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 :: Cité d'Atlantis :: Les autres ailes de la Cité
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Dim 14 Avr - 18:54

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Voyant que cet exercice avait l’air de détendre Darren, Emilia joua le jeu… plus ou moins. A défaut de courir elle voulait bien marcher vite et lui donner le plus de noms possible. Ainsi, elle recensa des ouvrages sur la mécanique mais aussi sur la médecine et tout ce qui touchait au domaine du cerveau, espérant approfondir ses connaissances du sujet à travers les recherches atlantes. Tout ce qui pourrait l’aider à réparer plus vite cette machine, permettre une connexion fonctionnelle entre les différentes pièces et préserver Darren ou bien comprendre sa défaillance sur le plan physique.
En ayant verrouillé les émotions qui lui parvenaient, le gamin de trente ans ne s’était pas aperçu que son amie n’adhérait pas des masses. Quand sa montre bipa, c’était un échec étant donné qu’il restait 20% de la mémoire. Darren haussa des épaules, prêt à lui dire qu’ils auraient une meilleure chance la prochaine fois, mais il s’immobilisa sous le coup d’une autre pensée.
« Hey... » fit-il simplement.

Il laissa sa petite idée faire du chemin, ce qui lui donna un air parfaitement bête tant il en souriait, puis il leva un doigt comme pour lui supplier de l’attendre un peu. Darren se sauva dans l’un des rayons de la catégorie DVD. Trois minutes plus tard, il revint en présentant le boîtier du tout premier épisode de Shrek.

« Emilia !!! Là, tu as sous les yeux le parfait exemple de la figurine que tu m’avais montré. Tu te souviens quand on parlait légende ? C’est ça !!! Ce disque, c’est un dessin animé, ça te parle ? »
-Ce sont des images animées ? dit-elle à mi voix en examinant le boitier avec curiosité.
« Oui. On appelle ça des cartoons aussi. C’était pour les enfants au début mais...ça s’est ouvert au grand public. »
Darren lui souria.
« Une soirée popcorn ça te dit ? Rien ne t’empêche de zieuter ta tablette en même temps ! »
-Euh… qu’est-ce que signifie “popcorn”?
« Ca se mange. Généralement devant un film, seul, accompagné ou en famille. Tu peux pas louper ça ! On ne vit pas tant qu’on a pas fait sa première soirée popcorn ! »
-Ah… si c’est un rite de passage alors, le charria t-elle. Et tu veux regarder ça maintenant ? l’interrogea t-elle en glissant un oeil vers son hollow pour regarder l’heure et répondre au message de sa seconde restée au laboratoire. Atlantis avait visiblement accepté d’attribuer des chambres aux gaëlliens venus en renfort de telle sorte qu’une équipe de jour et de nuit allait pouvoir se succéder comme elle l’avait souhaité.
« Je, je, je...non !!! C’est si ça t’intéresse aussi ! Ca demande une heure trente. T’as ça au magasin ? »
-Il y a des princesses et des tours dans ce “dessin animé” ?
Darren fit oui de la tête avant de sortir son arme secrète. Ce qui devrait normalement achever la princesse.
« ET...un drakonys... » lâcha-t-il en surjouant un suspens intenable.
-Incroyable ! Comment pourrais-je résister à l’envie de visionner ce film s’il y a un drakonys ! lança t-elle de son air blasé et moqueur habituel. Et tu veux faire ça chez toi, avec le D-4 ?
« Heu... »

Excellente idée.
Darren redoutait de rencontrer ses amis, surtout les plus explosifs, à cause de ce pouvoir d’empathie. Il aimait ce qu’ils étaient à l’extérieur mais cela ne voulait pas forcément dire que leurs pensées lui plairait. Le jeune homme aimait bien l’esprit d’Emilia comme il était parce qu’elle ne manifestait aucune malveillance à son égard. Pas que le D4 en aurait eu. Mais ils étaient de sales garnements. Des truands, chapardeurs et chenapans. Il aimait ça, il les trouvait géniaux.
A l’extérieur.

Maintenant, il s’était enfermé dans une véritable forteresse grâce à son aide. Il n’entendait plus ce vacarme tonitruant qui pouvait le perdre à tout moment. Et même s’il en allait de même pour les songes d’Emilia, c’était une forme de sacrifice à consentir, même à contrecoeur. Et justement, le fait de se sentir en sécurité et moins vulnérable, ne le retenait plus.
Il appréciait déjà que l’idée vienne de la princesse. Il appréciait encore plus le fait qu’il n’en souffrirait pas.

« Avec plaisir ! C’est par ici ! » Répondit Clive, forcément guilleret.

L’entrée au dortoir du D4 s’ouvrit sur une scène de vie si habituelle que Darren se mit à l’apprécier une nouvelle fois. S’il n’avait pas été touché par le rayon, il s’en serait moqué. Mais l’idée d’avoir un compte à rebours remettait pas mal de choses en perspective et il savait que ce qu’il voyait là lui manquerait. L’endroit était toujours en bordel, comme d’hab, la table centrale surchargée de détritus en tout genre et d’un froc froissé qui devait appartenir à Max.
D’ailleurs, il était en pleine engueulade avec April. Laquelle se trouvait à faire barrage au chambranle de sa porte de chambre restée ouverte. Il en émanait cette odeur déplaisante mais habituelle de clope froide et de sexe. Elle ne s’arrêtait jamais, une folle furieuse.
Darren se souvenait d’une conversation avec elle, la seule fois où il avait osé aborder le sujet. Elle lui avait offert un sourire narquois avant de lui poser une question.

« Chez vous les mecs, c’est la blinde de s’aligner les petits culs. Pourquoi je ferai pas pareil ? Ca fait de moi une pute ? »

Toujours avec son franc parlé et il trouvait qu’elle n’avait pas tort.
Là, Jim était assis devant le seul coin propre de la table. Surement sa partie qu’il avait nettoyé pour pouvoir écrire une lettre. Il réfléchissait autant que faire se peut, fronçant les sourcils de concentration pour occulter les cris de ses amis. D’ailleurs, c’est lui qui leva le nez pour découvrir la présence d’Emilia et la sienne. La jeune femme toisait les lieux sans cacher le dégoût qu’ils lui inspiraient. A chaque fois qu’elle mettait les pieds ici elle se demandait comment des humains pouvaient se complaire dans un tel environnement.... étais-ce une différence sociale ou culturelle ? Elle aurait pu se montrer médisante en disant que l’endroit était à l’image de ses occupants mais ç’aurait été manquer de respect à Jim et Darren. Elle appréciait Jim pour le respect et la mesure dont il faisait preuve depuis le début : un homme cultivé qui n’avait rien à faire dans un tel environnement. Il faudrait qu’elle demande à Darren comment il supportait de vivre là.

« Nous avons de la visite jeune gens ! »

Mais non. Ils continuaient de s’engueuler sur une histoire d’amitié, qu’il ne fallait pas toucher à untel ou untel. Probablement que l’un des deux était allé séduire là où il ne fallait pas. Tout en se levant, Jim prit une chaussure de sport dégoutante qui trônait mystérieusement sur la table et l’envoya rebondir contre le mur, de quoi attirer l’attention. Et comme par magie, comme si ce geste avait désarmé instantanément la situation, les cris cessèrent et la haine manifeste sur les visages se volatilisa. Emilia nota mentalement la manoeuvre : ok… parler pour saluer quelqu’un ne servait à rien mais s’envoyer des chaussures sales oui. Etait-ce un code de salutation usuelle chez les soldats atlantes ou elle avait juste atterri chez les cinglés ? Ca aussi il faudrait qu’elle demande à Darren.

« HEY !!!!!!! » fît Max d’un ton brusquement joyeux.
« HEY !!!!!!! » Mima April en se foutant de sa gueule. Elle bouscula le jeune homme pour prendre les devants, faisant une queue de poisson magnifique sur l’approche de Jim afin d’accoster en première la princesse.
« Salut la princesse de-chez-plus-ou ! Contente de te voir revenir. Tu veux savoir combien de couilles j’ai collectionné grâce à ta superbe lame ?!? »
Tu as vraiment réussi à séduire des hommes avec ça ? demanda Emilia, légèrement incrédule.
April ricana comme une sadique.
« Quand tu racles une lame sous la gorge d’un mec que tu veux faire passer entre tes jambes, y’a que deux réactions possible !! »
Le viol ou le meurtre ? demanda la blondinette, sceptique.
« Ca c’est quand tu sais pas y faire ! Tu sais jouer du couteau et de tes charmes, le mec passe la plus belle heure de sa vie ou il se barre en courant... »

Jim soupira dans son dos. Il hocha simplement la tête et ajouta à la volée :
« April a une manière imagée de vous faire comprendre que vous lui avez manqué. »
Mh oui… bonjour Jim.
« Ouais, quelque chose dans le genre. T’as plus ton garde du corps là ? »
« C’est moi son garde du corps. » S’enjoua Darren en faisant tomber toute la merde de la table et passant un coup de chiffon sur le siège pour préparer une place à la princesse. Cette dernière lui en fut reconnaissante mais se demanda s’il n’allait pas falloir passer encore un coup de chiffon ou deux avec beaucoup de désinfectant avant qu’elle envisage de poser ses fesses là-dessus.
Il rajouta pour préciser avec le ton de celui qui ne veut pas le reconnaître :
« Enfin, là, c’est plutôt moi qu’elle garde... »
« C’est vrai ce qu’on raconte ?!? »
Max suivit la petite troupe. Clive présenta le siège à son amie si elle voulait s’installer et il alla ouvrir le frigo.
« Ouais, Darren, c’est vrai ce qu’on raconte ? »
« Faites moi rêver... » maugréa-t-il.

« T’aurai choppé le MÉGA... »
« ...SIDA DE... »
« ...L’ESPACE... »

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Dim 14 Avr - 18:56

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Darren éclata de rire. Ils étaient cons quand ils s’y mettaient.
A peine fini de s’engueler qu’ils s’accordaient pour le chambrer, surtout que les regards allaient forcément en direction d’Emilia. Pendant qu’il cherchait quelque chose qui n’était pas entamé, dépassé ou vidé, avec ses deux amis poursuivant la conversation, Jim se porta à hauteur de la jeune femme.
« Mes amis préfèrent montrer de l’optimisme quant à l’accident... » commença-t-il.
Il se tourna vers les autres avant de rajouter avec un peu plus d’inquiétude dans la voix :
« Comment allez-vous, Emilia Zeïn ? Et Darren ? Vous tenez ? »
La princesse tourna la tête vers Darren, préférant lui laisser la primeur de la réponse. Elle ne savait pas ce qu’il souhaitait révéler à ses amis. Et puis d’abord… c’était quoi le “sida de l’espace ?”

« On va bien, ne vous faites pas de mourrons ! » Eluda Darren.
Il soupira et rejeta une brique de jus de fruit trop entamée au fond du frigo.
« Vous pourriez pas faire les courses, des fois qu’on ramène des invités... »
« T’es le seul à ramener des invités. »
« C’est plus qu’une invité, on pourrait surnommer le dortoir le D5 maintenant... »
Le D-5 carrément ? Qu’avait-elle bien pu faire pour mériter un tel honneur ? Se demanda Emilia.
« Il faudra vous mettre au ménage avant. »
-Vous m’enlevez les mots de la bouche, Jim, répondit Emilia avec un sourire.

April était bien d’accord. Elle bourra l’épaule d’Emilia comme si c’était une vieille copine de section et lui balança :
« La bière, tu connais ? »
-Aie… euh… oui, nous en produisons sur Orzan. Pourquoi ?
« Ben pour faire la comparaison, tiens ! »
« Tu planques des réserves ? » S’offusqua Max en ouvrant les bras.
« Quand on a un peu de cervelle, on fait son stock. »
La jeune femme quitta la princesse avec un petit clin d’oeil. Jim profita de l’occasion pour échanger quelques mots avec elle. Max, pendant ce temps, tentait de tirer les vers du nez concernant le “sida de l’espace”. Il énervait passablement Darren.

« Je voudrais vous remercier une nouvelle fois pour votre cadeau. Le chapitre sur les Nifgars était très intéressant. Vous savez s’il me serait possible d’en voir un sur votre planète un jour ? »
- Bien sûr, venez me rendre visite à Sombrelune l’un de ces jours et je vous présenterai au mien, répondit Emilia avec un sourire tout en jetant un coup d’œil vers Darren de temps à autre.
« Dans ce cas, je ne viendrais pas les mains vides. »
- Vous serez doublement le bienvenu si vous emportez du chocolat avec vous, plaisanta Emilia.
« TIENS !!! » Coupa soudainement April en plaçant un pack de six bières dans les bras de la princesse qui écarquilla les yeux devant la brusquerie de ce soudain “présent”.
« Hééééééé !!!! Fais-en passer une par là, il fait soif !!! »

Darren avait allumé l’écran plat et préparé le lecteur. Il se tourna en direction de la princesse et la questionna du regard. Les réactions de ses amis l’inquiétaient un peu et il se demandait si elle n’allait pas soudainement faire demi-tour. Max avait jeté le bazar qui se trouvait sur le canapé mais avait eu la bonne idée de monter dessus à pied joint.

« Balance, Zeïn machin !!! »

« Bruyant »… c’était un terme parfait pour qualifier Max. En toute circonstance, il ne pouvait s’empêcher de piaffer comme un oisillon impatient. C’était pénible. En tout cas il s’était bien trouvé avec Darren pour ce qui était du respect… quoi que Darren avait fait beaucoup de chemin sur ce plan-là (bien obligé pour avoir séjourné auprès d’une famille royale pendant une dizaine de jours, autrement il se serait fait virer avec pertes et fracas).

- Non, pas d’alcool pour les soldats irrespectueux, répondit-elle posément en tendant une bouteille à April et une autre à Jim.
Tandis que les intéressés prenaient la bière, bien heureux de pouvoir prendre un verre, la moue enjouée de max se décomposa. Darren le prit par un morceau de sa veste militaire et le força à descendre. Il le fusillait du regard comme si ça allait bien plus loin que ça. Après s’être silencieusement entendu, Max décida de faire la gueule comme un gamin.
Ca arrangeait quasiment les affaires de Darren. Il prépara les popcorns, la seule chose qui se trouvait encore en quantité dans le D4, alors que Jim et April discutaient. Malgré sa barbarie, la jeune femme tenta de prendre des nouvelles du garde du corps qu’elle avait retourné comme une crêpe à noël. Emilia lui répondit qu’elle n’avait plus revu le garde-du-corps en question depuis noël. Mutation sur un poste moins prestigieux, faute de professionnalisme. Darren sentit malgré sa protection la culpabilité soudaine qui gagna April. Mais elle n’en montra rien. Elle feignit même un petit sourire odieux pour cacher son sentiment de honte.

Jim, lui, commenta quelques parties de l’ouvrage et lui posa des questions orientées sur la vie de famille du Gaëllien qui préparait son Envol. L’histoire semblait l’avoir conquis et il demandait surtout comment les membres avaient vécu la réussite de son entreprise. La princesse lui fit savoir avec un sourire qu’elle n’avait pas eu la chance de connaitre Joshua, ce dernier étant né plusieurs siècles avant elle. Elle fit toutefois son possible pour répondre aux questions de Jim avec les quelques connaissances qu’elle avait sur la vie du Sage.

Au bout d’un moment, Darren intervint pour calmer tout ce beau monde.
« Ca va commencer ! Emilia, je t’ai fais une place pas trop dégueu... »
« Cette privilégiée !!! » Commenta April en descendant brusquement sa bière.

Ce n’était pas la première fois que le D4 se faisait un film “en famille”. Après qu’Emilia eut sa petite place attitrée, la troupe s’installa autour d’elle. Max s’était placé dans un coin à l’écart mais ne bouda pas très longtemps quand April entra en scène. Une bonne claque derrière la tête le surprit et, au moment où il se retournait rageusement pour rendre la même, il se trouva nez à nez avec une bière non entamée. Jim se posa à côté d’Emila, April monta pour poser ses fesses sur le dossier, permettant à Darren de se tenir à droite de l’invitée. Et forcément, c’est à elle qu’on donna le saladier de popcorn.

La lumière éteinte, le film débuta calmement et se déroula dans le silence. Darren ne pu s’empêcher d’envoyer un petit coup de coude à son amie quand le passage de la tour eu lieu. Puis, avec ce flot de bons sentiments, il se sentit bercé petit à petit. Il s’endormit sans même sans rendre compte, écrasé par sa précédente nuit blanche, dans le noir et la danse lumineuse que l’écran faisait sur son visage.

Emilia regarda le film d’un œil tout en parcourant un livre sur la tablette de l’autre. Le film était amusant, bien que relativement enfantin. Pas étonnant que ce Shrek plaise au D-4, il aurait tout à fait pu se fondre dans la masse. Elle porta une attention particulière lorsque le dragon et la tour apparurent, intriguée par le récit que lui avait fait Darren de ces symboles, puis finit par réaliser que le soldat s’était endormi. C’était rassurant de voir qu’il arrivait à prendre du repos au milieu de toutes ces personnes, la preuve qu’il arrivait à prendre l’ascendant sur le pouvoir en lui. Satisfaite, elle se replongea dans sa lecture tout en grignotant un popcorn de temps à autre.

Au milieu des rires et du flottement appréciable de cet instant, la barbare du groupe s’était allumé une clope et décala son regard en direction de Clive. Contrairement aux autres, elle avait fait un crochet à l’infirmerie pour demander de ses nouvelles. Même si Carson avait essayé d’éluder, et qu’il s’était quasiment sauvé parce qu’il avait autre chose à faire que de lui répondre, elle l’avait harcelé pour déduire quelques réponses. Elle était même allé vite fait accoster un des scientifiques avec lequel elle s’était amusé un peu.

Il lui avait dit certaines choses. Le reste tenait des rumeurs et des bruits de couloirs. Mais en fin de compte, elle savait que son ami était mourant.

April avait le coeur serré et chargé de détresse. Du genre à vouloir secouer la terre entière, prendre en otage les scientifiques qui ne travailleraient jamais assez vite, de tout faire pour que le D4 redevienne comme avant. Selon elle, sans Darren, il n’y avait plus de petite équipe comme ça.
A ce point de sa réflexion et profitant de la pénombre pour laisser échapper quelques larmes, elle ne se douterait pas que la profonde douleur qu’elle faisait par anticipation de deuil irait jusqu’à Darren. Plus assez méfiant, il s’était sentit flotter entre deux eaux. Conscience et songe. Il avait l’impression d’être dans une toile de tente que le vent s’amusait à faire danser. Sans savoir pourquoi, peut-être par curiosité, il avait senti cette peine approcher à l’horizon. Il avait ouvert la fermeture éclair, juste savoir d’où ça venait, si c’était Emilia qui avait peur pour lui.
Ce serait un sentiment qui le flatterait beaucoup. Du moins le pensait-il.
C’était une curiosité anodine. Il ne pensait pas avoir ouvert son esprit et tourné, durant son sommeil, son pouvoir empathique dans cette direction.

Le piège se referma brusquement. Ce n’était pas Emilia et l’émotion qui se profilait dans ce calme horizon débarqua comme une onde de choc atomique. Elle arracha la toile de tente et l’embarqua avec. Le sentiment secret d’April se déversa soudainement en lui dans une terrible violence. Le barrage qu’Emilia avait aidé à construire venait de se rompre dans un terrible fracas. Sa fameuse forteresse ne fit pas le poids et céda avec une brutalité similaire. Elle vola en éclat comme si on avait enfermé un pétard mamouth dans une théière en céramique : sa cervelle.

Extérieurement, Darren avait les yeux mi-clos, laissant croire qu’il dormait.
Intérieurement, l’émotion néfaste inonda son coeur et son corps. Elle s’imprima durement en lui. Elle se multiplia, gagna en forme et en intensité, exactement comme ça s’était passé avant l’incident durant le repas. Darren commença à remuer un peu, prisonnier de ses propres songes qui se transformèrent bien trop vite en cauchemar.
Sa respiration s’était accélérée et il montra les premiers signes d’agitations.

Tandis que le D4 était captivé par la scène finale du mariage, ils ne captèrent pas tout de suite ce qui se passait. Le reste de pop corn commença lentement à s’envoler, les petits grains soufflés lévitant en apesanteur dans la pénombre. Puis les objets plus remarquable, comme la clope qui glissa des lèvres d’April et ses quelques larmes qui formèrent des bulles. Au moment où Emilia sentait une goutte “d’eau chaude” toucher sa joue, ce qui se révélait plutôt être une goutte de sang voyageant en lévitation, sa tablette décida de se faire la malle.

L’écran plat grésilla, l’image sauta. Les soldats du D4 cessèrent de rire niaisement et fixèrent la télé avec cette méfiance caractéristique de celui qui sent le mauvais coup venir. Est-elle soudainement en panne ?
Pourquoi grinçait-elle comme si elle subissait une pression ?

CRAC !!!
Elle céda immédiatement et se plia quasiment en deux sous les regards ahuris de l’équipe.

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Dim 14 Avr - 19:02

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Emilia bondit sur ses pieds en prenant conscience de l’ampleur du phénomène. Ça dégénérait. Merde ! Chez elle, le pouvoir ne se manifestait pas ou très peu dans son sommeil. Enfin, c’était le cas aujourd’hui car elle avait apprit à l’enterrer assez profondément pour s’accorder le repos tant nécessaire. Mais Darren ne contrôlait rien lui et le Don avait profité qu’il abaisse ses défenses pour reprendre le dessus.
Il aurait été certainement inutile de l’appeler, dans cet état il ne risquait pas de l’entendre. Alors elle lui asséna une gifle pour essayer de le rappeler avec des stimuli physique.

-Reviens ici Darren, rappelle toi qui tu es !! s’exclama t-elle.
Tout ce qu’il voulait, c’était de ne pas souffrir. Il l’espérait tellement fort, comme un garnement prêt à piquer sa petite crise pour ça. La piqûre vive d’une claque ne le ramena pas entièrement à la réalité. Un grand vide se faisait en lui, il atteignait un point de rupture où il FALLAIT que le sentiment ressorte. Darren ne voyait pas Emilia. Il voyait une menace qui voulait lui faire du mal.
Non. Il sentait plutôt. Parce que prit dans ce foutu cauchemar, il ne réalisait pas encore qu’il mettait un sacré bazar dans le dortoir. Tout le monde avait sursauté et quitté le canapé. April avait gueulé son nom en n’osant pas approcher tandis que Jim et Max regardaient dans sa direction.
Il fallait que la mauvaise émotion ressorte. Darren céda à la tentation de détruire ce qui le faisait souffrir, peu importe. Sans vraiment savoir ce qu’il faisait, une main invisible se mit à comprimer la gorge de la princesse alors qu’il saignait du nez, le visage crispé et rouge comme une tomate. Il râla de douleur à même niveau qu’il employa de la force sur le cou d’Emilia. Une pression vive et soudaine de quelqu’un qui tentait soudainement de l’étrangler. Sauf qu’il n’appuyait pas suffisament fort pour lui couper le souffle.

Le problème quand on était dépossédée de son pouvoir c’était qu’on se retrouvait sans défense, vulnérable. Mais voir se retourner ledit propre pouvoir contre soi était pire que tout.
C’était comme si deux mains s’étaient enroulées autour de son cou et serraient autour de lui mais pas assez pour la faire réellement souffrir. C’était néanmoins une sensation terrifiante car elle redoutait à chaque seconde qu’il n’affirme sa prise et la prive pour de bon de son souffle. Elle porta instinctivement une main à sa gorge, comme si cela pouvait l’aider à se débarasser du danger. Maintenant elle savait ce que cela faisait d’être victime de ses propres pouvoirs.

-Darren ! Arrête ça…

Aucune réponse, le militaire serrait les dents et se plaignait longuement. Il était prit dans un mélange de convulsion et un foutu piège entre songe et cauchemar. Le jeune homme se pensait être devenu dément, coupé de ses sens même s’il les avaient encore. Le reste du D4 ne savait pas tout de l’échange de pouvoir. Ils ne se fixèrent que sur le sentiment de détresse d’Emilia et lui sautèrent dessus sans délai.
April gueulait encore le nom de Darren alors qu’elle faisait reculer de force la princesse avec Jim. Max, quant à lui, sauta son sur ami pour le chopper par le col. Seulement, dès que sa première main le serra, il hurla brusquement en voyant son doigt se retourner dans un angle inhabituel.
« AHHHHHH PUTAINNNNNNNNN !!!! »
« Sort la princesse ! » S’écria Jim d’un ton sans appel.
April hésita un instant et agrippa l’avant bras d’Emilia dont la pression venait de cesser. Et pour cause, Darren s’était relevé et se battait sauvagement avec Max. Le visage déformé par la colère et une agressivité qui ne lui ressemblait pas, il cala deux énormes droites à son compagnon avant de lui retourner un coup de genou dans la mâchoire.
Jim accentua son geste, se sentant devenir le prochain sur la liste.
« Emmène là, vite ! »
« Viens ! » S’écria April à contrecoeur.
–Non ! Par les dieux, arrêtez de le combattre vous renforcez sa transe !
La portuguaise ne l’écoutait pas. Elle était effrayée par ce que semblait être devenu Darren et elle affermit sa prise autour de la princesse pour la contraindre à quitter le dortoir. Quand la porte automatique se referma, Jim avait fait face à Darren en levant les mains, essayant visiblement de le raisonner. Un hurlement bestial avait jailli pour toute réponse avant cette coupure.
« Jim fera pas un pli ! J’ai pas pris ma radio...MERDE. On doit se tirer !!! » S’écria-t-elle en gardant une main fermement agrippée sur l’épaule d’Emilia. Elle commençait à s’éloigner dans la coursive vide du cantonnement.
–Lâche moi et cours chercher des sédatifs ! intima Emilia dans l’espoir qu’April la laisse tranquille.
« Mais t’es tarée !!! On se barre chercher des renforts et des secours ! »
–April, commença la princesse en essayant de ne pas se laisser totalement gagner par l’impatience. Darren a hérité malgré lui de mes pouvoirs et je sais exactement ce qui est en train de lui arriver d’accord ? Alors laisse moi gérer ça et obéis !
Le fracas soudain d’un meuble perceptible au travers de la porte blindée termina de la convaincre. Le visage blême, elle secoua négativement la tête comme si elle avait déclaré la princesse folle puis tourna les talons. Elle sprinta littéralement dans le couloir et disparut au tournant quelques secondes après. Juste assez de temps pour que la fameuse porte Lantienne s’ouvre de nouveau sur le militaire.

Le dortoir dans son dos transpirait l’apocalypse. Le seul éclairage provenait de l’écran plat brisé dont un morceau résistant laissait percevoir le générique de fin. Max était allongé ventre au sol. Jim se trouvait un peu plus proche, bougeant sous l’effet d’une douleur qui le dépassait clairement. Il rampait en direction de Darren, toujours dans l’espoir de le ramener, mais son corps lui avait dit stop.

Le jeune homme n’était clairement plus lui-même. Son nez ensanglanté lui donnait déjà l’air d’un diable mais son visage s’était contrit sur une émotion d’intense douleur perpétuelle. Il souffrait à un tel point que ça l’en rendait fou et que son regard brillait d’une haine intensive et injustifiée. Il lui fallait une cible, un exutoire. La silhouette de la propriétaire originaire du pouvoir était une trop belle occasion pour l’ignorer.
Malgré toute l’attache que Darren avait envers elle, il se sentit perdu et abandonné. Elle lui avait pourtant dit qu’elle serait là pour l’aider, qu’elle ne le lâcherai pas. Mais il avait mal, si mal...la douleur physique il gérait de par son métier. Mais la douleur psychique, cette émotion qui ne le lâchait plus et qui faisait une éruption cataclysmique guidait ses gestes.
Oui, Emilia était là pour l’aider. Mais dans son besoin de transférer, il vit en elle la responsable de tous ses maux, de toutes ses peines, de la malédiction qu’il vivait.

« SALOPE !!! » Eructa-t-il d’une voix rocailleuse et inhabituelle.

Il quitta l’appui qu’il tenait du chambranle de la porte et s’avança. Son équilibre défaillant le fit aller sur le côté et s’écraser sur un flanc du couloir. Mais ça ne l’empêchait pas d’avancer dans sa direction. Ses pas étaient désordonnés, comme son esprit, et cette haine qui se déversait sur Emilia. Darren approchait...mais il n’avait plus rien à voir avec le soldat sympa qu’elle avait toujours connu.

L’instinct premier de la zeïn lui dit de courir loin de ce militaire qui faisait peur à voir. Le pouvoir avait désormais tellement d’emprise sur son esprit qu’il n’était plus que fureur et désespoir. Cet homme avait mis KO deux de ses amis et fait détaler la troisième. Trois soldats. Et maintenant il se dirigeait vers elle en lui criant dessus.
C’aurait été un beau mensonge de dire qu’elle n’avait pas peur, c’était même tout l’inverse. Mais une part d’elle lui intimait de prendre le risque de rester là et d’encaisser ce qui allait arriver car elle était probablement la seule dans cette ville à pouvoir l’accompagner dans cette épreuve. Sous réserve que sa voix parvienne jusqu’à ses oreilles.

–Tu as raison de m’en vouloir, c’est mon pouvoir qui te fait du mal. Si seulement je pouvais le reprendre et te soulager…

Elle fit un pas en arrière en le voyant approcher. Puis un second. Il y avait des limites au courage.

– Souviens toi… une bulle d’énergie tout autour de toi, elle te protège des autres musiques, comme un mur. Concentre-toi sur elle, donne lui de la consistance. Elle peut te protéger du chaos.

Darren fit un rebond de flipper contre un mur qui le ramena au milieu du couloir, pile devant elle. Il poursuivit son avancée, rejetant d’un violent coup de tête ses conseils. La voix semblait le rendre encore plus furax et il accéléra le rythme.

« COMBIEN DE TEMPS ! TU M’ETUDIES COMME UN PUTAIN DE RAT ! C’EST TA FAUTE ! COMBIEN DE TEMPS TU ME DONNES !!!!!! »

– Le temps qu’il faudra… je vais te sauver Darren, je vais faire ce qu’il faut pour ça…

Elle fit un nouveau pas en arrière, poussée par son instinct de préservation, avant de se figer et de se forcer à l’immobilité.

-Tu veux me frapper ? Tu penses que je suis la responsable, que ça va te soulager ? D’accord… frappe, lança-t-elle d’une voix blanche. Autrement, tu peux choisir de me faire confiance pour t’aider. Je l’ai déjà fais tout à l’heure. Rappelle toi… une boule d’énergie autour de toi, des boites qui t’isolent du reste du monde… le calme… la paix… le bien-être...
« TA GUEULE ! TA GUEULE MERDE !!!!! » hurla-t-il.

Sa voix était chargée de détresse.
Il n’y arrivait plus, il n’en pouvait plus. C’en était au point qu’il voulait que tout s’arrête, qu’on lui foute une balle dans la tête et qu’il n’ai plus jamais à sentir tout ça. La folie, la haine, la rage. Tout ce qu’il devait extérioriser sans le pouvoir.
Darren s’élança brusquement et chopa Emilia comme s’il voyait une Wraith en elle. Toute la douceur, la sympathie, le moindre respect qu’il pouvait nourrir à son égard s’était envolé. Il lui avait chopé le col et l’envoya valdinguer de toutes ses forces contre le mur d’à côté. Qu’elle s’y écrase comme une mouche, comme une punaise qu’on écrabouille du pouce pour ne plus voir cette forme odieuse et repoussante.
Peut-être que s’il “eteignait” le coeur d’Emilia, il ferait cesser tout ça non ? C’était lié. C’était elle qui avait mis le pouvoir en lui et qui regardait combien de temps il tiendrait. Ce n’était pas ça ?

« Je vais te crever ! » lui promit-il haineusement en la récupérant au vol. Il lui balança un bon revers de gifle qu’il jugeait à peine suffisant pour la “punir”.

Décidément, il fallait vraiment qu’elle arrête de jouer au poker quand elle était privée de ses pouvoirs, ça ne lui réussissait pas. Elle avait espéré lui faire retrouver son calme, à l’apaiser comme elle l’avait fait plus tôt dans la journée mais elle comprit qu’elle avait perdu son pari en lisant la haine dans son regard au moment où il la saisit par le col.
Comment résister à la force brute d’un militaire fou de rage doublé d’un psychokinésiste ? La princesse ne put strictement rien faire pour empêcher sa tête de heurter le mur de plein fouet. Elle entendit un craquement suivi d’une douleur vive au niveau de son crâne avant que les ténèbres ne l’engloutissent. Son corps s’effondra comme une poupée de chiffon et ce fut tant mieux car elle ne sentit pas l’homme continuer à s’acharner sur elle pendant son inconscience. Elle était loin.

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Dim 14 Avr - 19:02

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La haine brûlait toujours dans son corps et dans son esprit.
Comme un incendie qui s’auto-alimente et qui ne veut plus en finir, il avait senti ses coups partir sans qu’il ne puisse contrôler son action. La colère le guidait au-delà de tout raisonnement logique et il ne s’interrompit qu’en voyant la jeune femme s’écrouler au sol comme un sac de patate. Sans réflexe naturel pour se protéger, comme n’importe qui présenterait les coudes à la réception, il sût d’emblé qu’il l’avait blessé.

Darren hurla de détresse à l’intérieur de son esprit mais le reste ne suivait pas. C’était même pire, il termina son agression d’un coup de rangers et d’un mollard insultant avant qu’il ne se sauve au pas de course. Parce qu’avec tout ce bruit, quelques soldats en sous-vêtements avaient ouvert la porte de leurs dortoirs pour regarder la scène, complètement éberlué d’être témoin d’une scène aussi sordide.

Darren fonça comme un dératé. Il s’enfuya en entendant bientôt la sirène d’alarme hurler dans les coursives. Sa part encore humaine piégée au plus profond de son être se rassurait. Il y avait eu des témoins, ils agiraient très vite en appelant les secours. Les médecins arriveraient très rapidement pour la sauver. Ca ne pouvait en être autrement. Non...Emilia ne mourrait pas par sa faute !
Si seulement il pouvait y croire…

Avec l’alarme, le cantonnement s’était redressé d’un bloc unique. Comme lui, conditionner pour sauter les pieds sur le sol froid, la main prête à se saisir du flingue, ils s’éveillaient. Et avec eux, une marée d’émotions et de sentiments qui s’étalait jusqu’à perte de vue. Le soldat avait déclenché cette réaction et il la fuyait comme la peste. Si jamais tous ces sentiments l’atteignaient, il était sûr et certain de finir en zombie, un soldat sans cerveau qui ne chercherait qu’à supprimer, supprimer, SUPPRIMER !
Mon Dieu, Emilia. Le prénom tournait en boucle dans son esprit.

Il était l’acteur de sa propre chute en ayant agi ainsi. Sans la présence d’Emilia, il n’était plus qu’un fou furieux en liberté dans les couloirs. La logique l’aurait mené à se rendre, à ce qu’on l’enferme en cellule d’isolement. Ou bien qu’on lui impose un coma artificiel. Mais Darren était effrayé. Il avait peur de lui-même. Peur de tuer un pauvre innocent, le pauvre mec qui passerait par là après s’être cherché une boisson.
Il n’avait plus qu’un seul endroit où aller. Et il espérait de tout son coeur ne jamais en revenir…

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Dim 14 Avr - 19:06

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« Doucement…doucement... » fit une voix pleine de compassion et de douceur. « N’ouvrez pas les yeux trop vite, ne vous agitez pas... »

Le bip constant et caractéristique du moniteur montait dans la salle. Il y régnait un silence révérencieux. L’odeur de stérilité commun aux hôpitaux. Une blouse blanche qui s’accompagne d’un léger parfum d’après-rasage.
Au travers de la vue trouble se démarque une soudaine lueur qui envahit et pique les yeux. C’est Carson qui teste les réflexes oculaires d’Emilia.

« Elle se réveille, elle peut parler ? »
« Chaque chose en son temps Major ! » Lâche le médecin d’un air impatient.
Il change de ton en se retournant sur sa patiente.
« Vous êtes en sécurité, tout va bien. »
Le docteur se redresse en replaçant la lampe dans sa poche. Il attend un petit instant et reprend.
« Vous vous souvenez de votre nom ? Pouvez-vous me le donner ? »

Le ronronnement des machines, ce bip constant et rapide, l’odeur aseptisée… la dernière fois qu’elle avait ouvert les yeux dans cet environnement on lui avait apprit qu’on venait de lui retirer le traceur dans son dos et qu’il lui faudrait plusieurs jours pour se remettre d’aplomb suite aux diverses blessures qu’elle avait subi. Mais ce temps était loin derrière elle, elle s’était efforcée de ne plus y penser. Mais alors, comment était-elle arrivée ici ? Sa mémoire lui faisait défaut.

-Que s’est-il passé ? demanda t-elle en voulant se redresser. Aussitôt, la lumière lui brûla les yeux et elle les ferma en portant un mouvement à sa tête. Ca faisait mal.
« Doucement !! » Répéta Carson avec le même ton doux pour ne pas la brusquer.
Au lieu de lui interdire tout mouvement pour la garder allongé, il assista son geste et régla le lit médicalisé pour qu’elle puisse s’y adosser.
« Vous avez eu un accident. Est-ce que vous vous souvenez de quelque chose ? Vous pouvez me dire votre nom ? »
-Emilia, répondit-elle tout en cherchant dans sa mémoire. Un accident, vraiment ? Pourquoi ne s’en souvenait-elle pas ?
« C’est bien. Je suis Carson Beckett. Vous vous êtes blessée au niveau de votre tête, ce qui a causé une commotion. Essayez de vous me dire où se situe votre souvenir le plus récent. Prenez votre temps... »

-Je sais qui vous êtes, répondit-elle.

Elle réfléchit, tentant de remonter dans ses souvenirs. C’était confus, il y a avait des éléments par ci par là, certains très clairs et d’autres nébuleux. Il lui était difficile d’établir une timeline.

-La technologie lantienne sur laquelle nous travaillions a surchargé… j’ai été touchée par le rayon…
« C’est exact. Vous vous souvenez d’autre chose ? »
« Est-ce que je peux vous montrer une image ? » fit Lorn en s’approchant.
Il ne s’était pas présenté et lui tendit néanmoins la photographie du dossier de Darren.
-Darren ?
Deux prunelles noisettes se posèrent sur le militaire en attente d’explications.
« Vous vous souvenez aussi de lui, c’est bon pour nos affaires. Vous ne sauriez pas où il se trouve par hasard ? »
« Vous allez vite en besogne Major. Vous ne pouvez pas patienter deux minutes ? »

Carson fixa le militaire et soupira.
« Emilia. Peut-être vous souvenez-vous que ce rayon a également impacté le soldat Clive. Il a développé des aptitudes similaire aux vôtres...nous avons même suspecté un échange.
-C’est le cas, il a hérité de mes pouvoirs.
Carson fit une légère grimace avant de lâcher l’information.
« L’accident dont je vous est parlé...ce soldat en est à l’origine. »
Il avait essayé d’exposer les éléments doucement, préférant le faire avant que le major Lorn ne s’en occupe. Il laissa le temps à la jeune femme de réfléchir mais il ajouta dans la foulée :
« Tout s’est déroulé dans un dortoir, il y a plusieurs heures... »
La jeune femme ferma les yeux quelques instants en se massant les paupières dans l’espoir d'atténuer la douleur dans sa tête que la lumière accentuait. C’était frustrant de ne pas être en mesure de se rappeler de quelque chose qu’elle avait vraisemblablement vécu il y a peu.
- Je ne sais plus… qu’est-il arrivé?
« Le soldat Clive vous a attaqué dans un couloir. Après s’en être pris à deux de ses collègues, il vous a balancé contre le mur. Nous le cherchons depuis... »

Emilia se figea soudain et lança un regard stupéfait à Lorn. Darren, l’attaquer ? Il parlait bien de l’homme qui se coupait en quatre pour la protéger à longueur de temps ? Qui était prêt à entrer en guerre contre toute une organisation secrète de tueurs à gage et à distribuer des coups de poings pour ses beaux yeux ?

- C’est flou, je n’arrive pas à me rappeler… mais Darren n’est plus lui même, mes pouvoirs doivent l’affecter…
« C’est peu de le dire. » Lâcha Lorn en tendant la main. Il récupéra un tablette sur laquelle se trouvait la vidéosurveillance au moment des faits et le plaça entre les mains de la jeune femme. Il la laissa consulter la scène avant de récupérer la tablette.
« Votre confusion est normale. Ca devrait s’arranger bientôt. »
« Mademoiselle Eidolas. Vous avez côtoyé ce soldat ces dernières vingt-quatre heures. Est-ce que vous savez où il aurait pu aller ? »

Emilia regarda attentivement la vidéo de son agression qu’il venait de lui mettre entre les mains. C’était probablement la dernière chose à faire pour se remettre sainement de cet évènement mais elle n’était pas en état de prendre un tel recul. Elle s’observa, comme si elle était un témoin extérieur de la scène : reculer mais faire face à Darren, puis se faire propulser contre un mur et voir son ami continuer à la frapper alors qu’elle était à terre. Elle était incapable de s’en souvenir mais quelque chose au fond d’elle venait de se réveiller, une angoisse sourde qui lui criait que c’était bien elle sur cette vidéo.
La bouche légèrement entrouverte, elle continua à fixer l’écran bien après que l’image se soit éteinte et n’entendit pas la question du militaire.

« Vous allez trop loin Major. »
« Ce soldat se balade en liberté dans la cité et la seule personne qui peut nous aider, c’est bien elle. »
Lorn ne prenait pas un plaisir sadique à présenter la vidéo de l’agression à la victime. Mais il s’assurait, contre l’avis de Beckett, qu’elle ne le protégerait pas. Quitte à ce que cette jeune femme déteste Darren, il comptait à ce qu’elle lui livre tout ce qu’elle savait.
« Je comprends que ce soit dur, Mademoiselle. Mais cet homme fait peser une menace. Aidez-nous à le coincer : où peut-il être ? »
– C’est faux, je doute que vous compreniez quoi que ce soit, répondit-elle sèchement. Le comportement de ce militaire l’horripilait. Inutile de posséder son empathie pour savoir qu’il voulait attraper Darren et qu’il se fichait pas mal du reste. Qu’avez-vous l’intention de lui faire ?
« On va l’aider. » Lâcha-t-il avec assurance. « En le plaçant en cellule d’isolement pour protéger les autres et le protéger de lui-même. Vous répondez ? »
« Non, elle ne répondra pas. » fit Carson en se plaçant entre lui et la patiente. « Mademoiselle Eidolas a besoin de repos, pas qu’on lui fasse subir un interrogatoire dès son réveil. Je ne sais pas comment vous le trouverez mais ce sera autrement qu’en cuisinant une victime ! »

Le Major acquiesça.
Il se pencha néanmoins un peu plus sur le côté pour essayer de croiser le regard d’Emilia et voir si elle répondrait.
– Comment pourrais-je savoir où il se trouve alors que j’ai perdu connaissance avant son départ ? Interrogez vos caméras de surveillance, elles ont l’air relativement performantes, lâcha la jeune femme sans cacher son agacement. Il s’imaginait quoi, qu’elle était télépathe ? Que son cerveau était équipé d’un GPS ?
« C’est déjà fait. Mais peut-être est-il allé à un endroit que vous avez l’habitude de fréquenter... »
« Arrêtez Major, vous êtes dans mon infirmerie et je trouve que vous allez trop loin. Je vais vous demander de sortir sinon je serai contraint de joindre votre supérieur. »
– Je ne sais pas… mais si vous le trouvez, équipez le du champ de force portatif… si c’est le pouvoir qui provoque ce comportement et je suis persuadée que c’est le cas… cela devrait être salvateur pour lui.
« C’est noté. » Répondit rapidement le militaire en la quittant.
Il fit un geste de main et son escorte suivit très rapidement pour participer à la chasse à l’homme.

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Dim 14 Avr - 19:07

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Jim Holman était hésitant.
Debout, en face de la porte de l’infirmerie, il se demandait si la visite serait appréciée. Ou si, au contraire, la princesse ne voudrait plus voir approcher un “gris” pour les mois à venir. Il dissimulait intérieurement le choc que lui causait cet accident. Même lorsqu’il avait salué tant bien que mal le Major sur le chemin, le soldat peinait toujours à comprendre. Comment tout avait pu déraper à ce point ? D’où sortait-il ces pouvoirs et pourquoi s’étaient-il manifesté aussi violemment ?

Il ne savait pas encore comment il allait s’y prendre.
Jim entra à l’infirmerie en saluant poliment Carson qui aurait préféré le voir alité. Mais il ne pouvait pas. Le soldat avait à coeur de se rendre au chevet d’Emilia. En s’appuyant lourdement sur sa canne, il claudiqua douloureusement en direction de son lit, la main libre en appui contre sa hanche.

« Bonjour Emilia Zeïn. » fit-il amicalement. « Vous êtes réveillée, ça me soulage de vous voir en relativement bonne santé. »

– Jim ! Je suis contente de vous voir mais vous avez l’air de souffrir… répondit Emilia avec un air inquiet. Elle était soulagée de le voir capable de se mouvoir cela dit mais il avait l’air en sale état.
« Ce n’est pas grand chose. Le foie un peu sensible. C’est surtout gênant... » lui expliqua-t-il pour la rassurer, tâtonnant du bout de ses doigts hasardeux la boursouflure de son ventre.

Jim trouva refuge sur un siège proche sur lequel il eut toute les peines du monde à se hisser. Impossible de dissimuler son état d’épuisement et la douleur que lui déclenchait chaque effort. Il n’en revenait pas de la force qu’avait eu son ami en lui balançant ses coups de pieds alors qu’il était encore à terre. C’était inconcevable, surtout lui, le “meilleur” du D4. Il tentait bien de donner le change en souriant mais le reste de son visage ne suivait pas. Ses sourcils restaient immobiles, soulignant un regard navré et plein de peine. Autant pour lui que pour son ami et, bien évidemment, la princesse. Quelque chose s’était brisé en lui, la confiance, la camaraderie, la solidarité. Pour que ça ne soit remplacé que par une incompréhension toxique.

« Je viens prendre de vos nouvelles et vous donner les nôtres. April poursuit les recherches avec les autres gars. Elle s’en veut beaucoup de vous avoir laissé. »
– Je ne me souviens pas bien de ce qui est arrivé mais… si je suis restée c’est que je devais le vouloir alors je lui suis reconnaissante d’avoir respecté mon choix.
Elle ne se souvenait peut-être pas mais la vidéo que lui avait montré Lorn, elle, tournait en boucle dans sa tête. Le problème de l’hypermnésie...
– Et Max, comment vas t-il ?
« Il fait la gueule, comme d’habitude. Il est resté dans sa chambre d’infirmerie et ne veut voir personne. Mais le médecin dit que ça va aller. »
– Il doit en vouloir à Darren. Vous tous… vous n’avez pas dû comprendre ce qui est arrivé.
« Je me pose beaucoup de questions. Mais nous sommes tous très inquiet pour lui. Darren, c’est... »
Jim soupira.
« C’est le soldat le plus calme et gentil du coin. Il ne s’est jamais battu même quand il avait une bonne raison. C’est...c’est incompréhensible. Ca ne peut pas être lui. D’ailleurs... »

Il se crispa en ajustant sa position. Il s’humecta les lèvres, laissant filer quelques secondes, avant d’ajouter :

« Je suis aussi venu vous voir parce que...quelqu’un d’autre veut de vos nouvelles. » Au cas où elle n’aurait pas compris, il ajouta : « Il est très inquiet pour vous. »

– Qui donc ?
« On a une petite cachette pour se laisser des mots en cas de problèmes. J’y suis allé et j’en ai trouvé un...Darren ne se rendra pas tout de suite. Il a besoin de vous parler avant. »
Il hésita et décolla sa radio de son oreille.
« Je me doute que vous ne voulez pas entendre ces histoires. Mais je peux vous proposer ma radio... »

Darren voulait lui parler avant de se rendre et il l’avait fait savoir au D-4 ? Cela signifiait-il qu’il était revenu à lui ou s’agissait-il d’un prétexte pour la revoir et finir le travail ? Carson le lui avait dit et elle l’avait bien vu sur la vidéo : il y était allé sans retenu et elle avait eu de la chance de s’en sortir.

– Vous continuez à le protéger après tout ça, sans même savoir pourquoi il a agi ainsi… c’est stupéfiant.

Elle le pensait. Bien qu’elle ne comprenne pas vraiment pourquoi il le faisait et si Jim agissait pour une raison altruiste ou pour un tout autre objectif.
Le concerné ne parvint pas à garder son regard sur elle. Il fixa ses pompes et soupira.
« Je ne suis pas certain de pouvoir poser des mots dessus. Nous avons tous nos défauts. Et les autres collègues du dortoir bien encore. Mais ce qui fait que vous les supportez, c’est aussi ce qui nous soude. »
Il pinça des lèvres.
« Nous nous sommes battu tous ensemble contre les Wraiths. On s’est toujours montré patient, attentionné, bienveillant, les uns envers les autres. Je ne crois pas aux actes de Darren. »
Jim ajusta sa position.
« Je suis...déçu, vexé. Abîmé et désorienté. Mais au fond de moi, je sens qu’il n’était pas lui-même...et qu’il a besoin de moi. Plus que jamais. »
Le soldat pensait avoir bien résumé la situation. April n’était pas dans le groupe de recherche juste pour mettre la main sur lui et venger la princesse. Elle espérait être là lorsqu’il se ferait arrêter pour le soutenir. Max faisait la gueule mais il devait être abattu par cette réalité, de le savoir en perdition quelque part dans la cité, et de ne surtout pas avoir su le retenir.
« C’est la fraternité militaire. Ces trois là sont mes sales garnements malpolis. Je ne veux pas les laisser tomber, aucun d’eux. Vous comprenez ? »

Était-il honnête ? Son pouvoir manquant ne lui permettait pas de le savoir. Un tel dévouement c’était quelque chose de rare. Une amitié désintéressée… ce n’était pas chose courante dans son cercle social où les gens étaient essentiellement motivés par leurs intérêts. De fait, elle trouvait cela déroutant et difficile à comprendre.

– Je comprends… je crois. Vous êtes comme un père pour eux. Et c’est pourquoi je vais vous expliquer la situation.

Elle parcourut brièvement les lieux du regard pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’oreille trainantes dans les environ avant de reporter son attention sur Jim.

– La technologie lantienne a surchauffé et nous a touché tous les deux. Darren a alors hérité de mes pouvoirs… de tous mes pouvoirs. Y compris de ceux que j’évite d’ébruiter.
« C’est ce qui l’aurait rendu...fou ? » lui demanda-t-il en veillant à ne pas rebondir sur la nature des pouvoirs qu’elle ne voulait pas ébruiter. Jim ne voulait pas le reconnaître publiquement, sauf à cette jeune femme plus responsable, mais il se sentait d’un devoir paternel envers les autres et Darren.
– Oui. Son corps n’est pas taillé pour supporter un tel pouvoir. Je ne le maîtrise pas toujours moi-même alors lui… il capte les émotions des autres de manière brute, sans pouvoir faire le tri. Son cerveau ne l’a pas supporté, ça la rendu… dangereux.
Jim écarquilla les yeux et fixa longuement la princesse en se demandant si elle n’était pas en train de se moquer de lui. Mais juste après, son esprit fit le tri des diverses informations, rassembla les pièces du puzzle et lui montra un tout nouveau paysage.
« Vous avez dissimulé cette aptitude à Atlantis...Et Darren ne pouvait pas l’ignorer... »
– Il savait.
Il ferma les yeux.
« Vous n’imaginez pas à quel point il m’a semblé être gratuitement haineux. Mais...vous m’offrez des réponses qui me rassurent. Merci, Emilia Zeïn, je vous promets de respecter votre secret. »

– Merci, répondit-elle reconnaissante. Après tout elle ne lui avait rien demandé. Par ailleurs elle n’avait pas les moyens de vérifier s’il disait vrai ou non mais elle avait fait le choix de se confier à lui pour restaurer la confiance du D-4 envers Darren et elle assumerait ce choix. J’ignore dans quel état d’esprit il se trouve actuellement… si les soldats le trouvent ils risquent d’agraver les choses. Il faudrait le forcer à porter ce champ de force portatif… ou bien l’isoler dans cette cellule où l’on m’a placé il y a longtemps. Quelque chose qui bloquerait le pouvoir en lui.
Jim se mordit la lèvre inférieure alors qu’il malmenait ses doigts.
« Je crois sincèrement que vous êtes la seule personne sur cette cité à pouvoir le raisonner. »
Son regard s’attarda sur elle. Il était sérieux.
« Cela peut vous sembler ironique vu ce que vous avez enduré. Mais je ne l’ai jamais vu aussi enjoué depuis qu’il vous côtoie. Et il me semble qu’il ne peut avoir confiance en personne, si ce n’est vous. Alors... »
Jim marqua un silence songeur. Il osa.
« Peut-être accepteriez vous de m’aider à le retrouver avant les militaires. Et le convaincre de se rendre en cellule ? C’est que...nous ne sommes généralement pas très tendre avec les hommes qui battent les femmes. »
Je croyais pouvoir l’aider et c’est pourquoi je suis restée lorsqu’il a eu son excès de fureur. Le résultat nous prouve que vous et moi avons tort.
Elle ferma les yeux un instant et se crispa à cause d’un soudain pique douloureux dans sa tête. Mais elle reprit rapidement son air impassible. Montrer ses faiblesses n’était pas son fort.
« Vous sous-estimez l’aide que vous lui apportez. » Répondit-il, sûr de lui. « Il a dû reprendre en lucidité pour m’écrire ce message. Sa première priorité n’est pas d’appeler à l’aide mais de savoir comment vous allez. Il y a peut-être une ouverture... »

-Ou il veut terminer le travail, répondit Emilia pragmatique.
« Ou il veut terminer le travail. » Répéta Jim, qui ne pouvait qu’être d’accord face à cette éventualité.

Le fait est qu’il avait un plan et qu’il avait besoin de la princesse pour le raisonner. Mais depuis qu’il la voyait sur ce lit d’infirmerie, il trouvait de moins en moins la force de la convaincre. Il avait bien essayé de ces quelques phrases mais en vain. Lui-même avait assez peur de se retrouver en face de ce monstre de haine et de colère qui avait prit la peau de son ami. La princesse ne méritait pas de se remettre dans ce bain-là. Ce n’était pas son affaire, elle avait déjà tenté.
Jim s’était dit tout ça mentalement, se faisait une raison sur le fait qu’elle ne l’aiderait pas. Elle devait se reposer et s’en remettre.

Le soldat prit appui sur le siège et se redressa. Les dents serrées, il prit le chemin de la sortie.
« Merci pour cet échange Emilia Zeïn. Je ferai savoir aux autres que vous allez bien. »

-Un instant, lança t-elle, autoritaire. Votre radio.
Jim la regarda. Son regard marquait une petite hésitation, il se demandait ce qu’elle comptait faire au vu du ton employé. Mais ce n’était pas nécessaire de se fixer là-dessus. Jim savait qu’il n’irait pas très loin avec son estomac en vrac et il pensait toujours qu’Emilia était sa meilleure chance. Il ouvrit sa main valide sur l’oreillette radio qu’il tenait encore et l’approcha finalement de la jeune femme.
Son regard se voila d’une nouvelle teinte de reconnaissance. Il prit le temps de lui expliquer comment fonctionnait la radio, ainsi que les différents organes de réglages. Après l’avoir aidé à installer l’oreillette avec douceur, ne voulant pas lui faire mal avec ce qu’il suspectait de ses blessures, il lui annonça qu’elle n’avait plus qu’à déclencher le contact.
Il hocha la tête pour appuyer ses remerciements silencieux et s’en alla pour respecter une forme d’intimité. A la porte, il s’appuya lourdement tout en passant un regard vers l’extérieur, se décidant à faire le guet pour l’avertir en cas de visite.

Emilia observa l’objet dans sa main pendant un moment, hésitante. Reprendre contact était plus difficile qu’elle ne l’aurait cru. Elle avait beau savoir qu’il n’était plus lui-même et raisonner de manière pragmatique, son agression était trop fraîche et ne lui facilitait pas la tâche. Pas plus que les bribes de souvenirs qui lui revenait de temps à autre. L’homme qu’elle devait aider était aussi celui qui avait essayé de la tuer.
Mais elle devait le faire. Il serait temps ensuite d’affronter ses sentiments, de prendre du recul, quand tout ceci serait terminé.
Elle activa donc la radio comme Jim lui avait apprit à le faire.

// - Darren ? … tu souhaitais me parler ? //
//Le Dieu de l’Ermite à entendu mes prières...// Fit-il bizarrement en réponse.
Il y avait un peu de fritures sur la fréquence. Le soldat semblait avoir activé l’émission en continu, il respirait fort, laissant discerner des tremblements nerveux dans sa voix. Il reprit sans attendre :
//Est...ce que j’t’ai blessé ? Tu es...soignée ?//
// -Je m’en remettrai. Et toi ? //
//Planqué. Je déraille, je crois...ça grouille au-dessus de moi. Il y en a partout. Et ça marche plus. J’y arrive pas.//
Il inspira un grand coup.
//Ca va...je suis plus...j’étais comme un animal. Je sais ce que je t’ai fait.// Laissa-t-il entendre.
Il continuait toujours de trembler de sa voix.
//J’ai pas respecté ma promesse...je...//
La communication coupa, il avait retiré l’émission.
// - Darren ? // demanda t-elle en tentant de relancer la communication sans savoir si elle y arrivait ou non. Elle n’était pas familière de ce moyen de communication. // - Tu dois te réfugier derrière un champ de force. En cellule ou derrière le gilet portatif. Ca te libèrera de l’emprise des autres. //
//Le calme...quand on était qu’à deux...j’y suis allé...// Répondit-il finalement. //Le silence, les musiques m’atteignent pas. Mais je sens qu’elles me cherchent. Elles grouillent là-haut !//
// - Tu es sous l’eau ? //
La cellule d’observation sous-marine… sa description laissait entendre qu’il s’était réfugié sous l’eau. Pas bête du tout. C’était une bonne cachette, loin de tout.

Nouvelle coupure. Mais cette fois c’est lui qui reprit aussitôt.
//Emilia ?//
Il hésita.
//Je suis vraiment désolé...je sais pas comment le dire autrement. Je te demande pardon...//

La jeune femme baissa les yeux quelques instants vers son lit. Il était rare qu’elle ne sache pas répondre, qu’elle n’ait pas le contrôle d’une situation. Mais cette fois elle se sentait dépassée, partagée entre son esprit rationnel et ses émotions.

// - ...Je sais. //

Cette fois, ce fut-elle qui coupa pour ne pas être entendu de Darren et elle lança à Jim.

Je crois qu’il est dans l’observatoire sous marin. Vous avez les moyens de mettre la main sur le champ de force portatif ?
« Je peux m’arranger. On pourra aller à sa rencontre. » Répondit-il, regonflé d’espoir.
-Alors allez le chercher, je vais occuper Darren, répondit-elle résolue. S’enfuir de l’infirmerie pour se mettre en recherche de son agresseur, c’était du grand n’importe quoi. Et pourtant.
Jim ne se fit pas prier.

//Je commence à te connaitre...t’aura plus confiance.//
Il soupira.
//Ils font comment en Gaëllie, pour s’excuser ?//

// - Ils font une offrande. Quelques kilos de chocolat devraient être un bon début. // le charria t-elle avec un air très sérieux qui lui ressemblait bien.
Darren éclata de rire.
//Et...si j’ai pas le temps de les réunir ?//

// - Je vais m’assurer que tu l’ai. Je viens de communiquer avec mes scientifiques, la réparation de la technologie avance à grands pas, // mentit-elle.

Carson lui avait seulement dit que son équipe guettait de ses nouvelles mais qu’il les avait mit à la porte pour pouvoir lui faire passer des tests pendant qu’elle était inconsciente. Il allait falloir qu’elle reprenne contact avec eux pour savoir où en était la situation.
//Tu mens...//
Il souffla comme s’il avait couru un marathon.
//Emilia. Je comprends pas...ce qui m’arrive. Je tremble comme une feuille...j’arrive pas à rester concentré...//
Darren se faisait violence pour ne pas perdre son sang-froid. Il n’y avait qu’elle qui savait ce qui se passait. Il se voyait partir en morceaux et perdre complètement la boule.
// - Ton cerveau ne comprend pas ce qui lui arrive, il n’est pas prêt à recevoir autant d’informations à la fois et il n’arrive plus à les interpréter correctement. //
//Je veux me racheter avant...que...//
// - Il faut bloquer ton pouvoir, cela te soulagera et t’accordera un répit. Le temps qu’il nous manque pour renverser la situation et revenir à ton précédent état. Tu comprends ? //
//Et si ça repart ?...et si j’en tue un ?//
Darren tremblotait.
//J’arrive pas à me concentrer...dis-moi...dis-moi ce que je dois faire...pour pas que ça recommence...//

Emilia n’en menait pas large non plus. Elle avait l’impression d’être dans la peau d’une négociatrice qui tentait de raisonner un homme complètement instable. Le moindre faux pas risquer d’entrainer une série de catastrophes.

// -Tu es dans une nacelle ? Assieds-toi, met toi en tailleur et ferme les yeux. L’eau est comme un mur entre les gens et toi, elle te protège et t’encercle. Elle te coupe du reste du monde. Il n’y a que toi dans cette nacelle. Toi et moi. Plus rien ne peut t’atteindre. //
//Oh c’est pas vrai ! Non….merde...nan, pas ça...//
La respiration du soldat venait de soudainement monter dans les tours.
//On me remonte !!! On me remonte, les musiques arrivent ! S'asseoir, s'asseoir...tailleur...les yeux...merde, merde, MERDE !//
Entretemps, une autre voix venait de recouvrir le début de panique de Darren.
//On y est. Je suis avec April et Max, on le ramène...//
-//Forcez le à mettre le champ de force coute que coute. Utilisez un sédatif s’il faut.// répondit-elle à Jim.
“Garder son calme… bien respirer… Allez Emilia, tu peux le faire”, s’encouragea t-elle mentalement.
// -Ce sont des musiques amicales. Tes proches sont là pour te protéger, écoute les et obéis leur. Repense à ce que je t’ai dis… un bouclier d’énergie qui te protège des autres bruits, des boites qui t’en isolent encore plus… Tu me fais confiance ? //

Au travers de la radio, la respiration du soldat était devenue rapide et courte, le signe d’une panique qui le gagnait entièrement. Pourtant, les propos d’Emilia lui faisaient de l’effet. Il n’y croyait pas, pris dans un excès paranoïaque, se disant qu’elle avait savamment préparé une vengeance. Pourquoi pas quelques gros bras de son équipe scientifique pour lui casser la gueule bien comme il faut ? Un exemple pour rappeler à tout le monde qu’on ne touche pas à un cheveux de la princesse…
Mais quelque chose faisait retenue, comme un dernier morceau de lucidité encore intact. Il se disait qu’elle était là pour lui, que c’était possible qu’elle l’ai pardonné et qu’elle ne prévoyait pas de vengeance. Il se souvenait bien de la technique qu’il n’avait pas réussi à reproduire seul. Mais les mots étaient là...et il se mit à les répéter inlassablement, de plus en plus vite.
Il s’enterra dans un instant de mutisme déplaisant avant qu’il ne réponde finalement :
//Oui...je te fais confiance...//
Mais ça ne l’empêchait pas d’être terrifié à l’idée de redevenir fou furieux, un animal de haine et de colère. Il sentit les musiques “amicales”, comme le lui avait dit Emilia, et il s’exerça avec toute la bonne volonté qui pouvait lui rester. Il s’exerça à former ce bouclier et ces boîtes.

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Dim 14 Avr - 19:10

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A ce stade, la princesse ne pouvait plus faire grand chose si ce n’est d’assister à distance à la récupération. Depuis la radio que Jim venait de bloquer en mode émission, elle put entendre la nasse revenir dans la salle et son architecture se défaire.
//Darren...//
//On est là mec, on est là ! Tes potes de section, tu te souviens ?//
//ÉCARTEZ VOUS ! NE ME TOUCHEZ PAS !!!// Paniqua le soldat.
//Nous sommes tes amis. Darren, on est venu pour t’aider. On est tous là pour ça...//
//Laisse-nous t’approcher. Regarde...le bouclier.//
//C’est ton putain de billet pour arrêter tout ça. Je vais m’approcher maintenant...doucement...regarde, j’ai pas d’armes, que dale...//
//Je veux blesser personne ! Je veux blesser personne ! Personne ! NAN PERSONNE !!!//
//On te l’enfile doucement...là. Je te ferai pas de mal...//
//C’est Emilia qui nous envoie...tu lui fais confiance hein ?//
//La lumière et les boîtes...t’es un soldat ou pas putain...la lumière et les boites...AHHHHH !//
//Voilà, c’est fait ! Ca y est...//
//Calme toi...respire...allez...respire mollo...//
Puis le silence retomba. La communication cessa pendant une longue minute.
Finalement, Jim reprit pour lui annoncer la nouvelle.
//Emilia Zeïn...vous nous avez rendu notre frère d’arme. Merci...//
//Merde ! Lorn débarque...//
//Faut se casser, faut...//
//Non attendez...Mademoiselle...il nous faut un dernier conseil. Est-ce qu’on le laisse aux autorités ? Ou est-ce qu’on l’emmène avec nous ?//
//Jim, putain, on va pas l’abandonner !//
//Il nous faut un avis neutre, pragmatique et surtout calme ! Il n’y en a qu’une...Emilia Zeïn...est-ce qu’on l’emmène ?//
Calme, elle ? Il était sérieux ? Elle était l’étrangère de service, comment pouvait-elle être objective sans disposer de tous les paramètres nécéssaires ?
// - Vous connaissez mieux votre armée que moi. Ils vont lui faire du mal maintenant qu’il n’est plus un danger ? //
//A part le jeter en taule comme une merde ?!?//
//Je crois qu’il ne risque plus rien...il végète. Les collègues ne tireront pas sur lui...//
//Je vais pas le laisser là...//
//Non on reste. Mais on ne le planque pas...//
//Ok. Ok...//
//On t’en doit une, princesse.//
// - Expliquez la situation à ce Lorn. Je tâcherai de parler à vos dirigeants si vous le souhaitez. //


Plus tard...



Comme tout homme investi, Richard Woosley progressait d’un pas rapide dans les coursives. Les quelques soldats qui composaient son escorte trouvaient qu’il avait une sacrée cadence. En sillonnant un chemin qu’il connaissait par coeur après s’être égaré des centaines de fois, le chef de l’expédition analysait mentalement toutes les données en sa possession. Le CODIR avait déjà été averti de l’incident, l’agression dont la jeune princesse avait été la victime. On avait demandé au Major Lorn d’exercer une mission de sécurisation et de trouver le première classe Clive.

S’ils savaient tous que l’impact du rayon l’avait amoindri, suite au rapport de Carson, tout le monde avait été étonné d’apprendre sa réaction psychotique. Le cheminement du soldat sortait de très loin de ce qu’avait connu Rodney McKay. Et le fait est qu’il aurait dû être bien plus surveillé. Mais c’était fait, inutile d’y revenir dans l’immédiat.

Les circonstances de l’accident était particulièrement délicate selon lui. Il savait le soldat Clive attaché à la princesse étrangère et régulièrement détaché à son service, un projet personnellement chapoté par Mademoiselle Steele. Et c’est justement cet homme, qui pouvait représenter Atlantis par ses actes, qui avait brusqué la jeune femme. Une commotion avait dit Carson. Si elle n’était plus en danger, cela restait une blessure sur un territoire nouvellement allié. Il lui fallait se garantir de toutes méprises.

Ce faisant, il avait conservé sa radio et attendait fébrilement les nouvelles. Il fût soulagé d’apprendre que l’agresseur venait d’être appréhender par quelques soldats et qu’il était conduit dans un lieu sécurisé. Le temps qu’il atteigne finalement le site, l’équipe de Lorn interrogeait les soldats qui étaient intervenus. Darren Clive se trouvait dans la cellule de confinement, lui-même porteur du bouclier portatif. Double peine isolatoire qui vit le directeur pincer des lèvres de façon compatissante.

« Il n’y a pas eu de blessés ? »
« Non, monsieur. Ces quatre soldats l’ont trouvé dans la nasse sous-marine et lui ont passé le bouclier. »

Richard les remercia brièvement pour leur participation puis se décala en direction de la cellule. Il regarda au travers de la protection. Carson s’était enfermé dans la chambre forte avec Darren pour l’ausculter. Parce qu’il ne pouvait pas l’examiner avec la protection portative, il s’était enfermé seul avec lui dans la cellule. L’équipe médicale l’avait placé sur une civière et sanglé de la tête aux pieds.
Darren se laissait faire. Il donnait l’air d’être exténué et recouvert de sueur. Il s’agitait par moment, comme soudainement réceptif au flux d’émotions qui ne pouvait parvenir que de Carson. Celui-ci venait de brancher les capteurs formant un bandeau sur son crâne et le moniteur afficha immédiatement les informations. L’activité de son cerveau avait dramatiquement augmenté, preuve incontestable de la modification de sa personnalité et de ses accès de folie. Le médecin prépara un injection tandis que Darren était attiré par un bruit. Il se tourna dans cette direction.
Malgré la terreur muette qui l’avait investi, il se mit à sourire sans se forcer.

April et Max avaient collé leur visage contre la protection qui grésillait salement. Mais malgré l’aspect lumineux du bouclier offrant une résistance, ses amis faisaient les pitres en écrasant leurs joues, leurs fronts et leurs nez pour y inventer de nouvelles grimaces. Max se rappela soudainement à l’ordre par la douleur émanant de son nez et April termina son petit jeu d’horreur sur une bise contre le bouclier.
Le soldat leur fit un signe de tête. L’expression de leurs regards laissait clairement paraitre qu’ils ne le détestait pas pour l’altercation physique.

En-dehors du champ de force, l’officier scientifique Orzan compilait des données et posait des questions à Darren. Lequel ne répondait qu’à moitié, préférant fixer ses amis et faire un signe du menton à l’intention de Jim. Mais en tournant la tête pour l’appeler, il finit par découvrir la présence de la princesse et il ressentit un brutal sentiment de honte.
Son regard se voila et il demeura immobile en l’observant, bien incapable de pouvoir réceptionner ses émotions maintenant. Darren se figea en restant en l’attente d’une réponse personnelle. Il craignait de voir luire la crainte dans le regard de la jeune femme, l’absence de confiance, la déception, la trahison.

« Mademoiselle Zeïn Eidolas ! » fit soudainement Woosley en la découvrant. « Vous devriez être à l’infirmerie. Nous tenons beaucoup à ce que vous vous remettiez de vos blessures. »

De loin, Emilia avait suivi l’arrivée des autres militaires et la prise en charge de Darren. Au final tout s’était bien passé, les soldats avaient su entendre ce que les trois du D-4 avaient à dire, Darren n’avait pas été brutalisé.
Soulagée que tout rentre enfin dans l’ordre, la princesse s’était accordée quelques minutes pour souffler avant de chercher son hollow pour prendre contact avec sa cheffe scientifique et faire un point détaillé avec elle. Elle l’avait rassurée sur son état et lui avait fait un résumé complet de la situation et de l’état de Darren. La conversation avait rapidement pris une tournure scientifique et elles avaient débattu de la meilleure stratégie à adopter. Compte tenu de la situation, les chances de s’en sortir de Darren étaient plutôt maigres. L’éventualité d’un Envol étant d’office écarté, le seul moyen de le sauver serait de réparer et de calibrer correctement la technologie mais l’équipe se heurtait à la méconnaissance de l’appareil lantien qui les freinait.

Un moment plus tard, Emilia finit par mettre un terme à la conversation en demandant à Sarya, son interlocutrice, d’aller jeter un œil du côté de la prison et de s’assurer que Darren portait bien son gilet ou que, à défaut, il était isolé et seul dans le champ de force de la cellule. De son point de vue, couper court à ses capacités était la seule solution pour accorder un sursit au jeune homme. Il fallait absolument diminuer l’activité de son cerveau, c’était une question de vie ou de mort. Parfaitement au courant des pouvoirs de sa supérieure qu’elle avait eu l’occasion de longuement étudier dans son laboratoire sur Orzan, Sarya était bien placée pour comprendre la situation. Elle saurait gérer les choses là-bas.

De son côté, Emilia décida de fausser compagnie au personnel de l’infirmerie et regagna ses quartiers avec les quelques affaires qu’elle avait pu récupérer. Là-bas, elle prit le temps de s’examiner dans le miroir, s’attardant sur le bandage sur sa tête protégeait les points de suture ou encore sur les cernes qui marquaient son visage. Elle avait une sale tête et ça ne lui plaisait pas mais à quoi aurait-elle pu s’attendre dans de telles circonstances ? C’était le petit matin… au moins elle se consolait en songeant que personne n’avait du beaucoup dormir cette nuit.
Avec un soupir, elle enfila des vêtements propres tout en grimaçant de temps à autre. Sa tête la faisait souffrir exactement comme lorsqu’elle s’était réveillée pour la première fois sur Atlantis… mais la différence cette fois c’est que son organisme était en bien meilleur état. Elle guérirait plus vite, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Du moins l’espérait-elle.

Un message de Sarya sur son hollow l’averti que l’un des trois membres du CODIR se trouvait sur place. Pas de chance, c’était celui qu’elle connaissait le moins. Mais bon…
Elle fit un pas vers la porte, puis se figea. Un nouveau flash dans sa tête venait de lui revenir, un fragment de souvenir… Lorn ne lui avait pas facilité la tache en lui montrant cette vidéo… maintenant elle se demandait si son esprit inventait de toute pièce les souvenirs ou s’il s’agissait réellement de ce qu’elle avait vécu. Dans tous les cas elle ne pouvait prétendre que ce que lui avait fait Darren ne l’affectait pas. Même s’il n’était plus lui-même, même si elle pouvait lui trouver des tas de raisons….
Il avait attaqué et blessé les membres de sa propre équipe.
Les insultes… elles n’apparaissaient pas sur la vidéo, il n’y avait pas de son. Pourtant elle était sûre qu’il y en avait eu aussi.
Elle avait tenté de l’aider et il avait essayé de la tuer.
Cruelle erreur de jugement de sa part, elle aurait dû jouer la carte de la sécurité plutôt que celle de la confiance. Partir avec April et se ranger derrière les soldats plutôt que de lui tendre la main.
Elle avait beau continuer à se couper en quatre pour essayer de le sauver, elle savait que cet évènement avait sérieusement ébranlé la confiance qu’elle lui portait. Il allait lui falloir du temps pour oublier cette trahison. Même si le soldat n’était plus lui même lorsqu’il l’avait attaqué...

La jeune femme ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle n’agissait pas que pour lui, elle le faisait pour elle aussi, pour récupérer ses pouvoirs. Sans eux, elle était faible, vulnérable. S’il lui coutait de se rendre dans la cellule de son agresseur, il fallait au moins qu’elle se raccroche à ce second argument.
Elle allait aller là-bas pour échanger quelques mots avec Woolsey et avec Sarya, s’assurer que le D-4 allait bien… puis elle repartirait dans ce laboratoire et y resterait le temps qu’il faudrait pour trouver la solution au problème.
Et si elle avait le courage, peut-être qu’elle se risquerait à s’approcher de Darren et à échanger quelques mots avec lui. Mais rien n’était moins sûr.

Elle se mit donc en route et n’eut guère de mal à retrouver le chemin. C’était ironique que le soldat qui l’avait jadis escorté pour l’enfermer soit désormais le prisonnier tandis qu’elle était à l’extérieur.
Les lieux étaient en pleine effervescence et elle jeta un regard morne à l’intérieur de la pièce, évitant de trop s’attarder sur les personnages à l’intérieur de la cellule. Une petite voix à l’intérieur lui demanda ce qu’elle fichait ici. Elle la chassa et se tourna vers Woolsey qui venait de l’interpeller.

-Je ne serai pas utile à grand monde à l’infirmerie, rétorqua la blondinette. Sarya a du vous expliquer l’importance de faire porter le champ de force au soldat Clive de manière systématique ? Si mes hypothèses sont exactes, cela devrait freiner grandement son activité cérébrale et ralentir sa dégénérescence.
« Effectivement, votre chercheuse a été très clair sur ce point et j’ai bien l’intention de faire appliquer cette consigne. »

Elle avait baissé la voix pour s’assurer de n’être entendue que par les personnes très proches. Inutile que Darren capte ce qu’elle racontait à son gouverneur.

– A ce stade là, chaque heure est précieuse.
« Je comprends votre investissement pour ce soldat ainsi que la volonté à récupérer votre aptitude. Néanmoins, je me dois d’insister. Madame votre mère serait probablement très contrariée de voir ses nouveaux alliés laisser sa fille prendre ces risques... »
Woosley poussa ses lunettes d’un geste de la main. Il poursuivit :
« Je tiens à ce que tout se passe bien pour tout le monde. Il est de mon devoir de mettre votre santé dans la balance. »
– Je comprends, monsieur Woolsey. Mais ma mère sera tout aussi furieuse d’apprendre que sa fille ai perdu son “aptitude”. Par ailleurs, nous ignorons encore les éventuels effets secondaires à retardement que cette machine pourrait aussi déclencher chez moi et il est plus qu’urgent de trouver une solution au problème. Cet endroit est truffé de biologistes compétents et de médecins, je suis bien encadrée n’ayez crainte.

Le directeur prit le temps de réfléchir. L’argumentaire de la princesse ne souffrait d’aucune faille selon lui. Il finit par acquiescer.
« Très bien. Je mettrai à votre disposition toutes les ressources nécessaires. Mais j’insiste pour être tenu informé de tous vos progrès. Il est également évident que toutes les décisions prises concernant ce soldat devront passer par le Docteur Beckett. Cela vous convient ? »
– Soit. Il me semble que c’est un bon compromis.

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Dim 14 Avr - 19:11

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« Tu mens très mal Carson. »
« Je suis si limpide ? »
« Nan, c’est tout ces bips bizarre qui m’inquiètent. »
« Ne le répétez pas mais c’est du bidon, on achète les droits sonore dans les cinémas. »
Darren aurait éclaté de rire en ajoutant une autre boutade sur le corps médical mais il était loin d’être d’humeur. Son regard ne cessait d’aller dans la direction de la jeune femme. Le D4 l’avait pardonné, il suffisait de les voir faire les clowns contre le bouclier en se moquant de la présence de Woosley. Emilia, par contre, il savait que ça passerait très mal.
Il en ressentait une piqûre de peine et d’injustice. Ca lui tiraillait les tripes. Rien qu’en y pensant, il pouvait encore sentir la poigne qui s’était resserré sur son col. La force qu’il y avait mis. L’onde de choc dans sa rangers alors qu’il l’avait battu au sol. Cette haine si violente qu’il n’avait fait que la suivre.
Beckett suivit son regard et lui tapota l’épaule d’un air compatissant.
« Tout vas s’arranger Darren. »
« J’crois pas, non. Tout reposait sur la confiance. »
« Commençons par vous guérir. Ensuite vous pourrez trouver le moyen de vous faire pardonner. »

Le militaire soupira.
Il fixa une dernière fois la silhouette de la princesse puis il commença à échafauder ses plans. Alors que son médecin lui installait doucement une perfusion, un début d’idée commençait à lui venir. Il commença peu à peu à en sourire.
« Je vois qu’on reprends moral. »
« Cette perf, c’est pour quoi ? »
« Des bêta-bloquants. Ils vous aideront à être lucide. Un peu moins impulsif. Avec un peu de chance, vous pourriez même vous mettre à avoir des pensées profondes. »
« Je pourrai me concentrer ? »
« Hm...oui. Pourquoi cette question ? »
Darren serra les dents et essaya de se redresser un peu. Le docteur l’y aida, lui débouclant la sangle du torse pour placer le lit médicalisé en position semi-allongée. Il se pencha et récupéra le champ de confinement portatif.
« J’ai quelque chose d’important à faire avant de calencher. Il me faut quelques trucs. Je peux demander l’autorisation au D4 de m’amener des éléments ? Pour m’occuper ? »
Carson pinça des lèvres et posa sa main sur son front. Il regarda sa montre, plutôt inquiet quand à sa température alors qu’il avait tenté de l’abaisser, puis il répondit tout en lui plaçant le dispositif :
« Vos visiteurs ne rentrent pas. »
« D’accord. Je t’adresse la liste ? »
« Oui. Et j’exige que vous répondiez à tous vos tests médicaux et scientifique. D’accord ? »

Darren lui offrit un maigre sourire.
Il se sentait las et pataud, couvert de sueur. Sa façon de lui exprimer sa reconnaissance et son contentement ne franchissait pas son air cadavérique. C’est ainsi qu’il prit conscience qu’il présentait déjà des signes d’agonie. Le soldat soupira intérieurement, essayant de se faire une raison, et se laissant envahir par le silence une fois que le champ de force fût activé.
Il n’hasarda pas un signe en direction d’Emilia. Ca ne servait à rien, il était inutile de forcer la confrontation. D’un côté le soldat se sentait honteux d’avoir cédé à ses instincts primaires. Et d’un autre, il se faisait guidé par ce qu’il restait de sa fierté pour ne pas ramper à ses pieds.

Malgré le fait qu’il se sente le cul entre deux chaises, Darren continuait de relativiser. Il se sentait fragile, sensible comme du verre, mais ses amis l’avaient récupéré à temps. Le délai que ça lui offrait était inespéré. Alors autant le mettre à profit. Il n’aurait rien d’autre à faire en-dehors des examens.
Carson, l’altruiste bienveillant, lui laissa inscrire la liste de ce qu’il souhaitait pour s’occuper. Il consulta le papier et fronça les sourcils, ne comprenant vraiment pas. Darren lui promit de le lui montrer plus tard.

La machine était lancée. Clive se trouvait derrière deux défenses : le bouclier portatif et la cellule d’isolement. Ses amis prirent la liste qu’ils consultèrent à leurs tours et commentèrent allégrement. En passant, April dévia de sa course et promit aux autres de les rattraper. Le tout pour rejoindre Emilia.

« Bon...je voudrai m’excuser. Je t’ai laissé là-bas, j’me sens lâche ! J’aurai dû t’emmener avec moi en te menaçant avec le coupe-couille. »

Emilia et Sarya interrompirent soudainement leur discussion. La cheffe scientifique s’éclipsa poliment en annonçant qu’elle allait faire un rapport à l’équipe et les laissa seules. De son côté, Emilia avait tous les éléments dont elle avait besoin en main et était prête à retourner au laboratoire.

– Je ne te reproche rien April, répondit calmement la princesse.
« Je sais...mais je me sens coupable. »
Elle pressa l’épaule d’Emilia pour la remercier puis la quitta pour faire les courses de Darren.
Carson ressortait de la cellule à ce moment là. Les gardes de factions étaient alertes. Le médecin discuta avec l’un d’entre eux puis s’en alla à son tour.

Emilia ne tarda pas à quitta les lieux pour rejoindre le laboratoire sans un regard pour la cellule. Elle en ressentit de la culpabilité et du malaise mais elle ne se sentait pas encore prête à faire face à celui qui était emprisonné. Le laboratoire était en pleine effervescence et elle eut l'agréable surprise de voir que les pièces de la machine commençaient à prendre forme. L’association atlantes-gaëlliens était redoutable.
La jeune femme passa alors les minutes suivantes à rassurer tout ce petit monde. Oui elle allait bien, non elle n’avait pas l’intention d’aller se reposer… par contre elle avait faim, ça c’était un fait. C’était bon signe, la preuve que son corps luttait pour se soigner par lui même.





FIN DU RP LE 14/04/2019.

Suite : Survivre avant tout...

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