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Un rendez-vous improvisé
Isia & Blanche
Revoir Isia, fut la première pensée qui me vint en tête quand je revenais d'un long sommeil profond. Je regarde fixement le plafond tout en soupirant et ramenant les draps contre moi. Le fait de la revoir ne me dérangeait pas plus que cela, le problème, c'était que c'était le gros bordel dans ma tête. Il faut dire, qu'il n'y avait pas que Isia qui me troublait, il y avait aussi Matt. Je me sentais bien avec lui et il était encore trop tôt pour se projeter dans le futur avec lui. Ni même lui demander ce qu'il attendait de cette pseudo relation qui commençait à se construire entre lui et moi. J'étais dans une situation très complexe et c'était moi la cause. Je pourrais envoyer un mail à Isia pour l'informer que j'avais un travail de dernière minute et que je déclinais son invitation, bien que... Non ! Je ne pouvais pas reculer, pas maintenant. Je me lève tout en me dirigeant vers mon bureau, comme instinctivement, j'allume mon ordinateur, avant de me diriger sous la douche. Elle me fera le plus grand bien.
-Ton boulot est donc plus important que nous ?
Je hausse les épaules mécaniquement.
-Sans aucun doute oui...
-Donc, tu t'interdis d'être heureuse juste pour un stupide boulot de rien du tout ?
-De rien du tout ? Dois-je te rappeler que grâce à mon stupide boulot de rien du tout, j'ai pu trouver un médicament pour traiter la maladie qu'avait ma sœur ! Tu ne peux pas dire ça ! Mon travail c'est tout ! Je suis heureuse comme ça.
-Et moi dans tout ça ?
-Tu es un peu la petite chose qui me divertit...
-...
-Quoi ?! Tu avais en tête que je t'épouserais, que nous fonderions notre propre famille ? Je suis désolée, mais je ne peux pas m'engager dans une relation sérieuse, pas maintenant... Il faudra te faire preuve de patience.
-J'en ai eu beaucoup. Si notre histoire ne vaut rien à tes yeux, autant que je parte alors. Ne cherche pas à me retenir.
-Je n'en avais pas l'intention...
-...
La porte claque. Elle claqua lourdement mettant fin à cette histoire. C'était le trait final, un peu comme la page blanche qu'on tourne afin de réécrire une toute autre histoire. Une histoire qui ne sera sans doute pas toute rose.
L'eau ruisselle sur ma peau frissonnante et je laisse ce souvenir s'envoler. Il est temps qu'il retourne là d'où il vient. Je viens à me demander ce que ma vie serait si j'avais accepté de l'épouser. Si j'avais accepté de devenir une mère de famille. Si j'avais arrêté mes recherches pour pouvoir entretenir mon foyer. Non... Cette vie ne m'appartenait pas, elle ne me correspondait vraiment pas. Cette nouvelle expérience qui s'offre à moi mérite que je la vive avec toutes mes tripes. Elle le mérite vraiment.
Je sors enfin de cette cascade d'eau et je retourne sur mon ordi après m'être servi une tasse de café fumant. Subitement, j'ai envie d'une clope pour pouvoir dompter ce stress qui pointe le bout de son nez. Je ne peux pas. C'est au-delà de mon mode de vie. Une hygiène de vie saine. Je ne dirais pas non pour un bon hamburger et des frites. Un coca aussi tiens. Ces derniers temps, ce n'était pas comme si je m'alimentais convenablement. Parfois, je faisais des impasses sur les repas. Le café m'aidait à tenir durant ces journées harassantes. Je consulte mes mails et des choses sans réelles importances. Des données médicales et l'avancement de mes recherches ici même. Rien de transcendant. Je m'ennuie tellement par ici. Il faudrait que je puisse mettre le nez un peu dehors. Une mission stimulante, ce ne serait pas de refus. Je peux toujours rêver je pense ! C'est à croire qu'on est comme des rats dans une cage. Et encore, mes rats ne s'ennuient pas une seule seconde, ils sont toujours en train de s'occuper, soit à manger, soit à ronfler, soit à se laver. Quelle vie étonnante !
Je dois me préparer pour une journée de boulot ordinaire. Si seulement j'avais la motivation. C'est fou ! Aujourd'hui je n'arriverais à rien. Je sors finalement de ma chambre tout en me dirigeant du côté du laboratoire. Autant m'occuper l'esprit et me plonger à corps perdu dans mes tâches. Cela m'empêchera de penser à Isia et de penser que notre rencard sera une catastrophe ambulante ! Quelques heures après, je me félicite de n'avoir pas pensé à Matt ni même Isia, j'étais bien trop occupée pour avoir une pensée pour ces deux-là. La journée finissait enfin et je pouvais rentrer dans mes appartements et l'idée de pouvoir respirer longuement avant notre rendez-vous fatidique, me fit lâcher un soupir de satisfaction.
Un dernier coup d’œil avant de rejoindre les digues avec dans un sac une bouteille d'alcool, deux verres et un gâteau au chocolat qui me faisait de l'oeil. Sans oublier la couverture ! Je sors et rejoins les digues avec la boule au ventre. Pour l'occasion, je n'ai même pas cherché à être la plus belle pour aller danser, juste un simple jean, un sweat et un chignon qui me donne l'air d'être décoiffée. Je n'ai même pas pris la peine de me maquiller, optant de base pour le naturel, même mes lèvres paraissent pâles, mais ne manquent pas de charme dans leur simplicité.
Me voilà à notre rendez-vous, je regarde les environs et constate qu'elle 'nest pas encore arrivée. Je me cale dans un coin tout en m'asseyant en tailleur et je regarde le vide. Je regarde au loin, me demandant comment c'est de l'autre côté. Comment mes parents vivent leur vie, comment surtout ma mère arrive à supporter mon absence. Cela me fait sourire. Il n'y pas un chat. Un silence olympien. Le genre de silence qui fait du bien et qui me fait oublier quelque peu ma prison de verre. Le genre de silence qui me ramène dans la tête Matt. Puis à son tour, Isia. Entre les deux mon cœur balance, mais entre les deux, mon choix est vite fait. J'espère que cette soirée sera prometteuse et j'espère que pour une fois, on pourra passer une bonne soirée sans s'envoyer des piques en tout genre, bien que cela ne me dérange pas. J'aime bien quand elle me surnomme "pestouille"...
Un rendez-vous improvisé
Isia & Blanche
Je regardais l'horizon tout en me remémorant quelques bribes d'un passé tumultueux. Je revoyais nos vacances familiales au bord d'une plage privée. J'entendais les éclats de rire d'une famille unie dans la maladie. Tout me paraissait tellement loin et pourtant, le souvenir était intact. Je dois dire que cette période m'était très difficile, bientôt, dans quelques jours, viendrait le jour de l'anniversaire de la mort de ma jumelle. Chaque année, j'essayais de ne pas y penser, mais chaque fois, c'était trop douloureux. J'essayais de faire bonne figure, mais comme tout humain, souvent, il est difficile de contrôler ses émotions. Bien sûr, je n'éclate pas en sanglots devant des personnes, je le fais souvent seule. J'ai été façonnée ainsi. Il ne fallait pas montrer nos états d'âme dans la famille. Il fallait se montrer fort. Quand on est jeune, ce n'est pas si difficile de le faire, ça semble même à portée de main, adulte, c'est plus délicat. J'en ai assez de devoir porter un masque, un masque figé dans le marbre. J'en ai assez de devoir me montrer forte, de faire genre, rien ne m'atteint. Est-ce aussi la meilleure des solutions ? Devrais-je montrer à chaque occasion mon ressentit ? Pleurer un bon coup quand j'en éprouve le besoin ? Je ne pense pas. Je soupire. Soupir long et plaintif. Le genre de soupir qui vous maintient en vie et qui vous fait comprendre que vous l'êtes en vie. Cette vie si précieuse qui ne tient pourtant qu'à un fil. Il faudrait juste l'éraflure d'une paire de ciseaux pour le couper net. C'est ce qui s'était produit avec ma sœur. J'en oublie même son visage. Je ne sais même plus dessiner le contour de son visage, ni même si elle avait des fossettes quand elle riait. Je pense à une personne brouillée par ma vision. Une espèce de fumée blanche, un peu comme celle que je lâche entre deux soupirs. Cette maudite clope que je me suis allumée à l'abris des regards. Cette clope qui en temps ordinaire serait restée tapie au fond de ce paquet. Je ne sais pas pourquoi le bâton de nicotine borde mes lèvres, mais au moins, il me fait du bien. L'espace d'un instant ceci dit.
La voix d'Isia me parvient. L'ai-je imaginée ? Non, parce que quand elle fait claquer ses lèvres sur ma joue, ce baiser me parait si réel. Je souris dans le vague. Je la regarde tout en esquissant un sourire. Un rire nerveux sort aussitôt. Nerveux oui, comme ce geste que je mime pour aller m'abreuver de ce poison. Je ne fume pas. Je crapote. Non j'avale bien cette fumée que je sais qu'elle détruira longuement mes organes internes. Mais rien n'y fait. Je n'y arrive pas. C'est mon échappatoire. J'en ai besoin. J'espère qu'elle ne m'en voudra pas pour ce moment d'égarement. Au pire, elle me vantera les effets néfastes de cette pseudo-drogue. Je ne suis pas une droguée quotidienne, je le suis dans certaines occasions. Je n'aime pas les fumeurs, l'odeur du tabac froid. Je sais que ça me répugne, mais c'est plus fort que moi. Puis, ce n'est rien qu'une petite cigarette de rien du tout. Mais quand je sais les dégâts qu'elle peut causer, j'en ai presque la nausée. Ouais, ce soir, je n'ai pas misé sur le physique, ce soir, c'est un peu comme au macdo, venez comme vous êtes. Pourtant, la belle Isia ne s'en formalise pas, bien au contraire. Elle semble même ravie et même impressionnée. Je me sens bien dans cette tenue. La même tenue que je portais ce soir là dans la chambre de Matt. A cette évocation, un frisson traverse mon échine. Ce frisson n'est pas pour Isia, mais pour lui. J'ai toujours détesté ces hommes ou ces femmes qui pendant l'acte, pensaient à d'autres au lieu de penser à leur partenaire du moment. Bordel ! C'est ce qui m'arrive en ce moment même. Ce n'est pas la clope qui me répugne, mais bien moi.
Isia déballe le contenu de son sac. Moi je montre la bouteille après avoir jeté négligemment mon mégot. Au préalable, j'ai pris soin de bien l'éteindre. Manquerait plus que je sois à l'origine d'un incendie. Son assortiment de mets, me met l'eau à la bouche. C'est avec un grand sourire que j’accueille ces petites gourmandises posées devant nos yeux. Je nous sers deux verres et lui en tend un avant de trinquer avec elle. Une fois mon verre en main, je détaille sa tenue.
-Dis donc Isia, tu ne fais pas les choses à moitié. Si 'javais su, je me serais habillée convenablement.
Je porte mon verre à la bouche tout en appréciant cet alcool. Il pourra me donner du courage.
-Tout est parfait. Ces délicieuses petites choses, l'endroit, toi... Ça sonne un peu comme un rendez-vous galant.
J'agrandis mon sourire tout en baissant légèrement la tête tout en me mordillant la lèvre inférieure.
-J'avais besoin de me changer les idées. Et cette soirée tombe à pic !
Je pose mon verre afin de piquer un maki et le porte à ma bouche avec un petit cri pareil à la jouissance. Enfin pas trop non plus, il ne faut pas exagérer.
-Ils sont délicieux, vraiment bon. Qui aurait cru qu'ici on pouvait bénéficier de produits japonais de qualité ?
J'essaie de faire bonne figure, de ne pas montrer que dans le fond, j'ai un peu le blues. J'essaie vraiment. J'essaie vraiment du fond du cœur, mais je sens qu'il ne faut peu pour que la soupape explose.
-Désolée, j'ai un peu l'esprit préoccupé ces derniers temps. Disons que ce n'est pas une très bonne période pour moi... Je ne veux pas t'ennuyer avec mes problèmes, parle-moi un peu de toi... As-tu sauver des vies ces derniers temps ?
Oui, autant parler de toi cela me permettrait de penser à autre chose et puis, je n'aimais pas vraiment me plaindre et geindre sur mon propre sort. Puis, au pire on s'en foutait de ça, c'était du passé, il n'y avait pas besoin qu'il vienne ternir cette soirée. Autant qu'il reparte d'où il venait, qu'il se terre profondément dans ma tête pour ne pas resurgir, mais de qui me foutais-je ? Comment croire que cela n'allait pas resurgir ? J'étais bien bête de croire que je n'y penserais plus. C'était impensable. A croire que dans cette fichue base, j'avais perdu l'esprit. Il fallait sinon que je pense à autre chose, ou que je vienne à parler d'un autre truc.
-J'ai rencontré quelqu'un sur la base ! Un militaire...
C'était la première chose qui m'est venue en tête. C'était peut-être con d'aborder ce sujet, mais au moins, il n'était pas question de parler de mort et de tout ce qui s'ensuit. C'était même plutôt bien d'en parler. Peut-être qu'avec son bon sens, elle pourrait m'aider à y voir plus clair, allez savoir ?
Un rendez-vous improvisé
Isia & Blanche
Isia, ne manquait pas de faire de l'humour au sujet du choix de la tenue pour un éventuel rendez-vous. Je répondis à son sourire tout en rougissant. Avec elle, on pouvait s'attendre à tout. Pour le coup, c'était moi qui m'emballais. La connaissant, ou enfin le peu de ce que je connaissais, Isia était plutôt du genre séductrice et surtout très directe. Elle pourrait fort bien proposer une tenue d'Eve, ce qui ne me choquerait nullement. Je voyais cette rencontre plus comme un rendez-vous galant. Je le percevais ainsi et cette évocation ne me dérangeait vraiment pas. C'était même agréable de se dire que ce genre de femme pouvait être attirée par moi. Bien sûr, je me rappelais de ses propos et cela ne laissait plus de doute : je lui plaisais. Sinon, pourquoi se serait-elle habillée avec soin ? Oui certes, cela ne voulait rien dire, elle était toujours pimpante et très élégante. Cette attention me toucha mine de rien. Je savais que ses efforts m'étaient destinés et je dois dire, que je culpabilisais de m'être juste sapée d'un jean banal. J'aurais pu faire l'effort aussi d'être soignée dans ma tenue. Je me sentais bien ainsi.
Quand elle évoqua la mort du blessé le plus grave lors de la mission d'Alpha, je l'écoutais attentivement, hochant parfois la tête signe que je comprenais ce qu'elle disait. J'avais vécu un cas similaire, même si j'étais préparée à la mort très tôt. Ce n'est pas une situation facile à accepter, mais parfois, il faut prendre sur soi et accepter qu'un être s'en aille, même s'il laisse derrière lui une grande douleur. C'est ainsi qu'est fait de le cercle de la vie. Qu'on l'accepte ou non, on ne pouvait pas vraiment contrarier les plans de la mort.
Horrible ? Non, tu n'es pas horrible Isia. Tu es toi. Tu ne m'ennuies pas, au contraire. Une relation se construit ainsi. Chacun écoutant ce que l'autre a à dire. C'est un échange mutuel. C'est comme ça que je vois les choses. Je suis prête à t'écouter tant que tu es prête à le faire pour moi. Je souris. Un sourire teinté de franchise. Une espèce de pudeur malgré tout.
-Je comprends. Quand j'ai perdu ma sœur, je ne voulais pas l'accepter. Je lui en voulais de ne pas s'être autant battue. Elle a été faible, mais qui suis-je pour la blâmer ? Je ne pouvais pas comprendre ni même, je ne savais pas si elle souffrait. Je suis sûre que dans le fond, elle s'est laissée mourir afin de s'offrir une belle vie là-haut. Si cela se trouve, elle marche et elle est heureuse comme ça. Après tout, cela m'aide de penser ainsi, mais quelque part... quelque part, j'ai du mal avec ça. A cause d'elle, je n'ai pas eu l'affection que j'espérais avoir. Elle m'a laissée seule. Elle m'a abandonnée...
Je me tais un instant ravalant les sanglots d'émotion qui m'envahissent. J'attrape un maki tout en ramassant le verre. Une gorgée de vin, une bouchée de l'autre. J'essaie de me donner du courage. J'essaie de ne pas flancher. Je la regarde. Je la regarde avec intensité espérant que son regard me donne le courage de ne pas vaciller.
-C'est égoïste je sais... Je voulais juste l'aider, mais elle ne m'a pas laissée le temps. Je lui en veux tu sais. Je lui en veux que je serais capable d'aller la chercher et de lui foutre une paire de baffes ! Je te jure, je serais capable de le faire, mais soyons réalistes, ce n'est pas possible...
Un sourire timide en coin. Mon verre presque vide. Les mets qui me font de l’œil. Entre tout ça, mon cœur balance. Il y a aussi cette superbe blondinette. C'est une vraie torture.
-Enfin, là c'est moi qui suis pathétique. Vraiment, je gâche un tel moment avec mes états d'âme. Je suis idiote.
Je le suis plus que ça. Je suis horrible ! C'est moi qui le suis Isia, non toi ! Avant même que je ne puisse enchaîner, Isia me questionne sur ma "rencontre". Elle n'a pas perdu une miette de ce que je lui ai dit. J'avoue, je te l'accorde, c'était mal placé certainement. J'y suis allée un peu brusquement. C'était aussi pour retirer ce fardeau de mon dos, bien que je ne considère pas Matt comme un fardeau, bien au contraire. Forcément, la première chose que je fais quand elle en vient à me questionner, c'est d’exploser d'un rire franc. Je lui donne un coup de coude dans les coudes, plus comme une taquinerie.
-Ne sois pas idiote Isia !
Je lui souris tendrement tout en plissant les yeux. Je me ressers un verre, je lui remplis le sien. Je trinque avec elle. Je bois quelques gorgées tout en appréciant la saveur de ce liquide.
-Il n'est pas si musclé. Enfin pas musclé à la Chuck Norris ou je-ne-sais-quoi ! Ça été une rencontre plutôt bon enfant tu vois. Il n'y a rien, enfin, ce n'est pas lui l'objet de mon tourment. Il n'a rien fait. Il a été parfaitement gentleman.
J'avais fini cette phrase avec une certaine lueur dans les yeux et une certaine tonalité dans la voix. Une douceur sans fin.
-Je ne sais pas vraiment ce qu'il attend de moi et je ne sais pas plus de mon côté. Pour être honnête avec toi, il me plait. Je ne le connais pas suffisamment pour me projeter. Je n'ai pas envie de m'aventurer à l'aveuglette dans ce genre de relation. En général, je me donne à fond. J'ai déjà vu tant de femmes pleurer leurs maris militaires morts au combat, que je en sais même pas si j'arriverais à supporter ça. Puis, le souci c'est que je ne sais même pas si ce genre de relation est tolérée ici. Je ne connais pas les us et coutumes, pas encore ceci dit. T'imagines, si je devais m'engager pour après entendre dire que c'est voué à l'échec ?
Je m'interromps, piochant dans les assiettes. Décidément, ces petites choses, m'ont ouvert l'appétit. Je les maudis, mais je dois avouer qu'il y a bien longtemps que je ne me suis pas fait plaisir.
-Puis, faut dire, que les histoires romantiques, je préfère les vivre devant un écran. J'ai l'impression que l'amour n'est pas pour moi. Autant le laisser aux autres. Puis... Ma vie est un tel bordel ! Dans ma tête, c'est un vrai chantier ! Enfin, tu vois le genre ?
Je regarde l'horizon et ce superbe coucher de soleil. Elle avait raison Isia, c'est magnifique ici. La légère brise qui s'insinue dans mon cou, me donne un léger frisson. Je réajuste le col de mon sweat tout en étendant mes jambes presque engourdies.
-C'est ma sœur. Enfin, dans une semaine, ce sera le jour où elle est morte. Donc, j'y pense assez souvent. Ça me rend nostalgique. Du coup, je n'ai pas pu m'empêcher d'y penser en venant ici. Je repensais à certains souvenirs que j'avais avec elle. J'essaie de me forcer d'y penser pour ne pas l'oublier et pourtant... Pourtant, j'ai l'impression que j'ai tout oublié d'elle. Je m'en veux en fait de l'avoir oubliée... Ce n'est pas intentionnel hein, c'est juste que je pense que j'ai envie d'avancer sans elle. J'en ai assez de régir ma vie pour elle. J'ai fait ce travail pour elle, j'ai laissé ma vie de côté pour elle... T'vois là, elle me force à penser à elle, et je suis limite en train de gâcher notre rendez-vous, alors que je pourrais en profiter...
Il est vrai que j'ai envie d'en profiter un maximum... Vraiment. Je plonge dans les iris bleutées d'Isia. Et sans un bruit, je m'avance vers elle. Je m'approche assez pour sentir son souffle contre mon visage. Et en douceur, je tend la main sur sa nuque pour l'attirer contre moi. Juste un baiser. Un french-kiss comme on dit par chez nous. Juste un léger rapprochement de lèvres. Un peu comme si un papillon s'était posées contre nos lèvres. Un geste affectueux. Une fois mes lèvres libérées, je la regarde sentant le feu monter à mes joues.
-En profiter comme ceci.
Un sourire borde mes lèvres et je la relâche. Il n'y avait aucune pression de ma part, juste des gestes emprunts à de la douceur.
-Et si on oubliait les morts, les autres et qu'on se contente de profiter de ce lieu et en parallèle de notre rendez-vous ?
Un rendez-vous improvisé
Isia & Blanche
Isia bien qu'elle dégageait cette attitude de je-m'en-foutisse, elle m'écoutait sans broncher. Elle ne se formalisa sur le fait que j'étais en train de monopoliser la conversation. Au contraire, elle savait être à l'écoute et même si je savais qu'elle ne manquerait pas de lancer quelques piques, je dois dire que j'appréciais pouvoir tout déballer. Je ne réfléchissais pas à ce que je lui avait dit, c'était lancé avec une telle sincérité. Il me semblait que ma langue se déliait très facilement en sa présence, ou était-ce la faute de l'alcool ? Je ne devais pas forcer sur le vin, je sais par expérience qu'il suffisait que j'atteigne le quota que tolérait mon corps, pour que je me jette à corps perdu dans les bras du premier venu. Remarque, Isia n'était pas la première venue. Sans doute qu'en parallèle, j'avais peur de la suite des événements, la peur de ne pas lui suffire, la peur d'être nulle. J'imagine qu'elle a un peu plus d'expérience dans ce domaine. Enfin, étant une femme, il ne m'est pas si difficile de toucher une congénère et de l'amener au septième ciel. C'était à ma portée. Mais je n'étais pas vraiment sûre d'être à la hauteur. Et si je la décevais ?
Même si sa remarque au sujet de l'acteur aux muscles prédominants m'arracha un sourire, je dois dire que je me voyais mal avec ce genre de gros balèze. Je n'étais pas vraiment convaincue que ce soit ce genre de charme qui m'attirait. J'aurai eu peur d'être étouffée. Et puis, la blonde qui a besoin de protection, ce n'est pas pour moi. Je n'ai pas besoin d'un mec qui prenne soin de moi, moi, j'ai besoin d'un mec qui me fasse sentir que je suis belle, que je suis importante. Remarque, le physique n'a jamais été d'une très grande importance pour moi. Il y a bien d'autres choses qui m'attirent. Oui bon, Isia avait raison dans un sens, il y avait bien eu un certain rapprochement et c'était bien plus que le touche-pipi. Devais-je lui en faire part ? Je ne sais pas, je ne voulais pas porter atteinte à son intelligence, elle n'était pas la dernière des connes et savait probablement comment cela fonctionnait. Je préférais garder cela pour moi, un peu comme mon jardin secret, non pas que je n'avais pas confiance en elle, loin de là, mais c'était notre soirée. Autant se contenter de nous et de ne pas passer notre soirée à évoquer mon éventuel béguin. Je ne voulais pas l'oublier pour autant le sergent qui m'avait tapée dans l’œil, il ne faisait juste pas partie de l'équation le temps de cette soirée.
Isia m'avoua qu'une relation militaire/civil était autorisé. Quand bien même ? C'était excitant de se dire que ça ne l'était pas. Un jeu dangereux. Il est vrai que nous n'avions pas forcément abordé cet aspect là avec Matt, peut-être que cela lui convenait bien de vivre caché. C'est bien ce que l'on dit de toute manière. Pour vivre heureux, vivons cachés. C'était exactement ce qui se produisait avec Matt, et je dois dire, que j'étais effectivement heureuse ainsi. C'était toujours bien de le voir à l'improviste, de pouvoir se lover contre lui, de pouvoirs lui voler quelques baisers. J'avais l'impression de rejouer mon adolescence. Parfois, je voulais tellement me donner des baffes, parce qu'il me rendait idiote, mais c'était plaisant. Il n'y avait aucune retenue et là, j'acceptais de perdre le contrôle. Il me changeait considérablement. Avec lui, je n'avais pas peur.
Elle avait raison ma petite blondinette, le meilleur moyen, c'était de lui demander. Même si j'avais gardé le silence jusqu'à présent, souriant bêtement à ce qu'elle avait dit, mais là, je devais lui dire ce que j'avais sur la conscience.
-Tu as raison, mais je n'ai pas envie d'être cette nana étouffante, cette nana qui veut diriger les choses. Celle qui veut qu'une relation devienne un peu plus sérieuse. Et puis, je ne sais pas, je n'ai pas vraiment envie de le braquer t'vois ? C'est compliqué, c'est le début. Je ne peux pas prendre le risque de me projeter et de lui demander plus. Je ne connais pas son passé, si ça se trouve, je suis une petite distraction et rien de plus. Le principal, c'est que quand je suis avec lui, je me sente bien. Le reste suivra son cours et si je rate le coche, bah il me restera plus que mes yeux pour pleurer. Ce ne sera pas le premier échec sentimental, à force, je suis rodée. Puis en général, c'est moi qui fuis.
Elle me demanda après coup, où nous nous étions rencontrés et même pour satisfaire sa curiosité, elle me demanda son matricule. Un sourire timide étira mes lèvres.
-A la piscine. Je faisais des longueur seule, et il est arrivé. Il m'a mise au défi, mais je suis partie sans un mot. Le lendemain, j'y suis retournée et là, il est arrivé. J'ai accepté le défi. On a passé la soirée à se chamailler comme des gosses, je te promets, j'ai abaissé mes barrières. Je l'ai laissé quelque peu rentrer dans mon univers. Ça m'a fait du bien... Je peux juste te dire que c'est un sergent, si t'as envie de faire ton Sherlock Holmes pour savoir qui c'est, libre à toi.
Et s'il était tout seul dans cette base à être sergent ? Et merde ! La boulette... Je n'avais pas pensé à ce détail, mais j'étais convaincue, qu'il n'était pas tout seul. Enfin, j'imagine...Après ça, Isia me proposa que nous passions la soirée ensemble, le soir de la mort de ma sœur. Cette attention me toucha. Vraiment, énormément même. Comme pour lui faire savoir que cela m'avait touchée, je pose ma main contre la sienne tout en lui souriant.
-Avec plaisir. J'essaierai de ne pas être trop de mauvaise compagnie, mais je sais que tu trouveras de quoi me faire changer considérablement les idées. J'apprécie énormément Isia, merci.
Une fois l'embrassade passée, j'avais remarqué que j'avais certainement du la perturber. Moi aussi, je pouvais être imprévisible. Il est vrai que je ne me suis jamais posée la question. J'étais plus à l'aise dans une piscine que dans la mer. C'était le fond qui me perturbait. De ne pas voir mes pieds, ou bien sur ce dont je marchais. Ne pas savoir, ça me faisait paniquer. Et puis, j'avais toujours la hantise des requins, et ce depuis très jeune. Et puis, sans crier gare, elle se leva tout en se déchaussant. Elle me tendit la main et je la pris aussitôt, après avoir retiré mes tennis. Je me demandais ce qu'elle voulait faire, non, elle n'allait pas me demander de me suicider avec elle, ce serait vraiment con comme mort. Allez viens, on fera parler de nous ! Deux blondes se suicident après avoir consommé du vin et des produits japonais. Tu parles d'un gros titre. Il faudrait qu'ils trouvent le mobile. Enfin non, nous n'allions pas mourir, pas ce soir en tout cas.
L'endroit était merveilleux, c'était à la limite de l'endroit paradisiaque. Tout était superbe ! La vue et surtout Isia. J'aurai pu la suivre les yeux fermés. Je le faisais sans même savoir si c'était dangereux ou non. Une fois à ses côtés, je m'allonge. J'observe le ciel tout en soupirant d'aise. Une main se pose sur son dos que je caresse machinalement.
-Tu es surprenante Isia !
Je l'avais dit toujours avec le ton de la raillerie. Avec elle, ce qui était bien, c'est que je pouvais être à la fois sérieuse et à la fois taquine. Elle faisait pareil quand il s'agissait de moi.
-Tu as déjà amené tes conquêtes ici ? Tu as déjà baisé ici ?
Je sais que ce terme est vulgaire, surtout sortit de la bouche d'une femme, mais j'estime qu'à l'heure actuelle et surtout, le fait qu'il n'y avait aucune ambiguïté entre elle et moi, je pouvais me le permettre. Ce n'était pas comme si nous étions deux romantiques, pas comme si nous nous étions promis que nous nous aimerions jusqu'à ce que mort s'ensuive. Non. Je sais que je n'étais pas sa chaussure. Dans d'autres circonstances, sans doute que je me serais laissée à bien plus avec elle. Même si j'avais eu certaines déceptions amoureuses avec les hommes, je ne pouvais pas m'engager dans une relation entière avec une femme. Même si je m'en foutais de l'avis des autres, certaines attaques me faisaient mal. J'en avais tellement entendu à mon sujet, que je ne voulais pas prendre ce risque. Je me posais trop de questions, j'en étais consciente... J'avais besoin de ça...
-Tu l'imagines comment la suite ?
Moi je l'imaginais de plusieurs façons, peut-être que nous avions les mêmes idées, peut-être pas, mais il serait intéressant de savoir comment elle voyait les choses. Si elle s'était préparée à ça... Je ne voulais pas me risquer à être la seule à imaginer que je finirai dans son lit...
Un rendez-vous improvisé
Isia & Blanche
Je n'étais plus du tout à l'aise d'aborder ce sujet délicat avec elle. Isia égale à elle-même resta impassible. Rien sur son visage ne la trahissait. Aucune émotion imperceptible. Elle était vraiment fascinante. Si j'étais dans sa situation, il y a bien longtemps que je lui demanderais ce qu'elle veut, soit moi, ou soit continuer à geindre ? Elle ne s'en formalisa pas. Elle était toujours bienveillante, toujours souriante, toujours amicale. C'est là qu'il y avait une nette différence entre elle et moi, elle savait parfaitement se contrôler. Elle savait même user d'humour même si le moment ne s'y prêtait pas. Devrais-je me sentir flattée qu'elle veuille savoir qui il était ? Après tout, peut-être voulait-elle juste se faire une idée sur ce qu'il était ? Savoir si avec lui j'étais entre de bonnes mains, mais voilà, je n'avais aucune envie de la voir partir. Il y avait une espèce de lien entre nous, quelque chose de fort, de passionné, de tumultueux aussi. Elle était très stimulante. Elle m'aidait comme à son habitude à me rendre plus forte, elle ne le savait pas, mais elle me faisait le plus grand bien. J'espérais pouvoir lui rendre la pareille. On en revient à ma sœur et je préfère marquer un temps de silence tout en lui souriant malicieusement.
-On s'en fiche du jour, je sais que je peux compter sur toi. Ce soir, je me présenterai devant ta porte et j'attendrai. Si tu loupes le coche, tant pis pour toi.
Mon sourire s'étira tout en lui lança un clin d’œil. Qu'elle était belle à mesure que je sondais son minois. Elle était d'une beauté à faire pâlir les saints. J'étais convaincue que ces derniers auraient pu même se damner juste pour un baiser de sa part. Mais voilà, ce soir elle était avec moi. C'était moi qui fus privilégiée pour passer cette soirée avec elle. Elle m'avait choisie. J'étais bien plus que flattée. J'étais même un brin excitée. Quand elle me confia que j'étais la première à empiéter dans son petit jardin secret, j'étais ravie. Le feu à mes joues concluait cet état bien que je fus intimidée. Il semblait même que l’atmosphère s'était réchauffée pour nous apporter un voile de sensualité. Je frissonnais malgré le sweat que je portais et je laissais volontiers la brise caresser mon visage. Je soupirais tout en l'écoutant. Plusieurs idées vinrent se dessiner dans mon esprit. J'en avais l'espace d'un instant oublié Matt, bien que la culpabilité pourrait revenir aussi vite que ces idées malsaines. Mais voilà, cette soirée je l'attendais depuis le premier jour de notre rencontre. Enfin retrouvailles même. Il faut dire, qu'il avait suffit que je la voie pour me rappeler qui elle était. C'est fou comme le monde est petit !
Ce soir, il n'était pas question de Matt, mais d'elle et de moi. Quel genre de relation je voulais nouer avec elle, ce que j'attendais de cette soirée. Je sais que je naviguais dans des eaux dangereuses, mais c'était plus fort que moi. Elle était là aussi tentatrice qu'une succube. Elle n'avait rien fait pour ça, moi non plus à vrai dire. C'était comme une sucrerie qui se dressait sur notre chemin alors qu'on est au régime. Il est difficile d'y résister, je ne pouvais pas le faire. C'était comme si mon corps la réclamait. Comme s'il était avide de découvrir chaque parcelle de sa peau, pouvoir goûter à cette délicieuse créature. J'étais effectivement trop faible pour lui résister, mais ce que j'appréciais encore plus, c'est qu'elle n'avait aucun geste déplacé, ni même n'était du genre pressante. Elle faisait preuve d'un grand sang-froid. Elle était délicate un peu comme une fleur. Voilà que j'en viens à faire de la poésie, mais bon, il était peut-être temps que j'arrête ce film qui se joue dans ma tête et que j'ose. Qu'est-ce que je risque ? De me brûler les ailes ? Et alors ?! Où est le mal ? Un peu d'amusement n'a jamais fait de mal à quiconque tant qu'on pose d’entrée de jeu les règles. Isia n'est pas pour une relation exclusive, cela tombe bien, je n'ai pas envie d'être enchaînée, peut-être dans un lit, mais c'est un autre sujet.
J'en viens à passer à ces relations désastreuses, ces relations maudites, ces relations où j'ai pris la fuite plutôt que d'affronter mon problème. Oui, l'engagement me faisait flipper, pourtant, en y réfléchissant Isia ne me le demandait pas, elle ne parlait pas de relation au sens propre. C'était déjà un bon point pour elle. Le truc, c'est que j'étais pas mal tiraillée, que je ne souhaitais pas anéantir mes chances de pouvoir toucher du bout des doigts le bonheur, que j'étais bien avec Matt, même si pour le moment, il n'y avait rien de plus. J'en avais un peu oublié le fil conducteur de la conversation, je repris mes esprits quand Isia me demanda à son tour comment je voyais le déroulement de cette soirée. Je reviens vers elle avec un sourire timide, bien plus perturbée que la norme l'exigeait. Je ne savais pas. J'étais mise au pied du mur.
En silence, je m'approchais d'elle tout en allant m'installer à califourchon sur elle. Au moins, je n'allais pas l'écraser, vu ma silhouette svelte. Donc avec soin j'étais sur elle tout en la regardant avec sérieux. Je l'embrassais non pas à pleine bouche, mais dans son cou, déposant de doux baisers. Je me surpris même à soupirer de plaisir. Je relâchais son cou tout en la regardant de nouveau. Dieu qu'elle était belle ! Son léger parfum enivra mes sens tandis que je sentais mon cœur s'emballer. Et là, sans lui laisser le temps de se remettre de cette légère fougue, ce fut mes lèvres qui se pressèrent contre les siennes, avec passion et fièvre. Je m'amusais à faire glisser mes mains dans ses cheveux tout en me délectant de leur douceur.
-Penses-tu que c'est un bon début ?
Je la libérais à contre cœur tout en restant contre elle avant de retrouver ma place comme si de rien n'était. C'était un peu pour la taquiner. Un petit jeu du chat et de la souris. Un peu comme pour la provoquer tout en gardant une part de pudeur. Je pris son verre que je remplis de nouveau avant de me servir à mon tour.
-Finissons cette bouteille avant de pouvoir passer aux choses sérieuses. Je ne suis pas assez grisée par l'alcool pour succomber à ton charme. J'ai encore de la résistance en moi !
Je trinquais avec elle tout en me pressant de goûter avec une certaine amertume à ce vin. Il me permettrait d'oublier les lèvres de ma belle blonde, mais il n'aurait pas la même saveur. Je savais de source sûre que cela l'avait titillée, de toute façon, moi aussi cette fougue passagère ne m'avait pas laissée de marbre, mais je voulais profiter de l'instant, et pas coucher avec elle dans le but de coucher. Il fallait qu'il y ait du désir, il fallait aussi qu'elle me montre qu'elle en avait autant envie que moi. Que le jeu de la séduction fasse son petit effet. On avait toute la nuit devant nous, et la soirée débutait à peine...
Un rendez-vous improvisé
Isia & Blanche
Il me semblait que mon corps réclamait sa présence, il avait envie de se délecter de ses soupirs. J'avais envie de la découvrir dans son simple appareil. Découvrir ses zones érogènes, goûter son odeur, pouvoir la faire vaciller dans un tourbillon de plaisir. Je ne sais pas si j'avais le potentiel pour la combler, lui promettre que je serais la meilleure amante, ce n'était pas dans mes cordes, mais je voulais essayer du mieux que je le pouvais. J'espérais faire bien mieux lors de ma première expérience bien mieux encore. C'était probable que cela se passe mieux, enfin je le croyais.
C'était un dans un bar que je l'avais rencontrée. Un de ces fameux bars où l'on se réfugie après une dure journée de labeur. Elle était seule, une brune décolorée. Le style de nana qui attend sa prochaine proie, qui attend de pouvoir jeter son dévolu sur la première personne désespérée qu'elle croiserait. Bien sûr, c'était moi la proie. Je me suis laissée tenter. Je me suis laissée dompter le temps d'une soirée. Elle avait la bourse et s'en foutait de craquer quelques billets pour de l'alcool. Elle avait une incroyable descente et Dieu, qu'est-ce qu'elle était chiante. Un vrai moulin à paroles. Parfois je me disais qu'il fallait lui enfoncer un phallus pour la faire taire. Elle me cassait les oreilles, mais l'alcool m'aidait à supporter sa voix. Une voix plutôt rauque certainement à cause de la nicotine. Elle était tatouée, un vulgaire tatouage ornait sa poitrine. Je ne trouvais pas cela beau, c'était sans plus en fait. Cela ne la rendait pas incroyable non plus, ni même charmante. Disons qu'elle savait ce qu'elle voulait et elle était du genre très entreprenante. Enfin, elle ne mit pas longtemps à m'attirer dans son lit. Elle m'avait fait tellement de promesses alléchantes que j'ai pas su dire non. C'était la plus belle erreur de ma vie. Je restais le regard vide sur le plafond blanc de la chambre, restant immobile et complètement vidée de tout sentiment. Elle, elle dormait paisiblement. Je m'attendais à des miracles, je m'attendais à mieux que ça. Voila que dans ma bouche je sentais l'amer goût de la déception. Je me sentais très mal, complètement mal que je voulais chialer, mais je n'y arrivais pas. C'était donc comme ça que le sexe entre deux femmes se passait ? C'est de la merde ! Je n'ai jamais retenté l'expérience. Pourtant, là, je pouvais réitérer l’expérience. Isia était la personne la plus parfaite pour me faire oublier cet échec. Elle en avait de l'expérience, elle n'était pas du genre à faire de fausses promesses, et je lui faisais confiance pour me faire découvrir le plaisir charnel.
Il est vrai, enfin, je ne parle pas en connaissance de cause, j'imagine que le sexe avec une femme rend la chose plus sensuel et puis, qui mieux qu'une femme pour faire jouir une autre ? Bon, c'est vrai que partager ça avec un homme est tout aussi agréable, mais une femme... Je pourrais y aller les yeux fermés avec Isia. J'ai l'intime conviction qu'elle sera s'y prendre comme il le faut ma petite blonde. J'en viens même à envier ses partenaires. Peut-être que je me fais des idées, peut-être qu'au final, je n'aimerais pas ? Allez savoir... Peut-être que dans le fond, je ne suis pas faite pour ça. Peut-être que dans le fond, l'alcool pouvait m'aider à y voir plus clair, peut-être que... ?
-Sans doute... L'alcool est un très bon désinhibiteur !
Je ne la regardais à peine tandis que je finissais mon verre constatant que la bouteille était presque vide. Je soupire. Elle ose un rapprochement tout en essayant de dégager mes cheveux. C'est vrai, j'aime les sentir sur mes épaules, les voir voler au gré du vent. J'ai toujours eu une belle toison délicate et soyeuse. Pourtant, je ne passe pas des heures à les entretenir. Puis, ça donne un petit côté sexy de les porter très longs. Quoique, certaines femmes portent les coiffures masculines avec autant de grâce et d'élégance. Moi, je ne suis pas faite pour les coupes courtes. Au moins, je peux changer de coiffure au gré de mes humeurs. Isia me lance une boutade. C'est vrai que mon apparence n'est pas très sexy. Je souris avec elle tout en me levant avec soin. Je me pointe devant elle.
-On ne t'a jamais appris à ne pas te soucier de l'apparence ?
Même si c'était ironique, ces mots pour certains peuvent faire l'effet d'une attaque. Pourtant, je ne l'attaquais pas vraiment. J'esquissais un large sourire un peu moqueur. Je commence à retirer mon sweat et alors que je me dégage de ce gros truc tue-l'amour, je frissonne sentant la brise s'insinuer sur ma fine peau.
Je le jette à ses pieds tout en lui lançant un sourire charmeur. Je pose mes deux mains sur la ceinture de mon jean tout en prenant une pose suggestive. Je le descends peu à peu tout en dévoilant mes fines gambettes. Je le laisse retrouver mon sweat en boule. Je m'attelle à ôter mes tennis tout en me penchant avec insolence tout en ne cessant de lui jeter un regard langoureux. Je me relève avec souplesse tout en tournant sur moi-même. Je lui laisse découvrir mes sous-vêtements tout en me félicitant de les avoir choisis avec soin. Un soutien gorge push-up noir en dentelle et le shorty assorti. Ce n'est pas quelque chose de vulgaire, c'est plutôt soft et délicat. J'intensifie mon regard tout en la sondant.
-Tu trouves toujours ma tenue réfractaire ? Résisterais-tu ?
Alors je me penche une fois de plus pour prendre une part de ce gâteau au chocolat, bien que là, cette part ne servirait pas à me rassasier, mais j'aime prendre mon temps pour séduire. Puis en compagnie d'Isia le jeu en vaut la chandelle. Je m'agenouille tout en m'approchant d'elle, lui offrant un morceau de cette gourmandise tout en venant par la suite caresser du bout des doigts son cou.
-Par contre, je constate que nous ne sommes pas égales. Montre-moi ce que tu caches sous ce chemisier ainsi que sous cette jupe. Je suis sûre que tu as de quoi me surprendre comme chaque fois.
Je fis glisser une main indécente le long d'une de ses jambes galbées sous un bas ou des collants. J'imagine qu'une femme de sa trempe préfère des bas, enfin moi, c'est ce que je porterais, c'est bien plus élégant et sexy. Je remonte doucement ma main tout en découvrant la dentelle du bas. Je ne me suis pas trompée. Je caresse fébrilement sa peau fine tout en retirant ma main comme pour la provoquer. Je passe un doigt sur ses lèvres tout en allant l'embrasser fiévreusement tout en caressant sa nuque. Je la libère enfin dans un soupir plaintif.
-Vas-y à ton tour ma belle, je te laisse me narguer, fais-moi découvrir ce que tu caches là-dessous.
Alors je m'installe sur la couverture tout en la regardant avec envie. J'étale mes jambes afin de prendre mes aises oubliant la brise, oubliant l'endroit. La seule qui compte en cet instant c'est Isia et elle seule.
-J'espère que le spectacle sera à la hauteur de mes espérances ! Je m'en fiche, je demanderai le remboursement s'il ne me plait pas.
L'alcool est un très bon désinhibiteur effectivement. Je ne sais pas si en temps ordinaire, j'aurais été capable de dire ça. je' pense que j'aurais pu, mais avec un peu de maladresse dans la voix j'imagine. Vas-y ma belle blonde, je suis là pour te regarder, ne me déçois pas...
Une caresse pour un baiser
Blanche Phillips & Isa Taylor-Laurence
Blanche était partie pour finir le vin. Pour ma part, j'aime rester maître de mes actes. L'alcool qui coulait dans mes veines était suffisamment présent, pour me donner un peu chaud, sans pour autant perdre mes moyens. J'étais à une limite, j'aime les limites, ça vous donne un côté excitant, va ton franchir ? Va ton rester bien sagement ? Tout est le secret de mettre une barrière et de se demander si oui ou non on prend le risque de la traverser. Prendre ce fameux « danger » d'être déçue par la belle herbe qui nous semblait verte.
J'éloignai la bouteille, ne désirant pas avoir une compagne enivrée par le vin. Cela est désagréable de coucher avec quelqu'un de bourrer. Et qui risque d'oublier votre nuit à cause de son manque de retenu. Je ne répondis point à sa phrase sur le fait réel de la désinhibition de l'alcool. Beaucoup de gens se donnent du courage ainsi. Pour ma part, je ne suis pas ce genre de personne. Mais cela ne me dérangeait pas qu'elle boive un peu de « jus de bravoure » si besoin.
Face à ma boutade, elle le prit d'une manière très différente. Je la regardai interloquée. Je n'imaginais nullement cela. Mais soit. Je la laissai faire son petit manège, retirant son énorme sweet, pour me faire découvrir son soutien-gorge push up ébène qui lui cillait que trop bien… ah finalement le vin, lui donne chaud.
Je lui fis un sourire amusé et emplis de charme, me demandant bien ce qu'elle allait faire après m'avoir jeté son pull à mes pieds. Ah ma plus grande surprise, elle fait glisser ses mains sur son pantalon, avec une pause plus que suggestive... coquine va, tu es très attirante demoiselle ! Je commence à rire, elle ne va quand même pas se mettre à poil ici ?
Eh bien si ma belle ! Son pantalon, chaussette et tennis partirent rejoindre son pull… je restai quelques minutes à regarder son corps, prenant un grand plaisir à laisser mon regard sensuel caresser celui-ci. Elle est superbement bien foutue et son corps m'attire d'autant plus… j'ai l'impression d'avoir eu une chrysalide bien laide juste avant qui se dévoile en beau papillon. Mon regard remontre jusqu'à son regard, où elle intensifie le siens, dans l'espoir que je cède. Oh bien sûr je pourrais assouvir le désir brûlant de te sauter dessus… car avoue-le tu me donnes envie, j'envie ton corps chaud contre le miens, de goûter à la saveur de ta peau, de sentir ton souffle contre mon visage, t'entendre hurler de plaisir … mais, je me contiens parfaitement, rongeant le feu qui brûle pour mieux être consumer après.
Il faut l’avouer, que je n’e l’aurais pas pensée capable de se mettre en sous vêtement ainsi. J’eu un petit sourire teinté de rire à sa phrase.
• Il y a donc des mots magiques pour qu’une personne se déshabille. Je retiens. Même si je n’évoquais pas le mot « réfractaire » dans ce sens.
Je restai immobile, savourant le beau spectacle qui s'offrait à moi. Pourquoi se précipiter ? Plus déguster ce nouvel élément. Je repensai aux miliaires… oui vraiment, s'ils viennent pas passer, ils n'auront pas perdu leur journée.
Elle finit par prendre un bout du gâteau, m'offrant un morceau que je dégustai en la regardant dans les yeux. Retenant un sourire alléché par son comportement. J'avais un calme exemplaire, laissant juste ce rictus emplis d'espièglerie… oh oui tu es surprenante et j'aime ça. J'aime savoir que tu es imprévisible et complètement folle comme moi.
Elle commence les hostilités, une main glissa sur mes jambes, je la sens fébrile au moment où elle découvre que j'ai des bas. Eh oui, je me suis fait indécemment sexy pour tes beaux yeux. Dans l'espoir que si tu es tentée de t'emmener voir les étoiles. Dans un sens, je n'avais que des bas, que peu de collant que je portais en hiver car ils étaient épais.
J'aime passer les fins tissues sur mes longues jambes, les attacher à un corset ou bien à un porte-jarretelle… ce soir c'est plus beau corset qui orne mon corps. Entièrement brodé et délicatement saupoudré de petits diamants. J'aime la lingerie… et la lingerie fine hors de prix plus particulièrement. Des tons sombres, un bleu nuit assortis à un tangos, qui épouse mes rondeurs d'une manière affolante.
Elle m'embrasse, jouant avec le feu qui brûlant dans le bas de mon ventre. Mon regard félin s'attarde sur ses gestes, j'ai envie de la retenir, mais je la laisse jouer, me chatouiller et me donner envie. Il est agréable d'être aussi provoqué. Je la suis, s'allongeant langoureusement sur la couverture. Est-ce de l'exubérance de se mettre en sous-vêtements sur les dignes, à la vue possible de tous ? Remarque la nuit est tombée et seule la lumière des étranges animaux marins, éclaire cet endroit. Pour ma part, les conventions sociales et culturelles, m'indiffèrent, je mis plis, car j'y suis contrainte, mais là ? Qu'avons-nous à juger et à craindre ? C'est un jeu, un jeu sensuellement enivrant !
À mon tour, je me levai, pour marcher vers elle. En m'accroupissant vers son corps dénudé, je la chevauchai pour être à quatre pattes sur elle et la dominer de ma hauteur. L'une de mes mains, parcourra avec des effleurements sa peau douce et fraîche, partant de son ventre, pour passer entre ses seins et décrire des cercles sur sa joue et ses lèvres charnues. Je penchai la tête vers son oreille gauche pour lui murmurer ceci :
• Et que demandera tu pour ton remboursement ?
D’un mouvement charnel, mes lèvres épousèrent ces son lobe d’oreille, pour continuer leur baiser le long de sa nuque et descendre à la limite de sa poitrine. Ma main, continuait ses caresses légères sur son corps.
Mes cheveux tombaient délicatement sur elle, je dû les chasser pour ne pas voiler ma vision. Je remontai mon visage vers elle, pour lui déposer un petit baiser sur sa bouche. Ma main, délassa son corps pour attraper la sienne.
• Les spectacles interactifs sont toujours les meilleurs, lui dit-je d’une voix lourde de sous-entendu érotiques.
Je déposai sa main, ma hanche, pour la faire passer le long de buste, lui permettant de sentir la finesse de la lingerie. Oui c’est de la pure tentation. Je laissai sa main parcourir librement mon corps, puis je plaquai ses deux mains sur le sol, avant de frôler délicatement mon visage contre le siens.
• Préfères tu continuer ici, ou bien voir la suite dans un endroit plus intime ?
Mes lèvres étaient à quelques centimètres des siennes, mon regard plongé dans ses sublimes prunelles.
© Starseed
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