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Dim 14 Avr - 18:10

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Jeudi 04 juillet 2019
Cité d'Atlantis
Emilia Zeïn'Eidolas & Darren Clive


Il était aux anges depuis qu’on lui avait appris que la princesse Emilia, sa protégée en quelque sorte, était de visite sur la cité. On lui avait transmis un ordre de mission reflétant l’escorte qu’il appliquait généralement à son sujet. Sauf qu’il s’agissait plus d’une forme d’extension de ses habitudes que d’un véritable devoir professionnel maintenant. Carrément qu’il était partant le bidasse !

Si on ne lui avait pas permis, il aurait trouvé le moyen d’accoster la jeune femme et de faire valoir la “nécessité” de sa protection. Bon, un gros bobard que le CODIR aurait surement peu apprécié. Le trio de têtes d’ampoule lui auraient surement conseillé de revoir sa copie avant de formuler sa demande.
Mais non...il était missionné d’emblé.

Est-ce que c’était la volonté d’Emy ? Comme une condition sine qua none de ce qu’elle leur apportait ici ?
Peu importe. Darren n’était que trop heureux de pouvoir passer un peu de temps à ses côtés. Le temps avait filé et ils n’avaient pas vraiment pu communiquer. Chacun avait son travail et ses obligations, c’était comme ça.

En tout cas, il la trouva inchangée et il ne manque pas de le lui glisser sous forme de compliments. Quand il le pouvait, il essayait de lui donner les dernières nouvelles, ce qu’il avait fait depuis qu’ils s’étaient quittés. Darren parla aussi du D4. Et il lui posa quelques questions.
Mais quand il fut le temps de bosser, le soldat prit son rôle de gardien et s’enterra dans un mutisme quasiment paradoxal. Il était conscient du boulot d’Emilia et il ne voulait pas interférer, surtout qu’un véritable bus de scientifique débarqua rapidement avec des engins bizarres.
Clive resta non loin d’elle tout en l’observant bosser. Visiblement, c’était la machine qui avait manqué d’envoyer Rodney faire l’ascension. Weir l’avait fait éteindre mais son emploi pour le sauvetage du scientifique, sur la toute fin, avait littéralement fait fondre le matos.

Rien qu’à voir ces quelques techniciens Gaëlliens s’activer avec des scientifiques Atlantes, ils étaient en train de réinstaller des pièces. Ces machines épaisses et grossières qui cassaient l’esthétique Atlante avaient pour but de relancer le dispositif.

Gaëlliens comme Atlantes ne pourraient pas se passer des infos contenues là-dedans.

« Ça te délasserait un peu, tu sais ? » Lui murmura-t-il après qu’il eut senti qu’elle stressait de manière inhabituelle.

Depuis une petite demi-heure, il essayait de l’inviter à se réserver du temps sur Atlantis. Il n’avait pas beaucoup d’outils pour convaincre la jeune femme mais il savait qu’elle affectionnait la nasse d’observation sous-marine. Le stress qu’il percevait chez elle, malgré son self-contrôle, le motivait dans ce sens. Emilia était véritablement absorbée par l’installation qui se faisait sous ses yeux. On aurait cru qu’elle s’y investissait au-delà de ce qui était vraiment nécessaire. C’était à se demander dans quel état il la ramasserait après tant d’énergie et de volonté si ça n’aboutissait pas...

Les machines étaient branchées, les scientifiques, tous pays confondus, étaient en train d’arranger les cristaux. Mais alors que tout le monde était affairé, survenu de nulle part, il y eu comme une détonation soudaine, comme un choc brutal. C’est comme si un éclair avait claqué dans la salle en surprenant tout le monde.

Au travers des expressions de surprises et de l’interrogation générale, l’éclairage s’intensifia et tout s’alluma...les commandes, les tiroirs à cristaux, les machines d’Emilia. TOUT.
Le bruit d’activation, le grésillement de l’énergie qui monte, c’était pas bon tout ça. Les scientifiques se regardaient les uns les autres. D’autres essayaient de retirer quelques cristaux.

« C’était prévu ça ? »

Comme en réponse, le type qui tentait d’agir se mangea un arc éléctrique qui l’envoya valser comme une poupée dans les bras de ses collègues. Instantanément, l’alarme générale d’Atlantis se déclencha. Ca y est, c’était la panique !
Clive s’évertua à garder son calme. Mais il agrippa l’avant bras de la jeune femme pour la contraindre à rester près de lui.

« Emilia, on doit se casser ! »

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Dim 14 Avr - 18:13

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Atlantis et la maison Eidolas avaient établi des relations solides et les échanges allaient bon train depuis quelques mois. De temps à autre, un chercheur piquait sa curiosité et elle se rendait sur la cité des Sages pour discuter plus sérieusement de la chose avec lui, et vice versa. Dans ce contexte, elle avait été amenée à mentionner la nature du cœur de ses recherches à ses alliés : trouver le moyen d’accélérer la préparation du corps pour amener des personnes vers l’ultime voyage vers Nibel. Si elle était elle-même spécialisée en biologie, elle collaborait avec des chercheurs issus de différentes formations : mécanique, physique, génétique… Ainsi, ces recherches secrètes avaient conduites peu à peu au développement d’un prototype de machine visant à booster l’organisme et son ADN. Qu’elle n’avait pas été la surprise de la jeune femme en apprenant que les Sages avaient eu pareille idée et qu’ils avaient finalisé un tel procédé sur Atlantis ! Malheureusement, la machine avait été endommagée lors de sa dernière utilisation quelques années plus tôt et les terriens avaient fait le choix de la ranger au placard. « Quelle bande de fous ! » avait failli lâcher Emilia. Détenir un objet aussi précieux et l’enfermer dans une remise c’était du grand n’importe quoi. Mais au final, les atlantes lui proposaient de venir sur place avec quelques uns de ses chercheurs pour tenter de réparer l’objet en combinant les connaissances des uns et des autres. Après cela, elle aurait tout le loisir de l’étudier. Evidemment, elle n’allait pas passer à côté d’une occasion en or comme celle là !

Le jour J, elle eut le plaisir de retrouver Darren qu’elle n’avait pas vu depuis plusieurs mois. Ces rencontres étaient rares mais elles en étaient d’autant plus heureuses. Cela dit, toute sa concentration était au projet et à sa supervision et elle n’avait pas la tête à déconner. Si elle n’y connaissait pas grand-chose en mécanique, elle maitrisait parfaitement bien tout ce qui était de l’ordre de l’organisme et du vivant. Elle gardait donc un œil sur le montage, s’intéressant à quoi servait telle ou telle pièce et étudiant les relevés, et veillait à intervenir lorsqu’atlantes et gaëlliens avaient des difficultés à travailler ensemble.


– Ce soir peut-être… répondit-elle distraitement à Darren qui essayait de la convaincre depuis un bon moment de prendre du temps de repos sur Atlantis. Elle avait d’autres priorités pour le moment, si tout fonctionnait il y avait fort à parier qu’elle passerait la nuit sur ses recherches. Dans le cas contraire elle pourrait peut-être dégager un peu de temps pour se détendre.

Puis, tout à coup, la technologie s’emballa et commença à grésiller, puis à émettre des éclairs. Emilia écarquilla les yeux : mais qu’est-ce qui était en train de se passer ?!

– Bien sûr que non ! répondit-elle à Darren qui lui demandait si c’était normal.

Puis tout à coup, un scientifique fut frappé par une décharge suffisamment violente pour arracher une grimace de douleur à la blondinette. Elle avait capté le choc, l’homme avait souffert et elle aussi dans une moindre mesure. Après ça, une sirène d’alarme se déclencha et ce fut la panique générale. Certain se précipitèrent vers la sortie tandis que d’autres s’acharnaient sur les machines pour essayer de couper le courant. Darren l’atrappa par le bras et l’intima de partir. Evidemment, elle n’allait pas rester ici ! Mais au moment de tourner le dos aux appareils pour prendre le chemin de la sortie, les portes se refermèrent, leur coupant toute retraite. Quelqu’un s’exclama que le système de sécurité d’Atlantis était surement responsable mais elle n’eut guère le temps de répondre…

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Dim 14 Avr - 18:15

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Il détestait farouchement cette impression de décalage. De ne pas parvenir à enregistrer la situation tellement elle échappait à leur contrôle. Se retrouver comme piégé dans un film d’horreur et en être que le pantin. Pas besoin d’être scientifique ou ingénieur pour se rendre compte qu’ils étaient véritablement en danger. Les portes s’étaient fermées en emprisonnant quelques Atlantes et Gaëlliens tandis que la machine devenait complètement dingue.

Darren savait que l’IA était programmée pour préserver la communauté au détriment du sacrifice de quelques vies. Si elle leur fermait la porte au nez, c’est qu’ils allaient s’en prendre une sévère. Quelqu’un gueula mais il n’écoutait. A ce stade, le coeur battant, mais avec ce qu’il demeurait de son sang-froid, Clive essaya de trouver une issue. Une grille de ventilation ? Forcer Emilia à se placer sous l’un des bureaux contre le mur ?

Il y avait quelques solutions mais il manquait clairement de temps. Motivé par un réflexe professionnel, il continua d’étreindre l’avant bras d’Emilia. Il la gardait près de lui, le temps de lui trouver une échappatoire. Au travers de l’éclairage clignotant façon “fin du monde”, il vit quelqu’un pointer le dispositif du doigt en hurlant.

Les arcs électriques le parcouraient presque entièrement maintenant. Seules les machines Gaëlliennes semblaient ne pas être concernées. Sauf que pour les plus grandes, comme des sortes de boîte en ferraille chargés de technologies, les parois avaient viré au rouge vif. C’était carrément en train de cramer là-dedans.

La panique avait prit la quasi-totalité des “prisonniers”.
« Il faut qu’on sorte de là !!! » Avait dit l’un.
« Ca va péter ! Ca va péter ! » Renchérissait l’autre.

Darren avait le souffle long, caractéristique d’une frayeur contrôlée. Il n’irait jamais se vanter d’avoir été le rocher immuable au milieu de la tempête de terreur. Sans la présence d’Emilia, il ne se serait pas planqué derrière son boulot, et il aurait tambouriné à la porte sécurisée comme les deux autres, là-bas. Ce faisant, la princesse et lui étaient les plus proche de l’appareil fou.

La surcharge faisait un raffut impressionnant. La machine de droite, désormais rouge tomate, se gonfla brutalement comme un ballon de baudruche. Comme si un diable avait soufflé dedans pour le gonfler, la machine grinça, le métal couina.

Persuadé que tout allait sauter façon Michel Bay, avec des éclats, des gerbes de flammes et une détonation assourdissante : Darren manipula la jeune femme par la force de l’urgence pour la tourner en direction de la porte et il fit de sa personne un bouclier, un écran. Il tenait Emilia contre lui, la contraignant à ne pas bouger pour qu’elle ne soit pas exposée.

Mais en fin de compte, rien ne se passa.
Juste une brutale inondation de lumière. Comme si le type de l’entretien avait rallumé l’éclairage en les aveuglant au passage. Mais quelque chose d’inquiétant s’était ajouté au bruit bizarre que ça faisait. Un voile d'électricité statique vint l’envelopper, le contourner, le saisir autant lui que la princesse.

Puis tout s’éteignit avec la même brutalité. Le boucan était maintenant mourant, agonisant. Il s’accompagnait de plusieurs grincements et des cliquetis d’une surchauffe qui avait eu raison de la technologie greffée sur le dispositif Lantien.
Darren leva le nez et s’apperçu que les deux scientifiques restants, un Gaëllien et un Atlante, les fixaient avec des yeux ronds. Automatiquement, le soldat se rendit compte de sa position et de la personnalité royale qu’il tenait encore dans ses bras. Il la relâcha comme si elle venait de lui brûler la peau au fer rouge et s’écarta d’un pas. Un sentiment curieux d’échec mêlé de honte venait de le déranger au point qu’il s’en raclait la gorge.

Le Gaëllien, rapidement reconcentré, se rapprocha prudemment des appareillages pour mesurer les avaries. Il déclara assez rapidement, sous des termes techniques, quelques hypothèses expliquant un tel dysfonctionnement. Surement pour faire son rapport auprès de la princesse.
En revanche, l’autre scientifique n’avait pas décroché son regard du petit duo. La figure décomposée, il s’approcha de Clive qui ne se sentait pas rassuré. Et après avoir zieuté brièvement la jeune femme, il lui glissa :

« Vous avez été touché par le rayon. »
« Non. » Rétorqua Clive avec une certaine assurance, refusant d’être au centre d’une histoire d'ascension made in McKay.
« Je l’ai vu. Vous avez été touché, tous les deux. »
« Je me sens bien. Pas de problèmes. » Insista le soldat.

Il se retourna vers la princesse, conscient qu’il l’avait affiché en ayant voulu la protéger. C’était normal selon lui. Mais peut-être qu’il avait paniqué à sa manière…
En s’approchant, il se sentit un air un peu gêné en lui murmurant, pour pas que le scientifique Gaëllien ne s’intéresse de trop :
« Navré. Tu n’es pas blessée ? »

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Dim 14 Avr - 18:15

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Emilia avait blêmi. C’est à peine si elle avait entendu les explications techniques de son scientifique, sa voix était distante, comme si on lui parlait depuis l’autre côté d’une fenêtre. Les bras de Darren avait formé une barrière entre la machine et elle, plus symbolique que réellement efficace. Elle avait apprécié ce geste, démontrant sa volonté de protection. Mais cela lui semblait bien secondaire à présent, tout comme le regard des autres sur ce contact et la réaction de rejet de Darren.

Elle était devenue aveugle.

Non pas qu’elle avait perdue la vue, non, ce terme signifiait beaucoup plus pour elle. Elle l’avait déjà employé lorsque les atlantes l’avaient incarcéré, une expérience troublante qu’elle n’avait guère apprécié dans le contexte. Etre aveugle était le mot qui lui venait spontanément pour expliquer par le langage ce qu’elle ressentait à la disparition de son sixième sens. C’était comme si elle était amputée d’une partie d’elle, de quelque chose qui lui permettait d’interpréter son environnement, de comprendre les humains, les animaux, de les visualiser dans l’espace.

Elle tandis son esprit pour tenter de déplacer quelque chose pendant que Darren était en train d’expliquer au chercheur que tout allait bien. NON TOUT N’ALLAIT PAS BIEN ! Pas bien du tout même ! Elle n’arrivait même plus à déplacer un petit morceau de ferraille ! Un geste qui aurait dû être d’une facilité déconcertante !

– J’ai perdu mes pouvoirs… répondit Emilia d’une voix blanche. Comment est-ce possible ? Je croyais que cet appareil devait optimiser l’organisme, pas le faire régresser !
« Emilia, non. Tu n’en sais rien de ça... » fit-il pour la rassurer. « On sait pas ce que ça fait sur des personnes comme toi, surtout avec ces machines en plus. »
Il lui pressa l’épaule. Il comprenait que ça pouvait la déboussoler et il pensait deviner qu’elle se fermait comme une huître.
« Écoute, t’as pris un rayon et ça a dérangé tes aptitudes. C’est surement en sommeil pour un petit moment, le temps que ton corps s’en remette, d’accord ? »
Emilia prit en compte la réflexion de Darren sans que cette dernière ne parvienne totalement à la réconforter. La situation ne la rassurait guère, ce n’était pas cohérent avec la fonction de la machine. Mais il avait raison sur un point : tout cela était de l’ordre expérimental et rien ne permettait de savoir à l’avance comment les choses devaient se passer...

Les yeux de la jeune femme se posèrent sur le corps inanimé d’un scientifique atlante qui avait reçue une violente décharge. Elle avait ressentit une part de sa souffrance jusqu’à ce que cette lumière la touche… maintenant il n’y avait que le vide.

– L’un des votre est touché, vous devriez appeler une équipe médicale, dit-elle d’un air détaché.

Le soldat tourna vivement la tête et son regard suivit la silhouette du scientifique qui essayait d’ausculter tant bien que mal le blessé. Surement pour savoir s’il était encore vivant et s’il respirait vu qu’il lui passait une main devant la bouche.
« Merde... »
Clive quitta la princesse pour aller proposer son aide.

Emilia n’était pas spécialisée dans les premiers soins et ne pouvait pas lui porter secours, pas plus qu’elle ne savait comment contacter de médecin atlante, elle se détourna donc de la scène pour se rapprocher de l’engin qui avait provoqué tout de bazar et le défia du regard. « Toi et moi, on en a pas finis ! ».
« Tu as ta radio ? »
« Je l’ai paumé dans la panique...elle doit être quelque part, par terre. »
« Attends, je m’en occupe... »

Darren utilisa sa propre radio et essaya de la régler. Quand il tomba sur la fréquence de secours, plusieurs conversations étaient déjà en cours.
//Ici Clive, lieu de l’accident, quelqu’un m’entend ?//
//DIEU MERCI VOUS ÊTES VIVANTS !//
//Je reconnais la voix...Zelenka ?//
//Heu ! Oui ! Surtout, ne paniquez pas ! Une équipe de secours sera bientôt là !//
//On a perdu les portes. Et un scientifique est gravement blessé.//
//Tenez bon. Je vais dire à Beckett que vous êtes sur la fréquence.//

Darren était rassuré que les communications aient tenu et que l’aide était déjà en chemin. Toujours aussi réactif, Carson Beckett se connecta et lui demanda des premières infos sur le patient. Son ton entrecoupé et sa respiration saccadé laissait à penser qu’il faisait lui même partie des secours. Avec ses précieux conseils, Clive et le scientifique passèrent le blessés en position latérale de sécurité, le temps qu’ils parviennent jusqu’au site.
N’ayant plus grand chose à faire dans l’immédiat, le collègue scientifique restant au chevet de son pair, le soldat se redressa un peu et vint se porter auprès de la princesse. Elle regardait la machine avec obstination.
« Hé. » fit-il avec douceur pour essayer de capter son attention. « La cavalerie arrive bientôt. »
– C’est une bonne chose, répondit calmement Emilia , mais à l’intérieur elle bouillait. Les choses n’auraient pas du se passer de cette manière et elle était incapable de savoir ce qui allait arriver : pour cet homme qui avait été gravement blessé, pour le CODIR qui risquait de vouloir interrompre les recherches, pour elle et ses pouvoirs et peut-être pour Darren, même s’il semblait bien se porter pour le moment. Après tout le sujet atlante qui avait jadis été touché par la technologie, Rodney Mckay, n’avait manifesté aucun signe de malaise dans un premier temps. En revanche il avait frôlé la mort en moins de 48h lorsque l’activité de son cerveau s’était boostée de manière incontrôlable. Il allait falloir réparer cette machine au plus vite en prévision de ce qui risquait d’arriver sous peu...

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Dim 14 Avr - 18:18

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Un accident, n’importe lequel, ça impliquait toujours un impact d’ordre psychologique. Être un peu choqué de la façon dont ça s’était produit, de voir ces machines à moitié fondue, le pauvre gars par terre qui serait peut-être impossible à sauver. Le soldat avait espéré transmettre de sa présence et, au nom verbal, son soutien pour la jeune femme. La réconforter en d’autres termes. Mais il semblait que cela l’avait entièrement absorbé sur une réflexion ou des idées certaines. Sa réponse avait plutôt tendance à faire croire qu’elle voulait avoir la paix et des barrières de sécurité semblaient s’être dressées autour d’elle.

Darren était un peu peiné de pas pouvoir offrir plus. Il mira en même temps qu’elle les différentes consoles et les parties de technologie abîmée. Le scientifique Gaëllien ramassait parfois quelques morceaux par terre, inertes, de composants qu’il reconnaissait. Il estimait surement le temps nécessaire au remplacement des pièces et à la réparation.
En tout cas, Darren ne se sentait pas dans son assiette. Pour lui, le rayon ne lui avait rien fait. C’était une machine à faire l’Ascension, McKay avait eu des supers pouvoirs, mais il ne fallait pas oublier que celle-ci avait été programmée par des Lantiens survivants. Il y avait déjà une configuration de base là-dedans. Une configuration qui avait clairement changé lorsqu’ils avaient sauvé Rodney.

Alors quoi ?
A part vomir ses cellules gangrenées d’une nouvelle identité génétique ou perdre ses cheveux, il ne voyait pas d’autres scénarios cauchemar. L’impression d’une ébullition colérique lui venait. Donc il était en colère. Mais contre quoi ?
Il n’avait pas l’impression que ce soit le cas mais, pourtant, il ressentait ça. Non. Plutôt de la contrariété. C’est parce que son plan pour attirer la princesse au repos était tombé à l’eau surement. Voilà, ça devait être ça.

De toute façon, dans ce genre de cas, il y avait toujours un effet placebo. Le scientifique lui disait qu’il s’était fait bouffé par le rayon alors il commençait déjà à angoisser. Il avait vu une émission comme ça une fois, une expérience ou un type feignait de tomber raide mort dans un resto. Des médecins en combinaison azmat intervenaient puis demandaient aux clients de se signaler s’ils ressentaient des symptômes.
Plus les acteurs récitaient ces signes, comme des démangeaisons par exemple, plus la clientèle les produisaient.

Donc ! L’impression d’avoir son émotion en décalé, comme s’il était hors de son corps, c’est parce qu’il balisait simplement. Ca lui filait même la migraine tiens. Déjà que ça lui piquait un peu derrière les yeux après sa garde de nuit, là, ça c’était déclenché avec l’émotion.

Clive savait qu’il ne pourrait rien de plus pour son amie. Il lui tapota simplement l’épaule d’un geste compatissant puis s’en retourna vers la porte d’accès. Comme le lui avait dit Zelenka, la cavalerie arriva assez rapidement. Avec des ingénieurs qui forcèrent l’ouverture de la porte et des médecins qui se déversèrent aussitôt avec brancards et chariots roulant.
Le jeune homme salua directement Carson tandis que tous les autres s’activaient et il lui fit un rapport concis, expliquant qu’il avait vu un éclair sortir de la machine et frapper la victime.

Par contre, il évita soigneusement de dire qu’il avait été touché par le rayon jusqu’à ce que le scientifique le balance. Le soldat soupira et fut bien contraint d’être embarqué avec Emilia jusqu’à l’infirmerie.

Une heure plus tard, il était assis sur le lit à l’infirmerie de la tour centrale. Il battait mollement des jambes dans le vide, laissant l’infirmière lui faire une énième prise de sang et un contrôle via détecteur Atlante.
« C’est ridicule. » Lâcha-t-il une nouvelle fois.
Il savait qu’Emilia avait été amenée au lit derrière lui. Ils étaient séparés par un paravent de toile.
« La lumière était éblouissante. Comment ce mec a pu voir qu’on était dans le rayon du coup ? »
Il soupira lentement et se massa l'arête nasale. Il avait une de ces migraines maintenant. Comme lorsque ça touchait l’arrière des yeux et que ça lancinait. Il n’avait pas voulu le signaler, c’était qu’un mal de tête placebo. Et vu tous les examens, ils allaient le savoir sans lui poser la question si ce n’était pas une invention de son esprit.
« Je t’ai trouvé...vraiment très calme...quand ça a merdé. Un truc comme ça t’étais déjà arrivé ?!? »

–Tu veux dire quand des objets m’explosent au visage ou qu’ils tentent de modifier mon ADN ? répondit-elle avec un ton toujours très calme mais derrière lequel on pouvait sentir une pointe d’agacement.

Les médecins leur avaient fait passer une batterie de tests et elle avait activement discuté avec eux pour les aider à diriger leurs recherches. Non pas qu’elle se pense meilleure qu’eux (quoi que), mais elle avait l’habitude d’étudier les Exceptions (elle-même servait régulièrement de cobaye dans son laboratoire), elle savait donc quoi chercher et comment. Le matériel atlante était parfois un peu vétuste en comparaison de chez elle mais il fallait faire avec. Cela dit, l’équipe soignante avait finit par lui dire de se tenir tranquille, qu’ils lui communiqueraient rapidement les résultats. Comme si elle ne pouvait pas les interpréter elle-même directement depuis le moniteur ! Alors elle attendait sagement sur son lit et rongeait son frein en silence.

Ça l’agaçait un peu. Enfin...il croyait.
A chaque fois qu’il ouvrait la bouche, il avait un mur en face de lui. C’était pour ça.
« Vu que tu dirigeais des entreprises... » marmonna-t-il à voix basse, pour lui-même, puisqu’il ne se sentait plus d’humeur à communiquer avec Emilia.
Pourvu qu’ils viennent leur dire que tout va bien et qu’ils reprennent leurs vies peinards. Quelque chose lui disait qu’il avait de la chance d’avoir été dans le rayon. Après tout, ça filait des supers pouvoirs et toute la cité avait fait des pieds et des mains pour être les suivants en cas de tests. Il y avait même des petits rigolos qui avaient fait une pétition du temps de Weir avec l’espoir de la convaincre.

Enfin bref. Lui n’y croyait pas mais c’était quand même une “chance”...une “aubaine”.
Quel sentiment paradoxal quand même. Clive se trouvait un peu confus dans sa façon de voir les choses. C’était surement cette infirmière qui le stressait avec ces prises de sangs. La preuve, en partant, ce sentiment d’être chanceux s’estompa en faveur de son entêtement cartésien. Le soldat se massa le front en se demandant combien de temps ils allaient les faire poireauter.
Mais finalement, le auvent s’ouvrit et la tête de Carson se dessina.

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Dim 14 Avr - 18:19

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« Soldat Clive, Mademoiselle Zeïn’Eidolas ? Vous me suivez ? »

Beckett s’éloigna un peu et attendit qu’ils sortent de la zone d’examen. Clive était en train de remettre sa veste et il regarda en direction de la jeune femme. La revoir autrement que sous une silhouette d’ombre chinoise à la voix plate lui fit plaisir. Son petit sourire à la Clive revint puis il ouvrit les mains :
« Alors, on nous enterre quand doc ? »
« Vous risquez de m’enterrer bien avant avec des propos pareils. » répondit-il avec douceur. Il fut direct.
« Tout va pour le mieux. Soldat Clive, vos résultats sont identiques à vos précédents contrôles. »
« YESSSSSS !!! »
« C’était pareil pour Rodney, vous savez ? Je veux que vous reveniez vous faire contrôler régulièrement. »
« Ok, si ça peut vous plaisir ! » Répondit Darren en ayant comme un sentiment d’inquiétude palpable.
Si le doc insistait...non ?

« Quant à vous, mademoiselle. »
Le docteur Carson afficha volontairement les relevés sur la tablette qu’il tendit à la princesse. Informé de ses connaissances, il avait ce respect du confrère et préférait lui laisser interpréter les résultats.
« A gauche, c’est le relevé lors de votre arrivée sur Atlantis, la première fois. A droite, c’est celui que nous avons fait l’heure passée. »
Tout était identique. Toutes les valeurs, les données, les relevés d’activités synaptiques...

–Merci, souffla Emilia en attrapant la tablette. Elle se sentait reconnaissante de ne pas être traitée comme une novice et rassurée que ses relevés ainsi que ceux de Darren ne diffèrent pas de la normale. Le soldat avait peut-être raison, ses pouvoirs n’avaient peut-être pas disparus ils étaient seulement endormis. Pourtant je ne ressens plus rien, mes pouvoirs ne se manifestent plus.
« Je pense qu’il va nous falloir un peu de temps pour percer ce mystère. Je me suis déjà rapproché du CODIR pour que vous puissiez demander vos propres examens. Mais le résultat est là. Votre activité est caractéristique de la présence de vos aptitudes... »

Darren, de son côté, regardait fixement la jeune femme. C’est vrai qu’elle ne pouvait plus ressentir les choses, les émotions des autres. C’était comme si quelqu’un était venu discrètement lui assurer qu’il récupérait son jardin secret. Le fait de pouvoir penser sans risquer de braquer, brusquer, décevoir. Non pas que ça changerait quelque chose puisque Darren s’était évertué à rester nature avec elle. Justement pour qu’elle ne soit pas ennuyée de le voir se tenir.
Mais là...là...c’était quand même trop tentant.
Darren se concentra en s’imaginant avec son amie lors d’un moment trèèèèèès chaud et intime. Si elle avait ses pouvoirs, Emilia serait forcément stupéfaite de le voir baver sur elle à un moment pareil. Ca semblait logique. Mais...mais non. Elle continuait de discuter avec Beckett et, étrangement, Clive en fût navré. Il était triste de sentir qu’Emilia Eidolas, l’Exception, ne le comprendrait plus, même quand il était maladroit. C’était un lien, un petit secret entre eux deux, qui se sauvait...

« Je ne pense pas que ce soit nécessaire de vous faire escorter. Mais évitez de rester seuls ou isolés, on ne sait jamais. D’accord ? » Termina Carson.
Clive hocha distraitement la tête, n’ayant pas écouté. Le mal de crâne avait tendance à se faire oublier. Il y avait comme un point de pression dans sa cervelle et une petite boule au ventre. Il fallait vraiment qu’Emilia récupère ses pouvoirs. Car sans eux...ce n’était plus vraiment Emilia...


Emilia acquiesça. Il était sympathique ce Carson. Elle l’avait pas mal cotoyé les premiers jours où elle était sur Atlantis pour faire un suivi de son état de santé, il s’était toujours montré patient et doux. C’était quelqu’un d’appréciable.

– Il faut reconstruire au plus vite la technologie qui nous a conduit ici… si effets secondaires il devait y avoir, comme pour le scientifique Mckay, ce serait le seul moyen de revenir en arrière.
« Alors je vous libère. Je vais aller vous chercher les résultats d’examens de McKay au cours de ses différentes étapes d’évolutions. Et la procédure que nous avons utilisé pour le ramener. Peut-être que cela vous aidera. »
« Les copains sont sur la brèche ? »
« On peut dire ça, en effet. Il vaut mieux prévenir que guérir. »
Il pinça des lèvres.
« ...sans jeux de mots. Nous n’avons pas encore la garantie que vous êtes tirés d’affaires. »
– Merci, dit-elle poliment en se levant après lui avoir rendu sa tablette. Elle était prête à retourner sur le champ dans la salle du sinistre.

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Dim 14 Avr - 18:21

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Un tremblement, comme un sourcillement décalé, encore.
Ils avaient reçu un coup, un échec. C’était seulement un revers et pas une défaite permanente. On fout un seau de flotte sur le brasier mais il y a encore de la cendre, quelques braises, qui ne demandent qu’à repartir. Ce sentiment le galvanisait. L’élevait dans une volonté insolente d’y retourner, juste pour affronter et surpasser l’adversité. On ne s’arrête pas sur ce genre d’événement. On s’arrête après, quand on a trouvé la faille et qu’on a réussi.

Cette inquiétude aussi qui flotte un peu. Avec de l’altruisme, un coté aimant.
Clive se passa une main sur le front, le médecin fronça aussitôt les sourcils.
« Darren ? »
« Hm ? Ah nan, je vais bien. Je suis un peu fatigué, j’étais de service de garde cette nuit. »
Et il tourna brièvement son regard vers la jeune femme, comme un simple ricochet, laissant comprendre au médecin que c’était pour elle qu’il n’avait pas fait sa nuit de sommeil.
« Ménagez vous. S’il y a quoi que ce soit, vous venez me voir ! »
« C’est promis doc... »

Beckett acquiesça. Il quitta l’infirmerie pour aller réunir sur un support les informations qui pourraient être utiles à la princesse. Darren referma sa veste, frissonnant, il se sentait pourtant un peu en sueur. Ca lui arrivait parfois.
Bon, la revanche, il y tenait vraiment. Enfin...il avait vraiment envie de boire un verre avec Emilia. Mais ça le titillait vachement d’aller se friter sur ce champ de ruine pour savoir le pourquoi du comment, trouver une solution. Surtout que la petite sensation aimante s’était évanouie. Alors c’était l’heure d’aller se frotter aux problèmes, histoire de rigoler un peu.
Merde...depuis quand est-ce qu’il se creusait autant la tête ?

« La salle du dispositif nous appelle pour la revanche !!! » Lui dit-il en souriant. Il tapota son torse. « Première classe Clive paré. »

Emilia nageait en pleines eaux troubles avec l’impression de naviguer avec des œillères. Comment faisaient les gens normaux pour s’en sortir avec si peu d’informations à leur disposition ? Sans son empathie, elle ignorait où se trouvaient spatialement les gens à moins de regarder dans leur direction, dans quel état d’esprit ils étaient… c’était très inquiétant.
De son côté, Darren semblait éprouvé, suffisamment pour que le médecin le remarque. A défaut de pouvoir se fier à son pouvoir, Emilia décida de se fier à l’instinct de Carson et attendit qu’ils soient tous les deux dans le couloir pour apostropher le soldat. Peut-être qu’il serait plus ouvert au dialogue avec elle.

– Darren, tu es sûr que tu vas bien ?

Il était un peu distrait, se massant la poitrine, sous le coup d’une petite frayeur instinctive. Et s’il avait quelque chose en fait ?
Non, non. Les résultats étaient là. C’était la preuve noire sur blanc qu’il allait bien. Tout ce qu’il voulait, c’était de se prendre une bonne bière bien fraîche, histoire de faire passer toutes ces émotions au fond de son estomac. Ca se diluerait dans l’alcool et ça lui arrangerait un peu les idées.

Darren la regarda et lui souria de toutes ses dents.
« Pourquoi tu me demandes ça ? » Demanda-t-il avec un réel plaisir.
Parce que sans son pouvoir, elle ne pourrait pas savoir ce qui le turlupinait. Elle ne le sentirait même pas se malmener la cervelle. Alors cette question était beaucoup plus spontanée cette fois, venu de ses sentiments personnels et non influencés. Forcément.
Et, bon sang, que c’était agréable.
Elle devait être inquiète. Lui aussi l’était finalement. Enfin...il ne savait pas trop. Ca se mélangeait un peu. Bon, personne dans le couloir pour les zieuter ?
« Allez, viens-là... » fit il en s’approchant, les bras tendus. Il lui fit un gros câlin bourré de tendresse. « On va la faire rouler comme une horloge cette machine, je te parie mon slip ! »

Par nécessité, elle aussi coula un coup d’œil aux alentours avant d’accepter l’étreinte. Ce geste n’avait rien de naturel, d’ordinaire elle aurait pu savoir exactement combien de personnes se trouvaient dans les environs et leur position sans même avoir à les regarder.

– Ton slip tu es sûr ? plaisanta t-elle.

Elle observa les yeux de son interlocuteur, guettant des signes là où elle pouvait en trouver. Les cernes étaient un bon indicateur, non ?

– Tu as vraiment fait une nuit blanche ?
« T’es obligée de demander, maintenant, hein ?!? » L’aiguillona-t-il gentiment en se séparant d’elle. Il leva sa main droite :
« Je te promets que c’est vrai. Je fais des gardes la nuit quand Max a besoin de faire échange. Quand je suis revenu, mon chef m’a dit que j’étais affecté à ta surveillance. »
Le jeune homme lui montra toutes ses dents.
« Franchement, entre ça et dormir... »
– Tu dois être très fatigué, dit-elle, compatissante après avoir défait l’étreinte. Si tu veux aller te reposer pendant que je supervise la réparation de la machine...

Elle était mignonne.
Le soldat leva sa main droite pour aller pincer une mèche de ses cheveux. Celle qu’il repérait souvent quand il la voyait. Emilia avait beau se coiffer de toutes les manières qu’elle souhaiterait, cette mèche-là, sans savoir pourquoi, il la ciblait à chaque fois. C’était un peu la preuve “blondinette” qui participait à son charme. Il avait de la compassion pour elle et aussi un peu de peine.
Plus de pouvoir et elle repartait au front en se proposant d’être seule. Le soldat cligna des yeux en s’interrogeant sur son cheminement de pensées mais il mit tout ça au rancard. En ce moment il était un peu sauvage dans ses ressentis, plus impulsif que réfléchit. Là, il avait envie de la porter façon romance jusqu’à un lit et de lui intimer l’ordre de se reposer AVANT que lui-même ne le fasse.
Enfin, l’idée était un peu tordue mais ça soulagerait un peu sa conscience.

« Il en faut plus pour me terrasser, miss...tu te reposes pas : je me repose pas. »

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Dim 14 Avr - 18:22

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- Moi j’ai convenablement dormi cette nuit, répondit-elle avant de hausser les épaules. S’il voulait la suivre elle n’allait pas débattre avec lui toute la journée, il y avait plus important à faire. Mais soit, allons y.

Victoire ! Songea Darren en lui montrant d’un geste galant la direction à prendre.
Le jeune homme guida son amie à travers les coursives et les téléporteurs. En entrant dans l’un d’eux, attendant que deux ou trois personnes s’y entassent, il fut prit de sentiments assez contradictoires venus de nulle part. Celui de vouloir séduire un supérieur...que celui est au courant et le laisse venir pour qu’il lui mange dans la main. Le temps du transfert, Clive se demanda d’où ça venait. Il mit ça sur le compte de ses petites craintes passagères concernant le pouvoir de la princesse. Maintenant, il n’aurait plus à s’inquiéter de ça.

En parcourant le dernier niveau, d’ailleurs, cette sensation avait “coulé” sur lui pour tomber dans le couloir et rester là, comme un vulgaire détritus nauséabond. A moins que ça suivait les deux administratifs qui étaient descendus au même endroits qu’eux, y trouvant de nouvelles victimes à faire douter.

Cet effet placebo à la con, sérieusement…
Darren soupira en se disant qu’il se faisait trop de films et qu’il finirait par se faire jeter dans le bureau d’un psy. Ce serait tellement con ! Tout va bien et il est contraint à un suivi pour avoir psychoté, ce serait pas la blase ça ?

Comme Carson l’avait dit, la communauté scientifique s’était réunie sur les lieux du désastre. La porte était restée ouverte et ils y avaient placé un ruban balise. La plupart des intervenants, qui comprenaient des scientifiques, des techniciens et une poignée d’administratifs, avaient monté leur QG dans la salle attenante pour ne pas piétiner la zone sinistrée.
Il n’y avait que quelques élus pour se rendre au plus près de la machine abîmée, parité respectée entre Gaëllien et Atlantes, pour fixer les sondes, des câbles et quelques appareils de mesures. En somme, ils s’arrangeaient pour ne jamais être plus de quatre dans la chambre d’évolution.

Dès qu’Emilia entra, l’un des administratifs vint à sa rencontre pour lui donner une tablette. C’était visiblement les données que Carson avait requis pour aider la princesse dans ses recherches. Les chefs d’équipe respectifs de la partie Atlante et Gaëllienne suivirent peu après pour lui faire un rapport assez détaillé. Ils avaient déjà un début de réponse quand à l’activation du dispositif. Ils avaient également besoin d’elle pour dispatcher les ressources humaines et le peu de matériel disponible pour prolonger l’investigation.

Devaient-ils se pencher sur l’alimentation ? Sur les connecteurs entre machine Gaëlliennes et Atlante ? Ou devaient-ils mettre le paquet sur l’émetteur de rayon qui s’était activé pile avant l’extinction des feux ?
On l’informa que le gratin allait bientôt passer pour se tenir au courant et qu’ils prévoyaient une activation avec Orzan dans le cas où il serait nécessaire de faire venir du matériel et des pièces détachées Gaëlliennes. Mais pour le moment, tout ça n’était que sur le papier. Ils n’avaient pas pris de décision tant qu’Emilia n’avait pas choisi l’orientation des recherches.

Darren se sentit un peu nauséeux. Toute cette masse lui déplaisait un peu. C’est inconsciemment qu’il s’était reculé dans un coin de cette salle pour avoir Emilia en vue sans pour autant la coller. Et il mettait de la distance avec le reste de ces gens dans le même temps. Sa migraine revenait rapidement et il sentait que le blabla technique n’irait pas en sa faveur.

Pour d’autres raisons, Emilia ne se sentait pas plus à l’aise que Darren. Ce n’était pas tant la prise de responsabilité et la direction des recherches qui l’importunaient mais plutôt cette sensation horrible d’être déphasée de la réalité, isolée, déconnectée… Tant de personnes dans cette pièce et pourtant elle était seule au monde dans sa tête.
C’était effrayant.
Alors qu’elle échangeait sur la marche à suivre avec les techniciens, elle recula et percuta quelqu’un, ce qui eut pour effet de lui arracher un léger cri de surprise. Elle ne l’avait pas vu venir celui-là.

– Navrée, lança-t-elle précipitamment.

La princesse se donna une gifle mentale. Il fallait qu’elle se ressaisisse et vite ! Mais comment ? Elle ne se souvenait même plus de comment elle était à l’époque avant son empathie. Comment s’y prenaient les autres pour gérer ça ? Cela devait être instinctif chez eux mais elle avait tout à réapprendre.

Le soldat, de son côté, était encore distrait. Une sensation bizarre passait à l’intérieur de son corps et il levait un regard un peu vide à droite à gauche. Il avait l’impression de voir comme des “bulles” plus ou moins grandes se dessiner. Quand il disait “voir”, c’était plutôt “percevoir”. Les plus proches, c’était de la curiosité. Mais au plus loin, il y avait aussi une forme d’amour bizarre. Pas pour quelqu’un mais plutôt pour une idée. Ou un boulot. Quelque chose comme ça.
Darren n’avait pas l’impression que quelque chose clochait. A vrai dire, ça lui arrivait de dérailler un peu quand il dépassait la nuit blanche. Il n’avait plus vingt ans et ça comptait quand même un peu. S’il ne bougeait pas, qu’il restait statique, c’était dur de rester lucide. Le jeune homme se connaissait suffisamment pour savoir que les idées loufoques lui venaient dans ces cas-là. C’était soit ça, soit alors des idées gratinées sur fond érotique.
Allez savoir pourquoi. Généralement c’était le signal pour lui d’aller se coucher, sauf s’il était en manoeuvre.

Mais pas là. Pas question de laisser Emilia.
D’ailleurs, ce qui le ramena à la réalité ressemblait à une sorte de piqûre. Il avait l’impression que quelqu’un s’était pincé le bras avec virulence mais pour le réveiller lui. En clignant un peu les yeux, Clive regarda dans la direction de celui qui avait voulu le réveiller et trouva Emilia dans une forme de détresse. Enfin...elle ne le montrait pas. Mais elle n’avait plus cette assurance habituelle. Une maladresse...de l’inconfort...c’était lui...ou c’était ce qu’il pensait deviner sur ses traits à elle ?

Le jeune homme secoua la tête et écarquilla un peu les yeux. Il débloquait...surement plus crevé qu’il ne le pensait. Il se sentit naviguer entre les bulles et alla auprès d’un technicien. Il lui fit signe de s’écarter un peu, le temps pour lui d’empoigner les bords de la table modulable et de la tirer vers lui. Darren créa volontairement un écart entre le mur du fond et ce bureau puis il passa la chaise derrière.
Il tourna ensuite son regard vers la jeune femme pour qu’elle fasse la déduction. Pas de risque de marcher sur les pieds des autres si elle prenait sa place de patronne. Elle n’aimerait peut-être pas ça mais c’était le temps de s’adapter à la vie d’un humain lambda.
Est-ce qu’il devait lui dire ? Ou elle le comprendrait ?
C’était un bordel dans sa tête...
Emilia le regarda faire son manège et lui lança un regard interrogateur. Il ne lui était plus si aisé d’entrer dans la tête des gens maintenant.
En réponse, le soldat l’invita d’un petit signe de tête, avec le sourire, à venir s’installer. La jeune femme fit une moue pensive avant de venir s’adosser à la table après avoir adressé un sourire à Clive. Puis elle garda ses angoisses pour elle et se remit au travail.

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Dim 14 Avr - 18:23

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Ca avait duré des heures.
Des heures entières à faire le pied de grue dans l’antre des intellects, faisant de lui la petite brebis galeuse qui ne comprenait rien à rien. Ce flux de paroles, les interventions, tout ce “courant” qui allait vers une seule personne : Emilia. Et ensuite, ça redescendait, comme des petits filaments. Les marionnettes semblaient repartir faire leur office.

Darren commençait à avoir peur ce coup là.
Le mal de crâne n’était pas passé. Pourtant il avait prit une gélule à un scientifique qui se plaignait des mêmes soucis. La variante du nurofen façon Pégase qui sort tout droit de chez Beckett. Et rien, nada, il avait les tempes qui vrillaient par moments. Surtout quand on s’approchait de lui.

Il était soldat. Il le serait toujours.
Peu importe si ce bourrage de crâne lui faisait du mal, le jeune homme resta totalement impassible. Ou plutôt déterminé. Il resta jusqu’à ce qu’il sente une pointe de fer lui percer la voûte crânienne et surenchérir le brasier qui l’avait envahi. Trois scientifiques se crépaient le chignon sur des théories contradictoires. L’un voulait avoir raison, l’autre voulait se faire entendre, ça levait le ton encore et encore.
Soudain, ce fut si brusque et violent qu’il manqua d’apporter une main au soutien de son crâne. Il tourna littéralement le dos et il quitta la salle ce coup là. Impossible de rester plus longtemps là-dedans. Il y avait comme une pression, quelque chose qui faisait mal, il lui fallait de l’air bon sang. Darren s’éloigna un peu et s’écrasa contre le mur de la coursive en cherchant un peu son souffle.

Alors...c’était encore le délire de la fatigue ?
Ou il fallait vraiment s’inquiéter ce coup là ?

Il y avait une tempête pas loin. Quelque chose de violent et de dangereux. Mais...il ne savait pas bien. Une bouffée de haine et de colère. Darren était curieux, il voulait comprendre ce qu’il se passait, ce qu’il avait. La progression était hasardeuse parce qu’il avait du mal à marcher. Plus il approchait de la source et plus il avait mal au crâne. C’était comme si un saleté de Wraith s’amusait à lui ponctionner la tronche.
Des cris...des injures...en atteignant le détour du couloir, il tomba sur deux soldats de garnisons qui en tenait un autre, tout dépenaillé, le pantalon à peine boutonné.

« Pas de ça soldat, on t’emmène ! »
« C’est pas ma faute !!! Et elle a dit que je pue la garce ! »

Il ne voulait pas se laisser faire.
La garde qui était intervenue dans un secteur d’habitation prenait un raccourci ici, surement pour l’amener en cellule. La tempête venait de ce type...enfin il croyait...il y résidait une telle colère et une telle haine. Darren les regarda alors qu’ils passaient vers lui. Mais soudainement, le type voulu se défendre. Les gardes voulurent le retenir mais c’était un mec bien bâti qui prit le flingue d’un de ses geôliers…

« Lâchez moi. Partez ! »

La tempête...c’était maintenant un ouragan.
Il y avait de la colère et de la haine partout. Mais aussi...de la peur ?
C’était bien ce type qui avait le pistolet qui ressentait ça ?

Clive était un simple témoin. Ca ne pouvait pas venir de lui.
Alors...c’était...c’était les autres ?!?

Les deux gardes savaient y faire. Ils rassurèrent le prisonnier en lui disant qu’il n’avait pas à faire ça, que c’était stupide, qu’il fallait réfléchir. Et même si l’agresseur était encore en colère, une éclaircie avait l’air de se dessiner. Il finit par rendre l’arme et se laisser conduire. Quand le trio passa Darren, il s’était écrasé dos au mur en espérant ne pas être touché par la “foudre”. Mais...il y avait comme un ciel dégagé, un calme plat.

Il attendit quelques secondes avant de se laisser glisser et de tomber sur le sol, le dos toujours collé au mur. Ca piquait affreusement et il avait l’impression que son nez coulait. Instinctivement, il s’essuya avec la main et essaya de comprendre ce qu’il lui arrivait. C’était incompréhensible...inconcevable...c’était pas ses émotions. Elles provenaient de ces types-là.

Clive posa ses mains sur chacune de ses tempes et serra les dents. Il fallait que ça cesse cette foutue migraine. Il se concentra un peu, respira, et trouva une petite accalmie. Etrangement, c’était en copiant la leçon qu’Emilia lui avait appris sur Orzan, quand ils avaient fait ce pique nique agréable au bord du ruisseau. Une sorte de petite méditation qu’il n’avait que peu répété en mauvais élève qu’il était.

Son souffle revint un peu et il guetta les doigts de sa main droite. C’était du sang qu’il avait essuyé...le sien.
Il saignait du nez. Mais il s’en foutait. Là c’était bien le dernier de ses soucis.

Il captait des émotions. C’était impossible et pourtant...pourtant...il les captait. Comme une antenne sans réglages. Il eut un choc soudain et écarquilla les yeux. S’il avait pu, sa mâchoire serait tombée jusqu’au sol. Emotion, antenne, capter...ces mots...ils les avaient déjà entendu de la bouche d’Emilia, quand elle tentait de lui expliquer son pouvoir.

Son pouvoir…
Il avait son pouvoir...en lui…
Il était devenu empathe...

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Dim 14 Avr - 18:26

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De temps à autre au milieu de la cohue, Emilia promenait son regard dans la pièce. C’était la seule alternative qu’elle avait trouvé. A défaut de pouvoir « sentir » les gens, elle les observait dès qu’elle le pouvait pour mémoriser un maximum de détails : le positionnement des personnes, leur gestuelle, leurs mimiques… à force, elle espérait finir par faire des associations d’idées pour mieux comprendre comment leurs pensées transparaissaient à travers leur comportement et compenser son handicap.

C’est ainsi qu’elle réalisa que Darren était sorti. Elle l’avait perdu du regard quelques minutes et il avait disparu. Etrange, ça ne lui ressemblait pas de partir sans la prévenir. En tant normal elle ne se serait pas tracassée et aurait poursuivi son travail mais il y avait toujours cette inquiétude quant aux mutations qui menaçaient de le frapper et elle décida de partir à sa recherche pour se rassurer. Après avoir prévenu ses collègues qu’elle sortait un moment, elle quitta le laboratoire et s’aventura dans une direction au hasard. Coup de chance, il n’était pas parti très loin et elle le trouva partiellement recroquevillé par terre, dos au mur. Cette vision l’inquiéta et annonça un vent de très mauvais augure. Son angoisse était donc justifiée, Darren était victime de la technologie des Sages ?

– Darren… souffla t-elle en s’approchant. Elle s’efforça de ne pas trahir son inquiétude et de paraitre calme mais au fond d’elle un chronomètre venait de s’enclencher. Tic Tac, 48h… Est-ce que ça va ?

Le jeune homme se recroquevilla sur lui-même presque avant qu’elle ne prononce son nom. Sa main s’était levé en l’air dans un geste d’autodéfense comme s’il avait craint de recevoir un uppercut au visage. Mais ce n’était pas violent cette fois. C’était beaucoup plus familier et cette voix...l’entendre lui faisait un bien fou. Il se détendit légèrement.

« Emy...doucement...s’il te plaît...doucement ! » Lâcha-t-il, les yeux fermés.

Ralentissant le pas, la jeune femme poursuivit tout de même sa marche vers lui et remarqua le sang qui s’écoulait du nez du soldat.
« Ok, zen Emilia… La vie de Darren n’est pas en danger, tout va rentrer dans l’ordre très rapidement », se dit-elle pour se rassurer.

– Tu saignes… fit-elle remarquer avec douceur tout en se rapprochant. Qu’est-ce qui se passe ?

Darren ne voulait pas qu’elle le voit dans cet état mais c’était trop tard. Par chance, il n’y avait plus qu’elle dans le couloir et son crâne avait cessait de le lancer au point qu’il en avait la vue trouble. Nom d’un chien...mais comment son amie pouvait vivre avec ça tous les jours ?
Il savait...il sentait de l’inquiétude et il savait que ça ne pouvait pas venir de lui maintenant qu’il avait la réponse. Le soldat se força à se redresser, continuant de se servir du mur comme un guide pour ne pas s’écrouler lamentablement aux pieds de la princesse. Cette dernière l’obligea à se rasseoir, quitte à s’installer elle même au sol avec lui. Il tenait à peine sur ses jambes.

Maintenant il avait un problème. Est-ce qu’il allait lui dire ?
Est-ce qu’il prendrait le risque de l’inquiéter davantage ?
Cette jeune femme était sa meilleure chance pour s’en tirer maintenant. Pas Carson, pas les scientifiques qui grouillaient là-bas. Mais bien elle avec sa pratique et son entraînement. Mais est-ce que c’était une bonne chose qu’elle sache qu’il avait le couperet au-dessus de la tête ? Le corps humain n’était pas fait pour ces pouvoirs. Ca avait fait le tour d’Atlantis à l’époque. Celui qui les avait s’amusait un petit moment avant de choisir entre l’Ascension et la mort. Bon sang...il n’était pas prêt...il ne le serait jamais.

Darren la regarda quelques secondes et abdiqua. Cette épreuve l’avait épuisé et il ne savait pas ce qu’il allait lui arriver si ce bus de scientifiques décidait de quitter la pièce pour aller vers Emilia. Et donc vers lui.
Ca lui faisait presque peur.

« Je m’excuse...je pouvais pas savoir. » lui dit-il mystérieusement en songeant à leur soirée chez les militaires.

Tous ces gens qui scandaient son surnom de la “broyeuse”. Elle avait dû sentir toutes ces émotions, ces regards braqués sur elle. Il s’essuya distraitement le nez et se livra. Darren n’avait plus qu’elle maintenant. Il était certain que les autres ne comprendraient pas ce qu’il vivait. Pas même le D4.
Emilia si…
– Savoir quoi ? … veux-tu que j’appelle Carson ? l’interrogea la jeune femme à mi voix.

« Carson pourra rien. Je sais où est passé ton pouvoir...c’est...c’est en moi. Je l’ai...en moi. »
Il acquiesça.
« T’es inquiète...mais ça t’étonne aussi. »

La princesse avait eut un gros temps de bug. Son cerveau intégrait difficilement ce que le militaire venait de lui dire et une partie d’elle avait envie de lui répondre en riant « hahaha n’importe quoi toi !». Le problème c’est que Darren avait vraiment l’air de souffrir et que peu importe qu’il dise vrai ou non, il lui fallait l’écouter pour comprendre comment l’aider.

– Qu’est-ce qui te fait croire ça ?

Darren se pinça les lèvres tout en la regardant. Ce machin fonctionnait en permanence maintenant. Il captait les émotions d’Emilia en temps réel et, même s’il avait du mal à s’y faire, à démêler tout ça, il y arrivait un peu. Ils étaient seuls, heureusement. Là, il sentait sa surprise mais aussi son scepticisme.

« Ok. Teste-moi. Pense à un truc insolite. » l’harangua-t-il avec un sourire provocant.
La jeune femme arqua un sourcil pour lui montrer qu’elle n’était pas d’humeur à jouer.
Elle ne le croyait pas...c’est dingue. Darren se demandait si elle le voyait du genre à se mettre du faux sang sur le pif pour jouer la comédie. Si son amie ne voulait pas se lancer et bien il allait la forcer avec un petit électrochoc. Le genre de truc qu’on ne voit pas venir et qui dégage forcément une émotion. Il fallait juste espérer qu’elle ne lui refasse pas la deuxième narine.
« Emilia Zeïn’Eidolas, veux-tu m’épouser ? » Demanda-t-il avec le ton le plus sérieux possible et en la fixant droit dans les yeux.
Emilia le regarda avec des yeux ronds avant d’éclater de rire. Qu’il ait hérité de ses pouvoirs… pourquoi pas. Cela semblait gros, très gros même, mais Darren n’avait jamais plaisanté avec ça jusqu’à aujourd’hui. Par contre ses tentatives pour le lui faire accepter étaient particulièrement… originales.

– Mais bien sûr Darren... Et si tu me disais plutôt pourquoi ton nez est en sang ?

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Dim 14 Avr - 18:27

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Darren soupira.
Au début, il s’était senti un peu vexé qu’elle ne le croit pas. Il comptait lui souligner à quel point elle avait pensé sa demande en mariage grotesque. Que ça l’avait amusé sans qu’elle n’ait véritablement peur, en arrière fond, qu’il ai développé des sentiments pour elle. Et que ça puisse refléter un quelconque message.
Ca aurait été une preuve ça non ?

Le soldat décida de se redresser pour de bon cette fois, chancelant un peu avec la vitesse qu’il y mit, mais témoignant d’une énergie renouvelée. De grandes étoiles brillaient dans ses yeux alors qu’une idée lui était venue. Emilia ne le croyait pas...pourquoi est-ce que ça serait un mal. C’était...mais c’était parfait en fait !
Il avait un avantage terrible, un putain de joker avec une princesse qui n’avait plus, elle, de cartes en main. C’était clairement discutable sur le plan moral. Mais puisqu’elle n’avait pas voulu le croire...hein ? Pourquoi pas ?
Mais avant tout, brouiller les pistes. Trouver une excuse.

« T’es pas cool. » Lâcha-t-il en plaisantant, ajustant sa veste. « Deux gardes ont emmené un type bourré. J’étais là quand il a piqué un flingue. Avoir voulu aider à le maîtriser, ça m’a valu une magnifique droite dans le pif !!! »
Il secoua la tête.
« Et te voilà qui débarque quand j’ai les quatre fers en l’air. Plus de pouvoir la princesse blondinette ? Pas grave, il reste la FOUTUE PERSPICACITÉ !!!!! »
Darren sourit, l’air désolé.
« Je voulais juste voir si je pouvais te jouer un petit tour maintenant que tu as perdu l’avantage. Désolé si je t’ai fais peur... »

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Dim 14 Avr - 18:28

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Était-il sérieux ? Alors qu’elle s’était affolée en le voyant souffrant, qu’elle était déjà en train de se tordre l’esprit pour chercher comment optimiser le temps et ramener plus de main d’œuvre sur la cité pour réparer la machine en un temps record pour le préserver et… et il lui avouait maintenant qu’il s’était foutu ouvertement de sa gueule en profitant de la perte de ses dons pour lui faire une farce.

– Si c’est une plaisanterie elle est de très mauvais goût, répondit-elle sèchement.

Le jeune homme n’avait rien dit sur l’instant. Il avait senti cette bulle de compassion et de douceur, qui s’entourait d’une vive inquiétude pour lui, s’hérisser progressivement d’épines particulièrement piquantes. Ca cingla dans son esprit, une baffe, un craquement à base d’agacement et de colère à son encontre.
Ca ne faisait déjà pas plaisir quand on le devinait sur les traits de quelqu’un qui est cher. C’est encore pire quand on en capte l’émotion. Darren ne se sentait pas bien, il savait ce qui lui pendait au nez. Le Drakonys lui arrivait pas à la cheville, quand il disait ça, ce n’était pas que pour la flatter. Elle en avait la virulence.

« Choisis la version que tu préfères alors... » lui dit-il en lui faisant un clin d’oeil. « Il me faut un verre, c’est moi qui offre. Tu viens ou tu me boudes ?... »

Emilia prit une grande inspiration. La désinvolture de Darren cachait peut-être quelque chose : de l’inquiétude, de la peur ? Ou pas. Le problème c’est qu’elle n’avait aucun moyen pour le vérifier. Une fois encore elle maudit l’absence de son don qui l’handicapait. Au jeu des devinettes elle était désormais encore plus nulle que les humains normaux qui, eux, avaient au moins développés leur sens de l’observation. Elle était relativement novice dans ce domaine.

– Non Darren, je ne vais pas boire. Je veux la vérité. Ton corps est-il en train de subir une mutation ou tu t’es seulement prit un mauvais coup par accident ?

Son regard couru sur elle avant de s’attarder sur son regard. C’était tellement étrange, tellement déstabilisant. Elle avait cette assurance sur son faciès mais il sentait que les épines s’étaient rétractées pour prendre le sens inverse. Comme si elle s’en voulait à elle-même. Darren se sentait comme l’apprenti sorcier à qui on avait confié la boîte de Pandore. Est-ce qu’il avait le droit de jouer avec les sentiments d’autrui maintenant qu’il en avait le pouvoir ? Ou est-ce qu’il devait rester entièrement adapté à ce que les autres ressentaient ?
Une chose certaine, il ne pouvait plus être Clive, le type qui faisait l’escorte. Maintenant que les émotions venaient à lui, même s’il était loin de maîtriser cette aptitude, ça l’influençait. Il savait qu’Emilia n’allait pas bien mais il ne savait pas quel mot employer. Il ne savait pas quoi lui dire pour déverrouiller ce sentiment néfaste et l’éjecter loin de son coeur.
Mais de toute façon, s’il lui disait “oui, j’ai ton pouvoir.” Elle aurait encore du mal à le croire. Depuis combien de temps cette aptitude était sa propriété personnelle. Depuis combien de temps c’était une part intégrante d’Emilia ?
Comment pourrait-elle accepter que le dysfonctionnement ai, en réalité, causé une sorte de transfert d’un corps à l’autre.

Darren s’approcha de la jeune femme et voulu lui caresser la joue d’une main, dessiner de son pouce la virgule qui se formait à la commissure de ses lèvres dans un signe de contrariété.
« Ca va bien se passer, je te le promets. »
Il ne savait pas quoi dire d’autre. Il trouvait ça tellement nul qu’il n’aurait pas été surpris qu’Emilia éclate de rire en le déclarant demeuré. Mais franchement, il n’avait rien d’autre au magasin et le dépôt l’attendait pour le ravitaillement en bière. Il lui tourna doucement le dos pour s’éloigner, envoyant une dernière invitation sur sa lancée.
« Si tu me cherches, tu sais où me trouver... »

Contrariée, Emilia recula la tête lorsqu’il leva la main pour la toucher. Elle n’était pas d’humeur pour les gestes de tendresse.
Et une fois encore il prenait un détour et ne répondait pas franchement. C’était agaçant ! Ne comprenait-il pas qu’elle ne possédait plus les mêmes facultés et qu’elle avait besoin de réponses claires ?
Comprenant qu’il avait fait le choix de mettre un terme à sa mission d’escorte, elle ne fit rien pour le retenir. Après tout c’était elle qui lui avait proposé d’aller se reposer alors il serait particulièrement malvenu de lui interdire d’aller boire son verre. S’il avait envie de se saouler en pleine après-midi…
De son côté, elle allait retourner au laboratoire et évacuer sa frustration là où elle se pensait le plus utile.

– Amuse toi bien, lâcha-t-elle avant de tourner les talons pour retourner travailler. Au fond d’elle cependant persistait une inquiétude : et si derrière son masque de blagueur, Darren était réellement en danger ? Elle finit par chasser cette pensée en songeant qu’elle le saurait bien assez tôt.

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Dim 14 Avr - 18:30

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La réponse s’était élevé dans son dos.
Le soldat savait qu’elle ne le suivrait pas. Mais d’un autre côté, il en avait marre de jouer le toutou parce qu’elle exigeait des explications. Il avait tenté de lui expliquer une fois et elle ne l’avait pas cru. Non, il savait qu’elle en aurait même ri. En professionnel, Darren contacta son supérieur hiérarchique pour demander un remplaçant pour Emilia, indiquant qu’il devait se rendre auprès de Carson suite à sa dégradation de santé.
Il n’en avait pas vraiment envie mais il n’avait pas le choix. Il se devait de jouer le jeu.

Sa première étape fût de le rejoindre directement à l’infirmerie d’Atlantis pour qu’il ai un scanner et une détection de son activité synaptique. Le résultat tomba et il était sans appel. Exactement comme Rodney, Darren développait des aptitudes qui surchargeaient son cerveau. Il n’était pas conçu pour ça, comme il le disait, et il ne tiendrait pas longtemps.

Clive ne songea pas à sa personne à ce moment-là.
Il pensa à Emilia qui devait se sentir terriblement seule, dans son corps sans connexion, et qu’il n’était pas là pour la soutenir. Mais il n’était plus pareil depuis que ces émotions se baladaient partout. Il pouvait même sentir l’inquiétude de Carson alors qu’il positivait à fond. Le soldat parvint à trouver les mots pour qu’il n’aille pas transmettre les résultats à Emilia. Elle s’était inquiétée en le voyant à terre et elle le serait d’autant plus en recevant la preuve médicale que son activité cérébrale avait triplé en quelques heures.

Le médecin était sceptique mais il accepta. C’était le choix de son patient, le secret médical, une blouse blanche ne pouvait jamais défaillir à sa parole. Il lui prescrivit quelques médicaments. Des clous de cercueils, c’est comme ça que le voyait Darren. Même s’il n’était pas d’un naturel défaitiste, il était assez réfléchi pour savoir qu’il y avait une nette différence entre l’histoire de Rodney et la sienne.
Pour le savant, ils n’avaient pas la solution mais la machine fonctionnait bien.
Pour lui, ils avaient la solution mais la machine n’était plus qu’une épave.
Il serait bientôt dans une cellule réfrigérée, son nom accroché à son orteil droit…

Darren se fit une raison. Il était soldat, l’aventure pouvait s’arrêter n’importe quand. Parfois dans des éclats de gloire. Et souvent sur des morts parfaitement connes.

« Emilia aussi a été touché. Peut-être que... »
« Contrairement à vous, le corps de cette jeune femme est adapté à une telle activité cérébrale. S’il devait y avoir une mutation, ce serait forcément d’une manière moins...violente. »
« Elle survivra... »
« Si elle fait son Ascension.... »
« Elle y arrivera plus que moi en tout cas. » Se rassura-t-il.

Il quitta le lit sur lequel il était assis et lui tapota l’épaule.

« C’est tout ce qui compte. Je dois revenir quand ?... »
« J’aurai préféré vous garder en observation mais vous avez la bougeotte alors...dans trois heures ? »
« Dans trois heures. » Convint Darren en remettant sa veste.

Il quitta Carson avec la boule au ventre et le sentiment d’être seul au monde avec une maladie incurable. Il rabattit le col de sa veste pour essayer d’être un peu plus discret et fila en direction du bar pour se jeter un verre. Il n’avait pas l’intention de s’enivrer, même si c’était sacrément tentant, juste s’offrir une petite boisson. Quelque chose de réconfortant. L’homme avait clairement le moral à zéro parce qu’il ne voyait pas d’échappatoire. Mais il avait été sincère avec Carson. Emilia devait survivre. Lui ça avait un peu moins d’importance. On ne signait pas le contrat du Programme Porte des Etoiles à la légère. C’était une roulette russe et il le savait depuis le début.

Un peu avant l’accès du bar, le jeune homme sortit les mains de ses poches et essaya de se concentrer tout en ayant les yeux bien ouverts sur sa situation.

“ Ok. Emilia t’avait dit qu’elle était comme une antenne qui captait des musiques. Il y en avait tellement qu’elle risquait de se perdre. Il fallait se concentrer sur sa propre musique. Sa propre musique...sa propre musique…pas les autres.”

Clive prit une grande inspiration puis entra à l’intérieur.
Il y avait un peu de monde. Les soldats de quarts, le personnel qui était de repos et ceux qui avaient surement posé congés. Ils étaient tous par groupe, blaguant et vivant agréablement l’aventure Atlantis, à mille lieux de ce qu’il connaissait de son côté. Darren ne pouvait pas leur en vouloir. Son esprit saignait sous les lames de ces différentes “musiques” qu’il percevait. Ca le morcellait, l’infestait d’impressions parasites qui n’étaient pas les siennes. Mais cette fois, en s’exerçant, en essayant de les contenir, ça lui faisait beaucoup moins mal. La médication de Carson y était peut-être aussi pour quelque chose.

Il se commanda à boire puis, pour l’heure qui suivit, le soldat s’exerça à faire taire ces musiques. Il essaya de les rendre muette ou de les transformer en un simple murmure. Il chercha, puisa dans ses ressources personnelles, pour essayer de comprendre comment se fermer. Un travail mental éreintant et épuisant. Il ne pouvait pas rivaliser avec les années d’expériences d’Emilia, son éducation dans un temple spécialisé, et sa maîtrise basée sur une longue expérience du terrain. Mais Darren n’avait jamais été un lâche et il ne le serait jamais.
La phase déprime venait de s’achever et maintenant il trouvait un moyen, même limité, de se préserver. Un esprit de guerrier et de soldat qui ne se laisserait pas écraser par les autres influences. Même si sa cervelle brûlait malgré la double dose de pilules qu’il s’était envoyé, le jeune homme commençait à avoir de bons petits succès. Il commençait enfin à se retrouver un peu.

Il ne pourrait peut-être pas user de cette empathie à son profit, et avec humilité, comme le ferait Emilia. En quelques heures c’était beaucoup trop court. Mais Darren souria, victorieux, en sentant sa propre personnalité lui revenir. C’était comme récupérer un Graal égaré. Il laissa le flux supplémentaire de clients le malmener, le mettre à l’essai. Et il réussissait…

Bien sûr, l’alcool et les médocs ne faisaient jamais bon ménage. C’est pour ça qu’il s’était limité à un seul verre. Sur la fin de son exercice, il gagna la certitude de ne plus se laisser avoir par les émotions des autres. Juste pour tenter le coup, il voulu cibler une musique en particulier et d’essayer d’obtenir ses émotions. Elle seule, et pas les autres. Là, c’était une épreuve qui dépassait de loin ses capacités. Il était trop novice et ça lui permettait d’appréhender toute la maîtrise qu’Emilia devait avoir rien que pour vivre couramment avec ce don. Dire qu’il avait voulu lui coller un champ de force sur le dos...

Le débarquement d’une bonne trentaine de clients supplémentaire en début de soirée le contraignit à abandonner le terrain. En revenant en direction du dortoir du D4, mais ne voulant pas rencontrer ses amis, Darren se rendit compte qu’il n’avait nulle part où aller pour être tranquille. Il hésita à aller se noyer dans la nasse d’observation sous-marine, là où il n’y aurait aucune émotions, mais il croisa le restaurant Athosien. Il y avait invité Emilia et tous les bons souvenirs lui revinrent. Le coup du glaçon, par exemple, le fit sourire. C’était stupide de rester sur une brouille, surtout s’il lui restait qu’un peu plus de vingt-quatre heures maintenant.

Il pinça des lèvres. Clive s’en voulait un peu de ne pas avoir appuyé un peu plus son amie. L’émergence de ce pouvoir l’avait surpris et il ne s’était concentré que sur son petit nombril. Ca l’avait changé dans sa personnalité et ses réactions. Ce n’est que maintenant qu’il arrivait à faire la part des choses.
Mais il avait tout de même lâché Emilia. Ils étaient tous les deux dans la même galère pourtant. Qui sait si, de son côté, elle n’avait pas aussi développé de nouvelles aptitudes ?

Il fallait qu’il renoue. Même s’il ne savait pas dans quelle position elle serait, c’était vraiment bête de l’avoir laissé comme ça. Surtout après tout ce travail visant à lui promettre qu’il ne la lâcherai jamais.
Impossible de l’inviter au restau. Avec tous ces gens, il finirait par faire une crise et tomber raide mort, la tronche dans la salade. Il valait mieux subir la surpopulation émotionnelle maintenant en commandant à emporter. Clive se fit résistant, patient et motivé. Son petit entraînement personnel au bar était concluant, il y parvenait. Sur la carte, il retrouva les quelques plats qu’Emilia avait adoré, puis il les ramena avec lui, jusqu’au balcon où il l’avait porté sur son dos.

Le gymnase n’était pas loin. Il savait qu’il y avait quelques tables et des chaises pliantes dans une remise. Il fit le trajet sous les ondes de scepticisme. Et parfois des sentiments très sombres et infects qui ne le concernaient pas du tout.
Clive nota les quelques collègues qui le saluèrent chaleureusement mais dont les émotions étaient foncièrement hypocrites. Ca l’avait surpris, il ne s’en serait jamais douté pour certains d’entre eux. Heureusement, avec la nuit tombante, son petit refuge s’était libéré et il y installa tout son petit restau personnel. Les plats allaient refroidir, il devait se dépêcher.

L’homme sentait sa personnalité d’origine être toujours là, souveraine. Son penchant positif, toujours souriant, toujours rafraîchissant. Ca y est, Clive était bel et bien de retour. La préparation de son installation l’amusa et il fit même le gamin en faisant danser les assiettes en carton dans ses mains. L’idée du dîner avec son amie le réjouissant bien.

L’hollow qu’Emilia lui avait offert, il l’avait toujours sur lui. Les mois derniers, il avait tenté d’envoyer un message vidéo pendant les activations de la Porte vers Orzan sans savoir si ça l’avait atteint. Histoire de lui donner des nouvelles, de savoir ce qu’elle devenait. Il réitéra la tentative ce soir, se doutant qu’elle avait dû conserver ce dispositif avec elle. Il filma les deux couverts et commenta de sa voix amusée habituelle :
« Salut Princesse. Clive est de retour ! Tu te souviens de ton enlèvement sur épaule ? »
Il cadra bien le balcon et la table.
« Je t’invite, Emilia. On réfléchit mal le ventre vide... »
Le jeune homme contorsionna son bras pour pouvoir montrer sa trombine de pitre.
« Fait vite si tu ne veux pas manger froid ! »
Puis il coupa subitement. Il hésita un peu en relisant l’enregistrement et envoya le message vidéo.

Impossible de savoir si son amie avait eu le temps de redescendre dans les tours. Il espérait que si, qu’elle avait envie de faire une pause. Ou bien peut-être se sentirait-elle offensée de faire la route jusqu’à lui, il ne savait pas bien. Darren ne s’était jamais inquiété de ces détails et il ne comptait pas commencer. Il s’installa sur l’une des chaises et posa ses pieds sur le garde-fou du balcon, observant avec une certaine gaieté le ciel étoilé. Sur sa montre, le compte à rebours qu’il avait réglé continuait de défiler. Il s’était fait une raison, il avait envie d’en profiter un maximum.
Il se demandait si son amie apparaîtrait par cette porte.

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Dim 14 Avr - 18:30

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Emilia avait finalement regagné le laboratoire où des spécialistes de deux mondes s’agitaient dans tous les sens pour travailler côte à côte dans un but commun. La scène aurait pu être belle s’il n’y avait pas ce sentiment de gêne qui refusait de la lâcher. Quelque chose clochait. L’attitude de Darren n’était pas normale et la princesse fulminait. Dans un premier temps elle fut en colère contre lui, lui reprochant de se comporter soudainement comme un gosse fuyant les responsabilités. Mais une petite voix en elle lui soufflait à l’oreille que ce comportement ne ressemblait pas à l’homme qu’elle connaissait. Même si elle ne le cotoyait pas au quotidien, elle avait passé suffisamment de temps en sa compagnie pour connaitre quelques traits de personnalités du militaire. Darren était un homme dévoué, le fait qu’il la lâche soudainement alors que quelques heures plus tôt il refusait sa proposition d’aller se reposer était bizarre. Non pas qu’elle s’imagine qu’il avait un devoir vis-à-vis d’elle mais cela ne lui ressemblait tout simplement pas.

Alors peu à peu la colère avait laissé place à la réflexion. Il lui avait fallut faire du tri dans ses propres sentiments, comprendre que la frustration qu’elle ressentait n’était pas dû au comportement de l’homme mais à sa propre situation et prendre du recul, pour faire la part des choses. Ils avaient tous les deux étés touchés par le rayon, c’était un fait. Ses pouvoirs avaient alors disparu et Darren prétextait les avoir récupéré, avant de se rétracter soudainement en infirmant son témoignage. Pourquoi ? Elle ne l’avait pas pris au sérieux, pas assez vite du moins, et quand elle avait commencé à poser des questions pour comprendre il avait fuit à toute vitesse. Etais-ce la peur qui motivait ce comportement ? Mais de quoi avait-il peur ? De la situation ? De la machine abimée ? D’elle ? Ou était-elle en train de s’inquiéter inutilement et son nez en sang était réellement le fruit d’une bagarre ?

Mais à quoi bon se prendre la tête ? Il reviendrait vers elle lorsqu’il serait prêt. Leur amitié avait toujours fonctionné ainsi, par des prises de tête puis des réconciliations. S’il était en difficulté à cause de l’appareil, la meilleure manière de l’aider était encore de réparer au plus vite la technologie des Sages. En ce qui la concernait, elle ne ressentait pas encore d’effet secondaire, excepté la perte de ses pouvoirs. Quoi que… il lui semblait que sa mémoire était plus vive, qu’elle arrivait à comprendre les choses plus rapidement et à les retenir en un rien de temps. Tendant l’oreille, elle écouta les scientifiques et les techniciens échanger sur un problème et schématisa la chose dans son esprit avant de leur proposer un élément de réponse. Puis elle s’en étonna. Etais-ce un effet secondaire de la machine ou bien son cerveau utilisait-il son potentiel différemment maintenant qu’il était libéré de ses anciens pouvoirs ? Un mystère de plus à élucider. Mais pas maintenant, elle avait mieux à faire ! Demandant à ce qu’on lui fasse passer quelques ouvrages utiles pour mieux comprendre la mécanique, notamment celle appliquée à la santé, en attendant que les renforts gaëlliens ne débarquent d’Orzan, elle entreprit de dévorer des dizaines de livres numérisés jusqu’à ce l’un de ses subalternes ne la regarde avec des yeux ronds et ne lui demande si elle ne devrait pas aller faire un tour chez Carson. Elle faillit l’envoyer paitre avant de réaliser qu’il n’avait peut-être pas tort… elle était capable de réciter mot à mot chaque ouvrage qu’elle avait consulté, sans compter le record de vitesse de lecture et sa compréhension parfaite des sujets abordés. Une petite poignée d’heures à peine s’étaient écoulées… c’était complètement dingue. Sa mémoire avait toujours été bien plus développée que le commun des mortels et elle retenait les choses avec une facilité que beaucoup lui enviaient. Mais là elle battait des records !

La jeune femme aurait dû se sentir inquiète mais elle reléguait cela au second plan, dévorée par l’excitation et l’envie d’apprendre. La voix de la sagesse fut cependant la plus forte et son côté raisonnable prit le dessus. Il était important qu’elle fasse un bilan avec Carson pour savoir comment appréhender la suite. Si elle était en train de muter, il lui faudrait prendre des choix rapides et agir en conséquence pour survirvre.

Les analyses de Carson furent formelles : son cerveau n’avait pas développé son activité, en revanche il l’avait déporté. Autrement dit, maintenant qu’elle n’était plus envahie par des milliers d’informations à la minute dues à son empathie, ses mémoires à court et à long terme avaient le champ libre pour absorber de nouvelles données. Son cerveau était donc toujours aussi actif mais ne sollicitait plus les mêmes zones. Si cette nouvelle capacité lui plaisait bien, Emilia ressentit de l’inquiétude à l’idée que ses pouvoirs ne se manifestent toujours pas. Etaient-ils réellement endormis ? Si c’était le cas, qu’adviendrait-il d’elle s’ils se réveillaient subitement ? A moins que Darren n’ait parlé sérieusement et qu’il n’ait hérité de ses anciennes capacités…
Ca lui donnait le tournis.
Remerciant le docteur, elle eut tout juste le temps de quitter l’infirmerie que son hollow se mit à vibrer. Elle transféra le son vers son oreillette et écouta le message laissé par Darren avec un sourire amusé. Comme elle s’y était attendue, il revenait finalement vers elle. Ce n’était pas plus mal, elle avait fait du chemin dans sa tête depuis qu’ils s’étaient quittés et elle était à peu près certaine qu’il en allait de même pour lui. Autrement il n’aurait pas choisi ce lieu symbolique ni fait l’effort d’acheter des plats qu’elle appréciait.
Pianotant brièvement sur son hollow, elle lui répondit par un message simple :

– Ca a l’air bon.

Puis elle se mit en route tout en lançant un appel vers l’une de ses responsables scientifiques pour la tenir informée des résultats avec Carson et du fait qu’elle allait manger un morceau avant de revenir. Sur la route, son esprit releva de nombreux détails auxquels elle n’aurait pas prêté attention en temps normal et s’imprimèrent dans son esprit : la forme des couloirs et des portes, leur couleur, le nombre de pas à faire entre chaque lieu, le visage et la voix des personnes qu’elle croisait. C’était un nouveau monde qui s’ouvrait à elle. Celui là n’était pas fait d’intrusion mentale et de sensations mais d’observation.

Lorsqu’elle arriva enfin au lieu de rendez-vous, elle trouva Darren confortablement installé en train de regarder les étoiles et une table installée avec de la nourriture et des couverts de fortune.

– Tu as raison, on réfléchit mal le ventre vide, dit-elle en s’aventurant sur la terrasse

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Dim 14 Avr - 18:33

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Ne pas dire qu’il avait compté les secondes aurait été osé.

Il guettait par moment le “fichu” hollow en se demandant quand est-ce que sa réponse s’afficherait. Le jeune homme s’appuyait sur ce qu’il savait de son amie et le fait qu’elle donnait toujours suite, même lorsque c’était négatif. Il s’attendait d’ailleurs à un beau et concis “Pas maintenant, Darren”. D’ailleurs, c’est ce qu’il eut l’impression de lire en cherchant à accéder au répertoire de messagerie. Dans un premier temps, il pinça des lèvres en se disant qu’il n’était pas étonné. La princesse était vraiment un bourreau du travail quand elle s’y mettait et les besoins naturels ne faisaient clairement pas partie des priorités.

Heureusement, il remarqua qu’il s’était trompé et qu’il se trouvait sur l’historique des anciens messages. Celui-là, c’était la réponse qu’elle lui avait envoyé la fois où il avait voulu lui proposer de prendre l’air. Le petit ascenseur émotionnel n’était pas si désagréable, surtout quand ça fonctionnait dans ce sens là.

– Ca a l’air bon.

Toujours aussi concise.
Darren sentit son petit sourire lui tirer le coin des lèvres tandis qu’il portait son regard sur la table. Il énuméra toute la liste pour vérifier qu’il n’avait rien oublié puis s’assura que sa guitare était bien planquée sous la table. Une petite expédition en plus qu’il avait finalement mené au dortoir, y passant en coup de vent avant de se sauver, en saluant à peine ses amis. Il pourrait leur expliquer plus tard s’il était sorti d’affaire mais pas là, pas maintenant.

La mère Eidolas aimait bien la musique. La dernière fois, ça avait eu l’air de sacrément la détendre, sans oublier le paternel qui savait y faire. Le militaire avait fondé sa petite hypothèse sur le fait qu’elle serait pas forcément contre une petite prestation. Bon...il serait peut-être pas aussi sérieux, lui, car il avait envie de la faire rire. Pendant qu’il était en train de s’exercer à ne pas se faire envahir, il s’était persuadé qu’elle s’était cramée les neurones à essayer de leur pondre une solution.

Darren s’était de nouveau embarqué dans ses pensées et il ne sentit pas Emilia arriver. Le bruit caractéristique de la porte Atlante l’alerta bien sûr. Mais il n’avait pas perçu ce qui émanait d’elle venir vers lui. C’était un élément dont elle lui avait parlé mais qui demandait beaucoup de maîtrise là encore. Elle était capable de les situer, surtout les êtres qui lui étaient chers, comme si elle se servait de son empathie pour en faire un sonar mental. Elle l’avait d’ailleurs emmené en dehors du domaine au nez et à la barbe de tous les gardes. Clive détenait son pouvoir et il ne savait même pas comment elle avait pu s’y pendre.
Peu importe. Les deux pieds retournant au sol, petit quart de tour sur sa chaise, il distingua sa silhouette avec un certain plaisir qu’il ne dissimula pas. Emilia savait soigner son entrée, comme toujours, elle avait ce petit truc craquant où elle ne se contentait pas d’un simple “bah me voilà quoi”.

Maintenant qu’il détenait un minimum de pratique, Darren se concentra un peu pour modérer le volume et laisser juste filer l’information vers lui. Une forme de sérénité, comme une brise marine à l’image de celle lui claquait doucement la digue sous leur balcon, émanait tout doucement de son amie. Il la sentait calme et détendue. Un petit grain de sable y persistait malgré tout, il pensait que c’était un peu d’inquiétude, du tracas. Mais dans le fond, Emilia allait bien et elle n’était plus en colère.
C’est ce qui le soulagea d’emblée et lui permit de lâcher prise.

C’était tellement pratique ce pouvoir quand il était bien contrôlé. Pas besoin de se poser la question, d’essayer de lire à travers les mots ou d’analyser le non-verbal. Surtout que c’était pas un pro dans le domaine.
Ce qu’il “voyait” lui plaisait beaucoup et il quitta sa chaise, tout sourire, pour aller dans sa direction.

« Tu lâches pas le morceau. Ce n’est pas une machine Lantienne flinguée qui va lasser l’Exception !!! » lui dit-il en tirant sa chaise, tout sourire, l’invitant à s’y installer. « On a une expression chez nous, je sais pas si tu l’as déjà entendu : “Après l’effort, le réconfort !” »

Si Emilia s’étonna de la soudaine galanterie de Darren, elle n’en laissa rien paraitre et s’installa. Il émanait une agréable odeur de nourriture de la table, c’était un vrai plaisir. Elle réalisait maintenant à quel point elle était affamée.

– Tu sais comment parler aux femmes, le charria t-elle.
« Tu en sais quelque chose ! » Ironisa-t-il en retour, ouvrant un peu ses bras pour présenter le lieu symbolique de sa finesse en matière de relations. « Un vrai Don Juan ! »

Darren s’installa à son tour et déplia doucement les barquettes pour faire le service. Il eut le temps de glisser trois d’entres elles vers la jeune femme, le plat principal étant séparé de son accompagnement, avant de se rendre compte qu’un petit flot d’incompréhension avait grandi au sein de la bulle de sérénité.
Le jeune homme attendit qu’elle se serve et ajouta, l’air de rien :

« C’est un très vieux bouquin célèbre, chez nous. Don Juan, c’est le maître du romantisme et de la séduction. »
En bon clown, il ramena ses deux mains pour présenter sa silhouette comme s’il en était la manifestation incarnée. Il ne manquait pas d’air et ça le faisait rire. Le soldat se pencha pour conclure avec son optimisme habituel :
« Et ce soir, Don Juan, il s’occupe de toi ! »
– Et comment vas-tu t’y prendre ? demanda t-elle distraitement en se servant. Elle posa les yeux sur son nez… il n’y avait pas de bleu apparent, rien qui ne laissait penser qu’il s’était prit un coup sévère. Alors… ce coup de poing… mensonge ou vérité ?

Darren sentit l’onde le caresser comme un petit courant d’air. De la concentration, de l’analyse on dirait ? Sur qui...lui ?
Le jeune homme fronça les sourcils. Il maîtrisait encore mal l’aptitude, surtout pour l'interpréter. Ca restait de l’émotion, pas de la pensée technique. Il se rendit compte que le volume jouait un peu au yoyo quand il était distrait par son amie. Ce qui était normal puisqu’il voulait tout de même profiter de sa présence.
« J’ai tout un plan ! Mais ça dépend surtout du temps que tu t’accordes. » Lâcha-t-il, l’air taquin.
– Tout dépend… avons-nous des raisons d’être pressés ? demanda t-elle avec légèreté, cherchant à lui faire cracher le morceau sur d’éventuelles mutations dont il aurait pu se rendre compte en cours de route.
Darren se douta du sens de sa question. Il pencha la tête sur le côté, très joueur, limite prêt à en découdre. Il n’était pas certain, il avait juste des doutes sur le fait que la princesse obtiendrait la réponse à sa question de gré ou de force. Il n’allait pas la livrer aussi facilement maintenant.
« J’suis en pleine compétition avec cette machine pour gagner ton intérêt. Que le meilleur gagne ! »

Il sortit de ses sacs deux bouteilles. Il y en avait une qui contenait de l’alcool et l’autre non.
« Tu ne bois toujours pas ? »

– Et bien… je n’ai plus à craindre de perdre le contrôle de mes pouvoirs donc j’imagine que je peux boire un peu. Avec modération.
Le sourire du soldat vira à la malice alors qu’il débouchait la bouteille d’alcool et qu’il lui servait un verre plutôt généreux. Il se servit également en songeant que s’il optait pour le jus de fruit, il se placarderait un panneau clignotant du message “J’AI TON POUVOIIIIIIIIR”. Il voulait éviter de lui livrer cette vérité à table.

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Dim 14 Avr - 18:34

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Emilia fronça les sourcils en voyant la quantité d’alcool qui lui servait. Il voulait la saouler ? Parce qu’elle n’avait pas touché à une goutte d’alcool depuis au moins dix ans. Elle n’était même pas sûre d’en apprécier le goût. Elle regarda le contenu de son verre puis l’approcha de son nez avec une légère grimace. Ca sentait fort… mais c’était l’apanage des alcools.
« J’ai aussi le jus que tu avais demandé deux fois au restau, tu sais... » fit-il en l’observant.

– Je reviens de l’infirmerie, j’ai parlé à Carson… lança-t-elle, sur le ton de la conversation. Elle laissa volontairement planer un silence pour observer sa réaction.
« Ah ! » fit-il platement, un brusque sentiment d’angoisse l’envahissant. Et cette émotion venait bien de lui d’ailleurs.
Est-ce que le toubib avait cafté ? Ou est-ce que son amie avait finalement retrouvé ses aptitudes même s’il les avait aussi ?
Le soldat pinça des lèvres, certain qu’elle allait surement se rendre compte de quelque chose, mais avant tout il se posait une nouvelle question.
« Ton activité a baissé ? Ou augmenté ? »

Les mimiques de Darren s’inscrivirent dans l’esprit de la princesse. Chacune de ses expressions, du mouvement de ses yeux à celle de ses lèvres. Le problème c’est qu’elle ne possédait pas les bons éléments pour les interpréter correctement… il lui faudrait jeter un coup d’œil dans des livres de psychologie à l’occasion.

– J’ai développé de nouvelles facultés, répondit-elle.

Le soldat s’était pris un plat à base de riz. Il y avait déjà plongé sa fourchette, soufflant un peu pour évacuer la chaleur résiduelle de ce qu’il s’apprêtait à déguster, quand la révélation d’Emilia l’avait saisi. Il se rappelait qu’elle était calme, qu’elle se contrôlait, sa vie n’avait pas l’air en danger selon lui. Mais...ce n’était pas forcément une bonne nouvelle. La machine avait aussi eu un effet sur elle. Et quelles facultés ?
Il reposa sa fourchette en sentant l’inquiétude poindre en lui. Il se souvenait bien de son nez ensanglanté et de la migraine fulgurante. Peut-être qu’elle en avait souffert elle aussi...
« Est-ce que ça va ? Je veux dire...tu réussis à gérer ? »

– Oui ça va, mon activité cérébrale n’a pas augmenté. Je crois que mon corps compense juste l’absence du Don. A sa manière.
« C’est à dire ? Tu as développé quelle nouvelle aptitude ? »
Ça le stressait cette conversation mais il s’évertua à ne rien montrer. Une part de lui regrettait de lui avoir tourné le dos alors, qu’au final, ça c’était aussi déclenché en elle.
La jeune femme porta le verre à ses lèvres pour goûter le vin que lui avait servi Darren. Ce n’était pas mauvais tout compte fait. Un brin amer.
– J’apprends plus vite.
C’était un doux euphémisme.
« Ca à l’air d’être une bonne chose. » Constata-t-il avec un brin de soulagement.
Il ne la sentait toujours pas inquiète ni angoissée. Elle maîtrisait sa nouvelle faculté et c’était même un avantage pour les travaux de réparations qu’elle supervisait. Darren mangea un peu et sentit le silence qui s’installait. Sans besoin d’empathie, il savait qu’il y avait un petit malaise entre eux. Peut-être de son coté, seulement du sien. Ou bien eux deux.
–J’ai lu des dizaines de livres et je suis capable de les réciter par coeur, dans un sens et dans l’autre. C’est assez grisant, s’enthousiasma t-elle malgré elle.
« Tu étais déjà badass en Gaëllie. Maintenant plus aucun savant ne va pouvoir te suivre. » Commenta-t-il, contaminé par son émotion grisante. Il ajouta pour la blague : « On ira à la médiathèque. Tu t’occupes des bouquins et moi du chronomètre ?!? »
–C’est une idée !
« Vendu ! »

Une vive piqûre le prit derrière l’oeil droit. Clive le massa distraitement. Il en avait presque oublié ses migraines. Emilia avait comme un effet apaisant sur lui. Peut-être parce qu’elle était une source familière d’émotion et qu’il n’avait pas peur que ça éclate brusquement comme pour les autres. Mais...il fallait croire que c’était de courte durée. Peut-être que son stress jouait aussi là-dessus.
Darren ouvrit une poche et sortit sa boîte de médicaments. Il prit deux comprimés qu’il avala avec une gorgée de vin, en toute imprudence. Il savait que ça attirerait l’attention de son amie mais il haussa les épaules, comme pour lui faire sentir que ce n’était rien, qu’il n’y avait pas de rapport.

« J’ai pas été très cool en me barrant tout à l’heure, j’espère que tu ne m’en veux pas. »
–Est-ce que ce sont des médicaments ? demanda Emilia avec douceur, éludant la dernière question de Darren.
Le jeune homme ne la regarda pas dans les yeux. Il ne sentait pas grand chose du côté de ses émotions, rien de clairement interprétable en tout cas. Il n’arrivait pas à savoir si elle sortait de nouvelles armes très efficace : sa douceur. Histoire de lui tirer les vers du nez. Ou si sa question était sincère. Ca marchait en tout cas. C’était comme si elle lui avait frictionné mentalement le dos, ça le faisait frissonner.
Darren hocha finalement la tête en rangeant les médocs dans sa poche.
« J’ai juste quelques migraines. Ca va, ça vient. Rien de grave, t’en fait pas. »
Il lui fit un petit sourire.
« Hé...bientôt une trentaine d’heures sans sommeil, ça fait son petit effet. »
– Je sais que ton peuple a quelques lacunes dans le domaine médicale mais… médicaments et alcools ne sont pas réputés pour faire bon ménage… tu n’étais donc pas parti te coucher tout à l’heure ? demanda t-elle en piquant sa fourchette dans un morceau de viande.
Darren rejeta d’emblé sa remarque sur les médicaments et l’alcool. Ce n’est pas comme s’il risquait sa vie puisqu’elle était supposée prendre fin dans pas longtemps. Elle ne le savait pas et, en même temps, il n’avait plus très envie de respecter ces barrières.
Il secoua négativement la tête.
« Je repensais à notre embrouille, ça ne me donnait pas sommeil. »
Darren avait dit ça doucement, sans forcément teinter cette remarque d’un sous-entendu ou d’un quelconque reproche. Il sentait la migraine grandir. A croire que les médicaments avaient boosté sa douleur au lieu de la réduire. Une pression était en train de croître en lui, sans qu’il ne sache d’ou ça venait, pourtant le repas se passait plutôt bien. Emilia ne se montrait pas vindicative. Elle prenait même des gants, visiblement, ce qui était vraiment très agréable venant d’elle. Généralement, en bonne princesse qui se respecte, elle disposait et exigeait à sa façon, tout en diplomatie.
– Et ton nez ensanglanté, il va mieux ? lança t-elle.
Puisqu’il remettait le sujet sur la table, elle allait peut-être avoir enfin le fin mot de l’histoire.
« Oui, ça va. » Eluda-t-il trop rapidement.

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Dim 14 Avr - 18:38

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Darren stressait davantage. Plus que de raison même.
Il avait le sentiment que cette émotion n’était pas vraiment contrôlée, comme si elle lui échappait pour l’investir et bouillir en lui. Pendant son petit entrainement au bar pour contrôler tout ce qui lui parvenait, il n’avait pas pu s’empêcher de ressasser leur petite dispute. Le jeune homme avait prit conscience qu’il avait été vexé qu’elle doute de lui alors qu’elle ne le faisait pas avant. C’était puéril et ça s’était mélangé au sac de nœud qui lui avait fait perdre les pédales.

Ce soir, Darren était bien lui parce qu’il s’était isolé avec son amie. Ce balcon n’était pas le meilleur point de vue de la cité, loin de là, et il n’y avait pas énormément de passage. Pas de risque de connaître de nouveau l’invasion qui avait menacé de le perdre, de lui faire oublier sa propre personnalité.
Seulement, au cours de cet égarement, le fait d’avoir tourné le dos à Emilia était un acte inédit. Lui qui s’était toujours évertué dans sa mission, même lorsqu’elle n’était pas nécessaire, tablait toujours sur la promesse qu’il ne la lâcherai pas. Quitte à devenir un type lourd et usant, aux méthodes discutables, il n’en restait pas moins une assurance. Une garantie si elle avait besoin d’un soutien, à défaut d’une épaule.

Cette garantie, Darren l’avait mise à mal en se cassant.
La princesse comprendrait surement. Surtout si elle apprenait la vérité. Malheureusement pour Darren, il n’y tenait pas et il avait à coeur de restaurer cette promesse sans entrer dans les effusions de sentimentalisme. Alors il fallait amener le sujet épineux, celui qui risquait de le découvrir, sans pour autant tout lui dire. Emilia était perspicace et il comptait sur son nouveau don d’empathie pour compenser.

« Écoute. Je tiens à m’excuser pour tout à l’heure. Je voudrais pas que tu te dises que... »

L’angoisse en lui n’était pas normale.
Elle s’était multipliée au-delà du raisonnable, comme si ça lui échappait vraiment. Un brasier s’était allumé dans sa poitrine et il sentait que sa respiration s’était accélérée. Le phénomène semblait se déclencher indépendamment de son ressenti et de sa conversation. L’émotion était normale mais, en circulant, elle s’était bloquée et avait entamée une surcharge comme ce foutu appareil Lantien. C’est cette image qu’il pouvait s’en faire.

« ...que je suis pas un mec fiable...j’y tiens. »

Il parlait mais ça n’allait pas. Son visage se décomposa un peu lorsqu’il ne sentit plus le poids de sa propre fourchette. Le riz et la viande, la sauce, le plat entier contenu dans l’assiette grimpa comme si tout le balcon avait été soudainement soumis à l’apesanteur. Un odieux sifflement monta dans ses oreilles, comme lorsqu’il avait eu sa crise dans le couloir, à quasiment lui faire perdre l'ouïe.
Non, non, non. Pas ça ! Pas maintenant ! Pas sous le nez d’Emilia !!!

L’assiette en carton restait bien posée sur la table, comme le verre d’ailleurs. Mais la fourchette tournait lentement sur l’impulsion qu’elle avait eu en quittant sa main. Là où son amie était capable de former une magnifique figure d’origami avec de l’eau, Darren avait créé involontairement un monstre de boue. Le riz lévitait par petit paquets agglomérés, là où ricochaient les quelques morceaux de viandes les moins lourds, le tout échappant complètement à tout contrôle. La sauce, plus fluide et liquide, fuyait cette influence en dégoulinant sous une forme disgracieuse et repoussante.
Un Frankenstein. Il s’étirait lentement comme s’il avait voulu constituer un brin d’ADN en lévitation. Une reproduction minable et pitoyable d’une lévitation gracieuse pour en faire un spectacle d’horreur entre les deux jeunes gens.

Le souffle de Darren était rapide, court, symptomatique d’un début de panique. Il ne contrôlait strictement rien. Rien du tout ! Il sentait cette émotion surchargée quitter son corps, à croire que le Frankenstein était un déversoir. Une soupape de sécurité. Dans des gestes tremblants, il tenta mécaniquement de reprendre sa fourchette ou de choper des morceaux de nourriture. Mais ses gestes n’étaient plus aussi précis, comme s’il ne pouvait pas faire les deux choses à la fois. Il échouait…
Son crâne le lançait avec une terrible violence maintenant et un poignard lui déchirait chacune de ses oreilles. Darren était blafard, le visage cassé, rendu à un terrible constat d’impuissance. Il se résolut à fermer les yeux. Ses poings s’étaient resserrés en représentant l’effort qu’il faisait pour tout remettre “dedans”. Supprimer le déversoir et faire taire le parasitage qui en était la source.

Ça dura quelques secondes. Peut-être cinq ou six. Puis il ouvrit lentement les yeux.
Une mélasse informe recouvrait son assiette et une partie de la table maintenant. Un morveux sadique aurait envoyé une motte de bouillasse entre deux amoureux d’un dîner aux chandelles qu’il n’aurait pas eu un si beau résultat. Mais tout semblait être revenu à la normale et il ne sentait pas son nez saigner. Heureusement. Il avait déjà assez honte.
Clive essaya de calmer sa respiration mais il avait du mal. Il en tremblait de nervosité et il était à bout. Tout ce travail de self-contrôle, éluder les questions d’Emilia, pour en arriver là.
Le jeune homme essaya de retrouver une contenance et de se fermer un peu. Il repoussa l’échéance de quelques secondes supplémentaire en retirant sa fourchette pleine de riz saucé, la reposant comme il se doit. Un geste qui se voulait représenter sa volonté de tout reprendre à la normale. Comme s’il pourrait tout récupérer, que rien ne s’était passé. Mais ce n’était qu’un fantasme personnel.
Il leva finalement les yeux, plongeant immédiatement dans ceux de son amie…
Maintenant, elle savait...

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Dim 14 Avr - 18:38

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Emilia suspendit son geste, fourchette en l’air, en regardant Darren exercer tout son art de télékinésie. Dire qu’elle était abasourdie aurait été un peu faible, le coup de la nourriture volante elle ne s’y était pas du tout attendu. Ainsi donc elle avait eu raison de se méfier, Darren lui avait vendu un mensonge. Une part d’elle fut rassurée de savoir que malgré son manque d’empathie, elle était parvenue à déceler la bizarrerie du comportement du soldat. Elle n’était pas si mauvaise observatrice finalement !
En revanche, l’attitude de Darren l’inquiétait. Il semblait… avoir perdu le contrôle. Dépassé, souffrant… la jeune femme faillit bondir de sa chaise pour aller lui prodiguer des conseils mais il fut le plus rapide en fermant les yeux. Aussitôt, la nourriture retomba avec un « splach » écœurant.

Bon… Darren lui avait donc prit le Don. Et il ne le contrôlait pas, mais alors pas du tout. Elle aurait dû se sentir agacée par ce revirement mais pour l’heure, elle était plus préoccupée par l’état de santé du soldat. Il ne semblait pas aller bien.

Contre toute attente, elle décida de ne pas montrer son inquiétude. Comme d’habitude, elle demeura parfaitement calme et exploita l’humour ironique pour désamorcer la situation.

– Pas d’inquiétude pour ta fiabilité… par contre je vais devoir remettre en question tes talents artistiques, lâcha t-elle en désignant la bouillasse informe qui s’étalait désormais sur la table.

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Dim 14 Avr - 18:39

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La douleur se calmait un peu, la crise était passée.
Le jeune homme ne répondit pas dans un premier temps, se demandant si elle se moquait vraiment de lui, mais il ne ressentait rien de mauvais. Rien d’acide. Il s’attendait à prendre la pile pour lui avoir menti. Mais non, elle parlait doucement, d’une voix qui l’aurait rassuré. Au cours de sa petite expérience involontaire, il avait sentit quelque chose pétiller. Comme de la stupéfaction, la preuve qu’il était découvert avec une prestation pareille. Mais maintenant une sorte de brouillard s’était abattu. Il y avait les propos...mais surtout cette inquiètude qui pulsait. Le soldat avait l’impression de pouvoir suivre mentalement ses battements cardiaques avec le flux rythmé de ses tracas. C’était justement ce qu’il ne voulait pas voir en elle. Emilia avait déjà bien assez de ses problèmes.

Une part de lui était flattée, d’une façon décalée à cette situation, parce qu’il savait maintenant qu’il comptait pour elle. Ce n’était pas simplement un clown distrayant qui passait parfois dans son lit quand ça la bottait.
Mais d’un autre côté, une autre part savait qu’elle avait fait la connexion logique. La princesse lui avait raconté l’enfer que ça avait été lorsqu’elle ne maîtrisait pas ses pouvoirs. Peut-être pas avec les mêmes crises et accidents que Darren. Mais si elle avait été ennuyée avant d’aller s’enfermer dans ce temple, il le serait aussi.

Et ce n’était qu’un début...

Darren ria finalement, impossible de résister à ce petit point d’humour. Mais son sourire se défit aussitôt, signe qu’il savait qu’elle était inquiète en son for intérieur. Ca ne servait plus à rien de lui cacher maintenant. Ca lui crevait le coeur mais...s’il ne détaillait pas, à défaut de le cuisiner, elle se creuserait la cervelle.
C’était pour tout ça qu’il avait voulu rester discret. En plus de sa vexation personnelle.

« Ok...ok. » Soupira-t-il doucement.
Avec des gestes distraits et peu intéressés, il récura la petite nappe et essaya de remettre un peu d’ordre.
« Mon activité cérébrale a triplé. Quand tu m’as trouvé...j’avais fais une sorte de crise. Il y a des émotions...puissantes je dirai...qui m’ont envahi. Et j’ai perdu la boule. Je savais plus trop quel comportement j’avais. A croire que je tournais la roue du hasard... »
Il pinça des lèvres.
« Tu m’as pas cru au début alors...j’ai pas voulu insister. C’était peut-être mieux pour nous deux que tu me prennes pour un mauvais plaisantin. »

– Tu le penses vraiment ? demanda-t-elle avec une moue blasée. Mais intérieurement elle ressentait un peu de peine.
Darren capta le sentiment et le nota.

Etais-ce un manque de confiance en elle ou avait-il simplement pris peur ? Le déni poussait parfois les personnes en souffrance à se cacher. Mais elle aurait préféré qu’il lui parle au lieu de fuir.
Un échange de pouvoir… comment une chose pareille était-elle possible ?
Elle soupira.

– Si quelqu’un peut t’aider ici c’est moi.
« Je sais...je me suis comporté en gamin. » Avoua-t-il.
Il ajusta la position qu’il avait sur sa chaise.
« Emilia...je suis normal parce qu’on est seul. Quand il y a du monde, j’suis envahi. Je savais pas vraiment ce que je faisais dans ce couloir. Pas que je me trouve des excuses. Mais je sais juste que je me suis barré pour des raisons stupides. J’avais pas les idées en place... »

Il sourit faiblement.

« Je suis allé voir Carson qui m’a donné ces médicaments. Ensuite, je suis allé au bar pour affronter le problème, trouver un moyen de gérer. »
Le soldat tapota la table.
« Je croyais pouvoir échapper un peu à tout ça et dîner avec toi. Avoir la paix pour quelques heures. C’est raté !!! »

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Dim 14 Avr - 18:40

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– Tu as cherché une solution dans l’alcool ? Elle eut un rictus moqueur. Ca ne fonctionne pas. Au contraire, c’est pire.

La jeune femme porta la main à son hollow et le paramétrage pour afficher l’écran sur un boîtier de la taille d’un téléphone portable sur lequel elle se mit à composer un message à l’intention de sa responsable scientifique. Il fallait mettre au courant l’équipe pour l’échange des pouvoirs et la nécessité d’accélérer les recherches.

– Tu dis que ton activité cérébrale a triplé. A combien es-tu ?
« Je n’ai pas demandé. A mon avis, je dois pas être bien loin des relevés de McKay, à l’époque. Si on m’avait dit un jour que je connaitrais le même problème... » Marmonna-t-il en l’observant tapoter sur son engin.
– 60%... murmura t-elle.
Elle n’était pas loin de ce chiffre… mais elle se préparait depuis sa plus tendre enfance et son corps évoluait à mesure que les années passaient. Elle faisait un suivi très réguliers dans son laboratoire. Pour Darren c’était soudain, pas étonnant que son esprit le rejette.

Elle s’inquiétait pour lui manifestement. Le soldat nettoya rapidement ce qu’il put de la table pour continuer le repas. Pas question de suspendre pour aller faire le cobaye en laboratoire. Bientôt, le jeune homme les ferait passer au dessert. Il n’avait pas prit les glaces que son amie et lui avaient dévorés la dernière fois. Ca aurait fondu bien trop rapidement. A la place, c’était une salade de fruit divisée en portion dans des coupes en plastiques. Le jeune homme poursuivit son dîner comme si tout était oublié mais il savait que ce ne serait pas le cas d’Emilia. Son esprit avait l’air de tourner en mode scientifique maintenant. Il n’avait pas eu l’occasion de l’observer en sa qualité de savante et il n’avait pas spécialement hâte, surtout s’il devait devenir son rat de laboratoire.

On ne suivait pas une personne comme Emilia sans avoir déjà vécu son entêtement. Elle ne s’intéresserait pas aux sujets communs maintenant, autant rester sur ce qui lui occupait l’esprit. Il n’était pas encore trop tard et Darren n’avait toujours pas abandonné l’idée de la distraire.
Taquin, il lui resservit à peu près la même question qu’elle lui avait posé en début de soirée :
« Alors, “docteur”, avons nous des raisons d’être pressé ce soir ? »

– Tout dépend… je dois te préparer à faire une ascension record ou chercher une solution scientifique pour te sauver ? demanda t-elle avec une voix qui se voulait calme mais dont le débit trahissait de la nervosité. C’était à Darren de faire ce choix. Je ne suis pas affectée par la technologie… pourquoi ? Est-ce l’intégration forcée de mes pouvoirs qui fait réagir ton corps ? marmonna t-elle pour elle-même, réfléchissant à toute vitesse.
« Peut-être...simplement profiter du temps qu’il me reste... » Lâcha-t-il avec une voix étrangement calme.
Le soldat sentait qu’il était sur une pente glissante. Elle n’accepterait jamais de lâcher l’affaire, il le savait bien. Mais de son côté, Darren ne se voyait pas se sauver dans un trou en pleurant, en espérant qu’on lui trouve une solution toute prête. Et il ne voulait surtout pas gâcher sa dernière journée à “espérer”. Cette dernière crise était la preuve que le compte à rebours ne l’attendait pas.
« Carson me dope mais ça va pas durer, je voudrais faire autre chose que le planton dans la salle du dispositif pour ma dernière virée. »

– Ne compte pas attendre les bras croisés mon cher… d’abord parce que je ne vais pas me contenter de te regarder mourir, ensuite parce que tu portes quelque chose qui m’appartiens. Je vais donc récupérer mon bien et te sauver la vie par la même occasion !

C’était un double enjeux qui se présentait là. La vérité c’était que Darren avait réussi à se frayer une place et comptait désormais dans la petite liste des personnes qu’elle appréciait et qu’elle tenait à voir en bonne santé, la perspective de le voir mourir ainsi était donc intolérable. Et puis il y avait ce qu’elle avait perdu. Certes, l’hypermnésie avait son charme… beaucoup de charme même… mais elle se sentait incomplète maintenant qu’elle était privé de ses deux autres capacités. Peut-être qu’un sens de l’observation hyper développé suffirait à terme à compenser le manque d’empathie… mais rien ne pouvait remplacer la télékinésie.

Darren souriait à mesure qu’elle développait. Sa pensée reflétait ses propos, c’était agréable. Mais il y avait aussi quelque chose derrière, savamment dissimulé, comme de l’attachement. Pas dans le sens où un Atlante le vivait selon lui, mais c’était bien ça. Il secoua lentement la tête en adoptant un air faussement blasé.
« Comment ça se fait que le protecteur devient le protégé...c’est dur ! »
– Il ne s’agit pas de protection physique cette fois ci, tu vas devoir apprendre à me faire confiance et à déléguer…

Elle porta son verre de rosé à ses lèvres et en avala une gorgée, renouant avec l’alcool qu’elle avait délaissé de nombreuses années plus tôt suite à une cuite qui avait très mal terminée.

Puis-je compter sur ta collaboration, monsieur le soldat ? Ou bien faut-il que je t’attache pour te faire suivre contre ton gré ?

Une image intéressante naquit dans son esprit et elle la chassa, mais non sans se demander auparavant si elle n’allait pas profiter de ce temps sans son empathie pour se mettre au défi. Si elle en avait le temps. Était-elle capable de séduire des inconnus sans anticiper les réactions d’autrui ? Cela pourrait être une expérience nouvelle et instructive…

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Dim 14 Avr - 18:43

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La vue s’était troublée.
Son attention s’était un peu détachée, détournée, sur la bulle émotionnelle qui se trouvait en face de lui. La pulsion était plus calme, moins acérée, légère. Il y avait de l’attachement qui résonnait à l’intérieur. Le tout enrobé d’une petite enveloppe de nervosité et de crainte. Le jeune homme se demandait si elle lui était attachée ou s’il s’agissait simplement de ces pouvoirs temporairement inaccessible.
Darren se fit à l’idée peu morale que ces aptitudes étaient les siennes pour vingt-quatre heures et qu’il pourrait en faire ce qu’il souhaitait. Peu importe ce que dirait ou ferait son amie, il pouvait choisir comment il allait vivre cette autre journée. Le choix lui appartenait personnellement.

Une collaboration ? Pour quoi faire ?
Il ne savait même pas de quoi était fait un cristal, comment les programmes étaient intégrés à l’intérieur...s’il s’agissait de programmes. Comment, diable, pourrait-il apporter quoi que ce soit dans cette marée bouillonnante d’impressions, d’émotions, et des jugements systématique qui se dirigeraient vers lui ?
Pour chaque échange, Darren trouvait une réponse toute faite. Mais il n’avait pas le temps de l’ouvrir qu’elle enchainait sur une autre affirmation. Elle le questionnait mais le début était assez rapide. C’était bien la première fois qu’il la trouvait nerveuse en s’adressant à lui, il y avait de quoi se gargariser.

Pour Darren, les rôles s’étaient inversés. Malgré les crises qui le remuaient salement et l’état lamentable qu’il devinait être en train d’atteindre, il possédait maintenant la carte Joker. C’était comme si le monde s’ouvrait à lui ou que des possibilités lui étaient offertes. C’était bête de ne pas en profiter.
La dernière question d’Emilia le laissa perplexe. Il se sentait comme un sale mioche qui avait piqué la télécommande de la télévision et qui se savait en position de force.

« Que tu m’attaches ? » Mima-t-il gaiement en laissant son intonation sous-entendre une autre pratique. « Tu veux tenter le coup ? Tu penses que tu pourras me contrôler ? »

Emilia s’apprêtait à répondre et se figea, eut une mimique et hésita. S’il n’y avait pas eu une urgence vitale elle aurait pu se laisser tenter par la proposition… mais il y avait le compte à rebours pour Darren. Et peut-être pour elle aussi, après tout ce n’était pas parce que les symptômes étaient moindre chez elle qu’elle ne courrait aucun danger.

- Tu es incorrigible ! lâcha-t-elle avec une grimace.

A quoi pouvait bien ressembler un rapport physique sans son empathie ? C’était terra incognita.

-Je vais t’apprendre les bases de la maîtrise de la télékinésie pour que tu ne blesses personne. A moins que tu ne veuilles passer les prochaines heures avec un bandeau sur les yeux !

Son hollow vibra. Emilia prit connaissance de la réponse de sa subordonnée et entreprit de lui répondre : elle leur demandait de mettre en place une équipe de jour et de nuit pour se relayer sur la technologie. Il n’y avait pas de temps à perdre.
Darren, pourtant, avait l’air complètement ailleurs.

« J’ai une meilleure idée ! J’apprends tout seul en déboutonnant ton chemisier sans utiliser les mains. Et pour une fois, c’est toi qui reçoit la bienveillance d’un empathe. Un massage pour te détendre, tu en dis quoi ?!? »
Il chopa sa guitare de dessous la table et gratta fort. TZINNNNGGGGG !
« Dans vingt-quatre heures je suis derrière les planches, j’ai bien l’intention de m’éclater ! Musique ? »

Emilia prit le temps de terminer son message, puis posa calmement son appareil sur la table avant de relever la tête vers lui. Pourquoi fallait-il qu’il prenne les choses avec tant de désinvolture ? Elle ne le comprenait pas. Si elle était mise au pied du mur comme lui elle se battrait de toutes ses forces jusqu’à la dernière minute !

Alors c’est comme ça… tu te déclares déjà vaincu ?

Clive la fixa un petit instant en se concentrant sur la bulle qu’il percevait. Ca ne lui plaisait pas, elle ne voyait pas les choses de la même façon que lui. Pourquoi le ferait-elle d’ailleurs ? Elle était agacée et ça n’allait pas en s’arrangeant, surtout qu’il agissait en contre courant.

« Ne pas gaspiller le temps qu’il reste, c’est s’avouer vaincu ! D’accord...MAIS ! C’est peut-être aussi l’occasion de ne pas s'apitoyer sur son sort, accepter l’affaire, et apprécier le temps qu’il reste. »
Il gratta une nouvelle fois sa guitare, quelques accords.
« On a encore vachement à apprendre les uns des autres. Dans notre culture, un condamné à mort, on accepte généralement ses dernières volontés tu vois. Genre un repas, un endroit où il veut aller. Et quand c’est fini...ben c’est fini. »
Darren écarta un peu les bras.
« Regarde !! Si on oublie les crises, je dîne avec la représentante d’un autre monde. Je lui propose une soirée mémorable. Demain je dis au revoir à tous mes potes. Et si les têtes n’ont pas trouvé un moyen de refaire fonctionner la machine avant, je calenche en ayant fait tout ce que je devais faire... »
Il secoua doucement la tête.
« Pour moi c’est pas un abandon. Mais promis, si tu me veux quelques heures pour que je leur serve de test, je viendrai vous rendre visite ! »
Il abandonnait tout, fermement convaincu qu’il était foutu…
Emilia réfléchit, tentant de se mettre à sa place. Pour une fois, elle essayait de faire preuve d’empathie… par la réflexion. Ce n’était pas vraiment naturel pour elle. Il ne possédait pas de connaissance qui aurait pu lui permettre de travailler sur la machine et sa mutation n’avait visiblement pas suffisamment augmenté ses capacités cognitives pour qu’il compense ses lacunes en quelques heures…
Quant au chemin de l’ascension, il était évident qu’il voyait ça comme quelque chose d’inaccessible. Autrement il ne se déclarerait pas mort-vivant.
Alors il voulait profiter à fond de ce qu’il pensait être ses derniers instants… Et ça la frustrait, elle avait envie de le secouer, de lui dire de s’accrocher, que tout irait bien… mais elle en était incapable car elle savait qu’il avait raison. Elle ne pouvait lui promettre de réussir à réparer la technologie à temps, et ça lui fichait la trouille. Parce qu’elle ne voulait pas perdre un ami, parce qu’elle ne voulait pas perdre ses pouvoirs et parce qu’elle avait aussi peur pour elle et pour ce qui pouvait lui arriver. D’ailleurs, cela pouvait-être un argument… s’il s’avouait vaincu pour lui, il s’inquièterait peut-être pour elle.

Et moi… tu me vois aussi dans la tombe ? J’ai été touchée par le rayon moi aussi…
« Toi tu vas t’en tirer, Emilia. J’en suis sûr ! » lâcha-t-il comme s’il y avait réfléchi auparavant. « C’est normal d’avoir peur. Il n’y a pas de courage s’il n’y a pas de peur. »
Il haussa les épaules.
« J’aurai dû mourir depuis si longtemps et tellement de fois depuis que je suis là. Franchement, j’ai pas à me plaindre. »

Elle baissa les yeux quelques instants. Il avait réussi à la rendre morose avec son défaitisme.

Tu as raison, profite de ton temps, dis au revoir à tes proches et sois en paix avec toi même… si nous n’arrivons pas à inverser les mutations, l’ascension pourrait bien être la seule solution.
Il se leva et tira sa chaise. Il la fit grincer affreusement jusqu’à elle pour s’assoir à ses cotés. Darren lui donna un petit coup d’épaule complice.
« Allez Emy, te bile pas comme ça !!! »
Il joua quelques petites notes qu’il lui ferait surement rappeler le moment musique lorsqu’il était au domaine, avec ses parents, et le frangin qui s’occupait sur tablette. Il chantonna à moitié sur son air enjoué :
« Toi, très chère, tu es outillée pour avoir des pouvoirs. T’as le coffre pour les supporter et faire l’ascension au pire. Tout va bien se passer pour nous deux, tu verras ! »
Rodney Mckay n’était pas outillé et pourtant il a frôlé l’ascension… tu n’es pas moins capable que lui ! répliqua-t-elle. Bons dieux que c’était agaçant de le voir avec cet air détendu et enjoué ! Mais d’un autre côté… c’était précisément ce qui lui faisait dire qu’il pouvait réussir. Il semblait avoir fait la paix avec cette vie, du moins s’il était réellement sincère, il était donc prêt à poursuivre le voyage...
« Tes parents m’en voudront si je passe te faire un petit coucou à dos de Drakonys ? » demanda-t-il de but en blanc.
Je crois qu’ils s’en remettront, répondit-elle avec un sourire en coin. Peut-être que nous iront leur rendre visite ensemble.
« Ouais...ça serait trop cool, ça ! » fit-il, pensif, en imaginant bien la scène.
Il ne croyait pas qu’il puisse faire l’ascension. Rodney était ce qu’il était mais il avait un QI infernal. Il avait su se détacher, il avait eu l’aide de Sheppard aussi à ce qu’on racontait. Le soldat ne calculait pas ça sur un élan de défaitisme mais il songea que lorsqu’il serait un pied dans la tombe, là il ferait tout en son possible.
« Une dernière bataille quand je serais sur le lit de mort. Carrément ! Et paf ! On embarque pour la Gaëllie. »
Il termina ses deux derniers accords puis tourna sa tête vers elle.
« Donc !!! Tu passes la soirée avec qui ? La machine qui parle pas ? Ou un Clive tout frétillant ?!? »
-Je t’écoute jouer si tu fais une séance de méditation avec moi après...
« Quoi, pour éviter la crise ? »
-Peut-être que je veux t’enseigner quelque chose… A propos, tu ne m’as pas dit comment tu gérais l’empathie...

Darren se pencha sur son empathie. Il était vraiment heureux de voir que l’empreinte d’agacement et d’inquiétude n’y était plus. Le jeune homme n’était pas le plus fin des diplomates mais il voulait qu’Emilia ne souffre pas de ses décisions. Ce serait égoïste de se moquer de ce qu’elle ressentait, surtout en ayant son pouvoir. Elle savait poser les bonnes questions en plus, elle venait de mettre le doigt sur quelque chose.

« C’est toi. » Répondit-il mystérieusement avec un peu d’émotion dans la voix. « Tu m’as expliqué que tu étais comme une antenne qui captait de la musique, tu te souviens ? »
Darren souria.
« J’ai essayé de condenser tout ce que tu m’as appris quand j’étais avec toi. Même ce qu’on a fait au bord du ruisseau, ce que tu m’as dit. Et je suis allé au bar, là où il y avait du monde, pour affronter le problème. C’était...vraiment bruyant... »
Pour ne pas dire infernal...

Emilia écarquilla les yeux. Elle se rappelait très bien de l’état dans lequel elle avait retrouvé Darren avec son nez en sang… jamais elle n’aurait imaginé qu’il irait prendre un bain de foule juste après avoir subi un premier choc. Un vrai bourrin !

-Tu es allé te confronter à la foule ?! demanda t-elle, partagée entre la stupéfaction, l’inquiétude et l’admiration.

Il ressentit cette vague et se sentit flatté.
« Je suis soldat. » Répondit-il en espérant adopter une complète modestie. « Je n’arrivais plus vraiment à être moi quand tu m’as trouvé à terre. Et quand je me suis écarté, je me suis senti… “revenir” ? »
Il la fixa pour savoir si ça correspondait un peu à son expérience de ce pouvoir.
-Tu as réussi à faire la différence entre leurs émotions et les tiennes, c’est ça ?
« Oui. Dans ce couloir, je n’avais pas fait attention. J’étais comme parasité. On aurait cru que j’étais plus moi mais les émotions qui trainaient un peu partout. Si je voulais pouvoir tenir, il fallait bien que j’arrive à me défendre. A rester moi quoi... »
-C’est difficile de faire la part des choses au début… le seul moyen de se couper de tout c’est de s’isoler.
« Je me suis rappelé tout ce que tu m’as dit. Et je suis allé là où il y avait beaucoup de monde. »
-C’est vrai, pourquoi fuir la foule quand elle nous fait souffrir… autant se jeter dedans, lança t-elle, ironique.
Darren ricana en haussant les épaules.
« Ca...quand on est militaire...on aime bien découdre, surtout après une première défaite. Je crois que je t’apprends rien. »
Il marqua une pause.
« Bon c’était aussi pour boire mon verre que j’y suis allé ! Autant en profiter hein ! Mais...j’ai essayer de réduire le vacarme. J’ai pas réussi au début. Et puis, j’ai senti que sur un ou deux essais, ça avait réduit...un tout petite peu...alors j’ai persévéré. »
Il n’alla pas plus loin. Emilia déduirait facilement la suite. Darren avait fait en sorte de pouvoir s’habituer et réduire la réception de toutes ces émotions pour ne plus se perdre dans le flot. Conserver sa personnalité.
« C’est comme ça que je suis allé au restau pour prendre les commandes entre autre ! Par contre...Suivre juste une seule émotion...c’est un véritable enfer. Tu m’épates de vivre tous les jours avec un truc pareil dans ta tête... »
- Tu essais de sauter les étapes. On ne comprend pas le dernier chapitre d’un livre sans avoir lu le reste, le charria t-elle.
« Je dirai que c’est pire, miss. Je balance le bouquin et j’attends de me prendre les premiers coups pour comprendre la leçon ! »
- Pourtant ce sont mes techniques que tu as appliqué pour préserver ton esprit, rétorqua t-elle. Quand on joue sa santé mentale, on ne crache pas sur la théorie. Crois moi, c’est l’expérience qui parle. Mais… je suis impressionnée. Tu es doué. Une vraie tête brûlée mais doué !

Darren ne répondit pas sur le coup.
Il appréciait recevoir des compliments. Il n’y était pas habitué mais, venant d’Emilia, c’était sacrément chaleureux.
« Si j’étais aussi doué, on aurait dîné au restaurant. » souffla-t-il en réponse, se sentant obligé de contrebalancer la flatterie.
-Ne sois pas bête Darren, on ne maitrise pas un pouvoir aussi destructeur en quelques heures. Il m’a fallu des années de travail pour en arriver là.
« Tu croyais...que j’étais parti m’enivrer, c’est ça ? »
-Je savais que quelque chose clochait… j’ai cru que tu serai parti te reposer mais finalement tu es bel et bien allé au bar…
Elle tandis la main pour se servir de l’eau et en bu une gorgée.
-Cela dit… je ne crois pas que ce soit une bonne idée de te confronter à trop de monde en même temps. Comme tu l’a si bien fait remarquer, ton cerveau n’est pas habitué à absorber autant d’informations d’un coup… j’ai peur que cela finisse par provoquer un rejet ou une surtension. Sois prudent… il semblerait que tu ne suives pas le même cheminement que Mckay… pour ce que j'en sais, tu n’as pas hérité d’autres pouvoirs ou développé des facultés cognitives surnaturelles… et moi non plus. Alors, si la technologie lantienne a simplement transféré mes pouvoirs dans ton corps et que ce sont ces derniers qui provoquent le mal auquel tu es confronté… cela signifie que ton corps essaye de s’adapter en vitesse à ces visiteurs imprévus et que ces derniers te font du mal en forçant ton cerveau à tourner à plein régime.

Elle n’avait pas tort.
Darren affectionnait aussi cette part de sa personnalité. Elle était synthétique, méticuleuse dans ses propos. Bref, quand elle ne faisait pas la femme d’affaire, c’était aussi la savante qui pouvait se mettre à parler et il trouvait ça craquant. Elle en avait dans la caboche, surtout d’une forme de perspicacité qui le faisait bien marrer. La jeune femme lui avait fait une analyse de la situation qui aurait été bien difficile à démonter.
« Vu les migraines que je me tape, mon cerveau est déjà en train de chauffer au rouge. » Remarqua-t-il. « Des moments, ça me dérange tellement que j’en entends plus rien. Ca sonne comme dans une église...heu, un temple... »
Darren marqua une pause.
« C’est pas la meilleure façon, c’est vrai. Mais en attendant, ça m’a permit de découvrir comment me protéger sans monopoliser ton attention. T’étais plus utile à travailler avec les scientifiques que de faire la nounou. »
Il parlait sans sous-entendu.
Darren l’observa un instant et changea brusquement de sujet. Il l’observa mentalement tout en déclarant :

« Je sais quel est ma place. Mais c’est mieux de le dire avec des mots : tu es une très belle femme, Emilia. T’es intelligente, séduisante, tu déchires avec tes pouvoirs aussi. Tu serais pas une princesse d’un autre monde, et on aurait pas cet “accord” de principe, je t’aurai déjà attaqué au corps pour t’avoir rien qu’à moi. »

Et il se concentra sur la petite bulle qui l’entourait pour voir quel effet il produisait par ses propos.

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Dim 14 Avr - 18:44

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Il n’avait pas tort, même si se confier à elle dès le début aurait peut-être pu l’aider à moins souffrir… quand quelqu’un avait déjà tracé la route, il suffisait de suivre plutôt que de se faire saigner les mains pour en fabriquer une autre. Néanmoins, ces quelques heures passées au laboratoire lui avait permis d’apprendre énormément sur un sujet qu’elle maîtrisait à peine jusqu’à présent. Elle manquait encore d’expérience dans le domaine, mais elle avait suffisamment entendu ses subordonnés parler pour soupçonner les Atlantes d’avoir une longueur d’avance sur le plan technique...sur la partie qui ne touchait pas au médical du moins. Il était rare de rencontrer des peuples évolués, c’est assez agréable.

Que pouvait-elle faire pour aider Darren sinon lui conseiller de rester enfermer pour préserver le plus longtemps son cerveau ou lui prodiguer quelques conseils pour se préparer à l’ascension ? De toute façon, il n’écouterait rien. C’était un trait marquant chez lui : il était têtu.

Mais alors qu’elle réfléchissait, il la prit soudainement au dépourvu en faisant une belle déclaration.

Belle mais dérangeante.

Aussitôt, la blondinette érigea une barrière de méfiance. Qu’est ce qu’il lui prenait de lui dire une chose pareille tout à coup ? Elle croyait pourtant qu’ils étaient d’accord tous les deux...une amitié, un peu de jeu de temps à autre… mais certainement pas de l’engagement. Etait-ce le fait de frôler la mort tout à coup qui l’incitait à se montrer plus entreprenant ? Malgré la grande sympathie qu’elle ressentait désormais pour cet homme, elle n’était pas prête à se donner dans une relation. Ni avec lui, ni avec un autre.

-C’est pourtant ce que je suis. répondit-elle avec un visage plus fermé qu’elle ne l’aurait voulu. Et je ne souhaite pas m’engager, nous avons déjà eu cette conversation...mais s’il faut que je prenne mes distances...

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Dim 14 Avr - 18:46

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Force est de constater que s’il avait prit les pouvoirs de son amie, sa maladresse suicidaire ne l’avait toujours pas quitté, elle. Il ouvrit de grands yeux ronds puis éclata de rire, faisant immédiatement un signe de la main pour lui faire comprendre qu’il ne se moquait pas d’elle.
Emilia dégainait tout de suite la mise en retrait et l’indifférence comme si c’était un flingue. Le tout pour ne pas le voir approcher d’elle sentimentalement. Dans l’esprit du jeune homme, il avait surtout eu pour but de la flatter. Il était bien au fait des conditions qui s’assortissaient de leur amitié améliorée et il n’avait pas l’intention de braver l’interdit. La barrière de la princesse était là pour une bonne raison et il ne se voyait pas s’imposer officiellement. Rien qu’à l’idée d’imaginer les conséquences coté Gaëllie avec la famille et tout le tromblon…

« Emilia !!!! » fit-il, surpris et amusé. Son sourire se désagrégea en la voyant aussi sérieuse, ce qui le contraignit à faire pareil. « Ne réagit pas comme ça, s’il te plait...je te dis simplement ce que je pense, la façon que je te vois, ça veut pas dire que j’oublie nos règles ! Pas d’engagements, j’oublie pas. »
Il ria en lui bourrant gentiment l’épaule.
« Il faut voir ça comme la totale question flatterie. Je voulais que ça te plaise, pas que tu me sortes la grosse artillerie dissuasive... »

“Cet homme ne se vexe jamais” ? Se demanda Emilia qui ne s’était pourtant pas montrée tendre, préférant être directe que de le laisser imaginer des choses. Il prenait ça à la rigolade, comme si ce n’était pas un sujet important… comme si les sentiments qu’il développait à son égard ne l’était pas. Elle savait qu’il ne se fichait pas d’elle, avec son empathie elle avait largement eu l’occasion de sentir qu’elle ne le laissait pas indifférent mais elle n’avait pas réagi jusqu’à présent car il semblait s'accommoder de leur marché. Le fait qu’il mette le sujet sur la table tout à coup l’avait inquiété et elle n’arrivait pas totalement à faire taire sa méfiance malgré ses paroles rassurantes. Ce qu’elle comprenait à travers son discours c’était qu’il était prêt à se satisfaire de ce qu’elle lui donnait actuellement mais qu’il apprécierait d’avoir plus si elle le voulait bien.
Pourquoi lui dire ça maintenant ? Avait-il décidé de jouer la carte de la franchise en se sachant condamné ? Voulait-il la tester maintenant qu’il était capable de lire en elle ? Cette pensée lui donna la chair de poule. Elle n’avait pas l’habitude d’être celle qui était mise à nue, c’était dérangeant.

- Pourquoi me dire ça tout à coup ? Est-ce que… tu expérimentes ton nouveau pouvoir ?
« Je mets des mots sur ce que tu sais déjà ! »
Après tout, elle l’avait senti depuis belle lurette.
« Mais vu que je sais pas quel effet ça te fait, dans ta tête, j’ai essayé oui. »
Darren plissa les yeux, concentré, pour essayer de mettre des mots sur ce qu’il recevait en retour.
« Là...tu te braques un peu. C’est comme si c’était une porte, tu vois ? Tu l’as fermé tellement vite et fort que je me suis coincé les doigts dedans. »
Il secoua la main, à croire que l’accident avait vraiment eu lieu. Il soufflait sur ses doigts avec une petite expression rigolote.
« Ca picote ! »
La comparaison arracha un sourire à la jeune femme.
Le jeune homme reprit plus doucement, curieux.
« Pourquoi ça t’inquiète autant ? C’est normal de plaire. »
– Parce que je sais à quel point les émotions peuvent être dévastatrice... je t’apprécie et je crains de te blesser.
« C’était pas le sens de ma question. Je voulais dire...toi, pourquoi ça te fait peur que les gens puisse s’attacher à toi ? »

– A quoi bon fonder une famille si c’est pour l’abandonner dans quelques années ? Mieux vaut rester loin de tout ça… murmura t-elle.
Darren comprenait son dilemme. Elle ne voulait pas déchirer la famille qu’elle aurait créé. Et surement qu’elle ne voulait pas non plus être déviée de sa voie de l’Envol en aimant son petit cercle. Ce serait une attache...il n’en fallait pas pour l’ascension.
« C’est...un point de vue logique, ouais... » dit-il doucement en essayant de chercher ses mots. « Mais tu passerais vraiment à côté de quelque chose en faisant comme ça. »
Il haussa un peu des épaules.
« En venant ici, on s’est dit la même chose. Avec le risque de mourir, pourquoi avoir une femme, des enfants...mais c’est rejeter une part de soi. Pas mal de mes collègues ont une famille maintenant, même s’ils risquent d’y passer un jour ou l’autre. Je pense que c’est...logique aussi. »
Darren marqua une pause. Il ajouta finalement :
« Tu trouves pas que ça vaut le coup toi ? Tu mérites bien de voir ton entourage faire sa vie, monter leur famille, et rester à les observer en attendant l’Envol. »
– Et abandonner un enfant après avoir partagé chacun de ses sentiments jour après jour ? Ce serait cruel autant pour moi que pour lui.
« Moins cruel que de pas lui donner la vie ? Et tout cet amour que tu lui auras forcément offert et que tu auras en retour...il comprendra en grandissant ton obligation, tu sais ? Sans oublier que le père, et le reste de la famille, seront là pour assurer la suite... »
Darren savait qu’il touchait à un sujet très personnel et source de souffrance. Il était content, d’une certaine manière, de pouvoir en discuter avec elle. En temps qu’ami et confident, sans forcément se sentir impliquer dans cette hypothétique prévision familiale.
« Je cherche pas à te convaincre. Je sens que tu dois souffrir de devoir te blinder comme ça, ne pas y penser. Je trouve que tu te punis salement là...regarde... »
Il tapota son bras pour lui montrer le panorama, la nuit étoilée et le point de vue lamentable que ce balcon offrait.
« Tu profites des belles choses, faut continuer dans la même lancée. »
– Il y a une différence notable entre prendre un repas avec un ami et fonder une famille. Mais je devrai m’y résoudre un jour, la couronne ne peut se passer d’héritier, trancha t-elle.

Zone rouge. Il l’avait survolé la dernière fois. Force est de constater que son amie avait vraiment un problème avec ça. Il sentit un mélange d’émotions venant d’elle, un mélange d’agacement et d’angoisse. Comme une étape obligatoire qui ne pouvait être désirée.
Le jeune homme semblait comprendre pourquoi. Elle lui avait bien dit que les mariages étaient politiques, pour les affaires aussi. Pas de véritable amour, l’histoire des Eidolas donnait l’air de l’exception. Et ils allaient tous voir ailleurs régulièrement.
Pas besoin d’être Einstein pour comprendre qu’elle se marierait avec un homme qu’elle n’aimerait pas spécialement et qu’elle serait obligée de porter son gamin. Ses beaux discours sur la famille tombaient un peu à l’eau avec la dimension royale.

« Bien m’dame ! » fit-il simplement.

Darren regarda autour de lui. Il n’était vraiment pas à l’aise sur l’instant. La suite de la soirée, selon lui, aurait été de faire ce fameux cours de méditation pour stabiliser ses pouvoirs. Ensuite il lui aurait fait un massage tout en s’exerçant de son empathie, juste pour voir s’il pouvait adapter les gestes au flux de plaisir qu’il déclencherait. Le but n’était pas spécialement de l’emmener au lit, il ne vivait pas “braguette” au quotidien.
Mais avec cette discussion et la mauvaise ambiance qu’il avait accidentellement instauré, quelque chose lui disait qu’il ne valait mieux pas nourrir sa méfiance.

« Que dirais-tu d’une petite visite au D4 ? Le temps pour moi de rapporter cette guitare là où elle mérite de reposer... »

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Dim 14 Avr - 18:47

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Emilia n’hésita guère longtemps avant d’accepter la proposition. Elle n’avait pas envie de quitter Darren sans être sûre que tout irait bien pour lui et la perspective de le reconduire chez lui auprès de ses amis était rassurante. Elle n’affectionnait pas particulièrement les membres du D-4, excepté Jim dont la personnalité s’accordait davantage à la sienne, mais ils étaient importants pour Darren. Mais elle se doutait qu’en allant là-bas, il lui serait difficile de repartir rapidement. Alors, à défaut de pouvoir retourner au laboratoire elle lui proposa une alternative.

- D’accord, mais j’aimerai emprunter des livres dans votre médiathèque avant… ou bien en télécharger sur l’une de vos tablettes. Je continue à travailler tout en restant avec toi comme ça. Deal ?
« Deal ! Les tablettes sont en libre utilisation là-bas. Tu choisis et je te fais les transferts. »
- Je peux en emprunter une pour la soirée ?
« J’ai un compte là-bas. Tu prendras la mienne... »

Darren laissa courir son regard sur elle. Ou bien sur l’émotion qui s’y diffusait lentement. Cela le fit doucement rire et il mima une surprise frissonnante, écarquillant exagérément les yeux, avant de s’auto-commenter.
« Un soldat qui lit….woaw ! »

- C’est si rare ? demanda la jeune femme qui n’avait aucune idée de la manière dont les soldats occupaient leur temps de manière générale et de leur niveau d’instruction.
« Non. Mais généralement, ce n’est pas la tasse de thé des bidasses. » Lâcha Clive en rangeant un peu le bazar. « Pour certains, c’est plus intéressant d’aligner les beuveries et parler de cul. »
Il sentit son regard peser sur ses épaules.
« Heu... je crois que c’est le plaisir d’échanger des détails bien croustillants pour se faire valoir en tant que mec. Mais fait pas la généralité. La plupart des gars sont réglos. »
- Leur conversation doit être bien limitée, dit-elle avec une moue dédaigneuse. Non pas qu’elle avait un problème avec le fait de parler de sexe… mais ne faire que ça, ça devait vite tourner en rond.
« Moi ça me gène ! Je t’emmène ? »
- Oui, allons y !

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Dim 14 Avr - 18:51

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Le soldat progressa le long des couloirs tout en accompagnant son amie jusqu’à la médiathèque. Il profita de ce petit moment de flottement pour parler de tout et de rien avec elle, s’attardant parfois sur quelques anecdotes rigolotes ou en commentant quelques petites perles lors de son voyage en Gaëllie. Il en profita pour la taquiner en lui rappelant sa volonté de sauter sur le dos d’un Drakonys. C’était à croire que l’accident de la machine à ascension n’existait plus même si, en réalité, il sentait son mal de crâne monter dans les tours.

A un moment, il sentit une vive piqûre qui le fit vaciller. Elle fût brutale, comme si on lui enfonçait brusquement un morceau de verre dans l’oeil. Darren tendit la main pour se rattraper et, dès que ses doigts touchèrent la porte d’une chambre, il se recula vivement comme s’il venait de se brûler. Il ne manquait que le son caractéristique de la chair sifflant sur le métal surchauffé pour accompagner à merveille ce mouvement de préservation.
Darren ricocha sur la porte opposée et tenta de se placer au milieu de la coursive.

« Ca va ! » Imposa immédiatement le jeune homme en appuyant une main sur son visage.

La princesse se figea aussitôt. L’inquiétude s’était gravée sur ses traits et transpirait à travers ses sentiments. Un instant plus tôt tout allait bien et celui d’après, Darren était en train de chanceler en souffrant le martyr. Elle ne captait pas sa douleur mais elle la devinait aisément à travers sa gestuelle. Pour autant, elle ne voulut pas lui imposer le contact physique qu’elle avait désiré initialement… elle était bien placé pour savoir qu’un contact renforçait l’empathie entre deux personnes… Il était assez abîmé comme ça.
Bon sang, la réparation de la technologie devenait vraiment urgente ! Si elle avait eu des doutes jusqu’à présent elle n’en avait plus le moindre désormais.

Il chancela un peu et reprit son chemin.
La douleur était revenue brusquement. C’était à croire que cette foutue migraine s’était rebellée contre la médication et qu’elle était venu planter les écriteaux “On en a gros” dans ses nerfs optiques. Mais il n’y avait pas que ça. Ce n’était pas le métal qui le brûlait mais les émotions qui en irradiait. A mesure que la douleur grandissait, sa perception s’affinait. Clive toucha d’un doigt une porte au hasard alors qu’il continuait de marcher.
« Peur... »
Il en toucha une autre.
« Diverti... »
Puis une autre.
« Il dort... »

La jeune femme le suivait, l’observant avec un air “désolé”. Il n’aurait pas dû subir ça… ce n’était pas son fardeau. Darren leva le nez vers le plafond et serra les dents.
« Hmmm...toi aussi. Inquiétude...compatissante ?....et...culpabilité... »

Il s’interrompit tout en se passant une main sur la nuque.

« Ca hurle dans ma tête... »
Il avait les yeux à moitié fermés et il retira de nouveau son tube de médoc pour s’envoyer une nouvelle dose. Forcément, il était déjà au max et il abusait d’une prise supplémentaire dans un laps de temps beaucoup trop court.
« J’aime tellement mieux ta “chanson”...quand tu claques pas la porte. C’est “bon”. Doux...comme une petite mélodie qui calme... » Marmonna-t-il à son adresse mais comme si elle n’était pas là. Tout en avançant, il se mit à chantonner comme si ça venait d’elle. Son esprit débloquait un peu mais ce n’était qu’une passade.

Darren avait l’air défaillant… comme ces machines cassées qui produisent d’étranges sons. Il divaguait. Comment gérer ça ? Elle pouvait l’aider. Pas physiquement, elle ne pouvait pas donner la force à son cerveau pour encaisser ce qu’il n’était pas prêt à recevoir, pas plus qu’elle ne pouvait récupérer le mal qu’elle lui avait donné. Mais elle pouvait le guider pour qu’il souffre moins. Du moins l’espérait-elle.

- Regarde-moi Darren, concentre toi sur ma voix. dit-elle en douceur.
« Ca bouillonne...encore plus loin….merde, jusqu’où ça va ? » fit-il d’un air hagard.
Complétement paumé, Clive se mettait à errer en s’approchant d’une porte, puis d’une autre, avant d’en retourner à une autre. Il semblait avoir zappé ce qu’ils étaient venu faire et cherchait quelque chose...sans chercher. Il se perdait...
« Je trouve plus la musique. C’est tombé dedans... »
Emilia vint se placer devant lui et attrapa ses mains pour qu’il se concentre sur elle, sur leur lien, tout en espérant qu’il ne lui fasse pas de mal avec la tékénésie qu’il ne maitrisait pas…
- Regarde-moi Darren, concentre toi sur ma voix. Il n’y que toi et moi,
Elle le répéta encore et encore jusqu’à ce qu’il obéisse.
Le jeune homme se figea en la reconnaissant. Il l’écoutait d’une manière trop distraite au début mais il finit par capter un mot. Puis deux. Puis trois.
- Imagine une boule d’énergie autour de nos mains… celle boule grandit de plus en plus, elle commence à nous envelopper tous les deux. Elle nous protège… tu la vois ?
« Je...je... » souffla-t-il avec des lèvres tremblantes.
Darren inspira et ferma les yeux un instant, essayant de se concentrer davantage. Puis il regarda les mains jointes. Les siennes, et le doux contact d’Emilia, présent, rassurant. Il s’imaginait ce qu’elle lui disait mais, dès qu’ils songeaient au vacarme du dehors, tout se cassait la gueule. Alors il essaya de les ignorer, de ne plus rien écouter sauf la petite musique qui semblait revenir. Elle émergeait de l’océan de ténèbres qui semblait l’entourer et, enfin, ça commençait à marcher.
« Je...t’entends... » lâcha-t-il en parlant de “sa musique”. Il soupira posant son front contre l’épaule d’Emilia. « Bon sang mais comment tu as fait...seule... »
Il soupira, la mâchoire serrée.
« Je te comprends tellement...maintenant. On...on s’écarte ? »
- Non, dit-elle en serrant ses mains plus fort pour marquer plus fort la connexion. Est-ce que tu visualises cette protection autour de toi ? Tu te sens mieux ?
« Je sais pas... »
Il avait amorcé le mouvement mais ces deux mains douces le tenaient prisonnier. Darren les fixa, encore un peu hagard, puis il essaya de comprendre un peu plus sérieusement le sens de la question. Il modélisa cette boule de lumière et, assez étrangement, elle prenait la figure de la nasse d’observation sous-marine. Mais brillante, vive, réchauffante. Elle le préservait de tout l’océan qui pouvait lui tomber sur le coin de la figure, ça il le sentait bien maintenant.
« Elle est là. J’ai peur qu’elle cède... » lui avoua-t-il finalement. « Ils ne dorment pas...il y a tellement d’émotions... »
– Renforce la bulle, imagine que tu utilises des matériaux pour la rendre plus solide, plus puissante, lui dit-elle tout en songeant que non, les gens ne dormaient jamais tout à fait ni tous en même temps… mais ce n’était pas le moment de le démoraliser en lui expliquant qu’il ne connaîtrait plus le repos tant qu’il possèderait son pouvoir.
« Ok ! Renforcer la bulle...t’es avec moi... »
Darren ferma les yeux. La pression qu’Emilia avait mis dans son étreinte, il la lui rendit dans une forme de solidarité. Concentré, s’imaginant qu’il déployait un bouclier typique de la cité d’Atlantis pour le consolider, il se voyait s’agenouiller avec Emilia dans cette nasse. Comme deux garnements terrorisés qui comptaient sur cette résistance pour survivre.
Etrange d’ailleurs. Parce que son moteur, au lieu d’être la motivation de sa simple sécurité, c’était celle d’Emilia. Le soldat débloquait complètement puisqu’elle n’était pas avec lui en réalité. Mais par ce contact et ces conseils, il l’imaginait. Et il était hors de question qu’elle soit menacée parce qu’il ne contrôlait pas cette bulle.

Darren ouvrit les yeux en même temps que ce déclic très bizarre qu’il sentit dans sa tête. Les émotions étaient toujours là, envahissante, à le harceler. Mais c’était bien plus supportable maintenant. La douleur dans son crâne avait reculé comme un animal blessé qui partait lécher ses plaies, lui promettant de revenir l’attaquer en traitre. Mais c’était fini pour l’instant. Grâce à son amie, une accalmie se dessinait dans son esprit.
Darren ne savait pas quoi lui dire. Il sentait un vent d’espoir et de reconnaissance, de la gratitude. L’idée qu’il puisse contrôler tout ce délire grâce à elle. Sans avoir besoin de parler, il hocha la tête frénétiquement, en lui faisant comprendre qu’il était revenu.
« Heu...merci... » fit-il, encore tremblotant de nervosité.
Elle lui adressa un sourire bienveillant.
– Je suis là, je ne t’abandonnerai pas. Tu captes toujours des émotions ? les miennes seulement ou celles des autres ?
« J’ai gardé la tienne. Ta musique, elle est sur moi. De la...détermination ?...les autres chuchotent. Ca passe à travers. Mais c’est juste du murmure... »
– Alors concentre toi sur mes émotions et imagine une boîte autour d’elles pour les couper de toi. Une grosse boite épaisse qui t’aidera à baisser le volume, à entendre moins fort la musique qui émane de moi. Quand il y aura du monde autour de toi, imagine autant de boites qu’il y a de personne, tu finiras par réussir à distinguer le son bien particulier de chaque musique… comme une symphonie et non plus un brouhaha.
Le soldat semblait beaucoup plus réfractaire d’un coup. Il essaya de fuir le regard de la princesse mais elle était sur son terrain, sur un domaine qu’elle connaissait. A cause de ce pouvoir empathique qui se retournait contre lui, le soldat avait l’impression de se “dissoudre” dans la nuée d’émotions qui faisait avalanche. Emilia l’aidait à lutter, à se repécher, et même à retenir cette foutue avalanche.

Emilia, sa musique, c’était la même chose pour lui. Et elle lui disait de réduire le volume de la seule voix qui l’empêchait de devenir complètement fêlé, juste pour avoir traversé le couloir d’une cité endormie. Darren avait sa fierté mal placée cette fois et il chercha à fuir un peu la jeune femme parce qu’il ne voulait pas reconnaître que ça lui faisait peur.
Cette aptitude le dépassait clairement. Ce n’était pas comme recevoir un don et avoir un monopole total sur lui. “Cool, merci pour le cadeau, j’en fais ce que je veux sans être inquiété !”

Non, justement, c’était l’inverse. Quand on est habitué à être seul dans sa tête, il est impossible d’être préparé, et encore moins entraîné, à une telle invasion. Sans cette fierté, il aurait été fichu de coller des menottes à son amie pour qu’elle ne s’écarte plus jamais de lui et serve de bouclier à sa torture psychologique. Il était même en train d’angoisser à l’idée qu’ils se quitteraient pour dormir et qu’il était salement exposé pour ce laps de temps.
– C’est seulement un exercice... souffla Emilia qui interprétait ce regard fuyant comme le fait de ne pas avoir envie de se déconnecter de ses sentiments. Peut-être qu’il aimait bien le fait de voir à travers elle pour une fois… en ce qui la concernait ça ne lui plaisait pas des masses mais il fallait bien faire avec. Quand tu le maitrisera, tu seras capable de te concentrer sur une seule musique et de mettre en sourdine toutes les autres. C’est salvateur....
« C’est salvateur... » mima Darren qui profita de la proximité pour lui déposer un baiser sur le front. Pas dans un élan charnel ni tendancieux. C’était un remerciement sincère qu’il n’arrivait pas à prononcer. Elle prenait le temps de l’aider. Il ne pensait pas avoir autant de patience de sa part.
« Des boîtes...épaisses...des boîtes...épaisses... »
Sa voix s’éteignit sur un murmure. A l’image de la musique d’Emilia qui s’atténuait comme s’il venait de fermer la porte d’un colocataire gênant. Il le faisait vraiment à contrecoeur mais il sentait que son amie n’était pas là pour le mener en bateau.
-Est-ce que tu sens une différence ? demanda t-elle sans se préoccuper du baiser. Le geste ne lui semblait pas intrusif, elle se doutait que Darren avait besoin de soutien affectif. Ce qu’il traversait était une réelle épreuve, elle en savait quelque chose.
« Je sens que ça tape dans les caisses en bois. »
Il haussa des épaules, plutôt gêné par la traduction qu’il en faisant tant elle semblait incompréhensible. « Comme si ça voulait sortir. Mais...j’entends rien d’autre... »
Un tel silence après le vacarme, ça faisait vraiment bizarre.
-C’est parfait alors, tu sauras quoi faire si tu commences à te sentir envahi. D’abord la bulle, puis le reste, dit-elle avec un léger sourire.
Pas besoin de l’alarmer en lui disant que l’exercice serait bien plus ardu quand il se retrouverait dans la même pièce que plusieurs personnes en même temps.
« J’oublierai pas ! » la rassura-t-il en se posant une main sur la nuque. « Merci Emilia. Ca m’est tombé dessus tellement...je comprends pas. Ca m’a embarqué d’un coup, comme ça. »
Il acquiesça.
« Je répéterai l’astuce. »
La jeune femme acquiesça. Tant mieux s’il arrivait à tirer quelque chose de son enseignement. Au moins son expérience lui était utile.

Le soldat écarquilla un peu les yeux. Il reprenait totalement conscience de son environnement. Si son amie n’avait pas été là, il aurait surement passé son temps à errer comme un con dans les couloirs à chercher une “musique”. Intérieurement, il était touché que la jeune femme se soit occupée de lui. C’était comme s’il avait choppé la grippe du siècle et qu’elle avait refusé de quitter son chevet...sachant qu’elle était également en période d’incubation.
Darren reprit son chemin. Il se refit une santé au voyage, essayant de garder bonne figure, mais sentant qu’il revenait de loin. Il atteignit la médiathèque, là où il y avait bien moins de monde. Du coup, moins de caisses qui vibraient. Moins d’effet “ruche” quelque part.

Le jeune homme se rendit devant le présentoir des tablettes et en libéra une en se servant de son compte. Reconnaissant, il tenait à équilibrer un peu la balance en se faisant instructeur d’utilisation de tablette. Comme si son amie n’avait pas une technologie similaire, voir plus poussée, et qu’elle n’en avait pas fait la pratique tout l’après midi. Clive remarqua bien vite qu’il n’avait pas besoin d’approfondir ses explications ni même de lui détailler les fonctions. Pour les procédures un peu plus technique, elle semblait comme le deviner toute seule, le déduire dans une aisance stupéfiante. C’était son pouvoir...fatalement.

Darren proposa un petit concours. Pour le jeu, le sport. Avec la fin de son calvaire, son coté gamin était revenu au premier plan. Non seulement prêt à en découdre. Mais en plus, il voulait déconner et compenser le moment de douleur.
Darren lui donna le top départ d’une quinzaine de minutes sur sa montre. En comptant comme un gosse.
« A trois….TROIS !!!! »

Le but était assez simple : stocker sur tablette le plus de documentation possible pour voir s’ils pouvaient réussir à saturer sa mémoire. Dès que la jeune femme désignait un ouvrage numérique, Darren s’empressait de le télécharger. Et elle devait en accumuler le plus possible en allant d’un terminal à l’autre selon ses sujets d’intérêts.
C’était la course dans la médiathèque quasiment vide et il en riait comme un gamin.
« T’es trop lente Emilia ! Trop leeeeeeeente ! Tic-Tac !!! »

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