Rencontre traumatisante

Cela faisait presque deux semaines que j'étais arrivé sur Atlantis, et le changement était assez difficile. Certes, ce n'était pas la première fois que je déménageais pour mener une nouvelle vie, mais ici, c'était un autre monde, une autre galaxie, l'inconnu total. Arès aussi était un peu déboussolé, mais il semblait s'adapter plus rapidement que moi. Le pire, c'était l'orientation sur la cité. Il fallait avoir un plan pour ne pas se perdre, et même avec ça, il m'arrivait quelques fois d'atterrir dans un endroit non désiré.

Aujourd'hui, je devais me rendre à l'infirmerie pour une visite de contrôle. A mon arrivée, j'avais subi toute une batterie de tests, et il fallait faire une autre visite pour s'assurer que tout allait bien, aussi bien physiquement que psychologiquement, avec l'acclimatation des lieux. Voilà pourquoi je me dirigeais vers l'infirmerie, accompagné d'Arès qui ne me quittait pas. Une fois sur les lieux, j'interpellai une infirmière.

"Excusez moi, j'ai rendez vous avec le Docteur Râman".

"Vous la trouverez dans le troisième bureau, au fond à gauche".

Après l'avoir remercié, je pris la direction de ce bureau, Arès sur mes talons. Une fois devant la porte, je frappai puis j'entrai quand j'en reçu l'ordre, regardant la jeune femme qui se trouvait à l'intérieur.

"Bonjour Docteur, je suis le Sergent Hawkins".

Je rentrais dans la pièce, laissant Arès me suivre, puis je fermai la porte. La doctoresse avait le dos tourné, et semblait chercher mon dossier. Je vins m'asseoir sur un siège devant le bureau de Keya, tandis que mon chien se coucha devant la porte fermer, tirant la langue et attendant que je lui donne un ordre. Je le voyais bien renifler l'air pour reconnaître ce lieu qui lui était inconnu. Je souris en le regardant faire, jusqu'à ce qu'une voix paniquée se fasse entendre, ce qui me fit tourner la tête vers la doctoresse. Cette dernière avait les yeux fixés sur l'animal, et paraissait terrorisée en le voyant, tout en le pointant du doigt.

Je la fixais du regard, très intrigué, ne comprenant pas la situation. Pourquoi réagissait-elle comme ça ? Ce n'était qu'un chien, et qui plus est, un chien dressé qui n'obéissait qu'à ma voix et mes ordres, et qui n'allait pas broncher d'un poil. Arès sembla curieux lui aussi de la réaction de la jeune femme, et ses yeux la fixèrent. Sa tête se pencha même un peu, comme s'il tentait de comprendre cette étrange situation. Pour ma part, je regardai tour à tour la doctoresse et le chien, sans comprendre pourquoi elle réagissait comme ça.

"Heu ... excusez moi Docteur. Vous allez bien ? Ce n'est qu'un chien. Mon chien".

J'étais loin d'imaginer que Keya faisait partie de ce petit pourcentage de Terriens qui avaient une peur irrationnelles des chiens. Après tout, je n'en avais jamais rencontré. Au contraire, tout le monde aimait les chiens. Et ceux qui ne les aimaient pas spécialement, ils n'en avaient simplement rien à faire. Je souris face à la situation, ne pouvant pas m'empêcher de lancer une petite pique qui n'allait pas détendre l'atmosphère comme je l'espérais.

"Vous savez, vous devriez vous calmer. Il ressent la peur chez les gens et ça le rend complètement dingue" lançai je en souriant, amusé.

Cependant, vu la réaction de Keya suite à mes paroles, je perdis ce sourire moqueur, et je me raclai la gorge en prenant un air plus sérieux.

"Je plaisante bien sûr, il ne vous fera rien sans que je ne lui donne un ordre".

Je fus de plus en plus intrigué par le comportement de la doctoresse. Elle n'avait pas seulement peur d'Arès, elle ressentait visiblement une terreur viscérale. Mais bon, étant donné que cette cité abritait des chiens, elle allait devoir vaincre sa peur car je ne pouvais pas me débarrasser de mon animal juste pour elle. La jeune femme s'empara d'une agrafeuse, probablement la seule chose à sa portée qu'elle devait considérer comme une arme. La voir sur son bureau me faisait penser aux personnes qui montaient sur une chaise pour échapper à une souris. Cependant, un chien était plus grand, et ce n'était pas la hauteur de son bureau qui allait la protéger. La protéger ? Mais de quoi d'ailleurs ? Arès était un amour quand il ne recevait pas d'ordre d'attaque. D'ailleurs, le chien continuait de fixer la doctoresse sans comprendre.

Keya cria alors de sortir Arès dehors, juste avant de commencer à défaillir, menaçant de s'écrouler à cause de la panique qui l'envahissait. Je me levai aussitôt de ma chaise, et attrapai la jeune femme de justesse avant qu'elle ne tombe par terre, à moitié dans les vapes. Je la pris dans mes bras, et vins l'allonger sur le lit, avant d'ordonner à mon chien de se placer sous ma chaise. Au moins, la doctoresse ne pouvait plus le voir. L'animal obéit sans attendre, se couchant aussitôt, pendant que de mon côté, je tapotai doucement les joues de Keya pour la faire émerger.

"Hé ho, réveillez vous ! Docteur ? Vous m'entendez ?"

Keya émergea enfin, ce qui me rassura. C'était bien la première fois que je rencontrais quelqu'un qui avait une peur panique, une terreur des chiens, au point de hurler et de s'évanouir. Heureusement que j'avais caché Arès sous la chaise pour qu'il ne soit pas vu lorsque la doctoresse se réveillerait. Je laissai jeune femme se remettre de ses émotions.

"C'est rare de rencontrer quelqu'un qui a la phobie des chiens, surtout dans un endroit comme celui ci".

Keya affirma que je n'allais pas passer à côté de ses questions pour la visite médicale. J'eus un petit sourire en coin, amusé.

"Dommage, moi qui pensais pouvoir éviter ça. Vous savez, je n'aime pas trop les visites médicales".

Tandis que le médecin reprenait ses esprits, je vins m'asseoir sur ma chaise, pendant qu'Arès restait bien sagement couché sans faire de bruit. Il avait du comprendre que la jeune femme ne l'aimait pas du tout. De là où elle se trouvait, Keya ne pourrait même pas le voir, que ça soit près du lit d'auscultation ou de son bureau. Si Arès ne sortait pas de sa cachette, Keya ne saurait même pas qu'en réalité, il était toujours présent. Mais je jouais le jeu pour qu'elle ne refasse pas une crise de panique.

"Bien sûr, il est mieux dehors. Je ne voudrais pas vous incommoder davantage".