, puis s’approcha lentement.
« J’suis pas un gradé. Mais on apprend des trucs utiles. » Commença-t-il. « Dans tous le tas des Eidolas, c’est celle qui peut faire l’Envol que je décide de faire disparaître. C’est fait, je peux en profiter un max...mais voilà, c’est qu’elle revient la petite peste. Elle est tenace. »
Clive lui sourit, positif, sentant son naturel blagueur lui revenir, et lâcha son sac au pied du lit.
« Et il va pas falloir longtemps pour qu’elle découvre qui a bien profité de son absence. C’est une perspicace. Il faut agir vite et lui couper l’herbe sous les pattes. Alors on fait comment ? »
Le militaire posa un genou pour se mettre à sa hauteur.
« Si j’étais ce pourri là, je t’attaquerai pile à ce moment. Qui oserait croire que quelqu’un serait assez fou pour s’enfoncer dans la demeure des Eidolas ? Qui serait assez dingue pour aller chercher la princesse jusque dans son sommeil après avoir vécu l’enfer ? Pile la première nuit. »
Il lui fit un petit sourire.
« Moi c’est ce que je ferai. En y allant au moment où tout le monde s’y attend le moins, y compris ta garde qui patrouille en se disant que rien ne se passera cette nuit. Et rien ne risque de se passer d’ailleurs. »
Il marqua une pause.
« Je t’ai fais une promesse et c’est professionnel. Je suis pas venu ici pour profiter de ton luxe et de ta culture...je suis là pour veiller à ce qu’il ne t’arrive rien jusqu’à ce que tu sois sûre de pouvoir fermer tes deux yeux. »
Clive sentit son sourire gagner en intensité.
« Mais bon...vu ton efficacité en jet de bouquin et avec ce couteau dans la manche, je reconnais que t’as pas besoin de moi. »
Emilia le gratifia d’un léger sourire, il semblait moins mortifié tout à coup. Elle ne regrettait pas de l’avoir retenu, il aurait été malheureux qu’ils se séparent en mauvais terme, d’autant que les occasions de parler en privé étaient très limitées depuis qu’ils étaient arrivés à Sombrelune.

Je n’ai peut-être pas besoin d’un garde du corps en plus c’est vrai… admit-elle en pensant à tous les soldats qui tournaient déjà dans le domaine. Sa mère avait fait renforcer la sécurité. Bien sûr elle n’était pas à l’abri que quelqu’un parvienne à se faufiler jusqu’ici mais les chances étaient minces. Mais d’un ami en revanche… ici les wraiths tiennent lieu de légendes ou presque, très peu de gaëlliens peuvent se targuer d’en avoir rencontré un, et aucun d’en avoir affronté. Toi tu sais, et tu sais aussi pour la Marche et tout le reste. C’est réconfortant d’avoir quelqu’un avec qui parler à cœur ouvert, sans faux semblant.
Il pinça des lèvres. Darren ne savait pas bien si c’était une bonne ou une mauvaise chose étant donné son passif. Il poussa sur ses jambes pour venir reprendre sa place assise sur le lit.
« Je peux te faire une confidence ? »
Je t’écoute.
« Moi aussi, j’ai un pouvoir !!! » Lâcha-t-il avec un tel sérieux qu’il en riait déjà intérieurement.
Tiens donc, lança t’elle avec un sourire en coin. Et quel est-il ?
« Quand j’étais gosse, j’appelais ça “l’aura répulsif”. Tout ce qui était du genre opposé se refoulait automatiquement. » Fit-il en la regardant, souriant. Il ricana en devinant son incompréhension et développa. « Mon côté maladroit, je l’ai depuis que je suis môme. J’ai jamais pu m’en défaire et ça m’a suivit jusque dans la cité. Tu l’as bien vécu toi aussi. Ce qui a conduit à la balade à l’épaule, l'entraînement, maintenant ma visite nocturne... »
Il leva ses deux mains et les laissa retomber, blasé. « Y’a pas, c’est comme ça. Ca a toujours été comme ça. Sur le moment ça semble une bonne idée, ça semble légitime, mais dans le regard d’en face, c’est bizarre voir déviant. »
Il la sonda un petit instant.
« Y’en a pas une qui tient bien longtemps à mes mauvaises manies…. sauf toi...avec ton truc là. »
Darren pariait sa solde sur le coup du radar mais il n’en était pas certain. Il laissa ce petit moment de flottement avant de conclure par un petit :
« Comment ça se fait ? »
Nous ne nous connaissons que depuis quelques jours, répondit la princesse, à la fois touchée et gênée par la confidence. Ce n’est pas ce que j’appellerai « longtemps. »
« Vu toutes les expériences que j’en ai eu, Emilia, ça fait déjà deux jours de trop. »
Clive sourit.
« En fait, la traduction, c’est que j’apprécie beaucoup notre relation et j’aimerai pas que ça foire à cause de mes conneries. »

Tu veux dire que tu fais fuir les femmes en quelques heures ? sourit-elle.
« Je les fais fuir en quelques minutes. » Assura-t-il après avoir ri. « Je t’en aurai bien donné quelques anecdotes mais ça irait pas trop à mon avantage. »
C’est parce que tu es trop impulsif… demande toi toujours comment la personne en face réagira à tes actions, à tes remarques. Mets-toi à la place des autres, soit plus dans l’empathie et tu adopteras un comportement plus adapté aux situations et aux personnes. Je t’apprécie aussi Darren, aussi étrange que cela puisse paraître car je ne m’étais jamais intéressé aux gens du peuple avant… j’apprends à ton contact et j’aime ça.
« C’est réciproque princesse. Chez moi on a tendance à catégoriser un peu. A avoir des préjugés. Tu m’apprends que c’est faux parce que t’es vraiment pas banale comme élite. Tu te vautres pas dans ta richesse, tu es...je sais pas. Il y a un truc chez toi qui prouve que j’avais tort. »
Et oui, je suis une Exception, plaisanta t-elle à moitié. C’était son pouvoir qui faisait d’elle ce qu’elle était. Elle se plaisait à lui donner des miettes d’indice de temps à autre sur la nature de ce pouvoir mais il n’avait pas encore fait le lien. Cela viendrait, sous son masque impulsif et déconneur se cachait un homme intelligent.
« Carrément, avec ton pouvoir pour faire voler les bottes, ton radar et la résistance à l’aura répulsif, c’est banco ! »
Il soupira finalement.
« J’aurai bien voulu être là, quand tu te faisais courser, pour t’aider. Ce que tu as vécu, j’en ai eu un tout petit aperçu. T’as beaucoup de courage et de détermination, ça m’en bouche un coin. » Admit le soldat en la regardant.
Ce n’était pas le concours de brossage de poil. Il le pensait vraiment. Les élites ou les riches d’autres peuples avaient tendance à se reposer intégralement sur le pouvoir que leur offrait leur fric. Et c’était encore plus vrai sur Terre. Dès qu’il avait commencé à vadrouiller pour escorter Emilia, il l’avait foutu d’emblée dans cette case sans chercher à réfléchir. Mais depuis l’épisode de la botte volante, ça avait été des surprises coup sur coup.
« J’apprends aussi. Et j’aime ça. »
Le regard de la belle se voila comme à chaque fois qu’elle repensait à cet épisode. La course avait marqué son esprit au fer rouge et sa petite voix intérieure lui disait que cet évènement allait encore plus creuser le fossé entre elle et les autres nobles.

Toi aussi tu les a affronté… sur le champ de bataille.
« Plusieurs fois. » Confirma-t-il, songeur. « Ils se comportent comme des êtres intelligents mais il y a cette prédation animale dans leurs tripes. »
Clive se souvenait de ses multiples affrontements, de la trouille que ça lui foutait, l’exceptionnelle résistance de l’ennemi.
« Je me rappelle d’une fois. Une équipe faisait de l’exploration. Ils savaient pas que la montagne était un vaisseau, ils sont tombés dans un putain de traquenard. Sur les six gars qui étaient parti, il n’y en a eu qu’un qui est revenu. Il avait pris un blast au moment de franchir la Porte, il est tombé dans mes bras, j’étais de garde à ce moment là. »
Il avait envie de lui partager cette expérience.
« Il a tenu le coup, juste le temps de me dire que le novice, le plus jeune, avait paniqué et qu’il s’était planqué. Il était resté derrière sur cette planète infestée de Wraiths. Le type s’est éteint dans mes bras juste après avoir livré le message. Le colonel ne pouvait pas attendre de mobiliser des gars, il a pris ceux qui étaient sur place, moi compris, et on est parti leur foutre la merde. »
Clive ajusta sa position sur le lit et la regarda tout en continuant son histoire.
« On pensait que la Porte serait gardée, qu’on aurait du mal à franchir des lignes de défense, mais même pas...même pas... » Il secoua la tête, désabusé. « On a fini par se rendre compte que si les Wraiths ne nous avaient pas grillés, c’est parce que leurs leaders étaient trop occupés à courser le jeune. Ils l’ont chassé sur plusieurs kilomètres jusqu’à ce qu’il soit tellement épuisé que l’ennemi n’a eu plus qu’à le cueillir. »
Il avait eu quelques expériences mais c’est surtout celle-là qui lui permettait de faire une comparaison.
« Je m’en souviens comme si c’était hier, l’image s’est imprimé en moi. On a déboulé sur le secteur, le Wraith était tout juste en train de retourner notre pote avec sa botte. Il avait commencé à se nourrir alors on a ouvert le feu. Sauf que...plus on le blessait...plus il puisait sur le jeune. On a du s’y mettre à quatre pour lui décrocher la main à ce con-là. Et on a pris une sacrée rouste juste aprés. »
-Alors… vous n’avez pas réussi à le sauver ? demanda Emilia qui s’était prise d’empathie pour ce jeune.
« Bien sûr que si, on l’a sauvé ! » Corrigea Clive, tant ça lui tenait à coeur. « On a vidé nos chargeurs sur ce con-là et il a fini raide mort. Mais on en a jamais autant galéré à éliminer un originel. »
Le jeune avait vieilli, ça aussi, Darren ne l’oublierait jamais.
« Le petit avait pris vingt ans facile, il n’arrivait même plus à bouger. On l’a placé sur notre civière et on l’a ramené jusqu’à la Porte...et devine quoi ? »
Il eut un sourire mauvais.
« Là, par contre, ils nous attendaient. »
-Et qu’est-ce qui s’est passé ?
« Il fallait qu’on reprenne le contrôle de la Porte avant que tout le contenu de ce vaisseau débarque sur nous. Avec un autre pote, on s’est porté volontaire et on a attaqué de flanc, de quoi les attirer, et on s’est barré. »
Il baissa le nez.
« Je pensais pas qu’ils courraient aussi vite à vrai dire. Je me suis trouvé à la place du jeune pendant que les copains profitaient de la diversion pour libérer la Porte. C’était que des sbires, tu sais, on en avait une bonne dizaine au train. Mais se faire pourchasser comme ça, ça fait venir une espèce de sentiment sauvage. Je crois que je me suis jamais arraché à ce point. »
Darren la fixa de nouveau.
« C’est le seul vécu que je peux à peu près comparer à toi, ton enfer, que je suppose être plus terrible encore. Notre manoeuvre a marché...le temps qu’on fasse le grand tour, les copains avaient libéré le secteur et ils attendaient nos poursuivants en embuscade. On a filé avec le jeune juste après en veillant à faire sauter le DHD pour les emmerder. »
-Dix à la fois… oui c’est beaucoup. Je suis heureuse d’apprendre que vous vous en êtes tous sortis… presque. Vingt ans de vie en moins c’est terrible.
« Il ne me chassait pas pour le sport. Pour leur jeu, comme ça a été ton cas. C’était pour me tuer moi et le collègue. Mais quand je vois à quel point on a eu du mal à démonter leur chef, j’imagine même pas ce genre de Wraith te courant après...et pour le jeune : il est reparti chez nous. On a plus vraiment eu de nouvelles. »

– Quand je me suis faite capturée, il s’est écoulé du temps sur le vaisseau mère avant qu’ils ne viennent me chercher. J’ai vu des gens mourir, des personnes que je connaissais parfois, des membres de mon expédition…

Pour ne pas dire « sentir »… les wraiths n’avaient jamais pris sa vie et pourtant elle savait exactement ce que cela faisait de se faire dévorer par ces monstres.

– J’étais terrorisée là-haut mais je restais rationnelle. Je ne pouvais pas utiliser mes pouvoirs, je savais que si je le faisais ça finirait mal pour moi, pour mon peuple. Quand ils sont venus me chercher pour leur reine j’étais devenue une boule de rage. Foutue pour foutue, j’en ai mordu un jusqu’au sang…

Elle regarda Darren et fit une grimace dégoûtée avant de lancer avec un brin d’humour :

-Ne fais jamais ça ils ont un goût atroce.

Clive écarquilla les yeux, plutôt étonné par cette coupure soudaine dans le drame qu’il relevait dans son histoire, puis éclata de rire. La frustration et la honte qu’il ressentait plus tôt n’était plus, à présent, qu’un noyau de chaleur au fond de ses tripes.

« Sacrée Emilia, une vraie tigresse. J’aime ça ! » Lâcha-t-il.
-Les wraiths aussi ont aimé… enfin pas celui que j’ai mordu. C’est comme ça que j’ai finis avec un traceur dans le dos.

Il ajouta plus doucement et sérieusement : « Est-ce que ton radar t’as transmis leur douleur, en plus d’être témoin de ces atrocités ? »
Clive en avait déjà vu se nourrir, surtout pendant la dernière guerre, il savait à quel point c’était atroce de voir la victime se momifier, déformer par la douleur. Et le tout en restant passif ou impuissant.

Emilia se figea en entendant la dernière phrase et ce qu’elle sous-entendait. Darren avait enfin compris ou était à deux doigts de le faire. Elle pouvait l’éconduire, lui servir un jolie bobard comme elle savait bien le faire… ou avouer. Quitte ou double. Devait-elle lui faire confiance ? Elle jouait avec le feu avec lui.

- Je t’écoute… que penses tu que ce “radar” soit capable de faire ?

Clive n’était soudainement pas rassuré, il savait qu’il marchait sur des oeufs. La dernière fois, elle avait ri de sa réponse. Mais il se souvenait aussi très bien du moment de tension avant ce rire. Emilia était conciliante et elle tapait toujours dans le mille, si ce n’est avoir eu un temps d’avance. L’expression enjouée et amusée de Clive, malgré la nature du sujet, se fragmenta pour devenir une mine neutre et presque résolue.
Il prit son courage à deux mains.

« Tu sens les choses avec ton radar. C’est dur de te surprendre, il faut que tu sois endormies ou concentrée. Je t’ai braqué deux fois et deux fois tu as laissé tomber. » Énuméra-t-il. « Tu peux t’en servir pour la Floraison, voir qui te voulait du mal et...tu m’as pas dit non pour ces gens qui mourraient sous tes yeux. »
Il se malmena les lèvres et s’approcha un peu d’elle, en ajustant sa position.
« Tu lis pas l’avenir alors je me dis...tu lis dans l’esprit des gens...ça peut être ça. Tu sais quand ils sont honnêtes ou quand ils sont mauvais, ce genre de truc ? Après tout...tu sais déjà faire voler les bottes et balancer des bouquins...ouais...je dirai que ton radar, il te permet de lire l’esprit. C’est pour ça que tu m’en as pas voulu d’être entré dans ta chambre...tu savais que j’en avais pas après ton derrière. »

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Sam 4 Mai - 22:00

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Un léger sourire étira les lèvres de la belle et elle ramena ses jambes pour s’installer en tailleur sur son lit, une position qui l’apaisait. Il n’était vraiment pas con, il avait su tirer parti des indices qu’elle lui donnait… et surtout de ceux qu’elle laissait échapper malgré elle.

– Ce n’est pas tout à fait vrai, je ne lis pas dans les pensées.

Elle laissa planer quelques secondes avant d’ajouter :

– J’appelle cela le « sixième sens » mais les scientifiques parlent plutôt d’une forme d’empathie extrêmement puissante. Je suis connectée aux êtres vivants, je capte leurs sentiments, leurs sensations…
« C’est trop cool !!! » Lâcha-t-il sans réfléchir.
Puis l’idée fit son petit bonhomme de chemin et il se rendit compte qu’elle était capable de le sonder lui aussi, il n’échappait pas à la règle. Et donc, depuis le tout début, elle savait ce qu’il pensait, notamment lorsqu’il avait fait le guide sur Atlantis. Toutes les pièces du puzzle se mirent en place et il sentit un petit malaise s’insinuer.
« Euh...enfin...donc tu sens mes émotions à moi aussi c’est ça ? Tu sais quand un truc m’énerve ou me fait plaisir ? » Fit-il dans une pure rhétorique qui ne cherchait plus qu’une confirmation de sa part.
– Je sais que tu es mal à l’aise et j’imagine que tu es en train de refaire le cheminement de ce que nous avons dit et fait ces derniers jours en repensant à ce que tu as pu ressentir à ces moments-là.
Il ria.
« Et merde alors ! On ose dire que tu es une Exception ? » Fit-il, n’en revenant pas d’apprendre qu’elle avait également ce pouvoir là. Il avait encore du mal à se faire à l’idée, surtout que c’était bien ça, il était mal à l’aise. Adios le jardin secret. Mais étrangement, et quelque part heureusement, ça ne le dérangeait pas.
Il avait été naturel avec elle dès le premier jour, en mettant à la baille les règles de politesse et les histoires d’étiquette, pour lui montrer son monde. C’est simplement que tout prenait soudainement un sens, comme le fait qu’elle semblait l’excuser un peu trop souvent de ses maladresses ou avoir un coup d’avance à chaque fois.
« T’es plus qu’exceptionnelle Emilia. Ce pouvoir doit être tout aussi génial qu’usant. Avec ton rang en plus, ce relent d’hypocrisie que tu dois vivre sans arrêt. »
Il se tut et la considéra avec pas mal de compassion.
– Il me permet d’avoir un coup d’avance sur les autres. En politique c’est très pratique.
« Mais quand tu apprécies quelqu’un et que tu “sens” qu’il veut t’utiliser, qu’il a pas des pensées bienveillantes. Merde, ça doit être un sacré crève coeur... »
– Je garde mes distances, je ne donne pas aux autres la possibilité de me faire souffrir de la sorte, répondit-elle honnêtement.
Clive fut touché de l’entendre dire ça, car à l’inverse, elle rappelait la confiance qu’elle avait placé en lui. Mais avec cet instant de découverte, son esprit allait un peu partout à la fois. Son regard pétilla et il se passa une main sur le visage.
« Mon Dieu, quand t’es allé la première fois au D4...April...Max...et la soirée militaire... »
Il secoua la tête.
« J’espère que je t’ai pas secoué avec tout ça... »
– Ce n’est jamais facile pour moi d’assister à des évènements qui rassemblent beaucoup de personnes mais j’ai appris à gérer avec le temps.
« On t’a pas fait de mal alors ? »
– C’est délicat… comment te faire comprendre ? Je suis comme une immense antenne qui capte tout dans un environnement proche. C’est un peu… comme si tu mettais la musique très fort à côté de toi. Et à chaque fois qu’une personne arrive tu ajoutes une musique tout aussi forte. Multiplie cela par plusieurs centaines et tu obtiens un véritable capharnaüm. Il fut un temps où j’étais incapable de distinguer ma propre musique de celle des autres, j’en oubliais qui j’étais, les émotions qui m’étaient propres. Et puis avec les années j’ai appris à « baisser le son », à me distancier. Cela demande un effort de concentration important et ce n’est pas évident mais je peux le tolérer.

Darren regretta un peu de comprendre. Finalement, il ne lui avait pas rendu service en l’invitant au repas des militaires.
« Tu expliques plutôt bien. Donc la prochaine fois, on évite le concours de bras de fer ! C’est ça ? » Demanda-t-il, comme pour vérifier qu’il saisissait bien les mauvais côtés qu’imposait son aptitude.
– Disons que je ne me prêterai pas à l’expérience tous les jours. Mais ponctuellement… avec un peu moins d’individus si possible… pourquoi pas.
Sur le moment, elle n’avait pas eu d’excuses pour esquiver la soirée, autrement Darren aurait prit la mouche et serait parti en le prenant mal. Mais en fin de compte elle avait quand même passé un moment sympathique.
« La bulle d’exploration sous-marine te convenait mieux, je l’ai senti. Je comprends mieux. »
– Je fuis les humains quand j’en ai la possibilité. C’est plus reposant.
« Oui, je te comprends. » Il pensait comprendre en tout cas. « Ca doit pas être facile de passer sa vie à entendre “de la musique”. Un peu de silence, ça fait pas de mal. »
Il sourit en faisant la suite de la réflexion. Notamment pour la nuit qu’ils avaient passé ensemble.
« Ah ouais….et pour la tour...cette sensation de même longueur d’onde. C’est génial... »
Emilia sourit, comprenant parfaitement à quoi il faisait allusion.
– C’est l’un des rares avantages de ce pouvoir. Enfin je veux dire... se reprit-elle brusquement. Il y a beaucoup d’avantages mais celui ci est agréable.
« Moi j’avais jamais connu ça de cette façon. » Confia-t-il en comprenant sa réserve. C’était la règle, une fois et c’est tout. Ce n’était pas à crier sur les toits. « Un souvenir agréable pour moi aussi, que je vais garder à l’abri. »
– À réitérer alors, répondit la jeune femme sans la moindre gêne. Tu sais maintenant pourquoi je ne m’engage pas dans une relation stable, mais je n’ai rien contre un câlin de temps en temps.

Ca fit un tilt qui lui fit ouvrir les yeux un peu plus grand. Clive la regarda en se demandant s’il avait bien entendu et il lui offrit un sourire radieux. C’était plutôt flatteur venant de sa part parce qu’en plus il était loin d’être l’apollon le plus performant. Il ne savait pas bien comment prendre cette réponse. Forcément, lui non plus ne serait pas contre de passer un peu de temps avec elle, c’était quand même sacrément cool la dernière fois.
Il y avait juste un truc qui l’emmerdait un peu. Et si, à multiplier l’expérience avec elle, il finissait par nourrir des sentiments ?

Bon, la dragouille, elle était déjà au courant, elle avait même pas besoin du radar pour ça. Il l’a tenait pas par la main sur chacune des découvertes juste pour la forme et la sécurité de la personne. Lui savait qu’il pourrait garder sa place, chacun dans son monde. Mais ça allait surement la refroidir à coup sûr. Quoique...si elle était capable de ressentir les choses, elle était peut-être déjà au fait avant lui.

« Tu sais déjà que je serais pas celui qui refuse. » Répondit-il avec une expression entendue. « Mais hésite pas le jour où quelque chose te chiffonne, d’accord ? Je suis tes règles... »
Je ne veux pas jouer avec tes sentiments Darren...
« Je commence à te connaître, t’es pas du genre à jouer avec mes sentiments. » Reprit-il. « Et puis, même si j’en ai. Même si je te trouve séduisante et que j’ai envie de plus. Je suis un adulte et un soldat. On a nos obligations, chacun de nos côtés. Et nos mondes à nous, nos vies qui s’accorderont pas. »
Il songea à quelque chose et ricana.
« Enfin ! Sauf quand on se transformera en Nibel et... »
L’autre nom lui échappa.
Emilia retint un rire devant la petite erreur de son voisin.
Nibel est la dimension des Sages. On ne se transforme pas en Nibel, on y va lorsque l’on a atteint l’ultime transformation.
« Ah... » fit-il en se reprochant sa mémoire faussée. « Alors je disais : Au pire, si ça arrive, on se retrouve à Nibel. Ou on se transforme en...les deux lunes, c’est... »
– Mayla et Laffinor ?
« Voilà !!! Comme ça l’affaire sera réglée... » Blagua-t-il.

Emilia sourit, un brin songeuse. Il ne réfutait pas l'intérêt qu’il lui portait, il avait bien comprit que c’était inutile et qu’elle l’avait senti. Au contraire, il l’assumait et tournait les choses pour qu’elle ne se sente pas en posture gênante. Un beau geste mature et altruiste de sa part. « Oui, je sais que je risque de souffrir mais je t’en voudrai pas ». C’était un joli discours mais, si cela devait arriver, tiendrait-il ses engagements ?

-Oui… les choses seront peut-être plus simple pour moi à Nibel…

Si elle perdait sa faculté à discerner le pire chez les gens, qu’elle reprenait confiance en autrui, peut-être qu’elle parviendrait elle aussi à s’attacher et à se donner sans contrepartie dans une relation. Mais ce n’était pas demain la veille que ça arriverait dans sa vie actuelle.

« Ton secret sera bien gardé, tu as ma parole. » Promit-il en levant sa main droite.
– Ton ouverture d’esprit est impressionnante, Darren.
La rapidité avec laquelle il avait accepté la situation la stupéfiait. Certes, il se doutait de quelque chose mais maintenant il avait la confirmation et il savait qu’il ne pouvait rien lui cacher ou presque. Et pourtant il ne partait pas en courant, il continuait de la protéger. En un sens, elle ne pouvait rêver meilleur garde-du-corps ami.
« Ouais, j’imagine que ça doit faire peur de se dire que l’amie d’en face peut lire les pensées. Et puis c’est beaucoup plus tendu quand tu te mets à la mater dans sa robe au top du luxe mais... »
Il haussa les épaules.
« Je fais fuir en quelques minutes le genre féminin par mes conneries. Alors pour une fois qu’une d’elle est capable de sentir que je suis pas complétement con et tordu, franchement, ça fait même plaisir...je prends ! »

Emilia éclata de rire.

– En fait, ta spontanéité est très rafraîchissante au regard de mon quotidien.

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Sam 4 Mai - 22:01

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« Oui ? Je suis le parc d’attraction Clive, succès garanti !... » Répondit-il du tac au tac, bien content de la faire rire. « Eh, j’ai pas fini de te surprendre du coup ! »


Encore une fois, Darren était émerveillé et se mettait à faire des parallèles, comme pour la balade sur l’épaule ou bien l’étranglement en situation réelle. La pauvre n’empêche…
Il avait encore du mal à se rendre compte et ça lui faisait bizarre de se dire que, tout ce qu’il pensait, en terme de ressenti, d’émotions, elle le captait directement et en continue. Enfin, il pensait que ça devait fonctionner comme ça. C’était un peu dérangeant, c’est vrai, mais ça ne lui faisait pas peur du tout. Justement, elle se serait barrée encore plus vite en le sondant le premier jour.
« Je peux pas m’empêcher...je pense à quoi là ? »
Il savait bien qu’elle ne lisait pas distinctement l’esprit mais, si elle répondait de travers, il allait lui chatouiller les hanches. La découverte l’avait rendu bien joueur et il avait envie de lâcher le côté foufou en oubliant un peu qu’il avait à faire à la princesse.

– Tu es d’humeur joueuse et tu prépares un mauvais coup… je crois.
Il se crispa sous l’effet d’une fausse douleur en faisant un signe de frustration.
« Merde ! C’est ça !!!! »
Il éclata de rire.
« Ca fait rien, le coup du glaçon avait bien fonctionné, je t’aurai autrement ! »
Toutes ces petites différences le faisait craquer, ça faisait partie intégrante de ce qu’était Emilia dans sa catégorie incomparable et inimitable. En son for intérieur, le jeune homme se surprit à vouloir dissimuler soudainement cette petite réalité qui disait qu’elle ne le rendait pas indifférent. Mais automatiquement, il se rappela que ça ne servait strictement à rien puisqu’elle l’avait grillé depuis longtemps vu son aptitude. Et il venait d’en parler juste avant donc.. Dans le fond, il reconnaissait que ça devait être très utile en politique mais une bonne malédiction. A part si la jeune femme pouvait “éteindre” cette capacité, elle n’aurait jamais la paix…
Emilia fit la moue.
– Ah non ! Pas de glaçon !!
« Ok, ok...je trouvais autre chose de toute façon ! » Répondit-il, plaisantin. « C’est une sacrée preuve de confiance que tu me fais là, quand même, tu pourrais me retourner comme une crêpe en me disant que ton antenne existe pas... »
– Un jour serait venu où toi ou quelqu’un de ton peuple aurait découvert la vérité et tu aurais compris que je t’avais manipulé. Ce n’est pas dans mon intérêt de perdre la confiance des rares atlantes que j’apprécie et qui ne me regardent pas comme une bête de cirque.
« Une bête de cirque ? Naaannnn...une sacrée chevaucheuse de Drakonys en devenir !!! »
– Ah oui, c’est vrai… chose promise…
Emilia atrappa un objet sur sa table qui avait vaguement une allure de tablette plate et transparent. Elle manipula brièvement son hollow et fit un petit geste comme si elle projetait quelque chose sur l’objet en “plastique”. Une image se forma alors dessus, elle commença à chercher. Une petite minute plus tard, elle afficha un sourire triomphant, puis réitéra le geste de projection vers le vide et un hologramme de drakonys se matérialisa dans la chambre en taille réelle.
– C’est un mâle…les femelles sont deux fois plus grosses en moyenne.

Clive crut que sa mâchoire allait s’envoler tant elle tomba vers le sol. Il quitta le lit de la princesse pour se redresser, bien droit en face de cette immense image animée, et il l’observa avec le regard pétillant. Une petite part en lui réfréner son envie de vouloir taquiner l’espèce de bestiaux qui semblait fait pour bouffer du jumper comme un amuse-gueule. Mais justement parce qu’il avait senti ça, et bien il irait encore plus loin dans son projet, et il le mènerait à bien. Un petit déclic se fit dans sa tête, l’idée qu’Emilia avait du sentir tout ça en lui, et ça le fit rire. Il tenta même, en ayant le dos tourné, de former une image mentale à son attention. Lui en train de chevaucher ce monstre façon bikers avec la princesse dans le dos, une bonne musique de roi du bitume en prime.

– Je n’aurai pas dû te montrer ça, commenta la jeune femme dans son dos en sentant son excitation.
« Je t’aurais fait de la peine en allant tirer cette image auprès de cette agréable Lorraine. » Il se retourna pour la regarder. « Entre nous, je préfère largement quand tu me montres, ça a tellement plus de classe ! »
Il fixa de nouveau le monstre holographique.
« On sera les Dieux qui te chevauchent, mon gars. Fais le fier, ça va pas durer !!! »
– Parfait alors demain je te donne ton premier cours de méditation, répondit-elle avec humour pour lui rappeler que l’on ne devenait pas un dieu en claquant des doigts.
« Ah c’est vrai….apprendre à fermer les yeux sans s’endormir... » Moqua-t-il. « Ca se situe avant ou après le cours d’utilisation d’armes à feu ? Parce que c’est assez bruyant... »
– D’abord, tu n’es pas obligé de fermer les yeux si tu arrives à t’extraire de ton environnement et à ne pas te laisser parasiter par tes pensées. Et pour le cours d’arme… tu peux déjà commencer par me montrer comment l’objet fonctionne, sans avoir à tirer. J’imagine que tes munitions sont limitées et que tu as intérêt à les économiser.
« Un cours ne se fait pas sans utilisation. » Renchérit Clive. « C’est bien de savoir comment ça fonctionne, c’est mieux d’en connaître le poids, le mouvement de recul, la puissance, la visée... »
Il secoua la tête.
« T’en fait pas pour les munitions. Un chargeur pour ton expérience ne me fera pas défaut. Faudra juste avertir tes gardes, qu’ils ne pensent pas que je suis en train de te trucider... »
– J’essaierai de trouver un lieu d'entraînement alors. Et si possible une arme à énergie pour apprendre à manipuler celles de mon peuple. J’ai bien appris en autodidacte à utiliser celle des wraiths alors tant qu’à faire…
« Autant faire ça à deux ! » Conclu Darren qui était tout aussi intéressé. A même hauteur que le cours de méditation qui demanderait une certaine continuité.
– On apprend toujours mieux avec un professeur.
D’un geste, elle éteint l’hologramme qui prenait une place énorme dans la chambre et la mettait mal à l’aise.
Darren revint en direction du lit.
« Je te laisse dormir ? Ces draps, tu as dû en rêver tellement longtemps... »
– En fait, je pensais plutôt à aller piquer une tête. Tu aimes les baignades ?
« J’adore ! »

- Parfait alors. On te trouvera un maillot en bas, il y en a toujours pour les invités.

Emilia s’éclipsa dans son dressing et en ressortit quelques minutes plus tard en grommelant que sa perte de poids était vraiment problématique, elle avait eut un mal fou à dénicher un maillot à sa taille.
Darren, qui l’entendit, eut un petit sourire amusé et sentit le désir de lui répondre un truc sympa. Du genre que ça l’embellissait davantage ou qu’elle n’aurait pas besoin d’attendre longtemps avant de reprendre sa ligne habituelle. Mais sa maladresse était spontannée, là il savait que c’était un terrain miné et dangereux. Généralement, il n’est pas bien malin de parler du poids d’une femme alors il se contenta d’une pensée compatissante, sachant bien qu’elle la sentirait.
C’était un nouvel univers qui s’ouvrait à lui maintenant qu’il savait qu’elle pouvait suivre son fil de pensées. Mais il se jura intérieurement de ne surtout rien changer par rapport à sa période d’ignorance, ce serait presque l’insulter de lui avoir livré le secret.

Elle coupa la lumière ainsi que les hologrammes sur ses murs et son plafond avant de risquer un coup d’oeil à l’extérieur en entrouvrant sa porte. Personne. Elle fit signe à Darren de sortir et referma la chambre derrière eux avant de se mettre en route direction la piscine intérieure. Ils croisèrent un soldat en patrouille sur le trajet qui les salua d’une inclinaison de la tête polie. Ceux qui avaient l’habitude de travailler au domaine connaissaient suffisamment les habitudes d’Emilia pour savoir que les révérences marquées systématiques quand elle passait, surtout à une heure aussi tardive, l’emmerdaient. Mieux valait jouer la discrétion avec elle et ne pas l’importuner. Ca ne l’empêchait pas d’être régulièrement assaillie depuis son retour par leurs sentiments en réaction à son retour miraculeux.
Darren attirait un peu plus l’attention avec son attirail de guerre mais le mot était passé qu’elle avait choisie d’engager un garde-du-corps étranger en plus de la protection militaire habituelle. Si certains se sentaient un peu vexés, Emilia le sentait, ils faisaient comme si de rien était.
D’ailleurs, ils jouaient parfaitement le jeu. Depuis qu’il était ici, le soldat n’avait remarqué aucun comportement qui laissait à le faire passer pour un indésirable. Il s’en étonna particulièrement à ce moment là en croisant ce garde en pleine nuit. Pas une lueur de jugement dans le regard, le mec très pro et en patrouille, la classe. Clive avait fait à peu près le même signe de tête, le barda sur le dos, en essayant de rester plutôt discret. Il suivait Emilia en étant bien content d’avoir autre chose à faire avec elle que d’aller se coucher dans sa chambre d’invité.

Ils finirent par déboucher dans une vaste pièce fermée qui comptait un grand placard, ce qui ressemblait à un frigo, un espace dissimulé aux regards pour se changer et un bassin d’eau chaude. Ce dernier était très différent des piscines terriennes habituelles. Tout en pierre, il donnait l’impression de se fondre dans le décors et d’être, sinon naturel, particulièrement esthétique. Comme toujours, les zeïns attachaient une importance très particulière à la beauté de leur environnement. Des plantes et des fleurs entouraient le bassins mais aucune ne piquait le pied lorsque le l’on marchait dessus. Si l’herbe paraissait synthétique, bien que très réaliste et agréable au contact, les fleurs, elles, étaient bien naturelles. L’on aurait pu se croire dans une petite prairie dotée d’une source chaude s’ils n’avaient pas été dans une salle fermée. Des fresques et symboles étaient dessinées sur les parois à l’intérieur de la piscine et la peinture luisait doucement dans la semi-pénombre.

- Fouilles dans le placard, tu devrais trouver un maillot à ta taille.
« Oui m’dame. » Fit Darren en se retirant de son observation émerveillée. « La cité passe pour un désert de métal à coté de ton domaine. C’est magnifique ici... »
- Tu comprends pourquoi j’allais si souvent me réfugier au jardin botanique maintenant.
« Oui je comprends. Ca va m’aider à affiner mes prochaines propositions quand tu passeras, maintenant que je connais un peu plus tes goûts. » Assura-t-il.
- C’est culturel, nous aimons être près de la nature.

Il lui sourit, notant cette information. Le coup de l’oasis quasi naturel avait de quoi faire rêver. Et fantasmer aussi, forcément ! Mais il en était à l’observation tout en se choisissant un maillot un peu automatiquement. Il se reconcentra sur le vêtement, un peu à contre coeur, en les trouvant parfois trop grands ou trop petits. Il ria de bon coeur en en découvrant un qui faisait plutôt combinaison de plongée et un autre qui...soit était fait pour un môme, soit pour ne pas cacher grand chose…
« Darren à la recherche du standard. » Commenta-t-il tout en veillant à ne pas mettre le bazar.

En effet, le placard comptait un certain nombre de maillot masculins et féminins de différentes tailles et esthétiques, ainsi que des serviettes de bains grandes et bien moelleuses.
La jeune femme entreprit de retirer ses vêtements sans attendre pour dévoiler le maillot de bains blanc qu’elle avait prit le temps d’enfiler, attrapa une paire de serviettes de bains, deux bouteilles contenant un liquide violet dans le frigo et se dirigea vers la piscine. Elle posa son chargement sur le bord avant d’entrer dans l’eau et de s’asseoir sur une marche, à moitié immergée.

Clive ne pouvait pas louper ça.
Dans aucune vie, un type ne regarde pas une jeune femme qui se dépare pour aller dans la piscine sauf si elle a la grâce d’un cachalot, ce qui n'était évidemment pas le cas. Le regard perdu dans sa direction en appréciant son harmonie en entrant dans l’eau, Clive finit par prendre un maillot de bain au pif et déboucla sa ceinture. Il se mit un peu de flanc, n’ayant pas remarqué la salle pour se changer, et opéra le lent retrait de son gilet avec une hâte malhabile.
Le soldat déposa le tout à même le sol et retira ses rangers avant d’avoir enfin la liberté du poids. D’un geste de la jambe, il envoya valser son pantalon deux mètres plus loin et ce fut le moment de l’essayage. Sauf que la texture était...comment dire...terriblement inconnue. La sensation était peut-être normale pour Emilia et les Gaëlliens. Comme si c’était le coton sur terre. Mais lui avait quasiment l’impression d’enfiler un pagne en peau de vison.
En voulant passer sa deuxième jambe, Clive faillit perdre l’équilibre et se rattrapa in extremis.
Le sentant en difficultés, Emilia tourna la tête, le vit à demi nu en train de se rétamer à moitié et lui tourna à nouveau le dos pour cacher son sourire moqueur.
- Tu as besoin d’aide ? demanda t-elle sans le regarder.
« Dit celle qui en profite pour me mater. » Plaisanta Darren. « Attend tu vas voir, il va pas faire long feu ce pagne ! »
- Ce “pagne” ? Tu ne vas quand même pas te ramener avec un gourdin, monsieur le primitif ? plaisanta t-elle.
Il se moquait aussi de sa propre situation en exagérant le propos. Une fois fait, il récupéra également une serviette de bain et retira son neuf millimètres pour le planquer à l’intérieur. Juste une précaution, hein ! Mais ça mangeait pas de pain. Le soldat déposa le tout au bord de la piscine et y entra doucement, appréciant la température. Il se posa à ses côtés et la regarda.
« Et voilà... »
Il n’allait pas lui dire qu’elle était craquante dans son maillot, c’était pas trop le moment. Darren en profita pour se pencher de plus en plus puis il se laissa enfoncer dans les flots, gagnant la profondeur pour y couler lentement et regarder en direction de la princesse. La température était bonne et il se sentait tellement bien ici...
- Même si tu n’es pas venu pour profiter du “luxe” et de ma “culture”, il y a quand même de bons côté non ? lança t’elle avec un sourire malicieux.
« J’en trouve beaucoup. Il y a même la belle vue. » Confirma-t-il en réponse à cette malice. « Tu y viens souvent ? »
- Oui, c’est un bon endroit pour se détendre. Plus jeune je m’entrainais souvent ici.
« A nager, l’apnée ? Ton train de vie t’a empêché de continuer ? » Demanda-t-il, curieux, tout en barbotant.


- Non… à faire ce genre de choses.

La jeune femme leva une main, entraînant quelques litres d’eau dans les airs avec son geste et s’amusa à modeler le liquide. Un drakonys se mit alors à virevolter autour de Darren.

- C’est un élément capricieux, difficile à manipuler mais c’est un bon exercice de concentration.
« Waooww... » Lâcha-t-il en se redressant illico. Il reprit pied et s’orienta pour admirer le spectacle. C’était impressionnant, il y avait même les détails. « T’es une artiste. Mais tu m’arriveras pas à la cheville. Regarde le maître et instruit-toi ! » Vantarda Darren en annonçant d’emblée la blague.
L’homme s’enfonça dans l’eau pour récupérer du liquide dans sa bouche puis il fit la planche. Ensuite, il regarda fixement devant lui et imita la fontaine.
Emilia rit de la connerie de son “garde-du corps” et détruit sa sculpture aquatique qui se retomba en fine pluie sur la tête de Darren. Celui-ci rigola à son tour en levant la main, voulant toucher cette eau mouvante comme si elle était différente du reste. Il revint lentement vers la princesse en déclarant doucement, sur un ton à suspens :
« Et j’ai d’autres talents cachés... »
- Quel genre de talent ?
Il s’approcha encore.
« Du genre à plaire à une dame... »
Il n’était plus très loin. Il gagna la princesse en adoptant une posture assez entreprenante, songeant même à aller lui coller ses lèvres sur les siennes (pour faire diversion), mais avec une autre idée derrière la tête. Clive avait ce petit sourire léger en grignotant le dernier mètre qui le séparait d’Emilia, s’abaissant sur ces marches pour ne pas être trop en hauteur. Il allait donner l’élan et l’impression qu’il irait se glisser de force entre ses jambes et passa à l’action immédiatement, en agrippant sa cheville d’une main ferme, mais sans la blesser, et débutant une série de chatouille dans sa voûte plantaire avec un plaisir enfantin presque sadique.
« A l’attaaaaaaaque ! » S’était-il écrié en oeuvrant sur son pied.

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Sam 4 Mai - 22:06

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Emilia Zeïn'Eidolas


La blondinette l’observa avec un air semi curieux et intéressé. Elle sentait qu’il était d’humeur joueuse mais cela pouvait tout à fait se traduire à travers un acte de séduction comme il en donnait l’impression dans son attitude… et bien non. Il changea soudain de comportement, se retourna en capturant son pied et se mit à la chatouiller. La belle poussa un petit cri de surprise et se débattit en riant.

-Traître ! Tu oses chatouiller une princesse ?! s’exclama t-elle, faussement indignée.
« Bien sûr que j’ose !!! Emilia Zeïn’Eidolas, la princesse de la Gaëllie ! Personne ne résiste aux chatouilles ! » S’écria-t-il en supportant ses grands mouvements.
Il la libéra finalement de son emprise pour se retourner et s’approcher d’elle.
« C’est que je m’habitue à te faire rire, tu vois... »
Ce coup là, il se sentait plus l’âme aventureuse que blagueur. Quasi à quatre pattes, progressant de flanc pour éviter d’avoir l’air d’un pervers en rut, il vint migrer jusqu’à son visage.
« Et si on baptisait l’endroit... » Murmura-t-il plus pour lui que pour elle.
-Oh et… à quoi tu penses ? demanda Emilia d’humeur joueuse.
Darren cueillait son souffle et en profitait pour faire glisser le sien sur sa peau encore sèche, demeurant en suspension devant elle. Il se disait qu’elle ne l’avait pas amené ici rien que pour faire voler des draconys fait en eau et qu’il avait bien envie de lui faire crier son nom, maintenant qu’ils se trouvaient là, rien que pour voir si la grotte-piscine résonnait bien. Déjanté ? Non, juste un peu. Un tout petit peu...
« Hm, à des petites choses qu’on ne dit pas à une dame du rang... » fit-il, ironique.
Il avait déjà plusieurs idées bien sympa.

La princesse fit courir le bout de ses doigts sur la peau de Darren avec une lenteur calculée, prenant le temps d’admirer la « marchandise » qu’on lui proposait.

– Intéressant…

Soldat Clive


« Plus qu’un bouquin soporifique anti-Darren ? » Plaisanta l’homme en appréciant le contact. Allongé sur le flanc en occupant de la place entre les jambes de la jeune femme, il y fit glisser une main en réponse sans s’aventurer sur les endroits trop intimes. Le temps en était à l’appréciation de son épiderme et de ce beau maillot qui lui donnait comme un air de grandeur, de pureté, comme l’Exception qu’elle était. Il eut un léger temps d’arrêt en passant son pouce, comme une douce caresse compatissante, sur un bleu encore apparent sur sa jambe. La dernière fois qu’ils s’étaient fait des câlins, c’était surtout dans le noir et il n’avait pas vu ces traces de mauvais traitements.
Clive tourna vers elle un regard complice et compatissant. Il se contorsionna tout de suite pour un déposer un baiser à travers l’eau puis continua ses légères caresses en profitant à fond de ce moment. Il chercha dans le regard de sa partenaire si ça lui faisait du bien et il se plaça autrement pour pouvoir se servir de ses deux mains. Avec une expression joueuse, il débuta un massage de ses jambes, de ses muscles en sillonnant doucement la surface, tout en restant assez doux sur les différents hématomes.
Finalement, il décida d’aller dans son dos pour attaquer plus sérieusement ses épaules et sa colonne vertébrales. Il aimait bien sentir le maillot glisser sous ses doigts, y ajoutant de l’eau par moment comme pour éviter toutes frictions désagréables. Il se demanda l’espace d’un instant si une obscure conquête avait déjà eu cette idée. Ou bien si c’était trop fleur bleue et que la princesse attendait une action plus “rude”.
« Si ça te lasse, tu me dis... » Lui souffla-t-il en progressant sur ses trapèzes.

Emilia Zeïn'Eidolas


– Ca fait un bien fou, répondit-elle en savourant le contact.

Il lui semblait que cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas profité d’un massage. Ses muscles en avaient bavé pendant sa course, elle ne les avait pas ménagé. La douleur musculaire qu’elle ressentait, les nœuds, tout ça lui était devenu tellement familier qu’elle n’y prêtait plus d’attention. Ca s’était légèrement amélioré grâce aux quelques jours passé sur Atlantis, le confort lui avait fait du bien. Mais ça ne valait pas un massage.

-Je m’apprétais à t’en demander un. Es-tu sûr de ne pas être une Exception qui s’ignore ? plaisanta-t-elle, comme s’il avait pu lire dans son esprit.
« Hm, peut-être ?... » lui glissa-t-il à une oreille.
Il lissa sa chevelure pour la passer sur un coté et il ajouta à l’autre oreille, taquin :
« Après tout, je ferais l’ascension avant toi. »

Emilia tourna brusquement la tête vers lui et le regarda avec une expression faussement outrée, comme s’il avait proféré la plus grosse connerie de sa vie.

– Ben voyons ! Tu passes d’abord pour préparer le banquet et me dérouler le tapis rouge c’est… ?
Il en profita pour l’embrasser avant qu’elle ne puisse finir sa phrase.
« Tu m’as converti, maintenant faut assumer la compétition... » Poursuivit-il dans son jeu de provocation avant d’y replaquer ses lèvres.

C’était pas tous les jours qu’on osait lui couper la parole, surtout de cette manière. Mais étonnamment ce n’était pas désagréable. Pas désagréable du tout même.
– J’assume.

Elle glissa une main derrière la tête du jeune homme pour le forcer à rester et répondit à son baiser avec enthousiasme puis finit par s’en détacher.

– Il était court ce massage, le taquina t-elle.
« Il ne fait que commencer... et le meilleur pour la fin, bien sûr. »

Soldat Clive


Darren reprit son travail. Il avait adoré cette contre-attaque de la part de la princesse et il la plaça doucement en condition pour le clou du spectacle. Il y prit son temps, se faisant guider et explorant à la fois comme la nuit dernière. Un massage long et agréable jusqu’à ce qu’elle ai envie de passer à des caresses encore plus personnelles. Il y retrouva cette impression de même longueur d’onde lié à son pouvoir. Le soldat se livra avec une facilité étonnante. Paradoxalement, le fait qu’il sache maintenant qu’il ne pouvait pas se cacher dans ses émotions n’avait plus à l’inquiéter à ce sujet. Il prit plaisir, joua, puis passa par une phase active où il s’aventura à basse altitude. Il travailla l’intimité de la princesse par un défi personnel, de lui faire scander son nom dans cette fausse grotte, en se moquant qu’à moitié du risque d’être surpris.
Dans un tel endroit, avec une telle partenaire, c’était une nouvelle expérience mémorable qui lui faisait aimer la vie et son métier. Darren voulu que ça ne s’arrête jamais. Et pourtant ça s’arrêta. Sans le moindre remords ni regret, au vu de cet échange des plus plaisants, il resta avec Emilia jusqu’à ce qu’elle tombe de fatigue.
Le soldat la raccompagna jusqu’à ses quartiers où il l’y laissa, se disant que ce n’était que la première journée. Et quelle première journée !!!
Puis il tomba raide mort dans son propre lit, en ayant conservé son uniforme, refusant de se déparer de la sensation persistante que lui avait offert la chaleur d’Emilia sur son épiderme.

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Sam 4 Mai - 22:11

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Si la soirée fut absolument charmante, la journée du lendemain, elle, fut longue et placée sous le signe du travail. Dès les premiers rayons de soleil, Emilia contacta son ancienne assistante pour la débaucher : elle était SON employée et elle comptait bien la reprendre à son service. Il ne lui fallut que peu d’argumentation pour obtenir une réponse positive, la demoiselle était trop heureuse de retrouver son ancien emploi.
A la demande de la princesse, un domestique porta un hollow à Darren et lui apprit à se servir des fonctions de base : appeler la princesse, Dorian et le majordome (au cas où), lire l’heure, ouvrir des fichiers, transférer les données d’un support à l’autre. Il lui téléchargea de la documentation sur les drakonys et les nifgars et lui confia une tablette plate transparente en guise de support. Clive accueillit tout cela très positivement peu de temps après son réveil. Il se tint pour ne pas lancer un bon “Eh oh, et elle est où la princesse là, au lieu de me faire la belle diversion !!!” façon comique. On l’informa rapidement, au détour de quelques mots pas trop habilement employés, que son altesse serait occupée toute la journée.

Darren savait qu’elle partait au front pour reprendre ses anciens droits et ramener quelques opportunistes sur son chemin personnel. Il préféra ne pas insister et découvrit la technologie avec un certain plaisir. L’hollow était un outil fascinante, le militaire avait l’impression de faire un bond en avant sur les inventions que l’on trouverait sur Terre.
Bien que ça le dérangeait un peu de ne pas avoir son amie à l’oeil, il savait maintenant que son rôle n’était plus vraiment sa protection. Même s’il continuait d’avoir ce petit coté paranoïaque, le pouvoir récemment découvert avait fini de le convaincre dans ce sens. Un type mal intentionné qui s’approcherait silencieusement, c’était comme s’il criait bien haut “J’viens buter la princeeeeesse !”.

Le jeune homme dévora littéralement la documentation qui était mis à sa disposition. Il passa dans les cuisines manger ce que lui proposerait cette brave Eleonor, restant TRÈS évasif sur ses interrogations concernant la princesse et lui-même. Puis au bout d’un moment, il se lassa terriblement. Le mal à la nuque qu’il récolta pour être resté sur la même position trop longtemps le contraignit à aller faire un tour.
Il croisa le majordome qu’il salua poliment, aida vite fait un ou deux servants par gentillesse quand il les voyait galérer, puis il visita le jardin. La diversité très particulière de ces plantes l’hypnotisèrent un long moment.

Emilia, de son côté, s’absenta en fin de matinée pour faire un point avec sa mère par rapport à la conférence de presse qu’elle devrait tenir le lendemain matin. Il lui était formellement interdit de mentionner le nom du peuple qui l’avait secourue, c’était trop dangereux pour la Gaëllie qui devait sa prospérité au pacte de non agression qu’elle avait « signé » avec les wraiths et qui pouvait être compromis à cause des atlantes. Emilia en fut fortement contrariée, elle qui comptait sur les médias pour diffuser largement l’idée que les atlantes étaient des héros et ainsi faire pression sur le Conseil pour qu’il accepte une alliance… mais que cela ne tienne, elle trouverait bien une manière d’obtenir gain de cause tout en respectant la volonté de sa mère !

Le reste de l’après-midi fut consacré au tri de ses mails, à la prise de contact avec ses différentes affaires, à crier très fort pour faire sauter des têtes. Ce sont ces cris qui permirent à Clive de situer enfin la jeune femme et il prit le risque d’aborder son bureau, étant stoppé bien évidemment par son assistante. Au début, il eut la crainte de devenir la même cible de ces cris mais il tenta de faire valoir mentalement sa simple attention. Ce n’était pas pour lui prendre du temps cette fois mais simplement se montrer présent.

Il prit une place dans son bureau, qu’il découvrit avec un regard rond, et s’évertua alors à se faire petit. Pendant une seconde, il eut l’impression d’être un chiot égaré qui grattait à la porte de son maître, ne voulant pas être abandonné. Mais il se rassura bien rapidement par les souvenirs de la veille en se disant que c’était pas un chiot qui grattait. Mais un homme qui apprenait encore à la connaître.
Et oui, la princesse avait de multiples facettes et il découvrit ce jour-là la femme d’affaire. La force de son caractère et la confrontation qu’elle entretenait sans broncher pour reprendre ses acquis. Ignorant du fait qu’Emilia était adoptée, Clive faisait à tort une belle comparaison avec la mère Eidolas. Et il se permit, pour essayer de la rassurer et de lui offrir une distraction temporaire, partant d’un bon sentiment, une comparaison très flatteuse avec la puissance du Drakonys.

Il arrivait certaines fois, au moment où elle raccrochait après un bel échange houleux, qu’il braque son regard sur elle sans parler, sachant très bien qu’elle sentirait tout le soutien et l’admiration qu’il avait face à ce retour en force. Emilia était dans la place et pas seulement pour ses draps. Les affaires, la politique, tout ce qui désinterressait Clive ordinairement, elle s’en chargeait avec un zèle presque séducteur. C’était perturbant et magnifique à la fois de voir cet aspect paradoxal de la jeune femme. Combien elle pouvait être si douce. Combien elle pouvait être si rude.

Clive se cala très rapidement à ses méthodes. Elle n’eut pas besoin de se répéter une deuxième fois quand elle avait besoin d’être seule pour un entretien ou pour se concentrer. Un simple signe et il dégageait avec un sourire complice, parfois même un peu taquin, avant de revenir quand elle refaisait signe.
Peut-être se trouva-t-il de s’ennuyer un peu par moment mais il ne regretta pas cette veille qui lui montrait une toute nouvelle facette de son amie. Il la quitta un peu avant la fin de la soirée en la voyant s’épuiser, ne se voulant pas étouffant par pure politesse.
La confrontation avec les parasites qui avaient profité de ces trois cycles d’absence pour tenter de lui voler son travail fut éprouvante. Emilia s’effondra sur son lit. Il était affreusement tard et elle était épuisée. Quelle journée ! Songeait-elle. Et ce n’était que le début…



FIN DU RP LE 04/05/2019
Suite : Voyage de découverte partie 2

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