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Menteur VS Menteur

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Sam 28 Avr - 22:51

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Le verbe à vif

Inge "Emma" & Normann Wakks

Nuit du lundi 04 au mardi 05 septembre + parallèle Verbe à vif



Partie parallèle de Verbe à vif

Menteur VS Menteur Rcwakk10

Derrière la porte, il n’y avait ni plus ni moins qu’un autre couloir. Il partait en ligne droite celui-là, sans escaliers. Pas de boum en perspective donc. La construction était lantienne, mais l’éclairage ne fonctionnait pas. Emma marchait toujours devant, faisant office de lampe humaine puisqu’elle tenait fermement sa torche. Elle avait le pas sûr, et elle ne regardait jamais si Wakks suivait. Après tout, c’était lui qui souhaitait avoir à faire au contact, alors pourquoi ne la suivrait-il pas ?
Au bout de cinq minutes, ils arrivèrent à un carrefour. Cette fois, elle s’arrêta et elle se tourna vers Wakks.
« Par ici. », dit-elle en montrant le chemin de droite. « Passez devant, je vous suis. »
Wakks la considéra d’un air taquin.
« Petite coquine. Tu ne vas quand même pas me faire avaler ta couleuvre hein ? Nous avons si bien démarré notre idylle ! » Il hocha la tête tout en l’invitant à continuer. « Je serai mort depuis longtemps avec du monde dans le dos ma chérie donc tu devrais t’en tenir à ton rôle de guide, d’accord ? »
« Idem pour moi et pourtant, je vous fais relativement confiance depuis toute à l’heure. Donc passez devant sur cette section, je repasse devant pour la prochaine. » Elle lui tendit même la torche pour qu’il fasse office de guide, en ajoutant : « Vous ne pouvez pas vous tromper, c’est tout droit, jusqu’au prochain carrefour. » Elle lui fit un sourire entendu qui pouvait laisser penser qu’elle le prenait pour un demeuré et qu’elle le rassurait quant à la direction.
« Ma pauvre enfant...la confiance... » Il commença à reculer sans lui tourner le dos. « J’ai du me tromper d'hôtel. Ca manque d’esprit commerçant je trouve. »
Il répondit d’un même sourire, largement narquois, tout en reculant lentement de plus en plus, comme pour lui faire miroiter la perte de son affaire.
« Dernière chance, Emma. »
« Allons bon. », dit-elle d’un ton sec. Et elle revint vers lui, le dépasser, et reprit le chemin vers l’escalier, sans rien ajouter de plus.
« Je t’aime bien, tu sais. » Fit Wakks en la suivant. « Quand ton contact verra la mine d’or qu’il a perdu pour une question de file dans un couloir, ne sois pas inquiète, tu pourras toujours te reconvertir comme guide. »
Elle se retourna brusquement vers lui. « Oh, mais je ne m’inquiète pas. Je vois suffisamment de monde tous les jours pour savoir qui m’embrouille et qui ne m’embrouille pas. Vous pensez peut-être que vous pouvez me doubler, or sans moi, vous ne trouverez pas la personne que vous êtes venue voir. Et sans moi, ladite personne ne saura jamais que vous êtes venue la voir. Donc, baratinez cher ami, mais mon contact n’entendra jamais parler de cette soi disante mine d’or. »
Wakks haussa les épaules.
« Parce que tu penses que cet honorable contact se contentera que d’une seule personne pour ses affaires ? » Il agita ses mains pour montrer les couloirs. « Moi je l’aime bien cet hotel, je pourrai m’y installer, commencer à connaître un peu plus de monde, et laisser trainer cette petite affaire sur les bonnes oreilles. »
Il avait le même sourire mais il parlait calmement, pleinement maître de son comportement et de ses mots, pour profiter du fossé qui se creusait entre eux. Pour lui prouver qu’on ne lui faisait pas le coup de l’envoyer dans un couloir à l’avant comme une bonne bleusaille à plumer.
« Et puis, ma chère, ton hôtel n’est pas le seul. Je voyage pas mal, je pourrai aller trouver d’autres Emmas bien plus intelligentes. Des femmes qui, en plus de me traiter de baratineurs, sauront aussi faire les bonnes affaires. »
Il pointa la direction des escaliers.
« Tu n’es qu’une novice pour croire que je vais te tourner le dos. Ou bien tu me prends vraiment pour le débile du coin. Tu peux balancer dans tes pièges tes gens que tu vois “tous les jours” mais je serais pas de ceux là ma chérie. Allez, on rentre ! »
« Vous prenez vos précautions avec votre explosif, je prends les miennes pour que vous ne laissiez pas d’indice derrière vous quant à la direction que nous prenons. Mais soit, c’est comme vous voulez. Je vous souhaite bien du courage pour essayer d’approcher quelqu’un d’autre ici. », dit-elle, en reprenant sa marche vers l’escalier.
Cette fois, Wakks éclata d’un rire franc.
« Des indices sur le sol : cette idée ! »
Il s’était arrêté pour la regarder tout en ajoutant :
« Il faudrait être le plus abruti des clients pour balancer des indices sur le chemin. Tu serais tombée dessus en revenant et ça aurait crié à tout l'hôtel “je vous double !” »
L’homme secoua la tête en continuant de rigoler comme si c’était une enfant, une novice en la matière.
« Des indices derrière moi. Non, c’est vrai, je suis vraiment au mauvais endroit, rentrons... »
« Vous n’avez pas besoin de doubler tout l'hôtel sombre crétin, mais juste moi. Alors oui, c’est tout à fait envisageable, surtout qu’il ne vous faudrait pas deux minutes pour me tuer. Mais bon, si vous avez peur de passer devant moi, soit, je comprends, et effectivement, nous nous sommes trompés tous les deux. »
« Et maintenant tu te contredis. Je te tue, je n’ai pas mon contact. »
Norman pointa l’escalier du doigt.
« Le temps, c’est de l’argent et tu m’en fait perdre. Ton système est pas au point et ça m’agace de débattre ce qui devrait être la base de tout commerce discret. Un bon client, ça se traite pas comme ça, on lui fout personne dans le dos. Maintenant fais ton choix, soit on monte ce putain d’escalier ou alors tu redeviens sérieuse et on se fait enfin du pognon. »
Emma poussa un soupir profond en se pinçant l’arrête du nez.
« J’hésite. Êtes vous naïf ? ou êtes vous idiot ? Ou alors, pire, vous essayez de vous faire passer pour je ne sais quoi pour endormir ma confiance et me la faire à l’envers. Si je te présente mon contact, et que sur le retour, tu me tue, ou pire, tu as moyen de retourner tranquillement voir tes amis. Si tu ne sais plus où tu es, j’ai une chance de me venger après la mort. Maintenant mieux. » Elle fit un pause et embraya : « Vous voyez mon contact, vous faites affaires. Quelque chose se passe mal, et vous décidez pour une raison ou pour une autre, de revenir pour lui. Quelle mauvaise Emma ferai-je si je n’assurai pas ses arrières. Moins vous savez où nous nous trouvons, mieux je me porte. » Elle croisa les bras, avec un air fier sur le visage, du genre à lui montrer qu’elle était loin d’une crétine, et que son idée de le faire passer devant était parfaitement fondée.
Sauf que Norman s’employait à lui faire sentir qu’elle était bête d’agir ainsi. Il montrait volontairement quelques signes d’impatience pour qu’elle se croit être sur le point de perdre la poule aux oeufs d’or. L’homme gardait son ton sérieux en lui répondant :
« Tu te poses trop de questions. Des repères, tu en as pas vu en revenant et t’en verras pas. Ton contact, je veux faire des affaires avec. Mort il me rapportera rien. Et toi, si tu as pas les nerfs assez solides pour comprendre qu’il faut parfois s’adapter au client, assure tes arrières en pliant bagage sur l’adresse que je t’ai donné. Elle est vraie. »
Il lui montra l’escalier du menton.
« Bon, tu le fais ton choix ? »
« Et pourquoi je devrai croire qu’elle est vraie ? Vous ne me faites pas confiance, je ne vous fais pas confiance. »
« Parce qu’on fait pas des affaires en offrant de la merde aux Emmas. » Il secoua la tête. « Faut tout t’apprendre toi. Si ton contact est pareil, c’est pas la peine, je vais ailleurs ! »
« Ce dialogue ne nous menera à rien. Vous avez autant envie d’aller voir ailleurs que moi de remonter ces marches, c’est à dire que ni l’un ni l’autre ne voulons passer à côté de l’affaire, sinon vous serez déjà parti, et moi avec, alors je vous propose un deal. On retourne à ce carrefour, vous passez devant sur dix mètres, et je repasse devant ensuite. Prenez les mesures que vous voulez. » C’est qu’elle n’en démordait pas. D’un côté, si elle voulait vraiment assurer les arrières de son contact, elle s’y employait pour faire au mieux en ne lâchant rien.
Wakks fixa la jeune femme dans les yeux avec un sourire.
« Ok. Je vais juste te garder bien en vue et si je me retrouve avec ta petite surprise sur le dos... » L’homme sortit un morceau de C4 qui contenait déjà un détonateur pour lui placer dans la poche. Il n’était cependant pas actif. Il ne fallait pas rêver, entre la grenade et le C4, il ne pouvait pas tout faire. Mais ce n’était pas très important, Emma ne pouvait pas le savoir et ça motive toujours quand on a de l’explosif dans les poches. « Là, voilà, je te réduis en poussière sanguinolente. Une garantie pour nous deux. Surprise = boom = plus personne. On y va ? »
« Voilà, si ça vous conforte dans votre toute puissance. Profitez, profitez... », dit-elle en lâchant un nouveau soupir tout en le laissant faire.
Les mains de Wakks glissèrent alors sur ses hanches, entre mélange de fouille à la recherche d’une arme et un faux profit de lui tripoter la peau.
« Je profite, je profite...allez, c’est parti. Enfin ! »

La jeune femme le laissa faire. De toute façon, quel choix avait-elle ? Puis ils reprirent leur chemin, retournant au croisement, où elle lui fit signe poliment de passer devant. Elle avança à sa suite puis au bout des dix mètres, elle repassa devant, comme promis. Elle continua à marcher dans le silence, silence brisé uniquement par le bruit de leur pas sur le dallage et par le crépitement du feu, pour arriver à un autre carrefour qui se séparait en trois voies. Elle prit celle de gauche, tourna ensuite à droite dans une autre galerie qui amorçait une descente plus raide, mais toujours sans escaliers. Elle savait manifestement où elle allait, toujours est-il qu’ils s’enfonçaient toujours sous la surface, progressivement. Cela faisait bien dix bonnes minutes qu’ils avaient repris la marche après l’échange de confiance qu’ils avaient entretenu dans le premier couloir.
Wakks était tout aussi silencieux. Il lui arrivait parfois de renifler, de manière anodine, juste pour se rendre vivant à la radio.
Au bout d’un petit moment alors que le sol retrouvait son plan horizontal, elle demanda sans s’arrêter de marcher :
« Je n’ai pas d’armes pas vrai ? »
« Ca ne m’empêchera pas de garder les miennes si c’est la question. Et une tigresse comme toi à toujours ses dents... »
« Oh oui, que peuvent mes dents contre un homme comme vous. », dit-elle simplement. Elle gloussa, comme si elle se moquait de lui de la craindre autant. Elle dépassa un autre croisement, ne prenant ni à gauche ni à droite. Toujours droit devant, quand au bout de trois minutes, Wakks entendit clairement que quelqu’un suivait.
Il aurait été bien naïf de croire qu’il n’y aurait que l’aubergiste et le contact. La sécurité devait être assurée forcément par des hommes de mains et celui qu’il entendait dans son dos devait en faire partie. Ils n’étaient logiquement plus très loin.
« On reparlera de ce que tes dents, ou plutôt tes lèvres, pourraient faire à un homme comme moi. » Répondit-il en usant de la même moquerie en terme de retour à l’envoyeur.
« Notre bon compagnon dans mon dos devrait pas s’approcher si près s’il veut conserver sa tête. L’explosif est vraiment puissant. »
La jeune femme ne se sentit nullement dégradée par ce qu’il venait de dire, et elle prit même le parti de ne pas répondre à la moquerie. Elle s’arrêta nette et se tourna vers Wakks. Aussitôt, les bruits de pas dans leur dos s'arrêtèrent à quelques secondes d’intervalles.
« Ne sommes nous pas face à un dilemme ? », demanda-t-elle en élargissant son sourire et en éclairant le visage de Wakks avec sa torche.
Donc elle faisait la maline même avec du C4 dans les poches ? Wakks lui fit un même sourire par contagion et s’approcha d’elle en entamant ses frontières personnelles.
« Ce serait pas beau ça ? Toi, moi, nos corps réduit en poussières, mélés par l’explosif, en emportant éhontément ce brave petit garde que tu me colles quand même dans le dos ? Ca te change de ton comptoir à torchon hein ? »
« Je n’ai pas envie de mourir, je le confesse. Pas plus que vous. Mais, dois-je dire à mon garde de s’approcher ? Il sera alors dans votre dos. Hors, j’ai cru comprendre que ce n’était pas trop votre approche de la situation. Nous sommes donc face à un dilemme, que l’explosif peut résoudre, je l’avoue, et après ? », dit-elle d’un ton supérieur en arquant les sourcils.
« Et après boum. Pas si baratineur que ça le client...il reste à l’écart ou on met fin au jeu maintenant. Je t’avais prévenu. »
Wakks baissa sa main armée de la grenade et sortit de sa poche un détonateur qu’il décapuchonna sans la moindre retenue.
« Je sais pas si tu crois à ce qu’on appelle l’enfer mais il parait que c’est sympa pour la débauche. On s’y retrouve dans quelques secondes... »
Et son pouce voyagea dans le but d’appuyer sur le bouton.
« Très bien. Très bien. Il reste à l’écart. », dit-elle en levant sa main libre pour l’arrêter. « Il n’approchera pas plus. Sinon, il l’aurait déjà fait. »
Wakks regarda brièvement en arrière avec un petit sourire et rangea son détonateur.
« Dommage. On aurait été plus tranquille pour poursuivre notre discussion sur les dents et les lèvres. Bref, retournons à nos affaires, chère Emma... »
La jeune femme se tourna sur elle même et poursuivit son chemin. Quelques secondes après, les bruits de pas dans le dos des deux jeunes gens reprirent, mais il ne semblait pas se rapprocher, observant une distance assez longue. « Au fait, je m’appelle Inge, pas Emma. Je déteste vraiment ce nom. », fit-elle observer alors avant d’ajouter : « Et votre histoire de dents et de lèvres prouve bien que vous ne connaissez rien aux femmes, ce qui m’arrange bien. ». Au détour d’un coude du couloir, une porte en bois s’offrit à eux.
« Hm...oui, Inge c’est plus beau qu’Emma. Et puis quand cette histoire sera terminée, on pourra se retrouver sur cette charmante planète pour faire mon éducation en femme. » Continua-t-il en fixant la porte. « Tu attends d’être couverte de rides pour en finir avec ça ou la bonne occasion qui nous rendra riche ? »
Elle rigola franchement cette fois-ci, d’un petit rire cristallin fortement amusée, comme si ce qu’il venait de dire était des plus drôles. Elle appuya sa main contre la porte avant de déclarer, alors qu’elle reprenait son sérieux.
« Mais mon cher, les rides ne m’atteignent pas voyons. ». Elle haussa des épaules en faisant preuve de coquetterie, et elle poussa la porte, dévoilant une pièce. Ils étaient arrivés. Il faisait sombre puisqu’aucune torche ne brûlait. Elle se déporta sur la droite et alla allumer tour à tour les torches de la pièce arrondie. Mais déjà, les lentilles de Wakks utilisant la lumière des torches pour affiner la pièce purent lui montrer que des cages suspendues dans lesquelles on trouvait des hommes et des femmes nus étaient disposées en cercle elles aussi. Inge continuait d’allumer les torches, sans se soucier du soldat. Au centre des cages, une chaise était disposée sur laquelle trônait une figure connue. D’ailleurs, cet homme mit sa main devant ses yeux, comme pour se protéger de cette clarté soudaine que les torches projettaient de façon cruelle maintenant que la fille du comptoir avait presque fait le tour de la pièce.

« Qui… qui est là ? », dit-il d’une voix faible. Ses cheveux pendaient mollement sur ses épaules décharnées, la peau de ses bras pendait mollement tandis qu’il essayait de s’accoutumer à la lumière.

Et alors que Wakks entendait ceci dans son oreille dans un concert de friture :
// Wa… Tra… tr… ….se //, il reconnut là Jörg Janssen.
Wakks n’avait pas réagi avec de la surprise en le voyant là. Quelque chose avait vibré dans son corps, mais son jeu d’acteur était resté intact. Il s’approcha un peu de Janssen avant de lever le nez sur la jeune femme et de lui déclarer, comme si elle avait commis une grave erreur :
« Bordel, Inge ! Tu sais quelle valeur il peut avoir celui-là pour un Genii ou même les Wraiths ? » Il fit un geste de main comme pour signaler le massacre. « Il faut être con pour maltraiter la marchandise. Il est où ton fameux contact, et pourquoi vous ne les avez pas encore vendu ?!? T’as perdu la moitié du gain rien qu’en le mettant dans cet état ! »

Ce n’était pas la première fois que le soldat jouait les infiltrés pour endormir la méfiance. Là, la situation était particulièrement critique. Il venait de retrouver l’un des membres de l’équipe par l’économie souterraine. Comme il le supposait, un Atlante perdu était une cible en or pour des ennemis tels que les Geniis ou les Wraiths. Mais vu à quel point sa radio grésillait, il était évident que le lieutenant n’avait pas pu comprendre qu’un des équipiers venaient d’être retrouvé. Wakks ne s’en sortirait pas seul et il estimait qu’Inge, qui avait prouvé ne pas être stupide, ne lui mettrait pas le nez sur un Atlante retenu en otage sans que cela ne serve de test. Il y aurait forcément de quoi l’empêcher de donner l’alerte s’il se révélait sous son grand jour. Donc il fallait continuer le cinéma...
En somme, Norman était bien décidé à jouer la pourriture jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’une occasion se présente. Tant qu’il n’avait pas la possibilité d’alerter Allen, et par extension Hoffman, il ne fallait pas tout gâcher en révélant son jeu. Ce qui importait, c’est de représenter pour les autres le traître Atlante le plus convainquant. Raison pour laquelle ce pauvre Janssens ne trouverait pas en Wakks le sauveur qu’il attendait, lorsqu’il le découvrirait, mais plutôt l’ordure de déserteur qui aiderait Inge à le vendre comme un vulgaire morceau de viande.

Wakks leva le nez et fixa les différentes cages en essayant de trouver le reste de l’équipe. Mais extérieurement, il déguisait cela sous l'appât du gain et le calcul de ce que tous ces gens rapporteraient aux bonnes personnes :
« La privation, c’est pour les invendables et les invendus Inge. C’est la base du commerce ! Si tu veux te faire un paquet, il va falloir le remettre en forme ce con-là... »

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Sam 28 Avr - 23:44

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Le verbe à vif

Inge "Emma" & Normann Wakks

Nuit du lundi 04 au mardi 05 septembre + parallèle Verbe à vif



Partie parallèle de Verbe à vif

Menteur VS Menteur Rcwakk10

« Qui te dit que je veux les vendre ? Il est juste comme cela parce qu’il a déjà servi... », fit la concernée en répondant finalement, ce qu’elle ne faisait pas jusqu’alors. Elle s’adossa sur le mur près de la porte en bois refermée, un petit sourire sur les lèvres. « Dis voir, la fille de ton équipe là, elle a quel âge ? », fit-elle de but en blanc.
En observant les cages, il y avait bien un bras à la peau noire qui dépassait de l’une d’entre elles, alors que la plupart des personnes dedans étaient blanches. D’ailleurs, tout ce petit monde se réveillait progressivement d’une léthargie profonde. Le bras en question s’accrocha à la barre en fer d’un de ces barreaux. Les cages étaient suspendues dans le vide, si bien qu’au moindre mouvement à l’intérieur, un balancier se faisait plus ou moins rapidement. Ils semblaient tous nus.

« Dieu soit loué, vous êtes d’Atlantis... », souffla le scientifique. Il tenta de se lever, mais Inge fit un petit “tut tut tut” avec sa bouche, comme elle l’aurait fait avec un chien, et le suédois se figea sur place, s’arrêtant dans son mouvement avec une expression d’épouvante sur le visage. Finalement, ne tenant pas vraiment sur ses jambes, il retomba sur sa chaise mollement.
« Ta gueule, bouffon ! » Râla Wakks en même temps, n’en ayant rien à faire de son espoir. Il s’approcha d’Inge qui, visiblement, lui bloquait la sortie.
« Tu recommences à vouloir me doubler très chère. Ca devient pénible... On parlera marchandise quand j’aurai vu ce fameux contact. Et puisqu’il n’y a personne à part toi dans cette pièce, qu’est-ce que je dois en déduire ? »

« Je ne sais pas, c’est toi monsieur je réfléchis à ma place depuis toute à l’heure. Alors, éclaire moi de tes lumières. », dit-elle sans s'embarrasser de le vouvoyer maintenant qu’ils étaient dans la pièce. Elle ne cherchait pas à l’empêcher de rejoindre la porte, elle était juste appuyée sur le côté du chambranle et elle le toisait simplement.
Norman secoua négativement la tête.
« Eh bien. Je viens en bon marchand et tu me montres une cellule au lieu de ton contact. Donc soit tu veux prendre du galon et doubler ce cher monsieur. Soit tu penses pouvoir me faire entrer dans l’une de ces cages. »
Wakks était tranquillement en train de remettre la goupille qu’il avait gardé à son doigt pour désarmer la cuillère et se libérer de la grenade qu’il rangea tranquillement dans sa poche. Il s’approcha ensuite de la jeune femme avec son habituel sourire, sa main droite allant se poser sur son fusil à pompe pour se préparer à répondre à un assaut. Dans le pire des cas, il valait mieux qu’il soit capturé que de flinguer le reste de l’équipe avec des éclats de grenade.
« Tu n’as pas respecté ta parole Inge. Alors, on commence la danse ? »
Norman savait que ses transmissions radio ne passaient plus. Il était seul, dans un environnement inconnu, avec la nécessité de préserver les apparences. Sa main migra sur la crosse de son fusil à pompe mais il ne le pointa pas tout de suite sur la jeune femme. Il attendait un geste de sa part pour la descendre, qu’elle soit la première à ouvrir les hostilités. L’homme respirait lentement, calmement, la fixant silencieusement dans les yeux. A croire qu’il s’agissait d’un duel de western. Ca l’excitait encore plus ce petit jeu.
Inge voulait jouer depuis le début. Songeant peut-être s’offrir un petit bonus en l’amenant jusqu’aux autres pour le capturer, un semblant de film d’horreur en somme. Mais le militaire avait de la ressource.
« Tu te décides, chérie ? » Fit-il d’un air sombre et moqueur.

Inge ne bougeait toujours pas. Elle souriait tranquillement, les bras toujours croisés. Elle écouta le petit speech de Wakks sans sourciller, le laissant faire ses déductions, et elle poussa un soupir profond en secouant la tête de gauche et de droite.
« Tu es vraiment trop sûr de toi et trop aveuglé par ton machisme. Je suis le contact. Mais qui penserait que ce soit Inge qui réfléchisse ? Qui ? Elle passe le chiffon ? Elle est juste mignonne, à peine belle à regarder, et pourquoi est-ce qu’elle réfléchirait ? En plus elle prend des précautions inutiles, elle fait monter le prix, et blablabla. » Cette fois elle se décolla de la porte, avança un peu vers Wakks et elle se planta devant lui :
« J’avais envie de te garder pour te reproduire avec moi, mais en fait, je choisirai un autre atlante avec une intelligence plus développée. »
Sans rien ajouter, elle le contourna, et alla vers le scientifique qui, depuis qu’il s’était fait envoyer paître par le soldat, restait dans un profond mutisme. Elle passa derrière lui.
Wakks la suivait des yeux et ricana.
« Excellente couverture, c’est vrai. Maintenant c’est beaucoup plus sérieux. Mais je moque de ton derrière, dans la mesure où je n’y connais rien comme tu le dis, moi je suis là pour faire affaire. Pas toi ? »
« Mais l’affaire est déjà conclue. », dit-elle simplement en posant ses deux mains sur les épaules du suédois.
Wakks s’approcha de quelques pas, histoire qu’il puisse lever son canon et lui envoyer de la mitraille dans la face en ne faisant que rendre sourd Janssens. Au passage, il surveillait les mains de la donzelle, les sens en alerte. Ca sentait de plus en plus mauvais cette affaire.
« Développe. »
« Tu restes sagement ici avec tes copains, et moi je remonte à la surface en jouant les filles éplorées, et je ramène le reste de tes amis ici pour qu’ils te sauvent. Ensuite, on les échange, tu es riche, je suis riche, et on en parle plus. », dit-elle tranquillement, comme si l’affaire était entendue.
« Tu penses vraiment que je vais t’attendre sagement dans ce trou humide en espérant que tu tiennes parole ? Allons Inge...je suis un imbécile naïf à tes yeux...mais pas à ce point ! »
« Je ne pense pas non. », fit-elle de façon énigmatique.
« Ils sont malins, ils ne te suivront jamais pour quelques pleurs et du théâtre de bas étage. Trouve-mieux ou je m’en mêle. »
« Dit-il alors qu’il est là. », fit-elle dans un nouveau soupir. « Tu pensais me berner, et pourtant c’est toi qui est dans une position délicate. Alors pourquoi est-ce que je ne pourrai pas y parvenir avec les trois autres ? D’ailleurs... » Elle tapota sur la tête du vieux d’un air accusateur : « Tu ne m’as pas répondu, et ça, je n’aime pas beaucoup. »
« Ton numéro de danseuse ne me plait pas non plus. » Fit Wakks d’un air mauvais. « Tu me fais perdre mon temps. Décide toi vite, tu m’attaques ou on fait affaire. »
« Je te l’ai dit. Mon affaire est conclue déjà. Et ce n’est pas moi qui vais t’attaquer. » Elle se pencha à l’oreille de Jorg. « Tu as une chance de sortir d’ici et de ne plus avoir à faire à Banner. Il te suffit de faire en sorte qu’il prenne ta place. »
« Je… je... »
« Parce que tu crois pouvoir convaincre un gars comme lui ? Il sait très bien que tu le laisseras jamais sortir, il en sait trop. » Il acquiesça. « Banner. Et bien voilà, on y est. »
Le scientifique avait baissé la tête, ramassé sur lui-même. « Je suis… je suis désolé... », baragouina-t-il. La jeune femme ne répondit pas à Wakks, l’observant un oeil amusé, quand soudainement, le scientifique se leva en ramenant ses mains devant lui, mains qu’il avait laissé traîner près de sa chaise en s’affalant. Il tenait une sorte de lame qu’il essaya d’enfoncer dans le ventre du militaire avec un cri de sauvage à moitié féminin, tandis qu’Inge se reculait de la chaise pour rejoindre le mur de l’autre côté de la porte, entre deux cages.

Le soldat ne patienta pas, il n’attendit pas de voir ce que Janssens allait faire ni le raisonner. Un scientifique dans son genre qui allait jusqu’à se battre contre un militaire Atlante avec une simple lame témoignait d’une telle détresse que ce Banner avait dû lui faire vivre un vrai calvaire. Wakks était en très mauvaise position, il maugréait intérieurement de s’être fait avoir de la sorte mais c’était le risque du métier, on ne gagnait pas toujours. Wakks, qui avait le fusil à pompe en main, le plaça entre lui et l’homme pour l’empêcher d’avancer davantage et il usa de son élan pour le déporter sur le côté, de quoi armer sa crosse et de lui balancer un bon coup derrière le crâne.
Il se détourna alors brutalement et tira une cartouche de son fusil à pompe sur le sol, à peine à quelques pas de Inge, de quoi lui faire sentir les éclats et la faire danser quelque peu. Les cages étaient trop proches et si la jeune femme avait eu autant d’assurance dans cette salle, c’est bien que sa mort, ou l’estropier, n’y changerait rien au final. Wakks ramena la pompe de son fusil pour engager une nouvelle cartouche et il posa son pied sur le dos de Janssens, l’obligeant à rester allongé. Il pointa les pieds de la jeune femme et s’écria de manière très menaçante.
« Tu as fini de jouer oui ? Ton Banner a intérêt de se ramener si tu ne veux pas finir cul de jatte !!! »

Inge, bien malgré elle, avait hurlé de terreur quand il avait feu vers ses jambes. Instinctivement, elle s’était rapprochée des cages et elle se planquait maintenant derrière l’une d’entre elle, observant Wakks entre les barreaux et le corps qu’il y avait à l’intérieur. D’ailleurs, les gens dans les cages commençaient à émerger d’une torpeur qui ne devait pas être naturelle. Ça grognait de façon inaudible et ça commençait à bouger. Inge avait un bourdonnement assourdissant dans les oreilles mais elle comprit très bien ce que racontait le jeune homme qui venait de tirer. Elle ne connaissait pas ce type d’arme, mais elle comprenait très bien qu’elle pouvait être mortelle à son endroit.
« BANNER !! », hurla-t-elle en réponse à Wakks.
Dans le même temps, on frappa à la porte en bois fermée.

Le black, qui était un soldat atlante, parvint difficilement à se redresser et coller sa tête endormie entre les barreaux de la cage, et avec un effort surhumain, il parvint à dire :
« N’ouvre pas mec…. n’ouvre pas. Tire toi de là tant qu’tu peux et r’vient avec... », il ne termina pas sa phrase autrement que dans un soupir tandis que Inge qui était planquée sur la cage d’à côté, feula en le coupant dans son élan :
« Tais toi imbécile ! Tais toi ! »

Tout se bousculait dans la tête de Wakks. Son petit tour ne se passait pas si bien que ça et il était en train de lutter pour conserver les apparences. Le fusil pointé en direction d’Inge qui se plaquait lâchement derrière un prisonnier dans sa cage, le militaire la garda en joue comme si sa munition était capable de traverser tout ça. Il déporta un léger instant son regard sur la cage d’à côté, là où un homme le prévenait qu’il ferait mieux de se sauver et de revenir avec quoi...des renforts ? C’est gens-là auraient tôt fait de déménager et d’avoir exécuté les prisonniers s’ils ne pouvaient pas les emmener. Du moins, c’est ce qu’il ferait dans ce cas là.
Son bref coup d’oeil dans sa direction permit de reconnaître à peu près les contours de la figure d’Andrew Barimore. S’il se rappelait du dossier qu’il avait lu, ce type était le lieutenant en charge de l’unité disparue. Et il n’avait vraiment pas l’air bien, la lucidité complétement à l’ouest. Demander à quelqu’un de se barrer quand il n’y a qu’une porte et qu’un Banner cogne sur elle, ce n’est pas la plus riche des idées. Si Wakks ne pouvait pas compléter son “infiltration” avec ce type qui filait la frousse à tout le monde, il serait contraint de lever le masque une fois pour toute. L’homme tenterait de tenir la position avec tous les prisonniers en envoyant des appels à l’aide au reste de l’équipe.

La radio ne marchait quasiment plus, les autres étaient aussi alertes que des ados en lendemain de cuite alors ce plan tenait surtout de la défense désespérée. Non, il fallait la jouer plus fine jusqu’à ce que l’occasion se présente. Wakks n’avait pas le choix, il venait de retrouver la moitié de l’équipe mais il ne pouvait plus avertir son lieutenant. Sans oublier qu’il serait clairement incapable de les ramener à lui seul.

« Ah, bien balancé chérie ! » Fît Wakks en pointant son canon en direction d’Andrew, comme pour le contraindre au silence.

Norman conservait un comportement qui se dissociait clairement des prisonniers. Il faisait mine qu’il en avait rien à cirer, qu’ils le dérangeaient dans ses affaires, mais intérieurement c’était une autre histoire. L’état que l’on pouvait déduire du scientifique et du lieutenant lui donnait envie de ruer dans les brancards, de jouer les gros barbares à la gâchette facile pour creuser un passage à coup de chevrotine et de grenades. De flinguer ces putains d’esclavagistes à bon coup de fusil à pompe dans la face. Il en regrettait l’absence d’Allen pour l’y aider.
Ca aurait été si bon, si grisant. Mais ce n’est qu’une illusion de croire qu’il pouvait les secourir de cette manière. Il fallait faire l’inverse, se désolidariser, les ignorer, et ne surtout pas montrer de compassion.

Une fois encore, on frappa à la porte avec un peu plus de force. Le militaire tourna la tête dans cette direction tout en laissant un large sourire taquin gagner son visage. Il se rappelait avoir remarqué que les verrous étaient situés à l’extérieur, donc là où le type frappait. Quelle idée de croire qu’il irait ouvrir comme un con pour se prendre une porte volante dans le coin du nez ?

C’était quand même amusant.
Plus la situation était dramatique, perturbante, plus Norman aimait son boulot. L’adrénaline était véritablement une drogue et il se retrouvait régulièrement face à la mort. Jusqu’à aujourd’hui, il avait toujours su tirer son épingle du jeu et revenir entier. Maintenant, il se trouvait en face d’une nouvelle épreuve et cela le galvanisait davantage. La pari était sur la table, la mise : sa vie et celle de ceux qu’il venait de découvrir. Sans oublier la fierté, dont il tenait tout de même, qu’il se verrait piétiner s’il était fait prisonnier. Il devrait alors attendre d’être secouru par Hoffman et ça, ça par contre, ça lui donnerait envie de vomir. Rivalité oblige.

Wakks prit sa décision et il recula doucement au centre de la pièce, abaissant son arme vers le bas en position de repos, même s’il la gardait fermement en main avec un doigt sur la gâchette. A reculon, il atteignit la chaise sur laquelle était assis le scientifique à l’origine puis il se tourna face à la porte où ça tambourinait.

« Allez, détends toi ma belle. J’allais quand même pas te priver de ce qui te sert à te reproduire. Après tout, c’est ce que tu as l’air de chercher non ? Un mec intelligent qui a des gènes intelligent pour te faire un gosse intelligent. »

Il campa bien ses jambes au sol, comme s’il était nonchalamment assis et pointa le fusil en direction de la porte.

« Je te laisse choisir Inge. Tu vas ouvrir la porte à notre cher ami Banner avant qu’il ne s’impatiente et on continue de jouer. Ou alors je te flingue à travers ce tas de fiottes suspendues et je m’arrange pour que tu te voies vieillir sans jamais avoir ce que tu désires. Hm ? »

Normann haussa les épaules.

« Je serais toi, je prendrai rapidement ma décision. Je suis pas plus patient que ce bon contact qui ne sait pas tourner une poignée de porte... »

Il fallait vraiment qu’il puisse rétablir le contact. Dès qu’Inge lui tournerait le dos ou qu’elle serait occupée à ouvrir, Wakks comptait réactiver l’émission continue de sa radio dans l’espoir qu’Allen capterait des bouts intéressants.

« Si tu veux, je vais aller ouvrir. », dit-elle hésitante. Elle ne savait pas s’il n’allait pas tout simplement la flinguer au moment même où elle sortirait de sa planque. Aussi, se déplaça-t-elle vers la cage suivante, puis une autre, jusqu’à faire le demi cercle la rapprochant de la porte, tout en gardant une frontière entre elle et lui. Et puis, s’il lui tirait dessus, Banner pourrait la sauver. « On se détend, je vais ouvrir d’accord ? » continua-t-elle en avançant maintenant avec prudence vers la porte. Elle se positionna en face, posa sa main sur la poignée. La porte s’ouvrait vers l’intérieur, vers Inge donc. Soudainement, elle tira légèrement la porte vers elle et elle s’engouffra dans l’ouverture pour se sauver, quitte à ramasser du plomb en passant. Elle n’avait cependant pas ouvert la porte suffisamment pour montrer ce qu’il y avait derrière…

« T’AS OUBLIÉ L’EXPLOSIF DANS TES POCHES, ADIEU INGE !!! » tenta Wakks en hurlant bien fort. Il avait tenté le coup pour l’arrêter et qu’elle revienne sagement. C’est drôle ce qu’elle était bien moins sûre d’elle soudainement. Norman n’avait pas sorti son détonateur, c’était vraiment un gros coup de bluff depuis le début, cette histoire de C4, et il comptait en tirer un maximum, quelques secondes au pire, le temps pour lui de bien viser la porte avec son fusil à pompe et y accueillir le fameux Banner.

« JE L’AI LAISSÉ DANS UNE CAGE !! », put-il entendre de l’autre côté de la porte. Cette dernière était entrebâillée légèrement. Soudainement, quelqu’un la claqua et on commençait à fermer les verrous méthodiquement. D’abord celui du haut…

La réponse d’Inge l’avait fait rire. Elle en avait de la ressource cette petite, plutôt normal d’ailleurs, sinon elle n’aurait pas gratté son comptoir bien longtemps. Il pouvait oublier le bluff, ce temps-là venait de se terminer avec leur volonté de fermer cette porte et de l’emprisonner là-dedans. Ce n’était pas un problème en soit puisque le militaire était équipé pour l’ouvrir. En revanche, le fait que ce Banner ne se soit pas pointé et qu’Inge se soit sauvé comme ça le replaçait directement à la case départ. Soit il s’agissait de gros débutants qui n’avaient même pas de contact. Soit ils partiaient du principe que Normann serait une victime de plus à ajouter à la collection. Ou une toute autre hypothèse qu’il ne pouvait pas envisager. Bref, le soldat arrêta là les frais et assura sa main sur la radio en approchant de la porte.

« //Allen. J’ai retrouvé Janssens et Barimore. Radicell introuvable. Vous me recevez ?// »

Normann se plaça sur le côté du mur où les charnières de la porte étaient bien visibles. Il posa sa main sur le bois pour en déterminer la fermeté et il examina consciencieusement l’ouverture. Il ouvrit ensuite la poche de son gilet qui contenait son gel termite. Il y avait quatre charnières bien solide, en fer, qui supportait un bois massif. L’homme allait devoir tout utiliser pour faire fondre les gonds et leur faire pour bouffer la porte. Le problème, c’est que Andrew, le lieutenant des disparus, était lui aussi dans une cage qui ne s’ouvrirait qu’avec ce même gel. Il ne fallait pas se leurrer, la clé était sacrément loin et un explosif tuerait l’occupant avant même d’abimer la cage.

Wakks avait le coeur qui tambourinait à tout rompre mais il conservait son calme, se disant que la priorité consistait surtout à alerter Allen. Même s’il se faisait prendre, il fallait au moins qu’elle sache que l’équipe était bien là, prisonnière. Pour le reste, elle saurait gérer avec Hoffman et le psy. Une pensée lui vint, d’ailleurs, à l’idée qu’il avait fait défection de son objectif principal : le protéger. Il était trop loin pour veiller sur lui maintenant et ça le bouffait véritablement. Mais d’un autre côté, c’était l’éclate d’être parvenu jusqu’aux disparus. Il lui restait à ne pas tout gâcher en se faisant prendre comme un gland et il se mit à disposer du gel termite sur trois des quatres charnières. Il demeurait exprès en émission continue sur la fréquence personnelle d’Allen pour multiplier les messages.

« //Lieutenant. Equipe retrouvée. Equipe retrouvée. Menace imminente. Reçu ?// »

Le dernier verrou venait d’être tiré. Le type devait surement être en train de se carapater comme un dingue maintenant. Le but de Wakks n’était pas de franchir cette porte et de le tuer au plus vite. Il voulait simplement qu’il n’y ai plus de porte du tout. Le fait que les prisonniers soient à ce point affaibli et sonné lui donnait l’impression qu’ils avaient été soumis à une arme incapacitante, peut-être un gaz, une drogue, ou autre chose. Toujours est-il que cette porte était loin d’apporter une notion de sécurité, c’était surtout pour le retenir, lui et les prisonniers, à l’intérieur. L’instinct de Wakks le poussait à ne pas vouloir rester là.

« //Allen. Janssens et Barimore OK. Radicell introuvable. Sommes menacés.// »

Plus Wakks parlait, plus il avait de chance que certains mots parviennent jusqu’à sa supérieur. Tout tomberait à l’eau s’il ne parvenait pas à lui faire comprendre l’essentiel. Il était alors en train de se reculer après avoir allumé la mèche des trois point de gel termite. Une vive lumière accompagna un feu d’artifice d’étincelles. La température extrême dévora les trois charnières puis le militaire visa celle du bas avec son fusil pour faire feu, sur une distance relativement courte pour imposer un maximum de dégâts. Là, la porte se mit à grincer affreusement et Wakks poussa un cri en y mettant un rude coup d’épaule. Il la poussa encore et encore, le bois massif n’étant plus tenu que par les loquets, et il s’ouvrit ainsi un petit passage pour passer le canon de son fusil à pompe par l’ouverture et viser le couloir par lequel il était venu. Ses lentilles de vision s’adaptèrent et, en usant du panneau de bois comme d’un couvert, il pointa son arme en cherchant un ennemi.
Personne...

« //Lieutenant, vous me recevez ?// »

Le lieutenant Allen ne répondait pourtant pas. Il n’y avait même plus les quelques mots hachurés qu’il avait pu entendre quand il était arrivé à cet endroit. Seule de la friture assez irritable se dégageait de la ligne radio.
« Fait chier !!! »
« Tu es foutu, tu vas finir dans une cage comme moi. Ou pire, comme Janssens qui fait la servante de ces tarés. », fit la voix de Barimore dans son dos. Dans le reste des cages, ça s’agitait. Quelques prisonniers tendaient les bras vers Wakks pour demander à ce qu’on les libère. D’autres se contentaient de le regarder de façon morne, sans rien dire, tandis que certains était vraiment bruyants. Bref, la cellule reprenait vie, mais petit à petit, la fumée des torches qui ne s’évacuait pas, encombrait le plafond.

Gêné par le boucan progressif, Wakks se détourna en pointant son fusil à pompe vers les cages les plus bruyantes.
« Ce sera la fin du jeu pour le connard qui continue de gueuler, je suis assez clair ?!? Fermez-là et tout le monde sortira de ce merdier !!! »
Après s’être assuré d’avoir été compris, ce qui fut le cas puisque tout le monde arrêta son bordel, Wakks vérifia brièvement le couloir avant de s’approcher de Barimore et lui donner ce qu’il lui restait de gel termite.
« Contrairement à toi, j’ai un lieutenant qui peut me dire contre quoi je me bats. Respire un bon coup et dit-moi ce qu’il se passe ici. »
« J’peux te faire un compte rendu, mais ça sera bref. », fit-il en réceptionnant le gel.
Normann alla ensuite en direction de Janssens et l’aida à se redresser un peu. Il faisait peine à voir et le traumatisme psychologique qu’il avait enduré était bien présent. Barimore ne rigolait pas en disant qu’il avait servi de servante, ces types devaient être de sacrées sadiques. Normann décrocha sa radio de son gilet tactique, conservant néanmoins son oreillette, puis le plaqua dans les mains du scientifique. Il lui fila plusieurs claques jusqu’à parvenir à avoir son attention.
« Tu m’entends ? T’es concentré ?!? Ce que tu as dans tes mains, c’est notre ticket de sortie. Il y a la cavalerie derrière. Tu dois réussir à augmenter le signal, qu’on puisse faire passer le message. Démerde-toi, Jörg, tu auras plus de chances de sauver ta vie et les nôtres avec cette radio qu’avec un simple couteau. »
Normann n’attendit pas plus longtemps. Il avait trop tardé à la surveillance du couloir et il valait mieux le surveiller une fois de plus. L’air vicié commença à lui piquer la gorge et le militaire se rendit compte que les torches allaient commencer à poser problème. Il relégua ce problème à un peu plus tard, se disant qu’il ferait signe à Barimore d’éteindre les lumières au fur et à mesure de son histoire. Il avait hâte d’apprendre ce qu’il leur était arrivé et, surtout, ce qu’il pourrait en retirer pour tenir l’ennemi à distance. Comprenant que le couloir était assez long, il décida de troquer son fusil à pompe pour le MP5, n’allumant pas tout de suite la lampe torche. Elle servirait à aveugler l’adversaire.
« Allez lieutenant, j’ai les oreilles grandes ouvertes... »

Le scientifique peinait à reprendre ses esprits et il ne savait pas trop s’il parviendrait à augmenter quoique ce soit. Il semblait complètement perdu, observant la radio un peu stupidement dans sa main. De son côté, Barimore était en train de passer du gel sur sa charnière de cage et il commença à raconter son histoire à Norman, lequel pouvait constater que le couloir était absolument vide. Il n’y avait aucun bruit.
« La seule que je connaisse, c’est Inge. Banner, c’est un peu la légende. On ne sait pas trop qui c’est, sauf la servante là. », fit le soldat en montrant avec un air mêlé de pitié et de dégoût le scientifique. « Tu sens rien pas vrai ? Pas une odeur de merde, de pisse ? Pourtant, tu vois un chiotte quelque part toi ? Ben devine qui nous porte un sceau pour nos besoins ? C’est lui. Il nous donne notre bouffe, notre eau. Bref, il est complètement à la solde de ces gens. Je ne sais pas ce qu’ils lui ont fait... », fit-il d’un ton las. Il était prêt à faire fondre sa porte.

Wakks s’adossa contre la porte pour observer le scientifique. C’est vrai qu’il avait l’air plus bas que terre. L’absence de souillure ne lui avait pas sauté aux yeux et c’était pourtant un élément assez important en terme d’indice.
« Jörg Janssens. T’es un putain de scientifique. Reprends-toi mon gars, tu peux tous nous sortir de là... » Mentit Wakks dans le seul but de le regonfler d’espoir.
Il ouvrit la poche de sa veste et s’empara d’une de ses barres céréales qu’il lança dans sa direction. Il fît pareil pour le gel énergétique.
« Tu vas laisser ces abrutis surpasser ton intellect ? »
Le militaire faisait ce qu’il pouvait pour le regonfler, sans vraiment de succès parce que le scientifique faisait aller ses yeux de la radio vers le militaire, puis vers la barre énergétique. Il semblait complètement perdu. Il comptait tenir cette position le temps que le binôme puisse se remettre un peu. Ils étaient vraiment dans un sale état et il reste encore plusieurs zones d’ombre qu’il valait mieux éclaircir avant de recevoir la prochaine surprise de l’ennemi. Enfoncer Jörg ne servait à rien, ce type était une victime et il valait mieux tenter l’impossible avec une radio et ses doigts de fée plutôt que de le garder dans son rôle de servante.
« Inge n’a pas le coffre pour gérer tout ça...faut voir comment elle s’est chiée dessus quand j’ai tiré. Il y a d’autres enfoirés dans le coup, c’est certain. »
Wakks attendit qu’Andrew se libère puis il l’aida à descendre de la cage. Il reprit alors :
« Jessy est vivante. On l’a sortie des griffes des barbares de l’autre planète. Je veux savoir pourquoi vous ne vous êtes pas barré sur le site Alpha et pourquoi vous l’avez laissée là-bas... »
Le militaire lui donna ce qu’il restait de vivre avant de retourner devant sa barricade.

« Putain, je suis soulagé d’entendre ça... », souffla le bonhomme. « C’est une histoire compliquée… »
« Décomplique en une phrase, on a pas le temps... » Lança Normann en souriant. « Et le dernier, il est où ? »
« Pour résumer… PUTAIN JORG !! », gueula Barimore alors que le scientifique venait de taper sur la radio avec la paume de sa main, sur le sol, pour la casser une bonne fois pour toute. Il commençait même à crier :
« Pas atlante, pas atlante. Ce mec m’a frappé ! Ce mec m’a frappé ! Ennemi !! Marre de servir ces enfoirés ! »
« Je jouais la comédie, espèce de con ! » S’écria sèchement Wakks en s’approchant de lui. « Tourne-toi, abruti, que je t’attache les mains... » Son MP5 venait de monter sur sa tête. « Allonge-toi tout de suite sur le sol où tu iras torcher le cul du Bon Dieu ce coup-là... »
« Si tu es vraiment un atlante, tu ne feras pas ça. », le défia-t-il du regard sans présenter ses mains ou sans se tourner. Au contraire, il essaya même de se lever.
« Je suis du Dédale ! » Balança Wakks en même temps qu’un bon gros coup de savate dans sa poitrine pour le faire tomber sur le sol.
Jörg lui faisait perdre un temps monstre, il faisait une parfaite diversion pour l’ennemi et Normann commençait à en avoir ras le bol de ne même pas pouvoir compter sur ses propres collègues. Que ce type ai un doute passe encore. Mais que ce doute surpasse l’idée même qu’il détenait dans sa main une radio et la possibilité de lancer un appel au secours, ce qu’il devait surement rêver depuis un bail, ça le dépassait.
Le militaire ne fut pas tendre du tout avec le scientifique mais c’était pour son bien. A ce point là, il était une menace pour lui et tout le reste des prisonniers. Wakks fit attention à ce que l’homme ne soit pas armé et tenta de le maîtriser pour lui attacher les mains dans le dos avec des serflexs.
« Y’a un psy en or qui t’attends mon gars... » Il s’adressa ensuite à Andrew par-dessus son épaule. « J’attends toujours le résumé, lieutenant... »
La mention du Dédale avait fini de ramener Jorg à la réalité et il se calma alors qu’il tentait de se débattre pour se soustraire au militaire, et finalement, il se laissa maîtriser, un peu misérable dans son habit de nudité. Barimore vint se placer aux côtés de Wakks et observait le scientifique d’un air dégoûté.
« On n’a pas pu aller sur le site Alpha. Ces barbares surveillaient l’adresse qu’on tapait, et ils l’ont noté. On savait qu’ici il y avait une radio. Seulement, c’est parti en couille… Putain. »
« HEY WAKKS. T’ES LA ? », hurla la voix de Inge dans le couloir, à une certaine distance. « JE PARIE QUE TU AS FAIT PETER LA PORTE ! »

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Lun 7 Mai - 22:53

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Le verbe à vif

Inge "Emma" & Normann Wakks

Nuit du lundi 04 au mardi 05 septembre + parallèle Verbe à vif



Partie parallèle de Verbe à vif

Menteur VS Menteur Rcwakk10

Un frisson glacé parcourut tout le dos du militaire en entendant le cri de la jeune femme. Un étrange sourire lui vint en se disant qu’elle avait finalement plus de courage qu’il ne le pensait initialement. Sa main était allée contre le torse d’Andrew, comme pour lui intimer le silence. Il ne comptait pas révéler sa position en lui répondant, bien au contraire, retranché comme ça, il valait mieux lui laisser le doute. Qu’ils s’approchent ces bandes de cons, qu’on leur fasse un peu payer leur petit jeu. Normann regarda les deux hommes en posant un doigt sur ses lèvres pour leur intimer le silence. Il se pencha ensuite à l’oreille de Jorg pour lui murmurer :
« Je vais te ramener sur Atlantis. Tiens-toi tranquille... »
Normann se tourna ensuite vers le lieutenant et lui laissa son fusil à pompe. Il hocha la tête, l’invitant à le prendre puis lui fit signe d’éteindre toutes les lumières, de plonger la pièce dans le noir. C’est surement ce qui allait vendre sa présence mais l’avantage serait bien plus de son coté.

Une fois les ordres compris, le militaire se dirigea vers la porte en silence, accroupi, en essayant de ne pas révéler sa position. Il assura sa prise autour de son MP5 puis il posa le bout du canon sur le chambranle abîmé de la porte dégondée pour stabiliser sa visée. Avec ses lentilles, il verrait parfaitement l’ennemi venir. Et s’il approchait suffisamment, Wakks allumerait sa torche dans leur direction. Étant la seule source lumineuse, il les aveuglerait tout en les tirant comme des lapins. Maintenant il ne restait plus qu’à espérer que Jörg ne fasse pas de nouvelles conneries, qu’Andrew ne se décide pas à lui tirer dans le dos, que les prisonniers ne fassent pas la chorale et que cette brave Inge n’ai pas de joker dans sa manche.

Ca faisait beaucoup trop de “si” tout ça. Et ça le faisait sourire, ça le faisait se sentir vivant : ce nouveau défi.
Sa respiration était calme, il était concentré sur sa visée, à l’affût des cibles qui pourraient se présenter. La situation était peut-être dramatique mais il adorait ça. Son seul regret, succès ou défaite, aurait été de faire défaut à sa protection pour Sidney. Donc échouer envers Caldwell. Et surement d’avoir bien faire rire ce bon Hoffman.

« ÇA CHANGE DU GARS BAVARD DE TOUTE A L’HEURE. », fit Inge au bout de quelques secondes, alors que Barimore était en train d’éteindre, avec bien du mal, les torches une à une. Un silence accompagna cette nouvelle déclaration de la jeune femme qui avait manifestement le temps. Le couloir devant Norman était assez long. Il se souvenait parfaitement que l’intersection qu’il avait dépassé avant d’arriver à cette porte, était assez loin en arrière, et c’était une fois qu’il avait dépassé ce carrefour qu’un bruit de poursuite l’avait alerté. Inge devait se trouver quelque part par là, mais difficile, même avec des lentilles, de voir aussi loin.

« OH, MAIS ON ETEINT LA LUMIERE ? », fit-elle de nouveau, voyant la luminosité disparaître totalement dans le fond. Barimore revint à tâton vers Wakks et murmura : « Je n’ai plus mes lentilles alors je suis totalement aveugle mec. C’est quoi le plan ? »
« Je vais lui régler son compte. Reste à l’abri et tient bien ton collègue... »
Le scientifique qui s’était tenu tranquille jusque là, déclara avec une voix d’outre tombe :
« Quoique vous décidiez, vous n’arriverez à rien. On est cuit, cuit de chez cuit. Sans renfo... »
« HE WAKKS, TOI QUI SAIT TOUT, TU CONNAIS COMMENT ON DEBUSQUE UN LAPIN DE SON TERRIER ? », fit Inge, coupant la chic à Jorg.

Norman sentait l’excitation atteindre un nouveau palier. Inge pensait toujours avoir le dessus sur lui, ça allait finir par causer sa perte. Du moins, il voulait s’amuser à lui jeter sa supériorité à la face lorsqu’il serait en position de force.
Des jappements se firent entendre. Des chiens. Wakks pu entendre des tas de bruits canins avant de voir débouler une meute de chien de chasse, ressemblant à des Fox Terrier, des Bracks, des épagneuls, bref, un assortiment hétéroclite de chiens de chasse qui courraient dans leur direction. Soudainement, un éclair vint percuter avec une certaine violence la porte. C’était une flèche enflammée. Elle était passée si près que Norman se mit instinctivement à couvert, dos à la porte.
« Salope ! » Jura-t-il de façon pratiquement affective.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle avait de la suite dans les idées. Norman n’était jamais déçu avec elle. Il hasarda un coup d’oeil par l’ouverture et comprit que la porte allait s’enflammer à un moment ou un autre. Et ces foutus cleps qui seraient là pour lui bouffer les mains s’il essayait de les retirer.
Une seconde arriva, certainement tirée avec une arbalète. Les deux carreaux étaient fichés dans la porte, brûlant tranquillement, et nul doute que le feu allait se propager au bois dur de l’huisserie dans quelques minutes.
Wakks partit d’un rire franc. C’était comme s’ils se faisaient des coups toujours plus vicelard pour déterminer qui aurait le dessus sur qui. Inge devait surement se dire qu’il était dans une position délicate, ainsi retranché, mais c’était surtout un avantage cette porte. Un avantage qu’il allait devoir sacrifier. Son regard se posa sur un Andrew aveugle :
« Je sais pas pour toi mais je la trouve sacrément bandante... » Fit-il en prenant une grenade à fragmentation. Il tira la goupille mais garda la cuillère coincée dans sa main. « Elle est joueuse. »
« Ptet au début, mais maintenant, largement moins. », maugréa le lieutenant dans sa barbe en se cramponnant à son fusil à pompe, largement inutile dans ces conditions.

Inge savait très bien que les chiens ne feraient pas le poids face aux armes du militaire. Ce n’était qu’une diversion pour les carreaux qu’elle venait de tirer, mais surtout, pour son grand final. En effet, elle était déjà en train d’allumer un tas de branches mortes, de brindilles, d’herbe, sur lequel d’immense feuille d’un arbre que les terriens appellerait ficus elastica, nom scientifique de l’arbre à caoutchouc. Les flammes prirent rapidement, et bientôt, alors que le feu dévorait rapidement ce petit combustible qu’elle alimenta encore et encore, une épaisse fumée noire commença à envahir le couloir bas de plafond. Le temps que Wakks se débarasse des chiens, il verrait arriver sur lui les volutes de cette fumée nocive.

Seulement, tirer sur des chiens qui bougeaient dans tous les sens, qui sautaient en essayant de passer l’ouverture, ce serait un énorme gâchis de munitions. Le dos collé contre la porte pour faire contrepoids, Wakks grogna en sentant les accoups de ces prédateurs à travers son bouclier de fortune. Il s’apprêtait à leur envoyer cette petite friandise, espérant que l’onde de choc étoufferait les flammes qui dévoraient le bois massif. Bon, sa barricade de fortune allait peut-être s’envoler en même temps mais il tuerait tous les chiens sans prendre de ferraille.

Norman prit une inspiration comme pour se donner du courage puis il fît glisser son explosif. Il fila sur Andrew pour l’écarter de la porte et le plaquer contre le sol. Le vacarme ne tarda pas à secouer toute la salle, déchiquetant la porte et les chiens qui se trouvaient derrière. Le bruit était encore plus assourdissant avec ce couloir et ces parois étriquées. Norman eu un peu de mal à se redresser, un peu déboussolé sur le moment, puis il alla constater le résultat. La porte ne brûlait plus, ce n’était qu’un amas de débris en bois qui ne protégerait plus rien. Juste après, les cadavres des cinq chiens gisaient couvert d’éclats. Certains étaient encore à l’agonie, de plus en plus proche de la mort. Mais le problème venait d’être réglé.

C’est là que Norman constata la progression d’une épaisse nappe de fumée opaque. Une chance qu’il détienne ces lentilles de vision où il aurait été surpris de cette bonne vieille technique de chasse.
Il serra les dents en considérant ce nouvel obstacle, des étincelles dans le regard, comme un sportif qui relevait le défi avec la ferme intention de surprendre l’adversaire.
La petite garce ! Elle voulait les pousser à sortir en les enfumant. Il y avait forcément le comité d’accueil à l’arrivée sinon à quoi bon ?

Le bon point, c’est que Norman était le seul à y voir aussi bien qu’une vision nocturne. Un air malicieux brilla dans son regard, il aida Andrew à se redresser et lui tapota l’épaule pour attirer son attention. Ayant démonté la petite lampe au bout du canon de son MP5, il la lui plaça entre les mains avant de lui murmurer :

« Que tout le monde se colle au sol ou à plancher de cachot. Dans une minute, tu les fait tous tousser. Je compte sur toi mec, fais moi un beau spectacle, qu’elle prenne son pied à nous entendre crever. »
« Je vais voir ce que je peux faire, mais je ne te promets pas la coopération de tout le monde dans ce bordel. Surtout ceux en cage qui vont l’avoir mauvaise.. », fit Barimore. Mais il affecta de faire un sourire dans le noir.

Wakks sortit son poing américain et l’enchassa dans sa main avec une lenteur qui témoignait de la gravité de la situation. A ce point du plan, c’était quitte ou double. Il misait gros et se fiait à ses capacités martiales. Il allait dans un guet-appens, il le savait, Inge n’avait pas pu se balader toute seule avec ses chiens, le nécessaire pour ce feu et l’arbalète. Ou alors, elle était encore plus badass qu’elle ne le laissait présager. Quoiqu’il en soit, Wakks ne devait pas la sous-estimer, tout comme il ne devait pas surestimer ses capacités. Mais bon sang, que c’était grisant d’aller jouer sur son terrain pour lui remettre les pieds sur Terre. Il affermit sa prise sur l’épaule du lieutenant, cherchant à le remonter moralement. Qu’il n’aille pas lui faire un coup à la Janssens.

« Te laisse pas aller, ok ? Dissimule ta lumière et garde courage. »
« T’inquiète mon gars. Pour une fois, on est à l’initiative dans ce bordel, alors c’est pas maintenant que je vais brader mon billet de sortie. », dit-il avec une pointe revancharde dans la bouche.

Norman se sépara de son sac pour être plus léger. Il vérifia qu’il pouvait utiliser sa main malgré la présence du poing américain, pour tirer ou lancer une grenade, puis il évolua en position semi-accroupie jusqu’aux restes de la porte. Les chiens étaient morts et la nappe de fumée avait fait les trois quart du chemin. Le foyer était plutôt loin, au niveau de l’intersection, il allait devoir aller jusqu’à là.

« Tiens le coup lieutenant. Et on rentrera tous à la maison. » Insista Wakks en le regardant. Il hocha la tête avant de conclure par un air ironique qu’il trouvait particulièrement bien choisi : « Bon. C’est parti, je vais lui parler mariage. »
« J’en suis pour être le témoin. », blagua le lieutenant en lui filant une bourrade, signe qu’il allait bien.

Norman passa l’amas de bois en veillant à faire le moins de bruit possible. Il évolua en gardant sa position accroupie, le MP5 pointé vers l’avant, tout les sens en alerte. La nappe de fumée était imposante, elle lui piquait déjà le nez et les yeux malgré le fait qu’il soit plus bas. Tout en avançant encore, Wakks releva un bon morceau de son écharpe militaire pour recouvrir ses narines. Il n’avait pas interêt d’éternuer !

Arrivé à mi-chemin, quelques détails commençaient déjà à lui sauter aux yeux. Inge utilisait un soufflet pour pousser la fumée dans sa direction et elle n’était pas fainéante à la tâche. Une série de toux de plus en plus forte, presque agonisante, chargé de détresse, s’éleva dans son dos. Un sourire lui vint en comprenant qu’Andrew avait réussi son coup, ils étaient en train de faire croire que tous les prisonniers et le militaire était en train d’étouffer dans cette salle.
Wakks avait fait assez de distance, il posa un genou à terre et attendit de voir s’il y avait d’autres personnes. Normalement, si personne ne faisait de lumière dans son dos, personne ne saurait qu’il était juste là, à quelques mètres, en train de la guetter. Le comité d’accueil se révélerait surement pour se préparer à les accueillir, ne se doutant pas qu’un Wakks avait prit les devants dans les ténèbres. Il ne croyait pas qu’Inge puisse être seule. L’astuce d’enfumer quelqu’un pour le faire sortir, c’est justement de pouvoir le capturer après ou de le descendre. Et pour ça, il fallait des mains en plus de celles qui actionnait ce soufflet. Elle était peut-être encore en train de jouer à l’appât avec les copains planqués dans les recoins de l’intersection.

Ce serait se mentir de dire que Norman n’avait pas la trouille. Il jouait très gros et il ne voulait surtout pas se louper. Il ne voulait pas qu’Andrew et Janssens soient repris. Et pour ça, il fallait battre Inge à son propre jeu. Donc pas de précipitation Wakks, vise bien, attend-les sagement !
Il respirait calmement malgré les battements de son coeur. Son doigt glissa sur la gâchette et il assura sa visée en cherchant le ventre d’Inge, en l’attente d’un autre mouvement. De l’apparition du comité.

**Allez ma petite chérie. Ne me dit pas que tu as que ça dans ton sac…** Songea Wakks avec un élan de défi.

Le temps fila pendant quelques secondes, pendant lesquelles Inge continuait de souffler la fumée vers le couloir dans lequel se trouvait Wakks. Seulement, les mecs à l’autre bout, emprisonnés dans leur cocon de ferraille et suspendu, commençaient à tirer la gueule, et le Lieutenant Barimore n’avait plus besoin de leur dire de tousser. La fumée commençait à emplir la pièce pour de bon, et même lui sentait ses yeux qui piquaient.
Satisfaite, Inge arrêta de faire aller son soufflet, et elle tourna la tête vers la droite, donc à la gauche de Wakks, dans l’intersection.
Elle chuchota quelque chose que les crépitements mourants du feu de brindilles étouffèrent. Manifestement, elle était certaine que les prisonniers libres allaient sortir de ce trou à rat. Déjà, dans le dos de Wakks, des hurlements se firent entendre, des râles de protestations, et on tapait clairement sur les cages pour qu’on vienne les aider. La fumée était compacte, et elle n’avait rien pour s’évacuer si ce n’était les interstices entre les pierres, et cela ne faisait qu’un maigre échappatoire pour ces volutes. Le feu ne brûlait plus et la fumée avait cessé de s’échapper en grande quantité. D’ailleurs, Inge se pencha et balança un saut d’eau sur les braises qui déjà s’éteignaient. Elle se dirigea ensuite sur la droite.

Norman comprenait que les captifs commençaient à paniquer. Andrew se demanderait surement comment il pourrait gérer ça et si Wakks ne l’avait tout simplement pas abandonné. Mais ce n’était pas le cas, il se trouvait toujours à l’affût, prêt à l’action. La possibilité d’abandonner les captifs dans les cages était une réalité. Celle de lâcher Barimore et Janssens était tout simplement inconcevable.
Lorsque cette brave Inge murmura quelque chose en direction du couloir de gauche, Norman eu enfin la réponse à sa question. Il baissa son arme pour s’équiper d’une grenade flash, essayant de ne pas trop trembler dans l’empressement de l’occasion qui se présentait à lui. Il dégoupilla celle-ci en la tenant de sa main libre, celle qui n’était pas ganté de son poing américain, puis il fit rapidement quelques pas pour assurer la distance de jet. Inge venait de passer le tournant et Wakks devant agir maintenant, sans plus attendre. Il dosa sagement son élan et envoya l’explosif en biais, lui faisant percuter le mur de ce couloir pour qu’il y entre par ricochet. Une petite surprise pour cette chère Inge qui allait expérimenter la grenade de désencerclement avec ses copains. Le recoin allait protéger Wakks en partie.

La détonation ne fût pas facile à encaisser, même s’il se trouvait en-dehors de sa zone d’effet, à cause de la dimension très réduite du couloir. Il serra les dents en posant une main sur son oreille mais se redressa illico pour monter à l’attaque. Cette fois, c’était pour de bon. Il pointa son MP5 en atteignant l’intersection et contrôla brièvement le coté opposé, là où Inge ne s’y était jamais intéressé, à l’opposé de l’endroit où elle avait murmuré : la droite. Et une fois contrôlé, il se tourna sur le couloir de gauche dans le but de mitrailler sans sourciller les premières cibles, évitant au possible de démolir Inge.
Il avait encore un compte à régler avec elle.

Rien à gauche. A droite, Wakks vit Inge qui se tenait les yeux, complètement désorientée et assourdi, si bien qu’elle ne l’entendit ni ne le vit arriver. Elle avait lâché sa torche de surprise tout en couinant de douleur. Seulement voilà, elle n’était pas seule comme le soldat l’avait supposé. Une silhouette se découpait plus loin derrière Inge, et elle se précipita par une porte latérale quand elle vit le soldat émerger du coin du couloir et qu’il l’ajusta pour tirer.

Wakks fût très réactif. Ce type là ne devait pas se sauver et, d’un autre côté, il ne pouvait pas trop s’éloigner de ses protégés. Il fonça jusqu’à se trouver à hauteur de la jeune femme et lui envoya un bon coup de poing américain dans la figure. Un coup à assommer un boeuf qui se passait de toute retenue. Elle risquait peut-être même d’y passer, Wakks ne savait pas trop puisqu’il ne s’intéressa pas plus à sa rivale.

« Désolé Inge. »

Il couru alors jusqu’à la porte et la poussa en pointant son MP5 à l’intérieur. S’il l’avait en mire, il n’hésiterait pas à le tuer !

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Lun 7 Mai - 22:56

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Le verbe à vif

Inge "Emma" & Normann Wakks

Nuit du lundi 04 au mardi 05 septembre + parallèle Verbe à vif



Partie parallèle de Verbe à vif

Menteur VS Menteur Rcwakk10

Il l’attendait derrière la porte précisément. Il n’avait pas fui, non, il voulait juste ménager son effet de surprise. La pièce était éclairée, chichement certes, mais elle l’était quand même, et l’odeur âcre de la fumée flottait doucement. Mais lui, il n’en avait rien à foutre. Il avait fini de jouer avec ce soldat par trop téméraire. Tout encapuchonné, il resta face à l’arme qui le mitrailla allègrement. Son corps tressauta sous les impacts mais il ne tomba pas. La capuche, du fait des vibrations, glissa sur le crâne de l’adversaire de Wakks.

C’était un Wraith. Un putain d’originel Wraith ! Sa dentition exprima un rictus satisfait quand il lut la surprise dans les yeux du soldat atlante. Et soudainement, tout aussi soudainement qu’était son apparition, il attrapa le canon du MP5 et le dévia de sa trajectoire tandis que son autre main venait frapper Wakks en pleine face, un peu comme ce dernier venait de le faire à Inge quelques secondes plus tôt. Un coup, deux coups, trois coups, il le renvoya enfin dans le couloir avec un coup de pied chassé en plein dans le bide, le propulsant sur le mur d’en face. Il y avait mit toute sa force brute dans le but évident de le sonner pour quelques secondes.

« Soldat Wakks. », fit-il de sa voix gutturale. « Gardez vos forces, soldat Wakks. », fit la créature en ressortant dans le couloir en se tenant le ventre, ne se souciant pas vraiment de l’atlante. Il marcha vers Inge, et la dépassa, cueillant Barimore qui arrivait fond de balle dans le couloir après avoir entendu les coups de feu. Son fusil à pompe tira un coup en l’air de surprise, mais bientôt, il en fut dessaisi et il ramassa un coup de crosse dans le nez, le propulsant au sol dans un craquement sinistre.

« Janssen. Prenez les clés sur le bureau, et une arme, et conduisez les prisonniers vivants dans l’autre cellule. Je ne veux pas qu’ils meurent à cause de la fumée. ».

Le scientifique, les mains dans le dos, acquiesça et il dépassa le Wraith sans le regarder, sans regarder Barimore, et sans regarder Wakks… Le Wraith se pencha alors sur Inge. Avec maintes précautions, il la posa contre le mur. Elle avait le visage défoncé par le coup de poing, elle était méconnaissable et sa respiration sifflante ne faisait pas de doute quant à la souffrance qu’elle endurait. Elle tentait de parler, sans grand succès, l’essentiel de ses dents ayant disparu, sans compter sa langue sectionnée à moitié qui l'étouffait plus qu’autre chose.

Un wraith...un putain de Wraith. Un foutu tank sur patte qui se moquait des balles !!!
Wakks continuait de gémir de douleur en forçant sur ses jambes. Il tentait de se redresser sans y parvenir. Le sol tournait tellement qu’à chaque fois qu’il parvenait à se jucher sur ses genoux, il retombait lourdement sur le plancher des vaches. De toute sa vie, il n’avait jamais reçu de tels coups, c’était à croire qu’on lui avait propulsé des blocs de béton en pleine tronche pour finir par le célèbre train de marchandise qui l’avait renversé. Par chance, les lentilles avaient tenu bon et Norman parvenait encore à y voir clair. Se retournant sur le flanc, il parvint à tourner son regard vers l’originel. Il venait de défoncer Barimore à l’instant et s’occupait d’Inge avec une douceur qui l’étonna. Les Wraiths n’étaient pas connu pour ça, il y avait forcément un lien entre les deux.

Wakks serra les dents, sa douleur l’empêchait de se redresser et il se demanda s’il n’avait tout simplement pas quelque chose de cassé. Il s’interrompit soudainement en découvrant le résultat de son attaque. Il avait dévasté le visage de cette jeune femme, en avait fait une estropiée. Il eut un petit pic au coeur en se disant qu’elle aurait vraiment dû accepter son adresse pour se mettre au vert au lieu de jouer avec lui. Mais Wakks n’était pas un enfant de choeur et ceux qui faisaient son métier devait chasser ce type de compassion, de pitié.
La situation s’était brutalement retournée, elle était véritablement critique. Il allait être emprisonné avec les deux autres collègues, Allen et Hoffman n’étaient pas au courant, Sidney ne ferait pas un pli.
Et lui, putain, lui n’avait véritablement pas l’âme d’un prisonnier.

Il parvint à se munir de sa grenade fumigène. Il restait presque plus rien sur sa ceinture et il ne savait plus si son MP5 était vide. De toute façon, ses balles n’arrêteraient même pas cette horreur. Il préférait essayer de reprendre l’avantage dans une tentative désespérée plutôt que de rester là à attendre de se faire bouffer.
Lorsque Janssens passa devant lui, Wakks serra les dents en le regardant avec une haine décuplée. Il avait défoncé sa radio et il écoutait sagement un Wraith ce foutu traître ! Encore un effort et la grenade fumigène fut déclenchée, il la roula en direction du Wraith et donna tout ce qu’il lui restait pour se redresser. Norman profita alors de l’écran du fumée, de la surprise qu’il pourrait causer à l’originel. Il claudiqua et passa la porte, le sol ne cessant de tourner à un rythme fou sous ses pieds. Il accrocha l’épaule de Janssens, s’en servant d’abord comme soutien puis le retourna pour lui envoyer toute la frustration de son échec sous la forme d’un poing en pleine gueule.
« Fils de pute !!! » Râla-t-il brusquement.
Un petit acompte de ce qu’il lui réservait pour avoir jouer le boulet depuis le début.
Toujours déboussolé, Wakks rechercha fébrilement ce fameux bureau, ces fameuses clés et les armes, espérant en trouver une qui serait incapacitante, comme un stunner Wraith par exemple, quelque chose qui lui permettrait de retenir suffisamment l’originel, récupérer Barimore, avant de se tirer en vitesse. Et s’il pouvait empêcher le transfert de prisonniers au passage, ce serait toujours ça de pris.

Wakks était dans une pièce assez importante, et bien éclairée. Il y avait du matériel organique un peu partout, sans compter les différents caissons de stases qui s’étalaient au fond contre le mur. Il pouvait en dénombrer quatre. La fumée qui rentrait par la porte commençait à masquer cette dernière et à investir la salle. Il y avait bien un bureau sur la droite, mais il y en avait un aussi sur la gauche. Janssens s’était ramassé sur le sol et ne bougeait plus, préférant sans doute faire le mort. Wakks, guère lucide des coups qu’il avait pris, pu apercevoir une arme sur le côté d’un bureau, posé contre le flanc de ce dernier. Un fusil incapacitant Wraith ! Il y avait un vrai foutoir dans le bureau, et pourtant, ce foutoir était ordonné. C’était surtout les multiples câbles et autres matériel organique qui donnaient cette impression chaotique. Le fumigène ne faisait plus effet dans le couloir silencieux. Mais, en vase clos, la fumée ne semblait pas vouloir se dissiper, occultant la visibilité proche.

C’est dingue comme il avait pu se faire ramasser en quelques coups de poing et un coup de pied. Pour la peine, si ça n’avait pas été lâché par ce putain de Wraith, Normann en aurait été vexé. Tout cet entrainement pour ça ?
Il s’était déjà battu contre des sbires avec ses armes à feu, très rarement au corps à corps, mais son expérience des originels tenait seulement des “on-dit”. Et maintenant qu’il l’expérimentait, il savait que les rumeurs sur leur forces étaient largement sous-estimées. Oui, ils étaient forts. Mais leurs coups de poings, c’était des foutus boulets de canon. Il avait suffit à Normann de se pencher vers le fusil pour perdre l’équilibre et s’écrouler dessus. Il agrippa l’arme le plus rapidement possible, comme si l’ennemi allait se matérialiser dans son dos, et se traina. A moitié en rampant, à moitié à reculons, il se plaqua le dos contre la paroi organique et pointa Janssens avant de faire feu. Il lui balança un blast pour l’endormir, histoire qu’il ne vienne pas lui jouer un autre sale coup, puis il pointa l’arme en direction de la porte.
Il aurait été plus facile pour Wakks de dire qu’il contrôlait cette entrée, qu’il n’avait pas peur, qu’il était prêt à en découdre. Mais c’était tout l’inverse en fait. Il en trembait, la respiration achurée, et il n’avait tout simplement pas les yeux en face des trous pour faire un tir précis. Il ne tenait absolument pas à retrouver cet originel.
« Bouge, Wakks. »
Il continuait de fixer cette porte comme une bestiole paniquée. Il avait vraiment l’impression d’être aussi solide qu’un nourrisson.
« Allez, dégage putain !!! »
Et il se força à se relever pour se tenir au bureau. Il chercha un autre porte pour quitter l’endroit, essayant d’être le plus alerte. Il n’entendait rien dans le couloir et cela l’inquiétait encore plus.

Il n’y avait pas d’échappatoire. Aucune autre porte ne semblait se dessiner sur un mur dans ce laboratoire des enfers. Il n’y avait qu’une sortie, et la fumée l’encombrait réellement maintenant.
« Hey Wakks, comment ça va là dedans ? Tu as tué ton ami ? », fit la voix de Inge quelque part dans la fumée.
« Tu parles de cet espèce de traître ? Ca va... »
Wakks serra les dents sous le coup de la douleur. Ca ne le quittait plus depuis que ce foutu Wraith l’avait démoli. Il regarda autour de lui, recherchant une issue, puis le plafond. Toujours rien. Inge devait surement l’occuper et il était évident que le Wraith l’avait régénéré. Et dire que son collègue était resté dans le couloir. Est-ce qu’il l’avait bouffé ? L’avait-il remit en prison ou comptait-il le prendre en otage pour forcer Wakks à sortir ?
Il n’avait vraiment pas une âme de prisonnier. Plutôt crever que d’attendre dans la cage.
« Et toi chérie ? Tes dents vont mieux ? »
Wakks prit sa dernière grenade à fragmentation. Il était bien plus léger à force d’en utiliser. Il la dégoupilla en gardant la cuillère, comme la dernière fois, mais avec bien moins d’espoir. Il n’était vraiment pas habitué à ce type d’arme Wraith et ça le gênait davantage. Tirer sur une cible proche et merdique comme Janssens était facile. Mais contre un Wraith qui l’attendait derrière cette porte, ce serait le miracle.
« Tu m’excuseras, je connais pas ma force... »
Toujours aucune issue. Ce serait stupide de faire son baroud d’honneur maintenant, le Wraith sentirait à peine les chatouilles des éclats de grenade...comment tout avait pu foirer à ce point ?
« Tu rêvais de me faire du mal dès la réception, alors non, je ne t’excuserai pas. », répliqua-t-elle d’un ton boudeur. « Allez, sors de là, tu n’as aucune chance, tu peux vivre tu sais. Tu es un homme intéressant et qui a de la ressource. Si tu m’envoies le cadavre de Janssens, on te prend dans l’équipe. ».
Wakks éclata de rire. Une tonalité franche et amusée.
Putain, ce qu’il aimait son métier même dans des situations pareille.
« Te faire mal ?!? Mais non, je suis toujours doux avec les femmes... » Il fixa Janssens et regarda de nouveau autour de lui. Plus il perdait du temps ici, plus le lieutenant risquait sa peau. Et même si ce n’était pas le cas, on l’emménerait ailleurs et Wakks ne parviendrait pas à le retrouver cette fois.
« La vie d’un traître pour en devenir un soi-même...à transporter les seaux de merde ? Nan...je préfère encore que ton copain vienne me chercher ! »
Wakks s’approcha doucement de la porte, loin d’être rassuré à l’idée de l’ouvrir de nouveau. Le wraith pouvait bien être derrière pour lui faire bouffer sa grenade et, pour le moment, c’était surtout à Inge qu’il souhaitait l’offrir. Si le bouffeur n’était pas dans le coin, il aurait surement une chance de rejoindre Andrew.

« Dis celui qui n’a eu de cesse de me menacer tout au long de notre cheminement. » Il y eut une pause - peut-être qu’elle soupirait - pause qu’elle brisa en ajoutant : « Mais bon, je vois que tu me considères toujours à ma plus faible valeur. Comme si j’allais proposer à un gars comme toi de faire le porteur des excréments des autres. Tu as plus de ressources que ça. Tu pourras rabattre des gens pour nous, et dans le “nous”, je t’inclus dedans. »

Wakks atteignit le chambranle de la porte. Il posa doucement l’arme Wraith contre le mur et resta de côté, expirant lentement sous la pression qui lui bouffait les intestins.
« Tu devrais te tirer avant qu’il ne se lasse de toi Inge. T’es assez intelligente pour savoir que ta “vie éternelle” ne va pas durer. Il y a pas d’équipe, t’es une condamnée... »
Il posa la main doucement sur la poignée, essayant de ne pas la faire bouger, se préparant à balancer sa grenade. C’était encore une stratégie de bas étage mais, en l’état, il n’avait plus vraiment d’idée. Inge ne resterait pas trop loin du Wraith et il fallait espérer que la détonation occuperait ces deux là suffisament longtemps. Ensuite, il tirerait à vue avec ce machin Wraith en profitant de la confusion et irait s’enquérir de Barimore. L’espace d’un instant, il regretta l’absence d’Allen. Un putain d’officier à la matière grise remplie qui lui aurait trouvé la solution. Mais bon, pas Hoffman, le regret se terminait là où la fierté commençait.

« Je vois qu’on ne peut toujours pas discuter avec toi. Tu ramènes tout à moi. Je me sens flattée, mais qu’importe. Ah, au fait, on te laisse ton ami dans le couloir. », dit-elle en ricanant, ricanement qui allait en s’éloignant.
Wakks pesta. Dans le couloir, si elle disait la vérité, la grenade le tuerait aussi. L’autre bon point, c’est que le fusil à pompe était peut-être toujours là-bas et il se sentirait plus à l’aise avec ça entre les mains. Ni une ni deux, Wakks ouvrit la porte en gardant la grenade en main, prêt à l’envoyer sur celui qui lui voudrait la peau.

Il n’y avait personne dans le couloir. Du moins, personne de visible. La fumée faisait toujours un écran, mais elle commençait à se dissiper malgré le manque d’air qui circulait dans les coursives. Aucune trace de Inge, ni du Wraith. En tâtonnant un peu, Wakks heurta quelque chose au sol. C’était un corps. Barrimore. Barrimore âgé. 70 ans tout au plus. Il regardait Wakks sans vraiment le voir, la respiration sifflante et aigüe.
Le militaire eut l’impression que le sol s’était dérobé sous ses pieds en plus de l’immense sentiment de faillite. Voilà, voilà pourquoi Inge l’avait fait causé tout ce temps. Après l’avoir soigné, ce putain de Wraith s’était fait plaisir sur le lieutenant. Il lui avait promis de le ramener sur Atlantis et il était mourant, forcément intransportable, et sa vie était foutue. Le seul moyen, c’était de forcer le Wraith à rendre ce qu’il avait prit...mais comment allait-il réussir son coup ? Et est-ce que Barrimore tiendrait jusque là ?
Une forme de plan venait de se monter dans sa tête alors qu’il prenait la main osseuse du lieutenant dans la sienne, gardant la grenade fermement empoignée dans l’autre. Oui, il ne savait pas encore bien comment, mais il y avait une chose qui pouvait pousser le Wraith à rendre la jeunesse à son collègue. Wakks avait désobéi au vieux, une première dans sa carrière, en délaissant Sidney. Pas question de lâcher Barrimore maintenant.
Mais le choix ne lui appartenait pas. Ce n’était pas le sien, il aurait voulu qu’on le lui laisse si les rôles étaient inversés.
« Je vais te tirer de ce merdier mon gars. Je sais comment te ramener tes bougies...Presse ma main si t’es toujours de la partie. Sinon... » Il hésita, la rage bouillonnant au fond de lui. « Sinon deux fois, et tout s’arrête pour de bon...je te libère. »

L’homme pressa sa main. Le temps s’allongea, mais il ne le fit pas deux fois. Au lieu de ça, il avait maintenu une certaine pression, et du peu de force qu’il lui restait, mais qui démontrait qu’il avait eu une bonne condition physique dans sa jeunesse perdue, il tira le soldat Wakks vers lui pour murmurer d’une voix hasardeuse et chaotique : « Semper fi. »
Wakks hocha la tête, le coeur regonflé d’espoir. Il n’était pas des marines des états-unis. Mais il connaissait très bien ce trait de caractère qu’ils partageaient dans cette armée. Semper fi, toujours fidèle. C’est ce qui l’avait conduit durant des années à ce travail et Norman déduisait que c’était loin d’être fini. Non, Inge avait gagné la bataille en sortant la carte “Wraith surprise !” mais l’homme était loin d’en avoir fini avec elle. Il pressa la main de Barrimore puis, après avoir de nouveau rangé sa grenade, il l’attira dans le bureau où se trouvaient encore Janssens. Ce petit bâtard là, il le ligota encore plus avec des liens qu’il trouva dans cette salle. Il avait besoin de garder les Serflex qu’il lui restait pour Inge alors il procédait autrement.

Barrimore fût placé dos contre le mur, pile devant la porte. Wakks récupéra le fusil à pompe qu’il lui plaça entre les mains, les doigts sur la détente, ajustant le canon à l’aide d’une chaise pour en faire un appui permanent. Puis après avoir regardé une dernière fois le vieillard qu’était le soldat, Norman lui fit un signe se voulant encourageant avant de partir au triple galop. Inge avait de l’avance et il devait à tout prix le combler. Il devait la trouver elle et s’occuper de son cas...tout en passant sous le nez du Wraith.
Avec ce coup dans la trombine et sa santé renouvelée, cette chère aubergiste allait fatalement se changer et se laver. C’était là qu’il comptait lui donner rendez-vous. Encore fallait-il travailler sa matière grise pour pouvoir s’orienter et se rappeler du chemin.

**Inge 1 - Wakks 0. Remise en jeu.** Songea-t-il alors qu’il assurait sa prise autour de l’arme Wraith.

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Lun 7 Mai - 22:57

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Le verbe à vif

Inge "Emma" & Normann Wakks

Nuit du lundi 04 au mardi 05 septembre + parallèle Verbe à vif



Partie parallèle de Verbe à vif

Les couloirs se ressemblaient tous, c’était le problème. Et Inge avait volontairement fait des détours pour perdre Wakks sur l’aller. Ça n’arrangeait pas les choses, il fallait le reconnaître. Mais la jeune femme n’avait pas beaucoup d’avance sur l’homme. Le plus inquiétant restait que le Wraith était aux abonnés absents. Alors que le militaire passait rapidement une nouvelle intersection, persuadée que c’était par là qu’était la sortie, il avisa du coin de l’oeil une lumière vacillante, celle d’une torche très certainement. Après avoir fait demi-tour, et de s’être engagé dans le couloir, Wakks fut certain de son fait. C’était bien une torche. D’ailleurs, il combla l’avance et il put voir la silhouette de Inge, laquelle se retourna, poussa un petit cri de surprise et elle commença à courir de plus belle, disparaissant dans un coude.

A la sortie du coude, un escalier montait, en haut duquel il y avait une trappe en bois qui se fermait de l’intérieur. Le loquet était ouvert, et c’était certainement par là que Inge avait disparu. En l’ouvrant, le jeune homme vit qu’il était dans la forêt. Aucune trace de l'hôtel aux alentours, il devait en être loin encore. La torche était sur le sol, en train de mourir à cause de l’humidité ambiante. Inge était en train de courir entre les arbres.

« Putain !!! » jura l’homme en pointant sa cible avec l’arme Wraith.

Il prit conscience immédiatement qu’avec l’écart qu’elle avait creusé, les obstacles et sa méconnaissance du fusil Wraith, le tir avait toutes les chances d’échouer. Pire, Inge allait augmenter son avance et réussir, forcément, à lui échapper.
Pas question ! Wakks jeta l’arme sur le côté pour s'alléger et prit la jeune femme en chasse. Il savait qu’abandonner ce moyen neutralisant allait l’handicaper pour la suite. Inge ne se laisserait pas faire et le Wraith pourrait toujours débarquer pour le finir pour de bon. Mais Normann n’avait pas le choix. Si cette garce se sauvait maintenant, elle comprendrait le risque qu’elle avait couru et l’occasion ne se présenterait jamais plus.
L’attaque du Wraith avait bien affaibli le soldat. Se prendre des coups pareils et sprinter dans les bois par la suite tenait d’un véritable défi qu’il tenta de relever au mieux. Son souffle était rauque, il se donnait à mille pour cent et il était encouragé en voyant l’écart se réduire.

Rien que la respiration sur ses dents lui donnait l’impression qu’ils pouvaient les perdre tant l’effet de l’agression restait présente. Mais Wakks décida d’ignorer tout ça. Il le devait pour Andrew, la capture d’Inge était une absolue nécessité.

« Cours, salope ! Tu vas pas assez vite !! » S’écria-t-il pour lui mettre la pression.

Il avait hâte de la voir se rétamer en accrochant une racine ou un dénivelé. Le tout était d’y échapper soi-même et de ne pas tomber dans un quelconque piège qu’elle lui aurait tendu et dont il n’aurait aucune idée. Un point de côté commençait à grandir sur flanc mais il voyait l’écart se raccourcir encore. Wakks devait y arriver, il ne pouvait pas échouer. Il tendit la main, frôlant de près les cheveux de la jeune femme. Il était à deux doigts d’y parvenir.

« Parle pour toi le primitif !! », répondit-elle en allongeant sa foulée au maximum. Mais elle sentait qu’elle allait se faire chopper. Elle pensait que Banner lui en avait collé suffisamment dans la tronche pour le tenir dans son bureau, mais il fallait croire que non. Elle pensait qu’il aurait inspecté les lieux, qu’il aurait trouvé son autre copain… Mais non, elle s’était fourvoyée. Il était véritablement amoureux ce con !
Soudainement, elle s’arrêta nette dans sa course, freinant des deux pieds. Le problème, c’était qu’ils étaient tous les deux lancés comme des lévriers après leur leurre, et quand il la percuta du fait de son arrêt subit, elle bascula en avant avec lui, et le sol se déroba sous ses pieds. La chute fut rude dans un trou camouflé et profond, embarquant avec eux le branchage tissé sur le sol pour supporter un tapis de feuilles assemblées là à dessein. Ils tombèrent au fond du trou. Inge se réceptionna mal et son poignet craqua affreusement lors de la chute. Elle poussa une plainte terrible en roulant dans les branches et les feuilles, s’immobilisant contre la paroi du mur, les cheveux en vracs.

« T’es vraiment un boulet. », pleura-t-elle en se tenant le bras de douleur, tout en restant allongée sur le sol en considérant la hauteur qui les séparait du sol de la forêt. Même à deux, ils ne pourraient pas se hisser en haut. L’escalade allait être compliquée avec les parois en terre meuble…

Wakks se redressa difficilement en grimaçant. Il avait percuté la paroi au voyage et pouvait s’estimer heureux de ne rien avoir de cassé. Cela ne changeait pas le fait qu’il s’était fait brassé et qu’il récupérait longuement son souffle en regardant en l’air. Le piège dans lequel ils venaient de tomber était profond, surement prévu pour la chasse. Cinq mètres à vu de nez et avec de la terre qui s’effondrait bien facilement.

« Et merde... » fît Normann en s’adossant contre la paroi à l’opposé d’Inge. Il la laissa pleurer sans répondre à sa réplique, trop occupé à essayer de trouver une solution.

Il était vernis, sérieusement.
Wakks promettait à un frère d’arme la liberté : il prenait facile quarante ans dans les dents. Maintenant il lui promettait de lui rendre sa jeunesse et le voilà bloqué dans un piège avec l’otage qui devait servir de monnaie d’échange. Si le Wraith revenait sur ses pas pour se charger du lieutenant ? Il restait là, dans ce trou, comme un foutu gland ?

Normann inspira profondément, refusant de se laisser abattre par ce nouvel obstacle. Il regarda Inge se tenir le poignet, comprenant qu’elle était blessée, et comprit qu’elle serait loin d’être une menace. Avec une main restante, elle serait bien en peine de le surprendre. Le soldat ouvrit donc sa veste, en ressentant une soudaine vague d’épuisement, puis il extirpa de sa poche intérieure son paquet de cigarette avec son briquet. Il en colla une entre ses lèvres, ayant l’air ridicule puisqu’elle était tordue à cause de l’aventure, puis il l’alluma avant d’en retirer une bouffée salvatrice. La première, dans ce genre de situation, était toujours délicieuse. Wakks la consomma tranquillement en examinant les parois, la hauteur, essayant d’établir un plan pour se tirer de là.

Inge ne pourrait pas l’aider à sortir de ce trou. Il fallait qu’il trouve un moyen de se faire une issue et de tracter son bagage hors de là. Une idée commençait à se former dans sa tête.
« Il est loin l'hôtel ? »

La jeune femme le regardait, en plissant le nez sous l’odeur qui embaumait le trou dans lequel ils étaient tombés. Elle se calmait progressivement, même si la douleur était vive dans son membre. « Peu importe. », couina-t-elle.
« Développe ! » Ordonna-t-il en se redressant.

Gardant la cigarette entre les lèvres, il s’approcha de la paroi et testa la terre avec ses doigts, se demandant s’il pourrait creuser des trous avec son couteau pour y mettre les pieds...comme pour faire une forme d’échelle en creux.
« J’ai pas envie d’accord ! J’ai mal ! », dit-elle comme excuse en se tenant un peu plus fermement le poignet. Ses larmes avaient creusé des sillons sur ses joues pleines de suie et de poussière.
Wakks empoigna son couteau et commença à creuser. Il comptait tester son plan tout en s’aidant des racines les plus grosses qu’il avait repéré. S’il se faisait des encoches assez profondes là où les racines avaient poussé, peut-être parviendrait-il jusqu’en haut ? En revanche, pour sortir Inge de là, ce serait une autre histoire.
« C’est sûr que de se faire restaurer par un Wraith pour chaque bobo, ça fait passer l’habitude de la douleur. T’étais plus sexy quand tu faisais ta maline derrière la porte... »
« Je t’avais fait une offre, ne fais pas le jaloux maintenant que tu l’as refusé. », dit-elle avec mauvaise humeur, tout en prenant un cailloux sur le sol et en lui balançant dans le dos avec sa main valide.
« Ouais, je suis jaloux. Je t’aurai pas partagé avec Banner de toute façon. »
Normann ignora la petite provoc et testa les premières marches, essayant de progresser un peu plus haut pour en constituer de nouvelles.
Pour le moment ça tenait et Inge le regardait faire sans bouger de sa place. « C’est mon partenaire, c’était avec lui, ou sans toi. C’est vite vu. »
« “Partenaire” ?!? » fît Wakks en rigolant. « T’es conne ou tu t’entraines en fait ? »
La réplique lui fit glisser la clope de sa bouche. Normann pesta intérieurement et continua son ouvrage, peinant à rester en équilibre tout en creusant ses appuis.
« Le type que t’as laissé moisir couvert de rides, ça c’est un partenaire. Lui, c’est qu’un foutu suceur de vie. T’es qu’un jouet pour lui, un objet. Il se débarrassera de toi comme un vulgaire déchet le jour où il se lassera. Tu persistes, t’es condamnée... »
« Sauf que pour le moment, je ne vieillis pas d’un pouce. », fit la jeune femme en se traînant vers la cigarette qui était tombée. Elle la ramassa et tenta de tirer dessus pour aspirer la fumée. Elle se mit à tousser comme une cinglée en lançant la clope plus loin. C’était complètement dégueulasse ce truc !
Wakks ricana en l’entendant tousser.
« Le bienfait vient après la toux... »
Il parvint à monter un peu plus et assura ses prises avant de poursuivre.
« Personne veut vieillir. Mais te leurre pas, un jour il te ponctionnera jusqu’au bout et quand tu comprendras que c’était qu’une illusion, ce sera trop tard. Tu crois qu’il va te maintenir combien de temps comme ça ? Quelques années ? Et après ? »
« Autant de temps que je le lui permettrait. », fit-elle d’un ton suffisant. « Tu persistes à croire que je suis une pauvre fille, mais je mène ma barque comme tout le monde, et je le fais plutôt bien. », dit-elle en s’appuyant contre la paroi, pour le regarder essayer de grimper.
« Tu n’es pas une pauvre fille, t’as de la ressource. » Maugréa Wakks en poursuivant son ascension. Il essayait de creuser assez profond. « Mais t’es trop naïve. Par deux fois j’ai eu l’occasion de te finir et tu penses encore avoir le contrôle de la situation...arrête tes conneries, on ne manipule pas un Wraith. »

Inge se leva péniblement. « Et moi, j’ai eu l’occasion de te finir au moins cinq fois, alors ne te prends pas pour le mec qui contrôle tout non plus. Si tu es en vie, c’est parce que je pensais que tu serais un bon élément pour notre duo. Je me suis trompée. », fit-elle en cherchant quelque chose sur le sol.
« J’ai pas cette prétention. Moi je retournerai chez moi avec mes potes. Toi tu vas croupir ici et te faire bouffer. Chacun son truc. »
Il y était presque. Encore quelques encoches et il pourrait atteindre la surface.
Maintenant il fallait espérer que le Wraith ne l’attende pas sagement en haut.
« J’ai bien envie de te garder avec moi en fait. », fit la jeune femme en prenant un gros caillou cette fois. Elle le lança avec force dans son dos pour le faire lâcher et redescendre. Elle couina de douleur après son lancé en ayant compensé sa visée avec son bras meurtri.
Wakks fût surpris par le choc et se raidit sur ses appuis. Il pesta intérieurement, accusant le coup grâce à son gilet et commença à descendre au plus vite avant de sauter les deux mètres restant.
« Putain de... »
Cette fois, il en avait marre. Se redressant tout en adoptant une posture de combat, il monta directement à l’assaut avec la ferme intention de l'assommer. Elle était trop problématique pour pouvoir la ramener avec lui, il allait changer de méthode.
« Je vais te faire passer le goût de la trahison, foutue garce ! »
Et il lui prépara une droite très sèche.
« Parle pour toi ! », fit-elle en exhibant une paire de bâtonnet incapacitant Wraith. Seulement, alors qu’elle se jetait sur le torse de Wakks pour les lui coller dans le mou, son poignet cassé se rappela à son bon souvenir, et elle ne parvint qu’à lui coller brièvement dessus, le sonnant quelques secondes seulement. La pauvre, dans un cri de douleur, en avait laché un des deux, et sans l’autre, ce genre d’ustensile neutralisant Wraith ne servait à rien ! Mais au moins, ça lui avait donné deux secondes pour ne pas prendre la pêche ! Elle recula de deux trois pas en le menaçant du bâtonnet restant, comme une arme blanche.
« Recule, laisse moi !!! Je te préviens, si tu me touches, tu vas le regretter ! », fit-elle menaçante. Elle avait décidément de la ressource.

Wakks perdait patience. Il perdait patience parce qu’elle lui faisait perdre du temps et qu’il s’éloignait de plus en plus de la réussite potentielle de son plan. La plainte que poussa Inge suite à son assaut et la douleur de son poignet ne lui fit ni chaud ni froid. Au contraire, en prenant conscience qu’elle aurait pu l’assomer véritablement avec ses armes d’origine Wraith, il était maintenant encore plus pressé de la neutraliser. Il en avait résolument marre et, même s’il risquait de commettre une erreur, il lutta contre la confusion pour lui coller un bon coup de jambe sur son poignet abimé. Et lorsqu’elle en subirait la douleur, lui envoyer toute sa frustration au visage d’un coup de poing bien placé dans la figure.

La cheville de Wakks percuta le poignet de la jeune femme. Pas celui qui tenait le reste du bâtonnet incapacitant, mais l’autre, qu’elle tenait près de son corps, et qui était cassé par la chute. Elle poussa un gémissement bientôt arrêté par le coup de poing dans la figure qu’elle ramassa. Elle bascula en arrière et glissa assez misérablement sur la terre meuble dans son dos, avant de s’avachir sur le sol le nez en sang. A moitié consciente, elle ramena son poignet contre son giron, et elle se prostra sur le sol pour se protéger d’éventuel autres coups de la part du militaire, offrant plutôt son dos que son ventre d’ailleurs, et ainsi protéger son poignet, source essentielle de toute la douleur de son âme actuellement.

Le militaire n’avait pas d’état d’âme. Il écarta le bâtonnet de sa rangers puis se pencha, sur ses gardes, afin de plaquer Inge ventre au sol et de lui agripper les mains. Son poignet avait une sale gueule et il n’allait pas en pleurer, ni en profiter. Inge n’était plus déplaçable et, de toutes façons, elle aurait encore tenté de lui fausser compagnie ou lui mettre des bâtons dans les roues. Il fallait s’adapter et Wakks trouvait ce piège parfait pour en faire une cachette. Aussi récupéra-t-il les deux derniers serflexs dans son gilet et entreprit de lui ligoter les poings et les pieds assez fortement.
« Et là, maintenant, tu es toujours aussi sûre de toi ?!? » Il jura. « Tu devrais apprendre à savoir t’arrêter Inge. »
L’homme la redressa pour qu’elle soit assise, le dos contre la paroi et la fixa d’un air mauvais. Il défit son foulard pour la bâillonner entièrement.
« Tu vas rester sagement ici jusqu’à ce que ton prince charmant arrive. Profite-en bien pour penser à ton avenir ! »

L’homme la fouilla ensuite consciencieusement à la recherche d’un signe qui la distinguait. S’il voulait essayer de convaincre le Wraith, il lui fallait une preuve qui n’appartenait qu’à elle. Il trouva un mouchoir brodé dans sa poche et trouva cela satisfaisant, c’était le genre d’objet fétiche dont on ne se séparait que rarement. L’homme songea un instant à lui filer son ampoule de morphine pour la soulager de sa douleur, un simple accès de compassion humain face à la scène qui se déroulait sous ses yeux : une pauvre jeune femme blessée et prostrée. Mais ce n’était qu’une illusion, Inge étant à des lieux d’être cette pauvre femme. La morphine lui servirait ou pour Andrew en cas de blessure. Elle n’avait qu’à serrer les dents et penser à tous les coups tordus qu’elle lui avait fait.
Normann se redressa puis emprunta de nouveau le passage qu’il avait taillé. Il récupéra son poignard, resté planté sur la dernière marche, puis évolua jusqu’au rebord où il tenta de se hisser. S’il le pouvait, il allait refaire la couverture de ce piège pour que personne ne découvre qu’il avait été utilisé. Sa connaissance était des plus limitées mais il ne fallait pas être Einstein pour croiser des bois et recouvrir le tout de feuilles mortes.
Il devait se dépêcher…

En haut, le trou était de bonne dimension. Mais l’essentiel des branches qui avaient servi à élaborer le piège étaient tombées en même temps qu’eux. Il allait falloir du temps pour couper d’autres branches et faire tenir l’ensemble, mais ce n’était pas impossible. Inge restait prostrée en bas, et ne cherchait même pas à bouger. Son poignet noué à l’autre lui faisait un mal de chien, et elle en pleurait. Mais son bâillon étouffait ses chouinements.

Normann se rendit rapidement compte de l’ampleur de la tâche et abandonna l’idée. C’était risqué de laisser sa prise sans couverture, n’importe qui pourrait tomber dessus, rien que le môme avec son chien. Mais le militaire avait déjà suffisamment traîné dans ce trou et Barrimore était trop exposé. Du coup, Normann rentra le plus vite possible en direction de la trappe, la retrouvant après avoir cherché un petit moment. Il planta la lance Wraith bien droit sur le sol en se servant de son piquant, pour en faire une sorte de balise, de signe dans le cas où ses collègues le chercherait, puis il redescendit dans les couloirs.

Il avança doucement, le mouchoir dans la main, puis s’égosilla soudainement en progressant lentement jusqu’au bureau, cherchant dans sa mémoire la route de ce labyrinthe.
« BANNER !!!!! J’AI UNE OFFRE POUR TOI !!! »

Le Wraith arriva sur sa droite. Il tenait un des prisonniers des cages, qu’il devait déplacer lui-même puisque Janssens était dans les vappes et qu’il ne tenait pas le remettre sur pieds. Il approcha du militaire, en tenant le pauvre bougre qui semblait complètement amorphe. Il avait pris une décharge incapacitante, comme il était là.
« Wakks. », dit-il simplement, en avisant le mouchoir dans la main du militaire. « Dois-je en déduire que vous venez vous rendre ? », demanda-t-il fort poliment de sa voix d’outre tombe en interprétant de travers le mouchoir blanc tendu.

Le militaire avait sursauté.
Le Wraith aurait pu le surprendre s’il l’avait voulu, c’était signé. Quelque peu blessé dans son orgueil, Normann le fixa tout en vérifiant que celui qu’il tenait n’était pas Andrew. Son coeur commençait déjà à monter dans les tours puisqu’il ne savait pas du tout comment il empêcherait l’ennemi de le doubler. Mouchoir ou pas, qu’il rendre la vie à son collègue ou non, il aurait tout un tas de d’occasion pour le trahir. Par exemple, les tuer tous les deux lorsqu’il aura l’information concernant Inge ou placer Barrimore à un fil de sa vie en imposant le même ultimatum. Wakks jouait clairement son va-tout en s’appuyant sur l’intérêt que portait le wraith sur elle.
Le militaire conserva une certaine contenance et répondit sur un tout aussi poli, comme pour faire l’écho d’un duel entre eux :
« Je viens proposer un échange : une vie contre une autre. » Déclara-t-il en lançant le mouchoir sur le Wraith. Il attendit qu’il comprenne le message, voir s’il allait reconnaître le morceau de tissu brodé, avant de se lancer pour de bon :
« Tu rends les années que tu as volé à mon camarade et je te rends ton jouet. » Il secoua la tête. « On partira chacun de son côté et ça s’arrête là. »
Il s’approcha ensuite d’un pas, à contre coeur, mais pour prouver qu’il ne plaisantait pas.
« Inge ne tiendra plus très longtemps et elle a besoin de toi. Soit tu joues le jeu...soit elle meurt pour de bon. »

Le Wraith écouta posément le jeune homme, sans broncher, tenant toujours fermement sa victime dans sa poigne puissante. Il laissa le mouchoir rebondir sur le lui, et ne chercha même pas à s’en saisir. Ce fut à peine si ses prunelles suivirent l’objet en question quelques secondes avant de se reporter sur le soldat.
« Je refuse l’échange. », dit-il simplement en poussant son prisonnier pour avancer. Pas d’argumentaire, rien. Au lieu de ça, il ajouta : « Suivez-moi, je vais vous placer dans une cellule. »
« Je n’ai pas vraiment une âme de prisonnier Banner. Je préfère mourir en emportant Inge avec moi. »
Wakks avait le coeur qui tournait à cent à l’heure mais il essayait de se tenir. Discrètement, il avait glissé son pouce dans la goupille de cette grenade à fragmentation qui ne servait finalement qu’à ça. A être sortie et ranger en guise de garantie. Sauf que là, en tirant d’un coup sec sans retenir la cuillère, l’engin tomberait à ses pieds en soufflant tout le monde. Peut-être que l’originel s’en tirerait relativement bien. Mais Wakks espérait en recevoir suffisamment sur la tronche pour ne pas être réanimé et laisser Inge pourrir dans son trou. Sa mort, si elle n’était pas retrouvée, serait toujours préférable que de continuer à jouer le chiot.

« Vous allez mourir, sans emporter personne. C’est une cause romanesque dramatique qui ne vous mènera nul part. C’est dommage. », fit le Wraith simplement.
« Au moins j’aurai essayé. »

Wakks s’en voulait de ne pas avoir su être plus convainquant. Maintenant, il attendait l’attaque du Wraith pour lui faire péter sa grenade à la figure. C’est tout ce qu’il lui restait comme solution. La prison ne serait pas pour lui.
« Pas de regrets comme ça. » Le Wraith poussa un rugissement guttural qui devait être un rire. Il poussa son prisonnier dans une pièce et ferma la porte avec un loquet. Il se tourna vers le soldat, découvrant ses dents d’un sourire carnassier. « Et je prenais ta vie pour la rendre à ton ami ? », dit-il avec intérêt.
« Et si tu arrêtais de te foutre de ma gueule deux minutes ? » Enragea Normann. « Tu veux pas de ton chiot finalement ? Pas de problèmes. Alors on fait quoi ? »
« Du monde arrive, à toi de choisir. Toi, ou ton ami. », fit le Wraith en tournant la tête vers le couloir sombre dans leur dos.

L’information fit sourire Wakks. Qui pouvait arriver si ce n’est la cavalerie ? Le Wraith semblait avoir l’air pressé de se dépêcher non ? C’était un grand regret d’avoir échoué à sauver Andrew. S’il se sacrifiait, l’originel garderait cette énergie et serait en forme pour combattre les mystérieux arrivants. Et il se devait également de le retenir ici. Quoi de mieux que le vacarme d’une grenade pour alerter la masse ? Après tout, Andrew n’accepterait jamais tout ça…
Il ne restait plus qu’une chose à faire.

« Les deux ! » Répondit Wakks, le visage soudainement décomposé.

C’est quasiment impossible de mettre fin à sa vie volontairement, par simple devoir militaire. Mais il ne pouvait pas laisser ce trou de balle aller plus loin. Tirer cette goupille, il avait dû le faire une bonne douzaine de fois. Mais maintenant qu’il ne retiendrait pas la cuillère, cela lui semblait quasiment impossible comme si la pression nécessaire était bien au-delà de ce qu’il avait connu. Mais la goupille finit par venir et la grenade tomba sur le sol. Un petit geste du pied l’amena en direction du Wraith et Wakks eut pour dernier mot un : « Houps !!! » qui se serait voulu comique.
Mais jusqu’au bout, il avait tremblé de tous ses membres, à la limite de se faire dessus. Et jusqu’au bout, il avait regretté les choix qu’il avait fait en mission. Mais le devoir...C’est le devoir.

BAMMMMMMMMMMM

fin de cette partie

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