Tout est affaire de pratique, même la discipline - [Matt Eversman]

Jeudi 13 novembre.
10h00 - Gymnase.

C’est bien connu, les militaires attaquent leur journée de bonne heure, ou ils la terminent tard. Pour le petit groupe qui venait de participer à cet entrainement de self défense, il s’agissait surtout de s’être levé tôt. Et pourtant, dans le lot, tous n’étaient pas de la branche armée d’Atlantis, on dénombrait quelques intellos et autres techos susceptibles de vouloir améliorer autre chose que leur cervelle, quoique cette dernière devait pas mal cogiter pour appréhender des mouvements parfois complexes. C’était simple pour eux de se servir de leurs dix doigts pour taper sur un clavier, ça l’était moins de coordonner des mouvements moteurs à gauche et à droite en même temps. Pedge était là pour ça. Elle coachait les têtes pensantes pour qu’ils puissent se sentir en sécurité, tout en assurant un suivi des performances de ses collègues de l’armée. Elle n’était pas particulièrement spécialisée dans la discipline, mais elle avait des notions assez conséquentes pour les dispenser. Elle venait quand même des forces spéciales américaines, et quand il s’agissait de se défendre, ces dernières allaient toujours au plus simple et au plus efficace. Eviter le coup et neutraliser.

« Bon, ce sera tout pour aujourd’hui. »

Il était temps de renvoyer ces bonhommes vaquer à leur occupation. La séance s’était plutôt bien passée, et aucun gus ne s’était fait mal. Ils progressaient, lentement mais surement, bien que Pedge doutait fortement qu’ils soient en mesure de se libérer d’un Wraith le moment venu. Elle même n’en était pas forcément convaincu, étant donné la force considérable que ces saloperies pouvaient développer. Mais bon, on en sait jamais, si un pervers rodait sur Atlantis... Quant aux militaires, ils se démerdaient bien, comme toujours, même si dans le tas, il y en avait qui avait plus de prédisposition que d’autre pour ce genre de méthode de combat. Après, certains préféraient boxer, d’autres pratiquaient un art martial en particulier, et d’autre encore avait apprit une forme de combat militaire propre à leur unité. Ces petites touches personnelles ajoutaient une dimension plus intéressante aux yeux du Sergent Allen, qui trouvait que les affrontements étaient souvent plus intéressants au niveau de la richesse des techniques.

Pedge se positionna près de la porte de sortie, pour filtrer ces dernières. Elle interpella un des militaires sur le point de s'en retourner.

« Sergent Maître Eversman, est-ce que vous vous pensez meilleur que les autres ? »

S’il n’avait pas comprit qu’elle s’adressait à lui, il n’avait qu’à suivre son regard. Il était planté dans le sien, du moins, dans son faciès, jusqu’à ce qu’il la regarde s’il le décidait. Aucune mimique amical ne venait tirailler les traits de la jeune femme qui se contentait d’aborder un air neutre. Le ton était neutre aussi, mais on pouvait sentir une petite pointe d’acidité en arrière fond. Rien de probant, mais quand même. Quant au vocabulaire, il se voulait volontairement provoquant, même si elle savait pertinemment que ce genre de petit rigolo n’allait surement pas prendre la mouche, au contraire, il en rajouterait une couche. Elle était prête à le parier.

√ Arrivée le : 08/12/2012

La séance d’entrainement n’allait pas tarder à toucher à sa fin. Tant mieux… Eversman avait multiplié les allers-retours entre les tapis et le banc situé à côté. Il était peu enclin à s’entrainer ce matin, préférant plutôt organiser quelques paris entre les combattants. Dommage que les billets verts soient restés au chaud dans son quartier, il aurait pu en gagner quelques-uns en misant notamment sur son pote, James alors que ce dernier n’avait quasi aucune chance contre un ballourd de Marines. Avec une manœuvre habile exploitant la vitesse et l’agilité, il était parvenu à échapper à la prise de son adversaire pour lui asséner un bon coup de coude dans la nuque le mettant au sol. Une fois de plus, l’US Army avait vaincu.

Serviette autour du cou, bouteille en main, le Sergent s’apprêtait à quitter la salle avec deux de ses potes de galère lorsqu’on l’interpella. Son regard s’arrêta sur la personne qui avait mené l’entrainement du jour à savoir Pedge. Les lèvres pincées, certainement contrariée ou frustrée, la demoiselle ne semblait pas de très bonne humeur contrairement à lui qui était ravi d’en avoir fini.

« Je ne pense pas être le meilleur, Sergent… je le suis ! »

Sa petite réplique fit rire les deux hommes qui l’accompagnaient tandis qu’un sourire moqueur apparaissait sur son visage. Il ne le pensait pas mais préférait s’amuser de la situation et surtout en finir rapidement pour pouvoir regagner ses quartiers. Pedge n’avait pas dû apprécier son comportement, son attitude durant l’entrainement mais il s’en fichait et continua son chemin comme si de rien n’était passant à sa proximité directe.

Pile la réponse que Pedge attendait. C’était trop facile avec ce genre de bonhomme. Enfin, facile pour quelqu’un qui avait l’habitude de prendre en charge des militaires au cours de formation spécifique, que ce soit en salle de classe pour des enseignements théoriques, ou sur un terrain pour des cours pratiques. Avec le temps et l’expérience, on trouvait toujours de petites techniques pour améliorer les choses. Un sourire fugace se dessina sur les lèvres du sergent quand elle entendit la réponse. Si le sergent maître pensait qu’elle s’amusait de cette réponse, il se gourait allègrement. Non, c’était le genre de sourire qui en disait beaucoup plus qu’un long discours, du genre meurtrier.

« Facile de fanfaronner quand on a rien foutu pendant une matinée. Vous deviez être à la comptabilité avant d’atterrir ici. Belle promotion. »

Elle le mettait au défi devant ses potes tout en l’attaquant sur son ancienne vie au sein de l’armée, et c’était en cela que la réponse lui avait plu. Elle pouvait, derrière, répondre n’importe quoi le mettant en défaut devant ses amis et spectateurs, il serait obligé de faire en sorte de sauver son image. C’était pire encore quand le type était macho et que c’était une femme qui le remettait droit dans ses chaussures. Pedge pivota elle aussi pour suivre la trajectoire du sergent maître Eversman alors qu’il prenait la tangente. La dernière partie de sa phrase sur sa « promotion » lui arracha un rictus qui voulait dire qu’elle pensait le contraire, et le ton employé ne laissait personne dupe.

Il était certes plus gradé qu’elle, en dehors de cette salle, mais en ce lieu, elle était là pour lui faire apprendre, et elle estimait qu’elle avait toute autorité sur lui, du moins hiérarchiquement. Après, elle ne pouvait pas contraindre un homme à refuser ce qu’il devait être. Encore que.

« Je ne vous ai pas donné la permission de vous en aller. Vous me manquez de respect et je n’aime pas vraiment ça. »

En deux pas, elle se replaça entre les bonhommes et la sortie. Dommage pour les copains du blagueur, ils allaient morfler également. Bref, s’ils voulaient passer, ce serait manu militari comme on dit, en la poussant ou autre.

√ Arrivée le : 08/12/2012

La réplique du sous-officier effaça toute trace de sourire ou d’amusement sur le visage d’Eversman qui devint assez fermé. Le bataillon d’origine était un point sur lequel on ne rigolait pas sur Atlantis. Certes, les membres de l’US Army se moquaient de ceux de la Navy et réciproquement. La tension entre les deux devenait presque palpable lorsque le match de football américain opposant les deux formations rapprochait mais cela restait bon enfant. Là, il s’agissait purement d’une pique destinée à blesser, à vexer et le Ranger s’apprêtait à répliquer quelque chose d’assez virulent mais une main posait sur son dos détourna son attention. Ses potes cherchaient en effet à éviter que la situation ne tourne au drame, il connaissait Matt et savait très bien qu’il était capable du pire dans ce genre de cas. Ils cherchaient par conséquent à lui faire quitter la salle mais c’était sans compter sur Pedge qui leur barra le chemin.

Impossible pour Matt de ronger davantage son frein. Pedge cherchait les ennuis, elle venait de le trouver.

« Et toi ?! Tu me manques peut-être pas de respect ?! Tu es qui pour critiquer mon unité ?! Un simple sergent… »

Une main l’agrippa par l’épaule pour le retenir au cas où le Ranger décidait d’en découdre autrement que par les mots. Ce n’était pas encore son intention mais il ne se laisserait pas marcher sur les pieds par cette jeune femme. Elle le cherchait, elle allait le trouver.

Ok, elle avait à faire avec un type qui pensait plus avec sa bite et ses bras qu’avec sa petite noix qu’il avait dans le crâne. Si elle se laissait marcher sur les pieds maintenant, s’en était fini d’elle pour les prochaines fois. Il l’attaquait sur son grade, il avait sans doute senti qu’elle attachait une certaine forme d’importance à la hiérarchie, et ainsi il essayait de se soustraire à cette petite discussion en se mettant en avant de la sorte. Quoiqu’il en soit, elle n’aimait pas, mais alors pas du tout, son attitude agressive à son encontre. Ses amis sentaient qu’il dérapait, et Pedge le sentait aussi, mais elle en avait maté des plus coriaces que ça. Elle n’entra pas dans son jeu de tutoiement, préférant rester digne et sure d’elle. S’il comptait la faire reculer, il se gourait lourdement. Elle faisait presque vingt centimètres de moins que lui mais qu’importe. La jeune femme se hissa sur la pointe des pieds et approcha son minois du sien, l’air tout aussi menaçant. Il pouvait sentir son haleine mentholée comme elle sentait la sienne.

Avec toute la froideur dont elle était capable, elle s'exprimait posément, mais la menace en arrière fond était réelle. Elle sentait que sa précédente unité était une source de fierté pour lui, comme pour n'importe quel militaire en fait.

« Votre unité ? Elle serait fière de vous votre unité ? Et vous croyez quoi ? Qu’avec cette attitude vous allez rester Sergent Maitre longtemps ? Aller, frappez-moi pour voir ? C'est ça qu'on vous apprend chez les Rangers ? »

Elle n’était pas certaine de faire le poids. Est-ce qu’elle le poussait à en venir au main pour qu’il subisse une santion disciplinaire ? Le problème, c’était qu’elle était seule à pouvoir attester de son comportement, et ses copains à lui pouvaient la charger aisément pour le défendre.

√ Arrivée le : 08/12/2012

L’attitude de Pedge fit appraître un mince sourire sur les lèvres du garçon. La voir essayer de se mettre à sa hauteur malgré la différence de taille était quelque peu risible, d’autant plus qu’elle était là sur la pointe des pieds. L’idée de s’y mettre aussi lui vint en tête, il la gardait pour un peu plus tard tout comme l’idée d’une pichenette qui avait de grande chance de la faire basculer en arrière. Pedge essayait de se mettre à sa hauteur, ça en était ridicule … Il n’eut pas l’occasion de l’en avertir, elle venait de le provoquer de nouveau tout en évoquant son ancienne unité.

La pression s’accentua sur son épaule, signe que l’un de ses potes trouvait la situation particulièrement délicate et préférait prendre les mesures nécessaires. Matt le fit lâcher prise d’un mouvement de l’épaule ne supportant de se savoir retenu de la sorte.

« C’est quoi ton problème, Allen ? Tu as été refusé aux tests d’entrée au 75th Ranger ou c’est moi ? Car si c’est le premier cas, va falloir passer ta crise de jalousie ailleurs… Maintenant si c’est moi, on s’explique tous les deux… »

S’il s’agissait de la deuxième solution, il y avait de nombreuses manières de régler le problème et il y en avait une qui lui titillait particulièrement le poing droit. Le ton du Ranger demeurait agressif, il ne parvenait pas à lâcher le regard de Pedge lui répondant sur un air de défi, de provocation. La réponse tarda à venir, du moins elle ne fut pas immédiate ce qui fit sourire le garçon qui prit cela comme une victoire. Il adressa un signe de tête vers la sortie à ses coéquipiers avant de faire un pas en avant bousculant la jeune femme d’un geste de l’épaule.

« Mouais, c’est bien ce que je pensais… »

Ces rangers, toujours à penser qu’ils sont l’élites de la nation. Pedge ne l’entendait pas de cette oreille, mais ajouter de l’huile sur le feu n’arrangerait pas les choses. D’un côté, la jeune femme avait presque envie d’aller jusqu’à la confrontation histoire de voir un petit peu de quel bois il était fait. Mais cela nuirait surement à son dossier, et c’était là une chose qu’elle ne souhaitait évidemment pas. Bref, il lui posait une question, elle entendait bien répondre, malgré son ton menaçant et ses paroles à peine voilées. Elle le laissa la bousculer et la dépasser et dans son dos, elle tenta une nouvelle fois de toucher son amour propre, chose qui n’était pas compliquée avec ce gars là.

« C’est vous Eversman, pas votre compagnie. Je trouve simplement que vous lui faite honte. J’aimerai bien vous voir à votre retour sur Terre. Je suis certaine que vous n’arriveriez même pas à la réintégrer. »

Elle marqua une pause, avant de lâcher l’ultime petite phrase de sa petite tirade.

« Enfin, salut, puisque vous fuyez une gonzesse qui vous remet à sa place. J’aimerai pas être un de vos coéquipiers sur le terrain. »

Elle lui tourna le dos. Erreur peut être à ne pas faire, mais comme il faisait mine de s’en aller. Pour sa part, la discussion en resterait là, mais au fond d’elle, elle savait qu’il n’allait pas laisser passer ce nouvel affront. Qu’importe, elle avait des affaires à ranger. Mine de rien, Pedge aimait bien se confronter, cela dit, elle ne pouvait pas contraindre un homme à la respecter, ni même à suivre un semblant de discipline, et ce, malgré qu'il soit dans l'armée. De plus, son grade inférieur l'empêchait clairement de lui mettre un blâme et de lui signifier une sanction. Au lieu de ça, elle ferait un rapport, qu'elle transmettrait à sa hiérarchie. Comme d'habitude, ils ne feraient surement rien, et comme d'habitude ce ne sera qu'à l'incident de trop qu'on ressortira le tout en disant : ah oui il y avait des prémices mais on en a pas tenu compte. C'était rageant, mais s'il y a bien une chose que la jeune femme avait comprit depuis ses premières années de service, c'était bien de ne pas se faire un ulcère à l'estomac pour un de trou du cul.

√ Arrivée le : 08/12/2012

Quelques pas plus tard, Eversman finit par s’arrêter suite aux propos de la demoiselle qui remettait clairement en doutes ses capacités physiques et son aptitude à pouvoir réintégrer son bataillon d’origine. Ce n’était guère plaisant et le fit réagir de suite en lui faisant tourner les talons. Non, il n’était pas un fuyard et non, il ne la fuyait pas. Les deux potes tentèrent de s’opposer à lui mais renoncèrent, le laissant se diriger vers Pedge comme une furie. Les dents étaient serrés, le poing tendu tout comme les traits de son visage. Son regard était noir lorsqu’il le planta dans celui de la jeune, le soutenant pleinement.

« Avant de continuer tes conneries et de lancer tes petites répliques, jette un coup d’œil à mes stats… Tu ne sais même pas de quoi tu parles !! »

L’homme faisait en l’occurrence référence aux différents tests d’aptitudes physiques qu’il avait passé à plusieurs reprises afin d’être désigné aptes aux missions extérieures mais aussi aux diverses missions auxquelles il avait pu participer depuis son intégration au programme SGC et Atlantis.

«Tu vaux pas mieux que moi, Pedge. Te crois pas supérieure parce que tu es chargée de formation… Maintenant si faut que je te prouve que je suis toujours au niveau. Vas-y, je suis là… »

Lui qui avait tout fait pour en faire un minimum ce matin comptait désormais prouver à Pedge qu'il disposait toujours de bonnes capacités physiques et donc par conséquent qu'il était toujours capable de réintégrer son bataillon. C'était parti pour un duel d'égo.

Décidément, il ne lâchait pas l’affaire celui-là. On pouvait au moins lui reconnaître une forme d’entêtement. Qualité ou défaut, telle était la question aux yeux de Pedge qui ne se ratatina pas devant l’air menaçant du bonhomme. Il voulait faire ses preuves, mais pour le moment, il ne faisait que taper sur le système de la blonde. Histoire de le faire un petit peu chier, la jeune femme lui adressa un sourire sous entendant « cause toujours tu m’intéresses », et retourna à ses occupations, le laissant tomber visuellement. Elle lui répondit en terminant de faire son sac, sur un ton désinvolte, avec autant de déférence qu’il lui manquait de respect.

« J’en ai rien à foutre de tes états d’âmes. Je n’ai pas de temps à perdre avec un futur démobilisé. Tu peux disposer Eversman. »

Sans autre forme de procès, et après être passé à un tutoiement qui, chez elle, signifiait qu’elle en avait plein le cul de ces conneries, et autres joyeusetés orales auxquelles ils s’adonnaient tous deux depuis cinq minutes, elle posa ses fesses sur le banc pour refaire les lacets de ses rangers. Elle venait de le congédier, mais quelque chose lui disait qu’il ne s’en irait surement pas, sauf peut être en fanfaronnant. Qu’importe, comme elle venait de lui dire, elle n’avait pas besoin de s’emmerder avec un type comme lui. De plus, sa position hiérarchique l’empêchait d’utiliser un moyen radical de le faire obéir et fermer sa gueule. Après, un officier ne se faisait pas seulement respecter par ses épaulettes et son grade, il devait avoir du charisme pour mener ses hommes. Elle n’en manquait pas, mais elle jugeait qu’elle avait démarré la conversation un peu trop brutalement – encore une fois – et du coup, elle ne voyait pas comment résoudre le problème autrement qu’en jouant dans la surenchère pour voir lequel des deux avait la plus grosse.

Peut être qu’elle devait calmer le jeu pour se montrer la plus intelligente des deux. Mais est-ce que cela ne reviendrait pas à lui montrer qu’elle savait tenir sa place et la boucler quand on lui rentrait trop dedans ? Elle ne voulait pas paraitre comme une poltronne auprès de ce type, surtout que maintenant, ses copains ne manqueraient pas de rendre compte de l’affaire à tous leurs collègues. Bah, elle verrait bien qu’elle serait sa prochaine réaction pour se décider.

√ Arrivée le : 08/12/2012

La voir continuer son petit rangement sans lui accorder davantage d’intérêt agaçait le garçon qui se forçait à ne pas s’approcher d’elle pour la forcer à relever les yeux vers lui. Il se devait de maintenir une certaine distance de sécurité pour elle mais aussi pour lui car le Ranger se savait capable du pire. Tant qu’il restait dans ses gonds, il devait maintenir cette distance, ne pas s’approcher d’elle. Pedge répliqua et le Sergent répéta certains de ses mots.

« Futur démobilisé ? »

Tout en répétant, l’homme prenait conscience de leur véritable signification et ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Pourquoi serait-il démobilisé ? Pourquoi serait-il libérer de son service dans les forces armées pour réintégrer le personnel civil ? Eversman ne comprenait pas où elle voulait en venir. L’armée, c’était toute sa vie. Il n’avait pas de diplôme, pas d’expérience dans le milieu civil et ne pouvait pas envisager faire autre chose. Il ne pouvait donc pas envisager être démobilisé ou renvoyé d’Atlantis.

Le Ranger n’avait pas esquissé le moindre mouvement depuis ses derniers mots. Il continuait de la fixer, toujours dans l’encadrement de la porte. On pouvait lire sur son visage beaucoup d’incompréhension. Etait-elle au courant de quelque chose que lui ignorait ? La décision avait-elle prise par les hauts dirigeants ? Sur quels actes ? Pourquoi n’avait-il pas été convoqué ? Matt semblait accusé le coup.

Bien, il commençait par boucler sa grande gueule. Il restait à distance respectable et son agressivité était redescendue. Finalement, elle arriverait peut être à la mater celui-là. Néanmoins, la jeune femme s’en voulue un petit peu d’utiliser une arme telle que la menace de démobilisation. Certes, il semblait être le dernier des trous du cul d’Atlantis, mais il donnait l’impression d’avoir à coeur son métier, son précédent régiment, et son affectation sur la cité. Il ne donnait pas vraiment l’exemple ni ne semblait bien concerné par tout ça, mais Pedge sentait que le bonhomme était accroc à cette expédition. Est-ce qu’elle devait jouer sur ce levier pour lui faire lécher ses bottes, métaphoriquement parlant bien entendu ? Est-ce qu’elle était ce genre de femme ? Non se persuada-t-elle en se redressant avec son sac tout en toisant le soldat, au regard perdu par ces propos. Il flippait crut-elle comprendre.

Elle approcha de la porte pour se remettre en face de lui et elle esquissa un sourire avant de lui répondre sans aucune agressivité dans sa voix, juste de la neutralité :

« C’est ce qui te pend au nez si tu continues à te montrer aussi arrogant et menaçant avec tes formateurs et tes collègues. Ca ne me plait pas de faire des rapports, de perdre mon temps à faire de la paperasse, mais je me ferai une joie de te démolir si tu te montres encore une fois agressif à mon égard. Comprit Eversman ? »

En fait, elle avait voulu se montrer gentille en première instance, mais finalement, elle avait décidé d’enfoncer le clou et de lui filer une leçon. Pedge était persuadée que si elle se montrait trop compatissante ou si elle lui disait qu’elle n’avait aucune idée de ce que les huiles pensaient de lui, il ne ferait qu’une bouchée d’elle. Par conséquent, elle devait se montrer aussi inflexible qu’un tuteur pour un arbre.